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Full text of "Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, publie sous la direction de MM. les docteurs RaigeDelorme et A. Dechambre"

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K.HIBL.  RADCI. 


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DICTIONNAIRE  ENCYCLOPÉDIQUE 


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SCIENCES  MÉDICALES 


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DICTIOlVNAIItË  ËNCVCLOI'ËIIIQUIj: 


1»ES 


SCIENCES  MÉDICALES 


iM'm.ii:  S4»i's  i.\  niKKCTiox  uy  vm.  i.fs  iKicTRnK 


IIAIGK-OELORME  kt  A.  DECHAMBRE 


i>AK  MM.  LES  DOCTRUHS 

»\E>rKUt,    ll.\II.UHCi:il,    BAII.U)\,    UALMAXI,    BAI.I.,    BAIlTIl,    BAZIM, 

bfxr,    KCAl'CRlxn,     BêCLARD,     H^IIIKR,     BF.RTII.I.OX,    BKriMEII,    BLAC.HE,     BOIMCT,     BOtlCHACOUHT,    BOUImnOX, 

BOCLEV   (II.),    BOOVIKII,    BROCA,   BROCIIIX,    BllO>K.N-;«liQi;ARn,  Bl'rUEZ, 

•:aL«EII.   r.iMPATIA,  CKRf^R,  UUnCOT.  r.llA!>»AIG:<AC,  CUAUVEAI',  ciiérbau,  cohxil,  coclier,  codrti, 

l»\M.Y,    ilAIIEVBERG,    OAVAI.ME,   DEBOOT,    nerinHBltr.   (a.),    DEUOt'X    DE   SAVIR.XAC, 

toFI.Prj':»,    DEKO^VILI.IER<«,   DEPArL,    DID\t,    DOLBEAC,    lU'PLAV  (».),  ODTROi'LAP,    PALRET   (i.)t 

"M  11^,    FO:«<>«»ftr.illVE»,    FRITX,    (SAI.TIER   liOlSbIÈRE,    G  VVARRET,    GinAr[>-TEI]LOX,    GODFI.IRR,    GRA.M>EAV,   GRATIOI.ET, 

•'I.E>:%IIIU.,  GniM>LI.E,   Gl'BLEIt,  GrÉlUHD,  Cl  UyS  ^F.)»  HEGIIT,  IIOLI.ARD,    ISAMBERT,  IaCQI'KVIKR,   I.ABBK  (i.KOX), 

LABOI  I.BÈ5R,   UGMEAU  (G.),  I.AMCEREArx,  LAVERAN, 

urtnr  (lkov),  legooe*)T,  le  rov  dk  méricoikt,  i^vy  (miciikl).  li6geoi^,  li.na!»,  i.uné,  (.utx,  magitot  (r.), 

MALAGCTI,   MALGAIG.XE,    MAREV,   MARTIIHS,    NILLARI),  MOREL   (B.   A.), 
OMJCR,   OnriLA    a.),    PAJOT,   P\RCIIAPPR,   PARROT,    PA>TRIR,  PERRI.1   (MAURICE),    PETER   (M.),    P0TM%, 
BAIOE-DEIjORMR,    river,   REG!«Al'I.T,    IIEVEli.   (0.),   REV.tAL,    ROBIN   (CU.),    ROGER   (II.), 
'"ttn,  ROTIREAO,  ROOGKT,  «4I\TR-CUIRE   DRYILLE    II.),   sCHOTZK.NBERGEn  (Cli.),  SCII11TXB.\BERGCR  (P.),  >^.D1I.U)T  , 

>tK  (MARC),  SOttUEin\N  (L.),  TARTIVRl.,  TRSTRLl?!,    TII.UUX  (P.), 

TOIIRDES,    TR61.AT   (a.),   VELPKAD. 

%RRHEni.,    vmAI.  {Hm.)     VOILLEMIER,  VOI.PIAX,    \V;(RLOVO%T,    WORVS  (i.),    WtrRTZ. 


TUME  DKI.XIÊMK 

A DU  —  ALG 


PARIS 

I'.    \SSKLIN,  S»  UK  l.AHÉ         |         VICTOl»  MASSON  KT  KII,S 

PI.  VCK     Ut     L    KCOI.i:     bt:-)IKDKCINK 

MDCOCLW 


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DICTIONNAIRE 

ENCYCLOPÉDIQUE 

DBS 

SCIENCES  MÉDICALES 


»A.  Genre  de  plantes  de  k  famille  des  Acanthacées,  extrêmement 
^  des  Gendarussa  {voy.  ce  mot),  dont  plusieurs  auteurs  n'en  font  avec  raison 
i|jiBie  section,  et  qui  s'en  distinguent  seulement  par  le  grand  développement  des 
Indées  qui  accompagnent  la  fleur,  ces  bractées  se  touchant  par  leurs  bords  et 
enveloppant  le  calice,  autour  duquel  elles  persistent,  tandis  que,  dans  les  Genda- 
mm  proprement  dits,  elles  sont  petites  et  caduques.  UAdhatoda  Vasica  de 
5ees  d'Esenbeck,  qui  est  l'ancien  Justicia  Adhatoda  de  Linné,  s'emploie  dans 
llnde,  suivant  Âinslie,  comme  amer,  légèrement  aromatique  et  antispasmodique. 
i'js  propriétés  résident  à  la  fois  dans  ses  racines,  ses  feuilles  et  ses  fleurs. 

t.  Paradis.^  645.—  Nbes  aiEsbitbbck,  In  WalUch.  pi,  Asiat.  rarior,,  11(,  102, 105. 

H.Bn. 


\.  g  I.  Ahatoiiie  pathologique  et  considérations  sur  les  effets 
FATBOLDGiQUES  DES  ADHÉRENCES.  Les  adhérences  consistent  dans  l'union  accidentelle 
de soriaces  naturellement  contiguês.  Par  cette  définition,  nous  éliminons  la  réunion 
de  surfaces  accidentellement  contiguês,  telles  que  celles  qui  résultent  de  plaies^  de 
brûlures,  d^ulcères  de  diverse  nature,  de  fractureSy  etc.  (Voy,  ces  mots.)  Pour 
les  sdutions  de  continuité  des  os,  voyez  Cal.  Pour  les  adhérences  et  cicatrices  vi- 
cieuses, voyez  ce  mot.  Nous  ne  traiterons  pas  non  plus  dans  cet  article  des  adhérences 
congénitales  qui  sont  étudiées  dans  les  articles  spéciaux  de  tératologie. 

Ainsi  limitées  aux  surfaces  qui  sont  naturellement  en  contact,  les  adhérences  se 
divisent  ainsi  qu'il  suit  :  1®  Adhérences  des  membranes  séreuses  ;  2®  Adhérences 
des  membranes  synoviales;  5°  Adhérences  de  la  surface  interne  des  vaisseaux; 
4*  Adhérences  des  membranes  muqueuses;  5^  Adhérences  de  la  peau. 

Mode  de  formation.  Les  adhérences  sont  le  résultat  de  l'ensemble  des  phéno- 
mènes désignés  depuis  Huntor  sous  le  nom  d'inflammation  ndhésive.  Dans  toutes  les 
surfaces  cutanée,  muqueuse  ou  séreuse,  la  première  condition  nécessaire  à  une 
adhésion  est  la  chute  de  l'épithélium  qui  les  tapisse  h  l'état  normal.  Si  l'épithélium 
est  bcile  à  détacher,  s'il  ne  forme  qu'une  seule  couche,  la  membrane  sous-jacentc 
contractera  des  adhérences  avec  bien  plus  de  facilité  que  si  une  couche  épithélialc 

DICT.  ESC.  II.  i 


k^u 


9  ADHÉRENCES. 

solide  ou  plusieurs  couches  la  recouTraient.  C'est  ce  qui  explique  oomnieni  les» 
séreuses,  dont  la  couclie  épilhélidle  tombe  à  la  plus  ié^'ère  iiiflammatiou,  sont  si 
souvent  le  siège  d'adlitTcnces,  très-nu*es,  au  contraire,  à  la  surbce  des  muqueuses. 
En  même  temps  que  l'épithclium  tombe,  la  membrane  s*injecte,  se  Tascularise,  il 
se  produit  de  petites  eocb\moses  dans  son  intérieur,  et  sa  surface  se  recouvre  bienUU 
d'une  couche  de  nouvelle  formation  plus  ou  moias  épaisse,  sous  forme  d'une  mem- 
Ijrane,  d'un  réseau  à  mailles,  ou  de  granulations.  Cette  couche  nouvelle  est  compo- 
sée de  noyaux  et  de  cellules  fusiformes,  et  de  fibrilles  de  tissu  iamiiieux  ;  elle  est 
inroonrue  bientôt  par  un  rèiieau  de  capillaires  en  communication  avec  les  vaisseaux 
de  la  membrane  qui  lui  sert  de  soutien.  Lorsque  deux  pseudo-membranes  ainsi  for- 
mées sur  les  deux  surfaces  opposées  d'une  cavité  close  restent  au  contact  Tune 
de  l'autre,  elles  s'unissent,  leurs  vaisseaux  s'anastomosent,  leur  tissu  laniineux 
devient  plus  dense  et  tout  à  fait  organisé.  Alors  une  adhérence  solide  est  définitive- 
ment constituée. 

Telle  est  l'expression  la  plus  simple  des  phénomènes  qui  se  succèdent  dans  Tin- 
llammation  adhésive  ;  c'est  au  moyen  d'une  fausse  membrane  qu'elle  a  lieu  ; 
mais  il  faut  distinguer  soigneusement  cette  fausse  membrane  formée  d'éléments 
jeunes  de  tissu  conjonctif,  et  qui  tend  à  une  organisation  définitive,  des  produits 
d'exsudation  et  de  transsudation  qui  se  montrent  à  la  surface  des  membranes  en. 
flammées.  Ces  derniers  consistent  en  épanclienients  liquides  de  nature  albumineuse, 
et  en  coagulations  fibrineuses  qui  écartent  l'une  de  l'autre  les  surfaces  qui  les  sécrè- 
tent. Ces  transsudatioiis  solides  ou  liquides  ne  peuvent  pas  s'organiser,  elles  soni 
résorbées  peti  à  peu  lorsque  s'établissent  les  adhérences  définitives,  et  les  anatomo- 
pathologistes  les  plus  autorisés  s'accordent  à  les  regarder  comme  un  produit  excré- 
mcntitiel  dans  les  phiegmasies.  Ces  exsudations  alburoino-fibrineuses  sont  fré- 
quentes surtout  sur  les  séreuses  ;  elles  sont  rares  à  la  surface  des  muqueuses  ou 
de  la  pean  ;  le  caillot  fibrineux  qui  remplit  le  calibre  des  veines  dans  la  phlébite 
agit  comme  elles  pour  empêcher  ou  retarder  l'adhérence  des  parois  vasculaircs. 

Forme  et  structure.  Les  adhérences,  devenues  solides  et  permanentes,  sont 
très-variables  dans  leurs  formes  :  tantôt  elles  sont  bornées  à  un  feuillet  mem- 
braneux plus  ou  moins  étendu,  dont  les  deux  faces  sont  intimement  soudées  aux 
deux  membranes  primitivement  désunies  ;  l'adhérence  est  alors  immédiate,  intime^ 
et  lorsqu'elle  est  mince  et  peu  dense,  elle  doit  être  regardée  comme  la  terminaison 
la  plus  heureuse  do  l'inflammation  adhésive.  Mais  parfois  la  membrane  inteqneéo 
|)cut  devenir  épaisse  et  dense,  en  même  temps  que  les  séreuses  qu'elle  unit  s'hyper- 
trophient  et  s'indurcnt  d'une  façon  prodigieuse.  C'est  ainsi  que  M.  Cruveilher  rap- 
porte avoir  \n  des  membnuies  pleurales  organisées  qui  avaient  jusqu'à  quatre  cen- 
timètres d'épaisseur.  D'autres  fois,  et  c'est  le  cas  le  plus  iréquent,  les  adhéreno» 
sont  filamenteuses,  rubanées,  et  les  sinfaces  où  elles  prennent  ioéiertian  restent  ft 
une  certaine  distance  Tune  de  l'autre.  C'est  sous  cette  forme  que  se  montrent  le 
plus  souvent  les  adhérences  du  poumon,  les  brides  péritonéales  qui  jouent  un  li 
grand  rôle  dans  les  maladies  abdominales  ;  plus  ou  moins  longues,  plus  ou  moina 
denses,  ces  brides  filamenteuses,  loi^iu'elles  sont  peu  nombreuses  et  ceUuleuiios, 
IHîrmettent  les  mouvements  dos  organes  et  apportent  peu  de  gêne  a  leura  foudiooa. 
La  structure  des  adhérences  est  celle  des  tissus  do  sulislance  conjonctive  ;  on  j 
trouve  des  faisceaux  de  libres,  des  cellules  et  des  noyaux  de  tissu  lamineux  ;  soufeof 
aussi  elles  |)ossèdent  une  asses  grande  quantité  de  fibres  élastiques.  On  voit  dans 
leur  intérieur,  et  on  peut  injecter  des  vaisseaux  qui  sont  artériels,  veineui  ei  capil- 
Ittires,  ciixiulalion  qui  communique  avec  celle  des  deux  surlace»  où  elles  s'imph»- 


ADHÉRENCES.  5 

(ent.  Ou  lie  sait  pas  si  elles  possèdent  des  lymphatiques  ;  quant  aux  nerfs  de  ces 
adhérences,  ils  ont  été  signalés  dans  les  fausses  membranes  de  la  plèvre  et  du  périr 
toine  sus-hépatique  par  Yirchow.  Leurs  propriétés  physiologiques  sont  en  rappoil 
arec  leur  structure;  elles  sont  d'autant  plus  résistantes  que  leur  tissu  possède  mie 
texture  plus  dense,  et  elles  jouissent,  à  un  certain  degré,  de  la  rétractilité  qui  ap- 
partient aux  tissus  cicatriciels. 

Les  adhérences  peuvent  subir  diverses  transformations  de  tissu  et  même  devenir 
ksi^e  de  lésions  morbides. 

(a)  On  trouve  quelquefois,  dans  les  adhérences  dues  à  une  péritonite  chroni^ 
que,  des  granulations  sphériques  de  la  grosseur  d'un  grain  de  millet  à  un  petit  pois, 
dues,  se  laissant  très-difficilement  écraser  ou  dilacérer,  peu  nombreuses,  n'ayant 
d'importance  que  parce  qu'on  peut  les  confondre  au  premier  abord  avec  les  granu- 
btions  tuberculeuses  ou  cancéreuses,  dont  elles  diflèrent  complètement  à  l'examen 
microscdpiqiie.  Elles  sont  en  effet  constituées  par  des  faisceaux  concentriques  de 
tissu  laraineux  et  élastique  contenant  des  corpuscules  espacés  du  tissu  cellulaire. 
Ces  granulations  peuvent  aussi  s'incruster  de  sels  calcaires. 

{b)  Les  adhésions  fibreuses  peuvent  se  transformer  en  un  tissu  d'aspect  carti- 
lagioeux  ou  osseux.  Des  cellules  cartilagineuses  se  rencontrent  fréquemment  dans 
les  adhérences  fibreuses  qui  unissent  les  surfaces  articulaires  dans  les  cas  de  rhu- 
matisme articulaire  chronique.  Le  dépôt  de  sels  calcaires  se  fait  par  plaques  plus  ou 
moins  considérables.  Il  n'est  pas  rare,  par  exemple,  de  voir  ces  membranes  ostéi- 
formes  tapisser  à  la  manière  d'une  cuirasse  la  plèvre  costale.  On  trouve  souvent 
aussi,  à  la  partie  inférieure  de  l'arachnoïde  spinale,  des  plaques  minces,  dures,  na* 
crées,  ressemblant  au  cartilage,  qui  paraissent  n'apporter  aucun  trouble  aux  ibiic- 
tioQs,  et  sont  constitutées  histologiquement  par  des  corpuscules  allongés  de  tissu 
cellulaire  entourés  de  granulations  calcaires. 

(c)  L'une  des  altérations  anatomiques  les  plus  importantes  des  adhérences  est 
œlle  qui  consiste  dans  la  présence  de  néo-membranes  vascularisées,  qui  ressemblent 
au  premier  abord  à  des  ecchymoses  et  qui  contiennent  des  vaisseaux  à  parob  minces 
dont  la  rupture  détermine  si  souvent  les  épanchements  sanguins  dans  l'arachnoïde^ 
les  plèvres,  le  péricarde,  le  péritoine  et  la  tunique  vaginale. 

(d)  Les  granulations  tuberculeuses  qu'on  trouve  presque  toujours  à  la  plèvre 
dans  la  phlhisie  pulmonaire  se  développent  très-souvent  dans  les  adhérences  pré- 
existantes, et  peuvent  aussi,  par  leur  présence  sur  la  plèvre,  déterminer  consécu- 
tivement une  pleurésie  limitée  et  des  adhérences.  Elles  se  lient  quelquefois  à  la 
présence  de  néo-membranes  vascularisées.  On  les  rencontre,  en  quantité  parfois  con- 
sidérable, dans  les  adhérences  de  toutes  les  séreuses,  et  en  particulier  de  la  plèvre, 
du  péritoine  et  du  péricarde.  (Pour  la  structure  des  granulations  tuberculeuses, 
voyez  le  mot  Tubercule.) 

{e)  Les  granulations  cancéreuses  peuvent,  comme  les  précédentes,  envahir 
les  adhérences  préexistantes  ou  devenir  leur  cause  productrice.  Elles  suivent  géné- 
ralement ce  dernier  mode,  et  sont  observées  le  plus  souvent  au  péritoine,  ce  qu'ex- 
plique la  fréquence  des  cancers  de  l'estomac,  du  foie  et  de  l'utérus.  Dans  presque 
tous  les  cas,  la  séreuse  de  l'organe  atteint  devient  le  siège  de  granulations  cancé- 
reuses qui  déterminent  la  production  d'adhérences  par  péritonite.  On  peut  rencontrer 
dans  certains  cas  des  adhérences  très-épaisses,  aplaties  ou  cylindriques,  formées  par 
un  tissu  complètement  dégénéré,  donnant  ù  la  coupe  du  suc  concéveux.  (Pour  la 
structure  des  granulations  cancéreuses,  voyez  le  mot  Cancer.)  C'est  ainsi  que  par 
des  adhérences  cancéreuses  sont  unis  le  mésentère  avec  les  parois  abdominales. 


4  ADHÉRENCES. 

que  les  anses  intestinales  adhèrent  les  unes  avec  les  autres  ou  avec  le  Ibie,  Tuté- 
rus,  etc.;  que  la  cavité  du  petit  bassin  est  complètement  remplie  par  les  adhérences 
des  oignes  qui  y  sont  contenus  les  uns  avec  les  autres  et  avec  les  parois  osseuses, 
d'où  la  compression  des  nerfs  sacres,  celle  des  uretères,  et  ses  suites,  distension 
du  bassinet,  pyélo-néphrite,  etc. 

La  surface  interne  des  veines  et  même  des  artères  est  le  siège  fréquent  d'adhé- 
rences et  d'obturation  complète  par  des  bourgeons  et  des  masses  de  nature  cancé- 
reuse qui  prennent  leur  implantation  aux  parois  de  ces  vaisseaux.  Indépendam- 
ment de  ce  mode  de  formation,  nous  avons  oteervé  récemment  le  suivant  :  dans  un 
cas  de  cancer  utérin,  la  veine  iliaque  était  imperméable  ;  sa  cavité  était  obturée  par 
un  caillot  ancien  dense,  contenant  des  cristaux  d'hématoidine  ;  entre  ce  caillot  et  la 
surface  interne  de  la  veine  se  trouvait  une  membrane  œlluleuse  qu'on  détacliait 
facilement  du  caillot  où  elle  adhérait  d'un  côté,  et  de  la  membrane  interne  où  elle 
adhérait  de  l'autre  côté,  et  sur  laquelle  siégeaient  de  nombreuses  granulatioiis 
cancéreuses  ;  les  parois  de  la  veine  étaient  saines. 

Telle  est  la  structure  des  adhérences,  que  nous  allons  maintenant  étudier  suc- 
cessivement dans  les  divers  systèmes  organiques. 

i^  Adhérences  des  membranes  séreuses.  Les  séreuses  où  on  les  observe  sont 
la  plèvre,  le  péricarde,  le  péritoine,  l'arachnoïde,  la  tunique  vaginale,  les  gaines 
tendineuses  et  les  bourses  muqueuses  sous-cutanées.  Nous  comprenons  aussi  dans 
le  même  groupe  les  cavités  accidentelles  qu'on  peut  rapproclier  des  séreuses  telles 
que  les  kystes,  les  sacs  herniaires,  etc. 

Les  conditions  les  plus  favorables  à  la  formation  des  adhérences  se  trouvent 
réunies  dans  les  séreuses;  la  facilité  de  desquammation,  de  leur  épithélium, 
leur  contact  habituel  ;  ainsi  s'explique  leur  extrême  fréquence,  telle  qu'on  peut 
dire  que  chez  les  sujets  arrives  à  une  période  avancée  de  la  vie,  la  présence  d'ad- 
liércnces  oelluleuses  plus  ou  moins  étendues  des  plèvres  est  la  règle,  et  leur  absence, 
l'exception.  Il  en  est  à  peu  près  de  même  des  adhésions  de  la  face  convexe  du  foie 
avec  le  péritoine  diaphnigroatique;  chez  les  femmes  âgées  on  trouve  souvent  aussi 
des  adhérences  des  annexes  de  l'utérus  au  péritoine  pelvien.  Elles  sont  presque 
toujours  le  résultat  d'une  inflammation,  qu'elle  soit  primitive  ou  consécutive  à  un 
traumatisme,  à  une  plaie  pénétrante,  qu'elle  ait  ou  non  donné  lieu  à  des  symptômes 
pendant  la  vie.  La  fréquence  des  adh^ences  pleurales  en  particulier  s'explique  par 
ce  fait  que  toute  pneumonie,  lorsqu'elle  atteint  la  surface  du  poumon,  et  même 
souvent  les  bronchites  intenses,  s'accompagnent  d'une  pleurésie  limitée,  avec  épaii- 
cliement  généralement  très-minime,  de  telle  sorte  que  les  symptômes  de  cette  pleu- 
résie passent  inaperçus  ou  sont  difficiles  à  percevoir  ;  mais  elle  n'en  laisse  pas 
moins  après  sa  disparition  des  adliérences  persistantes.  Pour  M.  Cruveilhier  (Ana- 
tomie  pathologique  générale^  tome  I,  p.  276),  la  pleurodynic  simple  n'est  autre 
que  l'inflammation  glutineuse  de  la  plèvre;  mais  ce  n'est  pas  le  lieu  d'examiner  cette 
question. 

Les  adhérences  de  Varachnotde  sont  très-rares  et  i*ésultent  de  méningite  simple 
ou  tuberculeusse,  de  tumeurs  de  la  dure-mère,  des  parois  osseuses  du  crâne,  etc. 
Les  adhérences  du  péricarde  sont  aussi  peu  fréquentes  ;  sur  500  autopsies  faites 
par  Gairdner,  il  en  a  trouvé  15 cas;  celles-ci  peuvent  être  partielles,  filamenteuses, 
de  telle  sorte,  par  exemple,  que  la  pointe  du  cœur  soit  seule  ûxée  au  péricarde 
pariétal  par  une  Inide  plus  ou  moins  longue,  ou  au  contraire  générales,  de  telle 
sorte  qu'il  en  résulte  une  oblitération  complète  du  |)éricarde. 

Au  péritoine  f  les  adhéreiK'cs  se  présentent  le  plus  souvent  comme  la  suite  d'une 


ADHÉRENCES.  5 

péritonite  localisée,  péri-hépatique,  péri-splénicpie,  ou  pelvi-péritonéale.  Dans  les 
deux  premières  de  ces  variétés,  elles  offrent  peu  de  gravité  par  elles-mêmes,  et 
passent  souvent  inaperçues  ;  mais  il  n'en  est  pas  de  même  dans  la  troisième,  où 
elles  peuvmt,  suivant  leur  siège,  s'opposer  à  l'accomplissement  régulier  des  fonc- 
tions utérines,  de  la  menstruation  en  particulier,  et,  lorsqu'elles  prennent  leur 
insertion  sur  l'utérus,  causer  des  déviations  et  des  flexions  de  cet  organe.  {Traité 
des  maladies  de  Vvtérusj  par  HH.  Bemutz  et  Goupil,  tome  II,  p.  459  et  suivantes.) 
Lorsqu'elles  succèdent  à  une  péritonite  générale,  les  anses  intestinales,  agglutinées 
dabord  par  des  fausses  membranes  moUes  fibrineuses  ou  organisées,  deviennent, 
par  les  progrès  de  l'organisation  de  ces  dernières,  intimement  unies,  d'où  résulte 
h  gêne  des  mouvements  péristaltiques  et  de  la  digestion.  Ces  adhérences  aussi 
bien  que  celles  qui  se  forment  entre  les  intestins  et  l'utéiiis  ou  la  vessie,  entre 
]*épiploon  et  les  parois  abdominales,  entre  l'appendice  coBcal  et  la  séreuse  voisine, 
peuvent  aussi  devenir  le  point  de  départ  de  l'étranglement  interne.  Par  suite  d'in- 
flammation chronique  du  sac  herniaire,  il  se  forme  aussi  des  brides  dans  sou  inté- 
rieur, des  adhérences  de  l'épiploon  ou  de  l'intestin  avec  ses  parois  qui  peuvent 
causer  l'étranglement  herniaire. 

Les  adhérences  s'établissent  absolument  de  la  même  manière  lorsqu'elles  résul- 
tent d'une  plaie  par  instruments  tranchants,  piquants  ou  contondants  ayant  pénétré 
dans  la  cavité  de  ces  séreuses,  ou  que,  déterminées  par  1  inflammation  de  l'un  des 
of^nes  qui  y  sont  contenus,  elles  précèdent  une  perforation  par  laquelle  s'évacuera 
le  liquide  d'un  abcès,  d'une  poche  hydatique,  de  calculs,  etc.  Si  la  terminaison  de 
pareilles  perforations  est  heureuse,  les  adhérences  de  l'organe  à  la  paroi  n'en  per- 
Msteront  pas  moins  et  pourront  devenir  le  point  de  départ  d'accidents  nouveaux. 

Les  adhérences  partielles  interceptent  quelquefois  dans  les  séreuses  des  cavités 
limitées  ou  clapiers  contenant  de  la  sérosité  ou  du  pus  plus  ou  moins  altéré.  Cette 
disposition  anatomique  se  remarque  dans  les  pleurésies  enkystées,  dans  les  périto- 
nites sus-hépatique  ou  pelvienne.  On  a  vu  le  grand  épiploon  contracter  des  adhé- 
rences par  ses  bords,  et  simuler  une  ascile  dont  l'autopsie  seule  a  pu  révéler  le 
>iége.  C'est  principalement  dans  les  séreuses  que  s'observent  les  granulations  tuber- 
culeuses ou  cancéreuses  des  pseudo-membranes  et  les  adhérences  de  nature  cancé- 
reuse par  des  brides  plus  ou  moins  épaisses,  dans  un  état  de  dégénération  plus  ou 
moins  avancé.  C'est  ainsi  que  le  foie  adhère  si  souvent  à  l'estomac  dans  le  cancer  de 
res  deux  organes  ;  que  des  anses  de  l'intestin  grêle ,  que  le  rectum  et  la  vessie  sont 
unis  à  l'utérus  lorsqu'il  est  aflecté  de  cancer. 

Vinfluence  qu'exercent  les  adhérences  générales  sur  la  santé  de  l'individu  varie 
nécessairement  suivant  la  séreuse  qui  en  est  le  siège,  et  suivant  que  l'adhérence  est 
purement  celluleuse,  sans  traces  d'inflammation  ou,  qu'au  contraire,  il  existe  en- 
core un  état  inflammatoire  chronique.  Des  adhérences  générales  peuvent  se  ren- 
contrer à  la  plèvre  sans  qu'elles  aient  donné  lieu  à  aucun  symptôme  pendant  la 
vie  ;  mais  si  elles  succèdent  à  une  pleurésie  dont  l'épanchement  considérable  d'a- 
bord met  très-longtemps  à  se  résorber,  de  telle  sorte  qu'en  même  temps  que  les 
adhérences  s'organisent,  la  plèvre  viscérale  s'épaississe,  alors  les  parois  de  la  poi- 
trine reviendront  sur  elles-mêmes  à  mesure  que  l'épanchement  diminuera,  et  il 
eu  résultera  une  déformation  des  parois  costales  dont  le  mécanisme  et  les  effets  ont 
été  parfaitement  décrits  par  Laennec.  (Vay.  Pleurésie  curoxiqoe.) 

Pour  la  séreuse  péricardique,  plus  encore  que  pour  la  plèvre,  il  semblerait  a 
priori  que  son  oblitération  complète  par  des  adhérences  celluleuses  dût  être  in- 
compatible avec  la  liberté  des  mouvements  normaux  du  cœur,  et  telle  est  l'opinion 


(S  ADHÉRENCES. 

de  Senac,  Ilaller,  Morgagni,  Corvisart:  cependant  des  faits  parfaitement  concluants 
observés  par  Laennec,  Bouillaud  et  Bertin  ont  prouvé  d'une  façon  irrécusable  que 
l'oblitération  du  péricarde  par  des  adhérences  intimes  et  complètes  pouvait  ne  se 
révéler  pendant  la  vie  par  aucun  trouble  de  la  circulation  ni  de  la  respiration.  Tous 
les  anatomo-pathologistes  ont  vu  des  faits  semblables,  et  nous  en  avons  nous-mème 
observé  récemment  un  cas. 

Lorsqu'on  a  noté  pendant  la  vie  des  phénomènes  morbides  du  coté  du  cœur,  tels 
que  palpitations,  dyspnée,  diminution  du  second  bruit  du  cœur  (Aran,  Recherches 
mir  les  Adhérences  du  péricarde.  Archives,  3*  série,  tome  IV),  etc.,  ils  se  rap- 
portent moins  aux  adhérences  qu'à  une  péricardite  chronique,  ou  à  des  altérations 
du  cœur  lui-même.  Ces  altérations  du  cœur,  qui  n'existent  pas  constiunment,  sont 
l'hypertrophie,  b  dilatation  des  cavités,  la  dégénérescence  graisseuse  et  les  chan- 
gements de  position.  (Vay.  Pébicardite  curokique.) 

Les  adhérences  celluleuses  générales  du  péritoine  domient  lieu  à  la  rétraction 
des  parois  abdominales  et  à  des  troubles  digestifs,  perte  d'appétit,  constipation,  et 
souvent  aussi,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  à  l'étranglement  interne.  Mais,  qum- 
que  grave,  la  phlegniasie  pseudo-membraneuse  du  péritoine  qui  donne  lieu  à  la 
formation  d'adhérences,  est  loin  de  présenter  la  même  gravité  que  son  inflamma- 
tion purulente,  dont  la  terminaison  presque  constante  est  la  mort.  (Voy,  Périto- 
nite GURORIQUE.) 

II  se  forme  encore  des  adhérences  celluleuses  lorsqu'un  corps  étranger  se  trouve 
inclus  dans  une  cavité  séreuse,  et  nous  avons  récemment  observé  un  produit  de 
grossesse  extra-utérine  péritonéale,  fœtus  de  cinq  à  six  mois  calcifié,  qui  se  trou- 
vait depuis  nombre  d'années  dans  le  péritoine,  où  il  adhérait  au  grand  épiploon. 

3*  Adhérences  des  membranes  synoviales.  Ce  groupe  comprend  les  séreusi^s 
articulaires,  dans  lesquelles  la  formation  d'adhérences  entraîne  l'immobilité 
de  la  jointure  on  ankylose.  Prévenir  la  formation  des  adhérences  articulaires  dans 
le  plus  grand  nombre  des  cas,  la  favoriser  au  contraire  lorsqu'elle  est  le  seul  moyen 
de  conservation  des  membres,  tel  est  le  double  hut  que  l'art  doit  se  proposer  dans 
le  traitement  de  phlegmasies  articulaires.  C'est  toujours,  en  eflot,  à  une  plilegma- 
sie,  soit  aiguë,  soit  chronique,  de  cause  rhumatismale,  goutteuse,  scrofuleuse,  etc. , 
ou  traumatique,  qu'on  doit  rapporter  la  formation  des  adhésions  des  synoviales. 
Il  i^era  pourtant  examiné  ailleurs  jusqu'à  quel  point  l'immobilité  longtemps  pro- 
longée peut  être  la  cause  d'une  anblose  vraie.  (Voy.  Akrtlose.) 

Nous  ferons  seulement  remarquer  ici  que,  dans  les  articulations  immobiles,  sur- 
tout au  voisinage  des  fractures,  il  peut  se  présenter  une  usure  des  cartilages  et  une 
formation  nouvelle  de  tissu  cellulaire  à  leur  place,  processus  pathologique  qui  doit 
être  rapporté  à  une  inflamnuition  chronique.  Nous  avons  obsené  cette  année,  chei 
une  vieille  femme  qui  avait  éprouvé,  depuis  un  grand  nombre  d'années,  une  frac- 
ture au  tiers  moyen  du  fémur  avec  consolidation  vicieuse,  un  cas  qui  justifie  notre 
manière  de  voir  ;  chez  elle  l'articulation  du  genou  présenUit  une  érosion  partielle 
du  cartilage  dont  les  cellules  étaient  en  régression  graimio-graisseuse.  A  la  fhvo 
des  perles  de  sulistance  du  cartila^'c  s'était  formée  une  membrane  de  tissu  ct»IIn- 
lairc  en  continuation  directe  avec  la  synoviale  périphéri(]ue.  Les  transformations 
diverses  qui  précèdent  la  formation  des  adliénMict»s  articulaires  seront  étudiées  à 
l'article  Arthbite,  et  quant  aux  formes  variables  des  adhérences  articulaiivs, 
comme  elles  restent  du  domaine  de  V ankylose,  nous  nous  homeronsàdiiTqu'il  existe 
deux  formes  pricipales  d'adhérences,  Tune  (ankylose  fibreuse  ou  par  amphiar- 
throse)  dans  laquelle  les  extrémités  o^v-vuses,  dépouillées  de  cartilage,  sont  réunies 


ADHÉRENCES.  7 

à  l'aide  d'un  tissu  fibreux  à  la  manière  des  articulalions  amphiarthrodiales;  Tautre, 
((ndafhse  osseuse) ,  qui  se  divise  en  plusieurs  variétés,  tantôt  elle  est  périphériquey 
Jes  extrémités  articulaires  intactes,  du  reste,  étant  unies  par  une  gaine  osseuse  com- 
plète ou  incomplète,  formée  parfois  par  des  trabées  ou  jetées  osseuses  périphéri- 
ques; tantôt  elle  s  opère  par  fusion  des  deux  os,  fusion  qui  peut  être  telle  dans 
certains  cas  qu'on  ne  peut  pas  reconnaître  où  finit  l'un  et  où  commence  l'autre. 
D'autres  fois  enfin,  un  disque  osseux  est  interposé  aux  surfaces  articulaires.  M.  le 
professeur  Cruveilher  rapporte  en  avoir  vu  un  cas  pour  l'articulation  du  genou. 

5"  Adhérences  de  la  surface  des  vaisseaux.  L'adhérence  de  la  surface 
ioteme  des  vaisseaux  constitue  leur  oblitération,  qui  joue  un  rôle  si  important 
dans  l'iiistoire  pathologique  des  artères,  des  veines  et  probablement  des  lym- 
phatiques. L'adhésion  des  vaisseaux  se  fait  suivant  deux  modes  :  1°  par  pseudo-mem- 
hrane,  ce  qui  n'a  lieu  que  lorsque  la  circulation  est  complètement  interceptée,  et 
S"  par  caillots  sanguins  adhérents  à  l'aide  d'une  pseudo-membrane  qui  se  développe 
rapidement  entre  le  caillot  et  la  paroi  interne  du  vaisseau. 

Une  adhérence  normale  à  l'état  physiologique  peut  servir  de  type  du  premier 
mode,  c'est  celle  qui  a  lieu  à  la  naissance  lorsque  le  sang  cesse  d'arriver  dans 
l'ordre  de  vaisseaux  qui  est  particulier  à  la  vie  fœtale,  telles  sont  les  artères  ombi- 
licales et  le  canal  artériel  d'une  part,  la  veine  ombilicale  et  le  canal  veineux  d'autre 
port.  Ces  vaisseaux  étant  vides  et  à  parois  contiguës,  l'adhésion  a  lieu;  cepen- 
dant il  arrive  quelquefois  que  la  circulation  du  sang  n'ayant  pas  été  complètement 
interceptée,  il  reste  des  caillots  sanguins  adhérents  dans  un  certain  nombre  de 
points.  Ainsi  M.  GruveiUier  dit  avoir  vu  plusieurs  fois  le  canal  artériel  oblitéré  par 
adhésion  pseudo-membraneuse  à  ses  extrémités,  et  par  du  sang  coagulé  à  sa  partie 
moyenne,  laquelle  était  restée  dilatée,  sphéroîdale,  d'où  l'idée  d'un  anévrysme  con- 
génial  du  canal  artériel,  idée  complètement  erronée. 

L'adhérence  vasculaire  pathologique  est  la  conséquence  a,  de  la  compression, 
b.  de  la  ligature  d'un  vaisseau,  c.  d'une  altération  organique  des  parois  vasimlaircs, 
d.  delà  propagation  aux  parois  vasculaires  d'une  lésion  des  parties  voisines,  e,  d'une 
inflammation  des  vaisseaux. 

a.  La  compression  des  vaisseaux  devient  une  cause  d'adhérences  lorsqu'elle  est 
portée  au  point  d'intercepter  la  circulation  en  maintenant  les  parois  rapprochées. 
Ainsi,  par  rapport  aux  veines,  les  sous-clavièrcs  et  la  veine  cave  descendante  étaient 
complètement  oblitérées  dans  un  fait  d'anévrysme  de  la  crosse  de  l'aorte  observé  par 
&I.  Cruveilher.  On  peut  parfois  séparer  les  parois  veineuses  acculées,  à  l'aide  d'un 
stylet  introduit  dans  la  portion  de  la  veine  encore  libre  qui  avoisine  l'oblitération. 
Par  rapport  aux  artères,  on  a  vu  des  exostoses,  des  tumeurs  fibreuses  et  autres,  qui 
comprimaient  fortement  ces  vaisseaux,  soit  en  les  aplatissant,  soit  en  les  entourant 
(iaiilairement,  finir  par  amener  leur  oblitération. 

b.  La  ligature  est  le  vrai  moyen  d'obhtèration  des  artères.  Cette  oblitération  a 
lieu  par  pseudo-membrane,  immédiatement  au-dessus  de  la  ligature  et  par  caillots 
adhérents  jusqu'aux  artères  collatérales  les  plus  voisines.  La  stagnation  du  sang  est 
une  cause  d'inflammation  adhésive;  il  se  forme  entre  le  caillot  et  la  paroi  une  mem- 
brane très-rapidement  organisée  qui  assure  loblitération. 

c.  Valtération  des  parois  vasculaii^es  est  souvent  la  cause  de  leur  adhésion, 
elle  a  pour  conséquence  la  formation  de  caillot  et  de  membrane  celluleuse  périphé- 
ri(|ue  au  caillot. 

d.  Les  lésions  inflammatoires  tuberculeuses  ou,  cancéreuses  qui  avobinent  le 
vaisseaux  ont  souvent  pour  conséquence  leur  oblitération  ;  mais  tandis  que  les 


s  1IiB£BE5C£S. 

aiims  wêL  «avMt  îaaltcnUcs  la  flâiieB  des  iétinf  wgmifnrt  Ik  ykm  cava- 
bifiUdDftfi»,  ks  veâiff.  «i  «OBÉnirf ,  Mot  fKwpie  UKqBm%  aitànee^.  Iîba,  éHv  les 
aUx»  |Mr  ofngwJMi,  TaBrle  tA  imi%età  iifare,  landi»  ^ae  h  vÔÊÊt  «ave  est  «àfilêm-, 
I»  tuoieim  fyurafad»  furff^aal  à  b  kà»  nue  arUre  «1  WÊt  vemt^  etÊt^  csft 
fvfsiqiie  iaajgnn  wtUâÊBàe  tiiir  <}ae  rarière  étiia|i|ie  i  la  fmuigiiiMi  4i  caaoer  ; 
fTfMiitTff  «■  lient  tnwvcr  anaî  k»  aitère»  dégéoérées  H  oUitcrôos,  «k  for  îles 
eailittls,  wil  |ar  <k»  baargeoas  t  ifx'rcuT,  mak  trfs^mcaieat.  Les  iôks,  an  oon- 
t»re,  iofll  fÊPoqae  iaBJ/uan  rtmfAits  for  ds  cailioCs  catflcm^  farfoû  de  h  n»- 
ûère  onotreoM',  «■  par  de»  boarg^oBs  de  même  oatnre  nés  de  leois  (■rak,  avec 
«I  taa^hfertanàMmit  <«fl£»-cL  ?So«s  avais  dit  pmédenoie^  <fÊe  des  çniHil»- 
ÛH»  caKéreoM»  paoraical  aiiaû  eof^bîr  b  fisciidoHDeadfaraiie  qm  «BhMve  lecaâl- 
lot,  1»  fflrottde  b  «eme  resUat  uorouks. 

r.  L'in/kmmclâMK  da  miiteamx.  ipat  «tie  ■nfammaJiM  soit  fnmitJTe  et  qui 
eft  nre,  qa'dle  foîl  OMbécathe  à  m  traoDtttkoie,  i  aœ  pbie,  à  «b  cailbl  qui 
pTOHiqK  rinfammaJiM  des  (oroîs,  à  b  résorpùao  piinilenle..  Hc.,  elle  a  toujours 
paur  cAl  VdtààknÊMm  dn  Taiaé£ao.  Lorsque  Tolilitéralîai  est  ^^«fwf>^^  et  panenoe 
Ifoa  plyf  baut  degré,  le  caillot  suiçnin,  aprê»  s'être  décoloré,  nmoUi,  et  oTotr 
aàà  louCeé  les  traufiirmationi  ré^e^éite^  de  b  ûLriiie,  e«t  rempboée  par  une 
idlitmaf  puiiiiaeMt  fonoée  de  tissa  cdlobire,  et  b  Teine,  par  eiemple.est  rakiile 
â  ■■  fioidoo  fiLreiix« 

¥  Aikéremeu  des  WÊewérmme$  wmqÊtutet.  Les  mtMpMuses,  oipuitsres  de 
bçoB  I  être  en  «eotaet  eoBliiiael  avec  deç  cxiqis  étrangers  cooime  les  matières  ali- 
■Beotaireft  on  avec  des  produits  de  sécrétion,  tapis!>ées  par  un  épithélinm  solide,  et 
géafraleiuent  I  phiûeurs  eondieSy  sont  rarement  le  siège  d*adhéraioes  qui  néce^- 
«fteat,  pour  s'y  produire,  ou  une  perte  de  saletance,  ou  une  inflammation  a^iex 
|«o&Mide  pour  produire  b  chute  complète  de  b  couche  épithéliale  et  b  mise  à  nu 
du  cfaorion  muqueux.  Cest  ainsi  qu'on  a  rapporté  des  cas  d'adhérences  des  pau- 
pières aux  globes  ocnbiresa  b  suite  d'ophthaîmie  falennorrhagique,  des adhéraiDes 
des  lèvres,  dn  voile  du  pabis  avec  b  paroi  postérieure  du  pharynx,  de  b  niupieuse 
des  joues  avec  celle  des  gencives  a  b  suite  de  stomatite  ulcéreuse  et  particulière- 
ment mereuridle;  on  connaît  le  cas  si  remanjuahle  inséré  dans  le  premier  Tuinme 
des  Actes  de  Copenhague,  d'une  jeune  fille  chez  laquelle  les  parois  de  l'cesopha^c 
ftNitraHcrent,  a  b  suite  d'une  variole,  des  adhérences  qui  s'opposèrent  â  b  déglu- 
tition. Les  poisons  caustiques,  l'acide  sulfurique,  par  exemple,  ont  pu  déterminer 
des  ukérations  et  des  adhérences  de  l'opsophage.  Nous  avons  présenté  à  la  Société 
anatomique  (BuUeiitit,  1 803;  un  cas  où  des  adhérences  produites  sur  des  ukérations 
tuberculeuses  de  l'intestin  avaient  considérablement  rétréci  le  calibre  de  ce  con- 
duit. 

L'oUitération  des  conduits  muqueux  est  d'autant  plus  facile  que  ces  conduits 
euv-méme»  sont  plus  étroits;  aussi  rien  n'est  plus  fréquent  que  l'oblitération  dos 
conduits  lacnmaux,d'oà  l'épiphora,  du  canal  nasal,  et  de  b  trompe  d'EusLtche,  mi 
une  inflammation  suflit  pour  mettre  leur  surface  en  contact,  favoriser  l'établisse^ 
ment  d'adhérences  persistantes,  et  produire  ainsi  les  tumeurs  bcnmales,  la  sur- 
dite.  Les  inflammations  si  fréquentes  des  voies  biliaires  déterminées  par  les  calculs, 
se  terminent  parfois  aussi  pr  des  adhérences. 

1j  mw|ueuse  des  onzaiies  génitaux,  celle  de  l'urètlire  dans  les  rétrécissements 
cicatritiels  avec  brides,  celle  du  vagin  a  b  suite  de  vaginite  intense,  d'aocoudie- 
ments  bborienx  et  de  déchirures,  celle  du  col  et  du  corps  utérin  â  la  suite  de 
métrite  nous  en  offrent  aussi  des  exemples.  Ces  adhérences  de  b  surface  interne 


ADHÉRENCES.  9 

deluténis  ou  des  trompes,  aussi  bien  que  les  adhérences  du payillon  des  trompes 
soil  à  Tut^nis,  soit  à  un  point  quelconque  du  péritoine  pelvien,  signalées  par  Wal ter 
et  Meckel  chez  les  fiUes  publiques,  où  elles  sont  si  fréquentes,  pervertissent  tou- 
joars  plus  ou  moins  la  fonction  menstruelle  et  s*opposent  à  la  conception.  Dans 
fcrtiines  formes  rares  du  cancer  utérin  que  nous  avons  observées  deux  fois  cette 
année,  le  col  est  seul  atteint,  ses  parois  s'hypertrophient,  la  cavité  du  col  s'oblitère 
à  tel  point  qu'on  n*en  trouve  plus  vestige,  et  derrière  lui,  le  corps  de  l'utérus  se 
dilate  de  façon  à  ressembler  à  une  vessie  pleine,  ses  parois  s'amincissent  et  il  se 
roDplitdepus. 

5®  Adhérences  de  la  peau.  La  peau  n'étant  contiguë  à  elle-même  que  dans 
une  très-petite  partie  de  son  étendue,  et  de  plus  les  couches  épidermiques  lui  for- 
ffluil  une  épaisse  enveloppe,  la  peau  ne  saurait  être  le  siège  d'une  adhésion  avec 
elle-même  que  lorsque  les  deux  conditions  suivantes  seront  remplies  :  en  premier 
lieu,  que  Tépiderme  aura  disparu  par  une  inflammation  ou  une  plaie  ;  en  second 
lii^,que  cette  lésion  siégera  dans  des  points  spéciaux,  comme  auprès  d'un  orifice 
naturel,  sur  des  plis,  ou  aux  extrémités.  Ces  conditions  remplies,  les  surfaces  mises 
en  contact  ont  une  grande  tendance  à  l'adhésion  ;  c'est  ainsi  que,  dans  le  traitement 
des  bnUures  des  doigts,  le  chirurgien  doit  lutter  contre  elle  par  l'interposition  d'un 
corps  étranger  entre  ces  appendices;  souvent,  à  la  suite  de  brûlures,  les  doigts 
restent  unis  |  ar  une  adhérence  solide,  ou  bien  ils  se  renversent  sur  le  dos  ou  la 
paume  de  la  main  ;  le  bras,  l'avant-bras  peuvent  rester  fixés  au  tronc,  et  même  la 
nain  contracter  une  adhérence  avec  un  point  de  la  face.  Ces  faits  rentrent  dans 
ielude  des  cicatrices  vicieuses  (voyez  ce  mot).  11  en  est  de  même  des  cas  de  co- 
nittationdes  orifices  naturels,  de  renversement  des  lèvres  ou  des  paupières,  d'ndhé- 
mires  des  lèvres  à  la  joue,  au  lobule  du  nez,  etc. 

g  II.  Adbérekces  comsidérées  cohhe  moyen  de  gué Riso».  Nous  venons  de  voir, 
en  traitant  chacune  des  adhérences  en  particulier,  qu'elles  n'ont  quelquefois  au- 
rune  influence  sur  la  santé,  mais  que  le  plus  souvent  elles  ont  des  effets  nuisibles, 
même  indépendamment  de  l'inflammation  qui  les  accompagne  lorsqu'elles  se 
forment.  D'autres  fois,  au  contraire,  elles  sont  la  seule  ressource  de  la  nature  pour 
sauver  les  malades,  ou  plutôt  un  heureux  hasard  qui  prévient  les  plus  grands  dan- 
gers ;  ainsi  l'adhérence  de  la  plèvre  pulmonaire  avec  la  plèvre  costale  peut  s'op- 
joser  à  un  épanchement  sanguin,  ou  à  l'emphysème,  lors  d'une  plaie  pénétrante 
de  poitrine;  ainsi  quand  il  y  a  un  abcès  dans  le  foie,  l'adhérence  qui  s'établit  entre 
ce  visf  ère  et  la  paroi  antérieure  de  l'abdomen  ou  le  côlon  a  quelquefois  permis  de 
donner  jour  au  foyer,  et  a  rendu  possible  le  passage  du  pus  à  l'extérieur  ou  son 
écoulement  dans  le  canal  intestinal,  etc.,  etc.  La  terminaison  même  des  phlegmasies 
des  séreuses  par  l'organisation  d'adhérences  est  heureuse  si  on  la  compare  k  la 
temimaison  par  suppuration  ou  à  la  persistance  de  l'épanchement  et  des  pseudo- 
membranes  tibrineuses. 

Une  adhérence  peut  réaliser  le  rêve  de  la  cure  radicale  des  hernies,  lorsqu'elle 
fiie  les  viscères  derrière  l'anneau  en  formant  une  sorte  de  barrière  qui  retient  les 
inrties  dans  l'abdomen.  Sans  l'adhésion  de  l'intestin  aux  parois  abdominales, 
toutes  les  plaies  pénétrantes  des  intestins,  toutes  les  opérations  par  lesquelles  on 
établit  un  anus  contre  nature,  seraient  mortelles.  Aussi,  dans  la  plupart  des  cas, 
fart  n'a  guère  d'autre  but  que  de  faire  naître  une  adhérence.  La  méthode  de  Du- 
piiytren  pour  guérir  les  anus  contre  nature  est  fondée  sur  l'adhérence  qui  unit 
les  surfaces  enflammées  qui  se  trouvent  en  contact. 

On  n'obtient  de  guérison  radicale  de  l'hydrocèle  qu'en  déterminant  une  vive 


1«  AD1A9TE. 

t,  et  pu-  mit  roblHéntioD  de  la  cmié  de  la  bnûqiie  mgnale.  Cest 
de  b  Dèfiie  maiere  qu*oa  guérit  beaucoup  de  kystes;  la  caTÎIé  des  afaeès, 
c«Ae  6a  dépôls  par  oongestioQ,  le  trajet  des  (istnles,  ne  dispanisnnt  que  par 
rjdhmme  de  looles  les  parois,  que  par  ToUilératioa  oomplke  des  caTÎtés.  La 
cure  4i  hec  de  Uèvre,  el  toutes  les  opérations  si  Dombreuses  el  si  pefiscti^nnécs 
aujondliaî  de  la  chinu^  plastique,  sont  éisialemeot  foudées  sur  la  doctrine  de 
ridbflHBatîoo  et  de  Tadhésioo  qui  eo  résulte. 

Les  ligatures  appliquées  sur  les  Taisseanx  pour  arrêter  les  béeionliagies  n*ool 
d*«fliet  certain  qu'en  déterminant  une  adhérence  qui  les  oUiière.  Cert  encore  â 
1* onâoB  des  parois  rasculaires,  à  Toblîtération  des  vaisseaux  qn*oo  doit  rapporter  la 
gaagfftoe,  b  drale  el  la  guérison  spontanée  de  certaines  tumeurs. 

L'art  dnnirgîcal,  et  prticalièremeiit  les  opérations  d'autopbstie  ont  «ne  grande 
puissance  contrp  les  adhérences  extérieures  pour  les  laire  disparaître  on  en  dimi- 
nner  les  incouTénients,  tandis  que  les  adhérences  intérieures,  celles  pur  exenpie 
àes  aiCiUis  séreuses,  sont  destinées  â  persister  indéfiniment,  sans  aucune  chance 
de  disparition  spontanée;  mabalorsque  l'inflanmiationqui  lesacanaéesa&fani» 
elles  pensent  être  aaseï  molles  et  lâches,  bien  qu'organisées,  pour  ne  causer  ancone 

gène  â  h  fimction  de  Torgane.  Dans  certains  cas,  une  gymnastique  appropriée  et 
les  moyens  orthopédiques  auront  mie  grande  influence  uiédicatrioe.  Nous  citerons 
comme  exemple  la  cure  des  scolioses  qui  résultent  d'adhérences  pleurales,  et 
celle  des  roÂan  articulaires.  V.  Coasa. 


rrmU€naiêmie  fêOmUpqme  9émértàe.  tom.  I"-,  3*  clase  des  adhèâons.  hàhè- 
da  péricwde.  ^  Fbkhocb.  ïnanékmck  éer  tpeeieUm  PmUÊÊiê§ie  maé  Tfterape von 
Tircfaoïr.  T«  ToL.  Il' paitie,  p.  258  et  suIt.  —  Adhérences  de  U  plèvre,  Wimia,  nêne  ou- 
XTipe,  Y*  Tc4..  I~  partie,  p.  225  et  suiv.  C. 

MBÊMSSïïK  iAdiatauM  L.).  Genre  de  plantes  cryptogames  de  h  famille  des 
Fougères  et  de  la  tribu  des  Polypodiacées  (lojf.  ces  mots),  caractérisé  par  des  spo- 
ranges groupés  en  masses  arrondies  ou  linéaires,  nettement  séprées  les  unes  des 
autres  et  placées  â  rextrémilé  des  pinniiles  des  feuilles,  au  niveau  du  sommet  des 
nernves.  Qiacune  de  ces  sotbs  est  recouverte  d'un  indusium  ou  membrane  cou- 
time  avec  le  borJ  même  de  la  feuille,  qui  se  replie  pour  la  Ibrmer,  et  s'ouvrant 
par  son  bord  interne  pour  laisser  libres  les  sporanges  qui  s*ou^Tent  chacun  a  l'aide 
d'un  anneau  élastique  à  peu  près  cimdaire.  Les  sores  occupent  toujours  la  f»ce 
inférieure  des  pinnules.  Ce  genre,  tel  que  Linné  laTait  établi,  renfermait  encore 
ks  genres  DapûlUa,  UnduBa  et  Cheilanthes^  qu'on  en  a  séparés  depuis  :  les  deux 
premiers  à  cause  de  h  constitution  de  Vindusiym  qui  dépend  non  du  bord  replié 
de  h  feuille,  mais  d'une  dilatation  des  nervures,  avec  déhisœnce  extérieure  ;  et  le 
diraier  par»  que  les  sores  s'iusèrent  au  fond  d'un  sinus  qui  unit  la  roemLnne 
au  limbe. 

Les  Adiantes  sont  des  Fougères  â  ti^e  herbacée  et  ordinairement  rampanU*. 
Leurs  ûondes  sont  composées  ou  décomposeras  et  Irès-rareuieut  simples.  Les  pin- 
nules sont  on  épaisses  et  cMiices,  ou  membraneuses  et  très-délicates,  lisses, 
gbbres,  luisantes,  parfois  tii^s-minceset  truislucides.  Leur  fonue  est  variable,  mais 
souvent  invguliàrement  polygonale,  losaïuique  ou  trapéioïdale,  avec  des  nervures 
partant  de  b  base  et  rayonnant  en  éventail,  sans  s  anastomoser  entre  elles.  Ce  sont 
des  plante»  communes  dans  les  régions  chaudes  des  deux  liémisphères,  surtout 
dans  le  nouveau  continent,  et  p!us  rares  dans  les  régions  tempérées.  A  ce  genre 
appartiennent  un  certain  nombre  d'espèces  emplovées  en  médeone  et  auxquelles 


ADIPEUX.  11 

les  pétioles  et  les  pétiolules  très-gréles,  lisses,  noirâtres  de  leurs  frondes  ont  fait 
donner  le  nom  de  Capillaires.  (Voy.  ce  mot.)  H.  Bfi. 

L.,  Cfli.,  n.  1180  —  Etol.,  Gen.,  n.  620.  —  F.  Badeh,  Gen,  Filk  ,  t.  LXVI,  B. 

AMPECX  (de  adep9y  graisse).  Les  anatomistes  ont  donné  depuis  longtemps 
(lin  du  sââàme  siècle)  le  nom  de  parties  adipeuses  à  celles  qui,  dans  l'économie 
uiimaley  se  distinguent  des  autres  par  leur  couleur  jaune  ou  blanchâtre,  leur 
consistance  butyreuse,  leur  solidification  très-sensible  par  le  refroidissement  qui 
luit  la  mort  lorsque  la  température  est  basse,  et  surtout  par  leur  propriété  de  don* 
m  de  la  graisse  par  ta  chaleur. 

Aujourd'hui,  par  suite  des  progrès  de  l'analyse  anatoroique,  dans  les  parties 
adipettsâs  comme  dans  chaque  groupe  des  parties  similaires  de  l'organisme^  on 
distingue  et  doit  décrire  successivement  :  V  les  parties  élémentaires  ou  éléments 
anatomiques  adipeux  ;  2°  le  tissu  que  forment  ceux-ci  par  leur  réunion  et  leur 
arrangement  réciproque  entre  eux  et  avec  d'autres  éléments  ;  3®  le  système  anato- 
mique  que  représentent  par  leur  distribution  dans  l'économie  les  diverses  portions 
de  ce  tissu  :  système  dont  Ilaller  et  plusieurs  de  ses  prédécesseurs  avaient  déjà 
(«nté  la  description,  bien  que  l'importance  du  rôle  qu'il  remplit  par  rapport  à  la 
nutrition  de  divers  autres  systèmes  ne  fût  pas  encore  nettement  connue. 

1.  CELLULES  AOiPEUSEs.  Syuouymie  :  Globuli  adipis  (Malpighi,  Opéra  amnia. 
Londini,  4686,  in-fol.  De  omento,pinguedine  et  adiposis  ductibus,  t.  II,  p.  ii). 
Ghbuli  pinguedinosi  (Leeuwenhœck,  Arcatia  naturx.  Lugduni  Batavorum,  1 7!22, 
in-4  (t.  I  ou  II,  selon  les  éditions),  p.  65,  fig.  9,  iO  et  il).  Vésicules  delà  graisse 
iFontana,  Recherches  physiques  sur  le  venin  de  la  vipère.  IV^  partie,  dans  son 
Traité  sur  le  venin  de  la  vipère.  Florence,  1781,  in-4,  t.  II,  p.  257).  Granules 
de  la  graisse  ou  granules  adipeux  (Raspil,  Répertoire  d*anatomie  et  de  physio- 
logie, Paris,  1827,  t,  III,  p.  165).  Cellules  adipeuses  ou  de  la  graisse  (Schwann, 
Intersuchungeny  etc.  Berlin,  in-8,  1838,  p.  141-149).  Tous  ces  noms  ne  s'appli- 
quent exactement  qu'à  une  seule  des  périodes  d'évolution  des  cellules  adipeuses, 
relies  de  complet  développement,  la  seule  qui  généralement  ait  été  étudiée  jusqu'à 
présent. 

Bien  que  les  parties  constituantes  élémentaires  du  tissu  adipeux  soient  connues 
depuis  longtemps,  ainsi  que  l'indique  la  synonymie  qu'on  vient  de  lire  et  même 
bien  décrites ,  quant  à  leurs  caractères  physiques  et  chimiques  principaux,  leur 
nature  anatomique  ou  organique  n'est  réellement  exactement  déterminée  que  de- 
puis peu  d'années.  En  d'autres  termes ,  ce  n'est  que  depuis  pou  que  l'on  connaît 
leur  mode  réel  d'apparition ,  les  phases  de  leur  évolution  normale  et  morbide,  et 
les  conditions  de  leur  destruction.  C'est  ce  que  fera  comprendre  la  description  de 
Ces  éléments. 

Parmi  les  particularités  évolutives  les  plus  remarquables  que  présentent  les 
fibres  lamineuses  en  particulier,  on  doit  noter  celles  qui,  tant  normalement  qu'ac- 
cidentellement, amènent  un  certain  nombre  des  corps  fibro-plastiques  qui  rcpré- 
SiMitent  une  des  premières  phases  de  leur  développement,  à  posséder  l'état  de  cel- 
lule, ayant  paroi  et  contenu  distincts  ;  et  cela  sans  que  cette  vésicule  cesse  d'être 
en  continuité  avec  les  fibres  proprement  dites,  qui  physiquement  en  forment  comme 
autant  d'appendices.  (Voy.  Ch.  Robin,  Mcm.  de  la  Société  de  Mologie,  1864.) 

Quant  au  contenu,  il  est  formé  de  gouttelettes  .huileuses  devenant  de  plus  en 
plus  nombreuses,  avec  ou  sans  interposition  d'un  liquide  hyalin,  jusqu'à  ce  qu'elles 
sù  réimissent  en  une  seule  grosse  goutte  homogène,  donnant  à  une  partie  de  ces 


it 


iDIPECr 


«fae  Vdémeai  ot  né  depok 


>^ 


i|Bi  ks  Mt  £ût  appeler  eellulei  &iifemtn  et  considérer 
Bcnne  ne  représente  ancnntnÎR  «pi'nne  modi- 
une  pbase  de  son  déTeloppeaMOft  q«  dânle  alors 
longtemps  déjà,  après  qu'O  a  en  les  cvactères  de 
I  étoile,  et  a  de  plos  donné  naissance  à  des  fibres 
pup «lient  dites,  e!  de  loagneorconsîdéfable,  mais  indéterminée. 
Arrité  i  tel  on  tel  degié,  ce  déieloppement  peot  en  outre  oftir  une  mairche 
inverse  qui  modifie  encore  la  stractore  de  h  Tésicole,  sans  qne  tontefeis  râément 
tqncnne  les  cjr^ai tètes  de  corps  liiirofbstMiQe  fosiforme  on  étoile  ipi'Q  possécbii 
an  défaul,  flans  qne  ees  modifications  nouTeUes  reproduisent  cdles  qoi  ont  eu  lieu 
améfieuranent  et  soient  on  retoor  Ters  dies. 

Les  corps  fifaro-piastiques  devenus  ainsi  gnnuleax  et  vcsîcnleax,  bien  plus  gms 
qn'ib  n'étaient,  eonserrent  encore  quelque  temps  une  finme  de  fuseau,  ou  étoilée 
avec  de  nombreuses  variétés  secondaires  de  configuration  knangique,  omde  oo  en 
masMie  qui  devient  pbs  tard ,  suit  qihéroidales,  soit  polyédriques  par  pression  réci- 
proque. Généralement  ib  ne  cessent  pasde  rester  en  continuité  avec  les  fibres  bnii- 
nenses  proprement  dites,  auiquelles  ils  ont  servi  de  centre  de  génération.  Goosi- 

dérés  individuellement,  ils  représentent  alors  ce 
qu'on  a  appelé  des  cellules  adipeuses,  caractéri- 
sées pr  une  paroi  trèfr4nince,  hvaline,  sans 
granulations,  dont  le  contenu  est  tantôt  unique- 
ment grusseuxy  très-réfringent»  homogène  ou  à 
l'état  de  gouttelettes  accumulées  distendant  une 
enveloppe  pourvue  ou  non  de  noyau,  arrondie  ou 
polyédrique  par  oompressioa  réciproque,  tantôt  eu 
partie  séreux,  limpide,  en  partie  à  l'état  de  gouttes 
huileuses  réfringentes  dans  l'enveloppe,  qui  est 
quelquefois  plissée  et  irrégulière  [fig.  ly  fr)- 

Les  phénomènes  d'évolution  consécutifs  à  l'ap- 
pdritiondes  vésicules  adipeuses  sont  d'abord  leur 
agrandissement,  puis  la  réunion  ou  fusion  gra- 
duelle des  gouttelettes  en  gouttes  de  plus  en  plus 
grosses  ;  et  pendant  tout  ce  temps-là  il  existe  uu 
peu  de  liquide  transparent  interposé  â  la  proi 
et  aux  gouttes  huileuses  {fig.  3,  h)  jusqu'à  ce 
qu'il  ne  reste  plus  qu'une  grande  goutte  seule, 
ou  acoompgnée  d'un  petit  nombre  d'autres  pe- 
tites. Chez  le  fœtus,  en  effet,  à  l'époque  où  le 
contenu  des  cellules  est  devenu  homogène,  les 
cellules  sont  plus  petites  du  quart  à  b  moitié 
environ  que  les  cellules  adipeuses  normales  de 
l'adulte. 

Souvent,  après  la  réunion  des  goutelettes  du 
contenu  en  une  seule  grande  goutte,  les  vésicules 
adipeuses  continuent  à  grandir  encore,  de  ma- 
nière à  dépasser  leurs  dimensions  ordinaires  du 
,   double  et  même  du  triple.  C'est  ce  que  l'on  ol>- 
srrvc  chez  les  sujets  atteinls  d'obésité,  presque  partout,  ou  seulement  dans  les 
régions  Ira  plus  chargées  de  graisse,  Icllesque  la  manicllc,  les  parois  abdomi- 


•w_ 


Fk'.l. 


taks,  etc.  Cette  hypertrophie  des  œllulea  adipeuses,  qui  sous  certaines  incidences 
(le  b  lumière  les  rend  apercevables  à  l'ceil  nu,  comme  de  petites  sphémies 
bnllinles,  s'observe  aussi  dans  le  tissu  de  quelques  lipomes. 

Une  fois  arrivées  à  leur  grandeur  ordinaire,  les  cellules  adipeuses  peuvent  s'atro- 
|4uer  dans  les  coiiditions  d'amaigrissement.  Cette  atrophie  ne  va  que  l'arement,  et 
dus  quelques  tissus 


Cette  résorption  du  coiileim  des  cellules  adipeuses  ne  s'accomplit  pas  d'uiie 
manière  uniforme.  Elle  est  souvent  bien  plus  prononcée  sur  les  trainëes  de  cellules 
qui  JEcompognent  les  capillaires  du  ^ssu  lamiiienx  que  dans  cellrs  des  lobules 
adipeui  voisins.  Cliez  les  sujets  amaigris  par  une  longue  maladie  chronique,  elle 
1^  parfois  tr뻫vaacée  dans  celles  du  tissu  adipeux  sous-cutané,  devenu  rougeâtre, 
Umlig  que  les  cellules  du  tissu  adipeux  inter-muscutairc,  séparées  des  précédentes 
pu  l'épaisseur  de  l'aptmévrose  d'enveloppe  seulement,  sont  intactes. 

Ainsi  Dornialemenl  groupés  par  places  déterminées  en  amas  arrondis  (/ù;.  Z,a,b), 
etaprt»  avoir  servi  de  centre  à  la  génération  des  fibres  lamineuses,  les  corps  iibro- 


14  ADIPEUX. 

plastiques  fusiformes  ou  étoiles,  jusque-là  sans  cavité  distincte  de  la  paroi,  de- 
viennent naturellement  le  siège  d'une  production  intérieure  de  gouttelettes  huileubCif 
qui  établissent,  delà  sorte,  une  distinction  entre  un  contenant  et  un  contenu; 
qui  en  changent  la  forme,  les  dimensions  et  les  caractères  physiques.  Que  re> 
gouttelettes  graisseuses  soient  ou  non  réunies  en  une  seule  goutte  liomogène, 
elles  occupent  dans  réconomie  un  espace  de  plus  en  plus  grand,  plein  d'une  matièn* 
qui  est  inactive,  en  quelque  sorte,  au  point  de  vue  physiologique  réel;  si  ce  n'est 
en  ce  qui  concerne  la  formation  assimilatrice  des  corps  gras,  formation  dont  les 
conditions  directes  sont  mal  déterminées. 

Ceux  des  corps  fibro-plastiques  ayant  servi  de  centre  h  la  génération  des  fibn^ 
du  tissu  hmineu\  qui  restent  épars  dans  les  faisceaux  de  ce  dernier,  présentent 
aussi,  à  certaines  périodes  de  l'âge  adulte,  ou  dans  quelques  cas  morbides,  ces  mêmes 
p:irticularités,  sans  qu'on  connaisse  encore  les  conditions  qui  font  que  ce  fait  a 
lieu  dans  un  grand  nombre  de  régions  du  tissu  lamineux  et  non  dans  d'antres,  ni 
dans  les  tissus  fibreux  et  tendineux,  où  restent  des  corps  semblables. 

A  cet  égard,  chaque  individu  présente  des  diflérences  héréditaires  ou  acquises 
reman|uables,  ne  porUint  pas  sur  la  nature  du  phénomène,  mais  sur  le  nombre 
seulement  des  corps  fibro-plastiques,  qui  passent  à  l'état  adipeux,  dans  diva-sc> 
circonstances  tenant  au  régime,  etc.  Chacun  oscille  en  quelque  sorte,  à  ce  point  de 
de  vue,  entre  des  limites  variables,  pouvant  aller  jusqu'à  déterminer  des  troubles 
fonctionnels. 

Ces  corps  fibro-plastiqucs,  arrivés  ainsi  à  l'état  de  vésicules  graisseuses,  peuvent 
ensuite,  dans  des  conditions  morbides  ou  de  simple  avancement  en  âge,  perdre 
leur  contenu  en  totalité  ou  en  partie,  sans  jamais  revenir  à  l'état  primitif  offert  pr 
chacun  d'eux  avant  le  début  de  la  production  des  corps  gras  ;  car  chacun  rr>te 
avccune  paroi  flétrie,  irn^lière,  distincte  de  la  cavité,  qui  est  pleine  d'un  liquide 
incolore,  granuleux  ou  non.  Ce  nouvel  état,  qui,  à  proprement  parler,  constitue 
une  altération  sénile  ou  même  pathologique  de  ces  éléments,  considérés  indJM- 
duellement,  concourt  à  la  production  de  l'état  dit  d'amaigrissement. 

Chez  les  individus  émaciés  dont  les  cellules  adipeuses  sont  en  voie  de  résorption, 
on  peut  en  trouver  qui  offrent  depuis  le  volume  normal  jusqu'à  0"»*,012  seule- 
ment. Celles  qui  sont  plus  ou  moins  allongées,  régulières  ou  non,  ont  souvent  cr 
diamctro-là  en  largeur,  sur  une  longueur  de  deux  à  quatre  fois  plus  grande 
(/ig.  i,6). 

Les  vésicules  adipeuses  sont  molles ,  peu  élastiques,  à  la  température  du  cor|]s 
et  un  peu  au-dessous  ;  elles  se  laissent  aplatir  ou  comprimer  les  unes  contre  V^ 
autres,  sans  revenir  ensuite  sur  elles-mêmes  lorsque  la  pression  cesse. 

A  une  température  qui  varie  suivant  les  espèces  animales  et  suivant  les  régions 
du  corps,  les  vésicules  adipeuses  se  solidifient.  On  peut  alors  les  isoler  les  unes  des 
autres  sans  qu'elles  reprennent  leur  forme  sphérique  ou  ovoîdale  ;  elles  conser- 
vent la  forme  polyédrique  si,  au  moment  de  l'abaissement  de  la  température,  elle^ 
étaient  comprimées  les  unes  contre  les  autres.  Ce  sont  là  autant  de  partiailarité», 
dont  nous  rend  m  compte  la  connaissance  de  leur  composition  imniédiate  et  de 
leur  structure.  Vues  à  la  lumière  réfléchie,  les  vésicules  adipeuses  sont  blandH-s 
ou  légèrement  jaunâtres.  A  la  lumière  (ransmise,  elles  sont  homogènes,  transpa- 
rentes, incolores  chez  le  jïorc,  le  mouton,  les  cétacés,  etc.;  elles  sont  légèmnieiit 
jaunâtres,  de  teinte  ambrée  sur  le  bœuf,  davantage  chez  l'homme,  plus  encore  sur 
le  cheval. 

Chez  l'homme,  elles  sont  loin  de  présenter  b  même  teinte  dans  toutes  l(^ 


ADIPEUX. 


15 


:mmm 


farliea  du  corps  :  c'est  aîi») ,  par  e^ieinple,  que  celles  de  la  moelle  des  os  en  voie 

d'ilnfihie  par  une  cause  quelconque,  celles  du  tissu  adipeux  sous-cutané  qui  se 

IruDie  dans  le  même  cas,  ont  une  teinte  bien  plus  loitcée  qu'à  l'état  normal.  Elles 

ul  uoe  coloratiua  orangée  ou  d'un  jaune  d'ocie  vif  à  reflet  vcnlâlre  ou  roiigeâtre 

tt»{n[^isnte  et  Irès- 

ronarqiiable.     Cette  \    _  ^ 

teiole   peut    facile- 

mal  être  constatée 

Aa  les  sujets  éma- 

□â,  infiltrés  ou  non, 

dunt  le  tissu  adipcui 

lit  jaune  raugeâtrc. 

{'aie  couleur    con- 

Irule  avec  celle  des 

vésicules    adipeuses 

uonnales   du    tissu 

«iipcui  interposé  aux 

miucles  sous-jacenis 

iliiSigiondela  peau 

où  l'on  prend  les  élé- 

nenis  a}Wit  ce  ton 

(Jus  fbocé    et   cette 

leinte  plus  brillante. 

FJJc  jure  encore  da- 

<iQ(*ge    avec   ici  le 

d'oD  certain  nombre 

it  cellules   conser- 

lui  Due  teinle  pâle 

ta  DÙlieu  des  autres 

ifuiout  la  coloration 

ÏHKxe  d-deasus  ni>> 

l«.    Nous    verrons 

pliH  loin  que  cette 

tnnle     n'a]^iartienl 

ifin  contenu  grais- 

ma  des  vésicules. 

Cei  vésicules  ré- 
riWeat  SjrtéDient  la 
lumière  oomme  les 
OM]*  8W,  de  telle 
"■tï  que,  .selon 
lu'ttks  M  iJMùvent 
|Jacàs    eiadcment 

lu  tii{(r  du  niicniKopc  ou  non,  elles  oITrent  u 

''ulrû  biillant  ou  vice  versa.  Cette  particularité  est  Irès-frappaiite,  lorsqu'elles  sont 
Ul  DÛlieu  d'autres  éléments  aiialomîques,  et  les  fait  paraître  beaucoup  moins 
"'■■^rentes.  Elle  est  cause  de  l'aspect  opaquequc  présentent  les  amas  de  coules 
i^oiinntiveiiienl  aux  libres,  etc.,  au  milieu  desquelles  elles  sont  situées.  Si  elles 
uni  no^iniées  k«  unes  coutrc  les  autres,  ayant  perdu  leur  forme  arrondie. 


Fif,  i 


net  et  large  et  i 


k 


if.  iblPECX. 

dkf  OMCnl  de  jouer  \t  rMe  de  leatiUet  et  elles  iBaotnat  ma  naloiir  nel,  bibte- 

neat  ombré  û  ék^  tout  eudement  m  bner  du  micnitcnpe. 

Quelle  qoe  tôt  b  perieetioa  des  loAllaqn'oa  emploie,  elles  prâentenl  toujours 
niK  mréole  irâée  en  defaon  de  lenr  bord  ou  ccolonr  propre  nettement  limiU:. 
CeU  une  particularûé  qu'elles  partageut  aiec  les  grannUtioa*  ou  gimtteletlcs 
graÎMevfea  libres. 

Vnafrasioa  que  loat  épnm«er  les  cdlaks  adipeniei  id  sens  du  toodier,  leur 
(rleor  et  leur  saieor,  oe  loat  nunilestes  que  kvsqo'eUes  aoot  rfnnies  en  tissa.  Ce 
(oot  autant  de  carslfcres  qu'on  ne  |mt  pas  constater  sur  les  léNcuies  isolées  ;  ce 
n'est  que  pltu  loin,  en  traitant  du  tissu  adipeux,  qu'il  en  sera  question,  et  alon  la 
connaissaDce  de  b  composition  inunêdiate  de  us  i-léroents  noos  en  rendn  compte 
et  nous  pennettn  de  leur  rapporter  ce  que  cetle  avcur,  celte  odeur,  etc.,  prû- 
lentent  de  plus  taillant. 

L'élévation  de  b  température  amène  b  décotnpositiou  des  vésicules  et  donne  les 
produits  emprreuoiatîqae*  et  autres  que  fournissent  les  principes  graisseux.  L'a- 
baissement de  température  n'a  pas  seulement  pour  effet  de  les  durcir,  de  les  Ijîre 
paaer  de  l'état  liquide  à  l'état  solide;  il  a  sur  elles  une  adioa  mcdécnlaiFe.  Il  fait 
puser  à  l'état  solide  quelques-uns  seulement  de  leurs  principes  immédiats  (stéarine 
ctmarprinej,  et  alors  un  autre  d'entre  eut  (oli'ine),  qui  ne  se  solidifie  qu'au-des- 
sous de  0*,  se  sépare  des  précédents,  se  rassemble  en  une  couchede  gouttelettes  po- 
lyédriques irrégulièresi  la  suriâce  de  la  niasse  que  forment  les  premières. Il  en  rcsuilc 
que  le»  cellules  perdent  leur  état  bcnnogène,  détiennent  granuleuses,  oranme  ru- 
gueuses ^  opaques.  Leur  apparence  est  alora  fort  singulière  et  ferait  cnxre  au  pre- 
mier abord  que  l'on  n'a  plus  aiTaire  à  b  ménie  espèce  d'éléments  anatomiques. 
si  l'clé  vatioo  de  l«Dpcnilurc  n'amenait  la  dissolution  de  l'déine  et  ne  rt^idail 
uax  véhicules  toute  leur  homogénéité. 

Les  cellules  adipeuses  ont  un  aspect  extérieur  si  dilTércnt  de  celui  de  tous  les 
autres  éléments,  qu'on  n'a  guère  besinn  de  recourir  i  l'action  des  agents  chimique» 
pour  les  distinguer.  Aussi  est-il  peu  nécessaire  de  s'étendra  sur  les  caractères 
qu'elle  nous  fait  connaître.  Touterois  elle  sert  à  montrer  quelle  est  la  structure 
réelle  de  ces  éléments.  L'alcool  et  l'élher  enlèvent,  ^près  une  heure  environ  d'é- 
bnllition,  aux  vésicules  adipeuses  une  masse  de  matières  grasses  presque  égale  à  la 
leur,  à  ([uelqucs  centièmes  près.  Apris  évaporaliou  du  liquide,  elles  restent,  suivant 
les  espèces  animales,  sous  forme  de  graine,  de  suif  ou  de  teindoiix.  Pourtant  tout 
rèlément  anatomique  n'a  pas  été  dissous;  il  a  conservé  sa  forme  et  son  volume, 
mais  duvenu  d'une  transparence  et  d'une  délicatesse  extrêmes  ;  car  les  réactifs  pK'- 
cédenta,  eu  enlevant  les  principes  graisseur,  ont  pris  leur  place  dans  la  cavité 
d'une  poche  ou  vésicule  qu'ils  ont  respectée.  Si,  au  contraire,  on  maintient  les 
1.1'liiitL?  .>jL[)eijses  pendant  quelques  instants  dans  de  l'acide  acétique  à  40'  ou 
l>0",  ou  plus  longtemps  à  froid,  c'est  l'enveloppe  qui  est  rétractée,  tandis  que  le 
cotilctiu  gniisseut  reste.  Celle  vésicule  n'est  jamais  complètement  dissoute,  surtout 
si  l'ni'Umi  a  lieu  à  la  température  ordinaire  ;  mais  elle  est  ramollie,  pAlie,  et  la 
uioituln-pi-c'vwn  en  détermine  b  rupture  avec  ccouleuient des  principes  graisscnv. 
(■**  ràrtinis  montrent  qu'il  entre  dans  b  composition  des  cellules  adipeusp* 
i\n  prini'i|N'«  inmiédiats  de  deux  classes  :  1°  graisseux  ;  2°  arotés  ;  car  l'envelopiie 
iMi  ii'-Miiilc  res)M-ct6e  par  l'élher  et  l'alcool,  attaquée  par  l'acide  acétique,  se 
loiiiinirlr  l'iHnmv  les sulwtiiiK-es  organiques  aiotées.  Cette  enveloppe  aiotée  est  très- 
|iii>t>,d>U'in<>nl  uriio  k  des  |iiinci|ie»  salins  de  la  première  classe  eu  petite  quaiititc, 
l.'fHtflofipe  OK  )Mm  des  Cor|w  libro-plasliqucs  devenus  vésiculeui  est  ex- 


ADIPEUX,  17 

Ircmement  minoe,  de  telle  sorte  qu  on  ne  peut  pas  mesurer  son  épaisseur  lors({uc 
Ivs  Tésicules  sont  pleines  de  leur  contenu  graisseux,  et  ab  premier  alx)rd  on  }iour-. 
rjît  les  prendre  pour  des  gouttes  d'huile.  Ou  reconnaîtra  néanmoins  la  pai^oi  par  un 
certain  nombre  de  caractères  indiqués  plus  bas.  Si,  an  contraire,  elles  sout  remplies 
d'étber  par  l'ébulliliou  prolongée  dans  ce  liquide,  on  peut  apercevoir,  à  un  fort 
grossissement  deux  lignes  rapprochées  parallèles  mesurant  Tépaisseur  de  la  paroi, 
f|ui  est  de  un  demi-millième  de  millimètre  au  plus  dans  l'état  normal.  Dans 
quelques  tumeurs  hypertrophiques  des  glandes,  etc.,  renfermant  des  cellules  adi- 
icuses ,  on  trouve  quelquefois  des  vésicules  dont  la  paroi  est  épaisse  de  1  à  2  mil- 
lièmes de  millimètre,  et  visible  avant  l'action  de  quelque  réactif  que  ce  soit. 

Cette  paroi  est  tout  à  fait  homogène,  transparente,  sans  stries,  sans  granulations  ; 
elle  se  bisse  distendre  lorsqu'on  vient  à  comprimer  les  cellules,  et  ne  se  déchire 
<|ue  difficilement  dans  ce  cas.  L'acide  acétique,  ainsi  qu'on  l'a  vu  plus  haut ,  Fat* 
laque,  et  le  contenu  s'écoule  lorsqu'on  vient  à  presser  sur  les  lames  de  verre, 
comme  dans  les  cas  de  déchirure,  mais  par  plusieurs  points  à  la  fois.  L'élévation 
da  température  amène  aussi  la  destruction  de  la  paroi,  qui  se  plisse  alors,  devient 
irrégulièrement  granuleuse  ;  le  contenu  s'écoule  alors  ;  c'est  là  le  mécanisme  de 
l'extraction  des  suifs,  des  huiles  de  baleine,  etc.  Il  ne  faudrait  pas  prendre  pour 
particularité  de  structure  de  cette  enveloppe  les  plis  nombreux  et  souvent  fort 
élégants  que  présentent  quelques  vésicules  après  l'action  de  l'éther  et  de  l'alcool 
chauds.  De  la  surface  de  la  paroi  partent  des  fibres  lamineuses,  au  nombre  de  deux 
ou  davantage,  qui  se  brisent  souvent  aisément  à  leur^  point  de  continuité  avec  le 
corps  fibro-plastique  devenu  vésiculeux. 

Le  noyau  de  la  cellule  siège  dans  l'épaisseur  de  la  paroi,  il  est  plutôt  saillant  à 
$a  face  interne  qu'à  l'extérieur  (fig.  2,  e^f^g,  h).  Il  est  ovoïde,  un  peu  aplati,  long 
de  9  millièmes  de  millimètre,  large  de  4  à  6,  épais  de  3  à  4.  Il  est  très4ransparent, 
(rè»-pâle,  à  bords  nets  réguliers,  insoluble  dans  l'acide  acétique ,  à  peine  graim- 
leux,  sans  nucléole  ;  aussi  est-il  difficile  à  voir.  C'est  particulièrement  dans  les 
œllules  qui  par  résorption  de  leur  contenu  huileux  sont  devenues  partie  incolores, 
prtie  graisseuses,  qu'on  le  trouve  (figA^b),k  coté  des  cellules  qui  ont  un  noyau, 
il  y  en  a  toujours  qui  n'en  possèdent  plus.  Ces  cellules  dépouniies  de  noyau  rc- 
lirésentent  parfois  le  quart  ou  même  les  deux  tiers  de  celles  qu'on  a  sous  les  yeux. 

Le  contenu  des  vésicules  adipeuses  est  ordinairement  entièrement  graisseux. 
Chez  l'adulte,  à  l'état  normal,  il  constitue  une  seule  grande  goutte  de  graisse 
remplissant  exactement  la  cavité  de  la  vésicule  et  parfaitement  homogène.  Nous 
iivoiis  vu  plus  haut  (p.  16)  comment  le  froid  peut  faire  disparaître  cette  homo- 
l^énéité  et  par  quel  mécanisme. 

11  est  des  conditions  dans  lesquelles  les  cellules  adipeuses  offrent  une  disposition 
plus  complexe  de  leur  contenu.  Telles  sont  toutes  les  vésicules  adipeuses  nouvelle- 
ment nées  chez  les  fœtus  et  les  jeunes  sujets,  dans  les  tumeurs  lipomateuses, 
Inpertrophiques  des  glandes,  colloïdes,  etc.,  au  sein  desquelles  se  produisent  des 
corps  Gbro-plastiques  passant  à  l'état  adipeux  et  formant  des  vésicules  graisseuses 
éparses  ou  accumulées  en  masses  visibles  à  l'oeil  nn.  On  observe  en  particulier  ce 
bit  dans  la  plupart  des  cellules  adipeuses  des  végétations  hydatiformes  intrakys- 
leuses  de  nature  glandidaire  ou  lamineuses  gélatiniformcs  de  certaines  hypertro- 
pliies  mammaires.  Dans  toutes  ces  circonsUmces,  le  contenu  n'est  pas  homogène. 
Il  est  foimc  :  a,  de  nombreuses  gouttes  graisseuses  accumulées  dans  la  carité 
d'une  enveloppe;  b,  d'un  limpide  clair,  peu  réfringent,  très-limpide,  qui  remplit 
fintervalle  transparent  compris  entre  la  paroi  de  cellule  et  les  gouttes  huileuses 

MCT.    EXC.  il.  2 


18  ADIPEUX. 

{fig.  2).  Le  fait  est  surtout  évident  loi*sque  les  gouttes  d'huile  laissent  un  vaste 
espace  libre  entre  Tenveloppe  et  elles  {e,  f,  g),  comme  on  le  voit  quelquefois  dans 
les  tumeurs  hypertrophiques  avec  masses  adipeuses. 

Les  gouttelettes  sont  disposées  de  la  manière  suivante  :  tantôt  une  grande  goutte 
de  matière  grasse  remplit  presque  complètement  la  vésicule,  et  ce  sont  des  goutte- 
lettes très-petites,  ou  des  gouttes  de  moyenne  grandeur,  accumulées  d'un  coté  ou 
autour  de  la  plus  grande,  qui  achèvent  de  remplir  b  cavité  de  l'élément  anato* 
mique.  D'autres  fois,  c'est  une  goutte  moitié  moins  grosre  que  la  première  ou  à  |>eu 
près,  accompagnée  par  plusieurs  petites  ;  aloi^  la  cellule  est  comme  déformée  et 
présente  un  prolongement  du  volume  de  la  goutte  elle-même.  Dans  quelques  cir- 
constances on  trouve  deux,  trois  ou  quatre  grosses  gouttes  à  peu  près  d'égal  vo- 
lume, déformées  ou  non  par  pression  réciproque,  et  accompagnées  par  une  quantité 
plus  ou  moins  grande  de  très-petites  gouttelettes.  D'autres  vésicules  sont  remplies 
d'une  seule  goutte  ou  de  plusieurs  gouttes  sphériques  nombreuses,  de  moyenne 
grandeur  (O^^jOlS  à  0'"'",020),  entourées  par  une  quantité  considérable  d'autres 
lrès-))etiles.  Enfm  il  en  est  qui  sont  remplies  par  des  gouttes  qui  sont  toutes  de 
mêmes  dimensions,  soit  de  moyenne  grandeur,  soit  fort  |)etites.  Toutes  ces  dispo- 
sitions entraînent  de  nombreuses  variétés  d'aspect  des  vésicules  adipeuses. 

Ces  particularités  de  structure  sont  surtout  frappantes  dans  les  divers  états  suc- 
cessifs offerts  par  les  cellules  adipeuses  qui  s'atrophient.  Ici  le  contenu  a  pris,  dans 
la  plupart  des  vésicules,  .la  teinte  jaune  plus  foncée  et  brillante  déjà  notée  précé- 
demment. Il  est  réduit  à  une  goutte  sphérique  ou  ovoïde  qui  ne  remplit  plus  exac- 
tement l'enveloppe  azotée.  L'intervalle  compris  entre  cette  goutte  d'huile  et  l'cnve** 
loppe  est  rempli  d'un  liquide  incolore  contenant  quelques  fines  granulations  dont 
quelques-unes  sont  giisâtres  et  la  plupart  graisseuses,  mais  ne  dépassent  pas  1  à 
2  millièmes  de  millimètre.  Il  résulte  de  cette  particularité  de  structure  que,  dans 
les  régions  du  corps  où  les  vésicules  se  touchent ,  les  gouttes  d'huile  sont  écartées 
les  unes  des  autres  par  les  intervalles  qui  les  séparent  de  leur  enveloppe,  ce  (pii 
donne  à  leur  ensemble  un  aspect  très-élégant.  La  goutte  d'huile  qui  reste  au  centre 
de  la  cellule  peut  n'avoir  peixlu  encore  qu'une  petite  partie  de  son  volume,  et  i'iii- 
tenalle  plein  de  liquide  incolore  qui  la  sépare  de  l'enveloppe  est  peu  coiisidérable  ; 
d'autres  fois,  réduite  à  un  diamètre  de  6  à  12  millièmes  de  millimètre,  elle  est 
plus  ou  moins  écartée  de  l'enveloppe  azotée,  selon  que  celle-ci  s'est  plissée  ou  non, 
est  i)OU  ou  beaucoup  revenue  sur  elle-même.  Il  est  enfin  des  vésicules  dans  Ivs- 
quelles  ce  contenu  est  réduit  à  deux  ou  trois  petites  goutles  huileuses  brillantes, 
avec  quelques  autres  de  teinte  presque  grisâtre,  ou  même  dans  losc|uelles  il  ne 
reste  pas  de  granulation  graisseuse  dépassant  1  ou  2  millièmes  de  millimètre. 

Les  vésicules  adipeuses  sont  quelquefois  difliciles  à  bien  distinguer  des  gouttes 
d'huile  volumineus<^s,  des  gouttes  mêmes  de  leur  contenu  éch:ip|)é  {mr  déchirure 
de  quelques-unes  d'entre  elles  pendant  la  préparation.  Mais  on  évitera  de  prendre 
ces  gouttes  libres  pour  des  vésicules,  en  observant  que  les  premières  sont  de  forme 
Irès-conlonrnée,  ou  bien  parfaitement  sphérique  et  avec  un  contour  (|ui  a  (|ueh|iie 
chose  de  plus  net  que  dans  les  cellules.  On  peut  de  plus,  par  la  pression  et  en  les 
faisant  rouler,  les  déformer  de  manières  diverses  ;  de  telle  sorte  qu'elles  ne  res- 
semblent pas  aux  formes  que  prennent  les  vésicules  mêmes,  se  pressant  récipix)- 
quement  ou  comprimées  contre  tpielque  autre  corps.  On  voit  en  outre  assez  souvent 
ces  gouttes  se  fondre  en  une  goutte  plus  grosse  ou  se  déformer  après  s*être  écha|)- 
|iées  de  l'intei'sticc  des  cellules  dont  elles  proviennent  par  nipluro  de  quelques-unes 
d'entre  elles. 


ADIPEUX.  iO 

Lors  même  ciuc  les  vésicules  sont  solidifiées  par  le  froid  et  que  leur  surface  est 
devenue  irrégulièrc,  ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut  (p.  16),  elles  ne  ressemblent 
1  auain  élément  anatomique.  Les  gouttes  huileuses  qu  on  trouve  quelquefois  libres, 
mais  comme  parties  constituantes  d*un  tissu  et  incluses  généralement  dans  une 
matière  amorphe,  soit  de  la  partie  jaune  du  corpus  luteuniy  soit  de  certaines 
tumeurs  graisseuses  du  rein,  etc.,  peuvent  aussi,  lorsqu'elles  sont  solidifiées  à  une 
Ikissc  température,  prendre  cet  aspect  irrégulier  à  la  surface ,  et  même  strié  ; 
ittnime  leur  état  solide  empêche  de  les  fondre  ensemble  par  pression  des  lames 
iie  ^-erre,  ainsi  qu'on  le  fait  des  gouttes  liquides,  on  pourrait  les  prendre  pour  des 
cellules;  mais  il  suffit  d'élever  un  peu  leur  température  pour  qu'elles  recouvrent 
i'aspect  de  gouttes  proprement  dites,  et  de  plus  traitées  par  l'éther ,  directement 
sous  le  microscope  même,  elles  sont  attaquées  plus  facilement  que  les  vésicules  et 
ne  laissent  pas  d'enveloppe  azotée  comme  ces  dernières. 

Les  vésicules  adipeuses,  à  l'état  de  complet  développement,  se  rencontrent  cliez 
riiomme  à  partir  du  cinquantième  ou  du  cinquante-cinquième  jour  de  la  vie  intra- 
utérine,  dans  le  creux  de  l'aisselle,  le  pli  de  l'aine,  puis  dans  la  paume  des 
pieds  et  des  mains.  Depuis  cette  époque  jusqu'à  celle  de  la  mort  on  en  trouve  par- 
tout où  existe  de  la  graisse  visible  à  l'œil  nu  dans  l'économie.  Elles  sont  en  quan- 
tité considérable  dans  toutes  ces  régions,  car  elles  sont  l'élément  anatomique 
airactéristique  et  fondamental  du  tissu  graisseux  ou  adipeux.  11  y  en  a  toujours  à 
(Dmpter  de  l'époque  de  la  naissance  ou  un  peu  avant,  dans  le  tissu  médullaire  des 
os,  mais  plus  ou  moins  suivant  les  individus,  les  espèces  animales  et  les  étiits 
morbides.  Elles  sont  quelquefois  fort  peu  abondantes.  On  en  trouve  en  petite 
quantité,  comme  élément  anatomique  accessoire,  dans  un  grand  nombre  départies 
du  corps  où  l'œil  nu  n'en  fait  pas  soupçonner.  Ainsi,  à  la  surface  extérieure  de  la 
dure-mère  rachidienne,  beaucoup  de  faisceaux  de  fibres  du  tissu  lamineux  qui  n'ont 
|>as  l'aspect  gralsseiuL  du  tissu  adipeux  qu'on  aperçoit  dans  beaucoup  d'autres 
[«ints  de  cette  région,  présentent  des  amas  de  2  à  40  vésicules  adii)euses  ou  en- 
viron. 11  en  est  de  même  d'un  grand  nombre  de  portions  du  tissu  lamineux  in- 
terposé aux  organes  ou  aux  faisceaux  nerveux,  musculaires  striés  et  lisses,  à 
Texception  de  l'utérus,  aux  lobes  des  glandes  pourvues  de  tissu  lamineux.  On  en 
voit  jusque  dans  les  intervalles  des  culs-de-sac  glandulaires  des  ocintde  la  mamelle, 
de^  glandes  salivaires,  des  glandes  Bninner,  du  pancréas  surtout,  des  glandes 
>ajis  conduits  excréteurs,  sauf  la  rate  et  les  capsules  surrénales.  Il  y  en  a  souvent 
d'cparses  dans  les  tumeurs  fibro-plastiques  gélatiniformes,  dans  les  liyi)ertrophies 
;:landubires,  et  en  particulier  dans  leurs  végétations  intra-kysteuses  gélatiniformes, 
où  elles  sont  également  disposées  à  un  mtervalle  à  peu  près  le  même,  ou  bien  ce 
>oi)t  des  amas  de  trois  à  quatre  cellules  qui  sont  ainsi  distribués. 

licur  présence  eiitrc  les  faisceaux  striés  des  muscles,  entre  ceux  des  fibres  lisses 
de  la  vessie,  gêne  souvent  l'examen  de  ces  parties  du  coi*})s. 

On  en  rencontre  quelquefois  d'isolées  ou  en  séries  dans  la  pic-mère  de  la  moelle 
diongce  et  de  la  protuljérance  annulaire,  où  M.  Bouchut  et  moi  avons  observé  uu 
ii{N)Uie  du  volume  d'un  ]K)is. 

Elles  manquent  dans  l'épiiisscur  du  derme  même,  du  chorion  des  muqueuses 
it  dans  le  tissu  des  tendons.  Mais  on  en  trouve  dans  le  tissu  lamineux  sous-cutané 
do  la  verge,  du  scrotum  et  des  paupières,  soit  isolées,  soit  en  séries  ;  quelquefois  il 
>  en  a  de  petites  masses  apercevables  entre  les  faisceaux  musculaires  de  la  vessie, 
cl  ^us  la  muqueuse  vésicale  on  en  rencontre  souvent  d'isolées  ou  en  séries  ({ui 
d^uboixl  n'étaient  pas  visibles  à  Tœil  nu. 


te  ADIPEUX. 

ParUnl  où  les:  vésicules  adipeiuos  sont  abondantes,  elles  sont  aocaraoléo 
sans  ordre  les  unes  contre  les  autres  et  prennent  une  forme  [lolyédriqne  sauvent 
très-rcgulière,  soit  à  angles  nets  quand  elles  sont  camprimées  réciproquement, 
coomie  chez  le  porc,  les  cétacés,  soit  à  angles  arrondis.  Lorsqu'elles  oonstituetit 
des  amas  peu  considérables,  celles  du  milieu  présentent  seules  cette  forme,  et 
oeiles  de  la  péripliérie  sont  polyédriques  par  le  coté  où  elles  touchent  lc> 
autres,  tandis  que  leur  face  libre  est  arrondie.  Dans  le  voisinage  de  ojs  petits 
amas  on  en  trouve  toiqours  quelque&-unes  qui  sont  isolées  ;  elles  )iermctteBt  de  re- 
coonaitre  que  ces  éléments  sont  normalement  de  forme  s{ihérique  ou  plu^  souvent 
cncoie  ovoïde,  à  bords  nets  et  réguliers,  sans  dentelures.  Lorsqu'elles  ont  cette 
ionne  ovoïde  plus  ou  moins  allongée,  leurs  deux  c^Ltrémilés  sont  semblables,  ou 
Tune  est  plus  aiguë  que  lautre. 

Quelques-unes  out  les  deux  extrémités  confiées  presque  carrément.  Dans  !■$ 
muscles,  le  long  des  filaments  du  tissu  lamineux  intra-racliidicn,  etc.,  les  vcsicult'> 
adipeuses  sont  souvent  disfiosées  en  séries  longitudinales  très-élégantes  en  ionnc 
de  chapelets,  simples,  doubles,  etc.  Tantôt  elles  ne  se  touchent  pas  ou  presque  pa> ; 
alors  elles  conservent  leur  forme  sphérique  ou  ovoïde  :  c'est  surtout  dans  ces  cou- 
ditimis  qu'on  trouve  celles  dont  la  forme  est  le  plus  ;dlongée.  Dans  les  muscles 
atteints  d'atrophie  avec  substitution  graisseuse,  la  plupart  des  vésicules  offrent  oetlo 
disposition  et  cette  ii;nu-c  allongée  ovoïde,  fusiformc,  etc.,  fort  remarquable  pir 
MS  uonibrcuses  variétés  oscillant  autour  des  ty})es  de  forme  qui  viennent  d^étrc 
signaléti.  D'aitlre  foi?  elles  empiètent  un  peu  Tune  sur  l'autre  par  leurs  cxtir- 
milé%,  ou  MMi  lorienvnt  pressées  de  manière  que  ceUes  du  milieu  de  la  série  ont 
leur  plu*^  :miiMJ  diamètre  fierpendicuUiire  par  rapport  à  celui  de  la  rangée.  Tantôt 
l'uiifd  ffli'ift  »>uionce  dans  ses  voisines  ou  en  comprime  une  d'un  côté  et  >c 
trouve  d«'iirifi«M:  d'un  autre  côté.  Celles  des  extrémités  de  ces  séries  ont  quelqucfoi> 
une  iorme  pre«(]ue  triangulaire  à  angles  arrondis. 

Les  dimensioru  des  vésicules  adipeuses  sont  en  moyenne  de  40  à  50  mi- 
liêmes  de  millimêlit'  ;  mais  ou  en  trouve,  diez  l'adulte,  qui  en  ont  20  à  cote  d^autn^s 
qui  eu  out  75.  Dans  le  ti»u  adipeux  péri-mammaire,  dans  certaines  tumcnrs  de 
œtle  région,  dans  les  masses  adipeuses  développées  au  milieu  des  hypertrophie^ 
mammaires,  dans  œrtains  lifiômes,  on  en  vint  souvent  qui  ont  1  dixiènôe  ou 
^  dixièmes  et  demi  de  millimètre  à  côté  de  celles  qui  ont  des  dimensions  ci-des£us 
marquées.  11  en  est  qui,  au  heu  d'avoir  cette  largeur  en  tout  sens  ou  à  peu  prè^, 
UMMirenl  cette  étendue  eu  longueur,  sur  20  à  40  millièmes  de  millimètre  de  brge. 

Leb  vé!»iculeb  adipeuses  sont  généralement  un  peu  plus  grandes  chez  le  bœuf,  le 
|>0R  et  le^  cétacés  ;  chez  le  mouton,  elles  conservent  a  peu  près  1»  dimensions 
qu'elles  ollrenl  chez  Tbomme.  Elles  présentent  souvent  diez  le  même  individu  dt> 
dilléi'eiK-ies  tiè>-not«ibles  de  volume  d'une  région  du  rorjis  à  l'autre  ;  elles  sont  en 
;!éiiéral  bien  plus  |ielites  au  (hu*  du  rein,  et  surtout  dans  les  diflcrents  replbdn  pé- 
ritoiuc,  que  daiih  le  tiMUi  adi|ieux  hou>-cutané  on  in  ter-musculaire. 

(>îtte  paroi  est  susceplilile  de  se  rofRoZ/tr  an  point  de  devenir  presque  diflluenle, 
de  telle  sorte  qu'un  ne  peut  |Kir\euir  alors  à  |)ré{iarer  qu'un  petit  nomfare  de  ct?l- 
lukb  adifieubes  intactes.  CelleSiKâ  même  se  brisent  sous  les  yeuv  de  Tofasenalcar  à 
la  niuiudre  pieittion.  Daii^  lu  moelle  des  os  enflammée  et  sup|iurée  b  paroi  propre 
hv  iiuiioliit  au  point  de  he  liquéliur  ou  de  àe  réduire  sfiontanément  en  fines  gnuiu* 
latious;  de  telle  sorU»  que  le  contenu  hqui<le  des  cellules  devenu  libit»  s'écoule 
avw  le  pub  ou  Li  séixteilé  purulente  sous  lormc  de  gouttes  huileuses,  résultant  de 

léuuiod  en  uiafeMss  \iailil«>  à  l'a-il  nu  des  niaticies  giMsses  de  plusieurs  œlhdt^. 


ADIPEUX.  Si 

Dans  les  gangrènes  humides  les  phénomènes  de  la  destruction  de  la  paroi  propre 
des  cellules  adipeuses  sont  à  peu  près  les  mêmes  ;  mais  on  trouve  un  bien  plus 
grand  nombre  de  gouttes  huileuses  dont  les  principes  cristallîsables  se  sont  réunis 
en  groupes  étoiles  formés  d'aiguilles  de  margarine  principalement  (voy.  Chimie 
anaUnnique^  iSBS,  t.  111,  p.  27  et  p.  98  et99,  pi.  XLÎ,  fig.  i)  que  dans  les 
cas  précédents.  Beaucoup  de  cellules  qui  ne  sont  pas  encore  détruites  par  putré- 
faction oiTrent  des  groupes  d'aiguilles  semblables. 

Dans  les  cas  de  gangrène  sénile  et  autres  formes  de  gangrène  sèche,  le  mode  de 
destruction  des  cellules  adipeuses  est  un  peu  giflèrent  du  précédent.  Ces  différences 
résultent  principalement  de  la  saponification  du  ccmtenu  graisseux  des  cellules  par 
Tammoniaque  résultant  de  la  putréfsiction  des  principes  azotés  ;  car  la  destniction 
(le  la  paroi  propre  d'abord  ramollie  s'opère  comme  dans  les  conditions  décrites 
plus  haut. 

On  peut,  sur  des  traînées  ou  séries  de  cellules  adipeuses,  passer  graduellement 
de  celles  qui  sont  intactes  à  des  cellules  dont  le  contenu  est  irrégulièrement  granu- 
leux, à  centre  moins  nettement  jaunâtre  qu'à  l'état  sain,  ou  presque  entièrement 
formé  de  cristaux  de  margarine  diversement  groupés.  Dans  les  points  plus  rap- 
prochés de  la  gangrène  confirmée  ou  de  la  surface  des  lobules  adipeux  lésés,  on  voit 
que  le  contenu  des  cellules  n'est  plus  entouré  d'une  paroi  propre  ;  pourtant  il  con- 
tinue à  offrir  la  forme  de  la  cellule.  Il  constitue  une  sorte  d'amas  granuleux  on 
cristallin,  presque  opaque,  de  même  volume  et  de  même  configuration  ({ueoelle-d, 
mais  solide  ou  mieux  demi-solide,  facile  à  écraser.  Dans  ce  cas,  beaucoup  de  cel- 
lules se  réduisent  partie  en  grains  irréguliers  sans  caractères  bien  déterminés 
et  en  petits  groupes  d'aiguilles,  partie  en  une  ou  plusieurs  gouttes  huileuses  qui 
occupaient  la  partie  centrale  du  contenu  graisseux  de  la  cellule.  Ailleurs  des  masses 
représentant  le  contenu  des  cellules  sont  soudées  les  unes  au  bout  des  autres,  de 
manière  à  former  des  traînées  ou  cylindres  irréguliers  et  grenus  ou  cristallins  de 
^isse  saponifiée. 

Plus  loin,  et  surtout  dans  les  parties  entièrement  mortifiées  du  tissu,  les  cellules 
foai  entièrement  détruites  ;  leur  contenu  forme  de  nombreuses  gouttes  atteignant 
jusqu'à  un  dixième  de  millimètre  et  plus  éparses  entre  les  autres  éléments,  qui  gé- 
néralement sont  à  un  degré  moindre  de  destruction.  Avec  ces  gouttes  se  voient  des 
cristaux  de  margarine  épars,  isolés  ou  diversement  accumulés.  11  sont  souvent 
disposés  en  série,  les  uns  au  bout  des  autres,  entre  les  autres  espèces  d'éléments 
qui  ne  sont  pas  encore  détruits  conune  les  cellules  adipeuses. 

Les  cellules  adipeuses  jouissent  au  plus  haut  degré  d'énergie  de  la  propriété  de 
niUrition.  C'est  du  moins  ce  que  permet  de  conclure  la  rapidité  de  lem*  dévelop* 
(teroent  et  celle  de  leur  atrophie  dans  uu  grand  nombre  de  circonstances,  ainsi  que 
leur  existence  fréquente  au  milieu  de  lobules  de  tissu  adipeux,  d'un  volume  consi- 
dérable pour  le  petit  nombre  des  vaisseaux  qu'ils  renferment. 

Un  autre  fait  qui  le  prouve  encore,  c'est  que  leur  nutrition  continue  lors  même 
que,  dans  les  lobules  qu'elles  constituent  par  leur  agglomération,  elles  ne  touchent 
|X)int  de  capillaires. 

Préparation  des  cellules  adipeuses.  Ces  éléments  sont  des  plus  faciles  à 
observer  et  à  préparer.  Il  suffit  de  prendre  une  portion  d'un  des  tissus  où  se  trouvent 
rcs  cléments  et  de  le  dissocier  à  l'aide  des  aiguilles  à  dissection  comme  on  le  fait 
ix)ur  toute  autre  espèce  d'élément  anatomique.  Pour  voir  de  cellules  isolées,  il 
est  préférable  de  prendre  du  tissu  lamineux  inter-musculaire,  de  la  tunique  adven- 
tice des  vaisseaux,  du  névrilème,  etc.,  que  du  tissu  adipeux  même.  Pour  exami- 


20  ADIPEUX. 

Partout  ou  les  vésicules  adipeuses  sont  abondantes,  elles  sont  accumulées 
sans  ordre  les  unes  contre  les  autres  et  prennent  une  forme  polyédrique  souvent 
très-régidière,  soit  à  angles  nets  quand  elles  sont  comprimées  i-éciproqucmcnt, 
comme  chez  le  porc,  les  cétacés,  soit  à  angles  arrondis.  Lorsqu'elles  constituent 
des  amas  peu  considérables,  celles  du  milieu  présentent  seules  cette  forme,  et 
celles  de  la  périphérie  sont  polyédriques  par  le  coté  où  elles  touchent  les 
autres,  tandis  que  leur  face  libre  est  arrondie.  Dans  le  voisinage  de  ces  petits 
amas  on  en  trouve  toujours  quelques-unes  qui  sont  isolées  ;  elles  permettent  de  re- 
connaître que  ces  éléments  scmt  normalement  de  forme  sphérique  ou  plus  souvent 
encore  ovoïde,  à  bords  nets  et  réguliers,  sans  dentelures.  Lorsqu'elles  ont  cette 
forme  ovoïde  plus  ou  moins  allongée,  leurs  deux  extrémités  sont  semblables,  ou 
Tune  est  plus  aiguë  que  Tautre. 

Quelques-unes  ont  les  deux  extrémités  coupées  presque  carrément.  Dans  ks 
muscles,  le  long  des  filaments  du  tissu  lamineux  intra-rachidicn,  etc.,  les  vésicules 
adipeuses  sont  souvent  disposées  en  séries  longitudinales  très-élégantes  en  fomic 
de  chapelets,  simples,  doubles,  etc.  Tantôt  elles  ne  se  touchent  pas  ou  presque  pas; 
alors  elles  conservent  leur  forme  sphérique  ou  ovoïde  :  c'est  surtout  dans  ces  con- 
ditions qu'on  trouve  celles  dont  la  forme  est  le  plus  allongée.  Dans  les  muscles 
atteints  d'atrophie  avec  substitution  graisseuse,  la  plupart  des  vésicules  olTrent  cette 
disposition  et  cette  figure  allongée  ovoïde,  fusiforme,  etc.,  fort  remarquable  pir 
ses  nombreuses  variétés  oscillant  autour  des  types  de  forme  qui  viennent  d'être 
signalés.  D'autre  fois  elles  empiètent  un  peu  l'une  sur  l'autre  par  leurs  extré- 
mités, ou  son  fortement  pressées  de  manière  que  celles  du  milieu  de  la  série  ont 
leur  plus  grand  diamètre  perpendiculaire  par  rapport  à  celui  de  la  rangée.  Tantôt 
l'une  d'elles  s'enfonce  dans  ses  voisines  ou  en  comprime  une  d'un  coté  et  se 
trouve  déprimée  d'un  autre  côté.  Celles  des  extrémités  de  ces  séries  ont  quelquefois 
une  forme  presque  triangulaire  à  angles  arrondis. 

Les  dimensions  des  vésicules  adipeuses  sont  en  moyenne  de  40  à  50  mi- 
lièmes  de  millimèti*e  ;  mais  on  en  trouve,  chez  l'adulte,  qui  en  ont  20  à  côté  d'autres 
qui  eu  ont  75.  Dans  le  tissu  adipeux  péri-mammaire,  dans  certaines  tumeurs  de 
cette  région,  dans  les  masses  adipeuses  développées  au  milieu  des  hypertrophies 
mammaires,  dans  certains  lipomes,  on  en  voit  souvent  qui  ont  1  dixième  ou 
2  dixièmes  et  demi  de  millimètre  à  côté  de  celles  qui  ont  des  dimensions  ci-dessus 
marquées.  Il  en  est  qui,  au  lieu  d'avoir  cette  largeur  en  tout  sens  ou  à  peu  près, 
mesurent  cette  étendue  eu  longueur,  sur  20  \  40  millièmes  de  millimètre  de  large. 

Les  vésicules  adipeuses  sont  généralement  un  peu  plus  grandes  chez  le  bœuf,  le 
|)orc  et  les  cétacés  ;  chez  le  mouton,  elles  conservent  à  peu  près  les  dimensions 
qu'elles  offrent  chez  l'homme.  Elles  présentent  souvent  chez  le  même  individu  de^ 
différences  très-notables  de  volume  d'une  région  du  corps  à  l'autre  ;  elles  sont  en 
général  bien  plus  («tites  autour  du  rein,  et  surtout  dans  les  diflérents  replis  du  pé- 
ritoine, que  dans  le  tissu  adipeux  sous-cutané  ou  inter-musculaire. 

Cette  paroi  est  susceptible  de  se  ramollir  soi  point  de  devenir  presque  difDuente, 
de  telle  sorte  qu'on  ne  peut  parvenir  alors  à  préprer  qu'un  petit  nombre  de  cel- 
lules adi|)euses  intiictes.  Celles-ci  même  se  brisent  sous  les  yeux  de  l'observaleur  à 
la  moindre  pression.  Dans  la  moelle  des  os  enflammée  et  supputée  la  paroi  propre 
se  ramollit  au  point  de  se  liquéfier  ou  de  se  réduire  spontanément  en  fines  gnuni- 
latioiis;  de  telle  sorte  que  le  contenu  liquide  des  cellules  devenu  libre  s'éooule 
avec  le  pus  ou  la  sérosité  purulente  sous  forme  de  gouttes  huileuses,  résultant  de 
la  réunion  en  masses  visibles  s\  l'œil  nu  des  matières  grasses  de  plusieurs  cellules* 


ADIPEUX.  19 

Lors  même  que  les  vésicules  sont  solidifiées  par  le  froid  et  que  leur  surface  est 
devenae  irr^ulière,  amsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut  (p.  16),  elles  ne  ressemblent 
]  auam  élément  anatoroique.  Les  gouttes  huileuses  qu'on  trouve  quelquefois  libres, 
nnis  comme  parties  constituantes  d'un  tissu  et  incluses  généralement  dans  une 
matière  amorphe,  soit  de  la  partie  jaune  du  corpus  luteunij  soit  de  certaines 
lumcurs  graisseuses  du  rein,  etc.,  peuvent  aussi,  lorsqu'elles  sont  solidifiées  à  une 
lasse  température,  prendre  cet  aspect  irrégulier  à  la  surface ,  et  même  strié  ; 
rfjKDwe  leur  état  solide  empêche  de  les  fondre  ensemble  par  pression,  des  lames 
de  verre,  ainsi  qu'on  le  fait  des  gouttes  liquides,  on  pourrait  les  prendre  pour  des 
«Wlules;  mais  il  suffit  d'élever  un  peu  leur  température  pour  qu'elles  recouvrent 
/aspect  de  gouttes  proprement  dites,  et  de  plus  traitées  par  l'éther ,  directement 
liousle  microscope  même,  elles  sont  attaquées  plus  facilement  que  les  vésicules  et 
ne  laissent  pas  d'enveloppe  azotée  comme  ces  dernières. 

Le:»  vésicules  adipeuses,  à  l'état  de  complet  développement,  se  rencontrent  chez 
l'iiomme  à  partir  du  cinquantième  ou  du  cinquante-cinquième  jour  de  la  vie  intra- 
utérine,  dans  le  creux  de  l'aisselle,  le  pli  de  l'aine,  puis  dans  la  paume  des 
jùeds  et  des  mains.  Depuis  cette  époque  jusqu'à  celle  de  la  mort  on  en  trouve  par- 
tout où  existe  de  la  graisse  visible  à  l'œil  nu  dans  l'économie.  Elles  sont  en  quan- 
tité considérable  dans  toutes  ces  régions,  car  elles  sont  l'élément  anatomicfue   ' 
aractéristique  et  fondamental  du  tissu  graisseux  ou  adipeux.  11  y  en  a  toujours  à 
compter  de  l'époque  de  la  naissance  ou  un  peu  avant,  dans  le  tissu  médullaire  des 
o^,  mais  plus  ou  moins  suivant  les  individus,  les  espèces  animales  et  les  états 
morbides.  Elles  sont  quelquefois  fort  i)cu  abondantes.  On  en  trouve  en  petite 
quantité,  comme  élément anatomique accessoire,  dans  un  grand  nombre  départies 
du  corjis  où  l'œil  nu  n'en  fait  pas  soupçonner.  Ainsi,  à  la  surface  extérieure  de  la 
(lun*-iuère  rachidieime,  beaucoup  de  faisceaux  de  fibres  du  tissu  lamineux  qui  n'ont 
(OS  rasjiect  graisseux  du  tissu  adipeux  qu'on  aperçoit  dans  beaucoup  d'autres 
point!»  de  cette  région,  présentent  des  amas  de  2  à  iO  vésicules  adii)euses  ou  en- 
viron. Il  en  est  de  même  d'un  grand  nombre  de  portions  du  tissu  lamineux  in- 
terposé aux  organes  ou  aux  faisceaux  nerveux,  musculaires  striés  et  lisses,  ù 
ri'xception  de  l'utérus,  aux  lobes  des  glandes  pourvues  de  tissu  lamineux.  On  en 
voit  jusque  dans  les  intervalles  des  culs-de-sac  glandulaires  des  acinide  la  mamelle, 
(i''s  glandes  salivaires,  des  glandes  Brunner,  du  pancréas  surtout,  di^  glandes 
>aiis  conduits  excréteurs,  sauf  la  rate  et  les  capsules  surrénales.  Il  y  en  a  souvent 
dcjiarses  dans  les  tumeurs  fibro-plastiques  gélatiniformes,  dans  les  hypertrophies 
izlandubires,  et  en  particulier  dans  leurs  végétations  intra-kysteuses  gélatiniformes, 
«ù  elles  sont  également  disposées  â  un  intervalle  à  peu  près  le  même,  ou  bien  ce 
sHii  des  amas  de  trois  à  quatre  cellules  qui  sont  ahisi  distribués. 

lieur  présence  eiitrc  les  faisceaux  striés  des  muscles,  entre  ceux  des  fibres  lisses 
lie  la  vessie,  gêne  souvent  l'examen  de  ces  parties  du  corps. 

On  en  rencontre  quelquefois  d'isolées  ou  en  séries  dans  la  pie-mère  de  la  moelle 
•i longée  et  de  la  protubérance  annulaire,  où  M.  Bouchut  et  moi  avons  ol)servé  uu 
h\mie  du  volume  d'un  (xiis. 

Elles  manquent  dans  l'épaisseur  du  derme  même,  du  chorion  des  muqueuses 
d  dans  le  tissu  des  tendons.  Mais  on  en  trouve  dans  le  tissu  lamineux  sous-cutané 
d«^  la  verge,  du  scrotum  et  des  paupières,  soit  isolées,  soit  en  séries  ;  quelquefois  il 
>  en  a  de  petites  masses  a[)ercevables  entre  les  faisceaux  musculaires  de  la  vessie, 
et  nms  la  mii<{ueuse  vésicale  ou  en  rencontre  souvent  d'isolées  ou  en  séries  qui 
d'abord  n'étaient  pas  visibles  ù  l'œil  uu. 


t20  ADIPEUX. 

ParUMtt  où  les  vésicules  adipeuses  sont  abondantes,  elles  sont  accumulées 
sans  ordre  les  unes  contre  les  autres  et  prennent  une  forme  polyédrique  souvent 
trcs-régulière,  soit  à  angles  nets  quand  elles  sont  comprimées  réciproquement» 
comme  chez  le  porc,  les  cétacés,  soit  à  angles  arrondis.  Lorsqu'elles  constituent 
des  amas  peu  considérables,  celles  du  milieu  présentent  seules  celte  forme,  et 
celles  de  la  périphérie  sont  polyédriques  par  le  côté  ou  elles  touchent  les 
autres,  tandis  que  leur  face  libre  est  arrondie.  Dans  le  voisinage  de  ces  petits 
amas  on  en  Irouvc  toujours  quelques-unes  (pii  sont  isolées  ;  elles  permettent  de  re- 
connaître que  ces  éléments  sont  normalement  de  forme  sphérique  ou  plus  souvent 
encore  ovoïde,  à  bords  nets  et  réguliers,  sans  dentelures.  Lorsqu  elles  out  celle 
forme  ovoïde  plus  ou  moins  allongée,  leurs  deux  extrémités  sont  semblables,  ou 
Tune  est  plus  aiguë  que  Tautre. 

Quelques-unes  ont  les  deux  extrémités  coupées  presque  carrément.  Dans  1rs 
muscles,  le  long  des  filaments  du  tissu  lamineux  intra-rachidicn,  etc. ,  les  vésicules 
adipeuses  sont  souvent  disposées  en  séries  longitudinales  très-élégantes  en  fomic 
de  chapelets,  simples,  doubles,  etc.  Tantôt  elles  ne  se  touchent  pas  ou  presque  pas  ; 
alors  elles  conservent  leur  forme  sphérique  ou  ovoïde  :  c'est  surtout  dans  ces  con- 
ditions qu'on  trouve  celles  dont  la  forme  est  le  plus  allongée.  Dans  les  muscles 
atteints  d'atrophie  avec  substitution  graisseuse,  la  plupart  des  vésicules  oflrent  cette 
disposition  et  cette  figure  allongée  ovoïde,  fusiforme,  etc.,  fort  remarquable  psir 
ses  nomlNneuses  variétés  oscillant  autour  des  types  de  forme  qui  viennent  d'être 
signalés.  D'antre  fois  elles  empiètent  un  peu  l'une  sur  l'autre  par  leurs  extré- 
mités, ou  son  fortement  pressées  de  manière  que  celles  du  milieu  de  la  série  ont 
leur  plus  grand  diamètre  perpendiculaire  par  rapport  à  celui  de  la  rangée.  Tantôt 
l'une  d'elles  s'enfonce  dans  ses  voisines  ou  en  comprime  une  d'un  côté  et  se 
tiXMive  déprimée  d'un  autre  côté.  Celles  des  extrémités  de  ces  séries  ont  quelquefois 
une  forme  presque  triangulaire  à  angles  arrondis. 

Les  dimensions  des  vésicules  adipeuses  sont  en  moyenne  de  40  à  50  mi- 
lièmes  de  millimètre  ;  mais  on  en  trouve,  chez  l'adulte,  qui  en  ont  20  à  côté  d'autres 
qui  eu  ont  75.  Dans  le  tissu  adipeux  péri-mammaire,  dans  certaines  tumeurs  de 
cette  région,  dans  les  masses  adipeuses  développées  au  milieu  des  hypeiirophies 
mammaires,  dans  certains  lipomes,  on  en  voit  souvent  qui  ont  1  dixième  ou 
2  dixièmes  et  demi  de  millimètre  à  côté  de  celles  qui  ont  des  dimensions  ci-dessiis 
marquées.  Il  en  est  qui,  au  lieu  d'avoir  cette  largeur  en  tout  sens  ou  à  peu  près, 
mesurent  cette  étendue  en  longueur,  sur  20  à  40  millièmes  de  millimètre  de  large. 

Les  vésicules  adipeuses  sont  généralement  un  peu  plus  grandes  chez  le  bœuf,  le 
})orc  et  les  cétacés  ;  chez  le  mouton,  elles  conservent  à  peu  près  les  dimensions 
qu'elles  oflrent  chez  l'homme.  Elles  présentent  souvent  chez  le  même  individu  des 
différences  très-notables  de  volume  d'une  région  du  corps  à  l'autre  ;  elles  sont  en 
général  bien  plus  |)etites  autour  du  rein,  et  suiiout  dans  les  différents  replis  du  pé- 
ritoine, que  dans  le  tissu  adipeux  sous^utané  ou  intcr-musculaire. 

Cette  paroi  est  susceptible  de  se  ramollir  an  point  de  devenir  presque  difllucntc, 
de  telle  sorte  qu'on  ne  peut  parvenir  alors  à  préparer  qu'un  petit  nombre  de  cel- 
lules adiiieuses  intactes.  Celles-ci  même  se  brisent  sous  les  yeux  de  l'observateur  à 
la  moindre  pression.  Dans  la  moelle  des  os  enflammée  et  supputée  la  paroi  propre 
se  l'amollit  au  point  de  se  liquéfier  ou  de  se  réduire  spontanément  en  fines  granu- 
lations; de  telle  sorte  que  le  oonteuu  liquide  des  cellules  devenu  libre  s'écoule 
avec  le  pus  ou  la  sérosité  purulente  sous  forme  de  gouttes  huileuses,  résulUint  de 
la  réunion  en  masses  visibles  h  l'œil  nu  des  matières  grasses  de  plusieurs  œllides. 


ADIPEUX.  21 

Dans  les  gangrènes  humides  les  phénomènes  de  la  destruction  de  la  paroi  propre 
des  œlhiles  adipeuses  sont  à  peu  près  les  mêmes  ;  mais  on  trouve  un  bien  plus 
grand  nombre  de  gouttes  huileuses  dont  les  principes  cristallisabies  se  sont  réunis 
en  groupes  étoiles  formés  d'aiguilles  de  margarine  principalement  (voy.  Chimie 
anakmique,  i853,  t.  III,  p.  27  et  p.  98  et  99,  pi.  XLI,  fig.  1)  que  dans  les 
os  précédents.  Beaucoup  de  cellules  qui  ne  sont  pas  encore  détruites  par  putré- 
bctîon  offrent  des  groupes  d'aiguilles  semblables. 

Dans  les  cas  de  gangrène  sénile  et  autres  formes  de  gangrène  sèche,  le  mode  de 
«festnictiou  des  cellules  adipeuses  est  un  peu  différent  du  précédent.  Ces  différences 
nésultent  principalement  de  la  saponification  du  contenu  graisseux  des  cellules  par 
Tammoniaque  résultant  de  la  putréfaction  des  principes  azotés  ;  car  la  destiiiction 
de  la  paroi  propre  d'abord  ramollie  s'opère  comme  dans  les  conditions  décrites 
plus  haut. 

On  peut,  sur  des  traînées  ou  séries  de  cellules  adipeuses,  passer  graduellement 
de  celles  qui  sont  intactes  à  des  cellules  dont  le  contenu  est  irrégulièrement  granu- 
leux, à  centre  moins  uettement  jaunâtre  qu'à  l'état  sain,  ou  presque  entièrement 
krmé  de  cristaux  de  margarine  diversement  groupés.  Dans  les  points  plus  rap- 
prochés de  la  gangrène  confirmée  ou  de  la  sur&ce  des  lobules  adipeux  lésés,  on  voit 
que  le  contenu  des  cellules  n'est  plus  entouré  d'une  paroi  propre;  pourtant  il  con- 
tinue à  offrir  la  forme  de  la  cellule.  11  constitue  une  sorte  d'amas  granuleux  ou 
cristallin,  presque  opaque,  de  même  volume  et  de  même  configuration  que  celle-ci, 
mais  solide  ou  mieux  demi-solide,  facile  à  écraser.  Dans  ce  cas,  beaucoup  de  cel- 
lules se  réduisent  partie  en  grains  irréguliers  sans  caractères  bien  déterminés 
et  en  petits  groupes  d'aiguilles,  partie  en  une  ou  plusieurs  gouttes  huileuses  qui 
occupaient  la  partie  centrale  du  contenu  graisseux  de  la  cellule.  Ailleurs  des  masses 
représentant  le  contenu  des  cellules  sont  soudées  les  unes  au  bout  des  autres,  de 
manière  à  former  des  traînées  ou  cylindres  irréguliers  et  grenus  ou  cristallins  de 
graisse  saponifiée. 

Plus  loin,  et  surtout  dans  les  parties  entièrement  mortifiées  du  tissu,  les  cellides 
sont  entièrement  détruites  ;  leur  contenu  forme  de  nombreuses  gouttes  atteignant 
jusqu'à  un  dixième  de  millimètro  et  plus  éparses  entre  les  autres  éléments,  qui  gé- 
néralement sont  à  un  degré  moindre  de  destruction.  Avec  ces  gouttes  se  voient  des 
cristaux  de  margarine  épars,  isolés  ou  diversement  accumulés.  U  sont  souvent 
disposés  en  série,  les  mis  au  bout  des  autres,  entre  les  autres  espèces  d'éléments 
qui  ne  sont  pas  encore  détruits  comme  les  cellules  adipeuses. 

Les  cellules  adipeuses  jouissent  au  plus  haut  degré  d'énergie  de  la  propriété  de 
nHtriiion,  C'est  du  moins  ce  que  permet  de  conclure  la  rapidité  de  lem*  dévelop* 
|iemeut  et  celle  de  leur  atrophie  dans  un  grand  nombre  de  circonstances,  ainsi  que 
lear  existence  fréquente  au  milieu  de  lobules  de  tissu  adipeux,  d'un  volume  consi- 
dérable pour  le  petit  nombre  des  vaisseaux  qu'ils  renferment. 

Un  autre  fait  qui  le  prouve  encore,  c'est  que  leur  nutrition  continue  lors  même 
que,  dans  les  lobules  qu'elles  constituent  par  leur  agglomération,  elles  ne  touchent 
|)Oint  de  capillaires. 

Préparation  des  cellules  adipeuses.  Ces  éléments  sont  des  plus  faciles  à 
observer  et  à  préparer.  Il  suffit  de  prendre  une  portion  d'un  des  tissus  où  se  trouvent 
rcs  éléments  et  de  le  dissocier  à  l'aide  des  aiguilles  à  dissection  comme  on  le  fait 
pour  toute  autre  espèce  d'élément  anatomique.  Pour  voir  de  cellules  isolées,  il 
est  préférable  de  prendre  du  tissu  lamineux  inter-musculaire,de  la  tunique  adven- 
tice des  vaisseaux,  du  névrilème,  etc.,  que  du  tissu  adipeux  même.  Pour  exami- 


S2  ADIPEn. 

ner  les  oelliiles  dans  œ  dernier,  dans  les  lipomes,  dans  la  moelle  graisseuse' 
des  os  snrlout,  il  est  très-atile  de  faire  la  dissociation  des  éléments  dans  de  l'eaii 
mêlée  de  glycérine  on  dans  de  la  glycérine  pure,  parce  qu'on  est  moins  gêné 
qu'en  usant  de  Teau,  pr  les  médullocelles,  pr  les  gouttes  d'huile  venant  des 
oellules  brisées  que  la  glycérine  pâlit,  etc.  On  peut  aussi  se  servir  comme  véhiculo 
d'alcool  ordinaire  ou  étendu  d'eau.  Pour  étudier  les  enveloppes  des  cellules  et  les 
isoler  de  leor  contenu,  on  fera  boudiir  de  très-petits  fragments  du  tissu  adipeux 
dans  de  l'éther  au  lond  d'un  tube,  ou  mieux  on  examinera  ces  fragments  après 
quelques  heores  on  quelques  jours  de  macération  dans  un  tube  bouché  contenant 
une  certaine  quaiilité  d'éiher.  Un  grossissement  de  500  diamètres  suifit  pour  éUr 
«lier  ces  éltmenU  ;  maii»  l'examen  de  leur  enveloppe,  celui  de  leur  noyau,  dos 
|4iases  de  leor  évolution  embryonnaire  et  leur  atrophie  exigent  500  et  550  dia- 
înkre%. 

If.  Tisnr  ABiperi.  Les  moditications  évohitives  dont  les  corps  fibro-plastiquos 
on  rentres  de  génération  des  fibres  laminenses  sont  le  siège,  dans  les  groupes  ou 
amas  qu'ils  forment  pr  places  déterminées  à  l'état  normal,  entraînent  la  production 
des  grains  adipeux  Uandiâtres  ou  jaunâtres  si  frappnts  sur  le  fœtus  ;  et  peu  à  peu 
elles  font  que  graduellement  ces  éléments  présentent  dans  ces  grains  une  texturo 
qui  leur  est  propre.  Cette  texture  est  en  rapport  avec  les  changements  de  stiuctiiii* 
«pi'ils  subissent,  texture  différente  de  celle  qu'ils  offraient  avant,  tant  au  point  de 
vue  du  mode  de  groupement  des  éléments  mêmes  que  sous  celui  de  la  distribution 
des  capillaires  ;  puis  ces  grains,  devenant  des  lobides  adipeux,  s'associent  d'une 
manière  prticulière  aussi.  On  voit  de  la  sorte  apparaître  un  changement  complet 
de  texture  au  sein  de  ces  régions  du  tissu  lamineux  et  se  produire  un  tissu  différent 
lie  celui-ci,  bien  qu'ayant  la  même  espèce  d'éléments  pour  prtie  c:onslituante  fon- 
ilamentale  ^  Nous  verrons  d'autres  faits  analogues  se  passer  également,  mais  dans 
un  sens  différent,  lors  de  la  production  des  tissus  tendineux,  fibreux  et  séreux. 

L'un  et  l'autre  de  ces  changements  évolutifs  qui,  comme  tous  les  autres,  sont 
solidaires  des  phénomènes  de  nutrition  sunenant  dans  ces  éléments,  aitraînent 
dans  la  structure  de  ceux-ci  des  modifications  qui  ont  pour  résultat  de  donner  au 
tissu  lamineux  des  propriétés  d'ordre  mécanique  et  ph^'sique  seulement,  qui 
comptent  prmi  les  attributs  prindpux  de  ce  tissu.  De  ces  attributs,  les  uns  sont 
reiatib  à  la  forme,  comme  dans  le  cas  particulier  du  passage  des  corps  fibro-plasti- 
ques  à  l'état  adipeux,  qui  vient  de  nous  occuper  ;  passage  dont  l'excès  ou  la  dimi- 
nution entraînent  des  changements  de  configuration  de  l'organisme  qui  par  eux 
seuls  peuvent  aller  jusqu'à  constituer  un  état  morbide;  les  autres  de  ces  attributs 
sont  relatifs  à  la  résbtance,  à  la  ténacité,  au  glissement,  etc.,  de  divers  organes. 

<  La  prodaction  de  granules  graisseux  dans  les  corps  fibro-plastiques  fusiformes  et  étoiles, 
finissant  par  les  distendre  et  les  faire  passer  à  l'état  de  cellules  avec  noyau  et  paroi  et 
contenus  distincts,  ne  confirme  nullement  l'hypothèse  halléricnne,  qui  fiiisait  de  la  pro- 
duction du  tissu  adipeux  un  simple  dépôt  de  graisse  dans  les  aréoles  ou  cellules,  préeiis- 
tantes  ou  non»  qui  auraient  été  limitées  par  les  lamelles  du  tissu  lamineux.  En  effet,  on 
voit  que  la  réalité  constitue  ici  un  phénomène  très-différent,  puisqu'elle  consiste  en  un  fait 
relatif  à  la  nutrition  en  général,  des  éléments  du  tissu  lamineux,  et  concerne  particulière- 
ment les  phénomènes  de  désassimilation  ou  d'assimilation  des  corps  gras  ;  de  telle  sorte  que 
la  production  de  la  graisse  a  lieu  dans  l'épaisseur  môme  des  éléments  anatomiques,  et  non 
entre  des  fibres  ou  entre  les  lames  et  fiiisceaux  qu'elles  forment.  Les  faits  qui  viennent 
d'être  rappelés  et  ceux  relatifs  aux  régions  de  l'économie  où  siègent  ces  éléments,  ou  con- 
cernant leurs  réactions  chimiques,  etc.,  prouvent  également  qu'on  ne  saurait  admettre  sans 
erreur,  comme  l'ont  fait  quelques  auteurs,  que  les  corps  fibro-plastiques  fusiformes  et  étoi- 
U^  sont  des  fibres  élastiques  en  voie  d'évolution  plutôt  que  des  fibres  lamineuses. 


ADIPEUX.  25 

On  commence  à  aperœvoir  le  tissu  adipeux  à  partir  du  soixante-cinquième  jour 
de  la  Tie  intra-utérine  ;  les  premières  régions  où  il  apparaît  sont  :  le  pli  de  Taine, 
le  creux  de  Taisselle  et  le  fond  de  lorbite  ;  peu  de  temps  après,  au-dessous  du 
inas&éter,  on  voit  naître  la  boule  graisseuse  sous-massétérine  ou  de  Bichat.  Le  tissu 
adipeux  apparaît  toujours  par  petits  lobules  séparés,  arrondis  ou  ovoïdes,  ressem- 
blant à  de  petits  grains  de  semoule,  composés  par  une  masse  de  cellules  immédia- 
tement juxtaposées,  qui  donnent  à  ces  graimles  une  coloration  d'un  jaune  blanchâ- 
tre. A  cette  époque  le  tissu  adipeux  a  un  aspect  tremblotant  gélatiniforme  que  l'on 
peat  encore  observer  au  fond  de  Tœil  de  la  plupart  des  enfants  nouveau-nés.  Cette 
iDâsse  gélatiniforme  est  parsemée  de  ces  petits  grains,  semblables  à  des  grains  de 
sanoule,  qui,  au  moment  de  leur  apparition,  ont  à  peu  près  0°^,2  à  0'"'",5  et  qui 
\im  lard  atteignent  jusqu'à  0"", 5  et  plus.  Cet  état  gélatiniforme  tient  à  ce  qu'entre 
ces  petits  groupes  de  cellules  adipeuses  au  début  de  leur  production  se  trouve  une 
trame  de  fibres  lumineuses  avec  des  noyaux  embryo-plastiques  et  une  grande 
quantité  de  matière  amorphe  ;  on  peut  voir  dans  cette  trame  gélatiniforme , 
interposés  aux  grains  blanchâtres,  des  vaisseaux  capillaires  très-abondants.  Losque 
le  tissu  adipeux  commence  à  se  produire  autour  du  rein,  il  présente  le  même  as- 
pect gélatiniforme ,  seulement  les  grains  ou  lobules  graisseux  y  sont  plus  ou  moins 
disséminés.  Telle  est  la  texture  du  tissu  graisseux  à  ses  premières  phases  d'apparition. 

Chaque  lobule  est  donc  formé  par  des  corps  ûbro-plastiques  en  voie  de  passage  â 
l'état  adipeux,  immédiatement  juxtaposés  sans  interposition  d'éléments  anatomiqucs 
d'une  autre  espèce.  Ce  fait  est  important  à  signaler  et  se  retrouve,  même  chez 
l'adulte,  sur  les  petits  grains  adipeux  de  Tépiploon,  etc.  11  y  existe  seulement  quel- 
ques noyaux  embryo-plastiques.  Un  vaisseau  capillaire  circonscrit  en  général  chacun 
(leœslobuleset  on  voit  dans  leur  intérieur  un  certain  nombre  de  subdivisions  ;  dans 
quelque  sens  qu'on  place  ces  lobules,  on  les  trouve  presque  toujours  entourés  par  un 
capillaire. Ce  vaisseau,  assez  volumineux,  forme  des  mailles  presque  circulaires  qui 
ont  de  deux  à  trois  fois  le  diamètre  des  capillaires  qui  les  circonscrivent. Ces  mailles  à 
angles  arrondis  sont  tellement  serrées  que  sur  une  préparation  où  les  lobules  sont 
injectés,  il  est  difficile  d'apercevoir  ceux  qui  sont  sou&-jacents  aux  plus  superficiels, 
faute  que  chacun  d'eux  est  enveloppé  par  ime  sorte  de  capsule  formée  par  le  ré- 
seau capillaire.  Les  capillaires  qui  pénètrent  dans  l'intérieur-du  lobule  forment  des 
mailles  plus  larges,  chez  l'adulte  du  moifis,  que  celles  du  réseau  périphérique  ; 
en  un  mot,  l'épaisseur  du  lobule  adipeux  est  plus  pauvre  en  vaisseaux  capillaires 
que  la  superiicie.  Ces  mailles  centrales  circonscrivent  chacune  des  cellules  adipeu- 
ses; les  cellules  adipeuses  ont  de  0'"™,05  à  O^^jOC  en  moyenne;  or,  les  mailles 
capillaires  qui  les  entourent  ont  naturellement  le  même  diamètre.  11  y  a  ceci  de 
remarquable  qu'un  certain  nombre  de  cellules  adipeuses  n'est  directement  en  con- 
tact avec  aucun  capillaire.  Ces  cellules  se  nourrissent  en  empruntant  indirectement  et 
de  proche  en  proche  des  matériaux  aux  cellules  voisines,  qui,  plus  favorisées  qu'elles, 
sont  en  rapport  immédiat  avec  les  capillaires.  Il  faut  donc,  dans  l'étude  de  lavascu- 
larisation  du  tissu  adipeux,  distinguer  les  mailles  qui  enveloppent  les  lobules  et 
celles  qui  pénètrent  dans  la  profondeur  de  ces  lobules.  Ce  que  je  viens  de  dire  de 
b  vasculartté  des  lobules  du  tissu  adipeux  dans  la  période  où  il  offre  l'état  gélati- 
tiniforme  se  retrouve  dans  les  périodes  ultérieures  du  développement,  mais  avec 
quelques  dilTérenccs  notées  plus  loin. 

En  effet,  peu  à  peu,  les  lobules  ainsi  constitués  se  multiplient  et  ils  s'associent 
les  uns  avec  les  autres,  de  manière  à  former  un  tissu  qui  n'est  plus  gélatiniforme, 
mais  qui  a  au  contraire  l'aspect  blanc  jaun.1tro  qu'on  décrit  comme  l'état  ordinaire 


24  ADIPEUX. 

du  tis9u  adipeux.  A  cette  période  les  lobules  sont  plus  gios  du  double  ou  du  triple 
i-omparativement  à  ce  qu'ils  étaient  primitivement,  ils  atteignent  jusqu'à  i  milli- 
mètre de  larf*c.  Cette  augmentation  de  volume  tient  à  l'accroissement  du  nombro 
et  des  dimensions  des  cellules;  il  résulte  de  W  que  les  cellules  et  les  lobules  eux- 
mêmes  deviennent  polyédriques  par  suite  de  leur  pression  réciproque  ;  mais  la 
configuration  des  mailles  capillaires  n'en  est  pas  notablement  changée.  Entre  ces 
lobules  du  tissu  adipeux  ainsi  développés  se  trouvent  de  minces  cloisons  de  tissu 
lamineux  dans  lesquelles  rampent  les  vaisseaux  capillaires  les  plus  volumineux  qiiî 
ncnnent  s*épanouir  à  la  surface  des  lobules. 

Ciiez  l'adulte,  les  corps  fibro-plastiques  devenus  vésiculeux  sont  immédiatemenl 
juxtaposés  dans  l'épaisseur  de  chaque  lobule  adipeux  ;  il  n'y  a  entre  ces  vésicules 
que  les  Gbres  lamineuses  qui  sont  en  continuité  avec  leur  paroi  et  qui,  en  raison  do 
l'augmentation  de  volume  due  à  cet  état  vésiculeux,  sont  éparses,  difficiles  à  voir  et 
ne  représentent  à  côté  d'elles  qu'une  masse  presque  insignifiante. 

A  la  surface  et  dans  l'intérieur  de  chaque  lobule,  il  y  a,  en  outre,  un  réseau  ca- 
pillaire très-él^nt,  formant,  comme  dans  le  fœtus,  à  la  périphérie  de  chacun  d'eux 
une  sorte  d'enveloppe  vasculaire  de  la  face  interne  de  laquelle  partent  les  capillaires 
qui  forment  les  mailles  profondes  de  l'intérieur  du  lobule.  Ces  mailles  sont  remar- 
quables par  les  flexuosilés  onduleuses  des  capillaires  qui  les  limitent  et  par  leurs 
angles  arrondis.  Si  l'on  excepte  quelques-uns  des  gros  capillaires  qui  circonscrivent 
les  lobules  et  prennent  part  à  la  constitution  de  leur  réseau  superficiel,  le  diamètre 
de  ces  vaisseaux  est  assez  uniformément  le  même  et  de  8  à  10  millièmes  de  milli- 
mètre. 

Li  plupart  de  ces  mailles  sont  allongées  d'une  largeur  égale  à  deux  à  cinq  fois 
l'épaisseur  des  capillaires  qui  les  limitent,  et  une  (ois  plus  longues  que  larges  ; 
qnelques-imes  sont  d'égal  diamètre  dans  les  deux  sens.  Ces  particularités  les  dif- 
iérehcient  des  mailles  à  angles  nets,  limitées  par  des  capillaires  rectilignes  oii  a 
flexnosités  très-rapprochées,  qui  parcourent  les  cloissons  de  tissu  lamineux  séparant 
ces  lobules  ou  les  couches  ordinaires  de  ce  tissu.  Ces  dispositions  anatomiques  ne 
se  voient  bien  que  sur  les  lobules  adipeux  non  comprimés,  car  la  compression  re- 
dresse les  capillaires  qui  limitent  les  mailles  et  change  la  forme  et  les  dimensions 
de  celles-ci  en  distendant  les  vésicules  adipeuses  et  les  rendant  polyédriques. 

IjCs  capillaires  ouduleux  rampent  entre  les  vésicules  ou  à  la  surface  des  lobules 
qu*elles  composent  en  passant  de  l'une  sur  la  (ace  voisine  de  l'autre,  sans  que  leur 
configuration  soit  en  rapport  avec  la  forme  et  les  dimensions  dos  cellules,  sans  que 
l'une  quelconque  de  celles-ci  soit  exactement  circonscrite  par  un  ou  plusieurs  cer- 
cles vasculaires,  comme  on  le  figure  souvent  à  tort.  Presque  toutes  les  mailles  sont 
plus  larges  que  les  cellules,  et  il  n'est  pas  rare  de  trouver  certaines  de  celles-ci  qui 
ne  sont  contiguës  avec  aucun  capillaire,  tandis  que  d'autres  touchent  ces  conduits 
far  2  ou  5  de  leurs  faces. 

Dans  les  régions  du  corps  où  le  tissu  adipeux  n'est  pas  séparé  en  lobules,  les  i:a- 
pillaires  se  distribent  un  peu  autrement  que  dans  celles  où  il  offre  cette  disposition, 
qui  est  de  beaucoup  la  plus  habituelle.  Tel  est  le  tissu  adipeux  sous-jacent  au  cuir 
chevelu,  celui  qui  remplit  l'arrière-fond  de  la  cavité  cotyloïde,  celui  dequelqui^s 
lipomes  et  celui  qui  se  produit  dans  l'atrophie  musculaire  avec  substitution  grais- 
seuse. Ces  portions  de  tissu  adipeux  sont  relativement  un  peu  moins  \asculaire< 
t\tio  les  autres,  parce  qu'on  ne  voit  pas  comme  ailleurs  une  couche  du  réseau  capil- 
laire à  la  surface  de  chaque  lobule,  quelque  rapprochés  qu'ils  soient  ;  réseau  dont  les 
mailles  mêmes  sont  un  peu  plus  petites  que  dans  l'épaisseur  du  lobule  qu'il  entoure. 


ADIPErX.  25 

Hais,  (lu  reste,  cLins  ces  œuclies  adipeuses  privées  de  la  disposition  lobulaire,  les 
mailles  offrent  la  configuration  et  les  dimensions  indiquées  plus  liaut. 

Qiez  les  sujets  émaciés,  le  tissu  adipeux  reprend  Fétat  gélatiniforme  et  change 
nubUement  de  coloration,  et  c'est  dans  ces  conditions  que  les  cellules  perdent  une 
grande  partie  de  leur  graisse,  qu'elles  se  flétrissent  et  prennent  un  état  chiffonné 
tout  particulier.  Les  lobules  deviennent  eux-mêmes  plus  petits. 

En  même  temps,  dans  ces  circonstances,  les  minces  cloisons  de  tissu  lamineux 
interposées  aux  lobules  s'infiltrent  d'une  matière  amorphe  demi-liquide  et  phis 
flu  moins  fluide,  selon  le  degré  et  la  nature  de  l'œdème  qui  se  produit  dans  ces 
mnditions.  On  a  signalé  la  production  de  cet  état,  depuis  très-longtemps,  soit 
autour  des  reins,  soit  autour  du  cœur,  soit  au-dessous  de  la  peau. 

A  l'état  de  complet  développement  le  tissu  adipeux  a  pour  élément  fondamental 
\e^  cellules  adipeuses  et  ne  renferme  comme  éléments  accessoires  que  des  fibres  du 
tL<sa  lamineux,  des  nopux  embryo-plastiques  en  petite  quantité  et  des  vaisseaux 
capillaires.  D  est  facile  de  le  distinguer  de  tous  les  autres  par  sa  coloration,  qui  est 
cependant  un  peu  différente  d'une  région  du  corps  à  l'autre,  ainsi  que  selon  les 
(Hais  normaux  ou  pathologiques  dans  lequels  ils  se  trouvent  placés.  Il  est  d'un  blanc 
jannâtre,  quelquefois  d'un  blanc  pur  chez  plusieurs  espèces  animales. Cette  coloration 
est  toujours  subordonnée  à  la  constitution  des  éléments  anatomiques  fondamentaux. 

En  effet,  elle  résulte  uniquement  de  la  présence  de  gouttes  d'huile  qui  remplis- 
!^eot  la  cavité  de  chaque  cellule.  Dans  le  cas  où  cette  huile  est  incolore,  la  lumière 
(st  réfléchie  en  blanc,  comme  chez  le  porc  et  les  cétacés,  par  ces  amas  de  cellules 
«lipeuses.  Si,  au  contraire,  il  s'y  rencontre  des  principes  graisseux  d'une  teinto 
jaunâtre,  comme  le  sont  en  particulier  l'oléine  et  la  margarine,  on  voit  le  tissu  adi- 
])iiix  prendre  une  coloration  jaune  plus  ou  moins  prononcée.  Chez  les  sujets  éma- 
ciés  ou  amaigris,  on  peut  remarquer  souvent  une  couleur  rougeâtre  ou  orangée  de 
ce  tissu.  Ce  fait  coïncide  avec  cette  particularité  que  les  cellules  adipeuses  ont 
perdu  une  grande  partie  de  la  graisse  qui  les  remplissait  et  que  les  gouttes  huileuses 
qui  existent  encore  dans  les  cellules  flétries  ont  une  teinte  d'un  jaune  orangé  très- 
TJfdont  il  a  déjà  été  question.  Ainsi  accumulées,  ces  cellules  forment  des  lobules 
i]iii  n'ont  plus  cette  coloration  jaunâtre  franche  et  nette  du  tissu  normal,  mais  bien 
une  couleur  rougeâtre  qui  est  plus  ou  moins  prononcée  selon  le  degré  d'atrophie 
(les  cellules. 

La  consistance  de  ce  tissu  varie  beaucoup  également.  Il  est  des  circonstances 
dans  lesquelles  il  est  ferme,  comme  on  le  voit  chez  les  jeunes  sujets.  Cette  par- 
ticularité coïncide  avec  une  réplétion  absolue  des  cellules  par  la  graisse.  Alors 
elles  sont  distendues  et  fortement  comprimées  les  unes  contre  les  autres.  On  observe 
la  même  particularité  chez  les  sujets  bien  portants  dont  le  tissu  adipeux  n'est  pas 
atrophié.  Au  contraire,  chez  les  individus  atteints  de  maladie  ayant  amené 
(le  l'œdème  et  de  l'amaigrissement,  le  tissu  adipeux  présente  un  grande  mollesse, 
il  devient  presque  gélatiniforme.  Ces  particularités  sont  dues  à  certaines  modifica- 
tions de  texture  indiquées  plus  loin.  Après  la  mort  il  n'a  plus  cette  résistance 
porticuUère  qu'on  observe  sur  lui  pendant  la  vie  ;  il  se  laisse  déprimer  et  garde 
d  une  manière  persistante  la  dépression  produite  par  le  doigt,  tandis  que,  pen- 
dant la  vie,  aussitôt  après  la  dépression,  sa  surface  reprend  le  niveau  qu'il  avait 
'isnai.  Cela  résulte  de  ce  que  les  cellules  adipeuses  ont  pour  contenu  un  liquide 
formé  d'un  mélange  de  stéarine,  de  margarine  et  d'oléine  ;  tous  ces  corps  se  soli- 
diGent  par  le  refroidissement,  et  toutes  les  fois  que  les  cellules  sont  soumises  à  une 
température  inférieure  â  1 5®  ou  1 6^,  la  graisse  passe  de  l'état  liquide  â  l'état 


24 


ADIPKLX. 


du  tissu  adipeux.  A  cette  période  les  lobul 
l'omparativeinent  à  ce  qu'ils  étaient  prirnli 
mètre  de  large.  Cette  augmeiiblioii  i\o  \w< 
et  des  dimensions  des  cellules;  il  rrsi'* 
mêmes  deviennent  polyédri(]ui's  | m 
configuration  des  mailles  capiliaii  • 
lobules  du  tissu  adipeux  niii>i  <I  ' 
lamineux  dans  lesquelles  ninti> 
viennent  s*épanouir  à  ht  mu  t.< 

Cliez  Tadulte,  les  corp-  ' 
juxtaposés  dans  l'épai^^ 

que  les  fibres  lami i 

Faugmentation  i\r  ->  - 


l'S     M 


uuf.  lorsque  la  tompêratun^ 

^^Miilification  purement  phv* 

>  xi'ijiiiuit,  change  de  consistant 


ri-  ■•: 


fs-.'l. 


ne  représenleiii  * 

A  la  sui  la 
pillaire  Irt 
une  sorte  d 
qui  foin i«  , 
qual»lr< 
anî.'!'- 
les  > 


-.r^  iêpasse  16  degrés,  lorsqu'elle 
^  AT  uu  liquide,  tandis  que,  aprè> 
- .  -ortie  au  moins.  Cette  particularité 
^  il»  qu'on  trouve  une  certaine  masse* 
mule  ou  d'autres  articulations,  si  on 
«^^  aU|KQses  bien  limitées,  comme  sur  un 
.  vf^»u  i^lement  cette  fluctuation  sur  deN 
..•i»>  qui  ont  été  pris  pour  des  coUectioas 
.   i\ii.*tintion.  On  a  appelé  cela  de  la  fausse 
«  -  xnmk  pas  un  liquide  ;  mais  la  fluctuation  y 
.«>..•  j*>  d'an  abcès;  et  il  est  facile  de  comprendre 

^  of  internasse  de  cellules  remplies  chacune  d'un 

4.  it  -vieusible,  on  puisse  y  produire  le  phénomène 

. .    uK  urîsqu'il  s'agit  d'un  liquide  remplissant  une 

^^r  {ite  b  fluctuation  ?  C'est  une  ^nsation  de  pres- 

,    ..   !ii  jifttîde  incompressible  d'un  côté  à  l'autre  d'une 

^^uk  ^iMtf  contenu  dans  une  seule  cavité  ou  subdivisé  en 

^.  i.«M&d^«  h  pression  et  le  choc  seront  également  trans- 

lt  ie  b  fluctuation  sur  un  lipome  aussi  bien  que  sur 


^**>" 


•M      t1 


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«»**•>* 


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!L  Jeiise  que  plusieurs  de  ceux  qui  l'accompagnent  dans 
^■i»*«f  «Appuis  très-longtemps  que  les  niasses  adipeuses  pion- 
^«i^^fMfi.  tamiis  que  les  tissus  voisins  vont  au  fond.  Cela  tient  A 
iii^ti^nit  les  cellules  graisseuses,  la  stéarine,  la  margarine, 
A'ttsie^que  l'eau. 
_v  M»»v*M*urtU'*  leurraient  être  signalées  par  rapport  aux  caractères 
iàii|>^\.  Le  tissu  adipeux  résiste  plus  à  la  putréfaction  que  In 
>^  {Mftw  quo  k^  corps  gras  se  saponifient  et  forment  une  masse  ri> 
N\vtM|H)e!ii'  \»s  ()ar  putréfaction  à  la  manière  des  substances  aïo- 
!^^.  ;*x  *it^  vW  *H^  K^''"»'0  qï»  sont  cause  que  le  tissu  adipeux  résiste  mieux 
,.^,v  »  A  vk^^tiwliou  gangreneuse. 
XV  NHKiUMisi  (m  ivtrouve  les  traînées  de  tissu  adipeux  avec  son  asfjoct 
4  X  \>4Uih^H  Hout  encore  entières,  seulement  la  stéarine  et  la  mar!>n- 
>^%t%  x0.xkUliMW  tlaus  leur  centre  ou  à  leur  surface,  en  petites  houppes  imi- 

.VJ4  >^)Nm\  doviont  très^fréquemment  le  siège  de  productions  morbides  qui 

^^v>^«  4'  ik^imIo  li|H)mos  et  qui  résultent  de  son  hypergenèse  locale.  Danseet 

»    s«v^^'^^^  iHtiiMtuto  (|U0  les  masses  adipeuses  présentent  identiquement  la 

.  V  M.v  viM^'  jo  Mi^Maluin  Unit  A  l'heure.  Cependant  il  y  a  certaines  modifications 

vNvSAk^UN»*  qu'iMiuil  imler.  Tne  première  variété  de  hjiomes,  la  plus  rare  de 

...oA»  sN*l  \H*Uo  daui*  lm|n«»llo  les  tumeurs,  malgré  leur  grand  volume,  cr)nser\enl 

,M  •;\iUiiiil»M'iuo  propn»  au  tissu  adipeux  du  fœtus.  Ces  masses  gélatiniformes, 

.x^iOvkaiOlU^^,  |i«iimmui'm»!»  de  |H'tilîi  grains  blanchâtres,  offrent  un  aspect  tout  dif- 

.K«v4a  ^W«vlul  dt»«   li|H\nie»  proprement  dits.  Aussi  ces  productions  n'ont  jamais 

^^  ^KwifcîUi^**»»*^'*  It»  noMideli|M\!n<»s,  mais  bien  sous  le  nom  de  cancers  cûllaïdf s  ; 


•  .   .V 


•«* 


ADIPEUX  27 

•Moments  et  leur  comparaison  au  tissu  adipeux  du  fœtus  [lermetlent 
y  aisément  la  nature. 

.  PII  même  temps  qu'il  y  a  hypergenèse,  il  y  a  hypertropliie 

liilfs;   il  nest  pas  rare  de  trouver  dans  les  lipomes  des  cel- 

.    ;r  )iis.|n'à  0°"",!,  et  qui,  même  à  un  examen  attentif,  sont  aper- 

^    -    i  umI   nu  avec  l'apparence  de  petites  gouttes  d'huile;  mais  sous  le 

ou  \oit  qu'elles  sont  entourées  d'un  paroi  propre. 
:iutrc  variété  de  lipomes  plus  rare,  et  qui  a  quelquefois  reçu  le  nom  de  H- 
iijKimo,  est  ducii  ce  que  en  même  temps  qu'a  lieu  l'hypergenèse  des  cellules 

[musls,  il  y  a  hyi)ertrophie  des  cloisons  lamineuscs  inter-lobulaires.  Alors  la  tu- 
'.:  ur  graisseuse  est  traversée  par  des  cloisons  de  tissu  fibreux  plus  ou  moins  blan- 
•  lùlros  ou  résistantes  qui  modifient  notablement  la  consistance  et  l'aspect  lobule 
ilo  la  tumeur. 

Il  y  a  encore  une  quatrième  variété  de  lipomes,  quil  importe  de  signaler, 
fiarce  qah  l'œil  nu  elle  n'est  pas  toujours  facile  à  distinguer.  Ce  sont  des  tu- 
meurs qui  sont  formées  en  proportions  à  peu  près  égales,  par  des  cellules  adi- 
puses  et  par  du  tissu  lamineux  k  l'état  de  corps  fusiformes.  Ces  tumeurs  sont 
remarquables  par  leur  coloration  d'un  giis  jaunâtre  et  par  leur  demi-transpa- 
rrnce,  caractères  qu'on  ne  trouve  pas  sur  d'autres  productions  morbides.  Il  est 
nro  de  trouver  ces  tumeurs  cloisonnées.  Elles  peuvent  atteindre  un  volume  con- 
sidérable» tel  que  celui  des  deux  points,  sans  se  subdiviser  en  lobules.  Sous  le  rap- 
jiort  de  la  texturç,  ces  tmneurs  sont  formées  par  des  cellules  adipeuses  et  par  des 
rorps  fusiformes  distribués  en  portions  à  peu  près  égales  dans  toute  l'étendue  du 
tissu  niûii)ide. 

Les  lipomes,  quelle  qu*en  soit  la  variété,  peuvent,  lorsqu'ils  atteignent  un  grand 
Tolume,  être  le  siège  vers  leur  centre  d'une  mortification  de  leur  tissu,  d'où  ré- 
^^ulte  une  cavité  remplie  d'un  liquide  d'aspect  purulent  et  qui  ne  renferme  ce- 
[^ndant  pas  de  leucocytes. 

C'est  une  mortification  loin  du  contact  de  l'atmosphère,  qui  s'opère  sans  que  le 
liqaîde  qui  en  résulte  aie  une  mauvaise  odeur.  C'est  une  nécrose  ou  une  gangrène 
(lu  tissu  adipeux,  et  lorsqu'on  examine  le  liquide  au  microscope,  on  voit  que  sa  co* 
loration  jaunâtre  est  due  à  une  émulsion  de  gouttes  d'huile  en  suspension  dans 
une  sérosité,  parce  que  les  cellules  mortifiées  se  sont  brisées  et  que  leur  contenu 
s'est  réduit  en  gouttelettes  ;  on  y  trouve  aussi  quelques  globules  sanguins. 

m.  Système  ADiPEOx.  On  donne  le  nom  de  système  adipeux  à  l'ensemble  des 
parties  similaires  ou  organes  premiers  formés  par  du  tissu  adipeux. 

On  reconnaît  facilement  trois  ordres  très-distincts  dans  ces  parties  similaires.  Ce 
^nt  d*abord  celles  qui,  associées  â  des  organes  premiers  d'autres  systèmes,  tels  que 
les  faisceaux  secondaires  et  tertiaires  des  muscles,  des  groupes  à*acini  glandu- 
i'Hres,  etc. ,  concourent  d'une  manière  secondaire  mais  réelle  à  former  les  muscles, 
l<s  glandes  et  autres  organes.  Ce  sont  ensuite  les  parties  similaires  qui  sont 
interposées  aux  organes  proprement  dits;  mais  dans  ces  dernières  on  distingue  : 
(i  celles  qui  sont  simplement  d'interposition  proprement  dite,  ou  d'enveloppe  quand 
il  y  en  a  entre  toutes  les  faces  d'un  organe  et  les  organes  qui  Tavoisinent;  puis 
h  celles  qui  sans  discontinuité  de  l'un  à  l'autre  sont  interposées  à  la  peau  et  aux 
(»rganes  sous-jacents,  enfermant  ainsi  à  l'organisme  une  enveloppe  adipeuse  générale 
Qi  commune  sous^utanée. 

(j»  trois  groupes  de  parties  similaires  présentent  de  notables  différences  lors- 
<{n  on  les  compare  entre  elles  chez  l'adulte,  puis  d'un  âge  â  l'autre,  et  d'une  espèce 


26 


ADIPFI 


Hh 


solide,  comme  Teau  passe  de  Tétat  lic[ 
s'abaisse  au-dessous  de  zéro,  par  un  pi 
sique  et  chimique.  La  graisse  intra-M^ii  • 
et  modifie  celJe  de  rensomblo  du  ii>  ■■ 

Pendant  la  vie,  lorsque  la  l.'in|>'  • 
atteint  37®,50  environ,  lescdlui 
la  mort,  elles  le  sont  par  dc^^  <  «• 
est  importante  à  noter,  pMur 
de  tissu  adipeux,  cornu ir  .«> 
vient ii  exercer  une  pi'— 
abcès,  on  sent  une  (I'im   • 
lipomes,  et  il  y  n  d 


étudiées  ici  dans  rordre 
les  descriptions  des  autours 
■>  t^oel  elles  restent,  au  milieu  de 
.ri  is  n  ont  pas  sniW  cette  mardi  • 


-^>  X 


liquides,  pan  e  qii\ 
fluctuation,  pnr 
est  parfois  toit' 
que  le  tissu  i-î 
liquide  r\   i 


de  la  11  M< 
|>rar)(]»' 
si(»n  •< 


m.  «f  commune  sous-cutanée.  Ces  or- 
ttSL  jntres  et  la  couche  que  forme  leur 
.  Celui-K;i  est  interposé  à  la  peau  en 
il  est  séparé  de  ceux-ci  et  des  autres 
extérieures  d'enveloppe.  Toutefois  f*e 
,  sous  le  tmpèze,  sous  le  grand  dorsal, 
le  grand  fessier  par  son  bord  antérieur  et 
.  ^  \afesseaux  et  les  nerfs  de  cette  région .  D'autre 
i  1^^  médiane  du  dos,  du  nez,  au  niveau  des  os 
.>  ^artibges  du  lobide  ;  il  manque  aussi  sous  celle 
ft  «en[e  et  sous  le  scrotum.  11  s'amincit  beaucoup 
4»,  ju  i^lernum,  au  niveau  du  sommet  des  apopliyses 
>^  le  raeromion  et  de  la  crête  de  l'omoplate.  11  s'y 
,^v  i  HT  rares  lobules,  ou  même  manque  complètement. 
\â>^  c  pMinicule  adipeux  s'amincit  à  la  face  postérieure  du 
«.k>  «  «|uelques  lobules  à  partir  du  bord  inférieur  du  liga- 
<«  Ht  ito  de  la  main,  jusqu'aux  articulations  métacaqio- 


^N.  V 


>^..* 


N.   • 


>^  M  la  ttâ^MU  du  tarse,  ou  seulement  aux  articulations  métatai^^o- 

I  ÉÉitttcit  brusquement.  Chez  les  enfants  et  quelques  sujets 

>^  ...«.  ^<«^  k'S  articulations  métacarpo-phalangiennes  que  disparait 

,.^u?<\  Ktle  manque  au  niveau  de  ces  articulations  mêmes  et  des 

;>,  -*x  Ji>  Aiigts  et  des  orteils. 

.  ;i  MTiie  |iostérieure  du  cou  (I  â  2  centimètres),  au  creux  de 

AtHturMres),  autour  des  mamelles  (1  ù  4 centimètres),  au  pU  de 

.«uaa  v<  Mitoiir  du  pubis  (1  à  2  centimètres),  sur  les  côtés  et  en  arrière 

.V  tii^iAM'  mvuttu,  depuis  le  coccyx  jusqu'à  l'anus  (1  à  4  centimètres), 

•kUwum»  «4  »ur  les  côtés,  aux  fesses  jusqu'à  la  partie  postérieure  et  à 

uUMv  sk't^  cuisses  (1  à  4  centimètres),  surtout  chez  la  femme,  au  creu\ 

*  U4\  wulk^  antérieure  et  postérieure  du  pied  (i  à  2  ^  centimètres).  Li»^ 

V  .«u«U^  M^v«imitcs,  relatives  à  l'épaisseur  de  ce  tissu,  sont  toutes  dcmnées 

X  .A«^  iiktiiiii»  Alites  par  des  sujets  d'un  embonpoint  ordinaire.  Partout  ail- 

:  i4\H«ml«  dtfs  épaisseurs  moindres,  trop  variables  d'un  individu  ou  d'une  ré- 

\»  <  ,  \u4iv»  ol  lix>p  pou  importantes  à  retenir  pour  qu'il  soit  nécessaire  de  les 

vVviK^  ^jiio  xitit .  du  reste,  l'épaisseur  atteinte,  d'un  sujet  ou  d  un  âge  à  l'autre,  pr 
^uèi^H  uk«  adiiMnu  sous-cutané,  la  masse  qu'il  constituedans  son  ensemble,  oomme 
i  14U  Kim*  iii^tvui  uuUiie  que  ce  soit  du  corps  et  des  membres,  est  plus  considérable 
i4,v  vt^KMiiù  «e  tiwivc  autour  dos  intestins  et  dans  l'épaisseur  des  orgsmes,  situés  au- 
!k  '>\m^  ^K'  r«|MJué>rosc  d'envelop|)e  qui  les  sépare  de  ce  pannicule.  Du  reste,  il  n'y 
I  u^>  MM  l'^ipiniil  rtJUHtant  outre  Tépaississement  normal  graduel  de  ce  dernier  et 
I  vK*»  i^«  iwrlio*  himilairt^s  adilKJUscs  d'interposition  ou  de  constitution  des  orgam».. 
i\v  u\\  \M  li^>»-rnq>|mnt  chez  1rs  femmes,  les  enfanU  et  beaucoup  d'hommes,  tant 
^ar  MHO  liMipo  «lofi  niombres  qu'au  Irono,  y  compris  les  viscères,  et  même  au  cou. 


ADIPEUX.  29 

Il  estoommun,  en  eiïel,  de  voir  chez  des  femmes  et  des  cidauts  potelés  le  tissu 
adipettx  d*interpositioit  être  très-peu  abondant.  Ces  différences  de  quantité  du  tissu 
adipeux  sous  la  peau,  comparativement  à  celui  qui  existe  entre  les  organes  ou  dans 
leur  épaissear,  quoique  toujours  manifestes  chez  les  sujets  atteints  d*obésité  gé- 
nérale ou  seulement  abdomimUe,  sont  cependant  alors  moins  tranchées  qu'à  Tor- 
(linaire. 

Les  organes  premiers  de  cette  portion  superficielle  du  système  adipeux  offrent 
dans  trois  régions  quelques  particularités  anatomiques  qu'il  importe  de  noter  ;  ce 
sont  le  tissu  adipeuse  du  cuir  chevelu,  les  coussinets  palmaire  et  plantaire  et  ceux 
de  la  polpe  des  doigts.  Entre  le  cuir  clievelu  et  la  peau  du  front  d'une  part,  les 
muscles  de  ces  régions  et  l'aponévrose  fronto-occipitale  d'autre  part,  le  tissu 
adipeux  a  une  épaisseur  assez  uniforme  et  qui  varie  beaucoup  moins  d'un  sujet 
à  l'autre  que  dans  le  reste  de  l'économie.  Cette  couche  est  formée  de  tissu  adipeux 
à  texture  serrée,  c'est-à-dire  à  lobules  très-petits,  plus  mous,  séparés  par  des 
ckHsons  lamineuses  plus  minces,  si  ce  n'est  dans  les  endix)its  où  des  faisceaux  fi- 
breux le  traversent  pour  se  jeter  sur  l'aponévrose  fronto-occipitale  ou  sur  le  tissu 
lamineux  qui  adhère  aux  muscles  frontal  et  occipital.  Ces  différences  par  rapport 
ju  tissu  adipeux  de  la  face  sont  très-sensibles.  C'est  dans  son  épaisseur  que  se 
Irouveiil  plongés  les  bulbes  pileux. 

A  la  paume  des  mains  et  à  la  plante  des  pieds  le  tissu  adipeux  est  formé  de 
lobules  volumineux,  arrondis,  mous,  composés  de  grosses  vésicules;  ils  glissent 
£icilement  les  uns  sur  les  autres  et  sont  aisément  isolés  ou  mieux  énucléés  |xir  la 
dts^ectiou.  Le  rôle  de  coussinets  à  la  fois  résistants  à  la  pression  et  élastiques  que 
remplissent  ces  oignes  premiers  adipeux  est  dû  simultanément  à  leurs  lobules  et  à 
la  disposition  des  nombreux  faisceaux  fibreux  assez  riches  en  fibres  élastiques,  qui 
de  la  face  profonde  du  derme  vont  s'insérer  sur  les  aponévroses  palmaire  et  plan- 
taire. Incompressibles  ou  à  peu  près  par  eux-mêmes,  parce  qu'ils  sont  composés  de 
gouttes  demi-liquides  retenues  dans  des  cavités  closes,  ils  remplissent  les  intervalles 
de  ces  faisceaux,  qu'ils  maintiennent  ainsi  que  le  derme  dans  un  état  de  distension 
permanent,  sauf  les  cas  d'énuciation.  Aussi  font-ils  saillie  entre  ceux-là  comme  s'ils 
CQ  étaient  expulsés,  lorsqu'on  vient  à  inciser  le  deime  et  la  couche  sous-jacente. 
  chaque  pression  palmaire  ou  plantaii'e  ils  résistent,  et  par  là  entraînent  la  dis- 
tension du  derme  et  des  faisceaux  précédents,  tout  en  se  prétimt  à  de  légers  dé- 
placements par  suite  de  leur  mobilité  les  uns  contre  les  autres  et  entre  ces  faisceaux, 
lorsque  la  nature  des  efforts  exercés  l'exige. 

Ces  coussinets,  bien  plus  épais  au  pied  qu'à  la  main,  offrent  des  dispositions  va- 
riées au  niveau  des  têtes  des  métacarpiens,  des  métatarsiens,  des  plis  cutanés  au 
creux  de  la  main  et  à  l'éminence  thénar  ;  mais  comme  elles  dépendent  surtout  du 
nombre  et  de  TaiTaiigement  des  faisceaux  fibreux  précédents,  c'est  l'anatomie  des 
régions  qui  doit  les  faire  connaître. 

Ces  coussinets  s'amincissent  aux  bords  de  la  main  et  du  pied  en  approchant  de 
la  face  doi*sale  de  ces  derniers.  11  en  est  de  même  sur  les  faces  latérales  des  doigts 
cl  des  orteils,  où  ils  disparaissent  au  niveau  des  articulations  phalangiennes,  tandis 
qu'au  niveau  du  corps  des  phalanges  ils  se  réduisent  à  une  mince  couche  formée 
d'une  seule  rangée  de  lobules  juxtaposés  qui  s'étend  jusqu'aux  bords  des  tendons 
extenseurs. 

Ces  particularités  sont,  du  reste,  au  fond,  les  mémos  à  la  face  antérieure  et  à  la 
|Ndpe  des  doigts.  Seulement  les  faisceaux  fibreux  qui  leur  sont  interposés  sont  plus 
liw,  plus  nombreux  et  les  lobules  adipeux  plus  |)etils. 


\  • 


^^   ^      iri'^.  palmaires  et  digitales,  sont  plus  minces  au 

>  .    cf>  plis  cutanés  de  flexions  que  dans  les  iiitcnralles. 

.     . .  Hie^eki  et  de  la  face  antérieure  des  extrémités,  dont 

.^  Rr  participent  que  très-peu  aux  modilications  si  cou- 

'\>£e  du   pannicule  adipeux  sous-cutané  dans  les  ais 

m 

.  .V   Ht  luoîns  grand  développement  du  pannicule  adipeux 
-.   ù  soient  les  organes  premiers  précédents,  que  sont  dus 
«  «uw  iWpuis  celui  où,  à  peu  près  uniformément  répandu  sous 
.    .V  '^ombl*esju^)<|u'au  poignet  et  au  pied,  il  détermine  l'état  po- 
.    «À .  (ivsHléveloppé,  mais  plus  encore  au  tronc  que  partout  ailleurs, 
«.vioiuinale,  il  cause  Tétat  à*obésité.hi  distension  du  derme  (fu*il 
.XV.»  >vHu\x*  lie  la  gène  des  mouvements  partiels  du  tronc  sur  les  mem» 
.  '  v4x  Jiutant  que  la  rencontre  entre  elles  de  ces  parties  elles-mêmes. 
V     «.  va  'Au  amteiui  des  cellules  adipeuses  entraîne  au  contraire  l'amincis- 
..   x%.i%«<vulo  adifieux  et  parfois  s;!  réduction  à  de  rares  lobules  rougeàtres, 
,v  ♦uav'5*  oiyancs  premiers  de  ce  système  dont  il  va  être  question  par- 
.    s N  V  wuivMiont  î\  cette  atrophie.  Celle-ci  entraîne,  inversement  à  riiyperlro- 
..    o  v^Hiuiit  de  la  peau  caractéristique  de  la  maigreur  accidentelle  ou  sénile. 
i,     *».  .u\5î  similaires  adipeuses  d'interposition  et  à* enveloppe.  Ces  parties 
jvv»v '^  HMiH|iiont  jKîndant  toute  la  durée  de  l'existence  entre  certains  organes 
.  \  ,«»  vi  |v*H  entre  ceux  du  système  neigeux  central  qui  entourent  la  dure-mère, 
s    ivu(uo  \\^\\Vt  ni  sur  les  côtés  et  à  la  face  postérieure  du  pharnix,  au  pourtour 
V  '  >^  A\^4ui^o,  îion  plus  qu*entre  les  muqueuses  et  les  couches  musculaires  on  au- 
iv  ^,  v)u\'lltui  tupinsent.  Cependant  on  en  voit  parfois  quelques  petits  lobules  cntic 
K\  ui^HinoUHr  et  la  musculeuse  vésicale,  sous  le  repli  médian  labio-gingival  et  sous 
l\  ^MU\luiMiHo,  qui,  des  lèvres  et  des  joues,  se  réfléchit  sur  les  os  maxillaires.  On 
\\  on  litMi\<M'f(alenient  pas  entre  le  péritoine  et  la  rate,  la  surface  du  foie,  à  l'excep- 
\\\y\\  do  MPI  ftillons,  le  corps  de  l'utérus,  les  ovaires,  les  testicules.  Partout  ailleurs 
\\  ommIi'  di'H  parties  similaires  adii)euses  entre  les  organes  ou  autour  de  certains 
dt^ulic  (MU,  mais  qui  apparaissent  à  des  époques  diverses  de  l'évolution  individuelle. 
(!i(pi  iH'KiiHes  premiers  se  rattachent  euv-ménics  à  plusieurs  groupes  distincts  {Kir 
Il  in  ili^iNiMlion  anatoniiqne  et  le  rôle  qu'ils  jouent  dans  l'économie,  selon  qu'ib 
mimI  ptin»  iiarticulièrement  interposés  aux  muscles  et  aux  nerfs  ou  aux  ^'aisseaux, 
ipi'iU  |M'cnnent  {.art  à  la  constitution  des  parties  molles  articulaires,  qu'ils  adhèrent 
a  lu  Hn|M'Wicie  des  os  ou  qu'ils  accompagnent  certains  viscères. 

r  Organes  premiers  adipeux  d'interposition^  musculaires^  osseux^  nerveux 
vi  vnin'ulaires.  Ces  organes  premiei's  sont  particulièrement  disposés  en  couclic> 
yh\h  At'Uii'ui  minces,  entre  les  gaines  aponévrotiques  propres  des  muscles  et  au- 
Utm  A**s  %;ii«»M!iiuv  et  neris  inter-musculaires,  ainsi  qu'entre  les  branches  des  plexus 
^\i'\  stu%.  Mai%  on  en  trouve  aussi  pai'fois  entre  l'aponévrose  d'envclopjie  et  le  musr 
ik'  m*uit%  iKirlicnlièrenient  au  niveau  de  la  jonction  des  tendons  encore  élar^i> 
ti\*i  |i'  «i^ntfe  musculaire  correspondant,  et  là  les  couches  adipeuses  adhèrent  forte- 
uo  Ml  U  ui»  jiarties  du  muscle.  On  en  voit  également  entre  certiins  os  et  les  niu<- 
t  \in^  ammut  h  l'extréniité  inférieure  de  l'humérus  et  du  fémur,  en  quelques  Iloint^ 
ti*   Il  Hiiba;  di'H  os  des  iles,  etc. 

k  U  Ut  M  il  existe  deux  organes  premiei's  adipeux  qui ,  par  leurs  caractères 
|is4Hiiiitii'ik  fiét  cHMU'ut  une  mention  spéciale.  L'un  concourt  à  la  constitution  de 
i  4\f\t(êîi't\  \U\\v\,  c4Mt  le  coussinet  adipeux  ou  graisseux  de  l'orbite,  l'autre  est 


ADIPEUX.  51 

h  boule  graUseuse  de  Bichaty  qui  joue  un  rôle  dans  la  constitution  et  les  ibnc- 
tioDs  dtô  appareils  de  mastication,  surtout  de  la  déglutition,  mais  d  une  manière 
indirecte  (Cb.  Robin  et  Gimbert,  Gazette  médicale,  i864,  p.  553). 

Au  cou,  le  tissu  adipeux  d'interposition  remplit  les  intervalles  qui  séparent  les 
uns  des  autres  les  muscles,  ou  mieu!C  leurs  gaines  aponévroliques,  et  d'un  sujet  à 
l'autre  il  rend  ces  intervalles  plus  ou  moins  considérables,  suivant  qu'il  est  plus 
ou  moins  abondant. 

11  faut  signaler  en  particulier,  ici,  la  couche  adipeuse  qui  sépare  le  peaucier  des 
moicles  sus  et  sous-hyoldiens,  du  stemo-mastoïdien  et  de  l'aponévrose  qui  relie  ce 
dernier  aux  précédents. 

Du  tissu  adipeux,  plus  abondant  en  haut  et  en  bas  qu'à  la  partie  moyenne  du 
cm^oxnble,  avec  les  gros  vaisseaux  et  les  nerfs  profonds,  la  loge  inter-aponévro- 
tique  de  cette  partie  du  corps.  Dans  ce  tissu  adipeux  il  y  a  en  outre  des  ganglions 
lymphatiques,  tant  en  avant  qu'en  arrière  des  carotides  et  de  la  jugulaire. 

Où  sait  que  le  tissu  adipeux  forme  des  traînées  le  long  des  artères  et  des  veines, 
de  ces  dernières  particulièrement  entre  les  muscles  et  à  leur  surface,  aussi  bien 
que  dans  les  épiploons. 

Entre  le  petit  coroplexus  et  le  scalène  postérieur,  entre  les  deux  scalènes  et  les 
eûtes  des  vertèbres  cer\'icales  correspondantes,  se  trouve  du  tissu  adipeux  plus  ou 
moins  abondant,  interposé  à  ces  muscles  et  aux  nerfs  cervicaux  ;  il  s'étend  autour 
du  plexus  brachial  et  des  vaisseaux  dans  les  régions  sus  et  sous-claviculaires  jus- 
qu'au tissu  adipeux  sous-cutané  axillaire,  avec  lequel  il  se  continue  en  dehors,  en 
prenant  un  état  grumeleux  qui  se  montre  toutes  les  fois  que  ce  tissu  existe  au  pli 
des  grandes  articulations  ;  en  avant  et  en  bas  il  s'étend  entre  le  sous-clavier,  puis 
le  grand  pectoral  d'une  part,  la  première  côte  et  le  premier  espace  intercostal 
d'autre  part  ;  puis,  plus  bas,  entre  le  petit  pectoial,  le  sous-scapulaire  et  le  grand 
dentelé.  En  arrière,  il  gagne  entre  la  deuxième  côte  et  l'angulaire  de  l'omoplate, 
entre  celui-ci  et  le  trapèze,  et,  plus  bas,  entre  ce  dernier  et  le  rhomboïde. 

il  existe  aussi  entre  le  grand  complexus  et  la  masse  musculaire  des  transversaircs 
qtineux  et  inter-épineux  du  cou  une  couche  adipeuse,  épaisse  en  haut,  qui  mé- 
rite une  mention  spéciale.  Elle  renferme,  comme  on  sait,  le  plexus  des  veines  jugu- 
laires postérieures  profondes. 

Au  oou  et  dans  toute  l'étendue  du  rachis,  entre  la  série  des  muscles  transvcr 
saires  épineux,  d'iAe  part,  la  base  des  apophyses  épineuses  et  traiisverses,  jusqu'au- 
tour des»  apophyses  articulaires  et  des  trous  de  conjugaison  d'autre  part,  il  existe  con- 
>tamment  de  petites  masses  ou  traînées  de  tissu  adipeux  communiquant  les  unes 
a^ec  les  autres  autour  des  insertions  musculaires,  des  vaisseaux  et  des  nerfs.  Ces 
couches  sont  continues  l'une  à  l'autre,  sur  la  ligne  médiane,  entre  la  face  inférieure 
de  chaque  apophyse  épineuse  et  le  bord  supérieur  de  celle  qui  est  placée  au-dessous 
et  forment  là  une  masse  d'épaisseur  variable.  Elles  se  prolongent  au  niveau  des 
apophyses  transverses  de  chaque  côté,  entre  le  bord  correspondant  de  la  niasse  coni- 
liiune,  des  muscles  spinaux  et  les  intercostaux  thoraciques,  entre  le  Ijord  de  cette 
inéme  masse  et  les  inter-transversaires  et  le  carré  des  lombes  dans  la  région  de  ce 
nom.  Dans  toute  l'étendue  des  parois  thoraciques  et  abdominales,  le  tissu  adipeux 
d'interposition  musculaire  est  fort  peu  abondant,  il  ne  forme  que  de  minces  cou^' 
^les  de  1  à  3  millimdtres  d'épaisseur  et  le  plus  souvent  discontinues,  même  eiiti*e 
le»  intercostaux.  Leur  développement  n'est  pas  en  rapport  avec  celui  du  panni- 
eule  adipeux  sou»cutané  et  elles  ne  participent  pas  aux  modifications  que  présente 
ce  dernier  dans  l'amaigrissement  avec  ou  stnis  œdème; 


»  *■ 


\b\?tll. 


li.,ui  \vx  r^  tU'  f4*\*''^ni«Hî  diiïuft  du  (roiic  on  trouve  soureol  k  iksa  adipeux   ré- 

Ititi  t  )  Af^  fl^  |^il|i^  ilifflueitie  d'aspect  cmukii  et  purulent,  ans  Icsâon  des  ooii- 

Uvj  .tti(«f*.iur«  ^/r/'AmiUm^  liten  quelles  ne  soient  séparées  de  oelui-â  que  par 

r  )»>tiutf..ti#  4  fiiNt  n|ififi/:vniiiC  d'envelqipe  ou  d'insertion.  On  voit,  par  eieinplo, 

\*  i).r^*/  *tff^  du  (/t»MMl  dorsal  insérée  au  sonunet  des  apophyses  épineuses  dorsale^ 

W^h\M$tf%,  Ma*  Ui  M'ul  intermédiaire  entre  le  tissu  adipeux  sous-culanc  f|ui  lui 
tu^f  ;  d/lMift  |Kir  la  supiiuration,  et  la  couche  adipeuse  restée  ^aine  qui  sé})are 
ffih.  4\0mi'^tt^'.  Ai*%  muselles  sacro-lomliaircs,  sains  également.  La  même  paitîcu- 
if$ill  •  fAmt't^it  dan»  IcH  cas  de  phlegmon  superficiel  de  la  cuisse  par  rapport  aux 
it  -M  4iU\tt*ut  fi  aiitri.'H,  placés  immédiatement  sous  Taponévrosc  générale  d*eti- 
•t\ft\n»t'f  Hviceverêa,  pour  les  cas  de  phlegmons  profonds  ou  80us«aponé\ToiÎ4|ue> 
^fi$  $4\t\iifri  k  la  couche  graisseuse  sous-cutanée. 

Ami  fiifrmlin'H,  le  tissu  adifieux  d'interposition  remplit  aussi  l'espace  qui  se|Riie 
jr*  yi.tUu*M  d'enveloppe  dos  muscles  et  y  forme  des  couches  d'épaisseur  très-vari;i* 
hli'  d'un  sujet  h  l'auttc.  Os  couclics  sont  plus  considérables  à  la  mciue  de> 
iuê*m\nvtk^  oh  U*n  mus<;les  s'amincissent  près  de  leurs  insertions,  que  dans  le  re^tc 
di*  leur  éleiiduc  ;  r^|H^ndant  elles  conservent  une  certaine  épaisseur  sur  le  tmjct 
di'^  ttuncs  vnsctilniivs  et  nerveux. 

(>M  couclios  d'inlnrposilion  s'é[Kiississeut  aussi  au  niveau  des  plis  articuLiires, 
eouunt*  on  le  voit  outre  le  |)soas  et  le  pectine,  au-devant  de  l'articulation  co\o- 
li'nioiale,  uu  creu\  |ioplilc  derrière  l'articulation  du  genou,  entre  le  tendon  d'A- 
iliilleollnrticulalion  tibio  t;irsienne,  au  coude,  sous  le  tendon  du  biceps  et  autour 
dr  lui,  ptii^  sous  l'articulation  de  l'épaule.  Dans  ces  régions,  à  l'exception  du 
(Miudo  et  do  rmiiculation  tibio*tarsicnne,  ce  tissu  adipeux  est  ordinairement  gni- 
niuleux,  c'osl-à-dirc  que  plusieurs  lobules  primitifs  sont  réunis  en  |jetits  amas  |m>- 
Ijétlritpu^,  séparés  \h\t  du  tissu  laniineux  lâche,  qui  fait  qu'on  les  isole  facile- 
ment les  uns  Ai^  autres.  Cet  état  est  surtout  très-maii^ué  dans  le  tissu  adipeux  du 
eivux  jwplité. 

Miv  «lcrni^lT  itiuclio  graisseuse  d'interposition  est  importante  ;  elle  est  assez  net- 
Icniout  sé|inKt'  do  toutes  les  autres  dans  son  ensemble;  elle  enloiuxs  toute  la  partie 
inférieuiv  du  fémur  et  le  ligament  postérieur  de  l'articulation  du  geuou.  EUc  es»t 
intor|Wv  aux  muscles  xt>isins  et  au  périoste  de  cette  région  épaissi  par  les  pro- 
loiigeniouts  dos  insertions  ligauiouteuses.  EUc  est  partout  grumeleuse  sur  presque 
Imis  li^  sigoU  ot  de  nMileur  notablement  différente  de  celle  du  pannicule  sou>- 
(UlamS  dcmt  au  cixnix  {«oplilé  elle  n'est  séparée  que  par  l'aponévrose  générale 
d\ii>v)o(»|)0  do  la  ouissio  tii«suuincio  à  ce  niveau. 

(Vt  i^'^.uH^  l'ivuiior  sVtotid  en  axant  jusquaupr»  du  cartilage  articubirc,  eiiUr 
k'  |HH  H^lo  K  lo  |Mn4ongonHMU  ou  cul-de-sac  siqiéneiu*  do  la  synoviale,  entre  le 
|H*Ut»tool  lo  niiiH^W  toit^'ur  do  la  synoviale  lorsqu'il  existe.  Ce  prolongement  de  la 
>\iiiniaio  $ô|)arx'  iv  li;>su  aili|HHi\  du  loiidoii  du  triceps  qu'il  Capi:s&^*;  mais  ce  u*«^t 
qu'aink^^us  tlo  ivtto  suioxtalo  qm*  ce  toudiHi  ot  les  muscles  alleiaut  touchent  à 
w^tlo  a«ti^^io  ):i«i>2ini$e  qui  ivnKinle  à  10  ou  lâctnitiniètivs  lo  loii^  du  leniur. 
tUlo  tk^^'x^ii)  Mir  U's  a4'S  do:^  cxNiil\k'>,  outre  le  penu4e  et  b  synoviale,  nisaL< 
N  111x^0  A  I  Ml  r^  uuttiiuoirx^  oiixiixiii  do^  l«oi\ls  du  cartiL&^e  julkulaire.  Elk^  cou- 
tt^iUH'  OU  qiii*k|iH*  MHîo  b  t^v"  extonn*  thi  lôiuur  ot  3<'  lOiitiuuo  en  Arrière  sur  son 
vxlixiuitc  ui^'iH'Uiw  ol  duk'^lAUs  oUo  oiix\^«'  qiiolquoïi  protoiçoiiient» dans  les  titNi< 
\.%M'%ibur^  du  W^k^i  tH«  a|^Wx|\«^4f»  d'ituii^ioii  du  ^nraml  jkM;>.'ieur.  teitc  (tMi- 
«Ik^  A)q^'H<  J«ih^1V  AU  |%H[^^4c  (k*  l*ON|\K>r  tiMiuuliin.^  huHtô  |mi  U  làfurratiiNi 
%k  U  l^«w  i|^o  «u  luut«  À  tiHit  k'  l^jie.Kul  |\«4«.ttv*u:  du  ^>  iKM  jusfu'ju  munie 


ADirElX.  35 

(iopliié  en  bas,  et  aux  insei'lioiis  condylieiiiies  des  jumeaux.  Très-épaisse  dans  toute 
celte  étendue,  elle  remplit  Tespace  poplité  avec  les  vaisseaux  et  les  nerfs  qui  la  tra- 
versent de  haut  en  bas.  J'ai  déjà  dit  que  cette  portion  du  système  adipeux  est  ordi- 
nairement grumeleuse,  formée  de  lobules  polyédriques  et  s*étend  eu  arrière  jusqu'au 
païuiicule  sous-cutané,  dont  l'aponévrose  généi*ale  d'enveloppe  de  la  cuisse  la  sé- 
pare seule. 

A  l'extrémité  inférieure  et  postérieure  de  la  jambe  on  trouve,  sous  l'aponévrose 
jambière  superficielle,  wie  couche  de  tissu  adipeux,  épaisse  sur  les  côtés  du  teudou 
d*Âcliille,  surtout  en  bas  ;  elle  est  placée  entre  ces  organes,  qui  sont  en  arrière, 
tandis  qu'en  avant  se  trouvent  le  long  fléchisseur  du  pouce,  le  flécliisseur  com- 
mun, les  péroniers,  les  vaisseaux  et  neris  tibiaux  postérieurs,  puis,  plus  bas,  le 
ligament  annulaire  postérieur  du  cou-de-pied,  et  la  partie  du  calcanéum  qui  est 
située  sur  les  côtes  et  en  avant  du  tendon  d* Achille. 

Au-devant  de  ce  ligament  et  sous  l'aponévrose  qui  sépare  ces  muscles  et  vais- 
seaux du  tissu  adipeux  précédent,  il  faut  noter  l'existence  d'un  organe  premier  adi- 
peux dense,  bien  limité,  qui  remplit  la  loge  irrégulièrement  pyramidale  à  sommet 
supérieur  interposée  à  la  gaine  du  fléchisseur  commun  en  dedans,  du  long  fléchis- 
seur du  pouce  en  dehors,  derrière  l'extrémité  inférieure  du  tibia. 

Aux  extrémités,  on  trouve  sous  le  pied  un  peu  de  tissu  adipeux  d'interposition 
pr  ooudies  ou  lobules,  selon  les  sujets,  dans  le  creux  de  la  voûte  du  tar^e  et  du 
métatarse,  en  avant  de  l'extrémité  antérieure  du  calcanéum,  entre  ces  organes  et 
les  tendons  fléchisseurs,  leur  muscle  accessoire  et  leurs  lombricaux.  Ce  tissu  adi- 
peux s'étend  en  outre  entre  le  muscle  accessoire  et  le  court  fléchisseur  ;  il  est  tra- 
versé obliquement  par  le  tendon  du  long  péronier  latéral,  par  les  vaisseaux  et  par 
les  nerfs  plantaires.  11  s'étend  en  avant  entre  les  interosseux  et  l'abducteur  oblique 
du  pouce,  etc. 

S«  Organes  premiers  adipeux  articulaires.  On  peut  diviser  ces  parties  simi- 
laires adipeuses  en  intrinsèques  et  extrinsèques.  Leur  description  mériterait  plus 
d'attention  qu'on  ne  lui  en  accorde  en  anatomie  descriptive.  Les  organes  premiers 
intrinsèques  sont  placés  dans  la  cavité  articulaire  même,  telles  que  la  délimitent 
les  moyens  d'union  des  os.  Us  sont  interposés  à  ceux-ci  en  dehors,  puis  à  la  syno- 
viale en  dedans.  Ils  tiennent  celle-ci  poussée,  en  quelque  sorte,  contre  les  surfaces 
lisses  de  glissement  ;  ils  remplissent  l'espace  compris  entre  ces  surfaces  et  les  liga* 
ments  qui  en  sont  nécessairement  écartés  en  quelqu&s  points  de  leur  longueur, 
dans  les  articulations  trochléennes  ou  ginglymoldales  surtout.  Us  ont  tous  une 
surface  d'adhésion  aux  ligaments  ou  aux  os  et  une  surface  lisse  de  glissement 
soulevant  la  synoviale,  lui  adhérant  intimement.  Généralement,  le  tissu  adipeux 
de  cette  surface  est  très-vasculaire. 

Us  ont  des  usages  qui  se  manifestent  d'une  manière  frappante  lorsqu'on  ouvre 
une  articulation  sur  le  côté  en  respectant  ces  organes  adipeux  et  faisant  mouvoir 
les  os.  On  les  voit  alors  glisser,  se  déplacer  ou  mieux  changer  de  forme  de  ma- 
nière i  combler  incessamment  les  cavités  que  tendent  à  laisser  entre  eux  les  os  et 
les  ligaments  pendant  la  durée  des  mouvements  de  flexion  et  d'extension.  Us  doi- 
vent la  possibilité  de  ce  rôle  à  la  mollesse  du  tissu  adipeux  dont  les  propriétés  tien- 
nent à  la  fois  de  celles  des  liquides  par  l'incompressibilité  du  contenu  de  ses  vési- 
cules et  de  celles  des  solides  par  la  ténacité  et  l'extensibilité  des  parois  de  ces 
éléments. 

Les  organes  premiers  adipeux  articulaires  extrinsèques  sont  au  contraire  placés 
hors  des  cavités  articulaires  entre  les  diverses  couches  de  ligaments  ou  contre 

DICT.  ERC.  II.  5 


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i"  fff*i**f9r%  pf^ifi^fi^  Màtp^itx  r^duéiems.  La  oiit^  'tKCfikatftiae  «t  odk  de  b 
/Im#>  ffi^f*^  f^h  A'ftift^  ^0â  *^f  9Ki*smnti.  àfymr\ja0^  6r  itan  jdlpeux.  MûseoCre 
|«  tw^  ét^^ftf,  4^  ip'\\0^^n  *i  b  br^  %t^jrï¥',  4ii  eiiK»l  racbkbeii,  «a  cb  mil  à  partir 
An  tff  «  ^M  4f  h  tt'f>f4^t$^,  v^r^X^e  ^>rtif:»U^.  I/r4  d^nâlioii»  qoH  y  pnrsenle  r»- 
h  ftl  '4  fjMi  4*'  fii/f^,  \ff^  U%  Ufhtu^  ynA^Bi  toute  b  «ie,  à  conptcr  de  b  pRoiière 

i^  Ufmn  9i4i\0^m  i$df»^rÊtitià'u:n  mnOitne  antsnl  de  ooncfaes  en  forme  de  demi- 
m9Wi0U%  #|Mil  f  4  A*'  \îi(Sf9$$tmU  J0iim'%  ébfttiques,  allant  d*one  bme  verfélnle à 
t'iêniff  h'n  urtyh**^  ^rfi(#^>^it  un  ftru  tor  h  lame  Tertébrale  qni  est  an-dessus  et 
HM  i^t^fnnmn,  $$t4in  il»  tiir  b  ny^miriffit  |»«  rn  entier;  œ  sont  des  rameaux  Teineui 
HiutMétfiftm/'n  H  MM  ]n*u  iU*  tiMii  lamimfijx  I4che,  (pii  se  trouve  là,  entre  le  périoste 
H  Im  iImm'  mi^m*,  I^'  rlim|Mi!  t'àu\  V4*%  ilcmi-anncaux  adipeux  s'enfoncent  directe- 
liwult  tm  rrM«  ihtitu*.  fU*\t4*iiUr%irn]u(!4*n  de  lobules  graisseux,  dans  les  trous  de  cou- 
jM|^»ii4f)M<  Klli*«M'  tiTMMMi'Mf  Ift,  ti  à  <^;  hiveau,  dechaquc  oôtcde  ladure-uiere,  elK^ 
MfMMMMni<|iM'Mt  il<«  l'uiM'  A  rnutn*^  |iar  des  traînées  de  lobules  sembbbles.  Hais  elles 
m'i'MI|mM<'MI  |hi«  «Mf  In  l'iic^*  onl/'nnun!  de  la  dnrc-mère,  contrairement  à  ce  qu'in- 
fl)f|MMMl  i|Mi«lf|iif*ii  ritili!UrN.  Crdr  tnembranc  ndhèrc  sur  la  ligne  médiane  au  surtout 
\iUfmm\U*u%  \HfnUw\ir  \wr  iU*n  ïnmvaiix  allongés,  obliques,  de  tissu  lamineux  ou 
lin  IImm  flIiinMH,  iiMi*/  lAclio  vUo'Â  IcNrnIiiiih,  iiliis  mistant  cliez  l'adulte.  Du  tissu 
IfHMiMMMi  h^«IAl'lM^  liiiiiN  (l/<|»ourvu  do  graisse,  est  interposé  aux  côtés  de  b  face 
iiMl^  iiMMo  tli*  Im  ilui'i''MW*n«  et  iMix  vointm  ou  sinus  racbidiens  qui  gagnent  le  sur- 
IfMil  litfiiMMMili'iiH  |Nmli'M'irur,  |Hinr  s'oiiloiicer  sous  lui.  Ces  bandes  transversales 
«oitti  iiniuiliiln*»  (II*  liicvu  mlipiMU  ont  une  i^pisseur  de  un  à  deux  millimètres  de 
rltiupio  M^tA  ;  Miut«  Hiir  la  li^nn  ni^Mlianc  elles  s*épaississcnt  et  s'enfoncent  dans 
riMi|tl(>nmlriUil  qiio  rmuMMil  Iph  ligauuMils  jaunes  élastiques,  entre  les  bords  in- 
If^l'lion  do  ro«  (Iciiiiorn. 

K  |Miiiii  du  liiiiil  do  lu  iV«gion  lomlmiro,  w  tissu  adipeux  devient  plus  abondant, 
pluki  i^|mi«  \  il  110  ItMiiio  pluH  Houlonioul  des  luindes  transversales,  mais  une  couche 
iiMihMuo  i|ui  i^MO  <iur  lo^  biHioM  vcittHtndos,  ixmnne  sur  les  ligaments  élastiques; 
il  iitlli^iv  mMixiMil  pln«  (\  U  dlltv>lu^lv  qu'A  «vs  oiy.in«,  tindis  que  plus  haut  c'est 
lo  i^MiIhuio  l\mlot«M<i,  IV  li}^sn  iir  s'a>nmx>  )«s  au  delà  des  prolongements  de  b 
iImiv  nnSv  d.ui»  lo«  Inm^  mobidioiisi  ol  \w  gagm^  |ws  om*orc  sa  face  antérieure.  Ce 
H  o«l  ^\Wm\  \\\wm\  do  l\  «xmplhmo  s^u^i^\tMU4iraW  et  dans  tout  le  canal  sacré  que 
n  Mo  \Mih  \\\>  oiiliMiiv  nmqilofomoni  b  duix^iinV^  et  ^*inte^pc^s^^  en  outre,  aux  gaines 
«|M  \\l  Mil nM  Aii\  \'M iui>a  xMMiv«  iW  la  q^HHie  tW»  chenal,  il  est  ainsi  plus aboa- 
d.^m  U  qM\'  |>Ml\ml  ,MlWuini  ;  d  «V^U^hI  ju?«(u  i  rovtivniité  du  cmhJ  aaè  et  se 


ADIPEUX.  55 

continue  ici  avec  lé  tissu  adipeux,  dense,  sous-cutané,  de  la  ligue  médiane  contre 
la  face  postérieure  du  sacrum. 

Le  tissu  adipeux  intra-rachidien  est  remarquable  par  sa  mollesse  et  sa  friabi* 
iité.  Il  se  réduit  facilement  sous  l'influence  de  la  moindre  traction  en  gros  lobules 
Ikiienient  unis  par  de  fins  filaments  de  tissu  lamineux  très-vasculaire  et  peu 
résistant. 

OieE  les  enfants  et  les  jeunes  sujets  il  est  jaune,  comme  partout  ailleurs  ; 
mais  chez  l'adulte,  swtout  sur  les  sujets  amaigris,  il  est  parfois  demi-transpa- 
rent par  suite  de  Tœdème  auvent  considérable  du  tissu  lamineux  interposé 
aux  lobules  graisseux.  Cet  état  œdémateux  est  principalement  prononcé  dans 
la  région  lombaire.  Le  tissu  adipeux  est  plus  ou  moins  rougeâtre  sur  quelques 
individus,  tant  par  suite  de  l'état  de  congestion  des  tissus  et  des  sinus  de  cette 
région,  que  par  suite  des  changements  de  couleur  que  nous  avons  constatés 
sur  les  vésicules  adipeuses  des  sujets  émaciés.  Il  est  commun  alors  de  le  trouver 
d  une  mollesse  remarquable  et  comparable  à  de  la  gélatine  par  sa  demi-lranspa- 
rrace. 

±*  Organes  premiers  adipeux  intra-thoraciques.  Les  uns  sont  particulièrement 
en  rapport  avec  la  plèvre,  les  autres  avec  le  péricarde  et  le  cœur. 

Les  parties  similaires  adipeuses  pleurales  sont  toutes  sous  la  plèvre  pariétale  et 
aucune  ne  répond  à  la  plèwe  pulmonaire.  Au  travers  de  la  première  on  aperçoit 
des  traînées  adipeuses  le  long  du  bord  inférieur  de  chaque  côte,  autour  des  vais- 
îieaux  et  nerfs  inteixx)staux  des  vaisseaux  mammaires  internes  ;  traînées  dont  se 
détachent  des  prolongements  qui  séparent  les  faisceaux  musculaires  de  l'intercostal 
interne.  Il  forme  parfois  de  véritables  couches  tapissant  tout  l'intercostal  interne, 
Mirtout  en  avant  et  en  arrière,  empiétant  même  sur  les  bords  des  cotes.  Quelque- 
ibb  aussi  des  lobules  aplatis  et  flottants  soulèvent  la  plèvre  vers  le  fond  de  la  gout- 
tière oosto-vertébrale  et  près  du  sternum.  Des  lobules  analogues  soulèvent  plus 
fréquemment  encore  les  plèvres  diaphragmatiques  autour  de  la  base  du  péricarde 
ou  même  près  de  sa  partie  moyenne  antérieure,  souvent  riche  en  tissu  graisseux. 
Entre  la  plèvre  et  le  diaphragme,  surtout  près  de  la  réflexion  de  celui-ci  contre  les 
cotes,  il  existe  aussi  sur  quelques  sujets  des  couches  adipeuses  minces,  d'étendue 
vairisd>le. 

Ce  tissu  adipeux  forme  souvent  une  couche  continue  et  même  épaisse  sous  la 
portion  de  la  plèvre  qui  tapisse  les  côtés  des  vertèbres,  et  au-devant  de  celles-ci 
entre  les  deux  plèvres,  c'est-à-dire  autour  de  l'aorte,  des  azygos  et  autres  organes 
k^  dans  le  médiastin  postérieur.  Dès  la  naissance,  il  y  a  des  traînées  de  petits 
lobules  adipeux,  le  long  des  nerfs  diaphragmatiques  et  autour  de  la  base  du  thy- 
mus, tissu  adipeux  qui  augmente  de  quantité  avec  Tàge. 

Les  parties  adipeuses  intra-péricardiques  ou  cardiaques  se  présentent  sous  forme 
de  traînées  ou  de  couches  parfois  lobulées  sous  le  péricarde  viscérat  seulement 
et  manquent  ft  la  face  interne  de  la  séreuse  péricardique  pariétale.  Elles  existent 
le  long  des  vaisseaux,  des  bords  droits  et  gauches  du  cœur,  surtout  du  bord  droit 
et  à  la  pointe  de  l'organe;  ces  traînées  sont  assez  souvent  larges  et  peuvent  s'é- 
tendre sur  les  faces  mêmes  de  l'organe.  La  quantité  en  est  plus  considérable  dans 
le  sillon  auriculo-ventriculaire  que  contre  les  autres  parties  du  cœur.  Là  il  forme 
souvent  des  lobules  ou  prolongements  coniques,  qui  soulèvent  le  péricarde  viscéral 
ot  ont  quelque  analogie  avec  les  lobules  adipeux  épiploîques.  Ce  tissu  se  prolonge 
un  peu  sur  l'origine  des  gros  vaisseaux,  sur  l'artère  pulmonaire  particulièrement, 
et  dans  le  sillon  qui  la  sépare  de  l'aorte. 


S6  ADIPEUX. 

Il  en  existe  presque  coustammeni  des  trainées  miuces  et  étroites  sur  les 
oreillettes;  il  y  en  a  même  souvent  des  couches  assez  épaisses  à  rabouclie> 
ment  des  veines  pulmonaires  dans  l'oreillette  gauche;  mab  tandis  qu'on  n'en 
IrouTe  que  rarement  ou  même  pas  du  tout  sur  l'iiuricule  droite,  lauriculc  gau* 
clie  en  porte  des  traînées  assez  nombreuses  formant  parfois  sur  les  faces,  sur 
les  bords  et  en  particulier  autour  des  appendices  digités  de  son  bord  inférieur 
une  couche,  presque  continue.  L'oreillette  gauche  même,  en  est  alors  tapissée  com- 
plètement. 
5"*  Organes  premiers  adipeux  introrubdaminaux  ou  sous-péritanéaux. 
Ces  organes  premiers  adipeux  sont  des  plus  intéressants.  Il  faut  distinguer  ceux 
qui  sont  spécialement  sous  le  péritoine  ^lariétal,  ou  entourent  quelquesHUis 
des  organes  contre  lesquels  passe  cette  portion  de  la  séreuse,  et  ceux  qui  sont  sous 
le  péritoine  intestinal  ou  mieux  entre  ses  feuillets  qu'il  écarte. 

De  toutes  les  parties  similaires  adipeuses  abdominales,  la  première  qui  se  dé- 
veloppe est  celle  qui  entotire  le  rein.  Dans  le  dernier  ou  les  deux  derniers  mois  de  la 
grossesse,  ce  tissu  adipeux  forme  déjà  une  couche  lobulée  à  la  circonférence  de 
cet  organe  et  vers  son  bile,  avec  des  tramées  de  lobules  rougeâtres  sur  le  rein 
lui-même.  La  quantité  de  ce  tissu  augmente  considérablement  avec  l'âge,  mais  en 
proportion  trës^diflérente  pourtant  d'un  sujet  à  l'autre. 

Chez  quelques-uns,  il  entoure  complètement  ou  presque  complètement  le  rein, 
autour  duquel  il  forme  alors  ce  qu'on  appelle  la  capsule  ou  atmosphère  adipeuse 
du  reifiy  épaisse  surtout  en  aiTière  et  en  haut.  Dans  ces  circonstances,  ce  tissu 
adipeux  est  jaune,  disposé  en  lobules,  mais  ces  derniers  ne  sont  séparés  les  uns 
des  autres  que  par  de  très-minces  couches  de  tissu  lamineux  lâche,  ce  qui  fait  que 
la  masse  est  assez  homogène,  non  gnimeleuse. 

Il  est  des  sujets,  au  contraire,  qui,  morts  sans  amaigrissement  très-marqué, 
n'ont  que  fort  peu  de  tissu  adipeux  à  la  circonférence  du  rein,  à  ses  extrémité  et 
vers  son  hile,  avec  quelques  trainées  de  lobules  rougeâtres  sur  sa  face  antérieure. 
Souvent  alors  le  tissu  lamineux  péri-néphrétique  est  œdématié. 

En  bas,  ce  tissu  adipeux  se  prolonge  dès  la  naissance  dans  le  sillon  qui  sépare 
le  psoas  du  transverse  de  l'abdomen  et  augmente  de  quantité  avec  l'âge.  Vers  le 
hile  du  rein  il  s'enfonce  plus  ou  moins  profondément  dans  cette  dépression  en  ac- 
compagnant les  gros  vaisseaux  artériels  et  veineux  de  l'organe  jusqu'au  point  où 
ils  pénètrent  entre  ses  lobes  ou  mamelons. 

Plus  bas  et  plus  en  dedans,  sur  les  côtés  de  la  colonne  vertébrale  on  en  trouve 
des  couches  ou  seulement  des  traînées  le  long  des  branches  abdominales  du  plexus 
lombaire;  puis,  plus  en  dehors,  il  y  en  a  une  couche  derrière  le  ccscum  à  droite, 
derrière  l'S  iliaque  à  gauche,  couche  qui  déborde  de  chaque  côté  ces  portions  de 
l'intestin.  Elles  se  montrent  dès  l'époque  de  la  naissance  et  même  avant,  soit  sous 
forme  de  trainées  de  lobules  rougeâtres  ou  de  couches  plus  homogènes  et  jaunes. 
Souvent  la  couche  adipeuse  placée  derrière  et  sur  les  côtés  du  coîcum  se  pro- 
longe dans  le  repli  triangulaire  péritonéal  qui  unit  l'appendice  cmcale  à  la  fosse 
liaque. 

Au-devant  de  la  colonne  vertébrale  et  sur  ses  côtés,  le  long  de  l'aorte  et  de  la  veine 
cave  inférieure,  existent  soit  des  traînées,  soit  une  couche  unique  de  tissu  adipeux; 
cette  couche  est  parfois  même  très-épaisse,  chez  les  sujets  obèses.  Elle  oommimiqiie 
en  haut  avec  le  tissu  adipeux  du  médiiastin  postérieur,  en  passant  entre  les  piliers 
et  l'orifice  aortique  du  diaphragme.  En  bas,  elle  s'étale  le  long  des  vaisseaux 
iliaques  de  chaque  côté  et  descend  sur  la  ligne  médiane,  au-devant  du  sacrnni,  et 


ADIPEUX.  57 

s'aTanœ  daos  le  méavrectuin.  Sur  les  côtés,  elle  rejoint  la  couche  dont  il  a  été  fait 
mention,  qui  accompagne  le  gros  intestin  à  droite  et  à  gauche  et  se  prolonge  dans 
1«  mésentères  correspondants  lorsqu'ils  existent. 

Presque  constamment  on  rencontre  des  traînées  de  tissu  adipeux  le  long  de 
rartère  testiculaire,  du  canal  déférent  et  des  veines  du  cordon  dans  le  canal 
ii^inal  et  au  dehors,  jusqu'auprès  de  Tépididyme.  Il  constitue  au-dessous  du 
rréroaster  des  flocons  amincis  et  allongés  ou  des  traînées^  d'un  jaune  foncé 
(Kl  rougeàtre,  séparés  les  uns  des  autres  par  des  intervalles  dans  lesquels  il 
manque. 

Pour  terminer  ce  qui  a  trait  à  la  disposition  du  tissu  adipeux  sous-jacent  au 
péritoine  pariétal,  il  importe  de  noter  la  couche  plus  ou  moins  épaisse  qui  est 
fibcée  à  la  face  antérieure  de  la  vessie,  entre  elle  et  le  pubis.  Elle  va  sur  les  côtés 
rejoindre  le  tissu  adipeux  qui  accompagne  les  vaisseaux  iliaques  et  s'avance  sur  les 
faces  du  petit  bassin  jusqu'à  celui  qui  est  en  arrière  du  rectum.  Pai*fois,  il  se  pro- 
longe contre  les  faces  latérales  et  postérieures  de  la  vessie  même  où  il  y  en  a 
toujours  un  peu  ;  dans  le  premier  cas,  ce  réservoir  est  comme  enclavé  dans  une 
masse  de  tissu  adipeux. 

De  la  £ice  antérieure  de  la  vessie  ce  tissu  remonte  contre  la  face  postérieure  de 
la  paroi  abdominale  antérieure,  le  long  dii  système  ligamenteux  sous-ombilical  qui 
se  développe  pendant  la  rétraction  de  l'ouraque  et  des  artères  ombilicales.  Il  passe 
sur  les  côtés  de  l'anneau  ombilical  et  quelquefois  derrière  lui,  pour  gagner  la  portion 
siis-ombilicale  de  la  paroi  de  l'abdomen  au  niveau  du  ligament  falciforme  et  le  long 
des  ligaments  qui  succèdent  à  la  veine  ombilicale  rétractée.  Cette  couche,  assez 
épaisse  au  bord  adhérent  du  repli  ou  ligament  falciforme  du  foie,  remonte  ainsi 
jusqu'à  la  face  concave  du  diaphragme,  où  elle  disparait  peuàpeuens'amincissant. 
(ha  quelques  sujets,  à  partir  de  la  ligne  médiane  elle  s'étale  en  quelque  sorte 
circulairement  sous  le  péritoine  contre  les  insertions  costales  du  diaphragme.  Celte 
couche  adipeuse,  qui  accompagne  les  ligaments  succédant  aux  vaisseaux  ombiUcaux, 
est  couâlante;  mais  son  épaisseur  et  sa  largeur  varient  beaucoup  d'un  sujet  à 
Vautre.  Elle  soulève  le  péritoine  au  niveau  des  ligaments  et  parfois  forme  des 
lobules  aplatb  plus  ou  moins  nombreux,  saillants  et  flottant  du  côté  de  la  cavité 
ventrale. 

Le  tissu  adipeux  placé  sous  le  péritoine  viscéral  se  développe  après  la  naissance 
en  traînées  de  lobules  longeant  d'abord  les  vaisseaux  mésentériques  et  épiploi- 
ques.  Chez  beaucoup  d'animaux,  il  reste  pendant  toute  la  vie  à  cet  état  de  bande- 
lettes jaunes  ou  blanches  dont  la  coupe  est  triangulaire  à  base  appuyée  contre  les 
vaisseaux,  dont  elles  suivent  les  branches  et  les  anastomoses.  Dans  le  mésentère 
d'abord,  puis  dans  les  épiploons,  ces  bandelettes  s'élargissent  et  se  réunissent  en 
une  couche  continue  entre  les  feuillets  péritonéaux,  qu'elles  écartent  l'un  de  l'autre 
proportionnellement  à  leur  épaisseur.  Cette  épaisseur,  c'est-à-dire  la  quantité  de 
ce  tissu  adipeux,  varie  beaucoup  d'un  sujet  à  l'autre  ;  ces  couches  peuvent  en  venir 
à  mesurer  plusieurs  centimètres.  Leur  tissu  est  alors  bomogène. 

Le  tissu  adipeux  du  grand  épiploon  et  même  celui  des  épiploons  gaslro -hépa- 
tique et  gastro-splénique  peut,  i)endant  toute  la  vie  ou  une  partie  de  l'existence 
»'ulement,  être  disposé  autrement  qu'en  traînées  le  long  des  vaisseaux  ou  qu'en 
couches  continues.  Il  est  comme  dispersé  en  petits  lobules,  écartés  ou  contigus, 
))olyédriqnes,  bien  limités,  souvent  saillants  sur  les  faces  libres  des  épiploons,  au\- 
i(uels  ils  donnent  un  aspect  élégant. 

Enfin,  il  importe  de  signaler  en  terminant  les  apjpendices  ou  lobules  graisseux 


5»  ADIPKUX. 

du  volume  d'une  noisette  ou  d*une  amande,  souvent  plus  petits,  d'autrefois,  au 
contraire,  plus  gros,  qui  font  saillie  en  soulevant  le  péritoine  à  la  surface  du  ooBCum 
et  du  reste  du  gros  intestin.  Leur  nombre  varie  beaucoup  d'un  sujet  à  l'autre, 
ainsi  que  leurs  dimensions  et  leur  forme ,  qui  est  généralement  aplatie. 

D.  Parties  similaires  adipeuses  de  constitution.  On  doit  décrire  sous  ce 
nom  les  organes  premiers  adipeux,  très-distincts  de  ceux  dont  il  a  été  question  plus 
haut ,  qui  prennent  part  à  la  constitution  d'un  certain  nombre  d'organes  seconds 
aux  lobes  ou  autres  divisions  desquels  ils  sont  interposés. 

Il  est  des  systèmes  qui  manquent  complètement  de  ces  parties  adipeuses  ; 
telles  sont  les  membranes  fibreuses  mêmes,  les  séreuses,  l'épaisseur  du  derme  et 
du  chorion,  ^es  téguments,  le  système  nen'eux  central,  les  cartilages,  les  os,  le 
poumon,  les  parois  de  l'utérus,  le  tissu  du  foie,  celui  de  la  rate,  etc.  Ces  organes 
premiers  de  constitution  sont  :  les  uns,  intra^musculaires ;  les  autres,  intra- 
glandulaires  ;  les  derniers  sont  ceux  qui  sont  interposés  aux  faisceaux  primitifs  des 
nerfs  périphériques. 

1®  Organes  premiers  de  constitution  intix^musculaires.  Ce  sont  ceux  qui 
forment  des  traînées  entre  les  faisceaux  secondaires  des  muscles.  Us  diffèrenl 
notablement  d'un  muscle  à  l'autre,  et  dans  un  même  muscle  d'un  sujet  à 
l'autre,  selon  son  âge  et  son  état  de  maigreur  ou  d'obésité.  Ce  sont  c^'s  traînées 
adipeuses,  dont  le  régime  de  l'engraissement  augmente  les  dimensions,  au 
point  parfois  de  déterminer  un  certain  degré  d'atrophie  des  faisceaux  striés  eux- 
mêmes. 

Chez  quelques  sujets  on  trouve  de  petits  lobules  adipeux  ou  des  traînées  adi- 
|)euses  entre  les  faisc^ux  musculaires  de  la  vessie  jusqu'au-dessous  de  la  muqueuse 
de  cet  organe. 

2«  Organes  premiers  de  constitution  intra-glandulaires.  Ces  organes  pre- 
miers sont  représentés  par  des  lobules  ou  même  des  couches  plus  ou  moins  épaisses 
d'un  sujet  à  l'autre,  qui  existent  entre  les  lobes  de  la  mamelle  et  même  enln^ 
ceux  des  glandes  salivaires  et  du  pancréas. 

On  en  voit  également  de  plus  petits  entre  les  lobules  de  la  th^Téoïde. 

5°  Organes  premiers  de  constitution  des  cordons  nerveux  périphériques. 
Plus  petites  que  celles  dont  il  a  été  questioa  précédemment,  ces  parties  similaires 
adipeuses  forment  de  minces  lobules  ou  filaments  graisseux  dans  le  névrilème  qui 
est  interposé  aux  faisceaux  primitifs  des  nerfs,  surtout  de  ceux  qui  ont  un  certain 
volume,  comme  ceux  des  plexus  et  des  membres.  Cu.  Robin. 

BiHjOGRAraii  :  MALncHi.  De  omentOt  pinguedine  et  adipom  ductilnu.  London.  Opéra  ommia^ 
in  Epist.  anat.  1686,  in-fol.,  p.  55.  —  Berger  (G.  A.  de).  Programma  de  membrana  cellu- 
loia,  Francofurti,  1752,  in-4.  In  Haller,  Disputât.  Anat.  Select.,  t.  ïll.  —  J.  H.  Baochierb. 
DiMertatio  de  Adipe  humano.  Ultrajecti,  1741,  in-4.  —  Hu^adld.  Sur  la  graisse,  in  Mémoire* 
de  l'Académie  royale  des  sciences  de  Paris,  1752),  édit.  in-<8,  p.  58.  --  0.  Grad^i^-».  /Mcmt- 
tatio  de  pinguedine.  Harderovic,  1767.— Grdetzmacheu  (Franc.;.  DeOssiummedulla.  Gottinga*. 
1748,  in-4;  et  in  llaller,  Disp.  Anat.  sélect.,  t.  YI,  p.  169.  —  Lorry.  Sur  la  graisse. 
In  Mémoires  de  la  Société  royale  de  médecine,  1770.  — jAxstM.  Pinguedinis  animalis  conside- 
ratio  physiologica  et  pathologica.  Lugd.  BaUv.,  1784,  in-8  —  Rbobgad.  Diss.  de  Adipe. 
Edinburg,  1780,  in-8.  —  Wolf.  De  Adipe.  In  Nova  Acta  Petropol.  1789,  in-8,  t.  Vit»  p.  278. 
—  RiRGKL.  De  uiu  glandarum  suprarenalium  in  animalibus,  necnon  de  origine  adipis 
disputaiio  anat.  physiologica.  \\aU\\x,  179;).  ^  Rrc«sing.  De  Pinguedine  sana  et  morbosa. 
Jentc,  1791,  in-4.— IIohk  'Ev.).  On  the  Formation  ofFat  in  the  Intestines  ofUMng  Ammais, 
PHlos,  Transactions,  1815.  P.  II,  art.  21, p.  227-241.  — Bigot  (Th.Tb.).  Diu.sur  lestumeurs 
graisseuses  extérieures  au  péritoine.  Thèses  de  Paris.  182i,  in-4.  —  lUrsiiiof».  Sysiem  der 
Histologie.  1822.  ln-4,  Fett.,  p.  129.— Béclard/P.  A/.  Du  tissu  adipeux.  In  Anatomie  gêné- 
^te.  Paris,  1850,  in*8,  p.  125.  —  Ra^^pail.  Hecherches  physiologiques  sur  les  graisses  et 


ADOLESCENCE.  ^  59 

nr  le  iiuu  adipeux.  RéperUkùre  Wanat^mie  et  de  phyêiologie.  Paris,  1827,  iii-S.  —  Aixhed. 
Ditt,  sieteiu  disquieitio  anatomica  pinffuedinis  animalis.  lenœ,  1825,  in-4.  —  Cubvbeul. 
Becherches  chimiques  ntr  tes  corps  gras  d'origine  animale.  Paris,  1825,  in-8.  —  KChw.  De 
PtMçuedine.  Lipsiœ,  1825,  in-4.  ~  Craigib  (David).  Adipose  Tissue.  In  The  Cydopxdia  of 
Aaaiomif  aad  Phifsiùlogff.  1856.  1. 1,  p.  56.  ~  Brmcdb  [Yi.  T.).  On  the  Fat.  In  Cyclop.  of 
ÀMi.  andPhysid.  London,  1836,  t.  II,  p.  231.  —  Paget  (James).  Heport  on  the  Hesults  oh- 
teined  by  the  Use  ofthe  Microscope  in  the  Study  of  Hum.  Anat.  and  Physiol.  1842.  In  Bri- 
tisk  and  Fereign  Médical  Heview,  t.  XIY,  p.  258.  —  Liaiio.  In  Ann.  der  Chemie  und  Pharm. 
1842.  t.  \lh  p.  273.-.  U  même,  ibid  ,  1843.  t.  ILVilI.  p.  126.  —  Pbdsox.  Note  sur  la 
formation  de  la  graisse  dans  les  oies.  In  Comptes  rendus  des  séances  de  FAcad.  des  sciences, 
1845.  t.  XXI,  p.  20. —  KôLLiuR.  Eistiologische  Bemerkungen^  n»  1.  Fettzellen.  In  Zdtschrift 

fir  WissentàhaftUehe  Zoologie.  1850.  t.  II,  p.  118. Boussingault.  In  Économie  rurale, 

t*  édit.  Paris,  1851,  ia-8,  t.  II,  p.  604.— Virchow.  Ein  Fait  «on  progressiverMusk  latrophie. 
In  Arcktvfdrpathûl.Anatomie,  1855.  in-4,  t.  VIII,  p.  538  ei  Entwickelung  der  Schàdelgrûnde. 
Berlin,  1857,  in-4,  p.  49.  —  Wittich.  Bindegewebs-Fett  und  Pigment-Zellen.  In  Archiv  fur 
pathoi.  Anatomie.  1856,  t.  IX,  p.  195.  -  Fobrstkr.  Beitràge  zur  pathologischen  Anatomie. 
ibid.,  4857, 1. 12,  p,  203  et  suiv.,  pi,  tiii,  fig.  4,  7  et  8.^RoBnf  (Gh.)  Mémoire  sur  quelques 
points  du  développement  et  de  f  anatomie  du  système  adipeux.  In  Gatette  médicale  de  Paris, 
1864,  in-4.  p.  618  et  633.  —  Robin  (Cb.)  et  Gimbert.  Sur  la  houle  graisseuse  de  Bichat,  ibid., 
1864,  p.  235.  Cn.  R. 

AlllPOCmE  (adeps^  graisse;  cera,  cire).  Fourcroy  a  coufoiiriu  sous  ce 
nom  trois  substances  bien  distinctes  par  leur  origine,  leurs  propriétés  physiques  et 
ffainoiques  et  leur  composition  :  la  première  est  la  matière  des  calculs  biliaires,  ou 
cholestérine  ;  la  seconde  est  la  Céline^  ou  hlanc  de  baleine  :  et  la  troisième,  qui 
seule  a  consené  le  nom  d'adipocirc,  est  le  gras  des  cadawes. 

Le  gras  des  cadavres  se  forme  par  la  saponific:Uion  des  tissus  animaux  restés 
loni^temps  dans  Teau,  ou  dans  la  terre  humide  ;  on  Ta  surtout  observé  dans  Texhu- 
mation  des  cadavres  du  cimetière  des  Innocents,  à  Paris.  Les  conditions  de  sa 
formation  ne  sont  pas  parfaitement  connues  ;  en  eflet,  on  a  cherché  vainement  à  les 
imiter  en  enfouissant  des  cadavres  de  chevaux  dans  les  iles  de  la  Camargue.  On  es- 
pérait obtenir  ainsi  des  savons  que  Ton  aurait  pu  utiliser  industriellement  ;  on  n 
cité  des  cas  de  transformations  adipocircuses  de  cadavres  d'enfants,  dans  des  cas  de 
grossesse  extra-utérnie. 

Fourcroy  considérait  le  gras  des  cadavres  romme  un  savon  ammoniacal  avec 
excès  de  graisse.  M.  Chevreul  a  prouvé  que  c'était  un  savon  à  base  d'ammoniaque, 
de  potasse  et  de  chaux,  formé  en  grande  partie  d'acide  margarique,  avec  très-peu 
d'acide  oléique.  D'îiilleurs,  ce  conî)X)sé  n'intéresse  réellement  ni  la  matière  médi- 
cale, ni  la  thérapeutique.  0.  Réveil. 

ABOLESCENCE  {AdoUscere,  croître,  s'accroître,  pousser,  grandir).  Une 
des  phases  de  la  période  d'accroissement,  sur  les  limites  de  laquelle  tous  les  auteurs 
ne  sont  pas  d'accord  ;  le  plus  grand  nombre  cependant  lui  donnent  pour  point  de 
départ  la  manifestation  des  premiers  signes  de  la  puberté,  c'est-à-dire  douze  ou 
treize  ans  chez  la  femme  et  quatorze  ou  quinze  chez  l'homme,  ei  la  prolongent 
jusqu'à  l'époque  où  le  corps  a  cessé  de  croître,  vingt  ou  vingt  et  un  ans  chez  la 
femme,  vingt-quatre  ou  vingt-cinq  ans  chez  l'homme.  Daubenton  la  plaçait  entre 
vingt  à  vingt-cinq  ans;  H.  Fleury  entre  sept  et  quinze  ans,  il  en  fait  donc  la  se- 
conde enfance  de  Halle.  {Voij.  Ages  et  Puberté.)  E.  Rd. 

ABOIJPHI  (CAHstian-lHicluiel).  Né  à  Hirschberg,  en  Silésie,  le  14  août 
1676,  d'un  père  marchand.  Ses  classes  terminées  à  Rreslau,  il  alla  étudier  la  mé- 
decine i  Leipzig,  puis  à  Hall,  où  il  suivit  pendant  quelques  mois  les  leçons  de  Stahl 


40  "^  ADONIOE. 

K  de  Fr.  lloflroann  ;  après  avoir  voyagé  pendant  près  de  deux  ans  en  Allemagne, 
eu  Suisse,  en  Angleterre,  en  France  et  dans  les  Pays-Bas,  il  se  fit  recevoir  docteur 
à  Utrecbt  et  retourna  à  Leipzig,  où  il  exerça  et  professa  la  médecine  avec  distinc- 
tion. Adolphi  s*est  beaucoup  occupé  d'hygiène  publique,  surtout  au  point  de  vue 
de  la  topographie  médicale;  dans  cette  étude,  il  prit  pour  exemple  Leipzig  et  les 
environs.  U  a  consigné  les  résultats  de  ses  recherches  sur  ces  questions  et  sur  la  pa- 
tiiologie  en  général,  dans  une  suite  de  vingt>huit  dissertations  présentées,  suivant 
la  mode  du  temps,  sous  la  forme  académique.  Reçu  membre  de  la  célèbre  acadé- 
mie des  Curieux  de  la  nature,  où  il  entra  sous  le  pseudonyme  d'Aëtius  11,  il  fut  un 
membre  très-actif  de  cette  société,  à  laquelle  il  communiqua  de  nombreuses  obser- 
vations. Adolphi  mourut  à  Leipzig  le  50  octobre  i  753. 

Un  certain  nombre  de  ses  dissertations  ont  été  publiées  par  groupes  de  trois,  et 
dix-huit  ont  été  rassemUées  sous  le  titre  suivant  : 

DiMMeriationeê  medko-jUtytkx  teleeUe  varii  argumenii  in  miveriitaSe  UptienH  diversù 
temparihuê  amMcriptx.  Lips.,  1747,  in-4. 

Voici  quelque»-iinesdecesdi8BerUUoDS.  —DUtert.  pMlotophica  de  iideruminftuxu  Lips., 
1700,  in-l.  — De  Marborum  per  wtanuum  attrectatione  curaiione,  Ups.,  1711,  in-4. —  De 
EqmiathmU  eximio  uiu  NKtfia». Ibid..  1715.  iii-4  et  aueta,  Ibid,  1729,  iii-4.  —De  Aert, 
$0lû,agwiset  locà  lipsietuUms.  Ibid.»  1717,  in-4.  ^  De morbit  firequeutiûribuiprotexas  dif- 
fereuim.nÀd,  1717.  in-4.  —  De$aUUfriUiteSUe»x,  Ibid.,  1719,  in-4.  —  De  îneoleiiMi matt- 
ImiM/arMiff/r  Ibid.,  1721,  in-l.  —  Tractelitfdtf  fnUibiu  qmbuêdem  toterus,  lips.  eC 
VTnti^Tis,  1733,  iii-8.  etc.  E.  B«o. 


àM&fSSm^  (A4#ala  L.).  Genre  de  plantes  de  la  famille  des  Renonculacées, 
dont  les  caractères  floraux  sont  exactement  ceux  des  Anémones  (voy.  ce  mot)  et 
qui  n'en  diflèrent  que  par  leur  périanthe  ;  car,  dans  les  Adonis^  comme  dans  les 
liCDoncules,  les  folioles  extérieures  de  ce  périanthe  sont  d'une  coloration  différente 
de  celle  des  folioles  intérieures,  et  ordinairement  verdâtres  ;  et  Ton  peut  y  distinguer 
un  calice  et  une  corolle.  Nous  avons  toutefois  cherché  à  établir,  dans  le  quatrième 
Mlome  de  YAdûnsoniûy  que  ce  caractère  a  peu  de  i-aleur  et  que  les  Adonis  pour- 
raient sans  inconvénient  être  réunis  au  genre  Anémone,  Les  ovaires  présentent 
fiirloat,  eoomie  ceux  des  Anémones,  cette  particularité  remanpiable  qu'ils  contieii- 
ir^t  dans  leur  jeune  âge  cinq  ovules,  dont  quatre  supérieurs,  disposés  par  paires, 
ft'airéCaiit  de  boone  heure  dans  leur  évolution,  tandis  que  le  cinquième,  situé  plus 
loi»  et  sur  b  li^ie  mttliane,  devient  anatrope  avec  le  raphé  dorsal  et  le  micropyle 
UMiiué  es  baut  et  en  dedans. 

b»  JWk«Mle^.  oa  plutôt,  d*après  ce  que  nous  venons  de  dire,  les  Anémones  de  b 
4«»Hmi  Ademis<,  umA  des  herbes  de  Thémisphère  boréal  de  Tancien  monde,  â 
S-...W  »k>y?«^,  tjêMlMtMipées,  pinnalipartites,  multifides.  Les  unes  sont  vivaces; 
4»^  (jau%A'^  ««  a  bit  on  ^ntwpe  particulier,  nommé  ConsUigo.  Leiu*s  fleurs  sont 
j(r'««wfa^  H  y*»%.  Lh  autres  ont  de  petites  fleurs  bbnchâtres,  jaunes  ou  plus 
«Mi-'4»c  T'Aj^'fk;  ijt  »jot  les  Adonia  du  même  auteur.  Les  botanistes  en  ont  distin- 
^  i^  m  ^BTMMd  mMiàMe  d'espèces  ;  mais  ce  sont  probablement  toutes  des  formes 
i'  «1^  «^.^  «i^^r   TiL  X4tivalU  de  Linné,  appelé  vulgairement  Goutte-de- 

1/4  Ai^mu  «6râ  yres,  îrriUnts,  vésicants  ou  caustiques.  Ce  sont  des  plantes 
':*'y090n\M^%  H.  ti^>-dan?ervuse5.  On  cropit  autrefois  T infusion  de  l'A.  xttivolis 
»^A^A  *9mâj>.  b  («rreet  b  colique.  Les CofiWiiyo,  c*e$t4-diiT  les  A,  vematisL. 
>•  «i^.'Yor.cjM  L  ,  Mot  emménaiFOigues,  et,  au  dire  de  Pallas  {Vaifage,  II,  127  ; 
M  2K  vi  «»%  «»(iMr  en  Sibérie  comme  abortifs»  sous  le  nom  de  Starodoubka. 
■  ..MMM  v»n.tt^  ;  ^  C^  «ic^ki»^  de  ces  |ibntes  ont  les  munies  propriétés  que  l'Ilel 


ADR.\GANT1NE.  4! 

léiiore.  Les  apothicaires  de  son  temps  les  considéraient  comme  étant  le  yéritable 
Heiléijore  d'Hippocrate  ;  ils  substituaient  leur  souche  à  celle  des  Helleborus  niger, 
viriiis^  odarus  et  orientalU. 

Les  mêmes  propriétés  dangereuses  se  retrouvent  dans  un  certain  nombre  d'es- 
pèces du  Cap  attribuées  par  Linné  au  genre  AdaniSy  et  dont  Salisbury  a  fait  le 
genre  KnawUania  {wy,  ce  mot).  H.  Bn. 

L.  GcH.,  698.  ~  D.  C.  Prodrom,,  \,  32.  —  Spach,  Sitt/ei  à  Buffon,  VII,  226.  —  Ekdl.  Gen,, 
D.  4718.  ^  Beotb.  et  Hoos.  r.  Gen.,  5.  —  H.  Bx.,  in  Adansonia,  lY,  27,  52. 

ABOdClSSAlVT.     Voy.  Calmant,  Ëhollient. 

Genre  de  plantes  dicotylédones,  que  leurs  affinités  multiples  ratta- 


chent d'une  part  aux  Caprifoliacées  par  les  Sambucinées,  et  d'autre  part  aux  Ara- 
liacées  par  les  Lierres.  De  CandoUe  les  a  placées  parmi  les  Araliacées,  et  A.  L.  de 
Ju<sieu  parmi  les  Saxifragées.  Hais  tout  nous  porte  à  croire  que  c'est  aux  Sambu- 
rinces  qu'on  doit,  en  effet,  réunir  les  Adoxa.  Leurs  fleurs  sont  disposées  en  une 
sorte  d'épi  court,  au  nombre  de  cinq,  au  sommet  d'une  hampe  commune.  La  fleur 
terminale  est  tétramère  ;  les  quatre  fleurs  latérales,  décussées  autour  d'elle,  sont 
au  contraire  pentamères.  Dans  ces  dernières,  on  observe  un  réceptacle  concave, 
ce  qui  fait  que  l'ovaire  est  en  partie  insère  ;  et  ce  réceptacle  porte  sur  ses  bords, 
le  calice,  une  corolle  gamopétale  et  cinq  étamines  alternes  avec  les  divisions  de 
b  corolle  qui  les  porte,  mais  à  connectif  si  profondément  partagé  en  deux  branches 
ascendantes,  portant  chacune  une  loge  de  l'anthère,  qu'on  serait  tenté  de  croire 
à  l'existence  de  dix  étamines.  L'ovaire  est  à  cinq  loges  unio^iilées  ;  et  les  ovules 
insérés  dans  l'angle  interne,  sont  suspendus  avec  le  raphé  dorsal.  Le  fruit  est  une 
drupe  à  cinq  noyaux  minces,  contenant  chacun  une  graine  pourvue  d'un  embryon 
peu  vdumineux,  enveloppé  d'un  albumen  abondant. 

La  seule  espèce  de  ce  genre  est  une  petite  plante  indigène,  à  rhiasomes  charnus, 
chargés  d'écaillés  et  dont  les  petits  rameanx ,  sortant  de  terre  au  printemps, 
portent  des  feuilles  opposées,  découpées  en  folioles  incisées  et  se  terminant  par  le 
groupe  de  cinq  fleurs  dont  nous  avons  parlé.  C'est  VA.  Moschatellina  L.  ou  Mos- 
cateÙine  printaniêrey  ainsi  nommée  à  cause  de  l'odeur  musquée  de  ses  fleurs 
et  de  ses  feuilles.  Cette  odeur,  que  l'addition  d'une  petite  quantité  d'ammo* 
niaque  rend  encore  beaucoup  plus  vive,  a  valu  à  cette  plante  ses  noms  vulgaires  de 
Mme  végétaly  Herbe  du  Musc,  Petite  Musquée.  On  a  conseillé  l'emploi  de  cette 
herbe  contre  les  accidents  ataxiques  et  adynamiques  qui  compliquent  les  fièvres 
^ves,  contre  les  convulsions  et  les  attaques  d'hyslérie.  Elle  s'administre  en 
électuaire,  siiop,  pastilles,  pilules  et  oléo-saccharure.  On  doit  la  récoller  au  pre- 
mier printemps,  quand  elle  entre  en  floraison  ;  car,  après  ce  temps,  toutes  les 
parties  aériennes  de  la  plante  dispaiaissent.  H.  Bif . 

AMIACIANTHE  (GoMMe).      Yoy,  GoMME. 

ABBACIANTIIVE.  nom  donné  par  Devaux  au  principe  gommeux  immédiat 
de  la  gomme  ndragante.  On  l'a  nommé  encore  Astragaline,  et  Guérin,  l'ayant 
r^xtraite  de  la  gomme  de  Bassora,  lui  a  donné  le  nom  de  Bassorlne;  toutefois  on 
dit  fpi'elle  se  distingue  de  celle-ci  en  ce  que,  traitée  par  l'acide  azotique,  elle 
donne  de  l'acide  mucique  en  abondance,  tandis  que  la  bassorine  produit  surtout 
de  l'acide  oxalique  ;  mais  cela  pourrait  bien  tenir  à  la  proportion  d'acide  azotique 
employé,  puisque  l'on  sait  que  cet  acide,  transforme  l'acide  mucique  en  acide 
o\»liqne.  Enfin  quelques  auteurs  fjensent  que  la  matière  gommeuse  qui  constitue 


4S  ADYNANIË. 

la  gomme  du  pays,  el  que  i*oii  a  désignée  sous  le  nam  de  Cérasiney  est  analogue 
à  TÂdragantine.  Ces  matières  se  gonfleut  beaucoup  dans  Teau  sans  se  dissoudre  â 
chaud  ;  mais  elles  s'altèrent  et  deviennent  solubles  dans  Teau  froide  par  une  ébul- 
lition  prolongée,  Tacide  sulfurique  les  change  en  une  substance  sucrée  non  fer- 
mentcscible.  0.  Revsil. 

ADULTE  (adultus).  Age  adulte.  C'est  la  période  de  la  vie  où  Thomme  est 
arrivé  à  son  état  de  développement  complet,  {Voy.  Age.)  E.  Bgd. 

ADUIiTÉBATION.      Voy.  FALSIFICATION. 

ADUSTIOW.     Voy,  Cautérisation. 

ADYWAmilE  (a  privatif,  ^Oya^Ai;,  iorce,  puissance).  La  signification  de  ce 
mot  a  sensiblement  varié  dans  le  cours  des  temps.  Au  sens  étymologique,  il  veut 
dire  faiblesse^  débilité,  impuissance,  et  c'est  dans  cette  acception  qu'il  a  été 
d*abord  usité.  Il  a  même  été  appliqué  à  Timpuissance  de  l'art.  On  a  dit,  par 
exemple,  que  ïAdynamie  de  l'art  rendait  telle  ou  telle  maladie  incurable  (Blan* 
cnrd)  ;  mais  généralement  il  s'entendait  de  la  faiblesse  du  corps. 

Quelques-uns,  considérant  que  la  faiblesse  devient  le  trait  prédominant  de  cer- 
taines maladies,  en  ont  fait,  mais  à  des  points  de  vue  divers,  un  élément  de  classi- 
fication  nosologique.  Ainsi  dans  la  classification  de  Cullen,  les  Adynamies  fonncnt 
le  deuxième  ordre  des  Neuroses.  Cet  ordre,  dit-il,  comprend  les  maladies  dans  les- 
quelles il  y  a  «  diminution  des  mouvements  volontaires,  tant  vitaux  que  naturels,» 
embrassant  les  Leipopsyehies  (quatrième  ordre  de  la  classe  des  DAUités,  de  Sau* 
vages)  et  les  syncopes,  la  dyspepsie  ou  indigestion,  l'hypochondrie  ou  les  ^-apeiirs 
{Éléments  de  médecine  pratique),  Vogel  réunit  dans  sa  sixième  classe  tous  les 
modes  d'expression  de  l'adynamie  considérée  dans  les  sensations,  les  mouvements 
volontaires  et  les  fonctions  naturelles,  réser\'ant  néanmoins  plus  spécialement  b 
qualification  d*adynamique  aux  afiections  caractérisées  par  l'alMittement  des  forces, 
par  une  extrême  diminution  de  l'énergie  musculaire.  Vint  Pinel,  qui  imposa  l'épi- 
Ihète  d  adynamique  à  son  quatrième  ordre  de  fièvres,  jusque-là  désignées  sons  le 
nom  de  fièvres  putrides.  Quel  était,  pour  le  célèbre  nosographe,  le  sens  précis  de 
citte  nouvelle  dénomination?  Dans  le  seul  endroit,  croyons-nous,  de  ses  écrits  où 
il  ait  donné  une  définition  de  l'adynamie  (article  du  Dictionnaire  en  60  t^^ 
/times) ,  c'est,  suivant  lui,  un  terme  qui  a  pourrait  être  d'une  extension  illimitée,  » 
mais  <  proprement  consacré  à  une  diminution  très-notable  de  contractilité  mus- 
culaire qui  distingue  particulièrement  certaines  maladies  aiguës  ou  une  dispositioo 
particulière  à  les  contracter.  »  L'adynamie  est  donc  «  proprement  »  une  prostra- 
tion musculaire  ;  mais  dans  la  suite  de  cet  article  même,  et  plus  encore  dans  b 
Nosographib  philosophique  ,  le  commentaire  du  mot  emporte  une  signification 
beaucoup  plus  étendue.  En  eflet,  après  avoir  donné  de  l'adynamie  la  définition 
qu'on  vient  de  voir,  l'auteur,  citant  en  exemple  la  fièvre  adynamique,  montre  la 
chute  des  forces  s'annonçant  par  «  le  coucher  en  supitiation,  la  vue  éteinte^  h 
lenteur  de  la  parole;  b  et,  dans  la  Nosographie,  c'est  en  partie  par  Texisteoce 
de  symptômes  étrangers  aux  fonctions  musculaires,  tels  que  la  stupeur,  le  vertige, 
le  trouble  des  facultés  intellectuelles,  qu'il  motive  son  innovation.  Aussi,  depiii< 
cette  époque,  les  symptômes  attribués  auparavant  à  la  putridité  restèrent-ils  alla- 
rhés  à  ridée  d'adyiiamie  ;  à  ce  point  que  certains  auteurs  des  plus  recomman- 
dablos,  tout  eu  n'oubliant  pas  Télymoloj^ie  du  mot ,   le  rendent  positivement 


ADYNAIIIË.  43 

rangent  parmi  les  caractères  de  Tétat  morbide  que  ce 

^nliginosités  et  les  eschares.  Ceux  qui  ne  vont  pas 

'  abattement  des  traits,  la  flaccidité  des  chairs. . . . 

oiiltés  aflectives  et  intellectuelles,  la  fai<* 

<.  »  (Chomel,  Des  fièvres  et  des  tnala- 

Mr  répète  à  peu  près  cette  défmition 

'fumes. 

hmamie  son  sens  le  plus  gê- 

<  0  mot  était  le  seul  qui  eût 

Mais  l'existence  d*un  autre  mot 

i.iiblesse  et  néanmoins  n'ayant  pas 

(ient,  nécessite  de  poser  entre  les 

I  as>ez  délicate.  La  différence  d'acception 

\iiiologie,  chacun,  on  le  comprend,  ne  s'y 

>  .(  In -dessus  point  de  règle  absolue.  Voici  pour- 

■  I-  ilier  le  mieux  avec  la  clinique,  qui  doit  être  en 

'  oinme  arbitraire  le  caractère  distinctif  que  certains  au- 

•  r  lie  l'absence  ou  de  la  présence  de  lésions  organiques,  ce 

.!  ilo  Tadynamie,  et  le  premier  celui  de  l'asthénie.  Adynamie 

•  •  ii\  états  de  l'organisme  qui  peuvent  et  doivent  être  considérés 

,  en  tant  que  modes  de  déchet  des  forces  vitales,  reconnaissant 

[•aliciilières  et  réalisant  des  effets  qui  leur  sont  propres.  Or,  pour 

iviiamie  se  caractérise  par  les  circonstances  suivantes  : 

Llle  e>t  un  état  toujours  général,  n'atteignant  pas  isolément  telle  ou  telle 

.•>ii,  comme  la  fonction  digestive,  telle  ou  telle  propriété  de  tissu,  comme  la 

-ihilité  ou  la  motilité,  mais  portant  sur  l'agrégat  tout  entier,  et  conséquemment 

•^iiblant  l'ensemble  des  fonctions  et  des  propriétés,  bien  qu'elle  puisse,  selon 

"  degré  actuel  d'activité  vitale  qu'elle  rencontre  dans  les  organes  et  selon  la 

tiispositioo  de  santé  où  ceux-ci  se  trouvent,  ne  pas  les  affecter  tous  à  la  fois  ni 

'également.  La  fièvre  typhoïde,  où  l'on  voit  la  lenteur  des  mouvements,  l'hébc- 

lude,  la  dureté  de  l'ouïe,  l'hémorrhagie  passive,  la  paralysie  de  la  ves»e  coïncider 

souvent  avec  la  force  et  la  fréquence  du  pouls,  offre  l'exemple  sans  doute  le  plus 

irappant  de  la  généralisation  de  la  débilité,  traversée  par  la  surexcitation  de  l'ap- 

(oreil  circulatoire.  Et  cet  exemple  montre  que  <  la  faiblesse  des  pulsations  du 

(tpur  et  des  artères  •  n'appartient  pas  aussi  essentiellement  que  le  pensait  Chomel 

à  l'état  adynamique. 

2^  Cet  état  est  toujours  pathologique,  c'est4-dire  qu'il  implique  la  maladie, 
HHl  qu'il  la  constitue  par  lui-même,  sans  détermination  positive  de  forme  nosolo- 
gique,  comme  on  le  voit  sous  l'influence  de  certaines  conditions  météorologiques 
ou  de  certaines  impressions  morales  ;  soit  qu'il  accomj  agne  une  affection  nosdo- 
^'iquement  caractérisée.  Dans  ce  dernier  cas,  l'adynamie  est  une  des  manifesta- 
lions  de  l'état  morbide,  elle  peut  imprimer  son  cachet  aux  symptômes  et  aux 
iésions,  die  peut  même  en  causer  d'accessoires  ;  mais  elle  n'est  pas  l'élément 
initial,  ni  le  régulateur  de  la  maladie  principale.  La  lièvre  typhoïde,  le  typhus, 
(certaines  dysenteries,  certains  érysipèles,  quoique  adynamiques,  ne  viennent  pas 
^  i'adynamîe  et  ont  un  processus  indépendant  de  l'adynamie. 

•V  L'état  adynamique  est  toujours  accidentel  et  transitoire.  Il  n'est  pas  inhérent 
^  une  oonditioa  innée  et  permanente  de  l'économie.  Un  individu  peut  avoir  les 


44  iEGIPHILA. 

cliaii^  flasques,  les  mouvements  lents,  quelques-uns  même  impossiUâSy  rintelli- 
genoe  obtuse  ;  ce  sera  un  être  faible,  un  paralytique,  un  idiot;  ce  ne  sera  pas  un 
adynamique.  On  ne  naît  pas  dans  radynamie  ;  oiî  y  tcmibe,  suivant  Texpression 
habituelle. 

Ces  trois  caractères  principaux,  on  l'a  remarqité  sans  doute,  concourent  à  une 
interprétation  de  l'adynamie  conforme  à  la  vieille  signification  médicale  du  mol 
grec  ^vvapiç,  qui  est  la  force ,  variable  suivant  les  systèmes,  par  laquelle  s'accom- 
plissent les  actions  vitales,  et  qui  a  même  servi  à  dénommer  un  groupe  de  doc- 
trines médicales.  Us  accusent,  théorie  à  part,  une  perturbation  profonde  de  Yéco- 
nomie  tout  entière.  Par  là  ils  distinguent  parfaitement  l'adynamie  de  rasthénie. 
L*asthénie,  en  eifet,  telle  que  nous  la  définissons  ailleurs  (vay.  ce  mot),  est  le  plus 
souvent  locale  ;  elle  est  plutôt  un  état  spécial  de  l'organisme  qu'un  état  patholo- 
gique ;  elle  règle  communément  la  marche  des  maladies  auxquelles  elle  est  liée, 
et  peut  même  en  constituer  le  caractère  essentiel  ;  elle  peut  enfin  être  congénitalr, 
ou  bien,  produite  accidentellement,  se  montrer  permanente. 

Entendue  comme  nous  venons  de  le  dire,  l'adynamie  est  primitive  ou  consécu- 
tive. C'est  la  principale  distinction  à  laquelle  il  convient  de  la  soumettre,  parce 
qu'il  en  résulte  des  diflerences  dans  le  tableau  symptomatologique  du  mal  aussi 
bien  que  dans  le  pronostic  et  dans  les  indications  du  traitement.  Elle  varie  de 
degrés,  d'expression,  de  valeur  sémiologique,  suivant  diverses  circonstances  telles 
que  l'âge,  la  constitution,  le  tempérament,  les  affections  concomitantes,  etc.  Mai« 
ces  diflérents  points  de  vue,  avec  ceux  qui  se  rapportent  aux  autres  formes  de  la 
débilité  (a>thénie,  atonie,  ataxie), seront  réunis  dans  mie  étude  commune  à  l'article 
Forces.  Il  ne  s'agissait  ici  que  d'une  caractéristique  générale  de  l'adyn^ie. 

A.  Deghambrc. 

• 

iCCiDiUM  (Pers),  Voyez  Ecidiuh. 

iCCIACIBOnLE.    Voy,   ËGAGROPILE. 

iCiSiDii;»  cesBOUBNSis.  Voy,  Gilles  de  Corbeil. 
iSQBUTA  (Link),  Voyez  Ëgerita. 

iCCilWÉTlB,  jEginetia.  Nom  doiuié  par  Cavanilbes  à  un  genre  de  plantes 
dicotylédones,  appartenant  à  la  famille  des  Rubiacées,  et  par  Linné  (Spec,^  éd.  1", 
p.  362)  à  un  autre  genre  de  la  Ibmillc  des  Orobancliées.  Ce  dernier  seul  a  \m 
c^tre  conservé,  et  intéresse  seul  la  médecine.  Rheede  {Horl,  Malabar, ^  X,  pi.  47) 
ot  Roxlnirgh  en  avaient  fait  d'abord  une  simple  espèce  du  genre  Orobanche,  soii> 
le  nom  de  0.  acaulis.  Mais  Roxburgh  i-econnut  plus  tard  (P/.  Coromandel.,  1. 1, 
p.  63,  pi.  91)  que  le  genre  Mgineiia  devrait  être  conservé  comme  distinct,  à 
cause  de  son  calice  en  forme  de  sac,  enveloppant  le  reste  de  la  fleur  et  fendu  lat**- 
ralement  dans  sa  longueur  lors  de  l'épanouissement,  et  à  cause  de  sa  corolle  bilabitV 
et  de  sa  capsule  qui  s'ouvre  irrégulièrement  en  deux  valves,  portant  cliacune  les 
placentas  et  les  graines.  L'espèce  usitée  dans  la  niéilecine  indienne  est  Y  M,  indica 
lie  Roxburgh  ou  Tsiem-Cumulu  des  Halabares.  C'est  une  petite  plante  à  tiges  char- 
nues, glabres,  sans  feuilles  pi^oprement  dites,  et  ne  portant  que  des  écailles  cdo- 
kVs.  On  la  broie  avec  du  sucre  et  de  la  muscade  pour  composer  un  médicaoti'iU 
antisoorbutique,  qui  raflermit  les  dents  et  corrige  la  fétidité  de  l'haleine. 

II.  Bn. 


.CGLE.  45 

Genre  de  plantes  dicotylédoues  établi  par  Jacquiu,  et  apparte- 
nant à  b  famille  des  Verbénacées.  M.  Bocquillon,  dans  la  Revue  qu  il  a  donnée  de 
re  groupe,  place  les  jEgiphib  dans  la  seconde  série  des  genres  de  cette  famille, 
série  caractérisée  essentiellement  par  la  régularité  de  la  corolle  et  la  présence  de 
deux  placentas  pariétaux  latéraux  biovulés,  dans  un  ovnii'e  uniloculaire.  Les  jEgi- 
jéila  ont  des  fleurs  tétramèrcs  ;  cependant  Jacquin  en  a  représenté  {HaH,  Schôn- 
kttii.»  t.  XLVI)  qui  sont  pentamères.  Avec  le  type  4,  elles  ont  un  calice  gamosé- 
file  fégulier  à  quatre  lobes,  une  corolle  tubuleuse  à  quatre  lobes  également,  et 
qoaitre  êtamines  ^les  insérées  sur  la  corolle  et  répondant  à  Tintervalle  de  ses 
Ânsions.  L*ovaire  est  supère,  surmonté  d*un  style  à  deux  branches,  dont  l'cxtré- 
jnité  est  stigmatifere.  Les  deux  OMiles  que  supporte  chaque  placenta,  sont  liémi- 
(ropes  et  ascendants,  avec  le  micropyle  tourné  en  bas.  Le  fruit  est  une  drupe 
inlourée  da  calice  persistant  ;  elle  renferme  quatre  noyaux  monospermes ,  et 
chaque  graine  contient  sous  son  tégument  un  embryon  dépourvu  d'albumen.  Les 
jEgiphila  sont  des  arbustes  de  l'Amérique  tropicale,  à  feuilles  opposées  ou  verli- 
rillées,  sans  stipules  et  à  fleurs  disposées  en  cymes  bipares  composées,  terminales 
ou  a\illaires. 

La  seule  espèce  qui  ait  des  propriétés  remarquables,  est  originaire  de  Saint- 
Tliomas,  sur  les  bords  de  l'Orénoque.  Humboldt  et  Bonpiand  nous  ont  appris 
qu'elle  y  est  considérée  comme  un  puissant  remède  contre  la  morsure  des  serpents. 
Ses  feuilles  à  odeur  létide  sont  mâchées  et  appliquées  sur  la  plaie,  tandis  qu'on 
en  administre  à  l'intérieur  une  forte  décoction.  C'est  pour  cette  raison  que  Kuntli 
a  nommé  cette  espèce  jE.  salutaris.  II.  B.x. 

Uagm,  Mort.  SckSnbr,,  t.  XVIL.—  Ofr«.  botan.,  II,  3,  t.  XIVII.^  IL  B.  K.,  Nav.  gen. 
rt  spee,  pi.  CEquin  ,  l\,  249,  t.  150.  —  Bocquiixos,  Revue  du  gr,  deê  Verbénacées,  O'i, 
i.  IX. 


Genre  de  plantes  dicotylédones,  voisines  des  Oi*angers,  mais  qui  en 

tliflerent  essentiellement  en  ce  que  leurs  fleurs  ont  des  êtamines  libres  et  non  po- 

Uadelphes.  D'ailleurs,  le  nombre  de  ces  êtamines  est  variable,  de  même  que  dans 

les  CUms;  il  peut  s'élever  jusqu'à  quarante  environ,  et  leur  insertion  est  hypogyne. 

Les  pièces  du  calice  et  de  la  corolle  sont  au  nombre  de  quatre  ou  cinq ,  et  les  loges 

ovariennes  sont  aussi  en  nombre  variable  et  multiovulées.  Le  fruit  est  charnu,  â 

écorœ  dure,  multiloculaire  et  polysperme.  Les  graines  dépourvues  d'albumen  ont 

un  tégument  extérieur  reoouveii  de  saillies  laineuses  et  baignent  dans  une  pulpe 

mucilagineuse  abondante.  On  ne  connaît  de  ce  genre  que  deux  ou  trois  espèces 

qui  habitent  l'Inde,  l'archipel  Indien  et  l'Afrique  occidentale.  Ce  sont  des  arbi-cs 

chargés  d'épines  et  de  feuilles  alternes  trifoliolées,  parsemées  de  réservoii*s  d'huile 

essentielle  translucides.  Leurs  fleurs  sont  groupées  en  grappes  de  cymes  à  l'aisselle 

des  feuilles.  L'espèce  la  plus  célèbre,  au  point  de  vue  médical,  est  l'if.  Marmelos 

de  Correa,  appelé  autrefois  par  Linné  Cratxva  Marmelos,  et  par  lloth  Feronia 

peltucida.  Elle  se  trouve  dans  toute  l'Inde  orientale.  Son  tronc  dressé  est  recouvert 

d'une  écorce  cendrée.  Ses  épines  sont  épaisses  et  rigides  ;  ses  folioles  oblongues, 

crénelées,  inégales  ;  ses  fleurs  larges  et  blanches.  Le  fruit  est  sphcroïdal,  avec  une 

quinxaine  de  loges  qui  contiennent  ce  suc  glutineux,  transparent,  dont  le  goût  est 

délicieux,  et  qui,  suivant  Roxburgh  (Flof\  ind.,  Il,  579),  est  nourrissant,  apéritif 

et  légèrement  laxatif.  C'est  le  Bilva  ou  Mahura  des  habitants;  Bauhin  l'avait 

•ippdé  Cydonia  exotica^  à  cause  de  la  ressemblance  du  fruit  avec  un  coing.  Il  est 

en  outre  détersif  lorsqu'il  est  mûr  ;  tandis  que,  vert  encore,  il  réussit  très-bien 

contre  b  diarrhée  et  V\  dysenterie.  Pour  les  médecins  du  Malabar,  c'est  une  sorte 


U  .ESCUYKOMÈ.NE. 

de  painfre  unnreneHe.  La  ncine  s'administre  eo  déooetion  dans  l'hypocfaondrie,  la 
néfaocofie,  les  palpitations  du  cœur.  L'infusion  des  feuilles  se  prescril  flans 
Tastlmie.  A  Cejlan,  le  péricarpe  sert  à  préparer  un  pârfmn  exquis.  En  même  temps, 
le  bots  est  dur,  propre  aux  constructions  ;  le  fruit  sert  encore  à  préparer  nne 
Leiie  teinture  jaune,  et  la  substance  gluante  qui  entoure  les  graines  s'ajoute  au 
ciment  pour  lui  donner  une  plus  grande  consistance.  H.  Bfl. 

Comnà,  in  ÎJmt.  Traiwut.,  Y,  2i9.  —  Ron,  Nav.  Spee.,  384.—  Rhbem,  MëMûr.,  III. 
pi.  51.  —  Rnmniri,  Ambom.,  I,  pi.  81.— Roxi.,  PI,  Coromand,,  II,  pi.  143;  Fhr.  imd..  II. 
519.  —Yitun  ei  Anv.,  Prodrom.,  \,  96.— D.  C,  Prodramtu,  I,  558.  —H.  Bx..  DeiaflnmélU 
ée$  Awiimiiaeée*  .Ibéses  de  1855).  18,  36,  54.  —  Puleira,  Mat.  méd.,  II,  3,  549. 


.    Voy,  ÉCOPHOHIE. 

Genre  de  plantes  de  la  famille  des  OmbelliRares,  dont  une  cs- 
|tnic  a  été  employée  en  médecine,  sous  le  nom  de  Podctgraire  {voy,  ce  mot). 

AiSRATlOM.  Voy,  Ventiution. 

AÉBMVteAriE.  Le  séjour  plus  ou  moins  prolongé  dans  une  euœintc 
d^ifit  Tair  a  été  artificiellement  raréfié,  est  regardé  })ar  Jourdanet  comme  proprt.* 
h  imprimer  dlieureuses  modifications  à  certaines  prédispositions  ou  à  certains  états 
morbides,  et  ce  médecin  donne  le  nom  à* Aérotliérapie  k  l'emploi  de  cette  méthode 
|iropli}lactif|Uc  ou  curativc.  —  Celte  dénomination  nous  semble  impropre  pour 
\Autmir%  mwns  :  d'abord,  les  partisans  de  l'emploi  thérapeutique  de  l'air  com- 
primé \v  (iréconiscnt  dans  des  circonstances  à  peu  prhs  identiques  à  celles  qui , 
Miivant  Jourdam*t,  réclament  l'emploi  de  l'air  raréfié.  En  second  lieu,  d'après 
IV'ljniokigie,  l'expression  d* Aérothérapie  serait  plutôt  applicable  aux  effets  hygié- 
$ùnw%  ou  théra[ieutiques  que  le  praticien  se  propose  d'obtenir  pour  le  malade,  en 
Ut  faisant  clianger  d*atr,  en  le  plaçant  dans  un  autre  milieu  atmosphérique.  — 
1)  après  ces  considérations,  nous  croyons  devoir  renvoyer  Texamen  des  effets  de  l'air 
raréfié,  comprimé^  etc.,  aux  paragraphes  de  l'article  atmosphère,  oonsacivs  ù 
l'étude  des  phénomènes  que  produit  l'air  sur  les  êtres  organisés,  et,  en  particu- 
lier, sur  riiomme.  G....D. 

.fiBVA.  Genre  de  plante  de  la  famille  des  amaranthacées.  Jussieu  a  uomnié 
Al,  lanala  YAchyranthes  lanaUi  de  Linné,  plantequi  fournit  la  racine  de  CAoya, 
adoucissante,  nmcilagineuse,  légèrement  salée,  diurétique  et  dépurative,  oomine 
pluMiMirs  autres  espèces  du  même  genre.  (Voy.  Acrtrahthes.) 

.MCr LACHES,  iCHCULI!VÉE9  OU  HIProCASTANÉBS.  Famille  de  plante» 
qui  lire  son  nom  de  VjEscultut  Hippocastanum  ou  Maironnier  dinde  (voy.  ce 
mol),  cl  qui  doit  être  supprimée,  [rour  ne  constituer  qu'une  section  de  la  famille 
di*s  SapindacéeS)  caractérisée  par  ses  feuilles  opposées,  sans  stipules,  composées- 
illgilécM,  ses  |)étiiles  sans  ap|)endiccs,  la  direction  de  ses  ovules  et  sa  graine  à  largv 
hilo  cl  i\  gros  embryon  charnu  dépourvu  d'albumen. 

/MN'HYl^OMèNB.  Genre  de  planlcB  de  la  famille  des  Légumineuses  et  de  la 
trilfti  des  Pnpiliorlncéos,  très-voisin  des  Gaïega  et  des  Sainfoins  (voy.  ces  mois), 
•tivpiels  GaTtncr  voulait  même  qu'on  luppOrtul  les  diflerentes  espèces  d'^Cfc/iy- 
nfhfU'Hr,  ailniiwM  de  son  lemps.  Le  genre  a  néanmoins  été  conservé  à  cause  de  la 


£8TUÉS10MÈTHE.  47 

forme  de  sod  calke,  qui  est  à  deux  lèvres,  de  la  brièveté  de  la  carène  et  de  la 
fonne  de  la  gousse  longue,  comprimée  et  articulée,  comme  celle  des  Hédysarées. 
Le  caractère  le  plus  remarquable  estoiTert  par  l'androcée,  qui  est  diadelphe,  mais 
dont  la  diadelphie  est  égale,  les  deux  étamines  étant  réunies  en  deux  faisceaux  de 
dnq  éUmines  chaque.  Tous  les  ^schynomènes  habitent  les  contrées  chaudes  de 
TAsie  ou  de  l'Aroérique  ;  ce  sont  des  herbes  ou  des  arbustes  à  feuilles  imparipen- 
nées  et  à  fleurs  ordinairement  jaunes  disposées  en  grappes  axillaires  ou  termi- 
nales. 

VjE.  aspera,  L.,  est  une  plante  indienne  employée,  suivant  Hamillon,  contre  les 
hydropîsies. 

Plusieurs  autres  espèces,  notamment  YjE.  paludosa^  fournissent  mie  moelle 
aixNidante,  très-ténue  et  très-spongieuse,  employée  à  la  fabrication  de  coilTures 
très-légères  et  très-hygiéniques  et  de  quelques  autres  objets  analogues.  Mais  les 
espèces  autrefois  rapportées  à  ce  genre  et  les  plus  usitées  dans  la  médecine  des 
pays  chauds,  telles  que  ÏjE.  grandifloi'ay  VjE.  Sesban,  etc.,  appartiennent  main- 
tenant aux  genres  Sesbania,  Agati  (voy,  ces  mots). 

MM.  Mérat  et  de  Lens  {Dict. ,  I,  86)  pensent  que  V  JEsàiynomène  de  Pline  et 
dWcosta  n'est  autre  chose  que  la  Sensitive  [Mimosa  ptidica  L.).  H.  Bn. 

.fiSdxnvB.  Yay.  Marron  d*Ikde. 


{atirOtifTiç,  sensibilité;  far/dov,  mesure).  Instrument 
pour  la  mesure  de  la  sensibilité  tactile  à  Tétat  normal  et  dans  les  cas  d'anesthé- 
^  et  d'hyperesthésie.  Les  belles  recherches  d*Emest-Henri  Weber  sur  la  sensibilité 
tictile  ont  démontré  que  lorsqu'on  applique  simultanément  les  deux  pointes  d'mi 
compas  sur  la  peau  d'un  homme  à  l'état  de  santé,  il  les  sent  comme  s'il  n'y  en  avait 
qu'une  ou  bien  les  sent  toutes  deux  distinctement,  suivant  la  distance  qui  sépare 
ces  pointes  Tune  de  l'autre.  Ainsi,  par  exemple,  si  la  distance  entre  deux  pointes 
hndiant  la  peau  de  la  face  simultanément  est  de  12  à  i5  millimètres,  ou  moindre, 
les  pmntes  sont  senties  comme  s'il  n'y  en  avait  qu'une  ;  si,  au  contraire,  les  deux 
pointes  sont' à  une  distance  de  3  ou  4  centimètres  ou  plus,  elles  sont  toutes  deux 
distinctement  senties.  La  limite  normale  de  la  distance  entre  les  deux  pointes  (limite 
en  deçà  de  laquelle  celles-ci  ne  donnent  que  la  sensation  d'une  pointe,  et  au  delà 
de  laquelle  elles  se  font  toutes  deux  sentir)  varie  excessivement  dans  les  dilTé» 
mites  parties  du  corps  ;  mais  elle  ne  varie  guère  pour  une  même  partie  de  la  peau 
diex  différents  individus,  à  l'état  de  santé.  Cette  limite  normale  est  la  même»  ou 
à  bien  peu  près,  pour  les  parties  homologues  de  droite  et  de  gauche. 

En  1849,  j'ai  eu  l'idée  de  me  servir  de  ce  précieux  moyen  de  juger  de  la  sensibi- 
lité tactile  dans  des  cas  d'alTections  du  système  nerveux.  D'après  les  faits  que  j'ai  ob- 
servés à  cette  époque,  on  peut,  à  l'aide  de  ce  procédé,  i"  reconnaître  l'existence 
d'une  trè»-légère  diminution  ou  augmentation  de  la  sensibilité  tactile,  qu'il  serait 
impossible  de  découvrir  par  d'autres  moyens  ;  2^  mesurer  avec  précision  le  degré  de 
diminution  ou  d'augmentation  de  la  sensibilité  tactile  ;  o^  enfin  constater  d'une  ma- 
nière rigoureuse  les  changements  dans  le  degré  de  l'anesthésie  ou  de  Thyperesthé- 
>ie.  V /Esthésiomêtre  est  une  sorte  de  compas  à  l'aide  duquel  nous  pouvons  obtenir 
«t-s  diverses  notions,  si  importantes  quelquefois  pour  le  diagnostic  ou  le  prognostic. 
Trott  aesthésiomètres  ont  été  employés  jusqu'ici,  deux  desquels,  celui  de  M.  Sie^* 
^eking  et  le  mien,  sont  à  peu  près  semblables  l'un  à  l'autre,  et  ne  consistent  Cn 
italilé  qu'en  un  compas  d'épaisscm*  légèrement  modifié.  Quant  au  troisième,  que 


48  ^STHËSIOUÈTRE. 

iious  (levons  au  cloclcui*  J.  \V.  Ogle,  de  Londres,  il  se  coni|iose  d*uii  coiu|iiis  orrli- 
iiiiire  et  d'une  plaque  en  forme  de  cadran,  sur  laquelle  se  trouve  un  index  lixé  |Kir 
une  de  ses  eilrémités  à  Tune  des  branches  du  compas.  Cette  branche,  qui  est  nio- 
bile,  entraîne  l'index  avec  elle  lorsqu'on  l'éairte  de  Tautre  brandie,  qui  est  fixe, 
et  les  degrés  d'écartement  des  deux  (lointes  des  branches  se  mesurent  par  le  mou- 
vement de  rindex  sur  le  cadran.  (Voy.  Comptes  l'endtisde  la  Société  de  Biologie^ 
1849.  vol.  I,  p.  i62.)  Nous  croyons  que  Tinstrument  de  M.  Sievekiiig  et  le  nôtre 
sont  plus  maniables  que  celui  de  M.  Ogle.  (Voy.  pour  la  description  de  cet  instru- 
ment  que  l'auteur  appelle  compas  afhémétriqae^  Bealb's,  Archives  ofMedicine, 
1859.  vol.  I.  — Mon  aesthésiomètre  a  été  figuré  dans  le  Journal  de  Phy- 
siotogie^  p.  546.  i858,  et  celui  de  M.  Sieveking  dans  le  British  and  Foreitjn 
Med^-Chiiwg.,  ReviewJSh^,  p.  280.) 

11  importe  que  les  pointes  du  compas  soient  émoussées,  parce  que  la  douleur  d'une 
{Hqûre,  même  très-l^ère,  peut  suffire  pour  troubler  la  perception  des  sensaticMis» 
tactiles.  Une  condition,  plus  essentielle  que  la  précédente,  est  que  les  deux  points» 
touchent  la  [leau  simultanément.  Il  importe  aussi  que  le  malade  soit  attentif,  ci  plus 
encore  qu'il  ne  puisse  pas  voir  si  l'on  applique  une  ou  deux  pointes.  On  ne  doit  faire 
couuaitrc  au  malade  toute  la  portée  de  la  recherche  que  l'on  veut  faire  qu'aprH 
avoir  termiué  l'expérience.  H  est  bon  qu'il  croie  qu'on  appliquera  quelquefois  uik* 
)}ointe,  d'autres  fois  deux  pointes  de  l'instrument,  et  que  l'on  désire  savoir  s'il  i*»t 
capable  de  reconnaître  s'il  y  en  a  une  ou  deux.  Avant  de  commencer  la  recherclie 
de  l'état  de  la  sensibilité  dans  les  parties  ou  l'on  suppose  qu'elle  est  peut-être  aile- 
réc,  il  im|)orte  d'appliquer  sur  une  partie  saine  les  deux  pointes  du  compas  ù 
de  telles  distances  l'une  de  l'autre,  que  dans  un  cas  le  malade  puisse  les  sentir 
distinctement  toutes  deux ,  et,  dans  un  autre  cas,  qu'il  ne  puisse  en  recevoir  que 
la  sensation  d'une  pomte.  Il  arrive  quelquefois  que  le  malade,  sachant  t|ue  l'oo  a|>- 
plique  deux  pointes,  croit  les  sentir  toutes  deux,  quelque  petit  que  soit  l'espace 
entre  ces  pointes.  Il  faut  d'abord  n'en  appliquer  qu'une,  et  après  que  le  malade 
a  déclaré  qu'il  en  sent  deux,  on  lui  fait  regarderie  compas,  et  s'assurer  par  la  vue 
qu'ime  seule  pointe  le  touphe.  Dès  que  cela  a  été  fait,  on  peut  être  sûr  que  le  ma- 
bde  jugera  d'après  ses  sensations,  et  non,  comme  jusque-là,  d'après  Vidée  qu'il 
se  faisait  de  l'expérience. 

On  commence  la  recherche  de  l'état  de  la  sensibilité  tactile  dans  l'endroit  où 
l'on  veut  s'assurer  si  elle  est  altérée  ou  quel  est  le  degré  de  sou  altération,  en  a|>- 
pliqiiant  d'abord  les  deux  pointes  à  la  distance-limite  normale.  Si  le  malade  n'en 
sent  qu'une,  on  éloigne  pou  ù  peu  les  deux  pointes  l'une  de  l'autre,  et  l'on  en  lé- 
|)cle  l'application  jusqu'à  ce  qu'il  les  sente  toutes  deux.  On  reconnaît  ainsi  Tcxis- 
tcnce  et  le  degi'é  de  l'anesthcsie.  Si  le  malade  sent  les  deux  pointes  à  la  distante- 
Umite  normale,  on  les  rapproche  peu  à  peu,  en  répétant  l'application  jusqu'à  ce 
qu'il  déchire  ne  sentir  qu'une  pointe.  On  obtient  ainsi  la  mesure  du  degré  d'h\^!or- 
csthésic.  11  importe  de  ne  |)a8  répéter  les  applications  de  l'assthésiomètre  sur  le 
même  point  de  lu  })eau,  car  la  sensation  d'un  contact  persiste  souvent  près  d'une 
demi-minute,  et  le  malade  |K)urrait,  après  une  ou  deux  applications,  r^entir  deux 
pointes  alors  même  qu'on  n'en  appliquerait  qu'une.  Dans  les  cas  d'anesthésie  ou 
d'hyperesthésie  occupnt  une  portion  très-peu  étendue  de  la  {leau,  on  devra  ne  ré- 
|)éter  les  applications  qu'après  au  moins  une  demi-minute. 

Dans  les  cas  d'anesthésie  considérable,  les  deux  pointes  peuvent  être  apiiliquiv^ 
l'une  après  l'autre  et  ne  donner  cepend^uit  que  la  sensation  d'mie  pointe.  Lu  lenteur 
de  la  transmission  est  alors  telle,  que  dans  (|uelques  cas  j'ai  observé  que  le  niaLtdr 


.ËSTUËSIOMËTRE.  49 

ne  sentait  qu'une  pointe,  même  quand  un  intervalle  de  40  h  50  secondes  existait 
entre  l*appUcation  d'une  pointe  et  celle  de  la  seconde.  I/aesthésiomëlre  peut  ainsi 
servir  à  d<mner  la  notion  la  vitesse  de  transmission  des  impressions  tactiles. 

Quand  l'anesthésie  est  considérable,  les  deux  pointes  sont  senties  comme  une 
seule,  quel  que  soit  Tintervalle  existant  entre  elles,  à  la  condition  cependant  qu'elles 
soient  appliquées  sur  une  même  ligne  longitudinale.  Ainsi,  par  exemple,  j'ai  constaté 
sur  quelques  malades  qu'il  n'y  avait  que  la  sensation  d'une  pointe,  alors  que  j'en 
appliquais  une  vers  le  poignet  et  l'autre  sur  la  partie  supérieure  de  l'avant-bras. 
(juant  à  l'hyperesthésie  tactile,  elle  peut  atteindre  un  tel  degré,  que,  quelque  rap- 
prochées l'une  de  l'autre  que  soient  les  deux  pointes,  le  malade  continue  de  les 
sentir  toutes  deux.  Dans  un  cas  de  méningite  spinale  chronique,  la  sensibilité  tac- 
tile était  tellement  altérée,  que  le  malade  sentait  distinctement  les  deux  pointes 
SOT  la  peau  de  la  cuisse,  l'intervalle  entre  elles  n'étant  que  d'un  millimètre,  tandis 
qu'à  l'état  normal  leur  écartement  doit  être  de  5  à  6  centimètres  pour  qu'elles 
soient  senties. 

Pour  ne  pas  risquer  de  trouver  de  l'anesthésie  ou  de  l'hyperesthésie  là  où  il 
n'en  existe  pas,  il  importe  de  se  rappeler  que  la  strychnine  augmente  la  sensibi- 
lité tactile,  et  que  la  belladone  la  diminue.  Si  donc  on  désire  connaître  l'état  de  la 
sensibilité  d'une  partie  du  corps  chez  des  malades  prenant  de  ces  médicaments,  il 
faut  examiner  d'abord  l'état  de  la  sensibilité  des  parties  saines  et  obtenir  ainsi  le 
tjpe  temporairement  normal,  sous  Tinfluence  de  ces  médicaments,  chez  l'individu 
examiné. 

Je  n*ai  pas  besoin  de  dire  que  chez  les  malades  dont  l'intelligence  est  affec^ 
tée,  il  iàut  se  défier  des  assertions  concernant  le  nombre  de  pointes  senties. 
Mais  je  dois  dire  qu'il  ne  faudrait  pas  conclure  que  l'intelligence  est  altérée  s'il 
arrivait  qu'un  malade,  ne  donnant  aucune  autre  indication  d'altération  mentale, 
déclarât  sentir  trois  pointes  alors  qu'on  en  applique  deux,  ou  deux  pointes  quand 
aiie  seule  touche  la  peau.  J'ai  vu  des  cas  où  ces  erreurs  ont  été  commises  par  des 
malades  (atteints  d'aflections  organiques  de  la  base  de  l'encéphale)  chez  lesquels  Tin- 
teiligence  était  parbile.  Ces  cas  se  distinguent  de  ceux  où  rintelligence  n'est  pas 
normale,  en  ce  que  Terreur,  quant  au  nombre  de  pointes,  n'a  lieu  que  pour  une 
partie  peu  considérable  de  la  peau,  et  qu'elle  est  constamment  commise;  tandis 
que  lorsque  l'intelligence  est  altérée,  l'erreur  n'est  pas  toujours  commise,  et  elle 
peut  l'être  tantôt  pour  une  partie  de  la  peau,  tantôt  pour  une  autre. 

En  médecine  l^ale,  l'aeslbésiomètre  peut  être  d  une  très-grande  utilité  :  dans 
un  cas  de  contusion  du  rachis  due  à  un  déraillement  d'un  train  de  chemin  de 
fer,  la  malade,  qui  réclamait  des  dommages-intérêts,  soutenait  que  les  membres 
inférieurs  étaient  atteints  de  paralysie  et  d'hyperesthésie.  L'œsthésiomètre  a  dé- 
montré qu'il  existait  effectivement  une  hyperesthésie  tactile  considérable.  Quand  les 
deux  pointes  étaient  appliquées  sans  qu'elle  pût  les  voir  à  une  distance  considéra- 
blement moindre  que  la  distance-limite  normale,  elle  déclarait  les  sentir  distinc- 
trment,  tandis  que  lorsqu'on  faisait  la  contre-épreuve  en  n'en  appliquant  qu'une, 
elle  déclarait  sans  hésiter  qu'elle  n'en  sentait  qu'une. 

L'ssthésiomètre  est  un  instrument  si  utile  dans  les  cas  de  maladie  de  la  base 
de  l'encéphale  et  de  la  moelle  épinière,  que,  sans  son  assistance,  il  serait  souvent 
presque  impossible  de  porter  un  diagnostic  précis  sur  le  siège  ou  la  nature  de  Taf- 

fcction.  Pour  moi,  il  est  devenu  tout  aussi  indispensable  que  le  stéthoscope  pour 

les  médecins  qui  ont  à  traiter  des  affections  des  poumons  ou  du  cœur. 

C.  Ë.  Bnown  Séquard. 

MCT.   E3IC.   11.  •  ^ 


50  /ËTHIOPS. 

^CTHIOPS  OU  Éthiops.  Ce  nom,  qui  signifie  noir,  a  été  appliqué,  en  français 
comme  en  latin,  à  divers  médicaments  qui  présentent  cette  couleur;  quelques-uns 
sont  des  combinaisons  assez  bien  défmies,  d'auties  sont  des  mélanges  pour  la  plu- 
part aujourd'hui  inusités,  que  Ton  désignait  sous  des  noms  qui  indiquaient  les  pro- 
priétés qu'on  leur  attribuait  ;  de  là  les  asthiops  alcalisalus^  diureticuSy  jovialis^ 
purganSf  absorbanSj  etc.,  etc.  Nous  indiquerons  les  principaux. 

Vxthiops  martial  =  FeH)^ = FeO  -+-  Fe*0'  est  une  combinaison  de  protoxyde  et 
de  sesquioxyde  de  fer;  ou  le  nomme  encore  oxyde  noir  de  fer,  deutoxyde  de  fer, 
oxyde  ferroso-ferriquc,  safran  de  Mars  de  Lemery,  baltitures  de  fer,  etc.  ;  on  lob- 
tient  par  le  procédé  de  Trusson  et  Bouillon-Lagrange,  qui  consiste  à  calciner  for- 
tement dans  une  cornue  de  grès  huit  parties  de  safran  de  Mars  apéritif  et  trois  parties 
de  vinaigre  distillé;  quelques  pharmacopées  remplacent  le  vinaigre  par  l'huile  em- 
ployée en  quantité  suffisante  pour  graisser  légèrement  Toxyde  de  fer  ;  dans  les  deux 
cas,  on  reproche  à  ces  procédés  de  laisser  un  peu  de  charbon  dans  le  produit;  on 
suit  plus  généralement  le  procédé  de  M.  Cavczzali,  que  M.  Guibourt  recommande, 
et  qui  consiste  à  faire  une  pâte  homogène  avec  de  la  limaille  de  fer  pure  et  de  Teau ,  à 
laisser  en  contact  pendant  plusieurs  jours  ;  il  y  a  un  dégagement  d'hydrogène  pro- 
duit par  la  décomposition  de  l'eau,  qui  est  déterminée  par  une  pile  résultant  de  la 
superposition  de  l'oxyde  de  fer  et  du  métal,  le  premier  étant  primitivement  pro* 
duit  par  l'oxygène  de  l'air  dissous  dans  l'eau  ;  le  fer  non  oxydé  est  soumis  à  un 
nouveau  traitement,  et  l'oxyde  formé  est  séparé  par  dilution.  Dans  cette  opération 
la  température  peut  s'élever  jusqu'à  50°.  Geiger  conseille  de  délayer  l'oxyde  ionné 
dans  de  l'alcool  rectifié,  d'exprimer  fortement  et  de  sécher  rapidement  dans  un 
courant  d'air  sec.  U  résulte,  d'ailleurs,  des  recherches  de  M.  Austin  que  l'oxyde 
ainsi  préparé  renferme  toujours  des  traces  d'ammoniaque  ;  il  renferme  aussi  du 
peroxyde  de  fer  en  excès,  parce  qu'il  continue  à  attirer  l'oxygène  de  l'air.  L'sethiops 
martial  sert  à  préparer  des  tablettes  qui,  d'après  la  pharmacopée  d'Anvers,  ren- 
ferment chacune  10  centigrammes  d'oxyde;  il  fait  partie,  avec  l'extrait  de  l'absinthe, 
des  pilules  de  fer  de  Swcdiaur. 

Vœthiaps  minéral,  poudre  hypnotique  de  Jacobi,  improprement  appelé  proto- 
sulfure de  mercure  et  sulfure  noir  de  mercure,  est  un  mélange  de  sulfure  de  mer- 
cure avec  du  soufre  et  quelquefois  avec  du  mercure  métallique  ;  on  l'obtient  en 
broyant  pendant  longtemps  dans  un  mortier  de  verre  un  mélange  de  deux  parties 
de  soufre  sublimé  et  lavé,  et  une  partie  de  mercure.  Un  autre  procédé  consiste  à 
faire  fondre  du  soufre  dans  un  creuset,  et  à  y  faire  loml)cr  du  mercure  sous  forme 
de  pluie,  en  le  forçant  à  passer  à  travers  une  peau  de  chamois  ;  on  agite  constam- 
ment jusqu'à  parfait  refroidissement.  Celle  préparation,  chaulTéc,  doit  être  volati* 
li<iée  sans  résidu.  Récemment  préparé,  c'est  un  mélange  de  mercure  méUillique,  de 
soufre  et  de  sulfure  de  mercure,  mais  peu  à  peu  la  combinaison  s'opère,  et,  d'après 
M.  Mitscherlich,  ce  n'est  plus  bientôt  qu'un  mélange  de  soufre  et  de  cinabre  ou 
bisulfure  de  mcrcuie. 

L'a;thio])s  minéral  a  été  employé  à  faible  dose  comme  vermifuge  et  antiscrofu- 
ieux  :  c'est  un  médicament  infidèle,  qui  est  aujourd'hui  aliandonné;  on  l'admi- 
nistre à  la  dose  de  50  centigrammes  à  2  grammes  ;  il  entre  dans  le  sticre  vermi- 
fuge mercuriel,  le  chocolat  vermifuge,  les  pilules  antiscrofuleuses,  Vxthiops 
antimonial  de  Malouin  est  un  mélange  de  deux  parties  de  sulfure  d'antimoine 
pulvérisé  et  d'une  |)artie  de  mercure  métallique.  On  le  nomme  aussi  xthiaps  mi- 
néral stibiéy  et  mercure  stUjuré  stibié.  Ce  produit  se  rapproche  l)eaucoupde 


.ETHUSA.  5i 

YaUhiops  atUimonial  d'Huxarriy  qui  esl  composé  de  mercure,  cent  vingt-cinq 
parties;  sulfure  d'antimoine, cent,  et  fleur  de  soufre,  cinquante,  que  l'on  triture 
âisemble. 

Vxthiops  magnésien  ou  mercure  alcalisc  s'obtient  en  triturant  ensemble  deux 
forties  de  mercure,  deux  parties  de  manne  et  un  huitième  de  magnésie.  Après 
extraction,  on  traite  par  de  l'eau  pour  enlevei*  la  manne,  et  on  ajoute  au  dépôt  deux 
huitièmes  de  magnésie,  puis  on  fait  sécher. 

Vxtkiops  saccharin  ou  mercure  saccharin,  sucre  mercuriel  ou  vermifuge, 
poudre  de  mercure  saccliarin,  se  prépare  en  triturant  parties  égales  de  mercure  et 
de  sucre  sec  jusqu'à  ce  que  tout  le  métal  ait  disparu. 

Vxthiaps  graphitique  ou  mercure  charbonneux  est  un  mélange  d'une  partie  de 
mercure  et  de  deux  parties  de  charbon. 

Vxthiops  calcaire  ou  poudre  de  mercure  crayeux  (mercure  avec  la  craie)  s'ob- 
tient en  triturant  ensemble  neuf  parties  de  mercure  et  quinze  de  craie  pré- 
parée. 

Lxlliiops  gommeux  ou  mercure  gommeux  et  mucilage  mercuriel,  se  prépare 
en  éteignant  une  partie  de  mercure  dans  un  mucilage  fait  avec  deux  parties  de 
gomme  arabique.  Lorsque  l'extraction  est  complète,  on  iait  sécher  et  on  réduit  en 
poudre. 

Enfin,  sous  le  nom  iYxthiaps  végétal  ou  de  poudre  de  chêne  marin,  on  em- 
plopit  autrefois  la  poudre  de  charbon  du  fucus  vésiculeux  (Fuais  vesictUoms), 
chêne  marin,  laitue  marine.  Gaubius  et  Baster  le  recommandaient  contre  le 
M]uirrhe  et  les  scrofules  ;  Russel  l'employait  contre  le  goitre  bien  avant  que  l'iode 
fût  connu. 

L'opium  torréfié  a  aussi  porté  autrefois  le  nom  d'aethiops  végétal.  Toutes  ces 
|>réparations  sont  aujourd'hui  inusitées,  h  part  les  aethiops  martial  et  minéral,  qui 
sont  encore  quelquefois  prescrits.  0.  Réveil. 

^TKIJSE,  JEthusa  L.  Genre  de  plantes  dicotylédones  de  la  famille  des  Ombel- 
lilcres,  dont  les  caractères  sont  les  suivants.  Le  réceptacle  floral  concave,  en  forme 
Je  sac,  porte  sur  ses  bords  un  calice  rudimeiitatre  et  cinq  pétales  obovales,  cmargi- 
n»,  terminés  par  une  languette  pointue  inflécbie  dans  le  bouton.  Ces  pétales  sont 
égaux  entre  eux  dans  les  fleurs  centrales,  et  inégaux  dans  les  fleurs  de  la  périphé- 
rie, les  plus  extérieurs  y  étant  plus  développés  que  les  autres.  Les  étamines  sont 
t'pigynes,  à  filets  infléchis  et  à  anthères  introi'ses.  L'ovaire,  logé  dans  la  concavité 
du  réœptacle,  devient  un  fruit  o\oïde  globuleux,  caractérisé  :  1<^  par  la  forme  orbi- 
culaire  de  sa  section  transversale  ;  2^  par  les  côtes  saillantes  et  carénées  des  méri- 
carpes,  les  latérales  étant  de  plus  un  peu  plus  larges  et  finement  ciliées  ;  3**  par 
l'existence  d'une  seule  bandelette  dîuis  les  vallécules  ;  4*^  par  l'aplatissement  de  la 
frrainc  du  côté  de  la  commissure  ;  5°  par  la  columelle  Ubre  et  bipartite.  Tous  les 
autres  caractères  de  la  floraison  et  de  la  fructification  sont  ceux  communs  à  tout  le 
groupe  des  Ofnbellifêres  (voy.  ce  mot). 

Les  ifïAttfa  sont  des  plantes  herbacées  annuelles, originaires  de  l'EuroiJe.  Leurs 
tiges  sont  dressées,  et  leurs  feuilles  alternes,  multiûdes.  Leur  involucre  est  nul  ou 
monophylle  ;  leur  involucelle  est  formé  d'un  petit  nombre  de  bractées  latérales, 
c'troiles,  étalées  ou  réfléchies,  et  situées  du  côté  extérieur  de  l'ombellule. 

La  seule  espèce  qu'il  importe  au  médecin  de  connaître  est  la  Petite  Ciguë 
i£lhusa  Cynapium  L.),  appelée  encore  vulgairement  Faux  Persilj  Ciguë  des 
jardins^  Adie  des  chiens.  Persil  des  fous.  C'est  une  mauvaise  herbe  annuelle. 


53  iETUUSA. 

et  passant  cependant  quelquefois  l'hiver,  de  manière  i  vivre  presque  deux  ans, 
ayant  le  plus  souvent  3  ou  4  décimètres  de  hauteur,  et  pouvant  s'élever  jusqu'à 
1  mètre  dans  un  hon  terrain.  Sa  racine  est  un  petit  pivot  fusiforme,  blanchâtre  ;  sa 
tige  est  dressée,  fistuleuse,  striée  longitudinalemcnt,  glauque,  et  parfois  sillonnée 
inférieurement  de  lignes,  mais  non  de  taches  arrondies,  rougeâtres.  Ses  feuilles 
sont  d'un  vert  foncé  sombre,  lisses,  luisantes.  I^eur  limbe  est  bi  ou  tripennati- 
séqué,  à  segments  étroits,  lancéolés,  aigus,  découpés  en  lanières  étroites,  linéaires, 
aiguës  ou  mucronées.  Le  pétiole  n'existe  qu'aux  feuilles  inférieures,  et  demeure 
très-court  ou  nul  pour  les  supérieures,  dont  la  gaine  s'élargit  davantage  et  devient 
membraneuse  et  blanchâtre  sur  les  bords.  Les  ombelles  de  fleurs  sont  longuement 
stipilées,  ajant  jusqu'à  dix  ou  vingt  rayons  (axes  secondaires)  étalés,  inégaux, 
rudes  et  striés  sur  leur  bord  intérieur.  L'involucre  est  nul.  Les  involucelles  situés, 
comme  on  l'a  vu  dans  la  caractéristique  du  genre,  du  côté  extérieur  de  l'ombel- 
Iule,  se  composent  dans  cette  espèce  de  trois,  quatre  ou  cinq  bractées  linéaires, 
sétacées,  réfléchies,  tantôt  moins  longues,  tontôt  plus  longues  que  l'ombelle.  Les 
fleurs  sont  petites;  les  pétales  blancs,  avec  une  macule  verte  à  la  base.  Le  fruit  est 
presque  globuleux,  glabre,  d'un  vert  foncé.  Chacune  de  ses  moitiés  porte  cinq 
côtes  saillantes,  arrondies,  et  leur  commissure  présente  deux  bandelettes  arquées 
qui  ne  se  touchent  pas  à  la  base  du  fruit. 

V^thusa  Cynapium  fleurit  presque  tout  l'été.  Elle  croit  abondamment  dans 
les  bois,  les  moissons,  les  jardins,  sur  les  décombres,  le  long  des  murailles,  dans 
les  rues  des  villages  ;  elle  recherche  surtout  les  endroits  secs.  Son  odeur  est  dés- 
agréaUe,  vireuse  et  nauséeuse.  Elle  n'est  pas  employée  en  médecine  ;  mais  elle  doit 
être  connue  comme  constituant  un  poison  très-dangereux  ;  et  le  médecin  doit  sur- 
tout savoir  la  distinguer  du  Persil  cultivé,  avec  lequel  elle  a  une  assez  grande  res- 
semblance, cause  de  la  plupart  des  accidents  qu'elle  détermine.  Or,  même  très- 
jeune,  le  Persil  a  une  odeur  aromatique  qui  est  assez  agréable,  tandis  que  la  Petite 
Ciguë  est  nauséabonde  et  d'une  odeur  suspecte.  Quand  la  plante  est  plus  développée 
et  qu'on  peut  distinguer  le  bas  de  la  tige,  on  voit  que  celle  du  Persil  est  d'un  vert 
uni,  sans  cannelures  et  sans  taches  ni  lignes  purpurines.  Celle  de  la  Petite  Ciguë 
est  au  contraire  d'un  vert  un  peu  glauque,  le  plus  souvent  sillomiée  de  petites 
lignes  rougeâtres.  A  cet  âge,  d'ordinaire,  les  feuilles  sont  assez  développées  aussi 
pour  qu'on  reconnaisse  que  les  folioles  de  celles  du  Persil  sont  larges,  deux  fois 
divisés,  partagés  en  lobes  dentés,  presque  en  forme  de  coin,  taudis  que  les  feuilles 
de  la  Petite  Ciguë  sont  partagées  en  folioles  étroites,  allongées,  aiguës,  incisées, 
dentées  et  plus  nombreuses.  Enfin,  quand  les  deux  plantes  sont  fleuries,  on  les 
distingue  même  de  très-loin,  puisque  la  fleur  du  Persil  est  jaune  et  celle  de 
V^husa  Cynapium  blanche. 

On  pourrait  encore  confondre  la  Petite  Ciguë  avec  le  Cerfeuil  ;  mais  ce  dernier  a 
aussi  une  odeur  très-aromatique  et  très-proiK>ncée.  Ses  feuilles  sont  tripennécs,  à 
folioles  ovales,  incisées,  dentées,  et  d'un  vert  clair;  leur  pétiole,  concave  en  dessus, 
est  couvert  de  poils  blanchâtres.  Les  ombeliules  sont  accompagnées  d'un  involn- 
celle  qui,  au  lieu  d'être  unilatéral  comme  dans  la  Petite  Ciguë,  fait  tout  le  tour 
du  groupe  floral.  I^e  fruit,  au  lieu  d'être  court  et  arrondi,  est  au  contraire  étroit  et 
«nllongé,  cylindrique  et  terminé  par  deux  petites  cornes  divergentes. 

Nous  verrons  encore  que  les  caractères  ci-dessus  énumérés  peuvent  ser^'ir  à  dis- 
tinguer facilement  VAUthtisa  Cynapium  des  autres  plantes  qui  portent  également 
le  nom  de  Cicufi  {voy.  ce  mot). 

UjEthusa  Meum  de  Linné  est  le  Meum  Athamaniicum  (voy,  ce  mot). 


AETIUS.  53 

l.y  Ceu„  n.  14t;  Spe:„  507.  — Erol.,  Gen.,  n.  4424.—  M£aAT  et  Dklbiis,  DtW.,  I,  OS.— 
GcD.,  Dnv.  «/flip/.,  éd.  4,  III,  203.  —A.  Rich.,  Élém  ,  id.  4,  III,  180.—  Gnni.  et  Goon  ,  FI. 
fr.,  I,  71i.  — LinL.,  flf.  Jf^.,  40.  H.  Baillor. 

TosiGOL4iGiB.  n  existe  des  exemples  nombreux  et  non  équivoques  d'empoi- 
sonnements produits  par  la  Petite  Ciguë,  q^i  est  souvent  confondue  avec  le  Persil 
et  le  Ceifeuil.  Rivière  rapporte  le  cas  d*un  individu  qui  périt  après  avoir  pris  une 
certaine  quantité  de  cette  plante.  A  Tautopsie,  on  trouva  une  sérosité  brunâtre 
duis  Testomac,  la  langue  noire,  le  foie  dur,  la  rate  livide.  Dans  un  autre  cas  observé 
diez  nn  individu  qui  succomba  une  heure  après  avoir  mangé  une  salade  contenant 
delà  Petite  Ciguë,  et,  après  avoir  eu  des  vertiges,  des  nausées,  un  état  comateux, 
des  sueurs  froides,  on  trouva,  à  l'autopsie,  toute  la  surface  du  corps  couverte  de 
larges  ecchymoses,  l'estomac  et  le  péritoine  enflammés,  la  rate  engorgée,  avec  un 
état  de  pléthore  des  poumons  et  du  cœur.  Haller  rapporte  avoir  été  très-incom- 
mode  pendant  une  nuit  pour  avoir  mangé  de  cette  plante. 

D'après  les  (^)servations  cliniques  faites  par  plusieurs  praticiens,  les  symptômes 
produits  par  la  Petite  Ciguë  peuvent  être  réduits  aux  suivants  :  chaleur  à  la  gorge, 
soif,  vomissements,  quelquefois  diarrhée,  dyspnée,  pouls  petit,  fréquent,  céphalal- 
gie, vertiges,  engourdissement  des  membres,  délire.  Si  les  vomissements  survien- 
nent de  bonne  heure  et  s'ils  sont  abondants,  le  malade  peut  guérir. 

Pour  combattre  cet  empoisonnement,  il  faut  administrer  les  vomitifs,  puis  les 
émoUients,  les  adoucissants  ;  les  bobsons  acidulées,  lorsque  le  poison  a  été  évacué 
par  les  vomitifs^u  les  pui-gatifs.  0.  Rbveii. 

Rmftu.  Sur  la  Ciguë  xthuia  (C.  N^um  Lin.).  la  Mém.  de  ManipeHier,  1. 1;  Biêtoire, 
p.  109.  —  PlMies  vinéneuui  de  la  Suisse,  p.  233.  In  Bull,  de  Pharmacie,  t.  YI,  p.  330.  — 
UlC.  Ârekhfes  générales  de  médecine,  t.  XXII.  —  Orhla.  Traité  de  toxicologie,  t.  II,  p.  &45. 
>  édition.  0.  R. 

ACnvs.    Médecin  grec  dont  l'ouvrage  intitulé  Bt6>£a  îaerpvnà  hoLai^nta  {De  la 
médecine  en  sehe  livres)  existe  encore.  Sa  vie  est  peu  connue,  et  c'est  lui-même  qui 
se  cfaaige  de  nous  apprendre  le  peu  que  nous  en  savons.  H  vivait  sans  doute  à  la  fin 
du  cinquième  ou  au  commencement  du  sixième  siècle  après  J.  C,  car  il  cite 
(IX,  U  in  fine)  saint  Cyrille  d'Alexandrie,  qui  mourut  au  milieu  du  cinquième 
«siècle,  et  il  est  lui-même  mentionné  par  Alexandre  de  Tralles,  qui  florissait  vers 
le  milieu  du  sixième.  Il  naquit  à  Amida,  en  Mésopotamie,  et  fit  ses  études  à  Alexan- 
drie, Tune  des  plus  femeuses  écoles  de  médecine  de  l'époque.  Il  parait  qu'il  était 
(4irétien,  et  qu'il  poussa  même  la  dévotion  jusqu'à  la  superstition,  puisqu'il  adjurait 
une  arête,  fixée  dans  le  pharynx,  démonter  ou  de  descendre,  au  nomde  saint  Biaise 
(VIII,  50),  si  toutefois  ce  passage  et  plusieurs  autres  analogues  ne  sont  pas  inter- 
polés par  les  copistes.  Photius  nous  apprend  qu'il  exerça  à  Constantinople  et  obtint 
la  dignité  de  cornes  obsequii ,  qui  ne  se  rattachait  nullement  au  titre  de  médecin  ; 
c'étoil  plutêt  un  emploi  dans  la  maison  de  l'empereur.  Les  médecins,  à  la  cour  de 
Constantinople,  sont  souvent  revêtus  de  semblables  offices,  ainsi  que  le  prouvent 
les  exemples  de  Jean  Actuarius ,  de  Siméon  Sethus  Protovestiarius  et  de  Théo- 
phile Protospathiarius.  ^  Son  œuvre  médicale  est  divisée  en  quatie  parties  ou 
quatre  volumes^  et  chaque  volume  en  qunirc  discours.  Les  trois  premiers  discours 
comprennent  la  matière  médicale  et  la  pharmacologie;  le  quatrième,  le  régime, 
l'hjgiène,  les  tempéraments,  l'éducation  des  enfants,  etc.;  le  cinquième,  la  doctrine 
et  le  traitement  des  fièvres  ;  le  sixième,  les  maladies  de  la  tête  et  du  cerveau  ;  le 
septième,  les  maladies  des  yeux  ;  le  huitième,  les  aflections  de  labce,  de  la  gorge, 


54  AFFINAGE. 

de  la  trachée,  des  poumons;  le  neuvième,  les  maladies  de  l'estomac  et  du  canal 
intestinal  ;  le  dixième  les  affections  de  la  rate  et  du  foie  ;  le  onzième,  celles  des 
organes  génilo-urinaires;  le  douzième,  la  sciatique,  la  goutte  et  le  rhumatisme;  le 
treizième,  les  morsures  d'animaux  vénéneux,  les  différents  antidotes  et  les  mala- 
dies de  la  peau  ;  le  quatorzième,  les  ulcères,  abcès,  hémorrhoides;  le  quinzième, 
les  différents  remèdes  et  les  emplâtres  ;  le  seizième,  les  accouchements  et  les  mala- 
dies des  femmes,  etc.  Aetius  est  un  compilateur  comme  Oribase  et  Paul  d'Égine. 
Ses  Tetrabihles  sont  tirés  en  grande  partie  d'Oribase  luinnémc;  le  plus  souvent 
Aetius  s'est  contenté  d'abréger  le  texte  du  médecin  de  l'empereur  Julien  et  d'en 
changer  la  rédaction.  Le  plus  grand  mérite  de  l'ouvrage  d' Aetius  est  de  combler, 
comme  le  peut  faire  un  abrégé,  quelques-unes  des  lacunes  qui  existent  dans  la 
ColUdion  médicale  d'Oribase.  —  Le  texte  n'est  pas  entièrement  publié.  Les  huit 
premiers  livres  ont  paru  en  grec  à  Venise,  chez  les  Aides,  en  4534.  Quelques 
autres  fragments  ont  été  publiés  à  diverses  époques.  L'œuvre  complète  a  été  traduite 
en  latin  par  Cornarius  (Basil.,  1542,  in-fol.  Cette  traduction  se  trouve  aussi  dans 
la  collection  d'Etienne,  tffdêca;  ariû  principes).  Voyez,  pour  de  plus  amples  détails 
bibliographiques  sur  les  diverses  éditions  latines,  sur  les  traductions  partielles  ou 
sur  les  fragments  des  livres  IX-XVI,  publiés  en  grec,  Ghoulant,  Manuel  pour  la 
bibliographie  médicale  ancienne  (en  allemand).  Leipzig,  i84i,  p.  153*i^5. 

A.  G.  W.  Ch.  d! 

AFPAimBBnNT.  Voy.  Forces  (État  des). 
AnvCTlON.    Voy»  Maladie. 

AFWECmn  BE  lé'AHE.    Voy.  Passion,  Psychologie. 

AraiNAfiE.  (ht«i6iie  poblique.)  On  appelle  ainsi  l'art  d'isoler  et  de  purifier 
les  métaux  ;  mais  ce  mot  s'applique  particulièrement  à  la  séparation  des  deux 
métaux  précieux,  l'or  et  l'argent,  de  leur  alliage  avec  le  cuivre. 

Cette  opération  autrefois  très-compliquée  a  été  rendue  et  plus  simple  et  plus 
économique.  Elle  consiste,  aujourd'hui,  à  traiter  dans  des  chaudières  de  platinr, 
au  moyen  de  l'acide  sulfurique  bouillant,  l'alliage  préalablement  réduit  en  gre- 
naille afin  de  faciliter  l'action  du  réactif.  L'acide  sulfurique  dissout  l'argent  et  le 
cuivre  sans  attaquer  l'or,  et  celui-ci  étant  retiré  de  la  dissolution,  on  précipite 
l'argent  à  l'aide  du  cuivre  métallique,  de  sorte  que  les  produits  définitils  sont  de 
l'or,  de  l'argent  et  du  sulfate  de  cuivre. 

Pendant  la  réaction  de  l'acide  sur  l'alliage  il  se  (orme  d'abondantes  vapeurs 
d'acide  sulfureux  entraînant  avec  elles  de  l'acide  sulfurique.  Or,  on  comprend  k^ 
inconvénients  graves  qui  en  résulteront,  d'abord  pour  les  ouvriers  placés  dans  les 
ateliers,  où  il  s'en  répand  toujours  une  certaine  quantité,  mais  surtout  pour  le  voi- 
sinage,  sur  lequel  se  déversent  les  gaz  entraînés  par  les  cheminées.  C'est  ce  qui  a 
fait  ranger  cette  industrie  (décret  du  9  février  i825)  dans  la  première  classe  des 
établissements  insalubres  ;  delà,  aussi,  des  plaintes  parfaitement  motivées,  qui  ont 
obligé  plusieurs  fois  à  faire  fermer  des  usines  de  ce  genre,  situées  dans  l'intérieur 
des  villes.  Cependant,  le  conseil  de  salubrité  de  la  Seine  ayant  été  saisi  de  cette 
question  en  1 826,  Darcet  fut  chargé  de  chercher  les  moyens  de  remédier  à  un  état 
de  chose  aussi  déplorable,  et  l'ingénieux  et  habile  chimiste  eut  l'honneur  de  n> 


AFFINAGE.  55 

soudre  le  problème  d*une  manière  aussi  complète  que  possible,  à  Taidc  du  procédé 
suÎTant  : 

La  dissolution  des  matières  d*or  et  d'argent  ayant  lieu  dans  des  chaudières 
closes,  sous  une  hotte  où  s'établit  un  fort  tirage  au  moyen  d'une  cheminée  échauf- 
fée par  la  flamme  des  fourneaux  de  fusion  et  d'évaporation,  des  tubes  en  plomb 
conduisseiit  les  vapeurs  sulfureuses  dans  une  série  de  caisses  également  en  plomb 
où  s'opère  leur  condensation  ;  l'excédant,  qui  n'a  pas  été  détruit  dans  les  premières 
caisses  anÎTe  dans  un  tonneau  tournant  sur  son  axe,  où  elles  sont  agitées  avec  de 
Vhydrate  do  chaux  qui  les  absorbe  complètement.  Un  tuyau  de  plomb  porte  ensuite 
dans  la  dieminée  générale  les  gaz  non  condensés,  et  s'établit  l'appel  qui  amène 
les  vapeurs  et  les  gaz  successivement  dans  les  difTérentes  caisses.  Au  total,  «  on 
peut  laver  les  gaz  en  les  faisant  plonger  dans  un  courant  d'eau  ;  on  peut  séparer 
les  acides  en  agitant  ces  gaz  avec  de  l'hydrate  de  chaux,  comme  on  le  fait  pour  la 
fabrication  du  chlorure  de  chaux  ;  on  peut  encore  mélanger  de  la  vapeur  d'eau  aux 
gaz  et  vapeurs,  puis  condenser  cette  eau  dans  des  appareils  convenables  ;  on  peut 
enfin  convertir  ces  gaz  en  acide  sulfurique,  comme  cela  se  pratique  dans  les  fabri- 
ques d'aride  sulfurique.  »  (Extr.  d'un  rapp.  au  préfet  de  police  in  Afin,  d*hyg.^ 
!■•  série,  t.  XIII,  p.  219.)  Le  système  de  Darcet  peut  donc  être  encore  simplifié  ; 
il  suffirait,  pour  cela,  de  faire  arriver  les  vapeurs  dans  une  chambre  de  plomb 
contenant  une  couche  d'eau  de  quelques  décimètres,  dans  laquelle  ou  délayerait 
une  quantité  de  chaux  suffisante  pour  faciliter  l'absorption  du  gaz  acide  sulfureux, 
trop  peu  soluble  pour  être  condensé  par  l'eau  seule.  (Rapp.  du  conseil  de  salubr.y 
des  Bouehes-dU'Rh&ne,  1828-30,  p.  76.)  Les  ateliers  dans  lesquels  on  détruit  ainsi 
les  émanations  sulfureuses,  sont  seulement  rangés  dans  la  seconde  classe  (déa^et 
cité  [dus  haut). 

Voici  maintenant,  comme  pouvant  senîr  de  spécimen,  les  prescriptions  imposées 
par  le  conseil  d'hygiène  du  département  de  la  Seine  aux  usines  d'affinage. 

1*  La  dissolution  des  alliages  métalliques  aura  lieu  dans  des  chaudières  closes. 
Les  vapeurs  acides  seront  condensées  et  recueillies  ou  décomposées  de  telle  sorte 
que  les  produits  gazeux  sortant  par  l'orifice  supérieur  de  la  cheminée  ne  donnent 
liai  I  aucune  odeur  sensible  et  n'exercent  aucune  action  appréciable  dans  le  voisi- 
nage de  la  fabrique. 

2*  Les  résidus  gazeux  de  la  combustion  de  tous  les  foyers  de  l'usine,  et  de  la 
décomposition  des  vapeurs  acides  fournies  par  les  chaudières  de  dissolution,  seront 
réunis  dans  une  clieminée  principale  ayant  au  moins  40  mètres  de  hauteur  sur 
1  mètre  de  diamètre  intérieur  à  la  base  et  0,80  au  sommet. 

5*  Les  foyers  des  chaudières  à  vapeur  et  autres  foyers  alimentés  à  la  houille, 
seront  disposés  de  manière  à  brûler  complètement  leur  fumée. 

4*  Afin  d'éviter  que  la  buée  provenant  des  chaudières  à  précipiter,  à  évaporer 
les  dissolutions  salines,  etc.,  ne  se  répande  dans  l'atmosphère  de  façon  à  incom- 
moder le  voisinage,  le  permissionnaire  sera  tenu,  si  la  nécessité  en  est  reconnue, 
de  surmonter  ces  chaudières  de  hottes  avec  cheminées  et  mcme  de  conduire  les 
boees  dans  la  cheminée  principale. 

5*  Les  machines  employées  pour  le  broyage  des  pots  et  l'extraction  des  grenailles 
métalliques,  seront  construites  et  établies  de  façon  à  ne  produire  aucun  bruit  incom- 
mode pour  le  voisinage.  L'usage  des  pilons  et  autres  machines  à  percussion  pourra 
être  interdit  par  l'administration,  s'il  est  nécessaire. 

6*  Le  permissionnaire  devra  tenir  propres  et  dégagés  de  glace,  s'il  venait  à  s'en 
lonner  pendant  l'hiver,  les  ruisseaux  de  h  rue  où  il  versera  ses  eaux  de  condensa- 


10  AFFINITÉ. 

tion.  Il  lut  est  ÎDlcrdit  de  laisser  couler  des  eau\  acides.  (Trébuchet,  in  Trav.  du 
ConseU  d'hyg.,e\c.,  p.  497.  Paris  1861.  lIl-4^) 

BiiuociAniiB.  —  Dabcct  (J.  P.  G.)-  Insiruciian  relative  à  Fari  de  raflUiû§e,  rédigée  ou 
nom  dm  Comeil  de  $alubritt  de  la  ville  de  Parti  et  du  département  de  la  Seine.  Parts  ,18^. 
—  Gaclher  m  Claubit.  Art.  ArrraiGE,  in  Did,  de  Finduitrie  manuf.,  t.  I  (avec  fig.  de  Tapp. 
Dtrœtj.  Paris,  1S33.  E.  BiAccaiim. 

AFFINITÉ.  L'affinité  est  la  force  chimique  ou  la  force  qui  préside  aux  coiii* 
biaaisons.  Elle  met  en  mouvement  ou  maintient  les  dernières  particules  des  corps, 
les  atomes;  c'est  dire  qu'elle  s'exerce  à  des  distances  infiniment  petites.  Pour 
qu'elle  puisse  se  manifester  entre  deux  corps  hétérogènes,  il  iaut  donc  que  ceux-ci 
soient  en  contact.  Ce  contact  s'établit  facilement  et  intimement  lorsqu'il  s'agit 
de  corps  gazeux  ou  liquides  dont  la  cohésion  est  nulle  ou  iaible.  Hais,  pour  les 
corps  solides,  la  cohésion  ou  la  force  qui  maintient  les  molécules  en  contact 
s'oppose  souvent  à  la  manifestation  de  l'affinité.  De  là  la  nécessité  de  diminuer 
la  cohésion  pour  que  les  molécules  des  corps  puissent  entrer  en  contact  et  en 
conflit,  pour  que  la  force  chimique  puisse  se  manifester.  Or,  on  diminue  la  co- 
hésion des  corps  en  élevant  leur  température  ou  en  les  dissolvant  dans  un  liquide. 
Lorsqu'on  élève  leur  température,  il  arrive  souvent  qu'ils  fondent  et  perdent  ainsi, 
en  très-grande  partie,  leur  cohésion.  11  en  est  de  même  lorsqu'on  les  dissout  dans 
l'eau,  ou  dans  un  autre  liquide.  Qu'on  mélange  de  la  limaille  de  fer  et  de  la 
fleur  de  soufre  sèche,  l'aflinité  qui  existe  entre  le  fer  et  le  soufre  ne  pourra  pas 
se  manifester  immédiatement.  Mais  qu'on  chaufle  le  mélange,  le  soufre  en- 
trera en  fusion,  et  Talfinité  qu'il  possède  pour  le  fer  se  réveillera  aussitôt:  il  ^e 
formera  du  sulfure  de  fer.  11  suffira  même  d'ajouter  de  l'eau  au  mélange  de 
soufre  et  de  limaille  de  fer,  pour  que,  le  contact  entre  les  particules  de  ces  corps 
devenant  plus  intime,  par  l'intermédiaire  de  l'eau,  l'action  chimique  commence 
bientôt. 

On  peut  mêler  de  l'acide  tarlrique  en  poudre  avec  du  carbonate  de  soude  sec  et 
pulvérisé,  sans  que  l'affinité  prépondérante  de  l'acide  tarlrique  pour  la*  soude 
puisse  se  manifester.  Hais,  qu'on  ajoute  de  l'eau  au  mélange,  les  deux  corps  vont 
se  dissoudre,  et  l'acide  tartrique  va  chasser  immédiatement  l'acide  carbonique. 
C'est  ainsi  que  la  liquéfaction  et  la  dissolution,  en  diminuant  notablement  la  co- 
hésion, favorisent  l'exercice  de  l'affinité.  Les  anciens  avaient  reconnu  cette  influence 
de  l'état  liquide  sur  les  actions  chimiques,  et  disaient,  en  l'eugérant  :  Corpara 
non  agunt  nisi  soluta. 

11  y  a  des  degrés  dans  l'affinité.  Les  corps  n'agissent  pas  les  uns  sur  les  autres 
avec  une  égale  force,  et  lorsque  deux  corps  s'unissent  en  plusieurs  proportions 
atomiques,  il  arrive  ordinairement  que  l'affinité  de  l'un  d'eux  décroît  et  s'é> 
puise  à  mesure  que  le  nombre  de  ses  atomes  augmente.  Ainsi»  le  manganèse 
forme  avec  l'oxygène  plusieurs  combinaisons  dans  lesquelles  le  nombre  des  atomes 
d'ox}gène  va  croissant  :  les  composés  les  moins  stables  sont  ceux  qui  renferment 
le  plus  grand  nombre  d'atomes  d'oxygène. 

Voici  un  élément  nouveau  et  important  dans  la  comparaison  des  affinités  : 

1  volume  ou  1  atome  de  chlore  s'unit  à  1  volume  ou  1  atome  d'hydrogène 
pour  former  de  l'acide  chlorhydrique  HCl. 

1  \olume  ou  1  atome  d'oxygène  s'unit  à  2  volumes  ou  3  atomes  d'hydrogène 
pour  former  de  l'eau  H'O. 

\  volume  ou  1  atome  d'azote  s'unit  à  5  volumes  ou  r>  atomes  d*li}drogène  |KMtr 
former  de  l'ammoniaque  Il'Az. 


AFFUSION.  57 

i  atome  de  carbone  {^=\2)  s  unit  à  4  volumes  ou  4  atomes  d'hydrogèno 
pour  fonner  du  gaz  des  marais  H*<G- 

L'alBnité  de  ces  quatre  corps  pour  rbjdrogène  s'exerce  donc  d*une  manière 
IresHUiTérente,  si  l'on  a  égard  au  nombre  des  atomes  d'hydrogène  qu'elle  par* 
Tient  à  fiier.  Elle  fixe,  suivant  les  éléments  qui  entrent  en  combinaison,  un» 
deuxy  trois,  quatre  atomes  d*hydrogène.  Elle  est  simple  ou  multiple,,  et  l'on  peut 
dire  que,  tandis  que  le  chlore,  qui  ne  peut  fixer  qu'un  atome  d'hydrogène,  ne  pos- 
sède qu'une  affinité;  l'oxygène  en  possède  deuXy  puisqu'il  peut  fixer  deux  atomes 
d'hydrogène;  l'azote  en  possède  trois ^  puisqu'il  peut  fixer  trois  atomes  d'hydro- 
gène; le  carbone  en  possède  quatre,  puisqu'il  peut  fixer  quatre  atomes  d'hydnn 
gètie.  C'est  ce  qu'on  exprime  en  disant  que  : 

Le  dilore  est  un  élément  monoatomique; 

L'oxygène  est  un  élément  diatomique  ; 

L'axote  est  un  élément  triatomique  ; 

IjC  carbone  est  un  élément  tétratomique. 

Bei^gmann  a  nommé  affinité  élective  la  force  qui  préside  aux  doubles  décompo- 
sitions. Un  corps  Â  est  uni  à  un  corps  B.  Un  corps  C  est  uni  à  un  corps  D.  Qu'on 
mette  AB  en  contact  avej  CD,  leurs  éléments  vont  s'échanger;  A  se  portera  sur 
C  et  B  sur  D;  deux  nouveaux  corpâ  A  C  et  B  D  vont'prendre  naissance.  Ce  sont  là 
les  réactions  les  plus  fréquentes  de  la  chimie.  On  les  observe  très-souvent  lors- 
qu'on mélange  deux  sels  :  l'échange  des  acides  et  des  bases  produit  une  double 
décomposition.  Bei  thollet  a  montré  quel  rôle  important  la  cohésion  joue  dans  de 
telles  réactions  et  à  quel  point  elle  peut  modifier  ou  contrarier  l'aflinité. 

Ad.  Wortz. 


AFFII;*H  ou  AmoM.  On  a  proposé  de  désigner  sous  ce  nom  le  suc  épaissi 
extrait  par  incision  de  la  capsule  du  pavot  pourpre,  c'est-à-dire  l'opium  indigène, 
mais  cette  dénomination  n'a  pas  été  adoptée .  Le  mot  a/jfiufit,  qui  est  d'ailleurs  le  nom 
persan  de  l'opium,  ou  du  moins  celui  que  l'on  donne  aux  larmes  laiteuses  qui  s'é* 
coulent  des  incisions  faites  aux  capsules  des  pavots  et  qui  constituent  un  opium  de  pre- 
mière qualité,  que  l'on  consente  pour  les  familles  riches  et  puissantes  du  pays;  ce 
root,  disons-nous,  a  été  employé  avec  des  intentions  diverses  pour  dissimuler  la 
présence  de  l'opium  dans  certains  médicaments.  0.  Rbveil. 

AWWMjmmn.  Vaffusion  (affuHOy  de  affundet*e  y  verser,  répandre)  est  un 
procédé  de  la  méthode  hydrothérapique,  qui  consiste  à  verser  sur  tout  le  corps 
ûifusion  générale),  ou  sur  quelqu'une  de  ses  parties  (affusion  partielle),  une  cer- 
taine quantité  d'eau  froide  ou  chaude.  D'où  la  division  des  affusions  en  froides 
et  chaudes.  Notre  description  s'appliquera  surtout  aux  premières  ;  nous  termine- 
rons par  quelques  mots  sur  les  secondes. 

L'afTusion  se  distingue  :  i**  de  Vablutiony  lotion  partielle  empruntée  par  la  thé- 
rapeutique à  des  pratiques  religieuses,  imposées  par  certains  législateurs  dans  un 
but  évident  d'hygiène  ;  3®  du  bain  ou  immersion;  Z^  de  Yirrigation  ou  arrosc- 
nient  local  ;  4®  de  la  lotion  ou  lavage,  qui  se  fait  avec  un  linge,  une  éponge,  oti 
iiroplement  avec  les  mains,  et  qui  s'accompagne  toujours  de  frictions  exercées  à  la 
surface  de  la  peau  ;  5®  de  la  douche,  enfin,  dans  laquelle  l'eau,  soumise  à  une  cer- 
taine pression,  tombe,  ou  est  projetée,  sous  forme  de  pluie,  de  jet,  de  poussière, 
df! colonne, de  nappe,  de  lame,  etc.,  d'une  hauteur  on  d'une  distance  pins  ou  moins 


58  AFFUSION. 

considérable,  et  avec  plus  ou  moins  de  force,  à  la  surface  du  corps.  {Vay.  les  mots 
Baim,  Douche,  Immersioii,  Irrigation,  Lotion.) 

L  aflusion  diffère  donc  de  la  douche  et  surtout  de  la  douche  en  nappe,  aTcc  la- 
quelle, d'ailleurs,  elle  présente  de  Tanalogie,  par  sa  faible  force  de  pression  ou 
de  percussion.  Sous  cefXe  forme,  Teau  agit  principalement  par  sa  température, 
tandis  que,  dans  la  douche,  elle  agit  à  la  fois  par  sa  température  et  par  la  force  de 
de  pression  à  laquelle  elle  est  soumise  dans  les  réservoirs  ou  appareils  qui  la  con- 
tiennent. De  cette  différenZe  dans  le  mode  d'action  résultent  des  diflSrenoes  dans 
leurs  effets,  comme  nous  le  démontrerons  plus  loin. 

Modus  fadendi.  Le  malade  est  placé  nu,  assis  ou  debout,  dans  une  baignoire 
ou  dans  une  cuve  vides,  et  reçoit  le  contenu  d'un  ou  de  plusieurs  vases  remplis 
d'eau  que  l'on  répand  sur  lui.  La  forme  des  vases  peut  varier,  mais,  en  général,  ils 
ont  un  orifice  d'écoulement  assez  large  pour  que  l'eau  en  tombant  forme  une 
nappe  plus  ou  moins  étendue  ;  une  carafe,  un  pol,  une  cruche,  une  casserole,  plus 
souvent  un  seau,  etc.,  tels  sont,  en  général,  les  instruments  de  l'aiTusion.  Dans 
certains  cas,  il  est  plus  commode  de  se  servir  d'un  arrosoir  muni  de  sa  pomme. 
Lorsque  l'afiTusion  doit  être  partielle,  porter,  par  exemple,  exclusivement  sur  la 
tète,  être  souvent  répétée,  et  que  Ion  craint,  pour  le  malade,  la  fatigue  d'un  dé- 
placement trop  fréquent,  dans  ce  cas  on  peut*  le  patient  étant  placé  en  travers 
sur  son  lit,  la  tête  inclinée  en  bas  au-dessus  d'un  baquet  vide  destiné  à  recevoir 
l'eau,  on  peut,  dis-je,  verser  celle-ci  à  l'aide  d'un  arrosoir.  Mais  ce  procédé  rentre 
dans  celui  des  irrigations,  souvent  confondu  avec  les  allusions,  dont  il  importe 
cependant  de  le  distinguer,  au  double  point  de  vue  de  la  forme  et  des  effets  tlié- 
rapeutiques.  Il  convient  encore  de  donner  le  nom  d'irrigation  à  l'arrosement 
d'une  partie  placée  sous  le  robinet  d'une  fontaine  ou  d'un  vase  quelconque.  En 
effet,  l'irrigation  consiste  essentiellement  en  un  courant  simple  ou  multiple, 
toujours  étroit  et  filiforme  ;  dans  l'affusion,  au  contraire,  le  courant  s'élargit  en 
nappe  plus  ou  moins  étendi^.  Ces  distinctions  minutieuses  seraient  puériles  si 
elles  n'étaient  pas  liées  à  des  différences  d'action  que  nous  ferons  connaître  en 
leur  lieu. 

Il  ne  faut  pas  confondre,  non  plus,  l'affusion  avec  la  douche  dite  en  nappe,  dotit 
nous  parlerons  à  l'article  Douches.  La  douche  en  nappe,  connue  sous  le  nom  de  col 
de  cygne  dans  les  établissements  hydrothéraptiques,  à  cause  de  la  forme  de 
l'appareil  élégant  d'où  elle  s'échappe,  la  douche  en  nappe  présente  avec  l'affusion, 
outre  l'analogie  de  forme,  des  analogies  d'effets.  Toute  la  différence,  d'ailleurs  im- 
portante, qui  existe  entre  l'affusion  et  la  douche  en  nappe,  c'est  que,  dans  celle-ci, 
l'eau  est  animée  d'une  force  de  projection  qui,  bien  que  notablement  aflaiblie  par 
l'étalement  en  nappe  qu'éprouve  la  colonne  liquide  à  sa  sortie  de  l'appareil,  oon- 
sene  cependant  une  certaine  intensité.  L'affusion,  au  contraire,  n'a  de  force  de 
percussion  que  celle  qui  dépend  du  poids  de  la  nappe  liquide,  d'où  il  résulte 
qu'elle  possède,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  des  propriété  moins  stimulantes  et 
plus  sédatives  que  la  douche  en  nappe. 

Affusiors  froides.  L'eau  destinée  à  l'affusion,  est  versée  plus  ou  moins  lente- 
ment, d'une  hauteur  plus  ou  moins  grande  suivant  les  cas  et  les  indications,  des 
vases  qui  la  contiennent  sur  les  diflérentes  parties  du  corps  que  l'on  veut 
soumettre  à  son  action,  sur  la  tête,  la  poitrine,  l'épigastre,  la  colonne  ver- 
tébrale, etc. 

Après  rafTusion,  dont  la  durée  varie  suivant  la  nature  de  la  maladie,  l'état  du 
malade  et  les  effets  que  l'on  veut  obtenir,  le  patient  est  essuyé,  puis,  selon  le  cas, 


AFFUSION.  59 

il  est  reporté  dans  son  lit,  enveloppé  dans  une  couverture  de  laine;  ou  bien,  si  la 
maladie  le  permet,  après  s'être  habillé  rapidement,  il  va  se  livrer  à  un  exercice  en 
plein  air,  propre  à  favoriser  la  réaction  sans  amener  la  fatigue.  11  est  bon,  avant 
l'aiïusion,  d'élever  la  température  du  corps  soit  par  Fexercice,  soit  par  des  moyens 
artificiels.  Quelques  médecins  conseillent,  lorsqu'on  a  quelque  raison  de  vouloir 
provoquer,  pendant  Taffusion,  une  réaction  vers  les  parties  inférieures,  de  faire 
placer  dans  la  baignoire  un  vase  rempli  d'eau  chaude,  dans  lequel  le  malade  plonge 
ses  jambes,  tandis  qu'il  reçoit  l'aiTusion  froide  sur  les  parties  supérieures.  Telle 
était  la  pratique  de  Récamier.  Priessnitz,  en  pareil  cas,  usait  d 'un  artifice  bien 
différent.  Pendant  toute  la  durée  de  l'affusion  il  faisait  frictionner  énergiquement 
les  membres  inférieurs  du  malade  avec  de  l'eau  suffisamment  froide  répandue 
d'avance  à  cet  effet  au  fond  de  la  baignoire.  Ces  frictions  d'eau  froide  détermi- 
naient sur  les  membres  inférieurs  une  réaction  plus  ou  moins  considérable,  qui 
remplissait  l'indication  dérivative. 

Lorsque  le  malade  est  trop  faible  pour  se  tenir  debout  ou  assis,  on  le  fait  cou- 
cher sur  un  drap  que  des  aides  tiennent  au-dessus  de  la  baignoire.  On  agit 
de  même  lorsque  l'on  veut  diriger  les  afîusions  sur  le  ventre  ou  les  parties  gé- 
nitales. 

Lorsqu'<m  se  propose  d'afluser  exclusivement  la  tête,  on  garantit  le  reste  du 
corps  du  contact  de  l'eau  froide  au  moyen  d'un  manteau  ou  d'une  pèlerine  de 
toile  cirée,  que  l'on  attache  autour  du  cou  sur  une  serviette  roulée  en  cravate. 

Température  de  Peau  et  durée  de  Vaffusion.  Elles  varient  :  1®  suivant  l'eflet 
stimulant  ou  sédatif  que  l'on  veut  obtenir  ;  2^  suivant  la  température  du  corps  ; 
3^  suivant  la  force  et  le  degré  de  réactionnabilité  du  sujet;  4®  suivant  son  impres- 
sionnabilité  nerveuse. 

Lorsqu'on  se  propose  de  déterminer  les  effets  stitnulantSf  la  durée  de  l'applica- 
tion doit  être  courte,  être  limitée,  en  général,  à  deux  ou  trois  minutes,  rester  le 
plus  souvent  en  deçà,  rarement  aller  au  delà  de  ce  chiffre  ;  la  température  de 
l'eau  doit  être,  en  moyenne  de  14®  du  thermomètre  centigrade  ;  plus  elle  descendra 
au-dessous  de  ce  chiffre'et  plus  la  durée  de  l'application  sera  courte,  plus  elle  s'é- 
lèvera au-dessus  et  plus  l'afiTusion  sera  longue.  Si  l'on  a  pour  but  l'efTet  sédatify 
Veau  doit  avoir  une  température  de  14  à  16®  centigrade,  et  l'afTusion  une  durée 
de  cinq  à  quinze  minutes. 

La  température  de  l'eau  et  la  durée  de  l'afTusion  doivent  être  également  graduées 
d'après  la  différence  de  la  chaleur  du  corps.  Plus  la  température  du  corps  est 
élevée,  plus  Teau  de  l'affosion  doit  être  froide  et  plus  la  durée  de  l'opération  doit 
être  longue.  Frôhlich  établit  à  cet  égard  les  rapports  suivants  entre  la  température 
du  corps  et  celle  du  liquide. 

LA  mPÉRATUIlE  DCr  COIIPS  PniSE  LA  TFMPÉBATURE  DK  l'eaC 

DAXS  l'aisselle  ÉTANT  DE  :  DOIT   ÊTBE   CE    .* 

36«  rt  C 52«  2  C. 

37«  2 29»  4 

37«  7 23«  9 

38«  3 18»  3  à  21-  1 

38«  8  à  39-  4 15»  5  à  18'  3 

40- ir.«  5 

40»  5 12*  8 

41*  i 4-4 

41*  «  à  42-  2 !•  6  à    1*  4 

43-  3  A  44*  4 !•  4 


CO  AFFUSION. 

Il  serait  utile  de  contrôler,  sur  ce  point  intéressant,  les  assertions  de  Frohlich  et 
de  poursuivre  cette  étude  iiiiportante,  le  thermomètre  à  la  main. 

Enfin,  avons-nous  dit,  la  température  de  Teau  et  la  durée  de  Taflusion  doivent 
être  mises  en  rapport  avec  la  force  et  la  puissance  de  réaction  du  sujet,  et  avec 
son  impressionnabilité  nerveuse.  Or,  celte  puissance  de  réaction  est  très-variable, 
suivant  les  individus;  elle  peut  être  présumée,  et  non  mesurée  d'avance;  il 
n'existe  pas  de  réactùmamètre.  D'un  autre  côté,  il  y  a  des  malades  tellement  im- 
pressionnables à  l'action  de  l'eau  froide,  que  les  premières  applications  déterminent 
parfois  chez  eux  des  phénomènes  nerveux  intenses,  très-effrayants  en  apparence.  Ce 
sont  des  palpitations  violentes,  un  sentiment  de  suffocation  extrêmement  pénible, 
une  constriction  douloureuse  parfois  intolérable  à  la  partie  postérieure  de  la 
tête  et  du  cou  ;  il  semble,  de  prime  abord,  que  ces  accidents  doivent  nécessaire- 
ment faire  renoncer  i  la  médication.  Je  dois  dire,  d'abord,  que  ces  troubles  ner- 
veux, assez  fréquents  et  très-marqués,  lorsque  l'eau  froide  est  administrée  sous 
forme  de  douches,  surtout  de  doudies  en  pluie,  sont  beaucoup  plus  rares  et  moins 
pénibles  avec  les  affusions.  Tel  malade  qui  ne  tolère  pas  la  douche  froide,  au  début, 
supporte  assez  bien  Tautre  forme  d'application.  En  ayant  soin  de  se  servir,  pour 
les  premières  affusions,  d'une  eau  à  la  température  de  14  à  16®,  et  de  ne  pas  les 
prolonger  au  delà  de  quelques  secondes,  afin  de  tâter  la  susceptibilité  des  malades 
et  leur  réactionnabilité,  on  n'aura  jamais  aucun  accident  à  craindre  ;  on  arri^-era 
infailliblement,  au  bout  de  quelques  jours,  à  faire  supporter  l'eau  froide  aux  si^ets 
les  plus  impressionnables,  et  à  développer  une  réaction  suffisante  chez  les  malades 
les  plus  débilités. 

Le  nombreàes  affusionsest,  en  général,  de  deux  à  trois  ou  quatre  dans  les  vingt- 
quatre  heures,  une  le  matin,  une  le  soir,  une  ou  deux  dans  le  milieu  de  la  journée. 
Il  est  rarement  utile  de  dépasser  ce  chiffre.  Cependant,  il  est  des  cas  où  il  convient 
de  les  multiplier  davantage  ;  c'est  au  médecin  à  se  guider  d'après  les  circonstances 
dont  l'appréciation  appartient  à  son  tact  et  à  son  expérience.  Nous  ne  pouvons 
tracer  ici  que  les  rifles  générales  de  l'application  du  modificateur  dont  nous 
parlons. 

Effets  de  Vaffusion.  Comme  dans  toutes  les  applications  extérieures  de  l'eau 
froide,  immersions,  lotions,  douches,  etc.,  les  effets  des  aifusions  présentent  des 
diflérences  essentielles,  suivant  la  température  du  liquide,  et,  surtout,  suivant  la 
durée  de  l'application  ;  la  forme  de  celle-ci  exerce  également  une  action  puissante 
sur  la  nature  ou  l'intensité  des  effets  produits,  et  il  n'est  pas  indifférent,  on  le 
comprend  sans  peine,  au  point  de  vue  des  effets  que  l'on  veut  obtenir,  de  sou- 
mettre le  malade  à  l'aifusion,  à  Timmersion  ou  à  la  douche.  11  est  vrai  que  ces 
diverses  formes  d'application  de  l'eau  froide  ne  présentent  pas  dans  leur  action 
des  différences  absolues ,  mais  les  différences  relatives  qui  existent  entre  elles 
sont  assez  grandes  pour  qu'il  faille  nécessairement  en  tenir  grand  compte  dans  la 
pratique. 

L'action  de  l'eau  froide  sur  l'organisme  consiste  en  une  modification  fiar- 
ticulière,  ou,  si  l'on  aime  mieux,  en  une  impression  spéciale  sur  le  système 
neneux. 

Contrairement  aux  médecins  qui  prétendent  que  «  tous  les  phénomènes  produits 
par  l'application  du  froid  sur  le  corps  vivant  peuvent  s'expliquer  d'une  manière 
toute  pliysique  par  h  condensation  qu'il  produit  daas  les  tissus  et  par  le  retard 
qu'il  apporte  à  la  progression  du  sang  dans  les  petits  vaisseaux,  i  nous  pensons  que 
ce  phénomènes  découlent  tous  de  l'impression  et  de  la  modification  premières  exer- 


AFFUSION.  01 

cées  par  TactHm  de  ce  modificateur  sur  le  système  nerveux.  Perçue  ou  non  perçue, 
rimpressioii  du  firoid  donne  lieu  à  des  phénomènes  complexes,  locaux  et  généraux, 
qui  ont  leur  siège  à  la  fois  dans  la  peau ,  dans  les  vaisseaux  capillaires,  artériels  et 
TÔoeux,  dans  les  muscles  de  la  vie  animale  et  dans  ceux  de  la  vie  organique,  dans 
les  organes  glandulaires,  dans  le  système  nerveux  central  et  périphérique;  phéno- 
mènes qui  témoignent  d'une  modification  plus  ou  moins  marquée  de  Tinnervation 
férébro^pinale  et  sympathique,  de  la  circulation,  de  la  calorificatioii ,  des  sécré- 
tions, de  la  nutrition  interstitielle,  de  la  contraclilité  musculaire,  etc.  Ces  phéno- 
mènes, appartenant  généralement  à  l'action  réflexe,  sont  le  spasme  des  éléments 
contractiles  du  derme  (chair  de  poule),  la  contraction  des  vaisseaux  capillaires 
catanés,  d*oû  résultent  Tarrét  de  la  circulation  périphérique,  la  pâleur  de  la  peau, 
reflaoement  du  relief  des  veines  sous-cutanées,  la  sensation  de  refroidissement  et 
de  refoulement  du  sang  vers  les  organes  splanchniques  ;  c'est  encore  le  ralentisse- 
ment du  pouls,  qui  diminue  de  trois  à  quatre  pulsations,  devient  dur,  petit,  con- 
centré, presque  insensible,  tandis  que  les  battements  du  cœur  conservent,  en 
gén&idy  leur  force  anormale  ou  bien  offrent  parfois  un  accroissement  d'énergie  ; 
ce  sont,  enfin,  les  contractions  doniques  des  muscles  de  la  vie  de  relation  (frisson, 
tremblement  des  membres,  claquement  des  dents  ;  respiration  saccadée,  entre- 
coupée, haletante),  et  les  contractions  toniques  de  certains  muscles  de  la  vie  or- 
ganique (évacuation  des  réservoirs  naturels,  de  la  vessie,  etc.). 

A  ce  spasme,  en  quelque  sorte  universel,  succède  une  détente  plus  ou  moins  ra- 
pide; la  circulation  périphérique,  reprenant  son  cours  par  suite  de  la  cessation  de  la 
contraction  capillaire,  fait  affluer  le  sang  vers  toutes  les  parties  où  le  contact  de 
Teau  froide  l'avait  suspendue;  la  peau  se  colore,  la  chaleur  revient  avec  le  sang 
qui  en  est  la  source  et  le  véhicule,  la  chair  de  poule,  le  frisson,  le  tremblement 
général  cessent,  la  respiration  devient  régulière,  large,  profonde;  le  pouls  est  plein, 
large  et  fort;  les  mouvements  ont  plus  de  souplesse,  d'agilité,  d'énergie;  enfin,  si 
l'application  froide  a  été  convenablement  faite,  à  la  sensation  pénible,  causée  par 
la  première  impression  du  liquide,  succède  un  sentiment  général  de  bien-être  qui 
dure  pendant  un  temps  plus  ou  moins  long. 

Tels  sont  les  phénomènes  que  l'on  éprouve  dans  l'état  de  santé,  à  la  suite  d'une 
affusion,  d'une  immersion,  d'une  douche,  lorsque  la  durée  de  l'application  n'a 
pas  été  trop  prolongée,  et  lorsque  l'eau  possède  une  température  moyenne  de 
10  à  14^  centigrade. 

Notons,  en  outre,  qu'en  passant  de  l'eau  à  l'air,  la  peau,  malgré  l'évaporation 
du  liquide  à  sa  sur&ce,  n'éprouve  pas  de  sensation  de  refroidissement,  et  que  la 
réaction  produit  ordinairement  en  elle  un  orgasme  tel  que  le  contact  du  linge  et 
des  frictions  assez  rudes  pour  enlever  l'épiderme  ne  sont  pas  même  sentis. 

Cest  aux  phénomènes  qui  indiquent  le  rétablissement  de  l'équilibre  organique 
rompu  par  l'action  de  l'eau  froide  que  l'on  a  donné  le  nom  de  réaction.  Il  ne 
faudrait  pas  croire  cependant  que  la  réaction  n'est  jamais  qu'un  retour  pur  et 
simple  de  l'organisme  à  l'état  où  il  se  trouvait  au  moment  de  l'application 
du  modificateur.  Comme  le  balancier,  en  vertu  de  la  vitesse  acquise  dans  sa 
première  oscillation,  dépasse  son  point  de  départ,  puis  revient  peu  à  peu  à  sa  posi- 
tion initiale  de  repos,  si  aucune  nouvelle  impulsion  ne  lui  est  communiquée,  de 
même  le  mouvement  de  réaction  organique  qui  suit  l'application  de  l'eau  froide 
va  au  delà  du  point  initial  d'équilibre;  en  vertu  de  la  stimulation  imprimée  à  l'or- 
ganisme par  le  contact  du  modificateur,  la  circulation  capillaire  est  excitée,  la 
chaleur  accrue,  les  fonctions  animales  et  végétatives  activées.  Hais  si  une  nouvelle 


A)  AFFUSION. 

»|iftlirjitKm  fin  modiricatour  ne  vient  pas  lui  communiquer  une  stimnhtioa  nou- 
yt^Uv,  \*M\tSkumiw  V1^i  nuiioné  plus  ou  moins  rapidement  à  son  état  primitif.  C'est 
fir/!4  lii^fiMsnt,  ninni  que  nous  le  montrerons  plus  loin,  à  ces  phénomènes  de  stimu- 
irtlNifi  orMiniiqu^s  t\  cet  excès  du  mouvement  de  réaction  sur  celui  de  dépression  pro- 
fliiil  |Mi  l'i^ii  fnmio,  que  ce  modificateur  doit  la  meilleure  partie  de  sa  puissance  et 
il«s  «iM  (slflrmité  Ihérnpeutiques.  En  activant  ainsi  chaque  jour,  par  son  af^lication 
iA|hH^i,  l\H*(ion  fonctionnelle  générale,  Teau  froide  arrive  à  produire  dansTorga- 
iilKiiia  pluk  ou  moins  débilité  les  modifications  les  plus  remarquables  et  les  plus 

Mitiv  il  (lit  {lossible  de  s'opposer  à  l'accomplissement  du  mouvement  réactionnd, 
(lii  l'arrétii*,  do  Tempècher  de  se  produire,  et  de  ne  plus  laisser  à  Teau  froide  que 
Miii  action  dépressive,  contro-stimulante,  antipblogistique,  action  qui,  oianiée  à 
|iro|MM  par  une  main  habile  et  expérimentée,  rend  de  si  grands  services  dans  le 
liait^miunt  d'une  catégorie  nombreuse  de  maladies. 

Pour  arrêter  et  mettre  à  néant  l'action  excitative,  stimulante  de  l'eau  froide, 
{lour  produire  sûrement  l'action  sédative,  il  suffit,  d'une  part,  d'élever  de  quelques 
dtJgrés  In  température  du  liquide,  d'autre  part,  d'augmenter  de  quelques  minutes 
k  durée  de  son  application.  L'eau  froide  est  donc  un  modificateur  à  dotiUe  fin, 
tantôt  stimulant  ou  sthéuique,  quand  sa  température  est  très-basse  (0*^  à  10*C.) 
ot  la  durée  de  son  application  très-oourte;  tantôt  oootro-stimulant  ou  asthéniqiie, 
lorsqu'elle  est  douée  d'une  température  moyenne  (14"*  à  16"*)  et  que  la  durée  de 
son  ap|dication  est  prolongée.  Elle  est  le  modificateur  qui  répond  le  mieux  à  cette 
célèbre  dicliotomie  pathologique  qui,  de  Thémis(m  à  Broussais,  en  passant  psir 
Baglivi,  Hoflhiann,  Brown  et  Rasori,  a  joué  un  si  grand  rôle  dans  les  théories  et 
dans  la  pratique  médicales. 

Gonmie  agent  contro-stimulante  elle  trouve  son  application,  intus  et  extra, 
dans  la  plup;irt  desphicgmasies  internes,  et  dans  un  grand  nombre  de  phlcgma^ies 
externes  ou  chiruigicales.  G>nune  agent  ntimulanty  elle  s'applique,  avec  une  effi- 
cacité qui  n'est  plus  contestable  aujourd'hui,  à  l'imnaense  maforité  des  affections 
chroniques  si  bien  nommées  maladies  asthénùiues  ou  de  faiblesse. 

Enfin,  par  quelques-uues  de  ses  applications,  l'eau  froide  produit  des  effets 
mixtes^  tenant  à  la  fois  de  la  stimulation  et  de  la  conlro-stimulation,  cfiels  que 
j'appellerai  taxo-^f/namiques^  pour  rappeler  que  c'est  principalemeat  dans  h  classe 
des  maladies  où  se  rencontrent  le  plus  souvent  les  phénomènes  d'adynamie  et 
d'alaxio  nerveuse,  qu'elle  lésa  manifestés.  Elle  stimule  les  forces  et  calme  l'ataxie . 

A  it*s  trois  otxlres  d'ciïets  bien  distincts,  répondent  des  formes  spéciales  d  ap- 
plication de  Tesm  froide.  Les  elTets  sédatifs,  antiplik^stiques,  sont  obtenus  par 
l*usag\«  de»  Unssons  fraîches  à  hante  dose  dans  les  phlegmasies  de  cause  interne; 
|Mr  les  inuuei^ions  et  les  irrigations  froides  prolongées,  dans  celles  de  cause 
externe  ou  ciiinirgicaie,  |)lilognKNi,  brûlure,  etc. 

Im'S  elTots  slinuiLtnls  s  obtioniKnit  principalement  par  les  doudies,  qui  unissent 
aux  eiïet^  inxiduiis  par  Va  température,  ceux  qui  dépendent  de  b  forée  de  percus- 
KMW  du  liquiiio;  It^  dmKiies  en  pluie,  en  jet»  en  pouasièn^,  constituent  les  formes 
les  |)lus  iNiissantt's  et  les  plus  enficaccs  de  la  méthode  hjdrothénpiqiie  dans  le 
tr,iiloment  dt^s  ntniadit's  chroniques. 

KutiUi  la  foniio  do>airu>ions  ininxieiil  surtout  au  traitement  des  aflectioRsataxo- 
ml\iuiniiqui's.  Nous  alUtiis  \oiri  eu  eOTel,  que  c*t^  surtout  dans  la  classe  dt^ 
|i)h>\ieH,  dan»  la  lit^\iv  l>phoido,  le  t\^ii»,  la  lièvre  jaune,  les  maladies  éni- 
|ili\eii  aiHirmalos  et  ixNupliquiVs,  la  scartatine,  la  rougeole,  la  vsriok,  etc.»  etc., 


AFFUSION.  63 

(jne  les  afiusioiis  froides  ont  manifesté  le  plus  d'efficacité  et  compté  le  plus  de 
succès. 

Je  sais  bien  que  Ton  peut,  sans  aucun  doute ,  produire  des  effets  identiques 
avec  Tune  quelconque  de  ces  trois  iormes  d'application  de  l'eau  froide  ;  que  les 
immersions  produisent  des  effets  stimulants  quand  l'eau  est  très-froide  et  l'ap- 
plication courte  ;  que  les  douches  déterminent,  entre  les  mains  d'hydropathes  inin- 
telligents, des  phénomènes,  souvent  très-fâcheux,  de  dépression,  quand  leur  durée 
est  trop  longue  ;  que  les  afiusions,  enGn,  deviennent  tantôt  uniquement  excitantes, 
Untôt  uniquement  dépressives ,  suivant  que  l'eau  est  très-froide  et  la  durée  de  son 
application  très-courte,  ou  que,  au  contraire,  l'eau  est  modérément  froide  et  la 
durée  de  son  application  prolongée.  Tout  dépend  en  cela,  je  le  répète ,  de  la  tem- 
pérature de  Teau  et  du  temps  pendant  lequel  elle  demeure  eu  contact  avec  le  corps. 
Nais  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  certaines  formes  d'applications  se  prêtent  plus 
facilement  que  d'autres  à  la  production  de  tels  ou  tels  effets  spéciaux  ;  les  immer- 
sions et  les  irrigations,  aux  effets  antiphlogistiques;  les  douches,  à  Faction  stimu- 
lante, les  allusions  aux  phénomènes  mixtes.  Et  cela  se  comprend  facilement.  En 
effet.  Faction  stimulante  de  l'eau  froide  a  deux  facteurs  bien  distincts,  la  tempé- 
rature du  liquide  et  la  force  de  percussion  dont  il  est  animé.  Or,  dans  Finigation, 
et  surtout  dans  l'immersion,  l'influence  du  deuxième  facteur  est  nulle;  elle  est  à 
son  Summum  dans  les  douches  en  jet,  en  pluie,  en  poussière,  qui  possèdent,  en 
vertu  de  la  force  de  projection  et  de  la  division  du  liquide,  une  grande  puissance 
de  stimulation;  elle  est  faible,  enfin,  dans  FaiTusion,  puisque  l'eau  versée,  sous 
forme  de  nappe,  d'un  vase  pjacé  à  quelques  centimètres  seulement  de  la  surface 
du  corps,  ne  possède  d'autre  force  de  percussion  que  celle  qui  résulte  de  sou  propre 
poids. 

Les  affusions  froides  peuvent  donc,  comme  toutes  les  autres  formes  d'application 
de  l'eau  froide,  produire  tantôt  des  effets  stimulants  ou  excitants,  tantôt  des  effets 
sédatifs,  tantôt  des  effets  mixtes,  suivant  la  température  de  l'eau  et  suivant  la 
durée  de  l'application  de  ce  liquide.  Mais  elles  sont  plus  aptes  que  toutes  les  autres 
formes  à  la  production  des  efïets  mixtes,  et  nous  venons  d'en  donner  la  raison. 
Ces  effets  s'obtiendront  plus  facilement  et  plus  sûrement  avec  une  eau  à  la  tem- 
pérature de  14  à  16®  cent.,  et  Iprsque  la  durée  totale  de  l'affusion  ne  dépassera  pas 
cinq  à  six  minutes.  Si  l'on  veut  que  Faction  stimulante  prédomine,  la  température 
de  Feau  de\Ta  être  abaissée  à  12°  et  même  à  10°  cent.,  et  la  durée  de  l'affusion 
réduite  à  une,  deux,  trois  minutes  au  plus  ;  enfin,  si  l'on  a  besoin  surtout  de  Faction 
sédative,  Feau  ayant  une  température  de  14°  à  16°,  sera  versée  lentement  sur  le 
oorps  pendant  un  espace  de  temps  qui  peut  varier  entre  six,  dix  et,  par  exception, 
'[uinze  minutes.  Dans  ce  dernier  cas,  si  l'application  doit  être  générale  et  non  par- 
tielle, il  est  presque  toujours  plus  avantageux  de  substituer  l'immersion  à  l'af- 
fusion. L'effeî  est  plus  sûr  et  plus  exempt  d'inconvénients. 

Ces  règles  générales  ne  sont  pas  absolues  ;  elles  devront  subir  des  modifications 
suivant  le  sexe>  Fàge,  la  constitution,  Fétat  des  forces  du  malade,  la  nature  de  la 
maladie;  le  médecin,  doué  de  tact  et  d'expérience  acquise,  appréciera  ce  qu'exigent 
ces  diverses  circonstances  et  y  conformera  sa  conduite. 

Peut-on  administrer  les  affusions  lorsque  le  corps  est  en  pleine  sueur,  ou  vaut-il 
mieux  attendre  que  celle-ci  se  sôit  dissipée?  Question  grave  et  diversement  résolue 
par  les  auteurs.  Malgré  Fopinion  de  plusieurs  médecins,  dont  Fautorité  a  une 
grande  valeur,  je  n'hésite  pas  à  proclamer,  en  règle  générale  j  la  complète  inno* 
cuite  des  affusions  et  de  toutes  les  autres  applications  de  l'eau  froide,  alors  que  la 


G4  AFFCSION. 

peau  est  baignée  par  uue  sueur  plus  ou  moins  abondante.  Avec  M.  Flenry,  je 
pense  que  les  laits  inroqués  a  l'appui  de  Topinion  contraire  ont  été  ou  mal  obs(T\és 
ou  mal  interprétés.  A  défaut  d'autres  preuves,  il  suffirait  de  considérer  ce  qui  se 
passe  dans  les  établissements  hydrothérapiques ,  où  chaque  jour  de  nombreux 
malades,  au  plus  fort  d'une  transpiration  provoquée  soit  par  un  eiercice  mleiit 
soit  par  Tétuve  sèche,  soit  par  le  bain  de  vapeurs,  soit  par  l'enveloppement  dans 
le  drap  mouillé  ou  dans  la  couverture  de  laine,  sont  soumis,  qui  à  l'immersion 
dans  la  pisdne,  qui  à  la  douche  froide  générale  en  pluie  et  eu  jet,  qui  à  raiTusioii, 
qui  h  la  friction  f2:cnéra1e  en  drap  moniHé,  sans  que  jamais  le  moindre  accident 
arrive  qui  soit  imputable  à  une  pareille  pratique.  Pour  mon  compte,  peudant 
huit  années  d'observation  et  de  pratique  hydrothérapique  dans  des  établissements 
spéciaux,  où  passaient  un  grand  nombre  de  malades,  les  applications  froides  géné- 
rales, sur  le  corps  en  sueiur,  ne  m'ont  jamais  donné  que  d'excellents  résultats. 
Faut-il  rappeler  encore  la  pratique,  universellement  répandue  dans  les  pays  orien- 
taux, des  bains  de  vapeura  stiivis  d'aiïusions  froides,  coimus  partout  sous  le  nom 
de  bain$  russes^  de  bairu  à  C orientale?  Voit-on  résulter  beaucoup  d'accidents  de 
l'emploi  de  cette  méthode  qui  tend  de  {dus  en  plus  à  se  généraliser  dans  nos  pays? 
Non.  Les  accidents,  assez  rares  d'ailleurs,  sont  toujours  imputables  non  a  Li 
méthode  elle-même,  mais  aux  vices  de  son  application. 

Sans  dotitc  si,  pendant  que  le  corps  est  en  sueur,  on  £iit  une  application  par- 
Uelle  d'eau  froide,  on  encore  une  application  générale  trop  longue,  de  dix  minutes 
à  un  quart  d'heure,  par  exemple,  comme  le  conseillent  certains  auteurs  ;  si  l'on 
s'oppose  ainsi,  par  une  prolongation  intempestive  de  l'application  frmde,  au  mouve- 
ment salutaire  de  réaction  qui  doit  suivre,  il  pourra  survenir  des  accidents  ;  il  est 
même  étonnant  qu'il  n'en  arrive  pas  davantage  en  pareil  cas;  mais,  je  le  répetr, 
c'est  le  vice  de  l'application,  non  celui  de  la  méthode.  Toutes  les  fois  que  loa 
coupe  une  transpiration  en  pleine  activité,  quelle  qu'en  soit  la  source,  par  uue 
application  froide  générale  et  courte  (une  à  deux  minutes  au  plus),  suivie  d'une 
réaction  franchey  la  suppression  brusque  de  la  sueur  est  non-seulement  exem|>te 
de  danger,  mais  encore  die  est,  le  plus  souvent,  pour  l'organisme  plus  ou  moins 
débilité  par  une  déperdition  plus  ou  moins  abondante  de  liquide,  un  bien  réel. 
J'ai  toujoura  vu  employer,  et  j'ai  employé  moi-même  avec  avantage ,  l'affusion ,  le 
bain  froid,  la  douche  en  pluie  et  en  jet,  la  friction  générale  avec  le  drap  mouille, 
pour  mettre  fin  aux  sueurs,  parfois  si  copieuses  et  si  fatigantes,  qui  accompagnent 
le  troisième  stade  d'un  accès  de  fièvre  intermittente.  Les  malades  éprouvent  tou- 
jours, immédiatement  après  cette  application,  un  grand  bien-être,  et  on  les  ^t>it 
bientôt  s'endormir  d'un  sommeil  paisible  et  réparateur.  Il  en  est  de  même  dans 
beaucoup  de  cas  analogues. 

Je  ne  lerat  qu'une  exception  à  cette  règle  générale,  c'est  lorsqu'il  s'agit  d^uiio 
sueur  présentant  les  caractères  d'une  sécrétion  critique.  Dans  cù&  £as,  lorsque  la 
transpiration,  modérée,  n'est  p;is  ca|iable  de  débiliter  notablement  l'organisme,  il 
convient  de  s'abstenir,  afin  de  ne  pas  contrarier  ce  qui  pourrait  être  un  effort 
salutaire  de  la  nature. 

Maladies  dans  lesquelles  on  emploie  les  affusUms  froides.  L'emploi  dos 
afiusions  froides  dans  le  traitement  dc^  maladies,  remonte  à  la  plus  luutc  anti- 
quité. Depuis  Hippocrate  qui,  le  premier,  la  mentionne  dans  ses  ouvrages,  jusqu'à 
nos  jours,  cette  médication  a  p;issé  par  les  plus  grandes  vicissitudes,  tantôt  accueillie, 
prônée,  exaltée  |Mr  l'enthousiasme  de  ses  ])artisans  avec  les  autres  usages  de  Teau 
à  l'intérieur  et  à  rcitérieur;  tantôt  reiiousséc  et  replongée  dans  loubli  prie 


AFFUSIOS.  6b 

dédaiu  de  ses  détracteurs.  Chacun  sait,  d'ailleurs,  que  tel  a  été  le  sort  de  la  méthode 
hydrothérapique,  dont  les  affusious  ne  sont  qu'un  procédé  particulier. 

Les  aflusions  froides  ont  été  préconisées  et  mises  en  usa^e  contre  les  maladies 
les  plus  diverses,  et  même  les  plus  opposées  par  leur  nature.  Maladies  externes  et 
uialadies  internes,  affections  aiguës  et  affections  chroniques,  phlegmasies  et  névroses,, 
pyrexies  et  algidités,  pléthore  et  anémie,  fièvres  continues  et  fièvres  intermittentes, 
phlegmons  et  brûlures,  plaies  simples  et  plaies'par  armes  à  feu,  fractures,  luxation, 
ïiemies  étranglées,  etc.,  etc.;  il  n*est  guère  de  maladies,  guère  de  lésions  chirur- 
gicales, qui  n'aient  été  plus  ou  moins  soumises  à  Taction  des  affusions  froides.  Si 
Ton  se  rappelle  ce  que  nous  avons  déjà  dit  sur  les  diverses  manières  d'agir  de  ce 
modificateur  et  sur  ses  effets  tantôt  sédatifs,  tantôt  stimulants,  tantôt  mixtes,  on 
comprendra  sans  peine  qu'il  ait  pu  être  appliqué  très-rationnellement  et  avec 
succès  au  traitement  des  maladies  les  plus  différentes  par  leurs  symptômes  et  par 
leur  nature. 

La  grande  classe  des  pyrexies  reufeime  les  maladies  dans  lesquelles  les  aifusions 
froides  ont  surtout  signalé  leur  remarquable  influence.  Au  premier  rang  de  ces 
maladies  sont  les  affeclions  typhiques,  le  typhus  et  la  fièvre  typhoïde.  Tous  les 
observateurs  s'accordent  à  vanter  les  excellents  effets  des  affusions  froides  dans  ces 
graves  maladies.  Hippocrate  les  employait  dans  les  maladies  qu'il  désigne  sous  les 
noois  de  caustis^  typhus  causodes,  dont  les  symptômes  semblent  se  rapporter  à 
ceux  de  la  fièvre  typhoïde  et  du  typhus  modernes.  Hais  c'est  surtout  vers  la  fin  du 
siècle  dernier,  et  dans  la  première  moitié  de  celui-ci,  que  les  médecins  se  sont  mis 
à  traiter  le  typhus  et  la  fièvre  typhoïde  par  les  affusions  froides.  En  Angleterre, 
Wright  et  Gunie  font  prévaloir  la  méthode  des  affusions  froides  sur  toHtes  les 
autres  méthodes  de  traitement  du  typhus.  Trois  seaux  d'eau  de  mer,  jetés  sur  le 
corps  eu  une  seule  fois,  pendant  trois  jours  de  suite  et  deux  fois  par  jour,  consti- 
tuent la  médication  qui  procure  à  Wright,  à  Currie  et  à  un  grand  nombre  d'autres 
médecins  après  eux,  les  plus  éclatants  succès.  Les  affusions  étaient  pratiquées  à 
toute  heure  de  la  journée,  à  la  condition,  cependant,  que  le  malade  n'accusât  point 
de  frisson,  que  la  température  du  corps  fût  notablement  augmentée  et  que  la  peau 
ne  fût  point  couverte  d'une  sieur  générale  et  abondante.  Telles  sont  les  trois  con- 
dilions  auxquelles,  suivant  Currie,  est  subordonné  le  succès  de  cette  médication 
véritablement  héroïque.  Employées  dans  les  trois  premiers  jours,  les  affusions 
ont,  en  général,  arrêté  la  maladie  ;  du  quatrième  au  cinquième  jour,  cet  heureux 
cftet  a  encore  été  obtenu,  mais  plus  rarement.  Plus  tard,  elles  ont  toujours  eu  pour 
résultat  de  modifier  les  principaux  symptômes,  et  particulièrement  l'agitation  et 
le  délire,  de  conduire  la  maladie  à  une  terminaison  plus  prompte  et  plus  sûrement 
heureuse. 

En  Allemagne,  les  affusions  froides  ont  été  employées  contre  la  fièvre  typhoïde  par 
une  foule  de  médecins,  parmi  lesquels  il  faut  nommer  Frohlich,  Reuss  et  Pistchafl. 

En  France,  Récamier,  et,  après  lui,  MM.  Bciiu,  Andricux  (de  Rrioude),  Tessier, 
StaeUer  (de  Mulhouse),  ont  obtenu  les  succès  les  plus  remarquables  de  l'emploi 
des  affusions  froides,  dans  la  i)ériode  extrême  de  la  fièvre  typhoïde,  dans  la  période 
adynamique  de  cette  maladie. 

MM.  Guersant  et  JoUy  les  considèrent  comme  un  remède  héroïque  contre  les  fièvres 
tjplioïdes  graves.  11  est  étrange  qu'après  les  résultats  si  merveilleux  signalés  par 
tant  de  médecins  distingués  de  l'Angleterre,  de  l'Allemagne  et  de  la  France,  per- 
sorme  n'ait  eu  l'idée  de  faire  de  cette  médiciition  une  expérimentation  méthodique 
et  suivie. 

DICT.   BHC.  11.  5 


66  AFFIJSIO.N. 

La  fièvre  jaune  a  été  traitée  également  avec  succès  par  les  alTusioiis  froides.  Les 
témoignages  de  Jackson,  Mac-Lcan  et  d'un  grand  nombre  de  médecins  anghis, 
ayant  exercé  dans  les  colonies,  en  font  foi. 

Les  affusioiis  froides  ont  rendu  les  plus  grands  services  dans  le  traitement  des 
fièvres  éruplivcs,  principalement  dans  les  fièvres  anomales  et  compliquées.  Elles 
ont  été  employées  dans  la  petite  vérole,  dans  la  rougeole  et  surtout  dans  la  scar- 
latine, en  Angleterre,  par  Currie,  Gregory,  Bateman,  etc.,  qui  les  firent  adopter 
comme  méthode  générale  du  traitement  de  la  scarlatine  ;  en  Allemagne,  par  Reuss, 
Frôhlich,  Pistchafl,  Nasse  et  un  grand  nombre  d'autres  médecins  dont  les  titivaux 
et  observations  sont  consignés  dans  le  Journal  d^Hufeland;  en  France,  par  Réca- 
mier  et  par  M.  Trousseau,  qui,  à  peu  près  seul,  a  suivi  les  traditions  de  ce  praticien 
illustre.  M.  Trousseau  administre  les  aCTusions  froides  dans  le  traitement  des  acci- 
dents nen^eux  ataxiques  de  la  scarlatine.  11  les  donne  deux  fois  par  jour,  le  matin 
et  le  soir,  pendant  quelques  secondes  seulement.  U  observe,  généralement,  une 
dimiimtion  notable  de  la  chaleur  et  du  pouls,  qui  tombe  de  dix  ou  vingt  pulsations  ; 
une  sédation  rapide  et,  en  quelque  sorte,  immédiate,  de  l'agitation  et  du  délire, 
même  le  plus  violent;  l'éruption,  au  lieu  d'être  répercutée,  comme  le  disent  cer- 
tains médecins  mus  par  des  craintes  théoriques  imaginaires,  l'éruption  est  rendue 
plus  facile,  plus  accusée.  Ainsi,  exaltation  de  la  lésion  exanthématique,  sédation 
des  phénomènes  nerveux,  de  la  chaleur  et  de  la  fièvre;  simplification  et  retour  de 
la  maladie  à  ses  conditions  normales,  tels  sont  les  effets  des  affusions  froides  obser- 
vés et  signalés  par  M.  Trousseau  dans  la  scarlatine. 

Tel  est  aussi  le  résultat  des  expérimentations  de  Bateman.  Suivant  le  médecin 
anglais,  aucune  médication  ne  peut  être  comparée  aux  affusions  froides,  pour  l'effi- 
cacité, dans  le  traitement  de  la  scarlatine.  Il  s*indigne  contre  les  praticiens  de  sou 
temps  qui,  par  une  frayeur  ridicule  du  fantôme  de  la  réperaissiou,  combattaient 
b  méthode  de  Currie  et  s'opposaient  à  sa  généralisation. 

En  résumé,  les  affusions  froides  exercent  la  plus  heureuse  influence  sur  les 
phénomènes  si  graves  que  l'on  observe  dans  le  typhus,  la  fièvre  typhoïde,  la  fièvre 
jaune,  les  fièvres  éruptives,  et,  en  général,  dans  toutes  les  pyrexies  à  type  continu 
ou  rémittent.  Elles  diminuent  la  chaleur  fébrile,  la  soif,  la  sécheresse  de  la  peau  et 
de  la  langue  ;  ralentissent  le  pouls  de  dix  \  vingt  pulsations,  impriment  une  séda- 
tion rapide,  en  quelque  sorte  immédiate,  aux  phénomènes  nerveux  les  plus  exaltés, 
à  l'agitation,  au  délire,  etc.  En  outre,  dans  les  fièvres  éruptives,  anomales  et  oom- 
pliquécs,  elles  favorisent  la  sortie  de  l'exanthème,  l'exaltent,  loin  de  le  répercuter, 
simplifient  la  maladie  et  la  fon'  rentrer  dans  ses  voies  normales  et  régulières.  Elles 
produisent  donc  à  la  fois  des  effets  stimulants  et  des  effets  sédatifs,  une  sédation 
tonique,  si  l'on  peut  ainsi  dire. 

Après  les  pvrcxies  continues  et  les  fièvres  éruptives,  les  maladies  auxquelles  les 
affusions  froides  ont  été  appliquées,  avec  le  plus  de  succès,  sont  les  fièvres  inter- 
mittentes. C'est  eiicore  à  un  médecin  anglais ,  h  Currie ,  que  la  thérapeutique 
est  redevable  de  l'origine  de  celte  médication.  Currie  avait  recours  aux  affu- 
sions froides  pendant  le  stade  de  chaleur  des  fièvres  intermittentes.  Il  a  tou* 
jours  vu,  dit-il,  l'accès  se  terminer  immédiatement;  mais  si  aucun  remède  n*élait 
prescrit  pendant  l'apyrexic ,  la  fièvre  reparaissait ,  en  général ,  à  son  temps 
ordinaire.  Cependant,  ajoute  Currie,  les  accès  suivants  ont  été  quelquefois  pré- 
venus par  des  affusions  pratiquées  environ  une  heure  avant  l'époque  présumée  de 
leur  retour,  et  la  maladie  a  été  complètement  guérie  après  quatre  ou  cinq  affusions 
de  ce  genre. 


AFFUSIO>\  G7 

Gianiiiiii  l'éussit  égaleiiieiit  à  guérir  les  lièvres  inlernutleiiles,  en  substituant 
riminersion  auxaiïu.>ions;  mais  il  associait  Teau  froide  au  quinquina. 

Nous  verrons  à  Tarticle  Douche  comment  M.  Fleury,  s'inspirant  d*uii  passage 
do  Ciirrie,  eu  a  fait  le  point  de  départ  de  ses  belles  reclierclies  sur  l'action  des 
douches  froides  dans  le  traitement  des  fièvres  intermittentes,  recherches  qui  Tout 
conduit  à  la  découverte  de  la  méthode  la  plus  puissante,  la  plus  efficace,  à  laquelle 
aucune  autre  ne  peut  être  comparée,  pour  la  guérison  radicale  de  cette  catégorie 
de  maladies. 

Dans  les  algidités,  les  aflnsions  sont  utiles  pour  stimuler  Tinnervation,  la  cir- 
culation périphérique,  Tactivilé  de  la  respiration,  de  la  calorification,  des  fonctions 
de  h  peau,  et,  par  ce  moyen,  tirer  l'organisme  de  son  engourdissement  fatal.  Dans 
la  période  algide  du  choléra,  elles  calment  les  crampes,  les  vomissements,  les 
évacuations  alvines  ;  elles  favorisent  le  passage  de  la  période  algide  à  la  période  de 
réaction,  elles  modèrent  celle-ci  et  la  régularisent.  Dans  la  p('^riode  de  réaction, 
elles  seront  prescrites  avec  avanUige  pour  calmer  les  symptômes  cérébraux  et,  en 
général,  pour  modérer  un  mouvement  réaclioiniel  trop  violent.  Il  est  inutile  d'ajou- 
ter que  dans  la  période  algide  Taffusion  devra  être  rendue  stimulante  par  la  kisse 
température  de  Teau  et  la  courte  durée  de  l'application,  qui  sera  plusieurs  fois 
répétée  dans  les  vingt-quatre  heures;  dans  la  période  de  réaction,  au  contraire,  on 
donnera  à  l'affusion  des  propriétés  sédatives,  en  élevant  de  quelques  degrés  la 
température  de  l'eau  et  en  prolongeant  de  quelques  minutes  la  durée  de  l'applica- 
tion. En  se  conformant  2\  ce  principe,  on  n'aum  jamais  à  craindre  d'augmenter 
les  pliénomènes  de  dépression  dans  la  i)ériode  algide,  ou  ceux  d'excitation  dans  la 
période  réactionnelle. 

Nous  ne  sachions  pas  que  les  applications  froides  aient  encore  trouvé  leur  emploi 
iLms  le  sclérèmet  ou  oedème  algide  des  nouveau-nés.  Il  y  aurait,  cependant,  de 
œ  cùté,  quelque  chose  à  Ibire. 

Les  hémon'hagies  sont,  après  les  pyrexies,  la  classe  de  maladies  dans  lesquelles 
les  affusions  froides  rendent  le  plus  de  services.  Depuis  Hippocrate  jusqu'à  nos  jours, 
il  n'est  pas  de  médecin  qui  n'ait  recours  à  l'eau  froide  pour  arrêter  un  écoulement 
de  bang.  Ce  remède  est  devenu  vulgaire  et  banal,  mais  il  s'en  faut  qu'il  soit  tou- 
jours convenablement  et  méthodiquement  appliqué.  Le  mode  d'application  dont  nous 
avons  obtenu,  et  dont  nous  obtenons  tous  les  jours,  les  meilleure  oflets  pour  arrêter 
une  épistaxis,  une  métrorrhagie,  consiste  dans  une  allusion  locale,  sur  les  extrémités 
inférieures,  prolongée  de  cinq  à  dix  minutes  environ,  tantôt  plus,  tantôt  moins, 
avec  de  l'eau  à  %^  ou  W.  Dans  les  établissements  hydrothérapiques  on  emploie 
aîec  avantage,  à  cet  effet,  le  bain  de  pieds  i\  eau  courante,  que  l'on  peut  remplacer 
par  l'irrigation  avec  l'arrosoir  muni  de  sa  pomme.  Ce  moyen  d'hémostase  s'emploie 
œnlre  les  béoiorrhagies  dites  passives,  ou  encore  contre  les  hémorrhagies  actives 
qui  se  prolongent  d'une  manière  insolite  et  inquiétante.  Il  faut  bien  se  garder  d'y 
avoir  recours  (est -il  besoin  de  le  dire?)  lorsqu'on  a  lieu  de  penser  que  l'on  a  affaire 
à  une  hémorrhagie  critique  ou  supplémentaire.  Hors  ces  cas,  l'affusion  froide  pro- 
duit toujours  les  meilleurs  résultats,  même  loi-sque  l'hémorrhagie  est  due  à  une 
iéion  organique.  Sans  doute,  alors,  l'écoulement  de  sang  se  repinxlnit,  et  l'eau 
froide  n'est  qu'un  moyen  ptdliatif  ;  mais  du  moins  est-on  assuré  d'écarter  momen- 
taoémenl  des  dangers  parfois  très-graves. 

Dmis  les  névroses,  les  affusions  froides  trouvent  leur  application  toute  naturelle 
tt  consacrée,  d'ailleurs,  par  d'éclatants  succès.  La  plupart  des  névroses  cérébrales , 
iépilepsie,  l'édanipsie,  le  tétanos,  les  contractures,  les  paralysies,  le  delirium 


08  AFFUSION. 

tremens,  le  spasme  de  la  glotte,  lasthme  nerveux,  la  toux  spasmodique,  les  palpi- 
tations nerveuses,  l'angine  de  poitrine,  les  névralgies  internes  et  externes,  i*hjpo- 
chondrie,  Thystérie,  la  nymphomanie,  le  satyriasis,  etc.,  elc  ,  sont  souvent  modilîée^ 
de  la  façon  la  plus  beureuse  par  les  affusions  froides.  L'application  du  modificateur 
devra  varier  suivant  les  indications. 

Dans  les  névroses  primitives  essentielles,  si  Ton  peut  ainsi  parler,  c*est-a-dire 
dans  celles  dont  on  ne  trouve  la  cause  ni  dans  l'altération  des  organes,  ni  dans  Tallé- 
ration  de  certains  éléments  du  sang,  il  est  indiqué,  en  général,  de  chercher  à  dé- 
terminer les  effets  sédatifs  des  affusions  en  prolongeant  leur  durée.  Dans  les 
névroses  symptomatiques  d'ime  lésion  organique  ou  d'une  altération  de  la  compo- 
sition du  sang,  il  faut,  au  contraire,  provoquer  tantôt  les  effets  sédatifs,  tantôt  les 
effets  stimulants  ;  les  premiers,  pendant  la  durée  de  Taccës,  les  seconds,  pendant 
rintermittence.  En  effet,  nous  allons  voir  que  les  états  cliniques  auxquels  sont 
très-souvent  liées  les  névroses  sont  avantageusement  modifiés  par  les  applications 
froides  stimulantes.  Il  est  donc  indiqué  de  stimuler  dans  ces  sortes  de  névroses, 
mais  on  conçoit  qu'il  y  aurait  de  graves  inconvénients  à  le  faire  pendant  l'accès, 
alors  que  la  surexcitation  nerveuse  est  portée  à  Textrénie;  il  faut  donc  calmer  dans 
l'accès,  et  stimuler  pendant  Tintermitlence.  Dans  le  premier  cas  on  s'adresse  au 
symptôme  qui  indique  la  sédation  ;  dans  le  second,  à  la  cause  ou  à  la  nature  de  la 
maladie,  qui  indique  la  stimulation. 

Ce  sont  là  des  considérations  essentiellement  cliniques  et  pratiques;  faute  d*ol>- 
server  les  préceptes  qui  en  découlent,  on  s'exposerait  à  de  fôclieux  mécomptes. 

Nous  ne  pouvons  énumérer  tous  les  auteurs  qui  ont  appliqué  ou  conseillé  les 
affusions  froides  dans  les  névroses  ;  ja  liste  en  serait  trop  longue.  Nous  nous  con- 
tenterons de  nommer,  après  Hippocrate,  qui  les  prescrit  dans  le  tétanos,  les  don* 
leura,  etc.,  Asclépiade  qui  introduisit  à  Rome  les  pratiques  hydrothérapiqueset  qui 
fit  un  grand  usage  de  l'eau  froide  dans  le  traitement  des  névroses  ;  Celse,  qui  pres- 
crit les  affusions  dans  la  folie  triste  et  dans  la  léthargie  ;  Arétée,daiis  la  phrénésie. 

Citons,  parmi  les  modernes,  en  Angleterre,  Currie,  qui  a  employé  les  affusioiis 
froides  avec  succès  dans  le  tétanos,  les  con\iilsions  des  enfants,  l'hystérie,  etc.  ; 
en  Allemagne,  Frôlilich,  dans  la  mélancolie,  la  manie;  Pitschait,  dans  le  delirium 
tremens,  les  contractures,  la  nymphomanie,  Tamaurose,  la  mélancolie,  la  mi- 
graine ;  en  France,  Récamier.  Dans  ces  derniers  temps,  depuis  que  Thydrotlié- 
rapie  rationnelle  a  conquis  son  rang  dans  la  thérapeutique,  il  n'est  pas  de  méde- 
cin, un  peu  au  courant  des  progrès  de  l'art,  qui  ne  prescrive  les  affusions  dan> 
les  névroses. 

Altéralioru  du  sangoa  hernies.  Dans  les  maladies  caractérisées  organiquement 
par  l'altération  de  l'élément  globulaire  du  sang,  fonctiounellement  par  la  langueur 
des  phénomènes  de  la  vie  végétative,  d'une  part,  et,  d'un  autre  cÎ5té,  par  rérc- 
thisme  du  système  neneux  ;  dans  la  chlorose^  Yanémie,  la  Moro-anémie^  les  affu- 
sions froides,  par  leur  action  stimulante,  ne  cessent  de  rendre  les  plus  grands  ser- 
vices.  L'eau  froide  guérit  le  plus  souvent  ces  maladies,  qui  ont  déjà  résisté  au  fer, 
au  quinquina,  etc.;  elle  les  modifie  avec  rapidité,  surtout  lorsqu'elle  est  appliquée 
sous  forme  de  daucheSj  qui  constituent  la  ïbrme  la  plus  stimulante  et  essentiel- 
lement reconstitutive  des  applications hydrothéra piques  (Voy,  le  mot  Dodcbes). 

Dans  la  pléthorêt  les  affusions  froides  amendent  certains  symptômes  pénibles, 
entre  autres  la  céplialalgie,  effet  de  la  congestion  encépliali(|ue.  Dans  un  bon  travail 
iinalysé  par  M.  Dochanibrc,  et  inséré  dans  la  Gazette  hebdomadaire,  M.  Mm 
Kent  Spender,  peubc  que  l'affusion  froide  agit,  dans  ce  cas,  surtout  en  diminuant 


AFFUSION.  69 

h  forre  de  contraction  du  cœur  et  l'énergie  avec  laquelle  cet  organe  lance  le  sang 
rors  le  cerveau. 

Ce  qui  précède  nous  conduit  naturellement  au  rôle  que  jouent  les  affusions 
froides  dans  les  hyperémies  ou  congestions  sanguines,  soit  aiguës,  soit  chroniques. 
Dans  le  premier  cas  l'eau  froide  agit,  à  la  fois,  par  sédation  de  la  circulation  géné- 
rale, et  par  révulsion  ou  dérivation  de  la  circulation  locale  dans  une  partie  voisine 
ou  dans  une  partie  éloignée  de  l'organe  hyperémié  ;  dans  les  congestions  sanguines 
rhroniques,  rafliision  agit  par  stimulation  de  la  circulation  générale,  et  aussi, 
comme  dans  les  congestions  aiguës,  par  révulsion  ou  dérivations  loc>ales.  U  est  clair 
que  pour  obtenir  ces  deux  ordres  d'eiïets  des  affusions  froides,  il  faudra  en  modi- 
fier l'application,  en  la  manière  qui  a  été  déjà  plusieurs  fois  exposée.  C'est  ainsi 
que  les  aflusîons  froides  roodiCent  les  congestions  sanguines ,  soit  aiguës,  soit 
chroniques,  du  cerveau,  de  la  moelle,  des  poumons,  du  foie,  de  la  rate,  des  reins, 
de  l'utérus,  etc.  Nous  traiterons  plus  amplement  la  question  si  importante  et  si 
liste  des  congestions  sanguines  chroniques,  lorsque  nous  parlerons  des  douches 
froides  qui  constituent  le  modificateur  le  plus  puissant  et  le  plus  efficace  de  cet 
état  organopathique. 

Les  alTusioDs  froides  ont  été  employées  avec  des  succès  plus  ou  moins  contestés 
dans  un  certain  nombre  de  phlegmasies  internes  et  dans  un  grand  nombre  de 
phlegmasies  externes  ou  chirurgicales. 

Parmi  les  phlegmasies  internes,  signalons  la  méningite,  l'encéphalite,  l'Iiydro- 
réphale  aiguë,  contre  lesquelles  M.  Fovillc  d'abord,  M.  Schutzenberger  tout  ré- 
cemment, ont  préconisé  les  affusions  froides. 

Elles  ont  été  prescrites  encore  dans  la  gastrite,  la  gastro-entérite,  l'entéro-^^olite, 
U  dîsentérie,  la  diarrhée,  la  péritonite,  etc.  Le  petit  iK>mbre  de  faits  recueillis 
IIP  permet  pas  de  se  prononcer  sur  la  valeur  de  ces  assertions. 

Autre  chose  est'  l'emploi  des  affusions  froides  dans  le  traitement  d*uu  grand 
nombre  de  phlegmasies  externes  et  d'accidents  inflammatoires  compliquant  les  lé^ 
âons  chirurgicales  ou  les  opérations. 

Ici  les  témoignages  des  observateurs  abondent  en  faveur  de  l'efficacité  de  ce 
mo^en.  Les  brûlures,  le  phlegmon  simple  ou  érysipélateux,  les  accidents  inflam- 
matoires qui  accompagnent  les  plaies  simples  ou  compliquées  de  la  présence  de 
coq»  étrangers,  les  plaies  par  arme  à  feu ,  par  arrachement,  par  écrasement,  les 
pbies  d'amputation,  les  fractures,  les  luxations,  simples  ou  compliquées  d'épan- 
cfaements  sanguins,  de  l'issue  des  fragments,  de  l'ouverture  de  la  capsule  articu- 
laire, de  la  déchirure  des  ligaments  et  des  muscles  ;  l'entorse,  les  tumeurs  blanches, 
les  hernies  étranglées  ;  les  ophthalmies  simples  ou  purulentes,  les  ulcères  ato- 
niques,  variqueux  ou  autres,  etc.,  etc.;  toutes  ces  lésions  ou  maladies  chirur- 
gicales si  diverses  se  trouvent  presque  toujours  plus  ou  moins  favorablement , 
"fnxeni  admirablement  modifiées  par  les  affusions  froides  agissant  le  plus  ordi- 
uairement  comme  sédatif  ou  anliphlogistique,  parfois  comme  tonique  et  résolutif 
(tumeurs  blanches,  ulcères,  etc.).  Ici  les  applications  sont  habituellement  partielles, 
locales,  et  c'est  la  forme  des  irrigations,  comme  se  prêtant  le  mieux  aux  condi- 
tions du  traitement,  qui  a  été  choisie  de  préférence  par  les  chirurgiens.  Ce  sera 
donc  i  propos  des  itrigationsque  nous  présenterons  tous  les  développements  que 
comporte  la  question  si  intéressante  des  applications  de  l'eau  froide  au  traitement 
dn  lésions  et  des  affections  chirurgicales.  Nous  insisterons  également,  à  l'article 
IHnKiHEs,  sur  l'application  de  ce  puissant  moyen,  tonique  et  résolutif,  à  la  théra* 
peiitiqiie  des  tumeurs  blanches  et  de  l'hydarthrose  chronique. 


72  AFFISION. 

Nous  avons  vit  Curric,  Bateman,  etc.,  traiter  ces  craintes  de  chimères,  et  Tmi- 

ment,  les  résultats  de  la  pratique  d*uii  grand  nombre  de  médecins  habiles  sont 

de  nature  à  rassurer  sur  ce  point,  et  à  rendre  hardis  les  plus  timides. 

A.  Tartivel. 

BiBLiocAAPHii  :  ïlkny  (J.  G.]*  Epédemia  verna  qux  Wraliilaviam,  anno  1737,  ûfjfixit.  In 
Aeta  Aead,  nat,  euriot.,  t.  X,  Appendix.  —  Samoilowitx.  IxHre  sur  le$  expérienea  ée$  firte^ 
Uanê  glaciales  pour  la  guérison  de  la  pesle  et  autres  malûdies  putrides,  Paris,  1781,  in^; 
Strasbourg,  1782,  in>8.  Et  Mém.  sur  la  peste,  etc.  1783,  in-8.  —  Jackson  (Robert).  A  Treatise 
on  Ihe  Fevers  ofJamaica,  etc.  Lond,  1791,  in-8.  —  Le  même.  An  Exposition  of  the  Praciiee 
ofAf/Using  Cold  Water  on  the  Surface  ofthe  Body  for  tke  Cure  ofPeoer,  etc.  Edinb  ,  1808,  in-8. 
•*  Le  môme  Sketch  ofthe  History  and  Cure  of  Fébrile  Diseases,  etc.  Lond.,  1817,  in-8.  — 
Bkaxdrbtr.  Ijttler  Giving  an  Account  ofthe  Benefit  ofWashing  unth  Cold  Water  and  finegar 
in  Typhus  Fever.  In  Med.  Commentaries,  179i,  t.  XYI,  p. 382.  —  Wsicvr  (WiU  ].  Practical 
Observations  on  the  Treatment  ofAcute  Diseuses,  etc.  In  Med,  Facts  and  Observation*.  1797. 
t.  Yll,  p.  1.  —  Ccr«Rii  (James).  Médical  Reports  on  the  Effects  of  Water,  Cold  and  Waru»,  as 
a  Hemedy  in  Fever  and  other  Diseuses,  etc.  Liverpool,  1798,  in-8;  Ibid^  1804.  in-8,  2  vol. 
Extr.  dans  Biblioth.  Britannique,  t.  XVII  et  XXX,  par  Odier,  qui  a  publié  dans  le  mènK» 
journal  plusieurs  obsenations  sur  reflicacilé  des  aflusions.  —  llABnuus  tk  Sitrâ  [Honor.  . 
Disp.  Med,  inaug,  de  extema,  prseàpue  in  febribus,  aquss  frigidx  appOcatione  Edinb.. 
1799,  in-8.  —  GiAiniixi  (Jos  ).  Délia  natura  délie  Febbri  e  del  miglior  metodo  di  curarie, 
Milano,  18C5-0,  in-8, 2  vol.,  trad.  en  fr.  avec  notes  et  add.  par  N.  Ifeurteloup.  Paris,  1808. 
in-8.  2  vol.  [Sur  l'usage  des  immersions  flroides.  —  Kolbaht  (P.).  Beobachtungen  mber  éen 
yutzen  des  lauen  undkalten  Waschens  im  Scharlaehfieber.  Presburg,  1808,  in-8.  Fermert 
NachridUeUf  etc.  ibid,,  1808.  —  Pavct  de  Gocrlbillb  (Cli.).  Immersions  et  affUsions  froides. 
Tbése.  Parts.  1813,  in-4.  —  Redss  (J.  J.].  Wesen  der  Exanthème  mit  Anleitung,  allepestar- 
tige  Krenkheilen  eiufaeh,  leicht,  gesckwind  und  sicher  zu  heilen,  etc.  1*'  Ibeil.  AschafTen- 
burg,  1814.  in-8;  2«  Tb.,  Nurnberg,  1818;  3*  Tb.,  Md,  1818.^Le  même.  Exanthematitche 
Form  und  Identitdt  des  anstetkenden  Fleckenfiebers  mit  der  orientalischen  Pest;  Kalte,  éas 
directe,  gleichsam  sfecifische  Mittel,  dieu  und  aile  peslartige  Krankheiten  einfach,  leickt 
und  sicher  zu  heilen,  etc.  Kuniberg,  1815,  in-8.—  Ue^r  die  dusserliche  Anwendung  des 
kalten  Wassers  in  hàtzigen  Fiebem,  I)rei  Preisschriften  der  HH.  FrOblicb,  Reuss  und  Pitschafl . 
In  Huleland*s  Journal  der  practischen  Ueitkunde,  t.  LY.  SupplementstQck  des  Jabr.  182^. 
(Dans  ces  mémoires  sont  indiqués  les  travaux  particuliers  de  Horn,  Grobmau,  llarcus.  Iliixli, 
Reich  et  DShne,  Ilildebrand,  Hufeland.  Dxondi,  etc.,  sur  les  Affusions).  —  Cvessaht.  Art. 
Affïision,  in  Dict.  de  mai.,  !'•  et  2*  édit.,  1821  et  1832.  —  Jour.  Art.  Affkskn,  in  IMef.  de 
méd.  etdechir.  prat.,  1829.  ^  Poster,  tks  bains  et  des  affkmns  d'eau  tempérée  dans  le 
traitement  de  certaines  névroses.  In  Bull,  de  thérap.,  1853,  t.  IV,  p.  140.  —  llARTurcT.  De 
remploi  des  affksions  froides  dans  quelques  maladies,  etc.  Ibid,,  p.  174.  -^  Guiltet  (M.  J.  1.  V.  . 
Essai  sur  VempM  des  affusions.  Tbése.  Paris,  1834.  in-4.  —  1%  Cormérb.  Traité  dm  f^^id, 
de  son  action,  de  son  emploi  intus  et  extra^  etc.  Paris,  1839,  in-8.  ^  Lavda  Jh.  Jos.).  Die 
Behandlung  derhOutigen  Brâune  (inflamro.  couenneuse)  durch  Begiessung  mit  kaltemWaoser . 
In  Oesterr.  med.  Jahrbuch,  1841.  Bd.  23,  st.  1  und  2  et  Schroidt's  Jahrb.,  t.  XXIX.  p.  322.— 
De  remploi  des  affSisions  ftoides  dans  les  cas  de  délire  essentiel.  In  Bull,  de  thérap  ,  1842. 
t.  XXII,  p.  210.  —  Jacques  (de  Lure).  Recherches  statistiques  sur  le  traitement  de  la  ftévra 
typhoïde  par  les  réfrigérants.  In  Bull,  de  la  Soc.  de  méd.  de  Besançon,  1846,  u*  2.  Extr. 
dans  Arch.  gén.  de  méd.,  4"  série,  t.  XIY,  p.  91.  —  Beau.  Emploi  des  ablutions  fhddes  dans 
la  fièvre  typhoïde.  In  Gaz.  deshàpitaux,  1847,  p  515.  —  Tasêiia.  Traitement  de  Im  fièvre 
typhoïde  par  les  affksions  proides.  In  Gaz.  méd.  de  Paris,  1848,  p.  613.  —  SrAoïxa.  Notr 
sur  le  traitement  de  la  fièvre  typhoïde  au  dernier  degré  par  les  affusions  et  les  enpelappes 
flroides.  In  Bev.  médico-chir.,  1850,  t.  Yll,  p.  78.  —  Lalesooe  (A.).  Mém.  sur  les  irrigationê 
éCeau  flroide  dans  le  traitement  de  Véclampsie  chez  les  enfants.  In  Bev.  médiohckir.,  1855, 
t.  XYII.  p.  294.  —  RsTRin  (Alex).  De  remploi  des  aff^sii^ns  froides  en  médecine.  Ihèsc. 
Paris,  1856,  in-4.—  Troqs^rao.  Des  Affksions  froides  dans  le  traitement  des  accidents  nerveux 
ataxiques  de  la  scarlatine  et  du  délire  fébrile  dans  cette  maladie.  In  Union  m/dieale,  1857. 
p.  411.  —  SpBifDBR  (Jobn  Kent).  De  l'emploi  des  affusions  froides  et  des  affusions  chaudes 
dans  certaines  fifrmes  de  céphalalgie.  In  Association  Médical  Journal.  1851,  p.  307.  Extr. 
dans  Gaz.  heb.  de  méd.  etdechir.,  t.  I,  p.  652.  —  ScauTiEHRBR«i«.  De  l'emploi  desaffusimu 
froides  répétées  dans  la  méningite  et  l'hydrocéphale  aigu.  In  Gaz.  méd.  de  Strasbourg.  1855. 
t.  XY,  p.  yi. 

Beaucoup  d'observations  isolées  sont  publiées  dans  les  divers  recueils.  Voyes,  en  outra,  les 
outrages  généraux  sur  l'emploi  de  Teau  et  sur  THraRomteAP»,  particulièrenkcnt  ceux  de 
Scoutclten.  Scbedcl,  Fleury.  et,  pour  la  partie  historique,  les  Recherches  historiques  sur  la 
psyehroihérapie  de  A.  L.  Boyer. 


AFFUSION.  71 

Les  aflusioiis  ehaudes  sont  générales  ou  locales ^  et,  dans  les  deux  cas,  on  peut 
les  rendre  à  volonté  sédatives  ou  excitantes  suivant  la  température  du  liquide.  De 
35  à  50*  C,  leurs  effets  sont  généralement  sédatifs  ;  ils  deviennent  de  plus  eu  plus 
excitants  i  mesure  que  la  température  de  Teau  s*élève  au-dessus  de  30*^  C.  Dans 
et  dernier  cas,  on  ne  les  emploie  guère  que  localement  et  pour  produire  des  effets 
Kvukifs  ou  dérivatifs,  quand  il  s'agit  de  porter,  dans  une  partie  voisine  ou  éloi- 
gnée de  Torgane  nudade,  ou  sur  Torgane  lui-même,  une  irritation  substitutive. 
On  les  administre  de  cette  manière,  dans  Thyperémie  aiguë,  comme«dérivatif;  dans 
les  coi^estioiis  sanguines  chroniques,  comme  révulsif  ou  excitant  de  la  circulation 
capillaire  languissante;  dans  les  névralgies,  dans  le  rhumatisme  musculaire  et 
articulaire  chronique.  Dans  tous  ces  cas,  la  température  du  liquide  doit  être  assez 
élevée  pour  déterminer  sur  la  partie  où  on  l'applique  un  afflux  sanguin  plus  ou 
moins  considérable,  une  rougeur  plus  ou  moins  vive,  voire  une  douleur  plus  ou 
moins  aiguë. 

On  a  déjà  vu  plus  haut  que  Spender  fait  usage  des  affusions  froides  dans  la 
céphalalgie  qui  dépend  de  la  pléthore  ;  par  contre,  il  veut  que,  dans  la  céphalalgie 
qui  tient  à  des  conditions  pathologiques  opposées,  c  est-à-dire  à  la  chlorose,  à  \v 
némie ,  dans  celle  qui  accompagne  le  début  de  certaines  fièvres,  on  combatte  ce 
snnptôme  par  des  affusions  chaudes  sur  la  tête.  L  eau  doit  avoir  une  température 
3s»ez  élevée  pour  provoquer  sur  cette  partie  un  afflux  de  sang  capable  de  modifier 
lanémie  locale  à  laquelle  est  liée  cette  espèce  de  céphalalgie.  Dans  la  pléthore,  dit 
Spender,  la  céphalalgie  tient  à  un  excès  de  stimulation  du  cerveau  par  le  sang; 
dans  Tanémie,  elle  dépend  d*un  défaut  de  stimulation  de  cet  organe  ;  on  remédie 
à  Tune  par  Taction  sédative  de  Teau  froide,  à  Tautre  par  l'action  excitante  de  l'eau 
chaude. 

Les  affusions  tièdes  ou  modérément  chaudes  de  25  à  30^  G.  ont  été  employées, 
pour  produire  une  action  sédative  locale  en  générale,  dans  un  grand  nombre  de 
ras.  On  a  traité  ainsi  la  plupart  des  lésions  inflammatoires  chirurgicales  en 
arrosant  continuellement,  pendant  plusieurs  heures  ou  plusieurs  jours,  avec  de 
l'eau  tiède,  les  parties  qui  en  étaient  le  siège.  Les  irrigations  continues  d'eau 
tiède  sont  conseillées  par  beaucoup  de  diirurgiens  de  préférence  aux  irrigations  ou 
affusions  froides,  dans  les  cas  où  cellesn^i  ont  été  employées.  Les  affusions  chaudes 
ont  été  administrées  dans  le  rhumatisme  aigu,  mono  ou  polyarticulaire,  dans  le 
but  de  calmer  la  douleur  et  l'inflammation.  On  comprend  que  dans  ce  cas,  comme 
dans  tous  ceux  où  il  s'agit  de  déterminer  une  action  sédative  locale,  l'application 
lioit  toujours  être  de  longue  durée. 

On  a  substitué  les  affusions  chaudes  aux  affusions  froides,  pour  calmer  les  acci- 
dents nerveux,  dans  certaines  fièvres  graves,  soit  que  le  médecin  craignit  pour  son 
malade  l'impression  trop  vive  de  l'eau  froide,  soit  que  le  malade,  par  exception, 
ne  pût  siqiporter  l'emploi  de  cette  dernière.  On  prescrit  encore  les  affusions 
chaudes  dans  tous  les  cas  où,  pour  une  raison  ou  pour  une  autre,  l'indication 
du  bain  chaud  ne  peut  être  remplie. 

Enfin  les  affusions  chaudes  ont  paru  à  quelques  praticiens  avoir  une  influence 
fâToraUe,  et  exempte  de  dangers,  dans  les  cas  de  fièvres  éruptives,  lorsque  l'éru- 
ption tarde  à  se  faire, ou  se  fait  mal.  Il  leur  a  semblé  que  l'excitation  produite  par 
le  contact  de  l'eau  chaude  sur  la  peau  favorisait  et  régularisait  la  sortie  de  Texan- 
thème.  Ib  disent  s'en  être  bien  trouvés  dans  quelques  cas  de  variole,  de  rougeole, 
de  scarlatine,  anomales  et  irrégulières  ;  ils  les  préfèrent  aux  affusions  froides  qui 
leur  inspirent  de  vives  inquiétudes  relativement  à  la  rétrocession  de  l'exanthème. 


74  APBlQUe. 

IrV  rfntffA  Mul,  nvff;  15*  de  longitude  en  moyenne;  la  ckilnedes  monts  Kong,â 
ïmmi ,  fit  ii^  |il8te:ius  inlériean  du  Zanâlnr,  h  Test,  sont  des  régions  également 
^wniiium.  0*  Knfin»  avec  plusiears  géographes,  nous  réunirons  sous  le  nom 
M'AfriiiMit  ifiMilaire  ou  maritime  toutes  les  îles  de  quelque  importance,  et  nous  dis- 
Uitnupnmn  \mrnn  elles,  dans  Tocéan  Atlantique,  les  Açores,  Hadère,  les  Canaries, 
lif«  Wtm  du  (Ifli^Vert,  lei  Iles  du  golfe  de  Guinée  (Femando-Po,  San  Thomé,  Ile  du 
Vrum%  Aniioljon;,  Sainte-Hélène,  Ascension  ;  dans  l'océan  Indien,  Madagascar  etsc*s 
d/i|)efMlafr^,  les  Gomores,  la  Réunion,  Maurice,  les  Séchelles,  Socotors  ;  dans  la 
mur  Itouge,  Dlialack. 

Ht  nous  abandonnons  l'histoire  et  les  traditions  fabuleuses  pour  ne  nous  oocu* 
pur  que  de  géographie  contemporaine ,  l'Afrique  se  présente  à  nous  sous  un 
ospect  tout  différent  de  celui  que  créait  notre  imagination  d'après  des  récits  la 
plupart  mensongers.  Les  conquÂtes  et  les  découvertes  modernes  ont  fait  voir  des 
pays  riants,  fertiles,  cultivés  et  habités  par  des  peuplades  sans  nombre,  là  où 
l'on  se  figurait  souvent  des  plaines  sablonneuses  et  de  vastes  déserts.  Essayons  donc 
d'en  donner  une  idée  plus  exacte  que  par  le  passé.  Cette  terre  est  la  plus  élevée 
de  tout  le  glolic,  non  par  ses  pics,  dont  quelques-uns  seulement  atteignent  la 
hauteur  des  neiges  éternelles ,  mais  par  ses  plateaux  et  ses  terrasses  superposés  eu 
étages  de  In  circonférence  au  centre,  et  s'élevant  à  1500,  à  1800,  à  2000  mètirs 
ot  plus  au-dessus  de  la  mer.  Les  massifs  et  chaînes  de  montagnes  qui  les  soutien- 
nent ou  les  séparent  forment  plusieurs  groupes  ou  systèmes  distincts.  Celui  qui 
|Nircourt  les  régions  de  la  bande  du  nord,  formé  par  les  monts  Atlas,  iuhis  est  le 
plus  connu;  celui  de  l'est  ou  Abyssinien,  le  plus  exploré  ensuite,  se  projette  dans  le 
nord  le  long  de  la  mer  Rouge,  et  dans  le  sud-ouest  vers  les  régions  centrales;  celui 
de  l'oucsl,  ou  Nigritien,  circonscrivant  les  bassins  supérieurs  de  la  Sénégambie  et 
du  Niger,  se  dirij^e  aussi  vers  le  centre  par  la  chaîne  des  monts  Kong  ;  le  système 
rentrai,  qui  relie  les  deux  précédents,  est  formé  par  plusieurs  cliaines  demi-cirrii- 
laires  cinxinsmvant  des  Incs,  et  par  des  massifs  séparés;  quant  au  système  austral, 
il  est  formé,  h  l'ouest,  par  les  chaînes,  souvent  interrompues  par  des  vallées  et  dos 
rx)urs  d'eau,  des  montagnes  du  Congo,  et,  a  Test,  par  les  monts  Lupata,  courant 
do  l'un  et  de  l'autre  cdté  p.trallèleroent  à  la  cote,  et  séparant  les  bassins  des  deux 
océans  de  ceux  de  l'intérieur  ;  ils  se  terminent,  tout  à  fait  dans  le  sud,  à  une  autre 
chaîne  transversale  dont  quelques  pics  sont  assez  élevés;  enfin  le  système  in- 
sulaire n'est  qu'une  succession  de  culminances  volcaniques,  reliées  par  des  pro- 
jections sous-marines  aux  chaînes  correspondantes  du  continent,  et  s'élevant  sur 
lUusieurs  points  à  des  altitudes  considérables. 

Mais  c'est  ciK*ore  plus  en  hydrographie  qu'en  orographie  que  les  voyages  récents 
ont  enrichi  la  géographie  africaine.  Depuis  l'équateur  jusqu'à  la  bande  australe,  on 
a  découvert  toute  une  région  de  grands  bics  ou  mers  intérieures,  dont  la  position 
a  été  détorniinét«  exactement  et  qui  semblent  les  analogues  du  Tsad,  plus  ancien- 
nement txMUUi.  Nous  citerons,  entre  beaucoup  d'autres,  le  Nyanxa,  le  Tanganpka, 
le  N'ganii.  l«os  grands  fleuves,  dans  leurs  cours  connue  dans  leurs  sources, 
ont  été  explorés  non  moins  fructueusement.  On  se  souvient  encore  du  retentisse- 
ment i|u*ini(  on  Kura|K\  au  mnmiencement  de  1865,  ce  télégramme  parti  d'Alexan- 
drie :  «  \a  question  du  Nil  est  régliv.  •  MM.  Speke  et  Grant  venaient  de  s'assurer 
que  le  lac  N)anita  i«st  le  gnunl  réservoir  du  Nil  blanc  Dans  la  région  australe,  \v 
doi'teur  l.i\ings(ou,  reuMHitant  le  cour»  du  Zamhèse,  quelque»  années  auparavant, 
iMiùl  arri\^  au  lac  bilob,  d'où  sort  de  sou  cùté  le  Zaiiv,  par  lequel  Tinlrépide  vop- 
iniHir,  i^Hirsuivnnt  sa  mule,  desteinlit  jusqu'à  b  eôle  ouest.  Au  lieu  de  désert>. 


AFRIOrK.  75 

il  TÎt  pnrtout  des  contrées  magnifiques,  peuplées  d*hoinmes  à  Tétai  de  nature.  Dans 
Touest,  le  Niger  a  été  exploré  dans  son  bassin  supérieur  par  le  docteur  Barth,  et 
ranonté  de  son  embouchure  jusqu'à  une  grande  hauteur,  et  dans  ses  affluents,  par 
le  docteur  Baikie;  d'autre  part,  des  relations  intéressantes  de  \oyages  accomplis  par 
des  officiers  de  notre  marine  dans  la  Guinée  et  la  Sénégambie,  nous  ont  fait  mieux 
connaître  les  fleuves  de  cette  région.  Voilà,  pour  ne  parler  que  des  plus  importants, 
les  cours  d'eau  sur  lesquels  nos  connaissances  se  sont  accrues.  Un  caractère  commun 
a  tous,  et  plus  particulièrement  aux  grands  fleuves  qui  prennent  leurs  sources 
sotis  les  tropiques,  c'est  de  déborder  pendant  la  saison  des  pluies,  formant  des  lacs 
et  marigots  ou  recouvrant  des  terres  souvent  étendues,  et  de  présenter  dans  leurs 
cours,  à  des  distances  variables  de  leur  embouchure,  des  rapides  ou  des  cataractes 
qui  rendent  impossible  la  navigation  à  grande  distance  et  en  toute  saison. 

Malgré  le  soin  qu'ont  pris  la  plupart  des  voyageurs  de  déterminer  la  nature  géolo- 
«ixjae  des  contrées  qu'ils  ont  explorées,  il  existe  encore  trop  peu  de  documents  de  ce 
^cnrc  pour  qu'on  puisse  en  tirer  quelques  notions  utiles  sur  l'ensemble  de  la  géolqgie 
de  l'Afrique.  Bornons-nous  à  quelques  considérations  topographiques,  à  une  sorte  de 
classification  des  différents  aspects  du  sol.  Tout  d'abord  se  présentent  les  montagnes 
isolées  ou  reliées  sous  forme  de  chaînes  par  des  collines  ;  nous  connaissons  déjà 
leurs  principaux  groupes  et  leur  gisement;  elles  ne  dépassent  pas,  en  général,  la 
hauteur  de  nos  Alpes,  les  pics  couverts  de  neige  sont  rares,  et  l'on  parle  à  peine 
de  quelques  volcans  sur  les  îles  et  sur  le  continent.  Puis  viennent  les  terrasses, 
les  platâiux,les  plaines,  qu'entourent  et  soutiennent  les  montagnes,  au  milieu  des- 
quelles sont  situés  les  lacs,  que  parcourent  des  rivières  qui  descendent  des  hauteurs 
environnantes  pour  se  jeter  dans  ces  lacs,* et  qui,  dans  la  saison  des  pluies,  sont 
souvent  inondés  ;  c'est  là  et  sur  les  versants  des  coteaux  que  se  rencontrent  les 
;n"^es  forêts,  les  plantes  herbacées,  la  végétation  vigoureuse.  D'autres  terres 
ilistinctes  des  précédentes,  ce  sont  les  coulées,  les  vallées,  les  marais  et  marigots, 
alternativement  inondés  parles  pluies  et  desséchés  parle  soleil,  qu*on  rencontre  sur 
les  rives  et  à  l'embouchure  des  grands  fleuves;  là, ce  sont  les  alluvions  de  vase  et 
de  sable  qui  recouvrent  le  sol  et  qui  poussent  une  végétation  éphémère,  mais  active, 
quand  se  retirent  les  eaux  ;  partout  où  existent  des  terres  inondées  se  rencontrent 
aussi  des  bois  de  palétuviers.  Enfin,  se  présentent  les  (erres  arides,  sablonneuses, 
^hes,  privées  de  cours  d'eau  ou  de  pluies,  ne  formant  que  des  reliefs  de  peu  de 
hauteur  et  n'ayant  qu'une  végétation  rabougrie;  terres  qu'on  croyait  autrefois 
former  la  presque  totalité  de  l'Afrique  intérieure  et  qui  n'en  couvrent  que  le  quart 
de  la  surface  ;  elles  se  rencontrent  plus  particulièrement  dans  les  zones  voisines 
des  deux  lignes  tropicales,  et  sur  les  côtes  basses  qui  séparent  les  montagnes  de 
la  mer  ;  des  vents  violents  y  accumulent  sur  plusieurs  points  d'immenses  dunes 
de  sable,  mais  sur  d'autres  elles  ne  sont  pas  entièrement  stériles  et  servent  à  l'en- 
semeocemeut  de  diverses  graminées. 

Le  climat  de  l'Afrique,  eu  égard  à  la  latitude  et  aux  caractères  particuliers  du 
sol,  est  peut-être  le  plus  homogène  de  tous  les  climats  généraux,  appartenant 
presque  en  entier  aux  climats  chduds  et  étant  le  plus  tranché  de  ces  climats.  On  lui 
distingue  toutefois  plusieurs  zones  dont  les  différences  tiennent  plus  aux  influences 
de  voisinage»  à  la  nature  des  terres  et  aux  conditions  orographiques,  qu'au  degré 
de  latitude.  A  ces  divers  points  de  vue,  il  ne  faut  pas  oublier  que  l'Afrique  ne  con- 
fine à  aucun  pays  froid,  et  que  les  contrées  dont  elle  est  voisine,  au  noi*d  et  à  Test, 
et  dont  elle  subit  plus  ou  moins  l'influence,  ont  avec  ses  régions  correspondantes 
les  plus  grands  rapports  de  caractères  géographiques;  que  dans  ses  autres  parties, 


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AFRIQUE.  77 

Toutes  ont  néaiuuoiiis,  plus  que  les  terres  continenUiles,  le  bénélice  du  climat 
marin;  h  grande  ile  de  Madagascar  a,  en  même  temps,  les  inconvénients  des  con- 
tinents. 

Disons  tout  de  suite  quel  est  le  résultat  de  l'action  combinée  du  sol  et  du  climat 
n)étéorologique,  tels  que  nous  les  connaissons,  sur  la  salubrité  générale  envisagée 
>'ncore  par  grandes  divisions  territoriales  ;  elle  varie  suivant  la  latitude ,  la  topo- 
graphie»  les  saisons,  et  ne  doit  pas  se  juger  seulement  par  les  effets  qu'en  éprouvent 
les  indigènes,  toujours  plus  ou  moins  habitués  aux  locvilités  qu'ils  habitent  ou 
:ipnt  des  aptitudes  particulières  de  race,  mais  encore  par  la  santé  des  étrangers, 
réactif  bien  plus  sensible  des  influences  physiologiques  et  pathologiques.  La  bande 
des  États  barbaresques  passait  autrefois  pour  très4alubres  ;  mais  depuis  l'occupation 
de  l'Algérie  par  les  Français,  il  a  fallu  rabattre  beaucoup  de  cette  appréciation  gé- 
ucrale;  à  côté  de  terrains  rendus  salubrespar  leur  altitude  ou  leur  nature,  se  sont 
Irouvée^  d'autres  terres  dont  les  caractères,  combinés  avec  les  conditions  météoro- 
logiques, produisent  la  plupart  des  endémies  des  pays  chauds.  L'extrémité  australe 
a  conservé,  au  contraire,  la  réputation  de  grande  salubrité  qu'elle  a  conquise  dès 
le»  premiers  temps  de  son  occupation  par  les  Européens,  bien  qu'elle  ne  soit  pas 
exempte  de  quelques  endémies.  Mais  que  dire  de  la  zone  des  déseiis,  au  sud  comme 
ju  DCffd,  si  ce  n'est  que  la  salubrité,  régie  beaucoup  plus  par  les  météores  que  par 
le  sol,  n'y  doit  pas  avoir  les  mêmes  caractères  que  celle  des  autres  terres,  et  que 
d'ailleurs  l'habitint  étranger  ou  indigène  y  manquant  souvent,  on  ne  peut  appré  • 
cier  au  juste  son  degré.  Pour  ce  qui  est  des  régions  tropicales,  et  particulièrement 
de  celles  où  se  rencontrent  des  lacs,  des  terres  périodiquement  inondées  ou  par- 
courues par  des  cours  d'eau  qui  débordent,  des  vallées  et  des  embouchures  de 
fleuves,  nulle  autre  part  ne  se  rencontre  une  aussi  grande  insalubrité  ;  quelques 
altitudes  de  ces  régions  sont  seules  signalées  par  les  voyageurs  comme  très-sahibres. 

?ious  dirons  peu  de  chose  des  productions  des  trois  règnes  en  Afrique,  les  détails 
sur  re  sujet  appartenant  à  la  géographie  des  régions.  —  Parmi  les  espèces  minérales 
qui  se  généralisent  le  plus,  il  faut  citer  le  chlorure  de  sodium,  soit  en  couches, 
soit  en  dissolution  dans  les  lacs  et  dans  les  eaux  souterraines  ;  on  le  rencontre  partout 
dans  le  nord,  oii  il  existe  des  plaines  de  ssl  cristallisé  :  le  Sahara  est  un  ancien  lit 
de  mer;  il  disparaît  en  se  rapprochant  de  Téquateur,  pour  reparaître  dans  le  sud. 
Le  fer  abonde  partout,  soit  en  minerai,  soit  en  poussière  et  en  rognons  rougeâtres 
a  la  surface  du  sol,  qui  en  paraît  comme  formée  sur  plusieurs  points;  le  cuivre, 
largent  et  quelques  autres  métaux  sont  également  très-répandus.  (Juant  aux  mines 
d'or  qu'ont  signalées  les  géographes  orientaux,  et  qui  ont  rendu  l'Afrique  si  célèbre 
dans  l'antiquité,  leur  renommée  a  bien  pâli  de  nos  jours  devant  les  gisements  décou* 
verts  dans  le  nouveau  monde  occidental  et  austral  ;  les  régions  réputées  les  plus 
ridies,  sous  ce  rapport,  étaient  le  Sofalah,  dans  l'est,  le  haut  Sénégal  et  la  Guinée, 
dans  l'ouest,  ob.  une  division  des  côtes  porte  le  nom  de  Côte  d'Or.  Des  gemmes 
précieuses  existent,  dit-on,  dans  certaines  contrées  du  Congo  et  du  haut  Nil;  le 
diamant  lui-même,  qui  existait,  au  dire  de  Pline,  dans  l'antique  Méroé,  a  été  retrouvé 
de  nos  joui  s  dans  les  sables  aurifères  de  Constantine  (d'Avesac).  Diverses  eaux  miné- 
rales sont  signalées  sur  les  points  les  mieux  connus.  — En  appliquant  à  la  flore  la 
répartition  par  zones  climatoriales,  ou  constate  que  sur  les  versants  nord  et  sur  les 
iles  correspondantes  de  l'océan  Atlantique,  elle  présente  la  plupart  des  espèces  du 
midi  de  l'Europe,  c'est-à-dire  qu'on  y  trouve  les  céréales,  la  vigne,  le  chêne,  le  pin, 
folivier,  le  tabac,  les  arbres  fruitiers,  les  arbustes  odorants,  etc.,  et  de  plus  le  coton, 
Titidigo,  la  canne  à  sucre,  le  dattier.  Dans  la  bunde  australe,  c|u'on  fait  remonter 


t-     iit=t        r».   ^  !—*..-   *^*Vï  *  *ï«a-^.  a.<ijiiic  regicMi  pliylogpapliique,  el 
Il  •?  lî-  -     -   iji  -r-..:iiirr:aic:a  »ir  1  x>;^>a  Indieu,  outre  le  Mé  et  la  vigiic, 


tt    -II.    *    -ir-  ic    li   ^i)     la  .-"aic.arr?  ks  eiqihorbes,  le»  crassulacéei,  les 
'-    =^  '--^   *r  1-.  -?  -    i  ^iaçi<^:3r  t?  ^j^res  arborescentes  et  les  orclii- 

X  ^K  I  ^  m .  a  Yéc«-:^ÛQii  est  spéciale,  mais  varie  suivant 
'-T^  t-  ïte^rti  ^ic^:<uMiu  et  sauisphne,  sont  diverses  espèce» 
ir  iiT  ^••iDiiiii;!>.  ]^  plintes  cbétives  el  glauques;  mais  dans 
-*    •—  1^     ^   -L5--  -•.  -►ir  «s-  i:r-^  ifrasées,  dam»  l'Afrique  équatoriale,  en  un 
iiA>  -   1--=--..    ^ ';'ï>ï-^'^  ^^*tii«iale»  et  vigoureuses  qui  donnent  ù  la  végétation 
«     "-!..-•-*  ^aiimiH-î  ît  !«î>  prjfwrtioiis  qui  la  distinguent  ;  c'est  là  que  se 
■orirj:-   c    •••«aK  m  .^-^ut  v-^rk-il,  le  baobab.  Il  faut  d'ailleurs  faire  cette 
•he;-— 'li:    ■  -.  ^tf;r  x  Ifr?  riamiif  w«xir  le>  autres  règnes,  on  constate,  dans  cette 
j»i-.    ii_a^  .  — niii-*  1Î1L.-Î  ei'^«t:-'5»  Ju  iiofd  au  sud,  que  de  l'est  à  l'ouest.  — 
m  3L3e.  nn  1  f^  pu:»  nHn^  pn]f««  que  la  flore  et  conserve  une  égale 
i."    o»-    *=^  Tînti^re^  trir>-truu:hês  du  dimat  et  du  sol.  En  commençant 
BT  ^  us-  ifc     rit  «11!.  je<  espèces  les  pîii«  utiles  panni  les  invertébrés  répondue 
-ï£r  r^  '«•«'V  :*Mi  i:  -rm.  rjtc^,  lêpintse. ks nudrépores, les corallineset  d'autre> 
ra.  f*     1  juosu!  X  ^  pas  rare,  surtout  duK^  le»  marais  de  l'ouest  ;  les  abeille» 
-»u  gjyL'tt  i     humaucàm  de  pliisàeors  pnipljde».  Hais  les  animaux  nuisibles 
^ti'.   •  .s-  Riii;*r*>i:L  i^^x^  dis»  ks  cb:âces  inîVrieiires;  la  sauterelle  est  le  fléau 
A*-  -•   •.^.    ^■^  x»J^iï>  H  les  îenmte»  ikiiuiàeiit  tout;  les  moustiques  et  les 
^^^7  *— ««>>  ^in   I  imrvtnL  des  êcruk;^?r$;  b  scolopendre,  diverses  araignées, 
•  s;*«^-v*'.  :v«ti  vr!]iBkf«JA  ec  diu:<eTvii\.  Fsnni  lescrustac's,  les  homards,   les 
1.^.  •fis.^^  r^  .TîJîrs.  Vf^  cite^T-œsv  5e  renoonlrent  SUT  plusieurs  points.  Les 
•'^^^  i-^n:nws  fi  A?^  i«cs  i  a-i  aolt?,  iviMument  découverts,  sonl  très-poi»- 
^j.  tt'.  Xsi't  wnr:  piTK,  m  »?  tr-.Hite  plu*  de  reptiles;  partout  où  il  y  a  de  l'eau, 
3^--jBs  iiv>  M  ^  ».r.^  M  rrtta'^iav  à  duque  pas  des  crocodiles  ;  diaque  région 
ff    •v-.e'  -v>  ^•:cie>  j-'ai-racr;  >?r>v  Pinm  les  batraciens,  peu  nombreux,  existent 
^  ^-^-mms  ^«•vmi^  X  :*n^  siJara  '«hYS';  les  oph:diens,  moins  rares,  sont  de  toutes 
«•tto.tft'  .•  jr:>^iiik'JC  Àfse^4^v\rs  vtrtiUBeuses:  les  vipères  au  Cap,  l'aspic  en 
;  -yL  Sir  >LV  .-^ic  ,Ti*r  ciflc-  eswvvs  d^otàeaux  qu'on  trouve  en  Afrique,  cinq  cent» 
«.:*•«  lu  uwjrii«wiwfci«r'''1^  cMtesac;  les  espèces  curieuses  qui  enrichissent 
iiu2^'^>>    -m^iouTtac  ea  *î«««  xrand  nombre;  les  gallinacés,  les  palmipèdes 
att'.:-ïs»  .^v^-^^-s  jiim»îuuv-rrs  x,»ji!Oc«l  sur  plosieuis  points  ;  les  oiseaux  de  proie 
«Mmm«n   î*-  H«  -i'^-  *^  .vkiv^ris  â«sDt  nombreux  et  de  grande  dimension, 
.a*:  ivK.  i  n»i^  ^.'Ti^v-i  .il  ,rt;  d  er:np  eux,  se  rencontre  en  troupe  dans  la  plu- 
ies V  ii%>  a  nn  >.  :iâ  rak  jl>  a JcisMièfw,  mieux  déterminés  que  les  autres 
^^^^  i  3iuau*u\    .  \rt;i:»r  :MSîWÎe  u«  qwart  des  espèces  coimues,  et  un  sixième 


A 


V 


^     1    O»*'^ 


^>uom^*<«-  -*- «^  **  ^ii»t  >ttr  d'autres  terres  (d'Avesac).  Les  pach\* 


t.-*Ris  •iiîiuu^n^s.ni.:  ;  {>'^,%'5«i*r».  i  rêtal  sauvage  ou  de  domestidlé;  la  girafe 
*  -a.  la.  t^:-"^  tf .  1  vki=x'«i  e»t  le  na\ire  des  déserts;  parmi  les  non 
^^^ '"^..;y^^„  ,^  If   ^  ^x\:t •.-«>« rnwfoolrenl  partout  dans  les  régioiis  de  la 

irr\>t!«e«:  W  dr^,  lâiie,  le  sanglier  habitent  le  nord  « 


...    ^^  -AîiT ',•  -*  ^'««  SrèïHwmhivux ;  le  chien,  assez  rare  au  norrJ, 

*  *'**'^ \  ;   \c*c  Nju^jki^  «»r  d autre  points;  les  bètts  iauves.  plu» 

.  >       -    •Ktinov  Â^-tt^  V  «woi  ^we  duuW  sud,  sont  répandues  sous  toutes  les 
^..vvc  i->%<^  »  ^^^  •iMMOiL-^  c  <sl  sdiwieni  en  Afrique  qu'ils  abondent  le 

^.  .^,^^    o -^«i  »••  ^  -  ^^    ^^^^  ^  ^Hç  ^^  4  c5té  du  Boschiman  de» 


AFRIQUE.  79 

fies  trois  grands  types  de  Thoinme  sont  représentés,  en  Afrique ,  mais  très-iné- 
plement  quant  au  nombre  des  ]*aces,  de  leurs  variétés  et  de  leurs  individus.  Le 
type  dominant  est  Téthiopique,  dont  cette  terre  et  ce  climat  semblent  faits  pour 
être  le  berceau,  et  les  races  les  plus  nombreuses  de  ce  type  sont  les  nègres,  réunis 
dans  les  régions  où  le  sol  et  les  météores  se  présentent  avec  les  caractères  les  plus 
tranchés.  Gomme  partout,  d'ailleurs,  chaque  type,  chaque  race  a  son  habitat 
dans  la  sone  la  mieux  appropriée  à  ses  caractères  anthropologiques.  La  tradition 
a  consacré  le  nom  de  pays  des  blancs  à  toute  la  bande  située  au  nord  de  la 
limite  du  Sahara  et  des  Soudans,  de  la  sécheresse  et  des  pluies  tropicales;  et  celui 
de  pays  des  noirs  à  la  vaste  étendue  des  terres  situées  au  sud  de  cette  limile,  moins 
pourtant  la  bande  extra-tropicale  ;  le  type  jaune,  le  moins  pur  et  le  moins  répandu, 
se  rencontre  sous  divei^ses  latitudes.  Parmi  les  blancs,  il  faut  d'abord  distinguer  les 
représentants  assez  rares ,  si  ce  n'est  en  Algérie  depuis  la  colonisation  française, 
des  races  indo-européennes,  qui  sont  disséminées  sur  les  lies  et  sur  le  littoral  du 
continent,  c'est-à-dire  partout  où  ont  été  fondées  des  colonies  ou  des  établissements 
commerciaux.  Viennent  ensuite  des  races,  pures  ou  croisées,  beaucoup  plus  multi- 
pliées et  répandues  des  bords  de  la  Méditerranée  aux  Soudans,  de  l'océan  Atlantique 
jasqu'à  Madagascar.  Parmi  elles  se  remarquent,  au  premier  rang,  la  race  arabe 
[proprement  dite  et  la  race  berbère,  mêlées  presque  partout,  quoique  très-distinctes 
Fmie  de  l'autre,  et  présentant  d'ailleurs  de  nombreuses  variétés  de  couleur  sui- 
vant la  localité  qu'elles  habitent;  on  roncontre  parmi  elles  des  nègres,  qui  y  ont 
été  introduits  par  la  conquête  ou  par  l'esclavage.  Les  races  appartenant  au  type 
jaune  ou  mongolique  présenteraient,  d'après  quelques  anthropologistes,  des  traces 
d*infusion  ancienne  chez  les  Coptes  et  les  Fellahs  d'Egypte  (d'Avezac)  ;  quelques-uns 
de  leurs  traits  caractéristiques  se  rencontreraient  chez  les  Hottentots  ;  mais  la  race 
malaise,  qui  en  est  une  branche  bien  distincte,  peuple  une  partie  de  Madagascar  et 
a  pénétré,  dit-on,  jusqu'au  centre  du  continent  par  la  côte  orientale.  Quant  au  type 
tioirou  éthiopique,  qui  forme,  avons-nous  dit,  la  véritable  population  africaine,  il 
présente  des  variétés  de  caractères  anatomiques  et  de  couleur  qui  le  divisent  en 
plusieurs  sous-types  ou  races  très-tranchés.  Les  nègres,  qui  forment  les  peuplades 
les  plus  nombreuses,  sont  massés  depuis  le  Sahara  jusqu'au  20*  degré  sud  environ, 
1  l'ouest  d*une  ligne  verticale  qui  passerait  vers  le  centre.  Les  autres  races  habitent 
les  régions  orientales  et  australes,  se  distinguant  souvent  profondément  les  unes 
des  autres  suivant  la  latitude  où  on  les  observe,  et  n'ayant  de  commun  que  la  cou*^ 
leur  diversement  noire  de  la  peau,  seulement  brune  en  Abyssinie,  tout  &  fait  noire 
9ur  la  cote  de  Zanzibar  et  de  Mozambique,  olivâtre  dans  la  Cafreric,  couleur  de  suie 
dans  la  Hottentoliei  Au  point  de  vue  de  la  conformation  de  la  tête,  qui  marque  le 
rang  dans  Téchelle  des  perfections  humaines,  la  dégradation,  chez  ces  peuples,  est 
sensible  et  progressive  du  nord  au  sud,  mais  n'est  nullement  en  rapport  avec  la 
couleur  :  l'Abyssin  se  remarque  en  général  par  la  beauté  de  ses  traits  et  de  ses  for- 
mes, qui  le  rapprochent  de  l'Arabe,  et  quelques  tribus  n^res  du  haut  Sénégal  sont 
à  signaler  aussi  sous  ce  rapport  ;  le  Cafre  des  montagnes,  sauvage  et  fier,  présente  le 
prognathisme  du  nègre ,  mais  possède  aussi  des  traits  qui  rappellent  l'homme  du 
nord  ;  quant  au  Hottentot  Boschiman,  tous  ses  traits  indiquent  le  degré  d'abaissé^ 
ment  physique  et  moral  le  plus  prononcé  :  eurygnathe  et  prognathe  à  la  fois,  il 
forme,  pour  M.  I.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  un  type  particulier  paimi  les  autres  types 
humains.  On  comprend  encore  que  des  peuplades,  nomades  la  pluprt,  le  plus 
souvent  en  guerre,  et  ne  connaissant  pas  de  froin  à  leurs  passions  biulales,  se 
croisent  fréquemment  et  s'absorbent  même  quelquefois  les  unes  les  autres,  don- 


80  AFRIQUE. 

nant  naissance  à  des  variétés  dans  lesquelles  les  traits  primitiis  se  fusioDiient  ou  ^e 
reproduisent  partiellement  sur  un  même  individu.  Ainsi  se  modiGent  les  races  et 
souvent  les  types  les  plus  éloignés.  Ces  modifications  sont  ordinairement  pea  sen- 
sibles de  tribu  à  tribu  voisine;  mais  on  rencontre  quelquefois,  implantée  au  milieu 
de  races  appartenant  à  un  même  type  général,  une  autre  race  de  type  très-difle- 
rent  et  qui  a  conservé  toute  sa  pureté  primitive  :  les  Peuls,  par  exemple,  au  mi- 
lieu des  nègres  du  Sénégal,  et  les  Foulahs  dans  le  Soudan. 

Ce  n*est  pas  ici  qu*il  convient  d'entrer  plus  avant  dans  ces  considérations  an- 
thropologiques et  ettmologiques,  on  les  trouvera  plus  détaillées  dans  les  articles  de 
géographie  consacrés  à  chaque  région  ;  quelques  mots  seulement  sur  les  mœurs 
et  la  constitution  politique  ou  sociale  de  ces  populations,  pour  achever  Tesquisse  de 
leurs  conditions  physiologiques.  Comme  si  tous  les  contrastes  devaient  se  rencon- 
trer sur  cette  terre,  ses  prties  connues  de  l'antiquité  ont  longtemps  été  le  centre 
de  la  civilisation  du  monde,  alors  que  dans  ses  parties  ignorées  vivait  rhomme  A 
rétat  de  nature  le  plus  primitif.  Puis  cet  éclat  s'est  éteint  sous  le  souille  des  con- 
quêtes, ne  laissant  de  traces  que  les  monuments  de  l'histoire  ;  et  les  efforts  tentés 
par  la  civilisation  moderne  pour  s'introduire  parmi  les  hoi^es  sauvages  ont  échoué 
partout  ou  n'ont  abouti  qu'à  des  résultats  éphémères.  Le  long  nécrologe  de  ceux  qni 
se  sont  voués  à  cette  entreprise  de  régénération  atteste  les  (^positions  que  rencon- 
trent l'Européen  et  ses  mœurs  dans  le  climat  et  les  peuples  de  l'Afrique.  Eu  fait  de 
idigion,  l'islamisme  s'est  conservé  intact  chez  les  derniers  conquérants  du  nord, 
et  s'est  étendu  au  loin,  mais  sans  conviction  et  sans  ferveur,  malgré  le  fanatisme  des 
propagateurs  chez  les  peuplades  noires.  Le  christianisme,  que  tentent  depuis  près 
de  trois  siècles  d'implanter  les  missionnaires  parmi  les  nègres,  ne  prend,  au  con- 
traire, aucune  racine,  malgré  la  passivité  des  néophytes;  il  n'a  conservé  non  plus, 
de  sa  propagation  originaire  dans  le  nord,  que  des  traditions  grossières  chez  lc> 
Coptes  et  les  Abyssins.  Le  judaïsme  n'existe  et  ne  se  (onserve  que  chez  les  descen- 
ckmts  des  Qialdéens,  chassés  de  leur  terre  première  par  les  Turcs  ;  il  a  pourtant 
des  sectateurs  d'origine  plus  ancienne  parmi  les  Abyssins.  Le  sabéisme  trouve 
quelques  adhérents  à  Mozambique  et  peut-être  sur  d'autres  points.  Mais  c'est  le 
fétichisme  le  plus  grotesque,  le  plus  inintelligent,  s'exerçant  sous  toutes  les  former, 
qu'on  rencontre  chez  la  plupart  de  ces  peuplades,  dont  quelques-unes  même  n* ont 
aucun  culte.  La  polygamie  s'exerce  partout  en  Afrique,  là  où  règne  le  christbnisme 
eonmie  ailleurs,  et  parait  être  une  conséquence  de  la  courte  fécondité  des  femmes, 
comparée  à  la  virilité  prolongée  des  hommes.  L'organisation  politique  et  sociale  est 
en  rapport  avec  ces  mœurs  religieuses  :  chez  les  peuplades  nomades,  elle  est  patriar- 
chale;  chez  les  nations  fixes,  elle  revêt  toutes  les  formes  connues,  depuis  la  monar- 
chie jusqu'à  la  république  ;  chez  quelques  hordes  de  sauvages,  on  dirait  du  seul 
instinct  de  sociabilité  naturel  à  l'homme,  plutô.  que  d'une  constitution  politique 
réelle.  L'autorité  s'exerce  d'ailleuissous  les  titres  les  plus  divers,  et  il  est  impossible 
de  se  reconnaître  au  milieu  de  toutes  les  appellations  par  lesquelles  on  la  désigne  ; 
un  seul  caractère  lui  est  commun  pai^tout,  c'est  l'absolutisme  le  plus  radical,  s'ap- 
puyanl  tantôt  mr  le  fanatisme  ou  la  superstition,  tantôt  sur  la  force  biiitale  ou  les 
actes  de  férocité.  Le  cannibalisme,  en  usage  chez  plusieurs  peuplades,  pai-aît  moins 
ré|)ondre  à  une  perversion  ou  à  un  besoin  des  sens  qu'à  un  apnage  de  cruautr 
résené  aux  chefs  ou  à  certaines  castes;  on  en  cite  quelques-unes  [)ourtant,  qui  pa* 
raissent  faire  de  l'anthropophagie  un  genre  d'alimenUilion.  Quant  aux  professions  ou 
aux  divers  genres  de  vie,  si  Ion  excepte  les  |)euples  du  nonl,  où  se  sont  consei-vés  ou 
introduits  des  habitudes  ou  des  besoins  u\ant  quelques  rap|K)rt$  avec  ceux  des  |)euplfs 


AFRIQUE.  S4 

ciTÎlisés,  tout  semble  réglé  par  les  seuls  instincts  de  la  nature  bien  plus  que  par  le 
désir  intelligent  des  améliorations  physiques   ou  morales.  On  rencontre  peu  de 
pécheurs,  excepté  parmi  les  nègres  ;  les  pasteurs  sont  plus  nombreux,  parce  que  les 
troupeaux  aboodent  sur  toutes  les  terres  arrosées;  les  chasseurs  forment  plus  de  la 
moitié  des  peuplades,  parce  que  la  chasse,  sur  la  plupart  des  tenues,  est  aussi  néces- 
saire pour  la  sécurité  que  fructueuse  pour  l'alimentation  ;  enfîn  ragriculture  n'est 
flfoère  ai  hooneur  que  là  où  les  produits  naturels  du  sol  ne  sont  que  des  ressources 
insuffisantes  pour  la  vie.  La  manière  dont  plusieurs  tribus  travaillent  les  peaux  et 
lesmétaux  ou  confectionnent  divers  tissus  prouve  une  grande  aptitude  pour  les  tra- 
vaiu  manuels;  dans  les  colonies  européennes,  d'ailleurs,  les  nègres  se  montrent 
(Nnriers  adroits  et  intelligents.  L'esprit  de  commerce  est  peu  développé  chez  les 
noirs  ;  c'est  plutôt  le  trafic  des  produits  naturels  du  pays  contre  des  objets  de  fan- 
taisie, et  surtout  le  plus  horrible  des  trafics,  celui  des  esclaves,  qui  est  en  usage  ;  il 
&ut  remonter  dans  le  Nord  pour  rencontrer  des  centres  commerciaux  où  les  échanges 
se  fimt  sur  une  assez  grande  échelle.  Les  races  africaines  sont  réputées  guerrières 
pour  la  plupart  ;  quelques-unes,  en  effet,  possèdent  ce  caractère  et  sont  guidées  sou- 
vent par  un  but  élevé  :  la  défense  de  leur  religion  ou  de  leur  indépendance  ;  d'au  très, 
plos  nombreuses,  ne  sont  poussées  que  par  leur  caractère  sauvage  et  leur  instinct 
antisocial  ;  mais  combien  de  peuples  ne  sont  mus  que  par  des  motifs  beaucoup  plus 
rils  :  l'absorption,  l'extermination,  le  trafic  des  esclaves;  ceux-là  ne  peuvent  pas  être 
dits  guerriers.  Si  Ton  excepte  les  établissements  maritimes  entretenus  sur  quelques 
points  par  des  nations  européennes,  il  n'existe  nulle  part  de  marine.  Aux  temps 
héroïques  où  les  mers  se  couvraient  des  flottes  armées  par  les  républiques  du  Nord, 
ont  succédé  les  siècles  de  vol  et  de  rapine,  pendant  lesquels  des  pirates  infestaient 
seuls  les  côtes  barbaresques.  Aujourd'hui  on  ne  rencontre  plus  que  quelques  barques 
iaisant  encore  ce  métier  sur  les  côtes  du  Maroc  et  sur  le  lac  Tsad.  L'Africain  employé 
sur  ks  navires  européens  se  montre  pourtant  bon  matelot  ;  son  aptitude  aux  tempéra- 
tores  élevées  en  fait  un  auxiliaire  utile,  indispensable  même  pour  les  navires  à  va- 
peur qui  stationnent  sur  les  mers  tropicales.  Les  peuples  d'Afrique  ont  paimi  nous 
la  réputation  d'être  sobres;  peut-être  ne  la  doivent-ils  qu'au  peu  d'exigence  de  leurs 
besoins,  tempérés  par  leur  climat.  Les  pasteurs  et  les  agriculteurs  du  Nord  vivent 
(dus  particulièrement  de  lait,  de  dattes,  de  miel,  de  céréales,  qu'ils  possèdent  en 
abondance;  les  nègres  se  nourrissent  de  racines  féculentes  ou  sucrées,  de  poisson, 
de  maïs,  de-  riz,  de  mil,  de  fruits;  mais  les  chasseurs  de  Natal,  de  la  Cafrerie,  de 
Honambique,  mangent  la  chair  de  l'éléphant,  du  buflle,  du  lion,  de  l'hippopotame, 
ea  même  temps  que  du  millet;  ceux  de  la  côte  de  Zanzibar  mangent  également  du 
gibier,  et  la  viande  crue  arrosée  de  bile  entre  dans  la  nourriture  de  l'Abyssin. 
Partout  on  fait  usage  de  boissons  fermentées  extraites  soit  du  palmier,  soit  de 
diverses  plantes,  et  toutes  produisent  l'ivresse.  Si,  sur  cette  (erre,  le  sol  est  fécond, 
le  climat  est  tout  aussi  destructeur,  et  l'ignorance  lui  venant  en  aide,  il  se  produit 
Httvent  des  famines  qui  font  des  ravages  énormes,  s'il  faut  en  croire  les  récits 
qa'enfont  eux-mêmes  les  indigènes  :  l'esclavage  et  la  famine  senties  grandes  plaies 
de  fÂirique.  Est-il  besoin  de  faire  remarquer  que  le  vêtement  de  l'homme  y  est, 
fw»)replus  que  ses  aliments,  en  rapport  avec  son  degré  de  civilisation,  et  plutôt 
avec  b  région  qu'il  habite  et  les  ressources  qu'il  y  trouve,  qu'avec  le  goût  et  la  pudeur? 
Les  peuples  arabes  berbères  et  abyssiniens  sont  les  plus  et  les  mieux  vêtus  : 
leurs  vêtements  amples  n'excluent,  encore  aujourd'hui,  ni  l'élégance  ni  la  richesse  ; 
I    ks  premiers  portent  le  turban  et  sont  à  peu  près  les  seuls  de  toute  l'Afrique  qui 
«ent  h  tête  habituellement  couverte.  Les  sauvages  des  régions  australes  les  plus 

OICT.  BRC.  II.  6 


S3  AFRIQUE. 

reculées,  qui  ont  aussi  besoin  de  se  couvrir,  se  servent  surtout  de  peaux  de  bétes. 
La  pagne,  diversement  tissée,  et  quelquefois  avec  art,  est  le  vêtement  très-général 
du  n^e,  dont  les  chefs  qui  ont  des  rapports  avec  les  Européens  ont  l'habitude 
de  se  couvrir  d'ornements  puérils  ou  ridicules.  Mais  la  grande  majorité  des  peu- 
plades primitives  se  contentent  de  recouvrir  les  parties  sexuelles  avec  divers  tissus. 
Quant  à  l'habitation,  on  remarque  que  les  peuples  les  plus  sauvages  ne  couchent 
nulle  part  à  ciel  découvert,  ni  en  contact  immédiat  avec  le  sol  :  la  tente  est  l'abri 
des  tribus  nomades  ;  la  hutte  ou  la  case,  d'une  forme  empruntée,  dit-on,  à  celle 
des  montagnes  voisines,  est  le  logement  le  plus  général  des  peuples  fixes;  la  mai- 
son en  bois  ou  en  maçonnerie  ne  se  rencontre  guère  que  dans  les  villes  commer- 
ciales ou  de  quelque  importance.  Les  constructions  plus  vastes  ou  plus  splendides 
appartiennent  presque  exclusivement  aux  villes  du  Nord.  Quant  aux  monuments, 
on  n'en  voit  que  des  ruines  sur  les  divers  théâtres  de  la  civilisation  disparue.  On 
comprend  sans  peine  qu'avec  de  tels  éléments,  toute  statistique  des  populations 
africaines  ne  peut  être  que  très-conjecturale.  Ce  qu'on  peut  dire,  en  abandonnant 
toute  prétention  à  fixer  un  chiffre,  c'est  que  les  découvertes  récentes  qui  ont  mon- 
tré des  contrées  fertiles  et  peuplées,  là  où  l'on  croyait  à  des  déserts  arides,  sont 
bien  propres  à  modifier  les  appréciations  qui  étaient  portées  sur  la  population  totale 
de  cette  partie  du  monde.  Quand  on  songe  aux  causes  de  destruction  que  repré- 
sentent les  guerres  incessantes,  les  famines,  la  traite  des  esclaves,  les  endémies  et 
les  épidémies  livrées  au  fatalisme,  il  est  permis  de  lui  attribuer  aussi  une  puissante 
sève  de  reproduction. 

Entrant  enfin  dans  le  domaine  de  la  pathologie,  nous  nous  bornerons  à  indiquer 
les  maladies  endémiques  communes  à  plusieurs  régions  ou  à  plusieurs  races,  et 
qui  paraissent  dépendre  des  conditions  générales  de  mœurs  ou  de  climats,  passant 
rapidement  sur  les  autres  maladies.  Les  endémies  qui  se  disputent  la  suprématie 
sont  la  dysenterie  et  la  fièvre  paludéenne.  La  première  est  plus  universelle  et  moins 
liée  à  la  topographie  que  la  seconde,  bien  qu'elle  soit  moins  répandue  à  l'est  et  au 
sud,  qu'au  nord  et  à  l'ouest;  les  îles  et  les  liauteurs  volcaniques  où  manque  la 
fièvre  et  qui  passent  pour  salubres  n'en  son  t.  même  pas  exemptes.  Elle  atteint  plus 
également  aussi  toutes  les  races,  bien  qu'elle  soit  plus  fréquente  ches  les  étran- 
gers que  chez  les  indigènes,  chez  les  blancs  que  chez  les  noirs.  C'est  la  dysenterie 
qui  décimait  autrefois  les  bâtiments  négriers  et  qui,  malgré  les  soins  médicaux  les 
mieux  entendus,  sévit  encore  sur  les  transports  des  engagés  volontaires  partis  des 
côtes  d'Afrique.  La  statistique  présente  la  côte  occidentale  d'Afrique  comme  le  point 
des  régions  tropicales  où  la  dysenterie  fournit  la  plus  forte  proportion  de  décès 
parmi  les  troupi^  européennes  (Boudin).  La  fièvre  paludéenne  manque  sur  plusieui^ 
points  où  règne  la  dysenterie  et  parait  plus  qu'elle  liée  à  une  certaine  constitution 
du  sol,  particulièrement  aux  terres  palustres  ;  clic  frappe  surtout  les  étrangers  et  les 
races  européennes  ;  elle  n'éprgne  pas  complètement  les  autres  racos,  même  les 
noirs,  qui  pourtant  choisissent  souvent  des  marais  pour  établir  leurs  demeures 
Le  docteur  Baikie  en  a  même  vu  sur  k^  bords  du  Niger,  pendant  les  inondations,* 
qui,  semblables  à  des  animaux  amphibies,  continuaient  à  habiter  leurs  buttes  aux 
di*ux  tiers  immerg -es.  La  statistique  constate  encore  que  c'est  aux  côtes  occiden- 
tales d'Afrique  que  la  fièvre  paludéenne  donne  le  plus  de  décès  parmi  les  troupes 
européennes  des  stations  coloniales.  C'est  à  cette  fièvre  que  succombent  aussi  la 
plupart  des  explorateurs  des  régions  intérieures.  Après  les  fièvres  et  les  dysente- 
ries, il  faut  citer  les  hé{Kitites  purulentes,  qui  sont  fréquentes  et  occupent  un  rang 
élevé  dans  la  mortalité  sur  presque  tous  les  points  où  règne  la  dysenterie.  L*opli- 


AFRIQUE.  S3 

•   endcmiqae  mérite  également  une  mention ,  comme  maladie  mûyersellement 
.  .u'  ;  on  l'accuse  partout  du  nord  au  sud,  de  Test  à  l'ouest  et  si  elle  ne  cause 
rares  décès,  elle  fait  pourtant  des  aveugles  et  des  borgnes  en  grand 
.  L'csclaTagc  est  la  source  la  plus  féconde  de  Toplithalmie  africaine,  et  les 
^  ont  souvent  été  le  théâtre  de  ses  épidémies  (Boudin).  Quel  qu'ait  été, 
.iiticjnité,  le  berceau  de  la  peste,  question  que  nous  n'avons  pas  à  exa- 
}rî,  nous  ne  pouvons  omettre  de  rappeler  que  c'est  dans  le  delta  du  Nil, 
les  côtes  qui  en  partent,  qu'elle  a  eu  ses  plus  fréquentes  et  plus  terribles 
'ons.  La  fièvre  jaune  a  fait  aussi  plusieurs  apparitions,  depuis  le  second  quart 
siècle,  sur  les  cotes  occidentales,  paraissant  avoir  son  *  point  de  départ  aux 
>nchures  de  la  Gambie  et  de  la  Sienra-Leone.  A-t-elle  été  importée,  estrelle  née 
tanément?  C'est  encore  là  une  question.  La  fièvre  bilieuse  grave  de  Madagascar 
•^  lies  voisines  n'est  peut-être  aussi  qu'ime  maladie  du  même  genre,  moins  un 
'iit  étiologique.  Les  maladies  virulentes  ne  paraissent  pas  avoir  de  racine  pro- 
•  en  Afrique  ;  Àrago  a  signalé  l'action  antagoniste  des  vents  secs  du  désert  sur 
•«i'ption  des  virus.  La  variole  importée  fait  pourtant  de  grands  ravages  épidé- 
4.S  sur  les  îles  conune  sur  le  continent  ;  mais,  à  la  lecture  des  voyages  d'ex- 
.^lon  à  l'intérieur,  on  ne  voit  pas  que  son  germe  présente  la  force  de  persis- 
et  de  propagation  que  devraient  lui  donner  les  conditions  de  mœurs  et  d'hy- 
;  qu'il  rencontre.  La  syphilb  est,  comme  la  variole,  une  maladie  de  toutes  les 
et  de  tons  les  climats;  mais,  en  général,  dans  les  régions  tropicales,  et  en 
'  ulier  chez  les  nègres  d'Afrique,  elle  ne  présente  pas,  d'après  mon  observation 
onnelle,  la  gravité  symptomatique,  la  durée  et  la  tendance  à  l'infection  géné- 
qu'on  lui  connaît  dans  les  riions  tempérées;  Livingsten  rapporte  que  les 
luanas  qui  ont  pris  la  vérole  sur  les  cotes,  en  guérissent  naturellement  quand 
t'Qtrent  chez  eux.  Les  maladies  cutanées  sont  moins  variées  qu'en  Europe,  mais 
plupart  sont  endémiques  et  spéciales;  l'éléphantiasis  et  la  lèpre,  communes  à 
(es  les  races,  rares  pourtant  dans  les  régions  occidentales,  sont  les  plus  graves; 
laines  aflections  ulcéreuses  :  crabes,  pians,  ulcères  phagédéniques,  sont  plus 
ticulières  aux  races  noires;  d'autres  affections  éruptives  :  gales,  boutons,  sont 
•ore  plus  localisées;  parmi  les  maladies  parasitaires,  le  dyst^e  d'Egypte,  le 
nia  solium,  le  dragonneau,  méritent  d'être  signalées;  quant  aux  accidents  pro- 
lits  par  les  animaux  nuisibles  ou  venimeux,  ils  sont  aussi  variés  que  leurs  causes, 
aliénation  mentale  et  l'idiotie,  les  aflections  aiguës  des  poumons  et  des  bronches 
'  rencontrent  chez  les  nègres  (Théveiiot)  ;  eux  seuls  paraissent  sujets  à  l'étrange 
ffection  dénommée  hydropisie  avec  naroolisme,  maladie  du  sommeil.  La  phthisie, 
afin,  ne  parait  ni  moins  répandue  ni  moins  redoutable  sur  les  îles  de  l'Océan 
indien  et  dans  les  régions  tropicales  du  continent,  qu'elle  ne  l'est  sur  la  plupart  des 
points  de  la  même  zone  dans  les  autres  parties  du  monde  ;  quelques  vopgeurs 
disent  pourtant  ne  l'avoir  pas  rencontrée  dans  les  régions  du  centre.  Quant  aux 
régions  septentrionales  et  australes,  malgré  quelques  divergences  dans  les  statis- 
tiques et  dans  les  opinions  des  auteurs,  on  peut  considérer  cette  aflection  comme  y 
clant  rdativement  rare  ;  nous  croyoas  même  devoir  rappeler  ici  que  les  climats 
bygioiiques  reconnus  aujourd'hui  comme  les  plus  efficaces  dans  lesphthisies  d'Eu- 
rope, sont  rÉgypte,  l'Algérie,  Madère,  les  Canaries,  le  Cap. 

Un  dernier  mot  sur  l'acclimatement  des  races  étrangères  sous  le  ciel  africain,  le 
plus  indément  peut-être,  pris  dans  son  ensemble,  de  tous  les  climats  du  globe. 
Il  est  soumis  aux  règles  générales  qui  régissent  l'acclimatement  dans  les  pays 
chauds  (Foy.  Acclihateiiemt)  ,  mais  il  présente  aussi  des  faits  d'acclimatement  par- 


S4  AGALLOCHE. 

ticuiicrs,  qui  méritent  d*étre  envisagés  à  un  point  de  vue  un  peu  différent  et 
particulièrement  pratique.  Les  races  syro-arabes,  en  pénétrant  dans  le  nord  de 
l'Afrique ,  ne  changeaient  pas  de  zone  isotherme  et  se  retrouvaient  presque  sur 
leur  terre,  aussi  comprend-on  qu'elles  se  soient  indigénis.'es  avec  toute  leur 
pureté,  et  que  leurs  nombreux  croisements  aient  réussi  et  se  soient  répandus  au 
loin.  Quelques  variétés  du  même  type,  mais  appartenant  au  rameau  indo-européen, 
bien  qu'elles  ne  soient  pas  pures  de  mélange  syro-arabe  :  les  Espagnols,  les  Portu- 
gais, les  Maltais,  dont  le  site  géographique  est  également  voisin  de  l'Afrique,  s'ac* 
climatcut  très-bien  aussi  sur  plusieurs  points  du  littoral  et  sur  les  îles,  et  se 
croisent  volontiers  aiec  les  indigènes.  Hais  d'autres  races  de  ce  même  rameau  indo- 
européen, plus  éloignées  en  latitude  et  plus  difTérentes  de  caractères  physiques  :  les 
Anglais,  les  Français,  les  Hollandais,  se  comportent  tout  autrement,  et  pourtant 
pas  d'une  manière  semblable  dans  toutes  les  localités.  Ainsi,  l'expérience  a  prouvé 
à  toutes  les  époques  qu'elles  ne  s'implantent  pas,  du  moins  par  les  procédés  employés, 
dans  la  zone  septentrionale,  et  cette  même  expérience  nous  les  montre,  depuis 
bientôt  trois  siècles,  se  propageant  ou  se  croisant  avec  succès  dans  la  xone 
australe.  Il  en  est  de  même  sur  les  iles  volcaniques  éloignées  des  terres,  à  la  Réu- 
nion, à  Maurice,  à  Sainte-Hélène,  où  elles  ne  meurent  pas  plus  ou  meurent  moins 
qu'en  Europe.  Pourquoi  cela?  Parce  que  le  sol,  sur  tous  ces  points,  différant  de 
celui  du  continent  tropical  ou  septentrional,  l'homme  n'a  pas  à  y  subir  l'em- 
poisonnement palustre;  et  qu'à  celte  condition,  comme  le  prouvent  des  faits  ana- 
logues observés  dans  d'autres  régions  salubres  et  même  sur  les  altitudes  de  régions 
dont  les  terres  basses  sont  insalubres,  la  santé  des  Européens,  sous  le  ciel  tropical, 
est  tout  aussi  bonne,  sinon  meilleure,  qu'en  Europe.  Toutefois,  les  diverses 
questions  d'équilibre  entre  les  naissances  et  les  morts,  d'intégrité  physique  et 
morale,  de  travail  de  la  terre,  ne  se  résolvent  pas  nécessairement  comme  celle  de 
la  santé  et  de  la  vie,  par  l'absence  des  causes  d'insalubrité;  ce  qui  fait  que  l'accli- 
matement absolu  de  race,  n'est  pas  la  conséquence  obligée  de  l'acclimatement  per- 
soimel,  dont  pourtant  il  faut  tenir  compte,  à  divers  points  de  vue.  Sur  les  côtes 
du  continent  tropical,  pas  d'acclimatement,  même  individuel,  pour  l'Européen 
du  nord;  il  ne  vit  qu'à  la  condition  d'être  malade,  ou  n'échappe  à  la  maladie  et 
à  la  mort  que  par  immunité  personnelle. 

De  nos  jours,  l'Afrique  tend  à  redevenir,  pour  bien  des  esprits  enthousiastes,  ce 
qu'elle  a  été  dans  l'antiquité  :  une  terre  promise  n'attendant  que  les  bienfaits  de 
la  civilisation  européenne  pour  produire  des  merveilles.  La  géographie  médicale 
qui  met  en  lumière  les  conditions  de  santé  et  de  maladie,  de  rie  et  de  mort, 
d'extinction  et  de  propagation  de  race  qu'y  rencontre  l'Européen,  semble  bien 

Îropre  à  contenir  ces  aspirations  dans  des  limites  plus  raisonnables  et  à  faire  éviter 
»  écoles  du  passé.  Dutroulao. 

BiBiiocRAPHic.  •— IIau.£  Jean-Noël),  article  AmiQine,  in  Eneychp/die  mûhodiqme.  Partie 
médecine,  t.  I*%  1787,  in-i.  —  Voyez,  en  outre,  les  principaui  traités  de  géographie,  parti- 
culièrement celui  de  Maltc-Bruh  (dernières  éditions)  et  celui  de  Karl  RrrrER  :  Géographu 
générale  comparée  (en  allemand),  traduction  française  par  E.  Burat  et  Ed.  Dcsol.  Paris, 
1155-0,  în-8»  3  vol.  Ces  trois  premiers  volumes  sont  tout  entiers  consacrés  à  l'Aûrique.  — 
Yoyei  aussi,  en  ce  qui  concerne  l'Afrique  centrale,  les  relations  des  Toyatrcs  de  Muitgo-Park, 
du  major  Denham,  du  docteur  Oudney,  du  capitaine  Clapperton,  des  frères  Lander,  de 
Caillé  et  de  Raffcnel,  de  Hichardson,  d'Overwcg,  de  Henri  Bartb,  et,  en  dernier  lieu,  celle 
du  voyage  de  John  Honning  Speke,  aux  sources  du  Nil. 

ACiAixocBE.    On  a  donné  ce  nom,  ou  encore  celui  A'AgaUodion^  Agalugen^ 
Agalugin^  à  plusieurs  espèces  de  bois  employés  en  médecine  : 


AGARIC.  85 

i*  A  celui  de  quelques  arbustes  de  la  famille  des  Aquilarinées,  notamment  à 
YAquilaria  Agalhcha  (voy.  Aquilarea,  Garo,  Bois  d'Aloès  et  Calahbac). 

i^  A  une  plante  de  la  famille  des  Légumineuses,  YAlœxylwn  A^aUodium  de 
Loureiro  {voy.  Aloextluh). 

5*  A  un  arbuste  de  la  famille  des  Eupborbiacées,  YExcxcariaAgaUocha  (wy. 
ExcAURU  et  Stillirgia.  Peut-être  vaudrait-il  mieux  ne  plus  considérer  actuelle- 
ment comme  Bais  dCAgalloche  que  celui  de  cette  dernière  espèce,  i*éservant  pour  les 
précédentes  les  noms  de  Bois  d^Aighy  dCAloèSy  etc. 

4'  Roxburgh  a  encore  considéré  comme  un  faux  Boisd'Agalloche  celui  du  Mi- 
(keUa  Tsjampaca,  arbre  de  la  famille  des  Anonacées  (voy.  Michblia).      H.  Bm. 

Pharkacologib.  D'après  Rumpbius,  le  Bois  d*Agalloche  vient  des  Indes.  Le 
nom  d'Excsscaria  (Arbm'  excxcans)  lui  aurait  été  donné  de  ce  que  des  matelots 
européens  envoyés  dans  des  forêts  pour  couper  du  bois  auraient  reçu  sur  le  visage  le 
bit  qui  jaillissait  de  ces  ari)res;  ils  en  ressentirent  des  douleurs  atroces,  et 
quelques-uns  perdirent  la  vue.  En  efiet,  le  suc  blanc  laiteux  de  YEzcxcaria  Agalr 
lûcha  est  acre,  résineux  ;  il  est  analogue  à  celui  des  Euphorbiacées.  Le  bois  consti- 
tue le  Faux  CatambaCy  une  des  trois  espèces  de  bois  tTAloès;  il  est  dur,  pesant, 
très-résineux,  brun  rougeâtre  jaspé  de  noir  ;  son  odeur,  très-aromatique,  rappelle 
celle  de  la  myrrhe  et  de  la  résine  élémi  mêlées  ;  il  est  employé  en  ébénisterie,  en 
marqueterie  et  en  parfumerie.  Les  Anglais  l'ont  prescrit  contre  la  goutte  et  le 
liiumatisme  ;  on  l'a  conseillé  comme  anthelminthique  et  stupéfiant  :  il  est  inusité 
aujourd'hui.  Le  bois  d'Aloès  entrait  autrefois  dans  Vopiat  de  Salomon,  la  confecr 
Iton  ott^rtiu^,  etc.  0.  Réveil. 

AfiAMES,    Foy.  AcOTTlioOKES.  * 

AlSARic,  Agaricus  Linn.  et  Pries,  ('A^apcx^v,  espèce  de  champignon,  sans 
doute  de  Polypore,  que  les  Grecs  tiraient  d'Agaria,  ville  de  Sarmatie,  d'après 
Dioscoride) .  11  est  remarquable  que  la  meilleure  qualité  d'agaric  officinal  (Polyporus 
LarieiSy  Dub.)  se  tire  encore  aujourd'hui  de  Circassie  (partie  de  l'ancienne  Sar- 
matie). Le  genre  Acaricus,  tel  que  nous  l'établissons  ci-après  (Voy.  Agari- 
cm^Es,  p.  130),  sous  l'autorité  de  Pries,  se  limite  surtout  par  l'exclusion  des  groupes 
naturels  et  bien  caractérisés  qui  forment  autour  de  lui  les  20  genres  dont  nous 
donnerons  les  caractéristiques  (p.  128).  Tel  qu'il  reste  constitué  maintenant,  ce 
genre  est  évidemment  provisoire  et  attend  que  le  perfectionnement  de  l'observa- 
tion permette  un  démembrement  plus  complet.  En  elTet,  il  n'a  guères  aujourd'hui 
que  des  caractères  négatiis,  et  il  reste  encore  le  plus  nombreux  en  espèces,  puisque, 
déjà  démembré,  il  compte  encore  dans  VEpicrisis  de  Pries  (catalogue  le  moins  in- 
complet) 920  espèces  auxquelles  il  faut  ajouter  une  centaine  d'espèces  décrites 
depuis  (je  ne  parle  que  de  l'Europe)  et  plusieurs  centaines  non  encore  décrites.  De 
là  la  nécessité  de  nombreuses  subdivisions. 

Cependant  quelques  esprits,  surpris  de  cette  fécondité  qu'ils  ne  soupçonnaient 
peut-être  pas,  et  regrettant  l'ancienne  pauvreté  de  la  flore  mycologique,  qu'ils 
appelleraient  volontiers  simplicité,  prétendraient-ils  que,  dans  un  article  de  ce 
genre,  même  pour  un  ouvrage  qui  a  titre  encyclopédique  y  on  dut  s'abstenir  de  ces 
nouveautés  et  se  tenir  pour  satisfait  de  l'énumération  des  30  à  40  espèces  vulgai- 
rement tenues  comme  formant  tout  le  bagage  du  parfait  myoologiste  au  point  de 
vue  comestible  ou  vénéneux?  Mais,  suivant  nous,  c'est  comme  si  on  se  déclarait 
latis&it  des  sinistres  qui  chaque  année  viennent  attrister  le  public  et  prouver 


86  AGARIC. 

rimpuissance  du  petit  et  faux  savoir  qu'on  veut  retenir,  et  que,  dans  Tétat  actuel 
de  nos  connaissances,  nous  regardons  comme  plus  nuisible  qu'utile.  Si  on  croyait 
celte  demi-science,  telle  espèce  (Ag.  meUeuê,  par  exemple)  serait,  suivant  les  ca- 
prices du  sort,  tantôt  toxique,  tantôt  alimentaire!  Nous  nous  refusons  absolument, 
avant  positive  démonstration  contraire,  à  admettre  de  telles  étrangetés  ;  et  la  dé- 
monstration non-«eulement  n*a  pas  été  faite,  mais  à  peine  si  je  la  crois  possible 
aujourd'hui,  tant  les  caractères  propres  à  chaque  espèce  sont  encore  mal  détermines 
pour  certains  groupes.  Une  explication  bien  plus  légitime,  quelquefois  certaine, 
rend  parfaitement  compte  des  laits  allégués  :  c'est  la  tendance  naturelle  qui  porte 
le  connaisseur*amateur  à  faire  rentrer  tout  agaric  qu'il  récolte  dans  les  quelques 
espèces  qu'il  croit  connaitre.  Les  débiles  descriptions  des  Roques,  des  Dupuis, 
des  Noulet  et  Dassier,  etc.,  sont  là  pour  dire  si  l'on  connaU  des  espèces détriles 
d^une  façon  si  illusoire.  Avec  de  tels  guides,  l'amateur  déclarera,  en  conscience, 
variété  toute  forme  nouvelle  qu'il  distinguera,  flattant,  par  cette  diagnose  com- 
plaisante, sa  vanité  autant  que  sa  paresse.  Nous  avons  été  plusieurs  fois  témoin  de 
ces  déterminations  fantastiques.  De  là  les  nombreuses  erreurs  de  gens  qui  prétendent 
s'être  empoisonnés  avec  des  AGAaicos  campestris,  des  mousserons,  etc.;  de  là  les 
nombreuses  incertitudes  actuelles  de  la  science.  D'un  autre  côté,  de  prétendues 
Instructions  pour  distinguer  les  espèces  toxiques  des  espèces  comestibles  mettent, 
pour  ainsi  dire,  à  la  portée  de  tout  le  monde  (et  en  les  aggravant  beaucoup)  Terreur, 
la  confusion  et  le  péril,  que  les  livres  précités  réservaient  au  connaisseurnamateur! 
Pourtant  de  si  vaines  Instructious  seraient  accueillies  par  une  incrédulité  et  une 
inattention  générales,  si,  transportant  leur  insoutenable  procédé  dans  d'autres  bran- 
ches des  connaissances  humaines,  elles  prétendaient  faire  discerner  paiement  par 
des  caractèrçs  généraux  :  en  chimie,  les  sels  vénéneux  des  sels  inoflensifs;  —  en 
zoologie,  les  animaux  nuisibles  de  ceux  qui  sont  utiles  ;  —  en  botanique,  les  pha- 
nérogames toxiques  de  ceux  qui  sont  alimentaires  ou  innocents  ;  mais  le  sens  de  la 
flore  mycologique  fait  tellement  défaut  que  la  même  prétention  a  toujours  plein 
succès  quand  elle  s'exerce  sur  cette  flore  :  les  journaux,  même  scientifiques,  lui 
prêtent  leur  publicité;  et  jusque  dans  les  régions  officielles  de  teb  paradoxes  ont 
trouvé  de  l'^ho! 

Nous  croyons  que,  pour  dégager  l'hygiène  publique  et  privée  du  danger  que  lui 
font  courir  ces  fausses  idées  sur  la  création  mycologique,  il  faut  changer  la  méthode 
de  vulgarisation  et  ne  pins  bercer  le  public  du  vain  espoir  d'une  diagnose  iacile  ; 
c'est  la  science  qu'il  ûiut  vulgariser  et  non  la  cueillette.  Quand  les  médecins  auront 
une  idée  exacte  de  la  mycologie,  eux  qui  sont  répandus,  distribués,  pour  ainsi 
dire,  sur  le  territoire,  ils  seront  les  guides  naturek  du  public.  Il  faut  donc,  ici 
comme  ailleurs,  s'adresser  d'abord  à  la  méthode  scientifique,  donner  au  médecin 
un  cadre  dans  lequel  les  descriptions  succinctes  d'un  nombre  sufGsant  d'espèces, 
types  des  groupes  les  plus  circonscrits,  jalonneront  le  vaste  champ  des  Agarics, 
et  montreront,  por  l'exemple,  comment  se  décrit,  se  détermine  et  se  classe  une 
espèce.  Alors  chaque  médecin,  possédant  la  méthode  et  le  langage  mycologique 
{Voy.  pour  ce  langage,  p.  lii),  pourra  facilement  dessiner,  décrire  et  classer  lui- 
même  les  espèces  comestibles,  vénéneuses,  remarquables,  de  sa  localité,  et  nos 
connaissances  hygiéniques  et  toxiocrfogiques  touchant  le  genre  AcAEicoset  les  genre» 
circonvoisins  sortiront  des  inextricables  contradictions  où  elles  sont  aujourd'hui. 
C  est  le  but  que  nous  nous  proposons  dans  ce  travail.  C'est  pour  l'atteindre  plus 
bcilemejit  que  nous  ne  donnerons  pas  toujours  carrière  à  nos  sympathies  pour  la 
méthode  naturelle  pure,  que  nous  l'abandoimerons  quelquefois  quand  elle  sera  en 


AGARIC.  87 

fréaeaot  de  qudqnes  ooupares  artificielles,  mais  plus  commodes  pour  se  recoa- 
flaitre  dans  k  dâale  des  espèces.  C'est  ainsi  que,  guidés  par  Pries  et  avec  M.  de 
Sraies,  nous  diyiseroDS  d'abord  les  agarics  en  deux  grandes  séries,  suivant  que 
leurs  ^res  sont  blanches  ou  colorées.  Selon  nous,  pourtant,  cette  division  est 
(oote  artificielle;  ceux  qui,  dans  ce  travail,  étudieront  avec  soin  ces  deux  séries 
le  recooiiutront  facilement;  maison  retire  de  cette  coupure  deux  avantages  prati- 
4pie$(xmgdérables  :  c*est,  d'une  part,  d'avoir  d'abord  à  se  déterminer  sans  hésitation 
pour  lune  ou  l'autre  série;  ensuite,  et  surtout,  parce  que  les  sous-genres,  dans 
diaque  série,  pour  ainsi  dire  coupés  en  deux  par  cette  première  division,  sont  moins 
nooiiliraix  en  espèces  et  par  suite  plus  facilement  limités,  déterminés  et  subdivisés. 
Nous  aurons  donc  : 

i''§éfl<le.  A€}.  IJBIJCOSPOBE8.  Agarics  à  spores  blanches  ou  blanchâtres,  je 
Teuxdire  blanches  ou  très-légèrement  ombrées  ou  très-faiblement  teintées  de  jaune 
OQ  d'orangé  (à  peine  couleur  de  la  crème) .  Celles  mêmes  qui  sont  faiblement  teintées 
de  rose  (comme  les  pâles  pétales  d'une  rose  thé)*doivent  être  renvoyées  à  l'autre  série, 
li*  Série.  A€}.  CHBOHOSPORE9.  Agarics  â  spores  colorées  en  rose,  rou- 
aàktf  violacé;  ocre,  fauve,  brun,  ferrugineux;  fuligineux,  noir-pourpre  ou  noir 
(tioy.  p.  i07  et  surtout  l'art.  cmuKHOsroiiE). 

^03  nos  descriptions  nous  acceptons  presque  constamment  la  nomenclature 
adoptée  par  Pries  dans  son  EjdcrUis;  nous  ne  citerons  communément  que  les 
plincfaes  de  Bulliard  et  celles  de  Paulet,  les  plus  communes  en  Prance.  Nous  adopte- 
nns quelques  abréviations  usitées  ou  très-faciles;  ainsi  :  R.  =  rare;  RR«  =  très- 
nre,  etc.;  de  même,  AC.  =  assez  conunun;  C.  =  commun;  CC.  =  très-com- 
nnm,  etc.  D.  indique  le  diamètre  du  chapeau  et  d.  celui  du  stipe  ;  r.  la  distance 
du  centre  du  disque  au  pourtour;  T.  est  la  taille  du  champignon  dans  son  ensem- 
ble et  en  place  ;  h.  la  hauteur  du'  stipe  en  comprenant  la  partie  hypogée;  quand 
l'importance  de  oeUe-ci  l'exige,  on  écrira  deux  nombres  joints  par  le  signe  H-»  le 
premier  pour  la  partie  aérienne,  le  second  pour  la  portion  hypogée  ;  1.  la  largeur  de 
h  lame.  Leschiflres  qui  suivent  ces  lettres  indiquent  les  dimensions  (en  centi- 
tiêtres  =z  c.  et  fraction  décimale  du  c.  pris  comme  unité)  des  individus  moyens 
et  paraissant  normalement  développés  ;  on  a  rapproché  ces  mesures  pour  que  l'œii 
iûàsse  plus  facilement  leurs  rapports  qui  importent  surtout.  (Yoy.  l'article  Agari- 
<niÉEs  pour  tout  ce  qui  concerne  l'anatomie  descriptive  et  son  langage.) 

1**  Série.  Les  AQ.  I.BIJCOSPORES  peuvent  être  divisés  en  deux  sections  fort 
tttorelles,  suivant  l'homogénéité  ou  l'hétérogénéité  du  tissu  du  stipe,  comparé  à 
<diii  de  rh}inénophore. 

l"  SECTION.  LEUCOSPORES  HOMOGÈNES.  Stipe  charnu  ou  fibreux,  épa- 
nottiâsant  son  tissu  dans  l'hyménophore,  de  soile  qu'il  y  a  continuité  de  l'un  à 
I  aatre.  (On  ne  comprend  guère  que  l'illustre  maître  Fries,  qui  a  fait  sentir  l'im- 
portance de  cette  distinction,  dise  amtiguus  au  lieu  de  continuus?).  Il  résulte  de 
<xtte  continuité  qu'on  ne  peut  les  séparer  que  par  une  déchirure  irrégulière,  mie 
lacération  manifeste.  Une  coupe  du  champignon,  selon  l'axe  du  stipe  (coupe  très- 
importante  pour  l'étude  et  que  l'on  ne  doit  jamais  omettre  dans  les  dessins),  montre 
manifestement  cette  continuité  de  tissu  et  son  homogénéité,  quoique  souvent  le  tissu 
descendu  dans  le  stipe  se  tasse  pour  en  former  les  couches  corlicales;  mais  ces 
transitions  se  font  progressivement  du  chapeau  au  stipe  et  du  premier  âge  à  l'âge 
adalle.  Cette  premi^e  SECTION  compiend  quatre  sous-genres  :  I.  Les  Armilla- 
Hft,  caractérisés  par  leur  collier  (quelques  espèces  (4),  que  leur  collier  a  fait  réu- 
nir artifideUement  aux  Armillaria^  appartiennent  vraiment  à  la  seconde  SECTION); 


88  AGARIC. 

II.  lesTrieholoma,  entièrement  charnus,  à  lames  sinoées  (arrondies  ou  émar- 
ginées)  ;  III.  les  CUioejh^m,  à  stipe  fibreux  et  à  lames  décurrentes  non  sinuées; 
IV.  lesPiearotM,  le  plus  souvent  épiphytes,  à  chapeau  irrégulier  (excentrique 

ou  dimidié).   (Voy,  p.  103,  les  Leucospores  hétébogères.) 

1.  ArmiUaria  {armilUif  coUier).  Leucospores,  le  plus  souvent  à  tissu  homo* 
gène;  collier  manifeste  (quelquefois  cortiné)  formé,  le  plus  souvent,  par  un 
vehmi  mixte;  hyménophore  continu  avec  le  stipe  dont  la  surface  est  plucheuse 
ou  squameuse  au-dessous  du  collier.  Lames  sinuées  par  derrière  ou  décurrenles. 
Voile  général  manquant  ou  constituant  sur  le  chapeau,  des  pluches,  des  squames 
éparses,  et  non  une  volve  continue.  (Fries  estime  ce  sous-genre  peu  naturel.  Il 
renfernie,  en  effet,  des  formes  qui  appartiennent  aux  sous-genres  suivants,  et 
notamment  aux  CoUybiées  de  la  seconde  SECTION  ;  mais  la  présence  du  collier  per- 
sistant ou  caduc  les  réunit  facilement.)  Suivant  leurs  formes  et  leur  tissu,  les 
Armillaria  se  divisent  eu  trois  groupes. 

m.  Tricholomatés  subannulés:  lames  sinuées  adnexées,  chapeau  charnu 
ainsi  que  le  stipe  homogène  et  plein  ;  épigés.  Exemple  : 

i.  Ac.  ÀRMiLL.  scRoposos,Paul,  t.  51,  f.  2-4.  Chapeau  épais,  charnu,  convexe, 
obtus,  enfin  étalé;  surface  glabre,  inégale  par  des  rides  contournées,  bnniâtre; 
chair  blanche  et  ferme.  Stipe  égal,  charnu,  plein,  ferme,  atténué  en  bas  et  radi- 
cant,  concolore  au  chapeau,  ou  blanchâtre,  muni  d'un  anneau  supérieur  blanc  et 
fugace.  Lames  blanchâtres,  rapprochées,  sinuées,  attenantes.  Odeur  et  saveur  de 
farine  récente,  agréables.  Édule  et  estimé.  D.  3  c;  h.  5  c,  d.  0,8  c,  Épigé. 
Dans  les  pâturages  du  midi  de  la  France. 

h.  Clitocybiés  annulés:  lames  également  atténuées  vers  le  stipe,  adnées- 
décurrentes;  stipe  homogène ,  à  intérieur  spongieux  élastique  et  extérieurement 
cartonné,  la  plupart  en  touffe.  Exemples  : 

2.  Ag.  Armill.  melleus,  Fr.;  Annularius  de  Bull.,  t.  377  et  540.  Chapeau 
charnu,  convexe,  puis  aplani,  fibrilleux,  ou  parsemé  de  petites  squames  pileuses 
visibles  surtout  sur  le  disque,  rarement  effacées,  à  marge  mince,  sulistriée.  Les 
nuances  diverses  du  miel  fin  au  gros  miel  donnent  une  bonne  idée  des  teintes 
qu'il  revêt;  il  se  fonce  en  vieillissant.  Stipe  long,  rempU,  cartonné  extérieurement, 
spongieux  en  dedans,  élastique,  fibrilleux,  plus  ou  moins  c  onoolore  avec  le  chapeau, 
ceint  en  haut  par  un  collier  mixte,  floconneux,  membraneux,  ordinairement 
lerme  et  droit.  Lames  adnées  à  dents  décurrentes,  subdistantes,  pâles,  puis  fari- 
neuses, blanchâtres,  enfin  maculées,  lisérées  de  brun  sur  leurs  bords.  Spores^  en 
masse  l»ien  blanche  ;  sous  le  microscope,  ovées ,  lisses,  avec  un  indice  de  style. 
Odeui'  lade,  saveur  styptique  et  désagréable;  passe  pour  vénéneux  aux  environs  de 
Paris.  D.  o-15  c,  T.  7-20  c,  h.  8-16,  c,  d.  1-2  c.  1.  0,5  à  1  c.  Solitaire  sur 
les  feuilles,  ou,  plus  souvent,  sur  les  troncs  en  touffes  nombreuses,  pressées 
et  adnées.  CŒ. 

Nota.  —  Ce  champignon  est  très-variable  dans  ses  formes,  grandeurs  et  couleurs. 
Le  plus  souvent,  odeur  désagréable,  saveur  styptique,  mais  qui  disparaît  par  la 
cuisson. 

Il  a  été  longtemps  donné  pour  vénéneux  (Paulet,  Persoon,  Duby,  Roques,  etc.). 
Il  est  certain  que  cet  agaric  entre  dans  la  consommation  journalière  des  paysans 
dans  les  Cévenni-s  et  ailleurs.  Il  n'est  point  délicat,  mais  il  est  inoffensif  éiantcuii. 
Cependant,  comme  il  est  ti-ès-protéii'orme,  que  des  espèces  fort  voisines  se  fondent 
en  série  avec  ses  propres  variétés,  qu'il  n'est  pas  absolument  certain  que  notre 
caractéristique  ne  «'applique  qu'à  une  espèce  bien  une  et  étroitement  déterminée 


AGARIC.  89 

(quelques  différences  dans  la  kmne  des  spores  que  j*ai  trouvées  ovoïdes  chez  les 
uns,  globuleuses  cliez  les  autres,  autorise  ce  doute),  il  sera  sage,  pour  ce 
champignon  conune  pour  quelques  autres  que  nous  signalerons,  d'essayer  avec 
prudence  les  variétés  qui  sont  propres  à  chaque  localité.  Le  stipe  trop  coriace 
doit  être  rejeté. 
Autour  du  Helleus  se  groupent,  entre  autres  espèces  fort  voisines  : 

3.  AaiiiLL.  GMisEO-Fcscos,  DC,  qui  s'en  distingue  surtout  par  la  surface  de  son 
diapeau  lisse,  un  peu  soyeuse,  sans  écaille  ni  ponctuation,  d'une  couleur  fauve 
très-pale  sur  la  marge,  des  lames  blanches  décurrentes  à  bord  convexe. 

4.  Abhill.  MoBio  (Batt.  t.  10,  f.  F. —  Paul.  t.  144.  f.  1-7),  par  son  chapeau 
m  peu  visqueux,  ses  lames  un  peu  plus  distantes.  Midi  de  la  France,  principale- 
ment sur  les  mûriers. 

e.  Collybiés  annulés^  troisième  groupe  d'Armillaires.  Us  se  rapprochent 
des  Collybes  par  leur  forme,  leurs  lames  plutôt  adnexées  que  décurrentes,  le  stipe 
subcartilagineux  extérieurement.  Exemple  : 

5.  Ag.  Armill.  Coll.  uuciuns,  Schrad.  et  Fr.  Blanc  ou  blanchâtre.  Chapeau 
QÛnce  presque  translucide,  hémisphérique,  puis  étendu  obtus,  à  rides  rayon- 
nantes, couvert  d'un  enduit  glutineux  épais  et  tenace,  blanchâtre,  souvent  ombré  ou 
\tTm;marge  finement  striée.  Stipe  rempli,  rigide,  mince,  épaissi  vers  le  bas  (d. 
en  haut  4  à  5  "".,  en  bas  9  à  10  "".),  glabre,  blanc;  collier  blanc,  supérieur 
et  ascendant,  à  surface  hyméniale  sillonnée,  à  limbe  redressé ,  gonflé.  Lames  ar- 
rondies adnexées,  à  stries  décurrentes,  distantes,  bien  blanches  (jaunies  quelque- 
fois par  l'invasion  d'une  mucédinée).  Inodore.  Édule,  selon  Chevalier.  D.  4  à  8 
à  10  c,  T.  4  à  8  c.  Épiphyte,  plutôt  en  toufl'e,  quelquefois  solitaire,  sur  le  tronc 
de  hêtres  languissants.  GC.  dans  le  Nord. 

11.  THcholonui  {Bpixk,  cheveux,  lù»na,  marge;  marge  fibrilleuse).  Leucospores 
homogènes  à  voile  eflacé  ou  seulement  floconneux  ou  fibrilleux  adhérent  au  pourtour 
du  chapeau  charnu,  jamais  vraiment  ombiliqué,  encore  moins  infundibulé  ;  stipe 
cbmu,  non  muni  d'une  couche  externe  cartonnée  (si  ce  n'est  peut-être  dans  les 
derniers  de  la  série,  termes  de  transition),  continu  avec  l'hyménophore  ;  lames 
sinuées  en  arrière  (vers  le  stipe) .  Ëpigés  :  (les  épiphytes  correspondants  doivent 
être  cherchés  parmi  les  Pleurotes). 

Cesous-genre,très-vaste,  réunit  la  plupart  des  LEUCOSPORES  les  plus  grands  et 
les  plus  remarquables.  Us  diffèrent  des  clUocyiics  par  leur  voile  dont  ils  portent 
encore  quelques  traces,  parleur  stipe  décidément  solide,  charnu  ou  fibro-chamu, 
peu  ou  pas  spongieux,  sans  écorce  cartonnée;  par  la  forme  en  disque  autour  de  la- 
quelle gravite  leur  chapeau  adulte,  et  enfin,  pour  toutes  les  espèces  intermédiaires, 
équivoques,  et  en  petit  nombre,  par  des  lames  toujours  primitivement  sinuées^ 
adnées  ou  sub-décurrentes,  mais  non  également  atténuées  aux  deux  extrémités  et 
présentant  toujours  une  rainure  ou  une  gorge  vers  leur  terminaison  centrale.  Us  se 
distinguent  des  CoUyhte  surtout  par  le  stipe  hétérogène  de  ceux-<;i  fortement 
artonné  extérieurement  ou  cartilagineux  (excepté  pullus,  platyphtllus).  D'ail- 
leurs l'examen  des  groupes  très-naturels  de  ce  sous-genre  facilitera  sa  détermina- 
tion. On  doit  surtout  étudier  avec  soin  la  constitution  anatomique  du  tégument  du 
chapeau,  selon  qu'elle  est  visqueuse  (desséchée  par  un  temps  sec),  fibrilleuse, 
^quJmeuse,  soyeuse  ou  gouttée  (marquée  de  gouttes),  lisse  et  imbue,  ou  tout  à  fait 
l)}gro[Jiane.  Pries  déclare  ne  connaître,  dans  les  Tricholoma,  aucune  espèce  vrai- 
ment vénéneuse  (Monographia  hymenomyc,  Sueciœ,  p.  49),  peu  de  suspectes 
telles  que  safoiuceus  ;  mais  les  spongieux  et  les  hygrophanes  mous  et  insipides 


90  AGARIC. 

sont  à  peiiie  édules.  Pour  faciliter  la  recherche,  nous  diviserons  les  sq>t  groupes 
eu  deux  séries  a  et  ^,  d'ailleurs  très-naturelles. 

a.  Première  M/rie  det  Tridiûlomê.  Toile  général  représenté  p«r  des  fibriUes  adnées  sar  le 
tégument,  el  souvent  eflacccs;  fibres  non  détachées,  mais  lacérées  et  constituant  sur  la  sur- 
face du  chapeau,  quelquefois  visqueux,  un  fibrilleux  inné  ou  vergetures  fîbrilleuses,  ou  des 
pluches,  des  squames;  mais  chapeau  d'abord  non  lissé,  non  Imbu,  chair  ne  s'imbibant  pas 
facilement. 

A.  Tricholomata  litnacina.  Tégument  du  chapeau  humide-visqueux, 
souvent  vergeté,  ou  rarement  granulé,  avec  fd)rilles  ou  squamules  innées,  souvent 
à  peine  distinctes,  mais  non  lacérées.  Chapeau  vraiment  ferme  et  charnu,  à 
pourtour  presque  constamment  nu,  Stipe  plein  et  pkis  ou  moins  vctu. 

On  peut  diviser  ce  groupe  en  deux  sections. 

*  Lames  ne  changeant  pas  naturellement  de  couleur  en  vieillissant,  ne  devenant  pas 
rousses.  Exemples  : 

6.  Ac.  Trich.  EQOESTRis,  Lim.  Schâff.  t.  4i.  Chapeau  compacte,  charnu, 
inégal,  convexe,  puis  plan,  Irè&obtus,  flexueux,  cambré,  mais  intact  (non  lacéré), 
glabre,  visqueux  ;  marge  nue,  cendrée  ou  d  un  jaune  roussâtre;  les  squames  innées 
du  disque  visqueux  devenant  rousses  plus  obscures.  Chair  épaisse,  Manche.  Stipe 
bien  charnu,  plein,  le  plus  souvent  obèse,  ferme,  squamuleux,  sulfuré  (var.  blan- 
châtre?) en  dessus,  blanc  en  dedans.  Lames  émarginées  ou  arrondies,  à  peine 
adnexées,  larges,  plutôt  ventrues,  rapprochées,  sulfiirées.  Ocl^r nulle,  saTcur 
agréable  ;  sans  doute  édule  (Fr.);  stature  générale  épaisse,  robuste.  D.  8-i2  c.  ; 
h.  el  d.  2,5-3  c.  (mais  il  existe  des  variétés  h  stipe  allongé  et  chapeau  moins 
charnu,  moins  vaste).  R.  en  France?  dans  les  forêts  de  pins.  Tardif. 

7.  Ag.  Trich.  sperhaticos.  Paul.  t.  45,  f.  1-5.  Blanc.  Chapeau  i^uiôt  charnu, 
convexe  puis  étendu,  obtus  et  cambré,  glabre  visqueux  (ou  verni) ,  marge  mem- 
braneuse ondulée,  d*abord  nue  et  entière  (?).  Stipe  allongé,  de  plein  devient  cave, 
contourné,  lisse.  Lames  également  sinuées,  plutôt  distantes,  molles,  érodées. 
Od^r  vireuse,  pénétrante,  le  distingue  de  Colombetta.  Suspecté  (Paulet).  Cou- 
leur blanc  fixe.  D.  et  T.  8  ;  c.  d.  1 ,5  à  2  c.  Dans  les  bois. 

**  Lames  changeant  de  couleur,  le  plus  souvent  se  maculant  de  roux,  de  rouille,  etc. 
Exemples  : 

8.  AcL  Tricii.  russula,  ScbâfT.,  t.  58,  Lelellier,  t.  616.  Chapeau  charnu, 
obtus,  de  convexe  déprimé ,  visqueux,  squameux  ou  granuleux,  marge  à  bords 
infléchis  puis  étalés,  cambrés.  Stipe  plein,  ferme,  presque  égal,  blanc  taché  de  rosé, 
squamtileux  en  liaut.  Lames  im  peu  aritnidies,  puis  subdécurrentes,  subdistantes; 
lames  et  lamellules  presque  également  atténuées  à  leurs  deux  extrémités  ;  bien 
Manclies,  puis  submacidés,  devenant  rouge  quand  on  les  froisse;  lamellules  en  petit 
nombre  (de  là  son  nom) ,  mais  les  squames  roses  ne  peuvent  être  confondues  avec 
la  pellicule  des  Russules.  Couleur  rose,  quelquefois  mouchetée,  s'éclaireit  sur  la 
marge,  ensuite  plus  ou  moins  maculée  de  jaune.  Odeur  et  saveur  agréables.  Ëdule 
D.  10-12  c  ;  h.  4-8  c,  d.  2  c.  Dans  les  bois.  R. 

9.  Ag.  Trich.  froiie!itaceus,  Bull.  t.  57i ,  f.  1 .  Chapeau  charnu,  obtus,  convexe, 
puis  aplani  et  déprimé,  visqueux  ou  sec,  suivant  le  temps,  lisse,  glabre,  pâle  ou 
très-légèrement  teinté  d  orangé  terne,  argilacé,  se  riolant  de  roux.  Stipe  plein, 
égal,  comme  fibrillcux,  blanchàtie  riolé  ou  moucheté  de  roux.  Lames  arrondies, 
plutôt  rapprochées  et  larges,  blanches,  puis  se  maculant  de  roux.  Odenr  et  saveur 
agréables  de  làrine  récente.  Édule.  D.  5-8  c.  ;  T.  8  c.  ;  d.  12  c.  Solitaireou  en 
petit  groupe  dans  les  bois.  R. 

■.  Tricholomata  flocculosa,    CutisduC/iapeau  sec,  jamais  visqueux,  mais 


AGARIC.  91 

se  séparant,  se  lacérant  en  squames  plucheuses  ou  fibrilleuses  el  absorbant  mal 
rhumidiké.  Chapeau  charnu,  plutôt  mou,  non  hygrophane  ;  marge  d*aboi*d  en- 
roulée subtomenleuse.  (Ne  pas  prendre  les  restes  d'un  yoile  pour  les  fibrilles  ré- 
sultant du  cutis  lacéré  caractérisant  ce  groupe).  Odeur  nulle  ou  non  désagréable. 
Stipe  fibroso-chamu,  vctu. 

*  Lames  ne  changeant  pas,  ne  deyenant  ni  rousses,  ni  maculées,  ni  liserées.  Eiemple  : 

10  Ac.  Trich.  Colombetta,  Fr.  Letell.,  t.  625.  Krombh.  t.  25,  f.  6,7.  Blanc; 
chapeau  charnu  ové-bosselé,  ensuite  aplani,  flexueux,  rigide,  d*abord  glabre,  ensuite 
filffeux,  soyeux,  lisse  ou  finement  squamuleux  ou  gercé  ;  marge  d*abord  enroulée, 
tomenteuse  dans  une  sous-espèce,  nue  dans  une  autre.  Stipe  plein,  robuste,  non 
élastique,  irrégulier,  inégalement  fibro-slrié,  presque  glabre.  Lames  subémargi- 
nées  presque  libres,  à  dents  décurrentes,  bords  érodés,  constamment  très-blanches. 
Qoelquefois  stipe  difforme,  bosselé,  atténué-radicant.  En  devenant  vieux,  le  cha- 
peau et  le  stipe  se  riolent,  se  chinent,  se  maculent  de  teintes  violacées,  rousseg 
sa  pied.  Odeur  et  saveur  presque  nulles.  Édule.  D.  4  jusqu'à  10  c.  ;  T.  jusqu'à 
5  à  10  c.  ;  d.  2  à  2,5  c.  ;  1.  0,7  à  1 .  c.  Dans  les  bois. 

*  Urnes  devenant  rousses  ou  cendrées,  à  bords  devenant  ordinairement  roux  ou  maculés 
de  noir.  Exemple  : 

11.  Ag.  Trich.  terrbus,  Schsff.  f.  64.  Paul.  116.  Chapeau  charnu  plutôt 
mince,  fragile,  sec,  de  campanule  étendu,  umboné  ;  cutis  drapé,  couvert  de  squames 
pelucheuses,  fibrilleuses  obscures,  innées.  Plus  grand  et  recourbé,  cambré,  squa- 
meux-pelucheux, surtout  sur  la  marge;  ou  plus  petit,  ponctué  de  papilles  pelu- 
dieuses  à  marge  infléchie,  presque  nue.  Chapeau  gris  plus  foncé  au  centre, 
([uelquefois  teinté  de  bleuâtre,  de  roux  (Bull.  515,  f.  2),  ou  livide.  Stipe  d'abord 
rempli,  rarement  cave,  plutôt  égal,  blanchâtre,  chargé  de  fibrilles  appliquées,  lisse, 
finement  pruiné  en  haut.  Chair  blanche,  scissile.  Lames  subcrénelées,  discor 
danles,  snbdLstantes,  d'un  blanc  tournant  au  gris,  émarginées,  adnexées  et  à  dents 
Récurrentes.  Une  variété  nuance  bientôt  sa  marge  et  ses  lames  de  jaune-orangé; 
une  autre  a  les  lames  et  souvent  aussi  le  chapeau  tout  blancs  (Bull.  423,  f.  1).  D. 
>4  jusqu'à  9  c.  ;  T.  5  à  12  c;  d.  1  à  1,5  c,  1.  0,8  c.  En  troupe  ou  en  touffe,  plus 
rarement  solitaire,  dans  les  champs  et  les  bois  surtout  de  pins,  en  automne. 

C.  Tricholomata  rigida.  Sur  le  chapeau  cutis  rigide,  ponctué-granulé; 
on,  étant  sec,  par  l'écartement  et  la  rupture  des  fibres  du  cutis,  squames  fibreuseS) 
glabres  ou  fines  lanières  fibreuses  adhérentes,  non  visqueuses,  exceptionnellement 
moUe»4omenteuses.  Chapeau  rigide,  dur  dans  les  compactes,  le  plus  souvent  carti- 
lagineux, très-fragile  quand  il  est  mince,  à  marge  presque  constamment  nue.  On 
rencontre  souvent,  sur  les  plus  petits  et  les  plus  jeunes,  des  fibrilles,  restes  du 
voile  et  non  de  la  cuticule  qui,  ch^  les  jeunes,  n'est  pas  encore  séparée  et  rompue. 
Odeur  souvent  désagréable. 

*  Lames  blanches  ou  blanchâtres,  pâles,  ni  rousses  cendrées,  ni  maculées  de  roux  ou  de 
noir.  Eiemples  : 

12.  Ag.  Trich.  saponaceos,  Fr.  Bull.  t.  602.  Odorant.  Chapeau  plutôt  com- 
pas, de  convexe  aplani,  disque  obtus  puis  méplat,  sec,  glabre,  ensuite  par  écar- 
iciDeot  et  rupture  de  fibres  du  cutis,  ponctué  de  squamules  innées,  marge  d'abord 
nue.  Stipe  plein,  inégal,  subradicant.  Lames  émarginées  à  crochet,  distantes, 
minces  à  bord  uni,  pâles  ou  blafardes  (quelquefois  se  nuançant  de  verdâtre  en  vieil- 
iiaant).  Couleur  du  chapeau  très-variable,  blanchâtre,  cendré,  livide,  jaune  ver- 
^tre,  iMÛrâtre,  non  rouge,  mais  souvent  maculé  de  rouge  ;  la  chair  blanchâtre 


Lt;  lAUL 


•  • 


•<i>    imi.-ut.    t  .£,se^  jaÊût  .îi2ùr^  femiâi cbai]^ de  aqaamiiles  oo  de 
-    —       -    .    ..  ;î— 5.  «4  .f^^iirr,  aMnRRBft  i—Iil.  (Mfiir  très-cancté- 
.-.    •;«•  .•>.    ■£    AT«itt   iMBBe   A   -fioieiir.  il  f  A  itt  wîélés  â  slipe  et  lames 
-i-  — .     -  -  -  "-   •  i  •  \  .  u  l  i  l  ^"i. 

C3.    ^rr  ÉÉ^i^FT^.  3  .il.  ."«^i  f,  i.  R«>eait  9  cvactéristique  prin- 

i    ^    '.   dCT'  .r:iiiiie    jht  nn  Bâaniint  tuai  à  bit  le  fond  du  chapeau 

--     -=    .   .^i — £tir    ^  <da  i^ét  :k»iL  ^nir-iHé,  et  de  si.'s  lames  rapprochées, 


«1  HMSKs,  plus  ordinairemeiit  m»- 


1  .*    jir. 

"nu'  s  /"-*.-  .^  i«vâi^  «os  -.TUB  distinct,  d'ahord  {Jus  ou 
.-■::^  .  j;^.r?  -1  r----^rtiap.  ^aiBus  Ttgpieuse,  sans  squames  di>- 
.a..  --  ^ijr-jsi  :ji  niiiir.  uum^j»  munp.  i  slmbibe,  mais  sa  chair  reste 
-•-   .-.  -     .n:    .mft^.    ^  .-:K  ^b    .-.jriiiiaiie.  icipe  cfaarau,  filireui,  ce  qui 

—■-1  -•sri."   ^    L"J5-  f.^  .es    *jkL  '  e*. 

!tr  -7    I-"     jHb   u^:?«    LU.  »  -s^Ees^  -?    ■j'i'*?.  idfnr  péoétniite  se  rapprocbtot 
1      ^—^i:       ^-     Il     iBi        u^    1.15  «ri^-at    fers;«.j-'raQie.  Ce  gmape  est  suspecté  et  ne 

.•-  "".xa.  -n^^^ET^.  '-«é-L  .  .'•*.  Ciiia^in  c-hama,  d'abord  globuleux, 
:•■•«.     •>.:ii.    :n    ta    j:iL««riRr.    -nua  ÏKininiê.  d'jl)ord  soyeux,  bientôt 

«^    «•.*---«nr!u   m:  «.  ii?i. -«m^i^st  -oarbé.  slabre,  maïs  finement  strié. 

"  rw  .msî-*^.  rTnK»-^.  ii^—jici^.  mumts^i^»,  émarsinécs,  aiec  une  petite 
-v*>^.      uc-ir  -mi'.r-fB&fe*.  ^•iTvgi  Vîntes  «le  itore  ou  de  roux;  chair  oon- 

iur>    f^«!ieMi  ^«1.  .r^Mss.'K  ' 'tu'V  pénétrante,  fikide.  D.  et  H.  jusqu'à 

•>.    '!u.a.  :rpiMw>,   *'id.   '^r*^  i  i.  E:*pèce  fort  voisine,  se  distingue  par 
•  -    ffiis^  te^  •^.  j-smàÈen:s.  •  mt  nive  pviucheiix  ;  des  lames  plus  rappro- 

•^.      i!r><  ^.i-its^  'Vftr'^^ke-  .-«rvitis;  t-spàoR  inodores  et  moindres  ;  rares,  luais 


• . 


*     **.    ""  :•  î.   .î«iï«:«rrrOw  3uil.  L  ôoH. 

*•*   "  .•».    .^9(aK>x  t  il.  3^*  *.  3. 

^     *••.    "'^.  a.    j^:»fct^  3**il.  ^)o3.  L  t. 

-.  ^  .-^  «1  ^"^«-«^HM    M '^c  c*-arnLr«pRseatépariineeoacbeséparable,bicniôt 
»  .    i^Tvr    Siu^^M.    u-tt   viT  m  temps phniein,  glabre,  ne  présente  plus  de 

^«   .  ^  -  t^.     ,î  -Hiu*..-  >  i**^  lui  \»xnâam  d»  libres,  rarement  même  des  stries 

c  ..^^  \  .^  ^«i.«»:'i^  1k  »*iix  riÈemx  non  tonjows  bien  disUncte)  dans  la  première 
-*^..-      .j**'    1**^     >|sc«.-t.-.^    u  •nfcr^moce  et  aqiMse ,  tissu  buTard,  hygroplianc. 

^    ■•  -m^.  i  .ir  i:i.    Chapeau  charnu,  fragile,  souvent  goutté  (mou- 

r»^  .  ..  c.  X  ^t .  ->it^-:.^»ie  :  stipe  plein,  ferme  ;  espèce  printauière  comme 
I  X.  w.  *•. -I -v  wf  M  cte.  en  troupe,  bande  ou  touflc;  odeur  pcoé- 
r-».*      tuta.     .     >;uu4il  .iaat  sec:  tais  excellents  champignons  comestiUes 

...  ^-v  .^^*^f.l«:^ .  Bfcii^  as»  rares  àiaqoe  esfèce  ayant  une  régioti  de- 

•     \.     -^..n.  vi.>iiE5     rr.    P5ul.»5f.  !-8.  CftapMU  d'ovoïde  ondulé, 
.=H...    ^"^>.  .   ,  ..^m   «us.  S«rû«  i«kue  $11  esl  encore  jeune  et  en  bon  étot. 


AGARIC.  93 

chant;  marge  mince,  d abord  fortement  repliée,  nue;  sttpe  plein,  compacte, 
ooart,  cylindrique  en  haut  et  tuméfié,  ové  en  bas,  fibro-strié,  blanc  ;  lames  blancbes 
à  bord  lisse,  rapprochées  ;  d*abord  étroites,  puis  assez  larges  ;  atténuées  en  arrière  et 
adnexées  par  une  petite  dent,  elles  s*élargissent  en  avant.  Spores  oblongues,  blancbes. 
Mousseron  de  Pers.  de  Paulet  (aromaticus  de  Roques).  Édule.  D.  8  ;  T.  5  à  6  c, 
d.  en  haut  i, 2  à  1 ,5  c.  ;  en  bas  2,5 à  3  c.  Solitaire  ou  groupé.  Dans  les  bois.  Avril. 

30.  .4g.  tricb.  Geobcii,  L.  Se  distingue  par  son  cutis,  sec,  mou,  tomenteux 
(non  goutté)  ;  sa  marge  tisse,  nue;  stipe  plein,  obèse,  subventni,  fibrilleux; 
lames  atténuées,  adnexées,  rapprochées,  d'abord  linéaires,  puis  plus  larges  en 
anière,  à  bord  ondulé  ;  d'un  blanc  pâle.  Mousseron  de  Vittadini.  Édule.  D.  2  c. 
Dans  les  bois.  Avril. 

31.  Ag.  trich.  gambosus,  Fr.  Se  distingue  des  deux  précédents  :  par  son 
chapeau  imbu,  se  maculant  d'un  nombreux  goutté  plus  sombre,  enfin  fendillé, 
(ooleur  de  peau  de  chamois  pâle,  à  marge  d'abord  très-enroulée  et  tomenteuse  ; 
—  par  son  stipe  égal  et  villeux  en  haut  ;  —  par  ses  lames  ventrues,  émarginées, 
adnexées  avec  une  dent  décurrente,  rapprochées  et  blanchâtres-jaunissantes.  D.  1 0c.  ; 
fa.5à6c.;d.  2  à  3  c. 

'*  Lames  devenant  roiiases  ou  foligineuses,  spores  arrondies,  d'un  blanc  sale.  Exemples  : 

33.  Ag.  trich.  gravbolens,  Pers.  Mousseron  de  RuU.  1. 142,  de  Paulet,  t  94.  t. 
5 et  6.  C/mpeau  charnu,  compacte,  hémisphéricpie,  puis  convexe,  aplani,  sou- 
Tcnt  bosselé,  flexueux,  glabre,  lisse,  non  goutté,  mais  étant  sec,  rigolé;  marge 
lisse.  Stipe  plein,  ferme,  égal,  fibrilleux;  orangé  clair  rabattu,  se  ternissant  de 
plus  en  plus,  fuligineux  ou  devenant  gris  cendré  en  séchant.  Lames  arquées, 
adoexées,  pressées,  ténues,  de  blanchâtres  fuligineuses.  Odeur  pénétrante,  saveur 
lionne.  Édule.  D.  et  T.  6-7  c.  ;  h.  4,  d.  1,2  à  I,  5c.  Précoce;  dans  les  bois.  R. 

35.  Ag.  trich.  amethtstihos,  Scop.  ;  Paulet  95  f.  9-11.  Se  dislingue  du  pré- 
cédent surtout  par  ses  macules  violacées,  gorge  de  pigeon  ;  sa  marge  plus  pâle 
:»ubrugueusg.  Édule. 

34.  Ag.  trich.  ncRiHus,  Schâff.,  t.  89.  Se  distingue  par  les  larges  et  irrégu- 
lières macules  squamulées  et  noires  de  sa  surface  fendillée  ;  sa  marge  lisse  et  son 
^  trapu,  tuméfié  à  la  base,  subpruiné.  (Ne  pas  confondre  avec  le  ttgrinus  de 
Bulliard  qui  est  un  HARASMIUS).  Édule.  D.  et  h.  4  à  6  c.  ;  d.  2  à  3  c.  ;  1. 0,5  c. 
Groupé  dans  les  bois  de  pins. 

35.  Ag.  trich.  pes  olprjb,  Fr.  Le  moins  trapu  d6  ce  groupe,  se  distingue  par 
Mm  chapeau  d*abord  conique  puis  aplani,  fendillé,  sombre,  tigré  ;  son  stipe 
allongé  jusqu'à  h.  8  c;  grêle,  d.  1  à  1,2  c,  nu  et  blanc  ;  par  ses  lames  larges 
jusqu'à  là  1,2  c.  ;  même  odeur  de  farine.  Édule. 

F.  Tricholomata  spongiosa.  Le  c/iapean  de  compacte  bientôt  spongieux, 
obtus,  charnu  jusque  dans  la  marge,  lisse,  glabre,  s'imbibant  facilement,  alors 
humide,  mais  ni  visqueux  ni  hygrophane.  Stipe  encore  ferme,  fibro-spongieux,  se 
dilatant  plutôt  vers  la  base.  Champignons  vigoureux,  très-tardifs.  Lames  vieillies 
imitent  les  clitocybes  par  une  &usse  décurrence,  mais  elles  sont  sinuées.  Aucune 
<le  ces  espèces  ne  paraît  vénéneuse  ;  toutes,  sans  doute,  pourraient  servir  d*aliment  ; 
niais  leur  chair  spongieuse,  aqueuse,  leur  insipidité,  leur  odeur  insignifiante  (Cnista 
eiœpté),  ne  les  recommandent  guère. 

'  Qupeau  cendré,  brun  ou  grisfttre  diversement  teinté.  Exemples  : 

26.  Ag.  trich.  Schuhacheri.  Cliapeau  compacte,  chair  spongieuse  blanche, 
nwrginelle  infléchie.  Stipe  robuste,  obclavé,  striatulé,  fibreux  extérieurement, 
lamef  un  peu  émarginées,  droites,  étroites,  rapprochées,  enfin  adnées-décurrentes. 


94  AGARIC. 

D.  7  c.  ;  h.  8  c.,  d.  1,  5i2  c.  Dans  les  bois;  tardif. 

27.  ÀG.  TRicH.  ARCDATOSy  BuU.  443.  Cliapeau  convexe,  aplani,  lisse,  glabre 
humide, d*alK)rd  compacte,  puis  mou,  spongieux-charnu;  marge  d'abord  infléchie, 
marginellée,  terne,  nuancée  de  roux,  brunie  vers  le  disque,  se  décolorant  par  l'âge 
eu  chamois  tenic.  Chair  bientôt  molle,  hygrophane,  d'abord  blanchâtre  ternie,  en- 
suite jaunâtre.  Stipe  plein,  ferme,  spongieux  en  dedans,  d'abord  à  squames  fibril- 
leuses,  ensuite  nu;  dilaté  comme  bulbeux  et  pâle,  terne,  noircissant  vers  le  pied. 
Lames  étroites,  adnées,  arrondies  avec  ou  sans  dent  décurrente  ;  bord  arqué,  pub 
droit;  bien  blanches,  fragiles,  s'ondulent  un  peu,  ensuite  se  couchent.  Stature  et 
coloration  très-vai'iables  (Bull,  a  mêlé  plusieurs  espèces  voisines).  D.  7  c,  h.  4  c., 
D.  2,  5  c.  Automne  ;  groupé  dans  les  prairies  de  gramcn. 

**  Chapeau,  ou  vraiment  coloré  (violacé  ou  orangé  ombrés),  ou  blanc.  Exemples  : 

28.  Ag.  trich.  acebbus,  Bull.  t.  571,  f.  2.  Chapeau  charnu,  compacte,  con- 
vexe, obtus,  glabre,  orangé  terni,  et  quelquefois  jaspé  de  rayures,  de  chinurcs 
rayonnantes  plus  foncét^s  ;  marge  mince,  enroulée,  pelucheux-tomenteuse,  régulière- 
ment déprimée-sillonnée  nodulée.  Stipe  plein,  gros,  concolore,  ponctué  de  squa- 
mules  eu  haut,  tuméfié  en  bas;  puis  atléimé  (?).  Lames  émarginées,  la  plu|uirt 
f  fourchues»?  (Vittad.)  rapprochées,  d'abord  pâles  (orangé  très-clair   à  peine 
ombre),  blanchissent  ensuite;  enfm  les  spores  étant  tombées,  elles  deviennent 
rousses  pointillées  de  rougcâtres.  Spores  blanches.  Odeur  ingrate,  saveur  acerbe. 
£dule.  Vente  autorisée  sur  les  marchés  de  Trévise.  Mais  n'y  a-t-il  certainement  ici 
qu'une  seule  espèce?  Fiies  donne  au  sien  le  pied  tuméfié,  et  Vittadini,  atténué  à 
la  base  ;  c'est  sans  doute  celui-ci  d'abord  qui  est  édule.  D.  14  c. ,  11.  i  0  c,  d.  2,5  à  3. 
Tardif,  en  troupe  ou  en  touiïe  dans  les  bois. 

29.  .Ag.  TRiCH.  cnisTA,  Fr.  ;  Paulet,  t.  57,  f.  4-6.  Chapeau  charnu,  mou,  con- 
vexe-plan, glabre,  humide,  non  visqueux,  blanc  ou  légèrement  teinté  d'orangé  (sub- 
alutacé)  s'cclaircissant  tout  à  fait  vers  la  marge  infléchie,  lisse,  nue  ;  la  chair  du 
disque  se  continue  avec  le  slipe,  mais  non  celle  de  la  marge  sci^ile,  mince, 
fiiable,  blanche  fixe.  Stipe  plein,  tenace,  égal,  lisse,  glabre,  blanc.  Lames  arron- 
dies, adnexées,  connexées-annulées  et  plutôt  séparables  de  Thyménophore,  larges, 
veinées  transversalement,  s'évanouissant  vers  la  marge,  se  crispent  en  sécliaiit, 
blanches,  et  cendrées  pâles  étant  écrasées.  Odeur  de  farine  récente  mêlée  de 
viande  rôtie.  Édule?  D.  6à  7  c,  h.  4à  5  c,  d.  0,7  c,  1.  0,6  c.  Sur  les  pousses  de 
lx>is  de  hêtre.  Bois  de  Vinccnnes.  R. 

50.  Ag.  trich.  nudus,  Bull.  t.  459.  Chapeau  charnu,  plutôt  mince,  de  convexe 
aplani,  obtus,  déprimé,  lisse  glabre  ;  cutis  manifestement  humide  par  un  temps 
pluvieux  ;  peu  séparable  ?  Violet  pourpré,  se  décolorant,  roussissant  surtout  sur  la 
marge  mince,  infléchie,  nue,  ce  qui  le  distingue  des  CORTINAIRES  ;  cluir  fai- 
blement  violacée,  molle.  Stipe  plein,  éla«^tique,  épais,  égal,  presque  nu,  fariné  en 
liant,  d'abord  violacé,  puis  ocracé  terne  ;  mycélium  ni  jaune  ni  rouge.  Lames  d'a- 
bord arrondies,  puis  décurrentes  à  cause  du  chapeau  déprimé,  rapprochées,  étroites, 
concolorcs  au  chapeau,  d'abord  mieux  violacées,  mais  bientôt  tournant  tout  à  fait 
ycTS  le  roux.  Odeur  faible,  acidulé.  Êdule.  D.  et  T.  7  à  8  c. ,  d.  1  à  2  c.  Plutôt  soli- 
taire dans  les  bois;  tardif. 

51.  Ag.  tricii.  persoratds.  Fr.  Comme  le  précédent  d'abord  violacé,  puis  |ilus 
rieux,  décoloré  ;  se  disthiguc  par  ses  formes  plus  é|)Risscs  ;  plus  fort,  jamais  déprimé  ; 
la  margi'  dépasse  les  lames  ;  elle  est  enroulée  et  villeuse,  pniinée,  mais  non  am- 
née.  Stipe  tuméfié  en  bas,  d  abord  tout  pulvémlent.  D.  10  à  12  c;  h.  5  c. 

52.  Ag.  trich.  leucocepualos,  Fr.;  Bull.,  t.  556,  ex  parte^  tlkuÈc,  Chapeau 


AGARIC.  95 

durnn,  mince,  oonTexe-[AaD,  obtus,  lisse,  mais  étant  jeune,  recouvert  d'une 
cmicbe  Tilieuse,  soyeuse,  bien  Uancbe  et  tombante,  alors  glabre  ;  blanc,  sans  aucune 
teinte  alutacée  ;  marge  étendue,  nue.  Chair  tenace,  compacte,  aqueuse  par  un  temps 
humide.  iStq^e  poli,  glabre,  cave,  subcartilagineux-tenace,  d*une  seule  substance, 
atténué  radicant.  Lames  arrondies-libres,  ténues,  rapprochées,  bords  très-unis, 
bien  blanches.  Saveur  et  odeur  fortes  de  farine  récente.  Édule.  D.  4  c,  h.  5  c, 
d.  0,6  c.  Dans  les  bois. 

u.  Trieholomata  hygrophana.  Cfta]t?^ati  inégalement  charnu,  devenant 
très-mince  sur  la  marge,  de  là  plus  ou  moins  umbonée  ;  la  couleur  très-changeante, 
et  d'autant  plus  pâlissante,  que  le  champignon  est  plushygrophane.  Chair  humide, 
d'abord  compacte,  ensuite  molle,  très-aqueuse,  hygrophane.  Stipe  sans  racine,  mé- 
dulleux, constitué  par  des  fibres  facilement  séparées.  Lames  ténues  et  non  larges. 
Le  jeune  chapeau  est  souvent  recouvert  d'une  pulvérulence  qui  persiste  par 
on  temps  sec  et  qui  n'est  qu'une  dernière  trace  du  voile  évanoui.  Ce  groupe  est 
bien  voisin  des  Spongiosés,  mais  les  formes  qu'il  affecte  le  rapprochent  plutôt 
desCollTUéa,  tandis  que  les  Spongiosés  se  continuent  avec  les  Oitoeybes. 

'  Lames  blanchâtres,  sans  taches.  Exemples  : 

33.  Ag.  trich.  GRAimopODius,  Bull.  t.  548  et  585.  Chapeau  de  campanule 
OMiTexe,  enfin  étendu  plutôt  umboné,  blanchâtre  étant  sec,  et  pâle  livide  humide. 
Stipe  plein,  élastique,  élevé,  à  base  tuméfiée,  glabre,  longitudinalement  sillonné, 
bbndiâtre.  Chair  blanche.  Lames  arquées  adnées  ou  émarginées,  également  atté- 
nuées, rapprochées,  intactes;  lamellules  nombreuses,  en  arrière  subrameuses, 
blanches.  D.  8  à  15  c.  ;  h.  7  à  10  c,  d.  2  à  5  c.  Dans  les  bois  et  les  champs. 

34.  Ag.  trich.  melaledcus,  Pers.  Bull.,  t.  443.  Chapeau  convexe,  puis  plan, 
Stipe  rempli,  puis  cave,  nu,  fibro-strié,  blanchâtre.  Lames  horizontales  à  bord 
droit  (non  arquées).  D.  et  h.  5  à  7  c,  d.  0,5  c. 

35.  Ag.  trich.  brevipes,  Bull.,  521,  f.  20.  Stipe  très-court  J-2  c,  en  haut 
pniiné,  en  dedans  et  en  dehors  de  gris  â  noirâtre.  Chair  du  chapeau  grisâtre. 

36.  Ag.  trich.  bumilis.  Stipe  court  (h.  5  à  5  c),  entièrement  villeux-pul- 
vendent,  blanc  cendré.  Lames  arrondies  avec  une  dent  décurrente.  Dans  l'herbe. 

**  Lames  violacées,  grises  ou  fuligineuses.  Exemple  : 

37.  Ag.  trich.  sobdidus,  qui  se  distingue  à  peine  de  nudus  par  sa  chair  plus 
mince  et  plus  tenace,  par  son  stipe  fibrilleux  strié,  etc. 

D'aiUeurs,  les  hygrophanes  ne  sont  sans  doute  ni  vénéneux  ni  comestibles;  leur 
chair  rare,  aqueuse  et  insipide,  ne  peut  guère  être  que  dédaignée. 

ni.  AgmwêtmB  «Uioe^riie  (xktrbç  xxt^n,  tète  inclinée).  Leucospores  homo- 
gkies.  Voile  général  sous  Taspect  d'un  pruiné,  d'un  givre  micacé  sur  le  cliapeau, 
cominnnément  e&acé.  Stipe  rempli  d'un  tissu  spongieux  facilement  cave,  sub- 
âastique,  extérieurement  plus  compacte,  comme  subcartonné,  mais  fibreux. 
U  marge  du  chapeau  roulée  en  dessous.  Hyménophore  tout  à  fait  continu  avec  le 
Mounet  du  stipe  dilaté.  Lames  atténuées  en  arrière^  aiguës,  adnées  ou  décur- 
^^l^s,  jamais  sinuées.  Champignons  terrestres,  charnus,  mais  à  chair  molle,  flexi- 
Ue;  le  plus  souvent  plan  déprimé  ou  infundibulé. 

Ce  type  est  trèsnlistinct  ;  il  diffère  :  l^'des  types  de  la  SECONDE  SECTION  par 
son  stipe  homogène  et  continu  avec  le  chapeau,  et  non  cartilagineux,  par  son 
nidiment  de  voile  ;  —  2*^  des  Tricholoma  par  la  nature  de  ses  tissus,  par  leur 
forme  et  par  les  lames  non  sinuées;  —  3°  des  Pleurotes  {voy.  p.  100),  peut-être 
uttennédiaires,  par  ses  formes  généralement  régulières  et  par  son  habitat  (c'est 


9G  AGARIC. 

presque  pour  ce  seul  caractère  que  Ag.  ornatds,  épiphyte,  est  renvoyé  aux  Pleu- 
rotes) ;  car  c'est  rarement  que  les  Clitocybes  naissent  sur  le  bois  (seulement  trus- 
pourri)  et  les  feuilles  mortes,  les  autres  croissent  sur  le  terreau.  «  Très-peu  sont 
édules,  dit  Pries,  comme  TAg.  Glit.  kebularis  et  l'Ao.  Clit.  opipards  de  iwtre  pays 
(c'est-à-dire  de  Suède),  mais  beaucoup  se  signalent  par  une  odi'ur  expansîve 
pénétrante,  que  nous  n'observons  pas  dans  les  Trieholonui  ni  dans  les  Mca- 
rotes.  Les  espèces  les  plus  minces  et  hygrophancs  sont  ordinairement  tardives, 
bravent  le  froid  et  se  rencontrent  souvent  dans  les  périodes  les  plus  douces  de 
Thiver.  » 

On  peut  diviser  les  six  groupes  des  Clitocybes  en  deux  séries,  a  et  |9. 

a.  Ceux  dont  la  couleur  sèche  ou  moite  ne  varie  pas  notablement  avec  l'état  atmosphérique 
sec  ou  humide.  Leur  chapeau  est  constamment  plus  charnu  que  dans  les  hygrophanes,  qui 
constituent  le  groupe  ^. 

A.  Clitocybes  disciformes.     Chapeau  partout  charnu,  de  convexe-plan 
ou  déprimé,  régulier,  obtus;  lames  d*abord  adnées,  ou  régulièrement  adnée^- 
décurrentes.  Plutôt  solitaires. 
*  Chapeau  cendré  ou  brun,  grisâtre  diversement  teinté.  Exemples  : 

58.  Ag.  Clit.  nebularis,  Balsch.,  f.  193.  Bull.  t.  400.  Letell.  pi.  669.  Cha- 
peau  charnu,  compacte,  convexe  (la  marge  enroulée  est  villeuse  sous  la  loupe),  puis 
plan  et  tout  à  fait  obtus,  ou  même  disque  déprimé  obtus  ;  cutis  lisse,  souvent  (êdé- 
mateux,  d*abord  couvert  (par  un  temps  sec)  d'un  piiiiné  gris,  ce  qui  le  rapproche 
d'HUMiLis,  mais,  adulte  et  par  un  temps  humide,  vraiment  nu  et  glabre,  subvis- 
queux, fuligineux,  enfin  gris;  chair  compacte,  blanche.  Stipe  remipli,  ferme, 
spongio-élastique,  pruiné  et  par-dessous  fibrilleux-strié,  obclavé,  blanc;  mais  on 
trouve  des  variétés  (?)  à  stipe  couit,  égal  et  même  villeux  ou  squamuleux.  Lames 
brièvement  et  également  décurrentes,  arquées,  très-rapprochées,  ténues,  pâles,  mais 
quelquefois  se  teintant  d*orangé  clair  jusqu'à  devenir  presque  alutacé^.  D.  10  à 
12  c,  T.  8àl0c.;  h.  5  à  9c.,  d.  2  c.  ;  1.  0,4  à  0,5  c.  Sur  les  feuilles  mortes  et 
moisies;  la  moisissure  est  justement  le  mycélium  blanc  du  mebularis. 

Nota.  Odeur  débile,  selon  les  mis,  pénétrante  et  agréable,  selon  les  autres!  J'ai 
éprouvé  Tune  et  Tautre  sensation,  suivant  que  domine  une  odeur  pénétrante  et 
suave  ou  une  odeur  de  moisi.  Ce  champignon  est  dit  comestible  par  Fiies, 
par  le  prof.  Sanguinetti,  de  Rome,  et  d'un  goût  très-agréable  selon  Bull.  M.  Conlier 
Ta  trouvé  vénéneux,  et  moi  d'une  saveur  pénible!  N'est-ce  pas  parce  que  le 
rbbularis  de  Fries  confine  par  ses  formes  à  beaucoup  d'espèces  voisines  :  le  Clit. 
geotropus,  Bull.,  Trich.  huvilis,  Fr.  ;  Clit.  fumosus,  Pers.  et  Fr.  ;  Clit.  polihs, 
Fr.  ;  Trich.  Schdmàchbri,  Fr.;  et  sans  doute  à  quelques  autres  non  décrites?  Je 
crois  qu*il  faut  séparer  ceux  dont  le  cutis  est  oedémateux? 

39.  Â6.  Clit.  fumosus,  Pers.  Se  distingue  par  sa  consistmce  subcartilagineusc, 
tenace.  Stipe  plus  ou  moins  aspergé  d'une  farine  blanche,  vers  le  haut.  Lames 
tantôt  régulièrement  adnées  dans  les  réguliers,  tantôt  arrondies  d'un  côté,  décur- 
rentes de  l'autre  dans  les  irréguliers,  et  dès  le  principe  d'un  blanc  gris,  (kteur  nulle. 

40.  Ag.  Cltt.  CàRDAkBLU,  Batt.,  f.  16,  G.  Espèce  italienne;  se  distingue  de 
toutes  les  autres  du  gioupe  par  un  cutis  épais  et  bien  séparahle,  un  chapeau  d'im 
noir  roux  brillant,  un  stipe  plein,  obèse,  égal;  des  lames  décurrentes,  arquées, 
larges,  rapprochées  et  bien  blanches.  Édule. 

4i.  Ag.  Clit.  auricola,  Fr.  Chapeau  charnu,  cx)mpacte,  d'hémisphérique 
convexe,  obtus,  lisse,  glabre,  sans  cutis  séparable,  brun  cendré;  marginelle  nue, 
enroulée,  concolore.  Cliair  ferme  et  blanche.  Stipe  plein,  tout  charnu,  court,  égal. 


ÂGÂRIG.  97 

glabre,  Uanc.  Lames  décurrentes  horizontalement  arquées,  ténues,  rapprochées, 
étroites,  blanches.  Odeur  agréable  de  farine  récente.  Édule.  D.  5  c.  ;  h.,  3à5  c, 
d.  H2c. 

On  Toit  que  cette  espèce  (et  peut-être  la  précédente)  avoisinc  les  Tricholomata 
guttata,  et  c'est  par  le  caractère  conventionnel  des  lames  décurrentes  qu'elle 
(st  rangée  parmi  les  Cutocybes. 

**  Qiapeaax  vraiment  colorés,  couleur  plus  ou  moins  étendue,  mais  non  blanche.  Exemples  : 

42.  Ag.  Glit.  opipàrus,  Fr.  Chapeau,  vraiment  charnu,  de  convexe  plan, 
obtus,  lisse,  d'abord  tout  parsemé  de  peluches  superficielles,  bientôt  très-glabre, 
brillant,  sans  cutis  séparable,  non  hygrophane,  rose  ou  orangé,  incarnat  ou  gris. 
Qmr  compacte,  blanc  fixe.  Stipe,  plein,  charnu,  ferme,  non  élastique,  égal  ou 
atténué  en  bas,  glabre,  blanc.  Lames  également  atténuées  en  arrière,  adnées  ou 
Données  par  des  veines  transversales,  blanches.  Odeur  k  peine  notable,  mais  saveur 
agréaUe.  Édule.,  D.  5  à  10  c;  h.  5  à  7  c,  d.  i  à  2  c.  ;  1.  0,6  à  0,8  c.  Bois 
mousseux. 

45.  Ag.  Clit.  yiridis,  Scop.;  Bull.,  t.  176.  Chapeau  charnu,  convexe, 
étendu,  disque  épais,  turbiné,  se  resserre  peu  à  peu  en  stipe,  obtus  épais,  sec, 
glabre,  vert  bleu  faible.  Stipe  rempli,  égal,  glabre.  Lames  adnées  déciurrenles 
(bord  droit  ou  concave?),  rapprochées,  faibles,  bien  blanches  (en  Suède,  Pries 
trouve  quelquefois  le  chapeau  blanc  et  les  lames  verdoyantes).  Odeur  suave,  mais 
pénétrante.  Souvent  adné  avec  de  plus  jeunes.  D.  7à9c.  ;  T.  5  c.  ;  h.  3  à 4, d.  0,7: 
1.  0,4.  Dans  les  bois. 

44.  Ag.  Clit.  odorus,  Bull.  t.  556,  f.  5.  Chapeau  charnu,  de  convexe  pla« 
niuscule  ;  disque  mince,  plat,  d'abord  obtus,  quelquefois  à  la  fin  umboné,  lisse, 
humide  par  la  pluie,  à  marge  d'abord  infléchie  et  pubescente,  verdoyant  dans  une 
variété,  vert-de-gris  terni  dans  une  autre,  ou,  enfin,  décoloré.  Chair  peu  épaisse 
d'un  blanc  sale.  Stipe  rempli,  élastique,  s'évase  vite  en  hyménophore  ;  court  et 
ferme,  alors  à  base  tuméfiée,  ou  long  et  flexueux  ;  d'abord  floconneux-filHrilleux, 
bientôt  nu,  chaussé  de  blanc.  Lames  adnées,  décurrentes,  un  peu  distantes,  à  bord 
aquéet  émarginé?  plus  larges  que  la  chair,  lisses,  ordinairement  concolores,  mais 
plus  pâles  que  le  chapeau,  ou  blanches.  Tissu  tenace,  odeur  agréable  et  pénétrante 
d'anis),  surtout  étant  sec.  Sans  doute  édule.  D.  etT.  7  à  8  c;  h.  5  à  7  c,  d.  0,6  à 
0,8;  1.  0,6.  Dans  les  bois.  C. 

*"*  Tout  blanc  (groupe  qu'il  faut  soigneusement  distinguer  des  Hygrophores  et  des  Paiilles 
blancs.  Voy.  ces  mots.)  Exemple  : 

45.  Ag.Clit.  DEALBÀTUs,Sow.t.  123.  Blanc.  C/iapeau  peu  charnu,  tenace,  de 
ooovexeplaniuscule,  cambré,  très-ondulé  ;  toujours  sec,  non  imbibé  par  un  temps 
pittvieux,  glabre,  lustré,  mais  pruiné  inné  sous  la  loupe  ;  chair  mince  et  sèche. 
Stipe  d'abord  rempli,  tout  fibreux,  mais  enfin  souvent  cavé-fistuleux,  plutôt  égal, 
mais  souvent  courbé  et  ondulé,  fariné  en  haut.  Lames  adnées,  subdécurrentes, 
discordantes,  définies;  ténues,  rapprochées  par  leslamellules  nombreuses,  blanches. 
Odeur  &ihle,  plutôt  agréable.  Sans  doute  édule.  D.  et  h.  5  à  4  c;  d.  0,4  à  0,5  c. 
I^ans  les  champs  et  dans  les  prés  moussus  et  insolés.  C. 

M.  Clitocybes  difformes.  Chap^u  à  disque  charnu,  compacte,  irrégulier, 
enfin  déprimé  ;  marge  mince,  plus  ou  moins  umbonée,  ensuite  étendue.  Lames  iné- 
galement décurrentes,  brèves  d'un  côté,  longues  de  l'autre,  ailleurs  arrondies,  attei- 
gnantes,  comme  dans  les  TrMiolonui.  Stipe  solide  extérieurement,  subcartonné, 
mais  fibreux.  Quoique  non  encore  hygrophane,  la  couleur  pâlit  un  peu  par  la  sèche- 
ncT.  IRC.  n.  7 


AGARIC. 

I,  devient  moite  par  la  pluie.  Ordinairement  en  touffes,  souvent  oonné,  dif- 
forme,  quelquefois  solitaire.  On  divisera  cette  section  comme  les  autres. 

*  Chapeaux  sombres,  cendrés,  etc.,  où  dominent  les  teintes  rabaUues.  Exemple  : 

46-  Ag.  Clit.  amplds,  Pcrs.  Chapeau  charnu,  presque  carlonné-tenax,  étant 
jeune,  plan-convexe,  subgibbeux,  inégal,  cambré,  mais  non  déprimé,  enfin  lâdie 
et  fragile  ;  lisse,  glabre,  rarement  vergeté  ;  moite,  d'abord  fuligineux,  ensuite  livide; 
fleCy  blanc  et  presque  soyeux.  Chair  du  disque  compacte,  marge  mince.  S^tp^  solide, 
résistant,  dur,  presque  égal,  mais  souvent  tortueux,  nu,  blanc  viUeuxen  haut. 
Chair  intérieure  charnue,  fibreuse,  —  extérieure  fibreuse-subcartilagineuse.  Lames 
arrondies  eu  dedans,  d'un  coté  ;  de  l'autre,  décurrentes  sur  le  stipe,  très-larges, 
assez  distantes,  les  plus  jeunes  souvent  crispées,  d'abord  couleur  de  corne,  fuligi- 
neuses, puis  blanchissantes.  Odeur  faible.  D.  et  h.  8à  lo  c;  d.  3.  c;  1.  âà2,5  c. 
Dans  les  bois.  RR. 

*'  Chapeaux  blancs  ou  peints  d'une  nuance  décidée,  plus  ou  moins  étendue,  et  peu  om- 
brée. Exemple: 

47.  Ag.  Clit.  0PACiJS,Wilh.  Blanc.  C/uijieau  couvert  d'unpelucheux  micacé,  etc. 

c.  Clitocybes  infundibuliformes.  Chapeau  à  disque  charnu  ouombi- 
liqué,  ou  tout  à  fait  infundibulé.  Sttpe spongieux,  fibro-cartoné.  Lames  longue- 
ment et  également  décurrentes.  Ce  groupe  est  important,  il  renferme  de  très- 
grandes  espèces,  dont  aucune  n'est  signalée  comme  vénéneuse,  et  peu  sont  réputées 
comestibles.  On  peut  le  diviser  d'abcrd  en  deux  groupes ,  ceux  à  chapeau  coloré  ci 
les  blancs.  La  première  division,  nombreuse,  a  été  encore  divisée. 

*  Chapeaux  colorés  même  faiblement,  qui  [au  moins  sous  la  loupe)  présentent  des  villosités 
unies,  pelucheuses  ou  soyeuses,  et  qui,  imbibés,  ne  prennent  pas  une  teinte  moite.  Examples  : 

48.  Ag.  Clit.  GiGàKTBVs,Soiverb.,  Fr.,  Letell.  682,  caractérisé  surtout  par  son 
large  diapeau^  plan,  bientôt  infundibulé,  également  mince,  fissile;  maiige  enrou- 
lée puis  étendue,  sillonnéeKleprimée  ou  sillonnée-nodulée,  mais  non  flasque  ;  sur- 
face chargée  de  peluches  agglutinées,  Uanchâtre-alutacée.  Stipe  plein,  compacte, 
épais.  Lames  rapprochées,  peu  décurrentes,  blanchâtres,  jaunissantes.  Spores 
blanches.  Odorant.  D.  25  et  50 c;  h.  6  à  7  c;  d.  5  c;  I.  0,6 à  0,7  c.  Dans  les  bois 
insolés.  R. 

49.  Ag.  Clit.  MÀXiiins,  Fr.  Dt^^ti^plus  compacte,  umboné;  la  marge  plus 
mince  et  un  peu  flasque,  lisse;  surface  soyeuse,  lissée  ou  squamulée.  Stipe  rempli, 
compacte,  mais  spongieux  en  dedans,  élastique,  atténué.  Lame^  longuement  déov- 
rentes,  blanchâtres,  fixes.  Odorant.  D.  25  et  30  c;  h.  4  c,  d.  1  c.  Dans  les  bois; 
épiphylle. 

50.  Ag.  Clit.  ncFuaDiBULiFoaiiis,  Schâiï.,  t.  212.  Chapeau  à  disque  charnu, 
marge  très-mince,  compacte,  mou,  d'abord  convexe,  umboné,  bien  lissé  et  so]feux 
sous  la  loupe,  jamais  moite,  marge  enroulée,  enfin  infundibulé,  flasque,  ahitJoé 
très-pâle  et  plutôt  mat.  Stipe  rempli,  spongieux,  puis  cave  ou  eoœavé,  éooroe  sub- 
cartonnée,  éla.stique,  rarement  égale,  se  dilalecn  haut,  asâca  ordinairement  tuméfié 
et  chaussé  de  blanc  cotomieux  à  la  base.  Lames  bien  décurrentes,  plutôt  rappro- 
chées, Clément  acuniinées  aux  deux  extrémilés,  molles,  bien  blanche.  Qiair 
blanche.  Odeur  débile  mais  agréable.  Édulc.  (Bull.  t.  575,  f.  F.  et  H?)  Camps* 
rez  avec  Clit.  Inversus.  D.  6  à  8  c,  T.  7  à  9 c;  h.  4 à  6  c,  d.  0,6c.  à  1  c.  Dans 
les  bois.  CCC. 

"  Chapeaux  colorés  même  faiblement,  gMres,  teinte  moite  (avivée)  par  rimbibition  Ex.  ■ 


51.  Ac.  CuT.  GioTBOPiTS,  BttU.,  t  573,  f.  2.  CAApeoK  vraiment  chamu,  de 
<ooTexe  ooncaTe,  mais  gibbeox-umboné,  lisse,  très-glabre,  couleur  alutaoée  faible 
et  plus  ou  moins  ombrée,  quelquefois  goutté  étant  jeune  et  moite  étant  imbibé  ; 
bord  de  la  mai^ge  mince,  inciu*vé.  Chair  blanche.  Stipe  plein,  charnu,  non  élasti- 
que, un  peu  atténué  en  haut,  subfibrilleux  ;  ooncolore  au  chapeau,  orangé 
élendu.  Lames  longuement  décurrentes  simples,  nombreuses,  blandies  puis  pâles 
et  oonoolores  au  chapeau.  Odeur?  D.  et  h.  5  à  7  c  ;  1.  0,4  à  0,5  c.  Dans  les  bois. 

52.  Ag.  Glit.  ihtbbsus,  Bull.  t.  553.  Chapeau  plutôt  ferme  et  fragile,  nulle- 
ment  flasque,  de  convexe  plan,  obtus,  marge  d'abord  enroulée,  enfin  infundibulé 
et  oodolé,  très-glabre  ;  volontiers  couleur  moite,  mais  non  goutté,  couleur  brique 
(orangé,  quelquefois  teinté  de  rouge  et  ombré).  Chair  blanchâtre  teintée  d*orangé 
très^dair.  Stipe  quelquefois  rempli,  souvent  cave;  en  dehors,  un  peu  rigide  et  peu 
élastique,  forme  très-variable  ;  chair  et  surface  concolores  au  chapeau,  mais  plus 
piles  (orangé  très^lair).  Lames  vraiment  décurrentes,  étroites,  pâles;  leurs  bords 
amcolores  au  chapeau.  Odeur  spéciale,  désagréable,  acidulé.  Suspect.  D.  et  h.  5 
à  7  c;  d.  0,8  c.  à  1  c;  I.  0,4  c.  En  petites  troupes  souvent  adnées,  dans  les 
bob;  très-commun  au  bois  de  Boulogne  ;  tardif.  C.  C. 

55.  Ag.  Cut.  gàridelli,  Garid.;  Paul.,  t.  63,  f.  2-4.  Chapeau  cbamu, 
plan-oonvexe,  d'abord  ombiliqué,  un  peu  cambré,  glabre,  lisse;  marge  incurvée. 
Stipe  inégal,  court,  glabre,  tuméfié  en  bas,  d*abord  rempli,  se  creuse  dans  le  haut 
par  renfoncement  de  lombilic  et  forme  un  entonnoir  qui  retient  l'eau.  Lames 
«iéauTentes,  très-rapprochées,  à  l^ords  couleur  de  chair  (orangé  rouge?).  Tout  ]*t 
champignon  couleur  de  chair  sanguinolente;  le  tissu  intérieur  et  les  cotés  des  kincs 
plus  pâles  ou  presque  blancs.  Odeur  et  saveur  agréable.  Êdule  très-recherché  sous 
le  nom  de  Pinedo,  D.  5  c,  T.  4  c;  h.  2  c,  d.  1, 2  c.  En  Provence,  sous  les  pins. 

**'  Chapeau  bien  blanc,  ou  semé  de  petits  flocons  superficiels,  ou  glabre.  Exemples  : 

54.  Ag.  Cli?.  catinui,  Fr.  Bull.,  t.  286.  Très-semblable  à  Cut.  bpuHDiBiLi- 
voMiis,  même  par  sa  bonne  odeur  et  sans  doute  par  ses  qualités;  s'en  distingue  bien 
parce  qu'il  a  le  cutis  incarnat  recouvert  d'abord  d'mie  poussière  blanche  fugitive; 
de  là,  contrairement  aux  autres,  de  blanc,  il  devient  alutacé  (jaune  orangé  faible, 
ombré)  ;  non  umboné.  Chair  blanche.  Lames  droites,  décurrentes  descendantes, 
blanches,  un  peu  plus  larges  que  chez  les  autres  infundibulés.  Dans  les  bois, 
«piphylle. 

55.  Ag.  CLrr.  ericetobum,  Bull.,  t.  551,  f.  1 ,  qu'il  faut  distinguer  des  Hygrih 
jphorus  fUveus  (ce  qu'on  ne  peut  faire  sur  les  planches)  par  sa  structure  de  Clito- 
qfae,  sec,  mou,  élastique.  Chapeau  charnu,  de  plan-convexe,  obtus,  brillant 
Stipe  petit,  grêle,  rempli,  mais  d'un  tissu  floconneux,  mou,  nu,  atténué  en  bas. 
Lames  brièvement  décurrentes,  étroites,  plutôt  écartées,  veinées-connexées  à  leur 
hse.  Champignon  tout  blanc.  Odeur  agréable,  édule.  D.  4  c,  T.  5  c;  h.  5  à4c., 
<1.  0,4  à  5  c.  Dans  les  champs  insolés.  C.  C. 

^.  Chapeaa  charnu,  membraneux,  vraiment  hygfophane  (changeant  de  couleur  étant  sec), 
diair  mince,  molle,  aqueuse;  hygrophane.  Les  blancs  de  ce  groupe  sontseulemeut  ceux  qui, 
Mmcs  imbus  étant  imbibés,  deyiennent  très-blancs  [candidi]  étant  secs.  I^s  autres  ont  leur 
|4aoe  précédemment. 

B.  Clitocyhe  scyathiformes.  Chapeaux  sub.  charnus,  membraneux,  à 
disque  non  compacte,  cpthé  par  dépression,  à  chair  hygrophane.  Lames,  d'abord 
adnées,  ensuite  décurrentes,  descendantes  (non  horizontales,  comme  dans  le  groupe 
suivant).  Yoy.  Bull.,  t.  575,  f.  P.  et  Q.;  t.  248,  f.  C,  etc.  Exemple  : 

56.  Ac.  Clit.  suaveoless,  iSchum.  Chapeau  mince  à  disque  plus  charnu,  de 


100  AGARIC. 

convexe  plan,  eniin  déprimé,  blanc-imbu  avec  disque  souTent  ombré  ;  étant  sec, 
très-blanc.  Chair  blanche.  SUpe  rempli,  ensuite  cave,  élastique,  à  base  dilatée  et 
villeuse,  nu  en  haut,  blanc.  Lames  adnées-décurrentes,  rapprochées,  ténues, 
blanches.  Ocfeur  suave,  pénétrante;  saveur  agréable.  Sans  doute  édulc.  D.  et  h.  4, 
d.  0,7.  Dans  les  bois  moussus. 

E.  Clitocybes  orbiformes.  Chapeau  un  peucliamu,  de  convexe  apLini 
ou  déprimé,  nu,  sans  squames  ni  farines,  partout  hygrophane,  imbu,  aqueui. 
Lames  droites,  horizontales,  adnées  ou  décurrentes  seulement  par  une  dent,  cou- 
leur sordide  ou  pdle,  imbues.  Beaucoup  ne  seront  bien  reconnus  que  par  un  temps 
de  pluie,  à  cause  de  leur  couleur  changeante  par  la  sécheresse  et  de  leur  caractère 
peu  accusé.  Ils  ont  : 

*  Les  lames  cendrées  et  le  chapeau  d'abord  obscur  ; 
'*  Les  lames  blanchâtres,  chapeau  p&le.  Exemple  : 

57.  Ag.  Clit.  fiugrans.,  Sow.  Letell.,  pi.  658.  Chapeau  mince  à  disque  peu 
charnu,  planiuscule,  d'abord  convexe,  puis  subdéprimé,  glabre,  lisse  ou  paraissant 
strié  par  transparence  sur  la  marge  humide,  blanchâtre  étant  sec,  ou  teinté 
dorangé,  humide;  disque  concolore  (quand  le  disque  est  plus  obscur  c'est  sans 
doute  Clit.  suaveolens.)  Sttp^  plein,  puis  cave,  élastique,  égal,  glabre,  lisse,  à 
base  souvent  villeuse  ;  obscurément  subpniiiié  au  sommet,  blanc.  Lames  un  peu 
atténuées  en  dedans,  subdécurrentes,  plus  larges  que  la  chair  aqueuse  du  chapeau, 
blanchâtres.  Odeur  forte  et  pénétrante,  d'anis?  D.  3  à  5  c.  ;  h.  5  à  6  c,  d.  0,7c. 
Tardif;  sur  la  mousse  plutôt  des  prairies. 

P.  Clitocybes  versiformes.  Oiapeaux  ténus,  hygrophanes,  la  plupart  squa- 
mulcux  ou  furfuracés,  ou,  étant  secs,  brillants  ;  d'abord  convexes,  puis  formes  di- 
verses, mais  non  vraiment  cyathés  !  Lames  adnées  (non  décurrentes,  ou  seulement 
par  une  dent),  larges,  un  peu  épaisses  et  le  plus  souvent  écartées  et  farineuses. 
Siipes  tenaces.  Ce  groupe,  par  l'élégance  des  formes,  des  couleurs,  se  distingue 
bien  du  précédent. 

Nous  citerons  seulement  une  de  nos  espèces  les  plus  communes. 

58.  Ag.  Clh*.  laccatus,Scop,  ;BuU.  571,  f.  1.  CAapeau  presque  membraneux, 
planiuscule  très-variable,  bientôt  déprimé,  subombiliqué,  chargé  de  petites  sqiia- 
mules  connées,  pileuses  ou  furfuracées  ;  stipe  rempli,  iibro-tenace  ;  lames  larges, 
adnées,  écartées,  vivement  colorées,  et  enfin  blanchies,  farineuses.  Couleur  géné- 
rale améthyste  étant  imbibé,  violacée-ocracée  étant  sec.  Sa  couleur  parcoiut  aiibi 
toutes  les  nuances  du  violet  au  rouge,  du  rouge  à  l'orangé,  plus  ou  moins  (m;iis 
toujours)  ternies  de  gris  plus  ou  moins  foncé!  Odeur  et  saveur  nulles.  Ëdule.  TKs- 
variable  pour  la  taille.  D.  et  T.  5à8  c,  etc.  Dans  tous  les  bois  humides. 

IV.  Af  arloM  PiMwotea  (irÀfvpôv,  côté) .  Agarics  leuoosporcs,  à  stipes  liomo- 
gènes,  mais  eicentriques,  latéraux  ou  nuls  ;  épiphytes  ou  épixylcs  (à  peine  un  oo 
deux  épigés,  mais  alors  vraiment  dimidiés),  irréguliers,  charnus  ou  membraneux. 

H  suGQt  donc  qu'un  leucospore  ait  le  stipe  latéral  ou  nul,  pour  qu'il  soit  PIca- 
rote  (qu'il  soit  épiphytc  ou  épigé).  Hais  il  ne  suffit  pas  que  son  stipe  soit  excen* 
trique  ;  alors  il  faut  qu'il  soit  en  même  temps  épiphyte.  —  Cette  distinction  était 
utile  pour  établir  une  limite  ;  bon  nombre  de  THcholona,  et  surtout  de  cmm- 
ejbcaétant,  par  accident,  excentriques.  On  fera  aussi  attention  à  quelques  individus 
épiphytes,  faiblement  excentriques,  ou  même,  par  anomalie,  réguliers,  quoiqu'il» 
appartiennent  à  une  espèce  habituellement  excentrique,  et,  par  conséquent,  Ptes- 
;  tels  Pl.  EaTRGii,  Pl.  orhatus.  Tous  peuvent  pourrir  étant  adultes,  lcur« 


AGARIC.  iOi 

lames  sont  minces  et  molles.  C'est  pourquoi  ceux  dont  les  lames  sont  flexibles, 
tenaces,  et  qui,  par  un  temps  ordinaire,  se  dessèchent  au  lieu  de  pourrir,  seront 
rqxirtés  aux  genres  Mjtmihm  etPaaos,  qui  ne  renferment  que  des  espèces  coriaces 
et  quelquefois  styptiques,  tandis  que  les  Pleurotes  sont  très-doux,  et  plusieurs 
(uLMARius,  TEssuLikTOS,  Erthgii,  etc.)édules  et  recherchés. 

A.  Pleurotes  excentriques  et  épiphytes.  Ondistinguera  les  stipesles 
plus  excentriques  de  ceux  qui  sont  définitivement  marginaux  en  suivant  le  pour- 
tour do  chapeau  ;  dans  les  excentriques  la  marge,  même  très-mince  et  très-atro- 
phiée  d  un  côté,  existe  encore.  D'ailleurs  les  seuls  Pleurotes  excentriques  qui,  dans 
des  cas  indi^idnek,  peuvent  tromper,  et,  à  cause  de  Tatrophie  de  la  marge  d'un 
côté,  être  pris  comme  latéraux,  sont  munis  d'un  voile  devenant  collier. 

59.  ÀG.  Pleur  (?)  orkatus,  Fr.  Letell.,  pi.  699,  (dit  astuaks  par  erreur.)  Cha- 
peau  charnu,  disque  d'abord  umboné,  marge  assez  mince,  les  plus  petits  réguliers, 
les  {dus grands  excentriques,  lobés-ondulés,  —  sec,  hérissé  et  moucheté  de  squa- 
mules  pelucheuses  et  rouiUées.  Stipe  chwmxi,  spongieux  en  dedans,  enfin  cave; 
lisse,  glabre,  jaune  orangé,  subfariné  en  haut.  Chair  molle,  teintée  de  jaune  orangé. 
lamea  plutôt  adnées,  assez  larges,  écartées  et  régulières.  D.  9  à  10  c;  h.  5  à  6  c, 
d.  i,  5  à  1 ,  8  c;  1.  0, 8  c.  Sur  les  vieux  troncs  de  pin. 

**  Lephtaria,  voiie  en  collier  ordinairemeDt  lacéré.  Voile  des  Lépiotes,  mais  lames  décur- 
RQles  des  Armillaires.  Exemples  : 

60.  Ag.  Pleur,  corticatus,  Fr.  C/iop^u compacte,  de  convexe  aplani,  en  disque 
seulement  excentrique  d*abord  couvert  d'un  tégument  tomenteux,  épais,  gris,  qui 
par  déTeloppement  et  fissures  devient  une  marqueterie  squameuse,  pelucheuse,  sur 
un  fond  blanchâtre,  à  la  manière  du  voile  général  des  Lépiotes;  bord  appendiculé; 
chair  ferme  et  blanche.  Stip«  solide,  plein,  radicant,  plus  ou  moins  excentrique, 
atténué  et  courbé  en  bas,  puis  ascendant, muni  d'un  anneau  membraneux  lacéré; 
tégument  drapé  squameux,  pelucheux,  blanc.  Lames  étroites,  longuement  décur- 
rentes,  anastomosées,  presque  alvéolées  en  arrière,  même  rameuses  dichotomes  ; 
blanches,  enfin  teintées  d'orangé  clair.  D.  5  à  12  c;  h.  5  à  7;  d.  2  à  3  c;  1.  0,  2 
à  0, 3  c.  Sur  les  vieux  troncs. 

6i.  Ag.  Plbor.  dryikus,  Pers.;  SchâfT.  t.  233  ;  Paul.  2j ,  f.  1.  Chapeau  com- 
pacte, dur,  oblique  et  même  dimidié,  vergeté  de  squamules  brunissantes,  blan- 
châtre, teinté  de  roux.  Voile  fugace,  blanc,  plutôt  appendu  au  pourtour.  Stipe 
presque  latéral,  obèse.  Lames  d'abord  blanches,  puis  teintées  de  jaune,  étroites, 
un  peu  décurrentes,  presque  simples.  Odeur  et  saveur  plutôt  bonnes.  Édule.  D. 
5  à  10  G.;  h.  3  à  5  c.  Sur  les  vieux  troncs  de  chêne. 

'*  €&nekariû.  Yoile  nul;  stipe  excentrique  ou  presque  latéral ,  mais  encore  marginé  ;  deux 
groapes  :  «  et  ^. 
a.  Lames  définies,  sinuées  ou  obscurément  adnées,  non  décurrentes.  Exemples  : 

62.  Ag.  Pleob.  ulmarios,  Bull.  t.  510.  Chapeau  charnu  ,  compacte,  hori- 
zontal, souTent  peu  excentrique,  de  convexe-plan,  lisse,  glabre  ;  orangé  étendu, 
se  fonce  et  se  ternit  vers  le  centre,  souvent  comme  marbré  par  des  macules  ar- 
nMidies.  Chair  blanche,  tenace.  Stipe  plein,  ferme,  élastique, courbé  puis  ascendant, 
alors  excentrique(il  peut  être  central  si,  inséré  sur  une  branche  horizontale,  il  se 
lève  verticalement),  à  base  épaissie,  tomenteuse,  quelquefois  partout  villeux,  blanc. 
Lames  horizontales,  émarginées  ou  arrondies  par  derrière,  l^èrement  adnexées, 
laiiges,  blanchâtres,  teintées  d'orangé.  Odeur  acidulé,  plutôt  agréable.  Ëdule.  D. 
10  à  15,  etc.  c. ,  h.  10  c.  ;  d.  2  à  3  c.  ;  1.  1,2  à  1,5  c  Sur  les  vieux  ormes, 
hêtres,  chênes,  peupliers.  AC. 


lOS  AGARIC. 

63.  Ag.  Pleub.  tessellatus,  Bull.  t.  513,  f.  i.  (Pourquoi  Fries  écrit41  cou* 
stanunent  tessulaius  qui  n'est  ni  latin  ni  oonfonne  à  Bull.  ?)  Fort  voisin  du  pré* 
cMent,  moins  grand  et  s'en  distingue  par  son  chapeau  plus  irr^ulier ,  plus 
latéral,  plutôt  déprimé  en  arrière  (c est-à-dire  du  côté  atrophié),  marbré,  sur  un 
fond  concolore  plus  clair,  de  macules  arrondies  ou  hexagonales  ;  orangé  faible,  om-^ 
bré.  Slipe  court  et  plutôt  atténué  en  bas.  Lames  sinuées,  adnées  par  un  petit 
crochet.  Odeur  de  farine  récente.  Édule  selon  Persoon.  D.  7  à  12  c.  ;  h.  3  à  4  c.^ 
d.  1  c.  à  1,5  c.  1.  là  0,8  c.  Épiphytes. 

64.  Â6.  Pleub.  ole4rius,DG.  {Voy.  Delile,  Bullet.  de  la  Soc.  d*agric.  deTHé- 
rault,  1837,  fig.  etdescr. —  Paul.etLéveiK,  t.  23.)  Chapeauchanm  plus  ou  moins 
excentrique,  irrégulier,  ondulé-contourné  ;  d'abord  un  peu  umboné,  pois  déprimé, 
quelquefois  concfaoïde  ;  marron  rougeâtre,  uni,  orangé  fonoévers  le  centre  et  sur  W 
bords  de  la  marge.  Stipe  plein,  fibreux,  court,  trapu,  d'un  roux  jaune  doré,  non 
lisse.  Lames  décurreutes,  longues,  falciformes,  inégales,  d'abord  d'un  jaune  vif 
doré,  mais  bientôt  mat,  pruinépar  les  spores,  non  ferrugineuses  ou  brunes  comme 
le  croyait  Fries,  mais  Uaiiches  i  comme  de  la  farine.  »  Les  lames  offrent  en  outre 
le  singulier  phénomène  de  la  phosphorescence  pendant  la  nuit  (ou  dans  Tobscurité?) 
iBniqueWessonijeuneseibienportantes,  Chair  un  peu  coriace,  amère,àsucaque$- 
cent  rougeatre,  fortement  purgative,  et  par  suite  vénéneuse.  D.  8  et  10  c.  ;  h. 
3à7  c;  d.  1  à  2,5  c.  En  loufle  adnée,  au  pied  des  oliviers.  Automne.  CC.  dans  b 
région  des  oliviers. 

j9.  Lames  longuement  décumntes.  Exemples  : 

65.  Ag.  Pleur,  aquifolii,  Paul.  t.  38.  Chapeau  large,  charnu  convexe,  plan 
un  peu  cambré,  sec,  ondulé,  fendillé,  glabre.  Une  variété  à  chapeau  rouge  (Fr.), 
une  autre  orangé  faible  et  terni  (Paul.).  Sttp^ excentrique  droit,  ferme,  compacte, 
fibreux,  égal  un  peu  comprimé,  blanc.  Lames  décurrentes,  fragiles,  épaisses, 
plutôt  écartées,  un  peu  plus  foncées  que  le  chapeau,  adnées-annulées.  £dule. 
D.  lOà  14c.;d.  5à4c.  Surlehoux.  R. 

66.  Ac.  Pleur.  Ertugii,  DC.  Paul.,  t.  39.,  Letell.,  t.  693.  Chapeau  charnu, 
tenace,  convexe -plan,  enfin  déprimé,  bientôt  iirégulier  (restant  régulier  par 
exception);  sec,  glabre,  orangé  faible  et  plus  ou  moins  bruni.  Stipe  solide,  ordi- 
nairement excentrique,  nu,  atténué  et  villeux  à  la  base,  blanchâtre.  Loimes  éga- 
lement atténuées  aux  deux  extrémités,  décurrentes,  plutôt  distantes,  larges,  blan- 
châtres. Édule,  très-recherché.  D.  3  à  4  c.  ;  T.  4  à  5  c.  ;  h.  3  c.  ;  d.  1  à  1,2  c. 
Cespiteux  sur  la  racine  des  Ei7ngium. 

67.  Ag.  Pleur,  ostreatus,  Jacq.,6ull.  508.  Sow.  t.  241.  Letell.  t.  695  (Yitt. 
t.  4?)  C/^opeau charnu,  mou,  d*abord  convexe  horizontal,  ensuite  étendu  et  ascen- 
dant ;  glabre  humide,  lisse,  mais  plus  tard  cuticule  lacérée  en  srpiamules.  Couleur 
d*abord  noirâtre,  bientôt  pâlissant,  brun  cendré,  et  enfin  sur  les  vieux  orangé 
grisâtre  faible.  Stipe  ordinairement  très-court  ou  oblitéré  (variété  à  stipe  allongé 
et  presque  central) ,  ferme,  oblique,  ascendant,  s'épaississant  en  haut,  Mancâbase 
maigre  et  villeuse.  Lames  décurrentes  anastomosées  en  arrière,  plutôt  distantes, 
larges,  blanches,  jaunissant  (mais  sans  glandules).  Spores  blanches  (Fr.),  incar- 
nat (Vitt.)!  Édule  et  très-recherché.  D.  7àl2  c.  Cespilcux,  imbriqué,  surlesrieut 
troncs.  C'est  peut-être  un  groupe  renfermant  plusieurs  espèces? 

[Ac.  Pleur,  glardulosus,  Bull.  t.  426,  serait  leucospore  selon  Pries,  Epicrisis, 
n«  502.  Mais  M.  Maurice  Lespiaut  affirme  (Note  stir  les  champ,  comest. 
de  lot-et'Gar,  et  des  Landes,  Agen,  1845),  que  Ag.  glakoulosus,  commun 
daiiH  les  Landes  sur  le  chêne-liége,  a  les  spores  d'un  rose  violacé.  11  but  donc 


AGAniC.  iOBi 

renvoyer  cette  espèce,  fort  seoiUahle  à  Ag.  Pleur,  ostrgatcs  (nonobstant  les  gk»» 
dules  de  ses  lames),  à  la  série  des  CHROMOSPORES,  aussi  bien  que  losTaBATiB 
(le  Vitt.  t.  4,  qui  a  les  spores  incarnat.] 

Si.  Ag.  Pledr.  salighus,  ?&s.  Lelell.  t.  687.  Souvent  confondu  aveo  le  précè- 
dent, s'en  distingue  par  la  nuance  moins  rabattue  de  son  cliapeau^  par  ses  lamet 
dikaiiTentes,  souTent  rameuses  au  milieu,  mais  non  anastomosées  sur  le  stipe  rétu 
de  longues  TÎUosités  pelucheuses.  Spores  sordides.  Édule. 

m.  Pleurotes  holopleurus,  Stipe  définitivement  latéral.  CliapemL  di- 
midié,  non  maiiginé  d'un  côté  (par  derrière).  Exemples  : 

69.  Ag.  Pleur,  gbogsbius,  Paul.  t.  25,  f.  1-2.  DG.  Dressé.  Chapeau  chanm, 
semi^niàiidibulé,  lisse,  glabre,  à  maiige  ondulée  et  réfléchie,  plutôt  largemoit 
lobé,  brun.  Siipe  latéral,  très-court,  épais,  tuberculeux.  Lames  décurrentes,  rafK 
prochées,  Inen  blanches.  Édule  dans  le  midi  de  la  France  (de  Seynes);  «  maUaî- 
sant  •  selon  Paulet,  mais  il  parle  d'une  variété  blanche.  Êpigé. 

70.  Ag.  Plehr.  petaloîdes,  Bull.  t.  226.  Chapeau  ascendant,  diamn,  non 
compacte,  spatule,  brun  pâlissant,  disque  déprimé,  se  continue  avec  le  stipe^  eott^ 
primé,  villeux.  Lames  décurrentes,  linéaires,  blanchâtres,  se  teintant  d'orangi> 
ombré.  Sans  doute  édule.  D.  4  à  8.  Épiphyte  ;  une  variété  épigée. 

c.  Pleurotes  omphaluria.  Chapeau  d'abord  résupiné  (renversé),  ei»- 
tier,  adné  par  derrière,  enfin  réfléchi  et  sublatéral.  Lames  oonoourant  tontes 
^ers  un  point  excentrique.  On  ne  signale  dans  cette  section  ni  aliment  ni  poison  . 
Nous  dirons  seulement  que  : 

Les  uns  ont  le  chapeau  cliamu  (*]  et  (**); 
Les  autres  l'ont  irès-tendreet  membraneux  (***). 

Parmi  ceux  qui  l'ont  charnu,  un  petit  groupe  (**)  se  distingue  par  le  chapeau  revêtu  d'une 
pellieule  épaisse  et  gélatineuse. 

II*  SECTION.  LEDCOSPORES  HÉTÉROGÈNES.  Hyménophore  à  chair  moDe 
et  lâche,  hétérogène  avec  le  tissu  ferme  cartilagineux  ou  subcartilagineux  du 
!»tipe.  11  n'y  a  pas  ordinairement  de  transition  de  Tun  à  Tautre  tissu;  il  en  résulte 
que  souvent  on  peut  séparer  assez  nettement,  et  sans  rupture  considérable,  le  stipe 
du  chapeau.  Cette  seconde  section  comprend  les  Collybia,  les  Hycena,  les  Omphalia. 

Les  OMpImlto  sont  les  seuls  de  cette  grande  série  qui  aient  les  lames  vraiment 
décurrentes  (les  lames  tout  entières  vont,  en  s*atténuant,  mourir  sur  le  stipe).  Les 
■tcoui  ont,  dès  le  principe,  la  marge  de  leur  chapeau  (  plus  ou  moins  campa- 
nule) droite  et  appliquée  sur  le  stipe.  Dans  les  Collybia,  cette  marge  est  d'abord 
plus  on  moins  enroulée  ou  au  moins  fortement  inculpée  en  dessous  ;  de  là  un 
chapeau  d'abord  convexe,  puis  étendu,  et  plus  tard  ordinairement  aplani  et 
ombiliqué. 

V.  A^aricos  Collybia  Fr.  Stipe  iîstulcux,  cartilagineux,  ou  médulleux  a 
écorce  cartilagineuse,  radicant;  voile  non  manifeste  ou  fibrilleux,  homogène  et 
conné  au  tégument.  Chapeau  légèrement  charnu,  non  régulièrement  plissé  ou 
sillonné;  marge  d*abord  enroulée.  Lames  membraneuses,  molles,  libres  ou  faible- 
ment  adnexées,  rarement  adnées  obscurément,  ce  qui  les  sépare  des  Clltocybeik 
Ce  point  doit  être  attentivement  examiné;  car,  dans  les  plus  grandes  espèces,  te 
caractère  cartilagineux  du  stipe  (à  écorce  presque  membraneuse)  est  ambigu.  0e 
plos,  dans  ces  cas,  Thabitat  épixyle  ou  épiphyte  décide. 

Les  espèces  de  ce  sous-genre  sont  généralement  faciles  à  reconnaître,  quoiqu'il 
s*en  trouve  beaucoup  de  très-petites.  Leur  végétation  est  plus  lente  et  pks  du«- 
rable  ;  et  comme  ils  sont  pour  l'ordinaire  épiphytes  (sur  le  bois,  sur  les  feuimâB  et 


104  AGARIC. 

même  sur  d'autres  champigiMms),  ik  varient  plus  suivant  les  flores  locales  tpe  les 
champignons  épigés.  Cependant  leiu*  matrice  (point  de  départ  de  leur  développe- 
ment) est  souvent  hypogée;  de  là  ils  envoient  une  ou  plusieurs  racines  sur  les  débris 
qu'ils  préfèrent  :  c'est  ainsi  qu'ils  sont  radicants.  Us  sont  si  grêles  et  à  stipe  si  coriace, 
que  très-peu  sont  comestibles;  cinq  seulement  sont  signalés  comme  tels.  Un  seul 
{Coll.  emilentus)  est  printanier;  tous  les  autres  sont  d'été  ou  d'automne.  Beau- 
coup se  dessèchent  et  se  conservent  très-bien,  ce  qui  les  rapproche  beaucoup  des 
maraainfawt  mais  chez  les  Marasmes  les  lames  sont  très-flexibles  et  non  nipti- 
bles;  elles  sont  écartées,  et  la  couche  hyméniale  partout  fertile  entre  les  lames.  la 
couleur  des  Colltbia  est  variable;  mais,  parmi  eux,  la  quatrième  et  dernière  sec- 
tion (d),  lesTéphrophanes  à  lames  cendrées,  constitue  une  série  particulière 
bien  distincte  des  autres,  lies  caractères  des  trois  premières  sections  sont  tirés 
du  stipe  qui  est  ou  strié,  ou  lisse  et  nu,  ou  villeux  ;  et  les  espèces  dans  chaque 
section  peuvent  être  groupées  suivant  que  leurs  lames  sont  étroites  et  rapprochées, 
ou  larges  et  écartées.  L'odeur  ne  doit  pas  être  négligée,  surtout  dans  les  Téphro- 
phanes.  Tous  les  champignons  un  peu  semblables  aux  Colljbia,  qui  ont  une  odeur 
alliacée,  doivent  être  rapportés  au  genre  MmrmmmaÊmm, 

m.  Collybix  striapodes.  Stipe  robuste,  cave  ou  rempli,  bourré  quelquefois 
de  moelle  spongieuse  facilement  séparée;  surface  sillonnée,  cannelée  ou  fibro- 
striée.  (Cette  section  renferme  deux  ou  trois  espèces,  platyphyllus,  pidlus^  à  stipe 
.plus  mou;  mais  leurs  lameSy  leur  port,  leur  racine,  leur  habitat  épiphyte,  em- 
pêchent de  les  confondre  avec  les  Tricholoma). 

*  Lames  larges,  plutôt  distantes.  Exemples  : 

71.  Ag.  Coll.  fcsipes,  Bull.,  1. 106  et  546,  f.  2.  Tenace.  Chapeau  charnu, 
de  convexe  aplani,  glabre,  lisse,  quelquefois  enfm  suriace  vaguement  ondulée,  ridée, 
fendillée;  umboné  presque  effacé,  roux  de  vache,  pâlissant  (orangé  ou  rouge 
orangé,  moyen  et  bruni).  Stipe ^  de  fibreux-bourré  cave,  à  écorce  cartilagineuse, 
longuement  cannelé-strié,  ventru  au  miUeu  et  atténué  aux  deux  extrémités,  mais 
surtout  en  bas,  souvent  tordu,  roux  concolore.  Lames  d'abord  adnexées-annulées, 
bientôt  séparées  du  stipe,  libres,  largos,  écartées,  fermes,  souvent  veinées-con- 
nexées,  de  blanches  se  teintant  d'orangé  très-faible  et  légèrement  ombré,  puis  se 
crispant,  se  maculant  de  roux.  Odmr  et  saveur  agréables.  Ëdule,  mais  on  rejette 
le  stipe  coriace.  D.  4  à  8  c;  h.  8  à  15  c;  d.  2  à  3  c;  en  touffe,  adnés  au  pied  des 
arbres.  CCC. 

D'après  M.  de  Seynes,  il  faut  rapprocher  de  pusipes  : 

72.  Ag.  soculis  et  75.  Ag.  ilicincs  DC;  peut-être  aussi  74.  Gymuopodivs, 
Bull.,  t.  601,  signalés  comme  alimentaires  dans  le  midi  (Toulouse,  Montpellier). 
Fries  ne  les  a  pas  ^iis,  mais  d'après  les  lames  rousses,  il  avait  rapporté  ces  espèces 
aux  Chr<Mniopor«a.  Hais  Ag.  social»  aurait  certainement  les  spores  blandies 
^Delile).  Leur  habitat  sur  la  racine  des  vieux  arbres  et  leur  resseniblanee  avec 
Gill.  fusipes  les  rapprocherait  donc  de  celui-ci,  mais  leurs  lames  adnées  (iliciaus) 
ou  tout  à  fait  décurrentes  (sociaus  et  gymmopodids)  les  reporteraient  aux  Clito- 
cybes.  Nous  n'avons  pas  vu  ces  espèces  (non  plus  que  H.  de  Seynes),  nous  ne 
pouvons  décider.  Nous  les  signalons  donc  provisoirement  et  jusqu'à  plus  ample 
informé  à  la  suite  de  Ag.  Coll.  fusipes. 

b.  Collybix  vestipedes,  S/ipe  maigre, égal,  fistulenx ou fistulo-méduleux, 
velu,  pelucheux  ou  pruineux. 

*  Lames  larges,  plutôt  écartées.  Exemple  :  Ag.  Velotims,  BuU.  t.  344  et  519,  f.  S. 


AGARIC.  105 

"*  Urnes  très-étroites,  rapprochées.  Exemple  : 

73.  Ag.  Coll.  bamolobuv,  Bull.,  t.  585,  f.  3.  Chapeau  presque  membraneux, 
flexible,  de  convexe  campanule,  puis  aplani,  obtus  et  plutôt  déprimé,  lisse, 
giahre,  blanchâtre  teinté  d'orangé;  la  marge  substriée.  Stipe  cartilagineux,  fistu- 
leui,  presque  égal,  un  peu  comprimé  et  presque  entièrement  recouvert  d'un  velu 
un  peu  laineux  et  blanchâtre,  d'un  brun-roux  (selon  la  planche  de  Bull.,  orangé 
étendu  et  ombré),  seulement  nu  et  pâle  dans  le  haut.  Lames  d'abord  légèrement 
adnexées,  bientôt  libres,  très-modérément  rapprochées,  linéaires  blanchâtres. 
Odeur  pénétrante  et  saveur  douce,  agréables.  Ëdule  (Roques).  D.  3  à  4  c;  h.  5  à  6 
c,  d.  0,3.  En  troupe  sur  les  feuilles  dans  les  bois. 

e.  Collybix  Ixvipedes.  Stipe  grêle,  presque  égal,  fistuleux,  glabre  (ex- 
cepté â  la  base),  nu  et  lisse. 

*  Lames  larges,  Iftches,  pltis  ou  moins  distantes.  Exemple  : 

74.  Ag.  Coll.  escdlektus,  Wulf.;  Bull.,  t.  422,  f.  2.  Chapeauipen  charnu, 
de  convexe  plan,  orbiculaire,  obtus,  glabre,  tissu,  étant  vieux,  un  peu  strié, 
ocracé  argileux,  jaune-orangé  moyen  et  ombré  ou  grisé.  Chair  tenace,  blanche, 
apide.  Stipe  fistuleux  étant  vieux,  tenace,  maigre  et  grêle,  fdiforme,  égal, 
Jisse,  très-glabre,  même  un  peu  brillant,  jaune-orangé  fort,  plus  ou  moins 
ombré;  radix  longue,  pivotante  perpendiculaire.  Lames  adnexées,  même  avec  une 
toati^  petite  dent,  décurrentes,  ensuite  séparées  ;  larges  et  en  segment,  lâches,  plutôt 
distantes,  non  blanches  mais  blanchâtres ,  quelquefois  argilacées  (orangé  étendu  et 
?ri$é).Édule  et  recherché  en  Autriche  (Fr.).D.  2à3c.;h.  4à6c.d.s.  2c.;  1.  0,4. 
Dans  les  pâturages  montagneux  et  les  hauts  bois.  R.  à  Paris. 

**  l.ames  étroites,  rapprochées...  Aucune  espèce  réputée  édule  ni  vénéneuse. 

4.  Collybix  téphrophanx.  Hygrophanes.  Lames  cendrées,  ternies  ou 
branies.  Cette  section  avoisine  les  derniers  Tricholoma  et  Clitocybia;  mais  le 
stipe  est  cartilagineux.  Un  groupe  a  une  odeur  de  vieille  farine.  Mais  jusqu'à  ce 
jour  aucune  espèce  n'est  recommandée  par  ses  propriétés  alibiles  ou  nuisibles. 

VI.  Agwurîrmm  Hycoui  Fr.  Stipe  Gstuleux,  généralement  cartilagineux  étant 
fnis  et  en  conséquence  ordinairement  ruptile.  Chapeau  submembraneux,  phis  ou 
moins  strié,  d'abord  conique  ou  parabolique-cylindrique,  et  dont  la  marge,  droite 
dès  le  principe  y  est  appliquée  sur  le  stipe  et  parallèle  à  ce  stipe  atténué  en  haut; 
subcampanulé,  à  peine  ombiliqué.  Lames  non  décurrentes  ou  .seulement  par  une 
petite  dent  en  crochet.  Epixyles,  épiphytes  ou  radicants  grêles.  Ainsi  ce  sous-genre 
très-naturel  se  sépare  :  des  Collybia  et  des  précédents  par  sa  marge  tout  d'abord 
droite,  jamais  enroulée  ou  conni vente  ;  des  Omphalia  de  la  section  Mycénariés, 
pius  finement  mais  encore  nettement,  par  le  chapeau  de  ceux-ci,  formé  de  l'épa- 
oouissement  du  stipe,  et  de  là  le  chapeau  d'abord  ombiliqué,  ensuite  infundibulé 
et  les  lames  vraiment  décurrentes.  Le  sous-genre  Mycena  se  compose  des  espèces  les 
plus  élégantes  et  peut-être  les  plus  attrayantes  pour  l'étude  :  mais  la  taille  mignonne 
du  plus  grand  nombre,  l'odeur  peu  agréable  de  rave,  etc.,  d'un  petit  nombre 
d'espèces  plus  grandes,  ne  leur  permettent  pas  de  compter  comme  alimentaires. 
Cest  pourquoi,  rivé  au  point  de  vue  de  ce  dictionnaire,  nous  allons  seulement 
indiquer  les  neuf  groupes  qui  entrent  dans  le  cadre  de  ce  sous-genre. 

«.  Mycense  calodonies.  Le  bord  des  lames  coloré,  plus  obscur,  plus  ou 
moins  denticulé.  Stipe  non  dilaté  en  plateau  à  la  base  et  non  pourvu  de  suc  laiteux. 

7o.  Ag.  Mtc.  pelianthinus,  Fr.  Berk.,  t.  6,  f.  2.  C/utpeau  subcliarnu,  convexe, 
diaphane,  hygrophane  :  car  imbibé,  il  est  purpurin  livide;  sec,  il  pâlit  jusqu'au 


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AGARIC.  i07 

VU.  âgagi—  •■igihnllB  Fr.  Stipe  cai*tilagineux  à  l'état  frais,  fistuleux  ou 
fistuhHnéduUeax  s*é(»dssîs8ant  un  peu  vers  le  liaut,  puis  le  tube  s'épanouit  dans 
rhjméiioi^re  à  cause  de  cela  semi-homogène  au  stipe.  Chapeau  d'abord  ombi- 
lîqué  (d*où  le  nom  éfufaUa),  devenant  souvent  iniundibulé  :  de  là  des  lames 
Tnimenl  décurrentes.  Ce  caractère  du  chapeau  et  des  lames  sépare  les  •mpkales 
des  C>aylii.ii  et  des  Hjeéaes,  tandis  que  la  stature,  l'habitat,  le  développement, 
h  nature  des  tissus,  sont  communs  aux  trois  sous-genrcs.  LesOniplHdcsont,oula 
marge  droite  des  Sycéacs,  ou  Tineurvée  des  CoDybcs.  Leur  diapeau  est  mem- 
i»renenx  ou  sobmembraneax  ;  ik  sont  souvent  épixyles,  aiment  les  lieux  humides 
et  imbibés,  sont  hygropliànes,  ce  qui  les  rapproche  des  djtoeyh^  hygrophanes. 
k«r  $tipe  csulilagineux  les  en  sépare  ;  pourtant  ce  caractère,  rarement  obscur,  s'ef- 
âce  TÎte  dans  quelques-uns,  étant  vieux  ou  fanés  ;  mais  dans  la  section  des  Cllto** 
tyhmm  hygrophanes,  les  lames  ne  sont  pas  d'abord  vraiment  décurrentes.  Le  tube  du 
stipe,  qui,  chez  les  jeunes,  est  souvent  médulleux,  les  distingue  aussi  des  Niycéoes 
toujours  fistuleux.  Nous  ne  connaissons  aucune  espèce  réputée  édule  ou  nuisible. 

m.  Omphalix  Collybiarix.  Chapeau  d'abord  dilaté,  ombiliqiié;  marge 
incurvée  ou  enroulée.  Section  qu'on  divisera  en  trois  groupes  naturels  suivant  leur 
taille  et  le  degré  de  largeur  et  d'écartement  des  lames.  Bull.,  t.  564,  f.  B  ;  f,  A  ; 
554,  f.  2  ;  568,  f.  2. 

k.  Omphalix  Mycenarix.  Très-ténus.  Qiapeau  d^abord  campanule  et 
marge  droite  d'abord  opprimée  sur  le  stipe.  Ils  sont  difficilement  délimités  des 
Kycéaes.  Deux  espèces  ont  les  lames  en  forme  de  plis,  et  avoisuient  les  Caktharelles 
)es  plus  petites;  mais  le  bord  est  encore  aigu.  Bull.,  563,  f.  3;  186  et  550,  f.  2. 

2"*  Série.  ACSABICS  CHROSMOPORES.  On  peut  diviser  environ  en  cinq 
nuances  principales  les  nombreuses  teintes  offertes  par  les  spores  vues  en  mahse, 
telles  que  le  champignon  frais  les  laisse  tomber  sur  une  feuille  de  papier  blanc,  ou 
ntéme  telles  qu'on  les  aperçoit  comme  une  poussière  recouvrant  la  surface  des  lames 
de  r.4garacinéc  adulte,  en  se  gardant  pourtant  de  s'en  laisser  imposer  par  la  couleur 
propre  au  tissu  des  lames,  quand  ce  tissu  est  lui-même  coloré.  Ces  nuances  peuvent 
à  peu  près  être  ainsi  définies  :  1®  le  rose  plus  ou  moins  clair,  plus  ou  moins  terni  et 
inclinant  souvent  vers  l'ocre;  2®  l'orangé  plus  ou  moins  concentré,  toujours  terni 
et  souvent  teinté  de  rougeâtrc,  ce  qui  produit  les  nuances  dites  :  ocre,  argileuse, 
fauve,  rouille,  rouille  foncée  ou  brune;  Z^  une  nuance  sombre,  fuligineuse, 
«lans  laquelle  l'œil  ne  démêle  plus  guère  d'autre  couleur  que  le  sombre,  mais 
le  souih^  qui  n'est  pas  encore  devenu  le  noir;  4^  le  noir  pur  absolu,  quand 
les  spores  sont  assez  épaisses;  5°  ce  noir,  plus  souvent  encore  le  sombre  fuligi- 
neux (5**),  quelquefois  môme  une  des  nombreuses  teintes  du  ferrugineux  (2"), 
se  revêtent  d'un  reflet  noir-pourpre  très-spécial.  On  comprend  cependant  que 
toutes  ces  nuances,  finement  graduées,  ne  peuvent  être  nettement  déterminées 
par  le  langage  vulgaire.  Elles  le  seront,  au  contraire,  quand  les  naturalistes, 
les  médecins,  les  mycologistes  auront  adopté  les  précises  déterminations  des 
iouleurs,  selon  la  méthode  de  M.  Chevreul  (i;oi/.  Couleurs).  11  semble  donc 
fpi'avec  cette  imparfaite  détermination  des  couleurs,  ce  n'était  pas  le  cas  de 
fjuitter  la  méthode  naturelle,  suivie  jusqu'ici  par  Tillustro  mycologiste  sué- 
dois, pour  s'eu  rapporter  d'abord  à  un  caractère  unique  emprunté  aux 
mobiles,  changeantes  et  indicibles  nuances  de  la  robe  iris  (indicibles  sans  la 
nomenclature  Chevreul).  Pourquoi  donc  Fries,  si  dédaigneux  de  ceux  qu'il 
appelle  les  c  coloristes  «,  quand  il  s'agit  de  demander  aux  vives  couleurs  du  cham- 
pigix»  entier  quelque  aide  pour  déterminer  les  espèces,  devient-il  exclusivement 


110  AGARICINËES. 

chaque  genre  traité  dans  des  articles  à  part,  qu'il  y  trouve  la  section,  k  tribu  et 
quelquefois  Tespèce,  quand  elle  est  léputée  comestible  ou  vénéneuse  ou  assez  to- 
lumineuse  pour  qu'elle  puisse  devenir  Vm\  ou  l'autre.  Mais  nous  voulons  surtout 
qu'il  puisse  toujours  le  dessiner  et  le  décrire  méthodiquement,  et  par  suite,  per- 
mettre à  un  mycologistc  de  le  déterminer  d'après  cette  description.  On  comprend 
facilement  toute  l'importance  de  cette  possibilité  pour  tel  cas  de  médecine  légale, 
de  police  médicale,  d'hygiène  publique,  et  pour  £iire  profiter  la  acience  de  toutes  les 
occasions  d'observer  qui  se  présentent  journellement  aux  médecins  placés  dans  des 
droonstanoes  favorables.  Il  faut  avertir  seulement  que,  dans  oe  cas,  les  descriptions 
doivent  être  beaucoup  moins succintes  que  les  nôtres  (art.  AGAaiG,etc.),  qui  portent 
sur  les  espèces  dont  les  traits  caractéristiques  sont  le  mieux  connus. 

Méthode  à  suivre.  Pour  arriver  fadleraent  à  ces  réanltats,  et  à  roconuaitre  les 
formes  et  les  attributs  qui  conviennent  aux  individus  que  Ton  oonsMère,  il  suffira, 
en  ce  qui  concerne  les  Agaridnées,  de  relire  la  partie  descriptive  ci-^près,  en  ayant 
sons  les  yeux  soit  quelques  espèces  empiriquement  connues,  soit  des  Âgaricî- 
nées  quelconques  et  variées.  On  ne  tardera  guère,  par  la  répétition  de  cet  eieicioe, 
â  se  familiariser  avec  les  organes,  avec  les  formes  qu'il  importe  de  déteftnîner,  K 
avec  le  langage  qu'il  convient  d'ado;  ter  et  que  l'on  enricÛFa  suivant  les  besoins 
de  l'observation.  Chaque  médecin  pourra  donc  dessiner,  décrire  et  déterminer  snf- 
fisamment  les  Agaricinées  de  sa  localité,  ceux  qui  sont  alimentaires,  ceux  qui  ont 
causé  des  accidents,  ce  qui  lui  était  impossible  avec  les  ouvrages  commonément 
répandus  (Persoon,  Roques,  Noulet  et  Dafisier,  Lavalle,  Dupuis,  etc.).  Alors  aenJe- 
ment  nous  sortirons  du  chaos  où  nous  ont  plongés  les  descriptions  insufiisante:, 
les  dessins  exclusivement  pittoresques,  et  par  suite  les  dénominations  fantives, 
lesquelles  ont  fait  croire  sans  doute  que  telles  espèces  alimentaires  en  un  lieu 
étaient  vénéneuses  en  un  autre,  etc. 

Propriétés  générales.  Avant  de  passer  ft  la  partie  pm*ement  descriptive,  il 
semble  que  nous  devrions  donner  des  généralités  alimentaires,  toxicol^giques, 
chimiques  et  thérapeutiques  qui  se  rapportent  à  notre  famille.  Mais  ces  généralité^:, 
n'ayant  rien  de  bien  spécial  pour  les  Agaricinées,  seront  mieux  placées  à  l'artidc 
Ghampighoii^,  car  elles  comprendront  alors  celles  qui  se  rapportent  aux  Bolétacées, 
aux  llydnées,  aux  Cla variées,  etc.  Prévenons  seulement,  puisque  cet  article  est  le 
premier  en  date,  qu'on  ne  devra  pas  diercher  ici,  ni  flans  les  articles  suivants,  ces 
vaines  caractéristiques  générales  pour  distinguer  les  champignons  vénéneux  des 
espèces  comestibles,  attendu  que  de  telles  caractéristiques  n'existent  pont;  que 
les  essais  qui  ont  été  tentés  en  ce  genre  caractérisent  seulement  Fétat  peu  avancé 
de  la  science,  dans  le  temps  ou  dans  l'esprit  de  leurs  auteurs,  et  ne  sont  propres 
qu'à  égarer  ceux  qui  s'y  confieraient.  En  ce  qui  concerne  les  Agaricinées,  les 
e^ièces  que  l'on  peut  regarder  organiquement  comme  les  plus  voisines,  telles  que 
l'oronge,  la  fausse  oronge,  l'annanite  bulbeuse,  présentent  souvent  l'une  on 
excellent  aliment,  l'autre  un  poison  redoutable,  tuidis  que  les  espèces  les  plus 
éloignées  par  leurs  caractères  botaniques  se  rapprochent  par  leurs  qualités  ali- 
mentaires ou  vénéneuses. 

Enfin,  on  chercherait  vainement,  ainsi  que  nous  l'avons  démontré  ailleurs 
(Vnion  médicale,  mars  1861,  et  Presse  scienUfique  des  deux  mondes^  fi^ 
vrier  1861 ,  p.  363),  un  ou  plusieurs  caractères,  ou  une  alternative  de  caractères, 
soit  botaniques,  soit  pittoresques,  soit  même  organoleptiques,  pouvant  «eukmeiit 
faire  présumer  avec  quelque  sécurité  la  qualité  alimentaire  d'un  cryptogame. 
11   faut  que  les  optimistes  «  causes-finaliers  »  en  proniient  leur  parti;  ce  u*€St 


AGÂRIGINËES.  109 

son  faTorable,  feront  certainement  rencontrer  des  espèces  non  décrites,  non 
classées,  non  nommées  ou  confondues  avec  d'autres  !  Quelle  facile  occasion  de  se 
rendre  utile,  d  attacher  son  nom  à  la  découverte  d'espèces  nouvelles,  etc.  !  Gom- 
ment se  Giit-il  donc  que  quelque  bribe  de  Tardeur  que  nos  botanistes  de  phanéro- 
games déploient  à  des  créations  de  genres  et  d'espèces,  un  peu  artificielles  peut- 
être,  et  d'une  solidité,  d'une  utilité  contestées,  ne  se  reporte  pas  sur  la  myco- 
logie ?  Nous  croyons  que  cette  indifférence  peut  s'expliquer  principalement  par  la 
difficulté  d'acquérir  les  connaissances  élémentaires  de  cette  branche  si  vaste  et  si 
neuve  des  sciences  naturelles. 

Quand  il  faut  aborder  du  premier  coup,  sans  notions  préalables,  des  ouvrages 
aussi  volumineux  et  aussi  techniques  que  ceux  de  Fries,  de  Persoon,  etc. ,  les  in- 
connues trop  nombreuses  qui  se  dressent  entre  l'auteur  et  le  lecteur  ne  tardent  pas 
à  rdkiter  oeluFci.  Nous  avons  donc  entrepris  dans  ce  travail,  tout  succinct  qu'il 
soit,  de  sortir  des  banalités  que  l'on  se  passe  de  main  en  main  quand  il  s'agit  de 
£iire  des  articles  sur  les  champignons  au  point  de  vue  médical.  D'ailleurs  l'expé- 
rience a  prouvé  depuis  longtemps  que  ces  sortes  d'écrits  ne  sont  utiles  que  selon 
la  qualité  ou  le  nombre  des  planches  coloriées  et  les  recettes  culinaires  qu'ils 
daanent.  Or,  comme  ce  n'est  le  lieu  ni  de  l'une  ni  de  l'autre  exhibition,  nous 
sommes  mis  en  demeure,  ou  de  reproduire  les  vaines  redites  sur  les  champignons 
comestibles  et  vénéneux,  aussi  faciles  à  refaire  qu'inutiles  à  relire,  ou  de  resserrer 
dans  un  petit  nombre  de  pages  assez  d'anatomie  et  de  nomenclature  des  organes 
et  des  formes  pour  qu'un  lecteur  désirant  décrire  les  espèces  qu'il  rencontre  ou  se 
préparer  à  la  lecture  des  auteurs  spéciaux,  y  trouve  les  éléments  qui  lui  sont  né- 
cesaîres.  On  comprend  que,  lorsqu'il  s'agit  de  trouver  dans  un  type  ayant  autant 
d'unité  que  celui  des  Agaricinées,  les  caractéristiques  de  plus  de  2000  espèces  et 
21  genres,  il  faut  multiplier,  affiner  l'observation  analytique  et  les  dénominations 
pour  chaque  forme  élémentaire.  Aussi  la  première  et  la  plus  sérieuse  difficulté  qui 
se  présente  pour  un  auteur  français  est  celle  du  langage.  Les  travaux  vraiment 
scientifiques  et  au  courant  des  connaissances  actuelles  sur  les  Agaricinées  sont 
écrits  en  latin,  idiome  qui  oflrait  aux  mycologues  (outre  l'avantage  de  pouvoir  être 
lu  par  les  h(Mnmes  studieux  de  diverses  nations)  une  grande  commodité  pour 
créer  un  langage  conventionnel  qui  n'eût  pas  été  accepté  dans  une  langue  parlée. 
Vais  on  doit  avouer  que  le  défaut  de  méthode  et  celui  d'un  lexique  ad  hoc  ont  fait 
payer  chèrement  cet  avantage.  Il  faut  consumer  bien  du  temps  et  passer  par  bien 
des  incertitudes  pour  acquérir  l'intelligence  précise  des  expressions  figurées  que 
Ton  a  empruntées  avec  plus  ou  moins  de  bonheur  à  la  langue  des  poètes  et  des 
orateurs  latins,  et  appliquées  à  des  objets,  à  des  attributs  auxquels  les  Latins 
n'avaient  jamais  pensé  ;  et  encore  n'y  arrive-t-on  que  par  approximation  et  seu- 
lement pour  les  expressions  dont  on  a  pu  voir  les  faits  corrélatifs  par  des  exemples 
nombreux  et  sai»ir  les  amplitudes  de  signification.  Si  ce  vice  jette  une  grande 
obscurité  dans  les  ouvrages  des  mycologistes,  on  conçoit  qu'il  rend  également  dif- 
ficile la  traduction  de  ce  langage  arbitraire  en  français.  Enfin  les  délicatesses 
de  notre  oreille  et  de  notre  entendement  ne  permettent  pas,  comme  en  latin, 
le  néologisme,  même  par  métaphore  et  par  mots  composés.  Qu'on  nous  pardonne 
donc  ce  que,  sous  ce  rapport,  notre  essai  peut  avoir  d'incomplet  et  d'imparfait. 

Nous  aspirons  cependant  à  ce  qu'un  lecteur  attentif,  non-seulement  soit  vite  en 
état  de  lire  les  auteurs  spéciaux,  et  particulièrement  Fries  pour  les  Agaricinées, 
mais  encore  puisse  déterminer  lui-même,  sans  autre  secours  que  ces  pages,  pour 
un  champignon  qu'il  a  sous  les  yeux,  la  famille,  le  genre,  puis,  en  se  reportant  à 


112  AGARICINËES. 

face  est  en  outre  tapissée  par  la  membrane  fructifère,  VHymenium  {voy.  Champi- 
G!ioii),  dont  les  longs  replis  forment  les  Lames  qui  rayonnent  de  rinsertion  ordi- 
nairement centrale  du  stipe  au  pourtour  du  chapeau  dont  elles  sont  d'ailleurs  partie 
constituante.  Le  chapeau  sans  les  lames  prend  le  nom  à* Hyménof^wre,  L'extrémité 
inférieure  du  stipe  est  en  rapport  de  continuité  avec  le  Mycélium^  tige  souterraine 
et  seule  partie  durable  de  tout  le  champignon ,  le  chapeau  et  son  stipe  n*éLuit  au 
fond  que  Ténorme  développement  d'un  bouton  à  fleur  et  à  fruit  :  d'où  leur  durée 
éphémère. 

Nous  avons  dit  que  la  face  supérieure  du  chapeau  est  libre.  Cependant  le  récep- 
tacle fructifère,  avant  son  épanouissement,  est  souvent  renfermé  dans  deux  en- 
veloppes concentriques ,  ou  Voiles ,  dont  on  peut  presque  toujours  constater 
l'existence  si  l'on  part  des  premiers  instants  et  si  l'on  s'aide  de  r(rf)servation  mi- 
croscopique. Le  Voile  général  (vélum  universale  Fr.)  part  de  la  base  du  stipe  et 
contient  d'abord  (avant  le  déchirement  de  la  parturilion)  le  champignon  entier 
(stipe  et  chapeau).  Le  second  voile,  concentrique  au  premier,  ombrage  la  face  infê- 
rieure  du  chapeau  et  en  prot^e  les  lames  ;  c'est  le  Vélum  partiel  (Fr.)  ou  simple- 
ment Vélum  ;  il  s'attache  d'une  part  au  pourtour  du  chapeau  et  de  l'autre,  en 
apparence,  au  corps  du  stipe  vers  sa  partie  moyenne,  qu'il  entoure  comme  un 
Collier,  Ce  collier  subsiste  souvent  après  le  déchirement  et  la  disparition  du  reste 
du  Veinm. 

Étudions  maintenant  chacune  de  ces  quatre  parties  oonstitijkntes  propres  à  une 
Agaricinée,  en  signalant  surtout  les  formes  qui  acquièrent  de  Timportanoe  dans  la 
classification  :  1^  rilTMéHOPHORE  ou  chapeau;  2^  les  Laxbs  rayonnantes  qui  le  dou- 
blent par-dessous  et  leurs  Spores;  S""  les  deuxVoiLRs;  4^  le  Stipe.  Nous  ter- 
minons cette  partie  :  5^  par  quelques  mots  sur  le  HvcéLiox  (mais  VHyméninm 
et  le  Mycélium,  propres  à  tout  champignon,  seront  mieux  étudiés  à  ce  mot)  ; 
6**  iiar  l'examen  des  propriétés  générales  ou  organoleptiqoes  :  couleurs,  odeurs, 
saveurs, 

I.  Le  Chapeau  ou  mieux  HTHéNOPnoRE  doit  être  étudié:  A,  dans  sa  taille;  ■, 
dans  sa  forme  générale  et  dans  les  phénomènes  de  son  développement;  c,  dans  les 
détaib  de  structure  de  sa  surface  ;  D,  dans  ceux  de  son  tissu  et  dans  sa  consistance. 

A.  Les  dimensions  du  chapeau  doivent  être  indiquées  par  la  longueur  de  son 
Diamètre  (D)  de  projection  et  dans  quelques  cas  par  la  longueur  de  la  ligne  (r) 
qtii  va  du  centre  à  la  circonférence  du  chapeau  et  qui  deviendrait  rayon  si  on  sup- 
posait le  chapeau  toujours  épanoui  et  plan  ;  mais  dans  bien  des  cas  cette  ligne  est 
î)eaucoup  plus  grande  que  la  moitié  du  diamètre  de  projection  D  ;  c'est  ce  qui 
arrive  dans  les  chapeaux  campanules  des  Coprins,  des  Mycena  ;  dans  les  chapeaux 
infundibulés,  etc. 

B.  La  forme  générale  du  chapeau  peut  être  remarquable  par  la  symétrie  de 
toutes  ses  courbes  et  grandeurs  autour  du  centre,  telle  que  toutes  les  coupes  selon 
l'axe  du  stipe  donnent  des  lignes  géométriques.  Cette  régularité  effective  (du  clia- 
[leau  et  du  stipe) ,  assez  rare  chez  les  grands  champignons,  est  un  des  caractères  de 
prt  qui  font  reconnaître  de  loin  les  Amanites,  les  Lépiotes  et  les  Coprins.  Au  con- 
traire, dans  les  Tricholomcs,  les  Russules,  les  Lactaires  et  la  plupart  des  autres 
grands  Agaricinés,  si  la  tendance  est  encore  à  la  symétrie,  il  arrive  le  plus  sou- 
vent que  les  accidents  de  végétation  ont  inégalement  déformé,  développé,  cambré, 
ondulé  les  lignes  du  chapeau  et  du  stipe.  Enlin  dans  quelques-uns  le  délaut  de 
symétrie  est  plus  prononcé  et  plus  constant  :  c'est  ainsi  que,  par  un  in^al  déve- 
loppement du  chapeau,  son  insertion  au  stipe  devieut  excentrique  ou  latérale; 


AGARICINËKS.  il3 

celte  irrégularité  nonnale  constitue  le  caractère  principal  de  deux  sou8*genres 
deFries  (Pleurotus  et  Crbpidotus). 

La  forme  générale  du  ctiapeau,  considérée  dans  sa  surface  et  son  épaisseur,  mé- 
rite d*étre  notée,  surtout  quand  elle  s'éloigne  de  la  forme  ordinaire  en  disque  :  on 
iii quelle  est  fmlvinée  (en  forme  de  coussin),  turbinée  (en  toupie),  spatulée, 
conckoide^  réniforme  ;  on  la  dit  infundibulée  (en  entonnoir),  cyathée  (en  coupe  à 
tiord  évasé)  ;  cupulée  ;  enfin,  concave ^  déprimée  ;  ou  au  contraire  conique,  capu  * 
chonée  (cuculuà)^  eampanuléey  ovée  (le  petit  bout  en  haut),  obovée^  hémisphé- 
rique; on  dira  ces  formes  et  les  suivantes  cftantoum^ef  (terme  de  tourneur)  quand 
elles  seront  évidées  par  une  ou  plusieurs  dépressions  circulaires,  enlin  convexes^ 
siéconvexes,  aplanies,  planiuscules(k  peu  près  planes),  planes.  Les  formes  moins 
symétriques  sont  dites  bosselées,  cambrées  (répandues)  ^  ondulées,  La  description 
[Jas  fine  du  détail  des  formes  et  surtout  celle  des  formes  successives  de  développe- 
ment, fort  importantes  à  noter,  exige  que  Ton  divise  rhjinénophore  et  sa  surface  en 
deux  régions  à  peu  près  égales  :  le  Disque  central,  et  la  Marge^  portion  ou  zone 
circulaire  extérieure  de  la  surface  du  chapeau.  La  marge,  qui  limite  le  disque,  se 
tennine  elle-même  par  le  Contour,  ligne  périphérique  régulière  ou  sinueuse^  lobée 
si  les  sinuosités  sont  plus  amples,  mais,  dans  l'un  ou  l'autre  cas,  toujours  planes. 

Quand  le  Disque  est  saillant,  on  dit  qu'il  est  :  umboné  (comme  le  centre  d'un 
bouclier)  si  la  saillie  est  régulièrement  et  continûment  proéminente  en  cône  à 
sommet  aigu  ou  arrondi  ;  gibbeux,  si  cette  saillie,  encore  large  et  proéminente, 
n'est  point  conoïde,  mais  convexe  ou  aplanie  ;  on  dira,  au  contraire,  que  le  disque 
est  obtus,  si  la  saillie  centrale  est  très-apprimée,  méplat,  si  elle  est  plus  plate  que 
la  m;irge  qui  la  borne;  enfin,  plan^  déprimé,  ombiliqué,  digité, 

La  Marge,  selon  ses  formes  et  ses  mouvements,  est  encore  plus  importante  à  étu- 
dier. Suivant  l'épaisseur  de  son  tissu  charnu,  elle  est  épaisse^  mince^  membra- 
neuse, translucide  ^  hyaline.  Selon  ses  directions,  elle  est  droite  on  courbée,  soit 
flédiie  (moins  de  45"*),  soit  infléchie  (entre  45*^  et  90"),  incurvée  (plus  de  èO""), 
enroulée  ;  ou  d*abord  connivente  (recourbée  dès  le  principe,  au  point  que  le 
bord  rencontre  le  stipe),  ou  d'abord  enroulée  ;  ou,  au  contraire,  elle  est  éten^ 
due ,  plane  ou  ondulée,  cambrée^  retroussée^  résupinée.  Ailleurs  la  marge,  avec 
une  portion  du  disque  qui  lui  fait  suite,  est  d*abord  droite  (rectiligne)  et 
appliquée  le  long  du  stipe,  puis  le  chapeau  se  déploie  comme  une  ombrelle,  la 
mnrge  restant  toujours  droite.  Considérée  dans  le  sens  de  sa  largeur,  la  roargo 
peut  être  fendue  (rïmosas) ,  émarginée,  êchancrée  (plusqu'émarginée),  ou  in- 
tacte. La  surface  de  la  marge  est  souvent  marquée  d'empreintes  allongées,  paral- 
lèles, se  terminant  au  pourtour  ;  on  la  dit  :  striée,  si  les  empreintes  sont  fines  ; 
sillonnée'Striéej  si  elles  sont  plus  profondes  ;  déprimée-sillonnée,  si  ce  sont  des 
sillons  larges  et  plats  ;  sillonnée-nodulée,  si  les  arêtes  en  sont  granulées  on  tuber- 
culées.  Ailleurs,  au  lieu  de  sillons  ce  sont  de  petites  vacuoles,  arrondies,  creusées 
dans  un  cutis  épais,  souvent  œdémateux  ;  on  dit  alors  vacuolée.  Mais  la  marge  est 
lisse,  si  elle  n'a  aucune  empreinte,  comme  on  la  dit  nue,  quand  elle  ne  porte 
aucune  des  villosités  ci-dessous  énumérées  et  qu'elle  n'est  ni  voilée  ni  frangée  ou 
appfjidiailée  [voy.  III,  les  deux  voiles).  Mais  la  cii'conférence  de  l'hyraénophore 
peut  dépasser  un  peu  l'ensemble  périphérique  des  lames  ;  il  en  résulte  une  petite 
zone  de  la  marge  qui  avance  au-dessus  et  en  avant  des  lames,  comme  le  bord 
d'un  toit  en  avant  du  mur  :  Fries  l'appelle  Marginelle,  Enfin  le  Bord  du  chapeau, 
comprenant  Tcxtrémité  périphérique  de  Thyménophore  et  des  lames,  est  aigu, 
épais,  obtus. 

OICT.   CKC     II.  8 


i\A  AGÂRICINËES. 

C.  Après  les  formes  générales  du  chapeau  il  faut  étudier  les  faits  de  structure  et 
d*aspect  de  sa  surface.  Sous  ce  rapport,  on  doit  considérer  dans  Thyménopliore  : 
1®  un  tégument,  et  son  tissu  saus-jacent  ;  2"*  les  débris  étrangers,  débris  de 
voile,  qui  occupent  quelquefois  sa  surface  libre. 

1°  Le  Tégument  doit  être  soigneusement  et  finement  étudié  à  l'œil  et  sous  la 
loupe.  La  surface  libre  peut  être  constituée  par  une  membrane  propre  comme  dans 
les  Amanites,  ou  être  formée,  comme  dans  les  Lépiotes,  par  la  terminaison  des 
libres  constitutives  de  la  chair  du  diapeau,  peu  changées,  mais  souvent  dissociées 
et  colorées  seulement  par  l'air  et  la  lumière  ;  alors,  même  par  un  temps  humide, 
aucun  lambeau  membraneux  notable  ne  pourra  être  détaché  :  car  par  une  traction 
centripète  on  pénètre  bientôt,  avec  les  fibres  qu'en  soulève,  dans  la  subsUince  du 
chapeau  ;  et,  par  une  traction  centrifuge,  on  n'obtient  que  quelques  bribes  du  té- 
gument; enfin,  une  cou[)e  perpendiculaire  à  la  surface  ne  montrera  |)as  cette 
couche  externe  nettement  limitée  et  munie  d'une  organisation  propre.  Si,  au 
contraire,  une  membrane  spéciale  est  évidente,  elle  sera  dite  Pelliculey  si  elle  est 
mince  et  plus  ou  moins  translucide  (Russula  fragilis)  ;  —  Cutis  et  Cuticule^  si  le 
tégument  est  plus  ou  moins  épais  et  surtout  opaque  :  alors  il  est  ordinairement 
drapé,  feutré  ;  mais  il  peut  être  aussi  sec^  papyracé,  parcheminé,  quelquefois 
céracéj  encroûté  et  cassant.  Nous  résenons  les  expressions  d'Epiderme  et  de 
Derme  pour  les  cas  assez  rares,  où  il  y  a  effectivement  deux  couches  appréciables 
dans  le  tégument.  Nous  disons  Surtout,  quand  nous  voidons  indiquer  la  couche 
extérieure  recouvrant  les  sous-jacentes  sans  en  différer  essentiellement,  sans  for* 
mer  une  membrane  propre.  Eufm  nous  nous  servons  du  mot  général  Tégument, 
quand  nous  ne  croyons  pas  devoir  décider  de  son  organisation,  adirmer  ou  nier 
l'existence  d'une  membrane. 

Il  faut  maintenant  signaler  les  différents  aspects  de  la  surface  de  ce  tégument. 
Il  ne  nous  ast  pas  possible  de  rapporter  ici  la  variété  et  la  richesse  du  langage  mis 
en  œuvre  par  le  mycdogiste  suédois,  d'autant  qu'il  n'a  pas  pris  soin  lui-même 
d'indiquer  dans  un  préambule  spécial  le  sens  et  les  gradations  dos  nombreux  attri- 
butifs, simples  et  composés,  qu'il  met  en  usage,  de  sorte  que  cette  richesse  n'aug- 
mente pas  toujours,  comme  elle  le  devrait,  la  précision  de  sos  descriptions. 

Selon  l'état  hygrométrique  (qu'il  faut  noter)  et  selon  les  groupes  et  les  espèces, 
le  tégument  est  sec,  humide  (udus),  mouillé,  guttulé  (chargé  de  gouttelettes, 
irroratus);  il  est  gélatineux..,,  gluant,  visqueux,  ou  seulement  mouillé  et 
glissant  ;  par  un  tem|is  sec  la  viscosité  a  pu  disparaître,  mais  elle  est  dénoncée 
par  la  terre  et  les  fétus  agglutinés  sur  le  chapeau  et  quelquefois  par  un  vernis.  La 
surface  est  unie,  lisse,  glabre,  lustrée,  satinée  ;  soyeuse  (lusti^  et  fibrilleusi*)  ; 
elle  peut  être  mate^  drapée^  feutrée^  tomenteuse  dans  le  cas  où  le  duvet,  déplus 
en  plus  visible,  est  enlacé  et  non  libre  ;  on  ajoutera  que  ce  drapé,  ce  cutis  est 
oedémateux,  si,  mou  et  comme  enflé,  il  se  laisse  facilement  déprimer,  sillomier, 
enfin  s'il  prend  l'empreinte  de  toute  pression,  comme  de  la  pulpe  du  doigt  oit  de  ses 
stries  papillaires.  Mais  on  dira  surface  velouté.*^  si,  comme  dans  le  velours,  le  duvet 
esttrc»doux,  quoique  dressé  et  serré; — velue  si  les  |)oils  sont  rrlativeinenl  plus 
longs  et  moins  serrés ,  — poilue^  villeusCy  si  plus  longs  et  couchés  ;  —  (ibrilleuse^ 
fibreuse,  s'ils  sont  plus  git»  et  moins  doux  ;  -^peluclieuse,  si  les  villosités  sont  un 
peu  mêlées  ;  —  ouatée  ou  lainée,  si  elle  rap|ielle  ces  substances  ;  —  a^épue,  ht* 
rissée,  si  les  poils  sont  dressés  et  rudes.  Ces  villosités,  fibrilles  et  liU'es  peuvent 
ètTccoudié£s,appriméeSy  imbriquées^  agglutinées (etiiro  elles),  aduées,si,  solide- 
ment fixées  par  une  extrémité,  elles  sont  libres  de  l'autre;  mais  on  dira  innées  si, 


AGARICINÉËS.  Ii5 

tfuoiqiie  oiOantes,  elles  sont  adhérantes  dans  toute  leur  toogueur  et  comme  faisant 
prtie  delà  cutieole  ;  — délébileêj  si  on  les  enlève  facilement  ;  caduques,  si  d'elles- 
mêmes  elles  se  détachent  de  bonne  heure  ;  enfin  fugaces j  si  elles  sont  délébilcs  et 
odwfÊBS,  Au  lieu  de  adnées  on  préférera  cannées  pour  exprimer  l'union  intime 
des  extrémités  adhérentes  dans  le  cas  où  le  tégument  est  un  Surtout  (où  il  n'y  a 
pis  de  membrane  propre).  Ces  villosités  peuvent  former  conune  un  chaume,  une 
fmmarej  une  couche  continue,  ou  des  manipules,  des  faisceaux,  des  arêtes,  et 
former  des  stries,  des  cannelures,  des  sillons;  des  rigoles,  si  elles  sont  moins 
régulièrement  droites  et  peu  parallèles  ;  des  réticuUUions  rameuses  ou  en  réseaux; 
en  s  agglutinant  autrement  les  fibrilles  peuvent  former  des  mèches,  des  houppes 
(mèches redressées),  des  papilles,  des  squames;  les  squames  seront  plutôt  dites 
ksilles  si  elles  scmt  grandes  et  larges,  et  squamnUes  si  ell^  sont  très-petites. Mais  si, 
an  lieu  d'être  saillantes,  les  fibrilles  sont  comme  imprimées  ou  connées  dans  toute 
leor  longueur  et  plutôt  perçues  par  la  différence  des  nuances,  on  dira  que  la  surface 
est  vergée  (fouettée)  ;  qu'il  y  a  des  vergeUures  fibrilleuses,  parallèles,  onduleuses 
00  irrégulièresy  réticulaires,  rameuses,  mêlées  (suivant  les  aspects),  etc. 

Les  squtnneSy  adnées,  pourront  être  pointues  ou  arrondies  ;  et  de  plus,  ciliées, 
fiMmeuses,  viUeuses,  pelucheuses,  fibrUUuses,  fibreuses  ;  elles  seront  retroussées, 
ajiprimées,  innées,  etc.  ;  molles,  fermes,  dures,  scabres  ou  douces.  Enfin  bi 
letkure  de  cette  surface  pourra  encore  lui  donner  un  aspect  :  semé  d^ aspérités, 
tubercule,  iferruqué,  papiUé,  chagriné,  granulé,  arénulé,  dépoli  -,  mais  furfu- 
racéy  pulfférulé,  fariné,  pruiné,  si  ces  aspérités  sont  délébiles.  Le  bord  de  la 
marge  et  le  centre  du  disque  sont  le  lieu  d'élection  de  ces  diverses  villosités, 
squames,  pulvérulence  et  impression  ;  ils  devront  être  soigneusement  étudiés  à  ce 
fuint  de  vue,  a6n  de  déterminer  si  la  marge  est  nue  ou  revêtue. 

bGiticule  ou  Pellicule,  en  se  plissant,  surtout  sur  le  disque,  pourra  y  former 
des  rigoles,  des  plis,  des  rides  dessinant  des  ramifications,  des  réticulationSj  des 
sréoles.  Ce  tégvunent,  en  se  fendant,  se  fendillant,  se  trésaiUant  (fines  fissures 
iormuit  de  petites  surfaces  polygonales),  se  gerçant  si  les  ruptures  très-superfi- 
cielles ont  toute  autre  direction,  ou  se  facettant  (terme  de  lapidaire,  se  décou* 
pnt  profondément  en  facettes)  ;  ou  se  laciniant  (en  bmières),  se  lacérant  (en 
tous  sens),  donnera  lieu  à  des  crevasses,  rigoles,  fissures,  gerçures,  qua- 
irillages,  etc.,  déterminant  des  plaques,  des  croûtes,  des  marqueteries,  des 
squames,  des  chinures  (quand  les  éraillures  superficielles  déterminent  des 
figutes  indécises,  comme  ondulées,  non  symétriques,  mais  multipliées  et  se  ré- 
pétait avec  une  certaine  régularité),  des  lanières,  des  fibres;  des  granulations 
de  divers  aspects,  et  par  suite  une  surface  fendillée  :  gercée,  granulée  ;  facettée 
(taillée à  facettes),  écaillée,  squamulée  ;  rigolée;  chinée;  lacinée;  fibrillée,  etc. 
soivant  la  profondeur,  l'étendue,  la  régularité,  la  direction  rayonnante,  circu- 
laire, mixte  ou  irrégulière  de  ces  ruptures.  Il  est  bon  de  remarquer  que,  si  ces 
niptures  se  font  dans  la  jeunesse  du  champignon,  elles  résultent  plutôt  d'un  arrêt 
de  développement  dans  le  tégument  ;  si  dans  la  vieillesse,  d'une  rétraction  de  ce 
tégument.  Le  toucher,  consulté  à  son  tour,  donnera  la  sensation  d'une  surface 
potie,vdoutée,.,.  scabre,  rugueuse,  etc.. 

2*  Cependant  il  importe  de  ne  pas  confondre  ces  détails,  qui  appartiennent  en 
propre  à  l'h^inénopliore,  et  sont  connés  à  son  tissu,  au  moins  à  son  tégument, 
avec  les  débris  plus  ou  moins  délébiles,  adnexés  ou  adfixés,  qui  ne  sont  que  les 
restes  du  voile  général  ou  Volva,  Indiquons  de  suite  les  principales  formes  de  ces 
défans  irès-canctéristiqnes.  Us  peuvent  être  formés  par  des  plaques  larges  et  memr 


lie  AGARICINÊES. 

branetuet;  ils  sont  alors  irrégaliers,  peu  constants,  et  pour  ainsi  dire  aocidenleb, 
délébiles  (Avahita  tagihata,  Yoltaria,  etc.)  ;  ou  ces  débris  sont  régulièrement 
dÎTisés  en  petites  masses,  ou  polygonales,  facettées,  diamantées  (plus  petites  et 
non  moins  nettes),  à  sommet  obtus  ou  aigu,  mucronè^  etc.  ;  on  sous  ibnue  de 
verrues  épaisses,  cedémuteuses  ou  de  stfuames  légères^  cotonneuses^  fbÊmemses^ 
micacées  y  granuleuses,  farineuses^,.,  etc.,  plus  on  moins  adnexées;  —  plus 
ou  moins  délébiles  ou  caduques  ou  persistantes.  Ces  débris  sont  ordinairement 
plus  rapprochés  sur  le  disque  que  sur  b  marge.  Celle-ci  est  plutôt  occupée,  dans 
quelques  groupes,  par  les  débris  plus  on  moins  aranéeux  du  voile  descendant 
(variété  du  vmle  général),  dont  je  parlerai  plus  bas.  Ce  Totle  laisse  sur  la  marge 
{marge  voilée),  ou  sur  son  bord  (bord  frangé  ou  appendiadé)  des  débris pbis  ou 
moins  réguliers,  membraneux,  mais  plutôt  fibriUeuXj  aranéeux,  flaUants  ou 
appliqués,  diversement  colorés,  régidiers,  et  adnexés,  débiles,  etc. 

D.  Le  tissu  de  l*hyménophore  peut  présenter  dans  ses  formes  toutes  les  grada- 
tions imaginables.  Quelquefois  il  manque  absolument,  excepté  peut-être  au  centre 
du  disque  :  l'hyménophore  est  alors  formé  d'une  simple  pellicule  sous  laquelle  se 
plisse  l'hyménium  ;  il  est  pelUcnlaire,  translucide  et  même  hyalin,  la  chair  de 
ï'hyménopliore,  con^dérée  dans  son  tissu  et  dans  sa  résistance,  peut  être  aussi 
variée  que  celle  de  la  trame  ci-dessous  décrite  (voy,  p.  120)  ou  du  stipe  (p.  i24K 
Ce  tissu  diamu  peut  être  plus  ou  moins  spongieux  et  capable  de  retenir  l'eau 
dans  ses  mailles,  de  manière  à  aviver  sa  couleur  propre  en  la  mouillant;  on 
dira  couleur  moite  (udus).  Si  un  hyménopbore  mince  a  la  propriété  d'imbiber,  et 
par  ce  mélange  avec  l'eau  imbue,  de  ternir,  d'assombrir  ou  de  changer  ses  cou- 
leurs à  un  haut  degré,  Fries  le  dit  hygrophane  (couleur  imbue).  (Voy.  p.  127;. 
Enfin,  s'il  peut,  par  les  progrès  de  Fàge,  être  séparé  ou  séparaUe  en  une  ou 
deux  couches  horizontales,  présentant  comme  une  sorte  de  clivage,  on  dit  qu'il 
est  sdssile. 

Nous  dirons  plus  bas,  à  propos  des  propriétés  organoleptiques,  ce  qui  concerne  b 
couleur,  l'odeur,  la  saveur.  Mais  avertissons  de  suite  combien  il  importe  d'obser- 
ver les  mutations  ou  l'uniformité,  la  constance  des  teintes  et  des  colorations, 
i«  suivant  les  âges  des  individus,  2®  suivant  la  surface  :  ainsi,  les  nuances  si* 
foncent  généralement  un  peu  ou  beaucoup  de  la  circonférence  au  centre;  on  ob- 
serve encore  sur  b  surface  des  macules,  des  taclies,  des  gouttes  (dessinées),  etc., 
ou  des  bandes  régulières  ou  irrégiilières  ;  et  l'on  a  des  surfaces  pointiUêes, 
gouttées  (terme  de  blason,  gouttes  dessinées,  ne  pas  confondre  avec  guttulées,  char- 
gées de  guttulcs  liquides)  ;  jaspées,  mouchetées^  rayées,  maculées,  marbrées,  ti- 
grées; chinées,  si  les  figures  qui  résultent  du  tigré  sont  indécises  et  ondulées,  pa- 
nachées, si  les  mouchetures  sont  un  peu  allongées  et  de  différentes  couleurs  ;  enfin, 
liolées  (vieux  mot  fort  élégant,  encore  en  usage  surtout  au  figuré,  et  qui,  pri< 
en  mauvaise  part,  a  donné  bariolé),  rayées  de  diverses  couleurs;  —  zonées^  si  les 
nuances  sont  en  cercles  concentriques,  quelquefois  seulement  indiqués,  mais  tou- 
jours importants  à  noter  ;  ^  suivant  l'épaisseur  ou  la  profondeur  de  tissu  :  il  im* 
porte,  |jar  exemple,  de  noter  la  nuance  du  tissu  immédbtement'sous-jaœiit  au 
tégument  ;  A^  par  la  rupture  artificielle  ou  l'éraillure  naturelle,  qui  ont  pour  effet 
un  changement  de  nuance  immédiat^  subséquent  ou  tardif. 

II.  Lames.  La  partie  inférieure  de  l'hyménophore  ou  plancher  est  occupée 
par  les  bmes  du  chapeau  rayonnantes  autour  du  stipe.  On  appelle  vallécules  le 
fond  des  sillons  qui  les  séfiarent.  La  forme  des  lames  et  leur  constitution  jouent 
un  grand  rùle  dans  la  sériation.  Elles  doivent  être  étudiées  :  A,  selon  kuis 


AGAniCINÉES.  117 

dimensions  et  leur  nombre  ;  m,  selon  leur  forme;  c,  sekm  l'aspect  de  leur  sur£ioe 
et  de  leurs  spores  ;  D,  dans  leur  constitution  anaioroique  et  leur  consistance. 

A.  Considérées  quant  à  leur  dimension,  les  lames  sont  larges,  étroites  ou  Zt- 
néaires  ;  rarement  si  étroites  qu'elles  ne  forment  plus  qu'un  pli,  et  on  les  dit  pli- 
dfarwteSj  ou  même  une  ride,  rugiformes.  On  pourra  mesurer  directement  cette 
laiigeur  (1.)  ou  la  comparer  par  une  coupe  à  l'épaisseur  de  Thyménophore  qui 
les  porte.  Les  lames,  étudiées  quant  à  leur  nombre,  sont  écartées  ou  rappro* 
dk^j  ou  même  corUigués  et  par  suite  rares  ou  nombreuses  ou  pressées. 

B.  Quant  à  leur  forme,  les  lames  sont  simples  ou  bifurqiÊées  ;  dichotomes  ou 
rameuses  ;  quelquefois  anastomosées.  La  bifurcation  peut  partir  du  stipe  ou 
d'un  point  de  la  longueur,  souvent  du  milieu  de  la  lame  entière.  La  dichotomie 
peut  être  régulière,  soit  générale  (propre  à  diaque  lame),  soit  de  deux  en  deux, 
de  trob  en  trois,  etc.  ;  ou  irrégulière,  rai^e,  presque  acddentelle.  Si  toutes  les 
lames  sont  simples,  elles  sont  ordinairement  inégales,  c'est-à-dire  que  partant 
tontes  du  pourtour,  les  unes  atteignent  la  plus  grande  longueur  vers  le  stipe  ;  les 
autres,  ordinairement  situées  symétriquement  entre  les  premières,  s'arrêtent 
environ  vers  les  deux  tier»,  la  moitié,  le  tiers,  le  quart  de  la  longueur  des  lames 
entières.  Souvent  on  les  appelle  indistinctement  demi-lames,  mais  nous  préférons 
avec  Vîttadini  lamelltdes.  Ces  lamellules  se  terminent  de  diiîérentes  manières  en 
dedans  :  quelquefois  tout  d'un  coup  et  carrément  (plusieurs  Amanites),  quelquefois 
déchiquetées,  le  plus  souvent  en  pointe  aiguë  ;  cette  extrémité  intérieure  est  libre  ou 
année  avec  la  lame  adjacente.  Qiaque  espace  angulaire  ou  secteur  séparant  deux 
braes  (entières)  peut  ainsi  être  comblé  par  1 ,  3,  5,  7,  etc.,  lamellules  (rarement 
et  anomalement  par  un  nombre  pair),  suivant  le  développement  du  chapeau  et 
récartement  des  lames  entières  :  le  nombre  des  lamellules  peut  donc  être  noté, 
mais  surtout  leur  régularité  et  leur  symétrie.  Ainsi,  dans  quelques  genres  (Rus^ 
suies),  les  lamellules  ne  se  rencontrent  qu'irrégulièrement,  comme  exceptionnelle- 
ment, ou  même  manquent  tout  à  fait. 

Étudiée  isolément,  une  lame  oflre  à  considérer  deux  bords,  deux  faces  et  deux 
eitrémités.  Mais  nous  appelons  simplement  bord,  le  bord  inférieur  et  libre  ;  il  est 
eidinairement  mince  ei  aigu  (Axauite,  Agaric),  quelquefois  épais  (Cantuarellb, 
NrcTAUs,  Xerotus),  rarement  caneUiculé  (Taocu).  Ce  bord  est  glabre,  lisse  et  ve- 
louié,  ou  (vu  à  la  loupe)  finement  frangé,  papille,  micacé  (papille  et  brillante), 
pulvérulent  ;  intact  ou  denticulé,  dentelé,  érodé,  déchiqueté,  échancré.  Suivant 
sa  coarfaure,  ce  bord  est  ondulé  (ne  pas  confondre  avec  lame  ondulée  ou  mieux 
onduleuse,  godée,  etc.,  ci-apràs),  ventru  (irrégulièrement  convexe), ar^u^  (offrant 
trois  courbures  en  forme  d'arc  ou  de  demi-accolade),  en  segment  (régulièrement 
convexe  comme  une  portion  de  cercle),  ové  (segment  irrégulier,  bi  courbe  étant 
apbtie  vers  la  marge,  proéminente  vers  le  stipe  comme  la  demi-courbe  d'un  œuf, 
dont  le  gros  bout  reposerait  sur  le  stipe) ,  obové  (la  même  courbe  retournée,  le 
méplat  ou  petit  bout  appuyé  sur  le  stipe),  ou  droit.  Les  bords  sont  parallèles  entre 
eai  (AnAflrrE,  Lépiote,  etc.)  ou  ils  sont  discordants  (Tricholoma). 

Les  faces  des  lames  sont  lisses,  mais,  vers  le  bord  adhérent,  elles  sont  quel- 
quefois veinées,  rétiaUées  ;  ces  faces  sont  libres,  ou  quelquefois  anastomosées  par 
ces  vënes,  surtout  vers  le  bord  adhérent  ou  vers  une  extrémité.  Les  extrémités 
périphériques,  dites  aussi  externes  on  antérieures  (on  dit  simplement  en  avant) 
^mtot^uêf  ou  oMuaes  (larges  et  arrondies);  le  plus  souvent  elles  atteignent  le  niveau 
delà  maige  de  l'hyménophore;  ou  elles  sont  dépassées  par  la  marginellc  (quel- 
ques CopRuiAiBEs),  ou  elles  sont  dépassantes  (quelques  Russules). 


ils  AGARICINÉES. 

Left  exlrémités  eentrafes  /on  les  dit  en  arrière)  sont  particiiUèremetit  irapor- 
tsnles.  Elles  atteignent  le  stipe  ou  non  :  dans  le  second  cas,  elles  sont  /tbn»;  dans  le 
promier,  elles  sont  dites  adnées  si  elfes  peuvent  s'y  attacher  solidement,  en  sorte 
qu'elles  se  rompent  plutdt  qu'elles  ne  se  détachent  ;  mais  on  les  dira  ainexée$  si 
elles  se  déCaclient  plutôt  que  de  se  rompre;  «fatordoiiiti^  indique  qu'on  les  limne 
adnées  dan»  le  premier  âge  ;  ensuite  ou  enfin  ainexéeif,  qu'on  les  trouve  adnesées 
▼ers  l'âge  adulte  ou  un  peu  après.  Souvent  elles  s'attachent  et  se  continuent  sur  le 
stipe,  et  sont  dites  déeurrentes  (Guhociwl)  ;  elles  peuvent  être  décurrentes  dan» 
tonte  leur  hauteur,  allant  tout  entières  se  déterminer  en  pointe  aiguë  sur  le  stipe, 
alors  elles  peuvent  être  entre  elles  également  ou  inégalement  décurrentes  sur 
ce  stipe ,  ou  bien,  étant  terminées  et  arrondies  sous  fe  chapeau,  elles  sont  dénii^ 
rentes  seulement  par  le  prolongement  de  leur  bord  adhérent ,  et  on  les  dit  décor- 
rentes  par  filets  striant  le  sommet  du  stipe.  La  terminaison  de  cette  faune  décurrcnlc 
par  elle-même  ou  par  filet  peut  être  nettement  définie^  ou  s'en  aller  en  mourant  et 
striant  le  sommet  du  stipe  {décurrenee  indéfinie);  dans  le  cas  de  décarrence 
définie^  elle  est  quelquefois  terminée  par  un  liséré^  souvent  bfainc,  phis  ou  rooin» 
marqué,  couronnant  le  sommet  du  stipe.  Dans  la  lame  adnenée,  le  filet  se  détache 
du  stipe  avec  la  lame,  ce  petit  filet  prend  alors  le  nom  de  dent  ;  on  dit  plutôt  crochet 
si,  le  bord  libre  de  la  lame  étant  émarginé  près  de  la  dent,  il  en  résulte  un  crochet 
plus  marqué.  Quand  les  lames  sont  décurrentes  par  une  dent,  un  filet,  etc.,  elles 
peuvent  être  en  même  temps  décurrentes  et  horÎMmUUes  (par  leur  corps)  ;  autre- 
ment elles  sont  décurrentes  descendantes^  ce  qui  résulte  de  la  forme  tarhinée  ou 
Infnndibulée  de  l'hyménophore.  Ces  mêmes  extrémités  intérieures  des  faunes 
peuvent  être  entières  et  adnées  ou  adneiées  au  stipe  dans  toute  leur  hauteur  ;  ou, 
étant  arrondies  en  dedans  et  en  bas  (convexité  quelquefois  un  peu  étkancrée), 
elles  ëoniattenantes  au  stipe  seulement  par  la  moitié  ou  le  tiers  supérieur  de  leur 
largeur,  et  les  lames  sont  dites  arrondies;  ou  bien  au  lieu  d'être  arrondies,  ces  e\- 
trémités  sont  plus  ou  moins  profondément  émarginées  sur  leur  bord  libre,  et  les 
lames  dites  émarginées;  et,  dans  les  deui  cas,  lames  sinaées. 

Quelquefois  il  est  difficile  de  décider  si  des  lames  sont  adnées  ou  adnexées,  nous 
disons  alors  attenantes.  En  comparant  les  deux  extrémités  des  lames  on  dit 
qu'elles  sont  également  ou  inégalement  atténuées.  Les  lames  à  leurs  extrémités 
centrales  peuvent  être  connées  entre  elles  et  former  ainsi  un  anneau  fe  plus  sou- 
vent adnexé  au  stipe;  on  dira  lames  aânexéee^mmulées.  Quand  les  lames  ne 
sont  pas  atteignantes^  elles  sont  quelquefois  séparées  du  stipe  par  un  bourrefet  rir- 
culairc,  charnu,  plus  ou  moins  modelé,  appelé  coUarium  (quelques  Ltoonts,  Aka- 
RiTKs  et  CoPRiKs);  le  plus  souvent  elles  sont  séparées  du  stipe  par  un  sillon  que  nous 
a|i|ielons  Uainure  (rainure  circulaire  comprise  entre  le  stipe  et  l'extrémité  interne 
diM  lames,  que  les  lames  soient  libres  ou  sinuées-arrnndies).  Il  ne  peut  donc  y  avoir 
di*  Hainure  quand  les  lames  sont  ou  vraiment  décurrentes  ou  décurrentes  por 
Hlists  ;  mais  il  peut  y  avoir  alors,  et  il  y  a  le  plus  souvent,  mie  Gorge  dcubiie 
diJ<*  h  r«'margiiiation  des  lames  avant  leur  adnoxion  au  stipe.  Les  lames  sont  minces 
ou  épaisses^  onliiuiirement  perpendiculaires  à  rhjménophore,  quelquefois  cou- 
rhérs^  selon  lo  sens  de  leur  longueur.  Enfin  ces  lames  waiplanes  ou  onduleuses^ 
godées  (ondulées  seulement  vers  le  bord),  ou  crtspées; selon  leur  lai^geur, elles  sont 
rarement  un  peu  courbées^  recourbées  en  conque  vers  leur  bord  (ScHnoPHVLUFVK 
C^  LamM  selon  l'aspect  de  rhj-ménium  et  des  spores.  L'Hym^tVffi  sera  décrit 
h  Tartide  général  CHAMPIGNONS.  Disons  seulement  ici  que,  dans  la  fiuniHe  des 
AoÂairiii^.BS,  la  membrane  prolifère  ou  hyménium  porte  d'innombrables  basides. 


A6ARICINÉBS.  4i9 

grosses  cellules  Tésicaitfbrlnes,  oUongues,  ooufoiméâs  à  lean»  extrémités  libres  de 
quatre  pédkeb  oh  Stytes,  portant  diaom  une  Spore  (on  dit  mieux  Stylospores 
quand  on  veut  marquer  la  dîflerence  avec  la  spore  proprement  dite  qui  naît  libre 
dans  une  thèque  ;  mais  toutes  les  Agaricinées  étant  ^tylosporées,  il  ne  peut  y  avoir 
dcoonfusioD,  et  poufiabréger,  nous  disons  selon  Tusage  spores).  Lors  de  la  matu- 
rité, ces  spores  se  détachent  et  forment  cette  matière  pulvérulente,  de  couleur  di- 
xme,  qui  tantôt  inonde  exclusiremeut  les  lames  et  les  corps  situés  au-dessous 
dn  chapeau  (CoinriitAiaEs),  —  tantôt  est  lancée  aussi  ^n  peu  au  delà  (Agahic). 

Les  spores  doivent  être  étudiées  suivait  leur  couleur  et  leur  foime.  Avec  un  peu 
d'habitude,  on  reconnaît  le  plus  souvent  sur  les  lames  du  diampignon  adulte  la  cou- 
leur générale  des  spores  vues  en  masse.  Cependant,  quand  les  lames  ne  sont  pas 
Manches,  qu'eUes  ont  elles-mêmes  une  coloration  qui  leur  est  propre,  la  superpo- 
sition des  deux  nuances  peut  tromper.  U  est  donc  plus  sûr  de  laisser  pendant 
quelques  heures  TAgaricinée  adulte  sur  une  feuille  de  papier;  on  pourra  ainsi 
eooslater  la  nuance  générale  de  la  poussière  séminale  tomkmt  du  chapeau.  Cette 
déteraiination  est  de  première  importance  pour  la  classification  de  Fries.  Le  plus 
souvent  d*ailleurSy  en  récoltant  le  champignon,  on  peut  constater  la  couleur  des 
spores  déjà  répandues  sous  le  chapeau. 

Couleur  des  spores  en  masse.  Cette  couleur  est  blanche  ou  blanchâtre  (d'un 
libnc  très-légèrement  jaunâtre  ou  orangé  très-clair)  chez  les  Agaricinées  dites 
Ledcosporbs.  Avec  M.  de  Seynes  nous  appelons  Chbomospores,  celles  dont  les 
spores  sont  décidlément  colorées,  depuis  le  rose  tendre  (mais  toujours  un  peu  terne 
a  cause  de  la  pulvérulence)  jusqu'au  brun  et  au  noir  {voy.  Agabic,  p.  87,  et  l'ar- 
ticle Chbomospores). 

La  forme  de  ces  spores  n'est  pas  moins  importante  pour  une  étude  complète. 
Cependant,  comme  elle  ne  peut  se  faire  sans  le  microscope,  elle  est  rarement  indis- 
pensable pour  déterminer  la  place  d'une  espèce,  mais  elle  Test  pour  établir  une 
bonne  classification,  pour  confirmer  la  légitimité  de  certaines  divisions,  quelque- 
Ibis  la  séparation  de  certaines  espèces  :  car  la  forme  et  le  volume  des  spores  sont 
très^xmstants  et  souvent  trè&<»ractéristiques.  Ainsi,  les  unes  sont  petites,  lisse^^ 
presque  globuleuses  (AiuirtrES,  etc.),  d'autres  sont  réniformes,  d'autres  étoilées, 
d'autres  régulièrement  ou  irrégulièrement  polygonales,  d'autres  sphériquesetmûri- 
ibnnes  (en  forme  de  mûre)  (Russules  et  Lactaires),  d'autres  grosses,  ovoïdes  et 
lisses  (CovBin),  d'autres  diversement  ovoïdes,  polygonales,  étoilées,  fusiformes,  etc. 
H  est  donc  très-utile  de  fixer,  à  côté  de  la  description  d'un  champignon,  un  petit 
pli  de  papier  conservant  ses  graines  pour  un  exan\en  ultérieur. 

ùndeur  des  lames,  La  couleur  propre  des  lames,  celle  qui  dépend  de  la 
tfame  et  de  l'Aym^iititm,  abstraction  faite  des  spores ,  ne  peut  être  appréciée 
que  dans  l'enfance  du  champignon  :  car,  dès  qu'il  approche  de  l'âge  adulte, 
h  couleur  des  spores  qui  recouvrent  les  lames  nHNlifie  entièrement  la  couleur 
do  fond.  Cependant  la  couleur  de  l'ensemble  (lames  et  spores)  est  la  seule 
dont  on  s'occupe  ordinairement.  On  dit  en  conséquence  que  la  couleur  des 
lames  change  avec  l'âge  de  l'Agaricinée  (excepté  quand  les  spores  ont  la 
même  couleur  que  le  support,  quand  tous  deux  sont  blancs  par  exemple)  ;  et 
ee  changement  est  dû  à  la  maturati(m  des  spores,  qui  d'incolores  se  teintent 
progressivement  des  couleurs  qui  leur  sont  propres.  On  aura  donc  soin  de  noter 
trois  ou  quatre  nuances  principales  dans  la  série  des  Ions  chromatiques  (voy.  Coc- 
ucas)  que  parcourt  chaque  espèce  pour  passer  de  sa  teinte  primitive  prise  cliez 
les  plus  jeunes  non  encore  épanouis  à  celle  des  adolescents,  des  adultes  mûrs, 


IM  AGARICI5£ES. 

flfes  déerépîU.  Indépenduninait  4e  b  détermmation  4e  la  eoolear,  il  faut  noter  les 
tné^rales  dislrîhations  des  teintes  sur  les  lames  :  quelqiies-iines  sont  marbréetj  on 
les  dit  papilionaeèeê;  beaucoup  oflrait  sur  leur  bord  un  liséré  autrement  ooioi^, 
souvent  blanchâtre,  avec  la  dent  décnrrente  aussi  blanchie,  ou  les  dit  Uêérées,  En- 
fm,  il  est  des  lames  qui,  non  entamées,  laissent  perler  et  tomber  de  leur  sur&ceet 
de  leur  bord  des  gouttelettes  liquides  ;  on  les  ditpfeicniiiles.  On  dira  mieui  ^iiOv- 
léefj  si  ces  gouttes,  aplaties  et  adhérentes,  ne  tombent  pas. 

».  CofutUutionanaUnniqueeico9uittaneedesla$Hes.  La  bune  est  formée  pir 
un  repli  de  Thyménium  dont  les  parois,  non  abaolnment  adossées,  sont  séparées 
par  une  6ne  tranche  ou  Trame  (Fr.)  plus  ou  moins  épaisse,  qui  descend  du  tt«i 
de  l'hyménophore  et  s'insinue  entre  les  deui  faces  profondes  de  ce  pli  hjménial 
pour  lui  donner  phis  de  consistance,  et  sans  doute  lui  servir  de  placenta  noarri- 
cier.  Suivant  la  qualité  de  cette  trame,  les  lames  seront  fragileê  (cassantes  ou  dé- 
chirables)  ou  tenaces  (résistantes)  ;  moUes,  toupies  et  flextUei  {lentœ,  moUes 
mais  résistantes)  ou  fermes.  En  effet,  le  tissu  de  la  trame  peut  être  :  1*  entière- 
ment eelUUeuXf  lâdie,mou,  imbibé  (AiiANrrBs,  Paxillbs,  Gopeiks).  Alors  les  hroes 
peu  soutenues  sont  faibles,  molles,  surtout  si  elles  sont  larges  :  on  pourra  dire 
la  trame  celluleuse  et  débile  —  et  les  lames  moUes- fragiles.  Les  lames,  ainsi 
oonslituées,  peuvent  souvent  être  séparées  du  plancher  de  l'hyménophore  sans 
(lécliinires  appréciaUes  (Pàxillds,  etc.)  :  on  dit  alors  lames  séparabUs.  De 
plus,  â  cause  du  peu  de  r^istance  du  tissu  de  la  trame,  chaque  lame  ou  pli  hymé- 
nial  pourra  souvent  être  ouvert,  dédoublé  en  ses  deux  membranes;  on  dit  :  lame 
dédotiblable.  2*  CelluUhfibrettx,  mais  à  Gbre  encore  molle  et  floconneuse,  coaum* 

une  fine  ouate  plus  ou  moins  serrée,  humide  et  fragile Les  lames  ont  plus  de 

soutien  que  dans  le  premier  cas,  mais  moins  de  fermeté  que  dans  le  suivant  ;  elles 
sont  molles,  souples,  aisément  lacérées  et  encore  déboufalables:  nous  disons  laine> 
souples^fragiles  et  la  trame  floconneuse,  quelquefois  mêlée  de  grains,  grafiukuse. 
3^  Tissu  encore  celluleux,  vâsiculeiix,  mais  plus  sec,  compact,  granuleux  (Rossuus, 
HvGROPHORB»)  ;  alors  les  lames  sont  fermes-fragiles ,  et  le  pli  hyménial  ne  peut 
être  ouvert  ;  nous  disons  cette  trame  celluUhCompaete.  ¥  Le  tissu  de  la  trame  esc 
M^ulement  fibreux  :  alors  les  lames  deviennent  très-flexiUes,  quelquefois  nwile» 
encore,  mais  tenaces,  très-tenaces,  etc.,  c  est-à-dire  résistant  aux  causes  de  rup- 
ture de  déchirure,  (lentx)',  les  lames  seront,  suivant  les  cas,  moUes-tenaces^ 
flexibles-tenaces,  fermes-tenaces.  5"^  Enfin,  le  tissu  de  la  trame  est  coriace,  subé- 
reux; et  les  lames  deviennent  â  la  fois  très^tenaccs  et  très-fermes  (ScmzoMTUCii. 

l/i  professeur  Pries  attache  une  grande  importance  à  cette  constitution  de  b  traoH' 
et  des  lames  pour  rétablissement  des  genres.  D'ailleurs  le  tissu  de  h  trame  est  le 
plus  souvent  de  même  nature  que  celui  de  l'hyménophore,  dont  la  trame  n'est  qu'un 
prolongement;  c'est  donc  une  solide  base  anatomiquc  que  celle  choisie  par  Fries,  niai$ 
difficile  h  apprécier,à  cause  de  ses  transitions  insensibles.  Il  iiiut  convenir  que  l'ilkistrp 
mycologiste  suédois  a  exagéré  la  netteté  des  importants  caractères  qu'on  peut  tin^r 
de  la  trame;  ainsi  il  écrit  souvent,  dans  ses  caractéristiques,  nutta  trama  ;  or,  comme 
nous  ne  connaissons  aucun  champignon  dont  la  trame  soit  nnlle,  nous  remplaçons 
rrtte  caractéristique  par  trame  dMle,  Enfin,  il  y  a  des  lames  dans  le  tissu  di*^ 
quelles  circule  une  humeur  laiteuse,  blanche  ou  coforée;  rompues,  elles  laissent 
Mis|>perre  lait  avec  une  abondance  variable  :  on  les  dit  lactescentes.  Cheid'autns, 
f't'^i  unt'  liqueur  claire  aqueuse  ;  on  les  dit  aquescentes  (les  HTcaornoacsl  ■ 
^1  $^  faut  |ins  1rs  confondre  avec  celles  dont  le  tissu,  fÎMilement  imbibé,  prend  alors 
u$u*  Umm  \A\\%  terne  et  aqueuse,  et  qui  â  cause  de  cela  sont  dites  tnjgrophanes. 


AGARIGINÉES.  ISl 

La  eoéueité  des  lames  est  aussi  un  bon  indice  de  leur  ooDstihitîon.  Les  unes  se 
dessèchent  et  se  crispent  sans  pourrir  (Mâbasmios)  ;  d'autres  se  Tanent  ou  même 
se  ramoUisient  (Ahaiiitbs,  etc.)  :  les  unes  et  les  autres  sont  dites  persisUintes^ 
par  opposition  aux  liquescenUs^  qui  tombent  en  un  deHqnium  épais  (Bolbitus, 
GAuniAy  etc)  ;  et  aux  diffUientes,  qui  se  ramoUissent  promptement  en  un  liquide 
ooubnt  (Gopanis).  On  dira  déliquescentes  pour  ces  deux  degrés  différents. 

m.  Lbs  DEUX  TOILES.  Le  Stipe  est  une  colonne  plus  ou  moins  charnue  partant 
du  mjoelium  hypogé  et  se  terminant  à  la  face  inférieure  de  Thyménophore  qu'il 
supporte.  Ce  stipe  étant  souvent  reuêtu  des  débris  des  deux  voiles,  nous  éviterons 
les  redites  en  décrivant  d'abord  ces  importants  appendices. 

Il  fiiut  en  eflet,  avec  Fries,  distinguer  deux  voiles,  souvent  confondus  :  le  Voile 
gi$êérmlaa  Vaile^  qui,  enveloppant  d'abord  tout  le  champignon,  se  termine  et  se 
perd  dans  le  jriedf  et  le  Vélum  partiel  ou  Velum^  qui,  adhérant  au  contour  du 
légument  du  chapeau  qu'il  anitinue,  recouvre  et  protège  les  lames,  pour  se  ter^ 
miner  et  se  perdre  dans  la  Rainure.  Bien  que  l'une  ou  l'autre  de  ces  enveloppes, 
ou  toutes  dâix,  échappent  souvent  à  la  vue  désarmée,  l'observation  microscopique 
tend  à  en  fiiire  retrouver  partout  la  trace,  Etudions  donc  successivement  :  A,  le 
vélum pariielj  et  B,  le  voile  général^  dans  ce  que  chacun  a  de  spécial;  puis 
€,  le  collier  et  les  revêtements  du  stipe,  qui  en  partent  et  que  les  deux  voiles 
conooorent  à  former. 

A.  Vélum  partiel  ou  Vélum.  Avant  l'épanouissement  du  diapeau,  quand  il  est 
encore  ap[^ué  sur  son  stipe,  à  peu  près  comme  un  parapluie  fermé  sur  son 
manche,  on  trouve  le  vélum  s'attachant  au  contour  de  î'hyménophore  et  conti- 
nuant le  t^ument  :  il  se  porte  d'abord  horizontalement  en  dedans  vers  le  stipe, 
puis  l'embrasse  en  se  portant  en  haut,  entre  le  stipe  qu'il  eugaine  et  le  bord  tran- 
chant des  lames  qu'il  unit,  et  il  remonte  se  perdre  dans  le  fond  de  la  rainure  cir- 
culaire. Lors  de  l'épanouissement  du  chapeau,  il  se  sépare  le  plus  souvent  sur  le 
contour  de  ce  chapeau,  porte  souvent  l'empreinte  de  l'extrémité  périphérique 
des  lames,  et  reste  adhérent  au  stipe,  dont  il  c(mlinue,  par  sa  portion  ascendante^ 
à  engalner  la  partie  supérieure,  tandis  que  par  sa  portion  horiioutale  il  lui  forme 
nne  sorte  de  CoUier, 

B.  Cependant  ce  collier,  débris  du  vélum,  peut  être  simulé  aussi  par  le  Voile 
général  :  car,  si  ce  Voile  est  très-distinct  du  t^ment  hétérogène  et  libre  chez  les 
AxAxiTES,  les  VoLVAiaxs  et  quelques  Coprins,  il  est  déjà  adné,  mais  encore  hété- 
rogène au  tégument,  chez  les  Goetimàires,  enfin  il  est  plus  ou  moins  oômié  avec 
le  tégument  du  chapeau  chez  la  plupart  des  autres  Agaricinées,  et  même  avec  la 
partie  inférieure  du  stipe,  quand  elle  n'est  pas  cachée  et  protégée  par  le  jeune  cha- 
peau. Bientôt,  par  le  développement  rapide  et  l'épanouissement  du  diapeau,  ces 
adhérences  sont  rompues,  déchirées  ;  et  les  débris  du  Voile,  dans  ce  cas  plus 
souvent  aranéeux  ou  fd>rilleux  que  membraneux,  restent  appendus^  suivant  le 
lieu  de  la  rupture,  ou  sur  la  marge  du  chapeau,  marge  voilée;  ou  sur  son 
bord,  qui  est  dit  frangé  si  ces  restes  sont  régulièrement  disposés,  et  appendi" 
adê  dans  le  cas  contraire.  Ces  débris  marginaux  constituent  ce  qu'on  a  appelé  la 
Cortine.  Lerestedu  Voile  se  retrouve  vers  le  milieu  du  stipe,  dont  il  continue  ren- 
gainer la  partie  inférieure^  mais  en  donnant  lieu  dans  sa  partie  moyenne  à  la  même 
apparence  que  les  débris  du  vélum  sur  le  stipe.  De  cette  similitude  il  est  arrivé 
qu'on  a  donné  les  mêmes  noms  (collier,  anneau,  etc.),  à  ces  débris  de  deux  organes 
différents  (voile  et  vélum),  qu'il  importe  cependant  de  ne  pas  confondre. 

Toutes  les  ikris  que  nous  avons  pu  observer  et  établir  leur  distinction,  nous  di- 


MNic,  quand  le  colliisr  résulte  surtout  des  débris  du  vélum,  oolUer  àscendêtnt,  psitc 
que  dans  ce  cas  ses  fibres,  engnhuut  la  partie  supérieure  d]u  stipe,  remontent  se 
perdre  dans  la  rainure  ;  et,  quand  il  a  pour  origine  le  Voile,  nous  disons  collier 
descendant,  parce  que  ses  fibres  se  continuent  plus  ou  moins  distinctement  sur  h 
inrtie  inférieure  du  stipe  pour  se  pendre  dans  son  pied  ;  enfin  nous  disons  collier 
mixte,  quand  il  paraît  formé,  en  quantité  notable,  et  par  des  fibros  ascendantes  rt 
par  d'autres  descendantes. 

Le  tissu  du  Voile  est  très-variable  :  il  peut  être  membraneux,  texêo-membra- 
neux,  pulvtHnembraneux,  pulvéruleni,  etc.,  ou  fUnilleux,  aranéeux,  ou  mèroe 
glulinetix.  Quand  il  est  d*abard  membraneux,  libre  ou  faiblement  adneié  au 
chapeau  et  au  stipe  (par  les  viscosités  des  téguments),  il  prend  le  nom  de  Vcha^ 
car  alors  il  a  la  forme  d'une  bourse  (vulva),  s'offrant  comme  une  enveloppe  ovoide, 
dans  laquelle  s'organise  et  se  forme  le  champignon,  qui^  plus  tard,  s'en  échappe 
tout  entier.  Cette  enveloppe,  si  elle  est  d'un  tissu  un  peu  résistant,  se  dédiire  irré- 
gidièrement  sur  le  dis({ue  par  le  rapide  développement  du  champignon  qu'elle 
renferme  ;  et  le  chapeau  de  celui-ci,  80ulc\'é  par  lalloDgement  progressif  de  ion 
stipe,  s'échappe  entièrement  affranchi  des  lambeaux  delà  volva  qui  se  retrouvent  phs 
ou  moins  intacts  au  pied  du  stipe.  Un  temps  humide,  un  cutis  même  fadUenienl 
glutineux,  un  tissu  de  volva  plus  friable,  pourront  changer  cette  évohition  et  Useer 
des  lambeaux  du  voile  sur  le  chapeau.  Nous  renvoyons  à  ce  que  nous  avons  dit 
p.  1 IT),  et  surtout  aux  articles  Avanitr  et  Cophiks  pour  la  description  des  débris  du 
Voile  sur  le  diapeau  et  sur  le  pied  du  stipe. 

c.  Passons  aux  divers  aspects  du  vélum  ascendant  et  do  Voile  descendant,  dont 
les  traces  se  retrouvent  sur  le  plus  grand  nombre  des  Agaricinées. 

Ces  voiles,  considérés  sur  le  stipe,  présentent  :  1'  le  collier,  2*  le  refoHemeni 
ascendant  (vélum  partiel)  ou  descendant  (Voile  général)  dont  il  enduit  la  partie 
supérieure  ou  inférieure  du  stipe. 

Le  collier  offre  à  considérer  sa  texture,  ferme  ou  ntolfe,  serrée  ou  lâthe, 
œdémateuse;  sa  forme,  sa  place,  ses  dimensions  et  son  port.  Il  retombe  Ofudi/iml, 
godant  sur  le  stipe,  alors  le  nom  de  coUerette  lui  convient  ;  ou,  ferme  et  lafge,  il 
reste  dressé,  et  on  dit  mieux  collet;  ou,  peu  saillant,  il  entoure  le  stipe  à  k 
manière  d'un  anneau  spongieux,  aranéeux,  etc.  ;  ou  enfin  il  n'est  pfais  qu'un  lona 
coloré,  plutôt  appréciable  par  un  changement  de  teinte. 

Nous  conservons  la  dénomination  générale  de  collier  et  de  stipe  annulé  pour  les 
formes  intermédiaires  ou  indéterminées.  Si  le  collier  occupe  âpen  près  le  milieu  du 
stipe,  il  est  dit  médian;  au-dessus,  il  est  supérieur;  au-dessous,  inférieur.  Il  est 
mince  ou  épais,  aride  ou  mon  ou  ctdémateux  {tumidus),membraneuz,€elbdeuj, 
farifteux  ou  aranéeux  ou  subaranéeux;  il  est  caduc  (tombant do  lui-même),  on 
persistant  y  adhérent  ou  délébile  (très-facile  à  enlever) ,  ou  plus  généralement /ti^arr. 
Sa  face  hyméniale,  tournée  vers  les  lames,  est  souvent  striée  par  leur  empreinte» 
souventcolorécpar  la  poussière  sporalc;  son  limbe  externe  diversement  iMxmpd.d^* 
diiqueté,  flottant.  Son  bord  et  ssihcestipale  concave  embrassent  le  stipe  et  se  conti- 
nuent ordinairement  avec  le  revêtement  ascendant  ou  descendant,  qui  n'est  conun. 
lui  que  la  suite  du  même  voile.  Si  le  collier  est  aranéeux,  il  est  alors  très-laifale  et 
Irès-liif^iice,  souvent  à  peine  indiqué  par  quelques  fibres  flottantes.  Le  revêtement, 
riimme  le  collier,  peut  être  membraneux,  fibrillenx,  aranéeux,  squameux,turfuno^, 
ffff^kpii'fois  pulvérulent ,  quelquefois  glutineui.  Maisil  arrive  souvent  que.  parsuite 
iht  d/'teio|)|)cment  rapide  du  stipe,  le  revêtement  (Surtout  descendant),  est  rompu 
4^  d'MirrnU^  manières,  et  les  lambeaux  de  formes  variées  mais  constantes  dans 


AGARTCINÉES.  ifà 

choque  espèce,  dessinent  des  anneaux  dédUquetés,  des  chinures  (anneaux  sou* 
vent  iocoDiplete,  irr^liers,  à  contour  indécis),  des  écaiUeSy  etc.,  occupant  la 
psrtie  inférieure  du  stipe  à  partir  de  Tanneau  (ou,  en  son  absence,  du  lieu  de  con- 
nivenee  du  pourtour  du  stipe).  Le  Voile  général,  comme  le  vélum,  peut  être  réduit 
à  one  poussière  délébile,  à  un  sim|de  pruiné^  encore  vkiUe  sur  le  chapeau,  ou 
sur  le  stipe,  particulièrement  sous  les  lames  oàlon  trouve  dessquamules,  une 
farine,  restes  délébiles  du  velum  évanoui. 

Collier  mixte.  Le  collier,  étudié  de  très-près,  a,  le  plus  souvent  peut-être,  un 
canidère  miirte  (ascendant  et  descendant)  dans  lequel  prédomine  un  des  deux  com- 
posants. En  effet,  les  fibres  qui  forment  le  collier  s'écartent  vers  son  bord  interne, 
les  ones,  ordinairement  moins  nombreuses,  plus  pâlos,  quelquefois  promptement 
squameuses,  furfuraeées,  se  dirigent  en  haut  sous  les  lames;  les  autres,  ordinaire- 
ment plus  nombreuses,  en  bas,  pour  former  le  revêtement  descendant.  Alors,  par 
ce  double  revêtement  dont  on  peut  apprécier  ordinairement  la  disposition,  le  stipe 
entier  est  revêtu. 

IV.  Le  Stipe,  comme  le  chapeau,  doit  être  étudié  :  A.  dans  ses  dimensions  (dia- 
mètre et  hauteur)  ;  m,  dans  sa  forme;  €.  dans  le  détail  de  sa  surface  et  de  son  té- 
;*ninent;  D.  dans  son  tissu,  sa  cavité  médullaire,  sa  consistance;  fi.  enfin,  dans  ses 
rapports  avec  le  mycdium  et  avec  le  chapeau. 

A.  Leg  dimensions,  diamètre  [d.]  et  hauteur  [h.],  doivent  être  mesurées, 
noUnt  à  part,  quand  die  est  importante,  la  longueur  de  la  partie  hypogée.  Il  est 
l«n  de  rendre  Timpression  générale,  résultant  de  leur  rapport  avec  l'ensemble  : 
011  dit  stipe  long  ou  court,  trapu  ou  élancé,  obèse  ou  maigre,  grêle,  etc. 

■.  La  forme  du  stipe  est  symétrique  :  droit,  rond,  soit  cylindrique,  soit  régu- 
lièrement atténué  de  bas  en  haut  (on  dit  communément  alors  atténué), on  de  haut 
en  bas  (on  dit  atténué  en  bas)  ;  on  dira  stipe  clavé,  si  le  renflement  de  bas  en 
haut  a  Ln  forme  de  massue.  Au  lieu  de  cette  régularité,  il  peut  être  aplati  ou 
ioplatir  par  les  accidents  de  développement ,  ou  être  épais,  obèse,  ventru;  subcy-' 
lindrique,  bossdé,  fléchi,  cotirbé;  tordu  sur  son  axe.  En  outre,  les  extrémités 
sont  plus  ou  moins  renflées  :  le  haut  s'évase  peu  ou  beaucoup  avant  de  se  plonger 
dans  l'hyménophore  ;  le  bas,  on  Pied,  est  droit,  fléchi,  courbé  ou  même  recourbé 
en  crosse.  On  le  dira  obdavé,  s'il  s'épaissit  progressivement  et  régulièrement  en 
massue;  —  épaulé  s'il  se  renfle  tout  à  coup,  et  turbiné  si  ce  renflement  s'atténue 
en  toupie;  —  tuberculeux,  s'il  se  tuméfie  irrégulièrement;  enflé,  si,  dilaté  et 
cartonné,  il  est  cave  ou  médulleux  ; —  bulbeitx,  s'il  est  renflé  et  arrondi  en  bulbe; 
—  chaussé,  nuatéj  s'il  se  couvre  de  villosités,  etc.  ;  et  guêtréj  si  ce  revêtement 
monte  plus  haut.  Le  pied  des  espèces  épiphpes  s'évase  en  socle  (pied  de  coupe) 
on  en  disque,  ou  parait  comme  fiché  (sans  évasement)  dans  son  support.  Enfin, 
dans  certains  groupes,  le  stipe  est  d'abord  entièrement  enseveli  sous  le  chapeau 
encore  fermé,  et  la  marge  de  celui-ci,  connivente  ou  appliquée  sur  le  pied,  sur  le 
hiibe,  peut  y  laisser  une  dépression  circulaire,  indice  persistant  de  ce  rapport 
dn  premier  âge  :  je  dis  alors,  empruntant  un  terme  au  menuisier,  pied  c/ian- 
Ummé, 

c.  Surface  du  stipe.  Les  détails  de  cette  surface  sont  décrits  par  les  mêmes 
«pialificatife  que  ceux  qui  servent  pour  le  chapeau.  Remarquons  seulement  que 
pour  les  genres  et  sections  où  le  chapeau,  dans  son  premier  ftge,  est  connivenl  ou 
appliqué  sur  le  stipe,  les  moindres  squames  floconneuses,  furiuracées,  etc.,  doivent 
être  considérées  comme  les  dernières  traces  du  velum  partiel  elfacé,  et  notées 
avec  soin  ;  au  contraire,  la  pulvérulence,  les  fibrilles,  peluches,  squames,  furfurs, 


iU  AGARICINËES. 

viscosités,  etc.,  qu'on  troure  aurdeêsotu  de  la  nme  (marquée  ou  non  par  on  col- 
lier) où  le  bord  du  chapeau  était  luté  sur  le  sUpe,  doivent  être  rapportés  au 
voile  général  plus  ou  moins  effacé  ;  alors  ces  traces  sont  ordinairement  de  màne 
luture  que  cdles  qu'on  trouve  sur  le  diapeau.  Hais  quand  les  chapeaux  sont 
enroulés  dans  leur  première  jeunesse,  les  lames  ne  sont  jamais  appliquées  sur  le 
stipe;  on  conçoit  donc  que,  dans  ce  cas,  les  débris  que  présente  le  tégument  du 
stipe  ne  peuvent  plus  être  regaiilés  conune  des  restes  du  vélum  partiel  ;  ib  sont 
les  traces  du  voile  général  plus  ou  moins  imparfait.  Ces  distinctions  expliqueront 
souvent  des  similitudes  et  des  ressemblances  que  l'on  observe  dans  les  revêtemenls 
superficiels  du  stipe.  Au-dessous  de  ce  revêtement,  il  y  aura  k  étudier  le  tégumeul 
propre  du  stipe.  Les  auteurs  l'ont  rarement  distingué  du  revêtement.  Nous  ne 
nous  ne  souvenons  pas  d'y  avoir  rencontré  une  pellicule,  mais  quelquefois  un 
cutis,  une  cuticule  évidemment  distincte.  On  peut  pourtant,  dans  beaucoup  de  cas, 
séparer  une  couche  externe,  même  très-mince;  mais,  ici,  toutes  les  couches 
fibreuses  longitudinalement  superposées  se  recouvrent,  et  ou  ne  voit  pas  nettement 
que  les  feuillets  superficiels  se  distinguent  par  leur  organisation  des  couches  plus 
profondes.  On  y  reconnaît  le  même  Ussu  fibro-cbamu,  fibreux,  un  peu  plus  tassé, 
plus  ou  moins  coloré.  Sur  cette  surface,  on  notera  avec  soin  les  stries,  les  ràicu- 
lotions,  qui  pourraient  n^suller  des  lames  décurrentes;  les  veinules,  vergettures^ 
cannelures,  ruptures,  squames,  fissures,  rigoles,  —  quelquefois  contournées  en 
spirales,  ou  spiralées,  par  la  torsion  du  stipe,  etc.  (Foy.  p.  114,  les  attributs  des 
téguments  du  chapeau  et  ÀNAMrE  pour  les  débris  de  la  volva  sur  le  pied.) 

D.  Le  tissu  du  stipe  présente  toutes  les  variétés  imaginables,  depuis  la  substance 
subéreuse  et  coriace  qui  résiste  aux  tractions  les  plus  énergiques,  jusqu'à  la  fra- 
gilité et  la  ténuité  la  plus  complète  et  qu'un  souffle  peut  abattre.  Chez  les  uns,  le 
stipe  sera  donc  subéreux,  coriace  et  ferme  (Scrizophylluh)  ;  chez  d'autres,  encore 
fibreux  et  tenace ,  quoique  flexible  et  quelquefois  un  peu  mou  (Marashios,  Lemthus); 
chez  d'autres,  ce  sont  seulement  les  couches  externes  qui  sont  fermes  ou  même 
rigides,  tandisque  le  tissu  interne,  ou  manque  (stipe  ftstuteux,  cave,  excavé)^  ou 
est  mou»  médulleux,  etc.  (stipe  médulleux).  Il  en  résulte  une  consistance  corti- 
cale particulière,  d'où  le  stipe  est  dit  cartonné,  cartilaginé,  suivant  le  degré;  et, 
pour  indiquer  que  la  couche  corticale  est  celluleuse  ou  fibreuse,  etc.,  cellulo^... 
ou  fibro-cortico<ar tonné,  ou  —  cartilaginé,  si  la  consistance  est  plus  marquée. 
Si  rettf)  consist:incc  corticale,  bien  qu'un  peu  élastique,  l'est  trop  peu  pour  mé- 
riter cfs  attributs,  on  peut  dire  sm\emeni  libro<ortiahélastique  ou  — ferme; 
et  enfin  spongieux  |:our  une  résistance  encore  moindre,  car  des  dégradations 
insensibles  mènent  du  stipe  fibro-oortioo-cartilagineux  au  stipe  fUmhchamu  /i 
charnu*  Il  sera  d'autant  plus  charnu  qu'il  sera  plus  ruptUe  (se  laissera  mieux 
rompre  transversalement)  en  présentant  moins  l'asfiect  fibreux;  — d'autant  plus 
fibreux  (|ue,  résistant  à  cette  rupture,  il  sera  plus  fissile  (se  laissera  fendre  sans 
ao  ronipiv)  ;  il  véi  tenace  (|uand,  non  ruptile,  très-fibreux,  il  ne  se  prête  pas  sans 
oiïorU  A  cet  écartement  longitudinal  des  filnnes,  qui  paraissent  alore  enchevêtrées, 
foutrées.  Il  faut  avouer  que  souvent  cette  consistance  cartonnée  ou  cartilagineuse 
M  loin  d*(Hre  aussi  constante  et  aussi  marquée  que  Fries  le  donne  à  entendre  par 
le  rAk*  ini)iortarit  qu'il  lut  fait  jouer.  Je  dirai  dans  les  cas  douteux  :  pseudo^arti- 
haineux.  En  effet,  |K)ur  constati^r  cette  consistance  cartilagineuse,  il  faut  le  plus 
M)nvi«nl  que  tv  soit  an  moment  même  de  la  cueillette  du  champignon,  sans  quoi  ces 
HliiN't  iM<  liuionl  et  ne  sont  plus  que  flasques  et  fibreux  !  C'est  évidemment  l'eau  qui 
1rs  gonlle,  h^  rend  turgescents.  On  appelle  compacte  un  stipe  gros,  cliamu,  ou 


AGARICINËES.  135 

même  fibreux,  mats  sec,  plein,  non  ou  très-peu  élastique  ;  on  dit  ipongiettx^  pbro- 
spongieux,  pour  indiquer  un  tissu  mou  mais  encore  élastique.  Le  tissu  charnu, 
c'est-à^ire  ruptile  dans  tous  les  sens,  pourra  encore  être  dit  fihrchcharnu,  si, 
malgré  une  rupture  facile,  une  texture  ûbreuse  est  encore  éyidente  ;  il  est  alors  rup- 
tile et  fissile  (Ahakitss,  etc.),  ou  ceUuUhdiamUy  si  la  texture  est  granuleuse 
|Lactaires,  Rossoles,  etc.);  mais  nous  disons  simplement  charnu,  lorsque  nous 
aroQs  aflàire  à  un  slipe  assez  épais  et  ruptile  dont  nous  ne  pouvons  préciser  aussi 
fineniORt  la  texture,  etc.  Si  le  stipe  est  composé  d*une  seule  et  même  substance 
dans  toute  son  épaisseur,  on  dit  qu'il  est  plein  (solidm)  ;  mais  souvent  le  stipe 
Gbreuxou  fibro-chamu  offre  une  cavité  médullaire,  toujours  remplie  (farctus)  dans 
If  premier  âge,  mais  bientôt  entièrement  vide  et  formant  un  canal  régulier  :  on  dit 
alors  qu'il  est  fisiuleux.  Mais  si  la  cavité  est  partielle,  si  la  moelle  non  évanouie, 
régulièrement  ou  irrégulièrement  disposée,  occupe  encore  çà  et  là  des  portions  du 
conduit  médullaire,  on  dit  qu'il  est  cave;  et  enfin  cave,  si  ces  lacunes  ne  se  pro- 
duiseot  qu'au  delà  de  l'âge  adulte  ;  on  dit  excavé,  si  ces  lacunes  sont  dues  aux 
tanesqui  détruisent  le  tissu  médullaire,  mais  creusé,  si  ces  larves  ont  détruit 
le  tissu  central  non  médullaire.  Le  tissu  médullaire  est  celui  qui  remplit  le  centre 
de  certains  stipes.  On  dit  canal  et  cylindre  médullaire,  si  cette  cavité  et  son  con- 
tenu sont  nettement  et  brusquement  séparés  des  couches  corticales,  et  seulement 
centre  médullaire  dans  le  cas  contraire.  Le  tissu  médullaire  peut  être  aranéeux, 
aréolaire,  floconneux  (comme  de  louate  légère),  spongieux  (comme  la  moelle  du 
!«reau),  fibro-spongieux,  fibreux;  et  le  stipe  rempli  ou  bourré  (farctus).  Enfin, 
le  stipe  de  quelques  CorRiKs  et  Coprikàriés  atteint  le  dernier  terme  de  fragilité  : 
largement  ibtuleux  et  formé  d'un  tube  fibro-membraneux  très-mince,  transparent, 
Taillant,  qu'un  souffle  suffit  pour  renverser  et  rompre,  on  le  dit  tubuleux,  si  plus 
de  la  moitié  du  diamètre  est  occupé  par  le  canal  ;  et  on  exprime  les  degrés  de  cette 
organisation  par  les  mots  submembraneuXj  membraneux ,  et  hyaUn  quand  il 
€$t  translucide  ;  —  les  degrés  de  fragilité  par  faible,  fragile^  frêle  (faible  et  fra- 
gile), fluet  (mince  et  délicat),  diancelant, 

B.  Il  ne  reste  plus  à  étudier  du  stipe  que  les  rapports  de  ses  deux  extrémités.  Nous 
a\ons  déjà  décrit  (p.  418)  celui  de  l'extrémité  supérieure  avec  les  lames;  il  s'agit 
maintenant  des  rapports  avec  l'hyménophore.  Ils  sont  de  la  première  importance, 
le  tissu  du  stipe  peut  se  continuer  sans  changement  avec  l'hyménophore,  de  telle 
sorte  que,  sur  imc  section  selon  l'axe  du  stipe,  l'œil  ne  peut  saisir  aucune  ligne  de 
démarcation  entre  le  cliapeau  et  le  stipe,  et  qu'ils  ne  peuvent  se  sépoi'er  que  par 
uiie  rupture  irrégulière  (Ag.  Tricholoma,  Clitocybe,  Russule,  Cantharelle,  etc.). 
Souvent,  dans  ce  cas,  la  partie  corticale  et  fibreuse  du  stipe  s'évase  et  se  continue 
avec  la  ooudie  iniérieure  de  l'hyménophore,  tapissée  par  l'hyméniùm,  tandis  que  le 
cenlre  médullaire  du  stipe  se  continue  avec  la  chair  et  la  superficie  du  chapeau 
(CuTocTEc).  Dans  tous  les  cas,  le  tissu  du  stipe  et  de  l'hyménophore  sont  évidem- 
laent  de  même  nature,  homogènes.  Nous  ne  savons  par  quelle  faute  de  langage 
Fries  dit  alors  hyménophore  contigu  (contignus);  c'est  continu  au  stipe  qu'il  faut 
<liœ.  hans  d'autres  cas,  le  tissu  fibreux  ou  cartilagineux  du  stipe  contraste  avec  le 
l^u  spongieux  et  mou  de  l'hyménophore,  et  la  divulsion  entre  deux  tissus  si  hé- 
térogènes est  nette  et  facile  :  le  stipe  alors  est  hétérogène  et  séparable  (Collybia, 
)Ikeiia).  Mais  il  y  a  des  genres  (Avaziitbs,  Lépiotes,  Volvaires),  chez  lesquels 
u»  fait  plus  remarquable  se  rencontre.  Bien  que  dans  ces  groupes  un  stipe  fibro- 
Hiarnu  et  même  cliarnu  (surtout  par  son  extrémité  supérieure)  se  plonge  dans  un 
livm^'oophore  également  charnu,  cependant  le  stipe  reste,  dans  presque  toutes  les 


fM  AGARICIXÉCS. 

phases  de  «m  existenoe,  plus  od  moins  daîrement  datenuUe  à^  llijiiiéoo|4iore  ; 
avec  une  sectioa  comeoMe  sur  on  jeune  sujet,  l'ieil  suit  aam  faiea  la  télé  ooa\cie 
do  stipe  plon^  dans  Thyioéiiophore  qui  sera  alors  éittimi  {dûeretu)  ;  et  de 
pins,  dam  on  étal  de  maturité  convenable,  on  pourra  aoavenl  par  un  elfori  léger 
e*.  bien  diri^ré,  «léparer  répilîèfenient  et  sans  rupture  k  stipe  de  l'hTménophore  : 
nous  dirons  alors  Thyménophore  iuiinei  et  séparMe  du  stipe. 

La  partie  inlérienre  du  stipe,  ordinairement  tuméfiée  et  à  tissu  plus  mou,  |4us 
<(pongieut,  s*ins&resnrle  mycélium;  mais  œs  rapports  sont  encore  ftirt  mal  étudié». 

V.  \om  ferons  connaître  le  Miceltov  à  l'article  ûuvpicBon.  Disons  seuleoieot 
que  re  mycélium,  bbnc  ou  coloré,  est  ou  paraît  qœlqucftiis  absent  (Ahasites),  ou 
nrflnleux,  floeoftneHXj  feutré^  fibriUeux,  dievriu,  (Uamenteux^  ou  compose  de 
longues  radicuUii  n^istantes,  traçantes;  ou  ce  Mycélium  est  charnu,  soit  rtanewc, 
Mfà  concrft  (McUroiium)  ;  on  léger  ou  compacte.  Enfin,  le  stipe  se  tormine  souvent 
par  une  racine  unique  fusiforme  pivotante,  quelquefois  maigre  et  comme  êrodée, 

W.  Pionuérés  oacABOLBPTiQoes.  Couleurs.  Il  laut  que  la  mycologie  sorte  du 
chaos  ou  la  nomendatiire  des  couleurs  la  jetée.  Certainement,  et  quoi  qu'en  dise  et 
ipi*cn  raille  le  célèbre  mycologue  suédois,  les  couleurs  ont  une  grande  imporbocc 
pratique;  non,  sans  doute,  pour  letablisBement  des  groupes,  comme  Ta  fait 
Penmon,  mais  pour  la  détermination  des  espèces.  Malheureusement  la  langue  des 
couleurs  manquait  de  base,  de  sorte  que,  ue  pouvant  déterminer  les  nuances,  on  n'a 
reconnu  ni  l'étendue  ni  h  limite  de  leurs  variations  dans  chaque  espèce,  limite 
assez  restreinte  cependant.  Le  remarquable  travail  de  M.  Chevreul  nous  a  fait  sortir 
de  cette  indétermination.  Mais  ce  travail  est  encore  peu  connu.  Nous  en  donnerons 
b  clef  au  mot  Couleur.  Usons  seulement  ici  qu*iui  mycologiste  doit  s  exercer  à 
oonuaitrc  les  six  couleurs  franches  :  rauge^  orangé^  jaune^  vert^  Ueu^  vioUi^  et 
leurs  intermédiaires,  rouge-orangé^  orangèjaune^  etc.  ;  qu'il  doit  se  garder,  quel 
que  soit  le  ton  (rintcnsité)  de  la  couleur,  de  confondre  le  ja/une  (citron)  avec  l'o- 
rangé (carotte);  qu'il  doit  savoir  reconnaître  à  l'œil  au  moins  cinq  nuances  ou  tons 
aflerents  à  chacune  de  ces  douze  couleurs,  suivant  qu'elles  sont  plus  ou  moins  con- 
centrées, que  les  molécules  colorantes  sont  plus  rapprochées;  c'est  cette  gradation 
qui  constitue  la  gamme  chromatique  de  Chevreul  (divisée  en  vingt  tonsj.  Gomnic 
la  plupart  des  auteurs  ont  confondu  le  jaune  (flavus)  et  l'orangé  (luteus)^  nous 
écrivons  en  italique  le  mot  jaune  et  ses  dérivés  toutes  les  Ibis  que  nous  sonunes 
sûrs  que  c'est  vraiment  le  jaune  (serin,  citron,  etc.)  dont  il  est  question;  nous 
laissons  le  mot  jaune  en  écriture  ordinaire,  toutes  les  fois  que  nous  ne  savons  |as 
ii  c'est  jaune  ou  orangé  que  l'auteur  veut  exprimer. 

Nous  disons  donc,  en  parlant  de  chaque  couleur,  qu'elle  est  très<Uiir€  (ou  que 
U'X  fond  se  teinte  de,,,),  daire;  (au lieu  de  claire  nous  disons  très-faible ^  faMe, 
t\u»itA  b  eonlifur  est  rabattue  d'ombre).  Le  ton  moyen  s'exprime  par  le  nom  de  la 
«iMibffir  ftoiM  attriliut  ou  suiri  du  mot  moyen',  si  l'intensité  augmente  encore,  la 
é^iUmr  m  fonce,  et  on  dit  foncée^  très-foncée.  Or,  il  résulte  de  nos  obsenations 
ynfiutîYthtm  et  de«  remarques  de  H.  J.  de  Seynes  (Essai  d'une  flore  nsycologiqur 
en  fiardf  qne  c'eut  principalement  dans  le  sens  de  cette  gamme  chromaliqiH' 
qtf'tiM^  in^i^/*»|i^'/?|N»ut  offrir  des  intensités  de  couleurs  différentes.  Nous  crofon» 
p^i  h  b  Mil^ituti/in  fie  couleurs  vraiment  nouvelles  dans  une  môme  espèce.  Ush 
qiV'ip^friH  b  /fiticul/*  ift  surtout  la  pellicule  perdant  ou  diluant  sa  matière  colo- 
rante, bHM!  «iiir  fMr  inmfmronce  colle  du  tissu  sous-jacent  et  simule  un  chan- 
fi**ff¥^nî  dt'  rtfiiU'  $r,  C#'«t  ainsi  cpie  An.  Moscaria,  de  rouge  orangé,  devient 
^9i0ii%mmy/l'.^mne, 


AGÂHICINÉES.  137 

Enfin  le  mjoologiste  doit  pouvoir  appréeier,  pour  diacune  des  60  nuances 
(13  X^)  que  Toeil  et  la  mémoire  peuvent  facilement  s'exercer  à  reconnaître,  cinq 
termes  de  dégradation  de  ces  couleurs  par  renvahissemcnt  de  Tombre,  ou,  comme 
ditCberreul,  suivant  que  les  nuances  sont  de  plus  en  plus  tef^ies  ou  rabattues 
parie  gris  de  plus  en  plus  foncé.  Nous  exprimerons  donc  ce  phénomène  dj  Ten- 
Tthissenœnt  de  l'ombre  ou  du  gris  par  les  attributs  suivants  ajoutés  aux  nuances 
précédenunent  désignées  :  couleur  franche  (non  mbaltue),  —  ombrée  (ombre 
lrès4égère),  —grise^  —  terne  (t^rme  moyen),  —  sombre ^  —  enfin  éteinte  quand 
l'omlMie  a  voilé  presque  complètement  la  nuance  propre.  Dans  une  môme  espèce 
hfgropbaoe,  quand  Timbibition  a  pour  résultat  de  teniir,  d'assombrir  la  couleur 
propre;  nous  disons  andeur  imbue.  Dans  les  espèces  non  hygi  ophancs,  la  nuance  est 
^gèremeut  modifiée,  souvent  prend  plus  d'écho;  nous  disons  moite  (voy.  p.  ii6). 

Nous  tâchons  de  nous  servir  quelquefois  de  cette  langue  des  couleurs  dans  nos 
descriptions,  mais  à  titre  d'essai  seulement,  car  il  faudrait  repasser  toute  la  flore 
i  ce  point  de  vue,  et  nous  ne  l'avons  pas  fait.  C'est  pourquoi  nous  nous  trouvons 
forcé,  quoique  à  regret,  d'indiquer  encore  les  couleurs  par  les  à  peu  près  des  gix^s* 
<iêres  comparaisons  en  usage.  Nous  renonçons  pourtant  à  dresser  ici  la  liste  longue 
et  fastidieuse  de  cette  nomenclature,  qui,  depuis  celle  de  Chevreul,  ne  nous  paraît 
pas  appelée  à  mi  long  avenir.  Nous  nous  servons  souvent  de  pâle  pour  indiquer  un 
Uanc  très-légiarement  teinté  de  jaune  ou  d'orangé;  mais  nous  disons  blême  si  le 
teiiité  est  d'un  jaune  verdàtre  (le  blanc  étant  toujours  dominant),  —  chloré^  et, 
f^ar  un  degré  de  plus,  (lave^  quand  la  nuance  plus  prononcée  appartient  vraiment 
aQ/oan^;  —  alutacé,  pour  dire  orangé  clair  (chamois)  ;  —  ochracéj  pour  orangé 
bible,  ombré  et  mate;  —  briqueté  ((atoràtus),  pour  désigner  la  couleur  de  la  bri- 
que, ou  orangé-rouge,  ombré  ou  terni,  etc.  —  brun  est  la  teinte  marron  très- 
rabattue,  éteinte  ;  —  fauve  est  un  jaune  foncé  très-rabattu  ou  sombre  ; — fuligineux 
^  un  degré  de  plus,  c'est  le  jaune  éteint  par  le  noir,  etc. 

Odeur  et  sAVEun.  Les  cluûnpignons  ont  des  saveurs,  exhalent  des  arômes  très* 
<li^ers,  très^ispéciaux.  Par  l'habitude,  un  bon  nombre  d'espèa?s  peuvent  être  recon- 
nues parleur  goût  et  surtout  par  leur  parfum.  Mais  comment  transmettre  à  un  autre 
l'identité  de  ces  sensations  fugitives  et  sans  nom?  Nous  nous  bornerons  aux  infimes 
catégories  d'usage.  On  dit  pour  l'odeur  et  la  saveur  :  faible  (douce  ou  fade)  ou 
forte;  spéciale  (quand  très-peu  la  possèdent)  ou  ordinaire  (de  champignon)  ;  agréa- 
Ueoo  désagréable.  Pour  l'odeur  on  dit  particulièrement  :  aromatique  (œillet,  etc.); 
«vapf  (douce  et  agréable  :  la  rose,  la  violette,  etc.)  ;  balsamique  (musc,  ambre, 
benjoin);  vireuse  (solanées,  ciguë,  etc.)  ;  alliacée;  fétide  (moisi,  etc.);  repous- 
sante; nauséeuse.  Fries  dit  souvent  expansive  (fragrans)  pour  les  odeuns,  fétides 
ou  balsamiques,  qui  se  répandent  à  distance.  Spécialement  pour  les  sensations  du 
soûl,  on  aura  en  outre  :  poivrée^  piquante,  adde  ou  addule,  âpre^  amère^  acre 
et  brûlante.  Nous  ne  connaissons  pas  de  champignon  sucré.  Enfin  on  tii*e  d'impr- 
l^nU  caractères  du  corps,  le  plus  souvent  privé  de  vie,  sur  lequel  se  développent  les 
A^iricinées  :  épigée  (sur  la  terre)  ;  épiphyte  (sur  les  plantes,  arbres  et  troncs)  ; 
qw^  (sur  le  bois);  épiphylle  (sur  les  feuilles)  ;  épicarphe  (sur  la  paille);  épicopre 
(sur  le  fumier);  etc.,  etc.  Il  importe  encore  de  noter  leur  mode  de  groupement  :  ils 
^t  solitûiresou  groupés^  soit  en  troupes  (libres) ,  soit  en  touffe  (seirés  les  uns  auprès 
i^  autres,  adhérents  ou  non) .  S'il  y  a  certainement  adhérence,  on  ajoutera  adnexés, 
sdnés  ;  et  enfin  oonnés,  s'ils  partent  d'une  souche  commune.  On  indiquera  toujours 
ia  saison  et  le  site  où  a  été  récolté  le  champignon;  car  certaines  espèces  sont  très- 
'iclusives  :  vernales,  estivales^  automnales,  tardives  jserotina;).  Beaucoup  ne 


ISS  AGARICINËES. 

se  trouTent  que  chez  certaines  essences  'de  bois  (c'est  ainsi  que  les  Conifères 
ont  une  mycologie  assez  spécialisée),  d'autres  dans  des  plaines  humides,  mous- 
seuses (et  dans  telle  mousse),  d'autres  dans  des  lieux  insolés,  etc.  Ce  sont  des 
indications  faciles,  et  ,qu  il  faut  se  garder  d'omettre,  parce  qu'elles  caractérisent 
certaines  espèces. 

Leur  mode  de  teiminaison  n'est  pas  moins  important  à  signaler.  Ils  se  dessè- 
chent, ou  se  ramollissent,  se  liquéfient  plus  ou  moins  rapidement,  en  prenant  dos 
formes,  des  couleurs,  des  odeurs  qu'il  faut  noter. 

Enfin,  dans  leur  jeunesse,  leur  âge  adulte  ou  leur  vieillesse,  ik  sont  intacts  ou 
enlamés,  ou  mangés  plus  ou  moins  constamment  par  des  limaces,  des  larres  ou 
des  insectes  divers  qui  hâtent  leur  destruction. 

ir  rASTiB.  CLASsmcATioif  dbs  agariciaébs.  On  peut  diviser  les  genres  de 
cette  famille  en  deux  grands  groupes,  suivant  la  nature  intime  de  leur  tissu  : 

A.  Tous  ceux  dont  le  tissu,  surtout  du  chapeau  et  au  moins  des  lames, est  diamu- 
fragile  ou  au  moins  facilement  déchirable,  et  le  plus  souvent  s'altère  proroptement 
étant  cueilli.  Noas  appelons  ce  groupe  les  mAousa  wtrwmmmamÊMm, 

m.  Tous  ceux  dont  le  tissu  est  plutôt  fibreux,  ordinairement  sec,  mou  ou  ferme, 
souvent  flexible,  mais  toujours  tenace  et  résistant,  même  les  lames;  étant  cueillis, 
ils  ne  se  pourrissent  pas,  mais  se  dessèchent  et  offrent  ensuite,  si  on  les  imbibe,  la 
remarquable  propriété  de  reprendre  la  forme  et  la  vie.  Nous  appelons  ce  groupe 
les  niACBi  mkvrvmcmmm. 

Cependant,  comme  il  arrive  toutes  les  fois  que  des  coupures  sont  pratiquées 
dans  des  séries  continues,  il  y  a  quelques  espèces  que  l'on  est  obligé  de  placer 
presque  arbitrairement  dans  l'un  ou  dans  l'autre  groupe  ;  c'est  ce  qui  nous  arrive 
ici,  tant  les  espèces  sont  rapprochées.  Nous  prendrons  soin  d'indiquer  les  espèces 
ou  les  petits  groupes  qui  servent  comme  de  termes  de  transition.  Ici,  par  exemple, 
entre  les  deux  termes  A  et  B,  il  y  a  quelques  Agarics  coUybia  du  groupe  A,  dont 
le  stipe  tenace  ressemble  fort  à  celui  de  plusieurs  Marasmes  du  groupe  B,  et  qui 
même,  par  un  temps  sec,  peuvent  se  dessécher,  et  étant  imbibés  revivre  (Ag.  Coll. 
posiPEs;  — DRTOPHiLE,  ctc.)  ;  et,  d'autre  part,  quelques  marasmes  (obbades, 
—  PERONATDs)  out  Ic  port  dcs  CoUybia,  mais  les  lames  de  ceux-ci  sont  constam- 
ment beaucoup  plus  fragiles  que  chez  les  Marasmes.  De  même,  quelques-unes  des 
dernières  CanthareUes  avoisinent  de  fort  près  les  Xerotus^  et  môme  quelques 
Auriculatis.  Mais  dans  tous  ces  cas  douteux,  les  lames  consultées,  et  aussi  l'circMte 
affinité  avec  telle  espèce  voisine  non  douteuse,  décident. 

A.  Les  rsAoun  pvnuncniuM  peuvent  être  divisés  (difficilement)  en  deux 

groupes  inégaux,  soit  a  et  |3. 

a.  Ce  groupe  a  pour  caractères  communs  :  un  hyménophore  absolument  continu  e€  à  peu 
prés  homogène  avec  le  stipe,  la  confection  et  l'apparence  des  lames  céracées  ou  mkeér&cés» 
et  emmées  avec  Thyménophore,  une  trame  également  homogène,  le  plus  souvent  gruiu* 
leuse  ou  ^iculeuse  et  fragile,  de  sorte  qu'on  ne  peut  que  diflldlement  et  imparfûtnnent 
dédoubler  le  pli  hyménial,  constitutif  de  la  lame.  Mais  les  caractères  de  chaque  genre  limi- 
teront mieui  cette  section. 

RossDLA  et  ucTABios  Ont  tous  deux  un  tissu  vésiculaire  et  celluleux  (jamais 
fibreux),  et  par  suite  ruptile  et  non  fissile;  des  spores  globuleuses  et  mlkrifo^nc^ 
ou  hérissées,  le  bord  des  lames  lisse  et  aigu. 

I.  LseUuriMs,  Mich.  et  Pers.  Ce  genre  se  distingue  par  des  lames  lactescentes  h 
lait  Uanc  ou  coloré,  (mais  par  un  temps  sec  une  espèce,  L.  vellbrbus  Fr.,  est 
sans  kit),  souvent  étroites,  peu  épaisses,  également  atténuées  aux  deux  exirémi* 
tés,  lames  ou  simples,  et  alors  lamelltiles  nombreuses  et  ordinairement  syméd  ^- 


VGARICINËES.  Vl\) 

<|ucs,  ou  bifurquées;  souvent  décurrentcs.  Spm^e^i  blanches,  rarement  teinté»» 
(torangé  trètrclair.  Chapeau  d abord  ou  enfni  déprimé,  ombiliqué,  d*abonl  eii- 
rouJé  et  souvent  marge  barbue,  velue  ou  tomenteuse,  ou  vacuolée;  quelquefois  le 
clinj)eau  et  le  stipe  lui-même pubescents,  tomenteux.  (Voy,  Lactaire.) 

H.  AvMvla«  l^ers.  et  Fr.  Ce  genre  se  distingue  par  des  lames  non  lactes- 
centes ni  aquesceutes,  mais  plus  larges,  plus  fermes  (dans  la  Russule  fraîche), 
i-aremeut  sul>décurrentes,  quelquefois  bifurquées,  plutôt  simples,  oixlinai rement 
atténuées  inégalement  aux  deux  extrémités,  plus  larges  en  avant  ;  lanu'llules 
rares  y  irrégulièrement  distribuées  ou  nulles,  Cluipeauà'dhovd  connivent  et  recou- 
vert d'une  pellicule,  quelquefois  d'une  cuticule,  puis  souvent  aplani,  enfin  déprimé, 
({iielquefois  gercé,  sans  trace  de  vélum  sur  la  marge  nue.    (Voy,    Russule.) 

)1L  ■ygrophoms,  Fr.  Lames  céracées,  souvent  plicifomics,  à  bords  aigus 
ou  subaigus,  plus  ou  moins  aque^centes  (non  lactescentes),  distantes,  à  base 
d'alx>rd  ou  enfin  veinée,  souvent  rameuses  ou  à  lamellules  régulièrement  distri- 
buées; trame  floconneuse  mêlée  de  granulations,  fragile.  Chapeau  chavnu,  visqueux 
ou  mouillé  (viscosité  représentant  le  vélum);  couleurs  vives,  nettes,  rarement 
rjliattues;  chair  plus  ou  moins  aquescentc.  Stipe  très-charnu,  homogène  au  cha- 
peau. Épigé.  Spores  globuleuses  et  blanches.  {Voy.  Hyghophore.) 

IV.  Njetali»,  Fr.  Très-charnus,  à  chair  devenant  cendrée,  puis  sombre. 
Lames  épaisses,  aquescentes,  subgélalineuses,  inégales,  non  décurrentes  ni  en 
forme  de  plis,  mais  à  bords  obtus  ;  vélum  floconneux  piUvérulerU.  Croît  sur  les 
Agarics  morts.  (Voy.  >Jyctaus.) 

V.  CaMtimrell««,  Adans.  Champignons  turbines  ou  infundibulés ,  charnus- 
libreuxou  fibreux  et  souvent  fibro-membraneux.  Laines  étroites,  épaisses,  gonflées, 
pHciformesh  bords  obtus,  décuiTentes,  une  ou  plusieurs  fois  dichotomes;  vallécules 
fertiles.  Spores  blanches,  globuleuses.  Aucune  trace  de  voiles.  (Quelques  Ganta- 
relies  (ibio-membraneuses  et  infundibulées  sont  un  peu  tenaces  et,  par  un  temps 
sif,  peu  putrescibles.)  (Voy.  Cantiiarelle.) 

,9.  Le  plus  grand  des  deux  groupes  des  Agaricinéet  fragiles  putrescibles  comprend  huit 
K^'iires. 

II  a  pour  caractères  génériques  d'avoir  les  lames  molles  et  membraneuses,  trame  humide 
et  floconneuse,  plus  faible  que  l'hymen'um,  et  par  suite  lames  dédoublables.  Mais  la  carac- 
téristiqae  des  genres  en  fera  mieux  connaître  l'étendue. 

Vf.  Amanita,  Pers.  Formes  symétriques,  tégument  du  chapeau  et  voile  hété- 
rogènes, distincts  et  séparés  ou  séparables.  Volva  lexto- . .  ou  pulvo-membraneuse 
ou  pulvérulente;  rc/ttfn  manifeste,  persistant  comme  collier  ascendant,  ou  rare- 
ment évanoui.  ffi/ni(j'wopft(W'«cellulo-chamu,  mou,  fragile,  distinct  et  quelquefois 
s^parable  du  stipe,  et  mtuii  d'un  cutis  pelliculaire  nu  ou  portant  les  débris  adne.Kés 
<lela  volva.  Chapeau  d'abord  à  forme  connivente,  mais  le  bord  des  lames  appliqué 
sur  le  stipe,  puis  convexe.  Lames  libres,  nombreuses,  minces,  molles,  fragiles,  à 
Ijoitls  parallèles.  Stipe  fibro-charnu,  médulleux  ou  avec  canal  médulleux,  ruptile 
et  fissile.  Spores  et  Limes  blanches  à  cause  de  la  séparation  artificielle  des  Amanites 
à  spores  colorées  (voy.  pour  elles  art.  Chromospore.).  Épigées.   (Voy.  Amahite.) 

Vil.  i^epiota.  Fr.  Voile  homogène  ticonné  avecle  tégument  duchapeau,  qui  à 
cause  de  cela  reste  écailleux ,  squameux ,  ou  fibrilleux  (quelquefois  très-fi uement) .  Voi  le 
concrète  aussi  avec  le  vélum,  tous  deux  fonuant  un  collier  plutôt  mixte,  devenant 
((uclquefois  mobile,  {persistant  ou  fugace.  Hyménophore  cellulo-charnu,  assez  mou 
et  fragile,  quelquefois  mince ,  distinct  et  plusou  moins  facileinent  séparable  du  sli|)e. 
Lames  libres,  nombreuses,  larges,  molles,  à  bords  parallèles,  atfcimées  en  dc«laus 

DicT.  ESC.  II.  y 


ir>0  AGARlClNËtS. 

et  aboutissant  Iràs-souvent  à  un  collariutn  flus  ou  moins  développé.  Stipediaruu- 
librcux,  médullo-lisluleux,  à  consistance  ferme  ou  un  \)cn  cartonnée.  Quelques 
espèces  septentrionales  ont  le  voile  visqueux .  Spores  et  lames  blanches  à  cause  de  la 
séparation  artiliciellc  des  Lépiotes  à  spoi-es  colorées  {voy.  pour  elles  aii.  Cuftovo- 
si>ore).  Épigées.  (Voy.  Lépiote.) 

YIII.  Honta^altcs,  Fr.  Agurieinée  anormale.  Chapeau  nu  et  lisse  en  dessous  ; 
latnes  udlixées  seulement  sur  la  marge  du  chapeau,  étendues  comme  des  rayou^ 
libres,  nombreuses,  rapprochées,  se  desséchant,  à  spores  noires  et  globuleuses.  {Yoy. 

MONTAGRITES.) 

IX.  CoprliHM,  Pers.  et  Kr.  Lames  nombreuses,  pressées,  (Vabord  unies  entre 
elles  par  leurs  bords^  et  au  stipe  par  une  transformation  du  vélum  ;  trame  débile. 
Plus  taixl,  Vailles  diffluentes,  goixilchni  un  lait  noir  qui  entraine  Thyménophorr 
plus  ou  moins  membraneux,  distinct  et  bien  séparable  du  stipe ,  mais  d*abord  femu' 
et  appliqué  sur  ce  stiiie.  Spores  grandes,  ovales,  noires.  Voile  manifeste  chez  les  uns, 
devenant  micacé,  pulvérulent  et  s*évanouissant chez  les  autres.  (Voy.  Coprir.) 

X.  méKhiÈmm^  Fr.  Hyménophore  presque  distinct.  Lames  roembraneu>cs 
molles,'^bientôt  pulvérulentes  par  les  spores  qui  se  détachent  et  tombent  sur  \e> 
lames  a  la  manière  des  Cortinaires  (ces  spores  ne  sont  ni  quateniées  ni  noire»), 
enfin  liquescentes,  mais  à  peine  diflluentes;  la  trame  est  débile.  Champignons  fu- 
gu(  es  plutôt  épicopres,  petits,  de  printemps  ou  d*été.  Stipe  cave  ou  fistuleux.  Cha- 
peau teinté  d'orangé.  Se  rapprochent  des  Copri.is  par  leur  port  et  leur  tissu,  mA\< 
des  Cortinaires  par  leurs  spores  et  leur  lames  pulvérulentes.  {Voy,  Bolbie.) 

XI.  CorttaarliM,  Pers.  et  Pries.  Hyménophore  très-généralement  continu  avif 
le  stipe,  souvent  tuniélié  à  la  base.  Lames  membraneuses,  sèclies,  u  trame  flocon 
neuse,  persisbntes,  assez  facilement  séparables  du  plancher;  leurs  liords  sont 
concolores;  elles  sont  |iersistantcs  et  se  dessèchent,  changent  aloi-splus  ou  moins  de 
couleur,  leur  surface  devient  pulvérulente  et  de  couleur  cannelle  par  les  s|)ores  non 
lancées,  mais  tombant  sur  les  lames.  Voile  mixte,  aranéeux,  adné  sur  le  tégument, 
mais  liétérogène  (au  contraire,  chez  les  Ag.  chrom.,  h  Cortine  aranéetise  (I^ocibi: 
et  Flaiimula  Fr.),  le  voile  est  homogène  et  continu  avec  le  cutis),  devenant  oortiiio 
ou  collier  pl::s  ou  moins  délébile.  Agaricinées  rharaues,  putrescibles,  épigées  (les 
individus  du  sous-genre  Ag.  chrom,  hamiiula  qui,  p.ir  le  voile  aranéeux  et  b 
couleur  des  .spores,  poun-aient  tromper,  sont  ordinairement  épixyles).  Les  s|ior(*^ 
couleur  cannelle  sur  les  lames  deviennent  sub-ocracées  dans  un  pli  de  papier.  I  u 
port  très-spécial  sépare  les  Cortinaires  des  Agarics  chromospores  ferrugineux,  etc. 
iDerniini  de  Fries.  (Voy.  Cortin aire.) 

XII.  Paxiilm,  Fr.  Hyménophore  à  tissu  charnu,  mou,  continu  avec  le  stipe 
quelquefois  excentri(|ne  on  nul,  marge  toujours  enroulée  A  déroulement  indéfini. 
Lames  à  trame  débile,  menibmneuses,  décurrentes,  rapprochées,  :\  boid  aign, 
rameuses,  ]iai*ais$ant  d*aljord  anastomosées  en  arrière,  facilentent  séparables  iXc 
Thyménopliore,    se  teintent  par   des    spores  sordides   ou  ferrugineuses.  (  Yoy. 

PAXILLE.) 

XIII.  CoinphMIwi*  Fr.  Spores  fusifonnes ,  Ihménophore  très-clianiu,  dmir- 
rrnt  en  ^lipe  fibro-charnu,  enfin  turbiné.  Lames  subrameuses,  d'abord  muci- 
laginenses  et  mollo>,  à  trame  notable  ou  débile  et  membrane  h>méniale  facilenieiil 
déplissable  et  scissilc,  décurrentes,  de  claires  se  teintent  par  des  spores»  noiràtit^s. 
Voile  d'alford  glutineux,  puis  floconneux  ou  aranéeux.  [Voy,  Gompuide.) 

XIV.  AfaitaM,  L.  et  Fr.  Ces  tmze  genres  vraiment  naturels  étant  dibtmil^ 


AGARIGINÉES.  131 

de  l'aiicieii  genre  Agaricus  L.,  le  reste,  assez  mêlé  et  eiRore  ù  ikmiembrer,  admet 
difTicilemeiit  une  caractéristique  générale,  et  se  limite  surtout  par  eiclnsion.  Il 
ne  reulermc  plas  (et  indûment)  qu*un  très-petit  nombre  d'Agaricinées  à  liymé- 
uopliorc  séparé,  moins  encore  à  Voileiibre  ethélorogène,et  seulement  dans  la  série 
(1(»  Ag.  chromospores,  dans  laquelle  nous  avons  laissé  provison-cment  les  types 
correspondants  aux  genres  Lépiote  et  Amanite  des  An.  Leccospores.  Quel([ues 
Agai'ics  à  spores  blanches  parmi  les  CoUybes  ont  encore  un  hyménopbore  séparable 
à  cause  de  rbétérogénéité  des  tissus  du  slipe  cartilagineux  et  du  chapeau  charnu. 
Pour  le  plus  grand  nombre,  le  slipe  est  franchement  continu  avec  Thyménophore 
mou,  charnu  ou  membraneux,  putrescible.  Les  lames  sont  persistantes,  ordinaire- 
ment assez  minces,  adnées  sur  l*hyménophore  par  une  trame  concrète  ou  flocon- 
neuse, (rarement  débile  et  seulement  si  la  chair  du  chapeau  s'est  éTanonie), 
à  bord  d  aljord  libre  et  aigu  ;  elles  peuvent  se  dédoubler  avec  plus  ou  moins  de 
facilité  et  projettent  leurs  spores  arrondies,  ovoïdes  (polygonales  dans  quelques 
chroniospores  roses).  Mais  c'est  surtout  par  l'étude  des  sept  formes  typiques  que 
ce  genre  renterme  et  qui  se  retrouvent  dans  les  deux  séries^  Leucosporeb  et 
(iUROMOSPURES,  dans  lesquelles  nous  le  divisons,  que  Ton  possédera  les  caractéris- 
tiques complexesdu  genre  Agaricus,  aujourd'hui  conventionnel.  (Voy.  Agaric.) 

B.  Agarioiuées  à  tissu  tewace  Mkviviac&KTi  elles  comprennent  six  petits  genres 
rangée  dans  leur  ordre  de  coriacité  piogressivc  : 

1*  Quatre  ont  leurs  lames  encore  flexibles,  au  moins  étant  jeunes. 

\V.  HttraimliH,  Fr.  Hyménophore  mince,  subcharnu  ou  membraneux,  mais 
toujours  flexible  et  au  moins  un  peu  tenace,  hétérogène  au  stipe  tenace  et  carti- 
lagineux ou  conié.  L*Hymeninm  sec,  à  vallécules  fertiles,  forme  des  lames  ou  des 
plis  à  bords  aigus  plus  ou  moins  soutenus  par  une  trame  connée  et  semblable  a 
ï'hyménophore.  Spores  blanches  subelliptiques,  chapeau  enfin  sillonné  ou  ridé. 
Lames  obtuses  par  derrière,  plus  ou  moins  adnées-annulées,  très-rarement  décur- 
renles.  Le  plus  souvent  épiphyllc  ou  épiphyte.  {Voy.  Marasme.) 

XVI.  lientlniM,  Fr.  Tissu  tenace,  flexible;  hyménophore  homogène  avec  le 
stipe  induré,  mais  quelquefois  oblitéré.  Lames  minces,  flexibleSt  ^  trame  peu 
distincte, connées avec  Ï'hyménophore,  abord  aigu,  mais denticulées^  déchiquetées. 
Spores  blanches,  rarement  teintées  d'orangé  clair.  Champignons  réguliers  ou  irré- 
guliers, croissant  lentement,  persistants.  Ordinairement  épixyle.  {Voy,  Lbk- 
nivus.) 

XVn.  PaaiM,  Fr.  Chapeau  d'abord  charnu,  tenace,  enfin  coriace  mais  non 
ligneux.  Lames  parfaites,  à  bord  aigu  et  bien  mii,  fermes,  inégales,  d*abord  flexibles, 
eniiji  coriaces,  à  trame  manifeste,  fibreuse,  souvent  veinées-coimexées.  Spores 
blanches.  Champignons  diflbrmes  ou  latéraux,  longtemps  persistants.  Epixyles. 
(Voy.  Pa.mjs.) 

XVIII.  XerotMi,  Fr.  Chapeau  membi^neux;  lames  dichotomes  et  coriaces, 
pliciformes,  à  bord  obtUs  et  intact.  Ce  genre  se  rapproche  du  génie  CAittHARELLE, 
mais  il  est  membranetix-coriace  et  a  les  laines  moins  larges.  Il  est  surtout  propre 
aux  tropiques. 

XIX.  Troffiai  Ft-.  Ce  genre  se  distingue  par  ses  lames  veinées,  pliciformes, 
dichotomes,  à  bdrd  épais,  longuement  canaliculé  ou  crispé. 

2"  Deux  genres  ont  les  lames  toujours  coriaces. 

XX  i  HcIdBiiphyUiiiii,  Fr.  Champignons  sans  chair,  constitués  par  un  tégu- 
n:enl  tomenteax  et  sec  recouvrant  des  lames  coriaces  ramifiées  en  éventail,  et  ont 


iri2  AGATIIOSMA. 

I(!  bord  lil)i*e  des  luiiicllules  esl  contourné.  Épi\ylc.  L'nc  seule  c>|jèco  daus  iiiys 
clinialSy  Scii.  coimuN.  (Bull.,  t.  546  el  581,  i.  1 .) 

\\l.  licasitos,  Fr.  (Ihampignons  sul)ércux,ou  ligneux  sous  les  Iropiqucâ.  N(>> 
es|)èces  indigènes,  plulot  coriaces,  vivaccs  ou  persistantes,  dimidiées  el  sessilcs. 
I^mes  coriaces,  fermes,  tantôt  simples  et  inégales,  tantôt  rameuses  et  alvéolée>, 
anastomosées  ]iar  derrière  ;  trame  semblable  au  chapeau;  bord  des  lames  tantôt 
obtus,  tantôt  aigu.  Toujours  épiphytes.  (Voy.  Lekzites.) 

Voy.  CiiAiiriGNoifs  pour  la  Bibliographie.  HKnTiliLLOff. 

ACiATHE,  xVgate  ;  Achates,  ixArr,;,  L'Agathe  est  un  rpiarlz  translucide,  à 
cassure  tenie,  susceptible  d'un  poli  brillant,  de  couleur  très-irariable.  On  nomme* 
Chalcèdoine  celle  qui  présente  une  transparence  nébuleuse,  uniforme,  lilandiâtre, 
bleuâtre  ou  verdâtre  ;  on  donne  le  nom  de  Saphirine  à  une  variété  que  1  on  (rou%i* 
à  Kapnik,  en  Pensylvnnie;  elle  est  azurée,  et  se  présente  sous  la  forme  decrisiau\ 
a<îglomérés  en  plaques  plus  ou  moins  épaisses,  qui,  d'après  Haûy,  sont  des  rhom- 
boi*dres  presque  cubiques  ;  pour  d'autres  minéralogistes,  ce  sont  des  cubes  qui 
ont  appartenu  primitivement  à  du  fluorure  de  calcium  qui  a  été  remplacé  pr  de  la 
chalcèdoine. 

La  coloration  de  la  chalcèdoine  est  souvent  due  a  une  matière  carbonée  qui  est 
t;uitôt  uniformément  répandue,  d'autres  fois  elle  forme  des  dendrites,  de» 
zones,  etc.,  etc.  On  la  dit  alors  enfumée,  ponctuée^  herboHsée,  zonée,  ruba- 
uve,  etc.  Li  variété  zonée  porte  plus  spécialement  le  nom  A* Onyx  (mot  grec  i|iii 
signifie  ongle)  ;  elle  sort,  ainsi  que  beaucoup  d'autres,  à  faire  des  camées.  La  Car^ 
fialine  est  une  agathe  rouge  orangé,  homogène;  on  la  nomme  Sardoine  lorsque  sa 
couleur  est  brun  orangé  foncé  et  formée  du  mélange  des  deux  matières  ooUk 
nulles  de  l'onyx  et  de  laconialine.  La  Praac  ou  Clirysoprase  est  une  agathe  colorée 
en  vert  pomme  par  de  l'oxyde  de  nickel . 

Le  quarts  agatlie  se  trouve  en  Auvergne,  en  Irlande,  en  Islande,  en  Sicile,  daiib  \c 
Palalinat,  etc.  11  appartient  aux  teriains  volcaniques  anciens  de  nature  Ini- 
|)éenne;  on  en  fait  des  bijoux;  on  en  fabrique  des  moiliei*s  très-pi*écieux  pour  pu  U 
vériser  les  sultsUnices  très-dures  ;  les  chimistes  s'en  servent  souvent.  Ces  divef> 
objets  viennent  de  la  Pmsse  rliénane.Les  anciens  employaient  l'Agathe  pour  calmer 
la  soif;  on  la  préconisait  œntre  le  venin  des  seqients  et  la  ^4?^ofule;  elle  est  aujour- 
d'hui inusitée  en  médecine.  0.  Réveil. 

AttATHM.  Voy,  IUmmaka. 

ACtATaOHXA.  Ik-nre  de  plantes  de  la  famille  des  ItuLiovs,  éUibli  |iar  \^*ill- 
denow,  iKHir  un  graml  nombiv  d'opîvo  de  l'aïKMeii  genre  Diosma  de  Linné,  ^.*e^l 
iv  nionie  genre  que  Ibrtling  et  Weiidland  ont  appelé  Bucco,  Un  Agathostna,  qui 
M*  i^|)pnK^ient  d'ailtein-s  luMucoup  desDto^iM,  ont  un  c-alîce  à  cinq  sépales  égauv 
ou  inégaux,  cinq  (vtales  étroits,  h  onglet  allongé,  souvent  charçé  de  poils.  I^eur 
diNquet^t  iuét'alement  loU*,  crénelé  ;  el  de  leurs  dix  étimines  cinq  seulement, 
irlh*s  qui  sont  altenu^  a\tv  les  {tétales.  sont  fertiles,  tamlis  que  les  ciiHj  autn-» 
NOiil  n^présentées  par  des  Inguettes  stériles  de  forme  ^^riable.  Les  carpelles,  en 
jurtie  MiR^ns,  sml  au  nombn^  de  deu\  à  ciiu]  el  libres  |ar  k*ur  portion  ovarienne, 
l  nidiN  qtio  ltMn>  sl\  h>s  >«»  rôuni>senl  jusi|u'à  leur  somn^H  renflé  en  léle  sligmatifèrr. 
U'>  fnuls  Hint  M?cs.  imié|)eiifbni>,  coaiine  i\»ux  des  Diosma. 

Lo  .iÇQiha^mu  hni(  des  ailNis4es  ramcux  un::iuain:>  M*ultiuient  du  sud  de  l'A* 


AfrATOPHYTUM.  155 

'rique  et  Irèspcomniuns  au  cap  de  Bonne-Espérance  ;  on  en  compte  une  centaine 
d'espèces.  f.es  feuilles  sont  presque  toujours  alternes,  petites,  entières  ou  finement 
deiUelées.  Elles  sont  parsemées  de  points  translucides,  c'est-à-dire  de  réservoirs 
dlmile  essentielle  odorante,  et  les  fleurs  sont  en  général  réunies  au  sommet  des 
rameaux  eu  ombelles  ou  en  capitules. 

Les  principales  espèces  d'Agathosma  sont  :  ÏA.  pulchella  (Hartogia  pulchella 
Berg.— Bw^ma  pidchella,  h,— Bucco pulchella  Rom.  et  Sch.);  2*  VA.  imbricata 
iBucco  imbricata  Wendl.) ;  3»  VA.  hispida  (Diosma  hispida  Thg.  —  Bucco  hispida 
Rôra.  et  Sch.).  Ce  sont  toutes  plantes  à  odeur  fortement  aromatique,  surtout 
quand  elles  sont  fraîches,  et  servant  à  préparer  des  boissons  excitantes,  diurétiques, 
jieclorales.  Toutes  entrent,  plus  ou  moins,  avec  de  vrais  Diosma,  des  Barosma  et 
des  Adenandra  (voy,  ces  mots),  dans  le  Buchu  ou  Bucco  (vay.  ce  mot)  qui  nous 
vient  du  Cap. 

\V..  Enum.  pi,  hort.  Berol.,  259.  —  Bautl.  et  Wendl.,  Diosm.^  121,  B.  —  Wexbl  ,  Coll.,  t.  lî. 
-D.  C,  Prodrom.,  I,  714.—  A.  Juss.,  Rutac,  92,  t.  20.  —  IIarv.  et  So:a>.,  FI.  Cap.,  I,  599. 

H.  B.N. 

ACSATMOUBS.  Voy.  Ophelia. 

.4CSATI.  Genre  de  plantes  de  la  famille  des  Légumineuses,  que  Rheede  a  établi 
pour  quelques  plantes  rapportées  par  Linné  au  genre  jEschynomenet  et  qui  s(* 
distinguent  par  les  caractères  suivants  :  un  calice  gamosépale  à  doux  lèvres  peu 
prononcées  ;  une  corolle  papilionacée  ;  des  étaminrs  diadelphes  aviH'.  un  faisceau 
de  neuf  fdcts,  auriculé  à  la  base;  un  ovaire  multiovulé,  stipité,  surmonté d*un 
style  filiforme  ;  une  gousse  supportée  par  un  pied  étroit;  allongée,  linéaire,  com- 
primée et  contractée  dans  l'intervalle  des  graines,  mais  non  articulée  en  ce  point; 
et  des  graines  ovales  séparées  les  unes  des  autres  par  des  espaces  ecUuleux  criblés 
de  petites  cavités  inégales. 

Les  Agaii  sont  de  petits  arbustes  à  végétation  rapide,  originaires  de  TAsic  tro- 
picale. Leurs  teuilles  sont  composées-pennées,  accompagnées  de  deux  stipules  lan- 
céolées. Leurs  fleurs  sont  grandes  et  peu  nombreuses  sur  des  grappes  axillaires. 

L'espèce  employée  en  médecine  est  VAgati  grandifloi'a  de  Desvaux,  que  Linné 
avait  appelée  ^^cÂt/TZomene  grandiflora.  Willdenowl'a  rapportée  au  genre  Coro- 
nilla,  ci  Persoon  au  genre  Sesbana.  C'est  un  petit  arbuste  qui  croit  rapidement, 
iH  dont  les  folioles  sont  très-nombreuses  à  chaque  feuille.  Les  grappes  ne  comptent 
guère  que  deux,  trois  ou  quatre  fleurs.  Les  gousses  sont  très-développées,  cîu*  elles 
atteignent  plus  dun  pied  de  long.  Cette  plante  est  commune  dans  toutes  les  régions 
chaudes  de  l'Inde  orientale.  Rheede,  Rumphius  et  Roxbur;>h  nous  apprennent  que 
son  écorce  est  un  toxique  très-puissant.  Son  infusion  est  extrêmement  amère,  et 
ses  propriétés  paraissent  être  fort  analogues  à  celles  du  Quassia.  C'est  le  Duka  des 
Bengalais  et  le  Yen*a  avesi  des  Tingalais. 

L  ,  Spec,  1050.  — W.,  Spec,  TIÏ,  1055.  —  I'eus.,  Synop.,  II,  516.—  Rhkede,  Hort.  Malabar, 
l.  95,  pi.  51.  —  Ruiimius,  Amboin.,  I,  pi.  76.  —  Roxb,  FI.  indic,  507.  —  Wigiit  et  Absott. 
Prodrom.,  I,  213.  —  Desvavx,  Journ.  botan.,  III,  120.  —  D.  C,  Prodrom.,  II,  266.  —  Endl., 
^>».,  II. 0555.  II.  B>. 

AGATOPHYLLUM.  ^om  générique  donné  par  k.  L.  de  Jussicu  au  Rave.nsara 
*voy.  ce  mol). 

AGATOPHYTCilH.  Genre  de  plantes  de  la  famille  des  Chéno|X)déos,  que  Mocjuin- 
Tnndon  avait  établi,  en  1834,  pour  lo  Bon- Henri  (Chetwpoditm  Bonus -He^iricwi 


154  AGAVE. 

L.)>  et  qu'il  fondait  sur  la  direction  verticale  des  semences,  les  fleurs  pDly<>ani<>s, 
les  stigmates  distincts  et  la  brièveté  des  folioles  calicinales.  Mais  le  mOmc  auteur, 
revenant,  en  1 849 ,  sur  cette  première  opinion,  rapporta  cette  plante,  avec  C.  A .  Mrji»r, 
au  genre  Blitutn  de  Toumefort  et  de  Linué,  et  n'admit  plus  les  Agaiophytôn  que 
comme  une  section  du  genre  Blitutn  (voy.  ce  mot) ,  caractérisée  par  des  fleurs  en 
épis  denses,  terminaux,  un  calice  non  charnu,  plus  court  que  le  fruit,  des  stigmatis 
distincts  et  des  feuilles  glabres,  farineuses,  non  glanduleuses.  Nous  appellerons 
donc  désormais  Blitutn  BatiuS'Hettricus  la  seule  plante  de  ce  groupe  qui  soit  mi* 
ployée  en  médecine. 

MoQriN-ÎAXiwx.  In  Afin.  êC.  nat,,  sér.  î,  I,  291,  t.  X,  fig.  C;  et  in  D.  C.  Prodrom.,  XIH, 
85.  H.  Bw. 

A<}A¥E.  Genre  de  plantes  monocotylédones,  de  la  famille  des  Amaryllidées, 
mais  appartenant  à  une  tribu  distincte  de  cette  famille,  celle  des  Agavées,  qui 
oflre  en  même  temps  beaucoup  d'affinités  avec  les  Broméliacées.  Les  Agave  ont 
les  fleurs  hermaphrodites  et  régulières.  I^eur  périanthe  est  supère,  tubuleui  m 
infundibulilorme,  vert  ou  coloré,  à  six  divisions,  dont  trois  extérieures  et  (roi^ 
autres  extérieures  alternes,  presque  toutes  semblables  entre  elles.  Leurs  étamînc^ 
sont  au  nombra  de  six,  insérées  sur  le  tube,  evsertes  et  munies  chactinc  d*uiio 
anthère  biloculaire,  introrse,  déhiscente  pr  deux  fentes  longitudinales,  et  oscillanlt* 
sur  le  sommet  du  fdet.  L  ovaire  est  infère,  a  trois  loges,  surmonté  d'un  style  gi'élc 
et  creux  qui  se  dilate  à  son  sommet  eu  une  tête  stigmatifère  trigone  ou  triloliée. 
(Chacune  des  loges  ovariennes  contient  dans  son  angle  interne  deux  séries  vciti- 
cales  d'ovules  auatropes  qui  se  tournent  le  dos;  et  les  cloisons  intciloculaires con- 
tiennent dans  leur  épaisseur  un  appareil  glanduleux  qui  vient  verser,  à  la  partie 
supérieure  de  l'ovaire,  un  nectar  sucré  très-abondant.  Le  fruit  est  une  capsule 
Iriloculaire ,  à  déhisccnce  loculicide.  Les  graines  nombreuses  renferment  sous 
leurs  téguments  un  albumen  charnu  abondant  qui  entoure  l'embryon. 

l^s  Agave  sont  des  plantes  américaines,  abondantes  dans  les  régions  tropicales 
et  sous-tropicales.  Leur  tige  est  ordinairement  courte  et  trapue,  chargée  de  fenille< 
alternes,  rapprochées  les  unes  des  autres,  larges,  charnues,  aiguës  au  sommet, 
décou(N*es  sur  les  bords  en  dents  épineuses,  et  concaves  supérieurementpour>  em- 
brasser exactement  entre  elles  dans  le  lx)urgeon.  Le  port  de  ces  plantes  vsi  on 
grand  celui  des  Aloès,  dont  on  leur  donne  souvent ,  mais  à  tort,  le  nom  eu 
Europe.  Ce  sont  des  plantes  à  deux  périodes  de  végétation  bien  distinctes.  Pendant 
une  première  période,  leur  tige  demeure  très-courte,  et  leurs  feuilles  forment  une 
rosette  serrée.  Celte  première  période  est  souvent  de  très-longue  durée  ;  c'est  celle 
pendant  laquelle  la  plante  amasse  dans  la  base  de  son  bourgeon  des  sucs  abondants 
pour  pouvoir  ensuite  subvenir  à  sa  floi^ison.  La  seconde  |)ériode  est  celle  pendant 
ia(|uellc  la  plante,  sudlisaniment  pourvue  d'aliments,  les  consomme  rapidement 
pour  monter  en  fleurs  et  produire  des  fruits.  Dans  l'opinion  fort  erronée  du  ^iil- 
gïiiiv,  celte  seconde  période  n'arrive  guère  qu'après  un  siècle.  L'axe  qui  doit  porter 
les  fleurs,  et  qu'on  a  ap|)elé  hampe,  s'allonge  avec  rapidité  et  forme  une  colonne 
dressée,  chargée  de  cimes  multiflores,  constituant  par  leur  réunion  une  soite  de 
puicule  terminale. 

U  y  a  plusieurs  espèces  A' Agave  qui  fournissent  des  produits  utiles.  Les  ^4.  i^a- 
ponaria  et  tnexicana  contiennent  un  suc  visqueux  qui  a  les  propriétés  de  re:iu 
de  savon.  VA.  odorata  ou  cubetisis  a  des  racines  cylindriques  et  grêles,  qu'im 
Milislitue  |:arfois  i^  celles  des  Salse|areilles.  I^es  i4.  fœlida  et  vivipara  de  Linné 


AfiE  (porsioLOGiB).  155 

senriraieut,  dît-on,  à  fabriquer  une  partie  de  YAÎoês  caballin  du  eommorce.  Tontes 
ces  eqièees  ont  d'ailleurs  les  mêmes  propriétés  que  VA.  americana  L.,,planto  dont 
presque  toutes  les  parties  sont  utiles,  et  qui  de  toutes  est  la  plus  connue  ;  car  elle 
a  été  introduite  d'Amérique  dans  le  monde  entier ,  où  elle  végète  maintenant 
spontanément,  toutes  les  fois  que  la  température  des  hivers  n'est  pas  trop  hasse.  A 
F^uris,  elle  doit  être  rentrée  en  orangerie  pendant  la  mauvaise  saison  ;  il  n'en  est 
pas  de  même  dans  le  midi  de  la  France.  C'est  une  magnifique  plante  à  feuilles 
grasses,  d'un  vert  glauque,  parfois  panachées,  atteignant  jusqu'à  deux  mètres  de 
longueur,  et  garnies  en  haut  et  sur  les  bords  de  pointes  vigoureuses,  qui  rendent 
la  ^nte  ti'ès-propre  à  faire  des  clôtures  impénétrables.  L'inflorescence,  foimée 
(l'un  grand  nombre  de  fleurs  verdâtres,  s'élève  à  plusieurs  mètres  de  hauteur  et 
;;rsuidit  arec  une  rapidité  surprenante,  puisque  son  développement  peut  être  com- 
plet en  un  peu  plas  d'un  mois.  H.  Bn. 

PsARMACOLOGiE.  Si  les  agavcs  sont  peu  intéressants  au  point  de  vue  théra- 
peutique, ils  méritent  toute  Tattention  des  médecins,  au  point  de  vue  industriel  et 
hygiénique  ;  c'est,  en  eliet,  avec  leurs  fibres  que  l'on  fabrique  les  nattes,  les  liamacs 
et  dÎTers  autres  objets,  plus  connus  sous  le  nom  de  fibres  d'aloès.  Les  Agave  Ame- 
ricana L.  et  A.  cubensis  Jacq.  fournissent,  quand  on  coupe  les  feuilles  du  centre, 
une  liqueur  transparente  sucrée,  un  peu  amère,  qui,  par  fermentation,  produisent 
une  liqueur  alcoolique  nommé  pulquè  ou  poulqiièy  très-recherchée  des  Mexicains, 
et  qui  constitue  leur  boisson  habituelle  ;  elle  ressemble  à  notre  bière  ;  elle  est  un 
peu  laxative,  et  on  lui  attribue  des  propriétés  diurétiques  et  cicatrisantes;  les 
feuilles,  bouillies  et  appliquées  sous  forme  de  cataplasmes,  calment  les  spasmes  et 
les  douleurs. 

Le  Maguey  des  Mexicains  ou  Mett  est  fourni  par  ÏA.  Mfxicana  L.  Ce  suc  vis- 
queux et  mucilagineux  est  employé  par  les  Américains  en  guise  de  savon  ;  le  jus 
^ucré  et  évaporé  constitue  le  Miel  de  Magttey,  d'après  H.  de  Humboldt  (Essai 
folU.y  etc.,  t.  XXIH,  p.  21),  on  en  fait  un  grand  commerce  au  Mexique;  la  plante 
niltivée  en  Europe  ne  donne  ps  de  suc  sucré. 

V Agave  fœiida  Ilaw  ou  Aloès  pUte  fournit,  en  Espagne,  un  extrait  semblable  à 
l'aloès  qui  est  employé  en  médecine  vétérinaire. 

la  racine  del'iï.  cubensisi9C(\,,  qui  rentre  ainsi  que  le  Mexicana  dans  ¥odai*ala 
de  Persoon,  a  été  donnée  quelquefois,  d'après  H.  Guibourt,  pour  la  salsepareille 
rouge  de  la  Jamaïque  ou  de  Honduras,  avec  laquelle  elle  n'a  aucime  analogie  de 
propriétés. 

Au  Mexique,  les  vétérinaires  emploient  comme  révulsif  cutané  le  suc  frais  des 
feuilles  des  agaves  ;  les  Indiens  en  font  usage  pour  eux-mêmes  dans  ce  même  but  ; 
il  produit  sur  la  peau  une  vive  rougeur  avec  des  démangeaisons  cuisantes  ;  l'usage 
habituel  et  prolongé  du  vin  de  poulqué  occasionne  sur  la  peau  l'apparition  de  ce 
méoie  exanthème,  qu'il  est  souvent  difficile  de  calmer.  Ce  fait  pourrait  être  uti- 
lisé en  méflecine  toutes  les  fois  qu'il  serait  opporlini  de  porter  sur  la  peau  un  excès 
de  vitalité.  0.  Réveil. 

âCSB.  g  L  «ënénUliés  phyalologlqnM.  On  appelle  âges  les  périodes  suc- 
ressives  qui,  chez  les  êtres  vivants,  sont  marquées  par  des  changements  appré- 
ciables dans  l'état  des  organes  et,  par  suite,  dans  les  (onctions. 

Ces  cliangements  ne  s'accomplissent  pas  d'une  manière  soudaine,  mais,  au  con- 
traire, avec  lenteur  et  par  degrés  ;  et  c'est  seulement  au  bout  d'im  temps  plus  ou 


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ACiË  (physiologie).  157 

«v^t^mo,  dans  notre  économie,  no  se  développe  tout  à  coup  et  no  finit  de  même? 
C'est  par  degrés  et  successÎTement  que  chaque  partie  ci'oU  et  prédomine,  jusqu'à 
ivque  d'antres  viennent  prédominer  h  leur  tour.  »  {Th.  cit.,  p.  14.) 

U  classification  qui  répondra  le  mieux  au  programme  si  clair,  si  précis  qui 
lient  d  être  exposé,  sem  donc  celle  que  nous  adopterons.  Examinons  les  princi- 
pales. 

U  division  la  plus  connue,  la  plus  générale,  celle  quia  régné  le  plus  longtemps 
et  qui  est,  encore  aujourd'hui,  adoptée  par  beaucoup  d'auteurs  recommandables, 
M  celle  qui  consiste  à  partager  la  vie  en  quatre  époques  :  Véfifance,  la  jeunesse 
lia  adolescence,  la  virilité  ou  âge  adulte  et  h  vieillesse.  Ce  classement  est  de  date 
hieu  ancienne,  il  s'accordait  à  mei*veille  avec  les  idées  philosophiques  des  dogma- 
tistes  successeurs  d'Ilipjtocrate,  et  figurait  très-bien  à  côté  des  quatre  éléments, 
des  quatre  qualités,  des  quatre  humeurs,  etc.  Aussi,  peut*on  établir,  d'après  ce 
<iy>tème,  la  concordance  suivante,  qui,  malgré  tout  ce  qu'elle  doit  à  l'arbitraire  et 
j  la  fantaisie,  n'est  pas  sans  offrir,  sur  quelques  points,  des  rapports  assez  ingénieux 
i\&:  les  faits  : 

]""  L'enfance  :  l'air  ;  Thumide  et  le  chaud  ;  le  printemps  ;  le  sang  ;  les  maladies 
âugoines. 
^  La  jeunesse  :  le  feu;  le  chaud  et  le  sec  ;  l'été  ;  la  bile  ;  les  maladies  bilieuses. 
^'^  L'âge  viril  :  la  terre;  le  sec  et  le  froid;  l'automne;  Tatrabile;  les  maladies 
di1thé^ales  et  cachectiques. 

i*"  La  vieillesse  :  l'eau  ;  le  froid  et  l'humide  ;  l'hiver  ;  la  pituite;  les  maladies 
i^tarrfaales. 

Les  coupes,  dans  cette  classification,  ne  sont  pas  assez  nombreuses  et,  l'enfance, 
ainsi  que  la  vieillesse,  sont  présentées  sous  une  forme  tit)p  générale  et  trop  peu 
(«ratique. 

In  système,  non  moins  ancien  que  le  précédent,  est  basé  sur  les  propriétés  mysté- 
rieuses du  nombre  sept.  C'est  le  système  hebdomadaire,  que  l'on  peut  opposer  au 
i)stème  quaternaire^  dont  nous  venons  de  parier.il  est  formulé  dans  l'écTÎt  hippo- 
cmlique  Sur  les  chairs  et  développé  dans  le  Traité  des  semaines,  si  heurousc- 
riient  retrouvé  par  M.  Littré.  Voici  ce  que  dit  l'auteur  du  livre  des  Semaines  (iient- 
t'iir  le  même  que  celui  du  livre  desC/iatrs)  :  «  Dans  la  nature  humaine  il  y  a  sept 
>ûsoiis,  qu'on  appelle  âges;  le  petit  enfant,  Teniant,  l'adolescent,  le  jeune  homme, 
Utriminc  fait,  l'homme  âi^é,  le  vieillard.  L'âge  du  |)etit  enfant  est  jusqu'à  sept  ans, 
l'imiuedeLi  dentition;  de  l'enfant,  jusqu'à  la  production  de  la  liqueur  spernin- 
ti«]ue,  deux,  fois  sept  ans  ;  de  l'adolescent,  jusqu'à  la  naissance  de  la  barbe,  trois 
i<Nsse]»t;  du  jeune  homme,  jusqu'à  l'accroissement  de  tout  le  corps,  quatre  fois 
^•pl;  de  l'homme  fait,  jusqu'à  quarante-neuf  ans,  sept  lois  sept;  de  Thonmie  âgé, 
jusifua  cinquante-six  ans,  huit  fois  sept;  à  partir  de  là  commence  la  vieillesse.  » 
iOEuvres  d'Hippocrate^  trad.  de  Littré,  t.  L\,  p.  656.)  Voyez  à  la  fin  de  aH  article 
Ifs  années  cliroatériqnes. 

Malgré  sa  Ijase  essentiellement  hypothétique  et  mysti(|ue,  je  préfère  ih  beaucoup 
1"-* système  hebdomadaire xles  âges  au  système  quaternaire;  il  se  rapproche  bien 
|*lus  de  la  vérité;  mais  le  second,  soutenu  par  Galien,  l'a  tout  à  fait  emporté. 
(Judques  auteurs,  dans  les  siècles  derniers,  ont  propose  diverses  subdivisions 
aui  quatre  âges  (Koy.  la  Bibliographie),  mais  leurs  eflbrts  sont  restés  à  peu  près 
***'^ile8.  Ce|jendant  Daubenton  essaya  encore  d'introduire  quelques  modifications 
dans  l'ordre  universellement  adopté.  Voici  les  divisions  qu'il  proposait  :  1*  L'enfonce, 
<^'Ja  naissance  à  vingt  ans;  2**  radol«*cence,  de  vingt  à  vin«l-cinq  ans;  S**  la  jeu* 


13H  AGK  (pHTfsioioGiE). 

nessc.do  viligt-ciiiq  A  trente-cinq  ans;  4® la  virililé, de  trento-cinq  à  qiianinto-ritu] 
ans;  5°  l'âge  de  retour,  de  quarante-cinq  à  soixante-cinq  ans;  6"  la  vieillesse,  de 
soixantecinqans  àla  mort,  {Leçons  professées  aux  Écoles  normales^  t.  Vllf, 
p.  514.) 

Malgré  la  durée  exagérée  qu'il  donne  à  renfancc  et  Téfioquc  singulièrement 
reculée  à  laquelle  il  place  Tadoïescence  et  la  jeunesse,  Daubenton  mérite  des  éloges 
pour  ses  dou\  derniers  termes.  Il  y  a  là  une  très-bonne  division  de  la  période  de 
déclin. 

Mais  c'est  à  Ilallé  que  Ton  doit  d'avoir  apporté  des  modifications  vraiment  srien- 
titiques  dans  la  division  des  âges,  par  les  coupes  ingénieuses  et  pratiques,  à  la  fois, 
qu'il  y  a  introduites.  Voici  cette  division.  (Art  AgesAeYEncydop.  méth.,  P.  Hé- 
decine,  t.  I.) 

A.  Première  enfance  (infantia)  :  De  la  naissance  à  sept  ans,  elle  est  ainsi  subdi- 
visée :  1°  jusqu'à  six  ou  sept  mois,  c'est-à-dire  jusqu'à  la  première  dentition  ;  2^  du 
septième  mois  à  deux  ans,  ou  vingt-huit  mois,  c'est-à-dire  jusqu'à  la  fin  de  la  pre- 
mière dentition  ;  5^  de  la  fiH  de  la  pi*emière  dentition  à  la  septième  année,  c'est-à- 
dire  au  commencement  de  la  deuxième  dentition. 

B.  Seconde  enfance  (pueritia)  :  Elle  commence  à  la  deuxième  denti  ion  et  finit 
à  la  puberté. 

C.  Adolescence  (adolescentia)  :  Elle  commence  à  l'apparition  des  premiers  sion<s 
de  la  puWté,  vers  l'âge  de  onze  à  douze  nus  chez  les  filles  et  quatorze  ou  quinze  rht? 
les  garçons,  et  s'arrête  quand  le  corps  a  terminé  son  accroissement,  vingt  ou  vinst 
et  un  ans  chez  les  iemmes,  vingt-(|uatri'  ou  vingt-cinq  chez  les  hommes.  C'est  alor< 
que  se  manifestent  les  facultés  reproductrices. 

D.  Age  adulte  ou  viril  (virilitas)  :  Il  prend  l'homme  à  vingt-quatre  ou  vingt- 
cinq  ans  et  le  conduit  à  soixante  ou  soixante-trois  ans  ;  Halle  fait  ici  trois  sous- 
périodes  :  {"^Vinlitécommençantetde  vingt-cinq  à  (  rente-cinq  ans;  S^^ptri/f  té  rm?- 
firmée^  de  trente-cinq  à  quarante-cinq  ou  cinquante  ans  ;  «i*  viriliiê  décroissante^ 
qui,  de  la  fin  de  la  subdivision  précédente,  va  jusqu'à  l'âge  de  soixante  ou  soixantr- 
trois  ans  ;  c'est  l'âge  de  retour  de  Daubenton.  La  facidté  génératrice  disparaît  rlht 
la  femme  et  s'affaiblit  chez  l'homme. 

E.  Vieillesse  (senectus)  :  Elle  présente  deux  époques  :  1*  Première  vieillesse^  de 
soixante-trois  à  soixante-dix  ans,  pendant  laquelle  beaucoup  de  personnes  conservent 
encore  un  certain  degré  de  force  et  d'intelligence  ;  ^^  deuxième  vieillesse  ou  décré- 
pitude, caractérisée  par  Textinction  graduelle  des  facultés. 

Dans  une  thèse  sur  les  âges,  que  Linné  fit  soutenir,  par  un  de  ses  élèves,  en  1 7fi7« 
et  dans  laquelle  il  parLige  la  vie  de  l'homme  en  douze  sections ,  à  l'exemple  d*-^ 
douze  mois  de  l'année  et  des  douze  heures  du  jour,  le  célèbre  naturaliste  cnoit, 
avant  d'aborder  l'étude  de  sa  première  section,  devoi^dire  quelques  mots  de  la  li  * 
embryonnaire.  Esprron  consacre  aussi  un  article  s|)écial  à  la  période  intra-ntérivc 
ou  période  fœtale.  Fidèle  à  son  point  de  déprt,  il  ne  pouvait  laisser  de  côté  reti  * 
premièie  é|)o<|uede  l'évolution  de  l'être,  pcMidant  laquelle  s'accomplit  la  formation 
des  organes.  Peu  après,  H.  Barthez  a  suivi  cet  exemple  dans  sa  dissertation  inau- 
gurale. (Montpellier,  1801.)  Enfin ,  l'auteur  d'un  des  meilleurs  ouvrages  sur 
cette  question,  Lucie,  professeur  à  Marlourg,  donne  pour  première  pliasse  de  la  vif 
de  l'homme,  l'âge  fœtal  (Fcetusalter) ^  dont  il  développe  très-longuement  l'histoîre. 

r/est  en  réunissant  cette  période  fœtale  à  la  classification  de  Halle,  légèrement 
modifiée,  que  M.  Flenry  a  constitué  le  système  suivant  le  plus  complet  qui  ail 
été  donné  sur  la  division  des  âges. 


AGE  (futsiolocie).  IôO 

i""  Vie  fcBtale  ou  premier  âge  ;  2^  première  enfance,  de  la  naissance  îk  sept  mois  ; 
3^  deuxième  enfance ^  de  sept  mois  à  deux  ans  ;  4®  troisième  enfance,  de  deux  à 
y|i(  ans  ;  5®  adolescence,  de  sept  â  quinze  ans  ;  6®  puberté^  de  quinze  à  vingt  ans  ; 
7"  âge  adulte^  de  vingt  à  trente  ans  :  ces  sept  âges  correspondent  à  la  période  d*ac* 
rroissement  des  auteurs  ;  8®  virilité,  de  trente  à  quarante  ans,  correspondant  à  la 
pt'riode  stationnaire  ;  9""  âge  de  retotir,  de  quarante  à  soixante  ans  ;  iO*^  vieillesse^ 
ilo  soixante  aas  jusqu'à  la  mort.  G*estla  période  de  déclin.  (Cours  d'/ii/<jf.,  tome  H, 
p.  257.) 

Dans  le  coup  d*œil  rapide  que  nous  allons  jeter  sur  les  phases  diverses  qui 
roitstituent  révolution  complète  de  la  vie  de  Thomme,  nous  suivrons,  à  peu  de 
chnsis  pi  es,  l'ordre  adopté  par  M.  Fleury  ;  nous  en  rattacherons  les  diverses  sections 
ju\  trois  grands  chefs  :  accroissement,  état,  déclin. 

A.  Période  d'accroissement,  i^  X  dater  du  moment  de  la  conception,  Tovule 
teoondé  commence  à  éprouver  une  série  de  modifications  qui  ne  pement  s'accom- 
|ilir  que  dans  le  sein  de  la  mère,  à  laquelle  il  ne  tarde  pas  à  s'attacher  par  des  liens 
^asrulaires;  c'est  d'elle  encore  que  Y  embryon  va  bientôt  tirer  sa  nourriture.  Celui-ci 
110  vit  donc  pas  d'une  vie  propre  et  indépendante  ;  son  existence,  ses  conditions  de 
ibrce  et  de  faiblesse,  de  bonne  ou  de  mauvaise  formation,  dépendent,  on  grande 
lartiOjde  l'individu  auquel  il  est  uni.  Pendant  la  période  intra-utérine,  on  consLnte 
une  arti\ité  prodigieuse  de  la  puissance  foi*matrice.  Mais  cette  puissance  même  est 
sujette  à  des  aberrations,  dont  les  produits  constituent  les  monstniosités  compatibles 
011  non  avec  les  diverses  fonctions,  et  quelquefois  incompatibles  avec  la  vie.  Dans 
d'nutres  cas,  comme  nous  le  faisions  pressentir,  c'est  en  dehors  du  nouvel  être  que 
se  rencontrent  les  causes  d'altérations  ;  elles  proviennent  alors  de  la  mère  :  ainsi 
<l«^s  maladies  de  cette  dernière  seront  transmises  au  fœtus,  soit  p:ir  voie  de  conla- 
s'xon  (syphilis),  soit  par  voie  d'hérédité  et  h  l'état  de  germes  q  li  se  développeront 
\i\us  tard  (diverses  diathèses)  ;  d'autres  fois,  des  violences  biusques  et  subites  ou 
continues  et  persistantes,  amèneront  des  vices  de  conformation.  Un  état  habituel, 
individuel  ou  acquis  de  faiblesse  ou  de  maladie  retentira  encore  d'une  manière 
iirheuse  sur  le  produit  delà  conception  et  troublera  son  accroissement. 

2<*  1/accouchement  a  eu  lieu  ;  l'en  faut  s'est  détaché  des  liens  qui  l'unissaient  h 
^  mère;  il  va  désormais,  matériellement  du  moins,  vivre  d'une  vie  isolée  et  indé* 
{ipndante.  Hais,  au  moment  de  la  naissance?,  l'être  humain  est  complètement  inca- 
joble  de  pourvoir,  piir  lui-même,  à  S2S  premiers  besoins  :  la  perception  de  la  dou- 
Itiir,  l'instinct  de  la  succion  sont,  à  peu  de  choses  près,  les  seules  facultés  qu'il 
possède.  Il  est  donc  entièrement  soumis  à  l'influence  des  conditions  dans  lesquelles 
)e  pbceront  ceux  qui  sont  chargés  de  veiller  sur  lui.  Sortant  d'un  milieu  à  tem- 
pérature constante  et  élevée,  ses  organes  si  neufs,  si  sensibles  sont  vivement  impres- 
sionnés par  l'air  extérieur,  et  surtout  par  l'action  du  froid;  de  là  les  ophthalmies, 
Icsroryzas,  les  bronchites,  si  communs  chez  les  nouveau-nés.  Pendant  les  premiers 
mois,  l'activité  de  la  force  assimilatrice,  de  la  circulation  et  de  l'hémato-sc  est 
jiortée  au  plus  haut  degré;  aussi  les  voies  digestiveset  respiratoires  sont-eU(>s  parti- 
nilièrement  le  siège  d'un  excès  de  vitalité,  qui  se  traduit  par  la  fréquence  des 
maladies  dans  ces  deux  appareils.  C'est  alors  que  l'on  voit  si  communément  les 
^^matites,  le  muguet,  les  entérites,  les  pneumonies.  Le  croup  apparaît  déjà,  pour 
arqnérir  son  summum  d'intensité  entre  deux  et  sept  ans.  Les  sens  commencent 
à  répondre  aux  excitations  du  monde  extérieur,  et  la  structure  si  délicate  du  système 
nerveux  explique  la  fréquence  des  alTections  convulsives  chez  les  très-jeunes  sujets. 
<)n  comprend  aussi  quelle  doit  être,  h  cette  époque,  l'action  de  l'allaitement,  et 


ii(^  M'tE  (pBvsioLOGie). 

quels  somiit  los  oflbts  lachciix  d'un  mniivais  lait,  vi  suiioiit  de  rnsa^odu  bilieroii. 
Tout  le  monde  siiit  combien,  sous  ces  influences  variées,  la  raoïialilé  est  coa<i* 
dérable  pendant  les  premiers  mois  de  la  vie. 

«1*^  Au  bout  de  six  ù  sept  mois,  arrive  la  première  dentition  ;  elle  se  lait  |Kir 
^'oupcs  suaessifs  et  dure  dix-huit  mois  environ.  Git  intervalle  est  souvent  marqua 
par  des  accidents  divers  que  l'on  a  très-certainement  exagérés,  mais  qui,  en  dépit 
d'exagérations  en  sens  inverse,  n*en  ont  [las  moins  une  existence  réelle.  Comme 
le  disent  judicieusement  MM.  Rilliet  et  liarlliez,  «  cette  |)énode  de  Tenfance  est 
féconde  en  actes  morbides  qui,  sans  dépendre  directement  de  la  dentition,  s'y  i at- 
tachent cependant.  L'activité  du  travail  physiologique,  met  alors  lenfant  dans  ini 
état  notable  de  susceptibilité  maladive.  Il  y  a,  en  eflet,  une  plus  grande  facilité  au 
développement  des  maladies  chez  un  enfant  soulfrant,  que  chez  cehii  qui  offre  um» 
pleine  santé.))  {Traité  cliniq.etprat,  des  mal,  d^s^w/'.,t.P%p.il,2*édit.J855.j 
Suivant  la  remarque  des  mêmes  auteurs,  l'époque  du  sevrage  est  une  caus4^  plus 
i'réquente  de  maladies  que  la  dentition  ;  un  brus(]ue  changement  de  nourriture  peut, 
cela  est  évident,  amener  une  grande  perturbation  dans  la  santé  de  l'enfant,  surtout 
si  le  sevrage  a  eu  lieu  trop  tôt,  si  la  nourriture  nouvelle  n'est  pas  appropriée  à  la 
susceptibilité  des  organes  digestifs.  C'est  ce  que  l'on  voit  particulièrement  dans  le< 
classes  pauvres,  et  c'est  là  la  cause  1»  plus  ordinaire  de  ci^s  entérites  qui  déciment 
les  jeunes  sujets.  Dtîs  le  commencement  de  cette  période  on  voit  |x>indre  les  pi-e- 
mières  lueurs  de  l'intelligence,  on  entend  les  premiers  Ix'gayements  de  la  pai\>lf*: 
c'est  pendant  sa  durée  que  l'enfant  apprend  à  marcher. 

A^  De  deux  à  sept  ans  le  mouvement  de  croissance  continue  avec  la  même  acti- 
vité, et  déjà,  vers  la  quatrième  année,  l'enfanta  atteint  la  moitié  de  lahautotu*  qu'il 
doit  avoir.  On  voit  s'effacer  peu  à  peu  les  organes  transitoires  inutiles  à  la  vie  extm- 
utérine  (Thymus,  etc.).  Les  appareils  or^'aniques  se  consolident,  les  parties  encon- 
cartilagineuses  du  système  osseux  s'imprègnent  graduellement  de  sucs  calaiin»>, 
les  systèmes  lymphatique  et  absorbant,  mais  surtout  la  circulation  artérielle, 
alfictcnt  une  pi  édominance  marquée  ;  la  nutrition  s'exécute  avec  une  grande  éniT- 
gie  :  c'est  alors  que  Ton  voit  apparaître  Us  mauifestitlions  scrofulenses,  les  gouniie>. 
la  tuberculisation.  La  fièvre  typhoïde  commence  à  se  montrer.  Mais  les  afl'ertionv 
qui  donnnentdans  cette  périoclc  et  dans  la  suixante,  ce  sont  les  ficvi'es  érupttve>. 
Le  développement  rapide  et  puissant  des  facultés  intellectuelles,  déteimine  vn^ 
les  (entres  nerveux  un  appel  de  viUdité  qui  crée  pour  l'enfant  de  nou\eaux  dan- 
gei*s.  On  sait  combien  sont  graves  et  comnmnes,  à  cet  Age,  les  affections  cérébralt> 
et  spécialement  bs  ditléivntes  formes  de  méningites.  Il  est  facile  de  comprendie 
de  quels  soins  il  faut  entourer  l'eiiAuit,  }H)ur  le  soustmre  aux  accidents  si  nom- 
breux qui  |)euvent  résulter  de  l'accroissi'ment  exagéré  de  ses  organes  et  du  jeu  trop 
énergique  de  ses  facultés  intellectuelles. 

.V  \jk  seconde  dentition  commence  ordinairement  vers  la  septième  année  et  dur;' 
jusqu'à  douze  ans  einiron  (les  dernières  molaiix's  sortent  de  vingt  à  vingt-cinq  ou 
trente  ans).  Cette  set  onde  dentition  s'accomplit  presque  toujoui^  sans  le  motiidn' 
accident.  Pendant  les  cinq  ou  six  ans  que  dure  la  période  que  nous  examinoiLs,  >i 
la  puissance  formatrice  s'tst  ralentie,  elle  ne  s'arrête  [las  encore;  mais  elle  «M 
dépassée  pir  l'extension,  chaque  jourcioissante,  de  l'intelligence.  C'est  aloiNqiie 
doit  commencer  V éducation  proprement  dite,  (pii  aura  surtout  pour  but  d'équili- 
brer et  de  faire  mairher  parallèlement,  le  dévelopiiement  physique  et  le  développi*- 
nient  moral. 

T)"  Veis  Tâffe  dt»  dou^e  à  treize  ans,  vWt  h  s  lillrs,  vei*s  quinze  ans  r|u*x  les  iî:»r- 


A(fE)  (nnsioLOGiE).  141 

mu>,  sacaiiuplit  une  luodiiicalioii  que  l'on  peut  regarder  connue  une  véritable 
li-an&formation  :  c'est  rétablissement  des  fonctions  génératrices  ;  la  première  appa- 
liliou  des  règles  diez  les  jeunes  filles,  de  la  sécrétion  spermatique  cbez  les  garçons. 
Nous  n  avons  point  à  tracer  ici  le  Liblcau  de  cette  importante  manifestation,  que 
luul  d  auteui-s  se  sont  plu  à  orner  des  couleurs  de  la  poésie.  Nous  devons  seulement 
'iMistâter  que  do  notables  changements  dans  la  configuration  extérieure  du  corps 

•  t  (lt>s  organes  spéciaux,  dans  les  goûts,  les  penchants,  les  aptitudes,  ont  amené 
uiie  sé|aration  bien  trancliée  entre  les  individus  des  deux  sexes.  L'homme  touche, 
iiiJiu,  au  complet  développement  de  ses  organes.  Les  proportions  des  diverses 
prties  de  son  corps  se  sont  régularisées  ;  son  intelligence  s'agrandit  et  s'élève  : 
c'est  le  règne  heureux  de  l'imagination  et  de  ses  prestiges  ;  aussi  cette  période  exi- 
:i^l-elle  des  soins  d'un  autre  ordre  que  ceux  qui  étaient  réclamés  dans  les  précé- 
<iriites.  11  ne  faut  pas  seulement  redouter  alors  les  dangers  d'une  croissance  troji 
Lipide,  mais  encore  surveiller  avec  la  plus  inquiète  sollicitude  l'explosion  des  sen- 
(iments  et  des  passions  que  (ont  naître  les  facultés  qui  viennent  de  se  révéler.  Ue 
b  direction  imprimée  dès  cette  époque  dépendent  souvent,  et  la  santé  future  et 
r.iveuir  moral.  Relativement  à  la  pathologie,  la  puberté  est  remarquable  par  l'acuïté 
ilt^s  phénomènes  morbides,  l'intensité  de  la  réaction  fébrile  et  d'un  autre  côté,  par 

•  i  fréquence  de  la  dolhiénentérie  et  des  tubercules.  Les  difficultés  de  la  mens- 
Inution  s'accompagnent  souvent,  chez  les  jeunes  filles,  d'affections  nerveuses 
'ii\ci^>es  et  de  la  chlorose. 

iK'puis  le  moment  de  sa  naissance,  le  nouvel  être  a  bien  eu  nue  existence  isolé<;, 
r:i;<is  il  cst  resté,  à  un  autre  point  de  vue,  dans  une  dépendance  nécessaire  ;  il  a 
iillu  qu'il  fût,  comme  le  dit  Bunlacb,  nourri,  protégé  et  dirigé  par  des  individus 
pluNmûrs  (pie  lui.  A  ))artir  de  la  puberté  il  se  prépare  à  devenir  un  membre  «ictif 
<i«'  Icspèce,  car  il  fait  des  progrès  continuels  vers  l'indépendance  et  l'individualité, 
d  il  rend  de  plus  en  plus  complète  sa  séparation  d'avec  ses  parents.  (  Traité  de 
vhysioL^  Irad.  par  Jourdan,  t.  IV  et  V,  passim.) 

B.  Période  d'état»  Vers  la  vingt  et  unième  année,  chez  la  femme,  à  vingt-quatre 
m  >ingt-cinq  ans  chez  l'homme,  les  divers  systèmes  organiques  ont  acquis  leur 
{4«Mn  et  entier  développement.  C'est  l'époffue  que  Burdach,  dont  nous  venons  de 
«  iUr  quelqnes  paroles,  appelle  la  vie  à  maturité.  Il  lui  donne  pour  caractère  l'iden- 
lilication  de  l'individu  à  l'espèce.  A  l'épque  de  la  virilité,  dit-il  dans  son  langage 
jihilosopliiqne,  Thorome  quitte  l'état  de  dépendance  dans  lequel  il  se  présentait 
(DoiDie  produit  de  l'espèce,  il  a  enfin  acquis  sa  spontanéité;  il  faut  cependant 
'Itnl  rentre  dans  l'espèce,  mais  alors  comme  membre  actif,  et  ce  nouveau  rapport 
^'iprime  par  la  formation  d'une  famille  dont  il  est  le  chef,  et  dans  la  pro- 
«réalion,  la  nourriture  et  l'éducation  des  enfants.  {Oiivr.  citéy  t.  V,  p.  5.) 

Pendant  la  durée  de  cette  phase  qui  s'éteutl  jusqu'à  l'ùge  de  quarante  ou  qua- 
<  Jiite-ctnq  ans,  les  facultés  intellectiielles  ont  atteint  leur  summum  de  puissance, 
1<5  vocations  spéciales,  bien  accusées,  ont  décidé  du  genre  de  vie.  L'homme  que 
f'iin  voit  aloi^  est  l'homme  pliysiologique-ty|)e.  C'est  lui  que  l'on  prend  pour  mo- 
i^y  dans  les  traités  d'anatomie,  de  physiologie  et  de  pathologie. 

C.  Période  de  déclin,  i'*  Comme  nous  l'avous  déjà  dit,  la  période  de  déclin  com- 
iikocii  généralement  vers  l'âge  de  quarante  ou  quarante-cinq  ans.  Alors  se  rompt 
I  ôpiilibre  entre  la  force  assimilatrice  et  celle  de  décomposition;  les  sécrétions  sont 
nï"ins  actives;  la  circulation  se  ralentit,  les  tissus  s'indurent  ou  se  couvrent  d'une 
"luchc  plus  ou  moins  ép:iisse  de  tissu  graisseux  ;  les  cheveux,  les  poils,  les  dents, 
•^Muuieuccnt  à  s'altérer  et  bientôt  à  se  détacher. tin  même  lenips  que  s'accomplissent 


142  A(jH)    (iMMbiOLOGIE). 

œs  dégradutions  dans  rorganisinc,  l'énergie  louctioiuielle  s  atlhibiit,  la  puis>aikT 
génératrice  diminue  ciicK  1* homme  et  dispai'nît  complètement  chez  la  femme;  les 
sens  s'émoiisscnt,  les  passions  sont  apaisées,  mais  certaines  facultés,  le  ju^enienl, 
le  raisonnemeut  ont  acquis  leur  plus  haut  degré.  C'est  la  ^KTiode  dite  âge  de  retour, 
qui  s*étend  juscpi'à  soixante  ou  «soixante-cinq  ans.  Les  altérations  p^oî:res^i\e^quc 
nous  venons  de  signaler  créent,  pour  cette  époque  de  la  vie,  une  ]iathologic  spéiiale» 
opposée  à  celle  que  l'action  si  grande  de  la  puissance  formatrice  avait  créée  pmir 
Tenfance.  Les  déterminations  morbides  ont  lieu  surtout  vei*s  les  organes  centraux. 
Alors  surviennent  les  maladies  organiques  du  cœur,  du  foie,  de  Tintestin,  de  l'ap- 
pareil gcnito-iirinatre,  les  apoplexies,  les  ramollissements  cérébraux,  les  afîectioib 
ciitarrhales,  en  un  mot  la  forme  chronique  tend  à  prendre  la  place  de  la  forme  ai;;ur  ; 
la  fièvre  s'accompagne  d*unc  réaction  moins  vi\e.  L'époque  de  h  ménopause  c^  une 
cause  fréquente  d'incommodités  et  de  maladies  spéciales  chez  les  femmes. 

2®  Le  mouvement  de  décomposition  augmente  encore  pendant  la  dernière  période 
de  la  vie,  la  vieillesse.  Alors,  le  plus  souvent,  l'embonpoint  disparait  pour  faire 
place  à  une  maigreur  quelquefois  squeletlique  ;  le<  tissus  artériels  et  fibreu\ 
s'encroûtent;  la  circulation  veineuse  se  fait  avec  difficulté;  la  calorificalioii  s'alni^!^: 
une  sorte  d'atrophie  s'empare  des  divers  systèmes  ;  la  peau  5e  plisse  sur  les  orçanos 
rétrécis,  se  sèche,  se  cou%Tede  rides;  l'énergie  musculaire  s'affaiblit  chaque  jour, 
la  démarche  devient  chancelante,  la  taille  se  courbe;  enfin,  l'intelligence  subit,  en 
général,  une  extinction  graduelle,  et  il  survient  une  décrépitude  jiliysiquc  et  monle 
qui  se  termine  par  la  mort.  Les  maladies  affectent,  dans  celte  dernière  |)hase  de  lu 
vie,  un  aspect  particulier  de  langueur  ;  la  forme  congestive  et  radynaniic  en  «4Hit 
les  caractères  dominants. 

Telle  est,  dans  son  ensemble,  et  envisagée,  pour  ainsi  dire,  à  vol  d'oiseau,  h 
marche  des  phénomènes  physiologiques  et  (Kithologiqnes  qui  se  présentent  a  lob- 
sénateur,  pendant  la  durée  normale  de  la  vie  humaine. Cette  durée  normale,  |)ra{»n* 
a  l'espèce,  peut  être  fixée,  non  pas  à  cent  ans,  comme  l'a  voulu  un  auteur  célèbre, 
mais  auxenvirons  de  quatre-vingts  ans  :  c'est  vers  cette  époque,  quelquefois  cepen- 
dant beaucoup  plus  tard  (cent  ans  alors  et  même  au  delà),  que  survient  la  nv»rt 
sénile.  Hais,  comme  nous  allons  le  dire,  un  certain  nombre  de  causes,  à  part  le> 
maladies,  (Xîuvent  faire  varier  soit  la  durée  totale  de  l'existence,  soit  la  durée  de 
c<Hlaines  périodes. 

Quelques-unes  de  ces  causes  sont  purement  individuelles.  Une  faiblesse  originelle 
de  la  constitution,  tout  en  abrégeant  la  durée  de  la  vie  et  rapprochant  l'époque  du 
déclin,  recule,  au  contraire,  les  premières  périodes.  Ainsi  la  dentition s'eflectue  plu' 
tard,  les  premiers  phénomènes  de  la  puberté  sont  rejetés  vers  la  dix-huitième  ou  la 
vingtième  année,  et  l'individu  passe,  pres(]ue  sans  intermédiaire,  d'une  lon^nie 
enfance  à  une  vieillesse  prématurée.  On  n  souvent  cité  à  cet  égard  l'exemple  tle 
Bébéy  le  fameux  nain  du  roi  Stanislas,  qu  mourut  à  vingt-trois  ans,  tombant  dvy 
dans  la  décrépitude.  Le  sexe,  le  tempérament  ne  sont  pas  sans  influence  ^ur  la 
dtirée  totale  ou  |)artielle  des  différentes  phase.s  qui  constituent  les  âges.  Les  femiiie^. 
même  dans  nos  contrées,  offrent  lé3  attributs  de  la  vieillesse  bobucoup  plus  tôt  tpr 
les  hommes.  Mais,  chez  elles,  la  durée  moyenne  de  la  vie  est  aussi  plus  considérable, 
et  c'est  chez  elles  que  fou  rencontre  les  plus  nombreux  exemples  de  longé\ité.  b^ 
iuiets  à  tempérament  hmphatique  ont  une  jeunesse  qui  se  prolonge  davantage,  et 
l'îlgc  de  déclin  vient  plus  tôt  préparer  leur  décadence,  etc.,  etc. 

Parmi  les  causes  prises  en  dehors  de  f  individu,  nous  trouverons  d'abord  les uiau- 
vuIm^s  conditions  hygiéni(]ue8  d'hubilation^dc  régime,  etc. ,  qui  détériorent  latoiHtt- 


AGE  (physiologie).  145 

lution,  suiioul  pendant  Tcuiance  et  la  jeunesse.On  sait  avec  quelle  rapidité  la  misère, 
les  privations,  les  grandes  fatigues,  les  chagrins  accélèrent  l'arrivée  de  la  vieillesse. 
Ne  Toit-on  pas  tons  les  jours  des  jeunes  gens,  épuisés  de  débauches  et  d*excès  de 
tout  genre,  parvenir  à  Tàge  viril  avec  les  symptômes  physiques  et  intellectuels 
d'une  caducité  précoce,  et  s*éteindre,  avant  le  temps,  sous  le  \màs  des  infirmités 
d  des  maladies  propres  au  dentier  âge.  Le  séjour  dans  certaines  localités  est  une 
cau$e  puissante  de  détérioration  et  de  vieillesse  prématurée;  telle  est  Thabilation 
dyit!»  les  contrées  marécageuses.  (Fojf.  Marais,  Miasmes.)  Il  en  est  de  même  de  cer- 
taines professions,  la  dorure  ou  Tétamage  au  mercure,  l'aiguisage,  etc.  (Vay. 
AiGUisEUBs,  Doreurs,  Mercure,  Professiors.) 

Les  Toyageurs  avuient  noté  depuis  longtemps,  mais  en  l'exagérant  un  peu,  la 
préooGÎté  de  l'évolution  sexuelle  dans  les  pays  chauds,  et  Monleaquiain'a  pas  man- 
qué de  s'emparer  de  ces  exagérations  dans  l'intérêt  de  son  fameux  sptème.  u  Les 
fiemmes,  dit-il,  sont  nubiles,  dans  les  climats  chauds  à  six,  neuf  et  dix  ans.  Ainsi 
l'enfance  et  le  mariage  y  vont  presque  toujours  ensemble.  Elles  sont  vieilles  à  vingt. 
La  RÛson  ne  se  trouve  donc  jamais,  chez  elles,  avec  la  beauté.  Quand  la  beauté 
demande  Tcmpire,  la  raison  le  fait  refuser.  Quand  la  raison  pourrait  Fobtenir,  la 
beauté  n'e-t  plus,  i  {Esprit  des  lois,  livre  XYI,  chap.  ii.)  C'est  par  là  que  Moii- 
tes([uicu  explique  la  dépendance  de  la  femme  et  la  polygamie,  dans  les  contrées 
équatoriales,  tandis  que  dans  les  zones  froides  et  tempérées,  les  femmes  étant  nubiles 
[itubtarJ  et  conservant  plus  longtemps  leur  beauté,  elles  jouent  nécessairement  un 
pins  grand  rôle  dans  la  famille  et  dans  la  société.  Haller  a  sanctionné  ces  assertions 
de  sa  grande  autorité,  en  affirmant  que  la  puberté  est  d'autant  plus  précoce  qu'on 
>'avance  davantage  vers  le  Midi,  d'autant  plus  retardée  que  Ion  remonte  vei*s  le 
.Nord,  si  bien  qu'elle  aurait  lieu  après  vingt  ans  dans  les  régions  polaires.  (Elem. 
physioLy  t.  VU,  p.  ii,  p.  140,  Beniae,  1765,  in-4<>.)  Un  examen  rigoureux  des 
biis  ne  permet  pas -aujourd'hui  d'accepter  ces  données  trop  exclusives.  Il  est  très- 
«rai  que  dans  l'Inde  les  jeunes  fdles  se  marient  à  l'âge  de  six  à  dix  ans,  avec  des 
^vçoiis  de  douie  ou  treize.  Mais  c'est  seulement  quand  elles  .<$ont  nubiles,  c'est-à- 
dire  à  onze  ou  douze  ans,  qu  on  les  conduit  à  leur  époux,  ([ui  en  a  alors  quatorze 
ou  quinze.  H.  le  docteur  Bennet-Deperraud,  ancien  médecin  de  Hunjit-Sing,  roi 
de  Lahore,  qui  a  bien  voulu  me  doimer  quelques  renseignements  sur  cette  question, 
m'a  affirmé  que,  pour  les  garçons  comme  pour  les  filles,  le  développement  physique 
panit  seulement  de  deux  ans  en  avance  sur  celui  des  sujets  de  même  âge  en 
Europe.  La  maternité,  m'a-t-il  dit  encore,  est  rare  avant  quatorze  ans»  Circon- 
stance bien  remarquable,  cette  précocité  des  mariages  n'est  pas  particulière  à  la. 
une  torride,  on  l'observe  également  sous  le  ciel  glacé  du  pôle.  Déjà  Haller, 
ntant  un  auteur  qu'il  ne  nomme  |kis,  avait  révoqué  en  doute  que  les  femmes 
samoièdea  pussent  être  mères  à  douse  ans  {loc.  cit,).  Eh  bien,  ce  fait,  sinon  de  la 
maternité,  du  moins  des  unions  à  douze  ou  treize  ans ,  nous  est  affirmé  par  les 
\oyagetu's  contemporains  (deHumboldl,  Parrv,  Iloss,  Franklin),  et  il  a  été  surtout 
luis  en  lumière  par  Robcrton  dans  une  série  de  mémoires,  où  il  a  démontré  que 
les  différences  dans  le  moment  de  la  puberté,  suivant  les  climats,  ne  sont  pas 
■KBâi  considérables  qu'on  lavait  prétendu.  {In  (lie  Edinb,  Med.  and  Surg.  Jowm. , 
l.  XXXVm,  p.  227,  1852;  t.  LVllI,  p.  H2, 1842;  t.  LXII,  p.  1,  1844;  t.  LIXV, 
p.  !o6, 257, 425,  1845;  t.  LXVI,  p.  56,  1846,  etc.) 

Nous  pouvons  en  dire  à  peu  près  autant  pour  les  races,  à  peine  peut-on  saisir 
piusdclrobou  quatre  années,  en  moyenne,  t^mme  diil'éiencc  dans  l'époque  de 
1  apparition  des  règles,  diez  les  différentes  variétés  de  l'espèce  humaine.  C'est  ce 


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>GË  (statistique).  445 

Ge^dim 'A.  N/.Of  Vinfluence  des ûget tur Ui maladies.  Th.de  eonc,  Paris,  1840, iii-4 et in-8 . 
—  Utcoce  (T.).  On  Annual  Vital  Periods  in  the  ÎJtncet.  1843^,  t.  I,  p.  85, 253.  —  Estèvb 
(F.  G.  L.  D.).  Comidératiant  généraleê  âur  le*  dgeâ  étudiét  dans  leurs  rapports  avec  l'ana- 
tomie,  la  physioloffie,  la  pathologie  et  l'hygiène.  TU.  de  Paris,  1850.  n«  00,  ii^l*.  Un  très- 
grand  nombre  de  dissertations  ont  été  soutenues  sur  cette  question  depuis  deux  siècles. 
tant  en  France  qu'àl'étrainger;  nous  avons  seulement  cité  les  principales.         E.  Bxc. 

§  H.  De  !**§:«  comMéré  •■  point  de  ▼■«  de  la  démo^aplile  (Statistique 
hcvauce).     L'âge  est  an  des  éléments  les  plus  importants  à  considérer  dans  les 
enquêtes  statistiques.  Tout  relevé  des  décédés,  des  malades,  des  mariages,  des  tailles, 
des  poids  et  des  Tolumi's(poids  et  volume  des  divers  viscères  :  cerveau, foie,  rate.etc; 
circonférence  tlioracique,  etc.),  et  tout  census  général  ou  partiel  des  Wvants,  des 
célibataires  et  des  mariés,  etc.,  doivent  toujours  être  faits  selon  les  âges,  ou  au 
moins  par  petits  groupes  d'âge,  comme  de  cinq  en  cinq  ans  pendant  le  milieu  du 
cours  de  la  vie;  mais,  par  année,  aux  âges  extrêmes,  avant  5  ans  et  après  70  ans; 
par  mois,  pour  la  première  année,  et  par  jour,  pour  le  premier  mois.  Ces  détails 
seront  précieux  quand  la  manière  dont  s'effectue  l'enquête  permettra  de  compter 
sur  leur  exactitude.  Avec  eux  on  pomra  résoudre  plusieurs  problèmes  de  déhocra- 
pms  (voy.  ce  mot)  encore  pendants  aujourd'hui,  parce  que  cette  analyse  nous 
manque.  Il  est  bon  de  prévenir  des  erreurs  qui,  dans  ces  relevés  selon  les  âges, 
résultent  de  l'attraction  des  nombres  ronds  15...  25...  35...  etc.,  et  plus  encore 
20...  30...  40...  etc.  C'est  en  groupant  les  relevés  par  période  d'âge  de  17  à  22 
de  22  à  27,  de  27  à  32,  etc.,  que  l'on  peut  le  mieux  affranchir  les  documents  de 
ces  irrégularités;  malheureusement,  si  on  tient,  comme  on  lé  doit,  à  publier  les 
résultats  bnits  de  l'enquête,  et  si  on  désire  pouvoir  les  comparer  à  d'autres  relevés, 
comme  l'usage  de  ces  dernières  coupures  n'a  pas  encore  prévalu,  le  rapprochement 
avec  les  autres  travaux  ne  sera  plus  possible  sans  un  remaniement;  mais  la  formule 
sui^-ante  le  rendra  facile.  Soit  donné  :  Pi7..it,P99..s7,  etc. ,  le  nombre  des  vivants  de 
17  à  22  ans,  de  22  à  27  ans,  etc.,  on  aura,  à  bien  peu  de  chose  près  : 

f,  —  ^«o-'S5  ®^  K  •""  *•*••»,  eic. 

La  succession  des  Décès  par  âge  présente  généralement  les  mêmes  fluxions  des 
nombres  ronds;  les  mêmes  proches  (D  remplaçant  P)  en  auront  raison. 

La  série  des  groupes  d'âge  de  20  à  25  ;  de  25  à  30,  etc.  (c  est-à-dire  20-24, 
25-29,  etc.,  les  deux  âges  inclus,  le  second  révolu),  ainsi  régularisée  pour  les  vivants 
et  pour  les  décédés  correspondants,  se  rapprochera  plus  de  la  vérité  que  celle  don- 
née jusqu'ici  par  les  cenms  et  par  les  listes  mortuaires  de  l'État  ciril  (à  cause 
des  erreurs  dues  à  l'attraction  des  nombres  ronds) .  Cependant  cette  correction  pré- 
sume une  progression  arithmétique  dans  la  succession  des  nombres  annuels,  formant 
chaque  petit  groupe  quinquennal,  et  ce  n'est  là  qu'une  approximation  ;  mais  elle 
est  suffisante  dans  la  pratique  {voy.  Population  et  Décès). 

VAge  moyen  des  vivants ^  calculé  sur  la  liste  de  population  donnée  par  les  census 
(voy.  Popdlatioh)  est  une  mesure  importante  au  point  de  vue  économique, 
car  elle  résume  bien  la  force  militaire  et  productive  des  populations.  Nous 
dirons,  à  l'article  Population,  la  manière  de  calculer  cette  valeur,  et  les  correc- 
tions exigées  par  l'imperfection  des  documents  ;  nous  discuterons  sa  signification 
et  dirons  sa  grandeur  actuelle  pour  les  principales  nations  fournissant  des  docu- 
ments suffisants  à  son  évaluation.  Cet  âge  est  aujourd'hui  (1840-59)  de  31  ans 
environ  pour  la  France . 

VAge  moyen  des  décèdes  est  une  autre  moyenne  de  même  ordre,  calculée  sur 

OICT.  ENC.  II.  10 


446  AGE   (■ÉDBGINK  légalb). 

les  listes  mortuaires^  dont  nous  examinerons,  aux  articles  HoRTALrrÉ  et  ScmnE, 
la  détermination,  la  signification  el  les  relalions  avecles  autres  valeurs  propo- 
sées pour  mesurer  la  ^e  humaine.  Avertissons  tout  de  suite  que  VAge  moyen 
des  iécédéSy  calculée  sur  les  listes  mortuaires,  ne  pourrait  être  confondu  avec 
la  Vie  moyenne  des  mathématiciens  que  dans  le  cas  où  une  Population,  non- 
seulement  deviendrait  stationnaire  par  Tégalité  des  naissances  et  des  décès,  mais 
encore  dans  une  Population  dont  les  mouvements  migratoires,  ou  seraient  nuls, 
ou  s'équilibreraient  (par  le  nombre,  par  Tâge,  par  le  degré  de  mortalité,  des 
entrants  et  des  sortants),  dont  la  mortalité  à  chaque  âge  serait  invariable,  el  enfin, 
chez  laquelle  l'immobilité  de  tous  ces  éléments  persisterait  pendant  au  moins  la 
plus  longue  durée  d  une  génération,  c'est-à-dire  depuis  plus  d'un  siècle.  Mais 
l'on  peut  dire  que  toutes  ces  conditions  ne  sont  jamais  remplies  ;  il  en  résulte 
que  l'égalité  entre  VAge  moyen  des  décédés  des  listes  mortuaires  et  la  Vt> 
moyenne  n'a  jamais  lieu.  C'est  ainsi  qu'ai^ourd'hui  (période  1840-59),  en  France,, 
la  Vie  moyenne  est  un  peu  au-dessus  de  40  ans,  comme  nous  le  prouverons  aux 
mots  Mortalité  et  Survu,  tandis  que  Y  Age  moyen  des  décédés,  pour  la  même 
époque,  est  de  35,7  ans.  Ces  deux  valeurs  n'ont  pas  davantage  de;  relation  néces- 
saire avec  le  rapportP/N  de  la  Population  auxNaissances,  si  ce  n'est  dans  l'hypothèse 
d'immobilité  ci-dessus  indiquée.  C'est  donc  une  erreur  de  prendre  VAge  moyen 
des  décédés  donné  par  les  listes  mortuaires  comme  équivalente  la Vt«  moyenne  et 
de  lui  en  donner  le  nom,  ainsi  que  le  font  encore  aujourd'hui  les  publicatioas  offi- 
cielles (voy.  encore  les  mots  Poids,  Tailles,  Marugs,  DÉcinis  pour  les  listes  el 
tables  suivant  les  âges  de  ces  divers  éléments). 

Bertilloa. 


g  III.  CoHMémOoMi  Biédieo-létiac*  an  Èm  «cm.  L'étude  des  âges  a  sa 
pbce  marquée  en  médecine  légale  :  aux  âges  correspondent  des  aptitudes  diverses, 
des  droits  et  des  devoirs  différents.  Chaque  période  de  la  vie  a  des  questions  qui  lui 
sont  propres,  et  l'âge  entre  comme  élément  dans  tous  nos  problèmes.  La  médecine 
légale  ancienne  donnait  une  attention  sérieuse  à  cette  étude  ;  on  peut  consulter  à  cet 
égard  Zaodiias  et  Fodéré  ;  certains  auteurs  ont  même  proposé  de  prendre  Tordre  des 
âges  comme  base  de  la  division  des  problèmes  dont  la  médecine  légale  se  compose. 
Dans  nos  traités  modernes,  cette  étude  est  moins  en  évidence  ;  l'hygiène  publique  a 
repris  les  questions  qui  lui  appartiennent  ;  la  médecine  légale  néglige  les  pro- 
blèmes résolus  par  le  législateur,  pour  s'attacher  à  ceux  qui  forment  la  pratique  de 
tous  les  jours.  Les  faits  de  détail  sont  fondus  dans  l'ensemble;  il  n'est  pas  sans 
intérêt  cependant  de  les  réunir  et  d'en  présenter  le  tableau.  Certaines  questions 
sont  toujours  agitées,  comme  celles  de  l'âge  du  discernement  et  de  la  liberté  mo- 
rale. L'observation  médico-légale,  en  se  développant,  a  donné  corps  i  des  pro- 
blèmes qui,  autrefois,  attiraient  moins  l'attention  :  citons  comme  exemple  Li 
perversion  précoce  et  les  violences  habituelles  dont  sont  victimes  les  enfants. 
L'étude  plus  approfondie  de  la  structure  intime  des  organes  et  des  modification^ 
chimiques  qu'ils  éprouvent  a  fourni  à  la  science  des  signes  nouveaux. 

A  toutes  les  époques,  le  législateur  a  tenu  compte  de  l'âge,  pour  déclarer  une 
aptitude,  reconnaître  certains  dnnts,  et  imposer  aux  citoyens  des  devoirs  détermi- 
nés ;  on  a  établi  des  limites  précises  qui  ont  varié  suivant  les  temps  et  les  p«s, 
suivant  aussi  la  sagesse  des  lob.  Le  droit  romain,  le  droit  canonique  ont  indiqua 
des  règles,  basées  sur  l'observation  attentive  de  l'homme  physique  et  moral. 
L'échelle  des  âges  se  trouve  dans  la  législation  française,  depuis  le  moment  de 


AGE  (lliDBCIllK  LéGALS).  |4<7 

ia  conception  jusqu'au  terme  le  plus  reculé  de  Texistence  humaine.  La  question 
de  Vige  se  pose  avec  une  égale  importance  dans  toutes  les  divisions  du  droit 

Les  principales  époques  de  la  vie  sont  mentionnées  dans  nos  lois.  Les  î^^it^t'ons 
sont  nombreuses  povir  la  période  de  développement  :  vie  intra-utérine  (C.  N.  312  à 
515^0-906);  nouveau-né  (G.  N.  58,  O.P.  300-345);  sept  ans  (G.  P.  348-353) 
Imita  seiie  (loi  duSS  novembre  1841);  treize  (G.  P.  331);  quinze  ans  (332) 
seiie  ans  (G.  1  C.  30,  C.  P.  355)  ;  dix-huit  (G.  N.  384*478)  ;  vingt  ans  (C.  P.  66) 
vingt  el  un  ans  (G.  N.  488);  vingt-cinq  ans  (148);  trente  (152)  ;  trenteniinq  ans 
(loi  da  11  avril  1861).  Le  droit  commun  règle  seul  le  milieu  de  la  vie.  Les 
dispositions  particuliàres  recommencent  pour  la  période  de  décroissement  :  Gin- 
quanteans  (G.  N.  345-361);  soixante  (loi  du  l''' juin  1854);  soixantenïinq  ans 
(C.  N.  443)  ;  8oixaate4lix  ans  (G.  P.  c.  800)  et,  enfin,  cent  ans  (C.  N.  129),  der- 
BÎer  âge  mentionné  par  la  loi,  à  Toceasion  de  Tabsence.  Cest  une  division  légale 
des  âges  qui  nous  montre  les  périodes  dont  Tétude  offre  le  plus  dlntérêt.  Les 
droits,  les  restrictions,  les  punitions,  les  prérogatives,  adaptés  aux  âges,  sont 
basés  sur  la  connaissance  de  l'homme  physique  et  moral.  La  science  fiMiniit  iâ 
des  données  au  législateur,  et  elle  prête  son  concours  au  magistrat  chargé  d'appli- 
quer la  loi.  Deux  ordres  de  questions  sont  de  la  compétence  du  médecin  :  les  unes 
se  rapportent  au  fait  ^  Tâge,  les  autres  à  son  influence. 

La  constatation  de  Vâge  est  le  bit  essentiel,  duquel  résulte  l'application  de  la 
loi;  dans  nos  sociétés  régulières,' la  preuve  de  l'âge  est  fournie  par  l'Etat  civil,  et  il 
en  résulte,  au  premier  abord  que  l'intervention  médicale  semble  bien  peu  nécessaire 
pour  moudre  une  question  de  ce  genre.  Mais  la  preuve  légale  fait  déiaut  avant  la 
déclaration  de  naissance,  avant  l'inscription  sur  les  registres  de  l'état  civil  ;  elle 
peut  être  détruite  ;  les  traces  de  la  personne  ont  diquuru  ;  il  faut  la  reconstituer  • 
vivante  ou  morte,  et  établir  une  identité. 

La  détermination  de  l'âge  pendant  la  vie  intra-utérine  et  peu  après  la  naissance, 
appartient  exdusivement  au  médecin.  La  science  seule  peut  résoudre  le  problème^ 
etid  s'agitent  les  intérêts  les  plus  graves  :  en  droit  civil,  la  viabilité,  la  légitimité 
des  naissances;  en  droit  criminel,  les  attentats  commis  contre  le  produit  et  la 
eono^ion.  Dans  les  expositions  et  délaissements  d'enfants,  l'avis  du  médecin  est 
nécessaire  pour  établir  l'âge,  comme  élément  de  Tétat  civil,  ou  comme  limite  qui 
détermine  la  criminalité  de  l'abandon.  L'enfant  est-il  nouveau-né?  A-t-il  plus  on 
moins  de  sept  ans  ?  Telles  sont  les  deux  questions  importantes,  au  premier  âge  de 
la  vie.  Pour  toute  personne  inconnue,  accusée  ou  victime,  réclamant  un  droit, 
pour  l'absent  qui  reparaît,  à  défaut  de  preuves  légales,  la  question  d'âge  se  pose 
comme  un  des  mojens  d'établir  l'identité.  On  demande  au  médecin  l'âge  fNTobabie, 
h  poesibiliié  de  la  naissance  à  une  époque  indiquée  ;  on  appelle  son  sAtention  sur 
une  période  déterminée  de  la  vie,  sur  les  circonstances  qui  peuvent  modifier  les 
csraclèreà  de  l'âge.  Rien  n'est  varié  comme  l'occasion  de  ces  problèmes. 

Vinfluence  de  l'âge  est  le  point  de  départ  de  questions  n^oo-l^ales  plus 
nomfareuses  ;  les  droits,  les  devoirs,  la  protection,  sont  mesurés  au  développement 
phjsique  et  moral  de  l'homme.  Eu  droit  civil^  c'est  la  détermination  de  l'époque  à 
^oelle  l'homme  peut  disposer  de  sa  personne  et  de  ses  biens.  Ce  sont  les 
questions]  de  minorité,  d'autorité  paternelle,  de  faculté  de  tester,  d'émancipa- 
tisn,  de  mariage,  de  miyorité,  d'adoption,  de  tutelle.  ïsi  droit  crinânelj  c'est  la 
facilité  avec  bffuelle  on  peut  fiiire  disparaître  un  entant  qui  n'est  pas  connu  ;  c'est , 
le  défaut  de  résistance,  de  protection,  résultant  de  l'âge,  l'inconvénient  plus 
grave  de  quelques  actes,  de  certaines  lésions,  l'adoucissement  des  peines,  ledjsœr* 


U8  AGE    (MéOBCIRR   LéCALS). 

ncment,  la  responsabilité.  En  efrotlocfifitiiMlriUî/',  ce  sont  l'aptitude  à  des  trataui, 
à  des  fonctions  diverses,  les  lois  sur  le  recrutement,  sur  les  retraites,  sur  le  travail 
des  enfants  dans  les  manufactures.  Toutes  ces  questions  se  rattachent  à  la  physiologie 
des  âges  ;  mais  si  les  sciences  médicales  fournissent  ici  des  données  utiles,  elles  ne  doi- 
vent pas  envahir  le  domaine  du  jurisconsulte.  Le  législateur  a  résolu  les  questions 
qui  se  rattachent  à  la  ca^iacité  civile  ;  sur  beaucoup  de  points,  nous  n'avons  plus 
fpi'à  enregistrer  ses  décisions  et  à  en  apprécier  les  motifs.  Nous  remarquerons 
cependant  que  ces  dispositions  ne  sont  pas  irrévocables  ;  l'âge  de  la  majorité 
a  varié  suivant  les  temps  et  suivant  les  pays,  et  de  bons  esprits  regrettent 
la  limite  posée  par  le  droit  romain.  Tout  récemment  l'âge  de  treize  ans  a  été 
substitué  à  celui  de  onze  pour  les  attentats  à  la  pudeur,  commis  sans  violence  ; 
en  1854,  Fâge  de  soixante-dix  ans  a  été  abaissé  à  soixante  pour  la  tran<^ 
formation  de  la  peine  des  travaux  forcés  en  celle  de  la  réclusion.  Il  est  dou- 
teux que  l'on  maintienne  jusqu'à  soixante-dix  ans  la  durée  de  la  contrainte 
par  corps.  Au  jour  où  les  réformes  sont  proposées,  le  médecin  a  le  droit  d'e\- 
primer  son  avis  ;  il  introduit  dans  la  discussion  des  éléments  utiles  ;  il  peut 
même  user  d'initiative,  mais  sa  part  réelle  d'action  se  trouve  dans  l'application 
de  la  loi.  Ici,  sa  tâche  est  encore  importante. 

Si  la  loi  a  tout  réglé  en  ce  qui  concerne  la  capacité  civil^et  le  témoignage,  elle 
laisse  aux  juges  du  fait  l'appréciation  du  discernement,  lorsque  l'accusé  a  moins  de 
<«izc  ans.  Un  médecin  peut  être  appelé  pour  examiner  l'état  mental  de  l'enfant  et 
l'expérience  montre  toute  l'utilité  de  cette  intervention.  Les  questions  médico-lé- 
gales qui  se  rapportent  à  l'influence  de  l'âge  sur  les  facultés  intellectuelles  et 
affectives,  sont  les  suivantes  :  degré  de  développement  de  ces  facultés,  discernement  ; 
'perversion  précoce;  aliénation  mentale  chez  les  enbnts  ;  puberté  envisagée  dans 
sou  action  sur  l'état  mental  ;  démence  sénile,  faits  decaptation.  Aux  fonctions  de 
la  génération,  se  rattachent  l'époque  de  h  puissance  génitale  et  de  la  fécondité,  les 
attentats  h  la  pudeur  commis  sur  des  enfants.  L'action  de  l'âge  sur  les  maladies  et 
les  blessures  est  appréciée  dans  l'infanticide,  dans  les  effets  de  l'exposition  et  du 
délaissement,  à  l'occasion  des  violences  habituelles  dont  les  enfants  sont  victimes, 
des  divers  genres  de  mort,  de  l'inanition,  de  la  survie.  L'hygiène  publique  rédame 
plus  spcriaicment  les  questions  d'aptitude  physique  et  morale,  mais  la  médecine 
légale  inter^'ient  encore  au  sujet  des  retraites,  de  la  caducité  précoce,  des  effets 
réels  ou  simulés  de  l'âge.  Cette  étude  se  divise  en  deux  parties  :  la  preuve  de 
Vâge  et  Y  examen  de  tan  influence. 

I.  D<TERiiiNiiTiO!f  DE  l'age.  En  médectnc  légale,  la  question  d'âge  se  pose 
â  l'occasion  d'une  personne  vivante,  d'un  individu  privé  de  vie,  d'ossements  ou  de 
débris  d'organes.  Dans  le  premier  cas,  le  jeu  des  fonctions  s'ajoute  aux  signes  orga- 
niques, extérieurs;  dans  le  second,  nous  usons  de  toutes  les  ressourcesque  présen- 
tent l'anatomie,  l'histologie,  la  chîmiedu  corps  humain;  dans  le  troisième,  la  science 
fait  un  appel  aux  connaissances  qu'elle  possède  sur  l'évolution  de  cerliiins  organes. 

Nous  étudierons  successivement  :  i®  les  signes  de  l'âge;  2*  les  conditions  qui 
les  modifient;  5*  les  périodes  médico-légales ^  en  y  rattachant  des  signes  préds. 

\*  Signes  de  Vâge,  Toutes  les  modiGcations  que  le  cours  des  années  introduit 
dan^  les  fonctions  et  dans  les  organes  deviennent  des  signes  d'âge;  sur  chaaine 
de  nos  fibres,  pour  ainsi  dire,  le  temps  exerce  une  action  insensible  et  laisse  liientiU 
son  empwinte  caractéristique.  La  biologie  retrace  l'histoire  des  âges  dont  elle 
cherche  h  expliquer  la  succession  ;  nous  n'avons  pas  à  reproduire  re<  taMenux 


AGE    (MéDBCIMK    I.É6ALB).  449 

d'ensemble,  ni  à  discuter  des  théoi'ies.  La  médecine  légale  doit  s'attacher  aux 
modifications  les  plus  constantes,  les  plus  faciles  à  reconnaître,  à  celles  qui  carre- 
lérisent  le  mieui  les  périodes. 

Les  caractères  sont  anatomiques,  physiologiques,  chimiques  et  patholo^ques  ; 
(les  séries  d'analyses  et  d'obsenrations  histologiques  seraient  ici  nécessaire.  La  forme , 
les  dimenrfons ,  la  structure,  la  composition  diimique,  les  fonctions  et  les  mala- 
dies des  organes  fournissent  des  signes  qui  se  contrôlent  et  se  complètent,  et  dont 
l'ensemble  permet  d'arriver  à  des  conclusions  d'une  approximation  suffisante. 

Â.  Vdge  pendatU  la  vie.  L'apparence  extérieure  et  le  jeu  des  fonctions  four- 
nissent les  signes. 

Vatpeci  révèle  l'âge;  on  ne  dissimule  pas  le  nombre  des  années,  on  en  porte  le 
poids  plus  ou  moins  vaillamment.  Le  médecin  observateur  ne  se  trompe  guère, 
dès  le  premier  coup  d'œil,  sur  l'âge  de  la  personne  qu'il  examine;  l'impression 
de  l'ensemble  est  décisive,  et  malgré  les  vieillesses  anticipées  ou  la  jeunesse 
({ui  se  pt>longe,  l'hésitation  n'est  pas  longue,  et  on  désigne  un  nombre  d'an- 
nées bien  rapproché  du  cbiflre  réel.  .4vec  l'habitude  de  ce  diagnostic,  l'écart 
ne  dépasse  guère  cinq  ou  six  années  et  s'élève  rarement  jusqu'à  dix.  C'est  de 
quarante  à  smxante  ans  et  dans  l'extrême  vieillesse  que  les  chances  d'erreur  sont 
plus  grandes.  La  physionomie,  l'attitude,  la  démarche,  les  gestes,  la  voix,  corres- 
pondent aux  divers  âges  de  la  vie  ;  cette  expression,  presque  infaillible,  est  con- 
Irolée  par  l'examen  détaillé  des  signes. 

LexprestioH  faciale  résulte  des  yeux,  des  traits,  delà  couleur  de  la  peau,  de  la 
Airme  du  visage  ;  c'est  là  qu'on  voit  le  mieux,  la  trace  des  amiées.  La  physionomie 
se  caractérise  pendant  la  période  moyenne  delà  vie  ;  dans  ki  vieillesse  comme  dans 
Tenfance,  les  diflérences  individuelles  sont  moins  grandes. 

La  ffeaUy  complètement  organisée  dès  la  seconde  nuHtié  de  la  vie  fœtale,  subit 
après  la  naissance  des  modifications  caractéristiques,  qui  servent  à  déterminer 
l'âge,  pendant  les  premières  semaines  de  la  vie.  Fine,  rosée,  soutenue  chez  l'enfant 
par  un  tissu  graisseux  déposé  dans  les  fibres  les  plus  profondes  du  derme,  elle 
se  modifie  d'abord  dans  sa  couleur.  A  la  puberté,  un  pigment  plus  abondant  se  dépose 
dans  l'aréole  mammaire,  à  l'ombilic,  au  scrotum  ;  la  peau  se  bâle  légèrement  ;  au 
ddà  de  trente  ans,  elle  n'a  plus  sa  fraîcheur  ;  les  rides  paraissent  ;  la  peau  de  la 
lace,  du  cou,  des  mains,  présente  les  principales  altérations.  Le  sUlon  d'abord 
passager,  se  creuse  et  devient  permanent.  L'enveloppe  est  trop  grande  pour  le 
contenu,  c'est  la  graisse  placée  au-dessus  du  fasciasuperficialis  qui  a  surtout  pour 
effet  de  tendre  la  peau  ;  quand  elle  diminue,  les  rides  commencent.  La  graisse  plus 
profonde  soutient  la  peau  et  empêche  les  progrès  du  plissement,  qui  se  prononce 
Init  à  coup,  s'il  survient  un  amaigrissement  rapide.  Les  rides  diminuent,  lorsque 
Teoibonpoint  reparaît,  mais  rien  n'efface  celles  qui  résultent  de  l'absence  de  la 
graisse  superficielle,  celle-ci  ne  se  reproduisant  pas.  On  a  essayé  de  préciser  l'âge 
d'après  l'ordre  d'apparition  des  rides;  vers  trente  ans,  ce  sont  les  froncements 
péri-oculaires,  peu  après  le  plissement  du  front,  puis  le  trait  qui  descend  le  long 
<les  joues,  vers  la  commissure  des  lèvres,  enfin  les  plis  nombreux  qui  sillonnent 
^  lace  et  se  marquent  à  la  partie  antérieure  du  cou.  La  sécheresse  de  la  peau  est 
'ans  doute  le  résultat  de  l'oblitération  d'un  grand  nombre  de  capillaires  sanguins, 
<le  glandes  sébacées  et  sudoripares.  La  sueur  est  moins  abondante  chez  les  [)er- 
tonnes  d'un  âge  avancé. 

Les  veines  superficielles  sont  fortement  dilatées,  notamment  (elles  des  mains. 
L'épiderme  est  sec,  souvent  épaissi,  couvert  d'écailles,  siège  d'excroissances  ;  il  se 


tôO  AGE  (aiDsciiii  légalb). 

développe  aussi  des  verrues  ptpuleases;  des  oonerétkms  pigmentâires  se  iorment 
sur  dÎTers  pmnts  ;  le  pigment  est  brun,  forteineat  carboné.  On  notera  encore 
comme  signes  d'âge  certaines  affections,  propres  à  cette  période  de  la  Tie,  le  pru- 
rigo, le  pemphygus,  i'eeaéma  chronique  et  des  ulcérations  qui  semblent  résulter  de 
Tatrophie  partielle  de  la  couche  épitliélîale  de  la  peau. 

Le  syâUme  pileux  oflrc  des  signes,  dès  la  vie  intra-utérine  :  un  préhiier  duvet 
qui  tombe  vers  l'époque  de  la  viabilité,  un  duvet  analogue  dans  l'enlance,  â 
la  puberté,  l'apparition  des  poils  aux  parties  génitales,  aux  aisselles,  au  sternum, 
et,  vers  dix*huit  ans,  le  développement  de  la  barbe,  servent  d'indices.  Les  poils 
sont  d'abord  plus  fins  et  plus  plies;  ils  prennent  une  teinte  plus  foncée,  et  leur 
diamètre  augmente;  les  différences  individuelles  sont  notables.  L'apparition  de  la 
barbe  peut  être  précoce,  tardive  ou  nulle  ;  on  trouve,  dans  le  Beciwil  de  l Académie 
defteienees  (1666-1669),  Tobservation  d'un  enfant  chez  lequel,  à  cinq  ant,  la 
barbe  eommençait  à  venir;  à  six  ans,  il  en  avait  comme  un  homme  de  trente. 
Dans  d'autres  cas,  à  sept  ans,  à  trois  ans,  la  barbe  et  les  poik  du  pubis  avaient 
paru.  £liez  quelques  hommes,  la  barbe  ne  pousse  qu'entre  vingt  et  ttente  ans  ;  elle 
peut  manquer;  ces  exceptions  limitent  la  valeur  du  signe.  On  notera  ches  les 
femmes,  pour  la  période  de  quarante  à  cinquante  ans,  la  présence  d'un  duvet  pins 
épais,  de  poils  rudes,  au  menton  et  aux  lèvres. 

La  chevelure  s*éclaircit  entre  trente  et  quarante  ans,  et  la  calvitie^  par  ses  pnn 
grès,  fournit  un  signe  de  l'âge.  C'est  par  le  sommet  de  la  tête,  a  cervice  calvUiet, 
a  temporibus  canities,  que  commence  la  chute  des  cheveux,  beaucoup  plus  précoce 
chez  l'homme  que  chez  la  femme.  Les  cheveux,  avant  de  tomber,  deviennent  plus 
pâles,  plus  fragiles;  ils  se  dessèchent,  se  bifurquent,  se  fendillent,  et  ces  lé^ïons 
annoncent  l'alopécie  commençante,  qui  peu  à  peu  gsgne  en  circonférence,  et  finit 
souvent  par  envahir  la  totalité  du  crâne.  Dans  l'alopécie  sénile,  les  bulbes  des  poils 
sont  affaiblis,  atrophiés,  mais  le  plus  souvent  sans  être  entièrement  détruits  ;  leur 
orifice  donne  passage  à  un  duvet  léger  qui  rappelle  celui  du  commencement  de  la 
vie.  Ces  caractères  servent  à  faire  reconnaître  une  simulation.  H  est  très-rare 
d'observer  la  chute  de  la  barbe  et  celle  des  poils  des  autres  régions.  De  nombreuses 
causes  modifient  la  valeur  de  ces  signes,  qui  doivent  être  mis  en  rapport  avec  ks  au- 
tres caractères  de  l'âge.  La  calvitie  n'accompagne  pas  nécessairement  la  vieillesse; 
on  a  des  exemples  de  centenaires  qui  ont  conservé  leurs  cheveux  et  leurs  dents. 

L'alopécie  peut  être  congénitale.  Les  archives  de  Starck  renferment  l'observation 
de  deux  adultes  qui  présentaient  une  absence  congénitale  de  chevoux  et  de  dents  ; 
les  Nciices  de  Froriep  parlent  aussi  de  deux  soeurs  cliez  lesquelles  les  cheveux  ne 
s'étaient  pas  développés.  H.  Rayer  a  constaté  le  défaut  absolu  de  poils,  quelques 
cheweux  à  peine,  sur  un  homme  de  trente- deux  ans.  D'autres  fois,  les  poils 
sont  rares  ;  ils  manquent  sur  une  région,  ou  ne  paraissent  que  très-tard. 

Si  l'alopécie  est  prématurée,  le  médecin  doit  rechercher  les  causes  qui  ont  hâté 
l'apparition  de  ce  signe.  Les  maladies  locales,  favus,  herpès  tonsurans,  vilitigo, 
porrîgo  docalvans,  pourront  être  reconnues  à  leurs  traces  ;  il  en  est  de  même  de 
l'alopécie  syphilitique  ;  mais  on  distinguera  plus  difTictlement  de  l'alopéde  sénile 
le  defluvium  capiUorum  produit  par  des  émotions  morales, des  contentions  d'eaprit, 
par  l'épuisement  de  l'organisme,  à  la  suite  d'excès  ou  de  maladies  graves.  Le  oom- 
mémoratif,  les  signes  concomitants  éclaireront  le  diagnostic.  La  calvitie  est  tem- 
poraire ou  irrémédiable.  Los  dieveux  tombés  à  la  suite  de  couches,  de  fièvres 
typhoMlos,  de  maladies  générales,  peuvent  repousser  avec  abondance  ;  mais  le  même 
ébranlement,  renouvelé  deux  ou  trois  fois,  détermine  la  calvitie  définitive.  On  a 


ÂGE    (nÉDBCIHE    LiGALB).  i9i 

TU  des  chevelures  rares  redevenir  touffues,  des  calvities  disparaître;  mais,  évidem- 
ment, elles  tenaient  à  un  état  pathologique  et  non  au  pn^rès  de  l'âge;  tous  ces 
fioiuts  de  vue  trouvent  leur  application  en  médecine  légide. 

La  amilie  est  un  signe  important;  elle  peut  être  oongéniale,  prématurée,  subite, 
temporaire; elle  débute  entre  trente  et  quarante  ans;  les  tempes grisonnnent,  les  poils 
blancs  se  disséminent  et  se  multiplient  ;  la  barbe  blanchit  par  places;  la  décoloration 
s  étend  aux  autres  régions;  elle  est  plus  tardive  aux  aisselles.  De  cinquante  à  soixante 
ans,  la  caaitie  £iit  des  progrès  ;  devenue  générale,  elle  est  l'attrU^ut  du  dernier  âge 
de  la  vie  ;  il  est  raae  cependant  qu'à  côté  des  cheveux  blancs  on  ne  trouve  pas 
un  certain  nombre  de  poils  ayant  gardé  leur  couleur  première.  Certains  vieillards 
conservent  une  ch^elure  abondante,  et  qui  continue  à  croître  malgré  sa  blancheur, 
mois  les  cheveux  blancs  tombent  peu  à  peu  ;  la  canitie,  jointe  à  l'alopécie,  indique 
un  âge  plus  avancé. 

Lu  canitie  amgéniale  ou  albinisme  se  reconnaît  à  l'absence  ou  à  la  rareté  du 
pigment  tégumentaire.  On  a  cité  d'assez  nombreux  exemples  de  ces  canities  ori- 
ginelles qui  peuvent  être  générales  ou  partielles,  se  borner  à  une  moitié  de  la 
chevelure,  aune  seule  touffe  de  cheveux.  La  canitie  prématurée  est  une  chance 
d'erreur,  mais  le  plus  souvent  elle  contraste  avec  les  signes  de  la  jeunesse.  On 
a  vu  dans  leniànce,  à  l'époque  de  la  puberté,  une  partie  de  la  chevelure  blan- 
chir; c'est  entre  vingt  et  trente  ans  que  cette  décoloration  anticipée  est  surtout 
conunune.  Elle  semble  héréditaire  dans  certaines  familles  ;  elle  est  plus  fréquente 
chex  les  individus  secs  et  nerveux,  à  chevelure  noire  ou  brune.  L'alopécie  est  plus 
hâtive  chez  les  personnes  à  constitution  molle  et  à  cheveux  blonds.  Certains  vieil- 
lanls  conservent  jusqu'à  un  âge  très-avancé  une  chevelure  abondante,  avec  sa  cou- 
leur première.  Bien  des  causes  hâtent  la  décoloration  des  cheveux  :  les  émotions, 
Iês  maladies,  les  excès  de  tous  genres;  mais  alors  d'autres  signes  viennent  contre- 
dire ces  apparences  de  vieillesse  anticipée. 

La  canitie  subite  a  donné  lieu  à  des  discussions  médico-légales  :  on  s'est  demandé 
si  les  cheveux  pouvaient  blandiir  tout  à  coup,  dans  l'espace  d'une  nuit,  sous  l'in- 
fluenne  de  la  terreur  ou  d'un  violent  chagrin.  Les  auteurs  anciens  citent  des  faits 
qui  semblentconduauts;  Haller,  cependant,  les  révoque  en  doute  ;  des  obsen'ations 
plus  récentes  ont  été  publiées  ;  Foumier  dans  l'article  Cas  rares  du  Dictionnaire 
des  sdsnces  médicales^  rapporte,  d'après  un  témoin  qu'il  affirme  être  digne  de 
loi,  que  chez  un  jeune  homme  de  vingtrquatre  ans,  à  la  suite  d'excès,  les  cheveux 
et  Ums  les  poils  de  la  partie  droite  du  corps  devinrent  blancs  en  une  nuit.  On  a 
dtc  des  faits  de  canitie  subite  à  l'époque  de  la  Révolution  française;  mais  ces 
observations  ont  presque  toujours  été  recueillies  sous  l'influence  d'émotions  qui 
faisaient  accepter  CMÔlement  le  merveilleux.  H.  Charcot  a  rap|X)i*té,  en  1861,  dans 
la  Ga'ieite  hebdomadaire^  un  nouvel  exemple  de  ces  promptes  décolorations. 

Combien  de  temps  faut-il  pour  qu'une  canitie  complète  se  produise?  Il  est  au 
moins  certain  que  les  cheveux  peuvent  blanchir  presque  en  totalité  dans  un  petit 
nombre  de  semaines.  Biduit  croyait  le  changement  possible  eu  cinq  ou  six  jours. 
Le  mode  habituel  de  décoloration  des  cheveux  se  concilie  peu  avec  les  change- 
ments instantanés.  Que  l'on  obsene  une  tête  grisonnante,  on  n'y  verra  pas  de 
cheveux  pies,  mais  des  poils  noirs  ou  blancs  jusqu'à  la  peau;  à  côté  se  trouvent 
d'autres  cheveux  plus  pales,  plus  secs,  destinés  à  tomber  et  à  être  remplacés  i^ar 
un  cheveu  blanc.  Une  chute  de  cheveux  assez  abondante  précède  les  canities 
promptes;  ce  sont  les  cheveux  noirs  ou  blonds  qui  font  place  aux  blancs.  11  en 
résulte  que  la  canitie  met  au  moins  à  se  développer  le  temps  uécessaire  à  la  sortie 


i52  AGE  (aiDEciiiB  lAcalc). 

du  nouveau  poil  ;  en  admettant  une  croissance  de  1  à  S  millimMres  par  semaioe, 
un  ou  deux  mois  suffisent  pour  rendre  la  canitie  évidente.  Beaucoup  d'auteun 
admettent  que  le  poil  blanchit  aussi  sans  tomber;  le  changement  de  couleur  se 
montre  d'abord  à  la  pointe,  où  le  cheveu  devient  plus  pâle  et  plus  cassant.  L'huile 
colorée  se  desséchant  tout  à  coup  expliquerait  les  canittes  subites  ;  d'autres  fois  on 
a  observé  que  le  cheveu  blanchissait  à  sa  base  ;  il  poussait  blanc  ;  le  reste  était  noir 
ou  blond.  Villermé  rapporte  Tobsenration  d'une  fille  de  treize  ans  qui  avait  des 
cheveux  mi-partie  blancs  et  mi-partie  châtains.  Simon  a  vu  chez  un  homme  de 
dix-neuf  ans  des  cheveux  dont  une  moitié  était  blanche,  l'autre  brune;  plusinin 
cheveux  offraient  l'alternance  d'anneaux  de  deux  couleurs  {HantkrankheiUn, 
p.  383).  Des  maladies  graves  et  prolongées  hâtent  la  canitie;  les  affections diathé- 
siques  surtout  influent  sur  la  coloration  des  poils.  Ainsi  dans  la  chlorose,  dans 
la  cachexie  hydrophthalmique,  on  a  vu  jaunir  et  pâlir  la  teinte  des  cheveux,  des 
sourcils  et  des  cils.  A  la  suite  des  maladies  du  cuir  dievelu,  du  fSaivus,  entre  autres, 
les  chevaux  poussent  minces  et  décolorés.  Ces  modifications  ne  peuvent  guère  être 
prises  pour  des  signes  d'âge. 

Devons-nous  placer  parmi  les  chances  d'erreur  les  ciiservations*  dans  lesquell<>s 
les  cheveux  et  la  barbe  auraient  subitement  blanchi  après  la  mort?  Cullerierra|H 
porte  des  faits  de  ce  genre  empruntés  aux  Êphétnérides  des  curieux  de  la  nature, 
Bartholin  raconte  que  le  cadavre  d'un  homme  dont  les  cheveux  et  la  barbe  étaimt 
courts  et  noirs,  les  offrit  longs  et  jaunes  après  quelque  temps.  La  croissance  des 
poils  après  la  mort  est  hors  de  doute;  mais  si  le  changement  de  couleur  n'est  point 
démontré,  rien  n'autorise  à  le  considérer  comme  impossible. 

Des  cheveux  blonds  peuvent-ils  devenir  noirs  et  inversement?  Des  changement 
de  ce  genre  auraient  été  observés  d'après  Alibert,  chez  une  jeune  femme,  à  la 
suite  de  couches,  des  cheveux  blonds  devinrent  noirs  ;  et  chez  un  homme,  sortant 
de  maladie,  des  cheveux  bruns  prirent  une  teinte  d'un  roux  rif.  Divers  état^ 
pathologiques  produisent  des  variations  notables  d'aspect  et  de  couleur;  ainsi, 
dans  la  syphilis,  les  cheveux  perdent  leur  lustre.  Une  autre  question  k  examiner 
en  médecine  légale  est  celle  du  rajeunissement  de  la  chevelure  ;  on  affirme  que  chez 
des  personnes  d'un  grand  âge  des  cheveux  blancs  peuvent  redevenirs  noirs  ou 
blonds.  Fournier  a  réuni,  d'après  Sinclair,  quelques  exemples  de  ces  cbangement> 
observés  chez  des  hommes  de  quatre-vingt  à  cent-dix  ans.  Des  faits  de  œ  genrr, 
pour  être  admis  dans  la  science,  auraient  besoin  de  témoignages  authentiques. 

Si  les  doutes  à  cet  égard  sont  plus  que  légitimes,  il  est  au  moins  reconnu  qu'a 
divers  âges  de  la  vie,  surtout  chez  les  personnes  jeunes,  certaines  maladies  ont 
introduit  dans  la  couleur  de  la  chevelure  des  modifications  notables  mais  passa- 
gères. Ainsi  les  cheveux  qui  ont  pâli  dans  la  chlorose  reprennent,  après  la  guérisoii, 
leur  teinte  naturelle.  Le  fer  et  les  préparations  sulfureuses  contribuent  peut-être  à 
rétablir  leur  coloration.  Dans  une  observation  de  H.  Ricbelot,  chez  une  jeune  fille 
chlorotiqiie,  les  cheveux  blanchirent  jusqu'à  la  hauteur  de  deux  pouces,  le  reste 
conser>*ant  sa  couleur  ;  la  chlorose  guérie  par  le  fer,  les  cheveuz  repoussèrent  de 
nouveau  avec  la  teinte  brune,  de  telle  sorte  que  le  haut  et  la  partie  inférieure  de» 
cheveux  étaient  bruns,  tandis  que  le  milieu  présentait  \m  segment  de  couleur 
blanche.  Qiez  les  enfants  guéris  de  la  teigne  par  l'arrachement  partiel,  on  voit  mu- 
vent  les  premiers  cheveux  être  d'un  blanc  pâle,  presque  blancs;  arrachés  ou 
tombant  de  nouveau,  ils  sont  remplacés  par  des  poils  qui  reprennent  leur  couleur 
primitive.  C'est  sans  doute  dans  des  cas  analogues  qu'a  dispani  la  canitie. 

On  a  encore  cherché  un  signe  d'âge  dans  les  modifications  qu'éprouve  la  oom- 


AGK  (médkcise  locale).  453 

position  cbimiqae  des  poils;  malgré  les  travaux  de  MM.  Baudrimonl,  Bibra,  Laér, 
on  n'est  pas  arrivé  à  des  résultats  bien  positifs;  quelques  différences  existent  dans 
b  proportioa  du  fer  et  dans  celle  du  soufre,  de  l'eau  et  de  la  graisse,  plutôt  d'a- 
près la  couleur  des  cheveux  que  d'après  l'âge  ;  ces  principes  seraient  peut-être  en 
proportioa  un  peu  moindre  dans  les  cheveux  gris. 

On  ne  négligera  pas  d'examiner  les  ongles,  qui,  avec  les  progrès  de  l'âge, 
deviennent  plus  secs,  plus  friables,  perdent  leur  éclat,  se  couvrent  de  taches 
brunes,  se  recourbent  et  s*atrq>hient  par  places. 

La  IttiUe  ei  le  poids  fournissent  des  caractères  d'une  grande  valeur,  surtout  aux 
époques  de  développement. 

Pendant  la  vie  intra-utérine,  l'accroissement  est  le  signe  le  plus  sûr.  D'une  frac- 
tion de  millimètre  et  de  milligramme,  le  produit  de  la  conception  s'élève  jusqu'à 
i9  centimètres  et  3S00  grammes.  Le  progrès  est  continu,  avec  des  poussées  pério- 
diques, ainsi  caractérisées  par  Sdmmering  :  marche  plus  rapide  jusqu'au  deuxième 
mois,  ralentissement  jusqu'au  troisième,  accélération  jusqu'au  quatrième,  croissance 
moiiis  prompte,  nouvelle  accélération  de  quatre  mois  et  demi  à  six  ou  sept  ;  au  delà, 
progression  plus  lente,  jusqu'à  la  maturité.  La  marche  est  assez  régulière  pour  per- 
mettre d'indiquer  des  moyennes  par  mois  :  S,  4,  8, 16,  23,  28,  34, 40, 48  à  49  cen- 
timètres pour  la  taille  ;  4, 20, 50, 100, 250, 500, 1500,  2000, 3200  grammes  pour 
le  poids,  avec  une  différence  en  moins  chez  les  filles.  Dans  le  diamètre  bipariétal, 
on  trouve  en  centimètres  une  indication  assez  exacte  du  nombre  des  mois,  7,  8 
et  9  centimètres  pour  les  septième,  huitième  et  neuvième  mois.  Chaque  organe, 
par  son  poids  et  ses  dimensions,  donne  un  indice  auquel  s'ajoutent  les  signes  tirés 
de  la  stnicCiire,  et  dont  l'exposé  se  trouvera  aux  articles  qui  concernent  le  produit 
de  la  conception. 

Le  moment  de  la  naissance  sera  le  point  de  départ  de  nos  recherches  ;  48  à  49  cen- 
timètres, 3O00  à  3200  grammes,  paraissent  être,  suivant  le  sexe,  les  dimensions 
mo\ennes,  dans  nos  pays  ;  les  différences  individuelles  sont  notables.  Le  minimum, 
à  neuf  mois,  est  descendu  jusqu'à  1500  grammes  et  à  40  centimètres,  limite  indécise, 
ï  ciusede  la  difficulté  d'établir  la  durée  réelle  de  la  gestation.  Le  maximum  est  plus 
sûrement  apprécié.  Des  recherches  faîtes  à  la  Maternité  de  Paris,  sur  plusieurs  milliers 
d'accouchements,  prouvent  qu'un  enfant  né  à  terme  et  bien  constiué  pèse  ordinaire- 
ment 6  livres  un  quart  (SI  25  grammes)  ;  on  n'a  ^ii,  dans  cet  hôpital,  qu'un  très-petit 
nombre  d'enfants  de  10  livres  et  demie  (5250  gram.),  d'autres  du  poids  seulement 
de  5  livres  et  de  2  livres  el  quelques  onces  (Marc) .  Les  limites  extrêmes  seraient ,  d'a- 
près Chaussier,  1300  granmies  à  4400,  et  même  6800.  «  Sur  4000  enfants  nés  à 
la  Maternité  de  Paris,  madame  Lachapelle  n'en  a  pas  rencontré  un  seul  qui  pesât  12 
liwes.  Beaudelooque,  qui  dit  avoir  reçu  un  enfant  de  1 3  livres,  regarde  comme  incroya- 
ble qu'on  en  ait  observé  de  plus  volumineux.  »  (Velpeau) .  Mauricrau  indique  1 1  à  12 
livres;  Stein  parie  d'enfants  de  12  livres  ;Melitsch,  de  12  àl5;  Sander,  del5;Voig- 
lel,  d'après  Hagen,  aurait  vu  un  nouveau-né  de  1 6  livres ,  maximum  sur*lequcl  il  est 
liien permis  d'élever  quelques  doutes.  Pour  les  longueurs,  les  différences,  quoique  no- 
bbl^,  «ont  moins  tranchées.  Chaussier  indique  la  moyenne  de  18  pouces  (0'",487), 
JTee  un  minimum  de  14  à  15  (0"*,578  à  0"',406),  et  un  maximum  qui  pourrait  aller 
jusqu'à  27  pouces  (0",73),commeMillot  dit  en  avoir  observé  un  cas ;Rômer  indique 
2^)  à  23  pouces  (54  centimètres  à  62) .  C'est  dans  les  naissances  tardives  que  l'on 
renoonlre  ces  dimensions  extrêmes,  causes  de  dystocie,  et  qui,  en  médecine  légale, 
'Ont  surtout  à  considérer  au  point  de  vue  des  suites  et  de  la  durée  de  l'accouche- 
ment. Dans  le  dixième  mois,  l'enfant  continuant  à  croître,  augmente  à  peu  près 


154  AGE  (MiDiciRi  l£galb). 

dans  la  même  proportion  qne  du  huitième  au  neuvième;  il  peut  donc  acquérir  eii 
plus  8  ou  9  centimètres  et  1000  à  1200  grammes,  et  présenter  ainsi  cesi  dimen- 
sions anormales  de  56  â  57  Gentimètres,Hlc  4  à  5  kilogrammes,  mentionnées  dan> 
diverses  observations  de  grossesses  prolongées. 

On  doit  tenir  compte,  pour  Fappréciatioa  des  dimensions,  de  la  race,  du  sexe, 
de  l'hérédité,  des  conditions  hygiéniques  ;  il  importe  de  multiplier  les  faits  à  tvt 
égard:  à  la  Maternité  de  Strasbourg,  d'après  les  observations  de  M.  Sioltz,  le$ 
dimensions  maximum  ont  été,  pour  deux  fœtus  masculins,  58  centimètres  el 
4436  grammes,  59  centimètres  et  4625  granunes;  ce  dernier  cas  dans  une  gm^ 
sesse  prolongée  de  vingt  jours.  Les  maxima  )X>ur  le  sexe  fiâminin  ont  été  53  cen- 
timètres et  4240  grammes.  Les  moyennes  se  trouvent  entre  46  et  49  centimèlres, 
3000  et  3500  grammes  ;  elles  sont  plus  faibles  pour  les  filles. 

L'accroissement  de  la  taille,  après  la  naissance,  se  bit  d'une  manière  aaseï  régu* 
lière  ;  Feniant  grandit  de  0'',20  environ  pendant  la  première  année,  de  0",l  0  pendanl 
la  seconde,  de  0",06  à  0»,07  de  deux  à  cinq  ans,  de  0*^,05  à  0'",06  de  cinq  à 
quinze  ans;  Taugmentation  est  de  O'^yOS  à  0",04  de  quiuae  à  vingt  ans  ;  d*un  dani- 
eentimètie  de  vingt  à  vingt-cinq  ansetde  quelques  millimètres  de  vingtrcinq  à  trente. 
La  soudure  des  épiphyses  maitfue  le  terme  de  raccroissement.  La  taille  de  la  nais- 
sance est  doublée  à  cinq  ans,  pour  les  garçons,  un  peu  avant  pour  les  filles  ;  â  deux 
ans  et  demi  la  moitié  de  la  taille  définitive  est  acquise  aux  garçons,  elle  l'est  plus  lût 
aux  filles.  La  puberté  accélère  l'accroissement;  trop  précoce,  elle  y  met  un  terme. 
Quelle  que  soient  les  variations  individuelles,  Tétude  d'un  certain  nombre  de  type 
et  la  connaissance  des  moyennes  ont,  eh  médecine  légale,  une  importance  incon- 
testable. Voici  raccroissement  indiqué  par  BufTon  pour  un  homme  de  haute  stature  : 

Cenlim. 
61 

«5 


A  la  naissance.  . 

Six  iTiois 

Un  an 

Dix-huit  mois.  . 
Deux  ans.   .   .   .   , 
Deux  ans  et  demi , 
Trois  ans.   ... 
Trois  ans  et  demi. 
Quatre  ans. 
Quatre  ans  sept  mois. 

Cinq  ans 

Cinq  ans  sept  mois.  . 

Six  ans 

Six  ans  six  mois.  .   .« 

Sept  ans 

Sept  ans  et  demi.  .   . 
Uuit  ans 


•      ■      •       • 


Huit  ans  et  demi..  .  . 
Neuf  ans 

73  Neuf  ans  sept  mois.  .   . 

81        Dix  ans 

80  Onze  ans  et  demi.     .  . 

OS        Douze  ans 

98  Douze  ans  huit  mois.  . 

100        Treize  ans 

105  Treize  ans  et  demi.  .   . 

100        Quatorze  ans 

111  Quatorze  ans  et  deasi.  . 

114        Quinze  ans 

117  Quinze  ans  et  demi.     . 

1^        Seize  ans 

193  Seize  ans  et  demi.    .  . 

128        Dix-sept  ans 

130  Dix-sept  ans  sept  mois. 


133 
135 
130 
111 
liM 
119 
151 
151 
158 
l«3 
168 
173 
176 
IIH 
183 
184 
186 


Nous  a^xHis  recueilli  les  mestires  suivantes  pour  un  jeune  garçon  :  on  an  et 
demi,  79  centimètres;  deux  ans,  87;  deux  ans  et  demi,  91  ;  trois  ans,  96;  trois 
ans  et  demi,  99;  quatre  ans,  103;  quatre  ans  et  demi,  105;  cinq  ans  liO  ;  cinq 
ans  et  demi,  1 13  ;  six  ans,  1 16;  six  ans  et  demi,  119  ;  sept  ans,  131 .  L'influence 
des  saisons  sur  raccnnssemeiit  est  notable  dans  les  premières  années  de  la  vie. 
BufTon  remarque  que  de  cinq  à  dix  ans  la  somme  des  accroissements  a  étéde  7  pouce» 
une  ligne  (19  centimètres)  en  été,  et  de  4  pouces  une  ligne  et  demie  (I I  oeoli- 
mètres)  en  hiver.  Dans  le  fait  que  nous  rapportons,  la  somme  des  aocroiaBemeots 
d'un  an  et  demi  à  six  et  demi  s'est  élevée  à  2S  centimètres  pour  les  scfDesti>» 
d'été  et  à  15  pour  ceux  d'hiver. 

Les  moyennes  générales  fournissent  d'utiles  renseignements.  Les  tabieaia  du 


A6E  (aiDECiiiB  lIgalb),  155 

recratement  indiqncsit,  pour  toute  la  France,  la  moyeiuie  de  la  taille  des  jeuues 
gen»  âgés  de  vingt  ans  révolas  et  aptes  au  service  militaire;  cette  moyenne  a  été» 
en  1857  et  1858,  de  l«,6â3,4ft  et  de  i»,652,84  avec  un  minimum  de  1»,631 
pour  la  Saithe  et  un  maximum  de  V^filià  pour  l'Yonne.  Dans  le  Bas-Rhin,  pour 
dix  années,  de  1848  à  1857,  la  moyenne  a  été  de  1%665,  avec  un  écart  de 
1",644  à  1",670,  suivant  les  cantons  ;  le  maximum,  dans  deux  cas,  a  été  compris 
entre  1",896  et  1"',9^.  Dans  les  appeb  hâtifs  du  premier  Empire,  la  taille  était 
descendue  à  1"*,615  et  au-dessous.  La  taille  moyenne  de  la  vingtième  année,  ne 
représente  pas  celle  de  l*adulte  arrivé  à  son  entier  développement.  Tenon,  sur  un 
[letit  nombre  de  faits,  avait  fixé  œtte  moyenne  à  1"*,665  pour  les  hommes  et 
1",M6  pour  les  fenmies,  avec  les  maximum  de  1">,854  et  l'",671 .  M.  Lélut  indique 
i",657;  déterminant  la  taille  aux  différents  âges,  sur  un  certain  nombre  de  déte- 
nus des  prisons  de  Paris,  il  trouve,  de  seize  à  dix-sept  ans,  i^^^l  ;  à  vingt  ans» 
1",647;  4  vingt-cinq  aBs«  1"',647;  de  trente  à  cinquante  ans,  1°',657;  de  cin- 
quante ans  et  au-dessus,  l'OyôâS.  Pour  des  détenus  des  départements  méridionaux, 
de  trente  à  cinquante  ans,  la  moyenne  était  1"^,650.  Ikins  le  département  de  la 
Haule-Sadne,  les  moyennes  étaient,  à- vingt  ans,  1"^,558;  de  vingt  àv'mgt-cinq, 
l",679;devingt  à  trente,  1«>,897;  de  cinquante  à  soixante,  1",651.  A  l'époque 
de  la  maturité,  la  taille  atteint  environ  trois  fois  et  demie  la  longueur  au  moment 
<]e  la  naissance.  Les  tableaux  de  Quételet  et  de  Zeising  doivent  être  consultés  par 
le  médecin;  voici  tes  résultats  obtenus  pour  les  principales  périodes  : 


QUÉTELET. 

ZEISir^G. 

TAII.LE 

POIDS 

ACCi, 

HOMMES 

PEMMB8 

BOHIICS. 

FEMMES 

TAILLE. 

m. 

m. 

Kil. 

Kii. 

0 

0,500 

0,400 

3,20 

2,91 

0,485 

i 

0,008 

0,600 

9,45 

8,79 

0.757 

2 

0,701 

0,781 

11,34 

10,67 

0,863 

0 

0,^8 

0,974 

15,77 

14,36 

1,084 

7 

1,105 

1,086 

19,10 

17,34 

1,214 

10 

l,tf75 

1,248 

24,52 

23,52 

1,305 

ft 

1,385 

1,290 

29,82 

29,82 

1,360 

15 

1,546 

1,499 

43,62 

40,37 

1,540    • 

18 

1,658 

1,564 

07,83 

51,03 

1,672 

20 

1,074 

1.572 

60,06 

52,28 

1,715 

%\ 

l,fi80 

1,577 

62.93 

53,28        1 

1,751 

50 

1,684 

1,579 

63,65 

54,33 

» 

<0 

1.684 

1,579 

63,67 

55.23 

]» 

ÔO 

1,674 

1,530 

03,46 

56,16 

9 

60 

1,630 

1,516 

61,94 

54,30 

a 

70 

1,623 

1,514 

59.52 

51,51 

» 

80 

1,613 

1,506 

57.83 

49,37 

■ 

90 

1,613 

1,504 

57,83 

49,34 

» 

D'autres  signes  sont  encore  déduits  de  raccroissement  de  certains  organes  et  des 
rapports  qui  existent  entre  différentes  parties  du  corps.  L'augmentation  de  la  tête 
louniit  un  des  caractères  les  plus  utiles,  pendant  les  premières  années  de  la  vie. 
A  la  naissance,  sa  circonférence  est,  en  moyenne,  de  34  à  35  centimètres;  elle 
s  accroît  d'environ  15  centimètres,  jusqu'à  vingt-deux  mois  ou  deux  ans,  époque 


i56  AGE    (■iBBCISB    LéCALs). 

de  l'occlusion  de  la  grande  fontanelle;  pendant  le  reste  de  la  vie,  elle  ne  gagne 
plus  que  6  à  7  centimètres.  De  la  naissance  à  un  mois,  laocroissemeut  est  de 
2  centimètres  et  demi  ;  le  même  progrès  se  constate  à  la  fin  du  tnnsième  mois,  en 
sixième,  du  dixième,  du  quinzième,  du  vingt  et  unième;  de  vingt  et  un  a  viugt- 
huit  mois,  la  tète  ne  gagne  plus  qu'un  centimètre;  de  vingt-huit  mois  i  trois  ans, 
c'est  à  peine  2  ou  3  millimètres,  puis  Taccroissement  continue  d'une  maniiTe 
insensible  jusqu'à  un  âge  marqué  sans  doute  par  la  soudure  absolue  des  os  du 
crâne.  Le  développeinent  du  thorax  présente  un  signe  correspondant.  La  câroonré- 
rence  de  la  poitrine,  qui  est,  en  moyenne,  de  34  centimètres  au  moment  de  b 
naissance,  s'est  accrue  de  64  centimètres  au  terme  du  développement.  Jusqu'à  l'âge 
de  quatre  ans  elle  reste  à  peu  près  égale  à  la  circonférence  de  la  tête,  mais  bieutol 
la  différence  se  prononce,  elle  devient  considérable  à  l'époque  de  la  puberté,  b 
croissance  achevée  chez  un  individu  robuste,  la  circonférence  du  thorax  l'emporte 
au  moins  de  42  centimètres  sur  celle  de  la  tète.  M.  liharzik,  qui  a  appdé  ratlen- 
tion  sur  ces  faits,  les  résume  dans  un  tableau  dont  voici  l'extrait  : 

DIMENSIONS  COMPARÉES  DB  LA  TÈTB  ET  DO  THORAX 


AGES. 


Vingt -quatre  heures 

Six  mois , 

Un  an 

Dix-huit  mois.     .   . 
Deux  ans. 

Trois  ans 

Sept  ans 

Douie  ans 

Quinze  ans 


CIROONFËRENGE  MOYENNE 


DE  LA  lÈn 


«ALB 


35 
4i 

46 
47 
49 
50 
52 
53 
5i 


m  ELUE 


34 
41 
45 
47 
48 
48 
51 
52 
53 


va  raoRAX 


■AU 


33 
4S 
46 
46 
48 
49 
55 


68 


32 
38 
43 
44 
46 
47 
53 
60 
65 


Dans  les  cinq  premières  semaines,  les  diamètres  de  la  tête  augmentent  d'un 
demi  à  i  centimètre.  La  longueur  de  la  tête  est  comme  1  à  4  au  moment  de 
la  naissance,  comme  i  à  6  à  cinq  ans.  «La  situation  de  Tombilic,  les  rapports  entre 
le  tronc  et  les  extrémités  ont  été  Tobjet  de  quelques  mesures  et  sont  des  laits  utiles 
à  noter  ;  c'est  sur  le  tronc  que  la  décroissance  porte,  surtout  dans  l'âge  avaiMîé. 
Cuvier  indique  pour  le  rachis,  cou,  0,1 1  ;  dos,  0,50;  lombes,  0,46 ;  sacrum,  0,14; 
coccyx,  03.  Sue  a  noté  les  rapports  suivants,  pour  la  première  période  de  la  \ie  : 


EXTRÉMITÉS 

ANNÉES. 

TROSC 

'                   — — — ^ 

S0p£BlEUaC8. 

ixrtotiOBEs. 

i  an 

36 

24 

24 

3 

51 

38 

38 

lu 

65 

51 

55 

li 

75 

66 

73 

20àS5 

86 

81 

86 

AGE  (MfiDKciHK  légale).  i57 

Cams,  prenant  pour  unité  de  mesure  le  tiers  de  la  colonne  vertébrale,  qui  repré- 
sente h  longueur  du  crâne,  a  cherché  à  déterminer  les  dimensions  relatives  des 
différents  organes;  elles  doivent  être  toutes  un  multiple  ou  une  fraction  de  ce  type, 
égal  à  6  centimètres  diez  le  nouveau-né  et  à  i8  chez  Tadulte.  Le  module  ou  type 
est  subdivisé  en  vingt-quatre  parties  ou  minutes. 


HOCYEAD-NÉ. 

ModaleOceoi. 

s  ANS. 

10  ceatiD. 

6    ARS. 

15  centim. 

a  A!C8. 

16  centioi. 

AOUITK. 

18  centim. 

TâiUe 

toaàakê. 
8 

2 

5,12 

3 

2,12 

20 

1,12 
1,0 

1 

8,12 
1,10 
3,22 
3 

2,10 
20 
1,18 
1,18 
1,4 

9 

1,8 
3,12 

3 

2,18 

22 

2,1 
1.23 

1.8 

9,12 

1,5 

3,6 

3 

3.2 

1 

2,13 

2,2 

1,13 

9,12 

1 

3 

3 

3 

1 

2,12 

2 

1,12 

Longueur  du  crâne..   .   . 

Cnrconfiîrence 

Longueur  du  raehis.  .   . 

—  des  bras. .   .   . 

—  de  la  main 

—  du  iémur. 

—  du  tibia.. 

—  du  pied.  .   .  . 

Le  radiis,  d'afvès  ces  mesures,  aurait  18  centimètres  à  la  naissance,  50  à  trois 
aiis,  39  à  six  ans,  48  i  quinze,  54  à  l'âge  adulte.  Le  type,  chez  la  femme,  serait 
lia  peu  {dus  iaiUe,  0"',i78,  et  dans  les  deux  sexes  il  diminuerait  avec  Tâge.  Les 
proportions  sont  d'ailleurs  influencées  par  la  race,  par  les  attitudes  habituelles  et 
(ar  le  genre  de  vie. 

Le  maximum  de  la  taille  une  fois  atteint,  la  décroissance,  ne  tarde  pas  à  se 
montrer.  De  quarante  à  cinquante  ans,  l'homme  a  déjà  perdu  l' centimètre  et  la 
feonne  un  peu  moins  La  diminution  totale  est  de  7  à  8  centimètres;  à  l'âge  de 
quatre-vingts  ans,  elle  est  produite  par  les  courbures  et  la  déformation  du  système 
osseux,  par  l'usure  des  cartilages  et  notamment  par  l'affaissement  des  vertèbres 
K  du  ool  du  fémur.  Tenon  signale  un  raccourcissement  de  24  centimètres.  Ribes 
H  Ihlgaigne  ont  cité  des  dépressions  considérables. 

On  doit  tenir  compte,  dans  les  mesures,  de  l'afiaissement  produit  par  les  fatigues 
ou  par  une  station  prolongée.  Du  matin  au  soir  la  taille  peut  varier  de  i  à  4  ccn- 
limètres.  Dans  l'exemple  cité  par  Buffon,  la  diminution  a  été  de  4  centimètres  et 
iiemi;  une  éloogation  véritable  se  manifeste  chez  les  enfants,  par  suite  du  séjour 
Ml  lit. 

Les  variations  du  poids  complètent  les  signes  fournis  par  la  taille.  Suivant  la 
remarque  de  Chausaier,  le  poids  de  l'enfant  diminue  un  peu  immédiatement  après 
U  naissance  et  ne  commence  à  croître  d'une  manière  sensible  qu'après  la  première 
semaine.  Quélelet  a  constaté  que  le  maximum  de  la  perte  s'observait  le  troisième 
jour.  Breslau  a  noté  une  diminution  d'un  quinzième  au  milieu  de  la  seconde 
semaine.  Mais  cette  perte  est  bientôt  compensée,  et  dans  les  six  premiers  septé- 
naires, lenfant  gagne  5 à  600  grammes.  Le  poids  se  tiiple  pendant  la  première 
année  ;  il  se  quintuple  de  la  naissance  à  sept  ans  ;  il  se  double  de  sept  à  quinze  ;  à 
la  maturité  il  est  égal  à  vingt  fois  celui  de  la  naissance  L'accroissement  est  de 
^  kilogrammes  pendant  la  première  année,  de  i  à  2  kilogrammes  par  année, 
de  un  an  à  dix;  de  3  à  4,  de  onze  à  quatorze;  de  5  à  6,  de  quinze  à  vingt  ans. 
La  puberté  détermjne  une  prompte  augmentation  ;  à  douze  ans,  le  poids,  chez 
l«s  deux  sexes,  est  presque  égal.  L'homme  arrive  au  maximum  de  son  poids 
vers  quarante  ans,  la  femme  vers  cinquante.  La  diminution  devient  sensible  à 


158  AGE  (MiDKoiRB  Ugalb). 

soixante  ans;  par  les  progrès  de  l'âge,  elle  alteînl  6  à  7  kilogrammes  el  plus.  Le> 
variations  individuelles  sont  ici  plus  oonsidéFables  que  pour  la  taille  et  des  chan- 
gements notables  se  produisent  sous  diverses  influences.  Chez  des  en&nks,  pesaut 
de  6,800  à  15  kilogrammes,  nous  avons  constaté,  pendant  la  période  d*éni(Aioii 
de  la  rougeole,  des  diminutions  de  poids  de  500  à  800  grammes,  s'opmul 
en  trois  et  quatre  jours.  On  sait  les  rapides  alwisioments  de  poids  que  prothiiseut 
Tabstinence  et  les  maladies. 

La  connaissance  des  moyennes  et  celle  des  lois  de  laccnMSsement  aident  puissam- 
ment à  caractériser  l'âge;  mais,  en  médecine  légale,  nous  devons  tenir  compte  des 
maxima  et  des  minima,  ainsi  que  des  faits  exceptionnels.  Cbex  certains  honiroes, 
la  croissance  est  arrêtée  plus  tôt,  sans  état  morbide  précis  qui  explique  cetlc 
'  infraction  aux  lois  de  la  nature.  L'histoire  des  nains  présente  l'exemple  d'individus 
dontta  taille  reste  bien  au-dessous  du  type  normal,  à  2  pieds  9  pouces  (0",8H), 
â  5  pieds  9puces(l%22)  dont  la  taille,  «i  quinze  ans,  peut  n'être  que  de  18pouce$ 
à  2  pieds  7  pouces  (0'",49  à  0'",85)  qui  meurent  jeunes,  dans  un  état  de  vieillesse 
])rématurée  ou  qui  parfois  arrivent  à  un  grand  âge.  La  mardie  de  Toasificatioa 
fournit  ici  la  preuve  de  l'âge  ;  malgré  les  faibles  dimensions  du  squelette,  les  os 
peuvent  parvenir  â  nu  état  complet  dorganisation ;  on  a  même  vu  s'efiaoer  le< 
sutures  frontale  et  pariétale.  L'accroissement  précoce  de  la  taille  est  encore  une 
cause  d'erreur.  On  a  réuni  de  nombreux  exemples  de  ces  développements  préina- 
tnrés.  Voici  les  plus  remarquables  :  â  trois  ans  et  un  mois,  59  livres  et  1*,05 
(Duplessis)  ;  à  trots  ans  et  demi,  57  livres  et  1",24  (Dupuytren)  ;  à  cinq  ans, 
i",58  (Histoire  de  V Académie  des  sciences)  ;  â  cinq  ans  et  trois  mois,  chez  une 
fille,  i",2S  (Jotimal  de  Corvlsart);  à  dix  ans,  4 ",44  (Foumier).  L'aooraasemeiil 
précoce  de  la  taille  est  plus  commun  chez  les  hommes  que  chez  les  femmes. 

Les  dimensions  excessives  auxquelles  l'homme  peut  parvenir  doivent  être  notées: 
la  race  a  une  influence  évidente  sur  la  taille,  qui  n'est  pas  moins  modifiée  par  le» 
conditions  hygiéniques.  Le  médecin  légiste  dressera  ses  moyennes  suivant  les  pan. 
mais  les  variations  extrêmes,  indiquées  par  les  physiofogistes,  semblent  être  ren- 
fermées dans  des  limites  assez  étroites,  entre  1"*,40  et  2  mètres  environ.  L'ouver- 
ture des  tombes  anciennes  constate  l'identité  de  la  taille,  pour  l'époque  actuello 
et  les  tempH  historiques.  Les  dimensions  extrêmes  sont  le  i*ésultat  de  dii^Kisition» 
indiriduelles,  le  plus  souvent  inexpliquées  et  restant  à  l'état  de  rares  excepiioib. 
Les  hommes  de  6  pieds  (i'^jdoO)  sont  peu  nombreux;  2  mètres  forment  une  limite 
qui  n'est  guèrc  dépassée.  L'existence  de  géants  de  8  [Meds  et  de  8  pieds  et  demi 
(2»,60*à  2'",80)  paraît  constatée,  dit  Geoffroy  Saint-Hîlaire ,  par  l'observatioti 
d'hommes  dignes  de  foi.  Lecat  indique  7  et  8  pieds,  Dienierbroeck,  8  pieds  et  demi; 
9  pieds  (5"),  enfln.  d'après  d'autres  témoignages,  formeraient  la  limite  extrême 
que  la  taille  de  l'Iiomme  peut  atteindre.  On  a  constaté  le  développement  extraor- 
dinaire de  certaines  régions  du  corps,  de  la  tête  entre  autres,  fait  qui  s'expliqnr 
le  plus  souvent  par  un  état  patliologique.  Les  poids  extraordinaires  sont  plu> 
fréc]iients.  Les  moyeimcs  de  chaque  âge  peuvent  être  doublées  on  triplées.  On 
a  vu  un  enfant  de  quatre  ans  peser  104  livres.  Buffon  cite  les  poids  de  58<i 
livres,  490,  585,  609,  649  livres,  poids  anglais;  les  observations  d*obéM(i' 
précoce  ou  soutenue,  h  l'âge  de  retour,  présentent  des  exemples  de  ce^  poids  mon- 
strueux. 

La  forme  du  cor|)s  xnne  comme  la  taille  et  le  poids;  les  dimensions  ^ebti^e^ 
des  organes,  la  pro{N)rtion  et  la  disposition  de  la  graisse,  k'S  modiHcations  fh*>  o^ 
impriment  à  l'extérieur  du  corps  une  apparence  qui  caractérise  les  âges.   Ik'u\ 


AGE    (HéDSCIllK   LéOALB).  159 

lonoeB  de  ocmstitiitioa  se  montrent  à  un  âge aTancé ;  lutie  molle,  où  Temljon- 
point  persiste;  l'autre  sèche,  accompagnée  d'une  maigreur  excessive  qui  indique 
b  vieillesBeparTenue  à  ses  dernières  limites. 

Le  syilême  dentaire  fournit  des  signes  très-nets  pendant  la  période  de  dévelop- 
panent  ;  an  delà  il  offre  encore  des  indications  utiles.  Le  cloisonnement  des  alvéoles, 
il  formation  et  Tosification  des  follicules,  caractérisent  la  vie  fœtale  ;  à  la  naissance, 
toutes  les  dents*  de  lait  et  les  quatre  premières  grosses  molaires  de  remplacement  ont 
leurs  points  d'ossification;  puis  on  constate  l'ossification  successive  des  dents  perma- 
nentes. L'éruption  des  dents,  malgré  les  difTérenoes  individuelles,  est  une  mesure 
eiade  des  diferses  phases  de  l'enfance.  Du  septième  au  trentième  mois,  les  dents 
ipparaissent  par  groupes  :  les  incisives  médianes  inférieures,  puis  les  supérieures 
de  segt  à  neuf  mois  ;  les  supérieures  latérales,  puis  les  inférieures,  de  neuf  à  douze  ; 
ks  petites  molaires,  puis  les  canines,  de  douze  à  dix-huit  ;  les  secondes  molaires 
>|ièsdeinans.  Bien  des  exceptions  troublent  l'ordre  et  les  époques  d'éniption  ; 
aîui  les  molaires  antérieures  peuvent  précéder  les  incisives  latérales  inférieures, 
bcuines  venir  avant  les  petites  molaires.  Le  médecin  appréciera  les  états  patho- 
logiques qui  retardent  ou  accélèrent  la  dentition  et  modifient  la  valeur  du  signe. 
Us  dentitions  précoces  sont  une  cause  d'erreur,  lorsque  cette  anomalie  n'est 
acoompagnée  d'aucun  trouble  morbide  ;  on  a  vu  des  eniànts  venir  au  monde  avec 
l^osieurs  dents  visibles  aux  mâchoires  (Meckel)  ;  ce  phénomène,  déjà  constaté  par 
Hine  et  mentionné  pour  quelques  personnages  célèbres,  semblerait  indiquer  une 
^^fogQT  peu  commune  ;  le  plus  souvent,  au  contraire,  les  dentitions  hâtives,  à 
don  ou  trois  moisy  s'observent  chez  des  enfants  affoiblis  et  sont  accompagnées 
d'accidents  graves.  Le  reiard  de  la  dentition,  suite  ordinaire  du  rachitisme,  peut 
aussi  constituer  une  simple  anomalie  ;  on  a  constaté  l'absence  absolue  de  dents, 
dautr»  fob,  plusieurs  dents  faisaient  défaut. 

la  seconde  dentition  fournit  un  signe  par  l'apparition,  entre  quatre  et  cinq  ans, 
des  premières  grosses  molaires.  De  sept  à  neuf  ans,  les  incisives  se  remplacent  ;  de 
neuf  à  dix  ans,  les  premières  )ielites  molaires  et  les  canines;  vers  onze  ans,  les 
^«condes  petites  molaires  ;  de  onze  à  douze  sortent  les  secondes  grosses  molaires  per- 
manentes. Les  troisièmes  grosses  molaires  ou  dents  de  sagesse  forment  un  caractère 
plustanlif;  elles  n'apparaissent  guère  qu'après  la  puberté,  de  dix-huit  à  vingt-cinq 
^>  ou  plus  tard.  Ici  diverses  anomalies  seront  prises  en  considération  :  le  retard 
deh  seconde  dentition,  la  persistance  de  plusieurs  dents  de  lait,  an  delà  du  terme 
ordinaire,  sans  que  les  dents  permanentes  se  développent. 

Lî  dentition  terminée,  l'âge  s'apprécie  par  l'usure  de  ces  oi^anes.  La  destruction 
de  rémail,  la  couleur  qui  s'altère,  l'apparition  de  taches  jaunes  et  noirâtres,  l'atro- 
phie du  bulbe,  l'ébranlement  et  la  chute  des  dents,  le  rétrécissement  et  l'effacement 
desalTéoles,  constituent  la  série  des  signes.  Les  dents  déchaussées  paraissent  plus 
longues  et  laissent  voir  le  cément.  Les  incisives  et  surtout  les  canines  inférieures  sont 
^Ifô  qui  persistent  le  plus  longtemps.  D'après  Lassaigne  et  Bibra,  dans  l'âge  avancé 
la  oompoâtion  chimique  des  dents  se  rapprocherait  de  celle  qu'elles  présentent  dans 
l'cnbnce;  les  matières  organiques  iraient  en  augmentant;  sur  un  adulte,  on  a 
lnmvéS9pour  100 de  matières  organiques, et  71  d'inorganiques;  les  proportions 
'»nt  été  55  et  65  chez  un  enfant,  35  et  67  chez  un  vieillard  de  quatre-vingt-un 
^'  Les  altérations  pathologiques ,  trop  modifiées  par  les  conditions  indivi- 
*ï^0e5,  ne  sont  qu'un  faible  indice  ;  il  faut  tenir  compte  cependant  de  l'ordre 
^  lequel  les  dents  sont  affectées  par  la  carie.  On  a  vu  par  exception  des  hommes 
P*ncnir  à  un  âge  très-avancé,  sans  perdre  aucune  de  leurs  dents.  Iluselnnd  cite 


160  AGK  (MÉnBCisB  lbcalb). 

Texemple  (l*un  vieillard  qui  mourut  à  cent  orne  ans  et  qui  avait  conservé  jusqu'à 
cet  âge  ses  dents  et  ses  cheveux. 

Les  modifications  des  maxillaires  sont  caractéristiques  ;  laiigledes  branches  a\i'c 
le  corps,  trèâ^uvert  avant  la  dentition,  droit  après,  redevient  obtus  lorsque  Vàge  a 
amené  ta  chute  des  dents.  Le  corps  du  maxillaire  s'allonge  par  la  seconde  denti- 
tion. Le  rebord  alvéolaire,  d*abord  épais,  s'amincit  et  s  eOace.  Un  changement  gra- 
duel s  opère  dans  les  rapports  des  trous  sou»orbitaires  et  mentonniers.  L'expre»6ioii 
raciale  qui  résulte  de  tous  ces  changements  est  caractéristique. 

Le  jeu  des  organes  fournit  des  signes  qui  n'échappent  pas  à  l'observateur  attentif. 

Le  développement  de  ï intelligence  est  un  indice  utile,  dans  le  cas  assez  fréquent 
où  le  médecin  est  appelé  à  déterminer  l'âge  d'tiu  enlant  délaissé.  Les  premières 
larmes  et  le  rire  à  six  semaines;  la  parole,  mot  isolé,  en  même  temps  que  la 
marche,  à  onze  mois  ;  le  mot  associé,  dans  le  cours  de  la  seconde  année  ;  la  séné 
des  phrases,  dans  la  troisième  ;  ne  sont-ce  pas  là  des  éclielons  qui  correspondent  à 
des  dates  assez  variables  sans  doute,  mais  dont  la  succession  est  généralement  régu- 
lière? Les  perceptions  deviennent  plus  nettes,  l'attention  oonunence ,  la  mémoire  se 
lorme  ;  de  cinq  à  sept  ans,  l'enfant  peut  savoir  lire,  indice  assez  préds  d'un  nouveau 
progrès  ;  ce  développement  est  surtout  utile  à  apprécier  dans  les  questions  de  dis^ 
cernement.  Le  déploiement  successif  des  facultés  de  l'âme  caractérise  les  diflèroitec 
époques  de  la  vie  ;  mais  ce  signe  peut  paraître  subtil  ;  il  est  d'ailleurs  modifié  pr 
trop  d'influences  ;  mais  si  le  type  est  souvent  altéré  et  défiguré,  dans  le  milieu 
surtout  où  la  médecine  légale  opère,  il  n'eu  est  pas  moins  vrai  que  l'étude  appro- 
fondie du  caractère,  des  goûts,  des  facultés  d'un  homme  fournit  sur  son  âge  des» 
renseignements  précieux.  Pendant  la  période  moyenne  de  la  vie,  ces  signes  ont 
moins  de  valeur  ;  au  déclin  de  l'âge,  ils  devieiment  plus  positifs. 

Les  modifications  présentées  par  les  organes  des  sens  sont  plus  évidentes.  Lcàl^ 
dès  la  vie  intra-utérine,  olfre  des  signes  caractéristiques  :  le  globe  découvert  jusqu'au 
quatrième  mois,  les  paupières  fermées  jusqu'au  septième.  L'ouverture  des  paupières 
coïncide  avec  l'époque  de  la  riabilité  ;  il  importe  de  distinguer  cette  séparation 
naturelle  de  celle  qui  aurait  été  faite  accidentellement  ou  volontairement  dans  le 
but  d'induire  en  erreur;  un  caractère  anatomique  fournit  ici  un  renseignement 
utile  ;  la  peau  se  continue  d'une  paupière  à  l'autre,  au-devant  de  l'œil,  au  moment 
où  la  division  se  prépare,  les  cellules  épidermiques  changent  de  foime,  elles  s'al- 
longent, s'atrophient  sur  la  ligne  de  séparation,  gardant  au  delà  leur  structure  nor- 
male; nous  avons  nettement  constaté  avec  H.  Morel  cette  délormation  préalable  des» 
cellules  qui  annonce  la  séparation  naturelle  des  deux  paupières.  Ou  recherchera 
les  changements  qu'entraîne  la  succession  des  âges  dans  la  forme,  la  transpa- 
rence du  globe  de  l'œil,  la  myopie  et  la  presbytie,  le  pouvoir  d'accommodation, 
la  couleur  de  l'iris,  le  pigment  de  la  choroïde,  la  tâche  jaune  de  la  rétine.  Le 
glaucome  ât  fréquent  à  l'âge  critique.  Les  taches  grisâtres  du  fond  de  l'œil,  la 
teinte  jaunâtre  du  cristalliu,  infiltré  de  gi*aiâse,  indiquent  un  âge  avancé.  Nous 
avons  vu  cependant,  au-delà  de  quatre-vingts  ans,  l'œil  conserver  toute  sa  limpidité. 

L'arc  ou  cercle  sénile  est  un  signe  ti^ès-fréquent  et  très-net  qui  mérite  d'étrr 
examiné  avec  soin.  Vers  la  soixantième  année,  la  cornée  transparente  devient  souvent 
trouble  et  blanchâtre,  sur  divers  points  de  sa  circonférence,  notamment  en  haut,  À 
l'union  de  son  bord  externe  avec  la  sclérotique.  Cette  teinte  blancliâtrj  se  montre* 
sous  forme  d'un  trait  qui  peu  à  peu  s'élargit,  s'étend  d'une  manière  circulaire  et 
finit  i^ar  former  un  ceixle  complet,  encadrant  toute  la  cornée  transparente  Ce 
cercle  occupe  un  cinquième  environ,  un  quart,  un  tiers  au  plus  de  la  cornée;  on  no 


*    AG£  (médigimb  légalb).  i61 

Ta  pas  vu  s'élever  jusqu'à  son  centre,  ni  être  assez  krge  pour  mettre  obstacle  au  pas- 
sage delà  lumière.  Ce  cercle  sénile,  qui  est  dû  à  l'infiltration  graisseuse  des  cellules 
pbsniatiques  de  la  cornée,  est  un  caractère  important,  à  la  dernière  période  de  la 
vie.  Nous  avons  essayé,  par  quelques  recherches  statistiques  faites  avec  notre  col- 
lée, H.  ^ber,  de  déterminer  la  fréquence,  l'époque  et  l'ordre  du  développe- 
ment de  ce  signe.  Sur  158  pensionnaires  de  l'hôpital  civil  de  Strasbourg,  nous 
avons  constaté  les  résultats  suivants  : 

CERCLE  séNILE 


Sur  9  personnes  de  42  à  59  ans,  nous  n'avons  pas  rencontré  le  cercle  sénile  ;  sur 
88  honmies  au-dessus  de  soixante  ans,  60  offraient  cet  arc  plus  ou  moins  prononcé  ; 
les  2  hommes  les  moins  âgés  avaient  60  et  61  ans.  Sur  80  femmes,  63  présentaient 
le  cercle  sénile  ;  les  moins  âgées  avaient  66  et  67  ans.  11  semble  que  celte  altéra- 
(km  soit  plus  précoce  chez  Fhomme;  avant  70  ans,  les  cas  ont  été  plus  nombreux 
dans  le  sexe  masculin  ;  au-dessus,  les  proportions  s'égalisent.  L'influence  de  l'âge 
est  manifeste  ;  avec  les  années,  le  nombre  des  cas  s'accélère  rapidement.  De  65 
à  70  ans,  l'arc  sénile  est  déjà  commun  ;  il  existe  le  plus  souvent  de  70  à  75  ans  ; 
au  delà  son  absence  est  une  rare  exception.  On  peut  donc  considérer  ce  signe  comme 
caractérisant  la  seconde  partie  de  la  vieillesse.  Le  cercle  est  plus  ou  moins  pro- 
noncé ;  dès  65  ans,  nous  l'avons  vu  complet,  mais  c'est  le  plus  souvent  au  delà 
de  70  qu'il  encadre  la  totalité  de  la  cornée.  Le  cercle  partiel  est  surtout  prononcé 
a  la  partie  supérieure  de  l'œil  ;  son  étendue  varie  et  augmente  avec  l'âge.  Chez 
deux  hommes  de  80  à  83  ans,  chez  trois  femmes  de  85,  l'iufdtration  graisseuse 
était  commençante  ;  nous  l'avons  vue  manquer  totalement  chez  un  homme 
deSi  ans. 

Nous  avons  recherché  s'il  existait  quelque  rapport  entre  la  fréquence  du  cercle 
et  la  couleur  des  yeux.  Pour  les  femmes,  les  proportions  sont  identiques;  chez  les 
bommes,  les  différences  ne  sont  pas  notables. 

La  dureté  de  l'ouie,  plus  tardive  mais  plus  complète  chez  les  femmes,  l'analgésie 
|ttrtidle,  les  modifications  de  la  voix,  en  rapport  avec  les  dimensions  et  l'ossifica- 
tioo  du  larynx,  la  durée  du  sommeil,  la  diminution  de  force  et  de  précision  des 
mouvements  trouveront  leur  place  dans  l'ensemble  des  signes. 

L'évohilion  des  organes  génitaux  marque  des  périodes  distinctes.  La  première 
partie  de  la  vie  est  caractérisée  par  le  peu  de  développement  de  ces  organes  et  par 
i'ioactivité  de  la  fonction.  Plus  tard,  l'instinct  génital  s'éveille,  la  puberté  s'an- 
oooce  par  des  signes  généraux  et  locaux.  Gomme  indices  d'âge,  nous  avons  à 
déterminer  l'époque  de  son  apparition  et  la  succession  des  phénomènes  qui  la 

UCT.  INC  il.  il 


i62 


AGE    (BÉOfiClNfi    L£GALE)k 


constituent.  Dans  nos  pays,  c'est  de  quinie  à  dix-huit  ans  chez  les  garçons,  de 
douze  à  quinze  ans  chez  les  filles  que  cette  révolution  s'opère.  Pdur  le  sexe  ma^ 
culin,  la  transition  est  plus  insensible  et  le  signe  du  développement  moins  préct». 
On  recherchera  les  modifications  dont  Tordre  permet  de  distinguer  la  puberté, 
commençante,  en  pleine  évolution,  ou  voisine  de  la  maturité.  La  puberté  précoce 
est  plus  rare  chez  les  garçons  que  chez  les  filles  ;  elle  peut  paraître,  par  exœpliou, 
entre  dix  et  douze  ans  ;  on  cite  encore  des  anomalies  plus  exceptionnelles,  puberté 
a  deux  ans  (Dupuytren),  à  trois  ans  (Pline),  et  à  cinq  ans  (Fages).  Ici,  le  dévelop- 
pement général,  quoique  précoce,  n*esl  pas  en  rapport  avec  celui  des  organes  de  la 
génération.  Le  retard  de  l'évolution,  qui  peut  ne  se  faire  qu'après  vingt  au*»,  oti 
même  manquer,  n'est  pas  longtemps  une  cause  d'erreur  ;  les  autres  signes  de 
l'âge  ne  s'en  développent  pas  moins  et  souvent  d'une  manière  plus  rapide. 

Précédée  aussi  de  prodromes  généraux  et  locaux,  la  puberté  chez  la  femme 
est  bientôt  caractérisée  par  un  signe  précis,  par  la  menstruation.  L'âge  moyen, 
auquel  cette  fonction  s'établit,  est  compris  entre  douze  et  quinze  ans.  Le  genre  de 
vie,  la  constitution,  les  états  morbides  paraissent  avoir  plus  d'action  que  les  cli- 
mats ;  des  menstruations  précoces  s'observent  dans  les  pays  très-froids,  aussi  bien 
qu'entre  les  tropiques.  Le  tableau  suivant  comprend  les  observations  de  Guy  â 
Londres  et  les  faits  recueillis  par  M.  Stoltz  à  la  Maternité  de  Strasbourg,  et  pai 
M.  Lévy  dans  la  classe  ouvrière  de  cette  ville. 


STKASBOlIflC. 

U>1IMIS. 

8  â  lu  ans.  . 

aàTKIliITt. 

CLASSK 
OOVKiteK. 

0,66 

)POIITIO!«  80B  190.                        1 

10 

» 

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0,00 

il  M  15 

5Î6 

75 

96 

21,75 

io,:io 

14,76 

Hi  IG 

791 

268 

588 

52,75 

44.6i 

:>9,7:i 

17  à  19 

551 

217 

456 

22,06 

56,16 

UJ» 

Wà25 

42 

41 

8 

2.82 

6,85 

1,«3 

et  au-dessus. 
1        Total.   .    . 

1,500 

600 

649 

Les  âges  extrêmes  ont  été  pour  M.  Stoltz,  onze  et  vingtrtrois  ans.  I^es  âges  à  Paris 
sont,  d'après  H.  Velpeau,  quatorze,  quinze,  treize,  seize  et  douze  ans.  La  menstrua- 
tion peut  être  précoce,  on  Ta  vue  s'établir  quelques  jours  après  la  naissance  (Wît- 
chead);  à  trois  mois  (Gonarmond);  à  dix-huit  mois  (Yelpeau);  à  deux  et  à  trois  an^ 
(Wald).  Ce  phénomène  accompagné  ou  non  du  développement  précoce  de  tout 
l'organisme,  ne  peut  guères  induire  en  erreiu*.  L'exception  est  rectifiée  par  les 
autres  signes.  Les  menstruations  tardives  ou  qui  ne  se  produisent  jamais  doi\ent 
encore  être  prises  en  considération. 

La  fonction  génénitrice,  arrivée  a  son  entier  développement,  caractérise  toute 
une  période  de  la  vie  qui  est  celle  de  la  fécondité  ;  cette  période  est  plus  longue 
chez  l'honune  que  chez  la  fenmie  et  moins  facile  à  déterminer.  Des  signes  d'âge, 
pendant  la  vieillesse,  sont  fournis  par  les  modifications  des  oignes  génitaux,  qui 
tendent  à  se  flétrir  et  à  s'atropliier  et  par  la  diminution  d'énergie  de  la  fonction  ; 
mais  l'instinct  persiste  et  la  sécrétion  du  sperme  continue ,  même  à  un  âge  tii>- 
avancé  ou  il  peut  consener  encore  son  pouvoh  fécondant.  Chez  lu  femme,  le  teroK 
de  l'activité  génitale  est  indiquée  (ar  un  signe  plus  positif,  la  cessation  des  rè^le». 
L'âge  de  la  ménopause  est  généralement  compris  entre  quarante-liuit  et  cinqiiasilr 


AGE  (MéDECiRE  légale).  {63 

et  un  ans,  plus  hitif  dans  les  villes  que  dans  les  campagnes  el  modifié  par  diverses 
influences,  mais  la  moyenne,  par  sa  constance,  a  une  grande  valeur  comme  signe 
d'âge.  On  tiendra  ocHopte  des  ménopauses  prématurées,  dont  tous  les  médecins 
ont  observé  des  exemples,  avant  quarante  ans,  entre  vingt  et  trente  ans,  sans 
limible  de  la  santé.  La  persistance  des  règles  à  un  âge  avancé,  à  soixante,  soixante 
cinq,  soixante-dou2se  ans  (Harles),  à  quatre-vingt-dix-neut  (Bemstein),  leur  réap- 
|jarition  dans  la  dernière  vieillesse,  entre  quatre-vingts  et  cent  ans  et  même  au  delà 
(Haller,  Blancardî) ,  à  cent  cinq  ans  (Duvemet) ,  indiquent  plutôt  une  maladie  qu^on 
retour  de  l'onilation  ;  ces  bits  diminuent  cependant  la  valeur  de  la  menstruation, 
comme  signe  d*âge,  et  la  question  est  alors  résolue  par  d'autres  caractères. 

Les  fonctions  organiques  doivent  être  passées  en  revue.  La  circulation  plus 
rapide  chez  l'enfant,  diminue  progressivement  jusque  vers  la  vingtième  année,  où 
elle  reste  stationnaire  pendant  une  longue  période,  pour  augmenter  ensuite,  on 
notera  le  pouls  sénile,  ai  canctéristique,  qui  indique  l'artério-sclérose,  ainsi  que 
rétrécissement  aortique  ;  sa  vitesse  est  sous  Tinfluence  de  l'âge,  aussi  bien  que  sous 
celle  de  la  taille.  Il  y  a  moins  de  sang  dans  les  capillaires  et  dans  les  artères  et  plus 
dans  les  veines  qui  présentent  diverses  dilatations.  Les  parties  molles  sont  plus 
pâles,  moins  pénétrées  de  liquide  et  Tunité  de  poids  renferme  moins  de  sang  dans 
les  dernières  années  de  la  vie.  La  couleur  de  la  peau  correspond  à  ces  change- 
ments. La  respiration  présente  des  modifications  non  moins  caractéristiques. 
La  capacité  pulmonaire  augmente  depuis  la  naissance  jusqu'à  la  puberté,  où  elle 
prend  tout  à  coup  un  accroissement  notable;  elle  semble  arriver  à  son  maximum 
vers  l'âge  de  trente-cinq  ans  ;  alors  elle  diminue  d'année  eu  année,  mais  dans  une 
plus  forte  pn^rtiott  chez  l'homme  que  chez  la  femme.  La  moindre  flexibilité  des 
articulations,  l'ussitication  des  cartilages,  les  courbures  et  les  ankyloses  du  rachis, 
les  modifications  du  tissu  pulmonaii*e,  rendent,  chez  les  vieillards,  les  inspira- 
tions moins  profondes  et  moins  complètes  et  réduisent  la  quantité  d'air,  qui 
peut  être  introduite  dans  le  poumon;  il  y  a  nioûis  de  diffévences  que  chez  l'adulte, 
entre  l'inspiration  habituelle,  à  l'état  de  repos  et  l'inspiration  maximum.  Le  spi- 
nmètre  de  Hutchinson  ibiimitàcet  égard  des  renseignements  utiles;  ses  i-ésultats 
sont  en  rapport  avec  l'âge  aussi  bien  qu'avec  la  taille. 

On  cherchera  à  utiliser  les  signes  fournis  par  l'activité  variable  de  toutes  les 
boctions  oi^niques.  L'atrophie  caractérise  la  période  de  décroissance  ;  accompa- 
gnée d'aocâération  du  pouls  de  la  respiration,  d'augmentation  de  la  chaleur  ani- 
male, elle  constitue  un  état  appelé  fièvre  hectique  des  vieillards,  atrophie  fébrile, 
morbus  dimatericus,  et  plus  justement  consomption,  marasme  sénile,  l'idée  de 
maladie  ne  pouvant  être  rattachée  à  celle  de  la  sénescence.  L'oblitération  des  vais» 
^ux,  la  d^enérescence  graisseuse,  l'induration  calcaire,  l'augmentation  despro 
duit  carbonés  ou  hydrogénés,  l'appauvrissement  en  oxygène  et  en  azote,  tels  sont 
les  caractères  qui  appartiennent  à  la  dernière  période  de  la  vie. 

Pour  résoudre  la  question  de  l'âge,  une  seule  visite  ne  suffit  pas;  il  faut,  par  une 
(bservaiion  suivie  et  attentive,  interroger  tous  les  organes  ;  le  diagnostic  repose 
sur  l'ensemble  des  modifications  physiques  et  physiologiques  dont  l'esquisse  vient 
d'être  retracée. 

L'ébt  chimique  des  tissus  et  des  sécrétions  est  modifié  par  l'âge  ;  avec  les 
progrès  de  hi  science,  cette  étude  promet  à  la  médecine  légale  des  signes  impor- 
tants. 

B.  Age  après  la  mort.  L'expression  de  la  vie  s'est  retirée  des  organes  ;  le  pre- 
mier coup  d'oeil,  surtout  pour  les  âges  moyens^  ne  conduit  plus  à  une  approximation 


164  AGE    (MiDEClNE     LÉCàLE). 

aussi  exacte.  Le  médecin  constate  d'abord  comme  sur  le  vivant  tous  les  carac- 
tères extérieurs,  dans  l'ordre  anatomique;  cet  examen  détaillé  rectifie  l'impression 
de  l'ensemble.  L'autopsie  fait  ensuite  oonnaitre  les  dimensions,  la  structure,  le^ 
modifications  physiologiques  et  pathologiques  des  organes;  ces  signes  sont  com- 
plétés par  les  recherches  histologiques  et  par  l'analyse  chimique. 

Nous  examinerons  successivement  les  principaux  appareils  organiques. 
Système  nerveux.  Pendant  la  période  de  développement,  tous  les  oipuies 
augmentent  en  poids  et  en  volume  ;  malgré  les  différences  individuelles,  il  e&t 
utile  de  tenir  compte  de  cet  accroissement.  Le  poids  du  cerveau  augmente  npi- 
dément  dans  les  premières  années  de  la  vie,  tout  porte  à  croire  que  ce  progrès,  se 
continue  au  delà  de  la  trentième  année  ;  chez  le  nouveau*né,  le  cerveau  forme  le 
huitième  environ  du  poids  du  corps  ;  chez  l'adulte  le  quarantième.  Le  poids  moveu 
est  de  12  à  1400  grammes  chez  l'homme,  de  41  i  1500  chez  la  femme,  avec  un 
rapport  de  1  à  9 1  pour  le  cervelet.  C'est  vers  quarante  ou  cinquante  ans  que  cet 
organe  semble  atteindre  son  poids  maximum.  A  un  âge  avancé,  le  poids  diminue, 
ainsi  Geist,  sur  184\)esées,  donne  les  moyennes  suivantes  :  hommes  de  soixante- 
cinq  à  soixante-quinze  ans,  1064  grammes  ;  de  soixante-quinze  à  quatre-vingt-dmi 
ans,  1031  ;  de  quatre-vingt-cinq  à  quatre-vingt-treize,  1025  ;  femmes  aux  âges 
correspondants,  979,  975  et  942  grammes.  Le  cervelet  reste  à  peu  près  slatioii- 
naire,  146  et  143  grammes,  suivant  les  sexes.  Le  poids  spécifique,  d'après  Andral 
et  Sankcy,  présente  quelques  différences  ;  il  irait  en  augmentant,  surtout  pour  la 
substance  blanche,  depuis  l'enfance  jusqu'à  cinquante  ans,  pour  diminuer  ensuite; 
on  a  indiqué  les  variations  suivantes:  substance  blanche  1038,  1040,  1041, 
1042,  1045  ;  subsUnce  giîse  1034, 1057,  1055, 1055,  1029.  La  pesanteur  spé- 
cifique serait  toujours  un  peu  plus  faible  chez  les  femmes. 

L'examen  de  la  substance  nerveuse  n'oflre  aucun  signe  bien  positif  ;  on  signale 
cependant  l'atrophie  du  cerveau,  comme  un  des  effets  de  l'âge;  cet  organe  esl 
affaissé,  il  semble  ne  plus  rempUr  entièrement  la  cavité  crânienne  ;  une  grande 
quantité  de  sérosité  ventriculaire  ou  sous-arachnoldienne  comble  pour  ainsi  dire  le 
vide  laissé  par  la  diminution  de  substance.  L'atrophie  est  plus  prononcée  sur  cer- 
tains points,  notamment  au  corps  strié.  Le  parenchyme  a  une  teinte  Uruit  sur 
le  jaune  ou  le  blanc  sale.  D'autres  fois  le  cerveau  est  volumineux,  pâle  et  exangoe. 
Le  sable  de  la  glande  pinéale  est  plus  abondant  vers  le  milieu  de  la  vie  ;  on  a  si- 
gnalé la  présence  de  corpuscules  amyloides,  la  fréquence  des  granulatimis  de  l'a- 
rachnoidc,  Tossification  des  corpuscules  cfaoroïdiens,  celle  des  glandes  de  Piacclnoiii, 
prenant  avec  les  années  un  accroissement  notable  ;  ces  produits  divers  peuvent 
se  pénétrer  de  carbonate  et  de  phosphate  de  chaux.  Des  plaques  osseuses  se  ferment 
sur  Farachnoide  et  la  dure-mire. 

L'analyse  chimique  fournit  quelques  indices.  D'après  les  recherches  de  Bibia,  la 
proprlion  de  graisse  dans  le  cerveau  diminuerait  avec  l'âge;  de  19  à  S8  ans,  mit 
9  sujets,  la  moyenne  s'est  élevée  à  14,45  sur  100  ;  elle  a  été  de  15,32,  pour  ciiii| 
cas,  entre  59  et  86  ans.  La  proportion  reste  à  peu  près  la  même  dans  la  moelle 
allongée,  elle  décroit  de  16  à  15  dans  la  substance  blanche,  de  15  à  12  dans  le  cer- 
velet et  le  pont  de  varole.  Lia  moyenne  de  l'eau  a  varié,  dans  l'âge  moyen,  de  7a  à 
76  pour  100  ;  dans  l'âge  avancé,  de  74  i  77  ;  à  59  ans,  c'était  75,80,  à  86  aus^ 
77,65.  La  substance  corticale  renfeime  plus  d'eau,  la  substance  hUndie  plus  de 
graisse.  La  quantité  absolue  de  phosphore*  diminue  avec  l'âge,  mais  la  propMtkmdi^ 
ce  corps  contenue  dans  la  graisse  cérébrale  parait  augmenter.  Bibra  a  coDsIalédaïuB^ 
la  matière  graase  1,68  de  phosphore  pour  100,  à  50  ans,   1,72  i  65  ans,  1,95 


AGE  (mâdecihi  lêcalb).  165 

à  80.  k  modle,  plus  riche  en  graisse  que  le  cerveau^  renfermant  plas  de  choies- 
(érine  et  moins  de  phosphore,  est  fréquenunent,  par  les  progrès  de  l'âge,  le  siège 
de  lésions.  Dans  le  tissu  des  nerfs  on  a  trouvé  moins  de  graisse  et  de  cholestérine, 
et  ime  plus  forte  proportion  d'eau. 

Appareil  circulatoire.  Ijd  poids  du  cœur  va  en  augmentant  jusqu'à  l'époque  de 
la  maturité  ;  de  40  i  cO  grammiies  au  moment  de  la  naissance,  il  s'élève  graduelle- 
menl  à  la  moyenne  de  260  grammes  chez  les  hommes,  220  chez  les  femmes,  a 
Tige  de  h  maturité.  Aucun  organe,  dans  ses  dimensions  et  son  poids,  ne  subit 
plus  rînfluenoe  des  maladies.  Après  trente  et  quarante  ans,  le  poids  du  cœur  aug- 
mente par  l'accumulation  de  la  graisse  ;  il  est  probable  cependant,  qu'en  dehors 
des  élits  pathologiques,  ce  viscère  subit  comme  les  autres  un  abaissement  dans 
le  poids  de  son  tissu  propre.  Geist,  par  de  nombreuses  pesées,  a  trouvé  comme 
moyenne  entre  soiiante  et  quatre-vingt-treize  ans,  292  grammes  chez  l'homme, 
«Tee  un  minimum  de  233  et  un  maximum  de  350  ;  chez  la  femme,  263  grammes, 
avec  tin  minimum  de  190,  et  un  maximum  de  350  grammes. 

La  forme  de  l'organe  est  modifiée  par  l'âge  ;  Bizot,  Heuoourt,  ont  signalé  ime 
lagmentation  à  peu  près  générale  des  dimensions,  surtout  de  la  largeur  ;  l'hyper- 
trophie du  Tentricute  gauche  est  le  trait  caractéristique  de  l'accroissement  du  cœur 
rhà  les  vieillards  ;  toutes  les  dimensions  de  ce  ventricule  augmentent,  mais  cet 
état  s'accompagne  d'une  diminution  de  la  cavité.  Le  ventricule  droit  conserve  ses 
dimensions  normales  ;  les  oreillettes  peuvent  être  un  peu  dilatées.  L'hypertrophie 
ih  ventricule  gauche  s'observe  chez  les  deux  sexes  ;  elle  coïncide  avec  une  indu- 
ration des  valvules  aortiques,  avec  l'atbéromede  l'aorte  ;  elle  existe  aussi,  sans  que 
ces  lésions  soient  bien  prononcées.  Les  indurations  valvulaires,  l'athérome  et  l'ossi- 
fiation  de  l'endocarde  sont  fréquents  à  un  âge  avancé.  Le  péricarde  est  souvent 
adhérent,  parsemé  de  végétations,  de  plaques  cartilagineuses  ou  osseuses.  Cette 
adhérence  coïncide  avec  la  dilatation  des  cavités. 

L'état  graisseux  du  cœur  est  le  résultat  des  progrès  de  l'âge  ;  de  trente  à  qua- 
rante ans,  une  coudie  de  graisse  plus  ou  moins  abondante  se  dépose  sur  cet  organe 
et  en  augmente  le  volume  et  le  poids.  Plus  tard,  le  tissu  musculaire  lui-même, 
«bit  la  dégénérescence  graisseuse,  qui  peut  ne  pas  coïncider  avec  une  accumu- 
lation extérieure  de  graisse.  Le  tissu  musculaire  devient  pâle,  friable  ;  il  perd  de 
<on  âasticité  et  de  sa  contractililé  ;  c'est  la  fibre  elle-même  qui  subit  cette  transfor- 
mation ;  l'atophie  graisseuse  parait  être  le  dernier  terme  des  modifications  du  cœur 
chez  le  vieillard. 

L'athérome  des  gros  vaisseaux  débute  souvent  entre  trente  et  quarante  ans  ; 
on  observe  alors  quelques  points  blanchâtres,  qui  annoncent  le  commence- 
ments de  la  dégénérescence  graisseuse.  Avec  l'âge,  l'altération  augmente,  sans 
rapport  bien  direct  avec  le  nombre  des  années.  Les  dispositions  individuelles,  ont 
Kï  une  grande  influence  ;  des  athéromes  occupant  une  grande  partie  du  système 
arlàiei,  peuvent  exister  avant  la  vieillesse.  L'induration  calcaire  prend  souvent 
une  grande  extension.  L'aorte  ascendante,  la  crosse  de  l'aorte,  l'aorte  abdominale, 
les  artères  iliaques,  coronaires,  spléniques,  celles  de  la  base  du  crâne,  sont  le  siège 
le  pins  oïdinaire  de  cette  lésion,  qui  peut  être  considéré  comme  un  des  caractères 
de  Tâge  avancé. 

Le  développement  du  système  veineux  a  été  considérée  comme  un  signe  d'âge. 
Ln  iviees,  les  hémorrhoïdes,  les  coagulations  fibrineuses  dans  les  veines,  devien- 
nent pins  communes.  En  général,  la  capacité  des  vaisseaux  décroît  ;  de  nombreux 
<^pillaires  s'oblitèrent  et  l'étendue  du  cercle  circulatoire  se  restreint. 


166  AGE  (niDBciNB  lIcalb), 

La  masse  des  Kquides  diminue  comme  celle  des  solides.  La  quantité  de  sang  est 
plus  faible  chez  le  vieillard  et  le  sang  veineux  semble  prédominer. 

Ia  composition  chimique  du  sang  varie  suivant  les  âges  ;  chez  les  enbnts,  poids 
spécifique  moindre,  coagulation  plus  prompte,  moins  de  fibrine  et  de  seb»  glo- 
bules blancs  plus  nombreux  ;  chex  les  adultes  de  trente  à  cinquante  ans,  richesse 
plus  grande  en  fibrine  et  en  globules  ;  chez  le  vieillard,  diminution  de  ces  âéments 
et  prédominance  de  la  cholestérine.  Ce  dernier  caractère,  constaté  par  MM.  Bec- 
querel e(  Rodier,  est  un  des  pins  positif  ;  la  quantité  normale  de  cholestérine 
peut  âtre  doublée. 

Appareil  respiratoire,  L'accrnssement  des  poumons  est  rapide  dans  les  pre- 
mières années  de  la  vie,  surtout  à  Tépôque  de  la  puberté.  Les  progrès  de  l'âge  sont 
marqués  par  des  changements  dans  la  forme,  dans  les  dimensions  et  dans  la  cou- 
leur de  ces  organes.  MM.  Hourman  et  Dechambre  ont  décrit  les  modifications  qui 
8*cflecluent  dans  les  deux  périodes  comprises  entre  cinquante,  soiiante-cinq  et 
((uatre-vingt^lix  ans;  peu  prononcées  d'abord,  elles  sont  bientôt  caractéristiques  ; 
les  lobes  se  confondent  ;  les  poumons  comprimés  par  la  déformation  du  thorax,  lonl 
refoulés  en  arrière  ;  leur  partie  supérieure  devient  antérieure.  Le  parenchyme 
desséché,  induré,  imperméable  en  divers  points,  offre  à  sa  surface  des  tntxi 
nombreuses  d'emphysâue  sénile  ;  de  petites  bronches  s'oblitèrent,  d'autres  se  dila- 
tent irrégulièrement  ;  on  a  noté  l'amincissement  de  i'épithélium  faronchique.  Les 
deux  lobes  supérieurs  du  poumon  droit  sont  souvent  confondus  en  un  seul,  et  le 
troisième  atrojphié,  semble  un  appendice,  logé  dans  la  partie  poatérieure  du  thorax. 
La  teinte  rose  ou  gris  rosé  de  l'enfance  est  remplacée  chez  l'adulte  par  une  colo- 
ra tiou  noirâtre,  qui  devient  grisâtre  à  un  âge  avancé.  Du  pigment  se  dépose  dans 
le  tissu  cellulaire  interstitiel,  surtout  au  sommet  des  poumons,  et  dans  les  glandes 
bronchiques.  On  rencontre  aussi  des  dépôts  d'hématoîdine.  Le  carbone,  suivant  b 
remarque  de  M.  N.  Guillot,  constipe  en  grande  partie  le  pigment  noir  du  poumon. 
11  s'y  ajoute  des  grains  calcaires  et  des  gouttelettes  graisseusses.  Ces  dépôts  char- 
bonneux peuvent  oblitérer  des  capillaires  et  de  petites  brondies,  et  dreomcrirp 
des  Ilots  de  parenchyme  imperméables  à  l'air. 

I^es  poumons,  avec  l'âge,  diminuent  de  volume  et  de  poids.  D'après  les  redier- 
ches  de  Gelst,  de  soixante-cinq  à  quatre-vingt-cinq  ans;  le  poumon  gauche  pesait 
en  moyenne  438  chez  les  hommes,  580  diez  les  femmes  ;  le  droit,  570  et  409  ; 
de  quatre-vingt-cinq  â  ({uatre-vingt-dix  ans,  les  poids  n'étaient  plus,  pour  le  pou- 
mon gauche,  que  350  et  358  grammes,  pour  le  poumon  droit,  438  â  S80  gram- 
mes, suivant  les  sexes.  Le  poids  de  ces  organes,  lorsqu'ils  sont  sains,  doit  «Hre 
mentionné  parmi  les  caractères  de  l'âge. 

liC  thymw  reste  un  signe  d'âge  pendant  une  partie  de  l'enfance,  pesant  10  à 
20  grammes.  Chez  le  fœtus  à  tenne,  il  continue  â  croître  pendant  la  premih'p 
année  ;  alors  l'atrophie  commence,  elle  marche  de  bas  en  haut,  et  vers  la  douzième 
année,  l'organe  a  presque  dispani. 

La  glande  tliyroide^  plus  volumineuse  chez  la  femme,  subit  un  accroissement 
vers  l'époque  de  la  puberté  ;  son  lobe  médian,  s'atrophie  le  plus  souvent  par  ks 
progrès  de  l'âge.  Meckel,  évalue  le  poids  moyen  de  cette  glande,  â  30  grammes. 
Sur  vingt-quatre  enfants,  j*ai  constaté,  comme  moyennes  :  au-dessus  d'un  an,  1  à 
2  grammes,  â  deux  ans,  3  grammes;  â  trob  ans,  4  grammes;  â  neuf  ans, 
9  grammes  ;  le  lobe  droit  étant  plus  lourd  que  le  lobe  gauche.  M.  Bach,  a  trouvé 
sur  trente  liommes  de  vingt  â  quarante  ans,  30  â  40  grammes  ;  sur  trente  femme» 
dn  mémo  âge,  55  â  45  grammes. 


AGK  (■ÉOECiNB  l£galb).  167 

il  digestif.  La  siUiation  du  tvbe  digestif  peut  ètr^  modifiée  par  les 
progrès  de  Tâge,  lorsqae  le  troDc  a  subi  une  forte  infleiion,  soit  antérieure,  soit 
lalérale.  L'estomac  refoulé  daus  Thypochondre  gauche,  se  rapproche  de  la  verti- 
ale  ;  les  intestins  grêles  descendent  dans  le  petit  bassin  ;  le  côlon  transverse  est 
lire  à  gauche  ;  la  oocirbure  du  colon  ascendant  tend  à  s'ef&cer,  tandis  que  celle 
du  oûlon  descendant  augmente.  L*estomac  est  moins  oblique  dans  le  premier  âge, 
rireonatance  qui  favorise  le  vomissement  ;  plus  tard  il  se  caractérise  par  ]e  déve- 
loppement de  la  grande  cavité.  Deux  états  ont  été  signalés,  pendant  la  vieillesse, 
b  dilatation  et  le  rétrécissement  de  cet  organe.  Souvent ,  l'estomac  prend  des 
dimeasioDs  extraordinaires  ;  la  grande  courbure  descend  très-bas  dans  l'abdomen  ; 
i  organe  ne  revient  plus  sur  lui-même,  et  ses  parois  atrophiées  sont  minces  et 
transparentes.  Geist  a  surtout  rencontré  cette  dilatation  chez  les  femmes  d'un  grand 
âge  eiches  les  vidUards  qui  avaient  eu  un  notable  embonpoint.  Le  rétrécissement 
«le  l'organe  peut  exister,  par  contre  à  un  haut  degré,  jusqu'à  réduire  sa  cavité  de 
moitié  et  aoniessous.  Les  tuniques  sont  alors  hypertrophiées,  la  musculeuse  sur- 
tout; elle  peut  aussi  s'infiltrer  de  graisse.  Les  intestins  grêles,  sont  pâles,  friables, 
anémiques,  dibtés  ou  rétrécis  ;  ils  présentent  souvent  desdiverticulum,  des  her* 
oies  de  la  muqueuse,  à  travers  les  libres  musculaires  affaiblies.  L'atrophie  du  réseau 
^leculaire  des  villosités,  celle  de  1  epithélium,  des  glandes  intestinales,  des  gan* 
glions  mésentriques,  figurent  encore  parmi  les  signes  de  Tâge.  On  trouve 
rarement  des  entoxoaires  dans  le  tubedigestif  des  vieillards.  L'épiploon  s'atrophie; 
longtempa  il  renferme  beaucoup  de  graù^se;  mais  cette  substance  finit  aussi  par 
diminuer. 

Le  foie  d'une  couleur  très-rouge  dans  la  première  enfance,  jaunit  peu  à  peu  et 
prend  une  teinte  de  plus  en  plus  pâle.  La  situation  et  la  forme  de  cet  organe  sont 
altérées  par  la  pression  que  détermine  la  déformation  du  thorax.  Le  foie  n'a  plus, 
dans  la  vieiHesse,  la  couleur  rouge  brun  qu'il  présentait  à  l'âge  moyen  de  la  vie. 
Iles  teintes  jaunes  et  rougeâlres  alternent  ;  bientôt  les  premières  prédominent,  par 
suite  de  l'abondance  de  la  graisse.  La  vésicule  biliaire  est  le  plussouvent  atrophiée 
avec  épaifisissementde  ses  parois;  elle  contient  fréquemment  des  calculs  biliaires.  La 
iiile  moins  abondante,  renferme  une  plus  forte  proportion'de  cholestérine.  Le  poids 
du  foie,  qui  chea  le  nouveau-né,  forme  environ  le  vingtième  de  celui  du  corps, 
n'en  est  plus  que  le  trente-sixième  environ  chez  l'adulte.  Son  poids  moyen  est 
alors  de  1500  à  2000  grammes;  la  diminution  est  évidente  par  les  progrès  de 
l'âge.  De  soixante  à  soixante-dix  ans,  d'après  Geist,  sur  deux  cent  vingt  pesées,  les 
moyennes  ont  été  1257  grammes  chez  l'homme,  1220  chez  la  femme;  de  soi- 
xante-dix à  quatre-vingts  ans,  1293  et  1052  ;  de  quatre-vingts  à  quatre-vingt-dix 
ans,  825  et  750,  pour  les  deux  sexes.  L'abaissement  du  poids  est  surtout  considé- 
rable au  dernier  âge  de  la  vie  ;  au-dessus  de  quatre-vingts  ans,  la  limite  des 
maxima  et  des  minima  se  trouvait,  pour  l'homme,  entre  771  et  1092  grammes, 
ponr  la  femme,  entre  716  et  1008.  Le  pancréas,  dont  le  poids  moyen  chez  l'adulU' 
est  de  120  à  180  grammes,  diminue  par  les  progrès  de  l'âge,  il  s'indure  et  peut 
s'infiltrer  de  graisse.  L'atrophie  avec  dessèchement  s'observe  aussi  dans  los 
|ian>tides,  les  glandes  sublinguales  et  sous^maxillaires. 

Ia  rate,  d'abord  très^petite,  proportionnellement  au  foie,  augmente  pendant  la 
période  de  développement,  pour  s'atrophier  pour  les  progrès  de  l'âge.  Son  tissu  se 
ramollit  et  devient  friable  ;  sa  capsule  se  durcit  et  se  couvre  de  concrétions  fibri- 
neuses  et  parfois  calcaires.  Sur  une  femme  de  cent  quatre  ans,  cet  organe  était  ré- 
iluil  aux  dimensions  suivantes  :  longueur,  45  millimètres  ;  largeur,  27;   épais- 


16X  AGE  (mkdbcine  lêgalr). 

seur,  90  ;  il  ressemblait  à  un  testicule,  par  sa  grandeur  et  sa  (cmae  (Ldisteîii, 
anat.  path.^  t.  I,  p.  75).  Les  corpuscules  blanchâtres,  sont  surtout  visibles  cbei 
les  enfants.  Son  poids  moyen  chez  Tadulle  est  de  200  à  250  grammes  ;  de  nom- 
breuses influences  le  font  varier.  Nous  avons  trouvé,  dans  trente-cinq  autopsies, 
8  grammes  à  la  naissance,  8  à  23  grammes  au-dessous  de  deux  ans,  18  à  47  de 
deuxâ  quatre;  44  à  74,  de  six  à  neuf;  67  à  89,  de  douze  à  dix-sept  ans;  140  à 
177,  de  vingt-un  à  trente-un  ans  ;  258  et  245  à  quarante-cinq  et  soixante  ans. 
Geist,  indique  les  moyennes  suivantes  :  de  soixante  à  soixante^lix  ans,  159  gram- 
mes chez  rhomme,  140  chez  la  femme;  de  soixante-dix  à  quatre-vingts  ans  : 
97  et  112  ;  de  quatre-vingts  à  quatre-vingt-dix  ans,  92  et  81  grammes.  C'est  à 
dater.de  soixantc^ix  ans  que  la  diminution  de  poids  est  surtout  s^isible. 

Les  reins  semblent  naoins  sujets  que  les  antres  organes  à  perdre  de  leurvolnrae 
et  de  leur  poids.  La  moyenne  de  l'âge  adulte,  100  i  120  grammes  par  rein,  ne 
diminue  pas  très-notablement.  Geist  a  constaté,  que  de  soixante  à  soixantfr^  ans, 
chez  les  hommes,  le  rein  gauche  pesait  en  moyenne,  141  grammes,  et  le  droit, 
135  ;  pour  les  femmes,  c'était  121  et  115  ;  de  quatre-vingts  à  quatre-vingt-dix 
ans,  on  comptait  140  et  132, 101  et  91  grammes,  suivant  le  seie.  Le  rein  gauche, 
a  toujours  été  le  plus  lourd.  Les  changements  dans  le  parenchyme  sont  ratrophie 
de  la  couche  corticale,  qui  peut  devenir  pâle  et  graisseuse  «  la  formation  fréquente 
de  kystes,  la  moindre  longueur  des  pyramides.  Ces  changements  coïncident  avec  la 
diminution  de  la  sécrétion  urinaire,  amenée  par  les  progrès  de  l'âge. 

Les  capsules  surrénales,  dont  le  poids  est  n  la  naissance  dans  le  rapport  de  un 
â  trois  avec  celui  des  reins,  n'offrent  plus  chez  l'adulte  que  la  proportion  de 
1  à  28  ;  elles  peuvent  s'effacer  presque  entièrement. 

La  capacité  delà  vesrie  est  considérablement  réduite  ;  souvent  elle  ne  peut  con- 
tenir que  90  â  100  grammes  d'urine  ;  ses  parois  sont  épaissies  ;  la  membnne  mus* 
culaire  est  hypertrophiée,  mais  elle  a  perdu  en  même  temps  de  sa  puissance  contrac- 
tile ;  c'est  dans  l'âge  avancé  que  l'on  observe  ces  vessies  i  colonne,  dont  l'aspect 
a  été  comparé  à  celui  des  ventricules  du  cœur. 

Organes  de  la  génération.  Le  peu  de  développement  de  ces  oiganes  marque 
l'époque  qui  précède  la  puberté. Pendant  la  vie  intra-utérine,  la  formation  et  la  situa- 
tion des  testicules  ;  plus  tard,  l'augmentation  de  leur  poids  et  de  leur  volume,  l*ap- 
prition  des  spermatocoaires  fournissent  des  signes  d'âge.  Au  moment  de  la  naissance, 
le  poids  de  chaque  testicule  n'atteint  pas  un  gramme,  0s,80  environ  ;  â  deux  ans, 
c'est  2  ou  S  grammes  ;  puis  le  poids  s'élève  successivement  jusqu'à  15  et  25  gram- 
mes ;  le  testicule  gauche  est  souvent  plus  lourd  que  le  droit.  Le  poids  de  ces  or^ 
ganes  semble  stalionnaire  pendant  une  longue  période.  Les  testiailes  subissent 
moins  que  les  ovaires  l'influence  des  années.  Vers  soixante  ans,  le  poids  diminue. 
M.  Duplay  a  trouvé  comme  moyenne,  au  delà  de  soiiante-dix  ans,  11>,98  pour 
le  testicule  droit,  11<,52  pour  le  gauche,  avec  un  minimum  de  4,50  et  un  maxi* 
mum  de  21 ,50.  Les  poids  constatés  par  Geist,  à  la  période  de  soixante  à  quatre» 
vingt*dix  ans,  sont  compris  entre  10  et  15  grammes.  Des  changements  se  montrent 
dans  le  revêtement  épithélial  des  canalicules  ;  les  cellules  sont  relativement  pe- 
tites chez  l'enfant;  chez  le  vieillard,  elles  se  désagrègent,  s'infiltrent  de  graisse; 
elles  peuvent  se  liquéfier  et  donner  un  produit  lactescent  (Morel).  Quelquefois  la 
dégénérescence  graisseuse  envahit  les  parois  des  vaisseaux.  Cliez  l'adulte,  un  grand 
nombre  de  cellules  offrent  une  segmentation  nucléaire  multiple  et  se  préparent  à 
b  formation  des  spermatozoïdes.  Le  tissu  de  lorgane  peut  s'altérer,  devenir  plus 
flasque,  stibir  un  commencement  d'atrophie,  avec  dégénérescence  graisseirtc,  mai< 


AGE   (MiDKCIKK   lkgalb).  169 

ce  qui  indique  rintégrité  de  sa  texture,  même  à  un  âge  aTancé,  c'est  la  persistance 
des  animalcules  spermatiques.  Dans  cinquante  et  une  autopsies  de  vieillards,  pour 
h  phipari  au-dessus  de  soixante-dix  ans,  M.  Duplay,  a  constaté  trente-sept  fois  la 
présence  des  spennatogEo!des,qui  sur  vingt-sept  s^jet$ne  différaient  pas  de  ceux  que 
l'on  observe  à  Vâge  mojen  de  la  vie.  A  quatre-vingt-dix  ans,  ce  caractère  existait 
«ncore.  On  a  ol»ervé  des  ossifications  des  canaux  déférents  et  des  vésicules  sémi*- 
mies,  et  fréquemment  des  kystes  dans  Tépididyine.  La  prostate,  qui  chez  l'adulte 
pè^  20  à  35  grammes,  est  hypertrophiée  dans  ses  lobes  latéraux.  La  verge  est  flasque, 
le  scrotum  a  perdu  sa  contractilité  ;  les  cellules  des  corps  caverneux  peuvent  être 
élaigies. 

Vavaire,  an  moment  de  la  naissance,  ne  pèse  guère  que  0*',50  à  1  gr.  ;  il  aug- 
mente graduellement,  atteint  après  la  puberté  son  poids  maximum  de  6  à  10  gr. , 
s'atrophie,  retombe  à  4  ou  5  gr.  vers  cinquante  ans  et  se  rapproche  à  un  âge 
avancé  de  sou  poids  initial.  L'ovaire,  allongé  en  amande,  s'arrondit  un  peu  vers  la 
puberté.  La  vésicule  de  Graaf  est  déjà  distincte  peu  après  la  naissance  ;  à  six  mois 
êk  est  roanifieste ;  à  un  an  au  moins  lovisac  a  de  notables  dimensions  et  l'ovule 
peut  être  découvert.  La  surface  de  l'organe  lisse  d'abord,  se  bosselle  et  devient 
inégale  par  les  progrès  de  l'âge.Des  vésicules  fortement  dilatées,  des  foyers  hémor- 
riiagiques,  des  corps  jaunes,  des  cicatrices,  témoignent  de  l'activité  de  l'ovaire 
pendant  la  période  de  fécondité  ;  à  la  ménopause,  l'organe  se  flétrit  et  diminue 
npidement;  l'ovulation  cesse;  les  vésicules  se  rapetissent  et  s'oblitèrent  ;  le  paren- 
chyme disparait;  il  ne  reste  plus  qu'un  stroroa  fibreux,  à  surface  muqueuse,  qui 
lui-même  devient  graisseux  et  finit  par  s'effacer.  Comme  signe  d'un  âge  avancé, 
ou  peut  noter  la  disparition  presque  complète  de  ces  oi^ganes. 

La  nuUrice^  pendant  la  vie  intra-utérine,  est  large,  bicorne,  avec  une  notable 
prédominance  du  col;  à  la  naissance,  la  longueur  du  col  est  égale  au  quart  de  l'organe 
entier.  L'accroissement  du  corps  sert  ensuite  à  marquer  les  époques;  il  forme  le 
tiers  de  tout  l'organe  à  douze  ou  treize  ans,  la  moitié  après  la  puberté,  les  trois 
cinquièmes,  les  quatre  septièmes,  et  plus  encore,  lorsque  des  grossesses  multipliées 
ont  diminué  la  longueur  du  col.  Les  rides  internes  du  corps  s'effacent  peu  à  peu  ; 
la  surface  est  lisse  vers  l'âge  de  cinq  ans.  Meckel  indique  comme  signes  d'âge, 
b  variation  que  présente  l'épaisseur  des  parois,  plus  prononcée  au  col  qu'à  la 
partie  supérieure,  jusqu'à  l'âge  de  cinq  à  six  ans,  uniforme  ensuite  jusqu'à  la 
puberté,  après  laquelle  le  corps  surpassa  le  col  en  épaisseur  ;  le  tissu  de  l'organe 
est  alors  mou  et  rougeâtre.  l  matrice  subit  de  notables  changements  de  forme, 
elle  est  allongée  d'abord,  puis  le  corps  s'accroît  chez  l'adulte  et  elle  prend  une 
forme  triangulaire  ;  parles  progrès  de  l'âge,  elle  devient  irrégulièrement  arrondie, 
dure  et  Uanchâtre,  atrophiée,  difficile  à  trouver,  au  fond  du  bassin.  Des  change- 
ments notables  sont  produits  par  les  gestations  ;  les  dimensions  moyennes,  pen- 
ihni  la  période    de  fécondité,  sont   6  centimètres  de  longueur,  4  de  largeur  et 
3  d'épaisseur,  avec  un  poids  de  35  à  45  gr.,  pour  l'utérus  vierge.  Les  mesures 
sont  7,  5  et  5  centimètres,  60  à  70  gr.,  lorsque  les  femmes  ont  été  mères.  Par  les 
progrès  de  l'âge,  l'utérus  devient  plus  gld;)uleux,  le  poids  descend  entre  1 7  et 
^i  gr.  et  même  au-dessous.  Les  parois  de  l'organe  se  dessèchent  et  présentent  à 
peine  quelques  fibres  musculaires  ;  la  cavité  diminue  ;  celle  du  corps  et  du  col 
peuvent  être  séparées  par  un  rétrécissement  qui  a  fait  désigner  cet  organe  sous 
le  nom  d'utérus  bicameratus  vetulanim  (Mayer).  On  trouve  souvent  des  corps 
fiitreux,  sous  la  tunique  péritonéale,  des  granulations  à  la  surface  interne.  Les 
tmnipes  sont  presque  toujours  oblitérées.  L'épitliélium  vibmlile  de  l'utérus  et  des 


170  AGE  (vioEciNE  lkgalb). 

trompes  parait  manquer  avant  la  pnberté  et  après  l'âge  critique.  Les  parties  externe^ 
sont  flasques,  les  nymphes  disparaissent  avec  les  rides  du  vagin  qui  se  raocxnircit 
notablement.  Les  glandes  mammaires,  chez  les  deux  sexes,  deux  ou  trois  semaines 
après  la  naissance,  sont  fréquemment  le  siège  d'une  sécrétion  laiteuse  qui  devient 
un  des  caractères  de  cette  époque.  Indice  de  puberté,  le  développement  des  seins 
augmente  ensuite  par  l'accumulation  de  la  graisse.  Dans  la  vieillesse  les  cMiali- 
cules  s'oblitèrent  et  la  glande  se  flétrit;  cette  atrophie  peut  coïncider  avec  la  persis- 
tance du  tissu  graisseux  dans  la  mamelle. 

Système  ossettx,  A  ce  système  se  rattachent  les  caractères  les  plus  durables  ei 
les  plus  sûrs  ;  l'âge  est  indiqué  par  le  degré  d'ossification,  par  les  dimensions  et  b 
forme,  par  la  structure  et  la  composition  chimique  des  os. 

Le  développement  peut  se  diviser  ai  trois  périodes  qui  sont  caractérisées 
la  première  par  Tossification  des  corps  des  os,  la  seconde  par  l'apparition  de  poinU 
osseux  dans  les  os  courts  et  plats  et  dans  les  épiphyses  des  os  longs,  la  troisième 
par  la  soudure  des  épiphyses  au  corps  des  os. 

Pendant  la  vie  fœtale,  le  cartilage  domine;  Tossification  est  prompte  an  coq^ 
des  os  longs,  aux  maxillaires  inférieurs  aux  clavicules  et  bientôt  quelques  pobiU 
d'ossification  dans  les  os  plats  ou  courts,  au  sternum,  au  calcanéum,  à  rasirajsale, 
fournissent  des  signes  caractéristiques.  Au  moment  de  la  naissance,  lontcsles 
extrémités  articulaires  des  os  longs,  à  l'exception  de  l'extrémité  inférieure  du 
fémur,  tout  le  carpe,  le  Uurse  moins  deux  os,  la  rotule,  l'olécrane,  les  apophyses  de 
Tomoplate,  les  épiphyses  en  général,  sont  encore  à  l'état  cartilagineux. 

L'enfance  est  caractérisée  par  l'apparition  successive  de  poinU  d'ossificatùm  au 
centre  de  tous  les  cartilages.  Les  épiphyses  qui  correspondent  aux  gyngliroes  s'o?si- 
fient  plus  vite  que  celles  des  articulations  orbiculaires.  Voici  l'ordre  habituel  du 
développement  de  ces  points  osseux.  Première  année:  Cuboide,  souvent  à  la  nais^ 
sance;  grand  os,  os  crochu,  branches  de  Thyoïde,  lame  criblée  de  l'ethmoîde,  léti* 
de  rhuménis,  troisième  cunéiforme,  tête  du  fémur,  extrémité  supérieure  du 
tibia,  appendice  xyphoïde;  soudure  du  maxillaire  inférieur.  Seconde  année: 
Cornets  sphénoïdaux,  apophyse  odontoide,  épiphyse  des  métatarsiens  et  des  méta- 
carpiens, extrémité  inf^eure  du  tibia  du  radius  et  du  péroné,  petite  tubérosité  de 
l'humérus,  rotule;  soudure  de  la  grande  fontanelle,  à  deux  ans  et  demi.  Trois 
i  cinq  ans  :  Grand  trochanter,  pyramidal  ;  premier  et  second  cunéifinrmes,  de 
deux  à  quatre  ans;  souvent  trapèze  et  semi-lunaire,  phalanges  onguéalesdu  ^tii> 
orteil.  Six  à  huit  ans  :  épiphyses  des  premières  phalanges  des  quatre  deniicTs 
orteils,  extrémité  inférieure  du  cubitus,  épitrochlée  de  l'humérus,  extrémité  sapé* 
rieure  du  cubitus,  olécrane,  extrémité  supérieure  du  radius.  Huit  à  dau%e  ëm  : 
Pisiforme,  Scaphoide  du  carpe,  semi*lunaire,  épiphyse  postérieure  du  calcanéum. 
trapémide.  Dout^  à  seize  ans  :  Trochlée  humerai,  petit  trochanter,  angle  inlerieiir 
do  l'omoplate,  sommet  de  Tacromion,  tête  et  tubérosité  des  cotes,  fond  de  la  caviU* 
rotyloîdes,  extrémité  sternale  de  la  clavicule,  quatrikne  vertèbre  roccypenne. 
A  l'apparition  des  points  d'ossilicsition  se  joint,  comme  signe  de  cotte  période,  h 
soudure  des  os  dirisés  sur  la  ligne  médiane.  L*étendue  des  points  osseux  est  à 
prendre  en  considération.  Les  indications  fournies  par  Bédard,  Merkel,  Friedreirli, 
Schwepel,  sont  parfois  divergentes  ;  il  existe  des  variations  individuelles  ;  nn  <M- 
tichera  à  une  réunion  de  signes  plutôt  qu'à  un  seul. 

La  smidure  des  épiphyses  appartient  à  la  période  qui  s'étend  depuis  la  puberlr 
jusqu'au  terme  de  la  croissance,  lies  extrémités  vers  lesquelles  se  dirigent  les 
vaisseaux  nourririerw  se  soudent  les  premières  en  général  ;  relies  qui  s'ossifient  le 


AGE  (médecine  légale).  171 

plus  tard  se  rênnissent  le  plus  tôt.  L'épiphyse  une  fois  soudée,  Vos  n'augmente 
plus  en  longueur.  Déjà,  dans  l'enfance,  quelques  soudures  s'étaient  effectuées, 
telles  que  celle  des  pièces  qui  forment  le  corps  du  sternum  ;  mais  c'est  à  dater  de 
la  pub^é  que  peu  à  peu  s'effacent  les  lames  cartilagineuses  qui  se  continuent  de 
la  diaphyse  à  Tépiphyse.  De  douze  à  quinze  ans  :  réunion  des  trois  pièces  de 
Tos  iliaque,  des  vertèbres  sacrées,  des  deux  parties  du  calcanéum,  de  l'apophyse 
ooracoide,  de  l'otécrane  au  cubitus.  De  seize  à  dix-huit  ans  :  tète  et  tuberosités 
des  cotes,  cornets  du  sphénoïde,  des  phalanges,  des  doigts  et  orteils.  De  dix-huit 
à  vingt  et  un  ans  :  trochanters  et  tête  du  fémur,  épipbyses  des  métatarsiens  puis 
des  métacarpiens,  extrémité  supérieure  du  radius,  inférieure  du  péroné;  extrémités 
inférieure  du  radius,  supérieure  du  péroné,  inférieure  du  fémur,  inférieure  puis 
supérieure  de  l'humérus.  De  vingt  à  vingt-cinq  ans  :  les  trois  pièces  du  tibia, 
l'infêrieure  d'abord.  Le  corps  du  sternum  est  complet  et  cet  os  est  divisé  en  trois 
parties;  l'épiphyse  interne  de  la  clavicule.  De  vingt-cinq  4  trente  ans  :  la  crête 
de  l'os  iliaque,  les  vertèbres  pelviennes,  notamment  la  première  du  sacrum,  le  corps 
Au  sphénoïde  avec  l'occipital,  les  épipbyses  du  corps  des  vertèbres. 

Le  développement  terminé,  les  signes  sont  fournis  par  l'altération  du  système 
osseux  et  par  l'ossification  de  divers  cartilages;  c'est  une  quatrième  période  qui 
appartient  à  l'âge  de  retour  et  à  la  rieillesse. 

Diverses  soudures  se  produisent  par  l'effet  de  l'âge;  celles  du  coccyx  au  sacrum, 
de  quarante  à  cinquante  ans  ;  du  corps  à  la  poignée  du  sternum  ;  des  grandes  et 
des  petites  cornes  au  corps  de  l'hyoïde.  L'appendice  xyphoide  se  soude  au 
sternum  vers  la  soixantième  année,  quoiqu'il  puisse,  suivant  la  remarque  de 
daller,  rester  isolé  et  presque  cartilagineux,  même  chez  des  centenaires.  D'autres 
soudures  se  font  encore  à  un  âge  avancé;  ce  sont  celles  du  corps  des  vertèbres,  à 
leur  face  antérieure,  soit  par  l'usure  des  cartilages,  soit  par  une  production  de 
tisu  osseux;  ces  adhérences  immobilisent  l'attitude  courbée  des  vieillards  ;  le  ra- 
rhis  s'ankylose  ;  les  deuxième  et  troisième  vertèbres  sont  souvent  réunies. 

La  solidité  et  la  longuetu*  des  dentelures  des  sutures  crâniennes  appartiennent 
à  l'âge  de  la  force  ;  plus  tard  ces  sutures  tendent  à  s'effacer,  par  l'ossification  suo- 
rcssive  du  tissu  fibreux  intermédiaire.  La  fusion  débute  par  la  face  interne  du  crâne 
et  elle  s'étend  ensuite  à  la  face  externe  ;  elle  commence  par  un  point  pour  envahir 
peu  à  peu  une  grande  partie  ou  la  totalité  de  la  suture.  Qiez  beaucoup  de  sujets, 
i  trente  ans,  l'eflacement  est  très-avancé  à  la  face  interne  du  crâne  ;  à  la  face 
<*xteme,  les  dentelures  persistent  beaucoup  plus  longtemps  et  ne  disparaissent  qu'à 
un  âge  très-avancé.  La  suture  sagittale  diminue  plus  tôt  que  la  suture  lambdoidc. 
Les  pariétaux  se  réunissent  de  bonne  heure  à  leur  partie  moyenne,  puis  les  tempo- 
ram  à  l'occipital;  le  coronal  aux  pariétaux,  vers  leur  partie  moyenne;  le  frontal  aux 
temporaux,  le  temporal  au  sphénoïde,  l'occipital  au  corps  de  sphénoïde,  les  soudures 
des  os  de  hi  face  sont  beaucoup  plus  tarrlives.  S'il  y  a  une  certaine  régularité  dans 
Tordre  de  l'effacement  des  sutures,  il  n'en  est  pas  de  même  pour  l'époque  de  leur 
disparition.  Même  après  trente  ans  nous  avons  vu  des  fractures  du  crâne  accom- 
pagnées de  décollement  des  sutures.  En  général,  â  moins  de  conditions  patholo- 
giques, l'effacement  total  d'une  suture  ne  s'observe  qu'à  un  âge  avancé. 

Le  périoste,  dans  l'enfance  et  pendant  toute  l'époque  du  développement,  est  pl\js 
épais,  moins  adhérent  â  l'os,  plus  imprégné  de  cellules  plasmatiques,  disposées  a 
9e  transformer  en  tissu  osseux.  Chez  les  vieillards,  le  périoste  est  plus  fibreux,  plus 
sec  et  plus  difficile  à  décoller.  Un  bon  signe  d'âge  est  fourni  par  la  couleur  du 
^K  médullaire  (Rirhelot)  ;  il  est  rougeâtre  chez  l'enfant,  d'un  rouge  plus  bnm 


ITi  AGE  {uiùKcinE  l&calk). 

An  radultp,  et  sa  teinte  eti  jaune  ches  le  vieillard,  par  suite  de  la  prédominance 
de  la  graisse. 

Le  tissu  de  Vos  offre  des  modifications  importantes.  L*épaississement  partiel  du 
crâne  a  été  noté  surtout  au  front  et  à  l'occipital,  il  porte  fréquemment  sur  la 
kme  interne.  On  voit  se  creuser  plus  profondément  le  sillon  de  l'artire  méningée 
moyenne,  qui  peut  même  par  place  se  changer  en  un  canal,  pendant  que  la  lame 
externe  qui  le  recouvre  s'amincit  notablement.  Des  ostéophytes  se  déposent  ausi»i 
sur  la  table  externe  des  o^. 

Avec  les  progrès  de  l'âge,  les  cavités  médullaires  et  les  cellules  aréolaires  aug- 
mentent d'étendue  ;  les  sinus  s'élargissent,  le  calcanéum,  la  tête  et  le  col  du 
fémur  se  creusent  de  cavités  médullaires.  La  cavité  cotyloide  s'agrandit  (Lohstein). 
Les  os  deviennent  moins  élastiques  et  plus  fragiles.  L'adaissement  du  corps  des 
vertèbres  et  du  col  du  fémur  occasionnent  la  diminution  de  la  taille.  Des  hyper- 
ostoses  se  forment  et  le  plus  souvent  de  l'atrophie,  avec  amincissement  et  transpa- 
rence partielle  des  os  iliaques  et  de  la  voûte  du  crâne.  Les  côtes  sont  minces  et  fra- 
giles, ainsi  que  le  sternum;  les  os  sésamoïdes  sont  plus  gros  et  plus  nombreux. 

L'atrophie  raréfiante  porte  principalement  sur  la  partie  spongieuse,  les  lames 
eompactes  sont  moins  altérées;  il  en  résulte  pour  certains  os,  notamment  pour 
ceux  qui  forment  la  voûte  du  crâne,  une  augmentation  de  poids  spécifique.  Sur 
19  pesées  de  calottes  crâniennes  détachées  dans  des  autopsies,  nous  avons  constaté 
que  le  poids  spécifique  pour  les  sujets  les  plus  jeunes,  était  de  1 ,200  à  i  ,600, 
tandis  que  pour  les  plus  âgés  il  s'élevait  entre  1 ,600  et  1 ,800  ;  des  exceptions 
limitaient  la  valeur  de  ce  signe. 

L'augmentation  croissante  de  la  graisse,  jointe  à  l'élargissement  des  aréoles, 
devient  l'indice  d'un  âge  avancé;  les  os  sont  jaunâtres  et  ne  peuvent  plus  servir 
à  la  préparation  du  squelette.  L'atrophie  graisseusse  constitue  l'altération  sénile 
des  os,  dans  lesquels  diminuent  en  même  temps  les  vaisseaux  et  la  proportioa 
d'eau  et  de  matières  albuminoides.  HM.  Gosselin  et  llégnaud  ont  trouvé  dans  le 
suc  médullaire,  suivant  les  âges,  les  proportions  suivantes  de  graisse  :  1,88  pour 
déjeunes  siyets,  5,32  pour  des  adultes,  81,20  chez  des  vieillards. 

L'analyse  chimiqtœ  fournit  encore  quelques  indices  ;  une  légère  dilTérenoe  paraît 
exister  entre  la  proportion  des  matières  organiques  et  inorganiques  suivant  les  âges. 
Rees  a  constaté  que  les  os  d'un  nouveau-né  contenaient  41  à  44  pour  1 00  de  matières 
organiques  ;  ceux  d'un  adulte  de  36  à  45;  les  maxima  cotncidaient,'dans  certains 
os,  mais  en  général  la  proportion  était  plus  forte  pour  le  jeune  âge.  Les  recher- 
ches de  H.  Fremy  ont  fait  voir  que  ces  variations  ne  sont  pas  très-sensiUes.  Le 
ra|iport  du  carbonate  au  phosphate  de  chaux  n'est  pas  sans  importance.  D*après 
Lehmann,  le  carbonate  de  chaux  serait  plus  abondant  chez  les  jeunes  sujets  et  la 
pro|X>rtion  de  phosphate  irait  en  augmentant  avec  l'âge  ^  il  a  trouvé  une  partie  de 
carbonate  sur  3,8  de  phosphate  de  chaux  chez  un  nouveau-né,  1  sur  5,9  ches  un 
adulte,  1  sur  8,1  chez  Un  vieillard.  H.  Lassaigne  a  constaté  1  sur  3,6  pour  un 
nouveau*né,  1  sur  5,3  chez  un  enfant  de  six  ans,  1  sur  6  chez  un  adulte,  1  sur 
6,60  sur  un  homme  de  quatre-vingt*un  ans.  Le  carbonate  de  chaux  correspondrait 
â  une  époque  moins  avancée  de  l'ossification  ;  la  proportion  de  se  sel  terreux  aug- 
mente en  elfet  dans  le  rachitisme. 

Les  cartilages  s'usent  et  s'atrophient  ;  ils  subissent  l'infiltration  graisseuse  et 
rinchiration  calcaire.  Ces  altérations  sont  surtout  sensibles  dans  les  cartilages  inter- 
vertébraux, qui  peuvent  être  en  grande  partie  transformés  et  détruits.  Les  corpus- 
cules cartilagineux  se.  déforment,  ils  se  remplissent  de  graisse,  et  sur  divers  points» 


AGE  (hëdecisk  légale).  175 

s*09stfient.  De  trente  à  quarante  ans  on  observe  l'induration  calcaire  des  cartilages 
tliyroide  et  crycoîde  ;  elle  marche  d'avant  en  arrière  et  de  bas  en  haut.  Les  carti- 
lages arythéncHdiens  ne  sont  atteints  que  plus  tard  ;  l'épiglotte  ne  parait  subir  que 
l'induration  fibreuse.  La  dégénérescence  peut  envahir  les  anneaux  de  la  trachée  et 
des  brondies.  Il  est  rare  que,  vers  quarante  ans,  la  première  côte  ne  soit  pas  ossifi  'e. 
Les  autres  cartilages  costaux  présentent,  avec  les  progrès  de  l'âge,  des  taches  d*uit 
blanc  mat,  graisseuses  ou  calcaires.  Les  cartilages  du'  nez  et  de  l'oreille  se  main- 
tiennent intacts.  Les  fiiHX>-cartilages,  les  tendons  et  les  ligaments  deviennent  moins 
élastiques  et  s'infiltrent  aussi  de  graisse.  A  un  âge  avancé,  des  cellules  plasma- 
tiques  peuvent  devenir  cartilagineuses.  On  rencontre  parfois  une  induration  carti- 
lagineuse et  même  osseuse  du  centre  du  tendon  d'Achille  et  du  long  péronier 
latéral. 

Les  muscles  continuent  à  se  développer  jusqu'à  l'âge  moyen  de  la  vie  ;  entourés 
de  lames  de  graisse  plus  ou  moins  épaisses,  à  l'âge  mûr,  ils  perdent  plus  tard  cette 
enveloppe  graisseuse,  maigrissent  et  s'atrophient.  Pénétrés  par  la  dégénérescence 
graisseuse,  ils  prennent  une  teinte  d'un  rose  pâle  ou  jaunâtre.  Des  corpuscules  de 
graisse  paraissent  dans  la  fibre  même  ;  cette  altération  envahit  plus  particulièrement 
les  muscles  des  extrémités  inférieures. 

Lorsque  la  question  d'âge  se  pose  à  l'occasion  de  débris  d'organes  ou  d'ossements 
les  dimensions  absolues  et  relatives,  la  structure,  la  composition  chimique  servent 
à  résoudre  le  problème,  qui  se  rattache  à  l'histoire  de  l'identité. 

S**  Modification  des  signes.  Comme  tous  les  phénomènes  qui  dépendent  de  la 
^ie,  les  signes  d'âge  sont  soumis  à  des  variations  ;  ils  fournissent  des  moyennes  et 
non  des  dates  précises  ;  il  faut  multiplier  les  caractères  pour  se  rapprocher  de  la 
certitude.  Diverses  influences  ont  pour  résultat  de  hâter  ou  de  ralentir  le  dévelop- 
pement des  organes  et  leur  décadence;  les  plus  actives,  sans  aucun  doute,  sont 
œlles  qui  arrêtent  la  croissance  et  celles  qui  précipitent  les  transformations  ultimes. 
Le  médecin  doit  rechercher  cet  élément  du  problème,  constater  son  existence  et 
mesurer  son  action,  sans  oublier  que  les  lois  de  l'organisme  se  maintiennent  au 
milieu  des  conditions  les  plus  diverses  et  que  les  déviations  sont  limitées.  Les 
influences  individuelles  sont  le  sexe,  la  constitution,  l'hérédité.  Si  la  femme  arrive 
plutôt  à  l'âge  du  retour,  elle  se  maintient  plus  longtemps  dans  une  vieillesse  sans 
infirmité.  Une  constitution  molle  ou  sèche  donne  un  autre  aspect  au  vieillard. 
L'hérédité  exerce  son  influence  sur  la  longévité,  comme  sur  les  diverses  phases  du 
développement  ;  elle  peut  fournir  des  renseignements  utiles.  Les  conditions  hygié- 
niques, climats,  localités,  habitation  des  villes  ou  des  campagnes,  profession,  genre 
de  vie,  pauvreté  ourichesse,  excès  ou  tempérance,  affections  morales,  sont  à  prendre 
en  considération.  Les  signes  extérieurs  ont  une  valeur  tout  autre  chez  la  paysanne 
vieille  avant  l'âge  et  chez  la  femme  de  la  ville  qui  sait  prolonger  les  apparences  de  la 
jeunesse.  Une  part  d'action  plus  large  encore  doit  être  attribuée  aux  états  pathologiques 
qui  troublent  le  développement  dans  1  enfance  et  amènent  la  vieillesse  prématurée .  Ce 
%nt  des  maladies  diathésiques  et  chroniques,  le  rachitisme  qui  arrête  la  dentition 
et  la  croissance,  les  lésions  des  os  qui  modifient  la  taille,  la  cachexie  palustre,  la 
syphilis,  le  cancer,  les  affections  chroniques  du  tube  digestif,  les  maladies  qui 
altèrent  lentement  et  profondément  l'organisme.  Mais  les  lois  de  la  nature  sont 
dilBdles  i  troubler  ;  les  traces  de  la  maladie  ne  sont  pas  celles  de  l'âge  ;  le  phthi- 
sique  épuisé  ne  ressemble  pas  au  vieillard.  Les  signes  les  plus  facilement  influencés 
sont  la  dentition,  le  poids  et  la  taille,  l'époque  de  la  puberté  et  de  la  menstruation, 
l'état  des  poils  et  les  caractères  extérieurs.  Suivant  la  remarque  de  Zacchias,  la 


174  AGE  ^mkoeci.m:  lêcili). 

puberté  et  ia  vmUesse  ioot  les  deux  éinques  de  la  vie  qui  peuveol  élre  le  pins 
fodlement  avancées  ou  retardées.  La  vieillesse  surtout  est  hâtée  par  des  causes 
multiples,  physiques  et  morales.  Les  influences  perturbatrices  agissent  le  pi» 
souvent  sur  d^  signes  isolés,  et  l'ensemble  des  carsctèfes  rectifie  Tappréciation. 

Dans  la  dernière  période  de  la  vie,  les  difTérenoes  individuelles  sont  oonsidéra- 
liles  et  lapproximation  offre  plus  de  difficultés.  Qui  n'a  vu  des  hooDunes  conserver 
à  quatre-vingts  ans  et  au  delà  un  degré  remarquable  de  vigueur  physique  et  mo- 
i*ak5,  tandis  que  d'autres,  avant  soixante-dix  ans,  offrent  tous  les  traits  de  b 
caducité.  Ne  cherchons  pas  nos  types  dans  les  hospices,  où  les  effets  de  la  misère 
s'ajoutent  au  poids  des  années;  là  aussi,  cependant,  nous  serons  frappés  du  oou- 
traste  de  saines  et  vertes  vieillesses  avec  les  décrépitudes  anticipées.  L'erreur 
peut  dépasser  dix  années  et  l'autopsie  elle-même  comporte  un  pareil  écart.  Ches 
certains  individus  qui  sont  parvenus  à  un  âge  très-avancé,  on  n'a  trouvé  qoft  peu 
d'altérations.  Burdach  a  réuni  plusieurs  exemples  de  ce  genre.  Tissier  n'a  rien 
trouvé  de  moiixde  chez  un  homme  de  quatre-vingt-quatone  ans,  à  l'exception 
d'une  adhérence  des  poumons.*  Scheuchzer  ouvrant  le  cadavre  d  un  homme  de 
cent  neuf  ans,  ne  constate  que  quelques  plaques  cartilagineuses  dans  la  capsule  de 
la  rate,  l'ossification  des  cartilages  costaux  et  l'ampliation  du  cœur  et  de  Taorte 
descendante.  Lobstein,  ches  une  femme  de  cent  quatre  ans,  ne  trouva  pas  d'ossi- 
ficatimi  dans  les  artères  du  tronc,  ni  dans  celles  des  membres  supérieurs,  tandis 
que  les  fémorales  et  leurs  branches  étaient  presque  complètement  ossifiée»;  il 
observa  le  m^e  fait  sur  une  femme  de  quatre-vingt-seisGe  ans  (Anat,  path.,  i.  Il, 
p.  557).  Le  corps  du  bmeux  Thomas  Parr  qui  cultivait  son  champ  à  cent  treiiUr 
ans,  qui,  dix  années  plus  tard,  avait  encore  toute  sa  puissance  génitale,  et  qui 
mourut  d'une  maladie  accidentelle  à  l'âge  de  cent  cinquante-deux  ans,  n'offrit  rien 
d'anormal  à  Hai*vey  :  les  muscles  étaient  prononcés,  la  graisse  abondante,  les  carti* 
lages  des  cotes,  et  c'est  le  fait  plus  singulier  de  cette  autopsie,  ne  présentaient  pa» 
d'ossification.  Ces  cas  exceptionnels  prouvent  au  moins  l'absence  d'altérations  patlio- 
logiques  ;  en  multipliant  les  recherches  histologiques  et  chimiques,  en  appliquant 
les  procédés  attentifs  de  la  science  moderne,  il  n*est  pas  douteux  que  dans  des  cas 
analogues,  on  ne  constaterait  aujourd'hui  la  trace  irrécusable  des  années. 

On  a  discuté,  en  médecine  légale,  la  question  du  rajeunissement,  grave  diflicultc , 
si  jamais  le  fait  sortait  du  domaine  de  la  mythologie.  Les  preuves  suivantes  ont  étc 
alléguées  en  faveur  de  la  possibilité  de  rajeunir.  Une  troisième  dentition  peut  se 
produire  et  être  annoncée  par  les  mêmes  accidents  que  la  première.  D'aM«cx 
nombreux  exemples  ont  été  publiés  d'apparition  de  nouvelles  molaires  à  73  an:» 
(Serres),  à  75  ans  (Jahn),  à  85  ans  (Slave),  à  92  ans  (Goeze).  Huieland  cite  le 
fait  d'un  homme  qui,  à  116  ans,  eut  huit  dents  nouvelles  qui  tombèrent  pour  faire 
place  à  d'autres,  et  chez  lequel  le  renouvellement  fut  tellement  actif,  qu'en  quatre 
aimées  cinquante  dents  percèrent.  Ces  nouvelles  dents  sont  principalement  des 
molaires,  elles  sont  plus  petites  que  celles  qu'elles  remplacent  et  durent  peu.  Le 
second  signe  du  rajeunissement  est  le  retour  des  règles.  La  menstruation  a  reparu, 
après  une  longue  interruption,  à  75  ans,  à  78  et  80.  Haller  rapporte  que  certaine» 
femmes  ont  eu  pour  ainsi  dire  une  seconde  jeunesse,  telle  qu'après  une  longue 
suppression,  leurs  mois  leur  sont  revenus,  à  55,  70  et  même  90  ans,  et  que,  sui- 
vant l'expression  de  Fodérc,  avec  les  fleui-s  tardives,  elles  ont  encore  porté  des  fruits. 
Storck  parle  d'une  femme  qui  perdit  ses  règles  à  46  ans,  les  recouvra  à  59«  devint 
ensuite  enceinte,  mit  au  monde  un  enfant  bien  portant  qu'elle  allaita  et  qui  mounit 
à  80  ans.  Les  cheveux  qui  reprennent  leur  couleur,  l'intelligence  qui  se  ranime, 


AGE  (médecike  légale).  175 

la  faculté  de  voir  rétablie  (Ruscb,  Fournier)»  le  rétour  des  forces  complètent  le  ta* 
bieau  de  cette  seconde  jeiuiesse.  Ces  faits  témoignent  du  réveil  possible  de  Tactivité 
de  certains  organes,  même  à  un  âge  avancé  ;  mais  pas  plus  que  quelque  pousse 
nouvelle  en  automne  ne  fait  illusion  sur  le  déclin  de  Tannée,  ces  signes  équivoques 
d'un  rajeunissement  partiel  ne  peuvent  être  un  sujet  d'espérance  ni  une  chance 
d  erreur  médico-légale. 

^*  Périodes  médico-légalei.  La  division  des  âges  doit  reposer  sur  des  bases 
physiologiques  et  être  en  même  temps  en  rapport  avec  les  classifications  admises  par 
U loi.  Zacdiias  reconnaît  qu'une  dirâion  multiple  est  utile  aux  jurisconsultes;  il 
admet  sept  âges  :  a  infantia,  pueritiaj  fmbertas,  juventus,  virilitasy  senectus  et 
deerefUas,  »  L'enfant  qui  a  moins  de  sept  ans,«  infam  diciiur,minorseptennis.i 
Dans  b  seconde  enfance,  a  puer  proprie  loquendo  dicitur^  minor  14  annis  »  C'est 
mr  le  dévdoppemeut  de  l'intelligence  que  cette  premièi-e  subdivision  est  basée  ;  on 
admet  encore  les  nuances  :  infantim  aut  pubertati  proximus.  L'adolescence  s'étend 
de  quatorze  à  vingt-cinq  ans;  elle  se  subdivise  en  puberté,  de  14  à  18  ans,  et  eu 
adolescence  proprement  dite  de  18  à  25.  La  jeunesse,  <(  xtas  robusta^firmaj  inté- 
gra^ a  commence  à  25  ans,  mais  le  développement  n'est  pariait  qu'à  30  ;  elle  dure 
juisqu'à  55  ans.  La  virilité  lui  succède,  «  xt^is  carmstens^  cùfistanSy  media^  »  sans 
qu  on  puisse  nettement  définir  le  moment  où  elle  paraît  et  celui  où  elle  cesse.  Les 
devoirs  et  les  droits  sont  les  mêmes  pour  ces  deux  époqu^  de  la  vie.  C'est  l'âge  de 
k  puissance  intellectuelle,  et  de  la  vigueur  physique.  Bientôt  un  changement  s'o- 
jjère  ;  «  amsisierUes  jam  declinare  incipiunt  »  A  60  ans  la  vieillesse  commence; 
«  evidenter  patet  omnei  in  illa  xtate  senes  dici  ddfere.  >»  Elle  est  divisée  en  trois 
fiarties  :  «  cruda,  viridisqtie  senectus^  a  puis  la  vieillesse  proprement  dite,  et 
enfin  le  grand  âge,  a  ultimasetiectus,  »  Ici  le  nombre  des  années  n  est  plus  précise; 
bien  des  causes  hâtent  ou  éloignent  cette  période  ultime  ;  «  xtas  non  annis  sed 
viribus  xtimatur.  i»  C'est  à  70  ans,  dit  Zacchias,  que  l'honune  doit  s'éloigner  des 
aflOùres  publiques. 

La  division  suivants,  avec  quelques  modifications,  est  admise  dans  les  traités  de 
médecine  légale,  de  Hencke,  Friedreicli ,  Krahmer,  Bœcker  et  autres  auteurs  alle- 
mands :  l"*  la  vie  intra-utérine,  partagée  en  trois  périodes  :  les  12  premières  se- 
maines, abortus  ;  de  13  à  40  semaines,  partus  immatunis  ;  de  30  à  40  semaines, 
partus  prsBmaturus;  2*'  le  nouveau-né,  setus  neonatorum;  3?  la  première  enfance, 
infantia,  jusqu'à  sept  ans  ;  4"*  la  seconde  enfance,  pueritia,  âge  impubère,  jusqu'à 
14  ou  16  ans  ;  5°  la  puberté,  l'adolescence,  la  minorité,  jusqu'à  24  ans;  6^  la  vi- 
rilité, la  maturité,  l'âge  stationnaire  qui  finit  entre  cinquante  et  soixante  ans  ; 
1"  la  vieillesse,  partagée  en  deux  degrés,  sans  qu'une  limite  d'âge  puisse  être  exac* 
tement  assignée  à  cette  dernière  période  de  la  vie. 

Les  changements  introduits  par  l'âge,  graduels  et  d'abord  insensibles,  aboutissent 
ensuite  à  une  modification  évidente  qui  sert  à  caractériser  une  période.  Un  signe 
Niillant  et  un  ensemble  de  modiCcations  servent  de  base  aux  divisions  qu'il  ini" 
porte  de  multiplier,  afin  d'arriver  à  une  approximation  aussi  exacte  que  possible. 
Gnq  divisions  principales  avec  des  subdivisions  nombreuses  marqueront  l'inHuence 
du  temps  sur  nos  organes.  C'est  dans  la  période  de  développement  que  les  subdi- 
visions sont  plus  rapprochées  et  plus  faciles  à  établir.  Depuis  la  conception  jusqu'à 
la  mort  naturelle,  on  peut  admettre  les  périodes  suivantes  : 

L  Là  vie  intra-utérine,  qui  comprend  :  1*  Yembryon,  période  plutôt  scienti- 
fique que  médico-légale,  3  mois  environ,  jusqu'à  la  formation  du  placenta  et  à  l'é- 
vidence du  sexe;  2<'  le  fœtus  non-viable,  de  3  à  7  mois,  époque  de  l'avorlement  cri- 


176  ÂGE   (MiDBClRB    légale) 

luiiiel  ;  5*  le  foetus  viable^  de  7  à  9  mois,  avec  les  signes  de  la  maturité  crolasaDte. 

B.  V enfance j  de  la  naissance  à  14  ans,  période  où  se  multiplieDt  des  ^mbdiri- 
sions  importantes  :  dans  la  première  enfance,  jusqu'à  7  ans,  1^*  le  mmoeau-mé, 
époque  caractérisée  par  l'effacement  des  traces  de  la  vie  fœtale,  comprenant  les  si\ 
premières  semaines  de  la  vie  extra-utérine,  dont  les  premières  heures,  la  première 
semaine,  ont  un  si  grand  intérêt  en  médecine  légale;  2<*  le  nourrissùny  jasqn*a 
7  mois,  avant  l'apparition  des  premières  dents;  5**  Y  enfant  pendant  la  première 
dentition,  de  7  à  28  mois,  avec  deux  époques  de  7  à  20  mois,  pour  les  seîœ  prenûèrc» 
dents,  de  22  à  28  mois,  pour  quatre  dernières  molaires  ;  4^  de  deux  ans  et  demi 
à  quatre  et  demiy  l'âge  est  indiqué  par  les  dents  de  lait  encore  seules  :  &*  de 
quatre  ans  et  demi  à  sept,  les  premières  grosses  mc^aires  permanentes  ont  paru 
au  commencement  de  la  période  dont  la  fin  est  signalée  par  la  chute  des  premièR» 
incisives  ;  à  ces  signes  s'ajoutent  l'accroissement  général  et  le  développement  de 
l'intelligence.  Dans  la  seconde  enfance,  6^  la  première  moitié,  de  7  à  1 1  ans,  est 
caractérisée  par  la  seconde  dentition  ;  ici  encore  deux  nuances  peuvent  être  sai- 
sies: de  7  à  9  ans,  le  renouvellement  des  incisives  ;  de  9  à  1 1 ,  celui  des  molaires  et 
des  canines  ;  enfin  la  sortie  des  secondes  grosses  molaires  permanentes  annonce 
la  seconde  moitié  de  la  seconde  enfance  ;  7**  de  onze  à  quatorze  ans^  approche  de 
la  puberté  et  rapide  développement  de  l'organisme. 

C.  La  jeunesse^  avec  trois  époques  :  l*"  de  15  à  18  ans,  Y  adolescence^  l'établii^ 
sèment  graduel  de  la  puberté,  marqué  chez  la  jeune  fille  par  la  première  menstnia* 
tion ;  2*  de  18  à  25  ans,  la  virilité  se  consolide;  3^  de  25  à  30  ans,  l'accroisfie- 
ment  en  longueur  cesse,  les  dernières  soudures  osseuses  se  tenninent,.après  atoir 
marqué  par  leur  succession  les  quinze  années  qui  s'écoulent  entre  le  commence* 
meut  de  la  puberté  et  le  complet  développement. 

D.  La  maturité  présente  des  divisions  moins  précises  ;  la  virilité  confirmée^  de 
30  à  45  ans  ;  h  maturité  décroissante,  l'âge  de  retour  de  45  à  60. Ici  les  caractère:^ 
extérieurs,  les  modifications  de  certaines  fonctions  permettent  de  distinguer  les 
décades  30  à  40  ans,  50  à  60  ans.  La  cessation  de  la  menstruation  donne  pour  la 
ienune  une  limite  assez  précise. 

E.  La  vieillesse  présente  aussi  deux  périodes  distinctes  :  60  à  75  ans,  75  à  90 
et  au  delà.  Entre  70  et  75  ans,  se  prononcent  avec  plus  d'énergie  les  signes  carac- 
téristiques,  la  diminution  de  la  capacité  respiratoire,  et  de  l'activité  des  princi- 
|)ales  fonctions,  les  modifications  du  système  osseux,  du  poids  et  de  la  structure 
des  organes.  Ici  la  distinction  peut  encore  être  faite  de  dix  en  dix  ans. 

Le  problème  de  médecine  l^le  se  pose  ainsi  :  1®  Quel  est  l'âge  probable  de  ki 
personne?  2®  peut-elle  avoir  tel  ou  tel  âge  allégué  ou  présumé?  3*  Peut-on  oonfoudr 
deux  âges  séparés  par  un  certain  nombre  d'années?  Ainsi  dans  la  célèbre  consulta- 
tion de  Louis,  à  l'occasion  de  Baronnet,  dont  l'identité  avait  été  méconnue,  la  ques- 
tion suivante  a  été  discutée  :  Un  homme  de  quarante-six  ans  peut-il  passer  pour  un 
iwmme  de  soixante?  Louis  réponditpar  la  négative.  La  question  d'âge,  en  définitive, 
ne  peut  être  résolue  qu'approximativement.  Le  médecin  indique  la  période,  puis 
il  exprime  le  nombre  probable  des  années,  avec  une  latitude  variable,  suivant  les 
é|KNiues  de  la  vie.  Il  fait  en  même  temps  connaître  les  circonstances  qui,  dans  le 
cas  particulier,  influent  sur  les  signes.  Quelle  que  soit  la  manière  dont  le  problème 
se  po?e,  il  est  résolu  par  l'eiisemble  des  caractères,  et  nos  conclusions  approxima- 
tives suffisent  le  plus  souvent  aux  besoins  de  la  justice. 

11.  Influence  de  l'âge.    L'âge  influe  sur  la  liberté  morale,  sur  les  facultés 


I 

AGE  (véDECiME  lécale).  177 

•.génératrices,  sur  les  maladies  et  les  blessures,  sur  les  causes  de  mort,  sur  lés  apti- 
tudes diverses;  c* est  ud  élément  de  tous  les  problèmes,  mais  certaines  questions  se 
rattachent  plus  spécialement  à  des  périodes  déterminées.  La  vie  intra-utérine  a  sa 
médecine  l^le  qui  se  subdivise  en  chapitres  nombreux.  L'enfance  et  la  vieillesse 
:ioulèvent  des  questions  particulières  ;  l'âge  mur  appartient  à  la  médecine  légale 
géuérale.  Nous  jetterons  un  coup  d'œil  sur  quelques-uns  des  problèmes  qui  parais- 
sent être  plus  spécialement  sous  la  dépendance  de  Fâge. 

I*  Le  discertiement,  A  quel  âge  commencent  le  discernement  et  la  responsabi- 
lité ?  Certaines  législations  ont  résolu  la  question  en  posant  une  limite  fixe  ;  ainsi 
c»  Allemagne,  au-dessous  de  huit  ans,  de  dix  ou  de  douze,  suivant  les  . 
États  ;  en  Angleterre,  au-dessous  de  sept  ans,  il  n'y  a  ni  condamnations,  ni  pour- 
suites ;  les  faits  sont  abandonnés  à  la  répression  paternelle,  avec  ou  sans  la  surveil- 
lance des  magistrats.  En  France,  le  système  absolu  de  la  limite  d'âge  n'a  point 
prévalu  ;  au-dessous  de  seize  ans,  la  question  de  discernement  est  toujours  posée, 
tuais  elle  peut  être  résolue  pai*  Taflirmative  ou  la  négative,  suivant  les  circon- 
>taiices  du  fait.  La  présomption  du  non-disceniement  est  dans  l'esprit  de  la  loi  ; 
en  ce  qui  concerne  le  témoignage,  l'enfant  au-dessous  de  seize  ans  n'est  |ioiut 
réputé  posséder  les  qualités  nécessaires  poiu*  déposer  sous  la  loi  du  serment.  Lors- 
que le  discernement  est  reconnu  et  qu'une  condanmation  est  prononcée,  il  y  a 
toujours  atténuation  de  la  peine  ;  le  légiskteur  a  admis  un  degi'é  moindre  de 
liberté  morale  et  par  suite  de  responsabilité.  La  preuve  du  discernement  doit 
donc  être  laite  et  le  médecin  peut  être  appelé  à  donner  son  avis. 

Qiaque  aimée,  un  certain  nombre  d'entants  au-dessous  de  seize  ans  paraissent 
devant  les  cours  d'assises;  27  en  1858,  25  en  1859,  ont  été  acquittés  comme  ayant 
agi  sans  discernement,,  mais  renvoyés  dans  des  maisons  de  correction.  En  1859, 
5658  enfants,  âgés  de  moins  de  seize  ans,  ont  été  jugés  par  les  tribunaux  correc- 
tiouneb.  Si  l'on  jette  un  coup  d'œil  sur  la  statistique  des  colonies  de  jeunes  dé- 
tenus, on  voit  qu'au  1^  janvier  1859  elles  contenaient  8921  enfants,  7162  gar- 
çons et  1759  filles,  et  que  les  motifs  de  leur  détention  étaient  pour  les  neuf  dixièmes 
d«»  attentats  contre  les  propriétés,  et  pour  un  dixième  des  attentats  contre  les  |)cr- 
^olH]es.  Voici  la  triste  nomenclature  de  ces  faits  : 


Vsfassinat,  empoisonnement 

leurtre,  incendie 

Attentats  aux  mœurs 

(knips  et  blessures 

Vols  simples 

Tels  qualifiés 

Mendicité 

Vagabondage 

Itésobéissancc  à  l'autorité  paternelle. 


GARÇ05S. 


im 

181 
103 

U50 
410 
749 

1,334 

(M 


PILLES. 


3 

71 
24 
892 
23 
215 
349 
12G 


TOTAL. 


9 

192 

^52 

127 

3,042 

904 

1,G83 

189 


Le  plus  souvent  les  magistrats  décident  la  ipiestion  du  discernement  sans  inter- 
vention médicale,  mais,  dans  un  cas  douteux,  qui  est  plus  apte  que  le  médecin  à 
apprécier  les  facultés  mentales  de  l'enfant  et  les  causes  qui  ont  pu  les  altérer?  Une 
expertise  de  ce  genre  présente  comme  éléments  de  conviction  :  a.  Véiai  intellec- 
tuel^ h  faculté  de  connaître,  la  conscience,  le  jugement,  la  volonté.  L'égoïsme  e^^ 
le  fond  du  caractère  de  l'enfant,  qui  rapporte  tout  ik  lui  et  qui  s'irrite  contre 

DICT.  ENC.  II.  1^ 


178  AGE  (mkdecirb  lbcale). 

obstacles.  Bientôt  la  conscience  s*éveiUe  ;  avant  sept  ans,  Tenlant  distingue  le  bien 
du  mal;  il  sent  sa  fiaiutc,  mais  en  enfant;  il  sait  qu*un  acte  est  coupable,  sans  en 
comprendre  les  conséquences.  Les  instincts  sont  impérieux  ;  la  volonté  faible  et 
mobile  cède  à  tous  les  entraînements.  La  parole  semble  annoncer  une  espèce  de 
raison,  l'enfant  répète  ce  qu'il  a  entendu  dire,  mais  les  actes  témoignent  de  l'in- 
certitude du  jugement  et  de  la  faiblesse  de  la  volonté  ;  b,  Y  état  physique,  la  taille, 
l'embonpoint,  la  santé,  tous  les  signes  de  développement  général.  L'enbnt  peut 
être  petit,  chétif,  retarda,  bien  au-dessous  de  son  âge  réeL  On  tiendra  compte  des 
croissances  exagérées  et  subites  qui  amènent  souvent  Tengourdissement  de  l'inlcl- 
.  ligence  ;  c.  Yapproche  de  la  puberté  ;  une  révolution  morale  s'opère  alors  et  Tin- 
telligence  s'accroît'  tout  à  coup.  Vers  seize  ans  et  au-dessus,  on  peut  (aire  \ikir, 
comme  indice  d'une  moindre  intelligence,  l'absence  complète  des  signes  de  |Mibertê, 
arrêt  de  développement  qui  porte  sur  tout  l'organisme  ;  d.  la  moralité  habitmeUe, 
l'éducation  dont  l'influence  est  capitale.  La  criminalité  précoce  a  trop  souvent  pour 
cause  l'incurie  et  l'exemple  des  parentn.  Dans  certains  codes  allemands,  la  mau- 
vaise éducation  est  formellement  indiquée  comme  motif  de  circonstances  atté- 
nuantes (BoBcker,  Ger.  med.,  p.  59)  ;  0.  les  conditions  pathologiques:  riiéréditc 
des  lésions  mentales  et  des  propensions  au  crime  peut  éclairer  le  diagnostic.  Le^ 
causes  et  les  signes  d'une  lésion  de  l'intelligence  seront  passés  en  revue;  f.  le  fait  en 
lui-même  :  vol,  indiscipline,  vagabondage,  attentats  aux  mœurs,  parfois  incendie 
et  meurtre.  Le  médecin  apprécie  le  mobile  de  l'acte,  convoitise  enfantine,  caprice, 
colère,  méchanceté,  les  circonstances  du  iait,  les  combinaisons  employées  par  l'en- 
fant, sa  conduite  après  la  laute.  La  légèreté  du  premier  âge  n'exclut  pas  rastuce 
et  la  dissimulation.  C'est  de  douze  à  seize  ans  que  l'appréciation  présente  le  pln> 
de  difficultés.  La  liberté  morale  ne  peut  êtreoonsidérée  comme  entière  avant  h  |4é- 
nilude  de  la  raison.  L'idée  d'éducation  s'associe  nécessairement  à  celle  de  ré|llT^- 
sion,  pour  les  fautes  commises  par  Tenfiince;  toute  la  difliailté  réside  dans  To^gani- 
sation  des  asiles  pénitentiers. 

Au-dessus  de  seize  ans,  aucune  distinction  légale  n'existe  plus  pour  la  responsi- 
bilité,  si  ce  n'est  en  ce  qui  concerne  le  rapt.  La  minorité  peut-elle  être  considérée 
comme  une  occasion  de  circonstance  atténuante?  «  La  loi,  dit  Fodéré  (t.  i,  p.  7^»« 
ne  semble-t-elle  pas  insinuer  tacitement  que,  puisque  jusqu'à  Tâge  de  vingt  et  un 
ans  un  mineur  n'a  pas  la  libre  disposition  de  sa  personne  et  de  sa  fortune,  à  |ilu> 
forte  raison  doit-il  être  incapable  d'apprécier  toute  la  valeur  des  combinaisons  ipii 
entrent  dans  l'exécution  de  crimes  ou  délits  très-compliqués.  «  Sans  doute  uiir 
atténuation  peut  résulter  du  développement  moins  complet  de  la  foixre  morale  et  (i<> 
la  raison,  surtout  si  l'éducation  a  été  vicieuse  ou  nulle  ;  mais  la  distinction  itu 
bien  et  du  mal  est  instinctive,  elle  n'exige  pas  le  même  degré  d'intelligence  que 
la  capacité  civile,  et  Ton  comprend  que  l'âge  de  la  responsabilité  criminelle  ait  vU.- 
placé  moins  haut  que  celui  de  la  msgorité.  Si  le  jury  croit  que  le  mineur  n*a  p» 
eu  conscience  de  sa  faute,  il  prononce  un  acquittement. 

2*  La  pef*versité  précoce.  Quelle  valeur  faut-il  attribuer  à  cet  ancien  ada^ie 
du  droit  romain,  adopté  en  Allemagne  par  la  roiL<;titution  Caroline,  malitia  suppiet 
xtatem?  Existe-t-il  des  cas  où  une  pei*versité  précoce  enlève  â  l'enfant  le  bénéfice 
de  son  âge  et  autorise  à  considérer  et  à  punir  comme  d^s  crimes  les  ades  qu'fl  a 
commis?  Plusieurs  codes  allemands,  ceux  d'Autriche,  de  Bavière  et  de  Saxe  con* 
tiennent  des  dispoi»itions  d'après  Ies4{uelles  la  peine  n'est  pas  adoucie  pour  lc^ 
jeunes  criminels,  loi>M|u'iI  r^ulte  des  motifs  et  des  ciiTonstances  du  fait  que  IVt<* 
a  été  commisi  non  par  légèreté»  mais  avec  jugement  et  mé(*hanceté.  bi  Angle- 


âG£  (Héo£CiiiB  lâgalb).  i79 

terre  ausa,  les  enfants  de  sept  à  quatone  ans  sont  considérées  comme  étant  prima 
fade  doli  incapaces,  mais  avec  la  réserve  maiUia  supplet  sUatem.  Devant  nos 
tribunaux  cette  question  a  toute  son  importance,  puisque  les  jurés  ou  les  juges  ont 
loojonrs  à  se  prononcer  sur  le  lait  du  discernement.  Sans  aucun  doute,  d'une 
manière  générale,  l'immaturité  de  la  raison  exclut  Tidée  du  crime  ;  la  faiblesse  du 
jugement  et  de  la  volonté,  inhérente  à  ren&noe,  atténue  ou  annule  la  responsa- 
bilité. Hais  on  rencontre  des  cas  exceptionnels  où  la  perversité  unie  à  la  précocité 
de  l'intelligence  appellent  une  répression  pénale.  Une  malice  innée ,  une  déprava* 
tioQ  acquise,  avec  un  libertinage  précoce,  ont  conduit  à  des  actes  ou  la  méchan- 
ceté et  la  cruauté  s'associent  à  la  préméditation  et  à  la  ruse,  ainsi  qu'à  l'habileté 
daus  l'exécution;  si  le  médeciu  constate  en  même  temps  l'absence  de  lésion  mentale 
et  une  maturité  précoce  du  corps  et  de  l'esprit,  la  preuve  de  la  criminalité  est 
acquise  et  il  estjuste  quelle  soit  suivie  de  l'application  de  la  peine,  atténuéetoujours 
poor  renfimt  au-dessous  de  seiie  ans.  L'idée  d'améliorer  le  coupable  dominera 
encore  dans  la  répression. 

Il  existe  des  exemples  heureusonent  rares  de  ces  perveraons  précoces.  Marc 
rapporte,  dans  son  Traité  de  la  fdie  (t.  1,  p.  97),  l'observation,  d'après  Parent 
DudKÉtelet,  d'une  jeune  fille  de  huit  ans,  livrée  à  des  habitudes  d'onanisme 
et  qui  avouait  hautement  son  intentic»  de  tuer  ses  parents,  pour  avoir  leurs 
bardes,  et  s'abandonner  sans  contrainte  à  ses  goûts  dépravés.  Nous  avons  vu 
une  jome  fille  de  neuf  ans»  édifier  avec  art  ime  accusation  de  vid,  qui  aurait 
été  commis  sur  die  par  deux  jeunes  gens,  égarer  la  justice  dans  de  longues 
ledierches  qui  ont  enfin  abouti  à  démontrer  le  measonge  et  l'immoralité  de  la 
victime  prétendue.  Citons  ici  le  plus  affreux  exemple  peut-être  de  crimes  com- 
mis par  un  enfant  (Wald.,  Gericht.  med,^  t.  U,  p.  365).  «  Dans  l'après-midi  du 
"&  octobre  1857,  les  deux  enfants  F....,  âgés  de  quatre  et  de  huit  ans,  les  trois 
enfants  d'une  voisine,  âgés  de  trois,  de  cinq  et  de  sept  ans,  jouaient  dans  un  jardin. 
Un  jeone  garçon  de  dix  ans  se  joint  à  eux.  Il  les  conduit  dans  une  pièce  isolée, 
où  se  trouvait  un  grand  coffre  ;  il  les  engage  à  y  entrer.  Les  deux  garçons  plus 
âgés  se  mettent  vobntairement  dans  le  coffre,  il  y  place  les  trois  petits.  Lorsque  les 
cinq  enfants  y  sont  assis,  couchés,  serrés,  les  uns  contre  les  autres,  l'accusé  abaisse 
le  couvercle,  le  ferme  à  clef  et  s'asseoit  dessus.  Il  n'ouvre  pas  malgré  les  cris  et  les 
gémissements  des  victimes  ;  il  s'éloigne,  quand  il  n'entend  plus  rien,  et  va  jouer 
avec  d'autres  en&nts.  A  huit  heures  du  soir,  après  de  longues  recherches,  la 

femme  F trouve  les  enfants  dans  le  coffre  encore  fermé;  quatre  d'entre  eux 

étaient  morts,  une  petite  fille  donnait  quelques  signes  de  vie  ;  elle  succomba  dans 
la  nuit.  Les  vêtements  des  victimes  étaient  trempés  de  sueur.  L'accusé  avoua  tout, 
il  dit  qu'il  était  resté  assis  sur  le  coffre;  qu'il  avait  résisté  aux  supplications  des 
enfants;  qu'une  fois,  ayant  soulevé  le  couvercle  et  voyant  que  la  petite  fille,  qui 
était  au-dessus,  remuait  encore,  il  avait  refermé  le  coffre,  ainsi  que  les  volets  et  la 
porte  de  la  diambre.  Son  motif  était  que  la  petite  fille  F....  devait  mourir,  parce 
qu'elle  avait  fra|^  sa  sœur.  Il  devint  évident  qu'il  avait  fait  périr  les  quatre  autres  en- 
fants, parce  que  c'était  le  moyen  le  plus  sûr  de  les  empêcher  de  sauver  la  première. 
Lejeuneaocusé  avait  de  déplorables  antécédents  ;  à  l'audience,  il  fit  preuve  encore  de 
perversité  et  d'ins^isibilité;  ses  réponses,  ses  ruses^  ses  mensonges  attestèrent  qu'il 
arait  agi  avec  discernement  ;  tel  fut  l'avis  des  médecins  experts.  U  fut  condamné 
pour  memtre  à  cinq  ans  de  prison.  »  Dans  uu  cas  de  ce  genre,  le  médecin  doit 
recberdier  si  l'enfant  n'est  pas  atteint  d'aliénatidn  mentale,  et  le  diagnostic  se  pose 
entre  la  folie  et  la  perversité.  On  étudiera  l'état  physique  et  moral  de  l'enfant,  le 


i80  AGE    (XKDECIIIE    LâCAL£). 

degré  dedéveloppemeùt  de  ses  facultés,  les  mobiles  de  l'acte;  quelque  odieux  qu'ils 
soient,  la  légèreté  peut  y  avoir  autant  déplace  que  la  perversité.  Le  bit  suivant  eu 
est  un  exemple.  H . . . . ,  âgé  de  onze,  déjà  atteint  de  diorée  à  deux  reprises,  au  mois 
de  mars  1862,  est  pris  par  déjeunes  garçons  qui  le  maltraitent  et  le  meiteol  dans 
un  sac  et  le  traînent  dans  une  rue  écartée,  en  lui  déclarant  qu*ils  vont  l'enierrer  vif. 
La  victime  frappée  de  terreur  est  délivrée  par  des  voisins;  peu  de  jours  après 
éclate  une  nouvelle  et  violente  attaque  de  chorée.  Ici,  c'était  un  jeu  barbare  qui  pou- 
vait avoir  de  fatales  conséquences,  plutôt  quun  acte  de  perversité.  Les  antécédents 
sont  consultés  comme  indices  de  la  criminalité  et  la  question  se  traite  comme  cette 
du  discernement. 

La  folie  est  rare  dans  Tenfance,  mais  la  possibilité  d'un  désordre  mental  doit 
être  prise  en  considération.  Esquirol,  Guislain,  West,  ont  cité  des  cas  de  folie  chez 
des  entants  âgés  de  moins  de  onze  ans.  M.  Brierrede  Boismont  relève  toute  l'impor- 
tance de  la  question  en  montrant  que  les  dérangements  de  l'esprit  observés  chez 
les  enfants  constituent  plutôt  des  perveraions  des  instincts,  des  sentiments  et  des 
facultés  morales,  que  des  types  bien  caractérisés  de  la  manie  et  de  la  monomanie. 
Les  plus  mauvais  penchants  se  révèlent  chez  ces  malheureux  êtres  ;  la  méch^n- 
œté,  le  mensonge,  l'indiscipline,  la  turbulence,  le  désir  de  nuire,  de  verser  du 
sang,  accompagnent  le  désordre  mental.  Le  suicide  a  été  observé  chez  les  enfants; 
au-dessous  de  quinze  ans  (Esquirol)  ;  à  onze  ans  età  douze  ans  (Ollivier,  d'Angers), 
à  neuf  ans  (Taylor) ,  de  neuf  à  treize  ans  (Wald) .  Nous  avons  constaté  deux  8aiGide»> 
de  jeunes  garçons,  tous  deux  par  pendaison,  l'un  à  quatorze  ans,  par  suite  de  mé- 
lancolie, l'autre  à  onze  ans  et  demi,  pour  un  motif  futile.  M.  Durand-Fardd  con- 
state dans  un  relevé  statistique,  qu'en  France,  de  1835  à  1844,  154  enfants  de 
Tàge  de  cinq  à  quinze  ans  se  seraient  donné  volontairement  la  mort.  Les  causes  de 
ces  suicides  étaient  des  châtiments,  des  reproches,  des  mauvais  traitements,  son- 
vent  un  trouble  de  l'intdligenoe.  L'impressionnatnlité  de  l'enfance  est  esœssivp; 
on  a  vu  à  cet  âge,  et  West  en  cite  un  exemple,  la  mort  être  le  résultat  d'une  pro- 
fonde émotion  morale,  sans  maladie  déterminée. 

3®  Fonctions  génitales  et  puberté.  La  puberté  exerce  une  notable  influence  am- 
ies facultés  intellectuelles  et  affectives;  elle  leur  donne  une  vive  impulsion,  et  en 
même  temps  elle  développe  les  dispositions  morbides.  Divers  désordres  de  la  senM- 
bilité  et  de  l'intelligence  accompagnent  l'établissement  des  règles. 

Les  médecins  légistes  ont  appelé  l'attention  sur  des  cas  d^incendie,  d'empoisonne- 
ment, de  meurtre,  de  cruauté,  offrant  pour  caractère  particulier  d'être  commis  par 
des  jeunes  gens  qui  paraissaient  n'avoir  aucun  motif  d'animosité  contre  leurs  vic- 
times. Ces  actes  ont  été  attribués  à  l'influence  de  l'évolution  génitale.  On  a  même 
admis,  en  coïncidence  avec  la  puberté  et  avec  les  premiers  troubles  menslnieb, 
l'existence  d'une  folie  instinctive,  caractérisée  par  la  tendance  à  un  acte  parti- 
culier, et  la  pyromanie  a  été  reconnue  comme  espèce  médico-légale.  Fiatner, 
en  1797,  plus  tard  Vogel,  Hencke,  Masius,  Friedreich  ,  Osiander,  Ollivi<!r 
d'Angers,  ont  publié  de  nombreux  exemples  d'incendies  allumés  par  des  en£ants  et 
des  jeunes  gens,  sins  qu'on  pût  pénétrer  les  motifs  de  ces  actes  ;  ils  y  ont  vu  ks» 
résultats  d'une  impulsion  instinctive,  accompagnéed'un  trouble  intellecÂnel,  au  mo- 
ment de  la  puberté,  et  surtout  de  la  menstniation.  La  lésion  instinctive  dominait  ; 
elle  pouvait  même  être  à  elle  seule  et  l'explication  de  l'acte  et  le  signe  candérûr- 
tique  de  la  folie.  Cette  doctrine  a  été  bientôt  démentie  par  les  faits.  Les  travaux 
de  Hettich,  Brefeld,  Richter,  Casper,  ont  fait  justice  de  cette  fiction.  Rien  ne  dé- 
montre qu'il  existe  un  rapport  entre  le  développement  irrégiilier  des  organes  gê* 


AGK  (MéDBCiiiB  légale).  181 

nitoin  et  le  penchant  à  allumer  un  incendie,  ni  que  ce  penchant  puisse  coexister. 
avec  l'intégrité  des  fiicultés  intellectuelles  et  de  la  volonté,  sous  tous  les  autres 
rapports.  Quelques-uns  de  ces  jeunes  incendiaires  étaient  réellement  atteints  d'alié- 
nation mentale,  d*accès  maniaques,  d'épilepsie,  d'hallucinations  ;  chez  d'autres,  le 
diaoemement  était  diminué  par  une  faiblesse  d'esprit  coïncidant  avec  un  an-ét  dans, 
le  déTeloppement  général.  Pour  plusieurs,  sans  doute,  il  y  avait  crime  ou  faute 
proportionnée  à  leur  âge,  imprudence,  légèreté.  Ou  peut,  en  effet,  admettre  un 
rapport,  suivant  la  reoaarque  de  Wald,  entre  le  crime  d'incendie  et  l'âge  de  la  fai- 
blesse et  de  l'immaturité.  Aucun  acte  n'atteint  mieux  son  but  et  n'a  de  consé-. 
qnenœs  pins  graves  ;  aucun  n'est  plus  iadle  à  commettre  et  à  dissimuler.  11  ne  iaiU 
ici  ni  forôe,  ni  adresse;  la  méchanceté,  la  vengeance,  le  désir  de  nuire  et  de  dé- 
truire, se  satisfont  sans  difficulté.  S'il  existe  une  disproportion  réelle  entre  l'acte  et. 
le  motif,  on  se  rappellera  la  légèreté  de  l'enfance,  la  perversité  de  certaines  na- 
tures ;  la  question  sera  résolue  comme  tout  autre  problème  d'aliénation  mentale, 
par  la  preuve  d'un  état  morbide  coïncidant  avec  l'acte  incriminé. 

A  quel  moment  de  la  puberté  commence  l'aptitude  à  se  reproduire?  Cette. 
làrullé  coïncide,  pour  les  jeunes  garçons,  avec  le  développement  des  sperroato* 
aoaires,  qui  peut  être  de  longtemps  précédé  par  l'érection  et  par  des  habitudes 
funestes.  Cette  ^Nxpje  pourrait  être  fixée  entre  treize  et  quinze  ans  ;  des  auteurs 
dignes  de  foi  affirment  que  des  paternités  ont  pu  être  attribuées  à  des  eniants  de 
ret  âge;  la  limite  inférieure  aurait  été  neuf  ans(B(Bcker,  Ger.méd.  p.  ^58).  Au 
fieli  de  cent  ans  pour  l'bonune,  on  aurait  encore  des  exemples  d'un  cott  fécond.  La 
(«ssation  de  la  puissance  génibi^le  à  un  âge  avancé  dépend  bien  plus  de  l'alfaiblisse*. 
ment  des  organes  externes  que  des  qualités  du  sperme.  Chez  les  femmes,  la  mens- 
truation fournit  un  indice  plus  sûr;  mais  l'ovubtion,  et  pçir  suite  une  grossesse, 
peuvent  précéder  l'établissement  des  règles,  ou  se  produire  encore  après  leur  cessa- 
tion. Taylor  rapporte  le  &it  de  relations,  suivies  de  grossesse  entre  une  fille  de  onze 
ans  et  un  gargou  de  seize  ;  la  fille  avait  été  réglée  à  dix  ans.  Une  femme  observée 
parCarus,  réglée  à  deux  ans,  devint  enceinte  à  huit.  Huit  à  neuf  ans  semblent  être 
la  limite  ini&iéure  pour  la  possibilité  de  la  conception.  La  fécondité  se  prolonge 
parfois  jusqu'à  un  âge  avancé,  jusqu'à  soixante  ans  et  au  delà  ;  ces  limites  extrêmes 
ont  leur  importance  en  médecine  légale. 

4*  Yiolenceêy  excès  contre  les  enfants.  L'exposition  d'enfants  dans  un  lieu  soli- 
taire, sévèrement  punie  par  la  loi,  soulève  des  questions  médico-légales  qui  se  rap- 
portent aux  effets  du  froid,  de  l'insolation,  de  l'inanition,  et  des  lésions  diverses 
qui  peuvent  accompagner  l'abandon.  Les  sévices  et  mauvais  traitements  dont  les  en- 
bnts  sont  victimes  forment  un  groupe  naturel  dans  l'histoire  médico-légale  des 
blessures.  M.  Tardieu  a  mis  ces  faits  en  lumière  dans  un  mémoire  qui  renferme 
trente-deux  exemples  de  ces  affreux  attentats.  «  La  sévérité  inflexible  d'un  maître,  la 
dnretêd'une  patron  avide,  l'aversion  d'unemarâtre  peuvent  expliquer  des  châtiments 
corporels  même  excessifs  infligés  à  de  jeunes  enfants;  mais  que,  dès  l'âge  le  plus 
tendres,  de  pauvres  êtres  sans  défense  soient  voués  chaque  jour  et  presque  à  chaque 
benre  aux  jivs  cruels  sévices,  soumis  aux  plus  dures  privations,  que  leur  vie  à 
peine  commencée  ne  soit  déjà  qu'un  long  martyre,  que  des  supplices,  que  des  tor- 
tures devant  lesquels  l'imagination  recule,  usent  leur  corps,  éteignent  les  premières 
lueun  de  leur  raison  et  abrègent  leur  existence;  enfin,  chose  incroyable,  que  leurs 
bourreaux  soient  souvent  même  ceux  qui  leur  ont  donné  le  jour,  il  y  a  là  un  des 
plus  effrayants  problèmes  qui  puissent  agiter  l'âme  d'un  moraliste  et  la  consçi^voe 
d'un  juge.  j>  La  loi  s'arme  ici  de  toute  sa  rigueur  ;  elle  applique  les  peines  re^ptim» 


184  AGE  (NiDBGiNB  légale). 

Le  médecin  démontre  le  fait  des  vidences  ;  il  les  rapporte  à  leurs  causes,  coups 
ou  chutes,  accidents  allégués.  L'aspect  des  enfants,  leur  physionomie  exprimant  la 
terreur,  la  répugnance  qu'ils  éprouvent  pour  leurs  bourreaux,  sont  des  indices  ca- 
ractéristiques. Les  conséquences  des  sévices  sont  ensuite  af^réciées  ;  ce  sont  des 
blessures,  des  maladies,  légères  ou  graves,  et  souvent  la  mort.  Ia  maladie  peut 
n*étre  que  de  courte  durée;  TenGaint  guérit  vite,  lorsqu'il  est  confié  à  d'autres 
mains,  et  suivant  la  remarque  de  Casper,  parfois  le  médecin  s'étonne,  à  l'audience, 
de  retrouver  frais  et  dispos  le  pauTre  enfant  dont  son  rapport  a  dépeint  l'état  dépli>- 
rable.  La  mort  est  la  suite  de  lésions  traumatiques,  dont  les  résultats  dirent  être 
;ippréciés.  L'en&nt  peut  succomber  à  des  maladies  aiguës  ou  chroniques  ;  aux  pre- 
mières se  rapportent  les  eflets  de  l'inanition,  du  froid  et  les  troubles  du  systènie 
nerveux;  aux  secondes,  les  altérations  graves  de  la  constitution,  les  aiTections 
scrofuleuses  et  tuberculeuses,  que  détermine  une  infraction  prolongée  à  toutes  le» 
lois  de  l'hygiène.  Ici  le  diagnostic  médico-légal  présente  des  difficultés  ;  il  faut  Sûre 
la  part  des  prédispositions  morbides  et  des  influences  étrangères  aux  sévices  ;  l'ap- 
pi*rciation  est  délicate,  et  l'horreur  qu'inspire  un  crime  de  ce  genre  ne  doit  fos 
entraîner  le  jugement  de  l'expert. 

lia  statistique  fait  voir  que  les  attentats  à  la  pudeur  sont  plus  souvent  commi» 
contre  des  enfants  que  contre  des  adultes;  ce  sont  de  petites  filles  de  trois  k  huit 
ans,  de  petits  garçons  impubères  qui  sont  victimes  de  ces  actes  odieux.  Ici  la 
séduction  est  plus  fréquente  que  la  violence  ;  les  lésions  ph3fsiques  sont  souveiil 
nulles  ou  peu  prononcées;  la  défloration  est  incomplète  ;  c'est  par  exception  que 
l'on  rencontre  d'aflreux  délabrements  causés  par  la  disproportion  des  organes.  Ces 
attentats  sont  souvent  commis  par  des  hommes  âgés,  parfois  par  des  femmes  sur 
do  jeunes  garçons.  Des  enfants  eux-mêmes  se  rendent  coupables  de  ces  actes  :  de 
jeunes  garçons  de  quinze  à  seize  ans  ont  été  condamnés  pour  tïoI.  L'état  ph]fsiqui* 
et  moml  de  l'accusé  et  de  la  victime,  la  transmission  des  maladies  vénériennes, 
rinlerprétation  d'états  morbides,  la  simulation,  l'appréciation  du  coiisentemml 
forment  une  série  de  problèmes  où  l'âge  influe,  mais  qui  se  rattachent  intimement 
à  riiistoire  générale  des  attentats  de  ce  genre. 

La  partie  moyenne  de  la  vie  n'a  pas  de  problèmes  qui  lui  sont  propres  ;  c*est 
le  domaine  de  la  médecine  légale  en  général.  Mais  au  déclin  de  l'âge,  des 
questions  spéciales  peuvent  se  présenter.  La  vieillesse  doit-elle  être  oonsidt'rée 
comme  'diminuant  la  liberté  morale  et  par  suite  la  responsabilité  ?  On  répon- 
dra par  la  négative.  Le  législateur  n'admet  pas  de  présomption  de  non-discer- 
nement, résultant  du  progrès  de  l'âge  ;  il  ne  s'occupe  de  la  vieillesse  que  pour 
lui  accorder  certaines  prérogatives  et  pour  diminuer  le  poids  des  peines  que  sa  fai- 
blesse ne  peut  plus  supporter.  De  même,  au  point  de  vue  civil,  la  capacité  légale 
reste  entière.  Si  nous  analysons  les  effets  de  l'âge  sur  les  facultés  intellectudles  ei 
morales,  nous  voyons  la  conscience  et  le  jugement  demeurer  intacts,  dies  le  vieil* 
lard  exempt  de  maladie;  il  conserve  la  &culté  de  choisir  entre  le  bien  ti  le  mal. 
Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  pour  tout  acte  criminel  imputé  à  un  vieillard,  il 
laut  soumettre  à  Texamen  le  plus  scrupuleux  l'état  de  son  esprit.  Un  changement 
dans  la  moralité  est  souvent  le  prélude  d'une  aflection  mentale.  La  maladie  a  plus 
de  prise  sur  des  organes  aOaiblis  ;  la  démence  sénile,  la  paralysie  générale,  recon- 
nues dès  leur  premiers  signes,  expliquent  certains  faits  Uamables  et  détruisent 
toute  responsabilité.  Des  remarques  analogues  s'appliquent  à  h  captation,  aux 
divers  .actes  de  la  vio  civile  où  le  disrememenl  et  la  volonté  peuvent  faire  début  ; 


AGE  (hàdbcihe  lécalb).  185 

pendaot  h  saison  rigoureuse,  Texpositioa  directe  au  froid,  déterminent  prompte- 
menides  pneumonies  mortelles.  A  Lyon,  une  marâtre,  au  milieu  de  l'hiver,  plongea 
une  jeune  fille  de  onze  ans  dans  un  bain  d'eau  glaeée,  et  ly  maintint  jusqu'à  sa 
inort.  ((hanam,  Annal.  d*hy,^  t.  VI,  p.  207.)  Dans  un  des  faits  que  nous  avons 
recueillis,  une  mère  faisait  prendre  un  bain  froid  tous  les  soirs  à  un  petit  garçon  de 
quatre  ans,  convalescent  de  rougeole. 

L'ùutnitimi,  chez  les  nouveau-nés,  amène  promptement  la  mort;  la  résistance, 
riiez  de  très-jeunes  enfants,  peut  cependant  être  longue;  on  l'a  vue  se  prolonger 
!«Miante-sept  heures  (Wihmer).  Le  plus  souvent,  l'alimentation  est  insuffisante,  et 
te  marasme  s'ajoute  aux  antres  effets  des  mauvais  traitements.  La  cause  du  ma- 
rasme est  évidente  lorsqu'il  existe  sans  être  morbide,  et  lorsqu'une  bonne  nourri- 
ture le  fait  disparaître  promptement.  11  est  utile  de  se  servir  de  la  balance  poin* 
apprécier  ce  résultat.  Chez  im  eabnt  de  trois  ans  et  demi,  cruellement  maltraité 
par  sa  mère,  nous  avons  vu  le  poids  s'élevei*  de  7500  grammes  à  9200  en  un  mois, 
après  que  l'en&nt  eut  été  soustrait  aux  violences.  La  vacuité,  la  rétraction,  l'amin- 
cissement  du  tube  digestif,  le  petitesse  de  la  rate,  se  rencontrent  chez  les  vic- 
times; on  remarquera  surtout  la  disparition  de  la  graisse.  L'absence  complète  de 
matière  grasse  dans  tous  les  viscères  a  été  considérée,  par  M.  Letheby,  de  Londres, 
comme  la  preuve  du  g^re  de  mort,  dans  un  cas  où  deux  jeunes  garçons  de  sept 
et  de  cinq  ans  avaient  été  condamnés  à  ce  supplice  par  la  cruauté  de  leur  père  et 
de  sa  concubine.  Si  l'inanition  n'est  possible  que  pour  les  enfants  très^jeunes  ou 
dans  les  cas  de  séquestration,  l'alimentation  insuffisante  et  de  mauvaise  qualité, 
accompagne  presque  toujours  les  sévices.  Les  aliments  sont  altérés  et  souillés 
jusqu'à  y  mêler  des  matières  fécales  ;  la  mère,  dans  un  de  nos  cas,  obligeait  l'en- 
fant à  avaler  les  matières  vomies.  L'introduction  des  aliments  peut  être  faite  avec 
^Meaeej  avec  ime  maladresse  volontaire,  jusqu'à  donner  la  mort  ;  M.  Tardieu  cite 
te  cas  d'une  belle-mère  qui  étouffa  un  petit  garçon  de  quatre  ans,  en  faisant 
pénétrer  des  aliments  dans  les  voies  aériennes. 

La  séquestratiofiy  plus  rare,  est  accompagnée  de  faits  odieux  ;  l'eclusion  dans 
une  cave,  dans  des  pièces  sombres  et  humides,  dans  des  armoires,  dans  des  coffres, 
enfanU  chargés  de  liens,  maintenus  dans  des  positions  incommodes. 

Les  caiq)s  et  blessures  forment  les  sévices  les  plus  habituels;  tantôt  c'est 
b  colère  qui  éclate  à  toute  occasion;  d'autres  fois  c'est  la  cruauté  systématique 
qui  chaque  jour  accable  la  victime.  Les  enfants  sont  frappés  avec  des  instrumenU 
de  tout  genre,  renversés,  pinces,  égratignés,  et  leur  corps  oflre  les  traces  irrécusa- 
bles de  lésions,  les  unes  récentes,  les  autres  anciennes,  qui  indiquent  la  succession 
des  violences.  Des  fractures  sont  souvent  observées.  Les  blessures  sont  faites  avec 
nifUnement  de  cruauté.  En  1863,  aux  assises  du  Bas*Rhin,  un  homme  a  été 
iiMidamné  aux  travaux  forcés  à. perpétuité  pour  avoir  essayé  de  donner  la  mort  à 
un  enfant  de  deux  ans  en  lui  introduisant  dans  l'anus  une  aiguille  à  tricoter 
longue  de  27  centimètres.  Le  corps  fut  traversé  de  part  en  part,  et  l'enfant  survécut. 
Les  actes  de  barbarie,  écrasements,  brûlures,  mutilation,  privation  do 
^iommeil,  terreura;  toutes  les  tortures  physiques  et  morales  s'accumulent  dans  les 
actes  de  ce  genre.  Est-il  un  fait  plus  navrant,  une  page  plus  honteuse  dans  l'his- 
totrr,  que  le  récit  du  long  supplice  infligé  au  malheureux  Dauphin,  fils  de 
Louis  XVI?  C'est  le  type  des  tortures  par  lesquelles  le  bourreau  amène  lentement 
b  dégradation  [^ysique  et  morale  de  sa  victime.  L'illustre  Desault,  chargé  de  l'au- 
topsie, a  constaté  chez  ce  malheureux  enfant  les  ravages  de  la  maladie  scrofiileuse, 
f-onséquence  fréquente  des  sévices  de  ce  genre,  qui  avait  occasionné  la  mort. 


186  AGGLUTINATIFS. 

lequel  il  y  a  défaut  de  déTeloppement  ou  atrophie  d*ua  plus  ou  moins  gnuid  nom- 
bre de  parties  de  l'encéphale,  ce  qui  donne  lieu  à  une  altération  des  fonctions  de  cet 
organe,  et  surtout  à  une  paralysie  plus  ou  moins  étendue  et  à  une  contracture  des 
membres  (voy.  Encéphale).  R.  D. 


ACiÉNOSOinE,  AcéMMooUe  (a  privât.;  yrivAcu,  j 'engendre ;  vMfMc,  ooqis). 
Nom  créé  par  Isid.  Geoffroy  Saint-Hilaire  pour  désigner  l'un  des  six  genres  de  la 
famille  des  Célosomiens,  Les  caractères  des  monstres  agénowmet  sont  :  une 
éventration  latérale  ou  médiane  occupant  principalement  la  partie  inférieure  de 
l'abdomen  et  un  défaut  de  développement  des  organes  génitaux  et  urinaires  qui 
n'existent  pas,  ou  sont  réduits  à  de  simples  rudiments  (voy.  Cslosomiers)  . 

S.  DopuY. 

A«BKATIJH.   Vmj,  PlQUERU. 

A«HUN  WÊLàS^hUmo.  Yay.  Ahhamr. 
AM.  Voy.  Drihys. 
AMUa.  Voy.  Aloexylom. 

AMiLirriNATlFS  {agglutifiore,  coller).  On  désignait  jadis  sous  œ  nom 
des  remèdes  auxquels  on  attribuait  la  propriété  de  recoller  les  parties  divisées. 
On  entend  aujourd'hui  par  aggltUinatifs  des  substances  susceptibles  d'adhérrr 
aux  parties  sur  lesquelles  <m  les  applique,  et  particulièrement  destinées  à  main- 
tenir en  contact  les  lèvres  des  plaies. 

Tous  les  emplâtres  proprement  dits  sont  agglutinatifs  ;  ceux  que  l'on  emploie 
f^énéralement  à  la  réunion  des  plaies  sont  :  l'emplâtre  simple  agglutinatif,  composa 
de  6  parties  d'emplâtre  simple  et  de  1  partie  de  poix  blanche  ;  l'emplâtre  aggin- 
tinatif  d'André  de  la  Croix,  contenant  8  parties  de  poix  blanche,  2  de  résine 
l'Iémi,  1  de  térébenthine  pure,  i  d'huile  de  laurier  ;  l'emplâtre  de  diachyloii 
gommé,  fait  avec  48  (larties  d'emplâtre  simple,  3  de  dre  jaune,  5  de  térében- 
thine, a  de  poix  blanche,  i  de  gonune  ammoniaque,  1  de  bdellium,  1  de  galba- 
nuni  et  i  de  sagapenum. 

L'ichtliyocolle,  ou  colle  de  poisson,  préparée  avec  la  vessie  natatoire  de  Testur- 
geou  ;  la  gomme  arabique  ;  le  coUodion,  formé  d'une  solution  éthérée  de  culon- 
poudre,  dans  la  proportion  de  :  coton-poudre  1  partie,  alcool  à  M*"  i  partie,  éther 
à  56*"  16  parties,  ont  été  appliqués  au  même  usage. 

Les  agglutinatifs  sont  employés  sous  la  forme  de  sparadraps^  c'est-à-dire  de 
feuilles  de  papier,  de  pièces  d'étoffes,  de  pelUcules  membraneuses  oomnoe  b 
baudruche,  sur  lesquelles  ils  sont  étendus  en  couche  d'une  épaisseur  convenable 
et  avec  lesquelles  ils  font  corps. 

Le  sparadrap  de  diachylon  gommé  est  le  [plus  usité  des  agglutinatifs  :  il  est 
prépré  en  bandes  de  toile  de  coton,  larges  de  10  à  15  centimètres,  longues  d'un 
mètre  environ,  et  enduites  d'emplâtre  d'un  seul  côté.  II  a  l'inconvénient  de  n'être 
pas  toujours  assez  adhérent,  lorsque  la  tem|)érature  est  basse  ;  de  se  sécher  et  de 
k'éi'ailler,  lorM|u'il  est  préparé  depuis  longtemps  :  aussi  faut-il  souvent  l'échauffer 
sur  un  rét'haud,  au  moment  de  l'appliquer,  et  convient-il  de  faire  varier,  sui%aut 
la  saison,  la  pro|)ortion  de  téri'lienthine  qui  entre  dans  sa  composition,  afin  de  le 
n^iidn*  |>lu<  «Hi  moins  .soiqile.  Le  meilleur  mo\en  de  le  conserver  est  de  le  rouler 


AGGLUTINATIFS.  187 

tv  cylindres  que  Ton  renferme  dans  des  boites  en  fer-blanc^  après  Tavoir  préala- 
Mement  eoveloppé  de  papier  imbibé  d*huile  de  lin.  H  détermine  quelquefois, 
dans  le  Ken  m^e  de  son  contact  avec  la  peau,  une  rougeur  érysipélateuse,  la 
plupart  du  temps  bornée,  mais  qui  peut  être  le  point  de  départ  dun  érysipèle 
Téritable  et  étendu. 

Le  sparadrap  à  l'ichthyocoUe  est  composé  d'un  tissu  de  soie  noire,  rose  ou 
blanche,  sur  Tnn  des  côtés  duquel  la  colle  de  poisson,  dissoute  dans  l'eau  mélangée 
(TalooDl  et  parfumée  avec  le  baume  de  Tolu,  est  étendue  avec  un  pinceau.  Ainsi 
préparé,  il  porte  le  nom  de  taffetas  d'Angleterre,  et  se  débite  en  pièces  carrées 
d'un  dédmètre  de  côté.  Le  calicot  noir  ou  blanc  remplace  trè^-bien  la  soie  :  il  lui 
a  été  substitué  dans  les  hôpitaux  militaires,  où  l'on  se  sert  quelquefois  d'un  spara- 
drap à  l'icfathyocolle,  comiu  sous  le  nom  de  percaline  adhésive^  et  préparé  en 
bandes  oomme  le  sparadrap  de  diachylon.  Cet  agglutinatif  se  conserve  parfaitement, 
qualité  précieuse  poui  les  approvisionnements  des  ambulances  d'armée;  mais 
il  a  besoin  d'être  mouillé  pour  être  appliqué,  et  il  adhère  miqux  lorsqu'il  a  été 
mouillé  avec  de  l'eau  cbaude  qu'avec  de  l'eau  froide  :  il  faut  prendre  garde  de  ne 
pas  le  laisser  plonger  dans  l'eau  trop  longtemps,  afin  de  ne  pas  dissoudre  entière- 
ment la  coudie  de  matière  adhésive.  Il  ne  donne  pas  lieu  comme  le  précédent  à 
l*érysipèle  ;  il  adhère  plus  solidement,  mais  son  adhésion  n'est  pas  aussi  rapide  ; 
il  retient  souvent  au-dessous  de  lui  les  liquides  qui  s'échappent  des  plaies;  il 
dnrdt,  se  recroqueville  sur  les  bords,  devient  incommode  et  rend  les  pansements 
plus  longs  et  plus  douloureux,  lorsqu'il  s'agit  de  l'enlever. 

La  baudruche,  généralement  enduite  d'ichthyocoUe  ou  de  gomme  sur  l'un  et 
l'autre  côté,  afin  qu'elle  ne  se  recroqueville  pas,  est  moins  maniable  que  les 
sparadraps  précédents,  ne  s'emploie  guère  que  pour  réunir  de  très^petites  plaies 
00  pour  mettre  de  légères  écorchures  à  l'abri  du  contact  de  l'air,  et  n'a  d'autre 
avantage  que  sa  transparence,  qui  la  rend  à  peine  visible. 

Depuis  quelque  temps  on  emploie  beaucoup  comme  agglutinatif  une  étoffe  pai*- 
ticulière  nommée  marcdine,  enduite  de  diverses  substances  adhésives,  et  plus  spé- 
dalement  de  baume  du  Commandeur  tenant  en  dissolution  diverses  substances 
résineuses.  On  prépare  de  la  même  manière  des  papiers  adhésifs  eiépispastiques; 
ce  que  Ton  connaît  sous  le  nom  de  papier  (Mimique  n'est  autre  chose  que  du  papier 
enduit  d'une  matière  emplastique,  et  l'on  désigne  sous  le  nom  de  toile  de  mai  du 
calicot  enduit  sur  ses  deux  faces  avec  le  mélange  suivant  :  cire  blanche  8,  huile 
d'obves  4. 

Le  collodion  peut  être  employé  avec  ou  sans  l'intermédiaire  d'un  tissu.  On 
Vétend  en  couche  mince,  à  l'aide  d'un  pinceau  de  poils  de  blaireau  ou  de  charpie, 
sur  les  parties  que  l'on  veut  maintenir  réunies.  Réservé,  en  général,  pour  les 
plaies  superficielles  et  de  peu  d'étendue  siégeant  au  visage,  il  peut  servir,  néan- 
moins, à  la  réunion  de  plaies  considérables,  et  même  de  plaies  résultant  d'ampu- 
tations; à  cet  effet,  on 'imbibe  de  collodion  des  bandelettes  de  linge  que  l'on 
applique  de  la  même  manière  que  les  autres  bandelettes  agglutinatives  et  comme 
nous  le  dirons  tout  à  l'heure.  11  a  l'avantage,  lorsqu'il  est  bien  préparé  et  bien 
appliqué,  de  rester  adhérent  malgré  l'humidité,  la  suppuration,  etc.,  attendu 
qu'il  n'est  dissous  que  par  un  mélange  d'alcool  et  d'éther  :  mais  il  est,  par  cela 
même,  très-difficile  à  enlever.  Son  contact  sur  les  plaies  et  les  muqueuses  est  fort 
douloureux;  il  fiiut,  pour  qu'il  adhère,  que  les  parties  soient  parfaitement  sèches. 
Sa  compontion  même  rend  son  application  difficile  ;  à  peine  est-il  en  contact  avec 
la  peau  que  l'éther  se  vaporise  ;  la  couche  en  rapport  avec  l'atmosphère  se  des- 


188  ÂGGLUTINATIFS. 

sèche  immédiatement  et  forme  un  yernis  au-dessous  duquel  se  déyeloppent  des 
bulles  de  vapeur  d'éther  qui  le  soulèvent  et  le  décollent.  Il  n*a  pas  réalisé  les  espé- 
rances qu'il  avait  fait  concevoir,  et  il  est,  de  tous  les  agglutinatifs,cdui  dont  Tusage 
est  le  plus  restreint.  Toutefois  on  a  obvié  à  la  plupart  des  inconvénients  qu*on 
lui  reproche  en  le  rendant  élastique  par  l'addition  de  5  pour  100  d'huile  de  ricin. 

Tous  les  agglutinatifs  peuvent  être  employés  en  ^siasans^  d'une  longueur, 
d'une  largeur  et  d'une  forme  en  rapport  avec  l'étendue  de  la  plaie  à  réunir,  el 
avec  la  région  que  celle-ci  occupe.  Les  écussons  sont  pleins,  lorsque  la  plaie  est 
petite,  tailladés  en  forme  de  gril  lorsque  la  plaie  est  plus  grande  et  qu'elle  fournit 
des  liquides  qui  peuvent  ainsi  s'échapper,  sans  obliger  à  enlever  ou  à  déranger 
l'agglutinatif. 

Les  agglutinatifs  servaient  autrefois  k  pratiquer  la  suture  sèche.  On  collait,  sur 
chacune  des  lèvres  de  la  solution  de  continuité,  une  bande  plus  ou  moins  laiige  de 
sparadrap  agglutinatif  dont  un  des  bords,  droit  ou  dentelé,  correspondait  h  la 
plaie,  et  on  réunissait  les  bords  opposés,  en  nouant  les  fils  qui  les  garnissaient 
préalablement,  ou  f-ar  une  suture  en  surjet.  Le  peu  d'action  de  cette  suture  l'a 
fait  abandonner. 

Les  sparadraps  agglutinatifs  sont  généralement  employés  sous  la  iorroe  de  faai»* 
delettes  séparées.  On  découpe  le  sparadrap  de  diachylon  ou  la  percaline  adhésive 
en  bandelettes  d'une  largeur  uniforme  dans  toute  leur  étendue,  variant  de  un 
a  deux  centimètres,  et  d'une  longueur  proportionnée  à  l'action  qu'on  veut  en 
obtenir  ou  :\  la  région  sur  laquelle  elles  doivent  être  appliquées  :  on  lait,  eo 
général,  les  bandelettes  beaucoup  trop  courtes,  ce  qui  nuit  à  la  solidité  de  lour 
application. 

Après  avoir  rasé  les  poils  qui  s'opposeraient  i  l'adhésion  exacte  de  la  substance  ag- 
glutinative  et  dont  le  tiraillement,  à  la  levée  de  l'appareil,  provoquerait  des  douleurs; 
après  avoir  convenablement  lavé  et  séché  la  plaie  et  les  parties  voisines,  on  peut 
appliquer  les  bandelettes  de  deux  manières.  Dans  la  première,  une  des  moitiés  de 
la  Imndelette  est  collée  et  maintenue  sur  l'un  des  côtés  de  la  plaie  ;  son  plein  est 
passé  par-dessus  les  bords  rapprochés  de  la  division  ;  enfin,  son  autre  moitié  est 
adaptée  sur  le  côté  opposé  de  la  solution  de  continuité.  La  première  banddette 
doit  être  appliquée  sur  la  partie  moyenne  de  la  plaie  ;  les  autres  le  sont  alterna- 
tivement au-dessus  et  au-dessous  de  la  première,  et  à  une  distança  suffisante  les 
unes  des  autres  pour  qu'elles  ne  laissent  aucun  hiatus  dans  les  bords  de  la  bles- 
sure. La  seconde  manière  de  placer  les  bandelettes  consiste  à  appliquer  sur  la 
région  opposée  à  la  plaie  le  plein  d'une  bandelette  assez  longue  |.our  faire  une 
fois  et  demie  le  tour  du  membre  ou  de  h  région  lésée  :  les  deux  extrémités  de  b 
bandelette  ramenées  vers  la  blessure  en  rapprochent  naturellement  les  bords,  sont 
entrecroisées  au-devant  d'eux,  puis  appliquées  et  maintenues  de  chaque  côté,  (hi 
peut,  dans  ce  cas,  commencer  l'application  des  bandelettes  par  la  partie  moyenne 
de  la  plaie  ou  par  son  angle  le  plus  déclive.  On  obtient,  par  ce  moyen,  une  coa|^- 
tation  plus  exacte  que  par  le  premier  ;  néanmoins,  il  expose,  par  la  constrictioii  cir- 
culaire qu'il  exerce,  à  la  gêne  de  la  circulation  et  au  gonflement. 

La  direction  donnée  aux  bandelettes  doit  être  généralement  perpendiculaire  à 
r^lle  de  la  pbie  ;  cependant  elle  peut  être  oblique  et  variée,  dans  le  cas  où  la  plaie 
est  courbe  ou  irrégulière.  Le  degré  de  constriction  exercé  par  les  bandelettes  ne 
floit  jamais  être  assez  considérable  pour  déterminer  l'étranglement  des  parties,  ou 
b  rompff^ion  des  tissus  sur  des  saillies  osseuses,  compression  qui  peut  amener 
b  ffiroi^itinn  de  petites  eschares  gangreneuses  :  afin  d'éviter  re  dernier  accident, 


AGLAOPHOTIS.  180 

oti  interpose  quelquefois  des  compresses  graduées  entre  les  téguments  et  les  ban- 
delettes, au  Toisinage  et  de  chaque  côté  de  la  plaie. 

Les  bandelettes  aggluiinatives  sont  souvent  laissées  en  place  jusqu'à  ce  qu'elles  se 
détachent  spontanément.  Lorsqu'on  veut  les  enlever,  on  les  décolle  isolément  Tune 
après  l'autre,  ou  toutes  ensemble,  il  est  de  règle,  pour  procéder  à  cette  opération, 
de  soutenir  les  bords  de  la  plaie  avec  le  pouce  et  l'index,  de  commencer  à  décoller 
par  leurs  deux  extrémités,  et  jusqu'au  voisinage  de  la  plaie,  les  bandelettes  que 
l'on  saisit  ensuite  par  les  deux  bouts,  et  qu'on  enlève  perpendiculairement  à  la 
solatkm  de  continuité.  S'il  est  nécessaire  de  mettre  de  nouvelles  bandelettes,  un 
applique  celles-ci  comme  on  a  appliqué  les  premières,  ou  au  fur  et  à  mesure  qu'on 
enlève  les  anciennes. 

La  substance  adhésive  se  détache  quelquefois  du  tissu  et  reste  collée  sur  les 
partie»  :  un  liquide  coloré  en  noir  par  le  sulfure  de  plomb  résultant  de  la  réaction 
de  rhvdrogène  sulfuré  fourni  par  la  plaie  sur  l'emplâtre  diachylon,  recouvre  la 
surlaoe  des  bandelettes,  lorsque  celles-ci  sont  restées  en  place  pendant  un  certain 
temps,  et  la  surface  de  la  plaie  elle-même.  Un  lavage  à  l'eau  tiède  suffit  géné- 
ralement pour  débarrasser  les  parties  de  ces  souillures  ;  de  légères  frictions  avec  de 
l'huile,  de  l'essence  de  térébenthine  ou  de  l'alcool  en  enlèvent  jusqu'aux  dernières 
tnces.  Dans  certaines  circonstances,  par  exemple  chez  les  personnes  qui  fréquen- 
tent les  eaux  sulAu'euses,  on  substitue  les  emplâtres  à  base  de  zinc  à  ceux  qui 
sont  préparés  au  plomb,  pour  empêcher  la  formation  de  ce  sulfure  noir. 

Lesbandelettesagglutinatives,  aidées  de  la  position,  suffisent,  dans  la  plupart 
des  cas,  pour  amener  un  affrontement  exact  des  lèvres  et  des  parois  des  plaies  peu 
profondes.  Quand  les  plaies  intéressent  les  muscles,  qu'elles  siègent  sur  des  parties 
dont  la  mobilité  ou  la  disposition  compromettrait  la  coaptation,  qu'elles  peuvent 
receler  dans  leurs  anfractuosités  des  liquides  dont  l'accumulation  donnerait  lieu 
ï  un  abcès,  elles  doivent'étre  réunies  par  d'autres  moyens  auxquels  les  bandelettes 
serrent  d'adjuvants.  Cependant  les  bandelettes  sont  employées  au  pansement  des 
amputations  ;  si  elles  n'aflrantent  véritablement  que  les  lèvres  des  lambeaux,  elles 
maintiennent  néanmoins  ceux-ci  dans  toute  leur  étendue  et  favorisent  la  bonne 
conformation  des  moignons. 

Les  services  que  peuvent  rendre  les  agglutinatifs  ne  se  bornent  pas  à  la  réunion 
(les  plaies  simples.  Ils  sont  souvent  mis  en  usage  dans  le  pansement  des  plaies 
avec  pertes  de  substances,  des  plaies  contuses,  des  plaies  déchirées  dont  ils 
abrègent  la  durée  de  la  guérison;  dans  celui  des  plaies  articulaires,  des  pîaies 
{«nétrantes  des  cavités  splanchniques,  qu'ils  mettent  à  l'abri  du  contact  ou  de 
l'introduction  de  l'air.  Les  vieux  ulcères,  certaines  plaies  suppurantes  sont  quelque- 
fois traitées  par  des  cuirasses  immobiles  confectionnées  avec  des  bandelettes  agglu- 
iinatives, qui,  dans  ces  cas,  agissent  par  la  compression  exacte  qu'elles  exercent, 
en  même  temps  qu'elles  participent  de  l'action  des  pansements  rares.  Enfin,  les 
handelettes  agglutinatives  sencnt  quelquefois  à  maintenir  des  topiques  ou  dc?s 
pièces  de  pansement  sur  des  régions  qui  ne  se  prêtent  que  difficilement  à  l'appli- 
falion  d'un  bandage.  Dans  ces  derniers  temps,  elles  ont  été  employées,  avec  avan- 
tage, à  relier  les  attelles  de  quelques  appareils  à  fractures,  et  même  h  construire, 
<le  toutes  pièces,  des  ap|iareils  pour  certaines  fractures,  telles  que  les  fractures  de 
Tolécrane  et  de  la  rotule.  Legou  kst  . 

ACaCSUK,  AM2I3KJL.  Voy.  Aloexvi/i.>. 

i.  Voy,  PivoiKE. 


190  AGLOSSË. 

ABMJBMmvrt».    Voy,  Eskimaus. 

AdUMiSE  (â7>e>>79oç,  sans  langue»  et  par  extension»  sans  trompe).  Genre  d'in- 
sectes lépidoptères  noctunies,  fondé  par  Latreille  et  placé  par  Duponchel  pantii  U 
famille  des  Pyralites;  il  est  caractérisé  par  la  trempe  rudimenlaire  ou  à  peine  ^isUile, 
et  par  les  ailes,  formant  avec  le  corps  un  triangle  presque  horiamtal.  On  distingue 
aujourd'hui  deux  espèces  à^Aglosse,  dont  les  chaiilles  Tiveiit  de  sulistanoest  ani- 
males. Je  vais  exposer  leurs  caractères  différentiels  et  leurs  mœurs. 

l*"  L'Aglosse  de  la  graisse,  Aglossa pinguinalis  Linné;  Cramlms  pingmis  Fa- 
bricias,  a  la  tête,  le  corselet  et  les  ailes  supérieures  d'un  gris  foncé  et  bronaé;  lei 
ailes  offrent  des  taches  noirâtres,  nombreuses,  et  disposées  en  bandes  transversales. 
Les  ailes  infcrieiu*es  sont  en  dessus  d'un  brun  noirâtre.  Le  dessous  du  corps^ailcd, 
\entre  et  pattes,  est  d'un  cendré  jaunâtre.  La  femelle  pond  un  petit  monceau 
d  œufs  tassés  les  uns  contre  les  autres,  et  d'où  sortent  des  chenilles  qui  se  Inra* 
vent  dans  les  cuisines  et  les  offices,  où  elles  mangent  la  graisse,  le  beurre  et  d'au- 
tres corps  gras.  A  l'état  adulte,  la  chenille  est  rase,  luisante,  d'un  brun  noiriliv 
avec  une  plaque  écailleuse  sur  le  premier  segment  du  corps  ;  elle  est  longue  d'en- 
viron  vingt-sept  à  trente  millimètres.  La  couleur  est  d'un  bran  noirâtre,  mois  cha- 
que anneau,  sauf  le  premier,  est  partagé  en  deux  parties,  dont  Tantérieure  est  d*un 
brun  plus  clair,  la  postérieure,  au  contraire,  d'un  brun  noir  ;  la  tète^  la  plaque 
écailleuse  précitée  et  la  partie  terminale  du  corps  sont  d'un  brun  roussâtre,  ainsi 
que  les  pattes  ;  celles-<â  au  nombre  de  seize.  Enfin,  le  dessous  du  corps  a  sur  clu- 
cun  des  anneaux,  une  bande  transversale  roussâtre. 

La  chrysalide  est  d'un  rouge  brunâtre,  ou  d'une  teinte  marron  sans  édat. 

Rolander  a  donné  sur  les  chenilles  de  VA,  pinguinalis  les  détails  suivants  : 
elles  se  nourrissent  de  lard,  de  beurre  et  de  viande  sèche  ;  il  les  a  vues  mangeant 
le  beurre  et  le  lard  avec  avidité  ;  il  leur  a  frotté  tout  le  corps  avec  du  lard  et  d«i 
beurre  sans  qu'elles  aient  paru  en  souffrir,  tandis  que  les  chenilles  ordinaire^ 
meurent  dès  qu'on  bouche  leura  stigmates  avec  de  l'huile  ou  une  matière  grasse,  h: 
savant  suédois  lait  observer  que  ces  chenilles  peuvent  cacher  leurs  stigmates  dans  le» 
replis  de  la  peau,  évitant  ainsi  qu'ils  soient  bouchés  par  les  matières  grasses  qui  le^ 
environnent.  J'ajouterai  que  cette  occlusion  des  stigmates  explique  pourquoi  ces 
insectes  ont  pu,  après  avoir  été  renfermés  dans  le  tube  digestif,  être  expulsés  à 
l'état  vivant. 

De  Géer  n'a  traité  ces  chenilles  qu'au  moment  où  elles  grimpaient  contre  les 
murs  des  appartements  et  lorsqu'elles  allaient  se  transformer. 

Linné  a  indiqué  la  présence  de  la  chenille  de  cette  espèce  dans  resUMuac  de 
l'homme.  M.  Hope  a  rapporté  deux  nouveaux  exemples  de  ce  fait,  et  d'autres  ont 
été  signalés  dans  les  recueils  de  médecine. 

2*  L'Aglosse  cuivrée,  Aglossa  cuprediSy  Pyralis  cuprealis  Huboer,  a  été  ol)- 
servée  par  Réaumur  et  souvent  confondue  par  les  auteurs  avec  la  précédente.  Le 
papillon  est  d'une  couleur  rougeâtreet  bronzée,  avec  des  taches  disposées  en  bandes 
transversales  brunes;  le  dessous  du  corps  est  d'un  jaune  pâle  et  bronzé. 

La  chenille,  que  Réaumur  appelle  fausse  teigne  des  cuirs,  est  d'une  couleur 
d'ardoise  foncée,  ou  même  noire,  à  peau  luisante,  avec  quelques  poils  blanc», 
rares  et  très-espucés.  Les  chenilles  observées  par  ce  naturaliste  s'étaieut  étaMies 
sur  quelques  livres  laisséi»  à  la  campagne  pendant  l'hiver  et  en  avaient  ronge  U 
surface  ;  d'autres  avaient  été  trouvées  sur  de  vieux  morceaux  de  cuir.  .Viiiîii  que 
'es  iausses  teignes  de  la  cire,  qui  vivent  dans  les  ruches  d'abeilles,  les  eheniiles  dt- 


AGOME.  191 

TA^kkise  cuivrée  font  un  long  tuyau  qu*ielles  attachent  contre  les  corps  qu'elles 
rongent  journellement;  elles  recouvrent  ce  tuyau  de  grains  qui  ne  sont  autre  chose 
que  leurs  eicréments. 

Rcaumur  a  également  découvert  sous  Técorce  des  ormes,  au  mois  de  janvier,  des 
chenilles  parfaitement  semblables  aux  fausses  teignes  domestiques  qui  mangent  le 
niir.  n  s'est  assuré  que  les  cadavres  d'insectes,  les  chrysalides  de  papillons,  peu- 
vent leur  servir  de  nourriture;  des  insectes  desséchés  et  de  diverses  espèces  donnés 
à  ces  chenilles  leur  ont  convenu,  aussi  bien  que*  le  cuir,  servi  en  même  temps. 

Pour  se  transformer  les  chenilles  filent  un  cocon  de  soie  blanche  qu'elles  re- 
rouTrent  de  leurs  excréments,  sous  forme  de  petits  grains  noirs. 

On  n'a  pas  encore  signalé  la  chenille  de  YAglossa  cuprealis  comme  nuisible  à 
rhomme,  mais  cette  espèce  se  trouvant  dans  les  maisons  comme  VAglossa  pitir 
guinaUSy  pourrait  s'introduire  comme  elle  dans  le  tube  digestif  avec  les  matières 
grasses. 

linné  disait  que  parmi  les  vers,  il  n'y  en  a  pas  de  plus  mauvais  que  ceux  de 
VAgloêsa  jringuinalis.  Il  conseille  de  les  expulser  avec  le  lichen  qu'il  nomme 
curvatilis.  Dans  les  cas,  probablement  très-rares,  où  le  médecin  croirait  ft  la  jiré- 
^ence  de  ces  chenilles  dans  les  voies  alimentaires,  il  devrait  se  hâter  de  les  faire 
rendre  au  dehors  au  moyen  d'un  vomitif.  A.  Laboolbène. 

RiitiDA.  Mémmrei pour  servir  à  Vhiêtoire  des  insectes^  t.  III,  p.  270  et  suiv.,  pi.  20,%.  5. 
à  11. 1737. — RoLixDCB.  In  Mémoires  de  V Académie  de  Suéde.  Année  1755,  p.  51,  tab.  II. — 
Db  GéEB.  In  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  des  insectes,  t.  II,  p.  371,  pi.  6,  ti||r-  0  à  12, 
1781.  —  Bon  (F.  W.).  On  Insecte  and  their  Larvx  occasionaUp  faund  in  Uie  Human  Body. 
In  Trânsgctions  of  the  Entomological  Society  ofLondon,  Vol.  II,  p.  256  et  264.  1840.    A.  L. 

ACaVEAl}  WB  ScnnmB.  Nom  donné,  au  moyen  âge,  à  un  prétendu  animal 
i|u'oD  appelait  encore  Agneau  de  Tartarie^  et  qui,  suivant  plusieurs  voyageurs,  au- 
rait vécu  sous  terre  dans  le  nord  de  l'Asie,  en  Tartane,  en  Chine,  en  Cochinchine. 
Lâs  populations  lui  attribuaient  des  vertus  médicales  singulières.  Kâmpfer  fut  le 
ivemier  qui,  dans  ses  Anwmitates  exotkx,  réduisit  toutes  ces  fables  à  leur  juste 
Mknir.  Il  a  démontré,  dans  le  iasciculelll  de  son  ouvrage,  que  ï Agneau  de  Scgthie 
est  une  Fougère.  Sa  tige,  longue  d'un  pied  environ,  se  dirige  horizontalement  au- 
dessus  du  sol,  et  elle  est  supportée  par  un  petit  nombre  de  racines  qui  simulent 
jsroBsièremeAt  les  pieds  d'un  quadrupède.  Toute  sa  surface  est  chargée  de  poils 
soyeux  jaune  foncé  ou  brun  clair.  D'ailleurs,  les  habitants  taillaient  et  façonnaient 
la  plante  de  manière  à  lui  donner  plus  de  ressemblance  encoi'e  avec  un  agneau.  Les 
rryptogamblesont  donné  à  cette  plante  les  noms  de  Polypodium  Barometz  L.,  et 
àAtpidmfn  Baromeiz  W.  Ses  propriétés  doivent  être  en  réalité  les  mêmes  que 
celles  des  souches  de  diverses  fougères  employées  conune  amères,  astringentes,  an- 
thelmintîques.  De  plus,  les  poils  abondants  qui  couvrent  la  surface  ont  été  utilisés 
cooune  succédanés  de  l'amadou  pour  arrêter  les  hémorrhagies.  II.  Bx. 

AHEVOS-CAflVUll.    Nom  d'une  espèce  du  geiu^e  GATtiLiBB  (voy.  ce  mot). 

4a«MlB(â7wv,oombat).  La  vie  peut  cesser  brusquement,  que  ce  coup  vienne 
«irpreodre  l'homme  au  milieu  d'une  santé  florissante,  ou  bien  que  ce  soit  lé  dé^ 
noihnent  d'une  maladie  plus  ou  moins  grave  et  ancienne.  C'est  la  mort  subite. 

Elle  |ieut  décroître  d'une  manière  uniforme  et  s'anéantir  par  l'afiaiblissement 
poussé  jusqu'à  Textrème  de  toutes  les  foncions  qui  simultanément  cessent  de 


19S  AGOME. 

.s'accomplir.  Ce  genre  de  mort»  terminaison  des  maladies  les  |ilus  diverse», 
a  son  type  dans  ce  que  l'on  appelle  la  mort  naturelle.  *  D  autres  fois,  les  demior^ 
instants  de  la  vie,  tranchent  nettement  sur  ceux  qui  les  ont  précédés,  par  uiu- 
extinction  désharmonique  et  pourtant  encore  graduelle,  des  fonctions  vitales. 

C'est  à  cette  période,  caractérisée  par  un  ensemble  de  i^énomènes  à  peu  \wv> 
identiques,  quelle  que  soit  TalTection  à  laquelle  succombe  le  malade,  que  l'on  a 
doinié  le  nom  A' Agonie. 

L'agonisant  est  couché  sur  le  dos,  la  tète  renversée  eu  arrière,  ou  bien  au  cou- 
tmre,  inclinée  en  avant.  Il  a  cessé  d'étrëen  relation  avec  le  monde  extérieur;  plu» 
de  connaissance,  plus  de  sensations,  plus  de  voix.  Le  corps  est  souvent  dans  la 
résolution,  et  c'est  à  peine  si,  de  temps  en  temps,  on  observe  des  contractions 
fîbrillaires,  des  soubresauts  de  tendons,  et  du  côté  des  membres,  quelques 
mouvements  faibles  et  sans  but  appréciable,  presque  totgours  provoqua  par  la 
sensibilité  réflexe,  la  seule  qui  ne  soit  pas  encore  atteinte.  Les  yeux,  à  demi  clos  ou 
largement  ouverts,  sont  immobiles.  Il  n'y  a  plus  de  clignotement.  Les  oomét>, 
de^édiéeset  ternes,  rappellent  celles  d'un  cadavre.  Les  pupilles,  presque  toujours 
dilatées,  restent  insensibles  à  l'influence  de  la  lumière.  Le  nez  est  effilé  et  froid, 
les  pommettes  saillantes,  les  tempes  creusées  et  arides.  La  bouche,  béante,  sembb* 
faire  un  appel  à  l'air  qui  manque  au  moribond.  La  cavité  buccale  est  desséchée  et  le> 
lèvres,  comme  flétries,  sont  collées  sur  les  arcades  dentaires,  qui  proéminent  déme- 
surément. La  respiration  est  bruyante,  saccadée,  et  l'on  entend  à  distance  deshilc» 
et  quelquefois  un  véritable gai^uillement,  dus  à  l'obstruction  des  voies  bronchique» 
par  d'abondantes  mucosités.  La  température  du  gaz  expulsé  par  l'expiration  sembk* 
s'être  abaissée,  et  chez  les  cholériques,  suivant  Doyère,  la  proportion  de  son  acifkr 
carbonique  tomberait  tiu-dessous  de  la  normale.  —  On  voit,  à  chaque  mouvement 
respiratoire,  le  larynx  s'élever  et  s'abaisser  alternativement,  comme  si  l'air  était 
dégluti,  la  dilatation  du  thorax  étant  insuffisante  à  le  faire  pénétrer  dans  les  pou- 
mons. Le  pouls  est  petit,  en  général  accéléré,  parfois  irradier  et  intermittent.  Si 
l'on  vient  à  ausculter  le  cœur,  on  constate  Taflaiblissement  de  ses  bruits,  et  la  main 
appliquée  sur  la  région  préoordiale,  ne  perçoit  plus  de  choc,  bipeau,  dont  la  t4*in- 
|)érature  habituellement  plus  basse,  est  quelquefois  phis  élevée  que  dans  les  autre» 
|)ériodes  de  la  maladie,  comme  Doyère  l'a  observé  pendant  l'agonie  des  choiériqw-^, 
se  couvi^e  souvent  d'une  sueur  visqueuse. 

Telle  est  la  physionomie  de  l'agonisant  dans  le  plus  grand  nombre  di*s  cas,  r't^t- 
à-dire  toutes  les  Ibis  que  la  mort  est  la  conséquence  d'une  maladie  qui  a  dure  un 
certain  tem|)s;  mais  si  elle  est  survenue  très-rapidement,  comme  chez  qudqur^ 
a|ioplecti(|ucs  il  faudrait  ajouter  plus  d'un  trait,  en  atténuer  et  même  en  effiîrer 
d'autres,  et  en  particulier  tous  ceux  du  faciès  hippocratique,  qui  caractérisi'nt  l'a^f»- 
nie  des  maladies  chroniques. 

I)tms  a*t  aperçu  de  l'agonie,  nous  avons  omis  à  dessein  un  grand  nom- 
bre de  particularités  propres  à  chacune  des  affections  dont  elle-  est  le  lenne. 
comme  incompatibles  avec  une  description  générale.  Ije  tableau  que  nous  %c- 
nons  d'esquisser  ne  reste  |)as  toujours  le  même  tant  que  dure  l'agonie,  et  ce  dernier 
instant  de  l'existence  a  encore  ses  périodes. 

Tantôt  elle  succède  à  du  délire,  tantôt  elle  est  précédée  par  une  ou  plusieui^ 
|tertes  de  connaissance  que  l'on  a  conibndues  avec  elle  et  qui  n'en  sont  que  le 
prélude.  D'ordinaire,  après  avoir  débuté  d'une  manière  insensible,  die  s'accentue 
rapidement.  Toute  trace  de  sensibilité  s'eflace,  ces  mouvements  conTulsifs  dont 
nous  avons  parié,  disparaiss(*nt;  ceux  de  Li  i*espiration  s'aflaiblifvent  et  s'éloîgmtil. 


AtiOMË.  193 

ÏÀHi  nies  tmchéatix  et  laryngés  s  éteignent.  Le  puuls  est  insensible  et  l'oreille  la 
plus  attentive  a  de  la  peine  à  constater  les  derniers  frémissements  du  cœur.  La 
ÙHx  devient  cadavéreuse,  le  souffle  (|ui  s'exliale  par  la  bouche  se  raréfie  de  phis 
m  plus  enfin,  tout  se  termine  par  un  dernier  mouvement  expiratoire,  quelque- 
fois 51  fidble,  que  l'assistant  n'ose  affirme  la  mort.  Dans  d'autres  cas,  la  fin  de 
lagoiiie  est  marquée  par  un  cri,  un  soupir  ou  par  quelques  mouvements  con- 
vukifs,  qui  affectent  surtout  les  yeux  et  la  bouche.  U  esl  assez  difficile  d'indiquer 
(I  une  maiiiei-e  générale  sa  durée;  elle  dépasse  rarement  vingt-quatre  ou  quarante- 
huit  lieures,  et  nous  ne  saurions  admettre  avec  quelques  médecins,  qu'elle  puisse 
durer  |4usieurs  jours  et  même  plusieurs  semaines,  cela,  parce  que  de  véritables 
mnissions  et  même  le  retour  à  la  conuaissance  pendant  un  certain  temps,  se 
manifestent  habituellement  dans  ces  agonies  à  longue  édiéance.  Qui  oserait,  en 
cfTel,  considérer  comme  un  agonisant,  celui  qui  durant  plusieurs  heures,  jouit  de 
M>s  sens' et  de  son  intelligence  et  dont  les  mouvements  s'accomplissent  dans  les 
timiU»  [lei-mises  |iar  l'ulTection  dont  il  est  atteint.  C'est  là  un  malade  dont  la  mort 
prut  être  certaine  et  pix)che,  mais  dont  l'agonie  n'a  \Kis  encore  commence,  la 
continuité  des  [^lénomènes  qui  la  constituent  étant  un  de  ses  caracteit^s. 

L'idée  que  se  font  de  l'agonie  les  auteurs  ilout  nous  combattons  la  manière  de 
ym,  est  beaucoup  trop  compréhensive  et  nous  semble  prêter  à  la  contusion.  Sa 
iiii  est  marquée  par  le  dernier  battement  du  cœur,  mais  son  début,  temps  trës- 
rouri,  dont  nous  concevons  théoriquement  l'existence,  ne  peut,  en  pratique,  être 
déterminé  avec  précision.  Ce  n'est  qu'après  avoir  constaté  l'ensemUe  des  phéno- 
mènes décrits  précédemment,  que  l'observateur  pourra  se  prononcer;  encore, 
devra-t-il  faire  des  réserves,  si  la  maladie  n'a  pas  eu  une  marche  régulièrement 
froissante  et  si  elle  n'a  pas  duré  un  certain  temps,  car  nous  verrons  que  l'agonie 
peut  être  simulée  par  des  états  morbides  compatibles  avec  un  rétablissement  quel* 
iiuefois  assez  prompt.  Telles  sont,  pour  ne  citer  qu'un  exemple,  beaucoup  d'uHec- 
lioiis cérébrales,  surtout  parmi  celles  qui  ont  été  rassemblées  sous  la  dénomina- 
timi  d'apoplexies. 

Y  a-t^il  des  maladies  dont  l'agonie  soit  la  tenninaison  nécessaire?  Une 
ifue^tion  posée  d'une  manière  aussi  absolue,  ne  peut  être  résolue  que  |iar  la 
négative,  car  un  accident  toujours  imminent  pour  le  moribond,  la  syncope,  peut, 
par  $a  fanisque  survenue,  donner  un  démenti  aux  conjectures  les  plus  solidement 
l'Uyées.  Cependant,  on  s'accorde  à  considérer  les  alfections  cérébrales  et  la  plupart 
des  maladies  chroniques,  comme  ayant  pour  terminaison  habituelle,  celle  qui  fait 
le  sujet  de  notre  étude. 

Après  avoir  fait  l'histoire  objective  de  cette  période  ultime  de  la  vie,  essayons 
de  l'étudier  d'une  manière  plus  intime  ;  recherchons  comment  s'y  enchaînent  et 
»'%  subordonnent  les  phénomènes  ;  voyous  s'il  en  est  un  qui ,  primant  tous  les  au- 
tres, puisse  servir  de  base  à  l'édification  une  théorie  de  l'agonie? 

Ce  mot,  coumie  les  termes  grecs  «tûv  et  âycivte  dont  il  est  la  traduction,  signifie 
c^Mnbat,  angoisse.  —  Aussi,  dans  la  plupart  des  définitions  classiques,  l'idée  de 
lutte  est-elle  plus  ou  moins  nettement  exprimée  ;  il  s'agit  toujours  d'un  combat 
suprême,  le  dernier  que  la  mort  livre  à  la  vie.  Cette  manière  de  voir  ne  nous  sem- 
Me  pas  juste.  Tant  que  dure  la  lutte»  on  peut  espérer  que  la  résistance  vitale  l'em- 
inrtera.  Quand  l'agonie  est  commencée,  la  lutte  est  finie,  les  forces  qui  résis- 
taient aux  causes  de  destruction  sont  anéanties,  ])lus  de  i-ecours,  la  vie  vaincue 
Il  t^^t  plus  qu'a|)|)arente,  Ja  mort  triomphe,  elle  existe  vu  puissance  sinon  réelle- 
luent,  et,  si  l'on  veut  nous  pernietUc  une  coni|iaraison  ipii  donne  une  Tonne  plu^ 

MCI.  EAC.   11.  13 


191  AGONlt:. 

plastique  à  noire  peuséi;,  nouss  dirons  :  l'agonie,  ce  n'est  pas  le  vent,  agitant  \io- 
lenunent  la  toitihe  euUanuuée,  c*est  eette  iuuiée  qui  enveloppe  la  torche  incaiiidi*»- 
cente  encore,  mais  dont  la  llaninie  vient  de  s*éteindre. 

Nous  avons  dit  que  l'agonisant  tombait  dans  la  résolution,  qu'il  [Jeitlait  l'usa^* 
de  SCS  sens  et  de  son  intelligence,  mais  que  les  autres  fonctions,  y  compris  cellr^ 
du  cœur  et  du  poumon,  bien  que  notablement  altérées,  s'accomplissaient  encore; 
en  un  mot,  que  la  vie  organique  survivait  à  la  vie  animale;  aussi»  comme  iiou> 
allons  le  démontrer,  est-ce  dans  la  mort  primitive  du  cerveau,  qu'il  lâut  cbeivlici 
la  cause  de  l'agonie.  Le  ty|)e  de  cet  état  nous  est  fourni  par  les  apoplexies  céré- 
brales dites  foudroyantes,  car  certains  épanckemcnls,  tout  en  ne  détenninanl 
jamais  une  mort  instantanée,  tuent  au  bout  de  quelqut's  heures;  et  si  l'on  vmil 
bien  se  rappeler  l'ensemble  symptomatologique  que  l'on  observe  en  ce  cas,  on  verra 
t|ue  la  maladie  toute  entière  est  une  agonie  des  plus  iranclies.  —  Ici  l'embarnis  <*>l 
im]X)ssible,  l'anéantissement  primitif  des  fonctions  cérébrales  peut  être  seul  iiicii- 
miné.  Il  en  est  de  même,  toutes  les  fois  que  la  mort  résulte  d'une  aflcctioii  dn 
ceiTeau  ;  car  si  l'agonie  ne  se  trouve  pas  alors  aussi  nettement  dégagée  de  tonte 
autre  périotle  morbide,  que  dans  le  cas  d  apoplexie  foudroyante,  si  an  oontrain\  elle 
n'est  que  le  ternie  d'une  maladie  plus  ou  moins  longue,  si  ses  phénomènes  camr- 
téristiques,  au  lieu  de  se  produire  d'emblée,  ne  se  manifestent  que  tardivement, 
c'est  encoi'e  dans  le  cerveau  qu'il  faut  chercher  leur  origine.  Que  se  passe4Hl, 
loi-sque  le  cœur  ou  le  poumon  sont  primitivement  frappés?  Si  cela  a  li(*u  d'une 
manière  biiisque  et  radicale,  la  mort  est  instantanée  ;  mais  si  de  Ci'tte  atteinte  il 
résulte  des  maladies  dont  la  terminaison  plus  ou  moins  rapide  est  l'agonie,  celle-t*i 
ne  débute  qu'avec  la  |)erte  de  connaissance  et  l'anéantissenient  des  sensations»  et 
du  mouvement,  c'est-à-dire  avec  l'extinction  des  fonctions  cérébrales.  Cette  remar- 
que est  applicsdile,  quel  que  soit  le  point  de  départ  de  laA'ection  qui  déteimincni  La 
nioii  ;  ainsi,  l'on  est  autorisé  à  admettre  que  dans  toute  maladie  se  tenninsuil  |«r 
un  état  d'agonie,  la  mort  du  cer>'eim  précède  celle  des  autres  organes. 

L'agonie  est  donc  ce  temps  pendant  lequel  le  moribond  survit  à  la  moii  lie  mmi 
cerveau.  Nous  sommes  loin  de  nous  dissimuler  tout  ce  qu'il  y  a  d* imparlait  dan> 
cette  défuiition,  et  son  seul  mérite  est  de  résumor  en  une  formule  concise,  le^ 
considérations  précédentes. 

En  terminant,  nous  croyons  devoir  signaler  les  diiCcultés  que  feront  suiigir  c<*r- 
taines questions  de  diagnostic.  On  sait,  en  eflet,  qu'en  dehors  de  la  période  nnN-- 
bide  où  la  mort  est  imminente,  les  manifestations  cérébrales  peuvent  être  masquées 
à  ce  point,  qu'il  en  résulte  un  état  simulant  l'agonie.  Pourra-t-on,  le  cas  écbé.itil, 
décider  s'il  s'agit  d'une  apparence  ou  de  ki  réalité?  S'il  est  iiermis  d'alfirmer  que 
l'on  a  aflaire  à  une  agonie  véritable  quand  elle  se  manifeste  à  la  fin  d'une  maladie 
chronique,  on  ne  saurait  être  trop  circonspect  dans  le  cas  d'une  apoplexie  cérâM*ah% 
par  exemple.  —  On  siiil,  en  eflet,  qu'au  moment  où  celle-ci  vient  de  se  produire, 
qu'elle  soit  foudropnte  ou  qu'elle  ait  pour  conséquence  une  simple  liémiplêgiis  il 
y  a  presque  toujours  résolution  des  membres,  anéantissement  de  riutelligciice  et  di> 
sensations  avec  persistance  de  la  vieorgamque,  c'est-à-dire  agonie  apiiarente. —  Kt 
l'épileptique^  qui,  après  avoir  subi  le  stade  convulsif  de  son  attaque,  est  plutip«** 
dans  le  stertor,  ne  pourra-t-il  pas  être  |)ris  peur  un  agonisant?  —  C'est  la  diflicullê 
que  nous  signalons,  c'est  l'impossibilité  où  l'on  est  de  prendre  une  décision  immé- 
diate, qui  daiLs  les  cas  douteux,  devra  nous  taire  admettix*  plus  volontiers  l'apiin- 
ronce  que  la  mdité  ;  cela,  |iour  une  raison  pratique  (|u'il  est  aisj  de  couqiniidiv  : 
cor  si  le  véritable  agonisant  ne  peut  être  seoomii  d'une  manièi-c  eflicace,  quvik* 


AGRICOLÂ.  i95 

que  ^it  la  médicalioii  employée,  il  u'cu  sera  pas  de  même  de  celui  qui  est  dans  un 
état  d'agonie  apparente;  et  Tinaction  Ihérapeuttque  qu'entraînerait  la  méprise  que 
iious signalons,  si  elle  n*était  pas  toujours  préjudiciable  au  malade,  porterait  à  coup 
sur  une  fâcheuse  atteinte  à  la  réputation  du  médecin. 

Les  considérations  de  médecine  légale  et  d'hygiène  publique  dont  serait  suscep- 
\Me  l'agonie  trouveront  plus  naturellement  leur  place  à  l'article  Mort  (voy.  ce  mot). 

Parrot. 

%âua.  De  £gro  agonisante,  Diss.  Altdorf;  1675,  in-4.  —  Rostax.  'Art.  Agonie,  In  Dici. 
a'JiPoL  Tom.  I,  p.  628:  1859. 

ACONISTIQUE  (zyovt^uv,  combattre).  Science  des  athlètes ,  qu*il  ne  faut 
pas  confondre  avec  la  gymnastique  proprement  dite  :  celle-ci  faisait  partie  de  Tliy- 
;?iène  publique,  tandis  que  l'agonistique  n'était  enseignée  qu'à  ceux  qui  devaient 
fiffurer  dans  les  jeux  publics. 

ACSKAPE»  Nom  doimé  à  certains  instumcnts  destinés  à  opérer  ou  à  main- 
tenir le  rapprochement  des  lèvres  d'une  plaie,  sans  pénétrer  de  part  en  part  à  tra- 
vers les  tiasus  comme  le  fait  la  suture. 

Les  anciens  Romains  emplopient  jxmr  cela  une  sorte  de  petite  airigne  analogue 
il  celle  dont  se  servent  les  anatomistes.  Cette  agrafe  se  composait  d'une  petite 
plaque  métallique  en  bronase  terminée  à  chaque  extrémité  par  un  ou  deux  crochets. 
On  trouve  au  British  Muséum  de  Londres  de  ces  agrafes  romaines  trouvées  dans 
des  fouilles  au  milieu  d'autres  instniments  de  chirurgie. 

En  1846,  H.  Furnari  a  vu  appliquer  en  Algérie,  fmr  les  indigènes,  un  mode  do 
réunion  par  l'agrafe  très-vraisemblablement  conservé  par  la  tradition  des  pratiques 
des  chirurgiens  arabes.  Cette  agrafe  vivante  n'est  autre  que  le  Scarite  pyracmon, 
insecte  dont  la  tète  est  garnie  de  deux  mandibules  aiguës  qui  restent  serrées  après 
la  mort.  D'après  H.  Fiu*nari,  on  fait  saisir  les  deux  lèvres  de  la  plaie  entre  les 
crochets  de  l'insecte  vivant,  puis  on  sépare  la  tête  du  corps,  laissant  ainsi  en  place 
une  véritable  agrafe. 

Le  mode  de  réunion  des  plaies  par  l'agrafe  métallique  est  tombé  en  désuétude. 
Cependant  on  peut  regarder  comme  de  véritables  agrafes  les  serre-fines  de 
M.  Yidid  dô  Cassis  (voy.  Serre-fikes).  La  griffe  que  M.  Malgaigue  a  imaginé  pour 
faciliter  la  coaptation  des  fragments  dans  les  fractures  de  la  rotule  est  aussi  une. 
véritable  agrafe,  quoiqu'elle  s'applique  à  lu  réunion  des  os.  L.  Lefort. 

ACBieoUà  (éSeoryc).  Né  à  Glauchen,  dans  le  royaume  de  Saxe,  cercle  de 
Mimicy  le  24  mars  1 494  ;  mort  à  Chemnitz,  le  2 1  novembre  1 555, . . .  George  Agricola 
se  recommande  à  la  postérité  par  ses  travaux  en  minéralogie,  et  surtout  en  métal- 
]ui;^ie.  Ce  fut  eu  visitant  les  riches  mines  de  Chemnitz,  et  en  s'entretonant  fami- 
lièrement avec  les  mineurs,  qu'il  acquit  une  grande  connaissance  de  tous  les  pro- 
cédés qui  ont  rapport  aux  métaux.  Ses  découvertes  en  cette  partie  surpassent  celles 
qu'on  avait  faites  avant  lui,  tant  par  le  nombre  et  l'exactitude  des  recherches,  que 
par  la  manière  claire  dont  il  sut  en  rendre  compte.  Telle  était  son  habileté  à  juger 
les  terrains  saxons,  que  plus  d'une  fois  il  assura  les  ducs  que  la  portion  souter- 
raine de  leurs  États  valait  mieux  que  tout  ce  qu'ils  possédaient  a  la  surface  de  la 
terre.  Et  les  travaux  ultérieurs  ont,  jusqu'à  un  certain  point,  justifié  les  prévisioas 
du  savant  investigateur.  On  a  peu  de  détails  sur  la  vie  de  George  Agricola.  On  sait 
i^ulement  qu'après  avoir  lait  ses  études  à  Leipzig,  où  il  apprit  le  grec  et  le  latin, 


111(3  AGKll'ADIE. 

il  |Kiitx)unit  l'Italie,  selon  la  boiuie  habitude  du  lciii|>6,  etileiidit  lu  les  pluscélcba^ 
maîtres  en  littérature  et  en  médecine  ;  alla  pratiquer  à  Joachimsthal,  en  Bohèim:, 
qu'il  quitta  bientôt  pour  sa  patrie,  au  legret  des  nomlireux  amis  et  admirateurs 
qu*ils'y  était  faits.  Voici,  d'après  Abraliam  Merckliu,  la  liste  de  ses  ouvi-ages  : 

De  Natitra  eorum  qtœ  efUnnnt  e  terra  libri  IV.  Imprimé  à  la  page  273  de  l'ouvrage  de 
Vcaet  De  Balneis,  —  lapiz  phUo9ophku$.  Colooisc,  1554.  —  Dere  meiaiiica  libri  duodedm 
quibus  officia,  itutrumenta,  machinXy  ac  omnia  denique  ad  metaUicam  speclatUia...  detcri- 
buntur.  Basil.,  1561,  in-fol.;WiUebcrg:wJ6U,  in-8  ;  Schwinforti,  1007.  in-8;  Basil.,  1621. 
iii-fol.  Ouvrage  pleiiî  d'érudition,  depuis  l'exploitation  des  métaux  dans  les  mines  jusqu  au 
travail  qui  leur  donne  la  dernière  perfection,  et  enrichi  de  planches  représentant  toutes  lr> 
machines  relatives  â  cet  objet.  —  Opu»  de  fomlUfM,  imprimé  avec  l'ouvi-age  de  George  Fa- 
bricius,  De  metalliciê  rebas.  Basil.,  1657,  iu-8. —  De  Meiuuris  et  Ponderibus  Homanûrëm 
atque  Grxcorum  libri  V  ;  De  externu  Memurii  et  Fonder ibus  iibri  U  ;  Ad  ea  quse  André 
Àleiattu  denuo  ditputavU  de  ntentari*  et  ponderibM,  brevis  defetuiû,  Ub.  /;  De  Mensurit 
quitus  intervalla  iiietuuur  Ub,  l  ;  De  restUuendii  pouderibus  atque  tneusuris  Ub,  l  ;  De  hre- 
lio  nwtallorum  et  numetiê  Ub.  III;  Basil.,  1550,  in-fol.  —  Libri  quinque  de  meMuris  et  pou- 
dtribus,  i$i  qmbm  pleraque  a  Bud^o  et  Portio  parum  animadversa  diligenter  exctttiuiUHr. 
l'arts,  1553,  in-8.  —  Bermauuus,  sive  de  re  metallica  Dialogus,  Bêle,  1519,  iii-^.  — 
De  animaniibus  subterraneis.  Wittemberg,  1611,  in-8.  —  De  Peste  libri  très  Ba^il., 
1551,  in-8.  A.  Giiûiiul'. 

A^rlcolA  (Jean-Anainonlaii).     Ce  médecin  était  Allemand  et  professeur  de 

langue  grecque  à  Ingolstadt,  euBavièi'c.  Merckling  assure  qu'il  florissait  en  i49(>. 

Jciiu  Agricola  a  eu  le  grand  mérite  d'avoir  secoué  le  joug  des  Arabes,  et  d'avoir 

coo|)éré  à  la  renaissance  de  la  médecine  grecque.  Il  fait  partie  de  cette  brillante 

pléiade  des  uiédecins  du  commencement  du  quinzième  siècle,  qui  commentèrent 

llip|K)crate,  Galien,  et  renouèrent  enfin  la  cliaine,  depuis  si  longtemps  interrompue, 

des  véritables  études  de  la  nature.  Ses  Scholia  copiosa ,  sur  la  thérapeutique  de 

Galien,  imprimées  en  1554,  in-8,  commencèr^'ut  sa  réputation.  Puis  vinrent  : 

Hippocratis  Coi,  medicin»  et  medicorum  omnium  prindpis,  aphorismorum  .  /  senieutisrum 
medicarum  libri  septem,  etc.  Weissemborn,  1557;  in-é;  In  Galeni  Ubrossex  de  loeis  affecta 
Commentaru.  Norimberg,  1657  et  1658;  in-1.  —  In  Artem  medicinalem  Galeni  CommtutarU. 
1541.  in-8;  Picolai  Alexandrini,  medici  Grxci,  liber  de  Composilione  medicameniorum  secun- 
dum  loca,  translatus.  1511,  in-8;  Medicinx  herbarisB  libri  duo.  1530,  in-8.  Ouvrage  dan» 
lequel  Agricola  décrit  les  plantes  usitées  de  son  temps  en  médecine,  ainsi  que  celles  doui 
font  mention  Dioscoride,  Galien,  Oribase,  Paul  d'Kgine,  Aetius,  Pline,  etc. 

Nous  citons  pour  mémoire  dcui  autres  médecins  du  même  nom  : 

AgricolA  (€}eorffe-André) .  Arcbiàtro  de  la  ville  de  Ratislwnnc  au  commena*. 
ment  du  dix-septième  siècle,  et  qui  sVstûut  piteusement  connnitre  par  sa  prétendue 
découverte  siu*  la  végétation  des  arbres,  découverte  qu'il  ne  voulait  communi<|u«'r 
(|u'à  cent  soixante  personnes,  et  sous  la  garantie  d'un  versement  par  cbacuue  dVlk'> 
de  vingt-cini|  florins. 

.t^rlcolA  (Jeun).  Proles.scur  du  cliirurgie  dans  le  uiéuie  siècle,  à  Namu- 
liourg,  eu  Saxe,  et  auteur  de  plusicui's  ouvrages  sur  celle  science,  dont  ou  trou- 
\era  la  liste  dans  le  Dictionnaiî^e  d'Kloy  et  dans  la  Bibliothèque  de  Manget. 

A.  CuÉREAl'. 

.t4:M€ljXTBUB.s.     Voy,  Rurale  [hygiène,) 

AdKiPAUMR  ou  (Cardiaque.  Noms  vulgaires  du  Leonurtis  Cardiaca,  L., 
plante  de  la  famille  des  i^abiées,  peu  employée  aujourd'hui  en  médecine,  mat^  à 
lat|uelte  les  anciens  avaient  fait  une  grande  léput^dion.  Le  genre  Leonnrwiv^ 
Ircs-voisin  du  genre  Laminm  (voy,  ce  mot)  c»t  se  distiiigut*  par  sou  calice  à  riiHj 
dents  é|Hucuses,  sa  corolle  à  lèvre  supérieutx'  légèrement  concave  et  ^cs  fruih  oti 


AGRIPPA.  107 

akènes  prismatiques,  n  anp:K>s  aigiis,  «^  sommet  tion(|ii6  et  charge  de  poils.  Le 
L  Cardiaca,  que  Lamark  a  encore  appelé  CaHiaca  trilobatay  est  une  plante 
lierbacée,  vivace,  atteignant  la  hauteur  d'un  mètre  et  plus,  et  qu'on  trouve  dans 
presque  toute  l'Europe,  le  long  des  haies,  dans  les  décombres,  les  lieux  incultes. 
Sa  tige  est  un  peu  ramifiée  et  porte  des  feuilles  profondement  découpées,  palma- 
tipartites  à  la  hase  de  la  plante,  partagées  moins  profondément  et  seulement  en 
(iea\  ou  trois  languettes  au  sommet  de  la  tige.  Les  fleurs  sont  réunies  en  glomé- 
iules  serrés  dont  la  réunion  forme  de  longs  épis  terminaux  et  feuilles.  Leur  corolle 
osl  rosée  ou  d*un  rouge  clair  lavé  de  blanc.  Si  Ton  examine  l'intérieur  du  tube  de 
cette  corolle,  on  voit  cju'il  porte  sous  le  milieu  de  sa  hauteur  un  anneau  oblique  de 
poils  assez  longs.  C'est  ire  caractère  et  celui  que  présentent  les  feuilles,  rarement 
découpées  de  la  sorte  chez  les  Labiées,  qui  a  porté  l^amark  à  faire  de  l'Agripaume 
lin  genre  qui  n'a  guère  été  adopté.  Toutes  les  parties  de  la  plante  sont  légèrement 
.iromati(|ues.  Les  anciens  l'appelaient  encore  par  corruption  Cordielle  ou  Gii- 
paume^  suivant  Fuchs  (Hist,  PL,  ch.CL),  qui  nous  apprend  que  son  nom  lYAgria 
falma  lui  Went  de  la  forme  palmée  de  ses  feuilles.  II.  Bk. 

LriHi,  Spec  .  817.   -  Umk,  Fi.  />.,  Il,  383.  —  Greh.  et  Godr.,  FI.  ft.,  Il,  683. 

Phabiucologie.  Ou  employait  autrefois  les  feuilles  et  les  fleurs  de  l'Agri- 
paume ;  on  en  faisait  des  infusions,  à  la  dose  de  25  à  50  gitimmes  pour  un  litre 
d'eau.  D'après  Lepechin,  cette  tisane  jouit  en  Russie  d'une  grande  réputation  conire 
la  rage  :  le  nom  de  Cardiaque  ou  Cardiaire,  lui  vient  de  ce  qu'elle  était  employt'e 
autrefois  pour  guérir  la  cardialgie  des  enfants.  Elle  ébit  considérée  comme  anti- 
spasmodique, sudorifique,  emménagogue.  Boerhaave,  Pejrilhe,  GiUbert,  etc.,  en 
faisaient  le  plus  grand  cas;  elle  est  à  peu  près  inusitée  maintenant.         0.  R. 

A«UPPA  DE  NETTESHEim  (Henri-Corneille  0  1  CorneUas).  Parmi 
les  hommes  illustres  qui  appartiennent  a  la  grande  famille  médicale,  on  en  compte 
tin  grand  nombre  qui  n'ont  pas  trouvé  le  champ  de  la  médecine  proprement  dite 
assr^  vaste  pour  leur  génie,  et  qui  se  sont  lancés  dans  des  voies  parfois  tout  à  fait 
étrangères  à  cet(e  science.  Il  y  a  eu  dans  ce  noble  troupeau  de  disciples  d'Esculapc 
des  jurisconsultes  habiles,  des  théologiens  de  première  force,  des  numismates  très- 
arcrédités,  des  poètes  heureusement  inspirés,  de  savants  géomètres,  de  profonds 
nstronomes,  de  charmants  musiciens,  des  historiens  rccomman(!ables,  des  diplo- 
mates expérimentés.  Que  sais-je  encore?  Il  n'est  peut-être  pas  de  branches  des 
ronnaissanees  humaines  que  des  médecins  n'aient  abordées  avec  succès,  et  où  plu- 
Mi\  r.>  ont  laissé  des  noms  impérissables.  C'est  qu'en  cJfit  la  médecine  touche  à 
presque  tout  ce  qui  est  du  ressort  de  rintelUirence,  et  que  son  étude,  loin  d'arrêter 
riiomme  dans  son  cercle  déjà  si  vaste,  le  pousse  comme  malgré  lui  en  dehoi"s  de  ce 
c<*nlp,  t't,  le  faisant  glisser  par  les  tangentes,  le  pousse  vers  d'autres  régions. 

Cornélius  Agrippa  est  un  exemple  frappant  de  la  vérité  de  celte  observation  : 
lonrà  tour  soldat,  docteur  en  droit,  «loeteuren  médecine,  théologien,  polyglotte, 
:i\(Ki\i  syndic,  historiograi>lie,  philosophe ,  quelque  peu  entiché  d'aidûmie  et  de 
inagio,  cet  homme  singulier,  revêtant  toutes  esj)èces  de  formes,  et  insaisissable 
dans  son  ensemble,  ne  doit  pas  moins  être  mis  au  nombre  d(»s  génies  les  plus  re- 
nMiquables  qui  ont  illustré  le  seizième  siècle.  Il  fut  docteur  en  médecine,  médecin 
même  pendant  quelque  temps  d'une  grande  princesse;  il  a  écrit  sur  celte  science  ; 
it  re  tittT  il  nous  appai  tient  et  mérite  une  bonne  place  dans  ce  Dictionnaire. 

If  n'est  pas  facile  de  suivre  Agrippa  dans  sa  vie  si  agitée,  si  accidentée  et  si  chan- 


198  AGRIPPA. 

gcanle.  Vous  le  voyez  atijoimriuii  à  Ddie,  dans  le  comté  de  Bourgogne,  ensi*igiiaiil 
la  théologie  ;  demain  il  sera  à  Lyon,  pratiquant  la  médecine;  quelque  temps  aprè^, 
il  faudra  le  suivre  :\  Londres,  à  Fribourg,  à  Pavie,  etc.  On  dirait  que  le  génie  de 
cet  lionmie,  à  Tinstar  de  celui  d*Érasme,  avait  besoin,  pour  se  développer,  de  chan- 
ger sans  cesse  de  résidence,  de  vivre  dans  des  atmosphères  différentes. 

Né  à  Cologne,  le  i4  septembre  i486,  issu  de  la  noble  et  ancieime  famille  d^ 
Nettosbe^m,  dont  les  membres  avaient  rempli  des  charges  importantes  auprès  des 
princes  de  la  maison  d'Autriche,  Cornélius  devint  d*abord  secrétaire  de  Tempemir 
Maximilien  I*'.  Mais,  un  beau  jour,  le  cliquetis  des  armes,  les  fureurs  des  batailles 
frappent  sa  brûlante  imagination,  et  le  voilà  servant  sept  ans  sous  ce  prince  daivi 
Tarmée  d'Itilie,  et  s*y  faisant  assez  remarquer  pour  être  armé  chevalier.  La  mé- 
decine et  le  droit  lui  semblent  bientôt  préférables  au  mousquet  :  aussitôt  il  étudie 
et  reçoit  les  grades  de  docteur  dans  ces  deux  sciences  si  ardues  et  si  dilférentes. 
Nous  le  trouvons  voyageant  en  France  en  4507,  en  Espagne  en  1508.  Un  an  plus 
tard,  le  parlement  de  Dôle,  en  Franche-Comté,  ne  craignait  pas  d*aller  entendre 
Agrippa,  qui,  à  Tiige  de  25  ans,  tenait  dans  cette  ville  la  chaire  de  professeur  de 
lettres  saintes^hno  des  leçons  publiques  sur  le  fameux  livre  cabalistique  de  Reucln 
lin,  intitulé  :  De  Verbo  mirifico,  qui  avait  été  imprimé  en  1494.  Hai^eritc 
d'Autriche,  celle-là  même  «  queut  devx  maris  et  si  morut  pticelle^  »  prend  k' 
savant  sous  sa  protection  et  le  nomme  historiographe  de  son  frère.  Elle  en  est  ré- 
compensée par  la  composition  du  Traité  de  ^excellence  des  femmes^  qu  elle  sem- 
ble avoir  inspiré. 

En  1518,  Agrippa  était  à  Metz,  remplissant  b^  fonctions  d'avocat  syndic  et  d'on- 
teur  de  la  ville.  En  1520,  il  reposait  sa  tête  dans  la  ville  de  Cologne.  En  1521,  il 
iiuit,  pour  le  trouver,  courir  à  Genève,  où  il  pratique  la  médecine,  après  avoir  aban- 
donné cet  art  pendant  plus  de  dix-sept  ans.  Il  en  fait  autant  à  Fribourg  en  1525, 
el  il  quitte  cette  ville  en  1524,  pour  celle  de  Lyon,  où,  grâce  à  la  protection  de 
S\mphorien  de  Bullioud,  évêque  de  Glandève,  il  a  la  chance  de  recevoir  uiie  pen- 
sion du  roi  François  I*',  et  d'être  nommé  médecin  de  Louise  de  Savoie.  Il  ne  resLi 
pas  longtemps,  comme  bien  on  pense,  dans  cette  charge,  et  il  s'arrauge:i  si  bitii 
(|u'au  bout  d'un  an  il  était  rayé  de  l'état  de  maison  de  cette  princesse.  On  n*a  ja- 
mais su  au  juste  les  raisons  d'une  disgrâce  aussi  bnitide.  On  l'a  attribuée,  s  il 
parce  que  l'arrhiàlre  n'avait  |)as  voulu  chercher  |)ar  les  règles  de  l'astrologie  le  cours 
que  devaient  prendre  les  affaires  de  France,  soit  parce  que  dans  son  livre  sur  l'astro- 
logie, il  promettait  de  nouveaux  triomphes  au  connétable  de  Bourbon.  Quoi qu  île» 
soit,  Cornélius,  de  ee  jour,  quitte  la  France  et  se  rend  à  Anvers  (année  1528),  piii$ 
à  Bruxelles,  où  s'ouvrent  pour  lui  les  portes  des  prisons,  qu'il  n'habita  du  reste  que 
quelques  mois,  et  d'où  il  sortit  pour  aller  demeurer  à  Cologne,  à  Bonn,  àL)xm.  thn> 
cette  dernière  ville,  un  lil)elle  qu'il  avait  écrit  contre  Louise  de&ivoie  le  fit  de  nou- 
veau incai'cérer.  11  panûnt  ceitendant  à  se  tirer  de  là,  et  choisit  Grenoble  pour  sa 
résidence.  Ce  ne  fut  ps  pour  longtenips,  car  il  mounil  en  1555,  à  l'âge  de  49  ans. 
On  n  a  ps  de  peine  à  croire  que  Cornélius  Agrippa,  avec  son  caractère,  son  in- 
constance, S}  hardiesse  à  touchei  à  toutes  les  matières  les  plus  délicates,  son  esprit 
emporté,  satirique,  déclamatoire,  paradoxal,  scepti(|ue,  se  soit  attiré  un  grand 
iiomhn^  d'ennemis.  Il  y  a  dans  Paul  Jove,  Del  Rio,  Thévet  et  d'autres  historiens  de 
véritables  calomnies  sur  cet  homme  illustre,  qu'on  ne  craint  pas  d'ap[)elcr  magi- 
cien^  et  auquel  on  fait  jouer  nu  rôle  des  plus  ridicules  avec  un  certain  cltien  noir. 
Mais  lab«on»  ceb  pour  ne  voir  dans  le  fameux  écrivain  qu'un  homme  obsédé  pr 
de  grands  débuts,  mais  nourrissant  aussi  de  belles  qualités,  ami  de  Trithème, 


AGUEDA.  109 

frusme,  Méhnchthon,  Jaoqiies  Lefèvre  d'Étampes,  et  digne  de  ces  grands  éloges 
dont  on  Ta  encen.se  :  Trimégiste  de  son  temps  ;  PortetUosum  ingenium  ;  lumen 
suisxeuli;  venerandus  domintis;  miracidum  liUeratomm^  etc. 

Nous  ne  donnerons  pas  la  liste  de  tous  les  ouvrages  assez  nombreux  qui  sont 
tombés  de  la  plume  féconde  et  acérée  de  cet  écrivain,  et  qui  ont  été  imprimés  à 
Lyon  en  i600,  3  vol.  in-8,  après  avoir  vu  le  jour  séparément.  On  connaît  assez 
onjoH  petit  ouvrage  Denobilitate  et  p*xcellentia  fxminei  sexus,  ejusdemque 
livpra  virilem  eminentiay  traduit  par  Amaudin  en  1713.  Pour  ne  nous  attacher 
(lu'aux  dissertations  médicales  de  Cornélius  Agrippa,  elles  font  partie  de  son  mé- 
n)ofaUe  ouvrage  :  De  Incertitudine  et  vanitate  oninium  scientiarum  et  Artium^ 
imprimé  tint  de  fois,  et  traduit  dans  presque  toutes  les  langues.  Dans  ce  li^TC,  où 
Tniiieur  entreprend  de  prouver  ce  paradoxe,  à  savoir  :  u  Qu'il  n*y  a  rien  de  plus 
(lemicieux  ui  de  plus  dangereux  pour  la  vie  des  hommes  et  pour  le  salut  de  leur 
âme  que  les  snences  et  les  arts,  »  il  n*y  a  pas  moins  de  cent  deux  chapitres,  dont 
$rpt  sont  exclusivement  consacrés  à  l'art  de  guérir.  En  voici  les  titres  :  Chap.  lxxxii. 
Médecine  en  général  ;  chap.  Lxxxni,  Médecine  opérative  ;  chap.  lxxxiv,  Pharma- 
rio;  chap.  Lxxxv,  Chirurgie;  chap.  lxxwi,  Anatomie;  chap.  lxxxvii,  Art  vété- 
rinaire; chap.  Lxxxviii,  Diététique. — Hercklin,  et  d'autres  auteurs  après  lui,  citent 
(li*s  éditions  pour  chacun  de  ces  chapitres,  qui  feraient  alors  les  sujets  de  traités 
larticuliers  ;  mais  nous  croyons  ([ue  ce  ne  sont  que  des  titres  de  chapitres  de  l'ou- 
vrage De  rincertitude  des  sciences. 

Un  traité  :  Antidata  contra  pesteniy  dédié  à  Théodoric  de  Corena,  administra- 
teur de  l'archevêque  de  Cologne,  se  trouve  encore  dans  l'édition  des  œuvres  corn- 
[  l^les  d'Agrippa,  imprimée  chez  les  frères  Beringos,  à  Lyon,  en  45o5,  in-8. 

Ravie,  qui  consacre  un  bien  important  article  à  Cornélius  Agrippa,  le  venge  ha- 
litlenient  des  contes  stupides  et  des  calomnies  qu  on  a  débités  sur  lui  lorsqu'on  le 
représente  comme  un  magicien,  possesseur  de  la  pierre  philosophale,  familier  avec 
I«*s  dénions,  et  n'ayant  qu'à  frapper  la  terre  du  pied  pour  en  faire  sortir  des  trésors  : 
•*  La  misère  d'Agrippa,  et  la  peur  où  il  parait  tant  de  fois  dans  ses  lettres  de  n'a- 
voir pas  de  quoi  manger,  réfutent  pleinement  ces  histoires  de  Paul  Jove,  de  Thével 
el  de  Martin  del  Rio.  Quand  on  a  un  moyen  si  court  de  payer  ses  créanciers,  on  ne 
(toit  pas  être  en  peine  de  quoi  vivre  :  c'est  la  pistole  volante.  S'il  a  été  magicien, 
il  est  une  forte  preuve  de  l'impuissance  de  la  magie,  air  jamais  homme  n'a  échoué 
pins  de  fois  que  lui,  ni  ne  s'est  vu  plus  souvent  que  lui  dans  la  crainte  de  manquer 
i\e  pain.  »  A.  Chbrkau. 

A«BeraoK.  Y(y.  Chikkoekt. 

AiiBOSTEMHE  {Açrostemma  L.).  Une  seule  espèce  végétale  rappoiiée  à  ce 
^ifire  par  Linné,  intéresse  les  médecins.  C'est  VA.  GithagOf  vulgairement  appelée 
Sielle  des  blés,  Nielle  bâtarde,  Coqtielourde  des  blés.  Desfontaines  a  le  premier 
|»roposé  de  faire  de  cette  plante  un  genre  distinct  sous  le  nom  de  Githago  (voy.  ce 
mol).  Ce  genre  peut  être  adopté,  car  il  est  fondé,  entre  autres  caractères,  sur  la 
^iliuttion  des  styles  qui  alternent  avec  les  divisions  du  calice,  tandis  que,  dans  les 
^mi^Agrostemma,  ils  leur  sont  superposés.  D'ailleurs  les  Agrostemma  eux-mêmes 
i^  sont  pas  séparables  des  Lychnis  (voy.  ce  mot) .  II.  Bn. 

âWAre.  Voy.  ï4Éiiut»HAR. 

A6IJB»A  (En«z  nrfaéffwlM  de  SANTA).  Protothefmole  OU  athermale,  stUfa- 


ioo  (r.iiRnA. 


têe  cakiqne  mi  firrtigvietise  faible^  imlfurenxe  H  oarboniquf  moyenne.  S;iiiLi 
A^ied.1,  en  Espagne,  dans  la  province  de  Gnipuzooa  (chemin  de  Ter  de  Rayonne, 
Villareal  et  Vergara)  est  entourée  de  montagnes  stériles.  l«a  saison  rommeiice  \v 
i"*' juin  et  finit  le  30  septembre.  — Santa  Agneda  a  deux  sources,  une  xulfnrettAe 
et  Tautre  ferrugineuse. 

\^  Source  sulfureuse.  Elle  émerge  au  milieu  du  lit  de  TÂramayona  ;  trois  ou 
ipiatre  griflbns  constituent  cette  source  ;  deux  seulement  sont  captés  et  enchambrés; 
l'un  alimente  la  buvette,  Tautre  les  baignoires  et  les  douches.  la  buvette  est  daii> 
le  jardin  ;  son  eau  sort  d'un  rocher  artificiel  sur  lequel  se  distingue  aisément  du 
soufre  cristallisé  sur  tous  les  points  mouillés  par  l'eau.  Cette  eau  est  claire,  linn 
pide,  transparente,  d'une  odeur  assez  fortement  hépatique  ;  et  cependant  elle  u  a 
pas  une  saveur  désagréable  ;  elle  rougit  les  préparations  de  tournesol  ;  sa  tempé- 
rature est  de  iS^yi  centigrade,  celle  de  l'air  étant  19°,8  centigrade. 

L'analyse  chimique  de  Teau  de  la  source  sulfureuse  de  Santa  Âgueda  a  été  faite 
en  1856  par  Pedro  Sanchez,  qui  a  trouvé  dans  i  000  grammes  : 

Sttlfate  de  chaux 0,4210 

—  magnésie 0,il90 

—  «mde 0,SnO 

Carbonate  de  rhaui 0,33H0 

—  magnésie 0,0050 

Chlorure  de  magnésium O.liTiO 

—  sodium O.S00O 

Pcrlr 0,0Q5U 

Total  dca  MATiiRRs  mr.fi 1,8410 

MooBi  onaii 

^        I  Acide  larbooique 3,21 

j     —     Milfb^drique 033 

Total  drs  «ai 4,14 

3**  Source  ferrugineuse.  Elle  est  sur  le  bord  du  chemin  de  Vergara;  son  eau 
est  quelquefois  employée  en  lioi&son,  mais  dans  des  cas  très-restruints.  Cette  soun^ 
n'a  point  de  captage  proprement  dit  et  son  analyse  quantitative  n'a  point  encore 
été  faite.  On  sait  seulement  que  le  carbonate  de  fer  est  son  élément  minéralisa- 
teur  principal. 

L*établbsemenl  des  bains  de  Santa  Âgueda  se  compose  de  quatone  cabinets  non 
précédés  de  vestiaires,  et  de  deux  ajutages  de  douches  dans  deui  cabinets  de  bains. 
liCS  baignoires  sont  trop  étroites  et  trop  peu  profondes,  elles  contiennent  trop  peu 
d'eau  et  sont  très-inoommodes.  Ijcur  forme  intérieure,  et  surtout  leur  fond  bombi*, 
principalement  au  point  qui  correspond  des  lombes  k  la  tète,  empochent  de  s*} 
étendre  à  l'aise  ;  aussi  les  malades  en  sortent-ils  courbaturés  lorsqu'ib  y  sont  reslt^ 
pendant  une  heure.  Les  robinets  de  fer  et  les  conduits  de  plomb,  employés  à  Sants 
Agueda,  devraient  être  remplacés  par  des  tuyaux  et  des  robinets  non  métaltîqiH«s», 
de  |)orcebine  ou  mieux  de  cristal,  comme  veh  dexrait  toujours  avoir  lieu  dans  It-s 
stations  alimentées  par  des  eaux  sulfui'euses. 

Mode  d*admi?iistration  et  doses.  L'eau  de  la  source  sulfureuse  de  Santa  AgneiLi 
s'emploie  en  boisson,  en  bains  et  en  douches.  On  doit  s'en  servir  à  l'intérieur  avtH 
réserve  et  p  ir  (x^lites  doses.  On  commence  piu*  ini  quart  de  verre  et  on  ne  dépii&^c 
|Kis  habituellement  trois  ou  quatre  verres  de  125  grammes  chacun,  qui  sont  pri<  le 
matin  à  jeun  et  a  une  demi-heure  d'intervalle.  La  durée  des  bains  varie  d'une 
demi-heure  à  une  heure.  Les  douches  sont  incomplètes,  et  il  est  important  que  leur 
installation  laisse  moins  à  désirer,  si  Ton  veut  oittenir  de  ce  moyen  tous  les  avan- 
ta^cf  qu'on  a  le  droit  d'en  attendre. 


Al.  2«! 

l/oaii  de  la  sonrre  ferrugineuse  est  presprile  le  matin  à  jenn,  a  h  dose  de  denx  à 
ipialrp  verres,  mais  on  en  fait  surtout  usage  au\  repas,  en  la  mêlant  au  vin. 

Emploi  THéRAPEDiiQUE.  I^es  eau\  de  la  source  sulfureuse  de  SanLn  Â^neda 
foiit  très-utilement  prescrites,  soit  intérieurement,  soit  extérieurement,  contre  les 
pharyngites,  les  dyspepsies,  lesgastro-entéralgies,  les  laryngites,  les  trachéites,  les 
Itrondiites,  les  affections  rhumatismales,  les  maladies  utérines  (pii  sont  liées  à  une 
(liatlièse  herpétique.  Cette  eau  est  active,  surtout  dans  les  dermatoses  sèches  ou 
humides,  pourvu  qu'elles  ne  soient  pas  à  Tétat  aigu.  Elle  rend  aussi  des  ser>'ices, 
comme  toutes  les  eaux  sulfurées  et  sulfui*euses,  à  tous  ceux  qui  éprouvent  ou  qui 
ont  éprouvé  des  accidents  syphilitiques.  S'ils  sont  primitifs,  les  malades  supportent 
mieux  le  traitement  hvdrargyrique,  et  ils  ne  doivent  pas  craindre  la  salivation  ; 
^*ib  ont  une  syphilide  larvée,  la  cure  hydro-minérale  détermine  une  éruption  ca- 
ractéristique se  montrant  sur  les  membranes  muqueuses  accessibles  à  la  vue,  et 
même  sur  la  peau  le  plus  souvent.  Le  médecin  est  prévenu  alors  de  la  médication 
f^fique  qui  doit  être  employée  pour  déraciner  la  maladie. 

La  composition  élémentaire  de  l'eau  de  Santa  Âgueda  rappelle  beaucoup  celle  de 
Teau  de  Pierrefonds;  mais  elle  n'a  point,  comme  cette  deniière,  la  prétention  d'être 
ntile  dans  la  phthtsie  pulmonaire,  et  le  docteur  Guerra,  qui  dirige  le  traite- 
ment de  Santa  Àgueda  depuis  plus  de  trente  ans,  assure  qu'il  n'a  jamais  vu  ses 
eaai  donner  diez  les  poitrinaires  des  résultats  encourageants. 

1^  eaux  de  la  source  femigineuse  n'ont  point  encore  une  réputation  étendue, 
œqui  explique  l'espèce  d'oubli  où  on  les  a  laissées  jusqu'à  ce  jour.  Elles  agissent 
pourtant  aussi  efficacement  que  beaucoup  d'eaux  chalybées  plus  célèbres  dans 
l'anémie  et  dans  la  chlorose  des  deux  sexes,  dans  celles  surtout  des  jeunes  filles  ar- 
rivées à  l'époque  de  leur  première  menstruation. 

Ihtrée  de  In  cure,  de  15  à  20  jours. 

On  exporte  peu  les  e:uix  de  Santa  Agueda.  A.  Roture  ad. 

BnuouàPBiE  :  Gakibat.  Hiêiariade  EspaHê.  1531.  —  Smo!i  y  Bedota.  Tratadoê  lie  fuentex 
MKuslet,  y  dtceUmnario  geografko  de  la  Academia  ée  la  Historia.  —  Prddo  Sakchki,  Ana- 
iftitéi  lëê  ëffUësmineraUê  de  Santa  Agueda,  Orense,  183tt. 

ACI.'EBO  (Bmrtholoaico ,  ■idali^o  de).  Célèbre  chirurgien  espagnol,  né 
Ters  1531  ;  il  exerça  avec  un  grand  éclata  Séville,  où  il  mourut  le  5  janvier  1587. 
Il  s*était  fait  une  telle  réputation  dans  le  traitement  des  plaies,  que  ses  crédides  com- 
potnotes  attribuèrent  ses  succès  à  une  influence  suriv^turelle  ;  si  bien  que,  long- 
temps encore  après  sa  mort,  les  habitants  de  Séville  n'auraient  osé  marcher  au 
itimbat  snns  avoir  invoqué  Dieu  et  leur  grand  chirurgien.  Le  fait  est  qu'on  lui  doit 
(l'avoir  rontribué  h  la  réhabilitation  de  la  réunion  immédiate.  Aguoro  avait  publié 
l^usieurs  opiisc*ules  que  son  neveu,  Fr.  Xim.  Guillen,  fit  iisiraître  sons  le  titre  Mii- 
^ant  :  Tesoro  de  la  verdadera  cinigia  y  via  particular  contra  la  comune  opinion. 
Séville,  lf»04,  in-fol.  Ce  reaieil  contient,  outre  les  opuscules  cités,  un  tnité  [m)s'- 
linme  intitulé  :  Antidotarium  générale.  E.  Br.n. 

ABOi'Ai.  Nom  sous  Ic4|uel  on  désigne,  dans  certaines  régions  de  l'Aniériqne, 
plusieurs  plantes  employées  en  médecine  et  appartenant  aux  genres  Cerberti  cl 
Thevetia^voxj.  ce^  mois).  H.  Rn. 

AUMN.  Voy.  Aaron. 

AÎ.  Voy.  BooasFs  synovules  des  tendons. 


209  AIGREMOINE 

AlCLAimnNE.  Nom  vulgaire  de  rAHCOLiB  {voy.  ce  moi). 

AltUMAN  (Fpwiçoili).  Né  à  Orléans  vers  i644;  reçu  docteur  à  la  bcullé  de 
Padouc.  Vint  à  Paris,  où  il  eut  le  titre  de  médecin  du  roi,  du  prince  de  Coodé,  etc. 
Aignan,  dans  sa  jeunesse,  avait  été  capucin,  et,  de  plus,  il  avait  travaillé  au  Lou^rf , 
vers  1678,  en  qualité  de  chimiste.  Il  ne  faut  donc  pas  s'étonner  du  singulier  mé- 
lange de  discussions  théologiques  et  d'idées  chémiatritiues  sur  les  ferments,  U*« 
acides  et  les  alcalis,  que  Ton  rencontre  dans  ses  ouvrages.  Sa  mort  eut  lieu  en  17(^. 
On  a  de  lui  : 

Vaucienne  médecine  à  la  mode,  eu  le  sentiment  uniforme  d' Hippocraie  et  de  Gaiien  sur  let 
acides  et  les  alcalis.  Paris,  1G93,  îii-12.  —  Jje  Prestre  médecin ^  oh  Discours  physique  sme 
l'établissement  de  la  médecine  avec  un  discours  du  café  et  du  thé  de  France.  Paris,  i79ft. 
in-12  'Aignan  appelait  café  de  France  le  seigle  ou  l'orge  ton^cHés,  et  thé,  la  mélisse  .  — 
Traité  de  la  goutte  dans  son  état  naturel,  ou  Vart  de  connoistre,  et<*.  Paris,  1707.  in-12. 

E.  BcB. 

AIOREnoilVE  {Agrimùfiia  T.).  Genre  de  piaules  dicotylédones,  de  la  famille 
des  Rosacées,  dont  les  fleurs  sont  régulières  et  hermaphrodites.  Leur  réceptacle  :i 
la  forme  d'une  poche  à  parois  épaisses  chargées  extérieurement  d'aiguillons  pln< 
ou  moins  saillants.  La  concavité  de  cette  poche  loge  les  ovaires,  tandis  que  sur  k*s 
Imrds  s'insèrent  le  périanthe  et  l'androcée.  Le  calice  est  à  cinq  sépales  yalmistK 
dans  le  bouton.  Les  pétales  sont  alternes,  libres  et  imbriqués  dans  la  préfloreison. 
Les  ('tamines  sont  en  nombre  indéfini,  mais  en  général  peu  oonsidéralile,  groupét-s 
en  phalanges  au-dessus  des  sépales.  Leurs  filets  sont  libres,  infléchis  dans  le  bou- 
ton, insérés,  comme  on  dit,  épigyniquement,  cl  leurs  anthères,  hiloculaires, 
introrses,  s'ouvrent  par  deux  fentes  longitudinales.  Les  cai-pcUes  sont  ordiiiaifi'- 
ment  en  |)etit  nombre,  deux  ou  trois.  Chacun  d'eux  se  compose  d'uu  ovaire  uni* 
loculaire,  libre  de  toute  adhérence  avec  les  ovaires  voisins,  et  atténué  supérii*inne- 
nienl  en  un  style  dont  la  tête  renflée  se  recouvre  de  papilles  sligmatiques.  Daa^ 
l'angle  interne  de  l'ovaire  est  un  seul  ovule  suspendu,  à  micropyle  dirigé  en 
haut  et  en  dehors.  A  la  maturité,  chaque  ovaire,  ou  un  seul  d'entre  eux,  devient 
un  akène  renfermant  une  grosse  graine  :\  embryon  charnu,  dépouivu  d'albumen. 
Quant  au  récepbcle,  il  persiste  autour  du  véritable  fruit,  qu'il  enveloppe  tout  en- 
tier, et  les  aiguillons  qui  couvraient  sa  surface  deviennent  plus  épais  et  |i|*w 
ix)ides. 

Les  Âigremoines  sont  des  plantes  herliacées,  vivaces,  qui  croissent  dans  les  région^^ 
tempérées  de  l'hémisphère  boréal.  L 'urs  feuilles  sont  alternes,  imparipeiuiét>>, 
accompagnées  de  deux  stipules  latérales  pétiolaires.  Les  fleurs  sont  groupées  en 
grapiies  terminales,  et  leurs  pédicel les  courts  sont  accompagnés  de  bractéoles  Lité- 
rales. 

On  a  employé  en  médecine  l'Aigremoiue  rampante  {Agrimoniarepens  L.  — .4. 
orientalisî.),  et  surtout  TA.  Eupaloire  ou  vulgaire  (A,  Eupatorialj.)^  pbnle 
commune  de  nos  forêts,  haies  et  buissons,  à  liges  atteignant  un  demi-mètre  de  haut, 
a  feuilles  pubcscentes,  partagées  en  segments  ovales,  oblongs,  dentés,  auxquels  sont 
entremêlés  de  plus  petits  lobes  entieis  ou  incinl's.  Les  fleurs  ont  des  pétales  jaune». 
Oi-dinairement  la  plante  est  peu  odorante.  Hais,  dans  une  variété  que  l'on  a  appelé*» 
procei'a,  odorata  et  umbrosay  toutes  les  pai  lies  de  la  plante,  et  roèmelaflav,  ont 
une  odeur  aromatique  qui  rappelle  assez  celle  de  la  fraise  mûre.  H.  Br« 

TouRHEToiiT,  Jnstit.,  i55.  —  L.,  Gen.,  647;  Spee.,  643.  —  D.  C,  Prodrom.,  lî,  587.  —  £*»•., 
Cen.,  n.  63n«.  ^  Tnrmiia,  FI,  Par.,  2SÎ.  —  Gacir.  cl  Gooa.,  FI.  fir,,  I,  50t.       H.  B». 


AIGUË   (maladie).  205 

Phaubacologie.  Ce  sont  les  feuilles  et  les  sommités  fleuries  de  VA,  Eupa- 
toria  que  Ton  emploie  eu  médecine.  D'après  Pline,  son  nom  vient  d'Eupator, 
rui  de  Poiit  (libr.  XXV,  cap.  vi).  On  la  récolte  au  moment  de  la  floraison,  on  i'at- 
Lichc  en  petits  paquets  que  Ton  dispose  en  guirlandes,  et  on  les  fait  sécher  au  soleil 
Ml  .tu  grenier.  C'est  un  astringent  populaire  ;  elle  est  employée  en  infusion  à  la  dose 
(le  50  â  60  grammes  pour  500  grammes  d*eau  ;  elle  seil  à  préparer  les  gargarismes 
détersifs,  dont  on  fait  usage  au  début  des  angines  simples,  des  amygdalites,  etc. 
Wodel  et  Alibert  ont  conseillé  son  infusion  contre  Thématurie,  la  gonorrhéc  i*t  In 
itiicorrhéc.  Pal  las  Ta  vue  employer  contre  les  vers  des  bestiaux,  et  Tragus  a  vanté 
si  décoction  vineuse  contre  les  foulures,  les  contusions.  Enfin,  d'après  Huzard, 
b  même  décoction  est  usitée  on  médecine  vétérinaire  pour  détergor  les  ulcères 
<iiiieux. 

l..es  Indiens,  et  surtout  les  Gmadiens,  selon  Coxe,  se  servent  de  l'infusion  des 
liicincs  de  cette  plante  contre  les  fièvres  inflammatoires. 

L'Aigremoine  est  peu  employée  de  nos  jours  ;  elle  est  généralement  remplacée 
par  k-s  feuilles  de  Pioncc,  qui  jouissent  des  mêmes  propriétés  astringentes  ;  elle 
entre  dans  le  Catholicon,  VOnguent  mondificatif  dache,  VEau  vulnérairej  etc. 

C'cslà  toi  t  que  l'on  a  confondu  1*^.  arientalis  de  Tournefort  (A.  repenSy  L.),  avec 
it'  Brayera  antlielmintica  Kuntli,  qui  produit  le  Kousso  ou  Cotisso. 

PusE,  lib.  XXV,  cap.  ti.  — •  Pallas.  Voyage,  I,  313.  —  Com.  Amer  âitpentt,  p.  28.  —  If/- 
mêire^  ëe  f  Académie  de  médecine,  t.  1,  p.  470.  0.  Rbvkii.. 

AICKBVKS.  Voy.  Pyrosis. 

AICUE  (Maladie).  On  appelle  aiguës,  par  opposition  aux  chroniques  {voy. 
ce  mot),  les  maladies  qui,  à  une  certaine  intensité  des  symptômes,  joignent  une 
évolution  rapide  et  une  prompte  terminaison.  Aucun  de  ces  caractères  n'étant 
susceptible  d'une  détermination  rigoureuse,  il  en  résulte,  dans  l'appréciation  de 
\' acuité,  un  vague  inéritable  auquel  on  a  vainement  essayé  de  remédier  par  des 
délimitations  arbitraires  et  purement  scolastiques.  Telle  est,  par  exemple,  la  divi- 
sion des  maladies  aiguës  :  en  aiguës  proprement  dites,  dont  la  durée  est  do 
quatorze  jours;  ~  en  subaigvês,  qui  se  prolongent  pendant  vingt  et  un  à  qua- 
rante jours;  —  en  suraigués,  qui  ne  di passent  pas  le  quatrième  jour,  etc.  Dans 
une  direction  diflérente,  mais  avec  aussi  peu  de  succès,  on  a  tenté  de  fairq  ren- 
trer la  notion  toute  clinique  et  approximative  de  l'acuité  dans  d'autres  plus 
MÎentifiques  ;  c'est  ainsi  qu'en  généralisant  un  ou  plusieurs  caractères  (par 
exemple  :  l'état  fébrile,  le  défaut  d'une  cause  diathésir(ue,  la  contagion,  etc.)  qui 
«  montrent  habituellement  dans  les  maladies  aiguës,  on  en  est  venu  à  donner 
res  caractères  comme  attributs  nécessaires  de  ces  maladies.  Ct^  qui  ôte  toute  valeur 
à  des  définitions  artificielles,  c'est  que  s'il  est  des  maladies  essi*ntiellement  aiguës, 
tomme  la  variole,  et  des  maladies  toujours  chroniques,  comme  le  psoriasis,  il  en 
f^i  un  bien  plus  grand  nombre  qui,  suivant  les  cas,  peuvent  affecter  une  allure 
rapide  ou  lente,  ou,  pour  nous  servir  du  langage  de  l'école,  levètir  une  forme 
tantôt  aiguë  et  tantôt  chioniquc;  d'autres,  après  une  période  initiale  d*ucuïté, 
passent  ensuite  h  l'éLit  chronique;  dans  d'autres  encore,  des  exaspérations  aiguës 
apparaissent  par  intervalles  sur  un  fond  continu  de  clu-onicité.  Ce  sont  là  autant 
de  particularités  dont  l'étude  trouvera  naturellement  sa  place  &  l'article  Maladie. 

Le  mot  aigu  s'applique,  en  séméiologie,  aux  douleurs,  pongilive.^  ou  autres, 
rcmanittablot par  leur  violence.  A.  Ax. 


20i  AIGUILLES. 

AicirEPRBittE  (Eiinx  minérale*  4*)*  Sources  aihetmaleH^  hicmbomUcs 
calciques  et  femiçinemea  faibles,  caH)oniques  faihlea.  Aigiieperse,  dans  le  dé|Mr- 
toment  du  Puy-de-Dôme,  a  une  source  incrustante  d*un  Iràs-rniblc  débit,  qui  «moi;:, 
au  milieu  d'un  marais,  à  Test  du  coteau  de  Li  Bo:^sc,  au-dessus  d'un  chemin  qui 
conduit  à  Bens.  Son  canal  d'écoulement  est  creusé  au-dessous  d'un  massif  de  U^- 
vertins  d'origine  récente,  tindis  que  le  sommet  de  l'élévation  est  constitué  par  dts 
couches  tertiaires. 

Il  s'est  fiiit  aussi  <Ies  inflltrations  d'eiiu  minérale  dans  certains  puits  du  faukjuiL' 
de  Gaimat  d'Âiguepersc,  qui  ont  communiqué  à  leui^  eau  luie  saveur  légèrement 
bitumineuse  (H.  Lccoq).  —  Les  suintements  et  les  sources d'Âiguepersc  ont  dépc^' 
depuis  des  temps  trcs-éloignés  les  couches  de  calcaire  qui  ftTment  l'étage  supérietii 
des  collines  du  chiUeau  de  la  Roche,  des  carrières  de  Chaptusat  et  de  la  RocIh- 
Yerjat  (Nivet).  Enfin,  deux  griffons  d'eau  minérale  bicarlionatéc  calcique  et  fer- 
rugineuse se  trouvent  au  voisinage  de  Saint-Mayard  et  sur  un  plan  un  peu  su)h" 
rieur  à  ce  domaine  (docteur  Panchaud). 

Les  eaux  d'Aigueperse  ne  sont  ni  captées,  ni  employées  :  on  n'en  connaît  point 
la  composition  chimique  exacte. 

Lkooq  il;.  Observations  inr  la  source  incrustante  de  Saint" Alyre.  Clermont-FerraDd.  llCui. 
~  Paxciadd.  Monographie  sur  les  eaux  minérales  d'Aigueperse,  —  Nket.  Dietiomudre  det 
eaux  minérales  du  département  du  Puy-de-Dôme.  Clormont-Ferrand,  18 W.    K.  Rorvnr^r. 

AraVEH-TIAtlDEN  (JRuwk  inliiénilefi  4'),  AqiiX  Calidse.  Ces  sources,  {«ii 
im|X)rtantes,  émerirent  dans  le  département  du  Puy-de-D^^tme,  sur  la  roule  qui  con- 
duit de  Clermont-Ferrand  à  Lyon  par  Roanne.  11  existe  en  effet  un  diemin  bini 
conservé,  connu  sous  le  nom  de  Voie  romaine^  qui  part  d'Aiguepei'se,  traverse  Eflial, 
la  forél  de  Rnndan,  et  s'aiTÔle  à  Vichv. 

Quelques  auteurs  ont  soutenu  que  les  sources  d'Aigues-Chaudes  et  de  Chaudi^- 
Aiguës  étaient  les  mêmes;  Douville  et  le  professeur  Nivet  ont  fait  justice  de  oMo 
assertion,  en  faisant  remarquer  que  sur  la  carte  de  Petengcr  les  Aqux  CalOat^wi 
sur  une  route  qui  se  dirige  vei*s  le  nord-est  de  Clermont-Ferrand  (c'est  bien  d^n^ 
cette  direction  que  se  trouve  Vichy),  tuidis  que  le  mont  Dore  et  Chaudes-Aiini»'- 
sont  au  sud  ou  au  sud-ouest. 

Les  sources  d'Aigues-Chaudes  ne  sont  point  captées  et  ne  servent  à  aucim  us;tL( 
thérapeutique  :  leurs  eaux  n'ont  point  été  analysées.  A.  RoTURF\r. 

DfiiTviixe.  fiolice  sur  V ancienne  Gaule.  1760.  —  ^IVET.  fioles  numuscriles. 

AIQUIIXEM  (de  actis).  Instruments  consistant  eu  une  tige  ou  une  lame  nx- 
talliqnes  de  formes  ti^s- variées,  et  servant  à  pi*atiquer  un  grand  nombre  d'ofW'i. t- 
lionschiiiir^ûcales.  Suivant  l'usage  auquel  elles  sont  destinées,  les  ai<?uilles  sur 
faites  en  or,  en  argent,  en  platin  '  ou  en  acier.  Vnv  de  leurs  extrémités  piVNi*nii' 
toujours  une  pointe  plus  ou  moins  aiguë;  l'autie  se  lenuine  de  différentes  nu- 
nieres  :  elle  est  arrondie,  échancrée,  |)en*ée  d'une  ouverture  nommé  ceil  ou  rki^. 
ou  (IxéesiM*  un  manche.  liOur  tige  est  drnih»,  courbi*,  cylindrique,  cimii|ue,  à  nu- 
HeuirMit  ou  épaulement,  pleine,  crcuso,  cannelée,  plate  ou  triangulain^ 

Nous  énumérerons  rapidement  et  par  ordre  alphabétique  les  nombreux  ill^llu- 
ments  auxquels  on  a  donné,  psir  extension,  le  nom  d'aiguiUes,  nous  boruaul  .i 
indiquer  leur  usage,  et  renvowiut,  pour  plus  de  détails,  aux  articles  qui  tniit«'nl 
des  opérations  nécessitant  leur  emploi. 

I^^s  aiguilles  h  acupresiiure  sniii  destinées  A  arrêter,  prir  compression,  fcM<iiii> 


AIGUILLES  Wo 

Ju  Toug  dams  kn»  vaisseaux.  Ce  sont  des  tiges  cylindriques  eu  acier,  de  longueurs 
\ariaMes,  minces,  présentant  une  assez  grande  élasticité,  terminées,  d*un  coté,  par 
vm  extrémité  arrondie  et  de  1  auti*e,  |  ar  une  poinle  très-acérée. 

Les  aiguilles  à  acupuncture  sont  des  tiges  en  acier,  longues  de  5  à  6  centimètres, 
milices  et  cylindriques,  dont  une  extrémité  se  termine  par  une  pointe  très-acérée 
et  l'autre  par  un  petit  manche  de  métal  taillé  à  pans.  Celles  qui  servent  i\  Téleetro- 
[luncture  portent  un  petit  anneau  à  l'extrémité  du  manche  ;  celles  qui  sont  employées 
fKNir  h  galvano-puncture  sont,  en  outre,  enduites  d'un  vernis  à  l'esprit  dans  toute 
k'ur  longueur,  excepté  la  pointe  et  lanneau,  ou  d'un  veniis  à  lu  gomme  laque 
déposé  sur  une  paitie  seulement  de  la  tige. 

Ces  aiguilles  sont  introduites  méthodiquement  dans  les  tissus  vivants  ^  une  pru- 
ii«(leui' déterminée  et  en  plus  ou  moins  grand  nombie,  dans  un  but  curatit'ou 
«lit^iiostiquc.  (Voy.  Acupumcture,  Élbctho-punctube,  Galvano-puncture.) 

Les  aiguilles  h  bec-àe-lièvre  sont  employées  pour  pratiquer  la  suture  entortillée 
(bib  l'f^ration  du  bec-de-lièvre.  Devant  l'ester  un  certain  temiis  dans  les  tissus, 
•llfs ont  été  faites  en  or,  en  argent,  en  platine,  avec  une  |K)inlc  eu  acier  aplatie 
<ii  fer  de  lance  et  une  tête  arrondie.  \j\  pointe  de  ces  instruments  a  été  it3iulue 
uioliile  afin  de  pouvoir  être  détachée  de  la  tige  après  leur  introduction  dans  lesT 
[uiiics.  La  plu|)art  des  chirurgiens  ont  abandonné  ces  aiguilles  spéciales,  comme 
iK avaient  abandonné  les  aiguilles  d'A.  Paré,  de  J.  L.  Petit,  de  Lan-ey,  et  ils  se 
mènent  habituellement  de  longues  épingles  de  cuivre  étamé  ou  d'épingles  oitli- 
iiaifes  dont  la  poinle  est  parlhi'ement  aiguisée.  Dans  l'opération  du  bec-dc-lièvre 
n»niplii)ué,  on  peut  rapprocher  les  ailes  du  nez,  eu  traversant  la  base  de  cet  organe 
net-  une  aiguille  construite  par  Charrière  d'après  les  indications  de  ThieiTy.  La 
IMiile  de  cet  instrument  est  mobile  ;  la  tête  (orme  un  bourrelet  métidli({ue  muni 
♦l'un  ap|jendice  qui  s'adapte  à  une  sorte  de  clef  de  montre  ;  la  tige  porte  un  pas  de 
<\>  sur  lei|uel  un  second  bourrelet,  analogue  au  premier,  est  engagé  loi-sque  l'ai- 
iTjilk*  est  en  place.  Le  rapprochement  plus  ou  moins  grand  des  bourrelets  relève 
'♦'  nez  et  le  rend  plus  ou  moins  saillant.  (Voj/.  Bec-de-lièvre.) 

Les  aiguilles  à  cataracte  sont  en  acier  et  servent  à  opérer  la  cataracte  par  dé- 
l'^-ssioii,  abaissement,  broiement  du  cristallin,  ou  par  discision  de  la  capsule  cris- 
'allinc;  elles  servent  encore  à  la  paracenthèse  du  globe  oculaire. 

Toutes  les  aiguilles  à  cataracte  sont  supportées  par  un  manche  fixe,  taillé  à 
|«ns  et  présentant  un  point  de  repère  indiquant  la  direction  de  la  pointe  de  l'in- 
-Iniment-  La  lige  et  la  pointe  de  a?s  aiguilles  ont  des  formes  variées  et  ont  été  mo- 
•lifiées  par  un  gi'and  nombre  de  chirurgiens.  La  tige,  tantôt  cylindrique,  tantôt 
tHiirpie,  tantôt  à  épaulement  ou  temps  d'arrêt,  a  un  diamètre  calculé  de  fiiçon  qu'elle 
<>i«turp  complètement  la  piqûre  faite  par  sa  jointe  aux  membranes  de  l'œil;  sa 
••flUiueur  varie  entre  vingt-sept  et  quarante  millimèlrcs.  La  pointe,  longue  de  trois 
'  quatre  millimètres,  c^t  droite  ou  plus  ou  moins  courbe ,  simplement  aplalic  ou 
'[•ialie  en  fer  de  lance  rhomboïdal,  prismati(|ue  et  triangulaire,  à  bords  latéraux 
iranchants,  à  arête  médiane  plus  ou  moins  vive,  à  extrémité  plus  ou  moins  acérée, 
»*<t»nnée  en  pince,  en  crochet,  etc.  (Von.  Cataracte.) 

Les  aiguilles  à  contre-ouverture  sont  des  tiges  en  acier,  minces  et  de  longueui-s 

•Jriées;  leur  pointe  est  aiguè  et  tninchante  des  deux  côtés;  leur  tilon  est  jiercé 

«i'un  rhas  assez  large  pour  recevoir  une  mèche  ou  une  bandelette  de  linj-e  elïilé. 

ilit-^  sont  renft'rmécs  dans  un  gahie  d'argent  plus  conit-  que  la  lanir  cl  servant  à 

"ouvrir  la  |)ointe  de  l'instHUncnt  pendant  que  celui-ci  chemine  dans  les  parliez. 

*'^.  COSTRC-OU  VERTU  RE.) 


306  AIGIILLËS 

L'ai{;uillc  exploratrice  e^l  dtôtiiiée  à  pi^tiquer  les  ponctions  eiplonilnoeb.  Llli 
se  compose  d*uue  lige  eu  acier,  mince,  longue  de  six  à  sept  millimètres,  tenuiihi* 
d*un  côté  pur  une  pointe  très-aiguë,  aiTondie  de  l'autre,  c*t  creusée  dans  tout**  m 
longueur  d  une  rainure  profonde  par  laquelle  peuvent  s'écliappcr  les  liquid<-»  un- 
termes  dans  les  parties  ponctionnées.  (Voy,  Ponctions  exploratrices.) 

Les  aiguilles  à  ftsixile  sont  en  argent  recuit;  la  pointe  est  mousse  et  le  bUi 
percé  d'uu  chas  assez  large  pour  recevoir  une  mèche  ;  la  tige,  longue  de  vingt  mil- 
iimèlrcs,  est  cannelée  jusqu*«^  la  pointe,  atin  de  pouvoir  conduire  un  bistouri  dbiib 
les  (nijets  fistulcux  et  li^  inciser,  si  cela  est  néci^ssaire.  (Voy.  Fistule.) 

Les  aiguilles  a  inoculation  sont  montées,  les  unes  sur  une  chà!>se,  les  autro  ^ui 
un  manche  fixe  dans  lequel  elles  peuvent  rentrer,  ou  qui  se  visse  sur  un  étui  pro- 
lecteur.  Les  premières  sont  des  lames  d'acier,  minces,  étroites  et  terminéi'b  {mr 
une  pointe  acérée  en  fer  de  lance,  portant  sur  une  de  ses  iaces  une  rainuie  \ïïi>- 
fonde  destinée  à  recevoir  la  matière  à  inocider  ;  les  secondes  sont  des  tiges  c)!iii- 
driques  déliées,  creusées  d'une  rainure  jus(|u'à  la  pointe,  qui  se  termine  eu  »'i'l' 
filant.  (Voy.  Ikocolation,  Vaccikatiok.) 

Les  aiguilles  à  ligature  servent  à  porter  des  ligatures  au-dessous  de  vaisM^uv 

•|irofoiidémcnt  situés  ou  qu'il  y  aurait  inconvéni(>nt  à  soulever  sur  b  sonde canadiV; 

d'autres  aiguilles  à  ligature  servent  à  passer  des  fils  à  travei^  la  base  de  tuniciii^ 

volumineuses  que  l'on  veut  enlever  par  des  ligatures  multiples.  Elles  sont  en  aiiir 

Les  aiguilles  employées  pour  h  ligature  des  vaisseaux  sont  toutes  montées  mii 
un  manche  fixe;  leur  tige,  assez  épaisse  et  arrondie,  est  droite  dans  l'étendue  de 
six  il  sept  centimètres  ;  elle  se  recourbe  ensuite  en  demi-cercle  d'un  centinièlie  de 
rayon,  soit  dans  l'axe  même  de  l'instrument  (aiguille  d'A>  Cooper),  soit  perpemli- 
culairement  à  cet  axe  (aiguille  de  Descliamps);  la  poiiion  recourbée  est  l^remcnt 
aplatie  et  se  termine  en  s'élargissant  par  un  bout  mousse,  arrondi  et  percé  d'un 
œil  ovale  pour  recevoir  le  fil  à  ligature.  L'aiguille  de  Dcschamps  est  dite  aijtuilk* 
de  dioitc  ou  aiguiUe  de  gauche,  suivant  que  sa  portion  courbe  forme  un  oNidcfi 
droite  ou  à  gauche  de  la  tige. 

Les  aiguilles  destinées  à  porter  des  fils  à  travera  la  base  ou  le  pédicule  épi»  d«^ 
tumeurs  sont  montées  sur  un  manche  en  hois,  ou  se  terminent  d'un  coté  piroii 
manche  en  acier,  quadrillé,  aplati  et  faisant  corps  avec  la  Uge.  La  pointe  de  a> 
aiguilles  (*sl  droite  ou  légèrement  courbe,  aplatie  en  fer  de  kuice,  tranchante  d«^ 
deux  côtés,  percée  d'un  chas  ou  encocliée  sur  l'un  de  ses  bords,  pour  recevoir  k'Ii) 
Li  tige  est  droite,  solide,  un  peu  aplatie,  pleine  ou  percée  dans  le  milieu  de  s3  k»* 
gueur  d'un  s(HX)ud  chas  à  travers  lequel  on  fait  p;isser  perpendiculairement,  lonque 
l'instrument  est  déjà  en  place,  une  seconde  aiguille  enfilée.  Il  i-ésulte  de  cette  di-r* 
nièrc  disposition  que  la  base  ou  le  pédicule  des  tumeurs  sont  travei^  pur  d<'' 
lils  perpendiculaiivment  disposés  sur  le  même  plan  et  peuvent  être  éireiub  |uf 
des  ligatures  multiples.  (Voy.  Ligatures.) 

Les  aiguilles  à  résection  sont  destinées  l\  iaire  passer  la  scie  à  chaîne  en  ai  rien* 
des  08  ou  des  portions  d'os  que  l'on  veut  réséquer,  avec  l 'intermédiaire  d'un  fil  de 
soie  très-solide. 

Ce  sont  des  verges  en  acier  |icu  trempé,  recourbées  en  demi-cerde  de  quatn-  à 
cinq  centimètres  de  rayon,  aplaties  dims  le  sens  de  leur  courbure,  large»  vers  km 
milieu  de  cinq  millimètres  environ,  terminées  d'un  côté  pur  une  pointe  effilée  e< 
médiocrement  aiguë,  portant  de  l'autre  un  chas  assez  large,  en  arrièn*  dik)nH 
riustiiiment  est  évidé  pour  loger  le  fd.  Mathieu  a  construit,  sur  les  iiidicatioii» dr 
Cliassvgiiac,  des  aiguilles  à  réiiection  fixées  sur  un  manche  en  boiii  et  dont  b  |ioiuU, 


AIGUILLES.  207 

|4(b  mousse  que  celle  des  aiguilles  préoédeiites,  est  percée  d'un  clias  bi'isé  ;  ce 
Il  est  qu  après  avoir  contourné  les  os  que  ces  aiguilles  sont  garnies  du  fil  qu'elles 
amènent,  en  se  retirant,  dans  la  voie  quelles  ont  ftayêe.  (Voy,  Résections.) 

L'aiguille  à  séUm  est  une  lame  d'acier  longue  de  dix  centimètres  et  large  de 
dix  a  douce  millimètres.  Terminée  en  pointe  peu  eililéc,  tranchante  sur  les  deux 
burds  et  un  peu  plus  large  dans  ses  deux  tiei-s  antérieurs,  elle  est  mousse  et  un  peu 
jîliis  étroite  dans  son  tiers  postérieur,  et  porte,  au  talon,  un  chas  transvci-sal  et 
quadrilatère  pour  recevoir  la  mèche  de  linge  ou  de  coton  qu'elle  entrahie  après 
elle.  (Yoy,  SéTOii.)  D'autres  aiguilles,  plus  petites,  sont  destinées  à  poser  les  sétons 
Hlifonnes. 

Les  aiguilles  à  suture  sont  très-nombreuses  ;  elles  sont  employées  à  passer  des 
lib  de  chanvre,  de  soie  ou  de  métal  dans  les  bords  des  solutions  de  continuité  uc- 
lidentellcs  ou  chirurgicales  des  parties  molles  que  l'on  veut  réunir  par  une  suture. 
(1&  instruments  sont  droits,  courbes,  pleins,  tubulés  ou  cannelés,  et  se  composent 
d'une  tige  ou  d'une  lame  d'acier  cylindrique,  conique  ou  aplatie.  L'aiguille  à  coudre 
ordinaire  sert  quelquefois  à  faire  certaines  sutures. 

Les  aiguilles  c/ururjftcales  communes  sont  des  instruments  simples  faits  d'une 
[letite  tige  ou  d'une  mince  lame  d'acier.  Toutes  ont  le  talon  percé  d'un  chas  destiné 
ï  recevoir  le  fil,  et  placé  dans  le  centre  d'un  évidement  longitudinal  de  la  tige 
destiné  a  diminuer  le  volume  de  la  partie  postérieure  de  rinstrument,  sans  l'af- 
isiUir.  Les  aiguilles  droites  ont  une  tige  cylindrique  plus  ou  moins  longue  termi- 
née dans  son  quart  antérieur  par  une  pointe  aplatie,  non  tranchante  sur  les  bords, 
dont  la  laideur  est  en  rapport  avec  le  diamètre  de  l'instiiiment,  et  terminée  par 
Dueeitrémilé  très-acérée.  Le  chas  des  aiguilles  droites  est  disposé  parallèlement  à 
is  portion  aplatie  qui  supporte  la  pointe.  Les  aiguilles  demi-courbes  ne  sont  recour* 
bées  que  légèrement  et  dans  la  partie  eoiTcs|X)ndante  à  la  pointe  dont  la  face  con- 
cave pi-ésentc  quelquefois  une  arête  médiane  de  renforcement.  Le  ckis  des  aiguilles 
daui-courbes  est  percé  indifféremment  dans  un  plan  perpendiculaire  ou  piirallèle  à 
celui  que  représente  l'aplatissement  de  la  pointe.  Les  aiguilles  courbes  ne  sont  ha- 
bituellement recourbées  que  dans  leurs  trois  quarts  antérieurs  ;  quelques-unes  sont 
régulièrement  recourbées  dans  toute  leur  longueur.  La  courbure  des  aiguilles  est 
friable;  elle  représente  ce|)endant  à  peu  près  la  moitié  d'un  cercle  dont  le  rayon 
est  (dus  ou  moins  grand,  suivant  la  dimension  de  l'instrument  et  selon  la  région 
sur  laquelle  il  doit  agir. 

Le  chas  des  aiguilles  courbes,  leur  tige  et  leur  pointe,  sauf  la  courbure,  sont  en 
^t  semblables  à  la  tige,  à  la  pointe  et  au  chas  des  aiguilles  droites. 

Toutes  ces  aiguilles  sont  généralement  portées  directement  sur  les  parties  avec 
ks doigts;  quelquefois  cependant,  pour  agir  dans  des  cavités,  elles  sont  montées 
sur  un  manche  fiie,  d'autres  fois  sur  un  manche  mobile  en  forme  d'étau  appelé 
porie^iguiDe,  ou  encore  fixées  entre  les  mors  des  pincjs  à  anneaux. 

bepnis  que  les  fils  métalliques  ont  repris  faveur,  on  a  construit  des  aiguilles 
*|«aalesi  pour  les  rendre  plus  maniables.  Ce  sont  des  aiguilles  chirurgicales  ordi- 
luin-s,  droites  ou  courbes,  assi^z  forte»,  qui  portent,  en  arrière  du  chas,  soit  un 
évidenient  très-prononcé,  soit  une  fente  destinée  à  loger  l'épaisseur  du  fd  métalli- 
fie  tordu  sur  lui-fnème.  Un  autre  instrument  se  compose  d'une  lige  cylindrique 
en  acier  longue  de  huit  centimètres,  tubulée  dans  toute  son  étendue  pour  i-ecetoir 
le  fil  et  très-légèrement  recourbée  en  S.  lie  talon  de  l'aiguille  est  monté  sur  un 
luaoclic  fixe  en  lx)is,  et  présente  l'orifice  du  tube  par  lequel  le  fil  est  introduit  daui 
l'ioslrumcnt  ;  la  jointe  est  taillée  en  biseau  du  côté  de  sa  concavité  ;  sur  le  plan  du 


208  AIGUlSEliUS. 

biscuti  s uuvrv  roiiiice  teiiiiiiial  du  lube  par  lequel  le  111  doit  iMMlir,  lorsque  luh 
stniment  a  traversé  les  parties. 

Des  aiguilles  spéciales  sont  destinées  à  placer  li's  fils  duus  les  opératîmis  (|ui  se 
pratiquent  sur  le  voile  du  palais,  le  vagin,  etc.  La  Ibnnc  de  œs  instruments  et  leur 
uiode  d'emploi  varient  avec  les  procédés  opératoires  ;  nous  croyons  devoir  en  reii* 
voyer  la  description  a  Thistoire  fort  étendue  de  cb:xunc  des  opérations  dans  les- 
quelles ils  sont  usités.  (Voy.  STAPHVLonitiFHiE,  Éutrorbapute,  etc.)      Lggoicst. 

AliStJIUJBtJBti  (hvg.  propessiokmelle).  Les  diflerentes  opérations  nécessaires 
i\  la  fabrication  des  aiguilles  peuvent  déterminer  des  inconvénients  dont  quelques- 
uns  ont  une  extrême  gravité. 

Le  iHilmage,  c'est-à-dire  raplatissenient  de  la  tête,  se  fait  à  l'aide  d'un  lounl 
niaiteau,  et  peut  occasionner  seulement  un  peu  de  iatigue,  comme  il  arrive  daib 
tous  les  élitl!»  pour  les(|ucls  un  ci*rtain  déploiement  de  forces  est  nécessain*.  Ia* 
marqm4je,  ordinaircnicnt  coulié  à  des  femmes,  consiste  à  i^ercer  un  trou  daib  b 
lotc  de  raigiiille.  Ce  travail  exige  une  application  minutieuse  et  soutenue,  au2»si 
a-l-il  liouvent  pour  conséqueueo  un  alTaiUissement  prématui*é  de  la  vue. 

Mais  l'opéi-ation  véritaUenient  dangereuse,  c'est  Vempaintage^  qui  se  fait  n  la 
meule  sèdie,  et  domic  lieu  à  un  dégagement  de  (loussières  siliceuses  et  niéialliqiM> 
r|ue  l'espireiit  lesouvrici-s.  Il  en  résulte  une  forme  particulièi'e  de  plitliisie,  signak-c 
)K)ur  la  première  fois  par  Johnstone,  a  la  fin  du  siècle  dernier,  et  que  nous  décriitNh 
a  larticle  Aiguiseurs. 

Voici,  d'après  les  recberches  de  HoUand  {Tlie  Vital  Statistics  of  SheffiM. 
p.  204,  Lond.,  1843,  in-8),  la  durée  probable  de  la  vie,  pour  diflérents  âges,  chet 
les  cmpointeurs  d'aiguilles,  com|)arée  à  celle  de  la  population  de  toute  rAiigietem* 
et  de  quelques  districts  agricoles  : 

TOOTK  L'aRGLET^JUIC.      MSTMCft  A«RICOLkS. 

54,07  57,00 

57,52  59,71 

(iO.Uti  62.28 

62,55  64,66 

64,90  66.76 

67.16  68,68 

60.36  70,45 

On  voit  quelle  funt'site  influence  exerce  cette  profession  sur  la  durée  de  la  \ie. 
Les  moyens  prophylactiques  ne  diilèrent  pas  de  ceux  qui  seront  conseillés  pour  l(> 
aiguiseurs  pour  l'histoire  de  la  maladie  et  la  biUiograpliie  spéciale  (voy.  ce  niot|. 

E.  Bro. 

.tlfiViSBVBS  (htciène  propessiorrblle).  Les  aiguùem^Sf  affûieurs  <m 
énundeurs  sont  des  ouvriers  employés  à  user,  sur  une  meule  de  grès  seclie  uu 
liumide,  et  à  laquelle  on  imprime  un  mouvement  rapide  de  rotation,  des  outil>. 
instniments  ou  armes  divers,  soit  pour  les  polir,  soit  pour  leur  donner  une  pointe 
ou  un  tranchant.  Les  conditions  particulières  dans  lesquelles  s'exécute  ce  travail 
peuvent  étro,  pour  l'ouvrier,  la  source  de  maladies  ou  d'accidents  qui  ont,  dam 
i^es  derniers  temps,  très-sérieusement  fixé  l'attention  des  hygiénistes.  E&amino» 
nipidement  ces  influences  et  voyons  comment  olles  agissent.  Elles  sont  de  den\ 
sortes  :  l""  dépendant  de  la  profession  (intrinsèques);  3^  propi^  aux  individub  <|iii 
rcxncenl  (extrinsèques). 

1<^  Influefues  inlnnsèqties,     Uans  les  ateliers  où  Ion  pratique  iaiguibage.  «-l 


AOK. 

AIGDILLEUUS. 

20  aiis. 
25 
30 
35 

31,17 

33,86 
36,77 
39,90 

40 
45 

43,25 
16,82 

50 

0 

AIGUISEURS.  309 

surtout  quaiul  il  a  lieu  par  la  voie  humide^  Teau  ruisselle  sur  le  sol,  et,  en  même 
temps,  la  meule  bit  jaillir  des  éclaboussures  continuelles  sur  rémouleur.  Gelui-c 
est  donc,  non-seulement  plongé  dans  une  atmosphère  saturée  de  vapeur  d'eau, 
mab,  en  outre,  ses  vêtements  sont  toujours  mouillés,  et  si  l'on  y  joint  la  transpi- 
ratioo  qui  le  baigne  quand  il  travaille  de  lourdes  pièces,  on  verra  qu'il  est  exposé, 
par  le  fait  du  moindre  courant  d'air,  ou  lors  de  sa  sortie  de  l'atelier,  à  des  refroi- 
dissements dont  les  conséquences  ordinaires  sont  des  phlegmasies  de  la  poitrine 
(bronchites,  pleurésies,  pneumonies)  ou  des  rhumatismes.  L'ouvrier  se  tient  d'or- 
dinaire fortement  penché  en  avant  ;  cette  attitude,  longtemps  continuée ,  peut  pro- 
duire, non  pas  peut-être  des  déviations  de  la  taille,  mais  un  trouble  très-marqué 
daiis  la  circulation  de  la  poitrine,  et  dont  nous  aurons,  phis  loin,  à  examiner  les 
effets.  Suivant  M.  Chevallier,  les  aiguiseurs  qui  travaillent  debout  seraient  très- 
sujets  aux  varices  et  aux  ulcères  des  membres  inférieurs. 

On  a  noté  depuis  longtemps  que  tenir  en  permanence  les  yeux  fixés  sur  des 
objets  très-petits  et  brillants,  aiguilles,  canifs,  etc.,  peut  amener  une  grande  fatigue 
de  la  vue  ;  en  outre,  les  poussières  siliceuses  développées  pendant  l'aiguisîige,  mais 
surtout  les  étincelles  ou  éclats  métalliques  détachés  par  le  frottement,  déterminent 
des  inflammations  ondes  brûlui-es,  quelquefois  fort  graves,  de  l'organe  visuel.  Ces 
poussières  qui  remplissent  l'atelier  dans  l'aiguisage  à  sec,  et  pendant  l'opération 
du  retaillagc  ou  riflage  de  la  meule,  ont,  sur  les  voies  respiratoires,  une  action 
bien  autrement  dangereuse,  et  qui  donne  lieu  à  une  forme  particulière  de  phthisie, 
objet  principal  de  cet  article.  Enfin,  les  meules  peuvent  éclater  et  blesser,  plus  ou 
moins  grièvement  les  ouvriers  ;  nous  en  parlerons  en  terminant. 

3"  Influences  extnnsèques.  La  manière  de  vivre  de  l'ouvrier  joue  nécessaire- 
ment un  grand  rôle  dans  l'hygiène professionelle  (voy.  Professions).  Cela  s'applique 
parfaitement  au  cas  actuel.  Les  auteiurs  anglais  et  allemands  ont  signalé  la  vie 
défilée  de  leurs  aiguiseurs,  qui  se  livrent  à  des  excès  de  tout  genre,  mais  surtout 
aux  excès  alcooliques.  Courte  et  bonne  (a  merry  life  anda short  one),  telle  semble 
être  la  devise  adoptée  par  ces  malheureux  (}ui  savent,  sans  vouloir  en  convenir, 
le  sort  qui  les  attend.  Un  mauvais  régime  ordinaire,  un  état  de  santé  défectueux, 
une  disposition  héréditaire  à  la  diathèsc  tuberculeuse,  aggraveront  les  chances  de 
maladie,  surtout  pour  celle  dont  nous  allons  parler. 

MALàDiB  DES  kiGms^uM^  phthisie  calculeiise  ou  siliceuse  (Grinders  asthma  des 
Anglai8,Sc^fei/S^kranfcft«it  des  Allemands).  Tandis  que  raiïection  identique,  par 
b  cause  et  par  les  effets,  qui  attaque  les  tailleui's  de  pierre  ou  de  meules  et  les  car- 
riers, est  connue  depub  que  l'anatomie  pathologique,  sérieusement  cultivée,  a  permis 
de  reconnaître  le  siège  et  la  nature  des  maladies,  la  phthisie  des  aiguiseurs  mention- 
née seulement  à  la  fin  du  siècle  dernier,  n'a  été  bien  constatée  que  depuis  une  tren- 
taine d'années.  Ainsi,  en  1649,  Diemerbroeck  reconnaît  la  présence  de  poussières 
pierreuses  dans  les  poumons  des  tailleurs  de  pierre  (Opp,,  t.  P%  p.  506;  Ultraj., 
1683,  in-fol.);  Wepfer  (1678)  constate  la  fréquence  de  la  phthisie  chez  les  ou- 
vriers qui,  à  Waldshut,  préparant  les  pierres  à  meules  (Obs.  med,  pract.,  p.  444, 
Scaphnsii,  17:27,  in-4)  ;  dans  le  courant  du  dix-huitième  siècle,  cette  étiologie 
des  affections  organiques  du  poumon  est  tellement  monnaie  courante,  que  Sauvages 
décrit  un  asthma pulvendentorum,  lequel,  dit-il,  dégénère  souvent  en  phthisie^ 
Ces  idées  sont  confirmées  par  Leblanc  (1775),  Will  (1785),  et  cependant  per- 
sonne, pas  même  le  pessimiste  Ramazzini  (i  70i)),  ni  son  traducteur  français  Four- 
^Toy  (1777),  ne  parlent  des  maladies  de  poitrine  chez  les  aiguiseurs.  Il  faut 
arriver  jusqu'en  1 796  pour  voir  Johnstone  s'occuper  d'une  espèce  particulière  de 

DiCT.  ENC.  H.  14 


210  AlGUlSbiURS. 

plilliisic  qu*il  a  observée  chez  les  eiiipointeurs  d^aiguilles.  Eiitiu,  eu  1850,  Kiii^lil 
aborde  la  question  des  éniouleurs,  et  nous  apprend  que  la  maladie  spéciale  dont  ils 
sont  alTectes  est  de  date  récente.  Autrefois,  dit-il,  les  oinriers  travaillaient  isolé- 
ment, hors  des  villes,  dans  des  campagnes  salubres,  le  long  des  cours  d*eau  qu*iU 
utilisaient  comme  force  motrice  ;  leurs  ateliers,  dans  lesquels  ils  n'étaient  jamais 
qu'en  très-petit  nombre,  étaient  largement  aérés;  ils  aiguisaient  rarement  par  la 
voie  sèche.  Les  variations,  en  plus  ou  en  moins,  suncnues  dans  ces  ooars  d'eau, 
les  gelées  de  l'hiver,  interrompaient  fréquemment  leurs  travaux  et  les  oUigeaieiil 
de  se  livrer  temporairement  à  d'autres  occupations.  L'adaptation  des  machines 
à  vaiieur  à  l'aiguisage  amena,  vers  1786,  une  révolution  complète  et  bien  lâcheuse 
dans  cette  industrie,  qui  des  campagnes  fut  transférée  dans  les  grands  centres  de 
population.  Les  ouvriers  furent  enfermés,  au  nombre  de  douze  ou  quinze,  dan» 
des  pièces  peu  spacieuses,  exactement  closes,  surtout  pendant  l'hiver;  ils  tra- 
vaillèrent là,  pendant  toute  l'année,  dix  à  onze  heures  par  jour  et  six  jours  par 
semaine.  L'avilissement  des  salaires  amena  l'usage  plus  fréquent  de  la  voie  sèche, 
beaucoup  plus  cxpéditive.  Enfin,  les  aiguiseurs  vinrent  demeurer  en  ville,  et  leur 
genre  de  vie  se  modifia  du  tout  au  tout.  Ces  curieux  détails  se  trouvent  confirmés 
par  Jordan,  auteur  d'un  excellent  mémoire  sur  les  grandes  fabriques  d'acier  de  Suhl 
(États  prussiens);  dans  cette  localité  l'aiguisage,  surtout  pour  les  grosses  pièces, 
a  lieu,  en  partie,  dans  les  bois  qui  environnent  la  ville  et  le  long  des  cours  d*eau. 
Les  ouvriers  qui  travaillent  dans  ces  conditions  résistent  bien  mieux  aux  in- 
lluences  si  fâcheuses  de  leur  profession.  Depuis  Knight,  nous  avons  à  enregistrer 
les  belles  recherches  de  llolland,  celles  de  Favell,  de  Hall,  en  Angleterre;  celles 
de  Desayvre,  eu  France,  et,  enfin,  de  Jordan,  en  Allemagne  (voy.  la  bibliogra|ihic 
et  l'art.  Cabriers). 

Symptômes  et  ma^^che  de  la  maladie  des  aiguiseurs.  On  peut,  avec  HoUand 
et  Desayvre,  établir  trois  périodes. 

Ia  première  est  caractérisée  par  une  toux  sèche  ou,  le  plus  ordinairement, 
suivie  d'une  ex|)ectoration  blanchâtre,  filante,  peu  abondante,  excepté  le  matin,  où 
les  quintes  de  toux  provoquent  souvent  des  vomissements  de  matièies  bilieuses  ou 
glaireuses;  la  respiration  est  rude,  craquante;  sonorité  normale;  les  forces  sont 
encore  en  bon  état. 

Dans  la  deuxième  période,  il  y  a  engorgement,  plus  ou  moins  cousidéi*ablo,  des 
poumons;  c'est  alors  que  se  montrent  les  hémoptysies  ;  la  dyspnée  est  très-inteii>c; 
on  entend  des  râles  divers  dus  à  la  bronchite  qui  coexiste  presque  constamment. 
Les  vomissements  continuent  par  le  môme  mécanisme.  Du  reste,  l'appétit,  le> 
foi'ces  subsistent  encore  ;  assez  souvent  il  y  a  des  pleurésies  intercurrentes. 

Dans  la  troisième  survient  Li  dégénérescence  du  poumon  ;  les  hémoptysies  sont 
très-abondantes;  la  fièvre  hectique  apparaît  pour  la  première  fois;  les  forcer 
déclinent  rapidement;  des  sueurs  copieuses  épuisent  le  malade,  qui  succombe  aviv 
la  plupart  des  sympUmies  généraux  et  locaux  propres  à  la  phthisie  pulmonain\ 

L'âge,  Tétat  des  forces,  le  genre  de  travail,  les  conditions  hygiéniques  extrin- 
siH|ues,  la  pi^ésencc  ou  Talisence  d'une  disposition  diathésale  tuberculeuse,  modi- 
fient d'une  manière  noUible  In  marche  et  les  pliénomènes  de  la  maladie,  commr 
l'ont  surtout  établi  llolland  et  Jordan,  et  fondent  deux  formes  dont  les  caractôrt*> 
sont  assez  nettement  accusés.  —  Dans  la  première  fonuc,  tout  se  borne,  pendant 
plusieurs  années,  a  un  vU\i  asthmatique,  les  foixxrs  restant  â  l'état  ortlinaia*.  L:* 
toux  a  précéilé  celte  ily:>pnée,  et  une  ex|)eiionition  abondante  de  muixisités  uiéKv^ 
de  |ioiissières  raaH)ni|Mgne.  Les  rés«ult;ib  de  Texploratioii  plnsiquc  ré|iaikletit  à 


AIGUISEURS.  211 

CCS  sympiùnies,  la  cage  du  Ihorax  est  proéminente  en  avant,  sa  cii-coiiféience  est 
âgnndie,  et  les  espaces  intercostaux  élargis.  La  percussion  est  remarquablement 
sonore;  le  bruit  respiratoire  est  en  partie  bronchique,  en  partie  obscur.  — Dans  la 
seconde  forme,  la  toux  et  la  dyspnée  débutent  simultanément.  Cette  toux  est 
d'abord  sèdie,  puis,  souvent,  après  plusieurs  crachements  de  sang,  elle  devient 
purulente  et  fréquemment  mêlée  de  sang  et  de  concrétions  calcaires  de  couleur 
et  de  consistance  dilTérentes.  Ici,  la  poitrine  est  plutôt  aplatie  et  rétrécie  que  bom- 
bée; il  y  a  de  la  matité,  le  bruit  respiratoire  est  sourd,  mêlé  de  bruits  divei*s,  sui- 
Tant  rétat  du  poumon.  Dès  que  Texpectoration  devient  purulente,  on  observe  une 
chute  rapide  des  forces,  Tamaigrissement  fait  de  grands  progrès,  et  le  malade  pré- 
sente bientôt  les  symptômes  de  la  consomption  pulmonaire. 

La  première  forme  affecte  surtout  les  ouvriers  qui  commencent  à  travailler  à  un 
â^edéjà  assez  avancé  et  qui  ne  présentent  pas  de  disposition  aux  maladies  chro* 
niques  du  poumon.  Cet  état  de  souffrance  peut  se  prolonger  pendant  plusieurs 
années,  et  il  n'est  pas  rare  de  voir  louvrier  atteindre  alors  la  cinquantaine,  âge 
auquel  Taiguiseur  est  im  vieillard.  On  remarquera  les  analogies  (pie  présente  cette 
Ibraie  avec  Yanthracosey  ou  encombrement  charbonneux  des  mineurs.  Les  ouvriers 
très-jeunes,  ceux  qui  sont  épuisés  par  de  grandes  fatigues,  par  des  excès,  ou  qui 
portent  eii  eux  les  germes  de  la  tuberculisation  pulmonaire,  sont  plus  promptement 
attaqués;  et,  quoique  leur  existence  soit  moins  tourmentée,  ils  arrivent  beaucoup  plus 
promptement  au  terme  fatal,  au  milieu  des  symptômes  qui  caractérisent  la  seconde 
forme.  Cela  se  voit  surtout  en  Angleterre  où  le  travail  est  souvent  commencé  de  très- 
bonne  heure  et  dans  de  mauvaises  conditions  d'hygiène  et  de  santé  générale. 

In  mot  sur  l'expectoration.  Soumis  à  l'analyse  chimique,  par  Dessiyvre,  les 
crachats  n'ont  point  présenté  d'éléments  inorganiques.  Ces  expériences  n'ont  pro- 
bablement pos  été  assez  multipliées,  car  il  y  a  ici  désaccord  complet  avec  tous  les 
antres  ob^rvateurs,  (jui  ont  constaté  l'existence  des  poussières  siliceuses  dans  les 
produits  de  l'expectoration.  Voici  les  résultats  d'expériences  microscopiques  faites 
par  Hall.  On  a  reconnu  dans  les  crachats  des  cellules  d'épithéUum,  provenant  de  la 
boudie  et  du  pharynx,  des  globules  de  sang,  des  globules  de  pus  et  de  mucus,  et, 
enfin,  des  particules  d'acier  et  des  fragments  de  grès,  dont  la  quantité  i tait  d'au- 
tant phis  considérable  qu'il  s'était  écoulé  un  temps  moins  long  depuis  la  cessa^ 
tion  du  travail. 

Jordan,  après  Holland,  s'est  efforcé  de  différencier  la  maladie  des  aiguiseurs  de 
b  phthisie  tuberculeuse  proprement  dite.  Dans  cette  dernière,  la  fièvre  hectique, 
famaigrissement,  les  sueurs  et  la  diarrhée  coIUquative  se  montrent  à  une  époque 
heanooap  moins  avancée  que  chez  les  aiguiseurs,  qui  ne  présentent  cet  ensemble 
de  pliénomènes  que  dans  les  derniers  temps.  La  tuberculisation  pulmonaire  est 
une  affection  constitutionnelle,  aussi  les  forces  sont^llcs  promptement  altérées  ; 
chez  les  émouleurs,  l'affection  est  d*abord  purement  locale,  elle  ne  se  généralise 
que  très-tard,  et  la  preuve  c'est  que  si  l'ouvrier  renonce  à  temps  à  son  travail,  il 
peut  guérir  ou  du  moins  prolonger  très-longtemps  son  existence.  Holland  rapporte 
Tobsoiration  d'un  aiguiseur,  offrant  déjà  les  phénomènes  de  lésions  pulmonaires 
très-aiaocées,  qui  changea  de  profession  et  vécut  treize  ans  dans  un  état  de  santé 
lossaUe.  Des  circonstances  fâcheuses  l'ayant  forcé  de  roprendro  son  ancien  métier, 
il  ne  tarda  pas  à  succomber,  et  l'on  trouva  dans  les  poumons  une  caverne  à  y  mettre 
\^  poîng,  dont  on  avait  constaté  l'existence  dans  la  première  phase  de  sa  maladie, 
finfin,  il  est  une  circonstance  fort  remarquable  et  sur  laquelle  insistent,  avec  rai-* 
^m,  Petreuï  et  Jordan,  c'est  Yabsence  d  hérédité.  Les  observations  particulières^ 


212  AIGUISEURS. 

les  recherches  multipliées  de  ce  dernier,  dans  une  localité  aussi  bien  placée  que 
Suhl,  lui  ont  permis  d'établir  que  les  aiguiseurs,  à  l'époque  où  ils  présentent  la 
maladie  parfaitement  caractérisée,  engendrent  des  enfants  qui  n'apportent  aucune 
disposition  à  cette  terrible  affection. 

Les  lésions  anatomiques  répondant  aux  phénomènes  exposés  plus  haut,  sont  le^ 
suivantes  : 

1®  Adliérences  quelquefois  très-élendues  entre  la  plèvre  costale  et  la  plèvre  pul- 
monaire, et  même  épanchements  séro-purulents;  ce  sont  les  suites  de  ces  pleurésies 
si  communes  chez  les  aiguiseurs. 

2*^  La  muqueuse  du  larynx  et  de  la  trachée,  mais  surtout  celle  des  division» 
bronchiques,  présente  presque  toujoursdes  traces  d* inflammation  (rougeur,  injec- 
tion) ;  quelquefois  cependant  elle  est  pâle,  épaissie,  ramollie  ou  ulcérée. 

5°  Eîi  même  temps,  il  y  a  souvent  dilatation  des  petites  divisions  bronchiques, 
à  un  degré  plus  ou  moins  considérable. 

i"*  Les  auteurs  anglais  ont  particulièrement  noté  un  état  emphysémateux  du 
poumon.  Favell  la  trouvé  cinq  fois  sur  sept  autopsies;  une  fois  très-léger  et  occu- 
pant seulement  le  sommet  ;  dans  les  quatre  autres  cas  il  siégeait  au  bord  inférieur 
et  à  la  face  postérieure  des  poumons. 

(les deux  dernières  soi*tes  de  lésions  sont  caractéristiques  de  la  première  foraie 
décrite  plus  haut  {Asthme  des  aiguiseurs.) 

«y  Grains.  Usent  peut-être  été  indiqués  par  Bubbe  sous  le  nom  de  spadones, 
mais  c'est  surtout  à  Desayvre  et  Favell  que  l'on  en  doit  une  description  exacte. 
Ce  sont  de  petites  granulations  du  volume  d'un  grain  de  plomb  à  celui  d'un  pois 
et  même  un  peu  plus;  ils  sont  chimiquement  composés  de  silice,  de  fer  et  de 
|)hosphate  de  chaux.  Quelquefois  ils  sont  noirs  dans  toute  leur  épaisseur,  comme  de 
petites  tmlles,  et  mous;  d'autres  sont  blancs  en  dedans  et  noirs  en  dehors  ;  d*autn*>« 
enfin,  sont  entièrement  blancs.  Les  premiers,  suivant  Desayvre,  seraient  lonné» 
par  de  la  mélanose  que  sécréterait  le  poumon  irrité  par  la  présence  des  corps  étr4Ji* 
gci's,  et  ils  siégeraient  dans  les  vésicules  pulmonaires.  Favell,  quisemble  reproduiiv 
l'idée  de  Bubbe,  les  croit  constitués  par  du  sang  concrète  dans  les  extrémités  dib- 
tées  des  veines,  et  il  assure  s'être  assuré  de  cette  disposition  par  une  dissection 
minutieuse.  Quant  aux  graius  blancs,  ils  sont  trèsnlurs,  et  exclusivement  du.s  à 
une  agglomération  de  silice.  On  les  trouve  surtout,  dit  Desayvre,  dans  ks 
masses  pulmonaires  indurées,  c'est-à-dire  enflammées  du  poumon,  où  elles  se  sont 
accumuléees,  et  où  l'état  pathologique  de  l'organe  ne  |)ermettait  fias  la  sécrétion 
de  la  mélanose.  Ceux  qui  sont  blancs  et  durs  au  centre,  avec  une  écoi*ce  noiie,  .M)iit 
des  agglomérats  siliceux  entourés  de  mélanose. 

6^  Le  parenchyme  pulmonaire  présente  ordinairement  des  engorgements  ou 
hêpatisations  qui  en  occupent  des  parties  plus  ou  moins  considérables.  Ces  priiez 
engoiigées  sont  parfois  très-fermes,  ou  bien  infiltrés  d'un  fluide  noir  trcs-aboodaul. 
bans  un  cas  observé  par  Holland,  les  deux  poumons  étaient  ainsi  inûltrés;  b 
marche  de  la  maladie  avait  été  rapide  et  accompagnée  d'une  forte  dyspnée.  Ce> 
engorgements  partiels  peuvent  subir  un  ramollissement  particulier  qui  aboutit  à  h 
iorniation  d'ulcérations,  d'excavations  pulmonaires  plus  ou  moins  spacieuses,  trî*^ 
bien  décrites  par  Charcot  dans  son  excellente  dissertation  (De  la  pneumofùf 
dironique,  p.  51.  Thèse  de  conc.  Paris,  1860,  in-S*").  Ces  cavernes  sont  quek|ue- 
fois  très-petites,  quelquefois  grandes  à  y  loger  le  poing  ;  leurs  parois  sont  li$S'*s  on 
anfractueuses  et  donnant  naissance  à  des  brider  fibreuses  qui  traversent  la  r«i\iti  ; 
elles  hont  aloi^  le  résiUtat  probable  de  la  iH:iniion  de  petites  cavernes.  Uuib^  tuti^ 


AIGL-I8EURS.  213 

milmoiuiire  est  à  l'entour  induré  et  infiltré  de  matière  noire. 

lais  et  allemands  ont  insisté  sur  la  présence  non  constante, 

•nine  (quatre  fois  sur  sept,  suivant  Favell) ,  de  tubercules 

•  n  de  ramollissement  et  entourés  de  parties  ccmgestion- 

>  ui  N  ont  (Mtroïc  décrit  le  gouflemeut  des  ganglions  bronchiques 
!(Miiii  N  cil  masses  noires,  dures,  siliceuses,  criant  sous  le  scalpel, 
.    .      (»(  ihlIllrécN  de  matières  noirâtres. 

•  .  liNjM'i  trophique  du  cœur  avait  été  signalé  par  Will,  à  la  fin  du  siècle 
'  : .  i  •'/  les  Inilleurs  de  grès  de  Fontainebleau.  Favell  a  constaté  l'existence 
■'  Icvjoii  cinq  fois  sur  sept.  A  cet  égard,  il  ne  feiut  pas  oublier  que,  dans  la 
--um  dont  il  s'agit,  les  aflections  rhumatismales  sont  assez  communes. 

\  ovons  maintenant  comment  les  différentes  causes  signalées  plus  haut  agissent 
pur  amener  les  altérations  que  nous  venons  de  passer  rapidement  eu  revu  \ 

(Juelques  auteurs  contemporains  ont  contesté  l'efficacité  des  poussières  pour 
l>rûdiiire  les  alTections  chroniques  du  poumon.  Ainsi,  Laennec  pensait  que  les  corps 
étrangers  pulvérulents  venus  du  dehors  sont  bientôt  environnés  de  mucus,  rejetés 
par  Texpectoration,  et  que,  par  conséquent,  ils  ne  sauraient  séjourner  dans 
les  petites  ramifications  bronchiques  (TratYéf(i^rattôC.fn^d.,  l.  !•',  p.  270.  Paris, 
1826.) 

M.  Andral  a  voulu  attribuer  à  des  refroidissements  la  phthisie  des  tailleurs  de 
>ilex  de  Meusnes  (Traité  deVauscuU,,  de  Laennec,  4'  édition,  1. 1",  p.  124.  Note. 
Paris,  18.17}.  Dcsiaudes  (dans  l'article  Poussières  du  Dictionnaire  en  15  volumes) 
cToil  aussi  pouvoir  révoquer  en  doute  l'action  des  poussières  minérales.  Benoiston 
*'e$t  efforcé  d'appuyer  ces  idées  sur  des  chiflres  {Ann,  d'hyg.,  l'*'  série,  t.  VI,  p.  46, 
1831),  renversés  peu  après  par  ceux  de  Lombard,  de  Genève  (iWd.,  t.  XI,  1854), 
Dttb  surtout  par  les  effrayantes  statistiques  de  Hollaud,  recueillies  a  Slieflield. 
Dès  lors  la  question  fut  résolue.  Il  fut  définitivement  établi  que  l'exposition  aux 
poussières  siliceuses  détermine  une  maladie  chronique  des  poumons,  plus  ou  moins 
promptement  mortelle,  suivant  que  les  poussières  sont  plus  ou  moins  abondantes. 
On  reconnut  que  l'aiguisage  à  sec  et  l'opération  du  riflage,  par  laquelle  l'ouvrier 
rHaille  la  meule,  sont  excessivement  dangereux.  C'est  ce  que  démontrera  le  tableau 
<{(ie  nous  donnons  plus  lias,  d'après  Holland,  à  l'occasion  du  pronostic. 

Comment  agissent  les  ]X)ussières  pour  déterminer  la  maladie  étudiée  plus  haut? 

Snivant  les  uns,  et  ce  sont  surtout  les  auteurs  anciens,  les  particid(*s  siliceuses 
>-t  métalliques  introduites  dans  les  poumons  y  font  naître  une  irritation  d'abord , 
puis  une  inflammation  qui  donne  naissance  i\  des  pit)duits  divers  aboutissant  à  ht 
désorganisation,  avec  le  cortège  des  phénomènes  ordinaires  de  la  consomption. 
SoÎTant  les  autres,  parmi  lesquels  se  trouvent  la  plupart  des  auteurs  modernes,  les 
ifouchiles,  les  irritations  pulmonaires  précèdent;  elles  sont  occasionnées  par  les 
altmiatives  brusques  de  température,  l'action  de  l'humidité,  les  écarts  de  régime 
auxquels  se  livrent  trop  souvent  les  émouleurs,  les  poussières  entretiennent  et 
éternisent  ces  inflammations,  amènent  par  suite  l'emphysème,  les  engorgements 
du  tissu  pulmonaire  et,  enfin,  la  destruction  par  ulcération.  Desayvre  a  signalé 
nrnme  circonstance  aggravante  Thabitude  de  parler  leauceup  et  à  haute  voix. 
Déjà  Emile  Bech,  dans  son  intéressant  tmvail  ^ur  les  carriers  de  Pima,  avait  fait 
(oonaitre  les  dangers  qui  résultent  pour  ceux-ci  de  jouer  des  instruments  à  venL 
métier  que  lieancoup  d'entre  eux  exercent  pendant  l'hiver.  Ou  comprend  aussi 
que  l'attitiide  de  l'ouvrier,  courbé  en  avant  et  penché  sur  son  travail,  trouble  1% 


âli 


AIGUISEURS. 


circulation  pulnioiiaire,  iavoriîic  les  congestions  et  vient  en  aide  à  la  |iix)ductioii 
de  ces  engorgements  que  nous  avons  décrits  plus  haut. 

Le  pronostic  est,  en  général,  très-grave.  Cependant,  si  l'ouvrier  commence  à 
travailler  à  un  âge  où  il  a  acquis  son  entier  développement,  s*i]  est  très-vigoureux, 
n'apportant  aucune  prédisposition  héréditaire  aux  maladies  de  poitrine ,  s'il  mène 
une  vie  régulière,  les  chances  de  résister  longtemps  aux  causes  de  la  maladie  sont 
plus  nombreuses.  Celle-ci  une  fois  déclarée,  et  l'ouvrier  abandonnant  son  genre  de 
travail,  la  maladie  peut  rester  stationnaire  pendant  de  longues  années  et  mémo 
guérir,  si  elle  n'était  pas  trop  invétérée.  I^  première  forme,  ou  forme  emphysé- 
mateuse, est  moins  grave  que  la  seconde.  Une  diHérence  très-notable  est  établîet 
comme  nous  l'avons  vu,  par  le  travail  à  la  meule  sèche  ou  humide.  Nous  emprun- 
tons a  un  ouvrage  particulier  d'Holland  un  table«iu  dans  lequel  se  trouve  b  duiv* 
prol)ablc  de  la  vie  pour  les  différents  âges  chez  les  aiguiseurs,  suivant  leur  genre 
de  travail,  et  comparée  à  colle  des  âges  correspondants  dans  toute  1* Angleterre  et 
dans  les  districts  purement  agricoles  (in  Vital  Statistics  of  Sheffiehl,  p.  304* 
liondon,  1H45,  in*8j. 


ACTUEL. 



DB 

VIE  PROBABLE 

s    AIOUISBDKS 

DE  LA    FOrULATIOX 

EB 
AB«1.KrBBRB      ■*'•*  »•■* 
ET  PATS           COXTltBS 
M«AU.RM.     AftBICOLK*. 

A  ne 

l 
CAXIPS. 

52.73. 

«C  ET  BOIIIDI 
EABOIES. 

B 

asEABS. 

nOMIDB. 
sClBii. 

ao 

20,73 

31,88 

38,23 

48.08 

54.97 

57,00 

35 

32,85 

36,22 

34,84 

40,39 

49.33 

57.52 

59,71 

30 

30,01 

30,67 . 

38.09 

42,82 

50,50 

60,06 

62,28 

55 

39,21 

43,88 

41.53 

45,53 

51,97 

62.55 

04.66 

40 

42,41 

46,45 

45,21 

48.53 

53,77 

G4.90 

66,76 

45 

45,71 

49,79 

48,73 

51,80 

55,88 

67,16 

68,68 

50 

.^5,09 

53.25 

55,36 

58.30 

09,56 

70.4J 

55 

56,54 

57,60 

59,20 

61.04 

71,60 

7:f.25 

00 

D 

62,19 

63,31 

61.09 

74.96 

74,29 

05 

» 

• 

» 

67.46 

76,49 

76.58 

70 

B 

B 

» 

11   , 

79,26 

79,24 

Ce  tableau  n'a  pas  besoin  de  commentaires. 

Traitement.  Nous  serons  très-bref  sur  le  traitement  proprement  dit,  nous  réser- 
vant d'entrer  dans  quelques  détails  sur  les  moyens  prophylactiques. 

Les  congestions,  les  engorgements  inflanunatoires  partiels,  les  pleurésies, 
réclament  l'emploi  des  émissions  sanguines  locales,  mais  d'une  manière  modérée; 
six  h  dix  sangsues  ou  quelques  ventouses  scarifiées,  que  l'on  pourra  répéter  au 
besoin.  Après  cela,  ou  bien  d'emblée,  si  le  sujet  est  très-laible,  on  a  recours  aox 
réuilsib  cutanés,  tels  que  vésicatoircs  d'une  médiocre  étendue,  frictions  slibîée^ 
ou  avec  l'huile  de  croton  tiglium.  Les  émétiques  sont  très-utiles  dans  une  feule  de 
rirrnnstnnces,  ils  calment  la  toux  et  la  dyspnée.  Les  secousses  du  vomissement  fa^o- 
rÎM'fit  la  circulation  pulmonaire  et  facilitent  le  dégorgement  des  poumons.  L'én»é- 
Oquft  |Miut  éti*e  renouvelé  au  bout  de  quelques  jours  avec  avantage.  Si  rirritatiiNi 
M  lr/«-viv9  on  domiem  des  boissons  émollientes  et  muoilagiiiewes,  puis  |i»  balsa- 
0$iU^ut*ê  ;  loi  oipactorants  sont  utiles  pour  aider  à  l'aupiiMoii  des  forp  Mmuffoi^. 


AIGUISEURS.  215 

l/o|iiain,  los  opiacé,  rondonl  Ao.  très-grands  scnices  pour  calmer  l'érotliismc  des 
voies  respiraloires,  sans  diminuer  rexpectoration.  Petrenz  se  loue  beaucoup  do 
la  digitale  dans  les  cas  analogues.  Enfin,  on  aura  encore  recours  avec  grand  avan- 
bg(»aiix  toniques,  aux  amers  combinés  avec  les  expectorants  ;  c'est  au  quinquina  et 
à  ses  préparations  qoe  Ton  devra  s*adresser  de  préférence.  Ces  médications,  convena- 
hlonait  administrées,  ont  souvent  rappelé  à  la  \ie  des  malades  dont  l'état  semblait 
ilésespéré. 

Les  oompUcations  diverses,  diarrhée,  sueurs,  etc.,  seront  traitées  comme  dans  la 
phthisie  tuberculeuse  ordinaire. 

Le  régime  doit  être  doux  et  réparateur  ;  il  importe  de  ne  pas  laisser  tomber  les 
fuites. 

Les  moyens  prophylactiques  propres  à  empêcher  le  développement  de  la  maladie 
des  aiguiseurs  sont  de  deux  sortes  :  les  uns,  purement  mécaniques,  ont  pour  but 
de  s'opposer  à  l'inhalation  des  poussières;  les  autres,  de  placer  les  ouvriers  dans 
des  conditions  hygiéniques  telles  que  l'action  de  ces  poussières  soit  atténuée  autant 
que  possible, 

Magem  mécaniques.  On  peut  se  proposer  de  mettre  obstacle  à  l'entrée  des 
prticoles  siliceuses  et  métalliques;  tels  sont  les  éponges,  les  mouchoirs,  les  masques 
Ireillissés  ou  en  gaze,  placés  au-devant  de  la  bouche  et  du  nez  ;  mais  l'indifférence 
lies  ouvriers  pour  leur  propre  santé  est  si  grande,  qu'ils  ne  voudraient  pas  se  sou- 
mettre au  léger  inconvénient  qu'entraîne  l'usage  de  ces  appareils,  et,  comme  le  dit 
Jordan,  ils  préfèrent  iumer  leur  pipe  pendant  leur  travail,  ce  à  quoi  il  leur 
faudrait  renoncer.  Quelques  («rsonnes  ayant  cru  que  les  particules  métalliques 
^ont  seules  nuisibles,  J.  H.  Abraham  avait  imaginé  d'entourer  la  bouche  d'un 
système  d'aimants  qui  devaient  attirer  et  retenir  les  parcelles  de  fer.  Knight, 
iiolbod,  trouvent  l'idée  très-ingénieuse,  mais  parfaitement  insuffisante,  puisque  ce 
«T.'Oènie  n'empêche  pas  l'inhalation  des  poussières  siliceuses. 

Ici,  comme  pour  tous  les  moyens  de  prophylaxie  professionnelle,  il  faut  que 
i 'appareil  protecteur  soit  indépendant  du  caprice  de  l'ouvrier  et  qu'il  fonctionne 
eii  dehors  de  lui  ;  on  donnera  donc  la  préférence,  dans  le  cas  dont  il  s'agit,  aux 
appareils  qui  ont  pour  résultat  commun  de  produire  un  courant  d'air  continuel 
affissant  sur  la  meule  de  manière  à  chasser  ou  à  entraîner  les  poussières,  h  mesure 
qu'elles  se  produisent.  Ainsi  G.  Prier  avait  imaginé  d'adapter  k  la  meule  un  soufflet 
.«e  mouvant  en  même  temps  qu'elle,  et  communiquant  avec  elle  )iar  un  tupu  ter- 
miné par  une  sorte  d'entonnoir  qui  l 'enveloppait  en  partie.  Le  vent  du  soufflet 
(liassait  les  poussières  loin  de  l'ouvrier.  Les  appareils  aspirateurs  ont  eu  plus  de 
succès.  Voici  celui  que  décrit  Holland,  probablement  d'apivs  ce  que  dit  Thackrali 
d'un  aspirateui*  employé  dans  les  fabriques  où  l'on  peigne  la  laine.  Une  sorte  d'en- 
tonnoir en  bois,  de  dix  à  douze  pouces  carrés,  est  placé  un  peu  au-dessus  de  la  meule 
et  du  côté  opposé  à  l'aiguiseur.  L'entonnoir  se  continue  en  un  tuyau  qui  passe  sous 
le  plandier.  La  longueur  de  ce  tuyau  varie  suivant  la  place  qu'occupe  l'ouvrier,  et 
l'endroit  par  lequel  la  poussière  doit  être  expulsée.  Sup|X)soiis  que  huit  ou  dix 
^mouleurs  travaillent  dans  le  même  atelier,  chacun  a  son  entonnoir  et  syn  tuyau, 
K  ceux-ci  viennent  se  rendre  à  un  tuyau  commun  dont  le  calibre  est  deux  ou  trois 
lois  plus  considérable  que  celui  de  chacun  des  embranchements  qu'il  reçoit.  Ce 
^^anal  commun  va  s'ouvrir  dans  le  mur  extérieur.  La,  et  dans  l'intérieur,  est  placé 
lin  mn  semblable  à  ceux  dont  on  fait  usage  pour  les  grains.  Une  courroie  enroulé 
J  une  poulie,  en  rapport  avec  la  machine  qui  fait  mouvoir  les  meules,  lui  commu- 
lûqne  ainsi  un  nnouvement  de  rotation.  Son  action  est  donc  subordonnée  a  celle 


216  AIGUISEl'IlS. 

des  rooiilcs,  et,  quelle  que  soit  la  longueur  des  tuyau\,  il  se  produit  uii  couraiil 
rapide  qui  entraîne,  par  l*onibouchure  des  entonnoirs,  les  poussières  siliceuses  et 
les  particules  métalliques.  Quand  l'appareil  est  bien  confectionné,  l'atmo^ihère  do 
l'atelier  est  aussi  pure  que  celle  d'un  salon.  Cet  appareil  est  peu  coûteux,  ei  ne 
revient  guère  qu'à  un  souverain  (vingt-cinq  francs)  pour  chaque  éroouleur.  Installé 
dans  une  manufacture  d'épingles,  Tes  maladies  de  poitrine  ont  cessé  de  s'y  montrer. 
N'oublions  pas  de  noter  que,  dès  1826,  M.  Pihet,  à  Paris,  avait  établi  un  mode 
de  ventilation  analogue  dans  les  ateliers  de  sa  fabrique. 

En  1847,  M.  Morin  donna  connaissance  à  l'Institut  d'un  système  tout  à  £iil 
semblable,  employé  avec  succès  par  M.  J.  Peugeot  dans  une  fabrique  de  quincail- 
lerie, à  Hérimoncourt  (Doubs).  L'inventeur  y  a  joint  divers  moyens  de  protection 
contre  l'éclabonssage  et  la  rupture  des  meules,  dont  nous  parlerons  plus  ba». 
Enûn,  Desayvre  décrit  aussi  le  ventilateur  qui  fonctionne  depuis  1852  dans  la 
grande  fabrique  d'armes  de  Chatellerault.  «  Ce  ventileur  a  pour  base  une  roue  a 
aubes  courbes  placée  en  dehors  de  l'usine.  Cette  roue  est  mue  par  une  chute  d'eau 
qui  lui  imprime  une  vitesse  de  douze  à  quinze  cents  tours  par  minute  ;  l'impulsion 
communiquée  à  l'air  par  cette  extrême  vitesse  produit  en  arrière  de  la  roue  une 
raréfaction  telle  que  l'air  environnant  s'y  précipite  avec  force  :  un  trou  pratiqué 
au-dessous  de  chaque  meule  d'aiguisement  fait  communiquer  l'air  ambiant  avec  le 
conduit,  à  l'extrémité  duquel  se  meut  la  roue  extérieure.  .\u  moment  du  rifiage 
on  ouvre  la  plaque  qui  ferme  habituellement  le  trou  dont  nous  venons  de  parler, 
et  l'on  imprime  le  mouvement  à  la  roue  extérienre  ;  alors  l'air  qui  entoure  b 
meule  s'engouflce  dans  le  trou,  entraînant  avec  lut  la  poussière  fine  produite  par 
le  riflage,  laquelle  va  se  répandre  en  dehors  de  l'usine  sur  la  rivière.  Pour  éviter 
que  cette  poussière  s'écartât  sur  les  côtés,  et  que,  placée  trop  en  dehors  du  champ  de 
l'ouverture,  elle  échappât  à  l'action  aspiratricc,  qui  a  lieu  par  le  trou,  le  capitaine 
de  Maintenant,  qui  a  dirigé  ce  beau  travail,  a  fait  encaisser  la  meule  dans  une  boite 
de  bois.  »  Le  succès  obtenu  par  cet  appareil  a  été  aussi  complet  que  possible.  D*aprè< 
une  note  complémentairo  que  je  dois  à  l'exti-éme  obligeance  de  M.  Desayvre,  on  ne 
voit  plus  pendant  le  riflage  ces  nuages  de  poussière  qui  remplissaient  Tatdier,  il 
n'en  reste  qu'uue  très-mince  couche  autour  de  l'aiguiseur,  et  souvent  par  sa  faute. 

«  Totis  les  anciens  mitniers  sont  morts,  m'écrit  M.  Desayvre,  et  quant  à  ceux 
qui  travaillent  depuis  l'installation  du  ventilateur  ou  seulement  depuis  deux  ou 
trois  ans  avant  cette  installation,  leur  état  de  santé  est  très-satisfaisant  ;  l'ausculta- 
tion ne  révèle  aucune  lésion  du  poumon  ! . . .  i 

Nous  ne  saurions  trop  recommander  l'adoption  des  ventilateurs  dans  les  aigiii«'- 
ries,  et  nous  nous  rangeons  entièrement  de  l'avis  des  auteurs  qui  voudraient  qiM* 
ces  prescriptions  fussent  obligatoires,  comme  elles  le  sont  dans  plusieurs  localité^, 
en  Allemagne,  surtout  pour  les  fabriques  d'aiguilles  Je  ne  parie  pas  des  meules  ar- 
tificielles de  M.  Malbec,  et  formées  de  gomme  laque  et  de  sable  ;  elles  sont  aujour- 
d'hui complètement  abandonnées. 

Parmi  les  recommandations  prophylactiques  propres  à  venir  en  aide  â  Faction  plu< 
puissante^es  moyens  mécaniques,  nous  signalerons  l'âge  d'admission,  qui  ne  devrait 
pas  être  au-dessous  de  vingt-deux  â  vingt-cinq  ans.  Li  constitution  devrait  enoorr 
être  l'objet  d'un  examen  minutieux  ;  tout  sujet  prédisposé  â  la  phthisie  ou  qui  en 
présenterait  les  premiers  symptômes  devrait  être  averti  du  danger  qu'il  court. 
Des  vêtements  chauds,  l'attention  de  ne  pas  s'exposer,  à  peine  vêtu,  au  froid  exli'- 
rieur,  quand  le  corps  est  en  sueur,  sont  de  l'hygiène  la  plas  vulgaire.  Pour  obvier 
aux  i' oonvénients  de  réclaboussago,  qui  entretient  l'atmosphère  ambiante  et  h* 


AlGriSEURS.  217 

tètoments  de  loiimer  daius  un  état  constant  d*humidité,  M.  J.  Pengeot  a  fait 
entourer  la  meule  d'une  enveloppe  à  larges  rebords  latéraux.  L*éniouleur  pourrait 
aussi  se  garnir  le  devant  de  la  poitrine  d'une  pièce  d'étofle  en  tissu  impennéaUe. 
L*aiguisage  par  la  voie  humide  sera,  autant  qae  possible,  substitué  à  l'aiguisage 
a  sec.  Enfin,  un  régime  sobre  et  substantiel  est  de  rigueur  dans  cette  dangereuse 
profession,  avec  le  soin  d'éviter  de  parler  à  haute  voix,  de  chanter,  etc. 

Gomme  nous  avons  eu  l'occasion  de  le  dire,  si,  au  début  de  la  maladie,  l'aigui- 
seur quitte  sa  profession,  les  accidents  sont  enrayés.  Une  mesure  excellente  a  été 
adoptée  à  cet  égard  par  l'administration  de  l'aiguiserie  de  Cliatellerault.  C'est  de 
réfonner  l'ouvrier  dès  que  se  monti'ent  les  premiers  symptômes  de  la  maladie 
spéciale,  f  Les  aiguiseurs  réformés  depuis  cinq  ans,  dit  M.  Desayvre  dans  sa  lettre, 
sont  remarquables  par  leur  force,  leur  bonne  santé  ;  presque  tous  travaillent  h 
l'agriculture  ou  à  des  états  de  manœuvre.  »  Autant  de  citoyens  consentes  à  l'État 
et  à  leurs  familles,  et  qui  seraient  morts  misérablement  dans  l'espace  de  quelques 
années!... 

Ruptures  des  meules.  Cet  accident  n'est  pas  rare,  et  il  peut  avoir  les  consé- 
quences les  plus  graves.  Dans  un  mémoire  très-intéressant,  M.  A.  Chevallier  a 
rassemblé  un  très-grand  nombre  de  cas  de  ce  genre,  qu'il  a  recueillis  dans  les 
auteurs  ou  qui  lui  ont  été  communiqués.  On  voit  que  les  ruptures  ont  donné  lieu 
à  des  blessures  qui,  pour  la  plupart,  affectaient  le  visage,  et  ont  amené  des  déchirares 
de  la  joue  ou  des  lèvres,  des  fractures  de  dents,  etc.  ;  dans  quelque  c<is,  des  ouvriers 
ont  été  tués. 

Le  célèbre  chirurgien  Morand,  qui  a  rapporté  à  l'Académie  des  sciences  un  cas 
d'éclatement  de  meule  observé  par  lui  à  Strasbourg,  en  1762,  a  recherché  quelles 
pouvaient  être  les  causes  de  cet  accident.  Elles  dépendent  :  1®  de  la  meule  elle- 
même,  quand  le  grain  est  trop  tendre  et  manque  de  cohésion,  quand  elle  renferme 
des  fissures  peu  apparentes,  ou  lorsqu'elle  n'est  pas  parfaitement  ronde  ;  à  ces 
diverses  circonstances  il  faut  Joindre  la  vitesse  très-grande  de  rotation  qui  exagère 
b  force  centrifuge  énorme  dont  la  roue  est  animée  ;  2®  les  causes  de  rupture 
peuvent  encore  dépendre  du  mode  d'adaptation  de  la  meule  à  Tarbre  qui  la  fait 
tourner.  Autrefois  cet  arbre  était  fixé  dans  l'œil  creusé  au  milieu  de  la  meule,  au 
moyen  de  coins  en  bois.  Ceux-ci,  enfoncés  avec  tmp  de  violence,  iieuvont  avoir 
déterminé  une  fissure  dans  la  pierre,  ou  bien,  placés  secs,  ils  se  gonflent  avec  une 
fnrce  inrésistible  par  l'eau  dont  la  meule  est  incessamment  baignée,  et  la  font  écla- 
ter. Enfm  la  meule,  mal  montée,  |)eut  se  démonter  et  se  briser. 

L'accident  a  lieu  ordinairement  avec  un  bruit  comparé  ^  celui  d'un  coup  de 
fusil.  O'Alembert  a  communiquée  l'Académie  des  sciences,  en  1768,  un  fait  dans 
k^uel  une  meule,  en  se  rompant,  projeLi  un  fragment  jjesant  trois  livres  par- 
dessus un  bâtiment  de  quarante  pieds  de  hauteur.  Ce  fragment  alla  tomber  dix- 
huit  toises  au  delà,  dans  un  jardin.  On  voit  quels  dangers  il  peut  en  résulter  pour 
les  ouvriers  qui  y  sont  exposés. 

On  a  proposé  divers  moyens  pour  empêcher  cet  accident.  Ainsi  Morand  cou- 
filait  de  ménager,  à  la  circonférence  de  la  meule  et  de  chaque  côté,  une  retraite 
dun  moindre  diamètre,  sur  chacune  desquelles  on  adapterait  un  aimeau  en  fer. 
V.  Qievallier  a  décrit  et  figuré  un  appareil  usité  dans  plusieurs  aiguiseries.  Ce 
procédé  consiste  à  garnir  Tauge  à  émoiidre  d'une  bane  de  fer  cintrée  formant  une 
au^ouune  chappe,  et  passant  par-dessus  la  meule;  à  cette  barre  vient  se  river 
«ne  autre  barre  en  fer,  partant  de  l'extrémité  de  l'auge  où  elle  est  scellée  comme 
lï  première.  D'autres  personnes,  notamment  M.  Peti^eot,  ont  remplacé  les  coins 


218  AlkiN. 

de  bois  par  àcnx  disques  on  fer  oii  en  fonte  adaptés  à  l*arbre  et  qui  étreignent  Lt 
meule  de  chaque  côté.  Ces  difîérente  procédés  empêchent  ou  annulent  en  partie  b 
rupture  de  la  meule. 

Noas  ne  mentionnons  ici  que  pour  mémoire  les  coupures  que  peuvent  se  fairr 
les  émouleurs  ;  elles  sont  presque  constamment  insignifiantes,  et  dépendent  de  la 
maladresse  ou  de  Tinaltention  de  Touvrier.  E.  Beaugramii. 

BnuocRAPBiB.  —  BoBBc  (!.].  De  Spadone  hippôcraticû,  Ijtpiekbrum  Seeber§eniium  hwmêpt^th 
etphlkitin  pulmonalem  praeceâente,  Hahr  Magd.,  1721,  in-l.  —  Leblanc  {L.j.  Mém.  «vr  U 
formation  et  rendurdstemeni  eu  grés,  avec  la  description  de  la  maladie  singulière  gui  aitaqtur 
les  ouvriers  qui  piquent  ou  taillent  celte  sorte  de  pierre.  In  Fre'cis  d'opér.  de  chir.,  t.  I. 
p.  56t.  Paris,  1775,  in-8.  —  ^VlLL.  Topoçr.  méd.  de  Fantainetleav .  In  Joum.  de  méd.^  t.  LV. 
p.  i  ;  1785.  —  JoBMToxB  (J.).  Some  Account  ofa  Speàes  of  Phthisis  Pulmanalis,  peaUiûr  to 
Persans  employed  in  Pointing  fieedles  in  the  fieedle  Manufactures.  In  Mém.  ofthe  Med.  Sœ.  of 
hondan,  t.  lY,  p.  89  ;  179'».  —  Khigbt.  On  the  Grindefs  Phthisu.  In  }iorth  ofEngl.  Med.  and 
Surg.  Joum.  Aug.  and  ^ov.  18:W.  —  Cbetallieb  (A.).  Des  accidents  auxquels  santespaaés  les 
couteliers  émouleurs  et  aiguiseurs.  In  Ann.  d^hyg..  !'•  série,  t.  XV.  p.  245;  1836.  —  Becs .  E. 
nnd  Vimtca  (H.  0.).  Das  StdnbrecherhûehleinMer  Winke  fur  Steinbrecher,  ete.  Pirn».  I8ti. 
in-8.  —  IIoLU!cn  G.  Calvers,.  Phthisis  inducedby  the  Inhalation  ofGrittg  and  Metallic  Par- 
ticles.  In  Jjond.  and  Edinb.  Monthly  Joum..  1. 111,  p.  399,  brs,  879, 965;  1813;  el  Diseaaes  of 
the  Ijungs,  from  Mechanicat  Causes,  and  Inquiries  intothe  Condition  ojflhe  Artisans  expmed 
to  the  Inhalation  ofDust.  Lond..  1845,  in-8.  ^  Pbtbekz  (C.  L.).  Erfahrungen  ûber  die  sage- 
nannte  Steinbreclierkrankheit,  ein  Beitrag,  etc.  In  Hufeland's  Joum,,  l.  XCVIÏ,  St.  IV,  p.  205 
1844.  —  Favell  Ch.  Fox;.  On  Grinder*s  Asthma.  In  Transact.  ofthe  Provincial  Meé.  and 
Surg.  Assoc.,  t.  XIY,  p.  143;  1846.  —  Momii  A.  .  I<iole  sur  les  moyens  employas  par  Ml.  J. 
Peugeot  pour  préserver  les  ouvriers  des  dangers  qu'offre  Vemploi  des  meules  de  grés.  In 
Compt.  rend,  de  l'Acad.  des  se,  t.  XXV,  p.  1;  1847.  —  Yiuebm*  fils  .  Kote  sur  la  santé  de 
certains  ouvriers  en  aiguilles,  et,  à  cette  occasion,  etc.  In  Ann  dihyg.,  1"  série,  t.  XLIII. 
p.  82;  1850  —  DE<«fVBE.  Études  sur  les  maladies  des  ouvriers  de  la  manufacture  d'armes 
de  ChaielleraulL  In  Ann.  dhyg.,  2*  série,  t.  V,  p.  69,  282;  1H56.  —  Hm  J.  Ch.).  TheSkef- 
ficld  Grinders.  The  Sheffield  File-cutters.  In  BHtislt  Med.  Joum.,  n-  14.  19;  1857.  — 
Peacock.  On  French  Millstone-Makers  Phthisis.  In  British  and  For.  Med.  Chir.  Bev.,  ^  s^ 
ri^,  t.  XXV,  p.  214;  1860.  —  FctEîtBERc  H.).  Zum  Schutze  der  Steinmetze  und Steinkauer.  In 
Beitrâge  sur  exakt.  Forsch.  4  Hft.,  p.  56;  1862.  —  Beiti  'L.l.  Sur  tes  causes  de  la  usariO' 
liié  des  tailleurs  de  pierre,  et  sur  les  moyens  de  la  prévenir.  Thèse  de  Su^aubmirg.  1862, 
n^  500,  in-4.  —  Jorbah.  Die  Krankheiten  der  ArbeUer  in  den  Stahlfabriken.  In  Caaper's  Tier^ 
teljahrschr.,  t.  XXllI,  p.  156;  1865.  E.  Bcb. 

AIKIN  (Jobo).  Né  à  Warrington,  comté  de  Lancaslre,  le  15  janvier  1 747;  mort 
le  7  décembre  1822.  Il  exerça  d  abord  à  Yarmouth»  où  ses  opinions  politiques 
avancées  lui  ayant  suscité  quelques  ennemis,  il  dut  se  rérugier  à  Londres.  Là,  il 
s'occupa  surtout  de  littérature  et  se  fit  une  solide  réputation  d'érudil  el  d'écrivain 
élégant.  Sa  liaison  nvec  le  célèbre  philanthrope  Howard,  eut  pour  fruit  quelques 
travaux  sur  les  hôpitaux  qui  ont  été  traduits  en  français.  Enfin,  il  fit  paraître  de 
très-utiles  recherches  sur  les  médecins  anglais  les  plus  célèbres,  au  nombre  de  55, 
qui  vécurent  depuis  le  treizième  siècle  jusqu  à  la  moitié  du  dix-septième.  Il  aurait 
voulu  comj'oser  une  histoire  do  la  médecine  en  Angleterre,  mais  Pappcl  qu'il  avait 
adressé  à  ses  confrè  es  de  la  Grande-Brebgne,  pour  en  obtenir  des  livres  et  des 
documents,  étant  resté  sans  réponse,  il  se  borna  à  louvrnge  que  nous  venons  de 
rappeler  el  aux  notices  dont  il  enrichit  la  Biographie  générale,  qu'il  publia  en 
société  avec  Nicholson.  Nous  ne  parlerons  ici  que  de  ses  ouvrages  relatifs  à  la  méde- 
cine ou  à  l'hygiène  publique. 

Essay  on  the  Ugature  ofArteries.  Loud..  1770,  in-8.—  Euay  on  Severat  Importani  Sue- 
jeets  in  Surgery,  chiefty  on  the  Sature  and  Cure  of  Fractures.  Lond,.  1771.  in-8;  ei  ibid.. 
1775,  in-8.  —  Observations  on  the  Extemal  Use  of  Uad  with  some  gênerai  Bemarks  on 
Topic Médianes.  Lond..  1771.  in-S.^Thoughts  on  Hospitai.  Lond.,  1771,  in-8.  Trad.  tnoç 
par  Yerior;  Londres  ol  Paris,  1777,  in-12.  —  il  Spedmen  of  Médical  Biograpky  in  Orrai 


AIL.  3t0 

nriiaiH.  Loiid.,  1715,  in-l.  —  Bioffraphical  Mémoire  of  Medieine  in  Gréât  Britai»  from  the 
nmval  0f  Littérature  tothe  Time  ofHarvey.  London.  1780,  in-8.  —  Ajppendix  to  the  History 
cf  Ijuâreitoë  wMch  anUaitu  the  Oàservatiom  mode  by  M.  Howard  in  his  Coneluding  Tour. 
LoodoD,  1703,  m-8.  E.  Bgji. 

AIMMK  (ciuu4M-Bos«MMi).  Chirurgien  anglais,  qui  pratiquait  à  Londres  à  la 
liu  du  siècle  dernier  et  au  commcnccnient  de  celui-ci  :  membre  du  collège  des  chi- 
rurgiens de  cette  ville.  On  a  de  lui  l'ouvrage  suivant,  faussement  attribué  par 
quelques  auteurs  à  John  Aikin  : 

À  Cotèàte  View  of  ail  the  most  Important  Factê  which  hâve  àppeared  eoncenUug  the  Inocu-- 
Miom  efthe  Cowpox.  Lond.,  1800,  in-8.  pi.  col.  1;  2'  édit.,  1801.  in-8.  Trad.  ail.  par  F. 
G.  Frïese,  Breslau,  1801,  petit  in-8  ;  et  trad.  franc-  p&r  B.  des  G.  Paris,  aii  IX,  in-8.    È.  Bgd. 

AIL  {AUium),     Genre  de  plantes  mouocotylédoiies,  de  la  famille  dos  Liliacées, 
dont  les  fleurs  sont  régulières,  hermaphrodites  et  à  verticillos  trimères.  Leur 
calice  est  formé  de  six  sépales  colorés,  libres  ou  unis  entre  eux  «i  la  base,  étalés 
ou  rapprochés  en  tube  lors  de  Tanthèse.  L'androcé  est  constitué  par  six  étamines 
hypojîynes  on  périgynes,  superposées  aux  divisions  du  calice  et  formant  comme 
v\\es  deux  verticilles  trimères.  Tantôt  les  filets  de  ces  étamines  sont  grêles  et  étroits  ; 
tantôt  ils  sont  élargis  et  pétaloîdes  à  leur  base.  Parfois  même  ils  ont  la  forme  d'une 
•rrande  lame  partagée  supérieurement  en  trois  dents  ;  et  c'est  la  dent  du  milieu, 
plus  prononcée  que  les  latérales,  qui  supporte  l'anthère. 'frIIcM'i  est  bilociilaire, 
uitorse  et  déhiscente  par  deux  fentes  longitudinales.  On  connaît  même  quelques 
ci^pèces  de  ce  genre  dans  lesquelles  trois  étamines  seulement  sont  pourvues  d'an- 
Ibères;  les  trois  autres,  superposées  aux  sépales  extérieurs,  sont  réduites  à  des  lames 
Aplaties  et  stériles.  Le  gynécée  est  supère.  Il  se  compose  d'un  ovaire  à  trois  loges 
superposées  aux  divisions  extérieures  du  périanthe.  Les  cloisons  de  séparation  de 
ces  loges  peuvent  même  être  incomplètes,  et  leur  permettre  de  communiquer  entre 
elles.  Le  style  est  une  colonne  unique  dont  l'extrémité,  garnie  de  papilles  stigma- 
liques,  est  entière,  sans  renflement,  ou  à  peine  dilatée  et  partagée  en  trois  lobes 
peu  distincts,  superposés  aux  loges  ovariennes.  Dans  l'angle  interne  de  chacune  de 
ces  loges  on  obseive  un  placenta  qui  porte  un  nombre  variables  d'ovules.  Lors- 
qu'il y  en  a  beaucoup,  ils  sont  presciue  horizontaux,  disposés  parallèlement  sur 
deux  séries  verticales,  et  se  tournent  le  dos.  Ailleurs,  leur  nombre  diminuant,  ils 
continuent  de  se  tourner  le  dos,  en  même  temps  qu'ils  deviennent  plus  ou  moins 
ascendants.  Enfin  leur  direction  est  tout  à  fait  verticale  dans  un  certain  nombre 
tlespèces  où  l'on  n'en  trouve  plus  qu'une  paire  ou  deux  paires  superposées, 
avec  le  micropyle  tourné  en  bas  et  en  dehors.  Le  fruit  est  une  capsule  loculicide  ; 
et  les  graines  renferment  sous  leurs  téguments  épais  un  albumen  charnu  entou- 
rant un  embryon  rectiligne,  ou  arqué,  ou  enroulé  en  spirale  à  son  extrémité. 

Les  nombreuses  espèces  du  genre  Ail  qui  croissent  dans  les  régions  temi>érées 
(le  toutes  les  parties  du  monde,  sont  des  plantes  herbacées  à  tige  courte  souter- 
raine, souvent  transformée  en  bulbe  punique,  et  parfois  des  plantes  grêles  sarmen- 
louses  et  volutiles.  Leurs  feuilles  aériennes,  alternes,  à  nenures  parallèles,  étroites 
cl  aiguës,  sont  souvent  airondies  et  fistuleuses,  de  même  que  les  rameaux  ou  les 
hampes  florales  nées  des  bulbes.  Celles-ci  supportent  à  leur  extrémité  une  boule 
He  fleurs  accompagnées  de  bractées  formant  spathe  ou  involucre.  Ces  fleurs  sont 
«lisposées  en  ombelles  de  cymes  unipares.  Souvent  les  fleurs,  ou  les  ovaires  sont 
remplacés  par  des  bulbilles  ou  bourgeons  à  écailles  charnues,  capables  de  repro- 
«inire  la  plante  aussi  bien  que  les  graines.  Toutes  les  espèces  du  genre  Ail  pos- 
s^dent  une  odeur  et  une  saveur  particulières,  qui  sert  souvent  à  les  faire  recon- 


290  A  i  L. 

naître,  quoiqn'i^Uo  so  rolroiivo  dans  l)oaucoiip  d'autres  plantes  de  la  Cimille  di-> 
Liliacéesou  même  d'autres  groupes  naturels  trèiii-éloignés. 

On  a  dû  diviser  ee  genre  très-nombreux  en  un  certain  nombre  de  sectioas, 
assez  tranchées  pour  que  plusieurs  auteurs  les  aient  considérées  même  comme  des 
^>-enres  distincts.  Adanson  avait  autrefois  très-nettement  indiqué  cette  division, 
d'une  manière  qui  peut  encore  nous  suffire  aujourd'hui.  Nous  admeitroas  dom* 
avec  lui  les  sections  suivantes  : 

1®  Les  Oignons  (Cepa),  dont  les  feuilles  sont  cylindriques,  et  dont  les  étamines 
ont  des  filets  simplement  élargis  inférieurement,  ou  pounus  de  dents  latérale^^ 
presque  nulles. 

i°  Les  Aulx  proprement  dits  (Allium),  dont  les  finiilles  sont  plus  ou  moiii> 
aplaties  et  les  filets  staminaux  minces,  sans  dilatation. 

5**  Les  Poireaux  (Porrum),  dont  les  feuilles  sont  plates  et  dont  les  filets  éUr^is 
sont  partagés  supérieurement  en  trois  pointes,dont  la  médiane  supporte  l'anlhèn*. 

Nous  allons  maintenant  énumérer  et  caractériser  en  peu  de  mots  les  espèces  qui 
présentent  quelque  utilité.  Nous  suivons  dans  cette  énumération  l'ordre  alpliabé- 
tique  de  ces  espèces  : 

i,  AU  Ciboule  (AUium  fistulostim  L.),  ou  Oignon  d'hiver,  Oignon  d' Espa- 
gne, Celte  espèce,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la  Petite  Ciboule  ou  Cibouùtif 
(n"*  2),  a  presque  tous  les  caractères  de  l'Oignon  ordinaire  {AUium  Cepa,  u*  15), 
dont  elle  partage  aussi  toutes  les  propriétés.  C'est,  comme  lui,  une  plante  exoli- 
que,  cultivée  dans  nos  jardins.  Elle  se  distingue  par  la  forme  de  ses  bulb&,  qui 
sont  ovoïdes,  la  hampe  portant  un  renflement  vers  le  milieu  de  ssi  luiuteur,  s^^n 
étamines  dont  le  filet  est  dépourvu  de  dents  latérales,  et  son  style  dont  rexireniilé 
est  allongée. 

2.  Ail  Civette  on  Ciboulette  (AUium  Schœnoprasum  L.  —  A,  foliosum  (mkml.  » 
Espèce  à  tige  cylindrique,  ayant  seulement  des  feuilles  dans  la  partie  inférietin*. 
Ces  feuilles  sont  fistuleuses,  d'un  vert  glauque,  avec  une  gaine  épaisse,  striée.  Li*^ 
bulbes  sont  fascicules.  Les  fleurs  sont  portées  au  sommet  d'une  hampe  à  peu  près 
égale  aux  feuilles  en  longueur,  avec  mie  spathe  membraneuse,  rosée  cians  son 
jeune  âge,  qui  enveloppe  d'abord  toute  l'inflorescence.  Le  périanthe  est  d'un  roM> 
tendre  ou  lilas  et  les  étamines  sont  de  beiiucoup  plus  courtes  que  lui.  C'est  d'ailleiiiv 
une  plante  voisine  par  son  organisation  de  l'Oignon  commun  (n®  13).  On  la  cuUi%r 
dans  nos  jardins,  mais  elle  croît  spontanément  en  Fiiince,  dans  li*s  monta^Ui^  dit 
Midi  et  dans  plusieurs  régions  du  centre.  Plusieurs  auteurs  la  croient  cepeiMiant 
originaire  de  l'Asie  septentrionale. 

3.  Ail  de  mulot  (AUium  angul4>sum  L.  ?).  Espèce  qui  ne  doit  |kis»  à  ce  ijiril 
parait,  être  confondue  avec  celle  à  laquelle  Jacquin  a  donné  le  ménn*  nom  et  qui 
est  Y  A.  fallax  de  Don  et  de  Rômer.  C'est  une  plante  qui  forme  dans  le  gcnn*  un 
petit  groupe  distinct,  caractérisé  par  un  périanthe  étalé  en  étoile,  des  filets  dilaté^ 
à  la  base,  tridentés,  et  surtout  par  une  souche  horizontale,  ou  à  peu  près,  rampaut 
sous  le  sol  et  portant  des  bulbes  d'espace  en  espace.  Don  a  nommé  ce  groupe  s|>é- 
cial  Rhiiidium,  h  cause  de  cette  disposition  des  parties  souterraines.  En  Sibérit*. 
on  consomme,  suivant  Pallas,  ces  bulbes  dont  on  fait  provision  pour  l'hiver,  ainsi 
que  les  fleurs,  qu'on  sale  pour  les  conser^•er. 

4.  Ail  des  ours  ou  Ail  des  bois  (AUium  ursinum  L.).  Petite  plante  qui  crnil 
dans  presque  toute  la  France,  sauf  dans  le  Midi,  et  qui  appartient  par  tous  ses  ca- 
ractères importants  au  même  petit  gi'oupe  que  ï AUium  Moly  (u*  7).  De  son  hnlln^ 
qui  est  unique  s'élèvent  ordinairement  seulement  deux  feuilles  qui  sont  larj^tv  i*i 


AIL  â2l 

lancéolées  ou  spathuiée:»  el  qui  s*atlénuent  iuférieurement  en  un  long  péliole  ou 
plutôt  en  uu  rétrécissemeul  du  limbe.  A  sa  base  cet  organe  se  renfle  de  nouveau 
m  une  gaine  minoc  el  membraneuse  qui  enveloppe  l'autre  feuille  et  la  base  de  la 
tige  elle-même.  Entre  les  deux  feuilles  s'élève  une  hampe  à  deux  angles,  teiminée 
)ar  une  ombelle  lâche  de  cymes  unipares  entourée  d'une  spathe  blanche  translu- 
ride.  La  périantlie  est  d'un  beau  blanc  et  plus  long  que  les  étamines.  Le  ihiit  est 
une  capsule  triangulaire  à  trois  sillons  profonds  et  les  graines  sont  dépourvues 
d'eipansion  arillaire. 

5.  AU  des  potagers  (Allium  oleraceum  L.  —  A.  parviflorum  Thoill.  —  tor- 
rum  oleraceum  Mô.>ch).  Espèce  à  tiges  assez  élevées  (50  à  60  cent.),  à  bulbe 
Minple,  ovoïde,  de  petite  taille.  Les  feuilles  sont  fistuleuses,  canaliculées  en  dessus, 
Criées  en  dessous  eî  chargées  d'aspérités.  Elles  ne  s'écartent  guère  de  la  tige  au- 
dessus  du  milieu  de  sa  hauteur,  et  dans  leurs  portions  libres  elles  deviennent 
linéaires  et  presque  planes  au  voisinage  du  sommet.  Les  fleurs,  entourées  d'une 
^|nthe  à  deux  pièces  persistantes,  et  dont  Tinférieurc  est  allongée  à  son  extrémité 
en  une  fort  grande  pointe,  sont  lâchement  gi^oupces  en  cymes  el  entremôlées  d'un 
urand  nombre  de  bulbilles  ovoïdes,  nmcronés,  qui  peuvent  même  seuls  exister  au 
lioul  de  la  hampe.  Le  périantlie  est  rosé,  strié  de  vert  ou  de  pourpre  livide  ;  s;i 
ibnne  es»t  campanulée,  et  il  est  ù  peu  près  de  la  même  longueur  ({ue  les  élaniiuos} 
ipii  uc  deviennent  libres  qu'au-dessus  de  sa  base,  et  dont  les  filels  sont  simples. 
L'ovaire  est  tronqué  au  sommet,  et  les  angles  qui  eu  occui)ent  toute  la  hauteur 
^nt garnis  d'aspérités  dans  leur  portion  supérieure.  Cette  espèce  se  cultive  dans 
bjardins,  mais  elle  croit  spontanément  en  abondance  dans  les  champs,  les  lieux 
culti\és,  les  vignes,  au  bord  des  chemins  ou  le  long  des  fossés.  EUle  se  place 
naturellement,  par  tous  les  traits  de  son  organisation,  tout  auprès  de  l'Ail  vulgaire 
(n"  17),  dont  elle  a  toutes  les  propriétés. 

6.  AU  des  vignes  (Allium  vineale  L.  —  A.  compactum  Thoill.).  Espèce  ana 
lii^ie  pai*  sou  organisation  au  Poireau  coummn  (n^  14),  avec  uu  bulbe  peu  volu 
milieux,  accompagné  de  bulbilles  latéraux  en  grande  partie  cachée  par  ses  tu  ni 
i{Ufô  et  portés  par  des  pédicelles  grêles.  La  tige  aérienne  atteint  jusqu'à  près  d'un 
inètrc,  et  les  feuilles  paraissent  portées  par  la  tige  jusqu'au  milieu  de  sa  hauteur. 
LUes  sont  fistuleuses,  cylindriques  et  canaliculées  supérieurement.  La  spathe,  d'une 
seule  pièi'e,  entoure  une  inflorescence  lâche,  à  fleurs  d'un  rose  tendre  mêlées  de 
bulbilles  ovoïdes,  aigus,  rapprochés  en  boule.  Les  étamines  ont,  comme  celles  du 
Nrrau,  des  filets  élargis  et  aplatis,  terminés  par  trois  languettes  aiguës,  subulées, 
plus  longues  que  la  portion  entière;  la  médiane  supporte  l'anthère.  Cette  l'spèce  est 
commune  en  France  dans  les  ten*ains  sablonneux,  les  clairières  des  bois,  les  champs 
en  friche,  les  vignes.  Elle  a  toutes  les  propriétés  de  l'.iil  vulgaire,  et  son  odeur  in- 
forle  se  communique  facilement,  dit-on,  au  lait  des  bestiaux  qui  s'en  sont  nouiris.- 

7.  Ail  iai'é  (Allium  Moly  L.).  Plante  cultivée  en  France,  mais  indigène  sou  le 
luent  dans  le  midi  de  l'Europe,  voisine  par  son  organisation  de  VA.  ursinum 
(u*  4).  Ses  feuilles  sont  planes,  linéaires-lancéolées,  atténuées  à  la  base.  Son  bullM^ 
«t  orduiairement  simple.  Sa  hampe  porte  un  bouquet  de  fleurs  peu  serrées,  à 
périanthe  d'un  beau  jaune  d'or  ;  elles  sont  entourées  par  une  spathe  composée  de 
deux  pièces  blanchâtres.  L'odeur  alliacée  de  cette  espèce  est  très-prononcée;  elle  a 
les  mêmes  propriétés  que  r.\il  vulgaire,  et  Linné  a  cru  reconnaître  en  elle  le  Moly 
d'Homère. 

H.  AiléchabUe  (Allium  ascalanicum  L.).     Espèce  qui  appartient  à  un'niénie 
:^roupc  natmel  que  l'Oignon  commun  {Allium  Cepu,  n"  15},  a\ec  dob  bulbe*  de 


pcttlc  taillis  ovoïlll's-oUol^!^,  ciitoui-és  de  bulbiltos  ordil1ail^'lneat  teintés  en  \iol«*t. 
iTiifermés  dans  leur  tunique  commune.  La  tige  ])cu  élevée  (1  à  Sdéam.)porte  k  >a 
liase  des  feuilles  étroites,  subulées,  fistulcuses,  cylindriques,  à  gaine  teintée  de 
violet.  Les  fleurs,  entourées  d*unc  spathe  à  deux  pièces  ovales,  coiuies,  sont  dis^ 
posées  en  eynies  nombreuses  réunies  en  tète  arrondie.  Le  périanthe  a  des  diTi^oii> 
ai«,'uës,  de  teinte  violacée,  avec  une  côte  noirâtre.  Les  élamiues,  aussi  lon^rues  que 
les  sépali»s,ont  un  fdet  très-large,  aplati,  à  trois  lobes  :  deux  latéraux  très-eourt^, 
et  le  médian  cinq  ou  six  fois  plus  long,  supportant  Tantlicre.  Cette  (*s|)eci*  uW 
pas  indigène.  Son  nom  indique  qu'elle  croit  en  Palestine,  près  d'Ascalon,  d'où 
elle  a  été  rapportée  pendant  les  croisades.  On  la  cultive  dans  nos  jardins. 

9.  Ail  faiiX'poireau^  ou  Poireau  du  Levant j  P.  d'été  (AlUum  Ampdopra- 
Hum  L. — Porrum  Ampeloprasum.  Reich)  .  Très-voisin  du  Poireau  ordinaire  (.4 . 
Pon*f<m,  n®  14),  dont  il  a  toutes  les  propriétés,  et  cultivé  comme  lui  dans  nos  jar- 
dins, il  en  diffère  essentiellement  par  son  bulbe  à  caieu\,  ses  fleurs  en  omb(4l4'> 
serrées,  ^  pédicelles  allongées  et  rosés,  les  filets  de  ses  étaniines  un  pc*u  plus 
lon^s  que  le  périanthe  et  présentant  un  rétrécissement  subit  du  milieu  au  somnuH, 
la  longueur  de  la  dent  médiane  égale  à  peu  près  à  la  portion  basilaire  du  filet  et 
la  couleur  jaune  des  anthères. 

10.  Ail  fauX'Spicanardt  ou  Ail  serpentin  {Allium  Victorialis  L.  —  il. 
plantagineum  Laiik.  —  A,  Umgum  des  oflic.  —  A.anguinum  Matth.  ap.  Baoh.) 
Belle  espèce  des  régions  montagneuses,  qui  se  trouve  en  France,  dans  les  P\ ré- 
nées, les  Alpes  et  les  Vosges.  Par  son  organisation  elle  appartient  au  même  grou|ie 
que  les  A.  ursinum  (n*  i)  et  Moly  (n*  7).  La  tige,  d'un  demi-mètre  environ  d<* 
hauteur,  est  supportée  par  un  bulbe  très-allongé  et  conique,  obliquement  enfoncé 
en  teri*c  et  recouveilde  tuniques  très-épaisses,  réticulées,  avec  de  nombreust^s  fibres 
radiculaires.  Ck*tte  portion  souterraine  est  vulgairement  désignée  sous  le  nom  de 
racine  aux  neuf  diemises y  à  cause  du  nombre  des  tuniques  desséchées,  ou  de 
Victoriale,  Lécluse  l'appelait  Victoriale  longue.  C'est  cette  partie  de  la  plante 
(|ui  constitue  le  Faux  Nard  du  Dauphiné  et  que  l'on  distinguera  p<ir  ses  caractèn^ 
essentiels  du  véritable  Spicanard  Ivoy.  ce  mot).  Les  feuilles  du  faux-Spicanard 
sont  au  nombre  de  deux  ou  trois,  larges  et  elliptiques,  lancéolées,  atténuées  en  un 
court  pétiole.  I^a  tige  est  cylindrique  et  anguleuse  seulement  vers  le  sonmict.  I» 
fleui*s  sont  réunis  en  cmes  nombreuses  pour  ime  masse  globuleuse  et  scm'i' 
enveloppée  par  une  spathe  membraneuse,  d'une  seule  pièce  d'abord,  puis  irrégu- 
lièrement déchirée  lors  delà  floraison.  liC périanthe  est  d'un  blanc  verddtre,  cam- 
panule, (^  divisions  obtuses  au  sommet.  I^*s  étamines  dont  le  fdet  est  simple  sont 
plus  longues  que  le  périanthe  et  saillantes  en  dehors  de  lui.  Il  en  est  de  même  du 
.style  qui  proémine  longuement.  Les  graines  sont  rugueiises,chagrinées  et  noii-âtn^ 
avec  une  production  arillaire  blanche  au  niveau  du  bile. 

11.  Ail  leptophylUj  ou  à  feuilles  étroites  {Allium  Uptophyllum).  Siiivaiil 
Roylo,  cette  espèce  est  cultivée  dansl'fnde  ;  ses  bulbes  sont  préconisés  contre  plu* 
sieurs  maladies.  On  fait  sécher  ses  feuilles  et  on  les  conserve  pour  être  emplouW 
conmie  condiment.  Toutes  les  parties  de  la  plante  sont  considérées  comme  stoma- 
chiques. 

12.  Ail  oblique  (Allium  obliquumL,).  Espèce  originaire  de  Sibérie  qui  |k»- 
sede  toutes  les  propriétés  alimentaires  et  olTicinales  de  l'Ail  c>omuuui. 

13.  Ail  Oignon^  Oignon  de  cuisine  (Allium  Cepa  L.).  Plante  à  bulbe  soli- 
taire acquérant  parfois  de  grandes  dimensions  (jusqu'à  IScentim.  de  diamètrr.. 
d4*  Tonne  vaii;ible,  iHun\cnt  [  rcMpie  sphéiiquc  ou  déprimé  de  haut  en  Ini»,  à  tii!t* 


AIL.  S25 

rciifli'c  largetneul  à  sa  base  et  coinpléleiueut  creuse,  haute  de  ciu([  à  liuit  dcci- 
nit'ires,  à  feuilles  cylindriifues,  nues  et  lisses,  glauques,  (isluleuses.  OnibeHe  sphé- 
rique  des  cymes  unipares  tres-serrées  et  nombreuses,  enveloppée  par  ime  spathc 
membraneuse  de  deux  à  quatre  pièces  dépassant  d'ordinaire  rinilorescence.  Pé- 
riaiithe  blanchâtre  ou  vert  pâle,  ou  d'un  pourpre  clair  plus  ou  moins  pur,  à  divi- 
sions allongées  et  obtuses  au  sommet.  Les  unthcres  sont  portées  par  la  division 
Qiédiauc  d*un  filet  large,  dépassant  de  beaucoup  le  pérîanthe,  et  dont  les  deux 
dinsions  latérales  sont  très-courtes.  Les  étamines  dépassent  le  sommet  du  style. 
L'Oignon  comnmn  est  une  plante  d'origine  orientale,  probablement  égyptienne, 
a  deux  périodes  de  végétation.  11  n'existe  chez  nous  qu'à  l'état  cultivé. 

li.  Ail  Poireau  (AUium  Poirum  L.  —  Pmrum  commune  Reich.).  Espèce 
également  cultivée  dans  nos  jardins  et  dont  l'origine  paraît  être  méditeiTanéennc. 
On  a  même  pensé  qu'elle  n'était  qu'une  variété  de  VA.  Ampeloprasum  (n«  9) 
«jui  appartient  à  cette  région.  Elle  paraît  avoir  été  cultivée  en  Orient  de  toute 
antii]uité.  C'est  le  prototype  du  groupe  distingué  par  Adanson  sous  le  nom  de  Por- 
non.  C'esl-à-dire  que  son  périanlhe  est  campanule,  avec  une  saillie  carénée  sur 
b  trois  divisions  extérieures.  Les  filets  des  étamines  sont  partagés  en  trois  pointes 
tres-raanjués.  Ceux  des  trois  étamines  intérieures  sont  prolongés  en  une  longue 
languette  lancéolée,  enroulée  sur  elle-même,  et  la  division  médiane  est  elle»même 
plus  courte  de  moitié  que  le  corps  du  fdet.  Les  anthères  sont  rougeàtres.  Le  pé- 
rîanthe est  de  couleur  rosée  et  les  fleurs  très-nombreuses,  réunies  en  une  grosse 
boule,  sont  entourées  d'une  spathe  membraneuse  d'une  seule  pièce,  prolongée  à 
«nsomiBct  en  une  pointe  très-longue  qui  dépasse  de  beaucoup  l'inllorescence.  Le 
Uilbe  du  Poireau  est,  comme  l'on  sait,  peu  renflé,  allongé  et  porte  quelques  caïeux 
sur  les  côtés.  Sa  tige  est  cylindrique,  droite,  atteignant  près  d'un  mètre  de  hau- 
lenr,  et  portant  jusque  vers  le  milieu  de  sa  hauteur,  en  apparence  du  moins,  des 
feuilles  qui  sont  planes,  assez  élargies,  aiguës,  légèrement  glauques,  et  tantôt  gla- 
bres, tantôt  ciliées  sur  les  bords. 

15.  Ail  Rocambole  (AUium  Scorodoprasum  L  —  Por/iim  Scorodoprasum 
RciCRESB.).  Plante  rare  en  France  à  l'état  spontané,  mais  fréquemment  cultivée, 
a  cause  de  ses  usages  domestiques.  Son  bulbe,  de  moyenne  taille,  est  entouré  de 
bulbilles  ou  caïeux  ovoïdes  et  pédicellés,  de  couleur  pourprée  ou  biniiiiltre.  Sa 
hampe  florifère  atteint  jusqu'à  un  mètre  et  peut  ne  |ms  dépasser  deux  décimètres 
de  hautcm*;  elle  est  cylindrique.  Les  fleurs,  peu  nombreuses  au  sommet,  sont  en- 
tourées d'une  spathe  bivalve  plus  courte  que  l'inflorescence  et  atténuée  en  corne 
au  sommet.  Le  calice  est  de  couleur  pui*purine,  et  cache  les  étamines,  dont  le  fdet 
wt  à  trois  pointes.  Les  fleurs  sont  mêlées  de  bulbilles  qui  peuvent  former  seids 
loule  rinflorescence.  Les  feuilles  sont  étroites,  linéaires,  aplaties,  à  gaîne  compri- 
mée, à  ner^  ure  dorsale  carénée  et  à  bords  légèrement  rudes  et  denticulés.  Cette 
nspèce  n'est  employée  que  comme  condiment.  On  la  trouve  dans  le  midi  delà 
France,  dans  les  lieux  montagneux  et  sablonneux,  quehpiefois  au  Ijord  des  ri- 
ûères,  comiite  il  arrive  aux  environs  de  Paris. 

16.  Ail  tubéreux  (AUium  tubei*osum).  Espèce  qui  a  les  mêmes  propriétés  que 
rÉrhalole  et  qui  est ,  suivant  Royle,  souvent  cultivée  comme  elle  dans  les  jar- 
dins de  l'hide. 

17.  Ail  vulgaire  ou  Ail  cultivé  (AUium  sativum  L  —  Porrum  sativum 
RtiCH.I.  Espèce  considérée  du  temps  de  Linné  connue  originaii*e  de  la  Sicile. 
Kunth  la  croyait  originaire  d'Egypte.  D'autres  admettent  qu'elle  provient  de  l'Asie 
'"eatnilc.  Par  Mju  organisation   elle  appartient  au  même  groupe  que  le  Poireau. 


924  A I L. 

Sos  bulbeb  sont  accumpa^iiés  d'un  grand  nombre  de  buibilles  enveloppé»  pai*  la 
tunique  commune.  Sa  lige  atteint  un  ou  deux  pieds  de  haut  ;  elle  est  cylindrique 
et  les  feuilles  s*en  détachent  jusqu'au  milieu  de  sa  hauteur.  Elles  sont  alternes- 
distiques,  planes,  assez  larges,  aiguës,  légèrement  canaliculées  en  dessus.  b> 
Jleurs  sont  réunies  en  une  tête  peu  compacte,  portant  (fuelquos  fleurs  et  des  bul- 
billes  inteq)Osés,  ou  assez  souvent  des  bulbilles  en  assez  grand  nombre,  saiw 
aucune  fleur.  Le  tout  est  enveloppé  d'une  spatlie  membraneuse,  d'une  ieu\v 
pièce,  prolongée  en  une  très-longue  pointe  au-dessus  de  Tinflorescence,  et  se  dé- 
tachant de  bonne  heure.  Le  périanthe  est  blanchâtre,  rosé  ou  purpurin.  Les  éU- 
mines  sont  plus  courtes  que  lui,  et  les  trois  intérieures  sont  pour\'ues  de  filets  à 
trois  pointes  égales.  Il  y  a  une  variété  de  cette  plante  qu'on  a  appelée  A,  tubro- 
tundum  et  A.  ophioscorodon,  dont  les  bulbilles  sont  globuleux  ou  à  p«-u  prèi. 
Peut-être  cette  variété  et  le  type  lui-même  de  VA.sativum  doivent-ils  n'être  ( on- 
sidérés  que  conmie  des  formes  de  VA.  Scorodoprasum,  espèce  qui  croit  s|K>ntatH'- 
ment  en  France,  quoiqu'elle  y  soit  rare,  comme  nous  l'avons  vu  (n*  15). 

II.  Baillo5. 

TuuKXEPORT.  Ituiit.,  582,  Cor..  26,  t.  20i-200.  —  L.,  Gen.,  409.*-  Uauek,  Monog.,  ;i7iô\ 
4. — J'jss.,  Gen  ,  53  —  Theviean.,  Ail.  Monogr.  ;t8*22).  —  Dow,  in  Mém.  Soc.  Wemer,,^,  5. 

—  Adanson,  Fam.  /'/.„  I,  50.  ~-  Exdlicder,  Gen.t  n.  1157.  —  Nkr.  et  Delexs,  Dict.,  1,  IHO.— 

—  A.  RicH  ,  Elém.,  éd.  4,  11,  123.  —  Gno.,  Drog.  gimp!.,  éd.  4,  11,  161.  —  Perdra,  Mm!. 
md.,  II,  2.210.  —  LixuL.,  Flor.  med.,  S72.  —  Ghex.  cl  Godr.,  FI.  fr.,  III,  195.        II.Bt 

Pharvacologib.  (le  sont  les  bulbes  d'ail  que  l'on  emploie  en  médecine  cl  d.iii^ 
l'art  culinaire.  Piles  et  réduits  en  pulpe,  on  les  a  ({uelquefots  appliqués  oouiuie 
rubéfiants;  ils  entrent  dans  la  composition  du  vinaigre  anti-septi(|ue,  dit  des  quatre 
voleurs;  en  pilant  les  caîeux  de  l'ail  avec  de  la  gi*aissc  et  de  l'huile,  on  obtient  un 
onguent  nommé  Moutarde  du  diable^  Huile  d'at/,  qui  est  un  puissant  résolul il  de» 
tumeurs  froides  ;  on  fait  aussi  avec  l'ail  un  sirop,  un  oxymellite  et  un  vinaigie 
^imple. 

Toutes  les  plantes  du  genre  Allium  possèdent  une  odeur  plus  ou  moins  forU?, 
une  saveur  acre,  aromatique  qui  les  fait  rechercher  dans  l'art  culinaire;  l'odeur 
de  l'ail  est  plus  foiie,  plus  diilusible  que  celle  de  l'oignon,  mais  son  {iriiicipe  ait)- 
niatique  est  moins  volatil  et  moins  irritant  pour  la  conjonctive. 

Pris  à  l'intérieur,  l'ail  peut  être  regardé  comme  un  stimulant  des  voies  dige$- 
tives;  son  odeur  se  communique  A  l'haleine,  à  la  sueur,  au\  gaz  inlestinaui  et 
même  au\  pluies.  Sous  son  influence,  les  urines  prennent  une  odeur  piquante  et 
désagréable;  les  mêmes  phénomènes  se  pi*oduisent  môme  loi'squ'on  l'applique  sur 
la  peau  et  qu'on  le  donne  en  lavements. 

L'ail  est  plutôt  un  assaisonnement,  un  condiment,  qu'un  alime.it;  on  le  fait 
entrer  dans  une  infinité  de  sauces  et  de  ragoûts  ;  dans  plusieurs  contrées,  et  notam- 
ment en  bourgogne  et  en  Gascogne,  les  paysans  en  frottent  leur  pain.  Broyé  M\tc 
de  l'huile,  il  constitue  VAilolydes  Provençaux.  La  cuisson  lui  enlève  toute  sa  foret* 
et  sou  àcreté  il  devient  aloi*s  doux  et  émoUient.  11  agit  sur  l'économie  animale  eu 
stimulant  rap|)étit,  lacilitant  la  digestion  et  l'expulsion  des  gaz.  On  a  prétendu 
qu'il  accroissait  la  sensibilité  de  la  rétine  et  qu'il  rendait  la  lumière  plus  diflirile 
a  supporter.  Ambroisc  Pan;  le  regardait  connue  l'antidote  des  poissons  véiiéneui. 
Ce  qui  est  malheureusement  inexact. 

L'ail  a  été  considéré  connue  un  préservatif  des  maladies  pestilentielles,  et  beau- 
coup de  personnes  en  ont  porté  sur  eux  |JOur  se  préserver  des  alTei-tioiis  contj* 
gicuses,  «  'e>l  a*  qui  lui  a  fuit  donner  le  nom  de  Thériaqiie  des  patÊVres,  Pbtn 


AIL.  235 

dit  que  le  meilleur  moyen  de  se  préserver  de  la  peste  consbte  à  boire  de  rhydi-o- 
lud  alliacé.  L'ail  est  très-estimé  comme  antiputride  par  les  vétérinaires. 

Mais  c*cst  surtout  à  Textérieur,  en  cataplasmes  simples  ou  additionnés  d'auti-cs 
suiistancfô,  que  les  bulbes  d'ail  ont  été  employés  comme  rubéfiants  et  vésicants, 
dans  les  douleurs  rhumatismales.  On  prétend  qu  appliqué  sur  le  nombril  il  tue  les 
\mées  enfants,  ce  qui  est  très-douteux;  mais  il  est  certain  qu^il  peut  déterminer 
une  fièvre  éphémère,  et  l'introduction  d'une  gousse  d'ail  dans  le  rectum  est  un  moyen 
souvent  employé  par  les  prisonniers  et  les  soldats  qui  veulent  acquérir  ainsi  une 
tièrre  légère  qui  doit  les  conduire  à  Tiiôpital.  liCs  frictions  de  pulpe  et  d'huile  d'ail 
êiaient  employées  autrefois  contre  la  gale,  la  teigne,  les  cors  aux  pieds  ;  en  lave- 
ments, on  l'a  employé  comme  vermifuge;  on  l'a  administré  quelquefois  dans  du 
lait,  contre  les  lombrics  et  même  le  taenia.  D'après  Marsden,  les  feuilles  sont  appli- 
quées comme  vésicantes  à  Sumatra. 

8}denham  et  Cullen  ont  vu  guérir  des  hydropisies  par  le  seul  usugede  l'ail. 
Forestier  Ta  préconisé  en  décoction,  dans  les  mêmes  cas,  mais  aloi's  le  principe 
stimulant  avait  dis{)aru  ;  on  l'a  vanté  comme  un  diurétique  très-puissant  et  on  l'a 
recommandé  contre  la  gravelle.  Au  dire  de  Celse,  les  gousses  d'ail,  mangées  au 
joroxysme  des  fièvres  intermittentes,  guérissent  ces  fièvres.  Ce  fait  a  été  confirmé 
[KirBcrgius  et  Rosen,  et,  selon  Ainslie,  les  naturels  de  l'Inde  ibnt  grand  usage 
de  cette  médication.  D'après  Lind,  le  même  moyen  préserve  du  scorbut,  et  Lam- 
beipus  assure  qu'il  guérit  cette  maladie. 

On  a  beaucoup  parlé  récemment  de  l'emploi  de  l'ail,  à  fortes  doses,  contre  la 
ni<,'e;  on  a  même  cité  mi  exemple  de  guérison,  mais  aucun  fait  bien  observé  n'est 
venu  confirmer  cette  efficacité.  D'après  Bajon,  on  l'emploie  à  Cayenne  contre  la 
iiKN-sure  des  serpents. 

\j&  suc  d'ail,  autrefois  employé  en  médecine,  par  Valentin,  contre  le  tétanos,  en 
irictions  sur  la  colonne  épinière,  contre  les  vers,  mêlé  au  jus  de  citron,  s'obtenait 
(or  contusion,  au  contact  de  l'eau,  expression  et  filti-ation;  il  est  jaunâtre,  épais, 
vi:s(|ueax,  et  tellement  tenace,  que  son  extrait  a  été  employé  )H)ur  coller  la  por- 
celaine. 

L'ail  pilé  et  chauffé  avec  des  huiles  grasses  les  rend  plus  siccatives.  Toutes  les 
tuantes  du  genre  Allium  jouissent  d'ailleurs  de  la  même  propriété.  On  a  propose 
létemuieiit  l'emploi  de  l'huile  alliacée  pour  certaines  préparations  pharmaceutiques. 
C>ii  en  fait  grand  usage  dans  Li  peinture  en  bâtiments. 

Bouillon-Lagrangc  a  trouvé  dans  l'ail  du  mucilage,  du  sucre, du  soufre,  des  sels 
't  une  huile  volatile,  acre,  jaunâtre,  d'une  saveur  très-forte,  à  laquelle  il  faut 
attribuer  les  propriétés  excitantes  de  la  plante. 

L'csseiioe  d'ail,  ou  sulfure  d'allyle  ==  C'IPS,  a  été  étudiée  par  M.Werthciui.  Elle 
e»t  lic|uide,  incolore,  limpide,  plus  légère  (fue  l'eau,  d'une  odeur  forte,  repous- 
sante; peu  soluble  dans  l'eau,  très-soluble  dans  l'alcool  et  l'éther  ;  elle  se  décom- 
|v*m;  à  loO  degrés.  Les  acides  et  les  alcalis  étendus  ne  l'altèrent  pas;  l'acide  azo- 
ti<{ue  concentré  la  détruit  rapidement  ;  mise  en  contact  de  l'argent, du  mercure,  de 
1 01, etc., elle  produit  des  combinaisons  de  sulfures  métalliques  et  de  sulfure  d'allyle. 
L'essence  d'ail  peut  être  obtenue  par  purification  de  l'essence  brute  d'ail  obte- 
nue par  distillation,  ou  bien  en  traitant  l'essence  de  moutarde  par  du  potassium 
<fut  lui  enlève  un  équivalent  de  sulfocyanogène. 
En  effet,  la  réaction  peut  être  ainsi  représentée  ; 


CMPAiS»  4-  K 

z^^ 

C'H*S 

+           CVzS.K 

Cac.tcr.  ftl  «OCTAMDK. 

bkiekcb  »*A1U 

tVU0Ct*?(1IBB  Dl  roTAKciua. 

MCT.  BXC.   H. 

15 

226  AILANTHË. 

D'après  M.  Werllieiiti  {Journal  de  phaimade  et  dediimie^  l.  Yli,  t.  174», 
l*csscncc  d*ail  rcctiliée  est  un  niclaiige  variable  de  plusiairscombinaisoiis  de  soufre 
et  d'une  eonibînuisou  d'oxygène  avec  un  seul  et  même  radical  nommé  allyle;  elle 
|ieut  être  i-epiéscntéc  par  C*IP. 

li  oxyde  d  allyle,  qui  existe  dans  l'esdcnce  =  C*H*0. 

\jc  monosuirure,  qui  constitue  environ  les  deux  tiers  de  resseiice=  C*H^S. 

0.  Bevbil. 

AIUàNTHK  (Ailanthvs  DcaL).  Ueme  de  planlt's  dicotylédones,  rapporté  pui 
In  plupart  des  auteurs  a  la  famille  des  Térébintliacées  ou  des  Zantlioxylées,  mais  qui 
il  tous  les  caractères  des  Siniaroubées  et  ne  doit  pas  en  être  séparé.  Les  fleurs  en 
sont  polygames.  Dans  la  fleur  hermaphrodite,  on  observe  un  double  pcrianthe,  deux 
vcrticillcs  d'cLunines  et  un  verticille  de  carpelles,  insérés  les  mis  au-dessus  dc^ 
autres  sur  un  réa*ptacle  convexe.  Le  calice  est  à  ciuii  lobes  disposés  dans  le  bouton 
en  prélloraisou  quinoonciale.  Les  pétales  sont  libres  et  étalés  lors  de  ranthèse.  Dc« 
dix  ctaniines  hypogynes,  :\  filets  libres  et  à  anthères  introrses  et  biloculaires,  cinq 
sont  super|K)sées  aux  sépales  et  cinq  aux  jiétales.  IjCS  car|)elles  sont  superposés  aux 
pétales.  Chacun  d'eux  se  compose  d*uu  ovaire  uniloculaii*e,  libre  de  toute  adlié- 
rence  avec  les  ovaires  voisins,  et  surmonté  d*un  style  à  tele  stigmatifere  dilatéi- , 
adhérant  aux  autres  styles  par  son  l>ord  interne,  (iliaque  ovnii'e  renfeiiue  dans  ^oll 
angle  interne  un  ovule  sus|>endn,  dont  le  micropyle  e»i  supérieur  et  extérieur.  Li 
liase  du  frynécée  est  entourée  d'un  disi|uc  liypugyne  glanduleux  et  sinueux.  Apix> 
la  florab»(»ii,  chaque  maire  produit  sur  bun  dos  une  eiimusion  en  forme  d*ail«'. 
de  façon  qu'il  devient  une  sani;ire  contenant  une  graine  à  embi-jou  foliacé  en- 
touré d'un  albumen  peu  abondant.  D'aiirès  ce  que  Ion  a  vu  plus  haut,  il  y  a  dc5 
fleurs  011  les  pistils  M»nt  rudinientiiiri's,  et  d'autn's  où  les  élamines  deviennent  stt'> 
riles. 

Les  Ailantlicb  sont  des  arbres  a  feuilles  alternes  et  eon1posées-inlpa^pcam*c:^ 
Leurs  fleurs  sont  groupée^  en  panicules  terminales,  ou  plutôt  en  grapiies  de  cyni^-. 
Une  seule  es[)èce  est  employée  en  médecine,  c'est  VAilarUhe  glanduleux  {Ailan 
tlius  glandulosaDx^ï.}^  on  Vernis  du  Japon.  C'est  un  grand  arbre  originaire  de  b 
Chine,  et  qui  en  a  été  rap|K)rté  pour  la  première  fois  |iar  le  P.  d'ini^arville,  en  i  751 . 
On  le  cultive  maintenant  iiar  toute  rEuro|)c.  Ses  feuilles  et  ses  fleurs  ont  une 
odeur  légèi-ement  fétide.  Outre  ses  usages  en  médecine,  il  (*st  utile  par  son  bois  <  i 
par  ses  feuilles  qui  servent  de  nourriture  au  Bombyx  Cijnthiat  dit  vulgairement 
Ver  à  soie  de  rAilanthe.  If.  Du. 

PiunMACOLor.ii!.  L'Ailanthc  glanduleux,  dont  on  enniiai>sait  les  profinêl'^ 
irritantes,  puisipi'on  s;i\ait  que  l(*s  janliniers  qui  élaguent  ces  arbres  étiienl  at- 
teints d'éniptioiH  \ésiculeiises  et  même  pustuleuses  aux  mains  et  au  visage,  siUiK 
prenaient  les  prérautions  nécessaires  pour  se  t:araiitirde  l'action  d'une  matière  âcrr 
et  volatile  ipii  se  dégage  lorsqu'on  blesse  ces  arbres,  TAilantlie,  disoiiM-nous,  n'av;iit 
reçu  encore  aucune  ap|)lication  médicale,  loi'sque,  il  y  a  quelques  années,  M.IIetel. 
phaimacien  de  la  marine  et  professeur  à  l'Ecole  de  Tonbui,  proposa  l(*s  feuilles  ri 
l'écorce  pulvérisées ,  à  Li  dose  de  5(1  centigrammes  a  1  gramme  et  plus,  coniiir 
anthelminti(pie  et  mêmi*  connue  tannicide.  Nous  avons  vu  souvent  employer  avit 
succès  la  poudre  d'Ailantlic  contre  les  ascarides  lombriooïdi^s,  mais  elle  a  iVhouc 
deux  fois  à  l'hôpital  des  Kiifants  malades  contre  le  taenia.  Nous  lui  reproclioit^ 
d'ailleurs  de  déterminer  des  coliques  tic*s-violentes.  Pour  obtenir  la  poudre  d'Ai* 


L 


AIAIAMT.  227 

brithc,  on  cueilfe  les  feuilles  et  Téooi'ce  au  moi^  d'août  ;  on  les  fait  sécher  à  Tétuve 
ï  une  douce  chaleur,  et  ou  pulvérise  aux  trois  quarU,  c'est-à-dire  que  lou  rejette 
le  (ieniier  quart  :  ou  consenre  la  poudre  daus  un  lieu  sec. 

Eiitraitaut  Técorce  d'Aliauthe  par  Téther,  j'ai  obtenu  uuc  matière  résineuse^ 
Irèsnàaie,  qui  détermine  la  vésication  lorsqu'on  l'applique  sur  la  peau.  Les  feuilles 
d'Ailanlhe  serrent  à  nourrir  une  espèce  très-rustique  de  ver  à  soie,  qui  peut  être 
élevée  eu  plein  air.  0,  Revbil. 

àUMAMJm  {S^ÊÈm)  et  son  lils  AUJUV»  (Jem-«MV«rd).  Célèbres  empi- 
riques du  siècle  dernier,  qui  amassèrent  fortune  et  dignités  eu  vendant  une  poudre 
purgative  composée  surtout  de  scammonée.  Les  ouvrages  qu'ils  ont  publiés  pour 
îatiter  leur  spédiique  ne  renferment  rien  que  l'on  ne  trouve  dans  les  ouvrages  de 
ce  genre  destinés  à  amorcer  la  curiosité  du  public  et  à  exciter  sa  confiance,  c'est-à- 
dire  force  théories,  force  certificats.  Nous  remarquerons  seulement  qu'à  ce  lucratif 
métier  J.  G.  Ailhand  devint,  à  prix  d'or,  messire  Jean-Gaspard  d'Ailhaud,  conseiller 
9âav(dijie  du  roi,  baron  de  Castelct,  seigneur  de  Vitrolles  et  de  Montjustin,  goiiver- 
lieurde  la  ville  de  Forcalquier  ! .. .  E.  Bgd. 


illiJK— 1»T  (Jean).  Peu  connu,  a  écrit  sous  le  nom  latinisé  A'Albosim; 
/cliquait  à  Autun  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle.  On  a  de  lui  l'ouvrage 
MÙr4ut  : 

Okâfimiêê  iiihapxilii  Setume/uis,  sive  em^yonU  m  uiero  tnaterao  peirefaelit  quod  ma 
^rehiêtmim  memorâbiU  contexuit;  adjecta,  etc.  Senon.,  1582,  in-8.  Réimprimé  dans  les 
'«ineeti  de  Bauliin,  de  Spachiiis,  etc.,  —  Trad.  en  français  sous  ce  titre:  î^e  Prodige  d'un 
fnfnip/irifi/,  de  la  ville  de  Sent.  Sens,  1582,  in-8. 

E.  Bgd. 

UMANT  (uuKTw;;,  des  Gi'ecs;  nuignes,  des  Latius).    Sous  le  nom  ô! aimant 

M^nreloa  de  pierre  d'aimant  on  désigne  un  minerai  de  fer  de  la  formule  Fe^O*, 

(rb-répaudu  dans  la  nature,  qui  jouit  de  la  propriété  d'attirer  le  1er  et  sa  limaille. 

L  acier,  presque  tous  les  composés  ferrugineux,  le  nickel,  le  cobalt,  le  chrome,  etc., 

Ml»  eu  présence  de  ces  minerais,  se  comportent  comme  le  fer  et  sont,  comme  lui , 

if^\èi^siib8iances  magnétiques.  Si  l'on  roule  un  fragment  de  pien-e  d'aimant  daii:> 

U  limaille  de  fer,  ou  remarque  qu'elle  ne  s'attache  pas  également  à  tous  les  poinli^ 

fie  SI  surface.  Elle  s'a&xHUUule  principalement  sur  deux  régions  opiMisées  qu'on  ap- 

l<41e  les  pôles  de  l'aimant  et  qui  sont  ses  véritables  centres  d'action.  L'expérience 

«itonontiie  que  l'action  attractive  des  aimants  s'exerce  à  travei*»  le  vide  et  à  travers 

^nts  hfs  corps  solides,  liquides  ou  gasseux  qui  ne  sout  pas  eu\-uiéuies  magnétiques, 

<Ni  peut  d'ailleurs  oommmiiquer,  d'une  manière  permanente)  à  des  aiguilles  ou  a 

^  («n^eauj:  d'iicicr  trempé  toutes  les  propriétés  des  aimants  miturels.  Ces  aiguilles 

'i  <%s  barreaux  sout  alors  dits  aimantés j  et  pi'eiuient  le  nom  iïaimants  artificiels» 

ifr9  (ttireaux  de  fef*  daux^  soumis  à  cei*taines  influences,  acquièrent  aussi  toutes 

^>  pcx>|iriétés  de  l'aimant,  mais  ils  les  perdent  instantanément  du  moment  où  ils 

^il  soustraits  à  l'action  de  la  cause  excitatrice  ;  daus  ces  circonstances,  ces  bar- 

i^ux  sont  de  véritables  aimants  temporaires,  Lartide  Hagnétisiie  sera  consacré  à 

^rtiide  de  l'action  des  aimants  naturels  et  artificieb,  et  à  l'exposition  des  lois  de^ 

|4iénomèDes  magnétiques. 

iVmb  n'avons  pas  à  parler  ici  des  propriétés  physiologiques  et  thérapeutiques 
^  aimants;  cette  question  sera  traitée,  avec  tous  les  développements  oonvenablesi 
bjBs  les  articles  Éi.ECTRO-PHfSioiiOGiB  et  ÉLRCTRoraiaAPfe.  J.  G. 


t{t>8  AINE  (anatohii). 

AIlllAB  (Oalait).  Chirurgien*  distingué  du  dix-septième  siècle,  pratiquait  ik 
Grenoble;  connu  par  (|uclques  observations  fort  curieuses  qu*ii  conimuniqua  à 
Luz.  Rivière,  et  ([ue  celui-ci  a  publiées  à  la  suite  des  siennes.  On  y  trouve  deux 
faits  dans  lesquels  Aimar  réséqua  avec  succès,  chez  une  femme  et  chez  un  bonunc, 
plusieurs  cotes  affectées  de  carie.  E.  Bgo. 

AINE  (Inguen).  Le  mot  aine  est  employé  dans  le  langage  aiiatomiqne,  et 
surtout  en  anatomie  chirurgicale,  pom*  désigner  Tune  des  régions  les  plus  impor- 
tantes du  corps  humain. 

g  i .  AÊmêaatàe.  Limites.  Il  existe,  on  lésait,  à  la  jonction  de  la  aiisse  et  de 
Tabdomen,  une  ligne  oblique  qui  se  dirige  de  dedans  en  dehoi'setde  haut  eufaas^de 
répine  iliaque  antérieure  et  supérieure  à  l'épine  du  pubis  ;  c  est  le  pli  de  taine. 
Pour  quelques  auteurs,  cette  simple  nduure  constituerait  la  région  de  l'aine. Mais  s 
ce  pli  oonlînentdeux  régions  importantes,  dont  Tune  appartient  à  rabdoitieii  et  Tau- 
tre  à  la  cuisse.  Aussi ,  loin  de  se  borner  à  comprendre  dans  la  région  de  Faine  le  ^eul 
]»li  higuinal,  d'autres  auteurs  ont-ils  fait  entrer  dans  ses  limites  Tune  ou  Tautrc 
de  ces  deux  régions,  ou  quelquefois  lune  et  l'autre.  Il  est  facile  de  voir,  d*a|Tè!>(c 
simple  exposé,  combien  sont  peu  précises  les  limites  de  ce  que  l'on  doit  considéier 
comme  la  région  de  l'aine.  L'incertitude  est  d'autant  plus  grande  pour  celui  qui  u 
décrire  cette  importante  région,  que,  même  parmi  les  auteurs  qui  rattachentau  pli 
de  l'aine  les  parties  qui  y  confinent,  il  existe  de  notables  différences  dans  la  ma- 
nière  de  comprendre  l'étendue  des|iarties  à  emprunter  à  l'abdomen  ou  a  la  cui^9e. 

Pour  nous,  il  ne  peut  être  douteux  que,  pour  répondre  aux  exigences  de  l'ctudc 
chirurgicale  etdes  nécessités  opératoires,  le  chirurgien  anatomiste  ne  doive  emprun- 
ter à  l'abdomen  et  à  la  cuisse  pour  constituer  la  région  de  l'aine.  L'étude  chirur- 
gicale de  la  région  {voy.  plus  loin)  le  démontrera  surabondamment,  mais  nou> 
aurons  aussi,  chemin  faisant,  à  faire  valoir  les  meilleurs  arguments  anatomiquc». 
Il  ne  nous  reste  plus  qu'à  indiquer  ce  que  nous  emprunterons  à  la  faroi  abdomi- 
nale et  à  la  racine  de  la  cuisse. 

Pour  tracer  les  limites  de  la  it^ion  de  l'aine,  du  côté  de  la  cuisse,  nous  suffo 
serons  tout  d'abord  que  le  membre  est  placé  dans  la  position  chirurgicale^  (V>t' 
à-dire  couché  sm*  sa  face  externe,  le  genou  légèrement  fléchi.  C'est,  en  cflët,  Tatli 
tudc  que  le  chinirgien  doit  forcément  choisir  toutes  les  fois  qu'il  ^'agitdepnlil|ut■l 
uneex|)loratioii  ou  uneo|)ération  sur  la  lace  antérieure  de  la  cuissL*.  Dans  l'attitude 
que  nous  supposons,  les  muscles  couturier  et  moyen  adducteur  se  dessinent  à  tm- 
\ers  les  téguments  et  permettent  de  limiter  aisément  un  triangle  dont  leurs  lnwik 
forment  les  cotés,  leur  enti'e-croiscment  le  sommet,  et  dont  la  base  est  au  |4t  de 
l'aine.  Le  point  où  s'entre-croiscnt  ces  deux  muscles  peut,  il  est  vrai,  quelque  |Ko 
\arier  selon  les  sujets,  mais  toujours  dans  l'aire  de  ce  triangle  scnmt  compris» 
tontes  les  parties  qid  donnent  à  cette  région  de  la  cuisse  une  si  grande  importance; 
toujours  il  sera  facile  de  retixm^er  le  relief  des  muscles  et  la  ligne  du  ph  de  raine. 
Nous  crojous  ces  raisons  sullisantes  pour  ne  pas  suivre  l'exemple  d'auteurs  cnii- 
nciits  (Velpcau,  liichet)  qui  ont  décrit  simultanément  toutes  les  {Nirties  qui  Ibrinait 
h  région  antérieure  de  la  racine  du  membi^  pelvien  ;  ou  i|ui,  voulant  élaguer  de 
leur  description  des  |nrties  importantes,  il  est  vrai,  mais  dont  hi  description  a' ajoute 
rien  a  la  pliysiouomie  si  particulière  de  la  région,  ont  cheidié  à  tracer  leur  ligiK 
limitante  en  se  servant  de  points  de  repère  osseux  (Bérard,  Jarjavay,  Vemeuii). 
Le  petit  tuotlianter,  que  ces  auteurs  ont  choisi  comme  limite  inférieure  de  leur 


AINE  (âVATovis).  SSO 

r^ioo,  offre  en  effet  le  trè^frave  inoonvénieDt  àù  ne  pouvoir  être  senti  à  travers 
kK  éfttiaKs  parties  radies  qui  le  recouvrent. 

Du  côté  de  l'abdomen,  la  ligne  de  démarcation  est  tout  arbitraire.  Nous  onpnui- 
(eraD$  seulement  à  la  paroi  antérieure  de  Tabdomen  la  partie  qui  comprend  le 
canal  iqguinal  ;  elle  n'a  pas  été  décrite  à  l'article  Abdomeh,  mais  nous  renverrons 
i  œ  root  pour  l'étude  des  parties  constituantes  de  la  paroi  abdominale.  Une  ligne 
toorbe,  menée  de  l'épine  iliaque  à  la  symphyse  des  pubis  et  passant  à  deux  tra- 
îffs  de  doigt  au-dessus  du  pli  de  l'aine,  limitera  la  portion  abdominale  de  notre 
r^on.  Une  demi-ellipse  se  trouve  ainsi  superposée  à  la  base  du  triangle  emprunté 
à  II  cuisse.  La  région  de  l'aine  nous  présentera  donc  à  considérer  :  une  portion 
ahdominale  ou  inguifUHibdominale^  une  portion  crurale  ou  inguino-cnirale. 

FoiHB  BXTiaiEVRs.  La  portion  abdominale  et  la  portion  cnirale  de  la  région  de 
laine  ne  sont  pas  situées  sur  le  même  plan;  adossées  parleurs  bases,  qui  répondent 
9a  pli  inguinal,  elles  circonscrivent  un  angle  d'autant  moins  ouvert  que  In  flexion 
fhi  tronc  ou  de  bi  cuisse  est  plus  prononcée.  Dans  l'extension,  cet  angle  s'efface  en 
|urtie,  mais  il  est  encore  bien  marqué,  surtout  dans  la  station,  par  suite  du  relief 
de  la  paroi  abdominale. 

liP pli  inguinal,  d'auUml  plus  profond  que  la  flexion  et  laddiiction  du  membre 
^t  pim  prononcées,  est  cepembint  sensible  encore  dans  l'extension.  L'exploration 
<lecp  pli  permet  de  sentir,  Ti  travers  les  téguments,  une  corde  fibreuse,  résistante, 
tpiisuit  exactement  sa  direction;  c'est  le  ligament  de  Fallope,  qu'il  importe  de 
>aioir  rpconnaitre  à  travers  les  téguments,  vu  l'importance  de  ce  point  de  repère, 

Aiiis  le  triangle  inguino-crural  on  sent  roider  soas  les  tégiunents  des  ganglions; 
dont  le  volume  est  variable  selon  les  individus,  mais  qui  sont  toujours  assez  peu 
développés  dans  l'état  normal. 

Si  la  aiisse  est  placée  dans  la  position  que  nous  avons  indiquée,  on  voit  les 
Miefs  du  couturier  et  du  premier  adducteur  qui  soulèvent  les  téguments  et  des- 
tinent le  triangle.  Si  ce  relief  n'est  pas  apparent,  il  est  toujours  aisé  de  le  recon- 
î»ilrp,  par  le  palper,  à  travers  les  téguments. 

A  b  base  du  triangle  on  sent  battre  l'artère  fémorale.  II  est  facile  de  l'explorer 
ibns  une  assez  grande  étendue,  quand  le  membre  est  couché  sur  sa  face  externe. 
Knfin,  il  est  possible,  chez  les  sujcLs  peu  pourvus  d'embonpoint,  de  sentir  profon- 
dmieot  les  mouvements  de  la  tête  du  fémur.  Il  faut  pour  cela  plonger  les  doigts 
m  dedans  de  l'artère. 

SnrCTlJRB    ET    SUPERPOSITION     DES     PLAHS.        A.    RÉGIOB    INGUIMO-ABDOIIINUF. 

t/s  différentes  couches  qui  constituent  cette  région  nous  offrent  à  considérer  : 

a.  De  la  peau  à  V aponévrose  :  1°  la  |)eau  ;  —  2"*  les  couches  sous^cutanées  ; 
—  GMine  lamelle  celluio-fibreuse. 

b.  De  V aponévrose  au  péritoine  :  A^  l'aponévrose;  —  5®  les  bords  inférieurs 
éf%  muscles  petit  oblique  et  transverse  de  l'abdomen  ;  le  trajet  ou  canal  inguinal 
ti  ks  parties  qu'il  contient;  —  6"*  le  fascia  transversalis ;  —  7^  le  tissu  cellulaire 

'v)ns-péritonéal;  —  8"  le  péritoine;  —  9"  entre  ces  différentes  coudiesou  dans 
Viir  épaisseur,  des  vaisseaux  et  des  nerfs. 

i^Lapeau^  fine  et  délicate,  recouverte  de  poils,  est  Lâchement  appliquée  .siu* 
1^  parties  soiis-jacentes,  sur  lesquelles  il  («t  facile  de  la  faire  glisser;  elle  adiière 
«rpendant  an  niveau  du  pli  de  l'aine  aux  couches  fibreuses  sous-jaoentes.  Cette 
*Ah('rence  explique  comment,  chez  les  sujets  gras  ou  infiltrés,  le  pli  inguinal  est 


330  AINE  (ahatovie). 

débordé  et  recouvert  par  un  bourrelet  plus  ou  moins  Toltuntncux,  sans  jamais  être 
complètement  effacé  cependant. 

2"*  Les  couches  sous-ciUanées  sont  au  nombre  de  deux,  comme  à  l'abdomen  et 
dans  la  plupart  des  régions  du  corps,  mais  elles  sont  particulièrement  distinctes 
dans  la  région  qui  nous  occupe.  La  première,  cellulo-graissettse,  est  plus  on  moins 
épaisse,  selon  Tembonpoint  des  sujets;  elle  se  continue  avec  le  tissu  cellulaire  de< 
régions  voisines.  La  seconde,  franchement  lamelleuse^  bit  également  suite  à  celle 
des  régions  voisines,  mais  se  fixe,  en  se  réfléchissant  en  quelque  sorte,  au  ligament 
de  Fallope.  Cette  solide  adhérence,  bien  démontrée  par  M.  lîanec,  ne  fait  que  con- 
tinuer, en  l'accentuant  davantage  encore,  Taocolement  des  couches  cutanées  et 
sous-cuUinées  de  la  région  avec  la  ligne  fibreuse  inguinale  ou  ligament  de  Fallope. 
Cette  adhérence  rend  aisément  compte  de  la  marche  de  certaines  collections  puru- 
lentes ou  urineuses.  C'est  à  cette  couche  qu'il  convient  de  rattacher  le  faisceau  di* 
fibres  décrit  par  Thompson  sous  le  nom  de  Fascia  femorali-abdominalis,  et  par 
M.  Velpeau  sous  le  nom  de  ventrier.  Ce  faisceau  de  fibres  n'existe  que  chez  quel- 
ques sujets  bien  muselés.  D'apparence  jaunâtre,  quelque  i>eu  élasticpies,  les  Î\U\< 
qui  le  composent  partent  de  la  ligne  blanche  un  peu  au-dessus  des  pnbi>,  ^* 
|)ortent  obliquement  en  bas  et  eu  dehors,  recouvrent  en  partie  l'orifice  interne  Au 
canal  inguinal  et  se  terminent  sur  l'apnévrose  fémorale,  au  niveau  de  l'inserlioiï 
du  droit  interne.  Ce  faisceau  n'a  d'ailleurs  aucune  importance  au  point  de  x\w 
chirurgical. 

T}^  La  lamelle  cellulo- fibreuse^  que  nous  rencontrons  encore  avant  d'arrivei  a 
l'aponévrose,  double  la  couche  précédente.  Elle  accompagne  le  cordon  spermatiqih' 
et  voile  l'orifice  du  canal  inguinal;  M.  Richet  propose  avec  raison  de  la  consideriM 
comme  la  continuation  de  Yaponêvrose  d'enveloppe  du  muscle  grand  oblique. 

V  L aponévrose  mérite  de  fixer  notre  attention.  Elle  appartient  au  gramt 
oblique  auquel  elle  sert  d'aponévrose  d'insertion;  elle  vient  aussi  s'insérer  H 
presque  se  confondre  avec  la  ligne  fibreuse  inguinale;  elle  forme  de  plus  ta  parai 
antérieure  du  canal  inguinal,  et  dans  un  inter\'alle  de  l'écartement  de  ses  filre^ 
est  ménagée  l'ouverture  de  ce  canal  vers  l'extérieur. 

Parfaitement  convaincu  que  la  ligne  fibreuse  inguinale,  ou  ligament  de  Falloir, 
ne  doit  pas  être  confondue,  dans  la  description,  avec  l'aponévrose  du  grand  oUiqui", 
mais  reliant  sa  description  à  celle  de  cette  couche  fibreuse,  nous  allons  tout  d'alinnl 
étudier  ce  ligament,  véritable  squelette  fibreux  jeté  sur  la  grande  échancrun^  ifiaqui*. 
auquel  viennent  aboutir  tous  les  plans  fibreux  de  la  région  de  l'aine  et  sur  leqnol 
les  couches  cutanées  et  sous-cutanées  prennent  elles-mêmes  des  insertions. 

Ligament  de  Fallope  (ligament  de  Poupart,  arcade  crurale,  ligne  fibretise  ingui- 
nale, etc.).  L'on  peut  distinguer  au  ligament  de  Fallope  des  insertions  pnm> 
pales,  au  nombre  de  deux,  une  insertion  réfléchie  et  des  insertions  secondaires. 
Les  premières  se  font  à  l'épine  iliaque  antérieure  et  supiVieure  en  haut  et  i»ii 
dehors,  et  k  l'épine  du  pubis  en  bas  et  en  dedans.  De  ces  deux  points  d'iusorlimi 
partent  des  fibres  parallèles  embrassant  largement  les  saillies  osseuses  où  ell<*< 
s'implantent  et  formant  un  cordon  volumineux,  résistant ,  exactement  parallèle  nw 
pli  de  l'aine,  facile  à  sentir  à  travers  les  téguments,  et  constituant  pour  le  dia- 
gnostic des  hernies  un  très-précieux  point  de  repère. 

L'insertion  réfléchie  sera  décrite  plus  tard  sous  le  nom  de  ligament  de  dm- 
bernât;  c'est  en  effet  i  propos  du  canal  crural  «|ue  nous  devrons  l'étudier. 

Les  insertions  secondaires  se  font  sur  des  surfaces  aponévrotiques  et  non  sur 
des  saillies  osseuses.  Il  est  facile  de  comprendre  combien  il  serait  aisé  de  les  mul* 


AINE  (akatoiiib).  231 

tipKer,  si  Toii  se  rappelle  que  tons  les  feuillets  aponévrotiques  de  la  région  con- 
vergent vers  le  ligament  de  Fallopc.  Parmi  ces  connexions,  deux  seulement  nous 
remuent  devoir  être  considérées  comme  des  insertions  propres  au  ligament  de 
Fallope  :  l'une  se  fait  sur  l'aponévrose  iliaque,  l'autre  sur  l'enveloppe  fibreuse  du 
muselé  pectine.  Cette  dernière,  peu  importante,  consiste  seulement  en  une  sorte 
i]V|niiouissement  de  l'extrémité  interne  du  ligament  de  Fallope,  qui  vient  jeter  sur 
l'aponévrose  pectinéale  un  certain  nombre  de  fibres.  L'insertion  iliaque  doit  sur- 
tout attirer  l'attention.  A  pn^rement  dire,  le  ligament  de  Fallope,  dans  tout  son 
liers  externe,  est  entièrement  fusionné  avec  l'aponévrose  iliaque  ;  il  ne  s'en  isole 
(pie  lorsque  celle-ci,  suivant  le  contour  du  psoas-iliaque,  se  réfléchit  pour  aller 
gagner  la  surface  iléo-peclinéale  et  le  détroit  supérieur.  C'est  en  se  basant  sur  cette 
tii^position  que  Ion  a  pu  dire  que  le  ligament  de  Fallope  s'insérait  a  la  surface 
ilik>-pectinéâle  par  l'intermédiaire  de  l'aponévrose  iliaque.  Il  est  beaucoup  plu<; 
eiact  de  montrer  la  fusion  de  ces  deux  aponévroses,  et  leur  divergence,  lorsque 
l'aponévrose  iliaque  se  recourbe  pour  aller  gagner  l'éminencciléo-pectinéale,  tandis 
i{ue  le  ligament  de  Fallope,  suivant  sa  route,  gagne  directement  l'épine  du  pubis. 
Ile  là  cet  angle  assez  aigu  qui  limite  en  dehors  l'aimeau  crural,  de  là  la  formation 
Je  cet  espace  ostéo-Gbreux,  en  partie  limité  par  le  ligament  de  Fallope  et  dans 
lequel  nous  aurons  bientôt  à  montrer  l'anneau  crural. 

1^  direction  du  ligament  de  Fallope  est  sensiblement  modifiée  par  cette  inser- 
tion. .Vu  lieu  d'offrir,  comme  sur  le  squelette,  une  ligne  directement  tendue  de 
l'i'pine  iliaque  à  l'épine  du  pubis,  le  ligament  de  Fallope,  fortement  bridé  par  son 
iHlhérenco  à  l'aponévrose  iliaque,  offre  une  légère  concavité  antérieure.  Ses  con. 
flexions  avec  les  aponévroses  de  la  cuisse  et  de  l'abdomen  nous  expliquent  d'ail- 
It^urs  comment  ce  ligament,  malgré  les  insertions  inunobiles  de  ses  deux  extré. 
mités,  peut  être  tendu  ou  relâché,  selon  que  la  cuisse  est  dans  Li  flexion  ou  dans 
rcitensioii.  Pour  le  bien  explorer,  il  faut  placer  le  membre  dans  la  position  même 
(|ue  nous  avons  indiquée  pour  l'étude  de  la  région. 

On  dislingue,  au  ligament  de  Fallope,  une  face  supcnieure,  une  face  inférieure 
d  deux  bords,  l'un  antérieur,  l'antre  postérieur. 

La  face  supérieure  répond  au  canal  inguinal  dans  une  [lai'tie  de  son  étendue  ; 
file  est  concave  seulement  dans  cette  portion.  La  face  inférieure  répond  à  l'anneau 
nural  dans  une  étendue  que  nous  aurons  soin  de  déterminer,  mais  il  est  déjà  aisé 
de  comprendre  que  ce  ligament  forme  en  quelque  sorte  cloison  mitoyenne  à  ces 
lieux  importants  canaux.  Cette  face  reçoit  l'insertion  des  feuillets  aponévrotiques 
ilépendant  de  l'enveloppe  aponévrotique  de  la  partie  antérieure  de  la  cuisse. 

lie  bord  antérieur  reçoit  l'insertion  de  l'aponévrose  du  grand  oblique  de  Tabdo- 
uit'H,  tandis  que  le  fascia  transversalis  vient  se  fusionner  avec  le  bord  postérieur. 
Aponévrose  d* insertion  du  graiid  oblique.  Cette  aponévrose  nacrée,  resplen- 
dissante comme  un  tendon,  est  épaisse  et  résist.tnte.  Elle  est,  à  juste  raison,  con- 
sidérée comme  l'aponévrose  d'insertion  du  muscle  gnuid  oblique.  Ses  fibres  font 
Hiiite  i\  celles  du  muscle,  se  dirigent  obliquement  comme  elles  de  haut  en  bas  et 
lit*  dehors  en  dedans,  pour  venir  se  jeter  en  grande  partie  sur  le  bord  antérieur 
ilu  ligament  de  Fallope  avec  lequel  elles  s'unissent  intimement.  D'autres  s'entre- 
croisent au  niveau  de  la  ligne  blanche  et  de  la  symphyse  des  pubis  avec  celles  du 
<^ié  c^iposé. 

La  fusion  intime  des  fibres  qui  s'insèrent  sur  le  ligament  de  Fallope  et  de 
(-e  ligament  l'avait  fait  considérer,  par  plusieurs  anatomistes,  comme  un  tendon 
n'^Oéchi  dont  l'épanouissement  était  retrouvé  sous  le  péritoine  et  y  donnait  nais- 


i  -Tl 


iLJC  •  iSâTOVIE). 

i»  joBHiiéntions  plus  liaQt  exposées  toni  assez 
«  x%ec  les  anâtomistes  moderoes  les  plus  auto- 
L^  igament  de  Fallope  ne  peut  pas  être  plutôt 
qu'à  tout  autre  des  feuillets  fibreux  dont 


•î««'r 


iittiiie  est  fanoée  d*un  grand  nombre  de  rubans  fibreux 

me  bme  plus  ou  moins  homogène.  Souvent  des 

phisieurs  d'entre  eux  ;  mais  ce  n'est  qu'au-dessus 

que  deux  de  ses  rubans  ou  faisceaux  ciroon- 

un  espace  qui,  par  ses  dimensions  et  son  impor- 

ittealion.  C'est  l'orifice  externe  du  canal  inguinal,  ou 

L  anfoel  nous  consacrerons,  un  peu  plus  loin,  unedescrip- 

•-.    .  ^  uacf5m  lUHreiix  qui  le  circonscrivent  portent  le  nom  de  pîlieis 

entier  supérieur  et  en  pilier  inférieur. 

..jr'^^twr.  br^,  aplati,  passe  au-dessus  de  l'épine  du  pubis,  descend 

ie  b  symphyse,  où  il  s'entre-croise  avec  celui  du  coté  oppcv^. 

•»^r  f    '^trtr.  mÊO^  large,  est  continu  avec  le  ligament  de  Fallope.  Les 

.■m  -a  ortie  à  l'épine  du  pubis  et  passent  en  partie  au-devant  d'elle 

..M.     .•  r   ta«  <  'ittre-iMroiser  sur  la  symphyse  avec  celles  du  côté  opposé. 

iiMK«n««  'ht  «nd  oblique  est  renforcée  par  des  fibres  obliques,  m  sens 
,.  .>c  >«-4-^iif«  de  dedans  en  dehors.  Ces  fibres,  désignées  par  H.  Velpeao  sous 
•  <Mai  .«•  ibf«  inÊturersales  ou  de  second  ordre,  sont  beaucoup  moins  nom- 
(ue  rike»  qui  ibnt  directement  suite  aux  fibres  musculaires.  Elles  sont  peu 
reaîuil  et  la  femme,  beaucoup  plus  apparentes  chez  l'adulte,  et  tou- 
a  nveau  de  l'écartement  des  piliers.  Ces  fibres  proviennent  de  l'apo- 
i^  %m#  m  «rùle  efposé,  s'entre-croisent  vers  la  ligne  blanche  et  sont  évidenuuent 
K^^iM««$  à  r»fcmr  l'aponévrose  du  grand  oblique,  dont  elles  oroisent  pour  ainsi 
iiif  a  trune. 

J'  Us  itris  inférieurs  des  muscles  petit  obliqm  et  transverse  se  voient 
iQttik^iùfteflieut  aunkssous  de  l'aponévrose  du  grand  oblique.  Les  fibres  musculaires 
iia  «mrtieunent  au  petit  oblique  et  au  transverse  adhèrent  directement  au  li^n* 
ii«>«t  «le  Fallope  dans  sa  moitié  externe  ;  dans  sa  moitié  interne,  elles  n'y  sont  que 
^m^ftialefnent  rattachées,  ainsi  que  celles  du  transverse,  par  un  feuillet  ceUuleiix 
î*4ifeN  «lu  moins  prononcé,  qui  va  se  perdre  sur  la  face  concave  de  ce  ligament. 
|it-4eâ^ous  lies  bonis  inférieurs  de  ces  muscles  existe  un  espace  rempli  par  du 
;.v4i  ivihilaire  et  le  conlou  spermatique  chez  l'homme,  par  du  tissu  cellulairo  et 
k*  kejrament  rond  chez  la  femme.  C'est  le  trajet  ou  canal  inguinal.  Les  fibres  du 
l^Hit  oUique«  qui  descendent  un  peu  plus  bas  que  celles  du  transverse,  recouvrent 
uiwi|iiefe«$  le  cordon  qui  repose  inférieurement  sur  la  face  supérieure  ou  concave 

Jm  IkMiM^^  ^^  Fallope. 

tî»  fiiA^M  trmmverstdts.  Lorsque  l'on  a  refoulé  en  haut  les  lx)rds  musculaires 
ouk'  mut»  venons  do  décrire,  coupé  et  renversé  le  cordon  spermatique,  et  détruit  le 
u^stt  it^Hulaiw*  on  met  à  nu  une  ooudie  fibreuse,  décrite  depuis  par  A.  Cooper  sons 
le  mw  t^  /h«i*  tmnsversalis.  Après  A.  Cooper,  c'est  à  Hesselbach,  qui  écrivait 
ileMv  awnV*  l*t^  *w^  (1806),  et  à  M.  Jules  Qoqiiet  (1817)  que  nous  devons  ks 

wkVv<  t*t  l*"^  |Jtt*  rfl^bres  descriptions  de  c^t  important  fasrJa,  dont  la  déroii- 
ï!^^  ^  tant  itt*»é  sur  Ihistoire  de  la  hernie  inguinale. 

Iji  iW«^'*'  **«  ^^"^  tninsversalis  varie  selon  les  sujete  ;  mais  sans  l'existence  de 
vlt^liiMi'  Sbnwi!',  1«^  intestins,  pendant  l'attitude  verticale,  tendraient  ton- 


AliNE  (anatosib).  233 

jours  à  passer  âu-detsoas  du  bord  inférieur  du  muscle  Imnsverse.  Cette  remarque 
d'A.  Gooper  £iit  bien  comprendre  le  rôle  de  ce  fascia,  qui  double  le  péritoine, 
descend  entre  celte  membrane  et  le  muscle  transverse,  mais  plus  bas  que  lui,  car 
Q  Tient  se  fixer  au  bord  postérieur  du  ligament  de  Fallope,  comme  Taponévrose 
do  grand  oblique  vient  se  fixer  à  son  bord  antérieur. 

L'étendue  du  iasciatransversalisest  très-oonsidéraUe,  puisque  chez  beaucoup  de 
sujets  Ton  peut  retrouver,  jus(|u'au  diaphragme  en  liaut»  les  Iraces  de  cette  dou- 
Unre  fibreuse  du  péritoine,  et  latéralement  jusqu'à  la  crête  iliaque.  Mais  la  partie 
comprise  dans  la  région  que  nous  décrivons  mérite  seule  une  description  particulière  ; 
r*est  malbaireusemenl  à  son  sujet  qu'ont  varié  les  interprétations  des  auteurs. 

Le  fiucta  transversalis  n'est  réellement  fibreux  que  dans  cette  partie  de  son  éten* 
due;  plus  haut,  ses  fibres,  bientôt  dissociées,  ne  peuvent  être,  à  une  certaine  liau* 
tnir,  séfMirées  du  péritoine  qu'avec  beaucoup  de  peine. 

Dans  la  moitié  externe  de  la  région  inguino-abdominale,  ses  fibres,  nombreuses 
<i  serrées,  s'attachent  sur  l'aponévrose  iliaque,  le  ligament  de  Fallope,  qui  y  est 
uoi,  etse  confondent  avec  ces  parties  fibreuses.  Dans  la  moitié  interne,  ces  fibres 
reiKonlrenl  encore  le  ligament  de  Fallope  et  s'unissent  à  son  bord  interne  de  tello 
^e  qu*nne  gouttière  dont  la  face  supérieure  de  ce  ligament  forme  le  fond,  l'apo- 
Révrasedu  grand  oblique  la  paroi  antérieure,  et  lelascia  transversalis  la  paroi  pos- 
imenrc,Gst  dès  lors  constituée.  A.  Cooper,  Thompson  et  d'autres  anatomistes  ont 
irétendu  que  le  fasda,  seulement  accolé  au  ligament  de  Fallope,  descendait  à 
tnvers  l'ouverture  crurale  pour  embrasser  les  vaisseaux  fémoraux  sur  lesquels  il 
pnnidrail  attache.  Cette  disposition  peut  en  effet  être  reproduite  par  la  dissection, 
mais  elle  est  artificielle,  et  je  partage  entièrement  Tavis  des  anatomistes  qui  font  ter< 
oiioer  sar  le  ligament  de  Fallope  le  bord  inférieur  du  fascia  transversalis.  Son  bord 
toiproese  confond  aveclefiiscia  du  côté  opposé.  L'on  a  discuté  sur  le  plus  ou  moins 
d'épaisseur  du  fascia  transversalis  dans  la  moitié  interne  que  nous  venons  de  décrire, 
''urtoot  dans  cette  partie  qui  répond  profondément  à  l'écartement  des  piliers  do 
r4ponévroae  du  grand  oblique,  c*est-à-dire  à  Tanneau  inguinal  sous-cutané.  Astley 
i/»per  et  Hesselbaeh  ont  écrit  que  cette  moitié  interne  est  la  plus  faible,  H.  J.  Clo- 
quet  et  H.  Roustan  {De  ta  hernie  interstitielle.  Thèse  inaug.,  Paris,  1845,  p.  12) 
JTiniient  au  contraire  qu  elle  est  la  plus  épaisse  et  la  plus  forte.  Nous  croyons 
l^iis  volontiers  à  l'exactitude  de  la  description  de  ces  derniers  auteurs,  mais  il  faut 
Wn  reconnaître  avec  M.  Malgaigne  (Anat.  cfttrur.,  2*>  édit.,  t.  Il,  p.  258)  que  les 
vsriétés  indiriduelles  jouent  un  grand  rôle  dans  la  constitution  de  cette  partie 
iltHerminée  du  fascia  ou  du  fascia  tout  entier.  C'est  ce  que  l'on  peut  dire  en  parti- 
nilier  du  renforcement  fourni  par  Texpansion  du  tendon  du  grand  droit  de  l'abdo- 
nv>n,  sur  la  description  de  laquelle  ont  insisté  MM.  J.  Cloquet  et  Roustan.  Dans  celte 
n^^noo,  comme  dans  tout  le  corps,  les  tissus  fibreux  tendent  à  se  fusionner  et  :\ 
motuelleoient  se  renforcer  dans  les  limites  de  leur  développement  particulier. 

U  face  antérieure  du  fascia  transversalis,  libre  au-dessous  des  bords  des  petit 
iMiqiie  et  transverse,  libre  encore  au-dessous  des  fibres  de  ces  muscles,  dans  une 
«^Ytaiw  étendue,  se  fusionne  bientôt  avec  l'aponévrose  du  muscle  transverse  en 
v^rta  de  cette  même  affinité  que  nous  venons  de  signaler. 

L'étude  du  tissu  cellulaire  sous^périlonéal  nous  amènera  à  parier  de  la  face 
pQitérieiire;  nous  n'avons  plus  &  indiquer  que  deux  points  pour  compléter  notre 
description. 

liP  fascia  transversalis  est  obliquement  traversé  par  le  cordon  spermatique,  à  peu 
prv&  à  égale  distance  de  l'épine  iliaque  et  de  l'épine  du  pubis.  Traversé,  sans  être 


S34  AINE  (amatovib). 

perforé,  il  ^e  replie  nir  le  cordon,  l'enveloppe  et  l'acoompgne  dans  le  canal  ingninaj; 
mais  ainsi  se  trouve  néanmoins  constituée  une  ouverture  que  nous  éUidieroRs  tous 
le  nom  A*oiifice  interne  au  sous-péritonéal  du  canal  inguinal. 

Enfin,  comme  toutes  les  membranes  fibreuses,  le  fascia  transvenalis  prvsenti" 
plusieurs  oniresde  fibres.  Presque  toutes  sont  transversales,  mais  sous  la  dénomi- 
nation de  verticales  M.  J.  Richet  {Anat.  rfttr.,  S*"  édit.,  p.  6S4)  a  décrit  des  fibrr-N 
parallèles  au  muscle  droit  qui  viennent  se  continuer  avec  la  portion  gimbematiqii^ 
de  Tarcade  crurale,  qu'elles  contribuent  à  renforcer.  Le  iascia  tramrersalis  te 
fusionne  en  eflbt  avec  l'inseition  réfléchie  du  ligament  de  Fallope,  sur  la  faro 
postérieure  de  laquelle  il  envoie  un  certain  nombre  de  fibres;  mais  les  fibres  \eiiH 
cales  nous  paraissent  être  celles  que  d'autres  auteurs  ont  décrites  oommei'expan- 
sion  du  tendon  du  grand  droit. 

7"*  Tissu  cellulaire  saus-péritùm'al.  Au  niveau  de  la  région  inguino-^bdomiiiaU , 
le  tissu  cellulaire  qui  double  le  péritoine  devient  plus  abondant  et  peut  même  étrf 
divisé  en  deux  couebes  distinctes  comme  le  tissu  cellulaire  sous-cutané.  L'une,  eu 
rapport  direct  avec  la  séreuse  et  qui  se  laisse  facilement  envahir  par  la  graisse  : 
l'autre,  souple,  extensible,  lamelleuse  et  qui  résiste  davantage  à  cet  eoTaliissemeni. 
C'est  ce  feuillet,  bien  disséqué  par  M.  Gloquet,  et  considéré  par  lui  comme  nn  d<'** 
doublement  du  fascia  trausversalis,  que  H.  Richet  a  cru  devoir  appeler  iascia  tniiis- 
versalis  celluleux.  A  l'exemple  de  MH.Volpeau  et  Halgaigne,  nous  lui  coDserveruu» 
le  nom  do  fascia  fropria. 

A  l'inverse  du  iascia  sonç^-riilané,  il  n'adhère  pas  au  ligament  de  Fallope,  il  t^i 
partout  facilement  décollé,  excepté  au  niveau  de  l'orifice  péritonéal  du  canal 
inguinal.  Ce  fascia,  peu  imprtant  dans  la  région  qui  noit<«  occupe,  joue  au  t-wi- 
traire  un  r6le  important  dans  l'histoii^e  <le  la  hernie  cnirale.  Il  passe  au-deiaiil 
de  l'anneau  crural  en  bas  et  s'étend  en  dedans  derrière  la  face  postériaire  du  piiUi 
et  le  muscle  droit  qu'il  tapisse,  en  dehors  dans  la  région  iliaque. 

i^  Le  péritoine.  I^e  péritoine,  soulevé  par  l'ouraque,  le  Hument  de  la  ximh*- 
ombilicale  et  les  vaisseaux  épigastriques,  présente  dans  cette  région  trois  IbsselU*^ 
décrites  par  tous  les  auteurs  à  propos  du  canal  inguinal. 

9^  Vaisseaux  et  nerfs.  liCs  artères  attireront  surtout  notre  atlenlion;  «c 
sont  :  l'artère  tégtimenteuse  abdominale,  les  artèi*es  spennatique,  funiculaire  a 
déférentielle,  qui  appartiennent  au  cordon  spermatique  ;  l'artère  épigastrique, 
l'artère  circonflexe  iliaque. 

.  Vartètr  tégumenteuse  abdominale  rampe  dans  la  couche'sous-cutanée  et  y  éfMKe 
ses  rameaux.  Née  de  l'artère  cnirale,  elle  se  réfléchit  immédiatement  en  haut, 
croise  rarc«ide  crurale  â  angle  aigu,  et  remonte  obliquement  en  liant  et  en  dehoiN 
Cetti»  artère  est  peu  importante. 

Les  artères  du  cordon  se  rencontrent,  comme  le  cordon  lui-même,  entre  l'ajo- 
névrose  du  grand  oblique  et  le  feuillet  fibreux  décrit  sous  le  nom  de  faada  tran^- 
versalis.  Elles  sont  peu  volumineuses,  parallèles  à  Tarcado  de  Fallope,  et  oe  seront 
décrites  qu'avec  le  cordon  spennatique. 

L'artère  épigastrique  est  située  au-dessous  du  fascia  trausversalis  et  se  reii- 
contre,  dans  la  région  ingiiino-alNlomiimle,  entre  ce  fascia  et  le  iascia  propria.  CaAIv 
artère  naît  de  l'iliaque  externe,  gagne  immédiatement  le  tissu  cellulaire  «^mi^- 
péritonéal  en  croisant  obliquement  le  ligament  de  Fallope.  Elle  emprunte  à  :ie< 
rapports  avec  l'orifice  sous-périlonéal  du  canal  inguinal  une  importance  ooiisidi^ 
rable.  Nous  donnerons,  en  étudiant  le  canal  inguinal,  la  description  de  ceileart^ 
^  de  ses  anomalies. 


jflirsapiflBriiHbÉBilr 

i'L  Coôjxr  tt  lin  (T>t 
(iesûmdântreaUeQiei- 

il  TJâK  se  lisir  as  bo' 
liii^TUidoliliiptw 

linRfibnMèi 

huprcediiis  i.i 

ér;pbli' 
n- 


AINE  (amatomie).  Î55 

(J1I6  est  également,  à  son  origine,  en  arrière  dn  fascta 

cie  externe,  elle  remonte  oUiquament  en  dehors,  per- 

salis,  et,  courant  parallèlement  au  ligament  de  Fallope, 

i  son  contour  en  distribuant,  chemin  faisant  et  lors  de 

i-anches  musculaires. 

lères  et  n'offrent  rien  d'important  à  conaidérer. 
ipaux  appartiennent  à  la  couche  cutanée,  et  vont  aboutir 
à  l'arcade  crurale  :  ce  sont  les  lymphatiques  superficiels, 
"ofondsvont  aboutir  aux  ganglions  iliaques.  D'autres  lym- 
•artienneat  au  cordon. 

''nt  dans  la  couche  sou&-cutanée  ou  accompagnent  le  cor^ 

<>s-gréles,  dépendent  du  plexus  lombaire;  la  plus  impor« 

iirale,  sort  avec  le  cordon  par  l'orifice  inguinal  cutané. 

*  canal  inguinal  est  destiné  à  permettre  au  cordon  sperma- 

m  ligament  rond  chez  la  femme  de  se  porter  de  la  cavité  de 

atum  ou  dans  la  grande  lèvre,  en  cheminant  obliquement 

.rois  alxlominales. 

ûk  transversalis  et  l'aponévrose  du  grand  oblique  qu'est  mé- 

dx  dépens  de  ces  feuillets  fibreux  que  sont  constitués  ses  ori- 

lidel.  La  région  inguino-abdominaie  emprimte  h  la  présence 

grand  intérêt.  Nous  ferons  très-utilement  servir  à  son  étude 

t>uches  que  nous  venons  de  décrire.  Nous  prendrons  pour  type 

le  canal  inguinal  chez  l'homme;  nous  la  compléterons  ensuite 

femme. 

l,  situé  au-dessus  du  ligament  de  Fallope,  qui  lui  fournit  sa 

oblique  de  haut  en  basset  de  dehors  en  dedans.  Nous  décrirons 

<vant  l'usage,  les  orifices  et  le  canal  qui  leur  est  intermédiaire. 

al  externe,  encore  désigné  sous  le  nom  de  superficiel^  AHnfé- 

s  appellerons  sotis-cutanéy  est  situé  au-dessus  et  en  dehors  de 

immédiatement  au-dessus  du  ligament  de  Fallope.  Il  est  facile, 

introduire  le  doigt,  si  l'on  a  préalablement  refoulé  avec  son  extré- 

«rotum  et  reconnu  l'épine  du  pubis.   Dans  l'état  normal  il  est 

illet  fibreux  mince  qui  s'insère  à  son  pourtour  et  se  mntinue  sur 

•tique,  dont  il  constitue  l'une  des  enveloppes.  Le  cordon  auquel  il 

le  remplit  qu'incomplètement. 

18  de  cet  orifice  varient  selon  les  sujets,  il  est  facile  de  l'expliquer 
rend  compte  de  sa  structure.  11  est  circonscrit  par  les  bandelettes 
que  nous  avons  décrites  sons  le  nom  de  piliers  supérieur  et  infé- 
fitre  elles  par  des  fibres  qui  crmsent  leur  direction  et  que  l'on 
moins  grand  nombre,  selon  les  sujets,  à  la  partie  supérieure  ou 
meau.  Ces  fibres,  décrites  sous  différents  noms,  mais  que  nous  appel- 
.  Velpeau  fibres  en  sautoir,  brident  l'anneau  à  sa  partie  externe,  le 
f  ulièrement,  et  modèrent  plus  ou  moins  l'écartement  des  fibres  pa- 
,  ^  <  43r  ^Xit  constituer  les  piliers. 

^^jr'w^r.*^  '  ii  décrit,  sous  le  nom  de  ligament  de  Colles,  un  système  de  fibres  qui 

'ur»..'Xf^^  pour  usage  de  renforcer  l'anneau  inguinal  à  son  extrémité  interne 

i//m/eBif^k^}I^Tmu\eT  ses  limites  de  ce  vàlé.  Hais  le  ligament  de  Colles  est  situé 

^■pt/i/mlà''*  *»  piliers,  et  appartient  en  réalité  à  la  paroi  postérieure  du  canal  ingoi- 

/4/Af/ji/>W^pie  les  fibres  en  sautoir  appartiennent  à  sa  paroi  antérieure.  Pour  les 


*  *-% 


'.  f  »■  .-£' 


'A 


i56  AINE  (anatovib). 

bien  Toir  il  suffit  de  couper  le  cordon,  de  le  relever  et  d'enlever  le  ti^mi  odlidairp 
soufrjacent.  On  voit  alors  un  faisceau  triangulaire  qui  remonte  obliquement  de  h 
face  postérieiut;  du  pilier  inférieur  à  la  face  postérieure  du  pilier  supérieur.  La  base 
du  triangle  qui  regarde  en  haut  et  en  dehors  n'est  d'ailleurs  pas  liîire  et  ne  peut 
être  qu'artificiellement  séparée  de  la  paroi  postérieure  du  canal  inguinal,  avec  lequel 
elle  se  coniond.  Que  ces  fibres  viennent  de  la  ligne  blanche  ou  de  l'aponévrose  du 
grand  oblique  opposée,  toujours  est-il  que  le  rôle  qu'on  leur  a  bit  jouer  dans  l'é- 
tranglement de  la  hernie  est  illusoire.  Ce  sont  des  fibres  de  renforcement. 

Ainsi  constitué,  l'anneau  inguinal  sou&«utané  est  elliptique,  sa  grosse  extrémité 
est  en  haut,  et  son  plus  grand  diamètre  oblique  de  haut  en  bas  et  de  dehors  en 
dedans.  Ce  plus  grand  diamètre  est  estimé  à  25  millimètres,  à  25  à  30  millimè- 
tres, enfin,  à  15  à  20  millimètres,  selon  les  différents  auteurs.  Noos  pensons  xw 
M.  Malgaigne  que  l'anneau  réel  ne  commence  guère  qu'à  l'épine  pubienne;  il  Tant 
donc  défalquer  ce  que  mesure  encore  l'écartement  des  piliers  en  dedans  de  cette 
épine,  car  a  ce  niveau  l'orifice  inguinal  est  exactement  limité  par  le  ligament  de 
Colles  et  le  pubis.  Hais  il  faut  reconnaître  qu'en  dehors  les  limites  sont  bien  peti 
précises,  et  il  suffit  do  rappeler,  pour  le  comprendre,  combien  est  variable  laforre 
c^t  la  position  des  fibres  en  sautoir.  M.  J.  Cloquet  a  vu  chez  plusieurs  sujets  <ïs 
piliers  ne  se  réunir  qu'à  5  ou  même  Ti  centimètres  do  l'épine  iliaque.  Noos  recon- 
naissons avec  M.  Malgaigne  <|ue  la  paroi  antérieure  du  canal  est  alors  siirtont  en 
cause,  mais  il  n'en  ressort  pas  moins  que  les  limites  externes  de  l'anneau  sont  sou- 
vent mal  définies  ou  n'existent  mémo  pas.  Cela  est  important  h  savoir  pour  le  chi- 
rurgien, qui  a  besoin  de  se  rendre  compte  de  la  marche  d'une  hernie  inguinale,  île 
l'action  du  bandage,  ou  qui,  pendant  une  opération ,  voudrait  reconnaître  un  anno^iu 
et  une  paroi  depuis  longtemps  détruits. 

Sur  le  vivant,  dans  l'état  normal,  les  dimensions  do  cet  anneau  ne  sont  pas  inv.i- 
riables.  M.  Malgaigne  a  consigné  à  ce  sujet,  dans  son  livre,  de  curieuses  rerlierrh<s 
(AnaL  chirurg.^  t.  II,  p.  264).  Sans  les  rappeler  en  détoil,  vu  leur  faible  ntiliii' 
pratique,  nous  dirons  qu'il  en  ressort  : 

1°  Que  la  contraction  des  muscles  abdominaux  resserre  Tannenu  ; 

2^  Que  la  position  de  la  cuisse  fait  varier  sa  capacité. 

IjC  relâchement  des  muscles  abdominaux  et  la  bonne  position  du  membre  inlé> 
rieur  sont  donc  nécessaires  pour  obtenir  son  élargissement,  qui  est  aussi  comple< 
que  possible,  quand  les  cuisses  sont  écartées  et  fortement  fléchies,  tandis  que  l> 
malade  est  couché.  M.  Malgaigne  fait  cependant  remarquer  que  dans  la  position  à 
cronpion,  si  les  cuisses  sont  fléchies  et  écartées,  l'anneau  s'élargit  encore,  et  qm 
c'est  dans  cette  position  qu'il  convient  de  placer  les  malades  pour  expérimenter  l< 
degré  de  contention  fourni  par  les  bandages. 

V&rifice  inguinal  interne,  aussi  nommé  anneau  abdominal,  interne^  tuff- 
rieur,  et  que  nous  appellerons  sma^péritonéal,  est  constitué  aux  dépens  du  fa«ci.i 
transversalis. 

Il  est  situé  sur  le  milieu  d  une  ligne  menée  de  l'épine  iliaque  a  l'épine  du 
pubis  et  à  deux  travers  de  doigt  environ  du  ligament  de  Fallope.  lîorsque  la  parai 
abdominale  incisée  est  renversée,  on  le  découvre  dès  que  l'on  a  décollé  le  péritoine 
et  enlevé  le  tissu  cellulaire  sous-péritonénl. 

Cet  orifice,  très-simple  dans  sa  structure,  se  présente  sous  la  iorme  d'une  lai^e 
vahide  accolée  h  la  paroi  abdominale,  contre  laqtielle  elle  reste  appliquée  lorsque  li» 
péritoine  n'est  pas  décollé  et  lorsque  la  paroi  est  dans  sa  position  normale.  Il  est  fcrile 
de  l'écarter  ^  travers  le  péritoine,  qui  se  laisse  déprimer  en  fossette  )  son  niveau,  et, 


ÂINE  (AMAToais).  337 

lorsque  la  dissection  est  opérée,  de  pénétrer  dans  un  iufundibulum  peu  profond, 
qui  ic  tennine  sur  le  cordon  spermatique. 

L'bord  libre  de  cet  te  valvule  fibreuse  est  concave  et  trancbant,  le  lascia  traits- 
MiTsùii  semble  uiauil'estenient  épaissi  à  sou  niveau.  11  est  eu  effet  admis  que  cet 
orifice  se  tnmve  constitué,  lorsque  le  testicule»  dans  sa  migration  de  Tabdomen  au 
(lehoK,  refoule  devant  lui  le  fascia  transversalis,  le  reploie  sur  lui-même,  et  lors- 
que la  voie,  d'abord  ouverte  entre  la  cavité  abdominale  et  le  scrotum,  est 
â-nuée par  loblitération  du  conduit  péritonéal  et  par  Taccolement,  à  la  surface  du 
cm-doti  quil  enveloppe  dans  toute  son  étendue,  de  la  lame  fibreuse  entraînée  et 
refoulée  dans  la  migration  du  testicule. 

Aiusi  constitué,  Tanneau  inguinal  sous-péritonéal,  très-incomplétement  rempli  par 
les  élcments  encore  épars  du  cordon,  fermé  seulement  par  raooolement  à  la  paroi 
abdoiuiiiale  de  son  bord  libre,  maintenu  parle  péritoine  et  le  tissu  cellulaire  sous- 
))éril4)uéal,  devient  très-aisément  dislensible,  et  peut,  lorsqu'il  est  disséqué,  olTrii' 
ib dimensions  relativement  considérables,  que  Ton  n'a  même  pas  essayé  d*a(^ré* 
cHt  par  la  mensuration.  Ce  serait  d'ailleui's  en  prendre  une  lausse  idée  que  de  ne 
|Qs  le  considérer  comme  une  simple  fente  verticale,  recouverte  et  défendue  pai'  Je 
liéritoiue,  qui  le  protège  par  sa  résistance  propi'e  et  par  la  surface  glissante  qu'il 
oflrc  aux  viscèi'es  qui  tendent  à  s'y  engager.  Il  faut  néanmoins  ne  pas  perdre  de  vue, 
)Ous  le  rapport  pathologique,  sa  facile  distension. 

Le  camd  compris  entre  ces  deux  orifices  est  limité  par  quatre  parois  :  Vasilé- 
Heure  est  formée  par  l'aponévrose  du  grand  oblique  et  ses  fibi^  de  renforcement  si 
variables;  la  postérieure^  par  le  fascia  transversalis  doublé  du  tissu  cellulaire  sous- 
péritonéal,  du  péritoine,  et  soutenue  par  la  pression  des  viscères  abdominaux;  Vin- 
{àienre^  la  plus  résistante,  par  le  ligament  de  Fallope  ;  la  supériem*e  est  artificiel- 
leoient  représentée  par  les  bords  des  muscles  petit  oblique  et  transverse. 

Le  trajet  oblique  descendant  du  canal  est  bien  indiqué  par  la  différence  de 
niveau  des  orifices  sous-péritonéal  et  sous-cutané.  Son  étendue  varie  selon  l'âge,  le 
scie,  la  taille,  et  nécessairement  aussi  selon  que  les  limites  supérieures  de  l'anneim 
»ous-culané  sont  plus  ou  moins  éloignées  de  l'épine  des  pubis.  Nous  indiquons  seu- 
lement les  mensurations  fournies  ^jar  M.  Uicliet;  elles  représentent  la  moyenne  des 
liMiltats  obtenus  par  l'examen  de  vingt  sujets  adultes,  et  donnent  au  caiml  de  30  a 
35  luillimètres  de  longueur. 

Ix  calibre  du  canal  serait  plus  considérable  à  droite  qu'à  gauche.  Ce  fait,  indi*- 
<)uéparH.Jobert,a  été  attribue  avec  raison  ptir  U.  J.  Cloiiuet  au  volume  plus  cousi- 
denble  du  cordon  du  côté  droit  :  c'est  ce  que  cet  auteur  a  pu  démontrer  en  pesant 
ruo^iarativenient  le  cordon  spermatique  droit  et  gauche  chez  un  jeune  supplicie. 

Le  contenu,  du  canal  inguinal  ne  sera  pas  ici  l'objet  d'une  description  complète 
ifoy.  Spermatique,  Cordon)^  mais  nous  devons  indiquer  les  éléments  qui  com- 
(H)seat  le  cordon  spermatique. 

thi  y  trouve  le  canal  déférent,  trois  artères,  des  veines,  des  lymphatiques,  des 
nerfe,  et  enfin  des  enveloppes. 

Dissociés  dans  l'abdomen,  les  éléments  du  cordon  se  réunissent  en  un  seul  fais- 
ceau dans  le  canal  inguinal. 

Le  canal  déférent,  avec  l'artère  déférentielle  et  lu  veine  du  même  nom,  est  situé 
eu  arrière  et  en  dedans*  Il  se  distingue  siisément  des  autres  éléments  |iar  sa  dureté. 
Il  est  séparé  |iar  mi  certain  intervalle  de  l'artère  et  delà  veine  spennatiques  situées 
cit  avant  de  lui.  La  veine  speimatique  enveloppe,  dans  ses  ramifications,  l'artère  du 
même  nom .  L'artère  crémastérique  est  la  plus  superficiellement  placée. 


'i5K  AINR  (ARATOMie). 

Le  nerf  géniU>-crural  est  aussi  superficiel  ;  le  plexus  sperniatique  aooomingiie 
Tarière  du  même  nom,  le  canal  déférent  et  Tarière  déférentielle. 

Les  lymphatiques  vont  se  jeter  dans  les  ganglions  lombaires. 

Dans  le  canal  inguinal,  le  cordon  ne  présente  d'autre  enveloppe  que  celle  que  lui 
ibuniissent  le  fascia  transversalis  et  le  crémaster.  L  enveloppe  fihro-oellulense  fait 
stiitc  à  Tentonnoir  fibro^elluleux  que  nous  avons  décrit  à  propos  de  ToriGce  in- 
terne, et  qui  Tacoompagne  jusqu  à  sa  teimînaison.  L'enveloppe  musculaire,  dont 
on  trouvera  l'intéressante  histoire  au  mot  CtéMASTER,  présente,  dans  la  région 
inguinale,  deux  faisceaux  principaux  considérés  comme  ses  origines. 

Rapports  du  canal  inguinal.  Le  canal  inguinal,  recouvert  en  avant  par  U  peau 
cl  les  couches  sous-cutanées,  n'est  séparé  en  bas  de  Taimeaa  crural  que  par  Tépais- 
seur  du  ligament  de  Fallope.  Nous  aurons  occasion  d'y  insister.  Les  eonneiioii!; 
de  kl  paroi  postérieure  méritent,  par  leur  importance,  de  fixer  noire  attentioa. 
Dans  la  couche  oelluleuse  sous-péritonéale  nous  rencontrons,  en  procédant  de 
dehors  en  dedans,  et  séparés  par  des  espaces  à  peu  près  égaux,  l'artère  et  les  veiiies 
épigaslriques.  Tarière  ombilicale,  représentée  chez  Tadulte  par  un  cordon  plein,  el 
enfin  sur  la  ligne  médiane  un  cordon  fibreux,  vestige  de  Touraque.  Si  Ton  examine 
la  paroi  abdominale  par  sa  face  périlonéale,  on  voit  que  le  péritoine,  soidevé  [nr 
la  saillie  de  ses  trois  cordons,  forme  trois  fossettes  décrites  sous  le  nom  de  fosseitc> 
inguinale  externe,  inguinale  interne  et  vésioo*pubicnne. 

\à\  fossette  inguinale  externe  est  délerminée  par  le  relief  des  vaissciux  opig:istri- 
ques,  rendue  plus  sensible  par  Tadhérence  du  fascia  sous-péritonéal  à  Torifice  iiunii* 
liai  externe.  Cette  fossette  répond  à  Tonverturc  aMoniinalc  du  canal  inguinal. 

La  fossette  moyenne  dite  inguinale  interne  est  limitée  en  dehore  par  les  vaîsseau\ 
épigaslriques,  en  dedans  par  Tarière  ombilicnle.  Elle  répond  à  la  paroi  postérieure 
du  canal,  c'est-àKlii'c  au  canal  hii-méme.  Elle  est  souvent  peu  prononcée,  et  «anc 
dans  son  élendue  pal*  suite  de  la  proximité  plus  ou  moins  grande  des  cordons  qui 
la  limitent. 

La  fossette  vésico-pubienne,  comprise  cMilre  Tarière  ombilicale  el  Toumqnc, 
répond,  à  travers  la  )Kiroi  postérieure  du  canal,  ik  son  orifice  sous-cutané.  KIleol 
cependant  située  un  |ieu  en  dedans  de  lui;  le  doigl,  porté  un  fien  oliliquemeiil  (K' 
dedans  en  dehors,  soulève  le  fascia  transversalis  et  le  fait  saillir  à  travers  Torifiit 
M)us-cutané.  Les  varialiaiis  de  |K)siliou  du  ligament  ombilical,  le  |x;u  do  saillit*  (l«*^ 
vaisseaux  é|jigustriques,  modifient  souvent  Tasiiect  de  celle  région.  Quoi  qu'il  en 
M)it  ce|)endant,  on  a  pris  en  pathologie  Thabitude  de  se  servir  de  ces  poinU  de 
repère«  et  Ton  admet  trois  esiièces  de  lierities  inguinales  coifespondantes  :  hcniie 
oblique  exlerne  répondant  à  la  fossette  externe  ;  lieniie  oblique  inlenie  ivpoiidaul 
h  la  ibsselle  vésioo-pubienne  ;  hernie  moyenne,  à  lu  fossette  moyenne  uu  ingtnn»K 
interne. 

1^  hernie  oblique  externe  est  de  beaucoup  lu  plus  nmnnune,  et  Ton  conqireiid  «)< 
quel  intérêt  doivent  éln;  les  rappris  qu'elle  afTecleuM»cTarlèi-c  cl  les  veines  ép?*»*- 
triques.  C'est  eu  elTet  un  |ioinl  «"apitid  dans  Thistoirc  des  hernies  inguinales. 

XJartèrc  épUjasUique  nnil  du  côté  interne  do  Tiliaque  exfenie  ;  elle  ofliv  à  (n'U 
près  le  volume  de  la  temporale.  Elle  se  dcUche  de  Tiliaque,  un  peu  au«<lessu!i  «hi 
ligament  de  Fallope,  i\  5  ou  6  milKmètres,  (jnelquefois  plus  hunt  encore,  |dti^ 
rarement  au-dessous  du  ligament  de  Fallope.  Elle  se  dirige  d'abord  transvcTsai^- 
ment  en  dedans,  rencontre  bientdl  le  «mal  déférent,  qui  va  rejoindre  Torifice  soin* 
périlonéal  du  canal  inguinal  )  elle  {Kisse  au-dessous  de  lui,  et,  se  recourbant  prc9(|uc 
aussitôt,  va  se  placer  au  côté  interne  de  Torifice  du  ouial  inguinal,  tandis  que  \c 


AINE  (anatomie).  959 

canal  défiéreul  et  d'autres  éléments  du  cordon  y  pénëlreiit  ou  eu  sortent.  Dès  lors 
le  trajet  de  l'épigastrique  devient  ascendant.  Accolée  à  lu  paroi  abdominale,  ram- 
paut  d'abord  dans  le  tissu  oellulair3  sous-périlonéal,  elle  gagne  le  bord  externe  du 
muscle  dnnt,  pénètre  dans  sa  gaine,  et  fournit  des  rameaux  musculaires  et  cutanés 
((lie  nous  n*aTon$  pas  à  décrire.  Dans  son  ti'ajel  ascendant,  elle  se  dirige  donc  obli- 
quement en  haut  et  en  dedans.  On  a  évalué  à  45  degrés  Tanglc  qu  elle  fait  avec 
riiorizou.  La  courbe  qu  elle  décrit,  lorsquelle  devient  oblique  ascendante  de  trans- 
versale qu'elle  était  à  son  origine,  est  à  concavité  su[jérieure;  elle  est  enihrMséc 
[or  la  courbe  à  concavité  inférieure  du  canal  déférent.  Placée  au  etté  interne  de 
Faïuicau,  elle  n*est  cependant  pas  exactement  en  contact  avec  son  bord.  Néanmoins 
b  luensurations  données  par  les  auteurs  sont  trop  contradictoires  pour  que  Ion 
uc  iloive  pas,  en  pratique,  la  oonsidérer  comme  immédiatement  superposée  au 
boni  interne  de  Tanneau. 

Au  niveau  de  son  anse,  l'artère  épigastrique  l'ournit  trois  l'ameaux  assez  grêles  : 
ijuexleroe,  qui  pénètre  immédiatement  dans  le  canal  inguinal,  c  est  le  rauican 
fuuiculaîre;  oii  interne,  qui  longe  l'arcade  fémorale  et  vient  s'anastomoser  derrière 
le  jittliîs  avec  celui  du  côté  opposé;  un  descendant,  (|ui  coupe  perpendiculairoment 
l'aiicNle  du  pubis  et  va  s'anastomoser  avec  l'obturatrice. 

L'artère  épigastrique  nait  assez  souvent  d'un  tronc  commun  avec  Tobturatiice; 
mais  ceci  ne  change  rien  en  général  à  ses  rapports  avec  l'anneau.  Il  en  était  autre- 
ment dans  uu  cas  emprunté  à  Nessell)ac  par  H.  Malgaigne.  Chez  une  femme  atteinte 
(ie  hernie  inguinale  interne^  le  tronc  commun  de  l'épigastriquc  et  de  l'obturatrice 
menait  de  l'iliaque  interne,  à  13  millimètres  au-dessus  du  ligament  de  Fallope;  il 
^  portait  obliquement  en  bas  et  en  dedans,  [Kir-dessus  la  veine  iliaque,  et  après 
lui  trajet  de  5  centimètres  formait  brus(]uenjenl  un  coude,  \youY  gagner  le  tiou 
obturateur.  L'artère  épigastri(|uc  naissant  de  ce  coude  au-dessus  de  la  bi'anchc 
liorizoutale  des  pidiis  se  portait  transversalement  en  dedans,  derrière  le  collet  du 
Sic  herniaii'e,  et  remontait  au  coté  interne  de  ce  collet,  immédiatement  en  arrièro 
tiu  ligament  ombilical,  auquel  elle  était  étroitement  collée.  Ce  lait  est  à  bon  droit 
œusidéré  comme  très-insolite. 

On  doit  donc  s'attendre  à  trouver  l'artère  épigastrique  immédiatement  en  dedans 
fiu  ooUet  du  sac  dans  les  hernies  obliques  externes,  en  deliors  dans  les  autres.  De 
là,  pour  lopération  du  débridement,  la  nécessité  d'établir  rigoureusement  le 
diagnostic  de  la  variété  (|ue  l'on  a  à  traiter. 

UdéveloppemerU  du  canal  inguinal  est  fort  im|X)rtant  à  étudier  chez  l'homme. 
luette  question  sera  plus  complètement  traitée  à  l'article  Testicule  (DévEi.oppb*< 
mest])  uiais  nous  devons  fournir  ici  quelques  ronseignements  indispensables. 

Le  canal  inguinal  communique  largement  avec  le  péritoine  avant  la  naissance. 
^  quel  moment  esl-il  fermé?  Cam|ier  (Rougemont,  Traitédes  hetmies  de  RichteVi 
notes,  t.  II,  p.  Kli)  a  fait  à  ce  sujet  des  recherches  spéciales  sur  soixante-dix 
'^davrcs  d'enlants  nouvenu-ués.  Il  en  résulte  que  sept  fœtus  seulement  avaient  le 
roulai  ))arfaitenicut  lèrmé  des  deux  c(Hés.  Quatorze  l'avaient  entièrement  ouvert 
(le^deux  côtés;  chez  quatorze  autres,  le  canal  était  ouvert  seulement  :\  droite; 
cliez  huit,  il  éLiit  ouvert  seulement  à  gauche,  mais  il  semble  bien  résulter  des 
(téclaratioiis  mêmes  de  Tauteur,  ainsi  que  l'a  remarqué  M.  Malgaigne,  que  l'oblité- 
ration  partielle  ou  complète  est  plus  commune  à  la  naissance  que  k  persistance 
^lue  du  canal  de  communication.  Li  variété  des  oblitérations  partielles  est  sur- 
tout intéressante.  Avec  l'oblitération  partielle  au  niveau  du  seul  anneau  externe 
ou  du  Mul  anneau  interne,  et  les  oblitérations  partielles  en  quelque  sorte  moni- 


940  AINE  (akatovib). 

lifonues  éparfUlées  d*ua  anneau  à  l'autre,  toutes  les  vaiiétés  semblent  pouvoir  être 
rencontrées.  C'est  un  siyet  qui  mérite  d'appeler  de  nouvelles  études. 

Canal  ifiguinal  dieu  la  femme.  Le  canal  inguinal  ne  livre  passage,  cbez  b 
femme,  qu  au  ligament  rond;  de  la  les  différences  qu'il  offre  dans  les  deux  sexes. 
Ces  différences  portent  tout  entières  sur  ses  dimensions;  les  anneaux  et  le  canal, 
constitués  de  la  même  façon,  sont  seulonent  plus  étroits  ;  de  là,  sans  doute,  la  prin- 
cipale cause  de  la  moindre  fréquence  des  hernies  inguinales  chez  la  fenune.  1a& 
vaisseaux  qui  accompagnent  le  ligament  rond  sont  peu  importants  au  point  de  vue 
chiiiu-gical. 

B.  Région  inguiko-crurale.  Les  différentes  couches  qui  constituent  celle 
région  nous  offrent  à  considérer  : 

a.  De  la  peau  à  Caponévrose  :  1^  La  peau^  line,  garnie  de  poils  à  sa  partie  su- 
périeure et  interne,  extensible,  glisse  aisément  à  la  surface  des  parties  80us-ja€eiite». 
Elle  est  pourvue  d'assez  nombreux  follicules  sébacés,  dont  la  sécrétion  est  ciiez  ipjci- 
(|ues  sujets  acre  et  odorante. 

2®  La  couche  sous-cutanée  qui  sépare  lu  |)eau  de  l'aponévrose  a,  dans»  ceiU* 
région,  uncimprtance  toute  particulière.  Lorsque  la  hernie  crurale  est  complèie, 
le  Siic  qui  la  recouvre  est  en  rapport  immédiat  avec  la  partie  la  plus  profonde  de 
celte  couche  sous-culanée.  Cette  couche  profonde  ou  lamelleuse  mérite  seule  notre 
attention,  la  couche  superficielle  ou  ceUulo-graisseuse  n'offrant  ici  rien  de  par- 
ticulier. 

Ce  qui  donne  à  cette  couche  lamelleuse  une  physionomie  bien  particulière,  c'c^l 
que  dans  son  épaisseur  sont  contenus  les  ganglions  lymphatiques  superficids  de  ta 
région  ;  c'est  encore  la  présence  des  rameaux  veineux  artériels  et  lymphatiques  qui 
la  traversent  pour  gagner  les  téguments;  c'est  enfin  la  présence  dans  ses  large» 
iu-éoles  d'un  tissu  graisseux  plus  ou  moins  abondant  selon  les  sujets.  Une  tdk  com- 
plexité d'éléments  anatomiques  répandus  dans  une  même  couche  fait  prévoir  que 
cette  couche  doit  rarement  être  identique  chez  les  divers  sujets  et  peu  homogcm 
dans  sa  disposition.  Chez  un  sujet  donné,  elle  est  mince,  et  la  peau  est  à  peine 
coupée,  que  déjà  le  bistouri  rencontre  l'aponévrose;  chez  d'autres,  plusieurs  cou- 
ches doivent  être  traversées  avant  que  le  plan  fibreux  soit  mis  à  découvert.  Que 
Ton  joigne  à  cela  les  variétés  dues  au  développement  variable  des  gauglious,  â  àca 
modifications  pathologiques  fréquentes,  que  l'on  se  rappelle  que  sous  cette  ooodic 
se  cache  le  sac  de  la  hernie  crurale,  et  l'on  comprendra  combien  il  importe  que 
l'opérateur  soit  prévenu  des  dispositions  variables  de  celte  couche  que  nous  a^oib 
piis  dès  longtemps  l'habitude  de  désigner  sous  le  nom  de  cellulo^ngliounaire. 

Gomme  la  couche  lamelleuse  correspondante  de  l-i  région  inguino-abdomiiialr. 
celle-ci  adhère  au  ligament  de  Fallopc,  sur  lequel  elle  s'insère  en  haut  dans  tuulc 
son  étendue;  eu  dehors  du  triangle,  elle  est  à  peine  distincte  de  la  ooudie  cellulo- 
graisseuse  ;  prolbudément,  elle  n'adhère  que  lâchement  à  l'aponévixjse,  excepté  au 
niveau  des  rameaux  vasculaires  qui  la  traverseut,  et  particulièrement  ai  1ns,  au 
niveau  de  l'embouchme  de  la  saphène. 

Les  ganglions  lymphatiques  logés  dans  la  couche  lamelleuse  sont  désignés  suu^ 
le  nom  de  superficiels;  ils  forment  deux  groupes  bien  distincts  :  l'un,  inférieur, 
est  logé  au  sonunet  du  tiîangle  ;  l'autre,  supérieur,  occupe  sa  base.  Le  groupe  iitic- 
rieur  comprend  trois  ou  (|uatre  ganglions  |)araUèles  aux  vaisseaux  sou»jaceiiU. 
les  lymphatiques  de  tout  le  membits  inférieur  se  jettent  dans  ces  ganglions,  qui 
souvent  s'engorgent  sous  l'influence  d'une  lésion  des  téguments  du  pied,  de  b 
jambe  ou  de  la  cuisse.  Ix  groupe  supérieur  est  parallèle  au  ligament  de  Fallope;  il 


AINK  (asatuvib).  241 

ooutieut  uii  nombre  à  peu  près  égal  de  ganglious.  Leur  grand  diauiètre  est  transh 
versai;  ils  reçoivent  les  lymphatiques  des  organes  génitaux,  de  Tauus,  ceux  des 
feâes,  des  lombes  el  des  téguments  de  l'abdomen. 

Quelques  vaisseaux  artériels  el  veineux,  la  tégunienteuse  abdominale,  les  bon- 
Utiles  externes  parcourent  cette  couche  lamelleuse. 

b.  De  rapottévroêe  à  Varticulation  coxo-fémoi'aley  l'on  rencontre  :  Taponé- 
^nise,  les  muscles  qui  limitent  le  triangle  inguinal,  les  vaisseaux  si  importants 
i(ue  renferme  cet  espace,  le  canal  crural,  qui  y  est  également  contenu;  enfin, 
comme  limite  profonde,  ha  partie  antérieure  de  la  capsule  fibreuse  de  Tarticu- 
ladoD  coxo-fémonile,  au-dessous  de  laquelle  on  seul  la  face  antérieure  du  col 
du  fémur  dans  toute  son  étendue  et  une  portion  de  sa  tête,  lorsque  le  membre  est 
placé  dans  la  rotation  en  dehors,  o'est-â-dire  dans  la  position  que  nous  avons  indi- 
quée conuue  la  seule  convenable  pour  l'étude  de  cette  région.  Nous  décrirons  sue*- 
oessivement  toutes  les  parties  que  nous  venons  d'indiquer. 

1'  Muscles,  L'élude  des  muscles  doit  précéder  celle  de  l'aponévrose,  bien  que 
œlJe-ci  se  présente  avant  eux  sous  le  scalpel.  U  est  en  effet  impossible  de  la 
iiécrire,  si  Ton  ne  connaît  les  muscles  dont  elle  forme  la  gaine  ;  les  muscles  déter- 
minent de  plus  ici  la  limite  la  plus  naturelle,  la  limite  vraiment  chirurgicale  de  lu 
région. 

Iles  que  l'aponévrose  a  été  enlevée,  l'on  voit  appiu'aili'e  les  limites  superficielles 
(lu  triangle  inguinal.  Le  couturier  en  dehors,  le  premier  adducteur  en  dedans,  le 
ligament  de  Fallope  en  haut,  l'encadrent  de  la  manière  la  plus  exacte.  La  base  de 
la  région  inguino-cnirale  s'appuie  donc  dans  toute  son  étendue  à  la  région  inguino* 
jbdumiiiale  ;  son  sommet  répond  en  moyenne  à  la  réunion  du  tiers  supérieur  de 
b  aiisse  avec  ses  deux  tiers  inférieui's,  un  peu  en  dedans  de  la  ligne  médiane. 
"sm  bord  externe,  tres-oblique,  est  formé  par  le  relief  du  couturier  ;  il  est  beau- 
<tHip  plus  long  que  sou  bord  interne,  presque  perpendiculaire,  formé  par  le  relief 
du  premier  adducteur. 

Si  Ton  enlève  alors  les  vaisseaux  artériels  et  veiueux,  le  tissu  cellulo-graisseux 
iasez  aboudant  qui  les  entoure,  les  limites  profondes  du  creux  inguinal  apparais- 
sent nettement.  Latéralement,  elles  sont  formées  par  le  droit  antérieur  et  le  psoas 
en  deboi-s,  le  moyen  adducteur  et  surtout  le  pectine  en  dedans.  La  région  conserve 
encore  sa  forme  triangulaire,  seulement  Taire  du  triangle  diminue  à  mesure  que 
l'on  descend  dans  la  profondeur,  et  les  bords  des  muscles  psoas  et  pectine  arrivent 
prea]ue  au  contact.  Il  existe  cependant  dans  la  partie  supérieure  du  triangle  un 
rapnce  constant  entre  ces  muscles,  à  travers  lequel  on  reconnaît  en  haut  et  aunles- 
sous  du  ligament  de  Fallope  Téminence  iléo-pectinée,  au-dessous  la  télé  fémorale 
rei.t>uverte  de  sa  capsule.  Pour  mettre  celle-ci  et  le  col  fémoral  à  découvert,  il  faut 
couper  et  rejeter  en  bas  le  psoas.  L'on  peut  étudier  alors  lu  bourse  séreuse  sous- 
jacente  a  ce  muscle.  Cette  bourse  séreuse  est  constante,  sfiacieuse,  contient  quelque- 
fois du  liquide,  et  communique  assez  souvent  avec  l'articulation.  Tous  les  auteurs 
ont  insisté  sur  l'importance  de  cette  disposition  anatomique  qui  explique  comment 
les  collections  purulentes  assez  souvent  contenues  dans  la  gaine  du  psoas  peuvent  com- 
muniquer avec  l'articulation  coxo-fémorale,  et  réciproquement. 

U  est  naturel  d'accepter  comme  limite  profonde  du  creux  inguinal  le  plan  ostéo* 
fibreux  que  nous  venons  d'indiquer,  et  de  laisser  en  dehors  de  notre  description 
rarticulation  coxo-fémorale.  Mais  nous  devons  laire  remarquer  oonnnent  les  lésions 
du  col  fémoral  et  de  l'articulation  peuvent  être  reconnues  à  travers  le  creux  inguinal. 
TiMir  ne  citer  qu'mi  exemple,  rappelons  que  M.  Lnugier  a  fait  voir  qu'il  existe 

b:ct.  ne.  IL  16 


'*®  AINE  (ASAi 

Itibnues  épaipiJIées  d*ua  anneau  à  Tautrc,  i 
rcncxHitrées.  C'est  un  siyet  qui  mérile  d  ;. 

Canal  inguinal  cliesi  la  femme.    Ir 
femme,  qu  au  ligament  rond;  de  là  Ic< 
Ces dilTérences portent  tout  eiilièrts 
constitués  de  la  même  façon,  sont  sci 
cipale  cause  de  la  moindre  fréqiKM- 
vaisseaux  qui  accompagnent  \c  \k 
cfaii-ui^ical. 

B.  Région  inguimo^rubalp 
région  nous  offrent  à  consicl.  i 

a.  De  la  peau  à  Vaponr^ 
périeure  et  interne,  exteii^i' 
Kllcest  pourvue  d'assez  n*- 
qnes  sujets  acre  et  odo»  » 

2*  La  coudie  sous-t  • 
région,  uue  ini|K)rlaiM  » 
Je  sac  qui  la  re(ou\i 
cette  couche  suu^-i . 


iiv  inguiual,  kmque  hinir- 

I  «'  hi  préseucc  de  ce  phnrlKT 

I'  iv^Hou fessière.  U eihte 

'  ^  •iiloiiccut  desTaibMîaui, 

•  (  le  carré  fémoral. 

.'  ili>|M»si(i(ni  SI  nous  cLibIb- 

^  iiiN  ,iii\  autres,  Jbnnent cepen- 

I  «  >  fi.iînos  a}.oaévrotiques,  juTb- 

'  iv  (Iles  {Kir  leurs  parties  oou(iguê>, 

•  \«Ni Nation  (pie  nous  venons  de  décrire 

n  «jiK'lque  sorte  Teuduit  qui  réunilet 

«jiii  le  circonscrivent.  Le  creux  inguinal 

HMiIenient  fermé  porles  téguments  et  Icui^ 

-  i<  c  d'un  i'euillet  aponévrotiqne  spécial,  ù 

lient  en  propre  à  aucun  muscle.  Nous  ue  le 

\oc  le  canal  cmral,  à  la  formation  duquel  il 

-     ->l  indisi)ensnble  d'établir  dès  à  présent  que  a- 

•n.'oiier  adducteur  se  confond  latéralement  et  fii 

1  .'UYeJop|)e  des  muscles  de  la  cuisse  ou  fascia  ïiU, 

•ikjtie.  Il  se  fusionne  aussi  intimement  avec  lut,  («ir 

o«i«%nKe  du  grand  oblique  elle-même,  de  telle  sort»- 

^    jif  tfst  destinée  à  recevoir  les  insertions  des  aponé^nis4'> 

iwiiéviuse  fémorale.  SI  nous  continuons  h  faire  abstrj<- 

.uL>jbite  fc?  avux  inguinal,  nous  voyons  ce  creux  fermé  laïc- 

.-  .|MMè«n>tiques  des  muscles  qui  le  limitent  en  arrière,  pr 

.  H>M«:vnitii|ues  du  psoas  et  du  pectine,  par  radhérence  de  r(^ 

.      ^  ufc>*  ileo-pectinée  et  la  capsule  fibreuse  articulaire ,  en  avinl 

.....•^ue.  ikmt  nous  venons  de  signaler  l'existence.  C'est  daii- 

.w'-,»ik«fc^ nfiifontrcr  des  vaisseaux  imiwrtants,  quelques  gaiiglioib 

«  iMual  crural.  Plusieurs  auteurs  envisageant  seulement  h* 

i,  Ad  I  aponévrose  qui  ferme  en  avant  le  creux  inguinal,  H 

v»ivQ9iiw  Irôspaccuséc  de  cette  aponévrose,  ont  comparé  au  creux 

viUtf  ^aperlkielle  de  cette  région.  Il  nous  prait  beaucoup  plu« 

M.»  vvite  compiiraison  pour  la  pcu'tie  profonde.  Parois  muscdaire? 

.«â«iE^**4^  de  pivuiiei*  ordixs  communication  en  arrière  avec  la  région  po^< 

.   .1    **tsH\  «i  Iwut  avec  la  portion  attenante  du  tronc,  en  bas  a\et  !♦• 

^•\,^a«  k*llt>  sont  les  analogies  frappantes  du  creux  inclinai  et  du  crein 

•«m«i«*»  «'I  *i«^7**'     L  artère  iliaque  externe  prend  \v  nom  de  crutnleMi 
a  u^Mii^U  de  Fallope.  Elle  descend  dans  le  triangle  inguinal,  dont  ell«- 
^    «udv  ^*ioii  kl  direction  d  une  ligne  menée  de  sa  basi;  à  son  sommet.  <  ( 
.    «tov  |4vkmde  en  si*  rapprochant  du  sommet.  En  contact  avec  un  plan  omciix 
^<kMK^  di>  Kalloiie,  où  elle  re))ose  sur  1  eminence  iléo-pectinée  et  >ur  )j 
.  ttA>i.^\  elk*  iix>i$e  la  direction  du  col  fémoral  et  de  la  partie  su|iérieiirf 
I  4ki(4iwt  lêimM-ale,  dont  elle  est  séparée  par  le  pectine  et  In  partie  mi)>4  • 

M  utiW  ^1  i*iip|H>rtuxOi*  la  surface  iléo-pectinée  pour  la  eom|)rimer,  et  re>|xi4<* 

ovMitv  i^Mliv  lartèro  et  le  col  pour  glisser  le  couteau,  dans  la  désartic*uhtîoii 

^  icuMiile«  ^  blin»>urc  (^etll  uint:i  être  évitée  dans  le  pi'emier  temps  de  Tupérj- 


attention,  la  co(i< 
ticidier. 

Cequiddiiii 
quediins  soi; 
région;  c'c  • 
ia  travei  V. 

aréoles  •! 

plexitr 

cell»' 

dan 


j*** 


«  • 


AINE  (anatomie).  245 

n  inéciser  le  point  où  Ton  rencontre  l'artère  à  la  base  du 

rh  à  égale  distance  de  Tépine  iliaque  et  de  Tépine  du 

^(e  dernière  cependant,  c'est-à-dire  un  peu  plus  en 

le  couturier  lui  sert  de  muscle  satellite  et  la 

'V. 

:iii  (les  branches  collatérales;  fait  bienreniar- 
ils  «lans  le  triangle  inguinal.  Elle  founiit  d'à' 
.\  loucIm's  superficielles  de  la  région;  ils  sont  peu 
>.  Ce  >ont,  ainsi  que  nous  le  sjivons  déjà,  la  iégumen- 
i«  ii\  honteuses  externes.  La  tégumenteuse  naît  immédia- 
\  Il  (  ;i(lc  crurale,  les  honteuses  un  peu  plus  bas  ;  toutes  trois 
•  .mUricuro.  hv  sa  partie  postérieure,  mais  à  une  hauteur  très- 
-  I.i-  an  contraire  un  tronc  volumineux,  presque  égal  à  la  crurale 
• .  >(ni) liant  êlrc  sa  bifurcation;  c'est  la  musailaire  ou  fémorale pro- 
"    M»  ilirige  d'abord  obliquement  en  arrière,  et,  après  avoir  formé  avec  la 
un  angle  plus  ou  moins  aigu,  lui  devient  bientôt  parallèle.  Noitnalement 
unit  les  circonflexes,  distinguées  eu  interne  et  externe.  Ces  altères  se 
■unt  de  la  fémorale  profonde  dès  son  origine,  mais  elles  naissent  assez  sou- 
li  de  la  fémorale.  Elles  se  détachent  alors  de  ce  tronc,  auj-  dessous  ou  au 
>t.Mi  de  Torigine  de  la  profonde.  Ainsi  Gh.  Quain,  sur  391  sujets,  a  vu  i'intenie 
Miitre  ^97  fois  de  la  profonde  et  87  fois  de  la  ciairale,  mais  au-dessous  ou  au  niveau 
tiela  profonde.  Sur  ^88  sujets,  Texterne  naissait  255  fois  de  la  profonde,  49  fois 
(iii  lix)uc  crural,  mais  au  niveau  et  au-dessous  de  la  pi'ofonde,  17  fois  seulement 
;iQ-dessus.  Les  circonflexes  sont  toutes  deux  destinées  à  établir  à  la  partie  supé- 
rieure du  mcnilive  pelvien  un  cercle  anastomotique.  Toutes  deux  contournent  le 
^nr  pour  aller  se  perdre  dans  la  partie  postérieure  du  membre.  L'interne  s'en- 
p^e  au-dessous  du  col,  dans  l'espace  celluleux  que  nous  avons  décrit. 

L  origine  de  la  fémorale  profonde  a  justement  préoccupé  les  chirurgiens.  Les 
rjriétés  fré(|uentes  qu'elle  présente  ont  été  la  cause  de  véritables  désastres  après  la 
/'A'ature  de  la  fémorale  pratiqttée  dans  l'aire  du  triangle  inguinal. 

M.  Ch.  Viguerie  (Th.  inaug.,  Paris,  1857)  a  examiné  à  ce  point  de  vue  3U8  ar- 
ides cmmles  ;  la  profonde  en  tirait  son  orighie  :  immédiatement  sous  l'arcade  et 
jusqu'à  3  centimètres  au-dessous,  28  fois;  de  2  à  i  ccntim.,  ioi  fois;  de  4  à  H 
rentim.,  136  fois;  de  6  à  8  centim.,  10  fois.  M.  Viguerie  a  pris  ses  mesures  de 
l'arcade  crurale  à  l'éperon  de  la  profonde,  par  conséquent  à  quelques  millimètres 
:<n-dessous  de  son  orifice,  ainsi  que  le  remarque  justement  H.  Malgaigne. 

M.  Quain  (Dubrueil,  Des  anomalies  artérielles,  p.  563  à  582),  sur  151  sujets, 
j  trouvé  pour  longueur  à  la  fémorale,  à  pailir  du  ligament  de  Fallope  jusqu'à 
I  «origine de  la  profonde  :  de  0  à  15  millimètres,  15  fois;  de  15 à  25  millim.,  146 
Ms:  de  25  à  57  millim.,  183  fois;  de  37  àoO  millim.,  KH»  fois;  de  50  à  62  mil- 
lim., 19  fois;  de  62  à  75  millim.,  72  fois;  à  10  centimètres,  1  fois. 

y.  KàieiiAnat.  cfttr.  ^2''édit.,  p.  967)  a  repris  à  nouveau  cette  question.  Ayant 
pi-is  soin  de  mesurer  le  tronc  fémoral  entre  les  plus  grosses  collatérales,  c'est- 
à-dire  entre  l'épigastrique  et  la  fémorale  profonde,  il  a  trouvé  le  tronc  crural  : 
l'excédant  pas  4  centimètres,  58  fois;  variant  entre  4  et  5  centim.,  32  fois; 
in  «lelà  de  5  centim.,  5  fois. 

Tous  ces  chiffres  sont  de  nature  à  montrer  combien  peut  être  périlleuse  la  liga- 
Jire  de  la  fémorale  dans  le  triangle  inguinal  ;  nous  n'insisterons  pas  sur  ces  faits, 
iri  sip{Kirtiennent  à  la  partie  pathologique  de  cet  article. 


344  AINE    (A5AT01I1K). 

Le  tronc  de  l'artère  féinoi-aie  peut  manquer  entièreideiit.  Tous  les  auteurs  ont 
cité  le  fait  unique  de  M.  Manec,  auquel  H.  Richet  a  joint  uu  lait  analogue  qui  Ini 
a  été  communiqué  par  Dumay. 

La  veine  fémorale  est  située  en  dedans  de  l'artère  ;  elle  est  très-volumineuse 
dans  cette  partie  de  son  trajet  et  fort  adhérente  à  Tarière,  qu'elle  tend  i  contourner 
dès  la  partie  inférieure  du  triangle,  où  déjà  elle  est  postéro-inlerne.  La  veine  fëuMh 
rale  reçoit,  par  rinleruiédiaire  de  la  saphène  interne,  le  sang  de  tout  le  réseau 
snperliciel  des  veines  du  membre  inl'érieur.  La  saphène  se  jette  dans  la  crurale  j 
5  centimètres  environ  du  ligament  de  Fallope  ;  elle  plonge  au  travers  du  feuillet 
aponévrotique  qui  ferme  le  triangle  inguinal.  Nous  aurons  occasion  d'insister  sur  U 
disposition  de  l'aponévrose  à  ce  niveau.  Elle  reçoit  également  les  veines  profonde», 
qui  sont  en  même  nombre  que  les  artères  et  les  suivent  en  satellites.  Le  tronc  de 
la  veine  crurale  semble  représenter  si^nl  la  communication  veineuse  à  étaUir  entre 
le  membre  inférieur  et  le  tronc,  mais  il  a  été  établi  par  M.  Ricbet  qu'il  existe  de» 
anastomoses  entre  les  veines  honteuses  externes  et  celles  du  bassin,  euti^  les  cir- 
œnflexes  et  les  isehiatiques.  MM.^Sappey  et  Venieuil  ont  fait  les  mêmes  obser\j- 
tions  (Richet,  Anat,  chir.^  2*  édit.,  p.  161).  Ces  notions  auatomiques  sont  d^ime 
haute  importance  au  point  de  vue  de  l'histoire  des  plaies  de  la  veine  fémonle  à 
sa  partie  supérieure  et  de  ses  fréquentes  oblitérations  dans  ce  même  point. 

Les  lymphatiques  sont  i-cprésentés,  au-dessous  de  l'aponévrose,  par  des  Tais»eau\ 
parallèles  à  l'artère  et  à  la  veine  qui  aboutissent  aux  ganglions  iliaques  et  a  quel- 
ques ganglions  cruraux  désignés  sous  le  nom  d'inguinaux  profonds.  Ces  ganglioib. 
dont  l'existence  n'est  pas  contestable,  ne  sont  le  plus  souvent  qu'au  nombre  de  àem 
on  trois.  Cependant  Theile  en  aurait  compté  jusqu'à  sept,  et  M.  Cloquct  a  iii»i5lr 
sur  les  connexions  importantes  de  l'un  d'entre  eux  avec  le  canal  crural. 

Les  nerfs  sont  représentés,  dans  le  triangle  inguinal,  par  la  branche  inguino- 
cutanée  en  dehors,  par  la  branche  crurale  du  génito-crural  en  dedans.  Plus  profon- 
dément, le  nerf  crural,  d'aboi-d  contenu  dans  la  gaine  aponévrotique  du  psots,  &'ai 
échappe,  et  fournit  immédiatement  de  nombreux  rameaux  musculaires  et  culané». 

4®  Canal  crural.  Le  canal  crural  est  noinialement  destiné  à  donner  pK^^j^t* 
aux  vaisseaux  artériels  veineux  et  lympliatiqucs  qui  de  la  fosse  iliaque  debcendeiit 
vers  le  membre  inférieur.  De  même  dans  la  portion  inguino-abdoniinale  de  l'ainr, 
le  canal  inguinal  sert  à  permettre  le  passage  du  coi-don  spermatique  ou  du  lifp- 
ment  rond. 

Dans  tout  son  trajet,  le  canal  crural  est  limité  par  des  aponévroses.  Nous  aurmi^ 
donc  à  décrire  des  jiarois  et  orifices  fibreux,  mais  nous  devriHis  y  ajouter  l 'étude 
de  cloisons  destinées  soit  à  séparer  les  uns  des  autres  les  vaisseaux  qui  le  iJuraou- 
rent,  soit  à  résister  à  la  pression  des  viscères,  à  le  détendre  en  quelque  sorte  du 
coté  de  l'abdomen.  Les  parties  fibreuses  qui  constituent  le  canal  crural  peuvciil 
donc  être  distinguées  en  psulies  contenantes  et  en  parties  contenues.  Aux  inv- 
mières  se  rapporte  l'étude  des  orifices  et  des  parois  ;  aux  secondes,  celle  des  doi* 
bons  dont  nous  venons  de  signaler  l'existence. 

Anneau  crural.  L  anneau  crural  est  l'orifice  supérieur  ducaiml  crund.  S> 
limites  ont  déjà  été  tracées  lorsque  nous  avons  décrit  le  ligament  de  Fallope.  L» 
>astc  ouverture  comprise  entre  ce  ligament  et  le  liord  antérieur  de  l'os  des  îles  cs^ 
en  elTet  divisée  en  deux  parties  inégales  par  la  fusion  du  ligament  de  Fallope  d 
du  fascia  iliaca.  La  portion  externe  mesure  les  deux  tiei's  de  sou  étendue  ;  les  mus. 
ries  psous  iliaque  et  le  nerf  crural  y  sont  contenus.  La  portion  interne  e^t  ciKure 
tvtrécie  par  le  ligament  de  tiinibernat.  C'est  à  l'ouverture  comprise  euti^  le  bord 


AINE  (amatohir).  245 

eonrare  du  ligament  de  Gimbernat  en  dedans,  langle  aigu  dû  à  la  rencontre  du 
ligajneatdeFallope  et  du  fascia  iliaca  en  dehors,  le  ligament  de  Fallopeen  haut  et 
la  surface  ileo-pectinée  en  bas,  que  l'on  donne  le  nom  d*anneau  crural. 

Cet  anneau  est  donc  situé  immédiatement  au-dessous  du  canal  inguinal,  à  peu 
près  à  égale  distance  de  ses  deux  orifices. 

Sa  forme  est  très-irrégulière,  son  grand  diamètre  transversal,  mais  ses  dimen* 
sions  peuvent  aisément  varier  selon  le  mode  de  mensuration  suivi.  Ainsi,  Hessel- 
hich  lui  donne  environ  27  millimètres  de  laideur  chez  la  femme  et  moitié  seule- 
ment diez  rhomme;  H.  Velpeau,  54  millimètres,  et  souvent  12  millimètres  en 
«Kches  la  femme,  et  M.  Malgaigne  fait  voir  que  tel  anneau  qui  ne  mesurait  que 
n  rentimètres  en  mesure  5,  si  Ton  écarte  modérément  en  dehors  son  côté  externe. 
l/sdimensioDs  de  Tanneau  cniral  peuvent  varier  encore  selon  la  largeur  du  bnssin 
et  le  développement  du  ligament  de  Gimbernat. 

Le  ligament  de  Gimbernat^  formé  en  grande  partie  par  Tépanouissement  des 
fibres  du  ligament  de  Fall<^,  qui  se  dirigent  vers  la  crête  iléo-pectinée,  présente 
nécessairement  la  forme  triangulaire.  Son  sommet  est  à  Tépine  pubienne,  son 
bord  supérieur  répond  an  ligament  de  Fallope,  son  bord  inférieur  ù  la  surface 
iléo-pectinée,  et  sa  base  libre  regarde  Tannesiu  cniral  qu'elle  limite.  Cette  base 
est  concave,  et  le  prolongement  plus  ou  mohis  prononcé  de  sa  partie  inférieure  lui 
donne  l'aspect  falciforme.  Son  bord  inférieur  ne  s'insère  pas  directement  sur  la  sur- 
&oe  iléo-pectinée,  mais  sur  le  ligament  pubien  de  Cooper.  Ce  ligament,  qui  se  pré- 
SHkie  sous  la  forme  d'un  trousseau  fibreux  remarquablement  nacré,  épais  et  résis- 
tant, est  à  cheval  sur  la  crôte  iléo-pectinée,  et  ne  s'insère  d'une  manière  fixe  quTi 
l'épine  pubienne  et  à  l'éminence  iléo-pectinée.  I^e  bord  inférieur  du  ligament  de 
Gimbernat  n'a  donc  pas  une  insertion  absolument  immobile,  de  là  le  procédé  de  dé- 
Irideroent  de  H.  Verpillat,  qui  conseille  de  diviser  le  ligament  du  pubis  pour  relû- 
rher  le  ligament  de  Gimbernat.  La  direction  de  ce  dernier  ligament  est  presque 
horizontale  dans  la  position  debout,  oblique  dans  le  décubitus.  Le  ligament  de 
Gimbernat  est  renforcé  par  quelques  fibres  venant  des  plans  fibreux  voisins,  et 
en  particulier  du  fascia  transversalis.  Cela  est  de  peu  d'importance.  Ce  qu'il  ne 
£rat  pas  oublier,  c'est  que  non-seulement  son  étendue,  mais  sa  texture,  sont  va- 
riables. Ainsi,  il  peut  présenter  de  petites  perforations  qui  ont  servi  à  livrei* 
passage  et  k  étrangler  des  hernies,  comme  l'a  bien  démontré  M.  le  professeur 
Uogier. 

L'anneau  cniral  est  incomplètement  rempli  par  les  vaisseaux.  L'artère  répond  à 
<on  angle  externe,  la  veine  et  les  lymphatiques  regardent  l'angle  interne  ou  mieux 
If*  bord  concave  du  ligament  de  Gimbernat;  mais,  quelles  que  soient  la  force  et  la 
réststance  de  ce  ligament,  il  reste  toujours  entre  les  vaisseaux  et  lui  un  espace 
âbtses  large  oà  les  hernies  trouvent  passage,  bien  qu'il  y  ait  d'autres  moyens  d'otv 
clusion. 

besparmg  sont  au  nombre  de  trois  :  externe,  interne  et  antérieure.  L'externe 
est  formée  par  l'aponévrose  du  muscle  psoas,  l'interne  par  celle  du  pectine,  l'anté- 
rietire  par  l'aponévrose  qui  ferme  en  avant  le  creux  inguinal.  Si  l'on  se  rap* 
pelle  que  le  psoas  et  le  pectine  viennent  h  peu  près  au  contact,  et  que  le  creu\ 
ingninal  diminue  d'étendue  dans  ses  parties  profondes,  on  se  rendra  aisément 
eompCede  la  forme  prismatique  du  canal. 

La  parai  antérieure  mérite  d'être  étudiée  dans  tous  ses  détails.  Elle  est  compo- 
^  de  deux  portions  bien  distinctes,  l'une  homogène,  singulièrement  résistante, 
rantre  mtnoe^  moUe,  criblée  de  troiisi  Li  premièr<^  ne  pouvait  longtemps  éehap- 


S46  AINE  (anatovib). 

per  à  rattention  des  anatomistes  ;  il  ne  devait  pas  en  être  de  même  pour  la  seoûnde. 

La  partie  résistante  de  l'aponévrose  se  rencontre  en  dehors,  mais  elle  te  pralongo 
aussi  en  I^êL  et  en  bas  ;  en  dedans  elle  n'existe  pas.  Si  on  la  pi'éptre  seule  en 
détouisant  k  partie  tninoe  el  criMée,  on  a  sous  les  yeux  ce  que  les  fràres  Burns 
ont  «ppdè  le  jyroeéff  ou  èard  falciforme  du  fa/scia  lata^  ou  mieux,  l'espace  que 
Scarpa  a  décrit  sous  le  nom  de  fosse  ovale, 

La  pifftie  supérieure  des  vaisseaux  fémoraux  alors  découverte  est  en  eflèt  eoca- 
dréi"  par  nn  bord  aponévrotique  tranchant.  Il  commence  en  dedans,  a  l'épin* 
pabiélfiHf^  se  «Qttdnue  (lar  sa  partie  adhérente  avec  le  ligament  de  Fallope,  pui» 
avec  la  gaine  aponévrotique  du  couturier,  descend  au  côté  externe,  jusqu'au  niveau 
du  point  où  la  veine  saphèue  interne  va  s'aboucher  dans  la  veino  fémorale,  pas»' 
uu-dessous  de  la  saphène,  ferme  à  ce  niveau  un  remarquable  repli  semi-lmiaire, 
pnis  remonte  quelque  peu  en  dedans,  pour  se  perdre  sur  la  gaine  aponévrotique 
du  couturier.  Ce  vaste  repli,  surtout  prononcé  en  dehors  et  en  bas,  limite  donc  nni' 
ouverture  r^à1i8l*e^,  çiais  artificielle,  dont  le  grand  diamètre  mesure  tout  Feapace 
qui  s'étend  du  ligament  île  Fallope  à  l'embouchure  de  la  saphène.  C'est  là  ce  que 
ion  n  considéré  pendant  longtemps  comme  l'ouverture  inférieure  du  canal  crural. 

Là'tkirtion  mince  et  criblée  n'est  bien  connue  que  depuis  les  travaux  de  M .  J.  Clo- 
quet  ;  elle  est  dëèrite  aujourd'hui  sous  le  nom  de  fascia  cribriforme.  Ce  bscâa  Cût 
suite  au  bord  falciforme  dans  toute  son  étendue,  remonte  jusqu'au  voisinage  du 
ligament  de  Gimbernat,  descend  jusqu'au  repli  semi-lunaire  sous-jaoent  a  la 
saphène,  et  se  termine  en  dedans  sur  l'aponévrose  du  pectine.  Il  recouvre  donc 
complètement  la  prétendue  fosse  ovale,  et  cache  les  vaisseau)^  fémoraux  sur  les- 
quels il  s'applique.  Ce  iascia  doit  son  nom  aux  trous  nombreux  dont  il  est  perfon^. 
Le  principal  est  celui  qui  donne  passage  à  la  veine  saphène  ;  il  est  sitné  à  sa  partie 
inférieure;  les  autres  sont  antérieurs  ou  internes.  Ils  sont  dus  au  passage  de  vais* 
seaux  sanguins  ou  lymphatiques,  ou  même  à  la  présence  de  pelotons  de  tiam  cel- 
lulo-graisseux.  Chacun  des  vaisseadx  gros  ou  petits  est  d'ailleurs  accompagné  d'un 
prolongement  aponévrotique,  comme  il  arrive  toigours  lorsqu'une  aponévrose  Iîvtb 
passage  à  une  partie  quelconque. 

Cette  disposition  contribue  lieaucoup  a  rendre  difficile  la  dissection  de  ce  iascia: 
il  but  de  toute  nécessité,  pour  la  réussir,  procéder  de  dehors  en  dedans,  c'est-â- 
dire  de  la  partie  résistante  de  l'aponévrose  à  sa  portion  criblée;  puis,  ooinroe  toa» 
les  auteurs  le  conseillent,  décoller  les  tissus  à  ce  niveau  au  lieu  de  les  couper.  Il 
est  très-important,  en  efTet,  de  bien  connaître  ce  iascia,  dont  la  découverte  a  rban^r 
«le  tous  points  l'histoire  et  l'opération  de  la  hernie  crurale. 

Vorifice  inférieur  du  canal  crural,  qui  n'existe  pas  en  réalité,  a  été  placé  dans 
divers  poinU  de  cette  paroi  antérieure.  Nous  ne  discuterons  les  opinions  des  «Qteur« 
à  ce  sujet  qu'après  avoir  décrit  les  parties  fibreuses  contenues  dans  le  canal  crural. 

Deux  cloisons  verticales  sont  décrites  par  les  auteurs  ;  elles  existent  en  eflet. 
La  première  sépare  l'artère  de  la  veine,  la  seconde  la  veine  des  Ijmphatiques,  pres- 
que tous  contenus  dans  la  partie  interne  du  canal.  Ces  lamelles  sont  à  la  xériîè 
plutôt  celluleuses  qu'aponévrotiques,  mais  le  cloisonnement  est  réel,  et  on  le  n^ 
trouve  dans  les  cas  pathologiques. 

Enfin  une  cUrisan  transversale  existe  à  la  partie  supérieure  du  canal  el  sert  â 
renibrcer  l'anneau  crural.  C'est  à  cette  cloison  déjà  décrite  par  K.  Gooper,  mais  que 
M.  Qoquet  a  surtout  bien  fait  connaître,  que  l'on  donne  aujourd'hui,  à  l'exemple  d^ 
cet  auteur,  le  nom  de  sepium  crural. 

Le  septum  crural  nait  du  pourtour  fibreux  de  l'anneau  crural,  et  se  Ifimine  en 


AINK  (asàtonik).  347 

itts  sur  la  gaine  des  vaissesiux  fémoraux,  à  laquelle  il  adhère  iulimemeul,  surtout 
du  côté  de  la  veine.  Uieu  n*est  plus  facile  que  de  s'assurer  de  cetle  disposition  ;  il 
ÊHift,  du  cdté  de  l'abdonieu,  enlever  :  1°  le  péritoine;  2^  le  tissu  cellulaire  sous- 
périConéal  ou  lascia  propria^  toujours  très-chargé  de  graisse  ù  ce  niveau,  du  côté 
de  la  cuisse,  détacher  le  fascia  cribriforme.  Le  doigt,  introduit  du  côté  de  l'abdo- 
men, est  alors  ooiiié  d'une  membrane  partout  adhérente  à  l'anneau  et  au\  vais- 
sesixvi.  Gda  reproduit  exactement,  dans  le  canal  crural,  ce  que  présente  dans  le 
«filial  inguinal  l'entonnoir  formé  par  le  iasciatransversalis  adhérant  au  pourtour  dv 
1  anneau  et  au  cordon.  On  comprend  parfaitement  cette  disposition  a  l'aide  de  l'ingé- 
nieuse comparaison  de  M.  Demeaux.  CiCS  deux  parties  contenantes  et  contenues  du 
rjoal  crural  représentent  en  eifet  deux  cornets  de  papier  engagés  l'un  dans  l'autre. 
Lp  sq^tum  crural  est  ccllulo-fibreux,  et  plus  ou  moins  résistant  selon  que  prédo- 
mioe  l'un  ou  l'autre  élément.  La  face  supérieure,  concave  ou  plane  selon  les  sujets, 
regarde  vers  l'abdomen,  sa  face  inférieure  vers  la  cuisse.  De  même  que  le  fascia  cri- 
briforme, il  est  perforé  de  tixius  nombreux  pour  le  passage  des  lymphatiques;  il 
existe  même  à  sa  partie  interne  une  ouverture  plus  grande  que  les  autres,  dans 
bupielle  est  logé  un  petit  ganglion  lymphatique  qui  a  beaucoup  attiré  l'attention 
lies  duatomistes  et  des  pathologistes.  Un  autre  trou,  assez  grand  aussi,  se  rencontre 
plus  en  dadans,  près  du  ligament  de  Gimbeniat. 

L'on  a  discuté  sur  l'origine  du  septum  cniral.  A.  Cooper  a  le  premier  soutenu 
que  le  septum  était  fourni  par  un  prolongement  du  fascia  transversalis.  Il  s'appuyait 
en  particulier  sur  la  possibilité  de  détacher  cet  enfonnoir  du  ligament  de  Fallope. 
Nous  avons  dit  ailleurs,  en  décrivant  le  fascia  transversalis,  que  nous  pensions, 
avec  la  plupart  des  auteurs  français,  que  le  fascia  transversalis  s'airétait  au  niveau 
du  ligament  de  Fallope,  et  descendait  seulement  sur  le  ligament  de  Gimbemat. 
Xous  admettons  donc  avec  H.  J.  Cloquet  que  le  septum  crural  naît  du  pourtour 
de  l'anneau  sans  que  le  fascia  transversalis  y  ait  phis  de  part  que  les  antres  pallies 
tibreoses  avoisinantes.  Cela  est  parfaitement  d'accord  avec  la  loi  générale  de  con-- 
Mxité  des  parties  fibreuses  voisines. 

Telles  sont  les  parties  qui  constituent  le  canal  crural.  Depuis  que  les  travaux 
d'A.  Cooper  et  de  M.  J.  Cloquet  les  ont  bien  iait  connaître,  leur  description  a  pres- 
que toujours  été  la  même  sous  la  plume  des  diflTérents  auteurs;  mais  plusieurs  ont 
vané  dans  leur  interprétition.  La  discussion  a  principalement  porté  sur  deux  points  : 
Qudle  est  la  situation  del'orilic^  intérieur  du  canal  crural?  Cet  orifice  existe-t-il? 
Ik>it-on  donner  à  l'ensemble  des  parties  que  nous  venons  de  décrire  le  nom  de 
ranal  crural,  ou  réserver  cette  dénomination  pour  mie  portion  déterminée? 

M.  i.  ûoquet,  décrivant  pour  la  première  lois  le  canal  crural,  voulut  lui  donner 
un  orifice  inférieur;  il  choisit  le  plus  grand  et  le  plus  déclive  de  c«ux  qui  percent 
le  ùsdak  cribriforme,  l'orillce  à  travers  lequel  plonge  la  veine  saphène,  à  son  em- 
bouduire  dans  la  fémorale.  Hais  si  l'on  considère  que  la  hernie  ne  sort  qu'excep- 
tionnellement du  canal  à  travers  l'orifice  de  la  saphène,  et  le  plus  souvent  par  un 
des  trous  internes  et  supérieurs  les  plus  voisins  du  ligament  de  Gimbemat,  l'on  se 
demande  quel  est  en  réalité  l'orifice  du  fascia  qui  sert  d'ouverture  inférieure  au 
canal  crural.  Serait-ce  donc  l'orifice  supérieur  de  la  gaine  des  vaisseaux  fémoraux 
qfii  tàii  suite  aux  enveloppes  oellulo-fibreuses  dont  ces  vaisseaux  sont  entourés  dans 
le  cajaal  cniral?  Cette  opinion  ne  saurait  être  soutenue,  car  ce  serait  en  définitive 
proloiiger  le  canal  cniral  jusqu'au  creux  poplité,  et  se  mettre  en  désaccord  avec 
toutes  les  données  fournies  parla  pathologie,  qui  montre  que  jamais  une  hernie  n'a 
parcouru  un  serobhiblc  cliemin. 


S4ft  AINE  (amatomib). 

L'on  conçoit  donc  que  dans  les  traTaux  les  plus  modernes  on  soit  arrivé  i  décrire 
un  canal  crural  sans  orifice  inférieur.  Cette  manière  de  voir  est  en  eflet  h  plus  con- 
forme aux  notions  fournies  par  Tanatomic  et  la  pathologie.  L'analog[ie  nous  montre 
en  effet  un  orifice  supérieur  et  trois  parois;  mais  ik  part  les  trous  qui  criUent  h 
paroi  antérieure,  rien  qui  ressemble  à  un  orifice  inférieur. 

Va-t-il  suivre  de  là  qu*il  soit  nécessaire  de  distinguer  dans  la  description  b 
portion  du  canal  la  plus  habituellement  suivie  par  la  hernie,  et  de  loi  réserver  le 
nom  de  canal  crural,  comme  Ta  fait  N.  Ricbet,  par  exemple?  Nous  ne  le  cmoos 
pas.  La  hernie  suit  en  effet  le  plus  ordinairement  le  chemin  plus  facile  qui  lui  (9t 
offert  par  la  loge  lymphatique.  Du  côté  de  Tabdomen,  celle-ci  est  en  effet  mal 
défendue,  puisque  entre  le  bord  concave  du  ligament  de  Gimbemat  et  la  veine 
existe  toujours  un  espace  mal  comblé  par  un  tissu  cellulaire  lâche,  et  que  le  sep- 
tum  crural  est  lui-même  moins  résistant  et  perforé  à  ce  niveau.  Arrivée  dam  la 
loge  lymphatique,  la  hernie  la  distend,  refoule  sa  paroi  antérieure,  et  ne  peut 
guère  vamcre  en  dehors  la  résistance  des  vaisseaux.  Bientôt  elle  sort  par  un  des 
trous  de  la  paroi  antérieure,  car  elle  ne  trouve  inférieurement  qu*un  cul-de^ac, 
répondant  aux  insertions  inférieures  du  fascia  cribriforme.  Tout  cela  est  pariaite- 
menl  de  nature  à  faire  regarder  cette  portion  comme  le  véritable  canal  cnual, 
mais  il  ne  faut  pas  perdre  do  vue  que  c'est  là  un  résultat  pathologique,  et  que,  ana- 
tomiquement  et  physiologiquement,  Tanneau  et  le  canal  crural  ne  sont  qu'un  liai 
de  passage  pour  les  vaisseaux  cruraux.  11  suflit,  pour  comprendre  les  faits  patholo- 
giques, de  montrer  la  disposition  plus  favorable  de  la  partie  interne  ou  loge  lym- 
phatique pour  le  passage  des  viscères,  ce  qui  n'exclut  pas,  tant  s'en  faut,  la  possi- 
bilité de  les  voir  sortir  de  l'abdomen,  à  travers  le  ligament  de  Gimbemat,  eti 
avant  ou  en  dehors  des  vaisseaux,  et  de  suivre  dans  leur  marche  ultérieune  de« 
trajets  insolites.  Nous  renvoyons,  pour  de  plus  amples  détails,  à  la  partie  patholo- 
gique de  cet  article. 

Rapports  de  ranneau  et  du  canal  crtiral.  Les  rapports  du  canal  proprement 
dit  sont  suflisamment  connus.  Nous  insisterons  sur  ceux  de  l'anneau.  Celui-ci  est 
recouvert  et  fermé,  du  côté  de  l'abdomen,  par  le  péritoine  et  le  tissu  cellubire 
sous-péritonéal. 

Le  péritoine  passe  au-devant  de  l'annciiu  sans  former  de  dépression.  M.  CloqiiH 
en  a  cependant  signalé  une  à  l'état  normal  que  M.  Nalgaigne  considère  coounf 
l'indice  d'un  commencement  de  hernie. 

Le  tissu  cellulaire  soiLs-péritonéal  est  toujours  chargé  de  graisse  au  niveau  de 
l'anneau  mirai.  C'est  là  un  fait  important,  car  ce  tissu  graisseux,  épaissi,  peut  cnîiïK 
le  sac,  revêtir  les  caractères  de  l'épiploon,  et  laisser  supposer  que  diéjâ  l'on  ^^ 
arriver  sur  l'intestin  alors  que  l'on  est  encore  en  dehors  du  sac. 

Les  vaisseaux  offrent  surtout  d'importants  rapports.  Dans  l'intérieur  de  l'ammiu 
se  trouvent  d'abord  la  veine  et  l'aitère  crurale  ;  mais  plusieurs  autres  se  présen- 
tent à  son  pourtour.  L'artère  ombilicale,  transformée  en  ligament,  est  ordinaire- 
ment en  rapport  avec  le  ligament  de  Gimbemat,  mais  d'autres  fois  die  passe  ph^ 
v.a  dehors,  au  niveau  même  de  l'anneau,  qu'elle  divise  en  deux.  En  dehors,  l'épii.'^^- 
trique,  éloignée  de  l'anneau  d'environ  18  millimètres,  s'en  rapproche  jusqu'à  ii, 
ou  même  9,  selon  Scarpa,  lorsqu'elle  se  porte  en  dedans  avant  de  devenir  asren. 
dante.  En  haut,  existe  une  mince  artériole  fournie  par  l'épigastrique,  et  longeant 
e  ligament  de  Fallope;  enfin,  au-dessus  de  ce  ligament,  l'on  rencontre  le  oonfen 
spermalique  chex  l'homme  et  le  ligament  rond  cliei  la  femme.  Voilà  pour  l'état 
normal.  L'anomalie  d'origine  de  l'obturatrice  tnamii  en  dedans  un  rapport  nan 


AfRB  (pathologie).  240 

't'tère,  lorsqu'elle  liait  de  l'hypogastrique,  est  fort  éloignée 

'mi  fréquemment  d'un  tronc  commun  avec  l'épîgastri- 

présenter.  Si  le  tronc  commun  est  court,  Tobtu- 

lo  bassin;  il  n'y  a  pas  à  s'en  préoccuper;  s*il 

'  de  l'anneau  inguinal  sous-péritonéal  longe 

'  ns,  et  descend  derrière  le  ligament  de 

Muraleur. 

^nlies  d'origine  de  l'obturatrice 

,  t'I  paraissent  plus  fréquentes 

iiii(  ur  n'ait  pas  spécifié  le  nombre 

ioii^iieur,  ces  cbifTrcs  suffisent  pour 

i.i  dans.  D'ailleurs,  quel  que  soit  le  sens 

:;  \  avoir  un  danger;  fort  heureusement  que 

.1^  lous  les  chirurgiens  modernes,  ont  montré 

N  et  non  l'anneau  crural  que  l'on  avait  à  débrider, 

l'ion  sans  danger  le  débridement  de  la  hernie  crurale 

F.  GOYOK. 

.!•'  do  la  région  de  Taine  a  été  peu  décrite  pour  eUe-môoie  et  on 

ii<  ^  <i)éciales,  des  hernies  particulièrement,  pour  la  connaissance  des 

•  ]»ii<sant  secours.  C'est  ainsi  qu'on  la  trouve  primitivement  et  successive 

!*v  mémoires  ou  traités  généraux  sur  les  hernies  :  deG»BEiiKAT  (Nouv.méth, 

•lu'  crurale,  1703)  ;  de  Hessblbao,  Scaifa,  Asti.  Goopbb,  Larccnuck;  de  J.  Glo- 

'HiaL  sur  les  hernies  de  Vabdomen,  thèse  de  Paris,  1817,  et  Causes  et  anat.  des 

!>  tominales,  thèse  de  concours.  1819)  ;  de  Breschbt  [Considér.  etObs,  anat.  et  path, 

finie  fémorale,  thèse  de  concours,  1810);  de  J.  C.  Guill.  Waltbbr  (DUs.  de  hemia 

.1  1820.  Deacript.  d'après  les  dessins  de  RosenrouUer);  de  Hanec  (Smt  la  henie  crurale, 

.  de  Paris,  18S0];  de  Andr.  Boxh  [Tab,  anat.  chir.  doctrinam  henUarum  illustr.  Lugd. 

..  1828,  in-fol.)  ;  de  Alex.  Tuompsor  [Sur  Vanat,  du  bas-ventre  et  sur  les  hernies j  1858); 

t-  DcHKAnx  [Des  h^mies  crurales,  thèse  de  Paris,  1845V 

Les  ouvrages  suivants  ont  trait  uniquement  à  Tanatomie  de  l'aine  :  LAsoBimoi  (G.  J.  Mart.). 
Anat,  Unterauckung  der  Gegend  wo  die  Sehenkelbrucke  entstehen.  In  Neue  Biblioth,  f.  Oàr- 
rar§ie.  1820,  t.  II,  p.  112.  —  Béclard  (A.)  et  Béiiard  (Ph.).  Art.  Aine.  In  Dict.  de  méd  ,  !'•  et 
S*  ëdit.,1822  et  1833.—  Horbl  (Joan).  De  regione  inguinali.  Diss.  anat.  lfonach.,1857,  in4, 
Sg.— EanvnsT  (L.).  AnatonUe  de  Faine.  Thèse  de  Paris,  1842.— Robin  (Ch.  Vh.].Anaiamiê 
ekintrgietae  de  la  région  de  Vaine.  Thèse  de  Paris,  1846.  —  Robbrt  ^A.)  et  Vbrredil.  Art.  Aine. 
\n  suppl.  au  Dictionn.  des  Dictiann.  1851.  —  Yoy.,  en  outre,  les  traités  d'anat.  topographique 
m  chir.,  particulièrement  ceux  de  Blandin,  Velpeau.  Malgaigne,  Hvrtl,  Engel,  Pétrequin, 
Rirbet,  Vaclise  [Camm.  en  Plates  XXVI,  XXVII  et  XXVIII). 


9,  n.  Pathol«tle  ëm  la  wégfins  Se  l'akM.  Les  aiïections  du  pli  de  l'aine 
>ont  extrêmement  nombreuses,  eu  égard  aux  dimensions  restreintes  de  la  région. 
Ries  sont  presque  toutes  du  domaine  Je  la  chirurgie,  et,  comme  l'a  déjà  fait  obser- 
ver P.  Bérard,  se  montrent  pour  la  plupart  sous  la  forme  de  tumeur. 

Superficiel  et  presque  entièrement  dépourvu  de  moyens  de  protection,  le  pli  de 
l'aine  est  fort  exposé  aux  lésions  traumatiqnes  et  à  leurs  conséquences  primitives 
nu  éloignées.  —  Sorte  de  carrefour  placé  à  la  jonction  du  membre  inférieur,  des 
organ<^  génitaux,  des  parois  et  de  la  cavité  de  l'abdomen ,  il  est  l'aboutissant,  le 
rendez-vous  d'alTections  primitivement  développées  dans  ces  vastes  régions,  et  qui 
l'envahissent  secondairement  par  contiguïté  ou  par  continuité.  —  Enfui  le  pli 
de  l'aine  n*est  point  une  région  simple  à  la  manière  de  l'aisselle,  du  conde  ou 
du  jarret;  outre  les  couches  stratifiées  et  les  éléments  anatomiques  qui  lui  sont  com- 
muns avec  les  autres  départements  superficiels  du  corps,  l'existence  du  canal  crural 
^  dn  canal  inguinal  constitue  une  disposition  tout  A  fait  spéciale  ;  il  y  a  là  deux 


350  AINE  (patbologik). 

régions  daiis  ujie  litHsième,  et  de  cette  associatiou  anaU)iui<pie  découle  uue  |Mt>- 
miscuité  pathologique  qu'on  ne  retrouve  nulle  part  ailleurs  aussi  compliquée. 

On  a  classé  de  diiTéreutes  manières  les  aflectious  chinirgicales  du  pli  de  laine; 
mais  dans  ces  essais  on  s*est  trop  exclusivement  attaché  à  l'étude  des  tumeurs. 
Bérard  leur  a  presque  entièrement  consacré  Texcellent  article  du  Dictionnaire  m 
50  volumes.  Adoptant  la  division  topographique,  il  a  fait  un  chapitre  |«ur  les  tu- 
meurs de  la  région  inguinale  et  un  autre  pour  celles  de  la  région  crurale.  Azsun, 
se  préoccupant  surtout  du  diagnostic  ot  des  moyens  de  rétablir,  a  pris  pour  W 
quelques  symptômes  isolés  et  qui  ne  sont  rien  moins  que  patliognomonîques,  d'uù 
la  division  des  tumeurs  en  réductibles ,  irréductibles  et  étranglées.  D'autres  n' 
contentent  d'énumérer  les  tumeurs  suivant  les  organes  quelles  occupent,  le> 
œuchcs  qu'elles  envahissent,  etc. 

Toutes  ces  classifications  ont  certains  avantages,  mais  elles  sont  essentiellemeni 
artificielles  et  sacrifient  trop  les  descriptions  pathologiques  aux  exigences  ck' 
cet  exercice  fort  en  vogue  autrefois  et  connu  sous  le  nom  de  Diagnostic  diffé- 
rentiel. 

Les  divisions  suivantes  semblent  plus  naturelles  : 

1*^  Lésions  traumatiques  et  leurs  conséquences  ; 

2^  Afleotions  inflammatoires  ou  organiques  distinguées  en  intrioflèques  <iu 
extrinsèques,  selon  qu'elles  ont  pris  naissance  dans  la  région  elle-même,  ou quVllov 
n'y  sont  parvenues  que  par  extension  ; 

5^  Hernies  et  affections  consécutives  ; 

4^  Affections  du  cordon  spermatique,  du  ligament  rand  et  du  testicule  en  étal 
d'ectopie. 

En  patlioiogie^il  n^est  guère  de  classification  irréprochable,  et  celle-ci  n'est  pa»» 
Tabri  de  la  critique,  mais  elle  a  l'avantage  d'être  plus  générale,  de  laisser  unepbfp 
à  tous  les  faits  particuliers  et  d'utiliser,  à  titre  de  sous-divisions,  les  caractères 
tirés  du  siège  anatomique  ou  topographique  des  lésions.  L'énumération  nosologi- 
que  étant  complète,  il  devient  possible  de  prendre  dans  chaque  ordre  les  lésions  simi- 
laires et  d'en  former  des  groupes  variés,  de  réunir  et  de  comparer  entre  elles  et 
avec  les  autres  toutes  les  solutions  de  continuité,  toutes  les  tiuneurs  solides  et 
liquides,  indolentes  ou  inflammatoires,  réductibles  ou  irréductibles,  etc. 

Lésions  tradmatiqdes.  Plaies,  Elles  sont  accidentelles  ou  pratiquées  dans  un 
but  thérapeutique,  c'est-à-dire  opératoires.  Les  plaies  accidentelles  offrent  peu  di- 
gravité  quand  elles  ne  portent  que  sur  lapeau  et  les  couches  superficielles  ;  oiai> 
il  ea  est  autrement  quand  elles  atteignent  une  certaine  profondeur  ;  elles  engen- 
drent alors  des  complications  diflérentes,  suivant  qu'elles  siègent  dans  la  poiiion  in- 
guinale ou  dans  la  poition  crurale  du  pli  de  l'aine.  Dans  le  pi*emier  cas,  elles  se  rap- 
prochent des  plaies  de  hi  paroi  abdonunale  et  admettent  les  mêmes  divisions  et  If 
même  pronostic,  c'est-à-dire  qu'elles  sont  pénétrantes  ou  non  pénétrantes,  avec  ou 
sans  issue,  avec  ou  sans  lésion  des  viscères  abdominaiu,  suivies  ou  non  de  her- 
nies, de  fistules,  etc.  Elles  peuvent  être  accompagnées  d'hémorrhagies  par  suite 
de  blessure  des  vaisseaux  iliaques,  épigaslriques,  circonflexes  iliaques,  sous<u- 
tanés  abdominaux,  etc. 

La  blessure  du  cordon  spermatique  chez  l'homme,  du  ligament  rond  chef  la 
femme,  l'ouverture  du  canal  inguinal  dans  les  deux  sexes,  constituent  encore  dt^^ 
complications  spéciales  aux  plaies  situées  au-dessus  du  ligament  de  Fallope. 

Les  plaies  de  la  région  crurale  empruntent  surtout  leur  inlérêt  i  la  lésion  des 


AINE    (fAVHOLOOlK).  2M 

nbeeinx  fémocaux,  de  la  Teine  saphène,  très-^peificieUe  en  ce  point,  des  vai»* 
mi»  ]]fnphaiiques  ei  des  gauglions  inguinaux. 

Les  plaies  par  armes  à  feu  bonient  rarement  leui's  ravages  aux  parties  superfi- 
aeilee  de  la  T^ion.  Au-dessus  de  l'arcade  crurale  elles  atteignent  les  viscères 
pelviens  ou  abdominaux  ;  au-dessous  elles  intéressent  les  parties  dures,  os  et  arti* 
colatioDs  ou  les  vaisseaux,  et  font  ainsi  naître  des  complications  auprès  desquelles 
la  plaie  inguinale  proprement  dite  est  relativement  peu  importante.  Cependant  des 
Inlles,  des  hîscaïens  et  d  autres  corps  étrangers  peuvent  s'arrêter  sous  la  peau  ou 
t  diverses  profiNideurs.  Axam,  sans  doimer  de  détails,  dit  avoir  obsené  un  cas  de 
it  g!PDrp.  Nélaton  a  extrait  de  la  région  pectinéale  d'un  soldat  blessé  à  la  bataille 
de  SoUerino  une  balle  cylindro-conique  qui  y  séjournoit  depuis  quatre  ans  et  en* 
tr^ienait  deux  fij^tules  (GoA.  deêHôpit.^  p.  570,  1865).  Baudens  cite  trois  casinté- 
resnots  :  Une  balle  pénètre  dans  le  pli  de  Taine,  le  doigt  introduit  dans  le  trajet 
b  suit  jusque  dans  l'épaisseur  du  psoas,  d'où  on  l'extrait  à  l'aide  de  simples 
jÔKes.  —  Coup  de  feu  en  dedans  de  l'épine  iliaque  antérieure  et  supérieure  ;  balle 
pendue  dans  l'abdomen.  Quinzième  jour,  région  inguinale  tuméfiée,  tendue,  dou- 
loureuse. Viii<^inquième  jour,  fluctuation  évidente  dans  la  fosse  iliaque  en  dehors 
ilulàisoeau  vascuJo-nerveux.  Incision  immédiatement  au-dessus  de  l'anode  crurale 
pratiquée  couche  par  couche,  jusqu'au  péritoine  cpii  est  décollé  et  soulevé.Vaste 
:éoes  au-dessous  du  faêcia  iliacay  issue  d'un  demi-litre  de  pus,  extraction  facile  de 
b  balle.  Mort  d'épuisement  trois  mois  plus  tard.  —  Perforation  de  l'os  iliaque  par 
une  halle  que  la  sonde  .suit  jusque  dans  l'épaisseur  du  muscle  psoas.  Ouverture  de 
Tabdomen  par  une  incision  courbe  faite  dans  le  {di  de  l'aine.  Péritoine  décollé  et 
ft'ioulé  en  dedans,  incision  du  psoas  parallèlement  à  ses  fibres,  extraction  du  pro-, 
jiYtiieet  de  plusieurs  esquilles,  guérison  {Clinique  des  plaies  d* atomes  à  feu.  1836» 
p.  ôlS,  339y  399).0n  trouvera  de  plus  amples  renseignements  dans  les  traités  de 
U«»sares  piir  armes  de  guerre. 

Berne,  de  Lyon,  a  observé  la  déchirure  de  la  peau  dans  une  circonstance  toute 
^ale  :  enfant  de  11  ans,  coxalgie  avec  rétraction  telle  que  les  cuisses  s'ap[di- 
ftùeai  à  l'abdomen  et  que  les  talons  touchaient  les  fesses.  On  pratique  les  mou- 
vements forcés  de  Bonnet,  résistance  très-grande,  craquements  nombreux.  La  peau 
ie  faine  gauche  se  déchire  dans  l'étendue  de  6  à  7  centimètres,  même  lésion  au. 
prret,  cet  accident  ne  parut  pas  avoir  de  suites  fâcheuses.  {Du  redressement  brus-, 
^  dans  les  maladies  delà  hanche.  1860,  p.  25.) 

Plaies  opératoires.  Elles  succèdent  aux  nombreuses  opérations  chirurgicales 
(ioot  la  région  de  l'aine  est  le  théâti*e.  Ligature  de  l'iliaque  externe  à  sa  terminaison, 
lies  artères  fémorale,  épigastrique,  circonflexe  iliaque  (Legouest,  Chirurgie 
iarmée^  510),  à  leur  origine  en  cas  d'anévrysme  ou  d'hémorrhagia  traumatiqiie; 
iodsion  mettant  à  découvert  la  fémorale  du  pli  de  l'aine  pour  en  faire  la  com- 
fctssion  immédiate  (Crampton,  Broca,  Anévrysmes^  p.  498).  Extraction  de  corps 
«orangers  superficiels  ou  profonds  ;  extirpation  de  tumeurs  ;  kélotomie  inguinale 
ou  cnirak;  cure  radicale  des  hernies  ;  formation  d'un  anus  artificiel;  ouverture 
fie  bubons,  de  kystes,  d'abcès  superficiels  ou  profonds  ;  (^rations  autoplastiques 
opposées  aux  cicatrices  vicieuses,  à  l'anus  contre  nature,  aux  fistules  stercorales; 
iDverture du  canal  inguinal  pour  découvrir  et  raccourcir  les  ligaments  ronds.  (Al- 
qoié.  BtM.  de  VAcad.  de  méd.,  t.  VI,  p.  235,  1840.) 

lies  eouches  snperticielles  devant  ôtre  nécessairement  intéressées  dans  ces  diverses 
içératkms,  il  est  bon  de  rappeler  l'influence  que  la  direction  des  incisions  exerce  ici 
sur  la  tbrme  définitive  des  fdaies  en  raison  de  l'élasticité  des  téguments  et  des  eoudies 


952  AINE  (pathologie). 

sous-jaoentes.  Les  plaies  horizontales,  c'est^-dire  parallèles  à  Tarcade  crurale,  s*tU 
frontent  tràs-<iisément;  les  plaies  verticales  au  contraire  deviennent  ovahires  et 
restent  béantes,  surtout  dans  la  i-égion  cnirale.  Ces  dispositions  s'exagèrent  encore 
chez  les  sujets  maigres  àpeau  flasque.  D'autre  part,  la  forme  des  sdutions  de  conti- 
nuité est  singulièrement  modifiée  par  l'attitude  du  membre  inférieur;  ainsi  la  flexion 
de  la  cuisse  rapproche  jusqu'à  les  faire  chevaucher  les  lèvres  des  plaies  horiaûnialfs, 
tandis  qu'elle  écarte  celles  des  plaies  verticales.  L'extension  agit  d'une  manière  dia- 
métralement opposée  ;  de  là,  en  pratique,  des  avantages  et  des  inoonvénieota  qu'il 
feut  connaître,  utiliser  ou  éviter.  Ainsi  les  incisions  horizontales  favorisent  la  réu- 
nion immédiate,  surtout  si  dies  sont  combinées  avec  la  flexion  consécutive  de  b 
cuisse;  mais  quelquefois  le  but  est  dépassé,  et  le  rapprochement  exagéré  des  bords 
saignants  engendre  un  enroulement,  une  sorte  d'entropion  cutané,  qui  retarde  b 
cicatrisation,  d'où  la  nécessité,  tout  en  relâchant  les  parties  nuMes  pour  favi»iser 
l'adhésion  primitive  des  lèvres,  de  procurer  la  coaptation  exacte  de  ces  denuère*^ 
par  la  suture,  les  serres  fines  ou  le  collodion.  A  la  région  crurale,  l'extension  du 
membre  aide  au  contraire  à  TaiTrontement  des  plaies  verticales.  Lorsque  la  réunion 
immédiate  n'est  ni  désirable  ni  possible,  il  convient  de  combiner  la  direction  des 
incisions  et  Tattitude  de  la  cuisse  de  manière  à  obtenir  l'écartement  permanent 
des  bords  de  la  plaie;  Touverture  des  bubons,  par  exemple,  devra  se  faire  per- 
pendienlairemcnt  à  Tarcade  crurale,  et  la  cuisse  sera  maintenue  dans  la  demi- 
flexion. 

Dans  les  opérations  plastiques,  les  incisions  de  Celse  pratiquées  pour  faciliter  b 
suture  ou  pour  former  un  ou  deux  lambeaux  en  pont  devront  être  de  pr^l^renre 
exécutées  parallèlement  au  ligament  de  Fallope;  de  même  on  empruntera  autant 
que  possible  à  la  paroi  abdominale  les  lambeaux  à  pédicule  qu'on  voudrait  amener 
par  toraion  ou  inflexion  dans  le  pli  de  l'aine  pour  servir  d'opercule  à  un  anus  contre 
nature  ou  pour  combler  le  vide  laissé  par  Tincision  transversale  d'une  bride  cica- 
tricielle gênant  l'extension  de  la  cuisse. 

Dans  la  kélotomie,  l'extirpation  des  tumeurs,  etc.,  on  évitera,  si  faire  se  peut, 
les  incisions  en  T  ou  en  croix,  qui  se  cicatrisent  difficilement;  on  les  remplacerait 
avec  avantage  par  des  incisions  courbes,  semi-circulaires  ou  6emi-elliptiqiie>, 
circonscrivant  une  sorte  de  bmbeau  dont  la  dissection  donne  tout  le  jour  né- 
cessaire, et  qui  se  réapplique  facilement,  si  on  juge  utile  de  réunir.  Le  bord  adhé- 
rent de  ce  lambeau  sera,  suivant  le  besoin,  perpendiculaire  ou  parallèle  à  Tarrade 
crurale. 

Quelque  importants  que  fuient  ces  préceptes,  ils  sont,  dans  certiines  o|)érationv. 
subordonnés  à  d'autres  considérations  ;  ainsi  la  ligature  de  l'ilbque  externe  à  L 
partie  inférieure  exigera  que  l'incision  soit  tantôt  horizontale,  tantôt  verticale;  dr 
même  pour  la  kélotomie,  pour  l'extirpation  des  tumeurs  et  la  recliercfae  des  catys 
étrangers.  Nous  en  recommandons  l'observation  pour  le  seul  cas  où  rien  n  eii^« 
impérieusement  qu'il  y  soit  dérogé,  et  nous  les  avons  rappelés  assez  prolixenienl« 
parce  que,  au  point  de  vue  de  la  marche  de  la  cicatrisation,  ils  s'appliquent  non* 
seidement  aux  plaies  opératoires,  mais  aussi  aux  plaies  accidentelles,  et  en  général 
à  toutes  les  solutions  de  continuité  récentes  ou  chroniques,  simples  ou  diatbésiques, 
dont  h  région  de  l'aine  peut  être  le  siège.  Du  reste,  d'api'ès  l'antagonisme  oo  Li 
communauté  d*action  qui  existe  entre  la  direction  des  plaies  et  la  flexion  de  b 
cuisse,  on  a  déjà  compris  le  parti  que,  dans  un  cas  donné,  on  peut  tirer  de  ee<  deui 
forces  suivant  qu'on  les  adjoint  ou  qu'on  les  oppose. 

Les  hémorrfaagies  primitives  oo  secondaires  survenues  i  la  suite  d'une  hleioui^ 


AINE  (rATBOLotiiBJ.  955 

daiKlcoour&  d  une  opératiun  ou  pttr  le  iaît  d*une  erreur  de  dîagnoitic,  constituent 
Tuoe  des  plus  graves  complications  des  plaies,  inguinales. 

L'application  des  sangsues  est  rréqueuuncnl  ordonnée  dans  la  réi(ioii  de  Taine. 
C'est  uue  maufaise  pratique  dans  le  cas  de  bubon  virulcnl,  à  cause  de  la  facilité 
;iTec  laquelle  les  piqûres  s'inoculent.  S'il  s'agit  d'une  heniie  étranglée,  il  œnvienl 
déplacer  les  annélides  à  une  certaine  distance  de  la  tumeur,  saus  quoi,  a  suppu- 
Hi>  qoeb  kélotomie  devint  nécessaire,  les  ecchymoses  généraient  l'opérateur.  C'est 
$iir  le  trajet  inguinal  du  cordon  ou  du  ligament  rond  qu'il  iaut  faire  l'applicaliou 
pour  les  maladies  du  testicule,  de  la  vulve,  du  vagin  et  de  l'utérus. 

Nous  n'avons  parlé  jusqu'ici  que  des  plaies  u  ciel  ouvert  ;  il  nous  reste  à 
«ignaler  les  |Jaies  sous-cutanées  accidentelles  ou  chirurgicales.  FoUiu  a  déjà  cité 
dans  ce  recueil  1 1.  1^,  p.  145)  le  cas  où  un  échalas  pénétrant  à  la  partie  supérieure 
de  la  cuisse  avait  labouré  le  tissu  cellulaire  sous-cutané  du  pli  de  l'aine.  Larrej 
n|i|nrte  deux  observations  aussi  remarquables.  Dans  la  première,  un  coup  de 
laiu%  pénétra  au  tiers  supérieur  et  externe  de  la  cuisse,  puis,  se  dirigeant  en  haut 
é  en  dedans,  à  travers  le  paquet  des  glandes  inguinales,  passa  sous  l'arcade  cru- 
nile,  a  alla  derrière  le  pubis  blesser  la  face  antérieure  de  la  vessie.  L*urine  sortit 
pEir  la  plaie,  dont  le  trajet  parut  d'abord  se  fernier,  mais  s'enflamma  plus 
tard  el  donna  lieu  ii  une  fistule  urinaire  ciwale.  Sonde  dans  la  vessie,  contre- 
uuTerture  a  l'aine,  guéridon.  —  Dans  la  seconde,  une  conie  de  taureau,  très- 
fniutue  et  recourbée,  pénètre  par  le  sommet  de  la  fesse  jusqu'à  la  partie  profonde 
du  pli  de  Taine,  dilacère  le  tissu  cellulaire  et  les  glandes  inguinales,  passe  sous  l'ar- 
cade crurale,  et  atteint  dans  le  bassin  le  côté  correspndant  de  la  vessie  pleine  d'u- 
rine, celle-ci,  dénudée,  mais  non  ouverte,  vient  faire  sous  l'arcade  crui'ale  une  her- 
nie du  volume  d'un  œuf  de  poule.  Accidents  immédiats  graves,  contre-ouverture 
dans  Taine  pour  découvrir  et  réduire  la  tumeur  vésicale,  sonde  à  demeure,  guéri- 
(«.  (CUnique  chirurgicaU,  t.  II,  p.  504,  505;  I8!29.) 

Deux  autres  cas  analogues  sont  cités  dans  les  Ardiiv.  fur  Chirurgie  de  Langen^ 
t«ck,  t.  III,  fasc.  3,  p.  327,  et  t.  V,  lasc.  2  et  3,  p.  269. 

lue  simple  mention  suffit,  je  crois,  pour  la  proposition  fantaisiste  de  la  kéloto* 
fflie  sous-cutanée. 

Plaçons  ici  deux  remarques,  dout  l'une  s'applique  à  toutes  les  lésions  acci- 
dentelles, et  dont  l'autre  regarde  particulièrement  la  pratique  des  opérations. 

1*  Au  moment  où  il  est  atteint  parle  traumatisme,  le  pli  de  l'aine  est  à  l'état  noj- 
nialfOU  bien  il  recèle  uue  afi'ection  antérieure,  adénite,  ectopie  du  testicule,  dilatation 
uriqueuse,  tumeur  herniaire,  etc.  Ce  deniier  cas  est  surtout  très-commun.  Ce  sim- 
(de  énoncé  suffît  pour  faire  comprendre  combien,  avec  uue  même  cause,  le  pronostic 
peut  varier  suivant  que  le  blessé  se  trouve  dans  Tune  ou  dans  l'autre  condition. 

^  Le  diagnostic  des  tumours  inguinales  est  parfois  fort  obscur;  on  a  commis 
dans  cette  région  des  erreurs  de  diagnostic  si  extraordinaires  et  si  funestes,  ces 
meurs  ont  été  commises  par  des  hommes  si  haut  placés,  qu'on  est  forcé  d'admettre 
que  nul  n'en  est  entièrement  à  l'abri.  De  plus,  il  n'est  pas  rare  de  rencontrer 
idusieurs  affections  concomitantes  qui  mélangent  leui*s  symptômes  et  leurs  carac- 
tères plijsiques,  de  manière  à  dérouler  le  clinicien.  Un  abcès  siège  devant  un  aué- 
msme,  un  bubon  recouvre  une  hernie  étranglée  ou  non,  un  kyste  simule  un  sac 
liemiairc,  etc.  Enfin  les  vaisseaux  de  la  région  sont  soulevés  ou  déviés  par  une 
Uimeiu'  sous-jacente  ou  latérale.  Il  en  résulte  que  dans  le  cours  d'une  opération 
'41  peut  ne  pas  trouver  ce  qu'on  cherehc,  ou  trouver  ce  qu'on  ne  chcreliait  pas,  ou 
rcticoutrer  enfin  et  blesser  par  mé^^arde  des  organes  importants. 


S54  AINE  (rATHOLocie). 

Quelque  habile  qu'où  soil,  quelque  assuré  que  paraisse  le  diagnostic^  ou  ue  doit 
jamais  procéder  ici  qu'avec  la  plus  sage  lenteur  et  les  pi*ecautîoiis  les  plus  miuiH 
lieuses,  en  pensant  toujours  à  la  possibilité  d'une  méprise  ou  d'une  oocurrencv 
imprévue. 

Ainsi  l'on  se  trouvera  bien  de  diviser  horixontalement  et  de  ne  jamais  ponction* 
ner  la  peau,  ou  de  k  soulever  en  pli  vertical  si  elle  est  moUle.  Si  on  dent  péné- 
trer profondément,  on  incisera  couche  par  cx>uche,  comme  dans  la  kélotomie;  ou 
cherciiera  toujours  les  gros  vaisseaux  par  le  toucher  avant  d'intéresser  les  plans  où 
ils  se  troaveni,  en  se  rappelant  que  l'extension  de  la  cuisse,  attitude  souvent  indis- 
|)ensable,  les  rend  superficieb.  Les  brandies  de  petit  volume  seront  liées  au  fur 
et  à  mesure,  si  cela  est  possible.  Enfin»  on  n'oubliera  pas  de  faire  assujettir  soli- 
dement le  patient  et  de  se  prémunir  surtout  contre  le  mouvement  instinctif  qui 
le  porte  à  fléchir  vivement  la  cuisse.  Un  confrère  m'a  assuré  avoir  vu  l'jr- 
1ère  fémorale  ouverte  de  cette  manière,  à  propos  de  la  ponction d*an  bubon;  la  mort 
suivit  dans  la  soirée  même. 
Il  est  utile  d'ajouter  à  ces  préceptes  doux  phrases  judicieuses  de  Bérard  : 
c  Lorsque  des  accidents  graves  sembleront  réclamer  un  prompt  secours,  il  Gui- 
dra,  s'il  y  a  incertitude  sur  la  nature  de  la  maladie,  mettre  les  choses  au  pire,  et 
se  comporter  comme  si  l'on  avait  affaire  à  l'atTection  la  plus  grave.  On  conçoit  par 
exemple  qu'il  y  aura  peu  d'inconvénients  à  inciser  l'abcès  d'un  ganglion  avec  h^ 
préaiutions  qu'on  apporterait  à  la  dissection  d'une  hernie  fémorale  étranglée,  tan- 
dis que  les  plus  graruls  dangers  pourraient  survenir  si  l'on  ouvrait  cette  deniièn* 
wnnneun  abcès... 

((  Il  faut  aussi,  dans  le  cours  des  opérations  que  Ton  aura  enti^prises,  m*  |u«> 
oublier  que  sous  une  première  tumeur  que  Ton  aura  ronconti*ée,  ou  h  côté  dVIIf. 
il  faudra  quelquefois  aller  chercher  celle  qui  entrelient  les  accidents,  et  ne  pci^ 
supposer  trop  tôt  que  l'on  a  commis  une  faute  de  diagnostic  parce  qn\ni  ni  ]9^ 
tout  d'abord  trouvé  ce  que  l'on  cherchait.  »> 

Contusions ^  froissements.  Une  chute,  un  coup  direct,  une  pression  violente  et 
passagère,  une  compression  plus  faible,  mais  prolongée,  peuvent  déterminer  au  pli 
de  l'aine  tous  les  accidents  de  la  contusion,  immédiats  ou  éloignés,  variables  encon* 
suivant  l'organe  ou  le  tissu  pîU'ticulièrement  intéressé. 

La  i)eau  qui  porte  l'olTort  principal  peut  se  mortifier  dans  la  suite.  Ainsi  ia  cuoi- 
pression  mécanique, appliquée  au  niveau  de  l'émincucc  iléo-pecliniV?,  dans  le  trai- 
tement des  lésions  artérielles  du  membre  inférieur,  entre  le.<  douleurs  ^i^i-^ 
qu'elle  provo(|ue  quelquefois,  peut  arriver  jusqu'à  produire  des  eschares,  si  b 
pelote  est  trop  dure,  trop  longtemps  ou  trop  fortement  appliquée.  Michaux  {A^ 
Louvain)  en  rapporte  un  exemple  (Btdleiin  de  la  Société  de  chirurgie^  t.  VIII. 
p.  136,  1857).  La  compression  altemsitivo  met  ^  l'abri  de  cet  aa*idcnt  fort  rarr 
d'ailleurs. 

Nous  avons  sigimlé  nous-méuie  {Bulletin  de  la  Soc.  dechirunj.^i.  l^y  3*  série, 
p.  i03,  4861)  un  accident  peu  conim  qui  succède  h  la  œnipn*ssion  digitale  teni- 
poraire  qu'on  exerce  sur  la  fémorale  au  pli  de  l'aino  dans  les  amputations  ou  daii< 
les  nnévrjsmes.  Il  s'agit  d'une  phlébite  circonscrite  de  la  veine  crurale.  Trois  ra^ 
de  ce  genre»  recueillis  en  un  petit  nombre  d'années,  prouvent  que  la  lésion  n'(^t 
|Nis  tnVrare  et  indiquent  In  nécessité  de  faire  avec  précaution  l'hémostase  pravi- 
ioiri*.  Si  l'on  ne  peut  éviter  la  veine,  il  convient  de  comprimer  le  moins  fort  et  le 
rniiinM  longtemps  possiMe.  Sur  28  eus  d'anévnsme  inguinal  dont  l'étiologie  a  été 
fiiitée,  Nolgaigne  en  compte  6  qui  ont  succédé  a  do  chocs  directs  portés  sur  I  aine. 


AINE  (patuulùgik).  '*J&5 

eiim^epiièuic  coiiséculif  à  une  plaie  d'arme  à  feu  cicalvisée  (Journal  de  chirur- 
fjieA'  IV,  p.  8  et  9,  18i6).  La  coutusioii  donna  naissance  à  un  anévrysnie  vari- 
quens  dans  le  cas  de  Venturoli.  (Ga:i.  méd,  i836,  p.  200.) 

Wa  chocs  portés  sur  le  cordon  spermatique  y  provoquent  des  phlegmons,  la 
|4ilcbite  funiculaire,  un  hémalocèle.  Le  testicule  retenu  à  l'anneau  est  soumis  au\ 
mêmes  éventualités.  Nous  avons  déjà  parlé  de  la  contusion  des  hernies  et  de  Tin* 
flammation  qui  peut  eu  résulter.  Tout  le  monde  connaît  l'ol^senation  de  Flaubert 
fils  (Tbès.  iiiaug.,  p.  41;  1839).  Une  femme  de  cinquante  ans,  affectée  d'une 
petite  hernie  inguinale  gauche,  fait  un  laux  pas  et  une  chute  ;  une  terrine  remplie 
de  linge  mouillé  qu'elle  portait  dans  ses  bras  heurte  l'aine  gauche.  Douleur  vive. 
Phénomènes  d'étranglement;  on  opère  quatre  joui*s  après  ;  le  soc  ne  renfermait 
[Jus  ni  intestin,  ni  épiploon.  Il  était  rempli  de  caillot»  adhérents.  Il  s'agissait 
d'un  hématocèle  du  sac  herniaire.  Broca  a  réuni  on  bon  nombre  de  cas  d'inflam- 
msitîoiis  herniaires  consécutives  à  des  Tiriences  extérieures  ou  à  l'application  de 
loodages  trop  serrés  (p.  il  et  suivantes).  Ces  faits  sont  très-communs  et  devien- 
draient innoroliraUe»,  si  l'on  y  joignait  les  désordres  causés  par  le  taxis  foné  ou 
prolongé. 

lies  frotleroents  répétés  sans  pression  énergique  agissent  de  même.  Témoin  ce 
Dieuuier  qai  fit  une  longue  route  ayant  dans  sa  poche  quarante  gix»  écus  qui 
portaienC  sur  une  hernie,  l-n  abcès  inguinal  se  foima  et  peifura  le  sac  de  dehors  en 
lUansfBérard). 

Ia's  bandages  herniaires,  mal  construits  ou  mal  appliqués,  ne  ménagent  pas  plub 
lt>  couches  cutanées.  Sous  l'influence  du  frottement  réitéré  qu'ils  exercent,  le 
li^sll  cellulaire,  interposé  entre  la  \y^\\x  el  les  plans  sous-jacents,  se  creuse  de  vé- 
nuUes  bourses  séreuses  adventices,  qui,  vides  on  kystiques,  sont  une  source  d'em- 
barras pour  le  diagnostic  de  l'élranglement  ou  la  pratique  de  la  kélotomie.  D'autivs 
b^  la  pression  de  la  pelote  détermine  des  excoriations  douloureuses,  des  indura- 
boibnitanci*s.  des  adénites,  des  phlegmons,  des  abcès.  Chassaignac  cite  un  exem- 
)4e  concluant  de  ce  dernier  genre  d\iecidcnt  (p.  659).  Les  contusions  inguinales 
donnent  lieu  à  des  tnmeui's  simguincs  el  à  des  abcès  dont  nous  nous  occuperons 
phfrioin;  elles  peuvent  porter  leur  action  plus  profondément.  Lorsqu'elles  sont 
hèrénergiques,  elles  intéressent  les  muscles,  l'articulation  coxo-fémorale  et  le 
^{uelette,  jusqu'à  produire  la  fracture  de  la  branche  horizontale  du  pubis.  Comme 
Miites  éloignées,  eues  semblent  prédisposer  à  la  formation  de  hernies,  en  affaiblis* 
5ant  la  paroi  abdominale. 

QnUérUatUms^  brûlures.  On  employait  beimcoup  autrefois  et  cjuelques  chirur- 
zicns  préconisent  encore  la  caulérisiition  actuelle  ou  ]X)tentiello  pour  ouvrir  les 
iHibons,  poiu*  modifier  la  surface  des  chancres  phagédéniques  ou  des  ulcérations  ato- 
nîques  qui  succèdent  à  la  suppuration  de  certaines  adénites  scrofuleuses  ou  chan- 
•Teitses.  La  même  méthode  a  été  appliquée  a  la  cure  radicale  des  hernies  (depuis 
Albucasis,  liv.  I''^  chap.  xlv)  et  à  la  destruction  de  l'épiploon  hernie.  Toute!) 
(^  applications  de  la  cautérisation  doivent  être  rejetées  d'une  manière  générale 
iBovdenave).  L'ouverture  des  bubons  par  les  caustiques,  outre  qu'elle  laisse  des 
stigmates  fâcheux,  m'a  paru  ralentir  la  cicatrisation.  L'usage  répété  et  persévérant 
de  djxers  topiques  suffit  ordinairement  pour  les  ulcérations  phagédéniques  ou  autres  ; 
il  n'est  pins  nécessaire  de  blâmer  l'emploi  du  feu,  allant  jusqu'au  pubis  dans  li*s 
hernies  réductibles,  et  si  l'on  ne  veut  pas,  après  la  kélotomie,  abandonner  l'épi- 
l^oon  i  lui-même,  on  peut  le  détruire  par  des  procédés  plus  sûrs  et  {dus  ex|)éditifs. 
Si  dmI^*  tout  ou  croyait  uécessaire  de  recourir  à  la  méthode  que  nous  critiquons, 


356  AINE  (patuolouik). 

il  faudrait  ptt)eéclei-  avec  prudence  et  u*uliliser  que  les  caustiques  fixes  qu'on  |)init 
nianier  avec  pi-écisiou.  Sans  parler  des  cas  où,  par  défaut  ou  eireur  de  dia^gnobtic, 
des  lieniies,  prises  pour  des  bubons,  ont  été  ouvertes  par  le  caustique,  je  rappel- 
lerai seulement  le  cas  cité  par  Bérard,  de  cette  <schare  produite  avec  la  pu- 
tasse,  par  un  élève  d'Angers,  et  qui  semblait  comprendre  les  parois  de  Farlm^ 
lemorole.  Rien  ne  saurait  remplacer  le  bistouri,  alors  quou  peut  eraiodre  h  blc>' 
sure  d  organes  si  impoiiants. 

Les  brûlures,  rarement  limitées  au  pli  de  Taiue,  s'étendeut  ordiiiaireiuciit 
ù  la  \yMVi  abdominale  et  à  la  partie  antérieure  et  supérieure  de  la  cuisse.  Si  elle» 
sont  pnjlbndes  et  si  la  cicatrisation  n'en  est  pas  surveillée,  elles  amènent  la  Ibnua- 
tion  de  brides  qui  attirent  la  cuisse  vers  labdomen  et  la  maintiennent  dans  une 
llcxion  permanente.  Tant  qu'on  peut  craindre  la  rétraction  primitive  ou  cousctu- 
livc,  il  est  indispensable  de  maintenir  la  cuisse  étendue  sur  le  bassiu,  quelque 
retard  que  cette  attitude  puisse  occasionner  dans  la  guérison.  Nous  dirons  plus  loin 
ce  qui  a  été  fait,  lorsque  la  rétraction  inodulaire  était  ancienne. 

Cicatrices»  Elles  succèdent  à  des  lésions  traumatiques  :  plaies,  opératimb. 
bi-ûlurcs,  ou  à  des  lésions  organiques  :  ulcérations,  abcès,  fistules,  etc.  £Uu» 
oilrent  une  grande  variété  d  aspect  :  uniques  ou  multiples,  larges  ou  linéain^, 
superficielles  on  profondes  et  épaisses,  saillantes  en  forme  de  brides  ou  déprimm 
en  entonnoir,  lisses  ou  gaufrées,  mobiles  ou  adhérentes  aux  plans  sous-jacents,  etc. 
Elles  portent  ordinairement  le  cachet  i!e  la  cause  productrice  et  acquièrent  aioai 
une  assez  grande  valeur  séméiotique.  C*est  ainsi  qu'on  leconnait  assez  lacilemeut 
la  cicatrice  d  un  chancre  phagédénique,  d'une  ulcération  scrofuleuse,  d'un  abcÀ 
de  la  fosse  iliaque,  d'une  kélotomie,  etc.  Quand  elles  sont  supei-ficielles  et  mobile:^, 
cci  cicatrices  ne  déterminent  aucune  gène  ;  toutefois  on  peut  dire  que,  wéiiic 
bénins,  ces  stigmates  sont  fâcheux,  pai-ce  que  le  préjugé  du  public,  d'ailleurs  a^ae2 
légithuc  en  général,  leur  attribue  volontiers  une  origine  vénérienne.  Cette  seule 
considération  justifie  ])leinement  l'emploi  persévérant  de  la  méthode  abortive  daœ 
le  traitement  des  bubons,  ou  du  moins  l'adoption  des  pix)cédésqui  doiment  issue  au 
pus  à  travers  d'étroites  ouvertures  de  la  peau,  ponctions  capillaires,  pooctioib 
précoces,  séton  filiforme,  etc.  Plus  profondes  et  plus  étendues,  les  cicatrices  pré- 
sentent des  inconvénients  variés;  tantôt  elles  déforment  h  région,  tantôt  géneutles 
fonctions.  En  appliquant  la  cuisse  sur  l'abdomen,  elles  produisent  lune  des 
variétés  de  la  flexion  permanente  ;  citons  quelques  exemples. 

Marjolin  obsena  un  homme  qui  avait  une  hernie  étranglée  jugée  inguimle, 
|]Qrce  ([u'elle  descendait  dans  le  scrotum.  Pendant  l'opération  ou  reconnut  qu'elle 
était  crurale,  I>es  cicatrices  nombreuses  que  le  malade  portait  à  l'aine  a^'aieut 
rmiièchélcs  viscères  de  soulever  la  peau  sous  Tarcade  fémorale]  (Dtdtoiiif.  en 
30  voL^  t.  XIII,  p.  41).  Dans  ce  cas,  les  cicatrices  avaient  conduit  aune enx;ur de 
diagnostic. 

Dupnytrcn  parle  d'une  cicatrice  inguinale,  suite  de  brûlure,  et  qui  maintenait 
lu  cuisse  dans  la  flexion.  Elle  était  peu  apparente  lorsque  le  membre  restait  en 
n*pos,  mais  se  transformait  en  une  bride  très-saillante  au  moindre  luouvemeut 
d'extension.  Dans  un  autre  cas,  l'anneau  inguinal,  affaibli  par  une  cicatrice  piaoL-c 
flu-dcvant  de  lui,  domiait  passage  à  une  hernie.  Sur  le  côté  se  trouvait  une  bride 
qui  |Niruissait  H  peine  quand  la  cuisse  était  fléchie,  mais  qui  devenait  teUement 
sailliuite  lorsque  le  membre  était  étendu,  qu'elle  s'opposait  à  Faction  du  bandage  et 
qu'on  fut  obligé  de  la  couper  pour  pouvoir  contenir  la  hernie.  (Médecine  opérât. 
de  KulHitier,  édil  i832, 1. 1,  p.  547.) 


AINE    (PATUOLOGIJS).  ^57 

Roui  cite  ua  cas  de  cicatrice  très-étendue,  consécutive  à  une  lai^c  bi-ûluie  de  la 
parai  abdominale  et  de  la  partie  antérieure  de  la. cuisse  chez  une  jeune  fille.  Le 
corps  était  incliné  eu  avant,  et  une  bride  ferme,  tendue,  adliéraiit  par  ses  deux 
extrémités  aux  régions  inguinales,  formait  au-devant  des  parties  génitales  un  pli 
transversal  qui  les  obstruait.  C'était  une  sorte  d*épican(hu8  vuivaire.  Roux,  coii- 
salté  par  les  poients,  déconseilla  le  mariage.  (Quarante  années  de  pratique  chirur- 
gicale^ t.  I,  p.  5.) 

Dapuytren  dit  avoir  £iit  la  section  de  la  bride,  sans  en  faire  connaître  les  résul- 
tats. Delpech  nous  fournit  un  fait  plus  important  ;  c'est  la  quatrième  observation  de 
son  célèbre  mémoii-e  sur  quelque  spliénomènes  de  VinfUimmatùm.  (Chirurgie  cli- 
nique de  Montpellier,  t.  11,  p.  580  ;  1828.) 

Jeune  tailleur,  bubon  suppuré  de  l'aine  gauche.  Téguments  amincis  et  détruits 
dans  une  grande  étendue.  L'attitude  de  la  profession  disposa  les  boi-ds  de  la  plaie  à 
un  grand  rapprochement,  d'où  cicatrice  transversale,  foimant  un  nœud  oblong, 
dur,  sans  adhérence,  gênant  pourtant  beaucoup  l'extension  de  la  cuisse  et  rendant 
b  marche  trèsf^nible.  La  cicatrice  fut  emportée  dans  son  entier  par  deux  incisions 
semi-elliptiques  verticales  qui  se  réunissaient  par  des  courbes  au  lieu  de  former  des 
angles  à  leur  rencontre.  Le  nœud  cicatriciel  était  épais  et  pénétrait  profondément. 
Après  une  dissection  attentive,  il  fut  possible  de  déplacer  convenablement  les  lèvres 
cutanées  de  la  plaie,  qui  furent  réunies  par  quatre  points  de  suture,  après  que  In 
cuisse  eut  été  placée  dans  une  forte  extension.  Au  douzième  jour  il  ne  restait  qu'une 
Qcalrice  verticale,  linéaire,  blanche,  molle,  souple,  ne  gênant  nullement  les  mou- 
vements de  la  cuisse. 

l/*s  dimensions  restreintes  de  la  bride  permirent  u  Delpech  de  faire  ici  une  heu- 
reuse application  de  sa  méthode  ;  mais  si  la  perte  de  substance  était  plus  étendue, 
la  réunion  immédiate  serait  impossible.  A  la  vérité,  on  pourrait  mobiliser  les  lèvres, 
en  les  disséquant  par  leur  face  profonde,  comme  Champion  paraît  l'avoir  fait  dans 
le  cas  suivant  :  Enfant  de  douze  ans,  brûlé  à  l'âge  de  quatre  ans.  La  moitié  supé- 
rieure de  la  cuisse  gauche  est  intimement  collée  à  la  paroi  idxlominale.  La  cuisse 
étant  isolée  par  la  dissection,  le  chii*urgien  réunit  la  plaie  {Kir  première  intention, 
dans  ses  trois  quarts  inférieurs,  eu  empruntant  par  décollement  les  téguments  du 
voisinage,  et  en  associant  les  agglutinatifs  à  la  suture.  Li  cicatrice  inodulairc  du 
iTste  de  la  plaie  rétablit  en  (lartie  la  flexion  de  la  cuisse  sur  le  ventre,  mais  pas  assez 
repoidant  pour  empêcher  le  malade  de  marcher  presque  droit.  (Velpeau,  Médec. 
c7Wfr.,l.l,  p.  492;1859.) 

C'est  encore  l'autoplastie  par  décollement  qui  fut  employée  par  M.  Nicliet,  dans 
un  cas  dont  voici  l'analyse  sommaire  :  Enfant  de  six  ans,  brûlé  en  bas  âge,  cpisse 
maintenue  dans  la  flexion  forcée  par  une  bride  épaisse,  verticale,  haute  de  trois 
pouces  de  son  bord  adhérent  à  son  bord  libre,  occupant  toute  la  région  inguinale 
gauche,  le  tiers  supérieur  de  la  cuisse,  et  s'étendant  sur  la  paroi  abdominale.  Elle 
était  formée  de  deux  lames  adossées  par  leur  face  profonde,  l'interne  constituée  par 
le  tégument  normal,  l'externe  par  un  tissu  inodulaire  très-dense.  Section  transver- 
sale de  la  bride  dans  toute  sa  hauteur,  extension  forcée  de  la  cuisse,  d'où  résulte 
ime  pfade  losangique  à  grand  diamètre  vertical.  Excision  de  la  partie  la  plus  épaisse 
^  la  plus  dure  de  la  cicatrice,  aux  dépens  de  la  lèvre  externe  de  la  plaie.  Lèvre 
interne  disséquée  sur  l'abdomen  et  sur  la  cuisse,  dans  la  largeur  de  trois  pouces, 
pnit  attirée  en  dehors  pour  recouvrir  la  plaie.  Six  points  de  suture,  bandelettes 

ggluUnatives,  bandage,  extension  de  la  cuisse  maintenue  par  une  forte  attelle 
postérieure;  appaiinl  mal  supporté  les  premiers  jours.  Le  quatrième  jour,  réu- 

mfr.  BKC.  H.  17 


9 


258  AIME  (patuolugik). 

iikm  obtenue  à  la  cui^»se  ;  elle  mauque  à  Tabdomen.  Exteusion  du  membre  rigou- 
reusement maintenue  pour  augmenter  le  diamètre  longitudinal  de  la  phie,  qu  mi 
cherche  à  rétrécir  transversalement  par  des  agglutinatifs.  Survient  une  variole 
très-intense  qui  détruit  tout  ce  qu'on  avait  obtenu  et  interrompt  le  traitement  yen- 
dant  cinq  semaines.  La  cicatrisation,  lente  à  s'effectuer,  n'est  complète  que  cinq 
mois  après  l'opération;  alors  le  petit  malade  marche  parlaitement,  les  mou- 
vements de  flexion  et  d'extension  sont  faciles,  et  Ton  voit  une  cicatrice  linéaire 
qui,  partie  du  tiers  supérieur  de  la  cuisse,  s'étend  sur  l'abdomen  à  trois  pouces  au- 
dessus  du  pli  de  l'aine.  (Clinique  chirurg.  de  rHôtel-Dieu  de  Lyon,  Gast.  méd., 
1836,  p.  456.) 

L'honneur  de  cette  cure,  publiée  peut-être  un  peu  prématurémoit,  revient  moins 
à  l'autoplastie  qu'à  la  méthode  ancienne,  c'estrà-dire  à  la  section  de  la  bride  et  à 
l'attitude  permanente  donnée  au  membre.  C'est  sur  cette  dernière  qu'il  faut  sur- 
tout compter  dans  le  traitement  des  brides  inguinales.  11  est  vrai  que  les  méthodes 
anaplastiques  pourraient  fournir  des  moyens  adjuvants,  utiles  et  variés.  Pour  favo- 
riser la  réunion  verticale  après  l'excision  de  l'inodule,  on  poiurrait,  outre  ies 
décollements  sous-cutanés,  faire  les  incisions  de  Gelse,  pour  mobiliser  un  ou  denx 
lambeaux  latéraux  en  forme  de  ponts  verticaux,  ou  bien,  dans  le  cas  de  brides 
étroites,  employer  soit  les  coupes  ondulées  de  Décès,  de  Reims,  soit  le  procédé  de 
Warthon  Jones.  Enfin,  la  bride  étant  divisée  ou  extirpée,  on  pourrait  emprunter 
aux  parties  voisines  un  lambeau  pour  recouvrir  la  plaie  produite  ;  mais  tous  ce> 
procédés  seraient  incertains  sans  l'extension  permanente,  car  il  laut  se  rappeler  que 
l'autoplastie  échoue  fréquemment  lorsqu'elle  est  appliquée  aux  brides  cicatridelles 
des  membres. 

Ll*s  lésions  superficielles  et  les  cicatrices  qui  en  résultent  ne  sont  pas  les  seules 
causes  de  la  flexion  permanente  de  la  cuisse  sur  l'abdomen,  et  sans  parler  de  Tanky- 
lose  vraie  ou  fausse  de  l'articulation  coxo-fémorale,  qui  ne  doit  point  nous  occuper 
ici,  nous  trouvons  dans  les  parties  molles,  interposées  entre  le  tégument  et  le  sque- 
lette, des  lésions  susceptibles  d'amener  des  rétractions  rebelles  :  telles  sont  les 
inodules  profondes  qui  succèdent  à  des  suppurations  prolongées,  à  d'anciens  trajets 
fistuleux;  —  la  fonte  purulente  du  psoas,  la  rétraction  de  ce  muscle  et  des  autres 
fléchisseurs  de  la  cuisse  sur  le  bassin;  —  Taltération  singulière  des  tissus  albu- 
ginés,  décrite  par  Gerdy,  et  consécutive  à  un  travail  inflammatoire  prévue 
latent,  etc.  Un  bel  exemple  de  ce  dernier  genre  de  lésion  est  cité  par  Horel- 
Lavallée  (Rétractiom  accidentelles  des  membres.  Annales  de  la  chirurgie  fran- 
çaise et  étrangère,  t.  XUI,  p.  285  ;  1845).  C'est  la  description  d'une  pièce  anaUv 
mique  disséquée  par  Ridiel,  et  dans  laquelle  la  flexion  permanente  était 
maintenue  par  l'induration  de  tous  les  tissus  fibreux  siégeant  au-devant  de  l'arti- 
culation de  la  hanche  ;  malheureusement  l'histoire  clinique  de  ce  fait  cttrieuv 
n'est  |)as  connue. 

L'histoire  des  rétractions  inguinales  profondes  sera  faite  en  son  lieu.  Disou» 
seulement  qu  a  Tépoque  où  les  sections  sous-cutanées  étaient  en  grande  vogue,  on 
a  pro))osé  et  même  exécuté  dans  le  pli  de  l'aine  la  division  de  divers  muscles,  pec- 
tine, couturier,  adducteurs,  droit  antérieur,  et  des  ligaments  rétractés  (Stromcyer. 
Dieflenbach,  Opéralive  Chirurgie,  t.  I.  Jules  Guérin,  Ga%,  médicale  de  Paris, 
\  840, 1 841  ).  Ces  opérations  datent  de  loin  déjà  ;  elles  sont  rarement  pratiquées  àv 
nos  jours.  L'anesthésie  associée  aux  manœuvres  de  redressement  et  aux  appareib 
mécaniques  les  rend  le  plus  souvent  iimlilos. 

Efforts.    Les  lésions  traumatii|ues  agissent  de  deux  manières  :  elles  produisent 


AINE  (pathologie).  250 

des  désordres  immédiats  ou  faTorisent  le  développement  ultérieur,  lapparilioii  ou 
l'évolulion  d'alfections  diverses,  il  en  est  de  même  de  rcfïort,  auquel  je  consacre 
ici  quelques  lignes,  parce  qu'il  n'est  pas  de  région  du  corps  où  se  montrent  plus 
fréquents  et  plus  graves  les  effets  fâcheux  de  cet  acte  physiologique  lorsqu'il  est 
exagéré. 

Un  grand  nombre  de  sujets  atteints  d'affections  inguinales  leur  attribuent  pour 
cause  antérieure  ou  immédiate  des  efforts  généraux  ou  partiels,  et  surtout  ceux  qui 
sollicitent  les  contractions  énergiques  de  la  paroi  abdominale,  du  diaphragme  et 
des  membres  inférieurs,  tels  :  l'acte  de  soulever  un  corps  pesant,  de  sauter,  de 
lutter  contre  l'imminence  d'une  chute,  etc.  La  toux,  le  vomissement,  l'accouche- 
ment, sont  également  invoqués.  C'est  dans  la  production  des  hernies  et  dans  l'appa- 
ritiou  des  accidents  herniaires,  irréductibiUté,  étranglement,  etc.,  que  ce  rôle  de 
TelTort  est  incontestable  et  incontesté;  aussi  est-on  porté  à  considérer  toute  tumeur 
linisquement  apparue  comme  formée  par  les  viscères  abdominaux.  L'erreur  a  été 
plus  d'une  fois  commise. 

La  plupart  des  chirurgiens,  après  Gerdyet  Velpeau,  admettent  l'inflammation  du 
(Drdon  spermatique  et  l'orchite  causées  par  l'effort  ;  on  discute  seulement  sur  le 
mécanisme.  Velpeau  pense  que  les  éléments  du  cordoa  sont  comprimés  à  l'anneau 
inguinal  par  diverses  lames  aponévrotiques  (DfV^.  en  50  voLj  art.  TestiaUe^  p.  446, 
U7).  Gerdy  suppose,  avec  plus  de  raison  sans  doute,  que  l'effort  distend  outre 
mesure  le  plexus  veineux  du  cordon  et  de  la  glande. 

Le  même  auteur  pense  que  certaines  adénites  et  certains  phlegmons  inguinaux 
circonscrits  reconnaissent  la  même  origine  (Chirurg.  pratiq.,  1. 1,  p.  302).  Il  rap- 
pelle que  Ledran  vit  sun'enir  à  la  suite  de  vomissements  une  douleur  inguinale  vive 
avec  phlegmon  du  cordon  et  abcès  iliaque.  (Observât,  de  chirurg,,  t.  H,  p.  11  i.) 

La  phlébite  funiculaire,  l'hématocèle  et  l'inflammation  du  cordon  spermatique 
apparaissent  dans  des  circonstinces  analogues. 

Sans  jouer  le  rôle  de  cause  première,  l'effort  accélère  l'apparition  au  dehors, 
raccroissement  apparent  ou  réel  d'une  tumeur  préexistante  qui  était  encore  profon- 
dément cachée  sous  les  aponévroses  ou  dans  la  fosse  iliaque.  C'est  ce  qui  a  été  vu 
maintes  fois  pour  les  abcès  par  congestion  en  particulier.  Malgaignc  analyse  vingt- 
liuil  observations  d'anévrysme  inguinal  ;  dans  la  moitié  des  cas  les  malades  accu- 
saient des  efforts  antérieurs  violents.  En  supposant  une  altération  pi-éalable  de  la 
[«roi  artérielle,  ou  bien  un  sac  déjà  existant,  mais  resté  inaperçu,  on  com- 
prend comment  l'effort  peut  faire  naître  ou  accroître  subitement  la  tumeiur  vas- 
cQlaire. 

La  même  cause  intervient  manifestement  dans  la  production  des  hernies  mus- 
culaires; elle  a  été  notée  plusieurs  fois  dans  le  psoïtis<  En  résumé,  l'effort  oonsi- 
déré  dans  la  r^on  inguinale  distend  les  canaux  et  les  aimeaux  déjà  occupés  par 
une  pointe  de  lieniie,  amène  dans  les  muscles,  dans  les  aponévroses,  dans  les  piliers 
des  ruptures  étendues  ou  fibrillaires,  pousse  violemment  du  dedans  au  dehors 
les  ofganes  sains  ou  les  pix)duits  pathologiques  profonds,  augmente  localement  la 
lension  du  sang  dans  les  vaisseaux,  comprime,  contond  ou  congestionne  le  cordon 
spermatique  et,  par  ces  divers  procédés,  occasionne  des  désordres  dont  les  effets  se 
manifestent  plus  ou  moins  tardivement. 

ArPECTioHs  mPLAMMAToiREs  OU  oiiGANioUEs.  Nous  Ics  divisons  en  intrinsèques 
ou  extrinsèques.  Les  premières  ont  leur  point  dé  départ  dans  les  tissus  qui  cou* 
diluent  le  pli  de  l'aine  et  leur  siège  dans  les  limites  que  l'anatomie  topographi([ue 


2G0  AliNE  (patholocie). 

ussigiie  à  cette  région.  Ces  (issus  ii  oITrant  rien  de  spécial,  nous  n*aunNis  k  iiuli* 
quer  que  des  aflfeiiions  communes,  dont  les  systèmes  organiques  oATrent  des 
spécimens  partout  où  ils  existent  ;  de  même  les  limites  étant  tout  a  f«iît  artifi- 
cielles, le  mal  pourra  les  franchir,  et  envahir  par  extension  les  régions  voi- 
sines. 

Les  secondes,  originaires  d'un  organe  ou  d'une  région  plus  ou  moins  distante, 
n'atteignent  que  consécutivement  le  pli  inguino-crunil. 

Les  ailleclions  intrinsèques  et  extrinsèques  présentent  souvent  une  aiuiiiitude 
complète  et  une  nature  identique,  l'origine  seule  les  distingue;  d'où  résulte  qu'un 
des  pi'euiiers  éléments  du  diagnostic  consiste  dans  l'examen  des  régions  voisines  et 
éloignées  ;  ou  y  trouvera  souvent  la  cause  ou  la  source  de  lésions  inguinales  qui  pa- 
raissaient tout  d'abord  idiopatliiques.  L'étude  ultérieure  des  abcès,  des  varices,  de> 
auévrysmes,  des  adénites,  etc.,  mettra  plus  en  lumière  la  valeur  clinique  de  celte 
division  préliminaire. 

C'est  essentiellement  dans  l'intérêt  du  diagnostic  que  sont  composés  les  articles 
du  genre  de  celui-ci  ;  sortes  de  mémento,  ils  ont  pour  but  de  rappeler  au 
praticien  tout  ce  qu'il  peut  rencontrer  dans  un  point  circonscrit  du  corps,  et  de 
l'aider,  au  lit  du  malade,  a  distinguer  un  cas  particulier  de  tous  ceux  qui  peuvent 
lui  ressembler.  Nous  n'entrerons  donc  pas,  à  propos  de  chaque  afleclioii,  «dans 
de  longs  détails  descriptifs,  nous  nous  bornerons  eu  quelque  sorte  à  une  énu- 
mération  aussi  complète  que  possible,  et  nous  n'insisterons  que  sur  ce  qui  e!>t 
absolument  spécial  à  la  région.  Le  plan  suivi  dans  cette  étude  n'est  pas  aussi  na- 
turel qu'on  pourrait  le  désirer;  d'une  manière  générale  nous  adoptons  l'ordre 
topogi*aphique  et  passons  successivement  en  revue  tous  les  systèmes,  mais  nous 
avons  aussi  groupé  dans  des  chapitres  particuliers  des  ailcctious  telles  que  les  abcè», 
les  kystes,  etc.,  qui  n'ont  de  commun  que  la  nature  du  produit  morbide  qui  les 
consdtue. 

Téguments,  Les  aflections  cutanées  susceptibles  de  se  généialiser  à  toute  h 
surface  du  corps  se  rencontrent  à  ce  titre  dans  la  région  inguinale  :  telles  U»  tiè- 
vres  éruptives,  l'érysipèle,  le  furoncle,  etc.;  nous  ne  nous  y  arrêterons  pas.  Le> 
dermatoses  syphilitiques  et  parasitaires,  nées  sur  les  parties  génitales  cxterne^, 
s'irradient  fréquemment  jusqu^au  voisinage  de  l'épine  iliaque,  et  se  montrent  au 
pli  de  l'aine  en  même  temps  qu'à  l'hypogaslre,  aux  plis  génito-cruraux  et  n  la 
]nirtie  su|)érieure  des  cuisses.  C'est  ainsi  qu'on  y  rencontre  des  plaques  muqueuses 
et  des  sypbilides  papuleuses  précoces,  surtout  chez  les  enfants  en  bas  âge  et 
les  femmes  jeunes,  grasses,  à  peau  fine,  et  peu  soucieuses  de  l'hygiène.  J'ai  sou»  le$ 
yeux  un  cas  de  pityriasis  parasitaire  qui,  du  mont  de  Vénus,  s'est  étendu  aux  deui 
plis  de  l'aine.  Un  malade,  traité  l'an  dernier  ^l'hôpital  du  Midi  pour  une  vérole 
maligne,  avait  les  deux  régions  inguinales  recouvertes  par  une  sypiiilide  aerpigi- 
neuse  circinée  des  plus  graves  ;  les  cercles  avaient  plus  de  quinze  centimètres  de 
dianiètra. 

L'érythème,  connu  sous  le  nom  d'intertrigo,  n'est  pas  rare  dans  cette  localité  ; 
tantôt  c'est  une  simple  rougeur,  tantôt  l'épiderme,  soulevé  ou  détruit,  laisse  a  ho 
la  surface  du  derme.  On  voit  encore  des  excoriations,  des  fissures,  des  ulcéra- 
tions plus  ou  moins  profondes,  en  général  assez  douloureuses  ;  les  causes  de  cH 
érythème  sont  variées  :  un  embon|)oint  excessif,  mettant  en  contact  pernument  la 
peau  de  l'abdomen  et  celle  de  la  partie  supérieure  de  la  cuisse,  suffit  pour  le  pro- 
duire ;  les  attitudes  vicieuses  des  membres  inférieurs  amènent  le  même  résultat . 
J'ai  vu  récemment  un  enfant  atteint  de  coxalgie  ancienne  avec  adduction  et 


AINR  (pathologie).  201 

fleiion  poussées  h  l'extrême;  ]e  frii  inguinal,  devenu  très-profond,  était  le  siège 
(le  fissures  étendues.  Chez  les  femmes  et  les  enfants,  la  finesse  de  la  peau,  Ta- 
hondtnce  des  sécrétions  cutanées  constituent  une  prédisposition  manifeste  ;  mais 
rintertrigo  survient  chez  tous  les  sujets,  lorsqu'un  liquide  irritant  baigne  sans 
cesse  la  surface  tégumentaire  :  tel  est  le  cas  chez  les  sujets  atteints  d*anus 
contre  nature,  d'incontinence  d  urine  ;  il  nVst  pas  rare  de  voir  alors  des  érup- 
tioDs  furonculeuses  et  une  induration  plus  ou  moins  profonde  compliquer  Téry- 
Ibème. 

Les  sans  de  propreté,  Tusage  des  lotions  astringentes  et  des  poudres  inertes, 
constituent  à  la  fois  la  prophylaxie  et  le  traitement  de  cette  affection  légère,  mais 
fort  sujette  à  récidiver  si  les  causes  persistent  ou  se  renouvellent.  L'eczéma  inguinal 
se  rencontre  assez  fréquemment  chez  les  scrofuleux. 

Les  frictions  mercurielies  donnent  souvent  naissance  à  des  éruptions  miliaires 
faciles^  à  reconnaître.  Je  fus  mandé,  il  y  a  quelques  années,  auprès  d'un  jeune 
homme  dont  lu  verge,  les  bourses  et  les  régions  inguinales  étaient  couvertes 
de  txiUes  innombrables,  dont  quelques-unes  atteignaient  le  volume  d'une  noisette. 
Les  points  lésés  présentaient  un  gonflement  considérable  et  des  cuissons  insuppor- 
Uhles;  une  fièvre  intense  accompagnait  cette  éruption  survenue  depuis  la  veille, 
et  qu'une  seule  friction  mercurielle,  destinée  à  détruire  des  parasites,  avait  pro- 
voquée. L'ouverture  des  bulles  avec  la  pointe  d'une  épingle  et  quelques  applications 
résolutives  firent  promptement  justice  de  cet  accident,  qui  avait  frappé  de  terreur 
le  jeune  malade. 

Vkérations.  Elles  sont  de  natures  très-diverses,  simples  ou  diathésiques, 
primitives  ou  consécutives.  Tantôt,  envahissant  d'emblée  la  peau,  elles  mar- 
chent de  dehors  en  dedans  ;  tantôt  elles  progressent  à  l'inverse  et  détruisent  le 
tégument  de  dedans  en  dehors,  lorsque  l'affection  qui  leur  donne  naissance  siège 
dans  le  tissu  cellulaire  sous -cutané,  dans  les  ganglions  ou  plus  profondément 
encore. 

Les  ulcères  simples  succèdent  à  des  suppurations  diffuses  ou  circonscrites, 
avec  décollement  et  perte  de  substance  de  la  peau,  à  des  phlegmons  stercoraux,  à 
desadénites  strumeuses,  et  même  à  des  bubons  d'origine  vénérienne  ganglionnaires 
ou  péri-ganglionnaires.  Les  plaies  qui  succèdent  à  ces  derniers  peuvent  en  effet 
perdre  toute  leur  virulence,  et  ne  montrer  cependant  aucune  tendance  à  la 
cicatrisation.  Dans  certains  cas,  le  travail  réparateur  est  entravé  par  un  mécanisme 
particulier.  La  suppuration  ayant  détruit  toute  l'atmosphère  celluleuse  d'un 
l^anglion,  celui-ci,  ne  tenant  plus  que  par  son  hile,  se  recouvre  de  bourgeons 
^nns  peu  disposés  à  l'adhésion  ;  il  entretient,  à  la  manière  d'un  corps  étran- 
ger, le  décollement  des  bords  cutanés,  et  quelquefois  même  fait  hernie  à 
tnvers  l'ouverture  :  son  ablation  devient  nécassaire.  (Blandin,  Ga%.  des  Hôpit., 
p.  611;  1859.) 

C'est  ordinairement  chez  les  scrofuleux  ou  les  sujets  débilités  que  l'on  rencontre 
ces  ulcères  languissants,  a  bords  amincis,  à  surface  livide,  fournissant  un  pus 
^eux,  mal  lié,  floconneux  ;  les  cicatrices  qui  leur  succèdent  sont  d'un  rouge 
violacé,  hiégales,  gaufrées,  offrent  en  un  mot  tous  les  caractères  des  cicatrices 
^^trumeoses.  Le  diagnostic,  en  général  assez  facile,  repose  sur  les  antécédents,  la 
marche,  la  chronicité  du  mal  et  l'état  général  du  sujet.  On  est  parfois  obligé  de 
réséquer  les  bords  décollés  de  l'ulcère,  pour  obtenir  une  cicatrisation  à  ciel  ouvert, 
(f^oy*  ADÉaiTK  et  Bubon  scrofuleux.) 

Vlcéreê  vénériens  et  sypliilitiques.     Le  chancre  infectant  primitif  est  fort  rare 


S69  AINE    (PATBOLOGIl). 

dans  la  région  inguinale  ;  il  en  est  autrement  du  chancre  nmple^  qui  s'y  dévelo^ 
|jar  contagion  directe,  par  Tinoculation  d'un  chancre  génital,  ou  à  la  suite  d  ap- 
plication de  sangsues  sur  un  bubon.  Certains  cliancres  génitaux  à  marche  serpi- 
gineuse  s'étendent  jusqu'au  pli  de  l'aine.  Le  chancre  inguinal  se  montre  pins  sou- 
vent encore  à  la  suite  de  l'ouverture  spontanée  ou  artificielle  d'un  bubou  virulent 
ou  d'une  angéioleucite  de  même  nature.  Ordinairement  superficiels  ou  confinés 
du  moins  dans  les  couches  extérieures  du  tissu  cellulaire  sous-cutané,  ces  uloèrps 
peuvent  néanmoins  gagner  en  profondeur,  «  creuser  de  vastes  cavités  dans  le» 
i-égions  inguinales,  dénuder  les  muscles  de  la  cuisse,  les  vaisseaux  et  les  nerfc  du 
triangle  de  Scarpa.  (Ricori,  Leçons  sur  le  diancrej  59,  i860;  màv  Bubon,  Phagé- 
dénisme). 

Les  tumeurs  gommeuses,  en  se  ramollissant,  donnent  naissance  à  des  ulcé- 
rations dont  les  caractères  sont  assez  tranchés,  mais  qui  {lourraient  être  con- 
Tondues  toutefois  avec  le  bubon  chancreux  ou  avec  les  ulcères  scrofuleux.  Ces 
cas  sont  rares,  et  cette  rareté  même  justifierait  l'erreur  de  diagnostic;  il 
suffit  d'être  prévenu  pour  cheivher  dans  l'ensemUe  des  symptômes  le  moyen  de 
l'éviter. 

Ulcères  épithéliaux  et  cancéreux.  Nous  consacrci'ons  un  paragraphe  partieu- 
liei*  au  cancroide  et  au  cancer  de  la  région  inguinale  ;  aussi  ne  faisons-nous  que 
signaler  ici  cette  variété  d'ulcération,  qui  n'est  jamais  primitive  et  que  précède 
toujours  une  tumeur  cutanée,  sous-cutanée  ou  ganglionnaire.  Outre  la  gravité  chi 
pronostic  inséparable  des  tumeurs  malignes,  les  ulcères  cancéreux  sont  encore 
redoutables  par  la  tendance  qu'ils  ont  à  pénétrer  dans  la  profondeur,  et  i  atteindre 
des  organes  importants.  Delplanque  (Thèse  de  Paris,  1844,  p.  15)  a  vu  deux 
fois  le  cancer  perforer  de  dehors  en  dedans  la  peau ,  puis  l'intestin,  et  prodinre 
ainsi  l'anus  contre  nature.  J'ai  vu  moi-même  l'un  de  ces  cas  à  la  Salpètrière. 
C'était  sur  une  femme  jeune  encore,  aflectée  probablement  d'un  cancer  gan- 
glionnaire inguinal  primitif.  Je  ne  saurais  dire  s'il  existait  antérieurement  une 
hernie. 

Déjà,  en  1842,  Potier  avait  communiqué  un  fait  analogue  à  la  Société  anato- 
mique  (Bulletin^  t.  XYIl,  p.  328).  Hais  les  antécédents  syphilitiques  de  bi  malade 
laissent  planer  quelques  doutes  sur  la  nature  véritable  du  mal. 

Dans  d'autres  cas,  c'est  l'artère  fémorale  qui  est  atteinte.  Boyer  rapporte  qu'un 
homme,  affecté  d'un  ostéosaixx>me  du  tibia,  avait  subi  l'amputation  ;  un  cancer 
secondaire  se  forma  dans  l'aine  et  corroda  les  parois  de  l'artère  fémorale,  d*où 
hémorrhagie  mortelle  {Maladies chirurgicales ,  édit.  en  10  vol.,  t.  VU,  p.  229). 
Cruikshank  rapporte  qu'on  a  vu  dans  les  ulcères  rebelles  des  glandes .  inguinales 
les  tuniques  de  l'artère  fémorale  voisine  être  rongées  en  sorte  que,  le  vaisseau  ae 
rompant  à  la  suite  du  moindre  eflbrt,  le  malade  expire  instantanément.  Le  doc- 
teur Hunter,  ajoute-t-il,  a  rapporté  l'histoire  d'un  cas  pareil  arrivé  â  un  soldat 
(Analomie  des  vaisseaux  absorbants,  traduction  française,  1787,  p.  265).  La 
concision  du  récit  et  l'absence  d'indication  bibliographique  ne  permettent  pas  d'ai^ 
firmer  qu'il  s'agit  d'un  cancer,  car  toute  autre  ulcération  rongeante  pourrait 
un  semblable  résultat.  La  dénudatioii  de  l'artère  crurale  dans  les  chantTes 
niques  le  ferait  craindre.  Il  parait  qu'eu  1839  un  malade  de  l'hêpital  Saint* 
Louis  succomba  à  l'ulcération  de  ce  vaisseau,  déterminée  par  une  dégénérescence 
tuberculeuse  des  ganglions  crui'aux  (Nélaton,  Pathologie  chirurgicale^  1. 1**%  1844« 
p.  565).  II  est  a  regretter  que  nous  |)ossédions  si  peu  de  détails  sur  des  faits  aussi 
importants. 


AINE  (ràTHOLOfiiB).  265 

Dnison  cas  de  pourriture  d'hôpital  grave  compliquant  une  plaie  profonde  de 

l'aine,  Alquié  vit  battre  et  put  toucher  Tarière  iliaque  externe  ;  rhéroorrhagie, 
toutefois»  n* eut  pas  lieu,  et  la  cautérisation  an  fer  rouge  amena  la  guérison. 
[Cliniq.  chirut'g.  de  BItnUpellier,  t.  II,  1858,  p.  509.) 

Langenfaeck  rapporto  un  fait  plus  rare  encore  :  ù  la  suite  d'un  épilhélioma 
du  ^and»  les  ganglions  lymphatiques  inguinaux  s'engorgèrent;  on  les  détruisit 
avec  le  chlorure  de  zinc.  Quelques  temps  après  une  hémorrhagie  vcinciLse  se 
déclara  et  ne  iut  arrêtée  qu'avec  peine.  Ulcération  de  la  veine  fémorale,,  ligature 
au-dessus  et  au-dessous,  retour  des  héroorrhagies,  m<»rt.  A  l'aulopsie  on  reconnut 
(pie  la  veine  cave  inférieure  était  comprimée  par  les  ganglions  lombaires  infdtrés 
d'épithéiium.  (Ardiivfûr  Chirurgie^  t.  I,  p.  55;  1860.) 

FiUuUs.  Après  les  ulcères  nous  plaçons  les  listules,  qui  n'en  diffèrent  parfois 
que  par  les  dimensions;  ce  genre  pathologique  est  fort  étendu;  terminaisons  et 
symptânies  d'un  grand  nombre  d'affections  diverses,  les  fistules  se  retrouvent  dans 
toutes  les  grandes  classes  que  nous  avons  admises.  Nous  les  réunissons  ici  en 
dépit  de  leurs  différences  d'origine  et  u  cause  de  leur  caractère  commun,  l'ouver- 
ture i  la  peau. 

Uniques  ou  multiples,  simples  ou  compliquées  d'induration,  d'inflammation, 
de  déooUementSy  de  corps  étrangers,  etc.,  les  fistules,  comme  les  ulcères,  se 
forment  de  dedans  en  dehors  ou  de  dehors  en  dedans;  dans  le  premier  cas, 
qui  est  de  beaucoup  le  plus  commun,  elles  succèdent  à  l'ouverture  spontanée 
(NI  artificielle  de  collections  diverses,  purulentes,  stercorales,  urinaires,  etc.  D<iiis 
le  second,  une  blessure,  un  coup  de  bistouri  malheureux,  une  escbare,  une  ulcé- 
ration à  marche  perforante,  traversent  les  coudies  cutanées  et  vont  atteindre  un 
organe  profond.  La  cicatrisation  ne  s'achève  pas,  et  le  trajet  ûstuleux  s'établit. 
Quel  que  soit  le  mécanisme  initial,  les  fistules  confirmées  sont  temporaires  ou  per- 
manentes; les  unes  disparaissent  avec  la  lésion  génératrice  ;  les  autres,  grâce  à 
certaines  dispositions  anatomiques,  survivent  à  la  cause  et  acquièrent  une  exis- 
tence pnyre  (anus  contre  nature). 

On  pourrait  classer  les  fistules  inguinales  d'après  les  organes  auxquels  elles 
aboutissent,  mais  il  est  peut-être  préférable  de  les  distinguer  d'après  les  matières 
qui  s'en  échappent. 

FisUdeê  purulentes.  Consécutives  à  des  abcès  gangliomiaires  aigus  ou  chroni- 
ques, i  des  phlegmons  suppures  de  la  fosse  iliaque  ou  de  la  paroi  abdominale,  à  des 
abcès  froids  ou  symptomatiques  d'une  lésion  articulaire  ou  osseuse,  d'un  psoîtis, 
d'une  pérityphlite,  elles  présentent  des  variétés  infinies  dans  la  longu^u'  et  la 
direction  de  leur  trajet,  dans  la  quantité  et  les  qualités  du  liquide  qu'elles  excrè* 
tent,  le  pus  pouvant  charrier  des  parcelles  osseuses  ou  de  la  matière  tuberculeuse 
ramollie,  enfin  dans  la  situation  de  leur  orifice.  Le  stylet  y  pénètre  à  une  profondeur 
plus  ou  moins  grande,  et  atteint  quelquefois  les  parties  osseuses  malades.  Le  tou- 
cher reconnaît  sur  le  trajet  une  induration  cylindrique  qui  conduit  jusqu'à  la  fosse 
iliaque.  Souvent  elles  gênent  Textension  de  la  cuisse  et  rendent  la  marche  doulou- 
reuse. Le  diagnostic  repose  sur  les  antécédents  et  sur  l'examen  des  régions 
nwines.  Le  pronostic  est  assez  grave,  abstraction  faite  de  la  cause,  parce  que 
ces  fistules  sont  peu  disposées  à  la  guérison,  sujettes  à  récidiver,  et  surtout 
difficiles  i  traiter,  les  organes  importants  de  la  région  empêchant  d'employer  des 
moyens  chirurgicaux  énergiques,  débridements ,  coutre-ouvertures,  drainage,  cau- 
térisation actuelle  ou  potentielle,  etc. 

Les  fistules,  dont  le  fond  répond  à  la  fosse  iliaque,  et  qui  s'ouvrent  à  la  région 


SG4  AINE  (fatrologir). 

crurale  en  passant  au-dessous  du  ligament  de  Poupart,  sont  partienlièrement  re- 
belles. Ayant  à  traiter  un  cas  de  ce  genre,  qui  datait  de  plusieurs  années,  j*ai 
réussi,  en  dilatant  lorifice  avec  la  racine  de  gentiane  et  l'éponge  préparée,  puis 
en  modlGant  à  plusieurs  reprises  la  cavité  profonde  par  des  cautérisations  et  des 
injections  irritantes.  L'oriOce  se  trouvait  en  dehors  des  vaisseaux  fémoraui.  La 
guérison  exigea  près  de  trois  mois  de  soins  continus  (Voy.  Abcès  bb  ia  possc 

ILUQOE.) 

LRsfistidesstercoralessLïmonùeni  la  perforation  de  l'intestin  à  la  suite  de  Vèinn- 
glement  ou  de  Tinflammation  herniaire,  des  abcès  de  la  fosse  iliaque  droite  com- 
muniquant avec  le  cœcum,  des  plaies  intestinales,  de  l'ouverture  involontaire  d'une 
hernie  prise  pour  un  bubon  ou  pour  un  abcès.  Elles  peuvent  s'ouvrir  en  arrosoir. 
Les  fistules  steroorales  donnent  passage  à  des  matières  intestinales,  à  du  mucu$, 
ft  des  gaz,  d'une  manière  continue  ou  intermittente,  ce  qui  dépend  surtout  de  l'état 
de  l'intestin  au-dessous  du  lieu  où  a  siégé  l'étranglement,  de  la  persistance  d'un 
éperon  plus  ou  moins  saillant  et  de  l'existence  d'un  infundibulum.  Les  causes  de 
leur  permanence  seront  étudiées  à  propos  des  anus  contre  nature,  dont  elles  se 
rapprochent  beaucoup. 

Fistules  urinaires.  On  les  renccmtre  i  la  cuisse,  à  la  paroi  abdominale,  sur  le 
trajet  du  cordon  spermatique  et  dans  le  point  qu'occupent  les  hernies  crurales  et 
inguinales;  elles  peuvent  s'établir  d'emblée  soit  par  suite  d'une  plaie  par  arme  i  feu, 
le  projectile  qui  a  ouvert  la  vessie  étant  entré  ou  sorti  par  le  pli  de  l'aine,  soit  dans 
les  cas  011  une  hernie  de  la  vessie  a  été  ouverte  par  mégarde  avec  le  histouri  ou  le 
caustique,  comme  ou  en  trouve  des  exemples  cités  dans  Verdier  (Hernies  de  la 
vessiey  in  Mém.  de  V Académie  de  chirurgie),  dans  Pott  et  ailleurs.  lie  phis ordi- 
nairement on  les  obseiTe  à  la  suite  des  abcès  urineux  ouverts  au-<lessus  du  lipi- 
ment  de  Fallope,  ou  des  infiltrations  d'urine  a>*ant  gagné  les  parois  abdominales, 
quelle  que  soit  d'ailleurs  la  cause  première  de  ces  infiltrations  ou  de  ces  ahrè*. 
Elles  sont  rares;  car  la  gravité  des  plaies  vésicales  et  des  infiltrations  qui  lenr  suc- 
cèdent ne  donne  pas  au  trajet  le  temps  de  s'organiser,  et  il  ne  faut  pas  donner  le 
nom  de  fistules  à  des  plaies  qui,  dans  les  premiers  moments  de  leur  existence, 
donnent  issue  à  l'urine.  Cependant  on  en  trouve  quelques  exemples.  Nous  avons 
cité  plus  haut  une  observation  de  l^arrey  (fistule  urinaire  i  la  partie  supérieure  dr 
la  cuisse).  (Voy,  encore  Philipeaux,  Traité  de  la  cautérisation,  1856,  p.  550, 
532;  Durand,  Bulletin  de  la  Société  analomique,ï.  XIV,  p.  23, 1839;  Ridiet, 
Annales  de  la  chirur,  fr.  et  étrang,,i.  YI.) 

Fistules  entretenues  par  des  corps  étrangers.  Les  fistules  inguinales,  déve- 
loppées de  dedans  en  dehors,  sont  presque  toujours  précédées  par  une  collection  pu- 
rulente. 11  s'en  faut  que  tous  les  abcès  et  les  phlegmons  du  pli  de  l'aine  soient  suivie 
de  cette  terminaison  fâcheuse,  néanmoins,  elle  est  à  craindre  lorsque  la  suppuration 
est  née  sous  l'influence  d'une  mauvaise  constitution,  d'une  lésion  du  squelette,  ou 
lorsqu'il  y  a  complication  de  corps  étranszers.  Sans  insister  sur  les  causes  diathési- 
ques ou  locales  qui,  ici  comme  ailleurs,  entravent  la  cicatrisation,  il  est  bon  de  rap- 
|teler  les  nombreux  cas  dans  lesquels  on  a  extrait  de  trajets  fistuleux  inguinani 
des  fragments  osseux  ou  des  corps  durs  venus  des  voies  digestives.  Héviii,  dans 
son  célèbre  Mémoire  sur  les  corps  étrangers  de  V œsophage^  en  réunirait  d^ji 
un  certain  nombre,  et  les  recueils  périodiques  en  renferment  souvent  d'analogues. 
Oïdinairement  il  y  a  simultanément  fistule  stercorak.  Devant  consacrer  plus  loin 
un  paragraphe  à  ces  corps  étrangers,  je  signalaai  seulement  ici  les  fistules  entre- 
tenues par  des  calouU  biliaires.  La  première  observation  de  ce  genre  est  dur  à 


AINE  (PATHOi.0611).  965 

manie  ans  éprouva  pendant  plusieurs  semaines  des 

'^nrition  dans  l'aine  droite  d'une  tumeur  flue- 

'ne  de  jours.  Une  fistule  s'étaUit  qui  donna 

'  *  bouche,  et  plus  tard  à  des  matières 

in  jet  avec  un  stylet,  rencontra  un 

"  t'.  (/était  une  concrétion  ovale  dont 

<  I  (leiui.  La  guérison  ne  se  fit  pas  at- 

'  liisible  et  destructible  par  le  feu  ;il  avait 

•  s.  (Medico.  chirurg.  tramact,y  t.  III, 

'  iti.dogue.  Le  calcul,  de  1  centimètre  de  diamètre, 

. .  iosse  iliaque.  La  santé  générale  ne  fut  jamais  trou- 

vm.,  2"  série,  t.  II,  i857,  p.  289.) 

.[('  le  trajet  fistuleux  inguinal  qui,  préalablement  dilaté, 

I'  d'uii  kyste  ovarique  fœtal  et  permit  à  Richet  d'extraire 

M'-nis  d'os,  des  poils  et  descheveux.  (Btdl.  de  la  Soc.  de  chir., 

\')7.) 

iiirest  parfois  le  siège  de  fistules  lymphatiques;  nous  en  parlerons 

t  Mirle  diagnostic  différentiel.  Bien  que  la  terminaison  profonde  des  trajets 

^  ^oit  en  général  exactement  indiquée  par  la  nature  des  matières  liquides 

<("^^  qui  se  présentent  à  leur  orifice  extérieur,  ce  caractère  n'est  pas  pathogno- 

'"{u^;;  les  fistoles  qui  aboutissent  aux  voies  digestives  ou  urinaires  ne  donnent 

'  («ntiDueUement  passage  â  l'urine  ou  aux  matières  stercorales;  le  pus  n'a 

r^>  de  signification  précise,  car  il  se  montre  dans  tous  les  cas  pur  ou  mélangé  h 

'' "'1res  fluides.  Un  fragment  d'os  n'implique  pas  nécessairement  une  altération 

"l^vfiie  du  squelette.  Un  corps  étranger  introduit  par  la  bouche  ne  suit  pas 

^joorsja  filière  de  l'intestin  pour  arriver  jusqu'à  la  région  inguinale.  Exemple  : 

'^^aiguilles,  les  Cingles.  D'autres  corps  ont,  à  coup  sûr,  séjoiurné  dans  l'appareil 

W^ii  (calculs  biliaires,  ascarides  lombricoides)  ;  ils  en  ont  certainement  perforé 

'^prois,  mais  on  ignore  souvent  où  siège  la  perforation,  et  même  si  elle  existe 

'l'^^  quand  le  corps  étranger  est  arrivé  à  la  surface.  Si  la  migration  de  ce  der- 

'"^ a  été  lente,  la  route  a  pu  se  fermer  derrière  lui,  alors  toute  communication 

'^  eotre  la  cavité  muqueuse  et  la  fistule. 
I^  diagnostic  est  donc  plus  compliqué  qu'il  ne  le  paraît  tout  d'abord,  et  l'on 

Ndiie  que  si  la  présence  des  matières  étrangères  prouve  beaucoup,  leur  absence 

^  "n  moment  donné  ne  prouve  rien. 
'affections  du  tissu  cellulaire.    Le  tissu  conjonctif  abondant  au  pli  de  l'aine  s'y 

pf^nte  sous  tous  ses  aspects,  et  y  affecte  une  disposition  compliquée  qui  a  fort 

''^msé  l'habileté  des  anatomistes. 
Infiltré  de  graisse  à  la  face  profonde  de  la  peau;  aréolaire,  feutré,  tenace  au  voi- 

'ioage immédiat  des  gros  vaisseaux;  d'apparence  séreuse  dans  le  canal  inguinal; 

^ H  très-délicat  dans  le  canal  crural;  lamelleux  sous  l'aponévrose  d'enveloppe, 

't  Hus  encore  entre  elle  et  la  peau  où  il  forme  les  deux  feuillets  du  fascia  super- 

^ialis,  il  se  continue,  sans  ligne  de  démarcation  :  superficiellement  avec  los  cou- 

^  sous^cntanées  de  l'abdomen,  des  organes  génitaux,  de  la  cuisse,  profondément 

^tt  le  tissu  cellulaire  qui  double  le  péritoine  ou  qui  accompagne  lo  cordon  sper- 

natiqaeet  les  vaisseaux  fémoraux. 
U tissu  ooDJonctif  inguinal,  maljH'é  son  défaut  d'homogénéité,  ne  formerait 


AINE  (fatholocir). 

qn'an  tout  unique  de  l'afadomen  h  la  cuisse,  de  la  région  musculaîrp  è  la  pna,  si 
deux  grandes  aponévroses  (fascia  lata,  aponév.  abdominale)  ne  le  séparaimt  en  doux 
couches  superposées,  et  si  lui-même,  se  condensant  en  membranes,  gaines  on  cloi- 
sons plus  ou  moins  résistantes,  ne  formait  des  loges  on  des  intersections  qui  ente- 
loppcnt  les  divers  organes  constituants  et  isolent  avec  eux  ratmosphëro  celtiihire 
qui  les  entoure  immédiatement. 

Ces  notbns  anatomiques,  qu'on  m*excusera  d'avoir  rappelées,  expliquent  unr 
ibnle  de  particularités  de  la  pathologie  inguinale  :  difliision  lacile  des  infiltrations 
liquides  ou  gazeuses;  —  propagation  rapide  des  phlegmons;  —  migration  ai^V  dr^ 
tumeurs  de  l'abdomen  à  la  cuisse,  et  réciproquement; — mobilité,  épanotiisannenl 
de  ces  tumeurs  quand  elles  sont  nées  sous  la  peau,  où  elles  ne  rencontrent  pa^  ilo 
résistance,  ou  qu'elles  y  sont  parvenues  de  la  profondeur;  —  formation  de  hoinv^ 
séreuses  ou  condensation  du  tissu  lamelleux  en  couches  artificielles  autour  de< 
tumeurs  non  inflammatoires,  les  hernies,  par  exemple;  — au  contraire,  envahisse- 
ment, distension,  destruction  de  ce  même  tissu  par  les  inflammations  aiguës  ou  k^ 
productions  malignes.  Le  cloisonn^nent ,  s'il  n'est  pas  toujours  ni  longtemps 
respecté  par  les  progrès  du  mal,  imprime  au  moins  à  la  plupart  des  aflectioos  in^nn- 
nales  des  caractères  de  forme,  de  siège,  de  rapports  qui  éclairent  le  diagnostic,  s<ir* 
tout  au  début. 

Théâtre  d'une  foule  de  désordres  auxquels  il  participe  plus  ou  moins,  parfois  d'une 
laçon  purement  mécanique,  le  tissu  conjonctif  n'a  guère  d'aifections  qui  lui  soient 
propres.  Si  donc  nous  décrivons  ici,  coniormément  à  la  coutume,  les  infikn* 
tiens,  les  phlegmons,  les  abcès  inguinaux,  les  kystes,  et  quelques  antres  tumeur^ 
sous-cutanées,  nous  reconnaissons  que  le  tissu  cellulaire  n'y  remplit  qu'un  rôle 
souvent  fort  secondaire,  eu  égard  à  celui  des  autres  éléments  anatomiques  de  Li 
région. 

InfUtratian  ga%euse.  Abstraction  faite  des  cas  où  l'air  atmosphérique,  sorti  en 
voies  aériennes,  se  répand  à  toute  la  surface  du  corps,  l'emphysème  de  la  rép^ 
inguinale  est  toujours  constitué  par  les  gaz  intestinaux,  qui  y  parviennent  par  difle- 
rentes  voies  :  tantôt  c'est  par  une  plaie  du  rectum  consécutive  i  une  fracture  de 
l'ischion  (Gonquet),  ou  à  une  opération  de  fistule  anale  (Uemarquay)  (Dolbeau, 
Emphysème  traumatique,  th.  de  conc,  1860,  p.  7i),  tantôt  l'intestin  proprement 
dit,  hernie  ou  non,  est  ouvert  par  un  instrument  piquant  ou  tranchant,  ou  rompo 
par  une  contusion  qui,  du  même  coup,  a  déchiré  le  péritoine.  L'infiltration  ga- 
zeuse se  montre  encore,  sans  traumatisme,  dans  les  hernies  étranglées  avec  gan- 
grène, dans  les  phlegmons  et  abcès  stercoraux.  Indice  presque  absolu  d'une  perfo- 
ration du  tube  digestif,  l'emphysème  inguinal  est  un  signe  important  pour  W 
diagnostic  des  plaies  pénétrantes,  des  abcès,  des  tumeurs  avec  symptôme  d'étran- 
glement. 

InfiUratians  sanguines;  hématocèle.  Outre  les  épanchements  sanguins  oonié- 
culifs  à  la  rupture  des  anévrysmes,  à  l'hématocèle  du  sac  herniaire,  du  scroUnn,  du 
cordon  spermatique,  on  voit  à  la  région  inguinale  des  ecchymoses,  des  sufiusion» 
sanguines  en  nappe  ou  de  véritables  foyers  déterminés  par  des  contusions.  Velpeau 
en  rapporte  un  cas  :  l'infiltration  se  résorba  et  le  foyer  dut  être  ouvert  (G«s.  de* 
HôpiL,  1850,  p.  70).  Cette  métamorphose  de  l'épanchement  sanguin  eo  abcè« 
hématique  avait  été  vue  déjà  dans  la  même  région  par  Blaudin .  Le  pus  fonné  d'afaoni 
dans  l'épaisseur  de  la  paroi  abdominale  avait  décollé  et  disséqué  1^  muscfos  entre  W 
péritoine  et  la  peau,  puis  il  avait  fusé  dans  le  canal  inguinal  en  suivant  le  cordon 
q)ermatique  et  envahi  le  scrotum  dont  la  peau  s'était  partidlement  gangrenée 


AINK  (fatbolocik).  3G7 

(Ces.  des  Hà/ni.y  1841,  p.  249).  C'est  la  nature  sanguiuoleitte  du  pus  qui  fit 
admettre  l'eiistenoe  antérieure  d'une  contusion.  Le  motif  it'cst  pas  péremptoire. 
A  ce  propos,  je  noterai  une  terminaison  du  bubon  que  j'ai  plusieurs  fois  observée. 
Après  des  tentatives  infructueuses  de  traitement  abortif ,  la  tumeur  grossit  brus* 
quenient,  soulève  la  peau  et  s'étend  rapidement.  La  ponction  donne  issue  à  un 
[kpiide  plus  ridie  en  sang  noir  qu'en  pus.  On  croirait  aisément  à  un  hénui- 
tDoèle;  il  s'agit  (NPobablemenl  d'une  exhalation  sanguine  des  parois  du  foyer,  d'une 
héoiorrhagie  dans  la  cavité  d'im  abcès. 

Phlegmon  diffus.  Tantôt  superficiel,  tantôt  profond,  il  prend  naissance  dans 
b  région  même,  ou  n'y  arrive  que  par  extension,  le  mal  partant  de  la  verge,  du 
<rotum,  des  grandes  lèvres,  du  périnée  ou  du  membre  inférieur.  J'ai  observé  tout 
rpcemment  le  cas  suivant  :  Fille  enceinte  de  six  mois,  plaques  muqueuses  vulvaires 
très-oonflueotes;  de  l'une  d'elles,  située  au  bas  de  la  grande  lèvre  gauche,  part  mi 
(TTsipèle  qui  envahit  largement  l'aine  correspondante,  devient  phlegmoneux,  et 
iiécessile  de  nombreuses  et  profondes  incisions,  tant  au-dessus  qu'au-dessous  do 
l'arcade  crurale.  Guérison;  point  d'avortement,  malgré  les  très-graves  symptômes 
srâénux  eonoomitants.  Quelquefois  le  phlegmon  débute  par  les  lèvres  d'une  plaie 
jj^inale  accidentelle  ou  chirurgicale  ;  il  apparaît  encore  lorsqu'un  abcès  superln 
tiel  ou  profond  se  rompt  dans  le  tissu  cellulaire  sous-cutané  avant  d'avoir  perforé 
L)  peau.  Certain»  bubons  se  comportent  surtout  de  cette  manière,  et  sont  suivis  de 
(léoûllements  trèfr^lendus  ;  mais  d'autres  abcès  chauds  smi  dans  le  même  cas,  ceux 
(le  là  fosse  iliaque  par  exemple. 

I^  phlegmons  stercoraux  et  les  phlegmons  urinaires  constituent  deux  variétés 
graves  de  l'afiection  qui  nous  occupe.  En  traitant  des  fistules  nous  avons  mentionné 
déjà  les  circonataiices  dans  lesquelles  ils  prennent  naissance. 

haus  un  mémoire  qui  renferme  des  observations  détaillées,  Richet  a  soigneuse- 
ment étudié  la  migration  de  l'urine  jusqu'au  pli  de  l'aine.  La  disposition  du  feuillet 
profond  du  fasda  superficialis  expliquerait,  suivant  cet  auteur,  pourquoi  l'infiltra- 
tion se  montre  plutôt  au-dessus  qu'au-dessous  de  l'arcade  crurale  (Annales  de  la 
ckir.  franc,  et  étrang,^  t.  VI,  p.  510,  415,  433,  1842).  L'urine  peut  arriver 
tiKtMre  au  s(»nmet  de  la  cuisse  par  le  trou  obturateur,  cas  noté  par  Hawkins  à  la 
wiled'une  rupturedela  vessie  (Houël,  Th.  d'agr.,  p.  68).  Enfin,  l'infiltration.peut 
gagner  le  cordon  spermatique  et  suivre  le  canal  inguinal.  Pytha,  de  Prague,  a 
inséré,  dans  les  Mémoires  de  la  Société  de  chirurgie,  t.  III,  p.  305,  1853, 
l'observation  curieuse  d'un  cas  de  ce  genre  compliquant  une  hernie  étranglée,  et 
smulant  à  son  tour  une  hernie  de  vessie. 

Lorsque  l'inliltralion  est  superficielle,  la  peau,  tendue,  luisante,  d'une  colora- 
tion jaune  rougeâtre  assez  caractéristique,  est  soulevée  par  un  mélange  de  pus  et 
d'orine  ;  elle  peut  être  perforée  ou  se  sphacéler  dans  une  étendue  plus  ou  moins 
ottsidérahle.  Cependant,  au  lieu  de  s'étendre  en  nappes,  le  fluide  peut  former  des 
'DUedions  circonscrites,  de  véritables  abcès  urineux  qui  semblent  provenir  des 
fosses  iliaques,  quoique  en  réalité  elles  occupent  seulement  l'épaisseur  de  la  paroi 
abdominale.  Durand  {Obs.  d^à  citée)  etReybard  ont  consigné  des  faiU  decc  genre. 

n^récissemenU  de  Vurèihre,  1853,  p.  196.) 

L'observation  de  Boyer  reste  encore  unique.  On  sait  qu'il  s'agissait  d'une  tumeur 
HiKtoante  très-volumineuse,  qui,  pri«e  d'abord  pour  un  engorgement  squirrheux 
<>u  tissu  cellulaire  qui  entoure  les  vaisseaux  spermaliques,  laissa  écouler  à  la  ponc- 
tion une  grande  quantité  d'urine  ;  elle  était  formée  par  une  dilatation  énorme  de 
1  uretère.  (Malai.  diirurg.,  chap.  xxxix,  art.  3,  g  1.) 


268  AINE  (patiologib). 

Abcès,  Les  abcès  inguinaux  sont  presque  aussi  fréquents  que  les  afiênioos  her- 
niaires et  les  engorgements  ganglionnaires.  Li  suppuration  se  présente  ici  soih 
toutes  ses  formes,  et  Ton  pourrait  en  quelque  sorte  tracer  l'histoire  générale  éie^ 
collections  purulentes  avec  les  types  que  l'on  rencontre  au  pli  de  l'aine;  on  y  ohter^r 
on  eflet  des  abcès  chauds  ou  phlegmoneux,  simples  ou  virulents,  des  aboès  froids 
idiopathiques  ou  symptomatiques,  migrateurs,  ossifluents,  péri-<»s»]Xye(r.  Le  pn<. 
d'ordinaire,  forme  à  lui  seul  la  collection  ;  mais  il  peut  aussi  charrier  des  corps 
étrangers,  des  fragments  osseux  ou  se  mélangera  des  fluides  divers,  sang,  biic, 
urine,  matières  steroorales,  gaz  intestinaux. 

Leur  siège  primitif  n'est  pas  moins  variable;  saus^tUanéSy  ils  naissent  dans  le^ 
couches  lâches  du  tissu  cellulaire,  dans  les  vaisseaux  et  les  ganglions  Ijmpliatiqiie»  ; 
sous-aponévrotiques,  ils  occupent  la  gaine  du  psoas  ou  la  boivse  séreuse  de  m 
muscle,  le  voisinage  immédiat  des  os  ou  l'articulation  coxo-fémorale,  la  gaJue  des 
vaisseaux  cruraux,  l'entonnoir  crural,  le  canal  inguinal,  la  foase  obturatrice 
externe. 

Superficiels  ou  profonds,  ils  sont  confinés  à  la  portion  abdominale  ou  à  la  poi^ 
tion  crurale  du  pli  de  l'aine,  mais  peuvent  envahir  simultanément  ou  suooessive- 
ment  les  deux  étages,  sous  forme  d'un  foyer  bilobé.  Enfin,  le  pus  s'amasse  dans 
des  cavités  accidentelles  préformées  :  kystes  celluleux,  sacs  herniaires  vides,  etc. 
Cette  limitation  du  début  peut  d'ailleurs  changer  dans  la  suite,  en  raison  des  ten* 
dances  propres  à  toute  collection  purulente  :  migrati(m,  accroissement,  envahisses 
ment  des  couches  ambiantes  et  des  espaces  circonvoisins  ;  ainsi  l'abeès  profonil 
devient  superficiel,  l'abcèi  ganglionnaire  rompt  la  capsule  de  la  glande  et  se  n^ 
pand  dans  son  atmos[^ère  celluleuse,  l'abcès  du  psoas  et  de  la  fosse  iliaque  travers*' 
la  paroi  abdominale,  tandis  que  le  phlegmon  diflus  gagne  l'abdomen  en  suivant 
les  vaisseaux  lymphatiques  ou  sanguins,  le  cordon  spcrmatique,  le  ligament 
rond.  Le  pus,  originaire  de  la  cavité  coxo-fémorale,  perfore  la  capsule,  par%ieflii 
dans  la  bourse  séreuse  du  psoas,  et  de  la  gaine  de  ce  muscle  se  dirige  vers  le  polit 
trochaiiter,  ou  s'étale  sous  le  muscle  iliaque.  En  revanche,  l'abcès  par  congestioit. 
l'abcès  iliaque  profond,  suivant  la  même  route  en  sens  inverse,  envahissent  Tarti- 
culation  et  y  provoquent  une  arthrite  suppurée  redoutable. 

Nous  avons  vu  que  les  pldegmons  provenant  d'une  source  éloignée  gagnaienl 
parfois  le  pli  de  Taine.  l^es  abcès  froids  en  agissent  de  même.  Ceux  qui  suocèdeiu 
à  la  carie  vertébrale  ou  pelvienne  atteignent  souvent  la  cuissct  au-dessous  du  liga- 
ment de  Fallope,  sans  préjudice  des  fusées  qu'ils  envoient  h  la  fesse,  k  Tanus, 
à  la  région  lombaire,  le  long  de  la  crête  iliaque,  etc.,  d'où  l'on  peut  direqiir 
pour  les  phlegmons  et  les  collections  purulentes,  le  pli  de  l'aine  est  â  la  fois  un 
lieu  de  rendez-vous  et  un  centre  d'irradiation.  L^  dispositions  déjà  signakérs 
du  tissu  cellulaire  et  des  gaines  aponévrotiques,  le  trajet  des  muscles,  des  Derf«>. 
des  vaisseaux,  la  déclivité,  la  pesanteur,  les  divers  décnbitus,  reflbrt,  la  résis- 
tance différente  des  tissus,  favorisent  ou  entravent  la  marche  du  pus,  et,  en  ton* 
eas,  l'expliquent  assez  bien. 

Nous  passerons  sous  silence  l'étiologiede  ces  abcès;  nous  dirons  seulement  qu'il 
n'est  guère  d'affection  inguinale  qui  ne  puisse  s'accompagner  de  suppunlioii.  Hoiir 
les  unes,  la  formation  du  pus  est  en  quelque  sorte  naturelle.  Qu'une  bosse  san- 
guine, une  adénite,  une  angéioleucite,  une  phlébite,  une  coxalgie,  donnent  nais- 
sance A  une  collection  purulente,  rien  de  plus  facile  à  comprendre  ;  l'ahce»  n'ert 
point  alors  une  complication  imprévue,  c*est  une  terminaison  qui,  sans  être  fiitale, 
n'a  rien  d'insolite.  Dans  d'autres  cas  plus  rares,  l' inflammation  primitive prov<M]iH* 


AiiNË  (pathologie).  359 

une  iiiDaïuiiialion  secondaire  et  coiiUgué,  mais  n'eu  suil  jias  nécessairement  les 
phases;  Inné  reste  station  naire,  l'autre  va  jusqu'à  la  suppuration.  Ainsi  se  forment 
\es  abcès  de  voisinage  autour  d'une  hernie  enflammée,  d'une  arthrite  coxo-fénio- 
raie;  ainsi  se  développent  encore  les  bubons  péri-ganglioniiaires.  Le  pus  s'amasse 
dans  le  tissu  cellulaire  sans  communiquer  avec  la  cavité  articulaire,  l'intérieur  du 
âc  ni  le  parenchyme  du  ganglion.  Les  àeu\  foyers  phlegmasiques  sont  séparés 
)«r  une  couche  fibreuse  isolante.  II  peut  n'y  avoir  entre  les  deux  affections  ni 
!>iuiilitude  de  nature,  ni  relation  de  cause  à  effet,  mais  seulement  substitution, 
métamorphose.  Un  kyste,  un  sac  herniaire  vide,  une  hernie  graisseuse  existent 
(bos l'aine;  riuOamniation  phlegmoneuse  s'en  empare  et  en  fait  des  abcès.  Enfin, 
U  coïncidence  peut  être  tout  à  fait  fortuite.  Exemple  :  abcès  au-devant  d'un  ané- 
>r]>jiie,  d'une  hernie  indolente,  d'une  tumeur  quelconque. 

Ces  cas,  embarrassants  pour  le  diagnostic  et  périlleux  pour  la  pratique,  s'ex- 
|iiii|ueiit  sans  peine,  car  l'existence  antérieure  d'une  hernie,  d'un  anévrysme  ou 
(le  toute  autre  lésion,  ne  met  aucunement  ceux  qui  en  sont  atteints  à  l'abri  d'un 
Uûxni  vénérien,  par  exemple.  Toutefois,  ces  associations  pathologiques  engendrent 
nIle^yInptonlatologie  hybride  dont  l'analyse  peut  être  iort  difficile,  sinon  impossible. 
Alors  de  deux  choses  l'une  :  tantôt  l'abcès  est  méconnu,  ce  qui  n'a  pas  toujoui*s  de 
^niids  inconvénients  ;  tantôt  il  masque  Taffection  concomitante  :  celle-ci  n'étant 
ftfsDiéaie  soupçonnée,  on  plonge  un  bistouri  sans  précaution,  et  avec  le  pus  s'écou- 
icul  le  sang  artériel  ouïes  fluides  intestinaux.  Quelquefois  on  accumule  les  erreuis 
'ie  diagnostic  :  en  opérant  pour  une  hernie  étranglée,  on  tombe  dans  la  cavité 
«i  an  abcès  ;  on  croit  devoir  en  rester  là,  mais  derrière  le  foyer  une  petite  lieniie 
ivMe  en  réalité  et  enlève  le  malade. 

Si  l'erreur  est  concevable,  excusable  même  dans  les  cas  compliqués,  on  devrait 
U  croire  impossible  quand  l'abcès  est  simple.  En  effet,  la  région  est  superficielle, 
'ument  accessible  à  l'exploration,  d'une  composition  anatomique  bFen  connue  ; 
i)  »}inptoniatologie  des  abcès  n'a  guère  de  mystères,  donc  le  diagnostic  doit  être 
i^ile.  11  n'eu  est  rien,  comme  l'attestent  les  erreuirs  commises  bien  souvent,  et 
iflème  par  des  praticiens  instruits.  11  n'est  pas  inutile  d'en  domier  les  raisons. 

1*  Les  abcès  inguinaux  se  pi*ésentent  sous  les  formes  les  plus  dissemblables  ;  le 
l^oboii  vénérien  et  l'abcès  symptomatique  d'une  carie  vertébrale  apparaissent  au 
'^^ànc  lieu,  et  cependant  quoi  de  plus  disparate  ?  Ils  n'ont  eu  vérité  qu'un  carac- 
lire  oonmiun  :  la  présence  du  pus.  C'est  à  reconnaître  ce  dernier  qu'on  doit  mettre 
<<^»  âes  soins  ;  malheureusement,  en  dehors  de  la  constatation  directe  par  la  ponc- 
^  et  rincision,  aucun  signe  uuivoque  n'annonce  certainement  d'avance  et  dans 
^^  Its  cas  l'existence  de  ce  fluide,  pas  même  la  fluctuation,  si  précieuse  et  si  déci- 
><^t*  d  ordinaire,  car  les  kystes,  l'hydropisie  du  sac  herniaire,  les  anévrysmes  la 
l^^^ent,  les  tumeurs  graisseuses,  l'épiploon  la  simulent,  enfin  la  profondeur,  le 
i*ùt  volume  du  foyer  et  d'autres  circonstances  en  rendent  la  perception  difficile. 
(■(ic  inaLide  que  je  soignais  jadis  à  l'Hôtel-Dieu  présentait  un  œdème  énorme  et 
tKxoDsistant  de  tout  le  membre  inférieur  et  de  la  paroi  abdominale  jusque  vers 
i  (Knbîlic.  Douleurs  vives  au  niveau  de  la  racine  de  la  cuisse.  Quoique  la  phlébite 
tnl  évidente  et  suffisante  pour  expliquer  les  symptômes  généi-aux  graves,  je  soup- 
?ttitaisun  foyer  inguinal;  mais  n'ayant  jamais  pu,  à  cause  de  Tcedème,  constater 
b  fluauation,  je  m'abstins  d'inciser.  L'autopsie  montra  un  vaste  abcès  profond, 
1\à  du  triangle  de  Scarpa  avait  fusé  du  côté  du  ventre  en  suivant  les  vaisseaux  et 
fruvoqué  la  mort  par  péritonite  :  il  y  avait  en  effet  phlébite  inguinale  purulente, 
'luse de  l'abcès,  à  ce  qu'il  me  parut. 


268  AINE  (PATHOLOfiis). 

Abcès,    Les  abcès  inguinaux  sont  presque  aussi  fréquents  qn 
niaires  et  les  eugorgements  ganglionnaires.  La  suppuration 
toutes  ses  formes,  et  l'on  pourrait  en  quelque  sorte  tracer  1' 
collections  purulentes  avec  les  types  que  Ton  rencontre  au  pli  < 
on  eflet  des  abcès  chauds  ou  plilegmoneux,  simples  ou  TÎn 
idiopathiques  ou  symptomatiques,  migrateurs,  ossifluent<: 
d'ordinaire,  forme  à  lui  seul  la  collection;  mais  il  peui 
étrangers,  des  fragments  osseux  ou  se  mélanger  à  de 
urine,  matières  steroorales,  gaz  intestinaux. 

Leur  siège  primitif  n'est  pas  moins  variable;  soiis 
couches  lâches  du  tissu  cellulaire,  dans  les  vaisseaux 
sous-aponévrotiqueSf  ils  occupent  la  gaîne  du  ps' 
muscle,  le  voisinage  immédiat  des  os  ou  l'arlicul 
vaisseaux  cruraux,  l'entonnoir  crural,  le  am 
externe. 

Superficiels  ou  profonds,  ils  sont  confinés 
tion  crurale  du  pli  de  l'aine,  mais  peuvent  v 
ment  les  deux  étages,  sous  forme  d'un  fo\ 
des  cavités  accidentelles  préformées  :  kys' 
Cette  limitation  du  début  peut  d'ailleurs  • 
dances  propres  à  toute  collection  purulc 
ment  des  couches  ambiantes  et  des 
devient  superficiel,  l'aboè^  ganglionnu 
pand  dans  son  atmos[Mre  celluleust-. 
la  paroi  abdominale,  tandis  que  lo  i 
1rs  vaisseaux  lymphatiques  ou  <- 
rond.  Le  pus,  originaire  de  la  o* 
dans  la  bourse  séreuse  du  psoa>. 


r- 


h  uiievinstaruc 


'iif  (loiil  la  constablnm 
!  nliMite  :  une  tumeur  moll^. 


r 


troclianter,  ou  s'étale  sous  io  i 
l'abcès  iliaque  profond,  suiva 
cnlation  et  y  provoquent  mw 

Nous  avons  vu  que  les 
parfois  le  pli  de  Taine.  L 
à  la  carie  vertébrale  ou  y 
ment  de  Fallope,  san<  - 
à  la  région  lombaire,   ' 
pour  les  phlegmons  et  ' 
lieu  de  rendez-vous  « 
du  tissu  cellulaire  i-i 
des  vaisseaux,  la  pi- 
tance différenlo  tl^     '^- 
cas,  l'expliquent  .  ■         - 

Nous  passeroh- 
n'est  guère  d'iitit 
les  unes,  l\  fiu  . 
guine,  une  .tù        ■*" 
sancc  A  un»* .     •    - 
point  nloi  -  -  ■  ' 

n'a  rien  r''     _^     ^ 


I  éductible  i)ar  la  firession  et  1^ 

K  .lU  du  grand  oblique  ;  elle  a  \un 

.ui^anente  de  volume  dans  la  station. 

I  leicrit  un  bandage.  C'est  un  abcès  pir 

.  ^  vaisseaui  ou  le  bord  interne  du  |>^' 

■?ia  d*étic  rare. 

rerrim  les  vaisseaux  fémoraux  ;  on  perç^'tt 

k  doigt,  des  battements  artériels  éiH*r.:i* 

reste  parfois  longtem|is  doute»:\ 

tout  d'abord,  mais  reconnaissant  qti- 

1  se  coin^inquit  que  Tartèrc  était  seul- 

I8S9). 


fÊT  un  abcès  ont  plus  d'une  fois  é^an 


**.   ^' 


séreuse,  cl  même  un  simpU*  aU^ 
BMBcle,  amènent  des  contraclurr>  <  i 
qui  simulent  une  coxalgie.  Tai  m. 
ftt  aa*«il  beaucoup  frappé.  Vîi  jeune  gurç>Mi. 
»  X  rVJftrl-Keu  eu  1858  :  allongement  ap|i. 
fttMorit  adduction,  déviation  du  ba5^itl. 
nw»,  MBpâtrment  profond  du  pli  de  r.iiii* . 
£'^f  Irl xtfwtês èe  b  coxalgie;  aussi  tel  fut  le  di- 
^  n«v«r  àt  rjrode  crurale  et  niarrhc  avec  Ri|»idil:' 
«««ptoiDcs  généraux  graves,  moi  t.  Ku 
^  Nwse^^niise  du  psoas,  a>'ait  fusé  dau^  I. 


AINE  (patuologik).  $71 

fosse  iliaque  d'une  pari,  dans  la  profondeur  de  la  cuisse  de  l'autre  ;  pénétration 
dans  rarticulation  coio-fémo]*ale,-mais  seulement  quelques  jours  avant  la  mort. 

J'ai  vu  un  autre  cas  analogue  :  laboès,  né  probablement  dans  les  ganglions 
iliaques  inférieurs,  s'étalait  devant  l'articulation,  mais  n'y  avait  pas  pénétré.  Même 
altitude  du  membre,  c'est-à  dire  allongement,  abduction,  rotation  en  dehors.  On 
avait  encore  diagnostiqué  une  coxalgie,  et  il  faut  convenir  que  dans  ces  deux  cas 
rerreor  était  très-concevable. 

L'autre  variété  d'arthrite  coxo-fémorale  avec  flexion,  raccourcissement  apparent, 
rotation  en  dedans,  adduction,  ensellure,  etc.,  est  plutôt  simulée  par  l'abcès  du 
psoas  et  l'abcès  par  congestion.  Je  trouve  dans  un  recueil  allemand  une  erreur 
plus  biiarre  encore,  et  surtout  plus  grave  :  les  régions  iliaque,  fémorale  supérieure, 
hjpogastrique,  trochantériemie,  étaient  occupées  par  des  tumeurs  volumineuses 
Irès-fluctuanteSy  qui  fiirent  prises  pour  des  collections  purulentes  symptomatiques 
d'une  carie  ooxo-fémorale.  En  conséquence,  on  tenta  la  résection  de  cette  jointure. 
L'autopsie  montra  qu'il  s'agissait  de  tumeurs  cancéreuses  entourant  et  remplissant 
le  bassin.  (EUfter  BeridU  uber  dos  Gymnastisch-orthapàdische  Institut  %n  Be$'- 
K»,von  U.  W.  Berend,  1865,  p.  26.) 

D'autres  fois  les  symptômes  de  voisinage  portent  :  soit  sur  les  cordons  nerreiix, 
alors  des  douleurs,  de  l'engourdissement,  des  fourmillements  se  font  sentir  i  la 
cuisse,  à  la  jambe,  dans  l'aine,  bien  avant  que  l'abcès  se  manifeste;  soit  sur  la  veine 
iliaque  externe,  dont  l'oblitération  occasionne  un  cedème  du  membre  qu'on  prend 
pour  le  mal  principal  (Bérard).  Enfin,  les  accidents  peuvent  retentir  principalement 
<iuoôlé  de  l'abdomen,  et  conduisent  à  prendre  un  abcès  inguinal  pour  une  hernie 
étranglée.  On  trouve  dans  l'aine  une  tumeur  irréductible,  douloureuse  au  toucher, 
enflammée  à  la  surface,  avec  ballonnement,  sensibilité  du  ventre,  nausées,  vomisse- 
ments, constipation.  Le  patient  annonce  étro  ou  avoir  été  aifecté  de  hernie,  ou  bien 
il  afliime  que  la  tumeur  est  de  date  récente,  qu'elle  a  paru  subitement  à  la  suite 
rl'un  effort,  d'une  indigestion,  etc.  Tout  conspira  pour  tromper  le  diirurgien,  et 
la  prudence  interdit  l'abstention.  L'opération  ne  rencontre  qu'un  foyer  inflamma- 
toire ou  purulent,  dont  l'ouverture  par  bonheur  met  d'ordinaire  un  terme  aux 

aaidents. 

Le  siège  et  la  nature  de  l'affection  inflammatoire  varient  singulièrement.  On  a 
<ité  des  abcès  par  congestion,  des  phlegmons,  des  phlébites,  des  abcès  du  cordon 
^permatique.  Le  plus  souvent,  c'est  une  adénite  suppurée  superficielle  ou  profonde, 
et  eu  particulier  celle  du  ganglion  logé  dans  le  canal  crural.  On  voit  encore  le  pus 
ramasser  dans  un  kyste,  dans  un  ancien  sac  herniaire  isolé  du  péritoine  ou  no 
communiquant  avec  lui  que  par  un  canal  étroit.  Ces  faits,  singuliers  en  apparence, 
»nt  faciles  à  interpréter.  L'inflammation  inguinale,  quelle  qu'en  soit  la  cause,  se 
propage  jusqu'à  la  séreuse  abdominale  et  au  tissu  cellulaire  qui  la  double,  d'où 
l'explosion  d'une  péritonite  qui  imite  un  étranglement.  C'est  la  présence  d'une 
tumeur  dans  l'aine  qui  préoccupe  surtout  et  trompe  le  chirurgien  ;  cela  est  telle- 
ment vi-ai,  qu'on  a  rapporté  à  une  hernie  tout  à  fait  innocente  des  symptômes  alar- 
mants dus  à  des  affections  intra-abdominales  très- variées. 

lue  femme  atteinte  d'un  abcès  de  la  fosse  iliaque  fut  prise  de  vomissenients 
avec  colique  et  constipation.  Elle  avait  une  hernie  crurale  qu'on  s'empressa  d'ope- 
kt;  on  n'y  trouva  nul  vestige  d'étranglement,  l'obstacle  au  cours  des  matières 
iàé^esâi  dans  l'intérieur  du  ventre.  (Gendrin,  cité  par  Gosselin,  p.  50.) 

Scarpa  opère  un  homme  de  cinquiinte  ans  pour  une  tumeur  du  volume  d'une 
noix,  dure,  douloureuse,  accompagnée  de  tous  les  symptômes  de  l'étranglomeiit  : 


AI?iE    (PiTBOLOGIs). 

^^  .iM  ^  4MK  mammuei  poini  de  hernie,  rétrécissemenl  squirrheux  de  b  ûu 


«i«Mi  Mtf  utt  OS  OÙ  Toii  se  serait  iiifailliblcinent  ironipé  si  l'oii  avait 
AVMà  .oa  fe  même  sujet  une  hernie  ombilicale,  une  hernie  crunk 
iitfWL  irréductibles  ;  de  plus  dans  l'aine  droite,  une  tumeur  eitrème- 
au  toucher.  Les  symptômes  d'étranglement  étant  peu  pressants, 
u  K.uft«-^  o|MnftUutt>  qui  eût  été  pratiquée  à  droite  ;  la  mort  sunrient.  On  tnnve 
••  ^\  ..«.iiÉMr  piMiti  ttit  ganglion  tuméfié  et  enflammé  au-devant  d*nn  sac  herniaire 
•u\  .  •  ^aiu.lw«  une  anse  intestinale  enflammée,  à  l'ombilic  une  épiploïle  suppuréc, 
uâiu  UAM.  (^i ttuotte  générale.  (Œuvres  chirurgicales,  Ohs.  308,  p.  244.) 

•^<u«ttM  Luys^  (."«s  fitits  seront  repris  à  l'occasion  du  diagnostic  de  la  liemie  étran- 
^K\\  muy  II  V  invasions  pas  davantage  ;  cependant  les  quelques  indications  bibliqgra- 
.•aii4iMN  qui  >tttYent  pourront  être  utiles  au  lecteur  :  Briot,  Progrès  de  la  Chirurgie 
'HàUUir^y  I8!i7,  p.  283  et  288.  —  Macilwaiu,  Arch.  gén.  deméd.y  {"«séné, 
t.  VV>1K  p.  :S56,  i851.  —  Bérard.,  art.  Aine,  Dict,  en  30  vol.—  AIp.  RoLcil, 
Uk^Uv  Batteuberg.  Paris,  1850,  p.  8. — Ricbet,  AnaL  méd.  chirurg,,  1855, 
\K  1*01.  -Gosselin,  Étranglement,  thèse  de  concours,  1844,  p.  47  et  48.— 
IVtiequiu,  Anat,  méd.  chirurg.,  p.  698.  —  Velpeau,  Cliniq,  diirurg.,  t.  III, 
)i,  \^i,  'Hm\,Soc.anatom.,  1841,  p.  44. —  Jobert,  thèsedeV.R.  Robin,  Pari^ 
1^49,  p^  13.  Signalons  enfin  un  intéressant  mémoire  où  Cbassaignac  a  réuni  plu- 
Mouâ^  faits  :  Des  sacs  herniaires  déshabités  et  des  accidents  d'étranglement  auz- 
ifmU  ils  donnent  lieu.  (Revue  méd.  cliirurg.,  t.  XVII,  p.  281,  1855,  p.  67.) 

y  \)e\ix  conditions  rendent  encore  le  diagnostic  malaisé.  Tantôt  l'abcès  n» 
^  eiH»re  de  caractères  appréciables,  tantôt  il  les  a  perdus.  L'abcès  profoni 
u'oiit  d*abord  indiqué  que  par  une  douleur  fixe,  une  gène  plus  ou  moins  marqntc 
dans  les  mouvements,  sans  que  la  marche  soit  encore  impossible;  un  peu  plustard, 
MU  |K'iv>il  un  certain  empâtement  très-mal  caractérisé.  I^  fluctuation  n'est  reoon- 
uaisMible  que  lorsque  la  collection  purulente  a  acquis  une  dimension  notable, 
qu'elle  s'est  approchée  de  la  peau,  qu'elle  a  surmonté  la  résistance  des  plans 
aponévrotiques.  Dans  les  abcès  froids  en  particulier,  les  symptômes  généraux  et  de 
voisinage  |)euvent  faire  absolumeut  défaut  ;  c'est  le  hasard  seul  qui  conduit  à  ex- 
plorer le  pli  de  l'aine. 

Dans  des  cas  plus  rares,  mais  tout  aussi  embuiTassants,  si  les  coimnéoioralif» 
manquent,  l'abcès  s'arrête,  la  sécrétion  purulente  cesse  ;  de  molle,  fluctuante, 
réductible  qu'elle  était,  la  tumeur  devient  fixe,  solide,  indolente.  Denoiiviilici> 
prit  un  cas  pareil  pour  une  tumeur  fibreuse  ou  fibro-plastique.  L'opération  fut 
pratiquée  par  Adolphe  Richard;  il  s'agissait  d'un  abcès  par  congestion  eu  voie  de 
guériMin  spontanée  (article  AocÈs,  t.  ^^  p.  54).  J'ai  vu,  en  1855,  Jos.  JoIiti. 
i  rilôtel-Dieu,  commettre  une  erreur  analogue.  I^  tumeur  rénitente,  éiastiqu*'. 
pri'fientait  une  fausse  fluctuation,  remplissait  le  triangle  de  Scarpa  et  déviait  Tat 
U'src  crurale.  On  avait  pensé  à  un  anévrysmo;  Jobert  crut  â  l'existence  d'un  L\>it\ 
ri  Tautop^ic  démontra  un  abcès  par  congestion  à  parois  épaisses.  (Bull,  de  la  So€. 
analom.,  1859,  p.  239.) 

1^1  mort,  survenue  dans  les  deux  cas  |iar  le  fait  de  l'opération,  indique  b  ncce»- 
M'  d'une  étude  appi*ofondie  de  ces  tumeurs,  dont  la  ponction  exploratrice  érUi- 
retrait  la  nature,  l^a  guérison  spontanée  des  abcès  par  congestion  n'est  pot  auss 
r»re  qu'on  le  iKiuriiiit  croire;  j'en  ni  vu  un  exemple  chex  Lisfiranc.  La  tumeur 
Ifikiliée,  très-volumineuse,  très-franchement  fluctuante,  occupait  la  fosse  iliaque  et 
lu  triangle  de  Scarpa.  Peu  à  peu  elle  durcit,  diminua  de  volume  et  finit  par  disp*- 


AINE    (PATU0L0G1£).  27o 

laitre.  Ikiily  a  réuui  un  certain  nombre  de  cas  de  ce  genre.  (Thèses  de  Paris, 
«•298,1856.) 

Je  viens  de  montrer  les  principales  difficultés  qu'on  éprouve  à  reconnaître  un 
aixxs  inguinal;  mais  la  constatation  pure  et  simple  du  pus  ne  suffit  pas  au  diagnos- 
tic, il  faut  connaître  la  cause,  le  \mnt  de  départ,  la  nature  de  la  collection  punw 
lente.  Ici  naissent  de  nouveaux  embarras.  L'abcès  froid  ne  se  distingue  pas  toujours 
de  l'abcès  par  congestion,  loi'sque  la  réductibilité  de  ce  dernier  est  peu  marquée  et 
surtout  lorsque  l'examen  du  squelette  est  négatif.  Laugier,  dans  le  Nouveau  dic- 
tionnaire de  méd,  et  dechirur.  pratiq.  (t.  I",  p.  21;  1864),  etDenonvilliers  dans 
l'article  précédemment  cité  (p.  52),  insistent  sur  ce  point  en  rappelant  les  observa- 
tions de  Gerdy,  Nélaton,  Pigné,  Estevenet  et  d'autres.  J'ai  dans  mon  service  en 
ce  moment  même  un  cas  fort  obscur  :  toute  la  racine  de  la  cuisse  était  occupée 
(nr  un  vaste  abcès  limité  en  haut  par  l'arcade  crurale  et  faisant  tout  le  tour  du 
fémur  au  niveau  du  petit  trochaiiter  ;  rien  dans  la  fosse  iliaque,  si  ce  n'est  un  en- 
gorgement des  ganglions  qui  entourent  Tartère.  La  marche  de  l'alTectiot),  l'étendue 
(lu  foyer,  Pabondance  extrême  de  la  suppuration,  sa  persistance  malgré  les  ouver- 
tui'es  et  contre-ouvertures,  les  injections  répétées  et  le  drainage  démontrent  qu'il 
^'agit  d'un  abcès  symptomatique  d'une  lésion  osseuse  ;  mais  jusqu'à  présent  il  ne 
ma  pas  été  possible  de  découvrir  le  point  lésé. 

La  réductibilité  elle-même  ne  prouve  pas  que  le  foyer  vienne  de  loin,  témoin 
cet  abcès  consécutif  à  une  carie  du  pubis  et  qui  simulait  une  hernie  (Roland 
Martin,  cité  par  Béraid) . 

L'abcès  par  congestion,  d'ordinaire  si  indolent, peut, en  approchant  de  la  peau, 
prondi-e  l'apparence  d'un  phlegmon  aigu.  P.  Bérard  en  a  vu  deux  exemples.  H 
est  plus  singulier  qu'on  ait  confondu  ces  abcès  avec  des  bubons.  (Dict,  en  ^0  vol., 
1. 1",  p.  66.) 

Les  abcès  de  la  fosse  iliaque  ont  des  origines  multiples  :  ils  proviennent  d'un 
phlegmon  des  annexes  de  l'utérus, d'une  pérityphlite,  d'une  perforation  del'appcn- 
<lioe  iléo-cQScal.  11  n'est  pas  toujours  aisé  de  recomiaître  ces  sources  diverses.  Un 
phlegmon  abdominal  post-puerpuéral,  une  péritonite  du  petit  bassin  perforant  la 
[oroi  abdominale  au-dessus  du  ligament  de  Fallope  pouixaient  simuler  un  abcès. 
'Seoond-Ferréol,  Thèse  de  Paris,  1854,  p.  58  et  64.) 

Il  ne  faut  pas  trop  compter  sur  les  signes  prétendus  pathognomoniques.  L'abcès 
ié  du  cœcum  et  surtout  de  son  appendice  ne  renfermei^  pas  nécessairement  de 
matières  intestinales.  La  fétidité  du  pus  n'est  point  davantage  une  preuve  de  com- 
munication du  foyer  avec  l'intestin,  comme  Dance  et  Velpeau  Tont  démontré. 
<Art.  Abdomek,  du  Dict.  en  30  roi.,  t.  I",  p.  181.);  voy.  aussi  Jobert,  Gaz,  des 
Hop.,  1852;  p.  123.) 

C'est  surtout  dans  les  abcès  ganglionnaires  de  l'ame  qu'il  importe  de  connaître 
l<N  causes  et  de  distinguer  si  la  suppuration  est  sjiécifique  ou  non.  Ce  point  sera 
traité  à  l'article  Bubon. 

Nous  pourrions  multiplier  les  exemples  et  nous  étendre  sur  les  difficultés  du 
«liaguostic  ;  mais  on  comprend  déjà  quels  embarras  fait  naître  une  afiection  qui 
tour  à  tour  peut  se  montrer  indolente  comme  un  kyste,  douloureuse  comme  un 
phlegmon,  réductible  comme  une  hernie,  irréductible  comme  un  fibrome,  fluc- 
tuant^i  comme  une  collection  liquide,  consistante  comme  une  tumeur  solide,  ani- 
nK'-c  de  battements  comme  un  anévrysme,  compliquée  de  symptômes  abdominaux 
<omme  un  étranglement;  apparaissant  tout  d'un  coup,  ou  mettant  à  se  développer 
plusieurs  jours,  plusieui^  mois,  plusieurs  années  même  ;  n'apportant  aucune  gêne 

wn,  ne.  Ji.  18 


274  AINE  (pathologie). 

dans  les  mouveiiienls,  ou  rétractant  la  cuisse  de  façon  a  rendre  la  marche  impos- 
sible ;  aujourd'hui  profonde,  demain  superficielle  et  vice  versa  ;  présentant  dan« 
son  cours  les  métamorphoses  les  plus  variées  et  revêtant  les  déguisements  les  |)lth 
divers  ;  s  associant  enfin  à  toutes  les  affections  inguinales  à  titre  de  terminaison  d 
de  complications  prévues  ou  fortuites. 

Ajoutons  encore  qu*à  leur  tour  ces  mêmes  affections  simulent  les  abcès,  loi>* 
qu  elles  viennent  à  se  dépouiller  de  leurs  caractères  essentiels  :  qu'un  anévn^rni' 
cesse  momentanément  de  battre  et  que  le  souflle  s'y  arrête,  parce  que  le  sac  e>t 
rempli  de  caillots  passifs;  qu'une  hernie  s'enflamme  silencieusement  ;  que  l'inlesliii 
soit  lentement  perforé  par  un  corps  étranger  ;  qu'un  épiplocèle  suppure  sans  réac- 
tion du  coté  du  péritoine,  et  dans  tous  ces  cas  on  pourra  croire  à  un  abcès  sans 
être  taxé  d'ignorance.  Les  recueils  périodiques  sont  riches  en  faits  de  ce  geure  H 
le  seraient  davantage  si  toutes  les  méprises  étaient  publiées.  Je  ne  voudrais  |ki!»  ou 
déduire  que  le  diagnostic  précis  des  abcès  inguinaux  est  d'une  extrême  diffiiultr; 
j'affuinc  seulement  qu'il  est  parfois  très-délicat,  et  qu'en  tout  cas  il  exige  toujours 
une  sérieuse  attention.  La  lecture  des  erreurs  publiées  montre  que  la  précipitation 
eu  est  responsable  au  moins  autant  que  l'impéritie.  Dans  la  majorité  des  cas,  on  lo> 
eût  évitées  en  usant  avec  art  et  discernement  des  commémoratifs,  d'un  examen 
organique  étendu  aux  régions  voisines  et  des  moyens  d'exploration  locale  dont  l'ex- 
|)06é  complet  se  trouve  à  l'article  Abcès. 

Les  abcès  inguinaux,  étant  i*aremeut  idiopathiques,  seront  décrits  pour  Li  plu|urt 
avec  les  affections  dont  ils  sont  le  symptôme  ou  la  terminaison.  Nous  nous  bonK*- 
rons  donc  aux  généralités  précédentes,  qui  renferment  d'ailleurs  incidemment 
l'énumération  complète  des  variétés.  On  trouvera  de  plus  amples  détails  aux  arti- 
cles Bubon,  Coxalgie,  Cordon  spebmatique,  Fosse  iliaque,  Psoïtis,  Rachis.  I^ 
abcès  qui  oompUquent  les  hernies  ou  siègent  dans  d'anciens  sacs,  l'épiplocèle  sup- 
puré, les  abcès  stercoraux  avec  ou  sans  corps  étrangers,  seront  étudiés  à  propo^(k^ 
perforations  de  TIntestin  et  des  Hernies,  car  ils  ne  sont  pas  spéciaux  à  la  réfrioii 
inguinale,  et  se  présentent  avec  la  même  étiologie  et  les  mêmes  symptômes  à  l'om- 
bilic et  au  scrotum. 

En  disant  des  abcès  par  congestion  qu'ils  peuvent  se  rencontrer  au-dessus  ou  au- 
dessous  du  ligament  de  Fallope,  ou  à  la  fois  dans  la  fosse  iliaque  et  à  la  cui>ae. 
qu'ils  peuvent  suivre  le  canal  inguinal,  le  canal  criu^  ou  le  bord  interne  du  psoas 
être  en  devant,  en  dehors  ou  en  arrière  des  vaisseaux  fémoraux,  se  montrer  au  **»• 
sinage  des  épines  iliaques  antérieures,  on  aura  indiqué  ce  qu'il  convient  de  satoii 
pour  cet  article,  l'histoire  générale  de  cette  affection  ayant  été  longuement  tracée 
plus  haut.  (Voy,  Abcès  par  corsoESTioN.) 

L'abcès  de  la  bourse  séreuse  du  psoas  ti'ouvera  place  aux  articles  Ps0AS,p!)0ÏTi«. 
Coxalgie.  Je  l'ai  rencontré  deux  fois  pour  ma  part.  Le  premier  cas,  que  j'ai  Aép 
cité,  avait  fait  croire  à  une  coxalgie  ;  il  fusa  au  loin  et  causa  la  mort.  Le  seooml 
send)lait  de  la  nature  des  abcès  métastattques  ;  il  se  montra  à  la  suite  d'une  désii* 
ticulation  coxo-fémorale,  sons  fonne  de  collection  bien  circonscrite  et  tout  à  fui 
distincte  de  la  plaie  d'amputation.  Caché  sous  le  psoas,  vers  la  base  du  lambeau,  il 
avait  été  méconnu  d'autant  plus  lucilemenl  qu'une  phlébite  inguinale  du  mèoM 
côté  avait  suffi  pour  expliquer  la  douleur  locale.  Nous  manquons  de  matériaux 
suffisants  pour  écrire  l'histoire  de  cette  variété,  sur  laquelle  Fricle  a  le  premier, 
je  crois,  appelé  l'attention.  {Journal  de  Grxfe  et  Walihe^\  t.  XXI,  p.  22r»: 
1834.) 

Corps  élratigers.  EnUKioaires.     Les  corps  étrangers  du  pli  de  l'aine  ootétc 


AINE  (tathologie).  27r» 

déjà  ou  somul  signalés  plusieurs  fois  dans  cet  article.  Nous  résumons  ici  leur  his- 
toire, liée  d'une  manière  étroite  à  celle  des  plaies,  des  fistules,  des  abcès  et  des 
liemies. 

Leur  provenance,  aussi  bien  que  leur  nature,  est  très-variée.  Les  uns  pénètrent 
(le  dehors  en  dedans  :  corps  durs  labourant  le  tissu  cellulaire  sous-cutané,  projec- 
tiles de  gueri'e,  etc.;  il  en  a  été  question  à  propos  des  plaies.  Les  auti*es,  introduits 
ou  formés  dans  les  organes  profonds,  arrivent  jusqu'à  la  région  inguinale  en  chemi- 
nant de  dedans  en  deliors.  J'en  compte  trois  variétés  :  i"  esquilles,  séquestres, 
ossifications  accidentelles  détachées  d'un  point  plus  ou  moins  éloigné  du  squelette 
{Ku*  la  suppuration  ou  une  violence  extérieure  ;  2°  concrétions  formées  dans  un 
réservoir  de  sécrétion,  calculs  biliaiies  et  urinaires;  5*^  corps  étrangers  introduits 
dans  le  tube  digestii,  très-ordinairement  [yav  la  bouche,  quelquefois  par  le  rectum; 
ils  cheminent  plus  ou  moins  longtemps  dans  la  cavité  intestinale,  perforent  ensuite 
ses  tuniques,  puis  la  paroi  al)dominale,  loin  ou  pi'ès  de  l'aine,  et  s'y  montrent 
d'emblée  ou  après  avoir  parcouru  .sous  la  peau  un  trajet  d'étendue  variable  :  cou- 
teaux, épis  d'orge,  arêtes  de  poissons,  épingles,  etc.  Us  séjounient  plus  ou  moins 
longtemps  dans  l'économie,  depuis  quelques  heures  ou  quekfues  jours  jusqu'à  quel- 
ques années,  et  pendant  leur  séjour  se  révèlent  par  des  symptômes  Irès-diflerents. 

Tantôt  ils  forment  une  tumeur  dure,  indolente,  ou  à  peu  près  exempte  de  phé- 
nomènes inflammatoires  ;  la  dureté  de  la  saillie  peut  seule  faire  soupçonner  un  corps 
t'ti-angei*.  Tel  ce  calcul  biliaire  soupçonné  par  Copoland  dans  sa  deuxième  obser- 
vation (Med.  Ckirurg.  Transact.^  1. 111,  1816),  ou  bien  un  calcul  vésical  dans  un 
rystocèle  inguinal. 

Tantôt  le  corps  étranger  provo({uc  un  travail  inflammatoire  et  fait  naître  un 
|)hle^^on  aigu  ou  chronique,  avec  retentissement  plus  ou  moins  marqué  du  côté 
de  Tabdomen.  L'abcès  est  ouvert  ou  s'ouvre  de  lui-même,  et  c'est  aloi's  seulement 
qu'on  reconnaît  sa  cause. 

Enliii  la  nature  du  mal  est  mécoimue,  môme  après  la  cessation  de  la  ph'legmasic 
locale  et  l'évacuation  du  pus;  une  fistule  s'établit  et  persiste;  elle  donne  passage  à 
lii  bile,  à  l'urine,  aux  matières  stercorales  ;  un  certain  jour  le  corps  él  ranger  s'engage 
dans  le  pertuis  et  s'échappe  au  dehors  ;  parfois  cependant  on  le  découvre  juir  hasard 
en  explorant  la  fistule. 

Sans  doute,  de  nos  jours,  on  ne  prendrait  plus  un  calcul  logé  dans  la  vessie 
herniée  pour  un  bubon  vénérien  squirrheux,  comme  ce  chirurgien  ignorant 
dont  parle  Verdier  ;  mais  il  faut  avouer  cependant  que  le  diagnostic  est  souvent  fort 
oliscur,  sauf  dans  le  cas  de  plaie  par  arme  à  feu  à  un  seul  orifice,  et  lorsque  le  pro- 
jectile n'a  pas  élé  extrait. 

Si  le  corps  étranger  provient  des  voies  digestives,  les  comniémoratifs  peuvent  être 
fort  utiles  ;  mais  les  malades,  quand  d'ailleurs  ils  ne  veulent  pas  dissimuler,  ne 
founiissent  souvent  que  des  renseignements  vagues  sur  une  ingestion  remontant  à 
iinc  époque  plus  ou  moins  éloignée.  En  général,  jusqu'au  moment  où  le  corps 
(Hninger  est  visible  ou  tangible,  on  ne  songe  qu'à  ralTeclion  développée  par  sa  pré- 
sence: phlegmon  iliaque,  abcès,  fistule  ;  ou  qui  a  précédé  son  anivée  dans  l'aine  : 
liernîe,  abcès  jar  congestion^  cystocèle 

Au  reste,  Teneur  n'a  pas  de  grands  inconvénients,  le  corps  étranger  en  lui-inéuic 
ne  créant  pas  d'indication  spéciale,  sauf  le  cas  de  fistule  où  l'extraction  est  indiquée, 
il  faut  ajouter  que  la  présence  d  un  corps  étranger  à  l'orifice  d'une  fistule  ingui^^ 
uale  ne  piouve  nullement  qu'il  soit  cause  de  la  permanence  de  cette  dernière,  qui 
n'en  continue  pas  moins  après  l'extraction.  Je  fais  allusion  aux  fistules  slercoraleS) 


27G  AINE    (PATUOLOGiK). 

ù  l'anus  contre  nature  qui  livre  passage  à  des  noyaux,  à  des  pépins  de  fruits,  à 
toutes  sortes  d'objets  ingérés  ;  aux  abcès  par  congestion  d'où  s'échappent  des  sé- 
questres, des  fragments  osseux  caiîés,  etc.  (Voir  les  articles  Fistule,  Anus  cojitbc 
MATURE,  Herme,  Corps  étramgers  ;  les  mémoires  d'Hévin  et  de  Yerdier  dans  Y  Aca- 
démie de  chirurgie  ;  Peter,  Migration  des  corps  étrangers  à  travers  les  parm 
abdominales^  in  Archives  gén.  de  méd,,  1855;  5*  série,  t.  VI,  p.  520,  — 
Alquié,  in  Cliniq,  chirurg.  de  Montpellier,  1858,  t.  II,  p.  420.) 

Entozoaires.  Les  réflexions  qui  précèdent  s'appliquent  également  aux  vers 
intestinaux  qui  se  sont  montrés  assez  souvent  au  pli  de  l'aine  pour  mériter  une 
mention  spéciale.  Sur  quarante-neuf  cas  colligés  par  Davaine  dans  les  auteurs 
anciens  et  modernes  et  dans  lesquels  les  ascarides  lombricoides  ont  fait  issue  au 
dehors  à  travers  la  paroi  abdominale,  vingt  et  un  appartiennent  à  la  région  ingui- 
nale; un  autre  exemple  est  rapporté  par  Bataila  dans  V Union  médicale  (1859, 
t.  lU,  p.  111).  Trois  fois  le  taenia  a  suivi  le  même  chemin. 

Davaine  fait  remarquer  avec  raison  que  ce  phénomène  s'observe  dans  trois  oon- 
ditions:  1®  Le  ver  étant  sorti  de  l'intestin,  piuaît  l'unique  cause  de  l'inflammation 
et  de  la  suppuration.  Le  foyer  ouvert  fournit  avec  du  pus  louable  un  ou  plusieurs 
vers  sans  matières  intestinales  ;  point  de  fistule  consécutive,  guérison  prompte  ;  ces 
cas  sont  les  plus  rares. 

2"  Tumeur  formée  par  les  vei*s  et  les  matières  intestinales;  le  foyer  reste  plu« 
ou  moins  longtemps  tistuleux  ;  la  sortie  des  matières  stercoi*ales  et  quelquefois  de 
nouveaux  vers  prouve  sa  communication  avec  l'intestin  ;  ces  cas  beaucoup  plus  fré- 
quents laissent  du  doute  sur  la  part  a  faire  aux  entozoaires  et  à  la  lésion  intesti* 
nale  ;  coïncidence  fréquente  avec  l'étranglement  ou  l'inflammation  herniaire. 

5°  Le  ver  n'an*ive  dans  le  foyer  purulent  et  la  fistule  que  consécutivement  à 
l'ouverture  du  premier  et  à  l'établissement  de  la  seconde;  il  ne  joue  évidenunent 
aucun  rôle  étiologique.  La  perforation  intestimle  est  incontestable,  mais  elle  peut 
être  ancienne  ou  récente,  persistante^ou  oblitérée,  immédiate  ou  médiate,  lorsque 
par  exemple  l'ascaride  sort  par  l'ouverture  d'un  abcès  par  congestion  (Velpeau, 
Duret) . 

Cliniquement  on  peut  admettre  des  phases  successives  et  distinguer  des  tumeurs 
et  des  fistules  vermineuses  :  les  tumeurs  elles-mêmes  avec  ou  sans  inflanunation; 
ces  dernières  ont  été  nommées  assez  improprement  kystes  vefjnineux  ;  c'est  sim- 
plement la  période  d'indolence,  qui  d'ailleurs  n'est  pas  de  longue  durée. 

Il  n'existe  guère  de  signes  qui  permettent  de  soupçonner  les  entozoaires  ascarides 
ou  tsenias  dans  une  tumeur  inguinale  non  ouverte,  à  moins  que  le  malade  n'en  ait 
rendu  souvent,  n'en  expulse  encore  actuellement,  et  que  la  tumeur  semble  se  mo- 
difier sous  riiifluence  do  ces  évacuations,  comme  on  Fa  obsei*vé  quelquefois  dans 
l'alxlomenou  la  fosse  ilia(|ue.  Le  frémissement  continuel  éprouvé  par  la  malade  de 
Vanderbach,  et  sur  lequel  Mareschal  insista  devant  la  Soc,de  méd,  de  la  Loire- 
Inférieure  (12'  vol.,  p.  134;  1836),  aurait  de  la  valeur  s'il  était  noté  de  nouveau. 

f^  crépit;itioii  indique  l'abcès  steix^oral  et  rien  de  plus.  Nous  renvoyons  pour  les 
détails  à  l'excellent  traité  de  Davaine  (Des  entozoaires  et  des  maladies  vermi- 
neuses, in-8,  18G0.  p.  H4,  191,  204).  A  la  |)age  724  de  ce  livre  se  trouve  une 
observation  empmntée  a  Clot-Bey  :  une  tumeur  inguinale  simulant  assez  bien  n" 
Inibon  renfermait  un  dragonneau  ou  filnire  de  six  pouces  de  long.  Nous  {larlerans 
dans  un  instant  des  kystes  hydatiques. 

Collections  séreuses,  kystes^  hydrocêles  enkystés,  etc.  A  l'aine,  comme  dam 
les  autres  régions  du  corps,  on  a  donné  le  nom  de  kystes  à  des  tumeurs  de 


AINE  (pathologie).  377 

itature  et  d'origine  très-diverses,  qui  u'ont  d'autre  caractère  commun  que  l'accu- 
niubtion  d*un  fluide  séreux  dans  une  cavité  à  parois  distinctes.  Cette  confusion  a 
des  inconvénients ,  en  supposant  même  qu*on  se  place  au  point  de  vue  exclusif 
du  diagnostic  ou  du  traitement.  Comme  notre  intention  n'est  pas  de  discuter  ici 
ce  point  de  nomenclature,  nous  suivrons  simplement  la  classification  qui  nous 
parait  la  meilleure,  sans  chercher  à  la  justifier. 

Byçramas.  Ik  répondent  aux  kystes  séreux  ou  celluleux  des  auteurs,  et, 
comme  leur  nom  l'indique,  siègent  dans  une  bourse  séreuse  naturelle  ou  acciden- 
telle. On  ne  trouve  à  la  région  inguinale  qu'une  seule  bourse  naturelle,  celle  du 
psoas,  dans  laquelle  la  sérosité  peut  s'accumuler.  Chassaignac  en  cite  un  bel  exem- 
ple (Traité  de  la  suppuration  et  du  drainage,  1859,  t.  II,  p.  387):  la  tumeur, 
du  volume  d'un  oeuf  de  poule,  siégeait  au-dessous  de  l'arcade  crurale,  au  niveau 
de  sa  partie  moyenne  ;  elle  ne  présentait  aucune  fluctuation.  Une  ponction  donna 
issue  à  un  liquide  filant,  citrin,  transparent.  Injection  iodée;  guérison.  C'est 
peut-être  à  la  même  variété  qu'il  faut  rapporter  la  collection  séreuse  inguinale 
trouvée  à  l'autopsie  d'un  vieillard  atteint  d'iuie  ancienne  affection  de  la  hanche. 
(Maisonneuve,  Coxalgie,  Thèse  de  concours,  1844,  p.  80.) 

Des  bourses  séreuses  accidentelles  se  développent  au  niveau,  le  plus  souvent  au- 
dessous  de  l'arcade  crurale,  et,  lorsqu'elles  se  remplissent  de  liquide,  forment  des 
tumeurs  qui  simuleift  ou  compliquent  la  hernie  crurale  en  particulier.  Béclard  et 
lieaucoup  d'autres  en  ont  parlé.  Quand  la  hernie  a  précédé,  ce  qui  est  le  cas  le  plus 
itxnmun,  on  s'explique  sans  peine  la  formation  de  ces  hygromas.  Les  frottements 
qui  s'esercent  sans  cesse  au  sommet  de  la  saillie  herniaire  et  la  pression  du  lian- 
dage  les  préparent,  en  creusant  dans  le  tissu  cellulaire  les  cavités  destinées  ù 
recevoir  le  fluide. 

L'cliologie  est  moins  claire  quand  il  n'existe  aucune  tumeur,  herniaire  ou  au- 
tre, car  les  bourses  séreuses  accidentelles  ne  naissent  pas  spontanément.  J'ai 
fait  quelques  observations  susceptibles  d'élucider  ces  cas  obscurs.  J'avais  vu  h 
h  Charité  une  vieille  femme  très- maigre  qui  présentait  dans  l'aine  gauche, 
au  lieu  qu'occupe  la  hernie  crurale,  une  tumeur  sous-cutanée  superiicielle,  du 
volume  d'une  noix,  un  peu  aplatie,  mobile,  indolente,  irréductible,  et  dont  la 
nature  était  facile  à  reconnaître,  car,  en  raison  de  l'amincissement  de  la  peau  et 
du  défaut  d'embonpoint,  elle  offrait  une  transparence  manifeste.  Cette  tumeur 
^'était  accrue  très-lentement,  s;uis  provoquer  le  moindre  trouble.  Jamais  de  hernie; 
aucun  bandage.  Du  côté  affecté  aussi  bien  que  de  l'autre,  ganglions  volumineux, 
durs,  roulant  sous  le  doigt  ;  je  pensai  dès  lors  qu'une  bourse  séreuse  avait  trouvé 
dans  la  présence  de  ces  ganglions  sur  un  sujet  très-émacié  toutes  les  conditioas 
de  sa  formation.  Cherchant  à  vérifier  l'hypothèse  â  l'amphithéâtre,  je  vis  deux 
fois,  dans  des  conditions  semblables,  la  &ce  antérieure  d'une  glande  inguinale  re- 
couverte par  une  bourse  lenticulaire  très-distincte.  Dans  une  kélotomie,  Pellegrini 
trouva  un  kyste  séreux  entre  la  hernie  et  une  tumeur  ganglionnaire  ancienne  ;  c'é- 
tait peut-être  un  hygroma  profond. 

Le  diagnostic  de  ces  hygromas  n'est  pas  facile,  car,  hormis  la  trausparence,  qui 
peut  manquer  ou  être  d'une  constatation  impossible,  ils  n'ont  pas  de  signes  pa- 
thognomoniques.  Ordinairement  très-consistants,  mobiles,  élastiques,  s'ils  sont 
simples,  ils  seront  confondus  avec  l'adénite  indolente  ;  s'ils  sont  associés  ù  une 
liemie  crurale,  ils  se  perdront  dans  le  reste  de  la  tumeur  et  simuleront  un  lobule 
i'piploiqne  irréductible.  Une  ponction  exploratrice,  il  est  vrai,  lèverait  les  doutes; 
mais,  outri  que  cette  petite  o|)ération  est  en  principe  cuntrc-indiquéc  dans  les 


27S  AÎNF  (pathologir). 

tnmeiii's  douteuses  du  pli  de  l'aine,  récoulement  de  sérosité  ne  distinpierait  fias 
suflisamment  l'hygroma  inguinal  des  autres  collections  séreuses  qui  peuvent  siéger 
dans  la  même  région. 

Cela  ex))lique  comment  cette  lésion  n*a  presque  jamais  été  l'objet  d*un  diagnoslir 
précis  et  spécial.  C'est  sur  le  cadavre  ou  dans  le  cours  d*une  opération  de  kéloto- 
niie  qu*on  Ta  découverte  le  plus  souvent.  Dans  le  cas  de  Manec  (Hernie  entra  If, 
thèse  de  Paris,  1826,  n^  i9i,  p.  55),  le  diagnostic  eût  été  presque  impossible  sur 
le  vivant,  car  le  kyste,  du  volume  d'une  noix,  était  engagé  dans  l'anneau  crural 
cl  ne  soulevait  pas  la  peau  d'une  manière  sensible.  It  n'y  avait  pmnt  de  hernie. 
C'est  également  h  l'autopsie  que  Pigeotte  (de  Troyes)  découvrit  un  kyste  séreux 
qu'il  prit  d'abord  pour  une  hernie  crut  aie  irréductible,  et  d'autant  plus  facilement 
(|ue,  dans  l'aine  du  côté  opposé,  existait  réellement  un  entérocèle  réductible.  Le 
kyste,  du  volume  d'une  petite  noix,  globuleux,  ovoïde,  sans  collet  ni  rétrécisse- 
ment à  sa  base,  était  dur  et  très-élastique.  Il  siégeait  au-dessous  et  vers  la  partie 
moyenne  du  ligament  de  Fallopc,  auquel  il  adhérait  par  des  iilets  cellulcux  qui 
semblaient  se  détacher  de  sa  tunique.  L'observation  est  intitulée  :  Tumeur  hyda- 
tique  simulant  une  hernie.  Mais  ce  titre  est  inexact  (Clinique  des  hùpitaux^ 
n*»  84,  et  Archives  générales  de  médecine,  1829,  1'*  série,  t.  XIX,  p.  581).  Uam 
un  fait  emprunté  à  Samuel  Cooper  par  la  Ga%ette  des  hôpitaux  (1839,  p.  181», 
le  chirurgien  opérait  une  hernie  crurale  étranglée.  Arrivé  au  faxcia  propria^  il 
tmuve  une  masse  graisseuse  renfermant  à  son  centre  une  tumeur  de  couleur 
bleuâtre,  d'aspect  lisse,  du  volume  d'une  noix,  et  que  l'auteur  compre  aux  tu- 
meurs séreuses  appelées  ganglions.  La  ponction  en  fait  sortir  de  la  sérosité  ;  en 
continuant  la  dissection,  seconde  poche  pareille  à  la  précédente.  Ces  kystes  étaient 
placés  entre  le  fasda  propria  et  le  sac  herniaire.  (Voy,  sur  ce  sujet  les  Leçons 
cliniques  de  Samuel  Cooper,  in  London  Médical  Gazette^  mars  1 859  ;  h  dernière 
édition  du  traité  de  Lawrence  sur  les  hernies;  Oiarles  Bell,  Illustrations  ofthe 
Gréai  Opérations^  p.  W .) 

J'ai  moi-même  rencontré  une  disposition  analogue  en  opérant  d'une  hernie  cru- 
rale étranglée  une  jeune  femme  assez  grasse.  Le  kyste  était  midtiloculaire  ;  il  en- 
voyait vers  l'épine  iliaque  un  prolongement  digitiforme  tout  à  fait  sous-cutané , 
rempli  d'une  sérosité  sanguinolente  assez  al)ondante,  et  qui  donnait  à  la  tumeur 
herniaire  une  forme  insolite.  Cette  configuration  irrégulière  du  kyste  empéclia  de  le 
confondre  avec  le  sac  de  la  hernie  crurale,  (|ui  était  au-dessous,  en  sa  pkce 
ordinaire.  La  malade  portait  un  bandage  depuis  plusieurs  années. 

Broca,  qui  a  bien  apprécié  la  nature  de  ces  faits,  a  publié  une  belle  observation 
de  kyste  séreux  compliquant  une  hernie  étranglée.  [Etranglement  dans  les  her- 
nies abdominales^  Thèse  de  concours,  1855,  p.  101  et  suivantes.) 

Dans  tous  ces  cas,  le  kyste,  plus  ou  moins  globuleux  et  distendu  par  le  liquide, 
rst  pré-herniaire,  c'est-à-dire  qu'on  le  rencontre  avant  d'arriver  au  sac,  sm» 
forme  d'une  poche  sans  collet  et  sans  prolongement  rétréci.  Gély  (de  Nantes)  :i 
noté  avec  soin  une  disposition  plus  embarrassante  :  il  s'agissait  d'une  heniie  cru- 
rale étranglée  qui  était  enveloppée  par  une  cavité  séreuse  contenant  peu  de  liquide 
et  intimement  unie  à  sa  circonférence  avec  le  pourtour  du  col  lierniaire.  On  crut 
d'abord  être  dans  la  cavité  du  sac,  et  l'on  prit  ce  dernier  pour  l'intestin.  De  la 
une  gi*ande  hésitation.  On  finit  par  passer  outre  et  par  ouvrir  enfin  la  ^Taie  tuni- 
que péritonéale  (Gély,  Journal  de  médecine  de  la  Loire-Infétieure,  1857. 
p.  510).  Cette  observation,  très-intéressante,  prouve  donc  qu'il  existe  deux  ta- 
riélés  d'hygi-omas  compliquant  la  hernie.  Lf»s  uns  «nnt  pré-herniaires  ju\la|«sés. 


AINE  (pathologie).  879 

Mirajoiités  ;  les  autres,  péri-hemiaires,  enveloppant  le  sac  comme  la  tunique  ragi- 

nale  euTcloppe  le  testicule. 

Bydrapisies  herniaires.  On  rencontre  dans  la  région  inguinale  d'autres  col* 
lections  liquides  qui  compliquent  ou  simulent  les  hernies  comme  les  hygromas, 
rnais  reconnaissent  une  tout  autre  origine  :  ce  sont  de  Térita1)les  épanchements 
(lans  le  sac  herniaire  vide,  déshahité,  ou  renfermant  encore  une  petite  portion 
d  n)t£Siin  ou  d'épiploon. 

La  formation  de  ces  pseudo-kystes  exige  plusieurs  conditions  :  d*abord,  et  na- 
turellement, l'existence  antérieure  d'une  hernie;  l'abandon  par  les  viscères  d'une 
partie  ou  de  la  totalité  du  sac  ;  la  transformation  de  la  partie  abandonnée  en  cavité 
cïoàB  plus  OU  moins  parfaite  par  l'oblitération  complète  ;  le  rétrécissement  très-pro- 
noncé ou  même  l'obturation  du  collet  par  une  anse  intestinale  ou  l'épiploon  étran- 
glé on  adhérent. 

Depuis  les  beaux  travaux  de  Jules  Cloquet  (Recherches  sur  les  causes  et  Vanor 
tomie  des  hernies  abdominales^concours  de  cheï  des  irayanix  anatomiques,  1819), 
on  sait  parfaitement  comment  se  produisent  ces  poches  adventices  aux  dépens  du 
sar  herniaire.  L'auteur,  en  plusieurs  endroits,  parle  de  kystes  séreux  qui  compliquent 
si  souvent  les  hernies,  et  leur  attribue  pour  origine  presque  exclusive  le  sac  ou  ses 
diverticules,  sans  nier  toutefois  qu'ils  puissent  se  former  de  toutes  pièces  dans  le 
(issu  cellulaire  extérieur  au  péritoine  ;  réserve  prudente,  car,  pai'mi  les  nombreux 
exemples  cités  dans  la  thèse,  il  en  est  quelques-uns  qui  se  rapjiortent  évidemment 
inieus^  aux  bourses  séreuses  et  à  l'hygroma  qu'à  des  appendices  péritonéaux. 

Kuhn,  de  Niederborn,  rapprte  également  au  sac  herniaire  déshabité  pendant  la 
ç'iossesse  la  formation  de  ces  pseudo-kystes;  l'observation  qu'il  cite  n'est  pas  très- 
concluante.  (Gaz.  méd.y  1859,  p.  797,  et  tia%,  hehdom.y  décembre  1864>.) 

La  négligence  du  langage  est  portée  si  loin,  que  la  dénomination  de  kyste,  à 
Uquelle  il  faudrait  conserver  un  sens  précis,  a  été  appliquée  non-seulement  à  l'ac- 
cumulation de  liquide  dans  un  sac  vide,  mais  encore  à  la  simple  exagération  d'un 
phénomène  normal  dans  l'étranglement  :  je  veux  parler  de  la  présence  d'une  cer- 
taine proportion  de  sérosité  autour  de  l'intestin  étranglé.  On  opère  une  hernie,  on 
on?re  le  sac  :  une  grande  quantité  de  liquide  s'écoule  ;  on  trouve  au  fond  une  petite 
anse  intestinale  ou  une  parcelle  d'épi ploon,  et  l'on  intitule  le  fait  kyste  inguinal. 

Les  seules  dénominations  qui  conviennent  à  ces  cas  sont  celles  d'hydropisies  ou 
^yhydrocèles  herniaires;  à  la  rigueur,  on  pourrait  utiliser  les  deux  termes:  le 
)»n^raier,  lorsque  la  cavité  renferme  en  même  temps  que  la  sérosité  une  petite  por- 
tion viscérale  adhérente,  enflammée  ou  étranglée;  le  second,  quand  la  poche  ne 
œntient  que  du  liquide. 

J'accorde  que  sur  le  vivant  il  peut  être  difficile  et  même  impossible  de  recon- 
naître Tune  ou  l'autre  de  ces  variétés,  ou  même  de  les  distinguer  des  autres  col- 
lections liquides  :  hygromas,  kystes  hydatiques,  hydrocèles  congénitaux,  tu- 
meurs enkystées  du  cordon,  etc.  Mais  cela  ne  porte  aucune  atteinte  aux  exigences 
It^^îitimcs  de  la  taxinomie  chirurgicale.  Voici  quelques  exemples  de  ces  difficultés 
(lu  diagnostic. 

Sanson  opère  une  femme  de  cinquante  et  un  ans,  affectée  d'une  tumeur  ingui- 
nale avec  symptômes  d'étranglement.  11  tombe  d'abord  dans  un  petit  foyer  puru- 
lent, puis  dans  une  poche  remplie  de  sérosité  :  est  -  ce  un  kyste?  est-ce  un  sac 
iierniaire?  Nulle  communication  avec  l'anneau  crural.  Sanson  diagnostique  un 
kyste,  et  Dupuytren  confirme;  mais,  quelques  jours  après,  un  ver  lombric  et 
(les  matières  intestinales  sortent  de  la  plaie,  une  fistule  stercorale   s'établit. 


t2X0  AINE  (pathologie). 

Les  deux  célèbres  chirurgiens  s'étaient  donc  trompés  :  le  prétendu  kyste  séreux 
u*était  autre  chose  qu*un  épanchement  considérable  dans  le  sac.  (Archives  générûlea 
de  médecine,  2«  série,  t.  Vni,p.  589.) 

Si  de  pareilles  erreurs  sont  commises  alors  que  Texistence  des  signes  de  lëtrui- 
glement  porte  le  chirurgien  à  chercher  attentivement. l'intestin,  comment  pour- 
rait-on les  éviter  quand  les  tumeurs  sont  indolentes,  fluctuantes  et  translucides? 
Gosselin  trouve  à  la  région  crurale,  chez  un  jeune  homme  autrefois  atteint  de  her- 
nie, une  tumeur  du  volume  d'un  œuf  de  poule,  régulière,  sans  bosselures,  irréduc- 
tible, avec  fluctuation  et  transparence  évidentes.  Aucune  partie  de  la  tumeur  n'est 
dure  ni  empâtée  :  ponction  avec  le  trocart.  La  sérosité  écoulée,  on  reconnaît 
distinctement  alors  la  présence  d'une  masse  épiploïquc  que  le  liquide  avait  mar- 
quée. (Ga^ite  des  hôpitaux,  i850,  p.  602.) 

Au  reste,  lorsque  l'cpanchement  séreux  siège  dans  un  ancien  sac  herniaire  ou 
dans  un  sac  diverticulaire  ayant  perdu  toute  communication  avec  la  cavité  périto- 
néale,  la  tumeur  se  présente  avec  tous  las  caractères  d'un  kyste  creusé  dans  les 
vacuoles  du  tissu  cellulaire.  Les  difTérences  résident  dans  l'étiologie  et  dans  la 
constitution  de  la  paroi;  mais  elles  ne  sont  guère  appréciables  sur  le  vivant.  Heu- 
reusement, l'erreur  a  peu  d'importance  quand  il  s'agit  de  véritables  cavilés  clo^«^ 
et  en  l'ahscncc  de  toute  complication  abdominale,  car  Thygroma  et  Thydrooèle  du 
sac  herniaire  admettent  les  mêmes  moyens  thérapeutiques  ;  seulement,  lorsqu'il 
existe  quelques  phénomènes  d'étranglement,  il  faut  redoubler  d'attention  et  s'as- 
surer  qu'au  fond  du  sac  séreux,  ou  derrière  lui,  ne  se  cache  pas  une  petite  an^e 
intestinale  qu'il  serait  dangereux  de  méconnaître. 

Autre  écueil  :  il  ne  faut  ps  prendre  pour  absolument  close  une  cavité  qui  coiu- 
munique  encore  avec  l'iibdomen  par  un  étroit  pcrtuis.  Cette  difGculté,  qui  a  éiù 
signalée  pour  Thydrocèle  congénital,  existe  également  pour  l'hydropisie  du  sac 
herniaire,  comme  le  prouve  un  fuit  rapporté  par  Houêl  :  un  sac  de  hernie  cniink' 
trouvé  dans  une  dissection  présentait  le  volume  d'une  {letite  orange  ;  il  tenait  en- 
core au  péritoine  par  un  pédicule  fibreux  dans  lequel  on  pouvait  introduire  un 
stylet,  et  cependant  on  ne  parvenait  point  à  réduire  le  liquide  {Bulletins  delà  So- 
ciété anatomiqu:e,  1846,  t.  XXI,  p.  169).  On  comprend  quelles  précautions  il 
faudrait  prendre,  si  l'on  traitait  de  semblables  tumeurs  (lar  les  injections  irrilantt^. 
Le  mieux  serait  {leutrétre  d  abandonner  cette  métiiode,  qui  deux  fois  au  moins 
semble  avoir  causé  la  mort.  (Bernutz,  Recherdies  sur  les  liernies  graisseuses. 
Thèse  inaugurale,  1846,  p.  62.) 

Hacil^ain  (Archives  générales  de  médecine,  o**'  série,  t.  Il,  p.  480)  a  trouvé  au- 
devant  d'une  hernie  crurale  étranglée  une  poche  remplie  de  liquide  qui  donn.iit 
ù  la  tumeur  une  forme  particulière,  et  qui  dépendait  suivant  lui  du  sac  modifie 
par  l'usage  du  bandago. 

L'épanchement  de  sérosité  dans  la  cavité  centrale  d'une  hernie  graisseuse  (\Vi- 
peau,  Dictimnaire  en  M  vol.,  t.  I,  p.  211)  n'est  qu'une  variété  de  l'hydrocèle 
herniaire. 

lios  bourses  séreuses  simples  ou  consécutives  aux  hernies,  les  sacs  herniaires 
primitifs  ou  diverticulaires  plus  ou  moins  isolés  du  péritoine,  en  un  moi  toat«*s 
les  cavités  closes  à  parois  séreuses  du  pli  de  l'aine  peuvent  s'enflammer  :  la  scro* 
site  est  alors  remplacée  par  un  liquide  mélangé  de  pus  et  de  fausses  membranes. 
C'est  ce  qui  existait  dans  le  r>;is  que  Robert  diagnostiqua  avec  sagacité  :  il  s'agir 
sait  d'un  sac  inguinal  vide  qui  devint  douloureux  au  toucher.  L'ouverture  laissa 
iVouleruii  fluide  jaune  citrin,  nH^iaii^^é  de  flocons  aihumineux.  Iji  |)aroi  éuit  lj- 


AINE  (pathologie).  ^81 

pissée  de  fausses  membranes  récentes  :  c*6tait  donc  une  péritonite  d^unsac  lier- 
niaire  déshabité  (Gazette  des  hôpitaux,  1846,  p.  575).  L*étude  de  ces  faits  dif- 
liriles  sera  mieux  placée  à  propos  des  abcès  simulant  les  hernies  étranglées.  Nous 
n'insistons  pas,  ne  voulant  point  iaire  ici  Thistoire  complète  de  Thydropisie  du 
$ae  herniaire. 

Eydrocêles  enkystés  du  cordon  spermatique.  Un  autre  appendice  du  péri- 
toine, le  canal  de  Nuck,  sert  encore  de  réceptacle  à  des  collections  séreuses  qu'on 
désigne  justement  sous  le  nom  d'hydrocèle  enkysté  du  cordon.  Elles  appartien- 
nent en  effet  aux  affections  de  ce  dernier  organe  ;  aussi  ne  faisons-nous  que  les 
indiquer,  sans  rappeler  le  mécanisme  bien  connu  de  leur  formation.  Par  leur 
sié^e,  leurs  rapports,  la  nature  de  la  paroi  et  du  contenu,  ces  pseudo-kystes  se 
rapprochent  beaucoup  de  Fhydrocèle  congénital.  On  les  trouve  sur  tout  le  trajet 
du  cordon  spermatique,  tantôt  accolés  à  sa  portion  verticale,  auquel  cas  ils  doivent 
être  étudiés  avec  les  tumeurs  des  bourses,  tantôt  renfermés  dans  l'intérieur 
même  du  canal  inguinal,  ou  plus  ou  moins  engagés  dans  Tanneau  du  grand 
oblique.  C'est  alors  que  le  diagnostic  peut  être  difficile  et  que  l'erreur  est  facile  à 
iDOimettre.  De  telles  tumeurs  sont  presque  invariablement  prises  pour  des  her- 
nies, parce  que  la  laxité  du  tissu  cellulaire  qui  les  entoure  leur  pennet  dëtre  ré- 
diiftifales  cx)mme  le  bubonocèle.  Boyer  cite  un  cas  de  ce  genre. 

U  forme  globuleuse  ou  ovoïde,  Tabsence  de  pédicule  supérieur,  la  c>onsistancc 
tits-grande,  l'élasticité  sans  fluctuation,  Tindolcnce  à  la  pression  ou  TiiTadiation 
(ie  la  douleur  jusqu'au  testicule,  l'absence  d'expansion  par  la  toux  et  de  gargouil- 
lement par  la  réduction,  serviraient  à  établir  le  diagnostic.  Je  ne  parle  pas  de  la 
(rnnsparence,  bien  rarement  appréciable  quand  la  tumeur  est  petite  ou  profonde. 
Il  n'existe  dans  la  science  qu'un  petit  nombre  d'observations  d'hydrocèles  enkystés 
(In  cordon  siégeant  dans  le  canal  inguinal  ;  cependant,  on  en  trouvera  des  exemples 
anx  sources  suivantes  :  Astley  Coeper,  Œuvres  chirurgicales^  traduction  française 
'obs.  CDXXXI,  (DXXXIl);  Malgaigne,  Tumeurs  du  cordon  spermatique  y  p.  IT»; 
(Jiriingy  Maladies  du  testicule,  trad.  française,  1857,  p.  215.  C'est  à  la  mémo 
uriété  morbide  que  parait  se  rapporter  une  observation  ancienne  de  James  Bowen  : 
Arcount  ofa  Singular  Tumour  in  the  Groin,  removed  inj  Extirpation  (Médical 
Ommentaries,  1785,  t.  IX,  p.  233).  Dans  le  cas  de  Henkel,  rappelé  par  Bérnnl 
'^n.Aine,  p.  46),  il  y  avait  trois  collections  séreuses  du  même  côté,  l^hydrocèle  do 
la  tunique  vaginale,  2^  tumeur  aqueuse  à  la  partie  postérieure  du  cordon  s|)erma< 
ûque;  3°  enfin  tumeur  «nqueusedans  le  tissu  cellulaire  extérieur  au  péritoine  trn* 
versant  le  canal  inguinal  et  faisant  saillie  à  l'anneau. 

Il  existe  chez  la  femme  des  tumeurs  analogues  qui  ont  été  décrites  en  particu- 
lier par  les  chirurgiens  italiens.  On  doit  en  admettre  deux  variétés  :  la  première 
>iége  dans  l'intérieur  même  du  canal  inguinal,  et  il  est  probable,  par  conséquent, 
quelle  occupe  les  vestiges  du  canal  deNuck.  Monteggia,  qui  aflirme  l'avoir  ren- 
«entrée  plusieurs  fois  chez  de  très- jeunes  enfants,  lui  attribue  sans  hésiter  cette 
•trigine.  Yelpeau  en  signale  brièvement  un  cas  (RechercJies  sur  les  cavités  closes^ 
»M  Annales  de  la  chirurgie  française  et  étrangère,  t.  Vil,  p.  428).  Des  oteerva- 

tioiisplus  explicites  .seraient  fort  utiles, 
b  deuxième  variété  se  montre  à  la  partie  interne  de  la  région,  entre  l'anneau 

1%'uinal,  où  la  tumeur  s'engage  partiellement,  et  la  grande  lèvre,  dans  laquelle 

lij  poclie  pénètre  plus  on  moins  profondément.  C'est  à  cette  variété  qu'appartien- 

•Kutlcs  faits  de  Desault  (Journal  dechii^rgie,  1791,  t.  I,  p.  252),  de  Palettaet 

•le  Sacrhi.  Il  serait  possible  cependant  que  deux  des  c^s  relatés  par  ce  dernier 


282  AINE  (patholocif). 

se  rapportassent  à  des  hydropisies  d'anciens  sacs  herniaires,  comme  ceux  de  Rem- 
ming  et  d'Abeille  (Boinet,  lodothérapie,  i855,  p.  267  et  277).  D'après  Horpaiii. 
ces  collections  siégeraient  dans  le  sac  dartoîque,  bien  décrit  par  Broca,  et  repréï«Q- 
teraient  chez  la  femme  l'analogue  de  Thydrocèlo  vaginal  de  Thomme.  On  tnnh 
vera  les  éléments  de  cette  étude  dans  le  mémoire  de  Sacchi  (De  Vhydrocile  ie  la 
femme^  in  Archives  de  médecine ,  \^7^\,  {^  série,  t.  XXVÏ,  p.  o74)eidaDN|j 
thèse  de  Horpiiin  (Études  anatomiques  et  pathologiques  de^  grandes  lèvres^  Paris. 
i852,  p.  41).  Dans  les  deux  sexes,  l'hydrocèle  enkysté  est  toujours  placé  au •de«>ii« 
du  ligament  de  Fallope.  C'est  un  élément  de  diagnosti(\ 

Kystes  hydatiques.  On  trouve  dans  les  auteurs  un  certain  noYnbre  d'obseru* 
tions  intitulées  :  Hydatides  de  la  région  inguinale,  et  qui  ont  trait  à  des  h}^n)' 
mas,  à  des  hydropisies  du  sac  herniaire,  etc.  Cependant,  il  existe  aussi  un  certain 
nombre  de  cas  où  des  kystes  remplis  d'échinocoques  se  sont  montrés  au  pU  de 
l'aine.  Le  siège  différent  permet  d*admettre  trois  variétés  : 

i°  La  tumeur  inguinale  n'est  que  l'expansion  d'une  coUectbn  hydatique  àhe- 
loppéc  dans  le  bassin.  Dnns  le  lait  de  Fricke,  un  grand  nombre  de  poches  (xyu- 
pient  le  bassin,  la  hanche,  la  partie  supérieure  de  la  cuisse,  la  fosse  iliaque  in- 
terne, le  voisinage  de  l'épine  iliaque  antéro-su|)érieure  ;  la  cavité  cotyloîde,  la 
bourse  séreuse  du  psoas  étaient  remplies  d'hydatides  ;  la  branche  liorisontale  du 
{uibis  était  elle-même  profondément  excavée.  Tout  était  Ijorné  au  côté  droit.  Du 
reste,  nulle  douleur  ;  un  peu  de  gène  seulement  dans  la  marche.  On  avait  cm 
à  un  abcès  symptomati(|ue  d'une  carie  articulaire.  L'autopsie  seule  révéla  la  m- 
ture  du  mal.  (Archiveji  générales  de  médecine,  3*  série,  1839,  t.  VI,  p.  .i95.i 

Malgaigne  a  disséqué  un  kyste  hydatique  du  volume  du  poing,  développé  der- 
rière le  pubis  et  envoyant  un  prolongement  dans  le  scrotum  à  travers  le  canal  in- 
guinal, par  une  éraillure  du  fascia  transversalis  et  au  côté  interne  du  cordiNi. 
(Cordon  spermatique,  Tlièse  de  concours,  p.  26.) 

Dans  une  observation  de  Perrin,  le  kyste,  parti  du  bassin,  faisait  saillie  a  l'b^- 
{logastre  et  non  au  pli  de  l'aine  ;  mais  il  avait  par  pression  chassé  la  vessie  à  tra- 
vers le  canal  inguinal  jusque  dans  le  scrotum.  La  tumeur  simulait  parfaitement 
une  hernie  ordinaire.  (Bulletin  de  la  Société  de  biologie,  1853,  t.  V,  p.  155.i 
2*»  liC  kyste  a  pris  naissance  dans  la  région  même.  En  voici  quelques  exemples. 
Weruer  a  rencontré  dans  un  kyste  situé  à  la  partie  supérieure  de  la  cukv* 
d'une  femme  de  trente-quatre  ans  plus  de  quarante  hydatides  de  la  grosseur  irun 
[)ois  à  celle  d'un  œuf  de  pigeon.  La  tumeur  avait  été  prise  pour  un  abcès,  (ha- 
vaino,  Entozoaires,  p.  446.) 
L'observation  de  Degner  a  été  cité  déjà  à  l'article  Abdombn  (t.  1«%  p.  185). 
«  Un  bol  exemple  de  cette  maladie,  dit  Al.  Monro,  est  conservé  dans  le  cabiirt 
de  mon  père  :  un  sac  du  volume  d'un  œuf,  contenant  une  quantité  d'hydatides. 
fut  enlevé  delà  partie  sui^rieurc  et  interne  de  la  cuisse  ;  il  aurait  pu  facile iu(*ut 
<^tre  pris  pour  une  hernie.  »  (On  Crural  Hemia,  Edinburgh,  1805,  p.  80.) 

Dupuytren  a  eu  l'occasion  de  diagnostiquer  une  tumeur  de  ce  genre  que  l'on 
prenait  pour  une  hernie  crurale.  Une  partie  de  la  tiuneur  disparaissait  parla  \ni>. 
sion  ;  l'autre  restait  au  dehors.  La  fluctuation  était  sensible.  A  la  lumière  artiti- 
cielle  la  tumeur  était  transparente.  Dupuytren  conclut  que  c'était  un  kyste:  l'ou- 
verture donna  issue  à  de  la  sérosité  avec  des  hydatides.  La  poche  fut  remplie  d«* 
charpie.  Guéri>on.  (Mavré,  Thèse  inaugurale,  p.  13.  Paris,  1831.) 

Guyon  a  rencontré  a  l'amphithéâtre  un  kyste  du  volume  d'un  petit  œuf  de  |iouli*« 
développ;'*  primitivement  dans  l'intérieur  même  du  canal  inguinal  gauche,  et  qui 


AINE  (patholocir).  2S5 

i^itdeTaiu  sous-cutané  en  éraillant  l'aponévrose  du  grand  oblique.  Nulle  adhé- 
n'Dce  solide  avec  les  parois  du  canal  ni  avec  le  ligament  rond,  qui  était  situé  en 
dessous  et  en  bas.  L'enveloppe  était  épaisse  et  incrustée  de  sels  calcaires.  Le  sujet 
.'tait  une  femme  de  trente  à  quarante  ans.  {Bulletins  de  la  Société  anatomique, 
^  série,  novembre  1861,  t.  VI,  p.  583.) 

Pasturel  a  publié  avec  détail  une  observation  très-instructive  :  Jeune  cultivateur 
à^é  de  dix-huit  ans,  bien  constitué.  Sans  cause  connue,  apparition  dans  Taine 
d'une  tumeur  qui,  en  quelques  mois,  acquiert  le  volume  du  poing,  molle,  fluc- 
tuante, bosselée,  irréductible,  ovale,  parallèle  à  Tarcadc  crurale  et  semblant  ar- 
(vmpagner  le  cordon  spermalique.  Ponction  qui  donne  issue  à  un  licfuide  opaque, 
pone.  A  Taide  de  la  palpation  et  de  lauscultation,  Pasturel  diagnostique  à  Tavance 
b-présence  des  hydatides.  Lcirge  incision  ;  résection  partielle  du  kyste,  qui  est 
i^ et  fibreux.  Une  centaine  d'acéphalocystcs  adhéraient  à  la  face  interne.  Guéri- 
don {Gazette  des  hÔpitaiiXy  i860,  p.  414).  Voir  encore  Bertherand  {Gaz.  méd.  de 
f.iliférie^  4862,  p.  75);  une  ol)servation  sans  nom  d'auteur  dans  les  Archives  de 
Ungenbeck^  1862,  t.  III,  p.  204;  une  autre  mention  anonvme  dans  la  Gaz.  méd. 
.ifPar«,  4846,  p.  778. 

r»'  Enfin  les  hydatides  peuvent  se  développer  dans  l'épiploon  hernie.  Les  faits 
^ui^e  rapportent  à  cette  dernière  catégorie  sont  déjà  fort  anciens  et  quelque  peu 
•^jwiToques  ;  cependant  nous  croyons  devoir  les  mentionner.  Le  plus  célèbre  est 
•  *iui  d'Arnaud.  C'est  Ledran  qui  diagnostiqua  les  hydatides  de  1  epiploon  ;  mais  le 
récit  n'en  apprend  pas  davantage.  {Recherches  sur  les  hernies,  4768,  p.  ôiiS.) 
Le  mémoire  de  Pipelet,  Sur  la  ligature  de  l'épiploon  [Académie  de  chirurgie, 
-.  III,  p.  404),  renferme  un  cas  de  Lamorier  plus  concluant,  mais  qui  n'appartient 
{•.Isa  notre  sujet.  La  tumeur,  siégeant  dans  les  bourses,  fut  prise  pour  un  hydro- 
•^If;  rincisioil  montra  qu'elle  était  formée  par  l'épiploon  rempli  d'hydatides. 

Kystes  f(tt4iux  et  dermoides.  Chez  un  très-jeune  enfant,  on  observa  une  tumeui* 
infiuinale  qui,  dans  la  suite,  devint  scroLile,  et  qui  renfermait  des  débris  de  fœtus  : 
'  »'bil  une  inclusion.  (Vernouil,  Inclusion  scrotale  et  testicxdaire.  Archiver  de 
atMecine,  juin  4855.) 

Peut-être  faut-il  attribuer  la  même  origine  ou  ranger  parmi  les  kystes  der- 
\mdci^  un  fait  de  Macilwain  :  Jeune  homme  atteint  d'une  tumeur  inguinile  éten- 
'iik*  des  vaisseaux  fémoraux  au  cordon  testiculaire,  dure,  douloureuse,  parvenue 
Micttssivement  du  volume  d'un  pois  à  celui  d'un  gros  œuf.  Le  kyste  fut  enlevé  : 
il  rf'Tifermait  une  masse  composée  de  parties  osseuses  cornées  et  crétacées  (Bérard, 
\m:,  p.  55). 

J'ai  trouvé,  chemin  faisant,  d'autres  observations  de  tumeurs  Hquides  enkystées 
{«rvenues  à  un  très-grand  volume,  et  auxquelles,  faute  de  renseignements,  il  est 
iinpo6siblc  d'assigner  un  point  de  départ  précis  ;  où  localiser  par  exemple  cet 
t'-ni^rme  kyste  observé  par  Luke,  qui  faisait  au-dossous  de  l'arcjule  crurale  une 
^illie  du  volume  d'une  orange,  et  remontait  d'autre  part  dans  l'abdomen  jus- 
»|u'à  l'ombilic.  11  renfermait  un  liquide  brunâtre,  semblable  h  du  bouillon  de  bœuf 
t(  mélangé  de cholestérine.  I^a  malade  ayant  guéri,  on  ne  peut  faire  que  des  hypo- 
thèses sur  le  siège  primitif  du  mal  {Annales  de  la  chirurgie  française  et  élran- 
u'ére^  t.  Il,  1844,  p.  505).  J'en  dirai  tout  autant  d'un  kyste  de  l'aine  qui  renfer- 
mait cinq  pintes  de  liquide,  et  que  Marteu  observa  sur  un  forgeron  de  soixante  ans. 
If  début  remontait  à  un  an  ;  la  tumeur,  indolente,  d'un  très-petit  volume,  était 
if-vt^  stationnaire  pendant  près  de  neuf  mois  ;  puis,  dans  son  accroissement  rapide, 
vWe  s'était  étendue  à  la  cuisse  et  dans  la  fosse  iliaque,  faisant  au-dessus  des  parties 


284  AINE  (patuologir). 

voisines  une  saillie  de  6  a  7  centimètres  ;  lisse,  tendue,  élastique,  sans  fluduatioii. 
sans  transparence,  sans  battement,  sans  souille,  elle  ne  ressemblait  ni  à  un  ak^ 
par  congestion,  ni  à  un  anévr^sme,  ni  a  une  bernie.  Le  diagnostic  de  kyste  sénu\ 
lut  porté,  par  exclusion  sans  doute.  La  ponction  fut  refusée.  Plus  tard,  un  chinir* 
gien  fendit  la  poebe,  qui  suppura.  Hort  deux  joiu^  après.  (Gazette  médicale, 
i840,p.  780.) 

Le  Fort  a  observé  (communication  inédite)  deux  cas  de  kystes  volumineux  dé\'- 
loppés  à  la  partie  antéro-interne  de  la  cuisse,  et  ayant  par  leurs  progrès  envahi  b 
région  inguinale.  Tous  deux  avaient  le  même  siège  ;  répondant  à  la  partie  supé- 
rieure des  adducteurs,  ils  avaient  commencé  par  de  petites  tumeurs  iDdolente>. 
mobiles,  assez  distantes  de  Tarcade  cnirale,  et  avaient  acquis  des  dimensioib  con- 
sidérables, sans  dépasser  toutefob  le  ligament  de  Fallope.  Ils  renfermaient  nu  li- 
quide séreux,  citrin,  sans  mélange. 

il  s*agit  évidemment  d'une  forme  particulière  de  kystes  ;  mais  j*avoue  n'en 
point  soupçoimer  l'origine.  Le  Fort  incline  à  croire  qu'ils  se  sont  primitiveœHil 
développés  dans  les  ganglions  lympbatiques,  et  qu'ils  constituent  de  vrais  k^^ti*^ 
glandulaires  remplis  de  lympbe  modifiée.  Depuis  longtemps  déjà  on  a  admis  cetk 
espèce  pathologique,  qu'on  a  décrite  dans  diverses  régions,  au  cou  et  à  rat«clW. 
Vei|)eau  s'exprime  ainsi  à  ce  sujet  :  a  J'ai  vu  dans  l'aine  et  daas  la  fosse ilia<jii( 
(les  collections  de  pus,  de  sérosité  et  môme  de  sang,  qui  semblaient  s'être  creiw* 
une  cavité  close,  sous  l'influence  d'un  travail  maladif,  dans  quelques  gan^^lioib 
lymphatiques.  Deux  fois  des  collections  de  ce  genre  établies  dans  le  creux  incli- 
nai, ayant  acquis  le  volume  d'un  œuf  ou  du  {oing,  ont  été  traitées  par  rinjeclh'ii 
iodée,  comme  s'il  se  fût  agi  d'un  bydrocèle  simple,  et,  dans  les  deux  ras,  It- 
résultai  a  été  aussi  satisfaisant  ()ue  dans  les  hydrocèles  enkystés  du  cordon. 
Un  jeune  bomme  était  tourmenté  depuis  plusieurs  mois  par  une*  tumeur  g.ui- 
gliounaire  qui,  du  pli  de  l'aine,  s'était  étendue  denièrc  le  ligament  de  Poupart. 
puis  était  devenue  fluctuante.  Boinet  retira  par  la  ponction  un  verre  de  sérn^itr 
et  injecta  de  l'iode.  Guérison  rapide.  »  [Recherches  sur  les  cavités  closeSy  in  Ah- 
noies  de  la  chirurgie  frafiçaise  et  étrangère,  184?),  t  VII,  p.  428.) 

Sans  nier  l'existence  de  ces  kystes  ganglionnaires,  je  crois  que  leur  admis<iuii 
exi^^e  un  supplément  de  preuves  tirées  surtout  de  la  dissection,  de  i'anahst' rlu- 
mique  du  fluide,  olde  l'examen  bistologique  de  ce  fluide  et  de  la  paroi.  J'ai  \\i  jii 
tiers  supérieur  de  la  cuisse  une  collection  séreuse  profonde  dès  le  début,  saiisc^Mi- 
uexion  possible  avec  les  ganglions  lympbatiques,  et  qui,  par  ses  dimensions  etb 
nature  de  son  contenu,  se  rapportait  parfaitement  aux  aïs  que  je  viens  de  si^aiit*r 
Je  n'ai  pu  lui  assigner  nulle  origine,  nulle  étiologie  incontestables. 

Les  pseudo-kystes  compliquent  parfois  les  néoplasmes.  Follin  et  Al.  Foumier  k« 
ont  rencontrés  au  centre  de  ganglions  inguinaux  envahis  par  une  infiltration  é|!ttlit- 
liale.  Dans  un  cas  d'enchondrome  inguinal  observé  par  Letenneur,  la  surface  dt*  U 
tumeur  oflrait  des  bosselures  molles  d'où  la  ponction  rôtirait  une  matière  liquitlr 
J'ai  parlé  plus  haut  de  la  transformation  de  la  cavité  du  bubon  en  hémalocèle  à  !> 
suite  de  tentatives  infructueuses  de  traitement  abortif  ;  dans  les  mêmes  ciixxHi&lanci  ^. 
l(*s  globules  purulents  de  l'abcès  ganglionnaire  disparaissent,  la  tumeur  reste  4a- 
lionnaiie,  mais  ne  renferme  plus  que  de  la  sérosité  filante  analogue  à  b  huii^i* 
plastique. 

Vax  résumé,  le  diagnostic  des  collections  séreuses  du  pli  de  l'aine  est  sou^eiii 
lr(*s-obscur  et  ne  se  porte  que  pai*  élimination.  La  fluctuation  n'a  qu*une  \jlitii 
béniéiotogique   médiocre;  la  transparence  ni;inqne  souvent  et  ne  fait  puint  i*- 


ÂiNE  (pathologie).  ^j:;5 

cflunaitre  les  variétés.  La  pooction,  donnant  issue  à  un  liquide  citrin,  serait  plus 
tldûsiTe;  mais,  pour  la  pratiquer  il  faut  déjà  soupçonner  la  nature  de  la  tumeur, 
(iuant  au  frémissement  hydatique,  il  est  bien  rarement  perceptible,  et  peut  d'ail- 
icors  être  simulé  par  diverses  conditions  de  la  paroi  kystique.  Ces  considérations, 
(i  d'autres  encore  que  je  passe  sous  silence,  expliquent  pourquoi  les  tumeurs 
séreuses  inguinales  ont  été  et  sont  encore  si  souvent  Tobje.  d*en*cui*s  de  dia- 
^tic. 

Tumeurs  graisseuses,  lipocèles,  lipames,  hernies  graisseuses.  On  trouve 
iim  souvent,  dans  le  pli  de  l'aine,  des  tmneurs  composées  histologiquement  par 
je  (issu  adipeux  plus  ou  moins  pur,  et  auxquelles  en  conséquence  on  pourrait 
(ionner  le  nom  générique  de  lipocèle  ou  d'adipomes,  si  l'on  prenait  la  structure 
foor  base  unique  de  classification.  La  création  de  ce  genre ,  qui  comprendrait 
le  lipome  sous -cutané,  l'épiplocèle  adhérent  et  les  hernies  graisseuses,  parait 
justifiée  aux  yeux  du  clinicien  :  par  la  similitude  de  certains  caractères  physiques, 
oioliesse,  surface  in^le  et  bosselée,  in*éductibilité,  indolence  complète  au  tou- 
rher;  —  par  la  possibilité  de  voir  l'inflammation  de  ces  tumeurs  donner  naissance 
i  des  symptômes  locaux  et  généraux  qui  simulent  l'étranglement  herniaii-e;  —  en- 
liii,  par  la  difficulté  qu'on  éprouve  à  distinguer,  en  certains  cas,  ces  variétés  les 
Qn£s  des  autres. 

Mais,  d'autre  part,  si  l'on  tient  compte  de  l'origine,  des  causes,  du  siège  de  ces 

tumeurs,  on  constate  des  dissemblances  si  radicales,  qu'on  renonce  à  établir  entre 

«^l»  un  rapprochement  forcé.  En  eifet,  le  lipome  sous-cutané  appartient  seul  aux 

liktions  intrinsèques  de  la  région.  L'épiplocèle,  hernie  véritable,  n'a  rien  de  corn- 

:i«iin  avec  les  autres  tumeurs  adipeuses.  I..es  hernies  graisseuses  enfin,  sur  l'origine 

(ie^qnelles  on  a  tant  disputé,  comprennent  deux  espèces  morbides  tout  à  fait  dif- 

l^rmies.  Les  unes  se  forment  certainement  à  la  manière  dès  hernies  ordinaires  })ur 

expulsion  lente  ou  brusque  du  tissu  graisseux  sous-péritonéal  au  dehors  et  à 

ira^fTs  les  orifices  apoiiévit>tiques  ;  on  pouiTait  les  nommer  Hpocèles  migrateurs. 

Ij"^  autres  lipocèles  hei^niaireSy  consécutifs  à  des  hernies  réduites  dont  ils  con- 

>tituent  le  dernier  stade  et  occupent  la  place,  se  foiiuent  par  l'accumulation  de 

bénisse  à  V  extérieur  A*  nn  sac  herniaire  vide,  plus  ou  moins  reconnaissable  dans  la 

'lite,  et  parcooséquent  obéissent,  dans  leur  développement,  à  une  loi  organique  toute 

ïpérjale.  De  quelque  point  de  Tue  qu'on  se  place  pour  tracer  des  divisions  dans  le 

Mijet,  on  éprouve  de  l'embarras  et  on  ne  saurait  choisir  de  meilleur  exemple  pour 

montrer  combien  sont  difficiles  et  artificielles  les  classifications  de  la  pathologie 

l"p"graphique. 

(faoi  qu'il  en  soit,  disons  quelques  mots  de  ces  divei'ses  variétés. 

U  lipome  vrai  du  tissu  cellulaire  sous-cutané  semble  fort  rare.  Gliassaignac 

rriKoatre  une  tumeur  qui  partait  de  l'aine  pour  se  prolonger  dans  le  scrotum  ; 

tnHiipé  par  une  fausse  fluctuation,  il  incise  et  reconnaît  la  stinicture  du  lipome 

^Mlde  la  Société  de  chirurg,,L  IX,p.  529;  1857).  C'était  dans  le  tissu  cellulaire 

^Hi^|)éritonéal  de  la  losse  iliaque  que  s'était  développé  l'énorme  lipome  observé 

i'»r  Broca,  et  déjà  cité  dans  ce  recueil.  Abdomen,  t.  ^%  p.  189.  Enfin,  si  Lisiranc 

'*  s'est  pas  trompé  sur  l'origine  et  la  nature  de  la  tumeur,  il  aurait  eu  affaire  à 

lu)  lipome  sous-aponévrotique  de  la  région  crurale.  (Gaz. médicale ,  1856,  p.  28.) 

L'épiplocèle  irréductible  est  en  général  facile  à  reconnaître  à  sa  mollesse,  à  sa 

Mne,  à  sa  consistance  inégale,  etc.  La  connaissance  des  antécédents  aide  surtout  le 

'iiagnostic,  mais  il  est  possible  pourtant  de  le  confondre  avec  les  hernies  gi-ais- 

seuses;la  méprise  a  lieu  plus  d'une  fois.  Au  reste  elle  a  peu  d'inconvénients  quand 


^96  AINK    (patuologib). 

U  Uiiiieui  o>i  liitluieiilL'  et  lie  provoque  point  d'nccideiiU.  Une  erreur  iii  k  f ois  i»lu> 
^t-a^e  et  p4U^  tiiltiiile  à  éviter  consiste  à  prendre  pour  une  hernie  étranglée  uti  «''}h- 
pWèlo  ou  uue  lieinie  gniisseuse  envahis  par  l'inflamnialion.  L*in'adiatioii  delà  iihk-::- 
uiafrio  jitM(u'au  péritoine  pourrait  iaire  naître  les  principaux  symptômes  de  rélnn* 
;;lett(eut.  Nou;^  ue  |iouvons  qu'indiquer  ici  ces  dillicultés  et  renvoyer  aux  ailirli^ 
Ki*ii»LocbLK,  IUrme,  HerxMes  guaisseuses.  Toutefois,  }x>ur  ce  qui  regarde  («^ 
iliiuiii-es,  nous  reconnnandons  la  lecture  d'un  article  substantiel  de  fiennitz  {\(m- 
vtaulHct,  de  médec.  et  dechirurg.  jn^atiq.,  J.  B.  Baillière,  1864,  art.  Abdmiu, 
l.  1%  pu^'e  97),  sui\i  d'ailleurs  d'un  index  bibliographique  très-riclie,  auquel  il 
(viivieiit  |)ourtant  d'ajouter  au  moins  le  travail  de  Tigri,  sur  la  tienne  inguituilf 
graisseuse  (Ann.  univer.  di  tnedic,  avril  1853,  p.  129.)  L*auteur  italien  inih 
lient  )  opinion  déjà  formulée  par  Vel|)eau  et  Bigot,  et  s'il  se  montre  trop  eicluai. 
au  moins  il  fournit  à  cette  théorie,  vivement  combattue  par  Benmtz,  des  argumnit* 
de  faits  qui  paraissent  concluants.  {Gaz.  hebdomadaire^  1. 1«^  p.  45;  1853.) 

Il  laul  encore  ranger  dans  la  même  classe  des  observations  dont  le  titre  dêlVi- 
lueux  ierait  méconnaître  la  vraie  nature,  telles  :  celte  tumeur  stéatomaieuse  doiM 
|Hirle  Astley  G)oper  (édit.  françiiise,  p.  30 i)  ;  puis  cette  tumeur  sarcomataiv. 
opérée  par  Sanson,  et  (]ui  n'était  autre  chose  qu'une  hernie  gniisseuse  avec  hydr*- 
pisie  (x^ntrale  [Ga%.  miuL,  1831,  p.  206);  probablement  aussi  une  tumeur  ^iliiô 
au-devant  et  dans  rintériem*  du  canal  crural,  qui  fut  prise  pour  uueh:niic  étrair 
glée  et  opérée  connue  telle  ])ar  Cari  Ileller,  de  Stuttgart,  alors  que  les  aa-ideoL* 
étaient  dus  à  une  entérite.  Cette  observation  a  ionrni  à  Heller  le  sujet  d'uii  mt'^ 
moire  intéressant  sur  le  diagnostic  de  la  hernie  étranglée  et  des  tumeurs  «pu  h 
simulent.  11  y  admet,  en  s'appuyaut  sur  les  plissages  de  Lawrence  etde  J.  Cloquei. 
nue  variété  ([ui  ne  me  prait  pas  suiiisamnient  démontrée,  mais  que  je  dois  sigiuki. 
il  croit  ({u'mie  hernie  épiploïque,  existant  depuis  longtemps,  peut  se  ^egmeiitt*.' 
la  poition  adhérente  contenue  dans  le  sac  se  séparant  à  la  longue  du  reste  de  Ir^} 
ploon  et  lorniant  ainsi  dans  l'anneau  crural  une  tumeur  isolée.  (Merkwûrdiger  tnll 
einer  hrudiartigen  Gesdiwulst  vor  und  in  dem  Sciienkelving,  etc.;  in  JaurnAi 
der  Chirurgie^  de  Graefe  et  Walther,  1853,  t.  XX,  p.  389.) 

Tumeurs  gommeuses.    Malgré  leur  extrême  rareté,  elles  méritent  d*ètre  uie»- 
tionnées,  à  cause  des  erreurs  de  diagnostic  dont  elles  pouiTaient  être  1  olijet.  Rii^) 
en  a  observé  quelques  exemples,  soit  au  scrotum  sur  le  trajet  du  cordon  (Malgai^ti* . 
Cardon  spermatiqiie,  p.  37),  soit  à  la  région  inguinale  elle-même.  (Sarrho^«  h 
la  syphilis  primitive,  Thèse  de  Paris,  1855,  n?  174,  p.  80).  Azam,  de  son  u*û. 
en  a  pubUé  un  cas  (Thèse,  p.  9.)  J'ai  moi-même  examiné  la  structure  d'une  tu- 
meur du  cordon,  qui  fut  présentée  en  1 856  à  la  Société  analoniique,  par  Llioniicur 
Au  moment  de  son  plus  grand  développement,  la  masse  morbide  du  volume  tk*^ 
deux  pings,  dure,  lardacée,  occn])ait  le  scrotum  et  remontait  le  long  du  itiidoii 
jusque  dans  la  fosse  iliaque;  elle  était  le  siège  de  douleurs  sourdes  avec  exaceriation 
aussi,  comme  le  malade  niait  tout  antécédent  svpliilitique,  on  piisa  à  un  canct^r.  L 
tumeur  dimimia  nobddement  dans  la  suite,  mais  le  sujet  succomlia  a  des  ncrtdoiii* 
cérébraux.  A  rauto[isie,  le  cordon  semblait  infiltré  do  graisse  etde  tissu  libreux.  ()« 
aurait  pu  prendre  cette  stiljstance  fMiur  du  cancer,  mais  le  suc  exprimé  était  niti^n*- 
ment  composé  de  cystoblastions,  et  je  me  prononçai,  d'après  ce  airactère,  pour  nv 
tumeur  gommeuse.  Une  production  psueille  occupait  la  paroi  antérieure  de  lonrilMt' 
droite.  L'intérêt  de  ce  fait  réside  dans  la  diminution  survenue  dans  une  tumeu 
réputée  cancéreuse.  {Bullet,  de  la  Soc,  anatom.^  2»  série,  t.  I'%  p.  12;  185ti  • 
I^s  gommes  inguniales  ])ctivent  se  rencontiTr  à  deux  étiits,  sous  forme  o- 


AINE  (pathologie).  287 

tiimeursou  d'ulcères.  Uaiis  le  cas  d'Azum,  lu  lunieui*  indolente,  eii-conscrite,  dé- 

ieloppéesiir  la  puroi  antérieure  du  canal  inguinal,  adhérait  Ibrtement  à  Taponé- 

n^e  ;  elle  coïncidait  avec  une  hernie  inguinale  réductihle.  Chez  le  sujet  cité  par 

Sarrbos,  on  ohsena  d'abord  une  tumeur  volumineuse  trcs-(iure,  indolente,  sîuis 

rlungeroent  de  couleur  à  la  peau,  siégeant  à  l'aine  gauclie.  Elle  perça  spontané- 

twni  dans  la  suite  et  sans  provoquer  de  douleurs.  L'ouverture,  à  bords  rouges, 

UiUcs  en  biseau,  conduisait  dans  une  cavité  remplie  d'une  matière  ramollie,  pi- 

inille  au  bourbillou  d'un  anthrax.  L'examen  microscopique  lait  par  Lebert  con- 

liima  le  diagnostic  d'une  gomme.  L'iodure  de  potassium  procura  du  reste  une 

|>roinpte  guérîson.  Dans  les  deux  faits  précédents,  le  diagnostic  n'offrait  aucune 

iliilkulté,  car  d'autres  accidents  syphilitiques  coexistaient  ou  s'étaient  montrés  an- 

Krieurement  ;  toutefois,  Sarrhos  fait  remarquer  qu'une  telle  tumeur  ^x^uifait  en 

imposer  pour  un  bubon  d'emblée.  Je  ne  suis  pas  sûr  de  n'avoir  pas  commis  une 

•  rrt'ur  analogue,  en  prenant  des  gommes  ramollies  et  ulcérées  pour  des  chancres 

l)ni|)liatiques  et  ganglionnaii'es  inguinaux.  L'inoculation,  que  je  regiette de  n'avoir 

|UN  (entée,  aurait  levé  les  doutes  qui  me  sont  venus  trop  t:u'd  à  l'esprit. 

Tumeurs  cancéretises^  èpilhéliales^  fibreuses,  cartilagineuses^  etc.  Le  can- 
cer se  montre  assez  souvent  dans  la  région  inguinale  ;  il  est  bien  rarement  pri- 
niitii,  et  ne  survient  d'ordinaire  que  secondairement  et  surtout  dans  les  gan- 
glions lymphatiques.  Touti'fois,  il  ne  faudrait  pas  ranger  indistinctement  sous  ce 
titre  tous  les  iaits  épars  dans  les  recueils,  et  donnés  comme  des  exemples  de  Ciificer. 
Li  plupart  ont  été  publiés  à  une  é[)oque  où  le  microsco))e  n'avait  pas  encore  tracé 
(ii-s  catégories  précises  dans  les  tumeurs ,  et  la  lecture  attentive  des  observations 
lirmuiitre  qu'on  a  confondu,  ici  comme  ailleurs,  avec  le  cancer  vrai  :  Tépithélioma, 
les  (umeui-s  fibro-phistiques,  fibro-airtilagineuses,  l'hypertrophie  simple  des  gan- 
;.huris,  sans  doute  même  des  tumeurs  gonuneuses.  C'est  à  l'avenir  qu'il  appartiendra 
«i.tpf'artcr  plus  d'exactitude  dans  ce  chapitre.  Ces  réserves  laites,  nous  résumons 
Of  i{(ie  nous  ont  appris  nos  lectures. 

Suivant  son  origine,  son  siège,  sa  structnre,  la  période  à  laquelle  il  est  parvenu, 
h*  amcer  inguinal  offre  une  foule  de  vaiiétés  et  présente  des  caractères  j>hysiqnes 
lîîvdifrérents  ;  tantôt  profond,  recouvert  par  les  parties  molles  saines  et  mobiles, 
tAiitàt  sous-cutané,  soulevant  la  peau  amincie  et  adhérente,  tantôt  enfin  à  l'état 
'1  ulcération  caractéristique.  En  prenant  pour  base  de  classiiic>ation  le  point  de  dé- 
(oïl  aïKilofliique,  on  peut  admettre  les  espèces  suivantes  : 

1"  Cancer  du  testicule,  œtenu  à  l'anneau  ou  dans  le  canal  inguinal;  2^  cancer 
i)ii  cordon  spennati({ue,  prolongement  d'un  sarcocèle  avancé  et  non  opéré,  ou  ré- 
f»\i\t  locale  de  cette  alfection  après  la  castration.  La  tumeur  secondaire  se  présente 
<^'ib  deux  aspects,  suivant  que  la  plaie  opératoire  est  cicatrisée  ou  non.  Dans  le 
fNvniier  cas,  le  c;inal  inguinal  est  distendu  par  ime  masse  morbide,  qui  s'étend 
^pr>  Lft  fosse  iliaque  et  la  cavité  alxlominale  ;  dans  le  second,  le  moignon  du  coHon 
i^teà  nudans  la  plaie,  et  s'y  étale  sous  forme  d'un  fongus  mollasse,  saignant,  d'un 
nni^'e  livide,  etc.  Les  signes  de  la  cachexie  lont  rarement  défaut  à  cette  époipie  ; 
>  aiuxT  osseux;  l'ostéosarcome  de  l'os  iliaque  arrivé  ù  un  volume  considérable 
rproplit  la  fosse  du  même  nom,  s'étend  du  côté  du  petit  bassin  et  de  la  cuisse  et 
^rnt  distendre  la  paroi  abdominale  au-dessus  du  ligament  de  Fallope  L'ostéo- 
*in«mïe  du  pubis  soulève  directement  l'arcjde  cimrale,  les  parties  molles  de  la 
ri^^ion  et  les  vaisseaux  fémoraux  (]u'il  dévie  parfois.  On  observe  en  même  tenlp^) 
•iim  rertaia<i  cas,  un  œdème  plus  ou  moins  notable  du  membre  inférieur  et  une 
diUlititx)  des  veines  cutanées  superlicielles  par  suite  de  la  compression  de  la  veine 


*i88  AINE  (fathulocik). 

fénioiiile.  Dure,  immobile,  profonde  au  début,  la  tumeur  se  rapproclie  de  plus  en 
plus  de  la  sm-iace,  et  s*étend  au-<lessus  et  au-dessous  du  pli  inguinal  ;  elle  |ieut 
acquérir  des  dimensions  énormes.  Il  n*est  pas  très-l'are  d*y  constater  des  pulsatimi» 
isochrones  au  pouls. 

4"  Le  Citncer  ganglionnaire  est  le  plus  fréquent  de  tous,  et  c*est  peut-être  L 
seule  vai'iété  qui  se  montre  primitivement  dans  la  région  qui  nous  occupe.  Ilans  K 
cas  d'ulcère  cancéreux  inguinal  que  j'ai  observe  à  la  Salpétrière,  il  n  existait  nulle 
piu't  ailleui's  de  tumeur  cancéreuse.  Sur  douze  cas  de  cancer  primitif  des  gaiçlioih 
lymphatiques  observés  pai*  Lebei-t,  quatre  siégeaient  à  la  région  inguinale  {Malad 
cancéretises^  p.  699;  185i).  Potier,  Cruveilhier,  Hauchet  en  ont  cité  des  exempli'^ 
(Bull,  de  la  Soc,  fl«a^,t.XVll,p.  328;  t.  XXV,  p.  202;  t.  XXVI,  p.64).  Enfin,  laCo:, 
des  hâpit.,  1864,  p.  Ii7,  publie  un  fait  intitulé  :  Adénite  cancérexise  primitire, 
d'après  le  diagnostic  porté  parGosselin,qui  aui'ait  eu  déjà  Toccasion  d*en  rencontrn 
un  semblable;  mais  la  marche  du  mal,  Tabsence  d  examen  niici'oscopique,  peiiuet* 
teiit  d'élever  des  doutes  sur  ce  diagnostic  ;  on  poun'ait  tout  aussi  bien  croire  à  uni 
tumeur  gommeuse  qu'à  un  cancer.  On  peut  également  contester  Texistence  d'uji 
double  cancer  inguinal  primitif,  chez  le  malade  dont  Cahcn  a  raconté  rhistoire  ;  uip 
première  tumeur  se  montre  dans  l'aine  droite  d'un  homme  de  cinquante-cinq  ain  : 
extirpée  parHichon  et  jugée  cancéreuse,  elle  ne  récidive  pas.  Ciiu]  années  |ilustan), 
tumeur  analogue  dans  l'aine  gauche,  même  diagnostic,  extirpation  sans  doute  iin- 
parfaite,  récidive  locale  qui  s'accroît  lentement  et  met  cinq  ans  pour  atteindn*  le 
volume  du  poing  ;  l'ulcération  était  imminente.  Le  malade  part  eu  Afrique  ;  au  buul 
de  six  semaines,  il  revient  presque  complètement  guéri  sans  avoir  fait  aucmi  Iraili- 
ment,  bans  les  deux  Sociétés  savantes  (|ui  reçurent  cette  communication,  on  élei.t 
sur  la  vraie  nature  du  mal  des  doutes  fort  légitimes;  le  défaut  d'examen  hi!)lolo^iqu*' 
oie  à  ce  lait  la  plus  grande  partie  de  sa  valeur,  et  Ton  conçoit  l'erreur  ooniiui>< 
si  on  se  rappelle  que  Thypertrophie  ganglionnaire  simple  ou  adénome  lyInphatiqt^ 
olTre  une  n^ssembliuice  parfois  très-grande  avec  l'eiicéphaloîde  ramolli.   {Wnio^i 
médicale^  1"  octobre  1859,  p.  12,  et  14  janvier  1860,  p.  92.) 

Le  Ciuicer  secondaire  des  glanglions  inguinaux  est  dans  tous  les  cas  intiiiiroeut  (du* 
commun;  il  occupe  les  glandes  superficielles,  les  profondes,  les  iliaques  externes,  et?*: 
montre  surtout  à  la  suite  des  affections  cancéreuses  du  membre  inférieur,  ostéo&ir- 
corne,  cancer  de  la  peau,  etc.  Â  la  suite  des  affections  osseuses,  il  peut  acquérir  un 
volume  considérable,  puis  s'ulcérer  comme  dans  le  cas  emprunté  plus  hautàBoyr, 
et  dans  celui  dont  Maisonneuve  a  parlé  à  la  Société  de  chirurgie  (Buliet.^  i.\\ 
p.  117, 1 19;  1848).  Dans  deux  cas  d'ostéosarcomede  la  partie  inférieure  du  fémur. 
Stanley  a  vu  des  déi)ôts  osseux  dans  les  ganglions  inguinaux  (On  Diseojses  of  th' 
Bones,  p.  167, 168).  Quand  l'engorgement  ganglionnaire  succède  à  un  cancer  cu- 
tané, il  renferme  souvent  une  grande  proportion  de  inélanose  ;  Follin  a  cité  {plu- 
sieurs faits  de  ce  genre  (Traite  depathol.  externe,  t.  Il,  p.  69;  1863).  J'ai  vu. 
de  mon  côté,  une  dame  ({ui  avait  sur  divei*s  points  des  membres  inférieurs  de  \^- 
tiles  tumeurs  niélaniques,  et  dans  l'aine  une  énorme  tumeur  ganglionnaire  ;  le  tmi' 
datait  de  deux  mois  ;  cinq  mois  auparavant  on  lui  avait  enlevé ,  d'un  coup  «1* 
ciseaux  ,  entre  deux  orteils ,  une  petite  excroissance  noire,  la  plaie  bèU:' 
cicatrisée  en  deux  ou  trois  jours.  I^i  mort  naturellement  su nint  bientH  |f 
infection  générale. 

En  1843,  Velpeau,  dans  mie  leçon  clini({uc  un  peu  confuse,  décrit  une  tumnii 
que,  d'après  son  hypothèse  favorite,  il  regarde  comme  hématiquc  ou  fibrineuse,  m..  « 
qui  parait  un  type  de  cancer  avec  foyers  sanguins  (Gaz.  des  /i(;/).,p.3S8).  En  i^ô9 


AINE  (patuologie).  289 

DolLeau  montre  à  la  Société  anatomique  une  tumeur  volumineuse  qui  englobait 
les  vaisseaui  fémoraux.  L'artère  ouverte  involontairement  dut  être  liée.  Malgré  les 
dénégations  de  Uouël,  il  paraît  certain  qu'il  s'agissait  d'un  cancer.  (BtJlet,, 
f  série,  t.  IV,  p.  29i .) 

ÈpUhéliama,  Je  n'ai  pas  trouvé  d'observation  bien  authentique  de  cancroïde  iii- 
îniinal  primitif,  quoiqu'il  soit  dit  dans  la  huitième  observation  de  H'Glintockquele 
liial avait  débuté  dans  l'aine  et  gagné  de  là  la  lèvre  corres|)ondante  {Dubl.  Quart. 
Jour.,  t.  XXXUI,  p.  21 5;  1862).  Cependant,  d'après  la  marche  et  la  durée,  on  devrait 
peut-être  considérer  comme  tel  le  cas  de  Leprince,  opéré  plusieurs  fois  par  Uoux 
(/(wr.  hebiom. ,  t.  II,  p.  360;  4831  ) .  Dans  le  canproïde  du  scrotum  (prétendu  cancer 
i{i>  ramoneurs) ,  l'ulcération  peut  s'étendre  jusqu'au  pli  de  l'aine,  mais  cela  est  tout 
à  £iit  eiceptionnel.  En  revanche,  l'infiltration  épithéliale  des  ganglions  se  voit  assez 
simTent  dans  les  cancroïdes  de  la  verge,  du  scrotum,  de  la  vulve  et  même  du  col 
(le lutéms.  C'est  à  cette  catégorie  que  se  rapporte  sans  doute  une  tumeur  enlevée 
par  Blandin,  et  regardée  comme  encéphaloide.  Quelques  années  auparavant,  le 
malade  avait  subi  l'amputation  de  la  verge.  Or  on  sait  que  la  récidive  du  cancroïde 
dans  les  ganglions  peut  être  ti^tardive,  ce  qui  n'est  guère  le  cas  pour  le  vrai 
Rincer.  (liemarquay,  Bu/fet.  de  la  Soc,  anatom,,  t.  XIX,  p.  131;  1844.) 

L'eiigoi^ement  des  ganglions  inguinaux  à  la  suite  des  affections  du  col  utérin 
eÀ,  au  premier  abord,  difficile  à  expliquer.  Toutefois  on  sait,  depuis  les  recher- 
rhes  anatomiques  d'Aubry,  que  les  vaisseaux  lympliatiques  du  col  utérin,  com* 
muniquant  avec  ceux  du  vagin,  peuvent  se  rendre  aux  glandes  susdites.  Robert 
A  Wi  rinfeclion  suivre  une  autre  voie  ;  une  femme  morte  d'un  cancer  du  col  de 
l'utérus  présentait  un  engorgement  inguinal.  A  l'autopsie  on  voyait  dans  le  bassin, 
de  distance  en  distance,  une  série  de  ganglions  engorgés  formant  une  sorte  de 
cbapelet  de  la  partie  cancérée  à  la  région  du  pli  de  l'aine.  (Des  affect.  du  col  de 
lutér.  Thèse  de  conc,  1848,  p.  10.) 

Follin  a  fait  connaître  une  particularité  anatomique  intéressante  de  ces  épithé* 
liQiDas  ganglionnaires.Deux  fois  il  a  observé  des  kystes  séreux,  d'un  volume  notable, 
développés  dans  les  ganglions  malades  [Bullet,  de  la  Soc.  de  c/itrur.,  t.  V,  p.  285; 
1^55;.  A.  Foumier,  de  son  côté,  a  rencontré  cette  association  d'une  masse  épithé- 
lôle  er  d'un  k^-ste  volumineux  à  la  suite  d'un  épithélioma  papillaire  du  col  utérin  ; 
la  tumeur  mixte  occupait  la  fosse  iliaque,  son  origine  ganglionnaire  est  probable 
nais  non  point  démontrée.  (Bullet.  de  la  Soc.  anatom.,  t.  XXX,  p.  548  bis;  1855.) 
Le  cancroïde,  même  loi*squ'il  doit  entraîner  la  mort,  marche  beaucoup  plus  len- 
tement que  le  cancer  ;  aussi  n'est-il  pas  très-rare  de  voir  les  ganglions  inguinaux 
intiltrés  d'epithélium  se  ramollir,  perforer  la  peau  et  donner  lieu  à  des  ulcères  à 
lose  biigeet  dure,  à  bords  calleux  et  taillés  à  pic,  à  fond  pultacé  et  anfractueux, 
«fiîrant  en  un  mot  tous  les  caractères  de  l'épi thélioma  ulcéré. 

Enckondromes  et  fibromes.  Abstraction  faite  de  l'enchondrome  glandulaire, 
I'^  tumeurs  cartiiiigineuses  naissent  le  plus  ordinairement  du  squelette,  et  leur 
«(<^U'loppemeiit  primitif  dans  le  tissu  cellulaire  est  relativement  fort  rare.  Aussi 
dnit-on  ranger  dans  les  affections  osseuses  les  enchondromes  qu'on  a  rencontrés 
plus  d'une  fois  déjà  dans  la  région  inguinale.  Néanmoins  il  existe  dans  la  science 
<Je$  observations  qui  semblent  faire  exception  à  la  règle.  En  1840,  Cobon,  de  Noyon, 
'itirpa  sur  un  homme  de  quarante-huit  ans  une  masse  du  volume  de  la  tète 
d  an  ftetus  à  terme,  composée  de  tissus  fibreux  et  cartilagineux  mélangés  à  des 
fHiiots  ossifiés  et  à  une  substance  ayant,  d'après  l'auteur,  l'apparence  squirrheusc 
d  aicéphaioide.  Comme  le  début  remoutait  à  quinze  années,  il  n'est  guère  pos- 

wet.  EX.  U.  19 


990  AINE    (PATBOLOGIK) 

siblc  d'admettre  qu'il  s'agissait  d'un  cancer.  (Annales  de  la  chir.  franc,  et 
étrang.,  t.  XI,  p.  229,  4844.) 

Denonvilliers  a  rencontre  un  cas  fort  analogue.  La  tumeur  siégeait  égaleounit 
au-dessous  du  ligament  de  Fallope,  elle  était  composée  de  tissu  adipeux  et  de 
caililage.  L'examen  microscopique  fut  fait  par  Lel)ert.  (Bull,  de  la  Soc.  dechir., 
1. 11,  p.  497,  501;  1852.  — Btt«.  de  la  Soc.  anat.y  t.  XXVII,  p.  81;  185!i.- 
Lebert,  Anatom.  pathol.  générale^  p.  231  et  planch.  XXI,  XXX.) 

A  la  vérité,  Dolbeau,  à  qui  l'on  doit  de  bous  travaux  sur  l'enchondrome,  fait 
rentrer  ces  faits  dans  la  loi  commune,  et,  d'accord  avec  Cruveilhier  qui  ivùi 
déjà  créé  le  nom  caractéristique  d'ostéo-diondrophytes  pédicules ^  il  considcrr  «n 
productions  comme  procédant  du  siiuelctte,  avec  lequel  elles  consen  cnt  des  con- 
nexions plus  ou  moins  intimes  (Dolbeau,  Tumeurs  cartilagineuses  du  bassin. 
Journal  du  Progrès,  1860).  La  même  théorie  s'appliqueiiiit  à  une  certaine  varitli 
dc  fibromes  décrites  dans  la  thèse  inaugurale  de  Qiarles  Bodin  (1861  ,n*  137)  soils 
le  nom  de  tumeurs  fibreuses  péti-pelviennes  chez  la  femme ^  et  que  nous  devoir 
mentionner,  puisqu'elles  viennent  saillir  à  la  région  inguinale  quand  elles  naisM-Mil 
du  pubis  ou  de  la  partie  antérieure  de  la  crôte  iliaque. 

Ces  tumeurs,  qui  n'ont  guère  été  rencontrées  jusqu'à  ce  jour  que  chez  la  femuN' 
adulte  et  du  côté  gauche,  sont  arrondies  ou  ovoïdes, à  surface  régulière,  à  coii>i^ 
tance  très- ferme,  Siins  changement  de  couleur  à  la  peau  qu'elles  soulèvent  saiL^  ) 
adhérer.  Siégeant  au  mihcu  des  muscles  larges,  dans  l'épaisseur  même  de  La  (>arui 
abdominale,  en  dehoi's  du  péritoine  qu'elles  ne  comprennent  que  tardiveroent^ellt-^ 
sont  lâchement  unies  aux  tissus  ambiants,  sauf  en  un  point,  sorte  de  pédicule  qu'on 
peut  suivre  jusqu'au  périoste  d'un  os  voisin;  mobiles  quand  elles  sont  petitt^  H 
superficielles,  elles  semblent  au  contraix'e  en  s' accroissant  remplir  la  fosse  iliaque 
et  en  partir.  Au  reste,  indolentes  au  toucher,  elles  ne  déterminent  en  général  que 
des  troubles  de  voisinage  proportionnés  à  leur  volume  et  déduits  de  leurs  ra(^ 
ports.  Point  de  cachexie  ni  de  généralisation;  diagnostic  facile  pour  quiconque  (>t 
au  courant  de  leur  existence;  pronostic  des  tumeurs  fibreuses  en  général;  théra- 
peutique purement  chirurgicale.  Je  renvoie,  pour  plus  amples  détails  et  pour  l'hty- 
torique,  à  la  thèse  citée.  C'est  depuis  quelques  années  seulement  que  celte  varitté 
a  été  bien  décrite  par  Huguier,  Michon,  Gosselin,  Chassaignac  etNébtoa  qui  leur  i 
consacré  une  leçon  clinique  substantielle  (Gazette  des  hâpitaux,  p.  77;  1862).  H  i^i 
juste  dédire  cependant  qu'en  1851  Philippeaux  publiait  avec  commentaires  unfojt 
très-concluant,  tiré  de  la  pratique  de  Bouchacourt,  de  Lyon.  Saui  la  mention  e\pl>- 
cite  de  l'adhérence  au  périoste,  cotte  observation  énonce  les  caimctères  princi|a(i\ 
de  la  variété  pathologique  qui  nous  occupe.  (Gazette  des  Hôpitaux,  18al  »  p.  4U  > 

En  résumé,  la  région  inguinale  est  le  siège  de  tumeurs  qui  émanent  dt% 
couchi>s  superficielles  ou  du  périoste  des  os  pelviens;  constituées  par  des  ti^bu» 
fibreux,  libro^plastiques,  ou  par  un  mélange  de  ces  éléments  avec  la  graisse.  K 
cartilage  et  l'ossification  accidentelle,  ces  tumeurs  se  développcui.  soit  aur<l«!s«u>, 
soit  au^essous  de  l'arcade  crurale;  dans  le  premier  cas,  elles  ont  des  rapport^ 
avec  le  péritoine;  dans  le  second,  avec  les  vaisseaux  fémoraux  ;  circonstance  imp»r* 
tante  à  connaître  si  on  se  décide  à  tenter  une  extirpation  qu'autorise  la  naturt 
relativement  bénigne  du  mal,  mais  qui  est  toujours  délicate,  sinon  UborieuM- 
Dans  la  région  crurale  surtout,  le  prolongement  du  tissu  morbide  autour  dt-^ 
vaisseaux  accroît  singulièrement  les  diflicultés,  comme  le  prouve  le  cas  di- 
llatiuHchkc,  qui  se  termina  fakdement.  (Cliirurgische  operative  Erfahrungen. 
Ixsipzig,  1804,  p.  346;  obs.  287,  tt  ceux  de  Roux,  de  Langcnbeck,  etc.) 


AINE  (paiuoluuik).  i!9l 

Si  b  Ibéorie  qui  précède  parait  générale,  il  ne  s  ensuit  pas  que  1  un  ne  puissi' 
ixiicoutrer  dans  les  couches  cellulcuses  de  la  région  inguinale  renchondrume  ou 
le*  fibrome  primitif.  Il  faudrait  enfin  excepter  de  la  règle  précédente  les  cas,  d'ail- 
Knirs  Ires-rares,  où  les  ganglions  inguinaux  sont  secondairement  infiltrés  de  tissu 
fibro-plastique  (Lan*e\,  in  BnlL  de  la  Soc.  de  chirurgie^  t.  VIII,  p.  385  et  t.  Il, 
p.  240. — OUîer,  Tumeurs  cancéreuses,  Thèse  inaug.  Montpellier.  4856,  p.  88.) 

En  se  plaçant  au  imint  de  vue  pratique,  ilimpoite  beaucoup  de  distinguer  toutes 
res  tmneurs  les  unes  des  autres  et  de  celles  qui  se  rencontrent  dans  la  même  ré- 
i:m\,  car  le  pronostic  cl  le  traitement  en  découlent.  La  chose  n*est  pas  en  généiDl 
trcs-ilifficile,  si  l'on  examine  attentivement  la  marche  et  les  antécédents  du  mal  sans 
>'en  tenir  aux  caractères  extérieurs  qui  ne  sont  pas  décisifs.  L'existence  de  la  syphi- 
lis surtout,  si  Ton  en  remarque  des  traces  sur  d'autres  parties  du  corps,  empêchera 
tic  confondre  les  gommes  crues,  ramollie  ou  u1céi*ées  avec  Tadénite,  le  bubon,  le 
rliancre  simple  ou  le  cancer.  L'adénopathie  cancrcuse  ou  épithéliale  sera  reconnue 
«piand  on  aura  constate  dans  le  voisinage  la  présence  d'une  production  analogue. 
I>|)endant  une  difficulté  peut  se  présenter  :  répithélioma  a  été  enlevé  plusieurs 
mois,  plusieurs  années  auparavant  ;  il  n'y  a  pas  eu  de  récidive  locale,  mais  hien 
infi*ction  tardive  du  ganglion.  Si  le  chirurgien  n'est  pas  prévenu,  il  j)eut  tomber 
daifci  l'erreur  et  croire  à  un  cancer  primitif.  Dans  le  cas  de  Demarquay,  on  avait 
pris  la  tumeur  à  son  début  pour  une  hernie  crurale. 

|je  cancer  primitif  des  ganglions  inguinaux  esta  son  origine  fort  difficile  à  recon- 
naître; on  le  confond  avec  l'engorgement  ganglionnaire  simple  jus()u'à  la  période 
lie  ramollissement  et  d'ulcération,  qui  du  reste  ne  se  fait  |ris  longtemps  attendre*. 
L'indolence,  la  dureté,  la  mobilité,  l'extrême  lenteur  dans  l'accroissement,  caractc' 
ri>A*nt  suffisamment  les  tumeurs  fibreuses  et  fibro-cartilagineuses,  pom*  lesquelles 
d'ailleurs  on  peut  sans  inconvénients  différer  le  diagnostic. 

Tout  ceci  s'applique  seulement  aux  tumeurs  superficielles;  en  traitant  des  affec- 
tions osseuses  nous  verrons,  au  contraire, qu'il  est  souvent  impossible  de  savoir  fi 
«(uelle  lésion  on  a  affaire.  L'enchondrome,  Tostéosarcome,  les  exostoses  simples, 
l'ostéite  etc.,  revêtent  une  physionomie  à  peu  près  semblable. 

Affections  vasculaires.  Système  artériel.  La  région  inguinale  est  paiTounie 
de  haut  en  bas  par  les  gros  vaisseaux  du  membre  inférieur  et  sillonnée  en  tous  sens 
\w  les  branches  collatérales  nombreuses  qui  s'y  rendent  ou  en  partent. 

L'anatomie  chirurgicale  n'attribue  pas  de  nom  ]xirticulier  au  tronçon  artériel 
|rinripal  qui  Inverse  le  pli  de  l'aine;  il  y  a  une  artère  poplitée,  ime  artère  axil- 
hifp,  une  sous-clavière  dont  les  trois  portions  sont  fort  dissemblables;  il  n'y  a  ]nis 
d'artère  inguinale.  Si  l'on  voulait  décrire  à  part  ce  segment  vasculaire,  il  faudrait 
^  la  vérité  lui  donn(*r  en  haut  et  en  bas  des  limites  aussi  artificielles  que  celles  de 
h  région  elle-même,  et,  dans  ce  trajet  de  quelques  centimètres,  introduire  encor*' 
b  distinction  fondée  |Kir  l'anatomie  descriptive  qui  sépare  l'iliaque  externe  de  la 
Immorale,  en  s'appuyant  à  bon  droit  sur  les  différences  de  situation,  de  profondeur, 
tic  fixité  et  de  rapports.  Il  est  évident  qu'au  point  de  vue  du  traitement  opératoire, 
tif  la  marche,  de  la  gravité,  les  lésions  artérielles  inguinales  organiques  ou  trauma- 
li<piesdif]^eDt  essentiellement,  suivant  qu'elles  siègent  au-dessus  ou  au-dessous 
du  ligament  de  Fallope.  Mais  il  est  clair  aussi  que  la  maladie,  pns  plus  ici  qu'ail- 
leurs, ne  respecte  les  délimitations  fictives  établies  par  le  scalpel  ;  que,  sans  parler 
de  l'artérite  et  de  la  phlébite,  les  chirurgiens  consacrent  un  chapitre  particuli<»r 
i  ranévr>siue  inguinal,  et  qu'enfin,  à  divers  points  de  vue,  celui  du  diagnostic  entt-e 
autres,  il  y  a  quelque  avantage  à  considérer  conunc  n'en  faisant  ([u'un  les  deux 


99S  AINE  (patbolooib). 

Iragments  de  cylindre  vasculaire  que  les  anatooiistes  ont  si  nettement  séparés. 

C'est  en  m'appayant  sur  ces  raisons  que,  dans  les  lignes  qui  vont  suivre,  je  me 
sépare  du  collaborateur  chargé  de  la  partie  anatomique  de  cet  article. 

L'artère  inguinale,  recouverte  dans  son  tiers  supérieur  par  la  paroi  de  l'abdomen, 
devient  superficielle  au-dessous  de  l'arcade  crurale,  et  reste  telle  jusqu'au  sommet 
du  triangle  de  Scarpa,  qui  lui  sert  de  limite  inférieure.  L'incision  de  la  peau  et  des 
couches  celluleuses  suffit  pour  la  découvrir  dans  un  procédé  de  Ugature  rarement 
mis  en  usage.  C'est  le  seul  point  du  tronc  fémoral  aisément  accessible  au  toucher, 
d'où  la  possibilité  de  rechercher  en  ce  lieu  les  pulsations  ;  exploration  utile  pour 
distinguer  la  hernie  crurale  de  la  hernie  inguinale  dans  quelques  cas  dilficiles; 
utile  encore  pour  le  diagnostic  de  certaines  affections  gangreneuses  du  membre 
inférieur.  En  apportant  l'attention  suffisante,  on  arrive  presque  toujours  à  constater 
ces  battements,  sauf  les  cas  très-rares  d'anomalie  ou  d'oblitération.  GependanI, 
quelques  ciitxmstances  rendent  la  chose  malaisée  ;  telles  :  un  embonpoint  excessil, 
la  présence  de  ganglions  engorgés,  l'oedème  ou  le  phlegmon,  les  mouvements  du 
malade,  la  position  du  bassin,  certaines  attitudes  vicieuses  permanentes  du  membre 
inférieur,  etc. 

Les  pulsations  peuvent  être  très-faibles,  mais  on  les  trouve  aussi  fort  exagérée» 
et  visibles  à  l'œil  même,  chez  les  personnes  très-maigres,  les  sujets  hystériques, 
les  vieillards  dont  les  parois  artérielles  sont  athéromateuses  ou  calcifiées;  enfin, 
dans  les  cas  pathologiques,  quand  l'artère  est  soulevée  par  une  tumeur  sou»-jaoentc 
ou  qu'elle  est  entourée  par  une  masse  morbide  qui  transmet  l'impulsion  à  la  ma- 
nière des  corps  solides. 

Ces  battements  exagérés,  sur  lesquels  du  reste  Bérard  avait  appelé  déjà  latlen- 
tion,  m'ont  beaucoup  embarrassé  dans  le  cas  suivant  :  Un  élève  en  médecine  tShdé 
de  coxalgie  à  forme  bizarre  est  placé  dans  une  gouttière  de  Boimel.  Les  douleurs, 
d'aboiil  calmées,  se  réFeillent  avec  une  grande  violence,  malgré  l'immobilité  abso- 
lue. Le  pli  de  l'aûie  est  moins  creux  que  du  côté  sain  ;  empâtement  prorood,  sen- 
sibilité très-vive  au  toucher  sur  le  trajet  des  vaisseaux  fémoraux  dans  l'étendue  de 
quelques  centimètres  et  juste  au-dessous  de  l'arcade  crurale;  douleura  fulgunnte>, 
revenant  par  accès,  partant  de  ce  point  et  s*irradiant  â  la  cuisse  avec  soubresauts 
musculaires;  un  peu  d'œdème  du  membre.  Les  battements  artériels  très-énei]gique$, 
ciat>nscTits  au  triangle  de  Scarpa,  soulèvent  la  main  et  sont  visibles  à  rceil  ;  ex- 
pansion douteuse;  plusieurs  fois,  en  consultant  avec  le  stéthoscope,  je  comprime 
sans  doute  l'artère,  car  je  perçois  un  bruit  de  souffle  très-évident,  mais  passager. 
Rien  de  semblable  du  côté  opposé. 

Alarmé  par  ces  symptômes,  le  jeune  homme  se  croyait  atteint  d'anénysmc  ; 
j'étais  moi-même  inquiet;  je  réitérai  l'examen  en  y  apportant  le  plus  grand  soin,  et 
pus  me  convaincre  à  la  fin  que  l'artère  était  saine,  mais  qu'elle  était  soulevée  par 
un  gonflement  profond  siégeant  au-devant  de  l'articulation  ;  ses  battements  étaient 
transmis  d'ailleura  avec  plus  de  force  par  les  ganglions  inguinaux  engorgés.  Il  valait 
cependant  quelque  chose  de  plus,  car  les  pulsations  et  le  souffle  paraissaient  et  s'é- 
vanouissaient d'un  jour,  d'une  lieure  à  l'autre;  était-ce  de  la  névralgie  artérielle 
intermittente?  Le  malade  était  très-nerveux,  presque  hystérique,  les  symptômes 
existaient  du  côté  gauche.  Ils  ont  entièrement  disparu  après  quelques  semaines.  La 
coxalgie  n'est  pas  encore  guérie. 

11  est  naïf  de  dire  que  pour  trouver  les  battements  on  les  doit  chercher  où  il» 
sont;  il  fiiut  cependant  rappeler  que  l'artère  varie  de  position  suivant  les  sexes  et 
les  dimensions  du  bassin,  qu'elle  peut  être  déviée  latéralement  par  des  Uuueun 


AINE  (pathologie).  293 

foisines  de  toute  nature,  abcès,  ostéosarcomes,  etc.  Dans  tous  les  cas  où  l*on  con- 
state quelque  disposition  insolite,  il  est  bon  d*explorer  Tartère  du  côté  opposé. 

Dans  son  trajet,  Tartère  inguinale  s'infléchit  sur  le  détroit  supérieur  du  bassin 
et  sappuie  sur  la  branche  horizontale  du  pubis,  au  niveau  de  Téminence  iléo- 
pectioée. 

Lorxiue  la  cuisse  est  étendue  comme  dans  la  station  et  le  décubitus  dorsal,  les 
deux  portions  du  vaisseau  —  iliaque  et  fémorale  —  forment  un  angle  obtus  très- 
oofert  à  sinus  postérieur.  Dans  l'extension  forcée,  Tartère,  vers  le  sommet  de  Tan- 
|;le,  s'aplatit  d'avant  en  arrière  ;  la  diminution  de  calibre  qui  en  résulte,  très-facile 
h  constater  à  l'amphithéâtre,  entrave  l'abord  du  sang  dans  le  membre  inférieur, 
ce  dont  on  ne  paraît  point  encore  avoir  tiré  parti.  La  distension  longitudinale  que 
sohit  donc  le  vaisseau  dans  cette  attitude  occasionne  sans  doute  des  tiraillements, 
des  éraillures,  qui  ne  sont  certainement  pas  étrangers  à  la  formation  des  ané- 
msmes  inguinaux,  si  évidemment  influencée  par  les  causes  externes.  Cette  raison, 
tout  aussi  bien  que  le  froissement  direct  exercé  par  la  tête  du  fémur,  pourrait 
rendre  compte  du  développement  d'un  anévrysme  consécutif  à  une  luxation  du 
fémnr.  (Goldsmith  cité  par  Follin ,  Pathologie  externe,  t.  II,  p.  465.) 

Dans  la  flexion,  les  choses  se  passent  autrement  ;  le  segment  fémoral  du  vaisseau, 
seul  mobile,  suit  les  mouvements  de  la  cuisse  et  fait  avec  la  portion  iliaque  im 
angle  à  sinus  antérieur,  dont  le  degré  d'ouverture  varie  infiniment,  jusqu'à  devenir 
très^gu.  D'autres  variations  surviennent  encore  dans  l'abduction  et  l'adduction. 
Les  rapports  de  l'artère  inguinale  avec  le  squelette  du  bassin  sont  importants  h 
connaître  pour  exercer  la  compression  soit  avec  la  main,  soit  avec  des  appareils  : 
procédé  hémostatique  qui  n'était  autrefois  que  le  prélude  des  grandes  opérations 
ûDglantes,  mais  qui  tend  aujourd'hui  à  jouer  le  plus  grand  rôle  dans  le  traitement 
des  anévrysmes  et  des  hémorrhagies  du  membre  inférieur.  Malgré  l'épaisseur  de  la 
paroi  abdominale,  on  a  réussi  plus  d'une  fois  à  comprimer  l'iliaque  externe  à  sa 
partie  inférieure  avec  divers  appareils  ou  des  instruments  en  forme  de  cachet 
(Dupuytren,  Verdier  et  d'autres,  Bizzoli  récemment).  Néanmoins,  le  lieu  d'élection 
pour  interrompre  la  circulation  dans  le  membre  inférieur  est  le  point  où  l'artère 
rrotse  le  pubis.  Il  semblerait  que  la  solidité  du  support  et  le  peu  d'épaisseur  des 
couches  sous-^^tanées  doivent  rendre  cette  manœuvre  très-sûre  et  très^facile;  il 
n'en  est  rien  ;  elle  est  d'abord  entravée  par  toutes  les  causes  qui  gênent  l'explora- 
tion ou  la  perception  des  battements,  puis  elle  reste  inefficace  par  suite  de  la 
moindre  faute  dans  te  manuel. 

Si  la  pression  ne  porte  pas  exactement  sur  le  pubis, —  en  général  on  comprime 
trop  bas,  —  si  elle  ne  s'exerce  pas  dans  une  direction  bien  perpendiculaire  à  la 
surface  osseuse  et  au  tube  artériel,  celui-ci  s'enfonce  dans  les  parties  molles  ou 
s'échappe  latéralement.  Appliquée  sur  une  trop  large  surface,  la  pression  s'exerce 
en  dedans,  sur  la  veine,  en  dehors,  sur  le  nerf  crural,  et  occasionne  soit  de  l'œdème, 
^t  des  douleurs  intolérables  ;  ces  inconvénients  ne  se  montrent  à  la  vérité  que 
dans  la  compression  prolongée,  mais  forcent  parfois  à  l'abandonner.  Chez  certains 
Mijets,  la  peau,  extrêmement  délicate,  s'enflamme  rapidement,  s'excorie,  se  mor- 
tifie même,  surtout  si  l'on  met  en  usage  les  appareils  h  pelote  résistante. 

Dix  mois  après  l'emploi  de  la  compression  et  la  guérison  par  ce  moyen  d'un 
ané^Tysme  de  l'artère  tibiale  postérieure,  on  vit  apparaître  dans  la  région  inguinale 
un  anévrvsme  variqueux,  au  développement  duquel  la  coropre<sion  sans  doute  ne 
Alt  pas  étrangère.  (0.  Pemberton,  Medec,  chirurg.  Transact.y  t.  XLIV,  p,  i89; 

m\.) 


294  AINE    (pATHOLOGIg). 

iiOf;  étiidois  modernes  sur  la  compression  ont  rois  tous  œs  faits  en  Inmière,  ri 
nous  renvoyons  pour  tes  détails  aux  articles  ultérieurs,  mais  nous  ne  saunons  trop 
insister  sur  la  nécessité  d*étudier  sur  le  cadavre  et  sur  le  vivant  cette  importante 
manœuvre,  ({ui  exige  beaucoup  plus  d'habileté  qu  ou  ne  le  suppose  généralement. 

Si  courte  que  soit  Tartère  inguinale,  elle  donne  naissance,  au^essus  eiau-desso» 
du  ligament  de  Fallope,  à  des  collatérales  nombreuses,  à  l'énumération  deaqudies, 
si  respaC/O  nous  le  permettait,  nous  pourrions  joindre  des  considérations  cfairuf]gi- 
ralos  d*nn  grand  inlérol.  Les  larges  anastomoses  de  ces  branches  avec  les  artènv 
|)elviennes  et  thoraciques  d'une  part,  avec  les  rameaux  émanés,  d'autre  part,  de  U 
(lartie  inférieure  de  la  fémorale  et  de  la  poplitée,  permettent  d  oblitérer  sans  erainti* 
l'iliaque  externe  et  la  crurale.  En  revanche  la  multiplicité  de  ces  branches,  la  présence 
surtout  de  la  fémorale  profonde ,  expliquent  les  dangers  de  la  ligature  placée  trop 
près  de  l'arcade  crurale  et  l'imminence  des  hémorrhagies  consécutives  tantôt  par 
Ic  bout  supérieur,  tantôt  par  l'inférieur.  Dans  les  plaies  artérielles  de  la  région,  \a 
difficulté  qu*on  éprouve  à  distinguer  la  source  réelle  de  Thémorrliagie  et  la 
nécessité  de  lier  les  deux  bouts  du  vaisseau  lésé  sont  encore  des  corollaires  de  U 
richesse  vasculaire  du  pli  de  l'aine.^  Tous  ces  points  seront  traités  aux  artidc^ 
Iliaqoe  extermb,  Fémorale,  HénoRRHAGiE.  A  propos  des  hernies  et  de  la  kélotomio, 
on  reviendra  sur  les  plaies  de  l'épigastrique  et  sur  celles  de  la  sous-cutanée  abdo- 
minale que  les  incisions  superficielles  intéressent  souvent.  Disons  seulement, 
relativement  à  cette  dernière,  que  sa  blessure,  négligée  à  la  suite  de  Touverturp 
d'im  bubon,  faillit  entraîner  la  mort  (licfort.  Communication  orale.) 

Un  coup  de  feu  au  pli  de  l'aine  brisa  le  fémur  et  détermina  une  hémorrhagie  qiif 
Gerdy  rapporte  à  la  blessure  d'une  des  circonflexes  ;  ligature  Ao,  la  fémorale,  gin'- 
rison.  {Ardi.  gén.  de  méd.  1854;  2«  série,  t.  VI,  p.  387.) 

Parmi  les  tumeurs  de  l'aine,  l'anévr^-sme  inguinal  est  celle  qu'il  impcMte  le  pll^ 
fie  reconnaître  exactement  et  de  bonne  heure,  l'erreur  de  diagnostic  pouvant  a%uir 
des  suites  funestes,  et  le  traitement  actif  n'admettint  guère  d'ajournement  en 
raison  des  progrès  rapides  du  mal. 

L'anévrysme  spontané  est  de  l>eaucoup  le  plus  commun  ;  mais  le  tramnatiqui' 
a  été  observé  (liarrey.  Clin,  chirurg.^  t.  III,  p.  156),  aussi  bien  que  le  variqueux, 
dont  Norris  cite  trois  cas  dans  sa  fameuse  statistique  qu'il  ne  m'a  pas  été  possihW 
de  consulter  (American  Jounuil  of  Med,  Scienc,  janvier  1847);  deux  d'eotn» 
eux  se  rapportent  peut-être  :  1°  à  cette  énorme  varice  anévrj'smale  pédiculée  pour 
laquelle  MoiTison  lia  l'iliaque  externe  (Gaz.  méd.^  1858,  p.  683);  S*"  au  cas  «i«* 
Venturoli,  cité  plus  liant. 

Malgaigne,  d'après  le  siège  de  la  tumeur,  propose  la  classification  suivante  :  Ane- 
trysmejt  du  pli  de  l^aine^  qui  appartiennent  à  la  partie  supérieure  de  la  (énaoraW  ; 
OHévryxmes  de  la  fosse  iliaque^  qui  naissent  presque  exclusivement  de  Tiliaqnr 
l'xieme,  et  anévrysmes  ilio-'Cruraux,  qui  empiètent  à  la  fois  sur  l'abdomen  ei  sur 
la  cuisse,  an-dessus  et  au-dessous  de  l'arcade  cnirale,  ce  qui  leur  donne  pri<ii« 
la  forme  bilobée.  La  première  variété,  de  beaucoup  la^plus  fréquente,  i^t  relK* 
qu'on  peut  le  plus  aisément  diagnostiquer  dès  le  début.  Onlinairement  précédêf 
d'eiïorts  violents  ou  de  chocs  directs  portés  sur  le  pli  de  laine,  la  tunveur  appanii 
petite,  indolente  au  toucher,  quoique  accompagnée  parfois  de  douleurs  spontanée^ 
vives»  avec  gène  dans  les  mouvements,  flexion  du  membre,  et  plus  tard  oedème  plu^ 
ou  moins  prononcé;  dure  ou  molle  et  réductible,  elle  présente  bientôt  les  sigm^ 
pathognomoniques  de  l'artérectasie  :  battements  isochron&<(,  expansion,  souflir  sim- 
ple, e(r.  Haleaigne  fait  remarquer  que  l'exploration  révèle  assez  souvent,  dan»  ci*^ 


AINE  {pathologib).  895 

liimeurs,  quand  elles  ne  renferment  pas  beaucoup  de  caillots,  un  frémissement, 
un  bruissement,  comme  dans  les  anévrysmes  variqueux. 

Théoriquement,  le  diagnostic  semble  facile  ;  cependant  la  science  a  enregistré 
quelques  erreurs  qui  s'expliquent  jusqu'à  un  certain  point.  Dans  quelques  cas, 
parajt-il,  les  signes  essentiels,  battements  et  souffle,  manquent  au  début  :  le  ma- 
lade de  Malgaigne  crut  avoir  un  bubon,  puis  une  hernie  sur  laquelle  un  bandage 
fut  appliqué.  Les  mêmes  symptômes  peuvent  disparaître  lorsqu'au  contraire  l'ané- 
^rysme  est  devenu  très-volumineux  et  s'est  rempli  de  caillots.  Je  retrouve  dans 
mes  noies  d'internat  qu'un  homme  d'une  forte  constitution,  âgé  de  cinquante  ans 
eriTiron,  fut  reçu  dans  le  service  de  Lisfranc  en  1845.  Le  membre  inférieur  gauche 
fiait  envahi  par  un  œdème  énorme  qui  remontait  presque  jusqu'à  l'ombilic;  le  pli 
de  l'aine  et  la  fosse  iliaque  étaient  occupés  par  une  tumeur  considérable,  dure, 
inunobile,  qui  fut  prise  pour  un  ostéosarcome  du  bassin.  A  la  longue,  le  sommet 
se  ramollit,  et  l'on  pensa  à  un  abcès;  l'ouverture  donna  issue  à  une  énorme  quan- 
tité de  caillots  fibrineux  et  de  sang  altéré.  Le  malade  mourut  épuisé  par  la  suppu- 
ration et  l'infection  putride.  A  l'autopsie,  on  trouva  un  anévrysme  de  l'iliaque 
l'iteme  de  dimension  gigantesque  et  qui  était  oblitéré.  L'examen  le  plus  attentif 
pendant  la  vie  n'avait  pu  révéler  la  nature  du  mal. 

(jtons  quelques  méprises  devenues  classiques.  Mayer  ouvre  un  anévrysme,  croyant 
sToir  affaire  à  une  hernie  crurale.  Un  chirurgien  habile,  au  dire  de  Marjolin 
rmnmet  la  même  faute,  pensant  inciser  un  bubon. — Divers  chirurgiens  rassemblés 
(Toient  reconnaître  une  tumeur  phlegmoneuse;  Guattani,  présent,  soupçonne  un  ané- 
msme:  une  incision  pratiquée  montre  qu'il  avait  raison.  (Gasamayor,  Anévi^ysme 
delà  fénwraU.  4835,  p.  87,  201,  202.) 

Norris  cite  deux  cas  où  de  semblables  anévrysmes  furent  ouverts  pour  des  abcès  ; 
le$  malades  moururent  (Follin,  p.  473).  Dans  des  circonstanc^s  tout  opposées, 
l'erreur  est  due  à  des  battements  qui  font  supposer  un  anévrysme  quand  il  s'agit 
d'ostéosarcome  pulsatile.  Je  crois  enfin  qu'il  serait  bien  difficile  de  distinguer  l'ané- 
HTsme  de  la  fémorale  profonde  près  de  sa  naissance  de  celui  qui  siège  sur  la 
fémorale  commune  dans  le  quart  supérieur.  —  Signalons  en  terminant  quelques 
lésions  rares,  liées  à  l'existence  des  anévrysmes  inguinaux  : 

1*  Abcès  phlegmoneux  simples,  développés  au-devant  du  sac  anévrysmal  sans 
<t4nniunication  avec  lui  (Delpech)  ; 

!^  Abcès  de  voisinage  consécutifs  à  la  ligature  :  un  malade  en  mourut  dix  mois 
afrès  l'opération  (Follin,  p.  476); 

5**  Abcès  sanguins  succédant  à  l'oblitération  de  l'orifice  artériel,  au  ramollisse- 
ment des  caillots,  à  la  suppuration  du  sac  (Follin,  p.  473)  ; 

4*  Infiltration,  tumeur  sanguine  dans  le  cas  d'anévrysme  diffus  primitif  ou  par 
^te  de  la  rupture  du  sac  ; 

0*  Anévrysme  récidivé.  Un  malade,  d'abord  guéri,  vit  reparaître  quatorze  mois 
plo^  tard  une  tumeur,  du  volume  d'une  petite  orange,  fluctuante  et  sans  pulsa- 
tions. Ouverture  spontanée,  hémorrhagie  arrêtée  d'abord  par  la  compression,  mois 
q«i  reparaît  ensuite  et  fait  périr  le  malade  (Follin,  p.  476)  ; 

^'^  Tumeurs  fibrineuses  persistant  après  la  guérison  de  l'anévrysme  pendant  un 
tanps  plus  ou  moins  long;  deux  ans  dans  un  cas  de  Dorsey,  une  année  dans  celui 
^Boucbet,  de  Lyon.  (Gasamayor,  p.  96,  97.) 

S^time  veineux.  Les  veines  en  général  n'ont  pas  eu  le  privilège,  comme  les 
artères,  d'attirer  l'attention  des  chirurgiens;  celles  de  la  région  inguinale  ne  font 
fa»  exception  ;  elles  se  prêtent  pourtant  à  des  considérations  intéressantes. 


206  .  AINE  (pathologie). 

La  veine  inguinale,  que  je  limite  comme  Tarière,  est  située  au  odié  interne  de 
cette  dernière,  circonstance  à  noter  dans  la  ligature  et  la  compression;  elle  est  en 
rapport  avec  la  hernie  crurale  encore  contenue  dans  le  canal  du  même  nom,  etnVt 
séparée  de  Fon  sac  que  par  un  mince  feuillet  fibreux.  A  Tépoque  où  l'on  discutait 
passioimément  sur  le  siège  de  Tétranglement  du  mcrocèle,  on  invoquait  l'abseoce 
de  compression  de  la  veine  fémorale  pour  prouver  que  la  constriction  ne  siégeait  pa> 
au  niveau  de  Tanneau  crural  supérieur.  Ce  même  rapport  8*oppose  à  ce  qu'on 
fasse  le  débridement  directement  en  dehors. 

Au  voisinage  de  Tarcade  crurale  se  trouve  im  appareil  valvulaire  important, 
tantôt  double,  le  plus  souvent  simple  ;  à  trois  centimètres  environ  au-dessous  du 
ligament  de  Fallope,  on  venconire constamment  une  paire  de  valvules  très-fortes; 
une  fois  sur  trois,  la  veine  iliaque  externe,  près  de  sa  terminaison,  est  munie  d'une 
autre  paire  (Houzé  de  l'Aulnois,  Recherches  sur  les  valvules^  Thèse  de  Pari^, 

1854,  n*  44,  p.  54).  On  sait  que  dans  la  grande  majorité  des  cas  la  veine  ca\e 
inférieure  et  les  iliaques  sont  avalvulaires,  aussi  les  valvules  inguinales  établissent- 
elles  inféricurement  la  seule  limite  anatomique  au  pouls  veineux,  qui  se  propa^^e 
quelquefois  d'une  manière  sensible  jusque-là  (pouls  veineux  abdominal).  Leur  soli- 
dité et  leur  résistance  sont  si  grandes,  que  si  Ton  place  au-dessus  d'elles  l'apparei] 
à  injection,  il  est  impossible  de  remplir  de  haut  en  bas  les  veines  fémorale>  ; 
cependant  elles  deviennent  insuffisantes  dans  le  cas  de  varices  anciennes  et  volu- 
mineuses du  membre  inférieur  ;  j'ai  pu  maintes  fois  constater  cette  dispositiwi 
à  l'amphithéâtre,  mais  elle  n'est  pas  moins  évidente  sur  le  vivant.  Chez  oertain> 
siyets,  en  variant  les  attitudes  du  membre,  on  voit  le  réseau  variqueux  se  remplir 
de  haut  en  bas  avec  une  extrême  rapidité.  La  compression  de  la  veine  fémorale  »ii 
pli  de  l'aine  ralentit  cette  réplétion.  Ceci  explique  le  succès  de  certains  pit»édê< 
opératoires,  entre  autres  la  ligature  de  la  saphène  au  tiers  moyen  de  la  cuisr 
{voy,  Phlébectasie,  Varice).  Dans  un  cas  aussi  rare  que  remarquable  que  j*ai  étu- 
dié avec  Gubler  et  Harey,  l'insuffisance  valvulaire  inguinale  coïncidait  avec  une 
insuffisance  de  la  valvule  tricuspide  ;  les  varices  de  la  jambe  et  de  la  cuisse,  énor- 
mément dilatées,  étaient  le  siège  de  pulsations  énergiques  isochrones  à  la  tifsUU 
ventriculaire. 

Si  l'insuffisance  valvulaire  inguinale  était  soupçonnée  ou  reconnue  avant,  pen- 
dant ou  après  une  désarticulation  coxo-fémorale  (J.  Roux,  Ga%,  des  H&p,<,  1860, 
n®  49)  ou  même  une  amputation  de  la  cuisse  à  la  partie  supérieure,  il  faudnii 
nécessairement  lier  la  veine  fémorale  à  la  surface  du  moignon,  pour  prévenir  on 
combattre  l'hémorrhagie  veineuse. 

\jA  blessure  de  la  veine  fémorale,  immédiatement  au-dessous  de  l'arcade  minle. 
a  été  considérée  de  tout  temps  comme  très-grave  et  même  comme  cause  de  la  pn- 
grène  totale  du  membre.  Cet  accident  formidable  serait  dû  à  une  prétendui* 
interruption  complète  de  la  circulation  en  retour  par  défaut  d'anastomoses  entn* 
les  veines  de  la  cuisse  et  celles  du  bassin  ;  de  là  le  précepte  de  lier,  en  pareil  ck>, 
l'artère  satellite  (Gensoul).  Déjà,  en  1855  {Système  veineux.  Thèse  de  ooncoun. 
p.  58),  j'avais  combattu  l'erreur  anatomique  et  la  déduction  opératoire.  J'ai  ^u 
avec  plaisir  Richet  se  prononcer  depuis  dans  le  même  sens  (AnatomU  chirurg., 

1855,  p.  151).  Le  fait  cité  par  Roux,  qui  blessa  la  veine  crurale  en  çxtirpant  une 
tumeur  de  l'aine,  est  rasâuranl;  une  double  ligature  fut  placée,  et  le  mabdr 
guérit  sans  accident.  A  la  vérité,  il  y  eut  menace  de  gangrène  dans  le  cas  attriliui' 
à  Dupuytren  par  Chassaignac,  mais  ces  difTérences  peuvent  s'expliquer,  suiianl 
que  l'oblitération  consécutive  à  la  plaie  et  à  la  ligature  reste  bornée  au  vaisMMii 


AINE   (PATROLOGIS).  997 

blessé  00  s*étend  égalemont  aux  voies  colLitérales  susceptibles  de  rétablir  le  cours 
du  sang.  (Pour  plus  de  détails,  voir  Bulletin  de  la  Société  de  Chirurgie,  1"  série, 
l.  IV,  1853,  p.  55  ;  —  t.  VI,  p,  216,  225,  237.— Ollier,  Plaies  des  veines,  Thèse 
d'a^.,1857,p.  68.) 

Si  je  repousse  comme  non  fondée  physiologiquement  l'opération  de  Gensoul,  je 
dois  dire  qu'en  pratique  elle  mérite  d*étre  conservée,  non  plus  pour  prévenir  une 
»aiiprène  imaginaire,  mais  pour  combattre  des  hémorrhagies  incoercibles.  Ce  point 
de  vue  tout  nouveau  à  été  mis  en  relief  par  Langenbeck  (Beitrâgezur  chirurgis- 
chen  Pathologie  der  Venen,  in  Archiv  fur  Chimrg,,  t.  1,  p.  27  et  suiv.);  en 
1M8,  ce  chirurgien  vit  un  homme  atteint  de  fracture  du  pubis  et  chez  lequel  un 
fragment  osseux  avait  déchiré  la  veine  iliaque  externe,  juste  aunlessus  de  son  entrée 
dans  le  canal  crural  ;  une  hémorrhagie  interne  avait  causé  la  mort.  Langenbeck 
ajoute  :  c  Si,  dans  des  cas  moins  désespérés,  il  était  possible  de  reconnaître  avec 
quelque  certitude  l'hémorrhagie  de  la  veine  iliaque,  il  serait  indiqué  de  lier  l'ar* 
tère  iliaque  externe  ou  la  fémorale.  »  C'est  ce  qu'il  fit  en  1857,  dans  un  cas  ana- 
logue; en  extiqpant  un  sarcome  des  ganglions  inguinaux  profonds  entourant  la 
gaine  des  vaisseaux,  il  blessa  la  veine  fémorale  à  un  pouce  environ  au-dessous  du 
ligament  de  Fallope;  ligature  des  deux  bouts,  compression  générale  du  membre, 
tamponnement  de  la  plaie  avec  la  charpie  et  Tagaric,  tout  Ait  inutile;  la  ligaturo 
de  Tarière  fémorale  fut  faite  incontinent  au  niveau  de  la  plaie  veineuFe,  Thémor- 
rhagie  s'arrêta  aussitôt;  l'opérée  guérit. 

Le  diagnostic  des  plaies  de  la  veine  fémorale  ne  semble  pas  devoir  présenter  de 
difficultés;  toutefois,  deux  malades  ont  succombé  primitivement,  parce  que  la 
compression  avait  été  faite  entre  le  cosur  et  la  blessure.  L'erreur  avait  été  corn- 
mtse,  il  est  vrai,  par  des  personnes  étrangères  à  l'art,  un  médecin  ne  s'en  rendrait 
certainement  pas  coupable.  (Dupuytren,  Clin,  chirurg.y  t.  Yl,p.  62,  1859.  — 
OUier,  Thèse,  p.  50.) 

La  formation  possible  des  anévrysmes  artério-veineux  au  pli  de  l'aine  démontre 
encore  que  la  blessure  de  la  veine  inguinale  n'est  pas  aussi  fatale  qu'on  l'avait  supposé . 

La  veine  saphène  interne  se  jette  dans  la  crurale  à  une  distance  du  ligament  de 
Fallope  qui  varie  entre  2  et  >1  centimètres  ;  elle  traverse  eu  cet  endroit  le  fascia  cre- 
hifonnis.  L'orifice  qui  lui  donne  passage  a  beaucoup  occupé  les  anatomistes  ;  on 
lui  a  iait  jouer  daas  l'étiologie  des  varices  un  rôle  fort  illusoire  à  coup  sûr,  mais 
«]ui  a  néanmoins  fait  naître  un  procédé  singulier  :  le  débridement  de  l'anneau 
libreux  de  la  saphène  (Hérapath,  de  Bristol,  Rev,  méd.-chir.^  1848,  t.  IV, 
p.  106).  Lirrey  a  rapporté  une  observation  de  plaie  transversale  de  la  saphène 
iu-dessous  de  sa  jonction  avec  la  veine  fémorale  ;  les  deux  bouts  du  vaisseau  furent 
liés;  le  malade  guérit  (Nonv,  Journal  de  méd.^  t.  XI,  1821,  p.  25-528).  Dans 
b  kélotomie  crurale,  il  faut  se  rappeler  les  rapports  de  la  veine  avec  la  henûo; 
elle  est  située  en  dehors,  en  bas  et  en  arrière  de  la  tumeur  :  ce  n'est  guère  de 
œ  côté  qu'on  songe  à  débrider,  c'est  donc  plutôt  en  pratiquant  sans  précaution  les 
incisions  cutanées  qu'on  risquerait  d'atteindre  le  vaisseau. 

Point  de  renseignements  sur  les  plaies  sans  doute  peu  graves  des  autres  veines 
rolktérales  ;  cependant  Norris  parle  d'une  blessure  de  la  veine  circonflexe  qui 
dans  une  ligature  de  l'artère  iliaque  fut  une  grande  source  d'ennuis  pour  le  chi- 
rurgien (Follin,  p.  472). 

Près  de  son  embouchure,  la  saphène  est  munie  d'une  paire  de  fortes  valvules 
<]ui  deviennent  insuffisantes  dans  les  cas  de  varices  anciennes  et  volumineuses,  A 
cause  de  l'ampliation  considérable  que  le  tronc  veineux  subit  à  sa  prtie  supérieure. 


296  .  AINE  (patholocie). 

Li  veine  inguinale,  que  je  limite  comme  Tartèrc 
cette  dernière,  circonstance  à  noter  dans  la  ligatin 
rapport  avec  la  hernie  crurale  encore  contenue  d^m 
séparée  de  son  sac  que  par  un  mince  feuillet  (il 
passionnément  sur  le  siège  de  Télranglement  «^ 
de  compression  de  la  veine  fémorale  pour  prom 
au  niveau  de  Tanneau  crural  supérieur.  C(> 
fasse  le  débridement  directement  en  dehors 

Au  voisinage  de  Tarcade  crurale  se  ti 
tantôt  double,  le  plus  souvent  simple  ;  • 
ligament  de  Fallope,  on  rencontre  const 
une  fois  sur  trois,  la  veine  iliaque  extci 
autre  paire  (Houzé  de  TAulnois,  Rcr! 
1854,  n*  W,  p.  54),  On  sait  que  «î 
inférieure  et  les  iliaques  sont  avah  i 
elles  inféricurement  la  seule  limif' 
quelquefois  d'une  manière  sensilti 
dite  et  leur  résistance  sont  si  ^r 
à  injection,  il  est  impossible  <* 
cependant  elles  deviennent  in- 
mineuses  du  membre  inféi  i* 
à  Tamphithéâtre,  mais  vWv  ^ 

siyets,  en  variant  les  atlilu<> 
de  haut  en  bas  avec  une  ^ 
pli  de  l'aine  ralentit  ce  i:. 
opératoires,  entre  atih 


:i  iiimiinale  cooiïmv 

|.    \x)  eldratn^, 

»  .i."iii>  «inq  eterw- 

|i  •>  .t::it  duiio  diLit.i- 

.'il  |tt»iiit  où  elle  \)criotr 

tir  s;i  coniusion  avec  li 

«liais  |)lus  liaut,  qucj'ii 

■hr  et   n'a  pas  ou  jusqu'à 

lui  conduit  ceux  qui  l'ont 


_  .  ^  essentiels  de  cette  tumeur 

|s36,  p.  829),  et  Cniveilhiêf 

«itmplélé  le  taUeau  dont  voirt 


fà' 


•1     c 


(vay.  Phlébectasie,  \ 
dié  avec  Gubler  et  ^> 
iasuffisance  de  la  ^.■ 
mément  dilatées,  t 
ventriculaire. 

Si  rinsuffisat' 
dantou  après  )< 
n*  49)  ou  nir» 
nécessaireni»  • 
combattre  I' 

La  hh^ 
a  été  ron 
grène  !<  ' 
interru 
les  V4'i 
Tarir. 

1'    • 
a\*'. 

|S 

lit 


"  i%tic  des  varices  crurales  et  jam- 
.  >.'    an  peu  prolongée,  distension  il*' 
I  m  volume  qui  varie  d'une  noisetlr 
;r-  i'ircade  crurale  et  vers  la  prtic 
;siiiKie,  facilement  réductible,  avec  colo- 
.i,'^  ^  maigre;  tantôt  régulière,  héini- 
•ufunant  de  coutume,  par  sa  partie  inli^ 
,  et  souvent  sur  d'autres  points  di* 
sous-cutanés  et  flexueux.  Lorsqu'on 
■  cumenr,  avec  impulsion,  expansion  ot 
•    ■•-'irr'.  rajoute  que  lorsqu'on  place  un  doi^ 
--:  •  «  jB  coup  sec  sur  les  varices  de  la  jambe, 
.  :it-«jc  transmis  d'un  point  à  l'autre,  ce  qui 

-:-*.iir  it^paniit  promptement,  ménoe  sans  prp«- 

..  --^pyi^fiii  <on  aspect  normal.  Le  doigt  ne  perç^oit 

^  ..ic    WmiHt».  lïans  cette  attitude  mémo,  la  toux  f*t 

-u  •  r.  f  •rirs'ienient  et  l'impulsion.  Les  gangliou'i 

i  -ari^.  an  demi-cercle  de  petites  nodosités  (Cith 


:\ 


àim  la  majorité  des  cas  ;  cependant,  queique>- 

^    .H-  itf  Seine*,  Dupuylren  aurait  vu  dans  l'aine  pin 

•.  %>*  tu  ^KOMEoe  d'un  petit  œuf,  qui  n'était  ni  rédiKtible. 

^  jt   iKîii'^rv  iWT«pondant.  Sans  doute,  si  une  phlélûtt» 

^^  «  1  .Mrtcv,  b  coasistance  du  caillot,  la  sensibilité  à  U 

.iK'^'.  t«irriienl  tromper,  mais  ce  cas  est  oncocv  .\ 


•»    i«t>.i 


vrx.  •  •• 


ft*  AHirottArv  avec  un  anévrysme  fémoral  une  gros^ 
--f.  nt\  fJÔ^  il  w  cite  point  de  cas  à  Tappui  de  c^llt^ 


*.    .«^ 


la? 


o«  ii\    ht  ^  h  tumeur  qui  nous  occupe,  n  a  pas  été  sufli- 

^  1   !ssx  ttt  Le  »HU  do ^rice  ampullaire,  donné  par  Cni- 

**     rie  it  a c.  :xHi  rimniscrile,  anévrjsmoïde,  latérale  on  fu^i- 

r*     UiiîK   irt  ^^iî  i-»*  qi»  j  a»  disséqué  après  injection,  U 

'     *  *.t«.*»i%^  »*»'-i  niKtsioo  de  la  peau,  se  montm  en  rwliif 


AINE  (pathologie).  999 

■  !>•  |i:irlie,  piir  une  amplification  considérable  du  RÎmis 

■'<  hiiic  de  la  saphène,  et  par  une  dilatation  analogue  des 

■  iKioininalos  et  honteuses  externes  qui  affluaient  toutes  vers  le 


I.»    r 


llc-nième,  quoique  plus  rarement,  peut  devenir  le  siège  d'une 

iih'  .KCiioguo  à  la  précédente.  J'en  connais  deux  exemples   que 

.\  n'*M'*lés.  \je  premier  est  rapporté  par  Astley  Gooper  (édition 

•1  ^.    iMi7,  p.  504).    La  tumeur  avait  été  prise  pour  une  hernie. 

•  ■  •  hiinr^'ien  ne  s'y  trompa  point  et  reconnut  une  dilatation  veineuse. 

Mi,  «»ii  ronstataque  la  veine  fémorale  était  assez  dilatée  pour  permettre 

i(H  tion  du  doigt.  Astley  Cooper,  pour  assurer  le  diagnostic,  fit  une  manœuvre 

pt'iinûi  utiliser  dans  le  cas  de  dilatation  variqueuse  de  la  saphène.  «  La 

•I,  dit-il,  disparaissait  dans  l'attitude  horizontale;  mais,  dans  cette  même 

idts  elle  reparaissait  aussitôt,  pourvu  qu'on  pressât  sur  la  veine,  au-dessus 

.•laide  crurale,  de  fiaiçon  à  faire  obstacle  au  retour  du  sang.  » 

I.  '  second  cas  est  plus  curieux  encore,  surtout  par  les  détails  cliniques  qui  Tac* 

:ii{tai;nent.  Vn  individu  atteint  de  rétrécissement  squirrheux  du  rectum  est  pris 

>'  symptômes  de  péritonite;  il  meurt.  Avant  de  procéder  à  l'autopsie,  on  constate 

(UN  laine,  précisément  à  l'endroit  où  se  forme  la  hernie  crurale,  une  tumeur 

irrondie,  pyriforme,  brunâtre,  etc.  Qistella  se  désespère,  croyant  avoir  méconnu 

une  hernie  étranglée.  La  dissection  met  à  nu  une  tumeur  lisse,  brunâtre,  dont  le 

|itVlieiile  s'allonge  sous  l'arcade  crurale.  Fendue  avec  précaution,  elle  ne  renferme 

<|ue  du  sang  à  demi  coagulé.  C'était  une  varice  très-distendue,  formée  par  la  veine 

(  nirak,  qui  se  trouvait  oblitérée  sous  le  ligament  de  Fallope  par  un  caillot  très- 

liense.  D'autres  tumeurs  variqueuses  se  retrouvaient  à  la  cuisse  et  à  la  jambe. 

^Gtr^.méd,,  1842.) 

Lue  aflection  organique  du  gros  intestin  existait  également  dans  le  cas  d'Astley 
Txioper.  Cette  coïncidence  est  peut-être  fortuite,  mais  elle  est  bonne  à  noter. 

Les  varices  inguinales  siègent  encore  dans  les  rameaux  cutanés.  Chez  les  fenmieH 
qui  ont  eu  plusieurs  eniants,  dans  les  oblitérations  des  veines  fémorale,  iliaques 
ou  cave  inférieure,  dans  le  cas  d'anémsme  variqueux  inguinal,  le  pli  de  Taine, 
^  sillonné  par  des  vaisseaux  serpentins  très-superficiels  qui  peuvent  acquérir  un 
lohune  considérable.  On  y  reconnaît  les  veines  honteuses  externes,  sous-cutanées 
abdominales,  et  d'autres  branches  innominées  qui  contribuent  au  rétablissement 
<l<^  la  circulation  en  retour. 

L'oblitération  de  la  veine  inguinale  est  une  lésion  fréquente  due  à  des  causes 
ioultiples.  Les  recherches  modernes  sur  le  thrombose  et  l'embolie  augmentent  Tin- 
t^éi  qui  s'attache  à  son  élude. 

L'occlusion  s'effectue  de  deux  manières  :  A,  par  l'accolement  des  parois,  lors- 
qu'une tumeur  résistante  englobe,  refoule,  dévie,  soulève  ou  comprime  la  veine; 
H,  lorsque,  dans  l'intérieur  de  celle-ci,  se  forme  un  caillot  actif  ou  passif.  Ce  der- 
nier niécanisme  est  de  beaucoup  le  plus  commun. 

Autre  distinction.  I""  Le  caillot  obturateur  peut  naître  dans  la  région  même,  sous 
l'influence  d  une  cause  locale,  et  rester  circonscrit  :  c'est  ce  qui  arrive  dans  les  cas 
<le  phlébite  causée  par  la  compression  chirurgicale  ou  provoquée  par  le  vmsinage 
«1  un  phlegmon  de  la  fosse  iliaque,  d'un  abcès  inguinal,  d'une  ligature  d'artère, 
<}  nue  pldie  accidentelle  ou  d'une  opération  chirurgicale  quelconque. 

^i*  la  phlébite  prend  naissance  hors  de  la  r^ion  inguinale,  dans  les  veines 
^periiciellesou  profondes  de  la  jambe,  de  la  cuisse,  de  la  fesse,  de  la  paroi  abdo- 


"^l 


«k.       >•* 


■w*»- 


4|ui  eiiste  entre  les  deux  e$t  le  vai^iiieau  l^mphatiipii'. 
1  i  t wui  su  comporter  comme  uii  simple  aqueduc,  iiidifit'- 
.  >  e  «lui  aeoihle  justifier  cette  opinion,  c'est  Tabëenoe  de  tout 
p|»ret'ial)ie  sur  son  trajet  dans  l'espace,  souvent  trè»*long,  qui 
I  îtf»iim  locale  joiiimt  le  rôle  de  cause.  Hais  les  choses  no  m- 
-     .iO*ai>  ami.  Là  hiuphangite  est  très-commune  iî  la  suite  des  chiit- 
,A>.«.  .o  iMttrres  infectants.  Dans  le  premier  cas,  le  vaisseau  vecteur, 
.>^..«tui    licn^^  Ibrme  sous  la  peau  un  cordon  volumiueux,  rouge,  dur. 
••«ii«Auteu.\«  susceptible  de  s'ulcérer  de  distance  en  dislance  et  de  dou- 
••.>a»uM.f  •  tute  azérie  de  chancres  ti*ès-bien  caractérisés;  dans  le  second,  l<^ 
.«  (  uain4iiKs>  ue  suppurent  pas  plus  que  les  ganglions,  mais  ik  font  facik- 
.  ..    '  sMHfeUïMbles  au  toucher,  quelquefois  même  à  la  vue;  ralliant  tonsK*^ 
.^  t^-ift^  uaiitx>>  ib  transforment  la  pléiade  ganglionnaire  en  un  cylindre  noueux 
iad>  •  u  iMMftK»  volumineux  qui  marche  parallèlement  à  l'arcade  crurale,  la  recoud  iv 
«  •  .«ouik'  la  dépression  du  pli  de  laine  jusqu'au  voisinage  de  l'épine  iliaque.  U 
^uMiMAdOii  des  deux  lésions,  c'est-à-dire  la  lympluingo-adétiilej  est  donc  là  rê^^'l*:, 
u  .uoiàta^  dans  les  alleclions  inflammatoires  et  vénériennes. 

i)iu»  le^  eu^urgemenls  ganglionnaires  hidolents,  symptomatiques  d  une  aflcctiai 
uuoiiiiU*  elle-même  ou  d'une  lésion  non  inflammatoire,  épitbélionia,  cancer, 
.«  |iciU  volume  des  vaisseaux,  l'absence  de  réaction  phlegmasique dissimulent  leui 
ItaiiKiptiiioii,  miiis  ne  l'excluent  pis  en  principe. 

biihn^  daus  les  adénopathics  constitutionnelles  de  la  scitiliile,  du  larcin,  de  b 
|i^'6ic»  etc.,  tout  paraît  se  passer  dans  les  ganglions,  et  il  n'est  guère  question  (1<*^ 
\.a>M.au\  alïérents  ou  elTérents  ;  mais  c'est  plutôt  notre  ignorance  que  la  con^U- 
lion  diix'cte  qui  porte  à  leur  attribuer  un  rôle  purement  négatif. 

iic»  pi'oblèmes  du  reste  seront  discutés  ailleurs  avec  les  développeiucuts  qu'ils 
cgèAiportent.  Si  nous  nous  occupons  surtout  ici  de  la  lésion  gai^ioniiaiiv,  vl< 
qu'elle  Ibnne  une  tumeur  dont  les  caractères  sulBsenl  pour  diagnostiquer  le  ^â<';:' 
cl  hx  natuiv  de  l'alTection. 

.Uiét^opalM^t  adénites^  adénies,  bubon,  etc.  On  écrirait  un  volume  entjn 
)iur  les  allections  gangliommires  du  pli  de  l'aine,  tant  elles  sont  communes,  \ariêo. 
iiuptu  tantes  en  pratique  et  au  point  de  vue  doctrinal.  C'est  l'embairas  des  richesse» 
qui  rend  la  tache  diflicile. 

Lo  phénomène  initial  est  l'augmentation  de  volume*  Cette  règle  ue  soufirirait 
d'exception  que  si  nous  connaissions  les  signes  de  l'ati^ophie  ganglioiuiaire.  Tool 
liuvail  morbide  qui  envahit  les  glandes  inguinales  lait  donc  naître  uoe  tumeiu 
tUMéinent  appréciable  quand  elle  est  supcriiciclle,  plus  diflicile  à  recoiuiailre  kvs- 
qu'(*ll4)  fst  profonde  ou  cachée  derrière  l'arcade  crurale. 

C'i*i»t  sous  la  |)eau,  dans  l'axe  du  triangle  de  Scarpa,  immédiatement  au-desM^, 
aM-desM>UH  ou  au-devant  du  ligament  de  Fallope,  qu'on  rencontre  les  Iuumii^ 
iin|NU'lic4ellc8,  infmiment  plus  communes  que  les  autres.  Les  pixifoudes  seront 
rlu'rchôeM  soit  un  niveau  du  canal  crural  et  de  la  gaine  des  vaisseaux,  soit  à  i^ 
IHiriio  inlcrifure  et  bitérale  de  l'abdomen,  autour  de  la  terminaison  de  l'aHèii 
iliaque  4*\t4*rMe.  U\  détermination  du  siège  est  importante,  mais  non  patb^gooini»- 
luqiHS  d'iMitrirs  tumeurs  ]X)uvant  occu|)er  les  points  indiqués.  U  làut  donc  y  joindt* 
d'iiulrc»  curuclcrcSi 

\m  tnintntr  ganglionnaire  est  en  général  ovoïde,  à  gi'and  diamètre  taulot  pauj- 
IMi%  lunUU  presi|uc  [leriiendiculaire  au  pli  de  l'aine,  suivant  qu'elle  répond  »  b 
Ihni*  nu  lui  Miniinct  du  triangle  de  Scarpn.  Elle  est  régulière  ou  Iwttelée,  uiii*oci 


AINE  (patuolo<sik)  .  303 

multiiobée,  suivant  que  sont  pris  un  seul  ou  plusieui*}»  guuglions  ;  les  lobes,  séparés 
(nr  des  sillons  plus  ou  moins  profonds,  sont  mobiles  les  uns  sur  les  autres  ou  sou- 
dés ensemble  ;  la  masse  morbide  est  irréductible,  opaque,  mate  à  la  percussion  ; 
les  diverses  attitudes  du  corps,  la  toux,  Teflort,  ne  la  modifient  en  aucune  façon. 
Rénitente,  ferme  au  louchei',  quelquefois  fort  dure,  elle  n'offre  de  fluctuation 
f|u  en  cas  de  fonte  purulente  ou  de  ramollissement  ;  immobile  quand  elle  est  sous- 
apooévrotique,  elle  se  déplace  au  contraire  assez  aisément  et  roule  sous  la  peau 
quand  elle  est  superficielle  et  indolente.  Cependant  elle  contracte  souvent  des  adhé- 
rences avec  l'aponévrose  et  la  face  profonde  du  tégument  ':  quand  elle  est  ou  a  été  le 
siège  d'un  travail  inflammatoire,  quand  elle  est  surmontée  d'un  trajet  fistuleux,  etc. 
Ou  nV  perçoit  ni  battements,  ni  expansion,  ni  souffle.  Sauf  de  rares  e\ceptioni«, 
Tâdénopathie  inguinale  n'atteint  qu'un  volume  médiocre,  alors  môme  que  plusieurs 
psnglions  sont  intéressés 

A  CCS  caractères  locaux  s'en  joint  un  autre  de  la  plus  grande  valeur,  cpioiquo 
indirect  et  constatable  hors  de  la  tumeur  elle-même,  je  veux  parler  de  l'existence 
d'une  lésion  tinumatique  ou  organique,  récente  ou  ancienne,  dans  la  sphère  lym- 
{thatique  comme  des  ganglions  inguinaux.  L'adénopalhie  idiopathique  est  relati- 
vement fort  rare  ;  le  plus  souvent  on  retrouve  son  point  de  départ  quand  on  le 
cherche  attentivement  :  il  siégea  la  superficie  ou  dans  la  profondeur  de  la  peau, 
depuis  les  orteils  jusqu'à  l'ombilic,  dans  les  os  ou  les  articulations  du  membre 
alilominal,  aux  orifices  naturels  inférieurs,  aux  organes  génitaux  externes,  etc.  ; 
aussi ,  quelque  désagréable  que  puisse  être  pour  les  malades  une  exploration  com- 
plète, faut-il  la  demander  pour  peu  qu'il  existe  le  moindre  embarras,  car  en  un 
^  instant  elle  peut  lever  tous  les  doutes. 

Lorsqu*on  soupçonne  une  adénopathie,  il  faut  se  l'appeler  que  l'affection  totale 
!$e  compose  de  trois  éléments  :  !•  la  lésion  originelle,  plus  ou  moins  distante; 
2*  la  voie  de  transmission  par  les  lymphatiques  plus  ou  moins  longue  ;  5®  l'engor- 
gement ganglionnaire  plus  ou  moins  ancien.  Ces  trois  éléments  sont  assez  souvent 
i-ontemporains  et  coexistent  simultanément;  mais  il  n'en  est  pas  toujours  ainsi  : 
tantôt  le  ganglion  se  prend  tardivement  alors  que  tout  a  disparu  au  point  de  départ 
et  dans  les  vaisseaux  afférents,  tantôt  l'engorgement  survit  longtemps  à  sa  cause, 
de  sorte  qu'appelé  à  une  certaine  époque  le  praticien  n'a  plus  sous  les  yeux  qu'un 
des  termes  du  problème.  Les  commémoratifs,  un  interrogatoire  très-pressant, 
peuvent  remplir  la  lacune.  Chez  certains  sujets,  une  blennorrhagie  intense  laisse 
9près  la  guérison  une  pléiade  ganglionnaire  qui  simule  l'adénopathie  multiple  et 
uidoleote  de  la  syphilis.  La  hernie  crurale  hidure  également  les  glandes  voisines, 
peut-être  à  cause  de  la  pression  du  bandage.  Une  ancienne  contusion,  un  effoii 
violent,  dont  les  traces  ont  disparu,  ont  autrefois  provoqué  une  adénite  subaigiië 
dans  un  ganglion  qui  n*est  plus  douloureux,  mais  qui  conserve  un  certain  volume 
et  une  consistance  plus  grande  qu'à  l'état  normal,  etc. 

En  l'absence  de  tout  renseignement  tiré  de  l'examen  local,  il  reste  l'iuspeclion 
générale  du  corps  et  l'appréciation  de  l'état  constitutionnel!  Si  le  cou,  les  aisselles, 
sont  remplies  de  tumeurs  ganglionnaires,  on  pense  aussitôt  à  la  scrofule,  à  la  leu- 
<wUkémie  ou  à  cette  maladie  dans  laquelle  toutes  les  glandes  lymphatiques  sont 
hypertrophiées  et  que  Trousseau  vieut  de  dénommer  adénie.  Aussitôt  posé  le  dia- 
gnosticdu  charbon,  du  farcin,  de  la  peste,  celui  de  l'adénopathie  devient  clair. 

Tout  n'est  pas  fini  lorsqu'on  a  reconnu  que  la  tumeur  inguinale  siège  dans  Ivb 

(Jucllc  a 
rocessus  mor* 


-vu»  «s  (^fc  |Ni9  iiui  lui^u  un   il  icxuiiiiu  que  tu  luiuciii   tii^uiiiaiu   sicgc 

gauglioib  lymphatiques;  il  faut,  au  lit  du  malade,  pénétrer  plus  aVant. 
été  l'origine  de  lengorgement?  à  quelle  lésion  élémentaire,  à  quel  procès 


304  AINE  (pathologie). 

bide,  à  quel  dépôt  étranger  la  glande  doit-elle  son  accroissement?  La  matière  qni 
infiltre  le  parenchyme  ganglionnaire  n'est-elle  que  le  produit  de  rinflammatiou 
commune  ou  jouit-elle  de  propriétés  particulières  spéciûques,  \irulenkes,  conta- 
gieuses? Est-ce  une  hypergénèse  des  éléments  principaux  ou  accessoires,  oii 
bien  une  hétérotopie?  Y  a-t-il  identité  de  nature  entre  lafTection  gangliomiaire et 
l'affection  éloignée  considérée  comme  cause?  Enfin,  la  tumeur  est-elle  simple  ou 
combinée  avec  une  autre  lésion  inguinale,  hernie,  kyste,  etc.  ?  On  doit  répondre  à 
toutes  ces  questions,  car  si  la  connaissance  de  Toi^gane  afiecté  est  utile,  le  dia- 
gnostic de  la  cause  et  de  la  nature  hifluence  plus  directement  le  pronostic  et  le  trai- 
tement. Une  blenuorrhagie,  un  érysipèle,  une  écorchure  du  pied,  b  scrofule,  l.i 
peste,  font  suppurer  les  ganglions  inguinaux;  Tadénie,  la  vérole,  un  cancer  de  b 
verge,  les  tuméfient.  Voici  les  analogies  :  que  sont-elles  en  regard  des  difTérence^ 
qui  font  de  ces  affections  les  espèces  les  plus  essentiellement  distinctes?  Aussi  suis-je 
surpris  qu'on  s'obstine  à  leur  donner  toujours  le  même  nom.  Qu'on  leur  conserve 
le  titre  générique  d'adénupathie,  suffisamment  vague  et  insignifiant,  je  le  \eu\ 
bien;  mais  qu'on  ne  baptise  point  adénite  la  pléiade  vérolique  qui  d'ordinaire  n'olfiv 
aucune  trace  d'inflammation,  ou  l'hypertrophie  simple  qui  est  dans  le  même  cas; 
qu'on  ne  dise  plus  :  adénite  épithéUale,  cancéreuse,  tuberculeuse,  mais  Inen:  épi- 
thélioma,  tubercule,  cancer  ganglionnaire  primitif  ou  secondaire  ;  qu'on  réserve  Ir 
nom  de  bubon  à  l'inflammation  symplomati((ue  du  cliancroïde,  etc.  Qu'on  s'ef- 
force, en  un  mot,  d'employer  un  langage  logique  et  clair. 

Si  nombreuses  que  soient  les  altérations  anatomiques  ganglionnaires  et  les  cau- 
ses de  l'adénopatliie,  si  variés  que  soient  les  caractères  extérieurs  de  la  tumeur, 
le  diagnostic  complet  n'offre  pas  en  général  de  difficultés  très-sérieuses.  Il  faut  d'a- 
bord rechercher  avec  soin  le  point  de  départ,  et  ici  plusieurs  cas  se  présentent  : 
1"^  on  découvre  dans  la  circonscription  lymphatique  une  lésion  dont  la  nature  est 
évidente  ;  il  est  permis  d'en  conclure  que  le  ganglion  est  le  siège  d'un  processus 
morbide  semblable,  ex  :  chancre  mou  de  la  verge,  consécutivement  tumeur  phleg- 
moneuse  de  l'aine  ;  on  a  affaire  à  un  bubon  chancreux.  —  Cancer  ulcéré  du  pied, 
tumeur  inguinale  volumineuse,  bosselée,  recouverte  d'une  peau  adhérente  et  li- 
vide; c'est  un  cancer  secondaire  dans  les  ganglions.  11  faut  cependant  introduirr 
des  réserves;  le  buijon  se  résout  ou  bien  il  est  ouvert,  et  la  plaie  ne  devient  pas 
chaucreuse,  —  l'adénopathie  réputée  cancéreuse  ou  épithéliale  se  dissipe  après  l'a- 
blation du  membre  ou  l'extirpation  de  l'épithélioma  (j'ai  vu  l'an  dernier  un  cas  de 
ce  genre;  un  volumineux  ganglion  inguinal  me  fit  hésiter  à  enlever  un  cancroîdo 
largement  ulcéré  de  la  vulve,  j'opérai  néanmoins;  la  plaie  guérit,  le  ganglion  dit- 
{Kirut,  point  de  récidive  jusqu'à  ce  joiu*).  Dans  ces  cas,  qui  ne  sont  pas  rares, 
surtout  pour  le  bubon,  il  faut  admettre  que  le  pus  chancreux  ou  l'épithélium  intro- 
duits dans  le  ganglion  ont  disparu  spontanément,  ou  que  l'adénopathie  était  seule- 
ment le  reflet  de  l'irritation  causée  par  l'ulcération  de  la  peau;  2*  la  lésion  éloi- 
gnée est  appréciable  encore,  mais  elle  n'a  que  des  caractères  actuellement  douteux, 
n'ayant  jamais  eu  ou  ayant  perdu  ceux  qui  eussent  été  décisifs.  Tous  ceux  qui  ont 
pratiqué  les  maladies  vénériennes  savent  combien  il  est  malaisé  parfois  de  distin- 
guer le  chancre  infectant  du  chancre  mou,  ce  dernier  de  l'herpès  et  des  plaquer 
muqueuses  ulcérées,  le  cancroïde  et  l'esthiomène  du  chancre  chronique  ou  phai;('^ 
dénique  et  uiémc  des  ulcérations  tertiaires  ;  ils  connaissent  par  conséquent  )e> 
difficultés  du  diagnostic  de  l'adénite  inguinale.  L'inoculation,  les  antécédents,  le 
résultat  affirmatif  ou  négatif  de  l'exploration  générale  du  corps  dissipent  sou%«nl, 
il  est  vrai,  les  obscmités  ;  mais  c'est  surtout  dans  l'examen  de  la  tumeur  ganglion- 


AINE   (PATHOLOGIX).  505 

oaireelle-mème  qu'il  £iul  chercher  les  éléments  du  diagnostic.  Dans  la  majorité  des 
cas  en  eifet,  et  par  bouheur,  la  cause  imprime  à  l'adénopathie  des  caractères  bien 
tranches  qui  en  dévoilent  la  nature  et  celle  aussi  de  la  lésion  initiale  équivoque. 
LadénopAthie  bilatérale,  multiple,  indolente  et  indurée  de  la  vérole,  se  dis- 
tingue trè»-bien  de  Tengoi^gement  polyganglionnaire  de  la  scrofule  et  de  ladénie. 
Le  bubon  virulent  diflere  par  sa  marche,  sa  situation  et  son  aspect  de  Tadénite  in- 
flaimnatiMre  simple,  du  cancer  ganglionnaire  ramolli,  du  ganglion  tuberculeux  qui 
suppure.  L'adénopathie  scrafoleuse,  avant  ou  après  la  suppuration  simple  ou  com- 
pliquée de  fistules,  de  décollements,  d'hypertrophie  fongueuse  du  ganglion,  pré- 
sente une  [^ysionomie  toute  particulière;  on  peut  môme  reconnaître  un  bubon  vi- 
rulent enté  sur  un  engorgement  strumeux,  la  tumeur  revêtant  alors  des  caractères 
mixtes  qui  traduisent  l'association  de  la  maladie  constitutionnelle  avec  l'affection 
(brtuitenient  surajoutée.  Les  ulcérations  ganglionnaires  elles-mêmes,  avec  des- 
truction de  la  peau,  conservent  le  cachet  de  la  cause.  D'oii  l'on  peut  dire  qu'au 
\mi  de  vue  du  diagnostic  la  lésion  locale  et  l'adénopathie  exeiicent  l'une  sur 
fautre  un  contrôle  réciproque  très-profitable  à  la  clinique. 

D  autres  exemples  montrent  tout  le  parti  qu'on  peut  tirer  de  l'examen  des  gan- 
glions inguinaux,  serait-il  même  négatif.  A  Feutrée  du  vagin  se  présente  une  ulcéra- 
tion déjà  ancienne;  est-ce  un  chancre  phagédénique,  une  syphilide  ulcéreuse,  un 
accident  tertiaire,  un  cancroîde  ou  un  cancer?  On  explore  l'aine,  il  n'y  a  point  d'en- 
gorgement; le  cancer,  par  le  fait,  n'est  plus  en  cause,  tant  il  est  rare  qu'à  la  période 
d'ulcération  il  ait  respe^  les  ganglions.  Mais  l'engorgement  existe  :  s'il  a  les  carac- 
tères de  l'adénopathie  vérolique,  on  pense  à  la  syphilide  ;  s'il  est  aigu  et  phlegmo- 
iieux,  c'est  un  bubon  tardif  symptomatique  du  chancre  ;  s'il  est  unique,  dur,  mo- 
bile encore,  peu  volumineux,  indolent,  il  dénote  sans  doute  l'infiltration  épithéliale  ; 
s*il  est  volumineux,  multilobé,  adhérent,  ramolli  par  place,  s'il  marche  avec  ra- 
pidité, c'est  un  cancer  secondaire. 

La  jambeou  la  cuisse  sont  le  siège  d'une  tiuneur  profonde  ;  est-ce  un  ostéosarcome, 
ou  bien  une  de  ces  productions  relativement  bénignes  constituées  par  le  caililage, 
le  tissu  fibro-plastique  ou  les  éléments  normaux  de  la  moelle  osseuse?  Dans  le  pre- 
mier cas,  engorgement  presque  constant  et  précoce  des  glandes  de  l'aine  qui,  dans 
le  second  cas  au  contraire,  ne  sont  presque  jamais  envahies. 

Le  diagnostic  des  dermatoses  est  loin  d'être  toujours  aisé.  La  couleur,  la  forme, 
la  distribution,  l'indolence  et  le  prurit  ne  décident  pas  toujours  la  question  ;  l'état 
des  ganglions  ajoute  un  complément  utile,  si  on  se  rappelle  que  chez  les  arthriti- 
ques et  les  herpétiques  les  lésions  cutanées  n'engorgent  que  très-exceptionnellement 
les  glandes  lymphatiques,  tandis  que  l'inverse  a  lieu  chez  les  syphilitiques  et  sur- 
tout chez  les  scrofuleux. 

3^  Un  dernier  cas  enfin  se  présente  ;  l'examen  le  plus  minutieux  reste  sans  ré- 
sultat; on  ne  découvre  à  l'adénopathie  aucune  cause  actuelle,  générale,  ni  locale  ; 
loite  est  bien  d'admettre  que  l'engorgement  ganglionnaire  est  primitif,  spontané. 
Ce  que  nous  avons  dit  plus  haut  de  la  dis|)arition  précoce  de  la  lésion  locale,  de  la 
lenteur  et  de  la  ténacité  des  processus  morbides  dans  les  glandes  lymphatiques  res- 
treiot  beaucoup  le  nombre  de  ces  faits  insolites,  mais  n'autorise  pas  leur  négation 
systématique.  Les  débats  passioimés  sur  le  bubon  d'emblée,  l'existence  indiscutable 
do  cancer  ganglionnaire  primitif,  enfin  l'expérience  journalière  des  observateurs  non 
{avenus  ne  laissent  point  de  doute  sur  la  réalité  des  adénopathies  essentielles. 
Important  au  point  de  vue  doctrinal,  le  litige  l'est  beaucoup  moins  en  pratique;  si 
lelément  étidogique  fait  défaut,  l'aflection  n*en  reste  pas  moins  avec  ses  caractères, 

11.  !20 


306  AINE    (PATHOLOGIB). 

sa  marche,  sou  pronostic;  on  détermine  autant  que  poœiUe  la  forme  anatoonque  et 
l'on  se  comporte  en  conséquence,  suivant  qu'on  a  aflairc  à  une  tumeur  indolenlfou 
enflammée,  bénigne  ou  maligne. 

Il  n'y  aurait  pas  lieu  d'insister,  si  cette  lacune  dans  les  caractères  généraux 
de  l'adénopathic  n'exposait  à  la  confondre  avec  quelque  autre  tumeur  du  pli  de 
Tuine. 

On  trouve  eu  effet  dans  les  auteurs,  et  l'on  rencontre  trop  souvent  encore 
dans  la  pratique  de  tous  les  jours,  des  exemples  d'erreurs  de  diagnostic  oommi»e&: 
les  unes,  par  des  ignorants  incurables,  elles  s'observeront  toujours  (adénopatbiea 
diverses,  adénite,  bubon,  sur  lesquels  on  applique  un  bandage  herniaire)  ;  les 
autres,  par  des  médecins  qui  n'apportent  pas  assez  d'attention  dans  l'examen  ou 
qui  n'y  procèdent  pas  du  tout;  il  suffit  de  les  signaler  ;  les  dernières,  enfin,  justi- 
fiées par  la  complication  ou  l'obscurité  des  cas  et  dont  tout  le  monde  peut  se* 
rendre  coupable.  Elles  peuvent  être  classées  : 

1°  Erreurs  complètes  sur  le  genre  de  tumeur  :  adénopathie  profonde  prise  pour 
lui  phlegmon  de  la  fosse  iliaque,  pour  une  hernie  étranglée  ;  adénopathie  superfi- 
cielle prise  pour  un  kyste,  une  hernie  irréductible  épiploîque,  enflammée  ou 
non.  Il  faut  distinguer  deux  cas,  suivant  que  la  tumeur  est  indolente  ou  qu'elle 
s'accompagne  d'accidents  locaux  ou  généraux.  Au  reste,  la  méprise  n'a  pas  de 
conséquences  bien  graves  :  prendre  un  simple  engorgement  ganglionnaire  peut 
un  kyste  ou  pour  un  épiplocèle  n'a  d'inconvénients  que  si  l'on  prescrit  un 
bandage  ou  si  l'on  se  décide  trop  vite  à  tenter  une  opération  :  incision,  injur- 
tion,  extirpation.  Prendre  une  adénite  aiguë  pour  une  hernie  étranglée  n'est  pa> 
trop  malheureux  si  on  ne  s'évertue  pas  à  pratiquer  mi  taxis  inutile  et  à  médica- 
menter  le  patient;  on  en  sera  quitte  pour  découviir  le  foyer  d'une  manière  moiii^ 
oxpéditivc,  moins  brillante,  mais  plus  sûi*e.  D'où  cette  conclusion  que  daii^ 
le  doute  il  faut  s'abstenir  s'il  n'y  a  pas  d'accidents,  et  intervenir  daui»  le  (u« 
contraire. 

2^  Une  erreur  plus  sérieuse  consiste  à  porter  un  diagnostic  incomplet  :  une  adt*- 
nite  existe,  on  la  reconnaît,  mais  on  ne  croit  pas  devoir  agir  sur-le-champ  ;  der- 
rière le  ganglion  se  trouve  une  hernie,  cause  véritable  des  accidents.  Le  malad' 
memt,  ou  bien  il  est  opéré  trop  tard. 

plusieurs  faits  de  ce  genre  ont  été  loyalement  publiés,  le  plus  ancien  par  tbc. 
Un  homme  présentait  sous  l'arcade  ciiirale.une  turbeur  du  volume  d'une  cbàtaigiic 
qui  ressemblait  tout  à  fait  à  une  glande  lymphatique  et  qu'on  crut  d'origine  >cué- 
rienne  :  cataplasmes  ;  mort  deux  ou  trois  jours  plus  tai^.  Â  l'autopsie,  ganglion 
volumineux  et  enflammé  cachant  une  petite  hernie  formée  par  un  pincement  do 
l'intestin.  Si  l'on  avait  opéré,  il  aurait  fallu  extiq>er  le  ganglion.  (Medic.  Otorr. 
and  Inquiries,  London,  1771,  t.  IV.) 

Fenune  portant  depuis  longtemps  une  tumeur  ganglionnaire  inguinale  qualiliéc 
de  bubon  bénin.  Survient  le  cortège  des  accidents  abdominaux  ipi'on  attribue  à  une 
métro-péritonite,  contre  laquelle  un  traitement  antiphlogisticpie  des  plus  énergi- 
ques est  mis  en  usage.  Aggravation  continue  des  symptômes.  On  se  décide  a 
inciser  la  tmneur.  Après  avoir  traversé  une  couche  épaisse  de  glandes  engorgées 
et  lardacées,  on  ouvre  im  kyste  rempli  de  sérosité  ;  enfin  se  montre  sous  l'arcade 
crurale  une  heiiiie  du  volume  d'un  œuf  de  pivert.  Débrideinent,  réduction,  mort 
vingt-huit  heures  après.  (Pellegrini,  Annali  Univ.  di  Medidna,  1844,  I.  C\. 

p.  OOÙ,) 

Vieille  aliénée,  symptômes  d'étranglement»  On  trouve  dans  l'aine  une  tumeur 


AINE  (pathologie).  507 

^«Qglionaaire  ;  point  de  hernie.  Ou  croit  à  une  péritouite  clirouique  avec  iléus. 
Ifort  trois  jours  après.  Autopsie  :  péritonite  aiguë,  perforation  intestinale,  petite 
heroie  crurale  étranglée  cachée  derrière  une  glande  engorgée,  ramollie,  du  vo- 
ione  d\in  œuf  de  pigeon.  (De  la  Harpe,  de  Lausanne,  Gaz.  Méd.  de  Paris 
!8S9,  p.  570.) 

(bnclusion  pratique  :  agir  promptement,  découvrir,  inciser,  dissé(|uer»  au  Ijcboia 
néne  extirper  le  ganglion  soupçonné  de  masquer  la  hernie.  Cette  conduite  l'ut 
beumBement  suivie  par  Apleton  dans  un  cas  fort  analogue  aux  précédents  ; 
ropéralioo,  faite  de  bonne  heure,  fut  médiocrement  laborieuse  :  elle  réussit  à 
souhait.  (Union  médicale,  1859,  2<  série,  t.  lU,  p.  599.) 

3*  Erreurs  sur  la  variété  d'adénopathie.  On  raécoiuiait  la  cause,  ou  proclame  trop 
vite  rideatité  de  nature  entre  la  lésion  primitive  et  la  lésion  ganglionnaire  ;  on  ne 
liait  pas  compte  des  causes  combinées,  on  regarde  comme  spécifique  ou  diathc- 
si(|i]e  une  adénopathie  qui  ne  Test  pas,  et  réciproquement.  Ces  erreurs  sont  très- 
communes  ;  les  plus  usitées  consistent  à  prendre  pour  vénériennes  toutes  les 
jdàiopathies  simples  ou  diathésiques,  indolentes  ou  enflammées,  et  pour  syplii- 
iitiquÊS  toutes  les  adénopathies  vénériennes  symptomatiques  du  chancre  mou, 
(le  la  Uennorrhagie,  de  la  vulvo-vaginite,  de  Therpes  génital  des  deux  sexes. 
iFoy.  Bubon.) 

Une  opinion  préconçue,  un  interrogatoire  négligé,  une  exploration  locale  ougéuc- 
uie  impar&ite,  une  connaissance  insuffisante  des  caractères  propres  à  chaque  adéno- 
pathie, mènent  à  ces  méprises  qui,  sans  être  très-graves,  sont  pourtant  fâcheuses  : 
snpçons  injustes  qui  révoltent  les  malades,  pronostics  démentis  dans  la  suite  an 
détriment  de  la  considération  médicale,  traitement  local  inefficace  ou  nuisible, 
Ifaérapeutique  générale  inutile  sinon  mauvaise;  plus  tard,  erreurs  de  diagnostic 
foodées  sur  une  anamnèse  erronée,  etc.  Au  point  de  vue  chirurgical  proprement 
dit«  intervention  intempestive  ou  abstention  mal  motivée. 

Pour  condenser  les  généralités  qui  précèdent,  je  vais  énumérer  sans  les  décrire, 
(l  en  les  mettant  seulement  en  regard  de  leur  cause,  les  variétés  nombreuses  de 
luioeurs  gaiiglionnaires  inguinales. 

1*  Adénopathies  indolentes  superficielles.  — A.  Généralement  polyganglion* 
naires,  bilatérales:  syphilis,  scrofule,  adénie,  farcin,  blennorrhagie ,  vulvo- 
uginite.  —  B.  Unilatérales,  mono  ou  polyganglioimaires  :  ulcères  cutanés  et  lésions 
chroniques  du  squelette,  néoplasmes,  hernie  crurale. 

i*  Adénopathies  indolentes,  profondes  ou  iliaques,  associées  quelquefois  à  ladé- 
no|athie  superficielle,  ordinairement  unilatérales  et  polyganglionnaires  :  coxal- 
gie, affections  organiques  des  parties  molles  profondes,  du  squelette  et  des  arti- 
cidatioas,  soit  du  bassin,  soit  du  membre  inférieur, 

5*  Adénites  aiguës  ou  chi^oniques  simples,  avec  ou  sans  suppuration,  umlatérales 
mono  ou  polyganglionnaires  :  lésion  traumatique  directe,  efïbrt,  plaies  ou  ulcé. 
ntioQs  éloignées  cutanées  ou  muqueuses,  herpès,  dermatoses,  érysipèle,  peste, 
pu!^tule  maligne,  charbon,  inflammations  aiguës,  abcès  des  orifices,  ostéite, 
<m  arthrite  récente. 

4^  Adénite  phlegmoneuse,  virulente,  monoganglionnaire,  unilatérale  :  chancre 
mou,  chancre  mixte. 

5*  Adénopathies  fongueuses,  fistuleuses,  atoniques  :  scrofule,  toutes  les  adé- 
nites suppurées  diez  les  scrofuleux  et  les  cachectiques. 

6*  Adénopathies  essentielles,  rares  ;  hypertrophie  simple,  sarcome,  cancer 
ganglionnaire. 


308  Alx\K  (pathologie). 

Ce  tableau  ii*est  ni  complet,  ni  absolu  ;  on  remplira  les  lacunes,  on  recUtîen 
les  erreurs  avec  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut ,  en  se  re|)ortant  d'ailleun» 
aux   articles  Adénite,    Bobon,  Chamcre,   Lymphatiques  (Ganglions),   Stpbou, 

SCROFOLE. 

11  existe  de  nombreux  écrits  sur  l'adénite  en  général  et  sur  les  maladies  véné- 
riennes; on  y  trouvera  des  renseignements  sur  Tadénopathie  inguinale.  Je  ne  fais 
qu'indiquer  quelques  sources  supplémentaires  :  Caubàre.  Hypertrojiiie  générale 
des  gatiglions  lymphatiques  (llihse  de  Paris,  1859,  n*"  119).  — Trousseau.  Leçons 
sur  Vadénie  (Gaz.  hebdam.,  janvier  1865).  —  Dupuis.  Affections  des  ganglitm* 
lymphatiques  de  Faine  (Thèse  de  Paris,  1846,  n*  56).  —  Gabalda.  Considéra- 
lions  pratiques  sur  les  bubons  scrofuleux  (Bull,  de  Thérap.,  janvier  et  mai> 
1846).  —  Neyrand.  Des  adénites  inguinales  et  de  leur  importance  dans  les 
maladies  vénériennes  (Thèse  de  Paris,  1862,  n«93).  —  Bertherand.  AdémU 
inguinocrurale.  (Gaz.  méd.  de  Strasbourg,  1851,  p.  398.) 

Varices  lymphatiques.  L'histoire  naguère  fort  obscure  de  la  Ijmphangiectasîc 
s'est  récemment  enrichie  de  faits  nouveaux.  Ceux  qu'on  a  observés  dans  la  seule 
légion  inguinale  permettent  aujourd'hui  de  décrire,  suivant  le  siège  qu'occupent 
les  vaisseaux  dilatés,  trois  formes  distinctes  qui  peuvent  exister  isolément  ou  m 
combiner  entre  elles. 

1**  Varices  dermiques  ou  des  réseaux  superficiels  ; 

2®  Varices  des  troncs  sous-cutanés; 

S''  Varices  des  troncs  sous-aponévrotiques. 

Comparées  à  ce  qu'on  observe  dans  la  phlébectasie,  ces  trois  formes  correqmh 
dent  exactement  à  la  veinosité,  aux  varices  sous-cutanées  et  aux  varices  pro- 
i'oudes. 

Varices  dermiques.  Elles  donnent  à  la  peau  une  apparence  rugueuse,  chafrii- 
née,  tout  à  fait  particulière,  et  qu'on  a  comparée  assez  heureusement  à  celle  de 
l'écoroe  d'orange.  Le  tégument,  qui  semble  hypertrophié,  est  recouvert  de  gra- 
nulations translucides,  disposées  avec  plus  ou  moins  d'ordre,  et  munies  de 
parois  d'une  extrême  ténuité.  Quelques-unes  d'entre  elles,  plus  dilatées  que  it« 
autres,  forment  çà  et  là  des  ampoules  qui  se  rompent  parfois  spontanément  et  Iai^- 
sent  écouler  de  la  lymphe.  Demarquay,  Thilesen,  et  surtout  Camille  Desjardin>  et 
Gubler,  ont  très-bien  décrit  cette  forme,  dont  Michel,  de  Strasboui^,  a  prédsé,  par 
l'injection  et  la  dissection,  le  siège  anatomique. 

Varices  sous-cutanées.  Elles  forment,  sous  la  peau,  des  cordons  cyliodroide$, 
mobiles,  noueux,  monililbrmes,  dui*s,  peu  réductibles,  quelquefois  tran^rents, 
remplis  de  lymphe,  comme  le  prouve  la  ponction.  Parallèles  ou  disfiosés  en  réscsiui 
à  larges  mailles,  les  cylindres  présentent  parfois,  sur  leurs  trajets,  des  dilatatiorb 
ampuUaires.  C'est  à  la  lace  interne  de  la  cuisse,  à  la  portion  crurale  du  pli  de  l'aine, 
d'un  seul  coté  jusqu'à  présent,  que  ces  deux  formes  de  la  lymphangiectasic  sus%ipn- 
névrotique  ont  été  le  plus  souvent  obsei-vées.  Follin  (Traité  de  palh.  externe. 
t.  II,  p.  575)  a  bien  résumé  l'état  de  nos  connaissances  sur  cette  atlection  dont  k* 
diagnostic  n'ofl're  guère  de  difficultés. 

Varices  profondes.  (]elle  troisième  forme,  signalée  par  Amussat  et  figum 
dans  la  thèse  de  Breschet,  était  considérée  jusqu'à  ce  jour  comme  extrêmement 
rare.  Elle  prendra  place  désormais  dans  le  cadre  nosologique,  grâce  à  la  rvoiiu 
conunimication  d'U.  Trélat  à  la  Société  de  chirurgie.  (BulL,  2*  série,  t.  V.  ISGI. 
p.  306,  43.1,  480.) 

Cet  auteur  a  pu  citer  trois  observations  complétées  par  Tautopsie;  NélaUxi  a  «u 


AINE  (patroi.a6ik).  509 

Ire  cas  de  ce  genre;  de  son  côté  L.  Petit,  ancien  médecin  en  chef  de  la  marine 
i  rile  de  la  Réunion,  a  transmis  par  écrit  à  la  Société  le  résultat  de  son  expé- 
rience. Celle  forme  est  donc  plus  commune  qu'on  ne  le  croyait,  et  désormais  ou 
ie^fn  b  diagnostiquer  à  l'avance,  ce  qui  est  fort  important,  1  erreur  pouvant  avoir 
tt  ayant  eu  déjà  les  suites  les  plus  funestes. 

C'est  sous  l'aspect  de  tumeurs  que  se  présentent  ces  varices  profondes.  Elles  enva- 
hissent ordinairement  les  deux  côtés  à  la  fois,  apparaissent  au  début  dans  le 
triangle  de  Scarpa,  etdeviennent  bilobées  dans  la  suite,  en  remontant  derrière  l'ar- 
rade  crurale  jusque  dans  la  fosse  iliaque.  Molles,  à  surface  régulière,  légèrement 
mobiles  entre  les  muscles  et  la  peau,  elles  ont  la  consistance  et  la  fausse  fluctua- 
tion du  lipome;  elles  ne  sout  pas,  à  proprement  parler,  réductibles  à  la  pression 
brusque,  mais  le  décubitus  dorsal  un  peu  prolongé  les  fait  disparaître  presque 
complètement.  On  ne  trouve  plus  alors  à  leur  place  qu'une  sorte  de  sac  irrégulier 
légèrement  mamelonné.  La  peau  qui  les  recouvre  est  saine,  et  n'offre  ni  hyper- 
tropbie,  ni  adhérences,  ni  changement  de  coloration.  Elles  ont  été  jusqu'à  ce 
jour  observées  presque  exclusivement  sur  des  sujets  jeunes  et  bien  portants,  ori- 
ginaires des  Antilles  ou  des  colonies  ;  cette  dernière  circonstance  est  importante 
pour  le  diagnostic. 

Au  reste,  aucun  symptôme  fâcheux,  indolence  presque  absolue,  accroissement 
très-lent,  état  stationnaire  prolongé,  etc.  On  pourrait  les  confondre  avec  la  hernie 
épiploique,  le  lipome,  les  tumeurs  érectiles  veineuses  profondes  ;  mais  les  comme- 
iDoratiis,  la  forme  en  bissac,  la  symétrie,  la  réductibilité  lente,  suffiront  pour  pré- 
venir l'erreur.  Comme  dans  les  questions  nouvelles  il  est  bon  de  réunir  le  plus  de 
doGuments  possible,  je  dirai  ce  que  j'ai  vu. 

Je  fus  consulté  autrefois  par  le  jeune  homme  opéré  plus  tard  par  Nélaton. 
Qiaque  région  inguinale  était  occupée  par  une  tumeur  volumineuse,  à  grand 
âxe  vertical,  bilobée  par  l'arcade  crurale,  indolente,  molle,  à  peine  réductible, 
o(fnnt  en  un  mot  tout  l'ensemble  des  caractères  indiqués  plus  haut.  Je  portai, 
faute  de  mieux,  le  diagnostic  de  tumeur  érectile  veineuse  ;  mais,  dans  cette  hypo- 
thèse elle-même,  toute  action  chirurgicale  me  paraissant  fort  périlleuse,  j'engageai 
mement  ce  jeune  homme  à  ne  jamais  réclamer  ni  accepter  d'opération  quelconque. 
H  ne  tint  pas  le  conseil  pour  bon  et  succomba. 

J'ai  la  persuasion  de  m'étre  trompé  encore  une  fois.  Je  fus  mandé,  il  y  a  trois 
ans  à  peu  près,  par  mon  ami  le  docteur  Grenat,  pour  visiter  un  jeune  créole  de 
111e  Maurice,  élevé  dans  une  institution  du  Marais.  Jusqu'alors  bien  portant,  quoi- 
que d'une  constitution  assez  débile,  ce  jeune  homme  venait  d'être  affecté  d'une 
fièrre  continue  de  huit  jours,  avec  éruption  confluente  à^herpes  ktbialis.  Pendant 
la  maladie,  il  avait  ressenti  une  douleur  assez  forte  à  la  région  inguinale  gauche, 
ou  jusqu'alors  il  n'avait  rien  remarqué  d'insolite.  Cest  pour  ce  dernier  symptôme 
que  j'étais  consulté.  Je  trouvai  le  triangle  de  Scarpa  occupé  par  un  empâtement 
mollasse  encore  un  peu  sensible  au  toucher,  mal  circonscrit,  borné  cependant  en 
haut  par  l'arcade  crurale,  diminuant  de  volume  par  le  repos  et  la  pression  lente, 
sans  disparaître  complètement.  Nuls  symptômes  abdominaux,  nulle  étiologie  cer- 
taine, sauf  peut-être  des  efforts  exagérés  dans  les  exercices  gymnastiques.  Cela  ne 
re^emblait  à  rien  de  connu,  sauf  à  ime  hernie  crurale  épiploique  dont  Tinflamma- 
tion  légère  se  serait  communiquée  au  tissu  cellulaire  voisin. 

J'ordonnai  le  repos,  les  topiques  émollients,  quelques  laxatifs.  Au  bout  de  huit 
i<>urs,  la  tumeur  avait  notablement  diminué  et  paraissait  mieux  circonscrite  à  la 
région  de  la  hernie  crurale.  La  douleur,  au  toucher,  avait  disparu,  et  je  crus  plus 


3i0  AINE    (PATHOLOCIS). 

fcrmeinent  à  un  épiplocële  crural  exœptionnel.  Rassuré  d'ailleurs  sur  l'iinmi- 
nence  d'un  phlegmon,  je  Hs  appliquer  une  pelote  très-douce  qui  soulagea,  nuis 
ne  changea  guère  l'état  des  choses.  J'ai  perdu  ce  jeune  homme  de  vue;  j'ai  seule- 
ment appris  qu'il  avait  continué  à  porter  son  bandage. 

L'incertitude  dans  laquelle  je  restai  pendant  plusieurs  jours,  malgré  des  eia- 
mens  réitérés,  a  fait  souvent  revenir  ce  fait  à  ma  mémoire.  Je  nlbésîte  guère 
aujourd'hui  à  croire  qu'il  s'agissait  d'une  tumeur  variqueuse  lymphatique  pro- 
fonde, jusqu'alors  méconnue  par  le  malade,  et  devenue  accidentellement  le  sié^e 
d'un  travail  inflammatoire. 

La  connaissance  des  causes  est  un  des  meilleurs  éléments  du  diagnostic  ;  mal- 
heureusement nous  ne  savons  presque  rien  de  l'étiologie  de  la  lymphaogiectasie. 
Tout  porte  à  croire  que  le  cours  de  la  circulation  lymphatique  est  fréquemment 
interrompu  dans  les  ganglions  inguinaux,  atteints  si  fréquemment  d'induration  ei 
de  dégénérescences  variées;  cependant  je  ne  trouve  qu'une  observation  de  Tariœs 
inguinales  consécutives  à  la  lésion  ganglionnaire.  Richet  a  vu  les  lymphatiques 
dilatés  au-dessous  des  ganglions  inguinaux,  tous  envahis  par  la  matière  can- 
céreuse {AnaL  chirurg.y  1855,  p.  180).  On  a  rencontré  souvent  la  dilatatioo 
des  lymphatiques  du  prépuce,  de  la  verge,  du  scrotiun,  mais  on  ignore  dan» 
quel  état  se  trouvaient  les  ganglions  correspondants  ;  il  est  difficile  de  compren- 
dre comment  des  vaisseaux  aussi  ténus  pourraient  autant  s'amplifier  sans  un 
obstacle  matériel  sur  leur  trajet.  De  nouvelles  recherches  anatomiques  sont  dont 
nécessaires. 

Même  ignorance  sur  le  mode  de  formation  de  la  lymphangiectasie  spontanée. 
Nous  en  avons  admis  trois  formes  qu'on  décrit  séparément,  mais  qui  ne  sont  pro- 
bablement que  des  degrés  du  même  mal.  Si,  guidé  par  l'induction  et  par  les  r^ 
tats  déjà  fournis  par  l'observation  clinique  et  l'anatomie  pathologique,  j'applique  à 
l'ectasie  lymphatique  ma  théorie  de  l'ectasie  veineuse,  j'arrive  aux  oonchisions 
suivantes. 

La  lymphangiectasie  spontanée  (sans  engorgement  appréciable]  des  gangliom 
inguinaux)  débute  par  les  vaisseaux  profonds  de  l'abdomen.  Elle  dilate  soooesâve- 
ment,  de  haut  en  bas,  les  lymphatiques  iliaques,  puis  les  vaisseaux  intra-gan^lion- 
naires  iliaques  et  inguinaux,  enfin  les  vaisseaux  aflcrents  profonds  de  ees  gan- 
glions. Dans  cet  état,  à  cette  période,  il  y  a  tumeur  variqueuse  profonde  «w^ 
aponévrotique,  c'est-à-dire  la  troisième  forme  décrite  plus  haut. 

L'affection  s'accroît  toujours  dans  le  même  sens;  l'ectasie  envahit  les  gros  hm- 
phatiques  sous-cutanés.  Deuxième  forme,  varices  cylindriques  sus -aponévrotique» 
1/'  progrès  continue  ;  la  dilatation  se  propage  aux  réseaux  les  plus  superfirieb 
varices  dermiques,  première  forme.  11  faudrait,  pour  justifier  ces  hypothèses.  de« 
développements  qui  me  sont  interdits  dans  cet  article.  J'en  veux  tirer  nniqueflwfi( 
celte  conclusion  pratique  et  provisoire,  mais  prudente,  qu'il  ne  faut  toucher  chiroT' 
gicalement  à  la  lymphangiectasie  inguinale  qu'avec  la  plus  grande  réserre,  qwlir 
qu'en  soit  la  forme. 

Lymphorrhagie,  lymphorrhée^  fistules  lymphatiques.  Cesl  au  pli  d(*  lune. 
|iour  la  premièi*e  fois,  que  l'écoulement  continu  de  la  lymphe  a  été  explicitement 
indiqué  comme  suite  d'un  traumatisme.  Ruysch,  dans  sa  41*  obaervatkm,  par^ 
d'un  chinirgien  qui,  en  faisant  l'ouverture  précoce  d'un  bubon,  divisa,  mata  for- 
tuna,  un  vaisseau  lymphatique.  Il  s'ensuivit  un  écoulement  de  lymphe  très-ahin- 
dant,  qui  résista  à  divers  moyens  et  ne  céda  qu'à  la  compression. 

Vidal,  de  Cassis,  dit  avoir  observé  un  écoulement  peu  considérable  de  lymphe quj 


AINE  (pathologie).  Sil 

s'est  probngé  fmànni  une  semaine,  à  la  suite  d*une  opération  de  hernie  crurale. 
Le  huitième  jour,  la  cicatrisation  de  la  plaie  étant  avancée,  on  permit  au  malade 
de  se  lever,  et  Fécoulement  s'arrêta  {Traité  de  pathol.  externe,  3«  édit.,  1851, 
I.  II,  p.  71).  Le  vaisseau  blessé  était  sans  doute  à  l'état  sain  au  moment  de  son 
ouverture. 

Dans  d'autres  cas,  la  lymphorrhagie  apour  cause  prédisposante  la  dilatation  préa- 
lable des  lymphatiques  (Richet,  Nasse).  Dans  le  fait  de  ce  dernier,  une  tumeur  se 
forma  à  h  partie  supérieure  de  la  cuisse,  à  la  suite  d'une  violence  extérieure. 
L'ouverture  donna  issue  à  de  la  lymphe,  dont  l'écoulement  fut  très-difBcile  à  arrêter 
et  menaça  le  sujet  de  consomption.  (Chelius,  Handbuch  der  Chirurgie,  7'  édit. , 
1851, 1. 1*',  p.  51.) 

Ches  la  malade  de  G.  Desjardins,  la  lymphorrhagie  succédait  également  à  des 
piqûres  de  lancette  pratiqua  sur  les  ampoules  variqueuses;  mais  la  rupture  peut 
avoir  lieu  spontanément  comme  dans  les  cas  de  Demarquay  et  de  Richet. 

La  dénomination  de  fistules  lymphatiques  ne  convient  pas  également  à  tous  ces 
laits,  puisque  Técoulement  peut  être  intermittent  ou  cesser  de  lui-même,  comme 
Vidal  Fa  noté.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  quantité  de  fluide  ])erdue  atteint  quelquefois  des 
proportions  considérables. 

Tous  les  exemples  de  lymjdiorrhagie  sommairement  rapportés  dans  les  auteurs 
nnoîens  ne  sont  pas  concluants;  mais,  de  nos  jours,  le  diagnostic  n'offre  réellement 
point  de  difficultés.  L^analyse  chimique,  l'examen  microscopique,  la  manœuvre 
consistant  à  comprimer  alternativement  au-dessus  et  au-dessous  de  la  plaie,  sont 
de  nature  à  lever  les  doutes.  Il  n'existe  d'ailleurs  au  pli  de  l'aine  ni  bourse 
séreuse,  ni  gaine  tendineuse  pouvant  fournir  un  écoulement  de  liquide  capable  de 
simuler  la  lymphe,  connue  cela  pourrait  arriver  dans  d'autres  régions. 

Le  mécanisme  de  la  lymphorrhagie  est  encore  inconnu,  sauf  quand  il  y  a  engor- 
gement infrandiissable  des  ganglions.  La  division  complète  du  vaisseau  par  suite  de 
piaie  pourrait  amener  l'oblitération  du  bout  périphérique;  mais  cette  condition 
manque  évidemment  dans  certains  cas,  comme  le  démontre  l'augmentation  de 
Técoulement  par  la  compression  exercée  plus  haut  que  l'orifice. 

Les  fistules  lymphatiques  portent  d'ordinaire  sur  les  vaisseaux  périphériques  ; 
cependant  elles  peuv«it  sans  doute  procéder  aussi  des  ganglions  :  c'est  ce  que  ten- 
drait i  prouver,  mais  non  d'une  façon  péremptoire,  un  fait  cité  par  Bonfils  :  Un 
malade,  affecté  d'hypertrophie  générale  des  ganglions  lymphatiques,  présentait  au 
iiiveau  de  la  tumeur  inguinale  droite  une  piaie,  siège  d'un  écoulement  abondant 
et  continu.  Le  fluide,  clair,  limpide,  légèrement  citrin,  rosé,  à  peine  visqueux,  fut 
reconnu  pour  de  la  lymphe  par  le  microscope  et  l'analyse  chimique.  [BvU,  de  la 
Soc,  anai,,  2»  série,  t.  I**,  p.  475, 1856.) 

Nous  n*ayons  point  à  parler  du  traitement,  et  pourtant  nous  consoillerions  volon- 
tiers l'essai  de  la  compression  digitale,  mis  en  usage  avec  tant  de  succès  par  I^eu- 
desdorf,  de  Hambourg,  dans  un  cas  de  fistule  lymphatique  du  dos  du  pied  (Archiv 
fur  Chirurgie^  de  Langenbeck.  1862,  t.  III,  p.  417.) 

Affections  musculaires.  Entre  la  peau  et  le  squelette  de  la  région  se  trouvent 
divers  muscles  et  un  appareil  fibreux  compliqué,  mais  ces  organes  ne  se  prêtent 
qu'à  un  nombre  restreint  de  considérations  pathologiques.  Le  psoïtis  sera  dé- 
rrit  à  part  ;  nous  en  voulons  dire  seulement  qu'il  cause  la  rétraction  du  membre 
iniérieuret  fait  naître  des  abcès  aigus  ou  subaigus  qui  s'ouvrent  ou  sont  ouverts 
dans  le  pli  de  l'aine  ou  dans  son  voisinage,  d'où  la  possibilité  de  les  confondre  avec 
les  abcès  par  congestion,  les  abcès  coxalgiques  et  ceux  de  la  bourse  séreuse,  enfin 


512  AINE  (patoologir). 

avec  1ns  phlegmons  de  la  fosse  iliaque,  sans  que  l'autopsie  eUe^mémo  puisse  toujours 
trancher  la  question  (Dawson,  Afin,  de  lachir.  franc,  et  étrang.,  t.  II,  p.  500  ; 
i84i).  La  flexion  de  La  cuisse,  les  douleurs  vives  provoquées  par  reiteDsion  força' 
indiquent  que  le  psoas  est  intéressé,  roais  ne  décident  pas  s'il  est  contracture,  en- 
flammé ou  soulevé  par  une  tumeur  sous-jacente. 

Houël  (Manuel  ianat.  pathoL,  1857,  p.  158,  175)  et  d'après  lui  sans  doute 
Denucé  (Art.  Ankylose,  du  Nouveau  dictionnaire  de  Médecine  et  de  Chirvrgif 
pratique^  t.  II,  p.  520),  parlent  d'une  ossification  du  psoas  ankylosant  la  hanche; 
ils  renvoient  tous  deux  à  la  pièce  757  déposée  au  Musée  Dupuytren  par  Stansky  et 
relative  à  une  luxation  sous-pubienne.  Or,  outre  qu'il  n'est  nullement  question  de 
cette  lésion  dans  l'observation  même  deStansky  (Bull,,  t.  XII,  p.  296  ;  1837),  l'eia- 
men  direct  de  la  pièce  n'autorise  nullement  à  l'admettre. En  revanche,  l'ossificitioii 
du  psoas  est  mentionnée  explicitement  par  Broca  qui  en  a  présenté  un  exemple  et 
par  Deville  qui  l'avait  déjà  vue  trois  fois.  (BuUetin  de  la  Soc,  anat.,  tome  XXV, 
p.  37,  1850.) 

L'ossification  du  droit  antérieur  de  la  cuisse  atteint  le  pli  de  laine,  lorsqu'elle  se 
prolonge  jusqu'à  l'insertion  supérieure  du  muscle.  Dans  un  cas  montré  par  Barth  a 
la  Société  anatomique  (Bul/.,  t.  XXX,  p.  4),  il  y  avait  en  même  temps  arthrite  sè- 
che coxo-fémorale  ;  outre  cette  pièce  (n°  561 ,  B)  le  Musée  Dupuytren  en  renferme 
une  autre  toute  semblable  qui  vient  de  Desault  (n**  745). 

Le  premier  adducteur  ou  adducteur  superficiel  forme  la  limite  interne  de  la 
portion  cnirale  du  pli  de  l'aine  ;  les  tumeurs  qui  s'y  développent  ne  rentrent  pas 
rigoureusement  dans  notre  sujet,  cependant  comme  elles  sont  rares,  curieuses  fi 
confinent  à  la  région,  nous  en  dirons  quelques  mots.  Mascarel  a  vu  sur  le  cadavre 
le  milieu  de  l'adducteur  superficiel  occupé  par  une  plaque  osseuse,  longue  de  5  à 
6  centimètres,  large  de  5  ou  4,  aplatie,  trouée  à  son  centre;  les  fibres  musculaires 
parfaitement  saines  s'y  inséraient;  aucune  autre  lésion  dans  le  vobinage  (Bull,  dt 
la  Soc,  anat.y  t.  XV,  p.  596  ;  1840).  Roullois  rapporte  dans  sa  thèse  une  observation 
plus  curieuse,  puisqu'elle  fut  recueillie  sur  le  vivant  (Thèse  de  Paris,  1829, 
n®  265)  :  Un  homme  de  35  ans  soulève  un  lourd  fardeau;  douleur  accompagnée  de 
craquement  à  la  {«itie  supérieure  et  interne  de  la  cuisse,  syncope,  mairhe  im- 
possible. Une  tumeurgrossecommeunenoixse  montre  dans  ce  point  et  acquiert  tvi 
quatre  mois  le  volume  d'un  œui  de  poule  ;  à  cette  époque  on  constate  dans  raine 
gauche,  à  4  pouces  du  ligament  de  Fnllope,  au  niveau  de  l'interstice  des  niusik^ 
premier  adducteur  et  droit  interne,  entre  lesquels  elle  semble  s  enfoncer,  une  tu- 
meur indolente,  pâteuse,  mobile,  sans  changement  de  couleur  à  la  peau,  et  qui  gène 
un  peu  la  marche  ;  on  peut  la  faire  saillir  et  la  saisir  en  portant  le  membre  dans  b 
flexion  et  la  rotation  en  dehors.  L'opération  est  faite  (on  ne  dit  ni  par  qui  ni  pour- 
quoi)  sans  qu'on  soupçonne  la  nature  de  la  tumeur  qu'on  croit  graisseuse;  on 
reconnaît  chemin  faisant  que  la  saillie  appartient  au  premier  adducteur  et  qu'elle 
sort  à  travers  une  ouverture  du  fascia  lata.  Le  résultat  de  cette  opération  inop- 
portune reste  inconnu.  Bérard  (Aine,  p.  48)  raconte  que  Velpeau  apnt  entirpn> 
l'extirpation  d'une  tumeur  de  l'aine  qu'il  prenait  pour  un  kyste  vit  avec  wr- 
prise  qu'elle  était  formée  par  une  hernie  du  premier  adducteur  à  travers  la  gaine 
fibreuse  qui  le  renferme.  L'analogie  entre  les  deux  récits,  les  lacunes  du  premifr, 
la  concision  du  second,  me  portent  h  croire  qu'il  ne  s'agit  que  d'un  seul  el 
même  fait. 

En  pareille  occurrence  les  caractères  de  la  tumeur,  son  siège  loin  des  anocaui» 
l'exploration  par  les  attitudes,  les  mouvements  et  au  besoin  par  rélectricitc,  fet- 


AINE  (patuolo6ib).  315 

mettraient  de  porter  le  diagnostic.  L'usage  d'un  appareil  dispenserait  d'une  extir- 
pation dangereuse. 

Douleurs  inguinales.  Indép^damment  des  souffrances  qui  accompagnent  ou 
compliquent  les  affections  inguinales  confirmées,  aiguës  ou  chroniques,  inflamma- 
toires ou  autres,  la  douleur  se  montre  parfois  dans  le  pli  de  Taine  comme  phéno- 
mène isolé,  et  sans  qu'on  la  puisse  rapporter  à  un  désordre  local  tangible.  Faible 
ou  intense,  continue  ou  intermittente,  spontanée  ou  réveillée  seulement  par  cer- 
Uios  actes  ou  certaines  attitudes,  eiagérée  ou  soulagée  par  la  pression,  elle  revêt 
diflerentes  formes,  élancement,  tension,  tiraillement,  pesanteur,  etc.  Gomme  elle 
foornit  au  diagnostic  des  éléments  utiles,  nous  en  énumérons  méthodiquement 
les  causes  et  les  variétés. 

1'  Dans  les  névralgies  du  plexus  lombaire  en  totalité  ou  de  quelques-unes  de  ses 
branches  périphériques,  nerf  crural,  nerf  inguino-cutané,  etc. ,  on  rencontre  un 
foiut  inguinal  souvent  très-sensible.  Il  en  est  de  même  dans  la  névralgie  des 
bnnches  viscérales  pelviennes  (névralgie  utérine,  ovarique),  dans  celle  du  testicule 
on  du  scrotum.  L'irradiation  suit  alors  chez  la  fenune  le  trajet  du  ligament  rond, 
et  celui  du  cordon  spermatique  chez  Thomme. 

3*  La  douleur  inguinale  précède  souvent  le  développement,  l'apparition  ou  du 
moins  la  constatation  d'une  tumeur  profonde,  d*un  abcès  par  congestion,  d'un 
ostfiosaroome,  d'un  anévrysme,  d'une  phlébite  crurale,  d'un  psoïtis,  d'une  coxalgie, 
d'une  <»chite  ou  même  d'une  adénite  aiguë.  Une  douleur  née  d'un  effort,  renais- 
^nt  dans  la  marche  et  la  station,  disparaissant  par  le  décubitus,  doit  faire  penser 
immédiatement  à  une  pointe  de  hernie;  si  le  même  symptôme  s'accompagne  de 
phénomènes  graves  du  côté  de  l'abdomen,  vomissements,  constipation,  il  faut 
explorer  très-attentivement  les  anneaux  ;  une  hernie  étranglée,  très-petite  ou  très- 
profonde,  crurale  ou  obturatrice,  pourrait  exister  sans  former  de  saillie,  ou  se 
cacher  derrière  une  tumeur  indolente  d'une  autre  nature. 

3*  Très-souvent,  la  cause  organique  de  la  douleur  inguinale  réside  dans  un 
organe  ou  un  appareil  voisin.  Mentionnons,  par  ordre  de  fréquence,  les  affections 
utérines  :  déviations,  abaissement,  métrite  du  corps,  cancer,  distension  par  la  gros- 
sesse ou  tout  autre  produit  ;  les  afTections  vésicales  :  rétention,  calculs  ;  uréthrales  : 
blennorrhagies,  rétrécissements,  etc.,  enfin  la  colique  néphrétique  qui  suit  le  trajet 
du  pli  de  l'aine  pour  arriver  jusqu'au  testicule. 

Lorsque  cette  glande  ou  ses  annexes  ont  pris  un  développement  considérable, 
les  tractions  opérées  sur  le  cordon  retentissent  doidoureusement  dans  la  région 
inguinale.  En  résumé,  des  causes  très-variées  amènent  dans  le  pli  de  l'aine  un 
malaise  ou  des  douleurs  qui  doivent  toujours  fixer  l'attention  et  provoquer  un 
eumen  complet  de  tous  les  organes  voisins. 

AffecUans  osseuses.  La  branche  horizontale  du  pubis,  le  bord  antérieur  de 
Tilium,  plus  bas  la  tête  et  le  col  du  fémur,  enfin  l'articulation  coxo-fémorale 
<tNi»tituent  profondément  le  squelette  de  la  région  inguinale.  Les  lésions  trauma- 
tiqucs  ou  organiques  de  ces  parties  osseuses  rentrent  donc  dans  notre  sujet  en  tant 
qu'elles  altèrent  la  forme  du  pli  de  l'aine  et  s'y  manifestent  par  des  signes  sen- 
»bles.  Tantôt  elles  se  révèlent  par  une  induration  profonde,  fixe  ou  mobile,  plus 
appréciable  au  toucher  qu'à  la  vue  ;  tantôt  elles  soulèvent  réellement  les  couches 
superficielles  et  constituent  des  tumeurs  susceptibles  d'acquérir  un  grand  volume. 

A  fai  première  catégorie  se  rapportent  les  saillies  dures  qu'engendrent  certaines 
iractares  du  ool  du  fémur  ou  de  la  branche  horizontale  du  pubis  et  la  luxation 
n^fohienne.  Le  diagnostic  est  ordinairement  bien  facile  dans  les  cas  trauma- 


314  AINE  (patrolocib). 

tiques  récents,  quand  existent  encore  les  signes  de  la  fracture  ou  de  la  luxation  : 
crépitation,  mobilité  anormale,  déviation  du  membre,  impossibilité  des  mouTe> 
ments  ;  la  présence  d'une  tuméfaction  dure,  circonscrite,  douloureuse  au  toucha, 
sert  mâme  à  distinguer  la  fracture  du  col  de  la  simple  contusion  de  la  hanche. 

J'ai  vu  cependant  une  erreur  de  diagnostic  asseï  singulière,  commise  dans  un 
concours  de  Bureau  central  par  un  candidat  qui  est  devenu  l'un  de  nos  preoiief^ 
chirurgiens.  On  sait  que  dans  le  morbus  eoxx  senilU  la  tête  du  fémur  se  eouroow 
Houvent  de  végétations  osseuses  périphériques  qui  peuvent  acquérir  des  dimeosiom 
considérables  et  former  une  véritable  tumeur  ;  de  plus,  l'érosion  des  cartilages  H 
l'ébumation  des  surfaces  diarthrodiales  font  naître  de  la  crépitation  dans  les  mou* 
vements  ;  or,  il  s'agissait  précisément,  dans  le  cas  auquel  je  fais  allusion,  d'unr 
femme  âgée  qui  avait  fait  une  chute  sur  la  hanche  deux  jours  avant  son  entrée  à 
l'hôpital.  L'impossibilité  des  mouvements  spontanés,  la  douleur  vive  dans  les  mou- 
vements communiqués,  avec  rotation  en  dehors,  déviation  du  membre,  crépitation, 
saillie  dure  au  pli  de  l'aine,  firent  diagnostiquer  une  fracture,  tandis  qu'il  n'e\istjit 
en  réalité  qu'une  contusion  entée  sur  une  ancienne  arthrite  sèche. 

Si  l'accident  remontait  à  une  époque  éloignée,  le  diagnostic  serait  plus  diffirile. 
Mac  Leod  parle  d'une  tumeur  dure  et  profonde  qui  siégeait  dans  le  pli  do  Taiiie 
d'un  malade  atteint  auparavant  d'un  coup  de  feu  ;  était-ce  une  ostéite,  un  séqiie^n\ 
une  esquille,  un  projectile  entouré  de  dépôts  osseux? 

Le  Musée  Dupuytrcn  renferme  de  nombreux  spécimens  de  ces  tumeurs  osFeus<^. 
sortes  de  stalactites  développées  à  la  suite  de  fractures,  de  luxations  non  réduites, 
d'ankjloses  et  surtout  d'arthrite  sèche.  La  vue  de  ces  pièces  vaut  mieux  que 
toutes  les  descriptions  qu'on  en  pourrait  donner  ;  on  les  trouvera  sous  les  numén» 
suivants  :  133  B  ;  173  B,  C,  199  ;  556,  561  C  ;  563,  564,  683,  754  B,  C.  Lap^ 
455  B  montre  des  cancers  multiples  du  bassin,  de  la  branche  horizontale  du  pu- 
bis et  des  deux  cols  fémoraux. 

J'arrive  aux  affections  organiques.  A  propos  des  abcès  et  des  fistules,  j'ai  parlé  déj:i 
de  la  carie,  de  la  nécrose,  de  l'ostéite  du  pubis  et  do  l'ischion.  Avant  la  formation  du 
pus  et  l'ouverture  du  foyer,  il  existe  un  empâtement  diffus  qui  déforme  le  pli  dr 
l'aine  et  doit  mal  se  distinguer  des  altérations  oi^niques  telles  que  le  cancer  ou  l'ai- 
chondrome  commençants,  etc.  La  douleur  au  toucher,  les  signes  d'une  sub-inflam- 
mation,  la  marche  du  mal ,  éclaireraient  le  diagnostic  ;  à  la  place  de  ces  supposiCion> 
je  voudrais  mettre  des  faits,  maison  n'en  trouve  guère  dans  les  auteurs. Bérard du 
un  cas  de  carie  du  pubis  observé  par  Roland-Martin,  mais  je  n'ai  pu  le  retrouver; 
Syme  a  rapporté  plusieurs  exemples  de  fistules  multiples  de  la  région  ioguinak* 
oonsécutivesàdes  nécroses  méconnues  de  l'ischion  ou  du  pubis  {Ga%,  1M/.,1M<> 
|).  900).  L'exploration  des  trajets  avec  le  stylet  peut  alors  rendre  service. 

L'anévrysme  inguinal  reposant  sur  le  pubis  peut  en  user  la  branche  horiflonlair. 
ou  y  provoquer  une  carie  aiguë  avec  destruction  de  la  capsule  coxo-témonl*' 
(James,  Medico<hirui*g .  Transactions,  1830,  t.  XVI.) 

L'intervention  du  microscope  dans  l'étude  des  tumeurs,  autrefois  confondue^ 
sous  le  titre  commun  d'ostéosarcome,  a  permis  d'en  distinguer  plusieurs  varié(<>. 
et  entre  autres  Tenchondrome.  C'est  un  pit)grès  important  dont  la  clinique  pnili- 
tera  tôt  ou  tard  ;  en  effet,  dès  que  le  diagnostic  sera  possible  au  début  du  mal.  on 
pourra  tenter  des  opérations  hardies,  mais  justifiées  par  la  bénignité  relative  d<^ 
tumeurs  cartilagineuses. 

Dolbeau  a  démontré  que  le  siège  de  prédilection  des  enchondronMs  pelTie(^ 
externes  était  la  branche  horizontale  du  pubis  et  la  branche  ischio-puhienne,  d'oà  b 


AINE  (pathologie).  .  5i5 

saiBie  précoce  de  la  tumeur  à  la  région  inguinale  et  la  possibilité  de  l'atteindre  par 
ce  cdté.  On  trouvera  dans  le  travail  de  cet  auteur  plusieurs  faits  intéressants  em- 
pruntés à  Astley  Cooper,  Flaubert,  Bennett,  Horeeu.  Il  faut  y  joindre  le  cas  de 
Regndi,  publié  par  Rognetta  ;  la  tumeur  s'insérait  sur  la  brandie  horizontale  du 
fÂis;  elle  était  osseuse  à  sa  lace  convexe,  aréolaire  au  centre,  cartilagineuse  à 
ti  lise:  l'extirpation  n'offrit  point  de  difficulté  {Ga%,  méd.,  i835,  p.  259);  — 
Gelii  de  Keardtiey-Rodgers,  qui  osa  tenter  l'ablation  d'un  enchondrome  de  qua- 
rante livres  né  du  pubis  et  du  pourtour  du  trou  obturateur  (fïdœ.  méd,^  1840, 
p.  138) ;  —enfin,  une  bonne  observation  insérée  par  Landeta  dans  le  BuUetin  de 
la  Société  amicmique,  2'  série,  t.  VI,  1861,  p.  195. 

Ces  faits  ne  sont  pas  assez  nombreux  encore  pour  tracer  une  histoire  complète 
de  l'enchondrome  pubien  ;  cependant  on  voit  déjà  que  la  tumeur,  née  d'ordinaire 
sans  cause  connue,  soulève  d'abord  le  pli  inguinal,  au-dessus,  au-dessous  ou 
en  arrière  de  l'arcade  crurale;  que  de  là  elle  s'étend  vers  l'abdomen,  la  fosse 
iliaque,  la  cavité  pelvienne,  le  triaoïgle  de  Scarpa  ;  que  fixe  et  fortement  adhérente 
dès  l'origine,  elle  conserve  une  dureté  très-grande  tant  qu'elle  est  d'un  volume 
médiocre;  qu'elle  offre  au  contraire  des  bosselures  ramollies  quand  elle  acquiert 
des  dimensions  considérables;  que,  ciroonscrite  ou  étendue,  sa  surface  est  tou- 
jours inégale,  mamelonnée,  rugueuse  ;  qœ,  presque  indolente  pendant  toute  sa 
durée,  elk  ne  détermine  que  des  troubles  mécaniques  conséquents  avec  ses  rap- 
ports et  la  direction  dans  laquelle  elle  progresse  :  gêne  dans  les  mouvements  de  la 
cuisse,  oedème  du  membre  inférieur,  compression  des  oiganes  pelviens  si  l'accrois- 
semant  s'effectue  vers  la  profondeur  ;  marche  plus  lente,  dorée  plus  longue  que 
dans  le  cancer,  point  d'ulcération  de  la  peau,  généralisation  rare  ou  du  moins 
tardive. 

Teb  sont,  provisoirement  et  sommairement,  les  éléments  du  diagnostic,  qui  du 
reste  une  fois  déjà  a  été  porté  pendant  la  vie  (Landeta).  CTest  après  l'opération 
({u'AsUey  Coc^r  et  Regnoli  reconnurent  la  nature  de  la  tumeur. 

A  côté  de  l'enchondrome  pur  se  placent  le  cancer  vrai  et  des  tumeurs  qui, 
malgré  la  présence  d'une  certaine  proportion  de  tissu  cartilagineux  (Letenneur, 
Mémoùre  de  Dolbeau)  n'en  appartiennent  pas  moins  à  cette  terrible  affection.  En 
général,  c'est  dans  l'os  iliaque  que  naissent  ces  productions,  mais  l'extrémité 
supérieure  du  fémur  en  est  parfois  aussi  l'origine,  et  c'est  alors  la  racine  de  la 
caisse  qni  se  tuméfie  primitivement.  Mêmes  troubles  mécaniques  que  dans  Ten- 
cfaondrome,  mêmes  symptômes  de  voisinage,  mais  douleura  beaucoup  plus  intenses, 
marche  plus  rapide,  cachexie  précoce,  généralisation  ordinaire,  mort  assez  rappro- 
chée du  début.  Nous  renvoyons  aux  articles  :  Bassih,  Iliaque,  Ostéosarcoiie. 
Cependant  nous  signalerons  dès  à  présent  quelques  erreura  de  diagnostic  assez 
curieuses.  Le  cancer  très-vasculaire  peut  devenir  pulsatile  et  faire  croire  à  un  ané. 
vrjsme  inguinal.  Dans  un  cas  de  Hoore  (the  Lancet,  21  février  1852),  on  lia  l'ar- 
tère iliaque  primitive  pour  un  encéphaloïde  de  l'os  des  iles.  Dans  celui  de  Leten- 
oeor,  la  tumeur  qui  occupait  tout  le  triangle  inguinal  présentait  des  battements 
isochrones  à  ceux  du  pouls  et  un  bruit  de  souffle  qui  firent  croire  à  un  anévrysme 
iaui  consécutif.  La  ligature,  à  laquelle  on  avait  songé,  fut  différée  :  il  s'agissait 
d'un  enchondrome  entouré  d'un  réseau  vasculaire  très-riche.  Dans  un  cas  rapporté 
pat  Senftleben  {Ueber  Fibroide  und  Sarcome,  in  Arch,  fur  Chir,  de  Langenbeck, 
1. 1,  p.  152),  on  prit  un  cancer  de  la  tête  du  fémur  pour  un  abcès  d'abord,  puis 
pour  un  anévrysme  de  Pott,  et  l'on  fit  successivement  la  ligature  de  la  fémorale 
H  de  l'iliaque  externe.  Ces  erreura,  conunises  par  des  chirurgiens  habiles,  prou- 


3i6  ^  AINE    (PATROLOGIS). 

Tent  les  difficultés  du  diagnostic;  au  début  du  mal  par  exemple,  il  est  presque 
impossible  de  savoir  si  une  saillie  osseuse  adhérente  au  pubis  est  une  exosto^, 
un  enchondrome  ou  un  cancer,  car  il  n'existe  aucun  signe  patbognomonique  qui 
puisse  faire  sûrement  reconnaître  la  composition  histologique  de  la  tumeur.  En 
parlant  des  kystes,  j'ai  déjà  dit  que  Fricke  avait  observé  une  tumeur  hydaliquc 
dans  la  branche  horizontale  du  pubis. 

Tumeurs  herniaires.  Si  nous  classions  les  tumeurs  inguinales  d'après  l'ordre 
de  fréquence,  les  hernies  sans  nul  doute  devraient  occuper  le  premier  rang.  Leur 
importance,  leur  gravité,  justifieraient  même  de  longs  développements.  Cepen- 
dant elles  ne  seront  étudiées  ici  que  pour  compléter  le  tableau  des  affections  chi- 
rurgicales du  pli  de  l'aine,  et  sous  le  point  de  vue  très-restreint  du  diagnostic. 
Nous  voulons  simplement  que  le  praticien,  en  présence  d'une  tumeur  inguinale, 
soit  en  mesure  de  dire  si  c'est  une  hernie  et  dans  quel  état  se  trouvent  les  viscères 
hernies.  Laissant  même  de  côté  les  points  accessoires  du  diagnostic,  et  nous  bornant 
à  l'étude  du  genre,  nous  renvoyons  aux  articles  spéciaux  pour  différencior  les 
espèces,  c'est-à-dire  la  hernie  inguinale  de  la  hernie  crurale,  les  formes  que  cha- 
cune d'elles  présente,  enfin  les  variétés  basées  sur  la  nature  des  parties  hemiées. 
Pour  rétrécir  encore  le  cadre,  nous  éliminons  les  hernies  inguinales  descendues 
dans  les  bourses;  c'est  à  l'occasion  des  tumeurs  du  scrotum,  en  effet,  que  leur 
diagnostic  doit  être  traité. 

Grâce  à  certaines  dispositions  que  l'anatomie  fait  connaître  et  à  certaines  condi- 
tions que  la  clinique  révèle,  les  hernies  envahissent  lentement  ou  de  vive  force  ta 
région,  en  refoulent  les  parties  constituantes  sans  les  détruire,  et  s'y  fondent  un 
domicile  qu'elles  habitent  temporairement  ou  d'une  manière  définitive.  Organe 
parasite  ou  du  moins  bote  en  général  bien  toléré,  la  hernie  au  début  n'est  pas 
une  affection  dans  le  sens  littéral  de  ce  mot  :  c'est  une  lésion  tramnatique,  une 
ectopie.  L'organe  déplacé  reste  sain,  fonctionne  normalement  ou  ne  subit  que  des 
modifications  minimes  n'entraînant  que  des  troubles  insignifiants.  Cette  période 
d'intégrité  anatomique  et  de  bénignité  fonctionnelle  peut  durer  indéfiniment. 

Dans  une  période  consécutive,  à  début,  à  durée  indéterminés,  les  viscères  subis- 
sent spontanément  ou  sous  l'influence  d'irritations  répétées  et  d'inflammations 
légères,  des  altérations  sourdes,  plus  ou  moins  profondes  :  épaississement,  tumé- 
faction, accroissement  de  volume,  congestion  chronique,  adhérences.  L'enveloppe 
séreuse,  c'est-à-dire  le  sac,  y  participe  à  sa  manière;  le  collet  s'établit,  s'épaissit, 
devient  rigide.  Les  anneaux  accidentels  se  forment,  à  l'extérieur,  aux  dépens  du 
tissu  cellulaire  condensé.  Les  parties  ambiantes  soufirent  de  la  distension  et  du 
refoulement.  De  là  une  série  de  changements  matériels  dans  la  hernie;  puis  des 
symptômes  qui  surgissent  du  côté  des  appareils  auxquels  appartient  l'organe 
déplacé,  et  du  côté  des  tissus  qui  environnent  la  tumeur.  Cette  période  est  encore 
relativement  bénigne  ;  mais  c'est  pendant  sa  durée  que  se  préparent  insidieusement 
les  conditions  sous  l'empire  desquelles  pourront  éclater  à  un  moment  donné  les 
lésions  graves  et  les  accidents  redoutables  de  la  troisième  période. 

Celle-ci  sera  étudiée  plus  tard  à  propos  de  l'étranglement  henûaire.  La  tumeur 
inguinale  revêt  l'appareil  symptomatique  d'une  phlegmasie  intense  qui  s'étend  à  $es 
enveloppes  et  à  la  cavité  abdominale;  les  viscères  incarcérés  s'enflamment,  m> 
ramollissent,  se  perforent.  Aux  désordres  et  aux  symptômes  locaux  s'ajoutent  des 
phénomènes  généraux  terribles  allant  jusqu'à  la  mort,  si  un  prompt  remède  fkai 
apporté.  Chacune  de  ces  trois  périodes  peut  manquer,  être  forte  courte  ou  même 
paMcr  inaperçue. 


Ai^'E  (pathologie).  317 

Par  son  contenant  et  son  contenu,  la  hernie,  il  ne  faut  pas  loublier,  représente 
en  petit  la  cavité  abdominale,  dont  elle  n'est  qu  un  appendice,  et  avec  laquelle 
elle  communique  toujours  plus  ou  moins  librement  :  d'où  la  propagation  facile  des 
lésions  anatoniiques  de  la  cavité  mère  à  son  diverticule,  et  vice  versd;  d'où  le 
retentissement  habituel  des  accidents  herniaires  locaux  sur  les  fonctions  digestives. 
Cependant  les  deux  départements  peuvent  être  isolément  le  siège  d'altérations  pro- 
fondes sans  réaction  réciproque.  Une  péritonite  généralisée  épargne  assez  souvent 
les  parties  hemiées,  et  l'autopsie  faite  après  certains  étranglements  rapidement 
niorteb  ne  découvre  parfois  nulle  trace  de  pfalegmasie  abdominale.  Ces  cas,  fort 
einbarnissants  en  pratique,  peuvent  conduire  soit  à  une  opération  inutile,  soit  à 
nne  abstention  plus  funeste  encore. 

Quand  on  assiste  à  l'évolution  complète  du  mal  ou  qu'on  l'observe  à  sa  première 
période,  le  diagnostic  est  généralement  très-facile  ;  il  peut  l'être  déjà  moins  à  la 
seconde  et  moins  encore  à  la  troisième,  si  les  commérooratifs  font  défaut  ou  sont 
enronés,  si  les  accidents  ont  acquis  d'emblée  toute  leur  intensité,  si  la  tumeur  a 
pris  Faspect  du  phlegmon  ou  de  l'abcès,  si  enfin,  en  l'absence  de  signes  locaut 
décisifs,  on  n'a  pour  indices  que  les  symptômes  généraux.  Et  cependant  l'urgence, 
rimportance  d'un  diagnostic  exact  croît  avec  ses  difficultés  On  peut  à  la  rigueur, 
et  sans  grand  dommage,  méconnaître  ou  confondre  avec  une  autre  tumeur  une 
berme  indolente.  Les  conséquences  de  l'erreur  sont  tout  autres  en  présence  d'une 
affection  qui  peut,  dans  un  délai  de  quelques  heures,  poser  et  résoudre  la  ques« 
tien  de  vie  et  de  mort. 

Gomme  corollaire  de  ce  qui  précède  et  comme  introduction  au  diagnostic  pro- 
prement dit,  je  formule  deux  courtes  propositions  :  i®  Une  même  hernie  peut  se 
présenter  dans  des  étals  très-différents  ;  2"  Dans  chacun  de  ces  états  elle  peut  être 
confondue  avec  une  série  d'affections  tout  à  fait  dissemblables  entre  elles. 

Cet  énoncé  simplifie  le  problème  ;  il  est  bien  clair  qu'on  ne  prendra  jamais  une 
hernie  inguinale  réductible  pour  un  bubon,  ni  une  hernie  crui'ale  étranglée  pour 
la  dilatation  de  la  veine  saphène,  etc.  Ce  qu'il  faut  comiiarer,  c'est  la  hernie  ré- 
ductiUe  avec  les  tumeurs  douées  de  ce  caractère,  c'est  la  hernie  enflanunée  avec  les 
tumeurs  phlegmoneuses. 

Tantôt  confinées  dans  les  limites  du  pli  de  l'aine  (mérocèle,  bubonocèle),  les 
hernies  peuvent  apparaître  hors  de  ces  limites  (H.  ad-inguinale,  obturatrice),  ou 
les  frandiir  (oschéocèle) .  C'est  alors  seulement  qu'elles  peuvent  acquérir  un  volume 
éuorme.  En  tous  cas,  elles  se  montrent  sous  forme  de  saillies  sous-cutanées,  visi- 
bles ou  tangibles  dès  l'abord,  ou  qu'il  est  possible  de  rendre  évidentes  par  des  ma- 
nœuvres convenables.  Cependant  la  saillie  n'est  pas  toujours  appréciable  :  lorsqu'elle 
est  très-petite,  encore  sous-aponévrotique  ou  intra-inguinale  (pointe  de  hernie), 
cachée  sous  des  muscles  (H.  obturati-ice),  recouverte  enfin  par  une  épaisse  couche 
de  graisse,  par  un  engorgement  ganglionnaire,  par  une  tumeur  quelconque. 

Lorsque  les  canaux  et  les  orifices  sont  étroits,  que  les  viscères  n'ont  fait  issue 
qu  un  petit  nombre  de  fois  encore,  que  peu  de  temps  après  son  apparition  la  hernie 
a  élé  rigoureusement  maintenue  par  un  bon  bandage,  le  diagnostic  peut  devenir 
très-malaisé  ;  on  sou^içonne  la  hernie,  mais  on  n'arrive  ni  à  la  voir  ni  à  la  toucher. 
Les  hernies  accolées  au  ligament  de  Fallope  sont  situées  tantôt  au-dessus,  hernies 
inguinales;  tantôt  au-dessous,  hernies  crurales.  Quelquefois  elles  paraissent  placées 
directement  au-devant,  mais  c'est  par  expansion.  Quand  on  recherche  avec  soin  le 
pédicule  de  la  tumeur  non  réduite  et  l'orifice  de  sortie  après  la  réduction,  on  les 
trouve  toujours  sus  -  ou  sous-jaccntes  à  l'arcade  fibreuse.  Si  l'on  divise  le  pli  de 


318  AINE  (pajhologie). 

l'aine  en  deux  moitiés  à  ))eu  près  égales  par  une  ligne  peipendicolaire,  c'est  en 
dedans  que  siège  la  presque  totalité  des  hernies.  La  position  connue  des  canaut 
inguinal  et  crural  indique  plus  exactement  les  lieux  d'élection.  Quelques  Tanctés 
rares,  hernie  sus-pid)ienne,  hernie  de  Laugier,  s  en  écartent.  (Voy.  Legendit, 
Variétés  très-rares  de  la  hernie  cnirakj  Ga%.  méd,  de  Paris^  1858.) 

Le  même  sujet  peut  porter  à  la  fois  autant  de  hernies  qu'il  y  a  d'anneaux,  c'est- 
à-dire  deux  inguinales  et  deux  crurales.  On  concevrait  même  la  possibilité  d  un 
plus  grand  nombre  en  comptant  les  hernies  ventrales,  épigastriques  et  obturatrices- 
Ces  cas  sont  rares  ;  trois  hernies  le  sont  moins,  moins  encore  Tassodation  du 
même  côté  de  Tinguinale  et  de  la  crurale.  La  crurale  double  est  assex  commune; 
l'inguinale  double  Test  bien  plus.  Demeaux  a  vu  trois  hernies  du  même  oôté, 
mie  inguinale  et  deux  crurales  (BuU.  de  la  Soc,  anaL,  t.  XVI,  p.  172).  Au 
début,  et  lorsque  la  cause  productrice  a  été  violente,  on  n'observe  guère  qu'une 
liemie. 

Ces  hernies  multiples  peuvent  être  à  des  périodes,  à  des  états  difléreuts,  appa* 
i-altrc  successivement  ou  simultanément,  ce  qui  est  rare,  ou  présenter  au  contraire 
les  mêmes  symptômes,  être  par  exemple  toutes  réductibies,  toutes  indolentes,  ou. 
à  l'inverse,  se  montrer  irréductibles  el  douloureuses.  Néanmoins  je  m 
d'exemple  de  double  étranglement  vrai. 

lia  multi[dicité  des  hernies  met  souvent  le  diagnostic  en  défaut.  Si  j'en  excepte 
les  adénopathies  et  quelques  cas  rai-es  d'abcès  par  congestion,  il  n'y  a  guèrr 
que  les  tumeurs  herniaires  qui  envahissent  les  deux  aines.  Aussi  la  dufJicité  con- 
statée, on  porte  suMe-champ  le  diagnostic  pour  les  deux  côtés  à  la  fois  et  l'on  ae 
Irampe  surtout  facilement  quand  d'un  côté  une  hernie  existe  réellement.  Un  sujet 
déjà  affecté  à  droite  se  plaint  à  gauche  ;  on  prescrit  un  bandage  double  sans  exami- 
ner de  nouveau  :  la  seconde  tumeur  est  un  abcès  par  congestion,  une  adénite,  un 
k)ste  du  cordon,  etc.  ;  —  des  accidents  éclatent  du  côté  du  péritoine,  il  existe 
simultanément  plusieurs  tumeurs  inguinales  toutes  plus  ou  moins  iiréductiUo^ 
et  douloureuses,  on  ne  sait  laquelle  opérer  (Astley  Cooper). 

Deux  hernies  existant  du  même  côté  peuvent  se  rejoindre  et  venir  au  contact: 
miûs  elles  ne  se  fusionnent  jamais  et  ne  forment  point  une  véritable  tumeur  eafaissac 
à  la  manière  des  abcès,  chacune  conserve  ses  rapports  respectifs  et  son  orifice  pro- 
pre que  l'arcade  crurale  sépare  de  l'autre.  Il  n'y  a  qu'un  sac  et  qu'un  ooUet  par 
région  herniaire;  la  hernie  d'Hesselbachi  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  U> 
hernies  à  sacs  diverticulaires,  fait  seule  exception  (Lq[endre). 

Les  tumeurs  herniaires  ont  des  contours  réguliers  et  des  formes  déterminée». 
La  hernie  onirale  est  globuleuse,  hémisphérique,  ovoïde  quand  elle  acquiert  un 
certain  volume  ;  l'inguinale  est  demi-cylindrique  ou  pyrilormci  à  grand  axe  paral- 
lèle à  l'arcade  crurale,  la  consistance  est  molle  et  homogène.  Ces  caractères  Umit- 
fois  ne  sont  pas  constants,  quelquefois  la  tumeur  est  bosselée,  inégale,fernie  au  to«h 
dier,  rénitenle  à  la  manière  du  lipome;  c'est  la  présence  de  l'épiploon  adhérent  ou 
altéré  par  l'inflammation  chronique  qui  amène  le  plus  souvent  ces  modification». 
La  peau  reste  saine  et  mobile,  sauf  le  cas  d*inflammation  aiguë.  Quel  que  soit  lëbl 
de  la  tumeur,  elle  n'adhéra  jamais  solidement  aux  parties  profondes  et  peut  tou- 
jours être  mobilisée. 

Si  nous  ajoutons  que  les  hernies  sont  relativement  rares  dans  l'enfance  et  h  jeu- 
nesse,  rares  chez  la  femme  qui  n'a  pas  enfanté,  qu'elles  se  montrent  ordinairement 
Irers  l'âge  de  la  puberté,  pendant  la  période  virile  el  après  racoouchenient,  que 
peu  susceptibles  de  guérison  spontanée  elles  ne  font  que  s'accroître  si  elles  sont 


A1N£  (patbolooie).  319 

itandoonéttâ  eUes-mèmes,  qu'elles  ont  par  conséquent  une  durée  indéfinie,  etc.; 
noos  auitMis  indiqué  à  peu  près  tous  les  caractères  topographiques  et  étiologiques. 
Ces  caractères  suffisent  oi*dinaireoient  pour  faire  soupçonner  une  hernie,  mais  ils 
n'indiquent  pas  Tétat  des  parties  contenues  et  n'expliquent  pas  davantage  les  sym- 
ptômes locaux  et  généraux  qui  acoompagneni  l'issue  des  viscères.  En  décrivant 
plus  haut  trois  périodes,  nous  avons  dit  qu'à  chacune  d'elles  correspond  une  se- 
méiologie  particulière  ;  il  nous  faut  donc  aborder  le  diagnostic  différentiel;  nous  en 
trouvons  les  éléments  dans  l'élude  de  trois  signes  nouveaux  sur  la  présence, 
l'absence  ou  les  variations  desquels  reposent  essentiellement  :  l""  la  distinction  des 
périodes  herniaires;  2^  la  distinction  entre  les  hernies  et  les  affections  qui  les  si-  * 
muleut  ;  ces  trois  signes  sont  :  Tindolence  locale,  la  réductibilité,  l'intenté  ibuc- 
tionnelle.  Analysons-les  brièvement. 

i'^L'iodoleiice  locale  n'a  pas  besoin  d'être  décrite,  elle  coïncide  avec  la  mollesse 
delà  tumeur;  elle  peut  être  constante  ou  interrompue,  mais  elle  constitue  l'état 
hafaihiel  alors  même  que  le  mal  existe  depuis  fort  longtemps.  Prise  isolément,  elle 
D  a  pas  une  grande  valeur  pour  le  diagnostic,  puisqu'elle  se  retrouve  dan?  toutes 
la  aflectîons  inguinales  non  inflammatoires;  mais  pour  le  pronostic  etle  traitement 
rtte  indique  qu'il  n'y  a  point  péril  en  la  demeure  et  antorise  à  ajourner  l'interven- 
tioo  de  l'art. 

â*  La  réductibilité  nous  arrêtera  plus  longtemps;  on  eu  a  fait  la  pierre  angulaire 
du  diagnostic  des  hernies:  elle  serait  pour  ces  affections  ce  qu'est  la  fluctuation  aux 
abcès,  la  transparence  aux  collections  séreuses,  le  souffle  ou  l'expansion  aux  ané- 
n)smes.  Il  y  a  dans  tout  ceci  un  peu  d'exagération;  la  réductibilité  est  certainement 
un  bon  signe,  mais  tandb  que  beaucoup  de  hernies  ne  la  possèdent  pas,  plusieurs 
affections  inguinales  la  présentent,  d'où  la  grande  division  des  tumeurs  de  l'aine 
a  réductibles  et  irréductibles  ;  je  pourrais  citer  bien  des  erreurs  dues  à  la  valeur 
trop  grande  attribuée  à  l'existence  ou  à  l'absence  de  ce  symptôme,  qui  offre  d'ail- 
lenn  des  variétés  infinies.  Quoi  qu'il  en  soit,  décrivons-la  d'abord  dans  sa  sim- 
plicité. 

La  saillie  herniaire  évidente  dans  la  station  disparait  d'elle-même  et  compléte- 
OKat  quand  le  sujet  se  couche  sur  le  dos;  quelquefois  au  changement  d'attitude 
il  iaut  joindre  une  certaine  pression  exercéB  sur  la  tumeur  dans  une  direction 
donnée.  Les  viscères  alors  abandonnent  la  cavité  accidentelle,  retournent  dans  le 
ventre  et  y  restent  tant  que  les  ocMiditiops  statiques  du  corps  ne  sont  point  cbaii- 
Rtts.  Que  le  sujet  au  contraire  marchej  tousse,  expulse  un  produit,  soulève  un 
fardeau,  lasse  en  un  mot  un  eifort  général  ou  partiel  tendant  à  diminuer  la  capa- 
cité de  rabdomen,  et  la  saillie  reparait  atec  ses  premiers  caractères.  Ce  double  dé- 
placenient  qu'on  peut  reproduire  à  volonté  autant  de  fois  qu'on  le  désire  s^effectue 
promptemeot  et  facilement,  il  s'accompagne  de  quelques  phénomènes  accessoires 
non  constants  à  la  vérité,  Inais  utiles  à  reconnaître  ;  ce  sont,  lors  de  la  rentrée  :  la 
sensation  d'un  frottement  doux  perçue  pat  le  doigt  qui  presse,  le  gargouillement 
quand  l'intestin  Ciit  partie  de  la  tumeur  et  renferme  des  galt,  la  liberté  de  l'anneau 
ioi  peut  recevoir  l'extrémité  de  l'index  ;  lors  de  la  sortie  :  l'apparition  soudaine, 
t'expansioD  brusque  de  la  tumeur,  le  choc  contre  la  pulpe  des  doigts  qUi  explo- 
'ttt,elc. 

^*  Par  intégrité  fonctionnelle  je  n'entends  pas  dire  que  le  hemieux  jouira  né- 
()t>Bairement  d'une  santé  irréprochable  et  que  ses  organes  digestifs  seront  à  l'abri 
de  tout  dérangement  ;  mais  bien  qu'il  n'accusera  ni  symptômes  abdominaux  gra- 
des, ni  état  général  inquiétant,  ou  que  du  moins,  si  ces  accidents  sunriennent,  ils 


390  AINE  (patdologib). 

proviendront  d*états  organiques  divers  siégeant  danjs  l'abdomen  ou  ailleurs  et  ne 
partiront  point  de  la  tumeur  inguinale  elle-même. 

En  dehors  des  hernies  simples,  il  est  peu  d'affections  du  pli  de  l'aine  qui  pré- 
sentent complète  la  triade  symptomatologique  telle  que  nous  venons  de  Texpoier; 
aussi  le  diagnostic  est-il  en  général  des  plus  aisés.  Cependant  la  oonfusioo  a  é(é 
faite  avec  les  abcès  froids  ou  par  congestion,  la  varice  ampullaire  de  la  sapbène, 
Tectopic  testiculaire,  certains  kystes  du  cordon  renfermés  dans  le  canal  inguiml, 
un  ganglion  induré  logé  dans  le  canal  crural  ;  c  est  surtout  la  réductibilité  promplc 
et  complète  qui  a  motivé  l'erreur;  nous  avons  dans  les  chapitres  précédents  foonii 
les  moyens  de  l'éviter. 

Toute  modification  survenue  dans  la  triade  obscurcit  le  diagnostic  ;  les  trois  si- 
gnes changent  isolément,  deux  à  deux  ou  tous  ensemble  ;  des  douleurs  locales  sur- 
viennent spontanées  ou  provoquées  ;  la  réduction  est  lente,  imparfaite,  difficile  ou 
impossible;  des  accidents  graves  compromettent  la  santé  ou  la  vie.  Analysons  en- 
core; mais  pour  ne  point  nous  engager  dans  l'histoire  générale  des  hernies,  disons 
bien  que  ce  qui  suit  s'applique  surtout  aux  tumeurs  inguinales  dont  la  nature 
n*a  pas  encore  été  reconnue,  et  Toccurrence  malheureusement  n'est  pas  rare. 
Nous  laissons  donc  de  côté  les  cas  où  le  diagnostic  a  été  porté  déjà  par  un  praticien 
habile,  où  par  conséquent  la  présence  antérieure  d'une  heniie  est  tout  è  fait  dé- 
montrée. 

L'existence  ou  l'apparition  de  la  sensibilité  dans  une  tumeur  inguinale  trahit  or- 
dinairement un  travail  inflammatoire  plus  ou  moins  intense,  né  spontanément  ou 
provoqué  par  une  cause  externe.  S'agit-il  d*une  hernie?  De  deux  choses  l'une,  ou 
la  tumeur  est  récente  ou  elle  est  ancienne  :  dans  le  premier  cas,  die  a  paru  subite- 
ment, sans  prodromes,  sans  cause  connue,  à  la  suite  d'un  effort  ou  d'une  indiges- 
tion. La  douleur  née  du  même  coup  a  été  vive  dès  le  début,  elle  siège  surtout  au 
niveau  des  orifices  herniaires  ;  dans  le  second  la  tumeur  était  restée  jusqu'alors  in- 
dolente, elle  rentrait  et  sortait  toute  seule,  augmentait  ou  dimiimait  sous  des  in- 
fluences opposées  ;  tout  à  coup  elle  est  devenue  sensible  à  la  suite  d'un  coup  ou 
d'un  séjour  plus  prolongé  à  l'extérieur,  etc.  On  est  plus  embarrassé  si  la  saillie 
existait  depuis  longtemps  sans  modification,  mais  l'apparition  antérieure  d'aai- 
dents  analogues  et  les  autres  caractères  permettront  de  reconnaître  la  plupart  du 
temps  une  ancieime  hernie  irréductible  actuellement  enflammée  ;  la  durée  même 
du  mal,  Tépoque  reculée  de  son  début  servent  ainsi  le  diagnostic. 

Les  douleurs  herniaires  peu  intenses,  sans  réaction  fébrile,  sont  en  générai  de 
courte  durée;  elles  cèdent  d'elles-mêmes  ou  sous  l'influence  du  repos,  des  mofois 
anodins,  et  surtout  de  la  réduction,  quand  celle-ci  est  possible;  elles  sont  sujettes 
à  récidive.  Si  elles  sont  vives,  si  le  toucher  provoque  des  coliques  et  des  nausée», 
elles  indiquent  assez  clairement  un  étranglement  que  confirme  d'ailleon  le  déve- 
loppement des  accidents  généraux.  Ces  douleurs  reconnaissent  pour  causes  soit  ooc- 
constriction  subite  ou  progressive  des  viscères  hernies,  soit  une  inflammation  :  épt- 
ploïte,  péritonite  viscérale  ou  pariétale;  de  là  deux  conséquences  :  réductUlit* 
difficile  d  abord,  puis  transmission  possible  de  la  phlegmasie  herniaire  aux  enve- 
loppes superficielles.  Sauf  les  cas  de  contusion  préalable  ou  de  taxis  inmiodêrv. 
cette  propagation  de  l'inflammation  vers  la  peau  est  rare,  ou  du  moins  tardive  ; 
indiquant  d'ordinaire,  quand  elle  est  spontanée,  le  début  d'un  phlegmon  steroorml. 
elle  a  fait  confondre  plus»  d'une  fois  la  hernie  étranglée  avec  les  abcès  et  ^"^ 
bubons,  surtout  si  les  sympttoes  abdominaux  sont  légers  ou  ont  perdu  de  leur  ii»- 
tensité. 


AINE  (pathologie).  391 

Les  hernies  douloureuses  peuvent  être  confondues  avec  un  certain  nombre  d  al- 
fectJODS  inguinales  ;  éliminons  d'abord  les  tumeurs  osseuses  et  cancéreuses,  puis  les 
anévrvsmes,  la  phlébite  crurale  et  l'ectopie  testiculaire  si  facile  à  reconnaître;  i*es- 
teat  ks  abcès  chauds,  quelques  abcès  par  congestion  apparus  brusquemeut  à  la 
suite  d'un  eflmt,  les  bosses  sanguines,  les  adénites  aiguës  ou  subaiguës,  superfi- 
rielles  ou  prolondes,  les  kystes  et  pseudo-kystes  enflammés,  le  phlegmon  du  cordon 
spennatique. 

H  faut  convenir  que  le  diagnostic  n'est  pas  toujours  possible  dès  labord  ;  mais  si 
les  phénomènes  généraux  sont  modérés,  il  faut  attendre,  réitérer  les  examens  et 
observer  la  marche  jusqu'à  ce  que  la  lumière  se  fasse. 

La  réductibilité  prompte  et  facile  suppose  trois  conditions  :  1®  l'existence  de 
deux  cavités  communiquant  entre  elles,  dont  l'une,  interne,  peut  recevoir  le  con- 
tenu de  l'autre,  qui  constitue  la  tumeur  extérieure;  2®  la  communication  et  le 
détroit,  s'il  existe,  doivent  être  libres  et  proportionnés  au  volume  des  parties  dépla- 
cées; 3*^  aucun  lien,  aucun  obstacle  ne  doit  empêcher  la  migration  centripète  de  la 
tumeur  externe  ou  de  son  contenu. 

11  est  bien  clair  que  ces  trois  conditions  se  rencontrent  dans  les  hernies  simples, 
récentes  et  indolentes  ;  mais  d'autres  affections  les  réalisent  également;  d'abord 
certaines  tumeurs  liquides  :  anévrysmes,  abcès  par  congestion,  varices  veineuses  ou 
lymphatiques,  varicocèle,  quelques  collections  séreuses  siégeant  dans  un  ancien  sac 
herniaire;  puis  des  tumeurs  solides  ou  enkystées;  tumeurs  du  cordon,  testicule 
inguinal  ou  crural,  ganglion  lymphatique  profond,  etc.  Dans  les  hernies,  une  ou 
plusieurs  des  conditions  susdites  manquant,  les  viscères  peuvent  ne  retourner  dans 
le  ventre  qu'avec  peine  ou  même  n'y  pas  rentrer  du  tout.  La  réduction  est  alors 
lente,  difficile,  ou  bien  il  y  a  irréductibilité  apparente  ou  réelle. 

Que  les  anneaux  soient  trop  étroits,  que  la  cavité  de  réception  soit  trop  petite  ou 
contractée,  que  les  viscères  deviennent  trop  volumineux,  peixleut  leur  souplesse, 
leur  fluidité,  contractent  des  adhéreucesavec  l'anneau  ou  le  sac,  et  voilà  la  réduc- 
tion compromise  ou  rendue  impossible;  elle  n'est  pas  moins  douteuse  dès  que  la 
bemie  est  le  siège  de  douleurs  vives.  Celles-ci  annoncent  un  étranglement  ou 
une  inflammation,  c'est-à-dire  un  obstacle  au  niveau  du  détroit  ou  au  moins  une 
alimentation  du  volume  des  viscères  ;  de  plus,  et  par  action  réflexe,  elles  amènent 
une  contraction  spasmodique  de  la  paroi  abdominale  et  une  sorte  d'incapacité  rela- 
tive de  la  cavité  de  réception. 

Les  hernies  irréductibles  indolentes  ou  enfianunées  sont  souvent  d'un  diagnostic 
très-difficile  ;  elles  peuvent  être  confondues  avec  les  kystes,  les  adénopathies  et 
d^autres  tumeurs  encore  que  le  hasard  a  placées  dans  les  régions  herniaires;  il  laut 
quelquefois  beaucoup  d'attention  pour  éviter  Terreur. 

En  maintenant  le  malade  sur  le  dos,  et  après  avoir  en  vain  pratiqué  quelques 
pressions,  on  constate  sans  peine  l'irréductibilité;  reste  à  savoir  si  elle  est  appa- 
rente ou  absolue;  malheureusement  ses  causes  anatomiques  sont  difficiles  à 
devmer,  et  il  Saut  employer,  pour  savoir  à  quoi  s'en  tenir,  un  moyen  empirique 
fort  utile  à  la  vérité,  mais  souvent  trompeur  ou  dangereux  :  je  veux  parler  du 
(axis.  Plus  d'une  fois  on  a  longtemps  manipulé  des  tumeurs  diverses  croyant  avoir 
al&ire  à  des  hernies  ;  or,  conune  il  n'est  pas  indifférent  de  malaxer  une  adénite, 
un  hydrocèle  enkysté,  un  phlegmon  du  cordon,  etc.,  on  ne  saurait  trop  répéter 
que  le  taxis  ne  doit  être  mis  en  usage  que  lorsque  le  diagnostic  d'une  bemie 
est  déjà  établi,  et  qu'il  n'en  faut  nullement  faire  un  moyen  général  d'explo- 
ration. 

MCT.  SM.  11.  21 


3t2  AINE    (PATHOLOGIK). 

Ileyielder  raconte  qu'il  fui  appelé  auprès  d'un  malade  atteint  des  symptànc» 
d'an  étranglement.  Lorsqu'il  arriva,  la  prétendue  hernie  inguinale  avait  iiti 
réduite;  une  péritonite  emporta  le  malade.  A  l'autopsie,  on  ne  trouva  dans  le  canal 
inguinal  qu'uu  kyste  assez  volumineux  que  le  taxis  y  avait  refoule  {L'nùm  médic., 
3*  !$érie,  t.  IV,  p.  63).  C'est  sous  l'emiiirc  d'une  préoccupation  auwi  singulière 
qu'on  reporte  de  force  dans  le  canal  inguinal  ou  vers  son  anneau  supérieur  un 
testicule  arrêté  dans  son  évolution. 

C'est  ici  le  lieu  de  parler  du  déplacement  en  masse  des  hernies  étranglées.  Si 
après  un  taxis  en  apparence  heureux  les  accidents  persistent,  et  qu'on  rmcoutre 
une  tumeur  dans  la  fosse  iliaque,  derrière  le  canal  ou  dans  l'épaisseur  de  la  paroi 
abdominale,  il  est  probable  qu'il  y  a  réduction  en  masse.  Streubel  a  prCûtemeut 
déciit  les  variétés  et  les  symptômes  de  cet  accident  redoutable.  (Veber  Schein- 
reductionenbeiEernien.  Leipzig,  1864.) 

La  réductibilité  spontanée  ou  provoquée,  lente  ou  prompte,  peut  être  compit^U 
ou  incomplète.  Dans  le  premier  cas,  la  tumeur  tout  entière  disparaît  ;  dan$  le 
second,  une  portion  reste  au  dehors,  en  dépit  du  repos  prolongé  et  des  pressioib 
du  taxis.  Cette  réductibilité  partielle  reconnaît  plusieurs  causes  :  1^  La  tumeur  m- 
composant  de  deux  parties,  le  contenu  et  le  contenant,  le  premier,  liquide  ou  solide, 
disparait,  le  second  persbte.  Le  varicocele,  les  varices  lymphatiques  profondes,  le? 
anévrysmes  sont  dans  ce  cas,  ainsi  que  certaines  liycfaDpisies  du  sac  et  les  her- 
nies réductibles  à  sac  épais  ou  à  plusieurs  sacs.  2*  Le  contenu  est  moitié  mobile, 
moitié  lixe  :  entéro-épiploceles  avec  adhérences,  hernies  irréductibles  à  la  masM 
permanente  desquelles  une  nouvelle  anse  intestinale  est  venue  récenmient  s'a<)- 
joindre.  3®  Le  même  phénomène  s'observe  encore  quand  la  tumeur  est  mixte,  e( 
qu'à  la  hernie  réductible  s'accole  une  autre  affection  qui  ne  l'est  pas. 

Toutes  ces  disj^ositions  sont  assez  communes  ;  aussi  la  réductibilité  iucomplèle 
est  un  phénomène  qu'on  i-encontrc  souvent  dans  les  tiuneurs  inguinales  ;  on  )e 
reconnaît  et  on  l'explique  sans  peine  pour  le  varicocele,  l'auévrysmc,  les  varices 
lymphatiques,  les  abrès  par  congestion,  et  même  pour  les  hernies  quand  elles  ^ont 
indolentes;  mais  en  cas  d'accidents  locaux  ou  généraux,  il  jette  sur  le  diagoostK 
beaucoup  d'obscurité,  et  entraîne  la  pratique  dans  des  écarts  làcheux. 

La  réduction  obtenue,  il  faut  toujours  explorer  avec  soin  la  région  des  anneaux, 
chercher  à  y  introduire  le  doigt,  et,  s'il  u'y  a  pas  de  contre-indication,  faire  la 
contre-épreuve,  c'est-à-dire  faire  reparaître  la  tumeur.  Si  elle  se  montre  de  nouveau 
sans  changement  d'attitude,  sans  effort  quelconque,  et  par  le  fait  seul  que  la  pres- 
sion a  cessé,  ou  peut  en  ctmclure  qu'il  y  avait  fausse  réduction  ou  qu'il  ne  s*9git 
point  d'une  hernie.  C'est  ainsi  que  réapparaît  la  saillie  des  abcès  par  congeslion  ou 
des  aué\Tj'smes,  et  que  ressortent  d'eux-mêmes  un  testicule,  un  kyste  du  contoo* 
refoulés  dans  le  canal  inguinal.  La  réduction  apparente  ot  la  réduction  inomiplète 
des  hernies  seront  d'ailleurs  décrites  et  étudiées  plus  tard. 

J'arrive  enfin  aux  cas  les  plus  graves.  La  tumeur  inguinale  est  douloureuse,  irfê^ 
ductible  ;  il  y  a  des  signes  d'inflammation  locale,  et  des  symptômes  abdominaux  : 
coliques,  sensibilité,  ballonnement  du  ventre,  nausées  ou  vomissements,  constif»- 
tion  rebelle;  enfin  l'état  général  est  mauvais  :  anorexie,  anxiété,  insomnie, abaite- 
ment  des  forces  ou  agitation  incessante,  face  grippée,  sueurs  fitûdes,  etc.  Ce  cor 
tége  alarmant  n'est  pas  l'apanage  propre  de  la  hernie  étranglée»  quoiqu'il  ne  se 
rencontre  guère  qu'$vec  elle  et  qu'il  suffise  ordinairement  à  la  faire  reconnaître. 
Toute  irritation  vive  siégeant  au  voisinage  de  la  cavité  abdominale  ou  dans  :«m 
intérieur  jieut,  par  action  réflexe,  provoquer  les  vomissements  et  la  coustiptioii  ; 


AINE  (i'athologib).  3t25 

toute  pêritonîte  peut  naître  sous  son  inflaence,  de  sorte  que  l'eusembre  des  acci- 
dents énoncés  plus  haut  n*a  rien  d'absolument  pathognomonique. 

Dans  ces  conditions,  bien  des  erreurs  ont  été  commises,  et,  saus  eu  donner  la 
longue  liste,  je  veux  au  moins  en  résumer  le  tableau. 

1^  Les  hernies  étranglées  ont  été  méconnues,  parce  que  la  tumeur  était  trop 
petite,  trop  profonde,  masquée  par  une  autre  affection  ;  parce  que  l'examen  a  été 
insoffisant,  et  que  les  symptômes  généraux  de  la  péritonite  ou  de  l'obstruction  intes- 
tinale ont  trop  exclusivement  frappé  les  observateurs;  parce  qu'au  contraire  ces 
Mmptômes  peu  intenses  n'attiraient  pas  sufiisarament  l'attention  ou  qu'ils  afl'ec- 
taimt  des  formes  insolites,  étranglement  cholériforme,  hernies  s'étitinglant  pen- 
dant une  épidémie  de  choléra  (Broca,  Armand  Després). 

i^  Les  hernies  étranglées  ont  été  prises  pour  d'autres  affections  :  abcès  simples, 
bubon,  et  traitées  comme  telles,  soit  par  l'expectation  ou  les  simples  antiphlogis- 
tiques,  soit  par  la  ponction  faite  sans  ménagement. 

3*  Des  hernies  irréductibles  anciennes,  non  étranglées,  indolentes  ou  faiblement 
douloureuses,  ont  été  crues  étranglées,  parcequ'en  même  temps  une  affection  abdo- 
minale interne  :  abcès  profond,  iléus,  rétrécissement,  timieurs  diverses,  provo- 
quaient une  péritonite  et  gênaient  la  circulation  intestinale. 

4*  Des  affections  inguinales  très-variées  sont  prises  pour  des  hernies  étranglées, 
parce  qu'elles  siègent  dans  les  régions  herniaires,  ~  parce  que  les  antécédents  trom- 
pent :  récits  erronés  des  malades,  apparition  subite  après  un  effort,  —  parce  qu'il 
existe  simultanément  plusieurs  tumeurs  douloureuses,  —  parce  qu'une  hernie  a 
eiiftté  dans  le  point  où  se  montre  plus  tard  une  tumeur  irréductible  douloureuse, 
—  parce  qu'en  même  temps  que  celle-<ci  surgit  une  affection  alxlominale  giuve  : 
iléus,  péritonite,  etc.;  il  serait  facile  de  mettre  des  exemples  en  regard  de  chaque 
terme  de  cette  série.  Il  n'en  faut  pas  conclure  toutefois  que  le  diagnostic  de  la  her- 
nie étranglée  soit  en  général  difficile  pour  le  chirurgien  instruit.  L'étranglement 
est  ti^fréquent  et  ces  erl^urs  si  bizarres,  si  singulières,  sont  rarfs  et  se  trans- 
mettent d'âge  en  âge-,  de  livfc  ert  livre.  On  les  évitera  le  plus  souvent  en  pesimt 
tous  les  symptômes  et  tous  les  incidents  du  mal.  Si  Ton  reste  dans  le  doute  il  lau- 
dra,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  supposer  le  cas  le  plus  grave  et  agir  en  s  entourant  de 
précautions.  Le  pire,  à  coup  sûr,  est  de  méconnaître  absolument  la  hernie,  ce  qui 
doit  être  bien  rare  si  on  se  donne  la  peine  d'examiner  complètement  son  malade. 
Tout  cela  sera  repris  aux  articles  Hebnie,  Iléos,  Ëtrakglemeiit,  je  renvoie  pour- 
tant le  lecteur  aux  sources  suivantes  :  Gosselin,  Broca,  Thèses  sur  l'étranglement 
herniaire;  Després,  Beimie  crurale^  Thèse  d'agrég.,  1865;  Hondière,  Arch.  gén. 
deméd.y  t.  VI,  2«  série,  p.  54;  Battenberg,  Thèse  inaug.,  i850;  Battenberg  et 
Cuylon  Rev.  méd.  chir.,  t.  VII,  p.  21,  89,  1850;  Duchaussoy,  Arch.  de  méd,, 
4»  série,  t.  XV,  p.  129. 

Les  hernies  sont  si  fréquentes,  qu'on  peut  à  piori  s'attendre  à  les  rencontrer 
en  même  temps  que  toutes  les  autres  affections  inguinales  si  peu  communes 
qu'elles  puissent  être  ;  on  peut  donc  imaginer  toutes  les  combinaisons  |x>ssibles  et 
déjà  dans  le  cours  de  cet  article  nous  les  avons  signalées  pour  la  plupart.  Nous 
a\ons  p^rlé  du  traumatisme  et  de  ses  suites  atteignant  l'aine  affectée  de  hernies  ; 
rappelons  qu'on  a  vu  celles-ci  coïncider  avec  des  abcès  chauds  ou  froids,  avec  toutes 
les  variétés  d'adénopathies  aiguës  ou  chroniques,  les  lipocèles  et  les  collections 
séreuses  herniaires,  anciens  sacs,  sacs  diverticulaires,  les  kystes  et  hygromas,  et 
même  les  kystes  hydatiques,  les  varices  du  ligament  rond,  la  lymphangiectasie,  etc. 
La  hernie  inguinale  surtout  s'associe  très-fréquemment  aux  aflections  du  testicule 


324  AINE  (pathologie). 

et  du  oordon  :  hydrocèlc,  sarcocële,  varicocèle,  kystes  (Soc.  de  chir.,  tome  K 
|i.  275,  juillet  i849),  ectopie  lesticulaire.  Rizzoli  ne  compte  pas  moins  de  dix-huit 
variétés  de  hernie  inguinale  associée  à  la  présence  du  testicule  dans  le  canal  du 
même  nom.  (Bologne,  4861  ;  \oir  Borelli,  t.  V  des  Mém,  de  VAcad,  de  méd.  de 
Turin,) 

Ces  associations  pèsent  d'une  façon  très-diverse  sur  le  diagnostic  et  le  traite- 
ment; elles  n'ont  parfois  aucune  importance.  Les  affections  concomitantes  god- 
servent  leurs  caractères  propres  et  peuvent  être  isolément  traitées;  plus  d'une  fois 
même  des  oschéocèles  ont  été  refoulés  dans  le  canal  inguinal  ou  même  dans  le 
ventre  par  la  tumeur  scrotale.  Monod  en  cite  un  exemple  (Bull,  de  la  Soc.  anal., 
t.  IX,  p.  78),  mais  il  n*en  est  pas  toujours  ainsi  :  les  deux  lésions  se  compliquent  n^ 
ciproquement  et  le  diagnostic  est  parfois  si  difficile,  que  c'est  dans  le  cours  seule- 
ment d'une  opération  ou  d'une  autopsie  que  se  révèle  la  complexité  de  la  tumeur 
(Costilhes,  Gaz.  m^d.,  1842,  p.  571  ;  Guéretin,  Gqz.  méd,,  1836,  p.  778).  Parfois 
la  hernie  masque  l'autre  lésion,  mais  le  contraire  a  Heu  le  plus  souvent  (abcès,  tu- 
meurs ganglionnaires,  testicule  à  l'anneau)  ;  les  chances  d'accidents  herniaires  eo 
sont  accrues,  la  précision  du  diagnostic  en  souffre,  et  la  thérapeutique  s'en  res- 
sent. Une  cicatrice  inguinale  empêche  la  contention  d'une  hernie  (Dupuytren)  ; 
de  même  un  bubon  aigu,  une  inflanunation  du  cordon,  une  orchite,  un  varico- 
cèle.  On  sait  quels  embarras  suscite  à  l'application  exacte  d'un  bandage  l'eclopie 
tesliculaireou  la  descente  imparfaite  du  testicule  :  déjà  j'ai  traité  la  coxalgie  sur  deui 
jeunes  garçons  atteints  de  hernie  inguinale  habituellement  maintenue  par  un  ban- 
dage ;  j'ai  dû,  non  sans  quelque  souci,  supprimer  celui-ci  pour  af^liquer  l'apftt- 
reil  inamovible. 

C'est  pis  encore  en  cas  d'opération  sanglante  ;  un  abcès  recouvre  une  hernie,  s^ 
on  incise  sans  précaution  on  blesse  cette  dernière  ;  les  engorgements  ganglionnaires, 
les  kystes  doublent  les  difûcultés  de  la  kélotomie  et  peuvent  tromper  le  cliirurgieo 
au  point  qu'il  la  laisse  inachevée  (Sanson)  ;  l'ablation- d'un  saioocèle  inguinal  rend 
presque  inévitable  l'ouverture  du  sac;  la  même  chose  est  à  craindre  pour  le  saroo- 
cèle  scrotal  et  pour  d'autres  tumeurs  des  bourses.  Dans  un  cas  de  ce  genre,  Honod 
fut  obligé  de  lier  le  fond  du  sac  en  même  temps  que  le  cordon  qui  lui  adhérait. 
J'ai  pour  ma  part  rencontré  trois  dispositions  semblables;  une  fois  il  y  avait  héma- 
tocèle  double  très- volumineux  avec  deux  hernies,  une  fois  sarcocèle  et  hernie; 
dans  CCS  deux  cas  je  fis  les  incisions  de  manière  à  éviter  le  sac  herniaire,  ïoû>  je 
fus  moins  heureux  dans  le  troisième;  il  s'agissait  d'un  hémalocèle  unibténJ; 
la  hernie  semblait  refoulée;  jusqu'à  l'aimcau,  mais  son  sac  ne  l'avait  pas  suivi  ;  il 
s'étalait  au-devant  de  la  tumeur  scrotale  avec  une  mince  couche  d'épiploon  qui 
adhérait  à  son  fond  ;  aussi  fut4l  largement  ouvert.  Au  danger  de  la  castration 
était  venu  se  joindre  celui  de  l'ouverture  du  péritoine  ;  le  malade  guérit  nonob- 
stant. 

11  m'est  arrivé  de  croire  à  tort  à  l'existence  simultanée  d'une  liemie  et  d'un 
k^ste  séreux  :  c'éUiit  sur  un  vieillard  atteint  de  mérocèle;  il  portait  un  niauTM> 
band;ige,  ne  savait  |uis  au  juste  si  sa  hernie  rentrait  complètement  et  cro^'ait  mcine 
qirune  (x^rtion  restait  habituellement  au  dehors.  La  tumeur  devint  irrÛuctibleî 
la  suite  d'un  effort;  elle  était  bosselée,  très-irrégulière,  dure  ici,  là  fluctuante;  m 
forme  rapfielait  si  exact(*ment  celle  d'une  heniie  où  j'avais  rencontré  un  k}^ 
{voy.  page  278),  que  j'annonçai  avec  assin-ance  la  présence  d'une  production  de  ce 
;.'cnre  h  rexticniitc  externe  de  la  heniie.  Naturellement  je  ne  lis  |ioiiit  |iorit*rlr 
t«ixi!»  sur  ce  (loint  ;  mes  tentatives  de  i^uctioii  restaient  sans  ivsultat  et  j'allai» 


AINE  (patrologir).  325 

proposer  l*(^ration,  lorsque  dans  un  dernier  essai  je  fis  quelques  pressions  sur  le 
prétendu  kyste  ;  au  bout  de  deux  minutes  à  peine,  tout  était  réduit.  L'erreur  a  donc 
failli  me  conduire  à  une  opération  superflue. 

Affections  inguinales  ayant  pour  origine  le  cordon  spermatique  ou  le  testicule 
en  étal  d'ectopie.  Les  indications  sommaires  qui  vont  suivre  nous  ont  paru 
indispensables  en  présence  des  erreurs  de  diagnostic  qui  ont  fait  prendre  des 
hinieurs  du  cordon  spermatique  ou  des  ectopies  testiculaires  pour  des  hernies,  des 
abcès,  des  bubons,  des  adénites,  des  péritonites,  etc. 

L'erreur,  préjudiciable  sans  doute  quand  il  existe  des  accidents  aigus,  ne  l'est 
guère  moins  quand  le  testicule  sain,  entrain  d'exécuter  son  évolution,  est  pris  pour 
une  hernie  simple  et  traité  comme  telle  par  l'application  d'un  bandage  ;  non- 
seulement  cet  appareil  peut  provoquer  des  douleurs  vives  ou  des  dégénérescences, 
mais  alors  même  qu'il  est  bien  supporté,  il  fixe  la  glande  séminale  dans  une  posi- 
tion ncieuse  et  en  abolit  les  fonctions,  ce  qui  équivaut  à  une  castration. 

Titmeurs  du  cordon  spermatique.  Depuis  son  origine  à  l'épididyme  jusqu'à 
ia  dissémination  de  ses  éléments  dans  l'abdomen,  le  cordon  présente  deux  por- 
tions :  Tune  supérieure,  horizontale,  intra-inguinale  ;  l'autre  inférieure,  verti- 
cale ou  scrotale.  Les  affections  diverses  dont  il  peut  être  atteint  occupent  les  deux 
portions  à  la  fois,  ou  seulement  l'une  d'elles,  tantôt  la  première,  tantôt  la  seconde; 
dans  ce  dernier  cas  elles  n'appartiennent  plus  à  la  région  inguinale. 

Quand  la  tuméfaction  envahit  tout  le  trajet  du  cordon  et  que  le  testicule  lui- 
même  est  malade,  le  diagnostic  est  facile,  la  tumeur  inguinale  n'étant  que  la  con- 
tinuation de  l'affection  testiculaire  ;  je  fais  allusion  aux  engorgements  funiculaires 
à  communs  dans  les  cas  avancés  de  sarcocèle  cancéreux,  et  qu'on  rencontre  même 
à  la  suite  des  sarcocèles  tuberculeux.  J'ai  vu,  à  l'hôpital  du  Midi,  un  jeune  homme 
qui  présentait  à  l'entrée  du  canal  inguinal  et  dans  son  intérieur  une  tumeur  dure, 
inégale,  bosselée,  du  volume  d'une  grosse  amande,  un  peu  douloureuse  au  tou- 
cher. L'épididyme  du  même  côté  offrait  les  nodosités  caractéristiques  de  Faffection 
tuberculeuse.  Dans  l'intervalle  on  sentait  le  canal  déférent  hypertrophié,  dur, 
rigide,  du  volume  d'une  plume  à  écrire  et  réunissant  manifestement  les  deux 
dépôts. 

Ces  dilatations  tuberculeuses  du  canal  déférent  dans  sa  portion  inguinale  sont 
notées  dans  la  thèse  de  Ch.  Dufour  {Tuberculisation  des  organes  génito-urinaireSy 
1854,  n*  284,  p.  66).  Sur  un  malade  atteint  de  double  sarcocèle  tuberculeux  Civialc 
vit  se  former  dans  les  régions  inguinales,  sur  le  trajet  des  cordons  qui  étaient  très- 
tuméfiés,  deux  abcès  qui  restèrent  iistuleux  et  qui  avaient  probablement  cette 
origine.  {Malad.  des  organes  génOo-urinaires,  t.  H,  p.  146,  2*  édit.;  et  t.  Il, 
p.510.3*édit.) 

Dans  l'orchite  simple,  on  perçoit  fréquemment  dans  l'aine  une  tuméfaction  dou- 
loureuse qui  parfois  précède  et  le  plus  souvent  semble  suivre  l'envahissement  de 
i'épididyroe.  Sans  doute  elle  peut  reconnaître  pour  cause  la  phlébite  ou  la  lym- 
phangite du  cordon,  mais  parfois  elle  est  due  manifestement  à  l'inflammation  du 
canal  déférent  ;  elle  peut  survivre  longtemps  à  l'épididymite  et  donner  lieu  à  un 
phlegmon  profond.  Deux  cas  actuellement  soumis  à  mon  observation  établissent 
nettement  cette  variété  peu  connue  ;  dans  le  premier,  blennorrhagie,  orchite  suivie 
d'un  gonflement  inguinal  profond,  assez  peu  douloureux  d'al)ord  ;  le  malade 
reprend  srs  travaux,  mais  bientôt  la  tumeur  grossit  et  finit  par  suppurer  quatre 
mois  environ  après  le  début.  Chez  le  second  malade,  même  filiation  :  la  tumeur, 
parallèle  à  l'arcade  crurale,  est  immobile,  dure,  assez  voluminouso,  douloureuse 


iU  AINE    (PATUOLDCIK). 

et  du  cordon  :  hydrocèlc,  sarcocèle,  varicwèle,  kystes  (Sot 
\t.  275,  juillet  1849),  ectopie  testiculaire.  Riz»dinec(Hn|ii' 
variélés  du  hernie  inguipalc  associée  i  la  présence  du  i< 
même  nom.  (Bo)c^ne,  t861  ;  voir  Borelli,  t.  V  des  Mrv 
Turin.) 

Ces  associations  pfiscnt  d'une  façon  très-diverse  > 
meut;  elles  n'ont  parfois  aucune  importance.  Les 
servent  leurs  caractÈres  propres  et  peuvent  êlre  isn' 
ménie  des  oschêocèles  ont  été  refoulés  dans  le  c 
ventre  par  la  tumeur  scrotale.  Honod  en  ctte  un  ■ 
1. 1\,  p.  78),  nuis  il  n'en  est  pas  toujours  ain^i  : 
cipioquentait  et  le  diagnostic  est  parfois  si  ili' 
ment  d'une  (^ration  ou  d'une  autopsie  qui 
(Costilhes,  Gaz.  m^d.,  1843,  p.  571  ;  Guér.  ' 
la  hernie  masque  l'autre  lésion,  mais  le  cv' 
meurs  ganglionnaires,  testicule  à  l'anneau 
sont  accrues,  la  précision  du  diagnosli' 
sent.  Une  cicatrice  inguinale  empêrli 
de  même  un  bubon  aigu,  une  iiiltMJi 
cèle.  On  sait  queU  embarras  su^ii< 
(esliculaireou  la  descente  imparfail' 
jeunes  garçons  atteints  de  heniio 
il^gc  ï  j'^i  dû,  uou  sans  qucli|ii 
reil  inamovible. 

C'est  pis  encore  en  cas  d'm 
se  sans  précaution  on  ! 


les  kystes  doublent  les  difli 
au  point  qu'il  la  laisse 
presque  inévitable  l'ou 
cèle  scrotal  et  pour  d': 
fut  obligé  de  Ûerle  I 
J'ai  pour  ma  part  rrr 
(ocèle  double  très 
dans  ces  deux  ca<i  ', 
fus  moins  lieum' 
la  hernie  semifl' 
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stant. 

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kjste  >ri. 

baiidiL  „. 

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II-  .uitri'  ligue  de 

i-iiiil  l'tqui  répond  S 

I  li\il[iHèle  par  infiltratioo 

..    Ir  varicocèle.  Ces  troùaRk- 

lUi  aiiï  caractères  bien  Iranchée.f 

'  I  '|ii'i)ti  retrouve  avec  quelques  modi- 

i.iiiliuire  un  travail  inflammatoire  s'en 

',  UN  abcès,  à  un  étranglement. 

lume  elles  se  perdent  d'une  part  dans  le 

^ït  avec  l'épiplocèle  irréductible,  indoleul 

,,  .  ^BKUt  les  confondre.  Le  varicocèle  ordinam' 

'.>atuDs.  Hais  lorsqu'il  ect  enflammé,  il  praxl 

.  .ui  î  bit  différentes.  Tout  récemment,  Boûiisai 

'    i.'.v:  IH61)  a  publié  un  excellent  travail  sur  l'io- 

j  ^.-..iicuw^  du  pleins  pampiniforme  nonnat  ou  vaii- 

njvulf  adupté  par  l'auteur,  nous  subslitueriont 

.smWawr,  les  autres  veines  de  la  région  étant  é^ile- 

■uiMT.  On  trouve,  dans  Malgaigne  (Cordon  tperwa- 

,or  ïur  llivdrooèle  par  inûllration.  A  son  tour  Jamaiii 

,.KuktK  l'îbtee  d'agrégation,  1853,  p.  108}  un  article 

,~,a.  'jea  faits  a  les  remarquas  de  Bouiàson.  {De  rh/aui- 

.~  t.rWTI..  L  II.  P-  ♦«■) 

.-^.■lusii-  itwnientent  singulièrement  quand  les  lésions  sont 

,j™,-«:*ir<;  Al  iwdon,  La  tumeur,  sans  être  profonde,  est  cepen- 

,  ,.t>  -MT  b  tmni  antérieure  du  canal  inguinal  ;  aussi  n'esl-t'lle 

.,  l'v  -«r  W  looAer,  Pour  peu  qu'elle  soit  rot^ile,  elle  praïl 

^  m  -iSï-  f»ss*  saillie  du  côté  de  l'abdomen,  elle  transmet  à  la 

niiuirn;*'''  [«  !•  *'»"■  ^  l'eJlw'-  Indolente,  elle  simulera  lelut- 

, .-,  ,Mr».i*fcet  surtout  l'i'pii^ofèle;  douloureuse  et  enflammô'. 

'■i«-v"^  *****  «mblables  à  ceux  de  l'étranglement,  de  la  péin 

x^.iHi.te.  ilelli^i  poiirrait  du  reste  exister  simullaoémeni 


A1N£  (pathologie).  5^ 

nrteur  de  la  portion  inguinale  du  cordon  ne  donne  ps  lien  au 
'nosiic.  Les  laits  relatés  en  font  foi. 

'TTiération,  je  signale  :  le  phlegmon  et  Yabcès  intra 

avec  renflement  irUroringuinal  (Azam,  p.  25), 

f  nous  avons  parlé  plus  haut,  lliémaiocêle 

comme  Bowman  en  rapporte  un  exemple 

'débite,  le  phlegmon,  Tabcès,  l'héma- 

ition  et  occuper  soit  le  moignon 

J'en  dirai  tout  autant  des  tu- 

.  sarcocèle.  La  circonstance 

.  1  luslic  ;  cependant  j'ai  éprouvé 

lur  lu  nature  d'une  tuméfaction 

Mil  se  montra  après  une  castration 

..<•.  H  existait  en  même  temps  une  her- 

ii  K  specter  le  sac.  J'hésitai  beaucoup  pour 

..u(  du  à  une  inflammation  de  ce  sac,  à  un 

lute  funiculaire,  ou  à  une  récidive  précoce  du 

lis  doutes  aient  dispani,  l'autopsie  n'ayant  pas  été 


1  it'i 


mine  est  rarement  affecté  ;  la  lymphite  de  Hunter  est 

Al|)li.  Guérin  {Md.  des  org.  génit.  de  la  femme,  p.  42; 

t  i.iiU'  des  kystes  étudiés  plus  haut,  les  tumeurs  qu'on  y  observe 

>  nii  pour  siège  unicpie  le  plexus  veineux  qu'il  renferme,  et  qui  est 

(  (lo>eiiir  variqueux,  surtout  pendant  la  grossesse. 

w  Me  inguinal  chez  la  femme,  entrevu  par  Deneux  (ffe?*9iia  de  V ovaire, 

iNiT)),  a  été  mis  hors  de  doute  par  Cruveilhier  (BuZfe^  delà  Soc,  anaUm*^ 

.  [>.  1 99  ;  1 827) .  La  tumeur  existait  des  deux  côtés,  elle  simulait  la  hernie  ingui- 

.    l'piploïque.  La  dissection  démontra  une  dilatation  des  veines  sous-cutanées  et 

-iiti'uses  externes,  puis  plus  profondément  un  groupe  variqueux  conteuu  dans  le 

(allai  inguinal  se  continuant  d'une  part  avec  les  veines  extérieures  dilatées,  de 

l'autre  avec  les  vaisseaux  du  ligament  rond  très-amplifiés. 

Les  intéressantes  recherches  de  Devalz  sur  le  varicocèle  ovarien  (Thèse  de  Paris, 
1858,  n*  239)  signalent  cette  coïncidence  de  la  dilatation  des  veines  du  ligament 
rond  aveccelledu  plexus  péri-ovarique  et  iont  rentrer  par  conséquent  ces  cas  dans  la 
règle  commune  de  la  phlébectasie  qui  débute  par  les  vaisseaux  profonds  avunt 
d'atteindre  les  superficiels. 

Là  où  existent  des  veines,  et  surtout  des  veines  variqueuses,  la  phlébite  est 
admissible.  Je  crois  qu'elle  se  développe  dans  le  ligament  rond,  mais  je  n'en  puis 
fournir  ht  démonstration.  Je  me  rappelle  seulement  avoir  donné  des  soins  à  une 
jeune  fenune  qui,  à  la  suite  d'une  suppression  de  règles,  fut  prise  de  symptômes 
très-graves  du  côté  de  l'ovaire  gauche.  Outre  la  douleur  et  l'empâtement  que  la 
palpation  constatait  dans  la  fosse  iliaque  et  que  le  toucher  vaginal  retrouvait  dans 
le  cul-de-sac  latéral  correspondant  du  vagin,  on  percevait  à  la  partie  la  plus  élevée 
du  canal  inguinal  une  tumeur  circonscrite,  arrondie,  dure,  immobile,  très-super- 
ficielle, fort  douloureuse  au  toucher,  et  qui  fut  prise  par  un  consultant  pour  la 
laillie  d'un  abcès.  Je  niai  iormellement  la  suppuration,  et  la  suite  me  donna  raison  : 
je  diagnostiquai  une  phlébite  du  plexus  ovarique  avec  phlébite  du  ligament  rond  ; 
rHte  dernière  produisant  la  tumeur  inguinale.  La  guérison  eut  lieu,  mais  {tendant 
longtemps  on  put  reronnaitre  l'induration  limitée. 


328  AINE  (patholooik). 

Ectopietestictdaire.  Tumeur  inguinale  assez  fréquente,  importante  à  oonnaitre. 
Au  lieu  de  se  trouver  au  fond  du  scrotum,  le  testicule  occupe  divers^  poâtiflRs 
anormales  :  la  fosse  iliaque,  Tintérieur  du  canal  inguinal  ou  Tun  de  ses  anneaux, 
le  canal  crural  ou  le  voisinage  de  son  orifice  externe,  le  pli  cruro-scrotal,  le  péri- 
née. H  peut  être  sous-cutané,  sous-aponévrotique  ou  intra-abdominal.  L'ectopie 
est  congénitale f  quand  le  testicule  n'a  pas  parcouru  toutes  les  étapes  de  sa  des- 
cente, ou  quand,  chemin  faisant,  il  a  pris  une  mauvaise  voie;  acddentelle^  lors- 
qu'une cause  fortuite  :  contraction  du  crémaster,  adhérence  avec  une  hernie 
congénitale,  contusion,  application  intempestive  d'un  bandage,  etc.,  a  refoulé 
supérieurement  la  glande  descendue  ou  Ta  portée  hors  de  son  siège  habituel,  an 
périnée,  vers  la  fosse  ovale,  etc. 

Ainsi  fourvoyé,  le  testicule  se  présente  sous  trois  états  :  il  est  phis  on  moins 
atrophié  ;  —  il  conserve  son  volume  normal  et  l'intégrité  appvente  de  sa  stmctnre; 
—  enfin,  il  est  atteint  d'altérations  aiguës  ou  chroniques,  envahissant  son  paren- 
chyme ou  ses  annexes.  Souvent  à  ces  trois  variétés  s'associent  d'autres  affections 
et  surtout  une  hernie  intestinale  ou  épiploïque,  congénitale  ou  acquise,  en  relation 
intime  avec  l'ectopie  ou  ne  constituant  qu'une  simple  coïncidence. 

L'ectopie  abdominale  et  celle  qui  s'accompagne  d'une  atrophie  considéiahle  dn 
testicule  n'oiTreht  pour  ainsi  dire  que  des  signes  négatifs;  elles  ne  nous  oocupaxml 
pas  plus  que  les  variétés  cruro-scrotale  et  périnéale,  et  ne  rentreraient  dans 
notre  cadre  que  si  la  glande  absente  était  remplacée  par  une  hernie.  Les  «oÉres 
espèces  prennent  k  forme  de  tumeurs  mgninales  uni- ou  bilatérales  (l'i^nomalie  peut 
être  double) ,  situées  parfois  à  la  partie  la  plus  déclive  de  la  fosse  iliaque,  le  plus 
souvent  au-dessus  du  ligament  de  Fallope,  rarement  au-dessous. 

Les  caractères  de  la  tumeur,  variables  suivant  que  le  testicule  est  sain  ou  altéiv, 
sont  d'autant  fdns  aisés  à  percevoir  qu'il  est  plus  superficiel.  Quand  l'ofgane  en 
effet  n'est  recouvert  que  par  la  peau,  l'œil  et  le  toucher  le  distinguent  sans  peine. 
Il  en  est  autrement  quand  il  est  renfermé  dans  les  canaux,  relégué  dans  l'abdomen 
ou  masqué  par  une  hernie  juxtaposée.  Le  plus  important  des  signes  est  fourni  pir 
l'absence  du  testicule  dans  le  scrotum.  Pour  le  constater,  il  faut  explorer  par  la  vue 
et  le  toucher.  Ia  vue  montre  tantôt  une  absence  totale  des  bourses,  tantôt  seulement 
la  disparition  de  l'une  d'elles  avec  déviation  du  raphé.  Cette  anomalie  scrotak* 
s'observe  surtout  chez  l'adulte  dans  les  cas  d'ectopie  congénitale.  Au  contraire, 
chex  l'enfant  en  bas  âge,  elle  est  beaucoup  plus  rare,  le  scrotum  étant  bien  Jbnné 
chez  le  nouveau-né,  alors  même  que  les  glandes  séminales  ne  sont  point  descen- 
dues, et  rare  aussi  chez  l'adulte,  quand  rectojne  est  accidentelle  et  de  date  asset 
récente.  Rien  ne  dispense  donc  ordinairement  de  l'examen  par  la  palpation,  qui 
seul  apprend  si  oui  ou  non  le  testicule  occupe  sa  position  naturelle. 

Facile  à  acquérir  avec  un  peu  d'attention,  cette  première  notion  ne  suffinit  ps 
au  diagnostic  précis  d'une  tumeur  inguinale  siégeant  du  côté  oà  le  scrotum  est 
absent  ou  vide.  Il  faut  savoir  encore  si  cette  tumeur  est  réellement  formée  par  b 
glande  séminale  seule  ou  accompagnée  par  les  viscères  abdominaux,  saine  ou  atteinte 
d'une  lésion  quelconque. 

Supposons  la  glande  saine  et  seule,  on  trouve  une  tumeur  ovoide,  i  grand  aie 
le  plus  souvent  parallèle  à  l'arcade  crurale,  élastique  et  rénitente,  non  fluctuante, 
sans  changement  de  couleur  et  sans  adhérence  à  la  peau;  indolente  à  la  pressioa 
ou  douée  de  la  sensibilité  spéciale  du  testicule,  mobile  ou  fixe  dans  le  canal  ingui* 
nal,  et  par  conséquent  réductible  ou  irréductible  suivant  qu'il  existe  ou  non  des 
adhérences.  Ordinairement,  cliez  les  jeunes  sujets  du  moins,  la  tumeur  estsmrt^ 


Il  M 


AINE  (patbologie).  3S9 

■.n-nls  très-étendus  sous  l'influeBce  de  la  toux,  de  l'effort,  de  la 

..'  <  iifiiaster  on  des  manœuvres  înstitoées  par  le  chirurgien.  Ces  mi- 

>  •iii.in^os  ou  provoquées  sont  parfois  très-pénibles,  et  gênent  singulière- 

i  lii  >:  •  Iks  la  station  prolongée,  l'équitation,  le  ooU,  etc.  En  l'absence  même 

luilamniation  ou  dégénérescence,  les  douleurs  peuvent  être  assez  intenses 

u^iiinitT  la  castration.  C'est  presque  uniquement  avec  les  hernies  que  l'on 

ii  1  (Hrtopie  du  testicule  sain;  erreur  fâcheuse  qu'il  est  facile  d'éviter;  eepen- 

i  le  testicule  est  fixé  dans  le  canal  par  des  adhérences,  si  une  hernie  épiploïque 

u  uiLestinale  irréductible  existe  simultanément,  on  peut  éprouver  un  véritable 

.iil^irras. 

CAuHÀ  augmente  encore,  et  le  danger  survient  si  la  hernie  s'étrangle.  Le  dépla- 
tenient  testiculaire  donne  le  change;  on  croit  n'avoir  affaire  qu'à  une  orchite 
in^niinale;  on  n'opère  pas,  et  le  malade  meurt  d'étranglement;  ou  bien  on  opère, 
mais  d'une  manière  incomplète,  et  le  malade  succombe  encore  (Reichel  et  Steidèle, 
cités  dans  Richter,  Traité  des  hernies,  t.  II,  p.  123,  134).  La  méprise  est  réelle- 
ment excQsafale,  car  on  a  vu  l'orchite  inguinale  simuler  absolument  la  hernie  étran- 
gla, jusqu'à  produire  une  péritonite  et  la  mort. 

Les  altérations  que  peut  subir  le  testicule  déplacé  sont  moins  variées  que  celles 
qui  attaquent  la  glande  dans  sa  position  normale  ;  mais  en  revanche  elles  sont  pro- 
portionnellement plos  fréquentes,  surtout  dans  le  cas  d'ectopie  inguinale,  l'organe 
déplacé  étant  plus  exposé  au  traumatisme. 

On  n'a  guère  observé  jusqu'à  présent  dans  l'aine  que  l'orchite  et  le  saroocèle 
cancéreux.  Le  testicule  tuberculeux  n'est  pas  démontré  d'une  manière  suflisante, 
encore  moins  le  testicule  syphilitique. 

L  orchite  et  l'épididyniite  se  présentent  sous  toutes  leurs  formes,  aiguës,  chro* 
niques,  traumatiques  à  la  suite  d'une  contusion  ou  de  froissements  répétés,  bien- 
Donfaagiqoes  ou  consécutives  à  un  cathétérisme,  etc.  Dans  ces  deux  derniers  cas, 
le  début  est  bénin,  la  marche  lente,  mais  les  symptômes  peuvent  acquérir  peu  à 
pni  ou  rapidement  une  grande  intensité.  La  tumeur  devient  alors  très-douloureuse 
au  toucher;  il  y  a  rougeur  et  tuméfaction,  fièvre,  malaise,  parfois  vomissements, 
constipation,  surtout  si  la  glande  subit  de  la  part  des  anneaux  ou  du  canal  inguinal 
une  oonstriction,  une  sorte  d'étranglement.  L'orchite  inguinale  simule  l'adénite, 
le  bubon  suppuré,  l'étranglement  herniaire,  la  péritonite  ;  elle  est  susceptible  de 
récidive.  Le  diagnostic  repose  essentiellement  sur  la  constatation  de  l'ectopie  et  sur 
la  notion  étiologique;  il  n'offre,  de  coutume,  aucune  difiiculté  sérieuse. 

Le  testicule  déplacé  est  entouré  de  sa  séreuse  close  ou  communiquant  encore 
avec  le  péritoine.  A  la  suite  d'irritations  répétées  ou  d  une  ancienne  orchite,  un 
épanchement  séreux  prend  naissance;  il  en  résulte  deux  variétés  particulières d'hy- 
drocèle  inguinal  avec  ou  sans  reflux  du  liquide  dans  l'abdomen. 

Dans  le  cas  de  Denonvilliers,  le  testicule  était  atrophié,  la  collection  séreuse  bilo- 
bi^,  irréductible,  siégeait  moitié  dans  le  scrotum,  moitié  dans  le  tissu  cellulaire 
•ms^cutanéde  la  paroi  abdominale  antérieure.  Horel-Lavaliée  parait  avoir  rencon- 
tré la  seconde  variété,  que  Follin  considère  comme  assez  commune  (Bull,  de  la 
SoeiéU  de  chirurgie,  t.  IV,  p.  89;  1854,  et  t.  H,  p.  431;  1859).  Curling 
a  vu  un  hydrooèle  autour  d'un  testicule  atrophié  retenu  dans  l'anneau.  Pen- 
dant la  vie  on  avait  cru  à  une  hernie  inguinale.  {Med,  Times  and  Go».,  1858, 
t.l^p.  414.) 

Le  sarcocèle  inguinal  n'est  pas  rare.  Une  foule  d'auteurs  en  ont  rapporté  des 
exemptes  ;  il  apparaît  parfois  spontanément  ;  mab  le  plus  souvent  on  note  dans  les 


350  AlNOS. 

antécédents  une  orchite  plus  ou  moins  ancienne,  une  contusion,  des  rroUaiients 
rudes,  etc.,  exercés  sur  le  testicule  fixé  par  des  adhérences. 

Au  début,  il  est  difficile  à  distinguer  de  rorchite  chronique;  il  se  présente som 
Tapparenee  d'une  tumeur  indolente,  plus  ou  moins  mobile,  sans  adhérence  à  la 
peau.  Plus  tard,  le  volume  s'accroît;  la  masse  morbide  devient  dure,  inégale,  bos- 
selée, les  élancements  y  apparaissent,  la  peau  se  prend,  devient  rouge  ou  vioboée; 
l'idcération  toutefois  est  très-rare.  J'ai  observé  un  cas  insolite;  la  tumeur,  pri- 
mitivement d'un  assez  petit  volume,  avait  brusquement  triplé  de  volume  mh 
l'influence  d'efforts  violents.  Les  douleurs  intenses  hrent  décider  l'opération;  on 
enleva  sans  peine,  par  énudéation,  une  masse  du  volume  d'une  grosse  pomme, 
qui  ne  paraissait  tùtniée  que  de  concrétions  fibrineuses  et  de  caillots  sai^n$.<>i 
aurait  pu  croire  i  un  hématocèle  intra-glandulaire  ;  mais  dans  un  point  se  troanil 
un  noyau  ramolli,  très-évidemment  encéphaloide  :  c'était  donc  un  cancer  avec 
hémorihagie  interstitielle. 

Le  chapitre  que  je  viens  d'écrire  est  tiré  presque  en  entier  de  travaux  réceab 
et  très-complets  sur  la  matière.  Je  citerai,  outre  les  travaux  de  FoUin  et  de  Gni- 
haut  (1851  et  i856),  la  thèse  d'O.  Leeomte  :  Des  ectopies  congénialei  des  in- 
licuks  et  des  maladies  de  ces  organes  engagés  dans  Vaine.  Paris,  i851,  n**  159  ; 
—  le  rapport  de  Debout  à  la  Société  de  chirurgie,  et  la  discussion  qui  lui  bit  suite, 
(t.  m,  p.  95-218  ;  1852)  ;  enfin,  les  savantes  monographies  de  Godard,  qui  résnoDeot 
toutes  les  recherches  antérieures.  (Monorchides  et  cryplorchides.dieh  Phomme^ 
1856.  —  Même  titre,  Mémoires  de  la  Soc.  de  biologie,  1856,  avec  planches.  — 
Rech.  tératolog.  surl'appareil  séminal  de  Vhomme,  1860,  V.  Haasoiu) 

La  hernie  de  l'ovaire  constitue  pour  la  femme  une  ectopie  analogue  à  celle  que 
nous  venons  de  décrire,  quoique  se  produisant  par  un  mécanisme  différent,  lue 
comparaison  complète  entre  ces  deux  affections  est  encore  à  iaire,  surtout  au  poiot 
de  vue  physiologique.  L'ectopie  ovarique,  comme  tumeur  inguinale»  est  étudiée 
avec  les  hernies,  à  cause  de  la  similitude  d'étkiJogie.  Ce  rapprochement  a  plu» 
d'inconvénients  que  d'avantages,  mais  ce  n'est  point  ici  le  lieu  d'y  remédlier. 

BfBLiooiiAnni.-^Si  j'en  eicepte  Tnrticle  souvent  cité  de  P.  Bérsrd  (1835,  Diet.  em^fâl, 
t.  U)  :  un  autre  article,  inséré  dans  le  SwpplànetU  am  Dictùmneire  des  ÙMemMoàrts  en  18:»l . 
et  auquel  j'ai  collaboré  avec  Robert,  enfln  un  certain  nombre  de  thèses  inau^rales  Aain. 
V.  Robin,  Havre,  etc.],  il  n'existe,  dans  la  littérature  médicale,  qu'un  1res  petit  nombre  dr 
travaux  ou  même  de  chapitres  consacrés  à  l'ensemble  de  la  pathologie  do  pli  de  Tiin^. 
L'article  précédent,  dont  l'importance  fera  pardonner  la  longueur,. a  été  rédigé  sartoot 
avec  les  observations  coUigées  çà  et  là  dans  les  livres  classiques,  les  monographies,  lei 
recueils  périodiques,  les  bulletins  des  sociétés  savantes.  J'ai  donné  au  fur  et  i  mentre  \f* 
indications  bibliographiques,  en  renvoyant  autant  que  possible  aux  sources  originales.  C«ei 
explique  pourquoi  je  n'insère  pas  ici  nne  longue  liste  bibliographique,  qui  ferait  samuliht^ 
double  emploi.  On  m'a  laissé  beaucoup  de  place,  mais  j'ai  regretté  de  n'en  avoir  pas  plitf 
encore,  car  je  suis  loin  d'avoir  épuisé  le  sujet;  j'ai  seulement  cherché  à  tracer  un  odrr 
qu'il  serait  bien  utile  de  remplir  par  un  travail  d'ensemble,  ou  au  moins  par  une  série  tV 
monographies.  •• 

AlNOS  {Aïnou,  Aïnouh^  selon  les  tribus,  c*est4"dire  hommes,  en  leur  languei. 
Race  spéciale  qui  n'habite  plus  aujourd'hui  que  Textrémité  mérîdionnie  in  Kam* 
tchatka,  celle  de  Tarakaï,  les  petites  et  les  grandes  Kouriles,  rextrénûté  «eptett- 
trionale  de  l'ile  de  Yéso  et  quelques  points  de  la  côte  de  Mandcbourîe,  isolés  en 
qiiekpie  sorte  du  continent  par  l'Arour  et  l'Ouasouri-Oula,  son  affluent.  CMt 
région  est  comprise  entre  le  40'  et  le  55*  degré  de  latitude  nord,  le  lSS*eile  16<K 
de  longitude  à  l'est  du  méridien  de  Paris. 

A  celte  race  appartiennent  aussi  les  Ghiliékis  des  captes  nisna,  las  Tafaî  H  K***- 


AlNOS.  5M 

diing  des  Chinois,  que  Ion  ne  saurait  identifier  avec  les  Tongouses,  et  qui  se 
donnent  eui-mémes  le  nom  de  Fiattas. 

L'île  de  Tarakal  on  Tcboka  ou  Ajino-Hoxori,  c  est-à-dire  île  ie»  Aînosy  a  été  mal 
ooDunée,  par  Broughton,  Seghalien  (Sakbalien),  qui  est  le  nom  d'une  province  de 
Nandcbourie  et  du  fleuve  Amur. 

Quelques  auteurs  donnent  à  tort  aui  Avios  le  nom  de  Kouriliens,  qui  ne  désigne 
que  la  partie  la  moins  importante  de  la  conti'ée  où  ils  se  maintiennent.  Les  iles 
Kouriles  portent  le  nom  des  habitants  des  environs  de  Lopatka,  qui  s'y  sont  établis. 
On  trouve  le  lac  KuriUko  vers  la  pointe  du  Kamtchatka. 

Le  terrain  de  toutes  ces  îles  est  généralement  volcanique,  d^is  Yéso  jusqu'à 
Poromoachir.  Le  climat  des  petites  Kouriles  est  nébuleux  et  froid,  la  végétation 
rabougrie.  La  faune  y  donne  quelques  fourrures. 

L'ile  Yéso,  qui  a  un  volcan  en  activité  dans  le  sud,  est  beaucoup  plus  tempérée 
et  un  peu  moins  humide  :  ses  collines  sont  boisées  de  charmes,  de  chênes  et  de 
diverses  espèces  de  saules. 

Les  Aînos  sont  regardés  comme  de  race  blanche,  quoique  la  plupart  des  voya- 
sfQrs  leur  attribuent  un  joint  basané  ou  plus  ou  moins  brun.  Desmoulius,  qui  eu 
parie  d'après  les  relations  russes  et  hollandaises,  dit  qu'ils  ont  le  teint  a  d'un  brun 
ioncé,  presque  de  la  couleur  des  écrevisses  vivantes,  quoique  leurs  enfants  naissent 
Uancs.  »  H.  R.  Undau,  qui  les  a  visités  tout  fécemment,  dit  qu'ils  sont  de  couleur 
Uancfae,  quoique  de  teint  basané,  et  que  leius  yeux,  noirs  et  doux,  sont  droits 
romme  ceux  des  Européens. 

Leur  caractère  le  plus  singulier  est  l'abondance  des  poils  noirs  dont  leur  corp» 
Hst  couvert  :  fait  d'autant  plus  significatif  que  les  peuples  dont  ils  sont  entoura. 
Japonais,  Chinois,  Mandchoux,  Tchouktchis,  sont  presque  glabres.  La  pilosité  des 
.Udos  est  attestée  par  tant  de  traditimis  et  de  témoignages,  qu'on  peut  l'admettre 
comme  certaine,  malgré  le  silence  du  P;  de  Angelis,  qui  a  séjourné  chez  eux  au 
dix-septième  siècle,  mais  qui  était  plus  occupé  de  les  catéchiser  que  de  les  observer, 
et  malgré  le  doute  émis  par  Krusenstem,  qui  s'est  peu  arrêté  sur  leurs  rivages,  et 
qui  a  bien  pu  n'observer  que  des  métis.  De  Angelis,  qui  ne  parait  pas  être  allé  plus 
3U  nord  que  Matsmaï,  rapporte  seulement  que  les  sauvages  qui  y  viennent  vendre 
da  poisson  ont  la  barbe  jusqu'au  milieu  du  centre.  Quant  à  Krusenstem,  il  dit 
iui-même  que  les  relations  qu*on  a  de  Yéso  peignent  les  habitants  comme  des 
tummes  velus  par  tout  le  corps.  Selon  Desmoulins,  aussi  haut  que  l'on  remonte 
dans  Thistoire,  à  l'aide  des  traditions  chinoises,  c'est4-dire  vingt-trois  siècles 
annt  notre  ère,  il  est  question  de  ces  barbares  vehis  ;  et  six  siècles  avant  cotte  ère, 
ik  étaient  en  possession  de  l'île  de  Yéso  et  des  provinces  au  nord  de  Nippon,  Dana 
les  anciennes  cartes  de  Hercator  et  de  Hondius,  les  iles  Yéso,  Kouriles,  Tarakaï, 
âont  nonunées  Satyrorum  insulx. 

Malte-Brun  {Géographie,  éd.  Huot,  t.  IX)  cite  deux  mémoires  japonais  récents, 
qui  établissent  le  fait  de  cette  villosité.  De  Vries  (Foya(/£  du  Castricmn),  Spangberg, 
lieutenant  du  commandeur  Bering,  La  Pérouse  et  ses  compagnons  de  voyage,  con- 
firment les  témoignages  des  Chinois  et  des  Japonais.  Le  docteur  RoUiu  décrit 
amplement  (de  La  Pérouse,  Voyage,  t.  IV)  les  Aïnos  qu'il  a  observés  dans  l'ile  de 
Tcboka.  H  dit  qu'ils  sont  de  taille  médiocre  (H.  Lindau  dit  :  fort  au-dessous  de 
notre  moyenne),  trapus,  fortement  constitués ,  avec  un  peu  d'embonpoint;  qu'ils 
oQt  le  visage  large  et  rond,  le  nez  court,  arrondi  et  dilaté  au  bout,  les  yeux  vifs» 
liai  fendus,  le  plus  souvent  noirs,  les  lèvres  peu  épaisses  et  d'un  incarnat  obscur, 
la  peau  basanée  chez  les  deux  sexes.  Il  (ajoute  :  «  Ces  insulaires  sont  trèfrrbarbus  et 


5SS  AlNOS 

très-\elus;  »  et  encore  :  «  Ils  ont  le  corps  barbu  et  velu  plus  qu'on  ne  Test  en 
Europe.  »  —  Broughton  va  plus  loin,  <}isant  que  leurs  entants  mêmes  sont  comiru 
de  poils  longs  et  noirs  dès  Tàge  de  cinq  ans.  Et,  d'après  les  relations  que  cite  Malte- 
Bnm,  on  trouverait  dans  les  petites  Kouriles  quelques  femmes  aussi  velues  que 
les  hommes. 

Les  Japonais  appellent  Tile  Yéso  la  terre  de  Mo-sin  (c'est-à-dire  des  peupU 
velus).  Leurs  traditions  rapportent  que  les  Mosins  occupèrent  jadis  les  parties  sep- 
tentrionales du  Japon  jusqu'à  la  montagne  Ojama,  et  qu'ils  furent  succeasiTemeiit 
repoussés  par  les  conquérants. 

Leur  langue,  agréable  et  cadencée,  n'appartient  à  aucun  autre  peuple,  et  n'apas 
de  conformité  avec  celles  des  Kamtchadales,  des  Mandchoux  et  des  Japonais,  leun 
voisins.  Elle  a  fait  pourtant  dans  le  sud  quelques  emprunts  i  la  langue  de  ue» 
derniers. 

Vater  et  Chwastow  ont  réuni  des  vocabulaires  de  plusieurs  dialectes  ainch 
La  Pérouse  en  donne  un  de  l'Ile  Tchoka  (Voyage ^  t.  III) ,  et  Broughton,  un  de  Tile 
d'Insu  (Yéso,  ainsi  la  nomment  les  Aînos).  Il  est  facile  de  voir  par  ce  dernier  qu. 
la  langue  de  Mo*sin  est  sans  affinité  avec  celles  du  Japon,  de  Likeujo  ou  de  Lunv 

La  Pérouse  dit  que  les  Aïnos  ne  ressemblent  en  rien  ni  aux  Chinois  ni  aui  îjr- 
tares  par  l'extérieur,  et  bien  peu  par  les  habitudes  morales. 

Leurs  formes  et  leurs  mœurs  les  rattachent  à  la  race  hyperboréenne  (décrite  for 
Lesson,  in  Balbi  Ethn.).  Très-superstitieux,  ils  refusèrent  à  La  Pérouse  et  à  ^ 
compagnons  de  laisser  prendre  la  mesure  des  diverses  dimensions  de  leur  corp^. 
craignant  que  ce  ne  fût  une  opération  magique.  Ils  ont  la  physionomie  agréable,  !< 
caractère  doux,  paisible,  généreux  et  hospitalier.  Krusensteni  dit  que  c'est  W 
meilleur  de  tous  les  peuples  qu'il  ait  jamais  vus.  On  leur  attribue  peu  de  conmr 
dans  la  souffrance  et  un  grand  penchant  au  suicide.  Ils  sont  polygames  ;  et  dan^ 
le  choix  de  leurs  femmes  ils  ne  s'arrêtent  pas  devant  les  empêchements  de  b  pluv 
étroite  parenté.  Les  deux  sexes  portent  les  mêmes  habillements. 

Les  seuls  animaux  qu'ils  élèvent  sont  des  chiens,  dont  ils  se  servent  en  Itittr 
pour  tirer  leurs  traîneaux,  et  qu'ils  engraissent  aussi  pour  se  nourrir  de  leurchnr 
ils  ne  se  livrent  point  à  l'agriculture;  ils  chassent  la  gaielle  ;  ils  pèchent  ;  ils  o«i~ 
plètent  leur  alimentation  avec  des  champignons,  des  racines  sauvages,  et  avw  «it 
froment  et  du  riz  que  leur  apportent  les  Japonais. 

Ils  se  gouvernent  patriarcalement  :  ils  vivent  entre  eux  sans  lois  et  sans  fu!i'. 
faisant  seulement  quelques  libations  en  l'honneur  de  la  divinité  japonaise,  p^i' 
avoir  h  pix  avec  leurs  oppresseur,  qui  les  traitent  durement  et  comme  ^ 
esclaves.  Ils  n'ont  ni  alphabet,  ni  calendrier,  ni  monnaie.  Us  payent,  ousootœnxt 
payer  un  tribut  en  nature  aux  Japonais,  et  fout  avec  eux  quelque  conunen  • 
d'échanges. 

Les  Aînos  nous  paraissent  être  les  restes  d'une  population  primitive  del'W 
orientale,  refoulée  par  les  envahissements  successifs  de  peuples  plus  jeunes  et  }L^ 
guerriers,  enfin  ch:issée  de  presque  tout  le  continent  par  les  Toungous  et  oWi.^ 
de  se  réfugier  dans  les  îles  voisines  de  sa  première  patrie.  Ils  représentent,  à  I  •  ^ 
trémité  de  l'Aii^ie,  ce  que  sont,  à  l'extrémité  opposée  de  l'Europe,  les  Bas-Brttub 
l<*s  Erses  et  les  Gallois. 

Il  paniît  difficile  que  ce  faible  reste  d'un  ancien  peuple,  qui  ne  semble  pa^  a^  • 
été  organi*(é  pour  la  lutte,  sul)siste  encore  longtem|)s  dans  les  conditions  artii*  ''*•" 
et  nous  nous  associons  au  vœu  de  M.  de  Qimtrefag<^,  qui  a  dit  dans  un  écrit  rnY-r' 
«  C'est  Tune  di»s  races  sur  lesquelles  il  faut  se  hâter  de  recueillir  des  ren<4 1-.»  • 


AIRELLE.  335 

ments  pendant  qu*il  en  est  temps  encore.  »  {De  VunUé  de  l'espèce  humaine.) 
Puthokfçie.  Les  inflammations  de  la  conjonctive  et  la  cécité  sont  fort  com- 
munes pnni  les  Ainos  de  Tarakaï  :  ce  que  le  docteur  RoUin  attribue  à  Téclat  de 
b  wxie  ci  à  la  fumée  qui  remplit  omstamment  leurs  cabanes,  où  ils  se  réfugient 
non-seulement  en  hiver  contre  le  froid,  mais  en  été  pour  se  soustraire  aux  mous- 
tiques qui  pullulent  dans  ces  parages. 

•  Les  maladies  de  la  peau  sont  fort  rares  parmi  eux,  quoiqu'ils  vivent  dans  une 
nulproprelé  extrême.  »  On  n  a  vu  trace  de  petite  vérole  ni  de  maladie  vénérienne. 

DaUY  et  GUILLARO. 

Bt&jocRAPiiB. — Outre  les  voyages  cités,  on  peut  consulter  :  Obrmoiiliiis,  Hist.  nat.  des  races 
Aml;— RiciABD,  /tesMTcAM;— N.  Dalu,  Mœurt  et  mo^m;— Qoatrsfases,  Broca,  Hybridité; 
-R.  Lrf»Ao  \Re9ue  des  Deux  Mandes,  1*'  août  18(>5)  —  Habbatham  a  donné  (Indigetwiu  Races) 
jeaz  dessins  et  une  note  sur  les  Aïnos. 

ADISLIB  (WUtelaw) .  Médecin  anglais  de  ce  siècle,  pratiqua  longtemps,  à 
Madras,  dans  les  Indes  orientales.  On  lui  doit  d'importantes  recherches  sur  la 
matière  médicale  de  l'Inde  et  les  maladies  de  cette  contrée,  dont  une  partie  a 
été  (Nibliée  depuis  le  retour  de  l'auteur  en  Angleterre.  —  Voici  la  liste  des  ouvrages 
et  écrits  divers  d'iinsUe  : 

UaUriûindiea  ofHindosUm  and  Artisans,  and  AgrictUlurist  Notnenclature.  Madras,  1813, 
M'.  2*  édit.  sous  ce  titre  -  Materia  indica,  or  same  Account  of  those  Articles  wfrich  are 
fmpk^ed  bff  the  Hindous  or  Eastern  Nations  in  their  Medicine,  Arts  and  Agriculture,  etc. 
L»ud.,  18i6,  S  voL  in-8.  —  Avec  Smith  et  le  docteur  Gbristie  :  Médical,  Geographkal  and 
ÀfriatUnral  Report  on  the  Causes  of  the  Epidemieal  Fever,  which  prevaiM  m  the  Pro- 
mce  ofCaimtatore,  Madeira,  Dinigal  and  Tinnivelly  in  1800  to  1811.  London,  1816,  in-8. 
-(^iervaUons  on  the  Cftolera  morbus  oflndia;  a  Letter  adressed,  etc.  London,  1825,  in-8. 
-Obierpations  respecting  the  Small-Pex  and  Inoculation  in  Eastern  Countries  ;  with  some 
kmau,  etc.  London,  1827,  in-4.— On  the  Use  ofBalsam  ofPeru  f»  Sphacelous  andPhage- 
itnkVkers.  In  fjond.  med.  Repository,  t.  YIII,  p.  3M,  524;  1817.— O^x^t^.  on  the  Ixpra 
.Msa,  or  Elepkantiasis  of  the  Greeks,  as  il  appears  in  India.  lu  Transaet.  ofthe  Royal 
Uktic  Society,  etc  T.  I,  p.  2,  282;  1826;  et  London,  1826,  in-4.  E.  Bgd.  ^ 

Ain.    Voy,  Manioc. 

Am,  AIK  ATHOSPHÉRIQUE.      Voy,  ATMOSPHÈRE. 


oM  HTSTllXE  (Vaccinium),  Genre  de  plantes  de  la  famille  des 
Bruyères  et  de  la  tribu  des  Vacciniées,  ou  Ericinées  à  ovaire  infère,  élevées  par  plu- 
Meurs  botanistes  au  rang  de  famille  distincte.  Les  Vaccinium  ont  des  fleurs  régu- 
\kks  et  hermaphrodites.  Leur  réceptacle  est  concave,  en  forme  de  bourse,  logeant 
I  ovaire  dans  sa  concavité,  tandis  que  sur  les  bords  s'insèrent  le  calice,  la  corolle 
etfandrocée.  Ces  verticilles  sont  donc  épigy nés,  comme  l'entendait  A.  L.  de  Jus- 
^eu.  Les  fleurs  sont  pentamères  ou  tétramères.  Dans  le  premier  cas,  les  cinq  se- 
igles sont  courts,  unis  inférieurement,  sans  préfloraison  appréciable.  La  corolle 
est  urcé<rfée,  partagée  supérieurement  en  cinq  dents  ou  en  cinq  lobes.  Les  éta- 
miiies  sont  libres,  en  nombre  double  des  lobes  de  la  corolle,  et  superposées, 
moitié  aux  divisions  du  calice,  et  moitié  à  celles  de  la  corolle.  Les  anthères  sont 
^xloculures,  se  prolongent  en  un  tube  qui  s'ouvre  à  son  extrémité  pour  laisser 
•^pper  le  polfen,  et  sont  en  outre  munies  chacune  de  deux  cornes  qui  seredres* 
!«nt  lors  de  l'épanouissement.  L'ovaire  infère  est  couronné  d'un  disque  épigyne 
qui  encadre  la  base  d'un  style  dont  le  sommet  dilaté  se  partage  en  autant  de  tu- 
^ttvnHa  sligmatilères  qu'il  y  a  de  loges  à  l'ovaire.  Celles-ci  sont,  d'après  ce  que 


AlKËLLE. 

..«■  •  jt^Hfln*  «le  KOMi  ou  quatre,  et  supei-posées  aux  divisions  île  la 

•e>     toLf^  -Même  de  chaque  loge  s'insère  un  gros  piaeentB,ciiar^  fit 

.->    litinifK».  Le  finiit  est  une  baie  couronnée  des  cioatrioes  dapé- 

1  -.  !c    j^  ;4Tadaes  sont  nombreuses  et  renferment  sous  leure  légu* 

iLH  ««iti  '  iitaan  if  on  albumen  charnu. 

.  .*•«««■  MMti  des  arbustes  ou  des  sou»4irbrisseaux  originaires  des  réçioiis 

■1*.  —^  -  '^•«ettimniles  des  Deux  Mondes,  mais  communs  surtout  en  Amé- 

-t   11  '^^  nftrowe  même  jusque  dans  la  région  tropicale.  Leurs  feoilb 

»    «.imss  sta»  stipvàes,  souvent  persistantes.  Leurs  fleurs  solitaires,  ou  réu- 

.u^(^«^|MBv  uMyfttrit  ordinairement  l'aisselle  des  feuilles. 

)«Mtt*  <a  pins  employée  est  Y  Airelle  Myrtille  (Yaccinium  Myrtillus  L  . 
ri,  .«iH  iMUs-arbrisseau  commun  dans  beaucoup  de  régions  niontucuse^. 
iMifanigées  et  un  peu  humides»  Les  tiges,  traçantes  et  quelquefois  ln>- 
jéâ^iwa^  ouMttoKt  des  faisceaux  de  longues  racines  adventices  et  donnent  luîs- 
NMiue  t  11;:^  braucbes  grêles,  anguleusesy  qui  sortent  de  terre  et  se  partagent  en 
^HâMMUx  courts»  ne  surpassent  guère  deux  décimètres  de  hauteur,  chargés  de 
euùltrs^  olterues  ovales  ou  ovales-aiguës ,  dentelées,  glabres  et  caduques,  k  leur 
•■2^ile  ^  nwatrent,  au  printemps,  et  plus  rarement  une  seconde  fois  en  aulonuie, 
le  cilles  fteurs  à  pédoncule  grêle,  court  et  réfléchi,  un  peu  renflé  à  son  sommet. 
Leur  cucuUe  eu  iorme  de  grelot,  d'un  blanc  rosé,  est  ordinaii-emeut  tétninère.  le> 
\hjùIL  étaflùnes  sont  incluses.  Le  fruit  est  de  la  grosseur  d'une  forte  groseilki 
^labr^^  lisse,  d'un  noir  bleuâtre  très-loncé  et  couvert  d'une  poussière  glauque, 
(juiuiil  ou  réci'ase,  il  tache  en  un  \iolet  vineux  et  laisse  échapper  de  tiès-peiite» 
^itiiutf»  jaunâtres.  Ces  baies  sont  un  peu  sucrées,  acidulés,  avec  un  anière-goài 
tade.  On  les  mange  en  abondance  comme  rafraîchissantes,  et  l'on  en  fait  des  m- 
ii>p!^  et  des  conserves.  Leur  suc  exprimé  a  souvent  servi  à  préparer  des  boisaoïb 
^iMployées  dans  les  phlegmasies  du  tube  digestif.  D'autres  leur  aoronlent  1^ 
UM^ttMS  propriétés  qu'aux  Mûres  pour  guérir  les  angines,  les  diarrhées  chroniques. 
iHi  peut  en  préparer  par  fermentation  une  boisson  alcoolique  analogue  au  Mu 
dWrlouse.  Elles  tachent  fortement  le  linge  et  la  peau  ;  ce  qui  a  inspiré  Tidee  ii<' 
k«  employer  pour  teindre  en  rouge  et  en  violet.  C'est  pour  la  même  raumt 
qu'elles  ortt  servi  quelquefois  à  colorer  les  vins.  Les  organes  de  la  végétation,  n- 
lueaux  et  feuilles,  sont  assez  riches  en  tannin  pour  posséder  les  mêmes  propriéd'*^ 
aalringentes  que  la  Busserole.  Aussi  servent-elles,  dans  plusieurs  pays  da  ^M, 
au  launage  des  cuirs  et  des  peaux.  On  croyait  autrefois  que  Virgile,  dans  s(4i 
i^logue  II*,  avait  parlé  de  cette  plante,  quand  il  dit  :  «  Vaccinia  nigm  Ugm- 
iur;  »  mais  cette  opinion  est  aujourd'hui  controversée.  Il  y  a  longterarps  qu'on  j 
cm  qu'il  désignait  par  là  un  autre  fruit  noir,  comestible  et  addule,  odni  de  Li 
Ronce. 

II.  V Airelle  bourbeuse  (Vacdnium  uliginosum  L.)  est  un  petit  sous-Arhûe^ti 
i|ue  l'on  trouve  dans  les  marais  des  régions  montueuses  de  rEurofie.  Ses  liraiirliri 
sont  arrondies,  et  ses  feuilles  alternes,  obovales,  obtuses,  plus  rarement  aigiM«. 
éfittisses,  coriaces,  caduques,  glauques  en  dessous,  finement  pubesœnles  et  vn 
nées  en  dessus.  Les  fleurs  réunies  en  petites  grappes  ont  des  corolles  oouirur  ()< 
chair.  Les  baies  sont  noirâtres  avec  des  reflets  bleuâtres^  et  acidulés.  On  lesnuru*^ 
un  Angleterre  où  elles  sont  désignées  sous  le  nom  de  Whorileberrie$^  pmtr  lesdi^ 
tinguor  des  fruits  de  l'espèce  précédente  qui  s'appellent  BUlberrien^  et  Yan  a^Min* 
uutt  |jar  la  fermentation  elles  produisent  une  liqueur  alcoolique  daugereuiie.  Ivi 
lot  tta*i(leiitM  obaei'vés  après  l'usage  de  certaines  brassons  auxquelles  on  a  mêlé  Ar 


AlRltifUË.  535 

cfo  fruits  daiis  ua  but  de  falsilication.  11  parait  que  ces  baies  jouissent'  enoore  de 
propriélés  narooliques. 

III.  VAirMe  ponctuée  ou  d  fruits  rouges  (Vaccinium  Vitis^'iàsea  L.)  est  un 
[«(it  aiixiste  abondant  dans  Test  de  la  France,  où  il  croît  dans  les  pâturages  des 
uioiUagnes.  Ses  brandies  peu  élevées  sortent  également  de  terre,  diargées  de 
feuilles  obovées,  dont  les  bords  s*enrottlent  en  dessous  et  dont  le  sommet  est  tuntôt 
tfnmdi,  taiit^  écliancré.  Les  bords  sont  quelquefois  finement  dentés  ;  et  la  face 
ijiiérieufe  est  glauque  ou  blanchâtre,  chargée  de  petites  ponctuations  brunes  ou 
uQÎritres  qui  serrent  à  reconnaître  ces  feuilles  quand  on  a  falsifié  avec  elles  celles 
iabi  Busterole  {voy.  ce  mot),  dentelles  ont  Tastringence  et,  dit-on,  toutes  les 
autres  propriétés.  Les  baies  âdnt  rouges.,  aoidules,  et  se  mangent  comme  ceDes  de 
ri.  Myrtilie. 

IV.  La  Carmdfergej  dont  Linné  et  les  anciens  auteurs  avaient  fait  une  espèce 
d'Airelle,  sous  le  nom  de  Vaccinium  Oxycoccas^  est  devenue  le  type  d'un  genre 
distinct,  sous  le  nom  d^Oxycoccos  {voy.  ce  mot),  H.  Bailu)n. 

L,  Ga.,  n.  483.  — >  Juss.,  Gen,,  162.  —  Enal.,  Geti.y  n.  4353.  —  Guib.,  Drog.  nimp.,  III, 
7 -A.  Rkb.,  Élém.,  111,24.  —  Lwdl.,  F^^.  Kingd.y  758;  Vlor.  médic,  383. 

Pharmacologie.  Sous  le  nom  d'airelle  on  confond  souvent,  dans  le  commerce 
de  la  droguerie,  les  feuilles  de  trois  plantes  distinctes,  qui  sont  TÂirelle  ponctuée 
Soainium  Vitis-iâxa^  L.),  TÂirelle  Myrtille  {Vaccinium  Myrtillusy  L.),  et  l'Ai- 
Felle  Canneberge  {Vaccinium  OxycoccoSj  L.,  Oxycoccos  palustris^  Pers.).  {lu\ 
ÉlâLs-lnis,  on  recherche  beaucoup  le  Vaccinium  macrocarpon  pour  ses  fruits 
acides,  qui  renferment  une  matière  colorante  violette  qui  rougit  par  les  acides  et 
qui  sert  à  colorer  les  vins. 

Les  feuilles  d'Airelle  ponctuée  sont  souvent  confondues  et  mêlées  dans  le  coni- 
luerce  avec  celles  de  Busserole  ou  Raisin  d*ours(i4rbtt(itô  Uva  ursi),  de  la  même 
biuille,  mais  elles  sont  moins  épaisses,  légèrement  dentées,  et  leurs  boi  ds  sont 
toujours  légèrement  repliés  en  dessous  ;  les  nervures  sont  très-apparentes  à  la  partie 
inférieure,  et  celle-ci  est  parsemée  de  petits  points  bruns  qui  lui  ont  valu  le  nom 
de  ponctuée.  L*ÂirelIe  porte  encore  les  noms  de  Myrtille,  de  Raisin  de  bois, 
Brinbelle;  elle  est  très-abondante  dans  le  Nord.  Les  enfants  mangent  les  fruits, 
qu'ils  nomment  Bluets,  Luiets,  Maurets;  leur  saveur  est  acidulée,  agiéable;  on 
en  prépare  quelquefois  un  extrait  ou  rob,  une  conserve  et  un  sirop. 

Ou  peut  substituer  sans  inconvénient  les  feuilles  de  l'Airelle  Myrtille  {V.  Myr- 
lUluSy  L.)  et  celles  de  la  Canneberge  (V.  Oxycoccos,  L.)  à  celles  de  l'Airelle  ponc- 
tuée; les  fruits  de  ces  trois  plantes  sei^eut  à  teindre  artificiellement  les  vins;  pour 
orla  on  additionne  leur  jus  d'une  certaine  proportion  d'alun.  Cette  matière  colo- 
lante  a  été  employée  en  peinture  et  en  teinture.  Les  feuilles  sont  riches  en  tannin  ; 
on  les  emploie  c(  mme  astringentes,  à  la  dose  de  15  à  30  grammes  pour  1  litre 
d'eau;  on  en  prépare  un  extrait  par  décoction.  Les  feuilles,  triturées  avec  de 
l'eau,  donnent  une  liqueur  qui  verdit  peu  les  sels  de  fer,  tout  en  restant  d'aboitl 
transparente,  formant  ensuite  un  précipité  de  même  couleur.  0.  Réveil. 


(de  afp»|  je  saisis,  j'élève))  souvent  écrit  à  tort  ÊftiGHE  ou  émue, 
L'aicigne  est  essentiellement  un  crochet  pointu  et  piquant  qui  termine  une  tige 
ngide  et  nn  manche  ou  Ude  chaîne  de  longueur  variable.  On  ne  doit  pas  cou- 
tondre  I  airigne  avec  les  crdchets  mousses  de  fortnes  variées  dont  On  se  sert  dans  la 


536  AIRIfltlE 

pratique  des  opérations  pour  écarter  mi  protéger  les  parties  molles.  Les  anato- 
mistes  et  les  chirurgiens  se  servent  d'airignes  soit  pour  tendre  et  fixer  des  tissus 
très^xtensibles,  soit  pour  attirer,  déplacer  ou  extraire  des  organes  qu'on  saisirail 
mal  ou  qu'on  ne  pourrait  pas  saisir  avec  une  pince.  Le  plus  souvent  ou  n'implante 
des  airignes  que  dans  des  parties  qui  doivent  être  enlevées,  comme  certaines  tu- 
meurs volumineuses,  ou  dans  des  organes  doués  d'une  sensibilité  obtuse. 

Le  volume  et  la  forme  de  l'airigne  varient  suivant  le  but.  Très-fine,  très-délicate 
pour  certaines  opérations  qui  se  pratiquent  sur  l'œil,  l'airigne  peut  être  un  instru- 
ment solide  qui  nécessite  l'emploi  de  la  force. 

Elle  peut  être  simple,  à  un  seul  crochet,  ou  double,  ou  même  pourvue  de  cro- 
chets plus  nombreux.  Cette  dernière  variété  ne  s'emploie  que  dans  des  cas  spé- 
ciaux. Les  trousses  renferment  souvent  une  airigne  simple  qui  peut  devenir  double 
en  faisant  descendre  un  coulant  qui  maintient  rapprochées  les  deux  brandies  di- 
vergentes de  l'instrument. 

Quand  on  fixe  une  tumeur  avec  une  airigne,  il  faut  toujours  tirer  dans  le  même 
sens,  dans  le  sens  de  la  courbure  des  crochets,  sans  quoi  on  s'expose  à  laLv»er 
brusquement  échapper  la  partie  saisie.  On  a  remédié  à  cet  inconvénient^  qui  ^ 
produit  assez  souvent,  en  dirigeant  en  sens  inverse  les  deux  crochets  à  la  nianifrc 
de  certains  tire-bourre.  Il  faut,  avec  cet  instniment,  imprimer  au  manche  mi 
mouvement  de  rotation,  et,  tant  que  ce  mouvement  est  maintenu,  l'implantation 
est  ssolide  et  les  tissus  fixés  peuvent  être  dirigés  dans  tous  les  sens  sans  crainte  de 
les  laisser  échapper. 

Si  à  une  airigne  de  cette  espèce  on  ajoute  une  gaine  gliss.uit  sur  sa  tige  li 
pouvant  recouvrir  au  besoin  les  deux  crochets,  on  a  un  instnmient  qui  peut  être 
employé  au  fond  des  cavités  naturelles,  des  trajets  anormaux,  et  avec  lequel  oii  t*a 
assuré  de  ne  produire  aucune  déchirure  en  cas  d'échappement.  Cet  instrument 
peut  encore  servir  à  l'extraction  de  certains  corps  étrangers  asseï  durs,  comme 
les  balles,  les  fragments  de  bois  ou  d'os,  les  morceaux  de  vêtements. 

L'airigne  dont  nous  venons  de  parler  est  munie  d'un  manche  unique  ;  si,  au  lieu 
de  cela,  les  crochets  sont  placés  â  Textrémité  des  branches  d'une  pince,  on  a  h 
pince-airigne,  souvent  désignée  sous  le  nom  de  pince  de  Huseux.  De  même  que 
pour  l'airigne  à  manche,  les  formes  de  ces  pinces  peuvent  varier  beaucoup  »kw 
leur  destination.  Les  plus  simples,  celles  qui  sont  pourvues  de  trois  ou  quatre  cru* 
chets,  sont  fréquemment  et  utilement  employées. 

Quelques  chirurgiens  ont  placé  les  crochets  aux  extrémités  de  deux  tiges  gli^ 
saut  parallèlement  l'une  sur  l'autre  ;  telles  sont  les  airignes  à  repoussoir  de  Nar- 
jolin,  les  airignes  à  coulisse^de  MH.  Ricord  et  Desgranges,  de  Lyon.  Quelquefob 
enfin,  à  laide  d'un  mécanisme  compliqué,  on  a  fait  décrire  aux  crodiels  des  oiou- 
vemcnts  indépendants  des  branches,  de  manière  i  plonger  profondément  daib  k^ 
tissus  et  à  les  attirer  vers  la  main  de  l'opérateur.  Robert  avait  fait  construire  une 
pince  de  ce  genre  pour  les  polypes  de  l'utérus. 

Les  appareils  de  réunion,  de  rapprochement  des  tissus  à  l'aide  desquels  les  ih- 
rurgicns  ont  cherché,  à  une  certaine  époque,  à  obtenir  la  guérison  des  fislub 
vésico-vaginales,  ne  sont  en  définitive  que  des  pinces-airignes  appropriées  è  nn 
but  spécial.  De  tous  ces  essais,  aujourd'hui  abandonnés,  il  n'est  guère  resté  qu'un 
très-petit  instrument  appartenant  à  la  catégorie  des  pinces-airignes,  c'est  h  ^^m- 
fine  de  Vidal  de  Cassis,  définitivement  adoptée  par  la  pratique  dans  tous  le«  a» 
où  les  lambeaux  à  mettre  en  contact  sont  souples,  minces  et  exempts  de  tiriilk^ 
meiits.  U.  TaiUT. 


AISSELLE  (amatuhik).  537 

•  ri:.    On  désigne  sous  le  lioni  A* aisselle,  creux  de  l'aisselle,  creux 
'.  /  dlnirt\  la  cavité  comprise  entre  la  face  supérieure  et  interne  du 
liiurav.  C'est  une  des  régions  les  plus  importantes  du  corps. 


1   Anaiooile.    Limites,     Cette  région,  révélée  à  l'extérieur  par  une  remai- 

dépression  des  téguments,  parait  très-iacile  à  délimiter  naturellement.  U 

>  >t  rien  cependant.  Cela  est  dû  à  ses  connexions  très-étioites  avec  la  région 

.  ui.iire,  et  surtout  avec  la  région  antérieure  et  supérieure  du  thorax,  décrite  par 

.  LaULs  auteui's  avec  la  région  axillaire.  Nous  nous  rangeons  à  l'avis  de  ceux  qui 

K^  rivent  isolément  le  creux  de  Vaisselle  comme  région  distincte.  La  description 

iiatoDiique  ainsi  fiûte  répond  très-exactement  aux  besoins  de  l'étude  pathologique 
et  aux  données  de  la  médecine  opératoire. 

L'aisselle  nous  ofliira  à  étudier  :  quatre  parois,  une  base,  un  sommet,  et,  enfin, 
b  cavité  ou  creux  de  l'aisselle  lui-même,  avec  les  parties  importantes  qu'il  cou- 
lient.  Ce  sera  surtout  l'objet  de  notre  description. 

A.  Parois,  On  les  distingue  en  parois  antérieure,  postérieure,  interne  et 
eiterue. 

La  paroi  antérieure  ou  pectorale  est  formée  par  les  muscles  petit  et  grand  pec- 
toni  et  les  aponévroses  qui  les  recouvrent,  ainsi  que  par  les  téguments  qui  les 
reréteiit.  Plus  ou  moins  épaisse  chez  les  sujets  musclés  ou  gras,  elle  est  presque 
tiaochaiite  chez  les  sujets  peu  musclés  ou  maigres.  Le  grand  pectoral  seul  existe 
inférieurementy  et  la  saillie  qu'il  forme  constitue  le  bord  antérieur  de  l'aisselle. 

La  paroi  postérieure  ou  scapuhire  est  formée  en  bas  par  les  muscles  grand  dor- 
sd  et  grand  rond  ;  en  haut,  par  le  muscle  sous-scapulaire.  A  ces  muscles  appartien- 
nent également  des  feuillets  ou  enveloppes  aponévrotiques. 

La  paroi  interne  ou  costale  répond  à  la  paroi  latérale  et  supérieure  du  thorax, 
nsoQverte  à  ce  niveau  par  les  digitations  du  muscle  grand  dentelé. 

U  paroi  externe  ou  humérale  est  la  plus  petite,  mais  la  plus  importante.  C'est 
à  cette  &oe  que  répondent  les  gros  vaisseaux  et  les  gros  nerfs  de  la  région.  Sur 
cette  £m»  s'insèrent  les  tendons  du  grand  pectoral,  des  grand  rond  et  grand  dorsal 
réonis.  Cies  insertions  se  font  sur  les  lèvres  de  la  gouttière  bicipitale  ;  dans  cette 
gouttière  glisse  la  longue  portion  du  biceps.  Au-dessous,  si  le  sujet  est  supposé 
couché  et  le  bras  pendant  le  long  du  corps,  se  rencontre  le  faisceau  très-important 
fonné  par  les  muscles  coraco-brachial  et  biceps  réunis.  Ce  faisceau  musculaire  est 
^  effet  satellite  de  l'artère  axillaire,  qui  longe  sou  bord  interne  et  postériem*, 
enfin,  l'extrémité  humérale  du  muscle  sous-scapulairo  et  l'extrémité  supérieure  de 
la  longue  portion  du  triceps.  H.  Halgaigne  a  justement  insisté  sur  la  disposition  de 
«s  deux  derniers  muscles  lorsque  .le  bras  est  élevé.  Le  sous-scapulaire,  qui  croise 
presque  transversalement  la  direction  des  muscles  précédents,  lorsque  le  bras  est 
pendant,  leur  est  au  contraire  presque  parallèle  dans  la  position  élevée  :  ce  muscle 
est  alors  fortement  tendu,  et  recouvre  la  face  interne  de  l'articulation  et  de  la  tête 
homérale.  Le  triceps,  également  tendu  sur  la  partie  inférieure  de  l'articulation  et 
de  la  tète  humérale,  est  caché  en  partie  par  la  saillie  du  grand  rond  et  du  grand 
liofsal.  Entre  ces  deux  muscles  il  reste  un  espace  étroit  en  foime  de  boutonnière, 
dans  lequel  apparaît  à  nu  la  capsule  de  l'articulation  scapulo-humérale,  incomplè- 
tement soutenue  et  protégée  en  ce  point.  Ces  notions  anatomiques  sont  importantes 
à  bien  connaître  au  point  de  vue  de  l'étude  de  la  luxation  de  Tépaule. 

Le  sommet  de  l'aisselle  résulte  de  la  rencontre  de  ses  parois.  Il  est  évidemment 
rc(râenté,  ainsi  que  l'indique  H.  Hichet,  par  l'espace  compris  entre  le  bord  supé- 

oicT.  ne.  U.  32 


558  AISSELLE  (anatomie). 

rieur  de  la  première  cote,  la  face  inférieure  de  la  clavicule  el  du  muscle  souMiia- 
vier,  et  la  face  antérieure  de  Tapophyse  coracoïde.  C'est  dans  cet  espace  triangu- 
laire que  s'engagent  les  vaisseaux  et  les  nerfs  qui  descendent  de  la  région  sou-vh-U- 
vière;  c'est  par  cet  espace  que  l'aisselle  communique  avec  cette  région  et  a^oc-  It^ 
parties  latérales  du  cou. 

La  base  est  au  contraire  entièrement  feiiuée,  ainsi  qu'il  résulte  de  la  debcii)»- 
tion  (|ui  va  suivre. 

B.  Cavité  ou  creux  axillaire.  Destinée  à  s'accommoder  aux  niouvemeul»  du 
biMs  sut  le  tronc,  l'aisselle  est  fingulièrement  extensible.  L'étendue  de  sa  cauu* 
ollVc  autant  de  variations  que  les  mouvements  du  bras  eux-mêmes.  De  très-volu- 
mineuses tumeura  peuvent  s'y  développer,  des  corps  étrangers^y  être  placés  daib 
un  but  chirurgical.  Elle  offre  à  considérer,  en  procédant  de  la  base  au  somniH: 
1"  la  peau;  2°  la  couche  cellulo-graisseuse  sous-cutanée;  3**  l'aponévrose  ;  4"  uik* 
épaisse  couche  cellulo-graisseuse  sous-aponévrotique,  dans  laquelle  on  reucoiitrr 
de  nombreux  ganglions  lymphatiques;  5°  des  vaisseaux  et  des  nerfs. 

La  peaUy  brunâtre,  garnie  de  poils,  est  fixe  et  d'une  très-grande  sensibilité  ;  il 
là  le  nom  de  chatouilloir  donné  à  cette  région  par  les  chirurgiens  du  moyeu  â^c 
Elle  sécrète  abondamment,  surtout  dans  certaines  races  et  cbiez  quelques  piersoi)ne>  : 
cette  sécrétion  est  odorante  et  acre.  Elle  seiait  fournie  non-seulement  par  It^ 
glandes  sudoripares,  mais  par  des  glandes  particulières,  immédiatement  appliqutr^ 
contre  le  derme,  trois  ibis  plus  grosses  que  les  glandes  sudoripares,  et  doul  lo 
canal  n'est  pas  spiroïde.  Ces  glandes  ont  été  décrites  par  M.  Ch.  Robiu.  (Riilnt. 
Anat.  chir.,  i"^  éd.,  p.  873.) 

La  peau  de  l'aisselle  est  toujours  exactement  appliquée  oonti'e  la  face  ihoIoikI' 
de  la  région.  Gerdy  a  donné  l'explication  de  cette  disposition  en  décrivant  le/ii/a- 
ment  stuspenseur  de  l'aissellCf  dont  nous  reparlerons  à  propos  de  l'aponévrose. 

lia  couche  cellulo-graisseuse  sous-cutanée  présente  de  larges  aréoles  cellijl<«- 
libreuses  contenant  une  graisse  rougeatre  assez  abondante.  C'est  dans  ces  iiiVo)*-^ 
que  se  développent  les  abcès  superficiels  et  circonscrits  que  M.  Velpeau  a  dtxTit^ 
sous  le  nom  de  tubérifoiwes.  Blandin  y  avait  décrit,  bien  à  tort,  des  gandion> 
lymphatiques  superficiels. 

L* aponévrose  se  continue  avec  celle  qui  recouvre  les  muscles  des  paroi>.  LU 
sépare  nettement  les  parties  superficielles  que  nous  venons  de  décrire  de^  ptrlnr» 
profondes  que  nous  allons  étudier,  mais  elle  est  assez  mince  pour  que  l'on  n'ai* 
tache  pas  à  cette  séparation  une  grande  importance  au  point  de  vue  pathologiqut . 
Elle  est  traversée,  derrière  le  Itord  antérieur  de  l'aisselle,  par  les  fibres  peqiendi'  a- 
laires  du  ligament  suspenseur.  Ces  tractus  cellulo  -  fibreux  s'attachent  en  liant  ;< 
l'apophyse  coracoïde. 

Le  tissu  celluleux  sous-aponévrotique  remplit  toute  l'excavation  et  se  continio 
avec  celui  des  régions  avoisinantes  :  en  avant,  avec  le  tissu  cellulaire  situé  5<h{«  1' 
grand  pectoral;  en  arrière,  avec  celui  qui  sépare  le  sous-scapulaire  du  grand  •!«-• 
télé  ;  avec  celui  de  la  face  postérieure  du  bras  et  de  l'épaule,  par  le  trou  quadiile 
tère  décrit  pi\r  M.  Velpeau,  et  limité  par  le  bord  antérieur  du  sous-scapulain*  tii 
haut,  par  le  grand  rond  en  bas,  par  la  longue  portion  du  triceps  en  arrièrr,  ci  )u. 
le  col  de  l'humérus  en  avant.  Enfui,  en  haut,  le  tissu  cellulaire  que  nous  étuiiin> 
communique  avec  celui  de  la  région  sous-claviculaire  et  celui  du  cou,|iarri!iUi* 
médiaire  de  la  tminéo  celluleuse  qui  accompagne  les  vaisseaux.  Ce  tissu  tYliuLiii' 
est  lâche,  à  larges  mailles  chargées  d'une  graisse  molle  abondante. 

Les  ganglions  lymphatiques ,  très-nombreux,  de  la  cavité  axillaiiv,  Siuit  di^n- 


A1SSELL£  (ahatoiiik).  359 

iiués  eu  plus  grand  nombre  le  lou^  des  v^ûsseauv  ;  mais  oii  en  reiicoiilro  aussi  sur 
b  paroi  interne  ou  costale,  el  Tbeile  a  signalé  un  ou  plusieui*sgauglious  superficiels 
vers  le  bord  inférieur  du  grand  pectoral  (Encyclopédie  anat,,  l.  III,  p.  663).  Aux 
;?aiiglions  lymphatiques  de  Taisselle  aboutissent  tous  les  réseaux  du  membre  supé- 
rieur, des  lombes,  du  dos  et  de  la  partie  postérieure  du  cou,  ceux  des  parties  latiV 
ntm  du  troHCy  oenx  de  l'épigastre  et  de  la  partie  antérieure  du  thorax,  enfin  i-eux 
des  mamelles.  De  là  la  Iréquence  de  Tinfiammation  des  ganglions  axillaires  ou  de 
leur  dégénérescence,  particulièrement  dans  les  cas  de  tumeurs  cancéreuses  du 

Uarièrey  la  veine  et  les  nef'fs  forment  une  couche  spéciale  qui  appartient  à  la 
{nroi  externe,  sur  laquelle  sont  appliqués  les  troncs  de  Tartère  et  de  la  veine  axil- 
laires et  les  gros oorddis  nerveux  qui  émergent  du  plexus  brachial.  Ce. faisceau 
vasculo^nerveux  est  enfermé  dans  une  gaine  celluleuse.  Bien  que  sous-aponévro- 
tique,  il  est  assez  superficiel  pour  être  facilement  exploré  à  travers  les  téguments. 
Ainsi  ]esi  battements  de  Tarière  peuvent  être  sentis  jusqu*au  sommet  de  l'aisselle, 
et  le  nerf  médian  (ait  relief  sous  les  téguments  lorsque  le  bras  est  placé  à  angle 
droit  avec  le  corps. 

l/artcre  axillaire  continue  exactement  le  trajet  de  riiumcralt;.  Placée  le  long  du 
Uird  interne  ou  postérieur  du  muscle  oocaco-Lrachial,  elle  vient  bientôt  se  mettix* 
M  contact  du  col  et  de  la  tête  liumérale,  et  se  recourbe  seulement  alors  en  dedans 
pour  se  diriger,  à  travers  la  région  sous-claviculaire,  sous  la  clavicule,  au-dessous 
àe  laquelle  on  la  voit  s'engager  au  niveau  de  son  tiers  interne.  Il  est  possible  de 
comprimer  Tartère  axillaire  le  long  de  l'extrémité  supérieure  de  riiiiménis;  nous 
nous  sommes  même  assuré,  dans  de  nombreuses  expériences,  que  Ion  pouvait  y 
suspendre  le  coiuï  du  sang  en  faisant  élever  fortement  le  coude  ;  il  est  facile  enfin 
de  pratiquer  dans  ce  point  la  ligature  de  ce  vaisseau.  Loi'sque  le  bras,  éearté  du 
corps,  re}^H)se  sur  un  plan  horizontal,  une  ligne  qui  parcourt  Faisselle  h  la  réunion 
du  tiers  antérieur  de  sa  p;iroi  externe  avec  ses  deux  tiers  postérieurs  donne  la 
direction  de  Tartère. 

La  veine  axillaire  est  unique,  très-volumineuse;  elle  est  placée  en  dedans  et  un 
|ieu  en  arrière  de  l'artère;  mais  elle  la  déborde  et  la  cache,  pour  peu  que  la  circu- 
htion  y  soit  un  peu  i-alentie.  C'est  elle  qui  se  présente  la  première,  lorsque  l'on 
>fut  lier  l'artère,  et  l'on  est  obligé  de  l'écarter  en  la  refoulant  en  arrière.  Elle 
adhère  aux  lames  celluleuses  de  la  région,  ce  qui  iavorise  l'introduction  de  l'air 
pi-ndant  les  opérations. 

Les  cordons  nerveux  sont  représentés  par  le  médian,  le  cutané  interne,  le  cir- 
(tmflexe,  le  radial,  le  cubital,  le  musculo-cutané,  le  circonflexe.  Le  médian  est  le 
plus  volumineux  de  tous,  le  plus  rapproché  de  l'artère  et  celui  qui  l'accompagne 
dans  son  trajet  ultérieur  le  long  de  la  face  intei  ne  du  bras.  Néanmoins,  l'artère  est 
en  réalité  enveloppée  par  quatre  de  ces  cordons  nerveux,  médian,  cutané  interne, 
cubital  et  radial. 

Le  bord  interne  du  coraco-brachial  est  donc  le  seul  point  de  repère  infaillible 
quand  il  s*agit  de  découvrir  l'artère.  M.  Halgaigne  a  insisté  avec  beaucoup  de  rai* 
"on  sur  ce  point  de  médecine  opératoire,  dont  nous  avons  pu  bien  des  fois  apprécier 
Timportance. 

Outre  les  gros  troncs  vasculaires  et  nerveux  que  nous  venons  de  décrire,  plu- 
sif'urs  branches  secondaires  doivent  être  signalées.  II  faut  cependant  remarquer 
que  la   plupart,  parcourant  les  parois  de  l'aisselle,  restent  étrangères  i^  sa  ca« 


540  ÂlSSËLLË  (pATUOLOGiJc). 

Ainsi,  ï artère  acromiale  et  la  thoracique  supétieure  appsulieiiiieut  à  la  paroi 
aiitérieiue,  dans  laquelle  elles  se  perdent.  La  thoracique  inférieure  m  mammaire 
externe  est  accolée  à  la  paroi  interne,  et  descend  entre  le  grand  dentelé  et  les  pec- 
toraux pour  se  rendre  à  la  mamelle. 

La  scapulaire  inférieure  se  détache,  comme  la  précédente,  au  niveau  du  bord 
inférieur  du  petit  pectoral,  derrière  le  plexus  brachial.  Cest  la  plus  groflae  bnndie 
lournie  par  l'axillaire.  Elle  descend  obliquement  le  long  du  bord  inférieur  du  soib- 
scapulaire,  et  fournit  deux  rameaux  :  un  antériew*,  qui  continue  la  direction  de 
Tartèie  et  se  distribue  aux  muscles  de  la  paroi  postérieure  de  l'aisselle,  un  po(>- 
térieur  plus  gros,  qui  est  destiné  aux  muscles  de  la  partie  postérieure  de  l'épaule. 
La  scapulaire  inférieure  fournit  en  outre  des  rameaux  assez  oonsîdérafales  aux 
ganglions  de  l'aisselle.  ^ 

Les  circonflexes,  qui  naissent  très-près  de  la  précédente,  souvent  par  un  tiiMic 
commun,  sont  au  nombre  de  deux.  La  postérieure  contourne  l'huméniSy  en  paasaiil 
dans  le  trou  quadrilatère  que  nous  avons  décrit  plus  haut,  d'après  H.  Velpeau  ;  elk 
s'engage  bientôt  entre  l'humérus  et  le  triceps.  L'antérieure  se  porte  en  avant  et  en 
dehors,  sous  le  coraco-brachial  et  la  courte  portion  du  biceps,  en  rasant  l'os  jusque 
sous  le  deltoïde,  où  elle  rejoint  la  précédente.  Elles  forment  autour  du  col  de  l'hu- 
mérus  un  cercle  vasculaire  qui  peut  être  déchiré  dans  les  fractures. 

Les  veines  accompagnent  les  artères.  Les  branches  nerveuses  sont  nombreuse»: 
elles  sont  cutanées  ou  musculaires.  Les  premières,  représentées  par  les  branche» 
qui  émanent  des  intercostaux,  traversent  le  creux  axillaire  pour  se  rendre  à  b 
peau  du  bras;  les  autres  appartiennent  aux  parois  :  les  nerfs  du  grand  dentelé  et  du 
grand  dorsal  à  la  paroi  postérieure,  contre  laquelle  ils  sont  appliqués;  les  ner^ 
thoraciques,  destinés  aux  muscles  pectoraux,  à  la  paroi  antérieure.      F.  Goio>. 

BiBLioGiupiiB  :  Mby  (L),  Dûs.  sur  le  creux  de  Vaisselle.  Thèse  de  Paris.  1817,  n*  63.  — 
Voyez  les  divers  traités  d'anatomie  chirurgicale. 

g  11.  Patholofie.  Le  membre  supérieur,  en  se  réunissant  au  tixmc,  doim<* 
naissance  à  une  cavité  assez  exactement  ciiconscrite  à  laquelle  on  a  imposé  k 
nom  d'aisselle  ou  de  creux  axillaire.  L'anatomie  de  cetto  région  ayant  été  exposée 
précédemment,  nous  n'avons  pas  à  y  revenir  ;  nous  nous  contenterons  de  farn* 
remarquer  que  là  se  rencontrent  les  divers  organes  qui  vont  du  tronc  vers  \t 
membre  Ihoi'acique  et  réciproquement.  Ajoutons  ({uc  la  région  de  l'aisselle  e&i 
caractérisée  :  1*>  par  une  peau  dont  les  éléments  présentent  quelques  pailîculanU^ 
spéciales,  telles  que  des  poils,  des  glandes  sébacées  et  surtout  de  grosses  glande^ 
sudoripare.>  qui  forment  en  ce  point  une  couche  prescfue  continue;  â""  par  uii 
tissu  (X'Uulaire  lamelleux  très-aljondant,  qui  se  continue  avec  celui  des  ^égiol^ 
voisines  ;  "ù""  par  des  ganglions  lymphatiques  nombreux,  qui  reçoivent  les  hmpbj- 
tiques  du  membre  supérieur,  ceux  de  la  mamelle  et  ceux  de  la  portion  supérieun 
des  pai'ties  latérales  du  tronc  ;  4^  par  un  gros  tronc  artériel  avec  ses  branche' 
multiples  et  volumineuses  ;  5"  par  une  veine  énorme  dont  les  parois  août  teolK^ 
béantes,  grâce  à  cetto  disposition  spéciale  des  aponé\Toses  signalée  par  Binrd  ; 
6"  par  plusieurs  gros  troncs  nerveux. 

IjU  pathologie  chirurgicale  de  l'aisselle  n'olfre  rien  de  bien  particulier.  IHi 
trouve  dans  cette  région  les  mêmes  maladies  qui  se  rencontrent  sur  les  divers 
points  de  l'économie  ;  cependant  i|uelqucs-unes  d'entre  elles  présentent  des  carx- 
tcres  ({u'ellcs  empiimtont  à  la  région  elle-même.  Toutes  olVrent  de  plus  un  intérêt 


AISSELLE  (pathologie).  5i1 

ifui  est  en  rapport  avec  rpxistencc,  dans  le  creux  axillaire,  d*nn  grand  nombre 
d'organes  importants. 

Nous  étudierons  successivement  :  i^  les  plaies  de  l'aisselle  ;  2^  les  blessures  par 
arrachement;  S"*  les  brûlures;  4®  les  phlegmons  et  les  abcès;  b^  les  tumeurs;  6®  enfin 
iKNis  terminerons  par  quelques  considérations  relatives  au  diagnostic  des  maladies 
de  cette  région,  et  par  quelques  généralités  sur  les  opérations  qui  s'y  pratiquent. 

I.  Finies  de  l'aisselle.  Les  solutions  de  continuité  qui  peuvent  intéresser 
l'aisselle  ne  sont  pas  très-souvent  observées  ;  la  région  est  en  effet  peu  accessible, 
el  les  violences  extérieures  s'adressent  le  plus  ordinairement  à  l'épaule  ou  aux  pa- 
rois thoraciques. 

Nous  laisserons  de  côté  lés  plaies  faites  par  le  chirurgien,  pour  ne  nous  occuper 
ici  que  des  blessures  accidentelles.  On  peut  appliquer  à  ces  dernières  la  division 
classique  de  plaies  par  instruments  piquants,  trandiants  et  contondants  ;  nous 
décrirons  à  part  les  lésions  par  arrachement. 

Parmi  les  agents  vulnérants,  nous  citerons  les  sabres,  les  épées,  les  couteaux, 
les  bûonnettes,  les  fleurets  ;  de  grandes  aiguilles,  des  fragments  longs  et  pointus  de 
bob,  de  verre,  de  porcelaine,  etc.,  les  différents  projectiles  lancés  par  la  poudre 
à  canon,  etc. 

Les  plaies  de  l'aisselle  s'observent  surtout  dans  les  combats  à  l'arme  blanche, 
dans  les  duels,  ou  bien  à  l'occasion  de  chutes  sur  les  divers  objets  que  nous  venons 
àe  mentionner  successivement. 

Les  plaies  par  instruments  piquants  semblent  de  beaucoup  les  plus  fréquentes. 
On  observe  rarement  les  blessures  par  instruments  tranchants,  mais  en  revanche  les 
plaies  oontuses  et  par  projectiles  de  guerre  ne  sont  pas  très-rares  dans  cette  région. 
Les  instruments  vulnérants  percent  rpielquefois  directement  le  creux  axilkiire, 
d'autres  fob  ils  intéressent  l'une  des  parois  de  la  cavité,  et,  par  Ordro  de  fréquence, 
la  paroi  antérieure,  les  parois  latérales,  et  plus  rarement  la  paroi  postérieure. 

Les  plaies  de  l'aisselle  s'accompagnent  des  symptômes  qui  se  présentent  dans 
Imites  les  solutions  de  continuité.  On  chserre  là  comme  aiUeursla  douleur  et  l'écou- 
lement sanguin;  mais  ce  dernier  phénomène  est  souvent  modifié  par  les  disposi- 
tions anatomiques  de  la  région.  En  effet,  les  divers  mouvements  et  la  grande  liberté 
des  téguments  de  l'ai^lle  favorisent  la  destruction  du  parallélisme  entre  les  deux 
livres  de  la  plaie  ;  le  sang  se  trouve  gêné  dans  sa  sortie  au  dehors,  et  il  s'infiltre 
avec  la  plus  grande  facilité,  grâce  à  l'extrême  laxité  du  tissu  cellulaire.  On  peut 
dire  que  les  infiltrations  sanguines  et  les  épanchements  sanguins  acc<Mnpagneni 
presque  spécialement  les  blessures  de  la  région  axillaire. 

On  comprend  très-bien  qu'un  instrument  aigu,  pénétrant  dans  l'aisselle,  puisse 
produire  un  trajet  étroit  qui  deviendra  sinueux  dans  certaines  attitudes  du  mem- 
bre; aussi  a-t-on  conclu  qu'il  pouvait  se  produire  une  sorte  d'aspiration  de  l'air 
extérieur,  et  consécutivement  une  variété  d'emphysème  traumatique.  U  crépi- 
talion  gaieuse  s'observe  en  effet  à  la  suite  de  quelques  blessures  de  Taisselie, 
dans  les  duels  à  l'épée  par  exemple;  mais  il  est  loin  d'être  démontré  que  l'infiltra- 
tion gazeuse  soit  produite  par  la  pénétration  de  l'air  extérieur.  Dans  notre  thèse 
sur  l'emphysème  traumatique,  nous  avons  rejeté  d'une  manière  presque  absolue 
cette  infiltration  de  l'air  extérieur  dans  les  tissus.  Suivant  nous,  lorsque  l'empliy- 
^ème  se  produit,  il  faut  admettre  une  blessuro  du  poumon  (Dolbeau,  Thèse  Ao 
concours,  1861).  Voici  comment  s'exprime  Boyer  à  ce  sujet  (Maladies  cftirur^i* 
«/«,  4*  édit.,  t.  VII,  p.  208)  :  f  Sans  nier  précisément  la  possibilité  de  l'omphy- 


'^*ui^£  •  pathologie). 

.  ..uem  doit  être  fort  rare,  et  que  les  auteurs  qui 
.  -  nmiper  sur  la  direction  et  la  profondeur  prisumée 
« .  uailre  pénétrante  lorsqu  elle  pénètre  en  eflet,cQaiine 
ciMsUvr  dans  la  cavité  du  thorax,  qomque  dans  le  lait 


kL«A 


loiflBeUe  peuvent  être  supedicielles  on  atteindre  b 
... .  'Uire  les  téguments  et  le  tissu  cellulaire,  ces  Uessure> 
-s  ^n»  troncs  Tasculo*4fierveux,  et  même  sur  rarticnlation 
«awrrlMigie  demeure  toujours  le  symptême  important  ;  «on 
.^•cr  la  sn^vité  de  la  lésion. 
...   M.  Nunpie,  c'est-à-dire  lorsqu'elle  n'intéresse  pas  les  gros  Tai^^ 
.1^  Mcut.  «^  fiîcile,  le  pronostic  est  peu  ^^e  et  la  goériaon  est  la 
li.     j   aitkulté  coasiste  à  juxtaposer  exactement  les  lèYres  de  la  pbîp. 
»«j«a«H  m\  iBonvements  qui  seraient  de  natnre  à  détruire  cette  réunion; 
>Hi^c  àouu  ici  une  raison  de  son  application, 
v^    .uute  ôe  dire  que  les  plaies  contuses  seront  toujours  {dus  graves,  et  qii*il 
K     1  >  uiMiiw  partout  ailleurs,  extraire  les  corps  étrangers  qui  seraient  resti^ 

^.ss^ur  di$  la  région. 

v.4*«/4i  (Idiote «  Tengourdissement  du  membre,  et  même  la  paralysie,  aonlWs 

,  ,-a»i8^  iie^  lésions  profondes  ;  étudions  donc  les  blessures  de  l'artère  axillaire, 

^    «   ^  «iK*  correspondante,  et  celles  des  gros  troncs  nerveux  qui  les  environnent. 

..   ii.\sftires  de  l'artère.     Les  plaies  qui  intéressent  l'artère  axillaire  aont 

,  ..ikii&euieiii  produites  par  des  instruments  pointus  qui  pénètrent  directement 

,)UA.v  .«r  ci>^\  de  l'aisselle  ;  cependant  la  blessure  peut  s'effectuer  à  travers  b  paroi 

«.««iK«ite«  et  même  en  perforant  la  paroi  postérieure  de  la  cavité,  oonme  il  en 

v.s<%'  di'ux  observations.  Les  chirurgiens  militaires  ont  souvent  l'oocasion  de  rpu- 

.«>4ii4ivt*  d«*$  laits  dé  ce  genre;  le  docteur  Jacquot  a  publié  un  intéressant  mémoire 

>t4(  )i^  auévrysmes  traumatiques  de  l'artère  axillaire  (1848). 

La  <mlution  de  continuité  de  l'artère  peut  être  plus  ou  moins  considérable  ;  dans 
umx  U'tf  cas  ces  blessures  sont  graves,  à  cause  du  volume  du  vaisseau  lui-même  H 
ou  i^MHou  de  sa  grande  proximité  du  cœur.  $i  la  ]daie  est  large,  le  sang  coule  à 
»K4s  ^^  ^^  Diort  survient  très-rapidement  ;  si  au  contraire  la  blessure  est  petite 
i^  k'  trajet  sinueux,  l'hémorrhagie  est  moins  rapide  et  une  syncope  peut  venir  b 
xM^li^ndie.  D'autres  fois  c'est  une  compression  faite  sur  la  plaie  qui  vient  mettre 
vktMiacItf  à  la  sortie  du  sang.  Dans  tous  ces  derniers  cas,  la  blessure,  n'est  pas  imnn'*' 
iliaUMUont  mortelle  ;  nous  devons  seulement  en  signaler  les  effets  consécutifs  :  a 
MMil  lu  guérison  spontanée,  les  différentes  variétés  d'anévrysmes  fiinx,  et  enlin 
riiiiévrysnie  artério-veineux.  {Vay.  Arévrtsiibs  de  L'AaràaB  axiluiire.) 

II.  tïlesifureê  de  la  veine.  Il  est  rare  que  la  veine  axillaire  soit  seule  léséf*  :  li 
Ihiit  ritpendant  rappeler  que  dans  l'extirpation  des  tumeurs  ganglionnaires  de  cHU* 
)«<^^i<Hl  on  est  quelquefois  obligé  de  sacrifier  le  tronc  veineux.  Froriep  a  rapport* 
lin  i*xHnple  de  lésion  de  la  veine  axillaire  de  cause  accidentelle.  1^  blessure  d«*  b 
viMiK*  M  moins  grave  que  celle  de  l'artère,  si  toutefois  on  en  excepte  la  pos^ilii- 
lit^  (le  rinlroduction  de  l'air,  car  il  s'agit  d'un  gros  tronc  veineux  tenu  béant  au 
voiMitmg<^  de  la  poitrine.  J'ai  connaissance  d'un  fait  de  ce  genre. 

1^4  diagno4ic  des  blessures  vasculaires  est  ordinairement  facile,  surtout  au  mo- 
ttiiMil  do  Taocident.  L'abondance  de  Thémorrhagie,  la  manière  dont  le  sang  s'éeoult>. 
lii  roiilmir  vermeille  de  ce  liquide,  mettent  ordinairement  sur  la  voiedu  diagnostM. 
UM'M|U*on  l'Ht  appelé  plus  tardivement,  on  est  parfois  très-embarrassé  de  ;«  promm- 


AISSELLE  (patrologir).  345 

ref  ;  r'est  lorsqn  il  s*agit  d'un  de  ces  cas  dans  lesquels  le  sang  s'est  coagulé  après 
avoir  rempli  la  totalité  du  creux  axillaire. 

On  peut  admettre  le  plus  souvent  qu'une  artère  a  été  ouverte;  mais  il  reste 
encore  à  déterminer  si  c'est  le  tronc  qui  a  été  atteint,  ou  bien  Tune  de  ses  bran- 
ches. Les  commémoratifs  peuvent  faii-e  supposer  la  blessure  de  l'artère  principale  ; 
de  plus,  la  lésion  a  souvent  pour  conséquence  l'engourdissement  ou  même  ia 
jwralysie  du  membre  thoracique,  et  surtout  rintemiption  du  pouls  radial. 

Le  gonflement,  l'ecchymose  avec  trouble  de  la  circulation  veineuse,  sont  les  signes 
iruoe blessure  limitée  à  la  veine  axillaire;  enfui,  le  gonflement  et  l'ecchymose,  avec 
persistance  du  pouls  radial  et  liberté  de  la  circulation  veineuse,  indiquent  que  les 
principaux  troncs  sont  demeurés  intacts. 

Les  altérations  de  la  sensibilité  et  du  mouvement  peuvent  reconnaître  pour  cause, 
ainsi  que  nous  l'avons  dit,  la  présence  d'une  tumeur  anévrysmale  résultant  elle- 
mône  de  la  blessure  de  l'artère  ;  mais  on  comprend  à  la  rigueur  une  lésion  qui  sié- 
rait limitée  â  l'un  des  cordons  nerveux  qui  traversent  le  creux  de  l'aisselle. 

Le  traitement  des  plaies  artérielles  est  aujourd'hui  parfaitement  établi  ;  il  faut 
mettre  le  vaisseau  h  découvert,  et  pratiquer  la  Rgature  au-dessus  et  au-dessous  de 
ia  blessure.  Cette  conduite,  qui  n  a  plus  besoin  d'être  justifiée,  oiïre  un  avantage 
réel,  presque  spécial  à  ia  r^on  axillaire.  En  effet,  l'artère  axillaire  donne  des 
liTuiches  volmnineuses,  qui  peuvent  être  accidentellement  ouvertes,  fournir  une 
hémorriugie  abondante  et  simuler  la  lésion  du  tronc  principal.  Le  diagnostic  ana- 
Imnique  manque  le  plus  souvent  de  précision,  mais  il  se  complétera  nécessairement, 
^,  dans  le  traitement  de  la  blessure,  on  procède  à  la  recherche  et  h  la  ligature  du 
vaisseau  qui  a  été  ouvert.  La  compression  est  ici  d'une  application  difficile,  et  ses 
résultats  sont  trop  incertains,  pour  qu'on  puisse  préconiser  cette  méthode. 

M.  Blessubes  par  abrachkiisiit.  Dans  certaines  circonstances,  heureusement 
tort  rares,  on  observe  l'arrachement  du  membre  thoracique.  On  connait  l'observa- 
lioii  de  ce  meimier  anglais,  Samuel  Wood,  qui  guérit  de  cette  affreuse  blessure.  J*ai 
nwi-nieme  rencontré  un  fait  semblable  chez  un  jeune  enfant  qui  fut  apporté  à  l'hcV 
pîtalSaint-Louii,  et  qui  aussi  guérit,  sans  qu'il  eût  été  besoin  délier  l'artère  axillaire. 

Les  plaies  par  arrachement  ne  présentent  aucune  particularité  importante;  nous 
«iésifoog  seulement  nous  arrêter  sur  les  déchirures  artérielles  qui  peuvent  survenir 
i  h  suite  des  tractions  exercées  sur  le  membre  supérieur  dans  les  tentatives  do 
réduction  pour  une  luxation  de  l'épaule. 

b  science  possède  on  certain  nombre  de  faits  de  déchirure  de  l'artère  axillaire, 
survenue  k  l'occasion  des  déplacements  de  la  tête  humérale.  Le  docteur  Leroy,  pro- 
hseor  à  l'École  de  médecine  deCaen,  dans  un  mémoire  sur  les  blessures  de  l'artère 
nilUire,  a  réuni  les  principales  observations  et  les  a  judicieusement  commentées 
\  Annales  de  la  Sœ.  de  méd,  de  Caen,  1860).  M.  Leroy  compte  douze  cas 
(i  i^nérrysmes  faux  primitifs,  survenus  après  les  tentatives  faites  pour  réduire  des 
iniations  de  l'épaule.  Nous  y  ajouterons  une  observation  du  professeur  Nélatoii, 
"iir  laquelle  nous  reviendrons  à  l'occasion  du  traitement  (communication  orale) . 

Les  solutions  de  continuité  de  l'artère  axillaire  pouvant  se  produire  pendant  la 
'^^doction  d'une  luxation,  cet  accident  suggère  plusieurs  réflexions.  Et  d'abord,  si 
le$  manœuvres  de  la  réduction  pouvaient  seules  occasionner  la  rupture  du  vais- 
"^n,  il  y  aurait  peut-être  lieu  de  se  demander  pourquoi  cette  complication  est 
«"«we  relativement  trè^rare.  En  étudiant  les  faits,  on  voit  bien  que  la  déchirure 
^  l'artère  a  pu  se  produire  sous  l'influence  de  tractions  exagérées.  Platner  en 


544  AISSELLE  (pathoioqib). 

cite  un  cas  (Platner,  Institutiones  chirurgix,  p.  598).  On  voit  également  que 
l'action  de  Tambi,  Teroploi^de  la  porte,  ont  pu  causer  la  blessure;  maîsàcôtif 
on  constate  que  dans  une  observation  due  à  H.  Nélaton  {ÉlémenU  de  Pathologie' 
les  tractions  furent  douces  et  ménagées,  ce  qui  n  emp^ha  pas  la  déchirure  «if 
l'artère.  Parmi  ces  cas  malheureux  on  compte  certainement  des  luxation*;  an- 
ciennes, pour  la  réduction  desquelles  il  a  fallu  nécessairement  employer  unt^ 
grande  puissance  ;  mais  l'accident  s'est  également  produit  à  l'occasion  de  luxations 
récentes;  ainsi  l'une  d'elles  a  été  réduite  immédiatement  après  sa  pnidociîon,  onr 
autre  datait  de  onze  jours  seulement. 

liCS  quelques  considérations  qui  précèdent  sont  déjà  de  nature  à  mettre  borv 
de  cause,  jusqu*à  un  certain  point,  la  violence  des  tractions  dans  le  mécanisme  de« 
déchirures  artérielles.  Les  autopsies  ont  de  plus  révélé  certaines  lésions  patbok 
giques  de  l'artère,  susceptibles  de  bien  expliquer  la  production  de  la  rupture. 
Dans  un  cas  observé  par  Âug.  Bérard,  dans  celui  que  H.  Nélaton  mentionne  dajb 
son  livre  et  dans  quelques  autres,  l'artère  présentait  ces  dépôts  crétacés  qui  don- 
nent aux  parois  vasculaires  une  frialiilité  bien  ccmnue.  Dans  le  fait  de  Gifason,  din« 
ceux  de  MM.  Flaubert  et  Leudet,  on  a  constaté  des  adhérences  pathologiques  de 
l'artère  axillaira  avec  l'os  déplacé  ou  avec  la  capsule  articulaire.  Dans  tous  ces  cas, 
les  tractions  ont  eu  pour  effet  de  déchirer  par  allongement  un  vaisseau  déjà  malade, 
ou  bien  les  efforts  de  la  réduction  ont  eu  pour  résultat  la  destruction  brusque  des 
adhérences  de  l'artère,  et  par  suite  la  perforation  du  vaisseau.  On  peut  encore  exoné- 
rer les  tentatives  accidentelles,  en  faisant  remarquer  que  la  violence  qui  produit  b 
luxation  peut  bien  à  elle  seule  déchirer  les  parois  art^elles.  SYïDe(AJixkivesgéné' 
mies  de  médecine,  3*  série,  t.  IV,  p.  i02)  rapporte  l'histoire  d'un  malade  qui  lot 
jeté4iors  d'un  cabriolet:  l'individu  tombé  sur  l'extrémité  du  membre,  sur  lepou«> 
gauche  ;  surviennent  bientôt  de  la  douleur  et  du  gonflement  de  l'aisseUe,  et  ori 
reconnaît  non  pas  une  luxation,  mais  un  vaste  épanchement  tenant  à  la  déchimn* 
de  l'artère.  Dans  ce  cas,  il  est  bien  évident  que  la  lésion  artérielle  a  été  prodoit»* 
par  la  cause  vulnérante,  qui  aurait  pu  tout  aussi  bien  déterminer  la  luxation. 

L'ensemble  des  faits  autorise  donc  à  conclure  que  la  déchirure  de  l'artèfv 
axillaire  reconnaît  pour  causo  certaines  conditions  analomiques  du  vaisseau  ou  de 
la  luxation.  Dans  quelques  cas,  de  réelles  imprudences  commises  pendant  b 
réduction  ont  pu  provoquer  un  pareil  accident,  mais  il  ne  faudrait  pas  arguer  de 
quelques  faits  isolés  contre  le  traitement  des  luxations  anciennes,  lorsque  pour  cin 
d(*mières  les  manœuvres  sont  exécutées  sagement  et  suivant  les  règles  de  l'art. 

L'examen  cadavérique  des  cas  malheureux  auxquels  nous  venons  de  faire  allu- 
sion a  permis  de  préciser  la  nature  des  lésions  que  peut  présenter  l'artère  axillaire. 
Une  question  importante  doit  d'abord  être  soulevée  :  lorsque  rhémorrtiagie  se  pro- 
duit, l'artère  est-elle  rompue  complètement  ?  ou  bien  la  solution  de  oontinnitr 
n'intéresse-t-elle  qu'nne  partie  de  la  circonférence  du  vaisseau?  ou  bien  encore  U 
plaie  porte-t-elle  sur  les  trois  tuniques  ou  sur  deux  seulement? 

Toutes  les  observations  n'ont  pas  été  suivies  d'autopsie,  mais  on  peut  supposer  que 
dans  les  cas  où  l'on  a  constaté  soit  la  mort  brusque  par  hémorrhagie,  soiteocore  U 
gangrène  rapide  du  membre,  l'artère  avait  été  complètement  arrachée.  Cette  lésion 
a  du  reste  été  notée  par  H.  Leudet,  puis  par  Gibson,  Bérard  et  Syme.  Quelquefois 
les  deux  tuniques  internes  se  rompent,  mais  l'externe  reste  intacte  et  se  dilate  soo^ 
l'action  du  sang;  on  comprend  ainsi  la  rupture  pendant  les  tractions  répétées,  on 
même  par  suite  d'un  arrachement  portant  sur  des  adhérences  qui  se  seraieiit  établi-^ 
entre  û  poche  anévrysmale  déjà  formée  et  la  tète  ou  la  capsule  articulaire. 


AISSELLE  (pathologie).  345 

Les  cas  de  rupture  incomplète  paraissent  moins  fréquents  :  la  déchirure  partielle 
a  été  vérifiée  à  Tautopsie  dans  un  cas  de  Gibson,  dans  le  fait  de  M.  Nélaton  et  dans 
i^lni  de  Dupuytren.  Quant  au  siège  précis  de  la  lésion,  il  n'est  pas  toujours  indi- 
qué; mais  lorsque  les  auteurs  ont  vérifié  cette  circonstance,  chose  remarquable,  ils 
ont  constaté  que  la  solution  de  continuité  existait  au  voisinage  de  Torigine  de  l'ar- 
tère scapulaire  commune.  C'est  là  une  condition  assez  dé&vorable  pour  la  guérison 
au  moyen  de  la  méthode  d'Anel  :  ainsi,  dans  l'une  des  observations  de  M.  Nélaton, 
rhémorhagie  s'est  reproduite  après  la  ligature,  et  on  a  pu  constater  que  le  sang 
avait  été  rapporté  dans  le  sac  par  l'artère  scapulaire  qui  naissait  exactement  en 
lace  de  la  plaie  artérielle. 

Pour  terminer  avec  ces  données  d'anatomie  pathologique,  je  mentionnerai  une 
particularité  curieuse.  Dans  les  deux  faits  de  rupture  observés  par  M.  Nélaton,  et 
probablement  dans  celui  de  Dupuytren,  le  sang  avait  envahi  la  cavité  articulaire  ; 
dans  l'un  des  cas,  il  en  est  résulté  une  arthrite  purulente  de  l'articulation  scapulo- 
kumérale. 

Quelques  préceptes  peuvent  être  formulés  dans  le  but  de  se  mettre  à  l'abri  d'une 
complication  aussi  fâcheuse  que  celle  de  la  déchirure  de  l'artère  axillaire.  Il  faut 
explorer  le  pouls  radial;  en  examinant  avec  attention,  on  pourra  constater  le  dépôt 
de  matières  crétacées  dans  les  ^wsseaux;  enfin  l'absence  de  battements  dans  les 
artères  de  l'avant-bras  pourra  faire  soupçonner  une  altération  de  l'axillaire,  ainsi 
que  cela  a  été  vérifié  dans  l'observation  de  Bérard.  Quant  aux  adhérences  de 
Tarière,  elles  semblent  résulter  d'une  phlegmasie  consécutive  à  la  luxation  ;  de  là 
découle  le  précepte  donné  par  M.  Malgaigne  de  ne  point  toucher  à  une  luxation, 
tant  que  l'inflammation  persiste.  M.  Jacquot  conseille  également  de  s'enquérir 
avant  de  réduire  une  luxation  ancienne,  si  le  déplacement  a  été  déterminé  par  une 
«"ontusion  violente  suivie  d'inflammation.  J'ajouterai  que  dans  toutes  les  luxations 
récentes  il  sera  toi^ours  sage  d'explorer  l'artère  axillaire,  afin  de  s'assurer  qu'elle 
n*est  ni  rompue,  ni  le  siège  d'un  anévrysme  commençant. 

Le  diagnostic  des  ruptures  de  l'axillaire,  survenues  à  l'occasion  des  tentatives  de 
réduction,  est  généralement  assez  facile.  Voici  comment  les  choses  se  passent  : 
quelquefois,  pendant  les  efforts  d'extension,  on  voit  apparaître  une  tuméfaction 
du  creux  de  l'aisselle  ;  ce  gonflement  s'accroît  peu  à  peu,  et  en  même  temps  le 
malade  présente  tous  les  phénomènes  de  Thémorrhagie  interne.  Dans  ces  cas,  le 
pouls  radial  cesse  de  battre.  L'apparition  de  la  tumeur  est  parfois  si  rapide,  que 
Desault,  et  après  lui  M.  Leudet,  ont  pu  croire  qu'il  s'agissait  d'un  emphysème. 

Les  choses  se  présentent  quelquefois  d'une  manière  différente.  La  luxation  est  ré- 
duite, mais  le  membre  reste  engorgé;  puis,  au  bout  de  quelques  jours,  de  quelques 
semaines,  de  trois  mois  (cas  de  Dupuytren),  apparaît  une  tumeur  qui  va  croissant 
et  qui  présente  les  caractères  de  l'anévrysme.  Enfin,  dans  quelques  cas,  la  réduction 
est  suivie  de  la  paralysie  d'un  ou  de  plusieurs  nerfs  du  membre  supérieur,  et 
bientôt  on  s'aperçoit  que  ces  troubles  de  la  motilité  doivent  être  rattachés  à  la  pré- 
sence d'une  tumeur  qui  offre  tous  les  signes  d'un  anévrysme. 

Lorsque  l'épanchement  du  sang  se  fait  rapidement,  le  diagnostic  est  simple; 
il  faut  explorer  le  pouls  radial,  cela  suffit.  L'erreur  de  Desault  étant  connue,  elle 
ne  doit  plus  être  renouvelée.  L'apparition  tardive  d'une  tumeur  axillaire  pourrait 
un  peu  surprendre  le  chirurgien  ;  Dupuytren  prit  l'anévrysme  pour  un  abcès  et  l'ou- 
vrit. Cependant  dans  tous  les  cas  la  tumeur  est  animée  d'un  frémissement  carac- 
téristique, et  l'on  peut  y  percevoir  un  bruit  de  souflle. 

On  comprend  qu'une  phlegmasie  intercurrente  puisse  compliquer  le  diagnos- 


346  AISSELLE  (pathologir). 

Uc  ;  dans  cette  circonstance,  les  commémoratifs,  l'examen  An  pouls  radial,  permet- 
traient d  éviter  l'erreur. 

Le  traitement  des  déchirures  de  Tartère  est  chose  assez  difficile.  La  rupture  com- 
plète de  l'artère,  suivie  d'un  épanchement  considéi*able  et  immédiat,  ne  oomporlp 
^ère  que  l'application  des  réfrigérants  ;  l'ouverture  de  la  poche  et  la  mort  par 
hémoniiagie  est  la  terminaison  presque  inévitable  de  cet  accident.  La  désarticulv 
tion  de  l'épaule  serait  dans  ce  cas  la  seule  branche  de  salut,  et  il  est  inutile  d'in- 
sister sur  la  gravité  extrême  d*nn  pareil  remède.  Comme  résultat  de  ces  déchirai  es 
complètes  de  l'artère,  on  a  encore  observé  la  gangrène  de  l'extrémité  du  merobn». 

Lorsque  l'épanchemenl  est  circonscrit,  lorsque  surtout  l'anévnsme  a  pour  paroi 
la  tunique  externe  de  l'artère  demeurée  intacte,  la  thérapeutique  chirurgicale  per- 
met d'espérer  une  terminaison  meilleure,  et  c'est  ainsi  qu'a  été  pratiquée,  a  ver  dis 
résultats  variables,  la  ligature  de  la  sous-clavière.  {Voy.  Amévrtsiie.) 

La  guérison  spontanée  des  déchirures  de  l'artère  axillaire,  qui  succèdent  ain 
tentatives  de  réduction,  doit-elle  être  attendue?  Telle  est  la  question  que  iioii« 
posons  actuellement.  Lorsque  la  déchinire  est  complète,  les  accidents  sont  immé- 
diats et  promptement  .«suivis  d'une  issue  funeste  ;  au  contraire,  lorsque  la  tunique 
externe  a  été  conservée,  et  alors  que  l'anévrysme  se  prononce,  faut-il  intervenir  ou 
abandonner  la  maladie  aux  efforts  de  la  nature  ?  On  sait  combien  la  cnre  spontanée 
des  plaies  d'artères  est  difficile  à  obtenir  ;  ce  n*est  gtière  que  dans  des  oonditioiK 
exceptionnelles  qu'on  voit  la  solution  de  continuité  se  fermer  définitivement.  Voici 
comment  Ics^  choses  se  passent  le  plus  souvent  :  l'anévrysme  grossit,  puis  se  rompt, 
(*t  alors  l'aisBelle  se  remplit  d'un  vaste  épanchement  sanguin.  Si  les  malades  ne 
succombent  pas,  le  foyer  sanguin  se  circonscrit,  puis  l'inflammation  s'en  em|iarp. 
la  |)eau  se  mortifie,  et,  à  la  chute  des  eschares,  une  hémorrhagie  subite  emporte  le 
patient.  Dans  une  observation  de  M.  Nélaton,  la  guérison  a  cependant  en  lieu;  nous 
allons  exposer  ce  fait  succinctement,  mais  comme  une  exception  sur  laquelle  on  m* 
doit  pas  compter.  Dans  ce  cas  heureux,  les  caillots  ont  été  éliminés,  la  plaie  arté- 
rielle s'est  cicatrisée  ;  enfin  la  malade  a  résisté  aux  dangers  d'une  suppnratimi 
abondante  de  l'articulation  de  l'épaule. 

Voici  le  fait  :  Une  luxation  de  l'épaule  est  méconnue  ;  au  bout  de  vingt  jours, 
tentatives  infmctueuses  de  réduction,  douleurs  vives  ;  au  trentième  jour,  rédoctim 
de  la  tête  après  de  nouvelles  tractions.  Quinze  jours  plus  tard,  paralysie  du  ncrl 
radial  et  des  muscles  auxquels  il  se  rend  ;  on  conseille  l'électricité.  Quinse  jonrs 
plus  tard,  c'est-à-dire  soixante  jours  après  l'aocident,  on  constate  dans  l'aisselIc 
lexistence  d'mie  tumeur  anévrysmale  du  volume  du  poing  ;  on  essaye  i^inemenl 
de  comprimer.  La  ligature  de  la  sous-clavière  est  décidée  ;  mais  quelques  jour^ 
après  on  s'aperçoit  que  la  tumeur  a  diminué,  que  les  battements  sont  moins  in- 
tenses, en  un  root  on  trouve  tous  les  signes  d'une  guérison  spontanée  qui  va  tiNi^ 
les  jours  se  confirmant.  Nais  tout  à  coup  de  nouveaux  symptdmes  apparaissent,  l«* 
creux  de  l'aisselle  se  remplit  bnisquement;  bientôt  une  tuméfiM!tion  considénlJ^ 
envahit  toute  la  région  et  s'étend  jusque  sur  le  cdté  du  cou.  0  est  évidentque  fanA- 
vrysme  s'est  rompu;  la  gravité  de  la  situation  est  encore  accrue  par  Texistence  d«» 
phénomènes  cérébraux  qui  ne  permettent  même  pas  de  songer  à  une  tenlsti%r 
quelconque,  toute  |)érilleuse  qu'elle  serait.  La  mort  parait  ne  devoir  point  lanlfT 
à  mettre  fin  à  toutes  les  hésitations. 

(Cependant  les  jours  se  passent,  la  malade  résiste  ;  une  large  eschare  se  montre  Mir 
la  peau  du  creux  de  l'ais-selle,  et  d'un  moment  à  l'autre  on  s'attend  è  la  chute  des  parties 
mortifiées  et  à  une  hémorrhagie  mortelle.  Que  fairo?  Les  cbinirgiem  hésilenl.  L'in- 


AISSELLE  (patiiologik).  347 

flainmaikMi  suiTÎent ,  puis  l'eschare  tombe,  et  après  elle  la  suppuration  entraîne  succès- 
sÎTODeiit  d'énormes  caillots  stratifiés;  mais,  chose  singulière  !  le  sang  ne  parait  pas, 
d  bientôt  on  acquiert  la  certitude  que  la  plaie  artérielle  est  bien  cicatrisée.  Cepen- 
dant nouvelle  complication,  rinilammation  a  gagné  Tarticulation,  et  il  est  à  craindre 
que  la  malade  ne  succombe  épuisée  par  l'abondance  extrême  de  la  suppuration. 
J'abrège,  et  je  termine  en  disant  que  la  guérison  a  succédé  à  tous  ces  accidents,  et 
que  la  simple  expeclation  a  snfli  pour  procurer  une  cure  aussi  heureuse.  La  malade 
ronserve  toujours  une  paralysie  incomplète  du  membre  supérieur. 

Le  fait  que  nous  Tenons  de  rapporter  renferme  un  enseignement  que  Ion  jieiil 
forranler  ainsi  :  lorsqu'à  la  suite  d'une  réduction  de  luxation  il  survient  un  ané- 
vrrsme,  malgré  la  marche  lente  de  l'accident,  et  quoique  la  tumeur  soit  petite  et 
inraisse  même  rétrograder,  il  ne  serait  pas  sage  de  compter  sur  la  cure  spontanée 
de  la  Messure  artérielle  ;  la  guérison  est  exceptionnelle  et  s'obtient  au  milieu  de 
mille  dangers.  Nous  devons  donc  essayer  de  préciser  quelle  doit  être  la  conduite  du 
chinir^en  en  présence  d'une  complication  aussi  sérieuse. 

Si  nous  laissons  de  côté  les  cas  où  la  rupture  entraîne  une  mort  rapide  par 
bémorrfaagie,  comme  cela  arriva  à  Delpech  qui  perdit  :;on  malade  pendant  les 
efforts  de  l'extension,  nous  voyons  que  dans  tous  les  faits  on  aurait  toujours  eu  le 
temps  d'instituer  une  thérapeutique  chirurgicale.  Ainsi,  dans  le  cas  deWarreii,  ce 
ne  fut  que  trente-huit  jours  après  que  la  tumeur  se  rompit.  Ce  malade  est  du  reste 
le  seul  qui  ait  guéri,  et  cela  par  la  ligature  de  la  sous-clavière. 

Parmi  les  moyens  qu'on  peut  opposer  au  progrès  de  ces  anévrysmes  diffus,  dont 
la  terminaison  constante  est  l'hémorrhagie,  il  y  a  la  compression,  la  ligature  par 
la  méthode  d'Anel,  c'e6t-à-dire  de  la  sous-clavière  en  dehors  des  scalènes,  la  liga- 
ture des  deux  bouts  de  l'artère  blessée,  et  enfin  la  désarticulation  du  membre. 

La  compression,  dont  on  connaît  aujourd'hui  toute  l'utilité  dans  les  plaies 
artérielles,  serait  évidemment  le  premier  moyen  et  peut-être  le  meilleur  à  em- 
ployer, mais  son  application  est  ici  presque  impossible.  En  effet,  les  appireils 
ffni  ont  été  imaginés  pour  comprimer  la  sous-clavière  sont  d'tme  effic^'icité  très- 
donteiise,  la  compression  digitale  elle-même  se  fait  si  imparfaitement,  qu'il  n'y  a 
pis  lieu  de  recourir  à  l'emploi  de  ces  moyens.  Il  faut  ajouter  que  dans  ces  cas  lu 
toméÊKtion  considérable  de  l'aisselle  a  pour  résultat  de  porter  le  moignon  de 
réfBuJe  en  haut,  d'élever  la  clavicule,  et  par  conséquent  de  rendre  la  sous-cla- 
vière presque  inaccessiUe. 

La  ligature,  suivant  la  méthode  d'Anel,  paraît  avoir  eu  la  préférence  des  chinn*- 
^riens  qui  ont  eu  à  traiter  des  ruptures  de  l'axillaire  ;  c'est  par  ce  moyen  que 
Warren  guérit  son  malade,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit.  Hais  à  côté  de  ce  succès 
nous  trouvons  un  premier  cas  de  M.  Nélaton,  dani»  lequel  la  ligature  de  la  sons- 
rlavière  n'empêcha  pas  la  tumeur  de  se  rompre,  accident  qui  entraîne  une  mort 
rapide.  Gibson  fit  également  la  ligature  de  la  sous-clavière  le  lendemain  de 
Taocident,  mais  le  cinquième  jour  la  gangrène  apparut  avec  le  délire  précurseur 
df»  la  mort,  qui  arriva  le  lendemain. 

On  sait  combien  la  ligature,  suivant  la  méthode  d'Anel,  est  une  ressource  incer- 
taine lorsqu'il  s'agit  des  plaies  artérielles;  cependant,  suivant  M.  Malnaigne,  toutes 

\t^  fms  que  la  ligature  du  bout  supérieur  a  été  appliquée  dans  les  premières  vingt- 
quatre  heures  après  l'accident,  elle  a  réussi  de  la  manière  la  plus  complète,  tandis 

que,  appliquée  douze  ou  quin/e  jours  après  la  blessure,  le  retour  de  l'hémorrhagie 

par  le  bout  inférieur  a  été  en  quelque  sorte  la  règle.  J'ajouterai  que  les  autop- 

"^•^^  dénMNitrent  que  la  nipture  artérielle  se  produit  dans  un  point  voisin  de  l'ori- 


548  AISSELLE   (pathologie). 

gine  de  la  scapulaire  commune,  c'est-â-dire  dans  des  conditions  généiTilemenC 
favorables  à  la  production  de  Thémorrhagie,  par  suite  du  retour  du  sang  par  une 
collatérale  trop  voisine  du  sac  anévrysmal. 

L'observation  clinique  et  la  théorie  viendraient  donc  militer  en  faveur  de  la  liga- 
ture des  deux  bouts  de  Tartère,  dans  le  point  blessé  ;  mais  on  comprend  de  suiU; 
combien  une  semblable  opération  est  de  nature  à  soulever  d'objections,  eu  égard  aux 
nombreuses  diflicultés  dont  elle  serait  nécessairement  environnée.  En  eflet,  quoi  de 
plus  laborieux  et  de  plus  périlleux  que  d'ouvrir  le  creux  de  l'aisselle  pour  aller,  au 
milieu  d'une  masse  de  caillots  sanguins,  rechercher  l'artère  axillaire?  (i'est  s'exposer 
h  une  hémorrbagie  redoutable,  sans  la  certitude  d'arriver  jusqu'aux  vaisseaux.  Ce- 
pendant on  ne  saurait  méconnaître,  d'une  part,  la  gravité  de  la  lésion,  puisque 
tous  les  malades  sont  morts,  à  l'exception  de  celui  de  Warren  ;  d'autre  part,  l'insuf- 
(Isance  de  la  méthode  d'Anel,  puisqu'elle  n'a  procuré  qu'une  guérison  inespérée. 

Faut-il  donc,  à  l'exemple  de  Syme,  désarticuler  l'épaule?  En  vérité,  malgré  le 
succès  obtenu  par  ce  chirurgien,  nous  n'hésitons  pas  à  repousser  une  pareille 
pratique,  et  voici  comment  nous  conclurons  dans  une  question  aussi  litigieuse.  Si 
l'anévrysme  est  reconnu  dans  les  huit  ou  dix  jours  qui  suivent  la  réduction  de 
l'huménis,  il  faut,  sans  attendre  davantage,  lier  l'artère  sous-clavière  en  debois 
des  scalènes.  Si  au  contraire  on  est  consulté  pour  un  anévrysme  datant  de  vin^- 
cinq,  trente  ou  quarante  jours,  et  dont  le  volume  va  en  augmentant,  il  fautoavhr 
largement  le  creux  de  l'aisselle  et  aller  à  la  recherche  du  vaisseau  lésé.  Dans 
tous  ces  cas,  nous  considérons  comme  une  précaution  indispensable  de  jeter  une 
ligature  provisoire  sur  la  sous-clavière,  afin  de  se  mettre  à  l'abri  d'une  bémorrhaj^ie 
foudroyante.  —  l^arrey  père,  Dupuytreu  et  Roux  ont  pratiqué  cette  opération  avec 
succès  pour  des  anévrysmes  diflus  de  l'aisselle,  survenus  à  l'occasion  de  hlessore 
de  l'artère.  — r  Dans  un  cas  analogue,  H.  Laugier  a  fait  précéder  la  ligature  des 
deux  bouts  de  l'artère  divisée,  par  c^lle  de  l'axillaire  au-dessus  du  petit  perlonl. 
(BuU.deCAc,  de  méd,,  t.  Y,  p.  510.) 

Pendant  les  efforts  de  la  réduction  de  la  tête  hnmérale,  on  a  quelquefois  lu 
apparaître  tout  à  coup  des  gonflements  énormes,  sans  que  le  pouls  radial  eût  oe^^ 
de  battre.  H.  I^eudet,  après  Desault,  puis  M.  Halgaigne,  ont  observé  des  faits  sem- 
blables. Cet  accident  est  effrayant  au  moment  où  il  se  produit,  mais  la  pernstancv 
du  pouls  radial  doit  rassurer  le  chirurgien.  Cet  épanchemeiit  de  sang,  qui  doit  tenir 
»  la  déchirure  de  petites  artérioles  musculaires,  se  guérit  assez  proroptenient. 

La  rupture  des  troncs  veineux  est  encore  plus  rare,  du  moins  isolée  d'autre» 
lésions  plus  sérieuses.  Froriep,  avons-nous  dit,  en  a  cité  un  cas. 

Pour  terminer  avec  les  lésions  par  arrachement,  survenant  pendant  les  tradimi» 
pour  obtenir  la  réduction  de  l'humérus  luxé,  je  rappellerai  les  paralysies  plus  ou 
moins  étendues  et  surtout  plus  ou  moins  curables  qui  se  montrent  au  moment  ou 
quelques  jours  après  l'opération.  Ce  sont  tantôt  de  simples  tiraillements  de« 
nerfs,  suivis  d'engourdissement  ou  bien  d'inflammation  dans  les  cordons  neneai  ; 
mais  d'autrefois  il  y  a  de  véritables  arrachements.  C'est  ainsi  que  M.  Flaubert  a  \n 
constater  à  l'autopsie  que  les  quatre  dernières  racines  du  plexus  cervical  étaienl 
arrachées  de  la  moelle  au  niveau  de  leur  implantation.  La  moelle  elle-même  était 
le  siège  d'un  ramollissement  très-évident.  (Flaubert  et  Ix^udot,  in  Héperîoire 
d'anat.  et  de  phyriol.,  1827;  1. 111,  p.  55.) 

Le  plus  souvent  les  symptômes  surviennent  sans  que  les  tractions  aient  été  tr^ 
énergiques,  aussi  les  phénomènes  paralytiques  finissent-ils  par  disparaître.  )Ui> 
lorsque  les  nerlîs  sont  arrachés  au  niveau  de  leur  origine,  la  lésion  est  incurable  ; 


I  ■> 


AISSELLE  (pATUOLotiiK).  549 

vie  d'une  iiifiamniation  mortelle  de  la  moelle.  Les  tetilalives 
'^  incriminées  ;  en  restant  dans  de  sages  limites  on  évi- 
^Us  malheurs. 

*  "e  des  lésions  traumatiques  qui  peuvent 
^es  vastes  brûlures  qui  intéressent  à 
Midante  de  lu  paroi  thoraci(|ue. 
un\{\cs  et  que  la  suppuration  dure 
(iiiLiciices  qui  réunissent  le  bras  à  la 
s  «lu  membre  thoracique. 
(Iirz  lu<|ueUe  le  coude  était  appliqué  au 
(Il   1  iiissoUe,  laquelle  se  transformait  en  une 
!  ^<()iie,  lorsqu'on  essayait  de  porter  le  bras  dans 
''  a\fi-  buccès  un  homme  qui,  à  la  suite  de  brûlures, 
({iii  unissaient  le  bras  et  Tavantrbras  à  la  poitrine;  lir 
.•    (]uaLorze  ans  à  se  cicatriser.  J'ai  moi-même  rencontré 
Il  M  rvice  de  Thôpital  Sainte-Eugénie. 
brûlures  sont  rares,  mais  dans  des  circonstances  semblables 
.  .il(  I  la  cicatrisation  et  faire  en  sorte  que  les  adhércnces  ne  s'éta- 
iiirr  le  bras  et  la  paroi  thordcique.  Dans  le  cas  où  Ton  aurait  à  traiter 
Me  difformité,  il  faudrait  détruire  les  adhérences,  éloigner  le  bras  du 
:•  (  lurcher  une  cicatrisation  isolée,  et  au  besoin  mettre  à  contribution  les 
:  u^<fs  ressources  de  l'autoplastie. 

1\.  Pulegmâsibs  DE  L*AissELLB.  Le  creux  axillaire  est  le  siège  de  phlegmasîes 
relativement  assez  fréquentes.  On  a  divisé  ces  inilanunations  en  plusieurs  variétés 
qui  correspondent  chacune  à  un  élément  ou  à  une  couche  anatomique  particulière 
de  la  région  ;  du  reste,  ces  divers  phlegmons  ont  une  marche  et  une  gravité  qui 
^ent  suivant  leur  espèce,  circonstance  qui  est  de  nature  à  bien  justifier  l'étude 
isolée  qu'on  bit  de  chacun  d'eux.  Ajoutons  qu'il  est  très-fréc{uent  de  voir  réunies 
»ur  le  même  malade  plusieurs  des  variétés  de  la  phlegmasie. 

Les  inflammations  de  l'aisselle  sont  souvent  de  cause  spontanée  ;  néamnoius  les 
diverses  plaies  qui  intéressent  les  doigts,  l'avaut-bras  ou  le  bras,  les  lésions  du 
cou,  les  gerçures  et  crevasses  du  sein,  etc.,  peuvent  s'accompagner  d'une  angio- 
feudte,et  par  conséquent  *d'unc  adénite  axillaire.  On  observe  également  dans  cette 
région  ce  qu'on  rencontre  plus  ordinairement  sur  les  membres  :  je  veux  parler  de 
œs  pMegmasies  du  tissu  cellulaire  qui  se  développent  sur  le  trajet  des  vaisseaux 
lymphatiques  enflammés.  Le  creux  de  l'aisselle  est  riche  eu  tissu  cellulaire; 
aussi  l'inflammation  s'y  établit-elle  facilement  :  plusieurs  faits  bien  observés  nous 
ont  démontré  que  non-seulement  des  abcès  profonds  de  cette  région,  mais  encore 
des  phlegmasîes  sous-cutanées  peuvent  avoir  pour  cause  une  angioleucite  tenant 
('Ile-méme  à  une  écorchure  des  doigts  ou  du  mamelon. 

M.  Velpeau  a  proposé  de  diviser  les  phlegmons  de  l'aisselle  en  quatre  variétés, 
suivant  le  siège  anatomique  occupé  par  l'inflammation.  Cette  division  a  été  géné- 
rdemeut  acceptée  et  reproduite  par  la  plupart  des  auteurs  qui  ont  écrit  sur  la 
question.  M.  Velpeau  décrit  d'abord  les  inflammations  du  tissu  sous-cutanc,  dont  A 
tût  deux  classes,  suivant  que  la  phlegmasie  occupe  la  face  profonde  du  derme  ou 
bien  la  couche  cellulaire  proprement  dite  ;  viennent  ensuite  les  phlegmons  gan- 
glionnaires, et  enfin  les  phlegmons  profonds. 


yoO  ÂlSSELLË  (PAinoLociE). 

Nouii  diviserons  les  iiiflauimatioiis  de  la  région  axillaiiB  suivant  qu'elles  oedé^e- 
lup|)cnt  entre  la  peau  et  1  aponétrose,  ou  bien  entre  Taponévrofie  et  le  centre  de  b 
région  elle-niénie  ;  par  consér|uent  deux  grandes  classes  d'inflaniniatioit  de  lab- 
selle  :  (jlilegnions  su{)erliciels,  phlegmons  profonds. 

A.  Phlegmons  supet^ficieU.  Ces  inflammations  doivenl  étix;  étudiée»  bui^.ttit 
ipielles  occu()ent  la  peau  et  ses  dépendances,  ou  bien  le  tissu  cellulaire  sous-cuUiné. 

r  Phlegmasies  de  la  peau.  On  pourrait  parler  ici  de  Térysipèle;  mais  ooiiiidp 
celte  maladie  n^oflre  rien  de  s|)écial  à  la  l'égion  axillaire,  nous  ne  nous  occupeitub 
ipie  des  phlegmasies  qui  portent  sur  certains  éléments  de  la  petiu  eUe-méme. 

Les  frottements  de  toutes  sortes,  la  malpropreté,  peuvent  dans  celte  i*égioo,  sut- 
tout  chez  les  individus  qui  se  servent  beaucoup  de  leurs  bras,  provoquer  des  inflam- 
mations qui  auront  pour  siège  soit  les  follicules  sébacés, ou  bien  encore  ces  grosM^ 
glandes  sudoripures  que  M.  Robin  a  signalées  à  la  face  interne  du  denne  de  IW 
selle.  Ces  inflammations  ont  pour  conséquence  la  formation  de  fietites  tumeurs 
t'irconsciites  ordinairement  multiples,  dont  les  unes  font  un  relief  à  la  surface  dc^ 
tégiunents,^  dont  les  autres  restent  à  la  face  profonde  du  derme.  Cette  deniièir 
espèce  correspond  certainement  aux  inflanunations  que  M.  Velpeau  a  désigiiéi> 
sous  le  nom  de  phlegmons  tid)ériformes.  En  décrivant  ces  petites  tun]eur>,  le 
œlèbre  chirurgien  de  la  Charité  a  ])ien  observé  le  fait  clinique,  mais  le  siège  aiiad»- 
niique  de  ces  petits  phlegmons  a  surtout  été  mis  en  évidence  inu*  les  I'echelvllt•^  «k- 
notre  collègue,  M.  Venieuil.  (Voy.  Ardi.  gén.  deMéd,,  5*  série,  t.  IV.) 

l/inflammation  des  follicules  sébacés  du  creux  de  Taisselle  ne  présente  rien  dt 
s|)éci.-il  ;  ce  sont  des  furoncles  avec  leurs  caractères  ordinaires  :  petites  tumetir^ 
rouges  acuminées,  bien  circonscrites,  faisant  saillie  au-dessus  de  la  surface  aitaiitr. 
le  plus  souvent  multiples  et  siégeant  à  la  base  des  poils;  nous  ne  nous  arréteii*fi> 
|)as  davantage  sui*  leur  histoire. 

fiCs  phlegmons  des  glandes  sudoripares  sont  moins  bien  connus.  C'es^t  une  nu- 
ladie  toute  spéciale  ;  la  marche,  la  dinée  et  la  terminaison  doivent  cti*e  éludt^'t'>: 
il  (>st  donc  utile  d'en  donner  une  description  particulière. 

C'est  ordinairement  à  Tépoque  des  chaleurs,  et  en  général  à  Toccasion  de  tniu&- 
piration  de  l'aisselle,  que  certains  malades  voient  se  développer  les  adénites  sudo- 
ripures. En  cfTet,  la  région  devient  le  siège  d'un  prurit  assez  intense,  qui  pous^' 
les  malades  à  se  gratter  sans  ménagement  ;  bientôt  on  peut  constater  sous  la  peau, 
qui  est  saine,  une  ou  plusieurs  petites  tumeurs  qui  ont  toutes  les  mêmes  carat* 
tères.  Ce  sont  de  fietites  sphères  bien  circonscrites,  dures  et  par  conséquent £Kilt'> 
à  distinguer,  du  volume  d  un  petit  pois,  \ye\\  douloureuses,  mobiles.  Dans  cet  êi^tt. 
les  adénites  sudori])ares  peuvent  rétrograder,  mais  le  pins  souvent  Tinflamiiuliou 
progresse  ;  bientôt  le  tissu  cellulaire  se  prend  autour  des  glandes,  et  alors  on  j 
des  tuineui's  du  volume  d'une  noisette,  très-douloureuses,  refoulant  la  peau  qui  t-^t 
elle-même  amincie  et  légèrement  rouge.  Cette  deuxième  période  est  très-€0urt(\ 
deux  ou  trois  jours  au  plus  suffisent  pour  que  l'abcès  s'ouvre  spontauéiueiU  ;  li 
première  période  est  au  contraire  très-longue,  s:i  durée  varie  entre  six,  huit  *< 
quinze  jours.  Au  début,  l'adénite  sudoripare  n'est  pas  sensible  à  la  vue  ;  c'est  fxir 
le  toucher  qu'on  peut  rencontrer  ces  petites  tumeurs  dures,  sphérique»,  yni^ 
jacentes  à  la  peau  ;  plus  tard,  quand  le  tissu  cellulaire  est  envahi,  il  y  a  tumé- 
faction circonscrite,  mais  arrondie  et  sans  rapports  bien  directs  avec  les  follicule 
pilo-sébacés  :  ce  sont  les  abcès  tuljériformes  de  M.  Velpeau. 

Les  inflammations  qui  siègent  dans  les  éléments  de  la  peau  de  Taisselle  h' 
caractérisent  loujoui^  facilement    Ce  sont  des  afleclions  locales,  sans  beaucoup  J* 


MSSELLË  (pathologie).  551 

|•UMlli^^culClltslIr^o^gani$Iue;  de  la  douleur,  desdéniaugeaisous,  un  peu  de  gène 
d.iib  h*;»  fonctions  du  noembre,  teb  sout  les  symptômes  de  ces  petits  plilegmons. 
iHiiLs  (UH'lains  cas  cependant,  on  observe  des  furoncles  nnUtiples  do  Taisselle  sur- 
M  naiil  à  l^oceasion  d'un  état  général  mauvais.  Ainsi,  quelques  individus  sout  pris 
fi  un  peu  de  lièvre,  d*inappétenoe  avec  des  troubles  digestifs;  et  c'est  alors  seule- 
iihiil  qu  apparaît  une  succession  de  ))etits  abcès  qui  siègent  principalement  à  lu 
luse  des  jioils  du  crecn  d  e  l'aisselle. 

U  diagnostic  des  phlegmons  dermiques  est  toujours  des  )>liis  simples.  Loi'sqiic 
laUimeur  est  saillante,  acurainée,  c'est  d'mie  furoncle  qu'il  s'agit;  si  l'on  ren- 
œutre  au  contraire  une  ou  plusieurs  petites  masses  globuleuses,  sous^jacentes  et 
adhérentes  à  la  peau,  on  peut  aflirmer  que  l'inflammation  a  envahi  une  ou  plusieurs 
^Handes  sudoripares. 

Le  pronostic  est  simple.  Ces  petits  phlegmons  se  terminent  le  plus  souvent  par 
suppuration  et  forment  une  variété  d'abcès  de  l'aisselle,  sur  laquelle  nous  aurons  à 
revenir.  Rarement  ou  observe  la  résolution,  mais  dans  quelques  cas  la  pbleg- 
masie  se  termine  par  induration  ;  les  petites  tumeurs  dimmuent  de  volume  en 
même  temps  qu'elles  augmentent  de  consistance,  puis  demeurant  stationnai rcb 
|jendant  mi  temps  plus  ou  lâoins  long,  après  quoi  elles  fmissent  par  disparaître 
complètement.  On  voit  de  suite  que  bien  des  circonstances  se  trouvent  ici  réunies 
pour  faciliter  la  récidive  des  phlegmons  ;  de  plus,  conune  il  y  a  généralement  pin- 
ceurs tumeurs,  on  comprend  que  la  durée  de  cette  maladie  soit  absolument  indé- 
teiminée.  On  obsei've  quelques  malades  qui  restent  ainsi  tourmentés  pendant  plu- 
sieurs mois  par  de  petits  abcès  qui  se  succèdent  dans  les  deux  aisselles. 

Le  traitement  consistera  dans  l'application  de  ^jommades  résolutives,  l'onguent 
iuercuriel  par  exemple;  ou  y  joindra  l'emploi  des  cataplasmes  émollients  arrosés, 
M  besoin  était,  de  quelques  gouttes  de  laudanum.  Les  sangsues  seraient  ici  sans 
utilité;  quant  aux  évacuants,  ils  ont  une  réputation  presque  proverbiale,  mais  leur 
efticacité  est  loin  d'être  bien  démontrée.  Les  bains,  les  amers  seront  ici  bien  appli- 
(|ués.  Il  faudra  toujours  tenir  compte  de  l'état  général,  lorsqu'il  présentera  quel- 
({ues  indications  sp^iales. 

2*  Phlegmasies  sous-cutanées.  L'inflammation  qui  siège  dans  le  tissu  sous- 
jaœnt  à  la  peau  de  l'aisselle  reconnaît  pour  cause,  dans  qudques  cas,  l'extension 
de  la  phlegmasie  de  l'une  des  glandes  de  la  région  ;  on  voit  par  exemple  les  phleg- 
mons tubériformes  suppurer ,  puis  franchir  les  limites  de  la  glande  sudoripare  et 
envahir  la  couche  celluleuse  environnante.  Dans  quelques  cas,  rares  il  est  vrai,  les 
éoorchures  du  dos  de  la  main,  les  gerçures  et  excoriations  du  mamelon  donnent 
naissance  à  une  lymphangite  qui  communique  Tinflammation  au  tissu  cellulaire 
sous-cutané  de  l'aisselle.  Le  plus  souvent,  il  faut  le  dire,  la  cause  du  phlegmon 
nous  échappe. 

Les  phlegmasies  de  la  couche  lamelleuse  qui  est  située  entre  la  peau  et  l'apo- 
névrose axillaire  ont  généralement  un  caractère  diffus;  l'inflammation  occupe 
parfois  toute  la  région,  mais  le  plus  souvent  elle  s'étale  sur  la  face  antérieure  de 
la  poitrine.  Dans  ces  cas,  la  peau  présente  une  rougeur  assez  vive,  quelquefois 
nettement  limitée  au  point  de  simuler  Térysipèle.  M.  Velpeau  a  bien  décrit  cette 
variété  des  phlegmons  axillaires  ;  il  leur  a  donné  le  nom  de  phlegmons  érysipéln- 
teux  et  diffus. 

Les  phlegmons  dermiques  sont  ordinairement,  avons-nous  dit,  sans  mflueuce 
sur  l'état  général.  Hais  lorsque  l'inflammation  occupe  la  couche  sous-cutanée,  on 
observe  immédiatement  une  perturbation  très-notable  de  l'organisme  :  il  y  a  de  la 


d5â  ÂlSSËLLE  (fathulogik). 

lièvre,  de  bi  céphafaJgie,  quelquefois  un  frissou  violent,  des  voiuisseinetits  ;  dsub 
quelques  ois,  des  symptômes  nerveux  susceptibles  d'in8pii*er  des  crainlfo.  (>> 
pldegmoub  marcbent  très-vite,  envahissent  les  diverses  couches  lamelleuses  et  am- 
veut  presque  aussitôt  à  suppuration. 

Le  pronostic  est  loin  d*étre  simple,  et  il  emprunte  sa  gravité,  ainsi  que  nous  k 
verrous,  à  TaLondance  de  la  suppuration  et  à  l'étendue  des  désordres  qu'elle  peut 
laire  naître. 

Le  diagnostic  du  phlegmon  sous-cutané  est  iacile,  les  symptômes  en  sont  kien 
tronches  :  la  rougeur,  la  douleur  et  la  difl'usiou  en  sont  les  caractères  principaux 
Quant  au  traitement,  il  consistera  dans  l'application  des  sangsues,  surtout  au  début; 
puis  viendront  les  larges  incisions,  les  cataplasmes,  et  l'opium  à  l'intérieur.  tie> 
phlegmons  prenant  souvent  le  caractère  gangreneux  et  constituant  par  conséquent 
de  véritables  phlegmons  diffus,  il  y  a  le  plus  souvent  une  contre-indication  absolue 
i  la  saignée  généi'ale.  Les  boissons  adoucissantes  et  la  diète  feront  la  base  du 
régime  ;  mais  aussitôt  que  l'état  aigu  aura  cédé,  il  faudra  recourir  aux  toniques  et 
aux  réconfortants  de  toutes  sortes. 

b.  Phlegmons  profonds  ou  som-aponévrotiques.  L'inflammation  du  cretii  de 
ruisselle,  c'est-à-dire  du  tissu  cellulaire  qui  entoure  les  vaisseaux  et  nerfs  de  Ix 
région,  peut  débuter  d'emblée;  mais  le  plus  souvent  ce  sont  les  ganglions  lympha- 
tiques qui  s'engorgent,  et  ce  n'est  que  secondairement  que  l'inflammation  gagne 
le  tissu  cellulaire.  Dans  quelques  cas,  les  phlegmons  superficiels  s'étendent  dam 
la  profondeur  ;  c'est  ainsi  qu  on  voit  des  phlegmons  sous-cutanés  en^-ahir  la  hce 
profonde  des  pectoraux. 

Rien  n'est  fréquent  comme  le  phlegmon  ganglionnaire  du  creux  de  l'aisselle, 
mais  il  y  a  deux  formes  bien  distinctes  à  cette  maladie.  Tantôt  à  la  suite  d'une 
écorchure  de  la  main  ou  de  l'avant-bras,  d'une  plaie  insignifiante  du  cou,  ou  bien 
encore  à  l'occasion  d'une  gerçure  du  mamelon,  il  y  a  on  ou  deux  ganglions  dr 
l'aisselle  qui  s'échauffent,  mais  leur  inflammation  reste  très-limitée  et  se  termiui* 
soit  par  résolution,  soit  par  suppuration  ;  c'est  l'angéioleucite  axillaire  qui  débutr 
ordinairement  par  un  frisson,  mais  dans  laquelle  l'état  général  est  ordinairement 
peu  ébranlé.  Dans  d'autres  circonstances,  et  principalement  à  l'occasion  des  piqÂns* 
anatomiques,  tous  les  ganglions  de  l'aisselle  se  prennent,  le  tissu  cellulaire  eini- 
ronnant  s'enflamme  également,  de  sorte  que  tout  le  creux  de  ^ai^selIe  devient  !<* 
siège  d'un  gonflement  et  d'une  tuméfaction  considérables.  Il  y  a  une  doideur  très- 
vive  ;  mais  ce  qui  douane,  c'est  l'état  général.  En  elTet,  on  observe  toujours  un 
Irisson  violent,  parfois  du  délire,  mais  le  plus  ordinairement  un  état  adynanHque  qui 
rappelle  certaines  fièvres  typhmdes, 

La  marche  de  ces  inflammations  varie  également,  suivant  qu'il  s'agit  de  l'mir 
o:i  l'autre  forme.  Le  plus  souvent  voici  comment  les  choses  se  comportent  :  on 
r^onstate  quelques  traînées  rouges  le  long  de  la  partie  interne  du  bras,  le  creux  d^* 
l'aisselle  devient  sensible,  et  il  est  facile  d'y  rencontrer  une  ou  plusieurs  iuroaun» 
dures,  bien  circonscrites  et  très-douloureuses  :  tel  est  le  début.  L'n  peu  plus  tard  il 
y  a  de  l'empâtement,  la  peau  est  rouge  et  les  ganglions  sont  plus  difficiles  à  isoler, 
en  même  temps  que  l'exploration  devient  elle-même  plus  douloureuse  ;  concur- 
remment le  malade  accuse  de  la  céphalalgie,  de  la  courbature;  il  y  a  de  la  lîènr. 
Dans  les  formes  graves,  ce  sont  les  phénomènes  généraux  qui  ouvrent  la  scène. 
Ordinairement  la  douleur  est  vive,  on  peut  à  peine  écarter  le  bras  du  tronc,  mai» 
il  est  facile  de  voir  que  le  creux  de  l'aisselle  est  rempli  par  une  tuinélMrlioci. 
Il  n'est  |ias  rare  de  constater  une  disconlanœ  très^considérable  entre  les  pbéiio- 


AISSELLE  (PATU0L0Gi£).  353 

luènes'générjux,  qui  sout  extrêmement  graves,  et  la  tuméfaction  locale.  Ce  qui 
caractérise  cette  forme,  c  est  la  marche  rapide  de  l'affection  qui  se  termine  le  plus 
bouTent  et  en  quelques  jours  par  une  suppuration  abondante. 

Les  adénites  simples  procèdent  lentement,  et,  lorsqu'elles  suppurent,  donnent 
lieu  à  des  abcès  circonscrits  ;  il  iaut  donc  les  distinguer  du  phlegmon  profond,  qui, 
en  même  temps  qu'il  occupe  les  ganglions,  s'empare  de  tout  le  tissu  cellulaire 
en>ironDant. 

Le  début  brusque  par  un  frisson  avec  douleur  axillaire  caractérise  le  phlegmon 
profond  :  l'examen  direct  permet  de  constater  si  l'inflammation  porte  simplement 
sur  les  ganglions  ou  sur  le  tissu  cellulaire  qui  les  environne. 

Le  diagnostic  est  donc  chose  simple.  Les  phénomènes  généraux,  l'examen  attentif 
de  la  région  ne  permettront  pas  de  confondre  un  phlegmon  superficiel  avec  un 
phlegmon  profond,  quand  bien  même  l'inflammation  née  au  centre  de  la  région  se 
serait  étendue  aux  couches  superficielles.  Quant  au  pronostic,  il  est  subordonné  à 
la  cause  qui  a  donné  naissance  aux  phlegmons  axillaires.  Les  piqûres  anatomiques 
de  toutes  sortes  imposent  à  cet  accident  une  gravité  exceptionnelle  ;  il  faudra,  dans 
tous  les  cas,  prendre  en  considération  l'intensité  des  symptômes  généraux  et  la 
constitution  habituelle  du  malade. 

On  peut  dire  que  les  phlegmons  profonds  de  l'aisselle  sont  une  affection  sérieuse. 
Le  creux  de  l'aisselle  étant  le  trait  d'union  entre  plusieurs  régions  importantes,  on 
comprend  que  l'inflammation  puisse  s'étendre  en  arrière  jusque  vers  l'omoplate, 
en  haut  dans  la  région  sus-claviculaire,  et  finalement  que  le  pus  puisse  gagner 
iecou  et  même  les  parois  de  la  poitrine. 

Le  traitement  est  subordonné  a  la  nature  du  phlegninu.  S'il  s'agit  d'un  simple 
phlegmon  ganglionnaire  sans  perturbation  générale,  les  sangsues,  les  bains,  les 
êmollients  de  toutes  sortes,  suffiront  pour  maîtriser  l'inflanmiation.  Si  au  contraire 
on  a  afiaire  à  cette  forme  infectieuse  qui  accom|)agne  les  piqûres  anatomiques,  il 
Iaut  bien  se  garder  des  émissions  sanguines.  Les  vomitifs,  le  sulfate  de  quinine  à 
haute  dose  et  les  embrocations  calmantes  feront  la  base  du  traitement  ;  en  même 
temps  les  malades  seront  alimentés  le  plus  possible,  ils  boiront  du  vin  et  même 
des  alcooliques  en  notable  ([uantité. 

C.  Des  abcès  de  i aisselle.  Les  différents  phlegmons  dont  nous  avons  fait  l'étude, 
peuvent  tous  donner  naissance  à  des  collections  purulentes,  mais  ce  ne  sont  pas  les 
^euls  aboès  qui  puissent  se  rencontrer  dans  le  creux  axillaire.  On  observe  dans 
cette  région  des  abcès  froids,  des  abcès  par  congestion  provenant  d'une  carie  des 
côtes,  de  l'omoplate,  de  l'extrémité  supérieure  de  l'humérus  et  même  de  la  colonne 
rachidienne.  U  y  a  des  abcès  qui  sont  formés  par  l'irruption  au  dehors  des  coUec- 
tions  purulentes  de  la  plèvre  ;  en  effet  on  voit  certains  empyèmes  perforer  les 
^^paces  intercostaux  et  remplir  le  creux  de  l'aisselle.  Enfin  il  n'est  pas  très-rare 
d^obsenrer  de  vastes  collections  purulentes  qui  remplissent  l'aisselle,  et  qui  ne  sont 
autre  chose  que  des  dépôts  métastatiques  consécutifs  à  l'infection  purulente. 
M.  Velpeau  a  cité  des  exemples  de  cette  dernière  variété,  l'un  à  lu  suite  d'une 
amputation  de  la  jambe,  l'autre  consécutivement  à  la  désarticulation  d'un  doigt. 
J'ai  moi-même  recueilli  une  observation  d'un  abcès  semblable  qui  s'était  montré 
dans  le  cours  d'une  infection  purulente  consécutive  à  l'amputation  de  la  langue. 

S'il  y  a  utilité  à  diviser  les  phlegmons  de  l'aisselle,  suivant  les  différentes 
louches  anatomiques  qu'ils  occupent,  il  iaut  reconnaître  que  la  distinction  est 
Mirtout  arantageuse  et  qu'elle  s'applique  principalement  aux  abcès  qui  peuvent 
*tt«*der  à  ces  divci'ses  inflammations.  Il  v  a    en  effet  mie  immense  différence 

MCT.  ESC.  U.  23 


554  AISSELLE   (fatuologië). 

entre  les  abcès  supoiiiciels  et  les  abcès  profonds  ou  sous-aponévrotiquea ,  qn'i) 
a*agîsse  soit  du  diagnostic,  soit  du  pronostic  ;  on  comprend  ég^ilenienl  que  l'oa^^r- 
ture  chirurgicale  de  ces  collections  a  une  importance  qui  varie  suivant  le  siège 
occupe  par  le  pus. 

Les  abcès  superficiels  sont  souvent  multiples  :  tels  sont  les  furoncles  et  les  aUx^ 
tubériibvnies  ;  ceux-ci  sont  généralement  bien  limités,  tandis  que  ceui  de  L 
couche  sous-cutanée  ont  une  tendance  à  la  diffusion.  Néanmoins  il  n'est  pas  nrc, 
et  cela  grâce  à  la  disposition  des  lamelles  celluleuses,  de  voir  un  phlegmon  sou»- 
cutané  donner  naissance  à  plusieurs  collections  parfaitement  indépendantes. 

Le  diagnostic  des  abcès  superficiels  est  toujours  facile  :  il  y  a  tous  les  signcN  de 
rinflammation,  et  la  fluctuation  s'obtient  aisément. 

Ia!  traitement  consiste  dans  l'incision  de  l'abcès  ;  mais  tandis  qu'on  peut  S(iu> 
inconvénient  différer  l'ouverture  des  abcès  tubériformes  et  furonculoux,  il  eA 
indiqué  d'inciser  largement  et  en  plusieurs  points  le  phlegmon  sous-cutané,  il  ik 
faut  pas  attendre  que  la  fluctuation  soit  très-évidente,  car  l'incision  prématurée 
est  une  ressource  salutaire  pour  arrêter  l'inflammation,  et  c'est  un  bon  roo\eo 
d'empéclier  le  phlegmon  d'atteindre  les  couches  profondes.  Nous  retiendrons  un 
peu  plus  loin  sur  l'étendue  et  la  direction  qu'il  faut  donner  à  ces  incisions. 

Paimi  les  abcès  profonds  de  l'aisselle,  les  plus  communs  sont  ceux  qui  suit^eiil 
a  Tadénitc  axillaire.  Lorsque  l'inflammation  envahit  les  ganglions  lymphatiques  H 
qu'elle  se  termine  par  suppuration,  on  observe  des  tumeurs  ordinairement  bitni 
circonscrites,  d'un  volume  peu  considérable  et  dont  le  diagnostic  ne  présente  guèri 
de  difBcultcs  ;  c'est  généralement  une  masse  lobulée,  dure,  au  centre  de  laquelle 
on  rencontre  un  ou  plusieurs  points  fluctuants.  Dans  ces  conditions  rhiflammatioii 
étant  bien  circonscrite,  il  n'y  a  qu'un  faible  avantage  à  précipiter  l'ouverture  \\k' 
ral)cès  ;  l'expérience  a  même  démontré  qu'en  pratiquant  l'incision  un  peu  tard,  on 
évacue  de  suite  une  grande  quantité  de  liquide,  et  que  cette  petite  opération  e>t 
ordinairement  suivie  d'une  cicatrisation  rapide. 

Les  collections  qui  occupent  le  centre  même  de  la  région  ont  une  importauo* 
bien  plus  considérables  que  celles  qui  viennent  d'être  étudiées.  Les  abcès  froid^. 
ceux  qui  succèdent  à  des  altérations  osseuses,  passent  d'al)ord  inaperçus,  et  lorsque 
l'attention  des  observateurs  est  attirée  vers  la  région,  la  ({uantité  de  pus  collectt* 
est  assez  considérable  pour  que  la  fluctuation  soit  des  plus  évidentes.  Il  en  est  év 
même  des  abcès  qui  viennent  de  la  plèvre  ;  j'en  dirai  autant  pour  les  dépôts  cpii 
surviennent  pendant  le  cours  d'une  infection  purulente. 

Outre  la  fluctuation  très-manifeste,  les  abcès  qui  succèdent  â  une  nipture  de  U 
plèvre  offrent  encore  comme  symptômes  :  l""  un  certain  degré  de  réductiliilité  dr 
la  c^olleclion  ;  2*  une  impulsion  très-notable  en  rapi^ort  avec  les  expirations  bnfc^que*, 
la  toux  par  exemple. 

Lorsque  l'inflammation  envahit  le  tissu  cellulaire  profond  de  l'aisselle,  r'e^t-à- 
dire  celui  qui  est  compris  entre  le  grand  dentelé  en  dedans,  les  pectoraux  en  aiant. 
le  sous-scapulaire  et  le  grand  dorsal  en  arrière,  le  phlegmon,  avons-nous  dit,  tefnl 
à  se  propager,  la  suppuration  elle-même  n'est  pas  très-apparente,  et  il  est  fort 
difficile  de  constater  la  fluctuation  ;  ce  signe  ne  devient  même  bien  évident  f{iif* 
lorsque  la  quantité  de  pus  est  déjà  considérable.  Quoique  la  présence  du  piis  M>it 
diflicile  à  reconnaître  au  début  de  sa  formation,  certains  chirurgiens  ont  cepeikLinl 
préconisé  l'ouverture  prématurée  de  ces  collections.  Malgré  toute  la  délicates^*  d>- 
ces  incisions  profondes,  dans  une  région  largement  |x>urMie  de  vaissraus  ini|i(ir- 
tants,  on  a  insisté  en  invoquant  lu  néci'ssitc  de  s'opposer  à  Fimiption  du  pi>  dan- 


AiSSËLLË  \fatholouie).  o5d 

les  régions  avoisinaiiies.  Ou  a,  suivant  nous,  exagéré  le  danger  que  pouvaient  courir 
b  oêlades.  On  a  bien  cité  des  observations  dans  lesquelles  le  pus  était  remonte 
daos  k  région  sus-claviculaire,  d*autres  dans  lesquelles  lu  fluctuation  se  retron- 
^lit  en  arrière  de  l'omoplate,  etc.,  mais  on  n'a  pas  démontré  que  ce  fussent  là  les 
iDuséquences  d'une  temporisation  trop  grande  ;  il  parait  au  contraire  lieaucoup 
plus  évident  que  dans  ces  cas  exceptionnels  il  s'agissait  de  plilegmasies  suppurées, 
ayaot  envahi  en  même  temps  tous  les  départements  de  la  région. 

Il  est  enfin  un  accident  dont  on  a  fait  grand  bruit  :  on  a  parlé  de  la  propagation 
(i«$  abi'ès  de  l'aisselle  jusque  dans  le  médiastin,  et  surtout  de  la  rupture  de  ces  col- 
ledious  dans  la  cavité  des  plèvres  ;  ou  a  bien  des  fois  rappelé  Tbiâtoire  du  (ils  de 
JeaihLouis  Petit,  qui  aurait  succombé  à  un  abcès  de  l'aisselle  compliqué  d'une  issue 
dans  la  plèvre.  Cette  histoire  a  toujours  été  avancée  sans  preuves,  et  il  est  justi* 
cfc  dire  qu'il  n'existe  pas  dans  la  science  une  ol)servation  authentique  d'abcès  de 
1  aisselle  qui  se  serait  ouvert  dans  la  plèvre.  Ou  observe  chaque  jour  des  abcès 
tenant  h  la  carie  des  côtes,  et  cependant,  malgré  leur  voisinage  de  la  pitrine,  ces 
dépols  s'ouvrent  toujours  au  dehors  ;  l'autopsie  a  permis  de  constater  des  épaissis, 
seotents  de  la  plèvre  qui  forment  une  barrière  infranchissable  au  pus. 

Il  ne  faudrait  pas  croire  cependant  que  les  inflammations  profondes  de  Tais- 
>eJle soient  sans  gravité,  eu  égard  au  voisinage  de  la  cavité  thoracique.  M.  Velpeàu, 
un  des  premiers,  a  appelé  l'attention  sur  un  accident  qui  peut  survenir  dans  ces  cir^ 
(t>ostaiices.  Deux  fois,  dit-il,  j'ai  vu  les  grands  abcès  de  l'aisselle  amener  un  épan- 
chement  pleurétique  mortel,  par  simple  transmission  médiate.  Chez  une  jeune 
fiJle  morte  dans  son  sen'ice,  H.  Velpeau  constata  un  empyème,  mais  de  plus  il  fit 
voir  qu'entre  ral)cès  de  l'aisselle  et  l'épanchement  pleurétique  il  n'y  avait  \mi\i 
contact,  et  que  les  deux  collections  étaient  séprées  par  l'épaisseur  de  la  paroi  tho^ 
racique.  M.  Velpe^tu  croit  cet  accident  beaucoup  plus  fréquent  qu'on  ne  serait  porté 
à  le  penser  ;  il  dit  même  qu'en  observant  plus  attentivement  on  arrivera  à  constat- 
ter  que  la  mort,  qui  survient  parfois  à  l'occasion  des  abcès  de  l'aisselle,  est  causée 
(nr  des  épanchements  purulents  de  la  poitrine.  La  circonstance  que  nous  venons 
de  mentionnera  été  obser\'ée  un  certain  nombre  de  fois;  c'est  ainsi  que  M.  Richet 
a  vil  wi  individu  atteint  de  phlegmon  axillaire,  chez  lequel  un  épandhement  pleu- 
rétique considérdble  s'était  l'ormé  en  moins  de  vingt-quatre  heures.  Nous  aVotis 
iious-méme  constaté  deux  fois,  à  l'autopsie,  un  empyème  consécutif  à  l'ablation 
de  tumeurs  axillaires,  malgré  l'intégrité  parfaite  de  la  paroi  thoracique. 

Ce  qui  précède  démontre  les  difficultés  du  diagnostic  dans  certains  cas  d'abcès 
de  l'aisselle.  Nous  avons  également  donné  les  éléments  du  pronostic.  Quant  au  traite- 
ment, l'indication  est  d'ouvrir,  afin  de  donner  issue  aux  liquides  ;  mais  l'irruption 
du  pus  dans  la  plèvre  n'étant  pas  absolument  à  craindre,  il  n'y  a  pas  lieu  de  faire 
des  incisions  prématurées  :  entre  ouvrir  de  bonne  heure  et  attendre  que  la  collection 
soit  très-considérable,  il  y  a  une  différence  capitale,  et  nous  pensons  qu'il  y  a  utilité 
à  ne  pas  trop  différer  l'ouverture  des  abcès  profonds. 

Les  incisions  que  Ton  pratique  dans  le  creux  de  l'aisselle  doivent  être  soumises 
aux  règles  générales  qui  dirigent  ces  opérations,  mais  il  y  a  certaines  précautions 
qu'il  faut  indiquer  et  qui  sont  spéciales  à  cette  région.  On  sait  qu'il  suffit  d'écarter 
le  bras  à  angle  droit  pour  éloigner  en  même  temps  l'artère  et  les  gros  nerfs  qui 
l'accompagnent  ;  dans  toute  incision  on  portera  donc  la  pointe  du  bistouri  vei  s  la 
paroi  thoracique,  et  on  dirigera  le  couteau  verticalement,  de  manière  à  respecter 
aotant  que  possible  l'artère  thoracique.  Les  incisions  devront  être  plutôt  grandes 
que  petites,  car  l'écoulement  des  liquides  se  fait  assez  difficilement,  et  il  y  a  tou- 


356  AISSELLE  (patuologix). 

jours  tendance  à  rétablissement  de  trajets  fistuleux  ;  enfin,  s*il  faut  en  croire 
quelques  observateurs,  les  plaies  étroites  de  l'aisselle  exposeraient  à  remprisonne- 
ment  de  l'air  extérieur  et  à  la  formation  d'un  emphysème. 

Quant  aux  abcès  froids  et  par  congestion,  nous  n'avons  rien  de  particulier  à  en 
dire  :  leur  traitement  est  soumis  aux  mêmes  indications  que  partout  ailleurs. 

V.  TuMsnRs  DE  L  AISSELLE.  On  trouvc  dans  le  creux  axillaire  un  certain  nombre 
de  tumeurs  qui  résultent  de  l'altération  des  divers  organes  qui  entrent  dans  la 
composition  de  la  région.  Ces  tumeurs  sont  analogues  à  celles  que  l'on  obaove 
dans  les  différentes  parties  du  corps,  mais  il  est  bon  d'étudier  la  fréquence  relative 
de  ces  diverses  productions,  et  surtout  de  rechercher  les  indications  spéciales  quf 
peuvent  fournir  les  tumeurs  de  l'aisselle. 

Les  tumeurs  de  la  région  axillaire  sont  constituées,  ainsi  que  nous  venons  de 
le  dire,  par  les  maladies  des  divers  organes  contenus  dans  cette  cavité,  mais  en 
première  ligne,  sous  le  rapport  de  la  fréquence,  il  faut  citer  les  affections  ganglion- 
naires. 

Les  tumeurs  cancéreuses  du  sein  s'accompagnent  très-souvent  de  l'engorgement 
des  ganglions  axillaires  ;  c'est  d'abord  une  simple  tuméfaction,  puis  bientôt  le> 
éléments  cancéreux  envahissent  le  tissu  de  ces  glandes.  L'adénite  est  donc  une 
complication  de  la  plupart  des  squirrhes  de  la  mamelle;  mais  c'est  encore  dansi  le^ 
ganglions  de  l'aisselle  que  s'observe  trop  fréquemment  la  récidive,  après  Fablatiou 
des  cancers  du  sein. 

L'adénite  cancéreuse  est  incomparablement  plus  fréquente  chez  la  femme,  si  on 
l'envisage  comme  consécutive  aux  affections  du  sein  ;  par  contre  il  existe  un  cer- 
tain nombre  d'observations  qui  font  voir  que  le  cancer  peut  débuter  primitivemciit 
dans  les  ganglions  de  Taisselle,  mais  la  plupart  de  ces  faits  ont  été  rencontrés  cIki 
des  individus  du  sexe  masculin. 

Le  cancer  des  ganglions  axillaires  appartient  le  plus  souvent  à  la  variété  em-v- 
phaloîde  ;  cependant  Lebert  a  rencontré  un  cancer  colloïde  de  ces  organes.  M.  Voil- 
lemier  a  extirpé  une  mélanose  axillaire,  qui  existait  concurremment  avec  plusieurs 
tumeurs  de  même  nature,  situées  dans  la  région  thoracique  (voy,  BuUeiinsdt 
la  Société  anatomique).  Chez  une  vieille  dame  opérée  d'une  mélanose  de  l'avant- 
bras,  j'ai  constaté,  plusieurs  mois  après,  une  récidive  dans  la  plupartdes  ganglioib 
de  l'aisselle. 

Les  ganglions  de  l'aisselle  peuvent  être  le  siège  de  dégénérescences  indépen- 
dantes de  la  diathèse  cancéreuse  ;  ces  glandes  sont  susceptibles  de  subir  une  h}'per- 
trophie,  et  par  suite  d'acquérir  un  volume  énorme.  Roux  a  extirpé  plusieurs  (bi^ 
des  tumeurs  de  ce  genre. 

Dans  quelques  cas  le  tissu  des  ganglions,  en  même  temps  qu'il  s'bj^iertiopkiie. 
s'infiltre  d'éléments  fibreux  ou  fibro-plastiques.  En  1861 ,  M.  Âzam  a  communique 
à  la  Société  de  chirurgie  l'observation  d'une  de  ces  tumeurs,  dont  le  poids  défùs- 
sait  un  kilogramme  ;  l'engorgement  s'était  développé  sous  l'influence  d'un  |anaii> 

On  rencontre  assez  souvent  l'envahissement  des  ganglions  de  l'aisselle  par  b 
matière  tuberculeuse  ;  telle  était  la  nature  des  tumeurs  présentées  à  Ln  Société  ana- 
tomique, en  1835,  par  Bérard  jeune,  et  par  M.  Hollain,  en  1852. 

Les  différentes  maladies  que  nous  venons  de  mentioimer  se  développent  ordimi- 
rcment  sous  l'influence  d'un  état  diathésique,  mais  l'inflammation  clirouiquc  dt? 
ganglions  axillaires  parait  avoir  été  une  cause  déterminante  pour  plusieurs  tuflMur» 
de  la  région.  Dans  le  cas  de  M.  Azam,  cité  plus  haut,  c'était  une  adénite  cliitMiiqiK* 


AISSELLE  (patrolooie).  357 

dégénérée.  Une  autre  fois,  M.  Nélaton  a  pu  ponctionner  un  kyste  de  Taisselle,  qui 
s'éUil  développé  lentement  dans  un  ganglion  resté  longtemps  douloureux  et 
eogoiigé,  à  la  suite  d'une  piqûre  anatomique. 

On  a  encore  considéré  comme  appartenant  aux  maladies  des  ganglions  de  Tais- 
seDe  deux  tumeurs  osseuses  enlevées  toutes  deux  au  niveau  de  la  paroi  postérieure 
de  lusselle, l'une  en  1860,  par  M.  Chairon,  et  l'autre  par  H.  Azam,  en  1 861  {vay. 
BnUeting  de  la  Société  de  chirurgie). 

Les  tumeurs  qui  envahissent  les  ganglions  de  l'aisselle  se  développent  assez 
npideinent,  lorsqu'il  s'agit  d'une  affection  cancéreuse  ;  au  contraire,  lorsqu'il  est 
question  des  autres  dégénérescences,  le  développement  des  ganglions  offre  une 
marche  ordinairement  chronique.  Ce  sont  dans  tous  les  cas  des  tumeurs  qui,  au 
début,  sont  constituées  par  plusieurs  masses  réunies  ensemble  et  qu'on  ne  peut 
supposer  être  autre  chose  que  des  ganglions  malades  ;  mais  à  mesure  que  ces  der- 
niers augmentent  de  volume,  ils  se  rapprochent,  puis  se  confondent,  et  alors  ils 
constituent  des  tumeurs  plus  ou  moins  volumineuses  dont  le  diagnostic  présente 
des  diiRcnltés,  surtout  si  l'on  n'a  pas  assisté  au  développement  de  la  maladie  et  si 
les  commémoratifs  manquent. 

Les  symptômes  qui  accompagnent  les  tumeurs  ganglionnaires  de  l'aisselle  sont 
généralement  assez  simples.  Dans  l'origine  quelques  douleurs  et  plutôt  de  la  gêne 
H  de  l'embarras  dans  les  mouvements  de  l'épaule,  puis,  à  mesure  que  la  tumeur 
augmente  de  volume,  on  voit  naître  quelques  accidents  qui  tiennent  aux  rap- 
ports intimes  qu'affectent  les  ganglions  avec  les  vaisseaux  et  nerfs  de  la  région. 
Ikns  lecas  de  Û.  Hollain  (voy.  Bulletins  de  la  Société  anatomique  y  1852)  on  a 
noté  :  i^  l'engourdissement  du  membre  thoracique  ;  2^  une  absence  de  pulsations 
dans  l'artère  radiale,  et  5®  enfin  un  souQIe  carotidien  tenant  à  la  compression  de 
Tartère  axillaire  par  les  ganglions  engorgés  ;  dans  ce  cas,  la  tumeur  était  fortement 
soulevée  à  chaque  battement  de  l'artère,  et  l'on  aurait  pu  supposer  qu'il  s'agissait 
d*un  sac  anévrysmal. 

Bérard  aine  a  observé  une  névralgie  très-douloureuse,  tenant  à  un  squin*he  des 
ganglions  de  l'aisselle,  qui  était  lui-même  traversé  par  la  branche  cutanée  du 
deuxièoie  intercostal. 

Lorsque  les  tumeurs  de  l'aisselle  ont  acquis  un  grand  volume,  elles  s'annoncent 
alors  par  une  déformation  très-notable  de  la  région;  ainsi  l'on  observe  fréquem- 
nient  le  soulèvement  de  la  paroi  pectorale  de  cette  cavité.  Roux  a  enlevé,  en  1850, 
une  tumeur  formée  par  des  ganglions  tuberculeux  ;  il  s'agissait  d'un  jeune  homme  : 
la  tumeur  comprimait  le  paquet  vasculo-nerveux  et  soulevait  en  même  temps  le 
erand  pectoral  ;  il  fallut  sectionner  ce  muscle  en  travers  et  remonter  par  la  dissec- 
tion jusque  sous  la  clavicule. 

n  ne  «uffit  pas  de  constater  que  la  tumeur  axillaire  est  formée  par  la  dégéné- 
rescence d'un  ou  de  plusieurs  ganglions,  il  faut  encore,  pour  compléter  le  dia- 
^ostic,  préciser  la  nature  de  cette  dégénérescence.  Quand  il  sera  question  d'un 
l^nne  sujet  présentant  des  ganglions  dont  l'engorgement  s'est  effectué  d'une 
manière  chronique,  il  faudra  songer  à  la  simple  hypertrophie  ;  ou  bien  encore  à  la 
tuberculisation,  si  lés  tumeurs  sont  dures  et  irrégulières.  Chez  les  adultes,  lorsque 
U  tuméfaction  sera  venue  lentement  et  si  elle  acquiert  un  volume  considérable 
^na  donner  lieu  à  la  formation  d'un  abcès,  on  devra  songer  soit  à  l'hypertrophie 
simple,  soit  à  h  dégénérescence  fibro-plastique.  Quant  aux  affections  cancéreuses, 
«^^  qui  les  caractérise,  c'est  la  rapidité  de  leur  développement  ainsi  que  les  vives 
douleurs  qui  les  accompagnent  ;  dans  l'immense  majorité  des  cas,  ce  sont  des 


358  AISSELLE  (pathologir). 

engorgements  consécutifs  à  des  cancers  de  la  mamelle  ou  à  des  tumeurs  ^em- 
blables  du  membre  supérieur. 

On  observe  encore  dans  le  creux  de  Taisselle  des  tumeurs  qui  tiennent  k  des  allé- 
rations  des  vaisseaux  de  cette  région  ;  nous  mentionnerons  simplement  les  diverse^ 
espèces  d  anévrysmes,  en  renvoyant  le  lecteur  à  l'article  âxillaire. 

Les  veines  sont  susceptibles  de  former,  quoique  rarement,  des  tumeun  assev 
volumineuses.  M.  Nélaton  a  cité  :  dans  sa  thèse  (De  Vinfiuencede  la  poêiiian  dam 
les  maladies  chirurgicales)  Thistoire  d'une  tumeur  qui  occupait  à  la  fois  k  creui 
de  l'aisselle  et  toute  l'épaisseur  du  grand  pectoral;  il  s'agissait  d'une  masse  ôionm* 
de  veines  qui,  sous  l'influence  d'une  inflammation,  avait  acquis  une  dureté  consi* 
dérable.  On  avait  cru  à  l'existence  d'une  tumeur  encépbaloïde,  mais  l'erreur  fni 
évitée  en  considérant  d'une  part  que  la  maladie  remontait  à  la  plus  grande  jeu- 
nesse du  malade,  et  d'autre  part  en  constatant  que  la  tumeur  augmentait  pendant 
l'élévation  du  bras,  et  diminuait  au  contraire  dans  la  position  inverse.  Celle  ma- 
ladie, compatible  avec  la  vie,  était  du  reste  au-dessus  des  ressources  de  Tiurt.  Fb» 
un  autre  cas,  commiuiiqué  en  1860  par  H.  Cbassaignac  à  la  Société  de  chirurgie, 
il  s'agissait  d'une  tumeur  érectile  veineuse  du  volume  d'un  œuf,  située  sur  If 
trajet  de  l'axillaire.  Cette  fois  on  avait  incisé,  croyant  avoir  aflaire  à  un  Acè^: 
mais  l'erreur  était  impardonnable,  car  il  s'agissait  d'une  tumeur  molle  et  indo- 
lente,  probablement  congénitale  et  portée  par  une  jeune  fille  qui  présentait  sur 
divers  points  du  corps  des  taches érectiles  multiples.  M.  Chassaignac  fil  le  diagnostic 
et  débarrassa  la  malade  par  l'écrasement  linéaire. 

Il  faut  encore  ranger  pai'mi  les  productions  érectiles  une  tumeur  présenter 
en  1854  à  la  Société  anatomique;  cette  tumeur  était  congénitale,  très-vasculain» 
et  composée  de  plusieurs  masses  graisseuses,  renfermant  plusieurs  petits  Lpte>  ù 
liquide  cilrin. 

Au  nombre  des  tumeurs  qui  peuvent  se  développer  dans  la  région  âxillaire,  fl 
est  utile  de  mentionner  celles  qui  sont  formées  par  l'hypertrophie  des  glandt^ 
sudoripares.  H.  Yelpeau  en  a  extirpé  une,  dont  l'oliservation  se  trouve  dans  b 
Gazette  des  Hôpitaux  de  1864. 

On  trouve  quelquefois,  renfermées  dans  la  région  de  l'aisselle,  des  tumeun^  ctf- 
lilagineuses  qui  prennent  naissance  dans  les  os  voisins.  Ainsi,  il  est  assez  commun 
de  rencontrer  chez  les  jeunes  enfants  des  exostoses  qui  naissent  de  la  partie  sup^ 
rieure  de  l'humérus,  et  qui  plongent  dans  le  creux  âxillaire.  J'en  connais  iiour  nu 
part  une  dizaine  d'observations.  Dans  tous  ces  cas  il  s'agit  d'une  sorte  de  chou- 
fleur  cartilagineux,  qui  est  supporté  par  un  pédicule  assez  long  et  peu  vohunineui. 
mais  entièrement  formé  pai'  le  tissu  osseux,  et  qui  prend  naissance  vers  l'extrêmitt- 
de  la  diaphyse  de  l'humérus. 

11  y  a  encore  les  enchondromes  du  bec  coracoidien.  M.  Yelpeau  les  avait  éxy 
mentionnés  ;  j'en  ai  moi-même  observé  deux  cas.  L'un  de  ces  faits  a  été  (tablic  âin> 
la  Gazette  des  Hôpitaux,  en  1861  ;  il  s'agissait  d'une  énorme  tumeur  de  l'aisselir, 
plus  grosse  qu'une  tête  d'adulte.  L'apophyse  coraooide  avait  seule  des  coane\io<LN 
avec  cette  production  évidemment  cartilagineus»e  ;  nous  fûmes  assez  heureux  poitr 
isoler,  par  la  dissection  et  sans  hémorrhagie,  cette  grosse  tumeur,  mais  il  taitut 
iaire  le  sacrifice  de  l'épaule.  Le  malade,  qui  avait  soixante  ans,  sucooraba  â  l'q^»- 
sèment  quelques  jours  après. 

Je  mentionnerai  enfin  parmi  les  tumeui^  qu'on  peut  rencontrer  exceptioone]- 
lement  dans  le  creux  de  l'aissolle  :  1*"  un  kyste  hydatique  oliservé  par  U.  Cm- 
veilhier,  puis  un  kyste  simple  ponctionné  et  injecté  par  Blandin,  au  niveau  il n 


AISSELLE  (rATiiOLOGfK).  359 

teiulun  du  grand  rond  (Bulletins  de  la  Société  anatomique^  année  1847)  ;  2"*  un 
iit'xrome  du  nerf  médian,  extirpé  dans  laissellc  par  Lenoir  (Bulletins  de  la 
Société  anatomique,  1838);  S*"  un  lipome,  au  centre  duquel  H.  Estevenet  a 
iviKontré  une  concrétion  osseuse  (Bulletins  de  la  Société  anatomiquej  1841)  ; 
i"  un  kyste  séro-sébacé  de  la  paroi  antérieure  do  i'aisselle,  présenté  par  BI.  Ver- 
iieuil  à  la  Société  anatomique  en  1  856. 

Tous  ces  faits  sont  trop  peu  nombreux  pour  qu'il  soit  possible  de  tirer  des  conclusions 
théoriques  ;  il  suffisait  de  les  indiquer  aussi  brièvement  que  nous  venons  de  le  faire. 

VI    GOUSIDÉBATIONS  GÉNÉRALES  RELATIVES  AU  DIAGNOSTIC  DES  TDMBURS  DE  l'aISSBLLC 

ET  ADX  OPÉRATIONS  QUE  CELLES-CI  NÉCESSITENT.  Nous  avous  iusisté,  à  Toccasion  des 
diverses  maladies  qui  peuvent  se  rencontrer  dans  le  creux  de  laisselle,  sur  le  dia- 
gnostic et  sur  la  thérapeutique  de  chacune  d'elles  ;  mais  nous  croyons  utile  de 
revenir  en  quelques  mots  sur  l'ensemble  de  ces  affections. 

On  peut  d'abord  ranger  à  part  et  faire  le  diagnostic  des  maladies  inflammatoires. 
Laeaîté  des  symptômes,  la  rougeur,  la  chaleur,  la  douleur  très-vive,  enfin  l'état 
tebrile,  sont  autant  d'éléments  pour  le  diagnostic.  Cependant  il  est  une  cause  d'er- 
reur grave  qu'il  faut  indiquer  ;  nombre  de  fois,  les  anévrysmes  de  l'artère  axillaire 
ont  été  pris  et  ouverts  comme  de  simples  abcès  phlegmoneux.  On  sait  en  eflet 
que  la  présence  d'un  anévrysme  peut  déterminer  dans  le  tissu  cellulaire  une  irri- 
tation qui  se  termine  parfois  par  la  formation  d'un  abcès  ;  mais  l'erreur  est  due, 
dans  œs  cas,  à  un  défaut  d'attention  de  la  part  du  diirurgien.  En  se  renseignant, 
on  peut  apprendre  que  la  région  a  été  le  siège  d'une  violence  antérieure  aux  acci- 
dents inflammatoires  (plaie,  réduction  d'une  luxation,  etc.),  ou  bien  encore  les 
malades  vous  disent  que  le  creux  de  l'aisselle  est  occupé  depuis  longtemps  par  une 
tuméfaction  plus  ou  moias  gênante,  parfois  même  douloureuse.  Les  abcès  qui  se 
développent  autour  d'un  anévrysme  ont  une  situation,  une  direction,  une  forme, 
en  un  mot  une  apparence  anormale.  Les  causes  habituelles  de  ces  sortes  de  dépôts 
n'existent  pas,  et  de  plus  il  est  facile  de  noter  des  pulsations,  une  sorte  d'expan- 
sion de  la  tumeur,  sans  compter  quelques  troubles  dans  le  pouls  radial,  comparé  â 
celui  du  côté  opposé  ;  enfin  il  y  a  toujours  un  bruit  de  souffle  caractéristique  de 
l'altération  vasculaire.  Néanmoins  on  rencontre  parfois  des  cas  très-embarrassants, 
et  il  &ut  toujours  avoir  présente'  à  l'esprit  la  possibilité  d'une  erreur. 

Les  différentes  tumeurs  de  l'aisselle  se  distinguent  aisément  des  maladies 
inflammatoires,  par  l'absence  des  symptômes  aigus.  Au  début,  tous  les  engorge- 
ments de  cette  r^on  se  traduisent  par  une  gêne  continuelle  et  mal  définie  dans 
les  mouvements  du  bras.  Mais  bientôt  h  cette  difficulté  succède  une  diminution 
très-notnble  dans  les  mouvements  d'abduction  ;  c'est  là  un  symptôme  qui  ne  manque 
preaqne  jamais.  Plus  tard,  alors  que  les  tumeurs,  plus  ou  moins  volumineuses, 
remplissent  le  creux  axillaire,  on  voit  paraître  un  signe  inverse  :  le  bras  est  ron- 
slamment  éloigné  de  la  poitrine,  il  est  plus  ou  moins  porté  en  arrière,  mais  toujours 
l'adduction  est  très-limitée. 

Les  engorgements  ganglionnaires,  quelle  que  soit  leur  nature,  [lortent  toujours  sur 
plusieurs  glandes  à  la  fois,  et  c'est  là  un  moyen  de  diagnostic,  surtout  lorsqu'il 
»  agit  de  maladies  consécutives  à  des  tumeurs  du  sein  ou  à  des  lésions  du  membre 
thoracique.  Les  affections  mono-ganglionnaires  sont  rares  ;  c'est  ainsi  que  procède 
quelquefois  le  cancer  primitif  des  ganglions. 

La  marche  rapide  est  le  propre  des  adénites  cancéreuses,  tandis  que  les  outres 
dégénérescences  des  ganglions  progressent  avec  une  grande  lenteur. 


560  AISSELLE  (pathologie). 

Le  volume  que  soiil  susceptibles  d'acquérir  les  gauglious  peut  servir  comme 
élément  de  diagnostic  ;  c'est  ainsi  que  les  hypertrophies  simples,  les  dégéDéres* 
cences  fibro-plastiques,  les  cancers,  donnent  aux  glandes  de  Taisselle  des  dimen- 
sions quelquefois  énormes  :  le  poing,  une  tète  de  fœtus,  et  plus. 

FiOrsqu'il  s*agit  d'une  hypertrophie  simple,  les  ganglions  restent  souples,  ék.<^ 
tiques,  tandis  qu'ils  sont  durs,  plus  ou  moins  fermes,  lorsL|u'ils  sont  remplis  de 
tissu  fibreux  ou  fîbro-plastique. 

Les  engorgements  scrofuleux  ou  tuberculeux  sont  formés  pour  un  grand  nombre 
de  glandes  qui  restent  petites  et  dont  la  consistance  est  trës-irrégulièrc,  suiTant 
l'époque  de  la  maladie  et  suivant  le  degré  du  ramollissement  des  tubercules.  L*état 
général  doit  dans  ces  cas  être  pris  en  sérieuse  considération. 

Les  adénites  inflammatoires  à  marche  subaigué  peuvent  donner  lieu,  quoique 
exceptionnellement,  à  des  tumeurs  kystiques,  ou  bien  encore  à  des  dégéaéresœnces 
fibro-plastiques. 

En  dehors  des  maladies  qui  se  développent  dans  les  ganglions  de  raîsselle  vi 
dont  nous  venons  d'indiquer  les  principaux  symptômes,  il  faut  encore  songer  : 
1'  aux  tumeurs  provenant  des  os,  exostoses  ostéo-cartilagineuses  de  la  partie  sopé- 
rieure  de  l'humérus,  assez  fréquentes  chez  les  enfants  ;  enchondromes  du  bec  oora- 
coïdien  :  toutes  ces  tumeurs  sont  dures,  bosselées,  se  développent  lentement, 
acquièrent  parfois  un  volume  énorme  ;  2*  à  quelques  kystes  simples  et  hydatiques  ; 
3*  à  un  lipome  ou  à  une  masse  fibro-graisseuse. 

Dans  toutes  les  aflections  de  l'aisselle,  il  est  toujours  sage  et  parfois  indispen- 
sable d'explorer  les  artères  de  l'avant-bras  et  du  bras,  d'ausculter  les  tumeurs. 
On  fera  encore  bien  d'étudier  la  sensibilité  et  la  motilité  du  membre  supérieur. 
On  constatera  enfin  si  la  circulation  veineuse  est  libre,  c'est-à-dire  s'il  y  a  ou  non 
de  l'oedème  de  la  main.  C'est  en  réunissant  toutes  ces  explorations  qu'on  arriven 
au  diagnostic  des  maladies  de  l'aisselle;  c'est  ainsi  qu'on  pourra  constater  les  rap- 
ports médiats  ou  immédiats  des  tumeurs  avec  les  vaisseaux  et  les  nerfs  ;  enfin  c'e>t 
ainsi  qu'on  pourra  prévoira  l'avance  la  facilité  des  opérations,  ou  bien  les  grave< 
inconvénients,  tels  que  l'hémorrhagie,  l'introduction  de  l'air  dans  les  veine»,  qui 
pourraient  acccmpagner  l'extirpation  des  masses  ganglionnaires. 

Quant  aux  règles  qui  doivent  présider  à  l'ablation  des  tumeurs  de  l'aisselle,  nous 
avons  peu  de  chose  a  en  dire.  Autant  que  possible  il  faudra  extirper  les  tumeurs 
sans  intéresser  les  parois  du  creux  axillaire  ;  néanmoins  les  incisions  devront  être 
longues,  afin  do  faciliter  la  manœuvre,  les  dissections  délicates  et  surtout  k  liga- 
ture des  nombreuses  artères  qui  peuvent  être  intéressées.  C'est  dans  cette  direction 
d'idée  qu'il  ne  faut  pas  hésiter  à  couper  transversalement  le  grand  pectoral,  comme 
un  bon  moyen  de  faciliter  l'extirpation  d'une  tumeur  trop  volumineuse  et  située 
très-profondément  vers  le  sommet  de  la  région,  ou  sous  la  clavicule.  C'est  dans  ct^ 
cas  où  l'on  se  trouvera  quelquefois  bien  d'enlever  les  tumeurs  par  le  procédé  du 
morcellement.  Dans  quelques  circonstances  exceptionnelles,  l'extirpation  des  tu- 
meurs de  l'aisselle  peut  exiger  la  désarticulation  de  l'épaule  {vay.  Gazette  des  Va- 
jntaux,  1861). 

Fistules  du  creux  de  Vaisselle.  Les  abcès  superficiels  de  la  région  axillaire 
s'accompagnent  souvent  do  décollements  de  la  peau  et  restent  parfois  fistuleux. 
mais  le  débridement,  comme  pour  toutes  les  régions,  donne  ordinairement  de  bon^ 
résultats.  Il  n'en  est  plus  de  même  pour  certains  trajets  fistuleux  qui  parcourent 
ttmte  la  hauteur  du  creux  do  l'aisselle,  depuis  sa  base  jiisiprâ  son  sommet.  Co« 
fistules,  qui  peuvent  «Hre  entrolenuos  par  une  maladie  dos  os  voisins,  tiennent  le 


AIX-EN. PROVENGE  (eaitx  minâb.).  561 

plus  souvent  à  ce  que  les  parois  de  Taisselle  ont  été  privées  du  tissu  cellulaire  qui 
les  doublait,  lequel  a  été  entraîné  par  une  suppuration  abondante  de  toute  la  cavité  ; 
il  en  résulte  alors  des  adhérences  irréguliëres  et  des  impossibilités  matérielles  à  ce 
que  la  cicatrice  se  forme  complètement.  Rien  n'est  difficile  à  guérir  comme  ces 
tnjets  fistuleux,  qui  sont  toujours  accompagnés  d'une  grande  difficulté  dans  Tal)- 
iluriion  de  rhumérus. 

li^rsque  ces  fistules  sont  éUihlies,  la  persistance  tient  surtout  à  l'organisation  du 
trajet  fistuleux  et  par  conséquent  à  la  présence  d'une  sorte  de  muqueuse  qui 
4crhie  continuellement  du  muco-pus.  La  compression  peut  réussir  à  fermer  ces 
listnles;  mais  pour  arriver  plus  sûrement  à  la  guérison,  il  est  nécessaire  de  régu- 
lariser les  trajets  fistuleux  par  des  débridements  étendus  et  multiples,  puis  de 
modifier  les  tissus  indurés  par  la  cautérisation  avec  le  fer  rouge. 

DOLBEAU. 

BnuoGBAnnE.  —  —  Velmud.  Article  Aisselle,  in  Dictûmnaire  en  30  volumes.  —  MiLATON. 
irtiele  Aissellb,  in  Paih.  chir.,  t.  V.  —  Malgaighc.  Traité  des  luxations,  p.  152  et  sui- 
Mnes.  —  Ya5la£r.  Thèse  de  Paris,  1817,  n-  425.  —  Poupon.  Thèse  de  Paris,  1845.  — 
Simc-CoLovBB.  Diaçm,  des  diverses  espèces  de  tumeurs  de  Vaisselle,  Paris,  1839.  — 
GodBiASA.  Thèse,  1852.  —  Touraitte.  Thèse,  1854.  —  Milbt.  Thèse.  1855.  -^Bulletins  de  la 
S$e.  de  Chirurgie,  passim.  —  Bulletins  de  la  Soc.  Analomique,  passira.  D. 

AimiN  ou  AITKEIV  (John).  Chirurgien  écossais  très-distingué;  il  était 
membre  du  Collège  des  chirurgiens,  et  attaché  à  l'Hôpital  royal  d'Edimbourg,  pro- 
fesseur d*anatomie  et  de  chirurgie  à  l'Université.  11  s'est,  dit-on,  suicidé  (1790) 
ri)  s'ourrant  l'artère  crurale,  en  présence  et  à  F  insu  de  quelques  médecins  qu'il 
avait  fait  appeler  sous  prétexte  de  les  consulter.  Il  a  laissé  les  ouvrages  suivants  : 

Cmupeetus  rei  clùrurgie»,  morbos,  operatianes,  instrumenta  et  administrationem  syste- 
mstke  ttmp/ect*ns.  Edinburgi,  1778,  in-8.  —  Systematic  éléments  of  the  Theory  and  Prae- 
ike  ofPhysie  and  Surgery.  Edinburgh,  1779,  in<8.  —  Eléments  ofthe  Theory  and  Practice 
•fPkysic  and  Surgery.  Lond.,  1783,  2  vol.  in-^.  Le  tome  II  est  une  seconde  édition  corrigée 
n  aogmentée  de  Touvrage  précédent  —  Prindples  of  Midwifery  or  Puerpéral  Medicine. 
Edimb.,  1783,  in-8,  pi.  31.  iMd.,  1785;  et  Lond.,  1786,  in-8.  —  Essay  on  Fractures  and 
ÏMxatiims.  Lond.,  1790,  in-8.  E.  Bgd. 


AnL-ew-PBOWE^CE  (Eaax  minérales  d*) .  Hyperthermales  OU  mésother- 
mnleSj  amétaUites,  carboniques  faibles.  On  se  rend  de  Paris  à  Aix  par  le  chemin 
Ae  fer  de  Lyon,  Rognac  et  Aix.  Aix-en-Provence,  sous-préfecture  du  déparlement 
des  Boucbes^u-Rhône,  est  à  90  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  Méditer- 
nnt^.  La  température  des  mois  de  la  saison  thermale  est,  en  mai,  de  i  6^  centigr.  ; 
«^n  juin,  de  20*  ;  en  juillet  et  en  août,  de  25®,  et  en  septembre,  de  18®. 

Tous  les  griffons  d'.\i\  viennent  d'une  nappe  commune,  très-probablement  de  la 
base  du  mont  de  Sainte-Victoire;  les  principaux  émergent  au  milieu  de  la  ville. 
L'un  d'eux  alimente  la  fontaine  publique  de  la  rue  du  Cours^  et  très-probablement 
ir5  puits  thermaux  du  voisinage.  Les  autres  ont  leur  origine  à  400  mètres  plus 
Knn,  dans  l'intérieur  même  de  l'établissement  thermal  et  dans  les  terrains  qui 
t'environnent.  Ils  sortent  entre  les  fissures  du  rocher  ;  leur  eau  entraîne  de  la 
UTre  et  du  fiable ,  des  bulles  gazeuses  la  traversent  et  viennent  crever  à  sa  sur- 
Cicp.  Les  filets  qui  composent  la  source  Sextius,  qui  alimente  l'établissement 
thermal,  sont  seuls  intéressants  pour  le  médecin  ;  ils  doivent  donc  nous  occuper 
<*Ydusi¥ement. 

L'eaii  thermale  d'Aix-en-Provence  est  d'une  limpidité  parfaite  ;  elle  n'a  ni  odeur 


« 


362  AIX-EN-PROVBNGE  (baux  mink».). 

ni  saveur,  elle  est  douce,  un  peu  onctueuse  au  toucher.  Rlle  n'a  aucune  action  Mir 
le  papier  ou  sur  la  teinture  de  tournesol  ;  sa  température  est  de  30^,35  œnti^r 
au  griflbn,  de  ^^^  centigrade  dans  les  réservoirs  et  de  35*^  centigrade  seulement 
lorsqu'elle  est  arrivée  dans  les  baignoires  de  marbre  de  l'établissement.  Son  poid 
spécifique  est  à  peu  près  le  même  que  celui  de  l'eau  distillée. 

La  dernière  analyse  chimique  des  eaux  de  Sextius,  faile  en  1855  par  MM.  Ixi- 
^leo  et  Dony,  a  donné,  par  1000  grammes  : 

Carlionate  de  chiux ^  .  .  .    0,1^17 

—  magnéùe O.OSSS 

Chlonire  de  ralciam 0,0060 

—  inagDé»iuin 0,00S9 

Sulfate  de  Mude 0,01% 

—         magaé&ie • 0,0014 

Silice 0,0017 

Alumine  et  oxyde  de  fer 0,00tl 

Matière  organique 0,0007 

Iode traces 

Total  du  MATiiasa  ma» 0,Si4S 

Gaz  acide  carbonique,  quantité  indéterminée. 

L'établissement  d'Aix -en-Provence  était  un  peu  délaissé;  il  va  acquérir  une 
certaine  importance  par  les  travaux  qu'on  vient  d'y  exécuter.  Le  captaf^e  àt 
la  source  Sextius  a  été  amélioré,  l'installation  et  l'aménagement  de  la  msiaon 
de  bnins  se  sont  perfectionnés,  de  sorte  que  l'établissement  thermal  se  com|MhP 
actuellement  d'une  buvette,  de  30  cabinets  de  baimi,  d'une  piscine  de  natation  de 
14  mètres  de  longueur  sur  7  mètres  de  largeur,  d'une  division  de  douches  et  d'unt* 
éluve. 

Mode  d'administration  et  doses.  Les  eaux  d'Aix  se  donnent  eu  boisson  à  1j 
dose  de  quatre  à  huit  verres  par  jour,  le  matin,  à  jeun,  et  de  quart  d'heure  en  quart 
d'heure.  Dans  certains  cas  |)articuliers,  les  buveurs  doivent,  chaque  semaine,  ajouter 
à  leur  eau  40  ou  45  grammes  d'un  sel  neutre.  Les  bains  de  baignoires  sont  d'une  heun* 
en  général,  mais  les  bains  de  piscine  doivent  être  conseillés  d'une  durée  de  tmi» 
à  six  heures.  M.  l'inspecteur  Goyrand,  auquel  sont  dus  les  détails  de  œt  artic^. 
veut  essayer  d'obtenir  les  mêmes  résultats  qu'à  un  établissement  oél&re  de  b 
Suisse  (wj/.  Loeche),  dont  les  eaux  ont  une  grande  analogie  de  oompositioo  dii* 
mique,  sinon  de  température,  avec  celles  d'Àix-en-Provence.  L'admiuistntioQ 
fies  douches  d'eau  et  le  séjour  dans  l'étuve  d'Aix  ne  présentent  rien  de  pir- 
ticulier. 

Emploi  thérapeutique.  Ces  eaux,  en  Ijoisson,  ont-elles  une  action  diurétiquf? 
Il  est  assez  difficile  de  dire  si  la  quantité  d'urine  est  sensiblement  plus  oonsidénblt 
que  la  quantité  d'eau  ingérée  ;  mais  il  est  certain  que  cette  eau  minémie  est  pla^ 
promptement  assimilée  que  l'eau  commune,  et  qu'elle  donne  un  besoin  d'urioit 
presque  immédiat.  Cette  propriété  a  naturellement  conduit  à  son  emploi  inléritMir 
dans  les  aflectioiis  des  voies  urinaires  (néphrites  chroniques,  coliques  néphrétiques. 
gravelles,  catarrhes  vésicaux),  où  l'expérience  a  prouvé  qu'elle  rend  alors  de  grande 
services. 

L'utilité  de  cette  eau  en  boisson,  en  bains  et  en  douches,  n'est  pas  contestée  non 
plus  dans  les  dermatoses  (eczéma,  pityriasis,  etc.)  existant  chez  des  personnes  tA- 
lement  nerveuses,  qu'un  traitement  par  les  eaux  sulfureuses  est  absolument  impu^ 
sible.  C'est  alors  qu'il  faut  ajouter  des  sels  purgatifs,  tous  les  huit  jours,  k  h  boruufi 
thermale,  et  que  les  Ijoins  do  piscine  prolongés  doivent  être  prescrits. 

lies  bains  et  les  douches  d'eau  et  de  va|)eur  constituent  presque  eichisÎTement 


AIX-LA-CHAPt:LLK  (radx  NiNéR.).  563 

ie  traitement  thermal  des  rhumatisants.  La  température  native  de  l'eau  de  la 
source  Sextius,  arrivée  aux  robinets  des  baignoires,  et  surtotit  des  douches,  n*est 
pas  suffisante  pour  les  besoins  du  service,  et  l'on  est  obligé  de  la  chaufier  artificiel- 
lement. 

Les  eaux  de  Sextius,  enfin,  en  douches  générales  et  locales,  pendant  ou  après  le 
bain,  sont  depuis  longtemps  en  grande  réputation  chez  les  femmes  aflectées  de 
souilrancfê  utérines  rebelles,  caractérisées  par  des  leucorrhées,  par  des  douleurs  des 
lombes,  des  aines,  de  Thypogastre  ou  des  membres  abdominaux,  qui  rendent  la 
marche  difficile  et  la  station  verticale  à  peu  près  impossible  (Goyrand). 

La  durée  de  la  cure  est  de  25  à  50  jours. 

Ou  n  exporte  pas  les  eaux  d'Aix-en-Provence. 

BiMjoGKApniB.  —  PiTTow  (JeaD-ScoIastique).  I.es  eaux  chaudes  de  la  ville  d^Atx,  etc.  Aix, 
i67H.  —  Ladtieb  (Honoré-Marie).  H%%t.  nul.  dit  eaux  d'Aix-en-Provence,  etc.,  Aix,  1705. 
—  Aksaoo  (Louis).  Traité  dei  eaux  nùn,  dÂix^en-Pravence,  etc.  Avignon  et  Aix,  1105.  — 
ÉMfucB  (Antoine  Aucane).  Analyse  des  eaux  min.  d^Aix,  oie.  Avignon,  1705.— Valehtin  (Louis). 
KottM  sur  les  eaux  therm.  de  Balaruc,  Digne,  Gréaulx,  Aix.  In  Joum,  de  méd.  de  Carmart, 
Irrmx  et  Bayer,  1811,  t.  XXI,  p.  108.— Robbbt,  Essai  Mst.  et  méd.  sur  les  eauxtherm.  if  Aix. 

A.  ROTURBAU. 

Aix-LA-CHArELLE  (Eanx  nîfaiérai«s  d').  Eyperihermoles,  chloTurées 
sodiques  moyennes,  sulfurées  sadiques  faibles,  sulfureuses  fortes,  azotée.  De 
Paris,  le  chemin  de  fer  du  Nord,  ligne  d'Erquelines,  conduit  en  neuf  heures,  par 
Liège,  à  Aix-la-Chapelle  ou  Aacheii . 

Cette  ville,  de  52,000  habitants,  est  une  des  plus  belles  de.  la  Prusse  rhénane  ; 
elle  est  à  180  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  et  la  température  moyenne 
do  Fair  des  mois  de  Tannée  est  de  9®  centigrade.  —  La  saison  commence  le 
1^  mai  et  finit  le  !•'  octobre. 

Outre  quelques  sources  ferrugineuses  qui  ne  sont  guère  connues  que  des  méde- 
cins d'Aix-la-Chapelle,  on  compte  quatre  sources  principales.  Deux  dites  supé- 
rieures: la  Kaiserbrunnen  (source  de  TEmpereur)  et  la  Qiiirinusbrunnen  (source 
de  Quirinus)  ;  et  deux  inférieures  :  la  Corneliusbiiinnen  (source  de  Cornelms)  et 
la  Hosenbrunnen  (source  de  la  Rose). 

i"  Kaiserbrunnen.  La  fontaine  de  ce  nom  est  dans  Tintérieur  du  Kaiserbad 
(bain  de  l'Empereur),  rue  Bûchel,  n°  1223.  La  source  qui  alimente  cet  établis- 
sement est  la  plus  abondante,  la  plus  chaude  et  la  plus  chargée  en  principes  mi- 
néfaliàatenrs  de  toutes  celles  de  la  station  thermale.  Ses  eaux  se  rendent  au 
Kaiserhof  (hôtel  de  l'Empereur) ,  au  Neubad  (bain  nouveau),  à  Elisenquelie 
(fontaine  Élyse),  nommée  encore  Trinkquelle  (fontaine  de  la  boisson),  aux 
biins  de  l'hôtel  de  la  Reine  de  Hongrie  {das  Bad  zur  Kônigin  von  Vngam), 
MaUhof,  nMi84. 

La  fontaine  Élyse,  située  sur  une  des  places  principales  de  la  ville,  est  visitée 
par  presque  tous  ceux  à  qui  l'eau  d'Aix-la-ChapeHe  est  prescrite  en  boisson. 
Iteux  escaliers  conduisent  de  la  place  à  l'espace  circulaire,  garni  d'une  grille  de 
fer,  qui  est  le  prétoire  de  cette  fontaine,  au-dessus  de  laquelle  on  a  élevé  la  statue 
d'Elisabeth,  reine  de  Prusse. 

L'eau  de  Kaiserbrunnen  est  très-limpide,  elle  a  une  odeur  fortement  sulfureuse 
et  une  saveur  à  la  fois  hépatique  et  clilorurée.  Sn  réaction  est  neutre,  sa  tempéra- 
ture de  55*^  centigrade.  On  est  obligé  de  la  laisser  refroidir  avant  de  la  boire  ou 
de  l'employer  en  liains.  Son  poids  spécifique  est  de  1 ,00349. 

î/"  processeur  liiebig  a  fait  en  1851  l'analyse  des  diverses  sources  sulfureuses 


.(;i  AIX-LA-CHAPELLE  (eaix  hinâr.)- 

(1  Aix- la-Chapelle  ;  nous  allons  donner  le  tableau  des  résultats  obtenus  par  ce  rlii- 
iiii>te>  après  avoir  tait  la  topographie  et  la  description  de  chacune  d'elles. 

'i*'  Quirinusbrunnen,  Cette  source  alimente  la  buvette  particulière  et  la  salle 
de  baia^i  de  Quirinushof  (hôtel  de  Quirinus),  Platzhof,  n*"  1185.  Elle  a  les  mêmes 
piopriôtés  physiques  et  chimiques  que  i^elle  deKaiserbrunnen,  sa  température  n*est 
((ue  de  19*",  5  centigrade.  Son  poids  spécifique  est  de  1,00327. 

>  Corneliusbfiinnen,  Son  eau  se  rend  à  la  buvette  et  aux  bains  de  Cornf- 
liushof  (hôtel  de  Cornélius),  de  KarUiof  (hàlel  de  Charles),  situés  tous  les  deux 
dans  la  rue  Comphausbad,  le  premier  au  n^  776,  et  le  second  au  n*  777.  Cette 
source  est  la  moins  thermale  d'Âix-la-Chapelle,  et  ne  fait  monter  le  tbennomètrc 
qu'à  45^,  5  centigrade.  Son  poids  spécifique  est  de  1 ,00305. 

i"^  Rosenbf^nnen.  Cette  source  émerge  dans  Bosenhof  (liôtel  de  la  Rose^ 
au  n*  775  de  la  rue  C(»nphausbad.  Un  escalier  conduit  à  la  buvette  de  la  Ro«e, 
qui  est  danâ  le  sous-sol  de  Thôtel  de  cet  établissement.  Les  quatorze  silles  de  bains 
^nt  un  peu  petites,  mais  très-confortablement  installées  ;  leurs  baignoires  sont 
en  contre-bas  du  sol. 

L*eau  de  Rosenbrunnen  alimente  aussi  YArmenbad  (bain  des  Pauvres) ,  situe  sur 
le  Damengraben  (quai  des  Dames),  au  n'  772. 

Sa  température  est  de  47"*  centigrade,  et  son  poids  spécifique  de  1 ,00515. 

1000  grammes  de  l'eau  des  diverses  sources  d'Aachen  renferment,  d'aprè« 
Liebig,  les  principes  suivants  : 

KAitnBBvmm.        qoibiiiomiidji.       cowmuvtBBov.       BiMoraavMn 

ChloniN  de  sodium t,63e40  2.59505  2,46510  2,54588 

Bromure  de  sodium.  .  : 0.00360  0.00360  0,00360  0,OQBtt 

lodnre  de  sodium 0,00051  0,00051  0,00048  O.00049 

Sulfure  de  iiodium 0.00960  0.00SS4  O.OOSU  O.00747 

Carbonate  de  soude 0,65040  0,55267  0,49701  0,51926 

—  rhaux 0.15851  0,17180  0.13178  O.tSSSU 

magnésie 0,06147  0.0'346  0,02495  0,026S2 

—  protoiyde  de  fer  .  .  .  0.00955  0.00520  O.00697  0.00007 

—  manganèM traces.  traces.  trare^.  traeei*. 

—  lithine 0.00029  0,00029  0.00029  O.OÛO» 

—  atrontiane 0.00022  0.00025  0,00019  O.O0O27 

Sulfatp  de  potasse 0.15445  0,15160  0.15663  O,1S400 

—           soude 0,28272  0,29202  0.28664  0.28220 

Silice 0.06611  0,06204  0,06971  0,09BBO 

SubftUnces  organique^ 0,07517  0,09783  0,09279  O.OMSI 

Phosphate  d'alumine j 

Fluorure  de  calcium >  traces.  traces.  iraees.  traee*. 

Ammoniaque ; 

Total  des  MATiÊnES  mes.  .  .  .    4.10190  3,96961  3,73066  3.IIMn$ 

400  volumes  de  gaz  libre  donnent  : 

KAisnaaonwii.  ooianvsaaim.  coaiiKuosaavii.  aosiBaawa«t« 

Cas  aiote C6.98  81,68  pan  d'analyse,  pa^  d^ainhic 

—  acide  carbonique 30,89  17,60                     —                         — 

—  hTdrogéne  proiorarbon^.  ...        1,82  0,72                      -                          — 

—  *    —        sulfuré 0.31  0,00  — 

Total  dks  6az.  .  .     100.00  100,00 

MoDB  d'administration  et  doses.  Les  eaux  d'Aix-la-Chapelle  se  prennent  l 
jeun,  et  en  iaL<«ant  une  demi-heure  d'inter^'alle  entre  chaque  veire.  On  doit  en 
rommencer  Tusagc  par  de  petites  quantités,  un  demi-verre,  un  quart  de  verre  par 
exemple.  Il  est  rare  qu'à  aucune  époque  du  traitement  on  en  prescrive  plus  de 
(rob  verres.  Cela  arrive  quelquefois  cependant,  mais  il  faut  surveiller  très-attenti- 
vement rinOuenoe  qu'elles  exercent  Mir  la  circulation  sanguine,  et  s'arrêter  aui 


AIX-LA-GIIAPELLË  (baux  hinkr.).  365 

premiers  symptômes  d'uue  surexcitation  eiiagérée.  On  les  boit  avec  difficulté  au 
débat;  on  s'haUtue  bientôt  à  leur  saveur,  et  on  finit  par  les  prendre  avec  plaisir. 

La  cure  interne  est  très-importante,  mais  le  traitement  extérieur  est  assurément 
le  phis  suivi  à  Aix-la-Cbapelle.  La  durée  des  bains  d'eau  et  de  vapeur  varie  d*un 
qifioid'beure  à  deux  heures.  Us  ne  sont  point  débilitants  comme  les  bains  ordi- 
naires; ils  rendent  au  contraire  plus  vigoureux,  et  les  eaux  d'Aachen  sont  besm- 
owp  moins  excitantes  que  celles  de  la  plupart  des  sources  sulfurées  et  sulfu- 
reuses. 

L  emploi  des  douches,  si  fréquent  et  si  bien  réglé  à  Aix-la-Chapelle,  est  très- 
remarquable,  parce  qu'il  diminue  la  sensibilité  de  la  peau  aux  transitions  brusques 
de  k  température  extérieure. 

Le  massage  suit  presque  toujours  l'administration  des  douches;  mais  les  malades, 
apiès  être  douchés  et  massés,  font  bien  de  se  livrer  à  un  repos  complet  :  ils  éprou- 
vent alors  un  grand  sentiment  de  calme  et  de  bien-être. 

EiPLOi  THÉRAPEUTIQUE.  Los  médccius  d'Aix-la-Chapelle  ne  revendiquent  pas 
pour  leurs  eaux  hyperthermales,  chlorurées,  sulfurées,  azotées  et  sulfureuses  fortes, 
rKonneur  de  guérir  la  phthisie  pulmonaire  :  ils  reconnaissent  au  contraire  que 
Ton  doit  en  tenir  éloignés  ceux  qui  sont  atteints  de  cette  cruelle  afTectiou,  quel 
que  soit  son  degré. 

Les  eaux  d'Âachen,  à  rintérieur,  ont  une  influence  favorable  dans  certaines 
complications  de  la  phthisie,  dans  h.  laryngite  et  le  catarrhe  bronchique  par 
exemple,  qui  accompagnent  le  plus  souvent  la  deuxième  et  la  troisième  période  do 
aite  maladie.  Elles  guérissent  beaucoup  mieux  encore  les  laryngites  et  les  bron- 
chites chroniques  simples.  Dans  ce  cas,  il  convient  de  prescrire,  en  même  teuqis 
que  l'eau  en  boisson,  les  bains  généraux  du  gaz  et  de  la  vapeur  de  l'établissement 
da  Neubad,  dont  l'installation  permet  aux  malades  d'avoir  la  tête  dans  l'appareil. 

Ces  eaux  sont  utiles  aussi  à  l'intérieur,  dans  quelques  affections  de  la  muqueuse 
intestinale,  qui  se  sont  montrées  après  la  disparition  d'une  altération  dartreuse  de 
la  peau. 

Leur  ingestion  est  très-avantageuse  dans  les  catan-hes  des  voies  uriiiaires,  clic 
diminue  la  quantité  d'acide  urique  dans  l'urine;  elle  soulage  beaucoup  aussi  ceux 
qui  portent  de  petits  calculs  dans  un  des  points  des  vuies  uropoiétiques. 

Ces  eaux  sont  très-indiquées  dans  la  période  initiale  de  la  goutte. 

Dans  la  scrofule,  et  particulièrement  dans  l'anémie  scrofuleuse,  le  traitement 
interne,  combiné  avec  la  cure  extérieure,  réussit  parfaitement  à  Aix-la-Chapelle. 

Geseaux  intus  et  extra  sont  opposées  avec  succès  contre  les  intoxications  arseni- 
cales, plombiques,mercurielles,  et  surtout  contre  les  accidents  syphilitiques  secon- 
daires et  tertiaires. 

F/emploi  des  bains  et  des  douches  suivis  de  massage  est  recommandé  avec  raison 
daiis  le  rhumatisme  sub-aigu,  et  surtout  dans  le  rhumatisme  chronique.  Dans  le 
premier  cas,  si  la  maladie  est  accompagnée  de  douleurs  encore  assez  vives  et  d'un 
I^ODflement  assez  notable,  il  ne  faut  prescrire  que  les  bains  de  l'eau  et  de  la  vapeur 
de>  2»ources  d'Aachen.  Les  douches  d'eau  et  de  vapeur,  suivies  d'une  séance  de 
massage,  ont  acquis  une  juste  réputation  a  ces  som'ces,  dans  les  accidents  rhuma- 
tismaux complètement  apyrétiques  n'occiisionnant  de  douleurs  que  lors  des 
Rangements  de  température.  —  Dans  les  paralysies  et  les  névralgies  rhumatis- 
D&les,  la  cure  extérieure  est  presque  exclusivement  employée. 

Quatre  observations,  publiées  par  M.  le  docteur  Wetzlar,  semblent  prouver  l'cf- 
iicacitc  du  traitement  oxtériem  par  les  eaux  d'Aix-la-Chapelle  dans  l'atrophie 


5Uë  AIX-LA-CHAPELLE  (kàox  iriBiR.)* 

musculaire  piogreasive  généralisée  ;  il  est  certain  qu'elles  ont  |4uifti«ui>  fm^ 
guéri  les  atrophies  musculaires  localisées,  d^ori^^ine  rhumatismak*. 

Les  paralysies  qui  reconnaissent  pour  cause  l'hystérie,  la  chlorose,  elc  ,  sont  '« 
peu  près  certainement  guéries  par  les  eaui  d*Aacheu  en  boisson  et  n  Kettéricur. 
il  ne  faut  pas  conclure  de  là  que  le  même  traileinent  thermal  produise  les  ménif» 
résultats  chez  les  personnes  devenues  {xiralytiques  a  la  suite  d'hémorrhagies  réré- 
k-ales,  remontant  même  à  plusieurs  années.  Leur  action  est  tcès^angereohc  d 
peut  être  mortelle  alors,  en  exposant  à  une  apoplexie  nouvelle. 

Dans  les  contractures  rhumatismales,  dans  la  gêde  des  mouvemenis  qui  suit  1»'^ 
fractures,  les  luxations  ou  certaines  cicatrices  vicieuses,  les  hains  et  les  doudie% 
d'eau  et  de  vapeur  donnent  de  bons  résultats.  Le  massage  a  aussi  une  ef1k«cilr 
incontestable. 

L'usage  combiné  des  eaux  et  de  la  vapeur  d'Âix-la-Cbapelle  est  recommandé  ain 
succès  dans  certaines  maladies  de  la  peau.  Les  aflections  vésiculeuses  et  fmstU' 
ieuses  sont  celles  qui  cèdent  le  mieux.  Ainsi  dans  toutes  les  formes  de  rheqi&, 
dans  les  eczémas  chroniques,  dans  les  impétigos  les  plus  rebelles,  dans  les  acoést 
dans  les  sycosis  même,  les  eaux  d'Aix-la-Chapelle  réussissent  souvent,  alors  méuie 
qu'ont  échoué  d'autres  sources  minérales  sulfurées  et  sulfureuses.  Les  affectiom 
paptdeuses  et  squameuses  ne  sont  même  pas  améliorées  le  plus  souvent  à  la 
station  d'Aachen. 

Les  ulcères  atoniques  et  les  trajets  fistuleux,  lorsqu'ils  sont  entretenus  pr  U 
présence  d'un  corps  étranger,  se  cicatrisent  presque  toujours  à  la  suite  de  la  cim^ 
extérieure  à  ces  sources  minérales. 

Ces  eaux  en  bains  généraux,  et  principalement  en  douches  locales,  produisent 
enfin  d'excellents  effets  dans  les  maladies  des  organes  sexuels  de  la  lémme  fengoi- 
genients  du  col  utérin,  leucorrhées,  etc.),  lorsque  surtout  les  personnes  sujette»  à 
ces  accidents  souffrent  ou  ont  souilert  d'affections  herpétiques. 

Durée  de  la  cure,  de  20  à  25  jours. 

Les  eaux  d'Aix-la-Chapelle  ne  sont  guère  employées  que  dans  la  station  theiiiulc. 
Il  n'y  a  que  les  eaux  de  la  fontaine  Ëlyse  qui  soient  evpoi'tées, 

BiiLioGRAPBiE.  —  Fabricivs  [Fraiiç.].  Rwremundamtê,  medicut  aquetuù,  de  bûlneomm  natu- 
raiium  maxime  eorum  gwe  sunt  Aquiêgrani  et  Porceii  natura  et  facHltatilnu,  tum  ipta  rêtme 
itltB  utendum,  Ubelluê.  Coloniie,  apud  Gennepa^um.  1516  —  Pet.  Bauhesius  «.  Brmhetm. 
1555.--J0A.  Bauhinuê.  1612.  — PA.  de  Bogier.idA9.  —  Amlr.  aCeUanava.Bemh.Paterwu, 
Anton,  Guanairhu.  1554.  Les  traités  de  ces  trois  derniers  auteurs  se  trouvent  dans  l'ou- 
\ngc  paru  à  Venise  en  1554,  sou9  le  titre  :  De  balnei»  omnia,  etc  —  Bunioel  (FimDciscu« 
Thermarum  Aquisgranenstum  et  Porcetanarum  description  congruorum  quoque  ac  satuMim 
HSHum  balfieatioms  et  potationis  ffucidatio,  ace.  probsp  aqvarum  Aquisgraneruimm.  Tnj  ad 
Mosam,  1655,  in>12.^  Allemands.  /Egid.  Ueuseh,  1685;  Tourneille,  1006;  Friedrich  Boffmtnn, 
1717;  Cari  Springsfeld,  1748;  Udrou,  17  S9;  Johann  Usoinne  fils,  1781;  Micheis.  ^«3: 
Veling,  1791  ;->  Bklgks.  J. F.  Bersmal,  170  •  ;  Oelile,  1751  ;  Thomas  Uioinne  père.  1738;  de li»- 
iHfurg,  1782.  —  Frasçais.  Didier,  1661;  W.  Chrouet,  1714;  W.  Waiiiw5l,1768.— Awlai».  Pn$k. 
1676;  Charles  Perry,  1754}  De  1m  Rivière,  1736;  C.  Lvcas.  1756;  J.  mttiams.  1772;  Jfhi 
Aseh,  1788.~SoÉDoi8.  Blcmt  1766;  Toltem  Bergmann,  1778.  Ces  deux  derniers  trut<^  ««^ 
trouvent  dans  les  journaux  de  TAcadémie  suédoise. --Hollaicoa».  Franc.  Tonrmet,  1674. 
Math.  Sotders,  17.>l.-^UnsBERG  (Franc.).  Analyse  chimique  des  eaux  therm.  suif.  d'Air-lê' 
Chapelle  et  de  Borcette.  Aix-la-Chapelle.  1810.  —  HOmER  (D'  B.  H).  Ein  Wort  m  »et9fr 
Zeit  ûher  die  Mineralquellen  nnd  Bdder  in  Aaehen.  1819.— MomiEia  (J.  P.  J.)  Dte  Hed- 
quellen  von  Aaehen,  Burischeid,  Spaa,  Malmedy  und  Heiistein,  in  iltren  hiêtarische».  geoga^ 
stischen,  phy^iscften,  chemischen  und  mediciniseh/n  Beziehungen,  îiebst  einer  Karte  bl^I 
einem  Titeikupfer.  Aaehen,  1829,  in-«.  — Liebig  (professor  Justus  von  .  Chentische  tutfr- 
snchung  der  Schwefelquellen  Aaehens.  Aaehen  und  Leipsig,  1851.  ->  Rsom^t  (D*  ^ 
Aaehen  und  seins  lleitqueUen.  Aaehen,  1828.— Zitterl and  [d' i .  Aachens  UeitqneUen.  Kin  Uané- 
bnch  t\sr  Aerzte,  sowie  ein  unentbehrlicher  Bathgeber  fur  Brunnengdste.  ln-8.  Aacheo.  IKô^i 


ÂIX-LKS-BAINS  (KAUi  hjnk;b.).  3»7 

—  Ike  nemaiideekteH  EiunqueUen  in  Âachen  mid  BurUeheid,  ueM  einer  Nachrieht  uber 
ée  (kwmmmg  de*  Thermaisalse»  da  telM.  In-IO,  Aachen.  —  Wi:ni.AR  (D'  A.-M.].  Phyii- 
nm  ai  Aix-la-Chapeiley  a  Demriplion  ef  the  Minerai  Springs  of  Aix-la-Chapelle  ani  Bor- 
cfttf  mtk  iome  Account  oftheCuriosities  ofboth  Places  and  Environs.  In-8.  London  and 
Ux-b^8peUe,  ISiS.  — Daboorvillb  ;d'  A.).  Deêcription  of  the  Waters  of  Aix-la-Chapelle 
mtk  l^eeUmu  /6r  thdr  Use^  trantlated  flrom  the  Publication  in  French.  —  Moivheiii,  Zittbh- 
LU»,  DABm»!«Tiu.Kr  HôpnriB,  Beoboht,  Scrbeibeb  et  Wetzlab.  AiX'la-Chapelle,  Borcette  et 
Spm.  Aix-lft-Chapelle,  1845.  —  KoBtra  (E.  G.  Th.).  VoUstàndige  medécirnsch-physicaltMche 
ikhandlung  uber  die  wahren  Uineratqftellen  und  Bdder  in  Aachen  und  Burtscheid.  In-8. 
mit  Zusâtien.  Hanim,  1818. —  Rkunotit  [D'  Alexander).  Denktchrift  uber  die  Einrichtung 
nUdindiger  Apparate  zum  Einathmeu  der  Gase  und  Dàmpfe  der  Schwefelthermen  su 
Àaehen.  Aachen,  4855.  —  Berrath  (Henri).  Guide  dans  Aix-la-Cliapelle,  Borcette  et  ses 
amrons.  Avec  plan.  1853.  —  Babth  (D'  G.].  De  l'usage  des  eaux  minérales  pendant  la 
Êmét  et  9mm  de  repos  en  général,  et  en  particulier  des  eaux  thermales  sulfureuses  alca- 
Unes  d Aix-la-Chapelle  et  de  Borcette.  Aix-la-Chapelle.~  Qum  (Ehr.).  Gesehichte  der  Sladt 
Àaehen,  naek  Quellen  bearbeitet,  mit  einem  Codex  diplomaticus  aquensis.  In-4.  Aachen, 
1849-1841.  In  Commission  bei  J.  Hensenet  Comp. —  WETzrAB.  Practical  Observations  on  the 
Cure  of  S^pkititic  Affections  by  the  Aix-larChapelle  hot  SulpJiureous  Waters.  Aix-la-Clia- 
pdle,  1860.  A.  ROTUREAU. 

Aix-UBS-BAINS  (EanmlBéralcAd').  Hyperthermales^  amétallites,  sul- 
fureuses ^  azotées  ei  carboniques,  (Par  Mâcon,  Bourg,  Cuioz).  Aix  ast  une  sUtion 
du  chemin  de  fer  de  Victor-Emmanuel. 

bans  le  département  de  la  Haute-Savoie,  Aix  est  à  258  mètres  au-dessus  du 
riireau  de  la  mer,  à  32  mètres  au-dessus  du  lac  du  Bourget,  qui  occupe  le  fond  de  la 
Tallée.  L'établissement  d' Aix  appartient  à  l'État.  Population,  4200  haJ^itants  ;  tempé- 
rature moyenne  pendant  la  saison  thermale,  21°  centigrade.  Aix  se  trouve  ainsi  dans 
treicclientes  conditions  topographiques  pour  le  traitement  des  affections  dont  la  gué- 
risoD  exige  une  température  assez  élevée  et  des  variations  atmosphériques  peu  sensi- 
bles. On  peut  y  suivre  un  traitement  thermal  toute  Tannée  ;  mais  la  saison  officielle 
commence  le  15  mai  et  finit  le  1*'  novembre. 

Deux  sources  alimentent  rétablissement  d'Aix-les-Bains  :  Tune  se  nomme  la 
snurce  ttAlun^  du  Souterrain,  de  Saint-Paul;  Tautre  la  source  de  Soufre.  Une 
litnsiènie,  nommée  source  Saint-Simon ,  est  quelquefois  employée  en  boisson. 

!•  Source  d^Alun,  Elle  émerge,  à  Test  de  la  ville,  dans  une  galerie  creusée 
(lans  la  roche  vive,  et  qui  est  une  des  curiosités  de  cette  station  thermale.  Son 
débit  est  de  48.124  litres  en  24  heures,  soit  3.542  litres  par  minute. 

L*eau  de  cette  source,  vue  au  griffon,  est  recouverte  d'une  couche  de  barégine 
^isàtre,  douce  au  toucher,  au-dessous  de  laquelle  Teau  est  claire,  limpide  et  trans- 
[«rente;  elle  a  une  odeur  et  une  saveur  assez  désagréables,  mais  très-peu  hépa- 
tiques; elle  est  traversée  par  de  grosses  bulles  gazeuses  qui  viennent  de  temps  en 
temps  crèvera  sa  surface.  àSa  réaction  est  franchement  alcaline.  La  température  de 
U  galerie  étant  de  58«  centigrade,  celle  de  Teau  est  de  43°,5  centigrade  ;  son  poids 
Npéfiûque  est  de  1,00025. 

M.  Bonjean,  chimiste  5  Chambéry,  a  trouvé,  dans  1000  grammes  de  Teau  de  la 
source  d*Alnn  : 

Acide  hilicique * 0|00430 

Phosphate  d'alumiDe «   | 

—  de  cbaui j     0,00249 

Floonire  de  calcium. ' 

Carbonate  de  chaux O.IRIOO 

—  magnésie 0,01W0 

_  fer 0,00936 

—  strontiaiie trace* 

0,97435 


568  AIX-LËS-BAINS  (kaux  minêh.)* 

Report.  0,S7433 

Sulfate  de  soude 0,01240 

—  chaux 0,01500 

—  magnésie .  0,05100 

—  alumine 0,00910 

—  fer traces 

Chlorure  de  sodium 0,01400 

->  magnésium < 0,02200 

Glairinc •  .    quantité  ii 

Terte 0,00724 

Total  des  lunàass  nxsb 0,4105B 

iAzoUs 0,00010  litre. 

Acide  sulfbydrique 0,02600 

~     carbonique 0,01334 

Oxygène 0,01840 

Total  dis  gaz 0,13784 

2^  Source  de  Soufre.  Une  forte  dalle  de  pierre,  placée  entre  le  cabinet  u*  i 
cl  la  salle  d'inhalation  des  hommes,  recouvre  le  bassin  de  la  source  de  Soufre.  Si 
vapeur  monte  par  une  colonne  creuse,  et  se  répand  dans  les  anciennes  salles  d*inlia- 
lation  gazeuse. 

Cette  source  a  un  débit  de  1 .550  litres  par  minute  ;  son  eau,  vue  en  masse,  e^ 
laiteuse  ;  son  odeur  est  plus  sulfureuse  que  celle  de  la  source  d'Alun  ;  sou  goût  ^ 
aussi  plus  désagréable.  Des  bulles  gazeuses,  très-petites  et  très-fines,  agitent  cou- 
stamment  Teau  du  l)ossin,  et  produisent  à  sa  surfîice  l'image  des  gouttes  d*on4' 
pluie  tombant  sur  un  lac.  Sa  réaction  est  alcaline,  sa  température  de  44®, 7  ceiili- 
grade,  son  poids  spécifique  de  1,00024. 

1000  grammes  de  cette  eau  ont  donné  à  M.  Bonjean  : 

Acido  silicique O.OHoOO 

Hrasphate  d'alumine ) 

—  chaux >    0.00249 

Fluorure  de  calciu.ii ' 

Carbonate  de  chaux 0,14850 

—  magnésie 0,02587 

fer 0.00886 

—  «Irontiaup traces 

Sulfate  de  soude 0,09002 

—  chaux 0,01900 

—  magnésie 0,05827 

—  alumine 0,06480 

—  fer traœâ 

Ciilonire  de  sodium 0,0U792 

—  magnésium 0,0l7il 

lodure  alcalin Inces 

Glairine,  quant,  indci. 

Perte 0.01200 

Total  dbs  MATiftni»  mx» 0,42904 

(  Aïole 0,0S2O4 

Gaz. .  .  {  Acide  sulfhydrique  libre 0,04140 

'    —    carbonique 0,02S78 

Total  des  6ai 0,09922 

MM.  Henry  lils  et  Bonjean  ont  reconnu  de  plus  la  présence  de  l'iode  et  du 
brome  dans  Teau  des  deux  sources  précédentes. 

S"^  Source  Saint-Simon.   À  1  kilomètre  d'Aix  ;  elle  sort  d*un  terrain  d  «IIutIoik 

Eau  claire,  limpide,  transparente,  incolore  et  inodore,  n'ayant  pas  de  sa- 
veur prononcée,  réaction  alcaline,  température  de  19*,5  centigi*ade;  yM^ 
spécifique,!, 0002. 

Analyse  chimique  de  Kramer,  eu  1855.  — 1000  grammes  d'eau  ont  domiô  : 


AIX-LES-BÀINS  (eaux  xinér.).  569 

Carbonate  de  cliaux 0,235il7 

—            magnésie 0,161620 

Oxyde  magnésique 0,014797 

Cfaîorare  de  magnésiom 0,000290 

Salfale  de  magnésie 0,011241 

—  polasèe 0,003914 

—  soude 0,008899 

Acide  silicique 0,008256 

AiumiDe,  fer 0,001722 

Matière  organique 0,0f0626 

Perle 0,002626 

Total  des  MATiiRBS  nxBi» 0,469908 

Gas  aeide  carbonique quantité  indétcrmiuée. 

M.  Pétrequin  a  signalé  des  traces  d'iode. 

Il  y  a  quelques  années  encore,  les  canaux  qui  conduisaient  les  eaux  des  deux 
MMirces  sulfureuses  d'Aix  aux  diverses  [mrties  de  rétablissement  étaient  trop 
larges,  et  permettaient  à  l'eau  d'être  longtemps  en  contact  avec  l'air;  aussi  an*i- 
vait-elle  aux  baignoires  et  aux  douches  privée  d'une  partie  de  sa  sulfuration 
[iremière.  M.  l'inspecteur  général  Mêlier  a  fait  placer  des  tuyaux  d'un  calibre  calculé 
siir  le  rendement  des  sources,  de  sorte  que  les  eaux  remplissant  leurs  conduits 
arrivent  aux  différents  moyens  balnéaires  presque  avec  leur  sulfuration  native. 

Établissement,  On  ne  peut  donner  une  idée  exacte  que  du  vieil  établissement 
d*Aix-les-Baiiis  et  de  son  annexe,  car  la  constraction  d'un  nouveau  bâtiment 
A  été  décrétée  dans  ces  derniers  temi)s,  ainsi  que  celle  d'un  hospice  qui  portera  le 
tioin  de  la  reine  Hartense,  Le  bâtiment  nouveau  sera  exclusivement  consacré  à 
une  centaine  de  cabinets  de  bains.  La  division  des  bains  en  eflet  était  trop  incom- 
plète à  Aix. 

L'eau  de  la  source  d'Alun  alimente  le  petit  réservoir  de  la  Maison  de  bains  des 
jHtuvreSy  les  cabinets  de  bains,  les  douches  d'eau,  les  piscines^  les  douches  de 
vapeur,  le  Vaporarium,  les  gerbes  des  salles  dHnhalation  et  trois  des  buvettes. 

Deux  tuyaux,  toujours  ouverts,  versent  en  outre  cette  eau  dans  une  fontaine 
publique  où  les  habitants  viennent  la  puiser  pour  leurs  usages  domestiques  et  le 
ser\  ice  de  leurs  bains  particuliers. 

L'eau  de  la  source  de  Soufre  se  rend  à  la  piscine  des  hommes,  aux  baignoires 
et  aui  douches  Albbatines,  aux  baignoires  et  aux  doudies  du  Cbnthe,  aux  bai- 
gnoires et  aux  douches  des  Ancieiis  Princes,  à  la  quatrième  buvette  et  à  la  salle 
d'inhalation  tiède. 

EufiD,  deux  réservoirs  d'eau  froide,  venant  de  la  rivière  et  passant  au  travers  de 
filtres  de  gravier  tout  à  fait  insufBsants,  fournissent  l'eau  nécessaire  pour  tempé- 
rer la  chaleur  des  sources  sulfureuses  dWix, 

L  établissement  actuel  contient  : 

A.  Dans  le  Vieux  bâtiment  :  Au  sous-sol,  la  première  division,  qui  comprend 
(pKitre  salles  de  buvettes  et  deux  salles  d'inhalatiou  ;  aurez-de-chaussée,  la  deuxième 
(liTisioii  se  compose  des  douches  d'Enfer,  des  douches  du  Centre,  des  douches  des 
Princes  et  des  Albertius  vieux,  de  deux  piscines  et  de  22  baignoires  dans  21  cabi- 
nets; au  pemier  étage,  la  troisième  division  est  constituée  j)ar  les  douches  des 
Princes  et  des  Albertins  nouveaux,  les  douches  moyennes,  ascendantes,  Berthollet, 
les  cabinets  de  bains  de  vapeur  généraux  ou  lociiuxpar  encaissement  et  deux  salles 
d'inhalation. 

B.  Dans  V Annexe  :  Au  sous-sol,  4  cabinets  de  douches  avec  bouillon,  dont 
leau,  tombant  sur  une  palette  à  manche,  iorme  beaucoup  de  vapeur  et  constitue 
niie  sorte  d'étuve;  2  piscines  de  famille,  dans  lesquelles  dix  pei*sonnes  se  baignent 
3  la  ibis;  elles  peuvent  servir  à  l'administration  des  douches  (c'est  pour  cela  qu'on 

UCT.  BHC.  U.  24 


370  AIX-LES-BAINS  (baux  MiiiéR.). 

les  désigne  pur  lu  nom  de  douches  impériales)  :  1  douche  en  cercle  ;  i  douche  de 
taboui'et  ou  de  siège;  2  douches  ascendantes;  1  salle  d* inhalation  tiède,  k  voûk* 
surbaissée,  alimentée  par  Teau  de  soufre,  qui  y  airiverait  aussi  miocralisée  et  pres- 
que aussi  chaude  qu'elle  Test  au  griffon,  si  elle  n'était  refroidie  dans  son  parcoure 
par  le  voisinage  d'un  conduit  d'eau  de  rivière  ;  au  rez-de-chaussée,  32  baignoirr>, 
i  6  pour  chaque  sexe  ;  2  grandes  piscines  de  natation  où  50  pci'sonnes  peuvent  abé- 
ment  se  baigner  à  la  fois. 

Une  salle  élégante  réunit  l'établissement  ancien  à  l'Annexe  ;  elle  seit  de  triiiL- 
halle  pendant  les  jours  de  mauvais  temps. 

Marlioz  et  Challes  se  trouvant  aux  environs,  et  leui-s  eaux  fiiisani  trèf-souvenl 
une  partie  essentielle  du  traitement  hydro-minéral  d'Àix,  leur  étaUiseemeiit  d 
leurs  sources  doivent  être  compris  dans  cet  article.  D'ailleurs,  en  thérapeutiqut, 
les  oau\  de  Marlioz  et  de  Challes  sont  souvent  les  auxiliaires  des  eaux  d'Aix. 

Harlloa.  Athermales,  sulfurées  sodiqueSy  azotées.  Le  parc  de  l'étaUi^so- 
nient  de  Marlioz  est  à  1500  mètres  d'Aix-les-Bains,  à  gauche  de  la  route  de  ChoDi- 
l)éry,  à  250  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Il  y  a  à  Marlioz  trois  sources: 
I*"  la  source  Bonjean;  2<^  la  source  Adélaïde  ;  5®  la  source  iïEsculape. 

1°  Le  griffon  de  la  source  Bonjean  est  dans  la  partie  la  plus  élevée  du  parc,:»!!:» 
un  pavillon  circulaire  établi  sur  un  puits  dans  lequel  l'eau  monte  par  refiMilement. 
—  Un  escalier  descend  au  prétoire  de  la  source. 

Cette  eau  est  claire,  limpide  et  transparente.  Elle  a  une  odeur  et  une  saveur 
hépatiques  moins  prononcées  que  celles  des  sources  d'Aix,  quoique  beaucoup  plu» 
chargée  au  sulfhydromètre;  des  bulles  gazeuses  très-fmes  montent  à  chaque  mo- 
ment à  sa  surface.  Un  enduit  blanc  grisâtre,  onctueux  au  toucher,  et  ayant  um* 
assez  grande  cohésion,  recouvre  les  pierres  baignées  par  l'eau  de  cette  source,  dool 
la  i*éaction  est  alcaline  et  la  température  de  9^,8  centigrade;  son  poids  spédiiqiK 
est  de  1,00023. 

1000  grammes  de  cette  c<m  ont  donné,  en  1857,  à  H.  Bonjean  : 

Acide  tilicique 0,OOB 

Sulfure  de  sodium 0,067 

BicarbMiate  de  chaux 0,1(6 

—  magnésie O,0li 

•     —  aottde 0,040 

—  fer 0,015 

—  iDaoganè»e 0,001 

Sulfate  de  loude O.Ott 

—  diauK O.UOS 

—  magnésie U.OtK 

—  fer 0,007 

Clilonirc  de  «odium 0,018 

—  magnésium 0,01-l 

lodure  de  polaaaiuro i 

Bromure  de  poUa^ium..   .  .  |  quantité  indétermioée. 

Glairine ) 

rerte 0,017 


Total  db»  lUTiftaE»  nxi^ 0,4£l 

tu  1859,  MM.  Pctrcquin  et  Socquet  ont  dosé  l'iode  et  le  brome,  et  ont  tTDuu* 

lodt* 04XXM9U 

Brouic 0,000(K»15 


Total 0,0002459 

Acide  ^ulnl)d^ique  lihrc 0.670  litre. 

iiat.  .  .  )    —    carbonique  lihrc 0.464 

I  Aïolo 0,977 

Total  asa  fin t,Ui 


A1\-LES-BÂL>S  (eaux  miner.)-  ^7^ 

'i*  Un  i^tavilloii  liexagonal  abrite  la  source  Adélaïde,  qui  a  sua  gnll'ou  diuis  la  par- 
lie  la  plus  à  gauche  et  la  plus  déclive  du  parc. 

£au  laiteuse  vue  eu  niasse,  transparente  dans  un  veiTe,  même  odeui*  et  même 
swewr,  même  température,  même  réaction  que  celles  des  deux  autres  sources.  Son 
)K>id$  spécifique  est  de  1,00025.  Inutilisée,  elle  n*a  point  étéj  soumise  à  l'analyse. 

5*  L*eau  de  la  source  d*Esculape  alimente  seule  le  })avillon  composé  de  deux  anti- 
chambres, d*un  vestibule,  de  deux  salles  d'inhalation  gazeuse,  d'une  salle  de  dou- 
ches locales  et  d'eau  pulvérisée,  qui  forme  l'établissement  de  Mariiez. 

Dans  le  vestibule  se  trouvent  les  deux  robinets  de  la  buvette,  dont  le  premier 
\erse  l'eau  d'Esculape  à  la  température  de  la  source,  le  second  l'eau  de  cette  source 
ihauflée  au  bain-marie. 

Les  deux  salles  d'inhalation  gazeuse  sont  précédées  de  vestiaires.  Un  bassin  donl 
\\*Mi  vient  d'une  pomme  d'anosoir  à  huit  jets  filiformes,  qui  se  brisent  sur  un 
(iome  de  zinc,  occupe  leur  milieu  et  imprègne  leur  atmosphère  d'uue  forte  odeur 
&ulft]reuse. 

La  salle  de  douches  locales  et  d'eau  pulvérisée  a  six  appai'eils  autour  et  au  fond 
de  la  pièce.  Ces  appareils  ont  des  jets  qui  ne  se  poudroient  pas  lors(]u'on  le  veut,  et 
iienrent  aux  douches  pharyngiennes. 


AlhermaleSy  sulfurées  sodiques,  iodurées,  bi'omurées.  Les  source^3 
(le  Ghalles  sont  à  8  kilomètres  de  Chaml)éry,  à  200  mètres  de  la  route  de  Turin, 
à  270  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Trois  sources  qui  se  nomment  :  1^  la 
Grande  Source  ;  2'»  la  Petite  Source;  Z^  la  Source  du  Puits, 

1*^  La  Grande  Source  a  un  débit  de  1500  litres  en  24  heures;  son  eau  n'est  |kis 
limpide  à  la  surface,  ce  qu'explique  la  quantité  de  soufre  et  de  barégine  qui  la 
recouvre.  Au-dessous  de  cette  croûte  l'eau  est  d'un  blanc  laiteux ,  lorsque  surtout 
elle  est  eu  grande  quantité  ;  elle  est  même  un  peu  louche  lorsqu'on  la  regarde 
dans  un  verre.  Des  bulles  gazeuses  s'en  élèvent,  et  pourtant  l'œil  n'en  distingue 
aucune  lorsqu'on  examine  l'eau  au  travers  du  vase  dans  lequel  on  l'a  puisée.  Elle 
est  onctueuse  au  toucher  ;  elle  a  une  odeur  et  une  saveur  très-marquées  et  très- 
débagrcables.  Elle  n'a  nulle  action  sur  le  papier  ou  sur  la  teinture  de  tournesol  ; 
^e  n'eu  a  pas  davantage  sur  le  papier  de  curcuma.  Sa  tem[)érature  est  de  13^,3 
centigrade;  son  poids  s^iécifique  de  1,00026. 

1000  grammes  d'eau  analysée  en  1842, par  M.  0.  Henri,  ont  donné  : 

Chlorure  de  sodium 0,081<l 

—  magué^iuiQ 0,010U 

Bromure  de  aodiuiu 0,010U 

lodure  de  potaa»iuju 0,0(199 

Solfiirede  Mdiam 0,S95U 

(jirbonate  de  aoude  anhydre 0,1377 

Sulfate  de  soude i  mv*^*^ 

chaux,  peu j  ®'<^ 

Carbonate  de  chaux 0,0410 

—  magnésie 0,0430 

—  ftlronliane 0,0300 

Pbo«pliate  d'alumine  et  de  chaux i  aqkoa 

Silicate  d'alumine  et  de  chaux {  ' 

Sulfate  de  fer  et  de  manganèse .  0,0015 

Matière  organique  aiotée  (glairinc) 0,0221 

Soude  libre traces  scn»ibles. 

Perte 0,0325 

Total  PBS  MATiiaEs  FIXES 0,8451 

^  la  Petite  Source  émerge  du  même  rocher;  son  eau,  dans  son  bassin  de  cap- 
l^«i  a  une  couleur  ardoisée;  elle  est  pourtant  trcs-clairc  et  très-limpide.  Des  bulles 


372  AII-LES-BàINS  (eaox  ■min.). 

de  '^ia  très-fioe»  la  traversent  incessamment.  Son  odeur  est  moins  sulfureuse  et  sa 
saveur  beancoup  moins  désagréable  que  celles  de  la  Grande  Source  ;  sa  réaction  e$l 
aussi  par&itement  neutre;  sa  température  est  de  14*  centigrade. 

Le»  personnes  du  voisinage  viennent  la  boire  de  préférence  à  Teau  de  la  Grande 
Source.  Klie  nu  point  été  analysée. 

3*  La  Source  du  Puits,  qui  rendrait  certainement  d'utiles  services  s*il  y  avait  i 
Chaltes  uu  établissement  thermal,  ncst  piis  employée  jusqu'à  ce  jour. 

Son  eau  n*a  point  été  non  plus  soumise  à  l'analyse  chimique. 

MoDB  d'âdhiiiistration  et  doses.  1*  Les  eaui  d'Aix-les-Bains  s'administrenl 
uu  boisson,  en  inhalations  gazeuses,  en  bains  de  baignoires  et  de  piscines,  en  douches 
de  toutes  formes  et  en  étuves. 

Let»  eaux  de  la  source  d'Alun  sont  beaucoup  plus  souvent  employées  que  celles  de 
kl  siouroe  de  Soufre  ;  les  unes  et  les  autres  se  prescrivent  en  général  à  la  dose  dr 
un  à  quatre  verres,  quelquefois  coupées  d'eau  chaude,  d'une  infusion  émoUientf 
uu  aiXHuatique,  de  lait,  et  édulcorées  avec  un  sirop  béchique.  Elles  sont  ingérées 
pures  le  plus  souvent  et  en  quantité  progressivement  croissante. 

On  boit  à  Aix  les  eaux  apportées  de  la  Bauche,  de  Saint-Simon,  de  Harliot  et 
de  Challes,  daus  certains  états  pathologiques  déterminés.  Les  deux  tiers  des  malades 
eu  font  usage.  Disons,  pour  n*y  plus  revenir,  que  les  eaux  de  la  source  de  Saint- 
Simon,  et  plus  souvent  aujourd'hui  les  eaux  d'une  source  récemment  découverte, 
nommée  la  source  delà  Bauche,  qui  contiennent  par  litre  0,14257  de  bicarbonaU* 
tie  protoxyde  de  fer,  sont  conseillées  aux  chlorotiques  et  aux  anémiques,  pour 
lesqueb  un  traitement  martial  est  indispensable,  à  certains  dyspeptiques,  à  certaine 
euturrheux,  à  certains  graveleux,  à  certains  goutteux  même  auxquels  convient  uik* 
iMU  légèrement  bicarbonatée,  à  base  de  chaux  ou  de  fer. 

L'inhalation  gazeuse  est  un  moyen  beaucoup  plus  usité  à  Aix  qu'il  ue  Fêlait 
(|uaiid  cette  station  ne  possédait  que  les  salles  du  vieil  établissement.  Leur  chaleur 
en  eflet  était  une  cause  de  stimulation  trop  vive  dans  les  affections  des  ^oies 
nériennes,  et  paralysait  les  effets  sédatifs  du  gaz  hydrogène  sulfuré. 

Lu  nouvelle  salle  d'inhalation  gazeuse  tiède  est  beaucoup  plus  fréquentée  aujour- 
d'hui. 

Les  bains  se  prennent,  à  Aix,  en  baignoires  ou  en  piscines.  Autrefois  les  bains  de 
Imignoires  et  même  de  piscines  étaient  peu  suivis.  Ainsi,  il  y  a  dix  ans  à  peine,  leur 
ravenu  n'était  pas  le  liera  de  ce  cpi'il  a  été  pendant  la  saison  de  1863.  Gela  $c 
(*4>niprend  aisément  lorsque  l'on  compare  l'eau  qui  arrive  à  plein  canal  aux  bai- 
gnoires de  l'établissement  à  celle  qui  servait,  après  son  transport  et  sa  désulfura- 
lion,  dans  les  hôtels  et  les  maisons  particulières  d'Aix-les-Bains. 

Il  y  a  quelques  années  seulement,  l'application  des  douches  en  jet  fonuait  la 
JKise  d'une  cure  hydrominérale  à  Aix.  Toutes  les  personnes  auxquelles  les  doud^s 
étaient  appliquées  entraient  dans  une  chaise  à  porteurs  qui  les  prenait  dans  leur 
lit  et  les  y  reportail,  Fopéralion  une  fois  terminée.  Les  douches  étaient  d'une 
forme,  d'une  durée  et  d'une  température  variables.  On  massait  sous  l'eau;  on  met- 
liiit  dans  le  maillot,  s'il  en  était  besoin. 

Rien  à  dire  de  particulier  des  bains  d'étuves  d'Aix,  si  ce  n'est  que  leur  vapeur 
est  un  accessoire  pour  ainsi  dire  des  salles  d'inhalation  gazeuse  diaude,  comme 
li«  cabinets  de  douches  dans  l'atmosphère  desquels  le  principe  sulfureux  se  aépan: 
de  l'eau  sont  d'utiles  adjuvants  des  salons  d'inhalation  tiède. 

3*  Les  eaux  de  la  source  d'Esculape,  de  Harlioz,  se  rendent  seules  aux  salles  de 
littvettet,  d'inhalation  gazeuse  et  de  pulvérisation.  Elles  sont  beaucoup  moins  sou* 


AIX-LES-BAINS  (kadx  miner.)-  373 

Tent  employées  en  boisson  que  celles  d'Aix.  Les  malades  qui  viennent  le  matin 
pour  les  înlialations  sèches  ou  liquides  en  font  seuls  usage.  Elles  sont  prises  pures 
ou  coupées,  suivant  les  cas  et  la  susceptibilité  des  buveurs.  On  dépasse  rarement 
la  dose  de  trois  verres,  pris  à  une  demi-heure  d'intenalle. 

Les  inhalations  de  gaz  ou  d*eau  pulvérisée,  les  douches  pharyngiennes,  consti- 
tuent la  spécialité  de  réLiblisscment  de  Mariiez. 

Dans  les  salles  d'inhalation  gazeuse,  les  malades  doivent  se  contenter  de  s'asseoir 
autour  du  bassin  ou  dans  toute  autre  partie  de  la  pièce,  d*y  séjourner  pendant  le 
tmps  prescrit;  ils  peuvent  lire  ou  faire  la  conversation. 

Ceux  qui  vont  à  la  salle  d'eau  pulvérisée  trouvent  les  appareils  convenables  pour 
les  douches  capillaires  et  pour  la  fragmentation  de  Veau  :  ils  sont  obUgés  de  prendre 
un  vêtement  imperméable  et  des  chaussures  qui  les  préservent  de  l'humidité. 

5^  Les  eaux  de  la  grande  et  de  la  petite  source  de  Challes  sont  employées  en 
boisson  seulement,  à  la  dose  d'un  quart  de  verre  à  un  demi-verre,  au  début.  On  ne 
dépasse  guère  deux  verres  par  jour,  pris  le  matin  à  jeim  et  à  un  intervalle  d'une 
demi-heure  et  même  d'une  heure.  On  coupe  et  on  édulcore  cette  eau  très-active, 
lorsqu'on  ne  veut  pas  trop  exciter  et  que  les  organes  digestifs  ont  une  grande  sus- 
ceptibilité. 

Il  était  nécessaire  d'entrer  dans  quelques  détails  sur  le  mode  d'administration  et 
les  doses  des  eaux  d'Âix,  de  Mariiez  et  de  Challes,  pour  faire  mieux  comprendre 
leur  action  thérapeutique. 

YjMpioi  THÉRAPEDTiQOE.  Lcs  caux  de  la  source  d'Alun,  en  boisson,  les  bains  peu 
prolongés  dans  les  piscines  de  natation,  la  douche  tiède  avec  massage  sur  la  partie 
»npérieure  du  corps,  sans  sudation,  constituent  le  traitement  qui  convient  le  mieux 
aux  nombreux  dyspeptiques  qiii  viennent  chercher  leur  guérison  à  Aix-les-Bains. 

Ceux  qui  souffrent  d'affections  des  voies  respiratoires  n'étaient  guère  traités  a 
Aix,  avant  ces  dernières  années;  ils  forment  maintenant  une  notable  portion  des 
lâigneurs.  L'inhalation  tiède  de  l'Annexe,  les  inhalations  froides  ou  le  séjour  dans 
la  salle  de  pulvérisation  de  Mariiez,  l'eau  d'alun  en  boisson,  les  bains,  et  surtout 
les  douches  en  jet,  accompagnées  ou  non  accompagnées  de  massage  sans  maillot , 
yùwi  les  moyens  toujours  prescrits  contre  les  états  pathologiques  de  l'arbre  aérien. 

Lorsqu'il  s'agit  de  pharyngites,  lorsque  surtout  elles  sont  granuleuses,  on  appli- 
que sur  le  point  affecté  la  douche  capillaire  de  la  salle  de  pulvérisation  de  Mariiez. 

Si  le  médecin,  au  lieu  de  redouter  une  stimulation  trop  grande,  la  cherche  au 
(Dfltraire,  il  doit  conseiller  à  l'intérieur  l'usage  de  l'eau  de  Challes  qui  s'admi- 
nistre à  Aix,  pendant  la  durée  des  bains. 

«  Les  laryngites,  dit  M.  le  docteur  Vidal,  les  trachéites,  les  bronchites  chroniques 
^impies,  l'asthme,  les  catarrhes,  sont  aussi  utilement  traités  à  Aix  que  dans  beau- 
coup d'autres  stations  plus  renommées.  »  Il  ajoute  que  les  congestions  tuberculeuses 
«fai  poumon,  avec  ou  sans  cavernes,  avec  ou  sans  hémoptysie,  éprouvent  une  amé- 
lioration presque  constante  d'une  cure  à  Aix. 

Wxns  les  aflections  cutanées,  les  eaux  d'alun  et  de  soufre,  les  eaux  de  Marlioz,  v  i 
Hutout  les  eaux  de  Challes  en  boisson,  les  bains  d'eau  et  de  vapeur,  les  douches  en 
nnal  ou  écossaises  avec  les  eaux  sulfureuses  d'Aix,  ont  une  puissance  depuis  long- 
temps reconnue  par  tout  le  monde. 

Si  les  douches  constituent  la  partie  la  plus  importante  du  traitement  d'Aix  en 
Savoie,  les  aflections  qui  reconnaissent  pour  cause  le  rhumatisme  sont,  en  première 
ligne,  celles  qui  réclament  les  bénéfices  d'une  cure  à  cette  station  thermale.  Les 
••aux  d'Aix,  de  Mariiez  et  de  Challes  en  boisson,  restent  alors  sur  le  second  plan 


574  AIX-LES.B\'INS  (baux  HmiR.). 

el  ne  sont  plus  conseillées  que  dans  certaines  circonstances  inutiles  n  préciser,  parrr 
qu*eUes  sont  toujours  relatives  à  la  constitution  du  sujet  plus  qu'à  sa  maladie  loca- 
lisée. C'est  au  traitement  externe,  et  principalement  aux  douches  en  jet  ou  à  l'otuvc 
avec  bouillon,  suivies  de  massage  et  d'emmaillottage,  qu'il  convient  de  recourir.  On 
produit  et  on  entretient  une  transpiration  nécessaire  dans  une  aflection  où  il  im- 
porte avant  tout  de  rétablir  les  fonctions  de  la  peau  qui  ne  se  font  plus  convena- 
blement. 

Le  traitement  dont  il  vient  d'étœ  question  doit  être  appliqué,  quelles  que  soient 
les  manifestations  du  rhumatisme  :  qu'il  soit  extérieur  ou  intérieur,  qu'il  affecte  lo 
uns  ou  les  autres  des  tissus  de  l'économie. 

Une  remarque  qu'il  faut  se  garder  de  passer  sous  silence,  et  qui  est  pour  ainsi 
dire  particulière  à  Aix,  consiste  à  indiquer  que  ces  eaux,  à  l'extérieur,  donnent  de> 
résultats  très-heureux  dans  le  rhumatisme  à  sa  période  sub-inflammatoirc.  C'est 
M.  l'inspecteur  Vidal  qui,  le  premier,  a  signalé  ce  fait  intéressant. 

Les  eauxd'Âix  ne  bornent  pas  leurs  prétentions  à  être  très-utiles  dans  les  paraly- 
sies, les  analgésies,  les  anesthésies,  les  hyperestbésies,  les  atrophies  niusculain'> 
même  d'origine  rhumatismale,  ce  que  tous  les  médecins  admettent;  elles  veulent 
encore  comprendre  dans  leur  sphère  d'action  les  troubles  du  mouvement  et  de  h 
sensibilité,  consécutifs  à  des  congestions  ou  à  des  hémorrhagies  cérébrales,  non- 
seulement  lorsqu'elles  sont  anciennes  et  que  la  circulation  est  presque  revenne  :i 
l'état  physiologique,  mais  encore  lorsque  les  accidents  encéphaliques  ou  i-achidieib 
sont  récents. 

J'ai  dit  ailleurs  mes  appréhensions  en  iace  d'un  traitement  thermal  qui  peut  avoii 
des  conséquences  terribles,  et  qui  ne  rend  d'autre  service  que  de  favoriser  b 
résorption  d'un  caillot  dont  le  volume  tend  à  diminuer  et  à  s'enkyster  par  les  seiiK 
efforts  de  la  nature;  ce  n'est  pas  le  lieu  d'y  revenir  ici. 

Les  paimlysies  qui  sont  survenues  après  les  pyrexies  guérissent  en  général  ass*7 
promptement  à  Aix,  par  les  mêmes  moyens  balnéothcrapiques.  Il  en  est  de  même 
de  celles  dont  l'hystérie,  les  traumatismes,  les  grandes  pertes  de  sang,  la  suppix^^- 
sion  du  flux  cataménial  ou  hémorrhoïdal,  les  empoisonnements  métalliques,  sont 
los  causes  premières.  Celles  enfin  qui  sont  comprises  sous  la  dénomination  de  sine 
materiay  en  attendant  les  progrès  que  promettent  à  l'anatomie  pathologique  le> 
découvertesdu  microscope,  sont  souvent  guéries  par  le  traitement  thermal  d'Aix-lc^- 
Bains. 

Ces  eaux,  en  boisson,  en  bains  d'eau  et  d'étuves,  en  douches  d'eau  et  de  va|)Oiir, 
combattent  avec  succès  encore  les  paralysies  syphilitiques  et  tons  les  désordres  ocni- 
sionnés  par  une  affection  vénérienne  qu'elles  rendent  apparente  ou  qu'elles  aident 
u  traiter  par  les  mercuriaux  et  les  iodurés,  lorsque  les  symptômes  ne  laissent  aunui 
iloute  sur  son  existence. 

La  goutte  aiguë  régulière  n'est  traitée  avec  succès  par  aucun  agent  tliérapiMi- 
ticpie.  Les  eaux  d'Aix  ne  peuvent  rien  sur  elle  ;  mais  la  goutte  articulaire  chn>- 
niqueasthénique  leur  offre  un  vaste  champ  d'action.  «  Les  effets  salutaires  de  notit 
traitement,  dit  M.  Vidal,  sont  si  rapides,  qu'après  i2  ou  15  jours  on  observe  un 
notable  changement  dans  l'éLit  du  nutlnde,  dont  la  peau  s'assouplit  et  se  CQk>n\ 
dont  les  digestions  sont  meilleures;  les  artinilntions  se  déroidissent  sensiUt*- 
ment.  » 

lia  nKHlication  externe  d'Aix,  puissanmicnt  révulsive  et  tonique,  lorsque  surtout 
l<*H(*aux  sont  employées  à  une  température  modérée,  l'administration  des  eaux  sul- 
l'urée*,  bromnrées  et  indurées  de  Challes,  en  boisson,  donnent  des  résultats  tres-siiiv- 


AIZOON.  375 

faisants,  préférables  même  à  ceux  des  eaux  chlorurées  fortes,  dans  le  lympba- 
tmae  et  la  scrohite,  dont  les  accidents  apparaissent  sous  la  forme  d'affections 
cutanées. 

Les  eaux  d*Aix,  de  Cballes  et  de  Marlioz  sont  corUreHndiquées  dans  toutes  les 
aflecticms  aiguës,  dans  toutes  les  cachexies,  dans  les  maladies  organiques  du  cœur  et 
des  gros  vaisseaux,  dans  tous  les  cas  où  la  vitalité  a  subi  de  trop  profondes  atteintes. 
(D' baron  Despine). 

Durée  de  la  cure,  25  ou  30  jours. 

On  transporte  sur  une  grande  échelle  les  eaux  d'Aix,  de  Marlioz,  et  surtout  de 
CliaUes.  Elles  se  trouvent  partout  dans  le  commerce. 

BnuQfiBAnn.  —  Cabus  (J.  B).  Uf  Vertuê  merveilleuses  des  eaux  â^Aix-en^Savùie.  1088.— 
pAjfnoT.  Briéves  dissertations  sur  Vusage  des  bains  chauds,  et  principalement  de  ceux 
fAix-en-Séttfoie,  et  sur  l'effet  du  mercure,  etc.  Lyon,  1700,  iii-4,  p.  202-20C.  —  Fantoîii 
[l).  De  aquis  gratUxms  vulgo  d'Àix  dictis,  in  Opuscul.  med.  et  physiof.  —  Genève,  1738, 
DAQoni  (Joseph).  Traité  des  eaux  thermales  d'Aix-en-Savoie.  Chambéry  et  Paris,  1773,  in-8; 
ièid,,  1808,  iii-8.  —  BoiCToisar  ou  BooNvtcnro.  Analyses  desprinc.  eaux  min.  de  la  Savoie.  In 
M/m.  de  f  Académie  de  Turin,  t.  VII,  1786.  —  Despine  [Gharlcs-Humbert-Antoine].  Essai  sur 
te  topofrapMe  médicale  d'Aix-en-Savoie  (département  du  Mont-Blanc),  et  sur  ses  eaux  miné- 
rsUs.  Thèses  de  Montpellier,  an  X,  n*  10.— Socqiibt  (J.  M].  Analyses  des  eaux  thermales 
éMs-enSavoie.  An  XI,  in-8.  —  Gihbernat.  JnBuchner's  repertorium,  etc.  N*  XIV,  p.  27.^); 
n*  ILI,  p.  268.—  FaANcixua.  Notice  sur  la  ville  d'Aix-en-Savoie  et  sur  ses  eaux  thermales. 
Paris,  1825,  in-8,  extrait  de  la  Revue  encyclopédique.-^ Note  sur  la  présence  de  V acide 
nlfurique  libre  dans  les  vapeurs  qui  s'exhalent  des  eaux  d'Aix-en-Savoie,  In  /011m.  de 
Pharmacie.  1828,  t.  XIV,  p.  340-348.— PéraEQuiN.  De  l'action  des  eaux  minérales  d'Aix. 
Chambéry,  1852. — Blanc.  Bapport  sur  les  eaux  thermales  if  Aix  pendant  l'année  1855.  Pari.«f 
1^,  in-48  — Vidal.  Compte  rendu  des  eaux  (FAix-en-Savoie  pendant  Vannée  1859.  Aix-les- 
Bains,  1800.  ^StfiY^  d'Études  sur  les  eaux  d'Aix  [Savoie).  Paris,  1864.  — De.spwes  :D'  Baron). 
Mielims  des  eaux  d'Aix,  formant  une  suite  de  rapports  sur  les  saisons  thermales  des  années 
1^35,  1836,  1837  ef  1838.  Indicateur  médical  et  topographique  d'Aix-les-Bains  (Savoie). 
Paris,  1864.  —  Gailaiio  (César).  Becherches  cliniques  sur  l'action  des  eaux  d'Aix-en-Savoie 
ions  le  traitement  des  paralysies.  Aix-les-Bains,  1861.  —  Davat.  Hygiène  de  la  vie  ther- 
meled'Aix-4eS'Beins.  Chambéry,  1862.  — DomarcEt.  Notice  sur  les  eaux  minérales  de  Challes, 
m  Scmie.  Chambéry,  1856  —  BBRniEaARD  (E.  L.).  Nouvelles  études  sur  les  eaux  sulfureuses 
et  alcalines,  iodo-hromurées  de  Challes  (Savoie),  Chambéry,  1858.  —  Boxjean  (Joseph). 
Analyse  chimique  de  Veau  minérale  sulfureuse-alcaline,  iodurée  et  hromurée  de  Marlioz. 
t  Mit.  Chambéry,  1857. 

A.    ROTUREAU. 

AIZOOX.  Genre  de  plantes  dicotylédones,  établi  par  Linné.  Dillen  Tavait 
.ippelé  Fieoidea;  et  ce  sont  en  eflet  des  herbes  à  feuilles  charnues,  rappelant 
colles  des  Ficoîdes.  Leurs  fleurs  apétales  ont  un  calice  à  cinq  sépales  et  autint 
H  etamines  ou  de  faisceaux  d'étamines  alternes.  Au  centre  est  un  ovaire  libre,  mais 
(^nfoncé  dans  une  concavité  du  réceptacle  et  renfermant  cinq  loges  multiovulées,  et 
Mumonté  d'autant  de  styles  placés  en  face  des  sépales.  Le  fruit  est  une  capsule 
tnrnlidde,  et  les  graines  campulitropes  renferment  un  albumen  féculent  entouré 
IKirTenibryon. 

Les  Aizoon  ont  des  feuilles  alternes  ou  opposées,  souvent  charnues,  aqueuses, 
rouvertes  de  poils  courts.  Elles  croissent  dans  les  lieux  arides,  roclieux,  eu  Arabie, 
ail  Cap  de  Bonne-Espérance,  aux  îles  Canaries,  et  même  en  Espagne.  WA.  hispani- 
cum  sert  à  préparer  une  cendre  alcaline  très-riche  en  potasse.  VA.  canarienne 
(lonne  des  produits  alcalins  plus  abondants  ;  il  est  exploité  dans  ce  but  à  Lancerotte. 
Ses  flenrs  et  ses  feuiUes  séchées  sont  appelées  encore  Fleur  de  Turquie  ou  Kaliy 
Hn  les  emploie  encore  dans  la  préparation  du  carmin.  M.  Guibourt  les  considère 
romine  tout  à  fait  analogues  au  Chouan  {voy.  ce  mot).  11.  Bn. 

L.  Gen,,  n.  629.  —  Diller,  Hort,  Eltham.,  L  f.  143.— Gom.,  Drog.  simp.,  eil.  4,  IL  409. 


576  AKAKIA. 

AJI}€A.     Voy.  Bdgle. 

AKAMIA  (Lra).  Dans  le  cours  du  seizième  siècle,  mémorable  époque  du  réta- 
blissement des  lettres  en  France,  il  y  eut  un  tel  engouement  pour  les  langues  grec- 
que et  latine,  qu'on  peut  dire  sans  exagération  que  les  enfants  apprenaient  à  lié- 
gayer  le  latin  en  quittant  la  mamelle,  et  que  dans  la  maison  du  célèbre  imprimnir 
Robert  Etienne  on  parlait  latin  de  la  cuve  au  grenier.  Cette  |)assion  fut  poussée  si 
loin,  que  presque  tous  les  livres,  ceux  de  science  surtout,  étaient  écrits  dans  la 
langue  de  Cicéron,  et  que  les  auteurs,  pour  ne  pas  laisser  un  seul  point  maculé, 
latinisaient  ou  même  grécisaient  leurs  noms  :  Johannes  de  Hortibus,  pour  Jean  dm 
Jardins  ;  Johannes  Avis,  pour  Jean  Loysel  (petit  oiseau);  Rolandus  Scribanus,  fiour 
Roland  l'Écrivain;  Fabricius  ab  Aquapendente,  etc.  C'est  à  cette  habitude,  géné- 
ralement adoptée,  que  la  célèbre  famille  de  médecins  qui  fait  le  si^et  de  cet  articlr 
a  emprunté  ce  surnom  d'Akakia  ou  Acaquia,  Il  est  vrai  qu'elle  avait  un  nom  biai 
drôle  :  Sans-Malice,  Aussi  demanda-t-elle  au  grec  le  moyen  d'éviter  les  sarcas- 
mes et  las  plaisanteries,  et  elle  signa  constamment  Akakia  {a  privatif,  et  Kakia, 
malice). 

C'est,  ce  semble,  un  juste  hommage  à  rendre  à  cette  illustre  pléiade  de  méde- 
cins,  que  de  les  réunir  sous  un  même  toit,  et  de  ne  point  briser  les  liens  qui  hs 
ont  si  bien  unis  durant  plus  d'un  siècle. 

Akaldn  (Martin)  1^'  du  nom,  souche  médicale  de  la  famille,  était  de  Châlon»- 
sur-Marne,  et  vint  étudier  à  Paris.  On  le  trouve  assis  sur  les  bancs  de  la  Faculté  df 
médecine  en  mars  1524,  liceucié  le  20  avril  1526  (Reg.  ms.  de  la  Fac.  de  méd. 
de  Pans^  t.  IV,  p.  171).  Son  mérite  et  son  savoir  suffirent,  sans  intrigue,  ponrlo 
faire  arriver  à  la  cour  de  François  1^',  qui  lui  donna,  en  1545,  une  place  panui 
SOS  onze  médecins  ordinaires.  11  parvint  à  se  maintenir  aussi  dans  la  même  qaaliti* 
auprès  de  Henri  II  ;  mais  ce  ne  fut  pas  pour  longtemps,  car  il  mourut  le  2  juin 
1551.  Martin  Akakia  I*"'  a  joui  d'une  telle  réputation  pendant  sa  vie,  qu*il  fut  en- 
voyé au  concile  de  Trente,  assemblé,  comme  on  le  sait,  ])our  la  première  fois,  eii 
1545,  pour  juger  les  doctrines  préchées  par  Luther.  Il  fut  lié  d'amitié  avec  Clémeitt 
Marot,  dont  il  devint  le  médecin,  en  compagnie  de  Louis  Braillon  et  d'Antoine  b- 
Coq.  liC  poëte  et  le  médecin  éciiangèrent  plusieurs  fois  des  congratulations  riniée>. 
celui-lA  en  français,  celui-ci  en  latin,  et  l'on  peut  en  voir  deux  curieux  échantilkN^ 
dans  les  œuvres  de  Marot  publiées  à  la  Haye,  1731,  in-4,  t.  II,  p.  242.  Enfin,  If 
)iortrait  d' Akakia  était  conservé  dans  la  salle  d'assemblée  de  la  Faculté,  honneur 
qui  n'était  résené  qu'aux  médecins  distingués  dans  les  sciences.  C'est  d'aprà»  celU* 
toile  que  Ménageot  a  dessiné  la  tête  du  médecin  que  l'on  remarque  auprès  de  Lm>- 
ivird  de  Vinci,  dans  un  tableau  qui  représente  François  I"^  venant  honorer  de  nMt 
estime  et  de  ses  regrets  les  derniers  moments  d'un  grand  artiste. 

Ses  armes  étaient  :  une  croix  d'or  avec  quatre  cubes  dor  au  champ  d'azur,  ai  ce 
cette  modeste  devise  :  Quxcumque  feraty  fortuna  ferenda. 

Nous  ne  connaissons  de  Martin  Akakia  l*''  qu'un  seul  ouvrage,  encore  est-il  resté 
manuscrit  à  la  Bibliothèque  impériale  (fonds  latin,  n^  7120,  in-8).  Il  porte  ce  titrt*  : 
Galeni  ad  Patraphilum  Liber  de  constitutiane  arlis  medicx;  interprète  Martino 
Akakia  Catalaunensi. 

AkMida  {Martin)  II'  du  nom.  C'est  le  plus  célèbre  de  la  race  des  SanS' 
Malice t  du  moins  si  on  le  juge  par  ses  écrits  et  par  l'éloge  qu'en  fait  Guilbiune 


AKAKIA.  577 

du  Val,  qui  ie  dit  f  armé  de  vertus,  de  science,  rempli  de  ce  savoureux  miel 
d'humaniléy  de  douceur,  bénignité,  accortize,  civilité,  éloquence,  probité  do 
moeurs.  »  Fib  du  précédent,  il  naquit  à  Paris  en  1539,  fut  reçu  bachelier  en  m'- 
(lecine  le  3  août  1568,  et  parvint  à  la  licence  le  14  mai  1570.  Fondé  eu  1529,  le 
Collège  de  France,  Collège  des  Trois-LangueSj  Collège  de  Cambi^y  Collège 
Royale  car  il  a  porté  ces  différents  noms,  avait  vu  tour  à  tour  s'implanter  dans 
son  sein  les  chaires  de  latin,  de  grec,  d*hébreu,  de  mathématiques,  de  philosophie, 
(le  médecine,  d*anatomie,  botanique  et  pharmacie.  Hais  Tart  chirurgical  n*y  était 
[tt>  représenté.  Cliarles  IX  répondit  favorablement  aux  instances  qui  lui  étaient 
bites,  et  fonda,  en  1574,  cette  chaire  qu'il  donna  à  Martin  Akakia.  €c  dernier 
remplit  si  habilement  ses  fonctions  de  lecteur  y  qu'il  ne  tarda  pas  à  franchir  les 
}«Mtes  du  palais  royal,  où,  poussé  par  deux  protecteurs  puissants,  par  Tristan  de 
lîo$taing  et  par  le  célèbre  Jacques  Âmyot,  il  fut  compté  parmi  les  médecins  de 
Henri  III,  en  lamiée  1580.  Ce  fut  un  malheur,  car  ses  nombreuses  occupations, 
des  fatigues  sans  nombre,  abrégèrent  ses  jours,  et  il  mourut  le  8  décembre  1588, 
âgé  de  49  ans.  Il  fut  inhumé  dans  l'église  de  Saint-Germain4'Auxerrois.  Pierre 
Séguin,  son  gendre,  fut  nommé  à  sa  place  au  Collège  de  France;  mais  il  n'occupa 
((ue  le  26  juin  1594  cette  chaire,  qui  resta  ainsi  vacante  plus  de  six  ans. 

Nous  avons  cherché  avec  soin  les  ouvrages  sortis  de  la  plume  de  Martin  Akakia. 
Celte  recherche  n'était  pas  inutile  devant  les  nombreuses  erreiu^  qu'on  trouve 
dans  les  biographies  à  cet  égard,  et  qui  sont  le  résultat  de  cette  fâcheuse  similitude 
des  noms  patronymiques  des  membres  de  cette  famille.  En  voici  la  liste,  que  nous 
i  rovons  exacte  : 

I.  CA.  Galêni  An  medica  qux  est  Ars  parva.  Mort.  Akakia  interprète  et  enarratore. 
Lugd.,  1548,  m-16;  Venetiis,  1587,  in-8.  —  11.  67.  Galeni  de  ratione  curandi  ad  GIOMConem 
fJèri  duo.  Mort.  Akakia  interprète.  Cammentarii  ejuêdem  in  eùidem  Ubrot.  Paris,  1538,  in-i; 
Lued.,  1551,  in-l 6.-111.  De  morbis  muUebribus  IJbri  duo.  Se  trouve  dans  l'ouvrage  d'Israi"! 
spschius,  intitulé  :  Gynxcicrum  Ubri.  Argent.,  1597,  in-fol.,  cap.  xx.— IV.  Synopsis  eorum 
V^pdnqaepnoribuêlihris  Galeni  de  faeultatibus  simplicium  medicamentorum  continentur. 
Paris,  1555,  in-8.  —  V.  Consilia  medica.  Se  trouve  dans  l'ouvrage  de  Scholtzius  :  Consiliortm 
medimalium  eonseriptorum  a  prxstantissimis  atque  exercitatissiinis  noslrorum  medids  liber 
ùngaUris.  Fraocofurti.  15«8,  in-fol.  —  Yl.  Martini  Akakia,  Begis  et  Medici  Professons,  ob 
«mm  coaptatianem  in  ordinem  Regiorum  medicorum,  Panegyrieus,  Henrico  Valesio  régi 
f'Mistiamssimo  dictns.  Paris,  1578,  in-8.  Imprimerie  royale. 

Ce  n*est  pas  lout.  On  peut  voir  à  la  Bibliothèque  impériale,  département  des  manuscrits, 
tt^mssolres  ouvrages d' Akakia,  restés  inédits,  et  dont  voici  les  numéros  et  titres  :  VII.  Fonds 
btio.  n*  7071  :  Anmtata  in  IJbros  ires  anatomicos  J.  SylHi,  A  la  fin.  on  lit  :  Anno  1577*. 
iiMnse  Januario,  excerpla  a  Jacobo  d'Amboyse,  Parisiano  alumno.  interprète.  Finis  annota- 
(looum  et  commentariorum  domini  Martini  Akakia  Doctoris  medici  celeberrimi  et  professons 
rei?a  cirurgis  in  schola  Parisiensi.— VIII.  Même  numéro  :  Tractatus  de  Ms  medieinae  partibm 
9fi9  dtatntwr  Cotmetica  et  Commotiea  a  D.  M.  Akakia,  inedico,  profèssare  regio.  Dictabat 

€980  1578*. 


{Martin)  Ill«  du  nom,  appartient  aussi  à  la  Facidté  de  Paris,  où  il 
fut  reçu  docteur  eu  Î598.  Le  27  janvier  iôOO,  il  était,  comme  son  père,  nommé 
|«ti(es6eur  en  chirurgie  au  Collège  de  France,  à  la  place  de  son  beau-frère,  Pieri*e 
Sé^n.  Mais  il  abandonna  bientôt  cette  place  pour  s'engager  dans  une  autre  voie 
ite  fortune,  et  il  suivit  le  duc  deBéthune  dans  son  ambassade  à  Rome.  Faible  et 
il'une  santé  délicate,  il  ne  put  supporter  le  nouveau  climat  ;  il  revint  a  Paris,  et  y 
mourut  le  12  février  1604.  Nous  ne  connaissons  aucun  ouvrage  de  lui. 

Akaldft   {Jean),    frère  du  précédent,   adopta  comme  lui  la  carrière  médi- 
«)le.  Docteur  le  14  juillet  1612,  doyen  do  la  Faculté  de  médecine  dans  les  doux 


578  ALAIS  (eaux  mifiR.)- 

minées  1618  el  1619,  accepté  par  Louis  XIII  ea  qualité  d'un  de  ses  médeâns  ordi- 
naires (1650),  à  la  place  d'Aimable  Rose,  mort  en  Savoie  à  la  suite  du  roi  de 
France,  le  13  juin  1635,  el  non  pas  en  1630,  comme  on  le  trouve  imprimé  par- 
tout. 

Akalda  (Martin)  \\'  du  nom,  l'un  des  dix  enfants  de  Jean.  Docteur  le 
6  septembre  1638,  professeur  de  chirurgie  au  Collège  de  France,  se  démet  de  » 
charge  en  1674,  en  faveur  de  Mathurin  Denyau.  Meurt  le  21  novembre  1677,  H>' 
chagrin,  dit-on,  d'avoir  été  sévèrement  puni  par  la  Faculté  de  médecine  de  Pan>. 
pour  avoir  consulté  avec  des  médecins  étrangers  contre  la  teneur  de  son  senneiil 
(Heg,  ms,  'de  la  Fac,  de  méd.  de  Paris^  t.  XVI,  p.  49,  52).        A.  CHSBKAr. 

AKÉE,  AKECSIA.      Voy.  Blighia. 

AKBIVAIDE  (Mare).  Né  le  9  novembre  1721 ,  à  New-Castle,  d'un  riche  bon- 
cher  qui  le  destinait  à  l'état  ecclésiastique  ;  mais,  entraîné  comme  tant  d'autn> 
|iar  l'amour  des  sciena?s  et  des  lettres,  il  étudia  avec  ardeur  la  médecine  à  Edim- 
bourg, puis  à  Leyde,  où  il  se  fit  recevoir  docteur  en  1744.  Akenside  pratiqua  d»h 
plusieurs  villes  avant  de  se  fixer  à  Londres;  il  y  eut  d'abord  peu  de  succès;  cqiHi- 
dnnt  son  mérite  réel  l'emporta,  il  devint  successivement  médecin  de  Thofiilii 
Saint-Thomas,  membre  du  Collège  des  médecins  de  Londres,  médecin  de  b 
reine,  etc.  Akenside  mourut,  jeune  encore,  le  23  juin  1770.  Cet  auteur  est  surtoiii 
connu  en  Angleterre  comme  poëte  et  comme  écrivain  dbtingué,  bien  qu'il  aitau»! 
iHTit  sur  la  médecine.  Ses  poëmes  et  ses  ouvrages  littéraires  dénotent  une  connais 
sancc  approfondie  de  l'antiquité,  des  sentiments  élevés  et  patriotiques  puisés  à 
l'école  de  Platon  et  de  Cicéron.  Son  fameux  poème  sur  les  plaixirs  de  rmagm- 
tion  alx)nde  en  métaphores  et  en  figures  mystiques  qui  en  rendent  la  lecture  dif- 
ficile; aussi  lord  Chestcriield,  de  spirituelle  mémoire,  disait-il  de  ce  livre  i|Uf 
c'était  le  plus  beau  des  ouvrages  qu'il  ne  comprenait  pas.  Voici  la  liste  ér^ 
iVrits  médicaux  d'.Akenside. 

DiâserL  tnediea  inauçuralis  de oriu  et  incremento  fœtushumani,  Lugd.  Bat..  1744.  Dtnsirt 
opuscule  se  trouve  très-élégamment  exposé  l'état  de  la  science,  surtout  d'aprte  lesobtemtiofr 
microscopi(|ues  de  Leeuwenhoeck  sur  les  animalcules  s|)ennatiques,  dont  Tauteur  coamt^ 
d'ailleurs  le  rôle.  —Observation*  on  the  Origine  and  Use  of  f^fmphatie  Vesseis,  Loodoo.  iîJT. 
in-8.  — ^0/黫  on  the  Postscript  ofa  Pamphlet  iutitled:  tObserv,  anatàmkml  êmé  pÊufàth- 
fficat.  >  London,  1758,  in-8  (réponse  à  Al.  Honro,  le  jeune,  qui  avait  signalé  le«  orptin 
échappées  à  Akenside  dans  son  Mémoire  sur  les  vaisseaux  lymphatiques)  —  Oratiê  Barwitm 
liondon,  ITr^O,  in-4.  —  An  account  of  a  Blow  on  the  Heart  and  ils  Effeets,  London,  17^''» 
in-8.  ~~De  Dysenteria  commentarius,  London,  1764.  —  Plusieurs  mémoires  insérés  ésM»  1^ 
Transactions  philosophiques,  etc.  (V.  Hutchinson.  Biographia  ased,,  1. 1,  p.  4.) 

E.  Bgd. 
AKUN.     Voy.  Calotropis. 

ALAI»  (Emis  mlnéralMi  d*).  —  Alais  est  une  sous-préfectiu^  du  dé)c(rli' 
ment  du  Gard,  bâtie  au  pied  des  devenues,  sur  la  petite  rivière  le  Gardon. 

Plusieurs  sources  ferrugineuses  émergent  aux  environs  de  la  ville  ;  quatrt  <h  i 
quelque  importance.  Kilos  se  nomment  :  la  source  du  Mast  de  Boac^  la  sowrcf  (>' 
Brmizeti,  le  groupe  de  Dahiel,  qui  se  compose  de  deux  sources  appehvs  I  urk'  /•' 
Marquiie^  et  l'autre  la  Comtesse. 

1®  Smirce  du  Mas  de  Boac.  —  Cotte  source  est  au  nord-ouest  et  à  environ  w 
kilomètre  d* Alais,  à  145  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  L*eauden»it' 
source  n'a  jamais  été  soumise  à  l'analyse  chimique  ;  elle  n'est  point  utilisée. 


r 


ALAMBIC.  579 

3^  S<mree  de  Brouzen.  —  Le  point  de  Témergence  de  cette  source  est  voisin  de 
opiui  de  la  source  précédente.  Son  eau  n  a  point  été  régulièrement  analysée,  mais 
M.  le  docteur  Auphan,  qui  a  bien  voulu  me  communiquer  les  détails  contenus  dans 
(W  article,  a  Ltit,  en  1861,  quelques  recherches  démontrant  que  Teau  de  la  source 
d(*  Brouzen  tient  en  dissolution  une  grande  quantité^  de  sulfate  de  fer,  avec  excès 
(l'acide  sulfurique,  et  que  l'arsenic  y  existe  en  proportion  relativement  consi- 
dérable. 

ys  eaux  des  sources  du  Mas  de  Boac  et  de  Brouzen,  à  l'intérieur  et  en  petite 
i|iiantité,  sont  d'une  digestion  di£ficile;  à  la  dose  de  deux  ou  trois  verres,  elles  sont 
prt^ue  toujours  vomitives.  Ce  dernier  effet  physiologique  justifie  l'oubli  dans  le- 
quel ces  sources  ont  été  laissées.  H.  le  docteur  Auphan  prescrit  cependant  l'eau 
di'Brouzon  en  injections  vaginales  dans  la  leucorrhée  chronique  avec  atonie  du  sys- 
\mo  utérin. 

>  Groupe  de  dxîiiel.  —  Les  deux  sources  de  ce  groupe,  à  158  mètres  au-dessus 
i)u  niveau  de  la  mer,  constituent  véritablement  les  eaux  d'Alais,  quoique  les  sour- 
r<^  de  la  Marquise  et  de  la  Comtesse  émergent  à  deux  kilomètres  à  l'ouest  de  In 
Mlle,  sur  la  rive  droite  du  coura  d'eau,  le  Chaudebois,  au  fond  d'un  vallon  formé 
)nr  deux  montagnes  peu  élevées. 

Ia  Marquise  et  la  Comtesse  ne  sont  pas  à  plus  de  20  mètres  l'une  de  l'autre. 

A.  La  première  de  ces  deux  sources  a  un  niveau  un  peu  inférieur  à  celui  de  la 
(imlesse,  qui  est  la  plus  éloignée  de  la  ville. 

LVau  de  la  source  de  la  Marquise  contient  du  sulfate  de  fer,  du  sulfate  de  ma- 
:.'iu'$ie,  du  sulfate  de  chaux  et  une  quantité  assez  considérable  d'arsenic.  Elloauno 
»iion  purgative  sur  les  quelques  personnes  qui  en  font  usage  en  boisson. 

B.  Le  crénate  do  fer  est  l'élément  minéi*alisateur  principal  de  l'eau  de  la  source 
de  la  Comtesse,  qui  reniermc  aussi  une  légère  proportion  de  sulfate  de  chaux.  Elle 
mntient  en  outre  des  traces  notables  d'arsenic  et  de  matières  organiques. 

Les  eaux  du  groupe  de  Daniel,  auprès  duquel  il  n'existe  pas  d'établissement  mi- 
Itérai,  sont  à  peu  près  complètement  abandonnées.  Elles  jouissaient  autrefois  d'une 
ii'pitation  assez  étendue  que  leur  avaient  faite  les  médecins  de  Montpellier.  Quel- 
((urs  habitants  de  la  contrée  se  rendent  seuls  aujourd'hui  à  la  fontaine  de  la  Com- 
ti-sse  et  boivent  le  matin,  à  jeun,  depuis  deux  jusqu'à  quinze  verres  d'eau  miné- 
rale. Les  médecins  conseillent  le  plus  souvent  cette  eau  coupée  de  vin  pendant 
It-s  r»*pas. 

\jÊS  eaux  des  sources  de  Daniel  sont  à  la  fois  purgatives,  apéritives  et  recousti- 
Uuntes.  Elles  sont  prescrites  avrc  succès  dans  la  chloro-anémiectcontre  les  accidents 
•fui  en  résultent,  tels  que  l'aménorrhée,  la  dysménorrhée  ou  la  leucorrhée,  etc.  ; 
itan>  la  dysenterie  chronique,  la  diarrhée  séreuse  et  la  dyspepsie  llatuleiitc. 

BiHjMitAraïK.  Mémoire  mr  les  eaux  mviéralen  dtAlais,  pour  servir  à  thistoire  naturelle 
*l^lâ  prmnce,  par  de  Sauvages,  professeur  à  l'Université  de  Montpellier.  1750. 

A.  ROTUREAU. 

ALAlunc.  La  distillation  s'opère  a  l'alambic  ou  à  la  cornue.  Ces  deux  appa- 
reils ont  pour  but  de  séparer  par  cette  opération  les  cor{>s  volatils  de  ceux  qui  ne 
I-  xmi  pas,  ou  des  substances  de  volatilité  différente. 

L'alambic  est  composé  le  plus  souvent  de  quatre  pièces  :  1"  la  chaudière  ou 
niairbite;  2®  le  chapiteau;  .V  le  serpentin  ;  4°  le  réfrigérant  à  serpentin;  quel- 
quefois on  y  ajoute  une  cinquième  pièce  nommée  bain-marie.  Les  anciens  alambics 
l'fpsenlaient  les  formes  les  plus  grotesques  ;  le  chapiteau  était  séparé  de  la  cucur- 


582  ALANINE. 

de  ht  eticlirbiie  qui  2k;rt  de  générateur,  et  au  moyeu  d'uu  lu\au  eu  cuivre  d(Mj\ 
ibis  cuudé,  on  fait  armer  la  vapeur  d*eau  à  la  partie  inférieure  du  douUc  viv 
tiit  bsûiwDarie  ;  les  vapeurs  condensée»  daus  la  niasse»  des  subslanc  es  retomhtMr 
uin&i  (^aus  le  bain-marie,  et  le  liquide  n'est  jamais  soumis  à  une  tcmiiératurc  supi'- 
Heure  à  100  degrés  centigrade,  tandis  que  si  le  produit  de  oondensatiou  rtAit 
ujéléàl*eau  de  la  eucurbite  il  acquerrait  bientôt  une  odeur  d'^aapyi'euinedesplu^ 
désagréables.  Nous  reviendrons  sur  ces  faits  en  parlant  des  hydroîaU  ou  eaux  dt^ 
tillées.  0.  Rbveil. 

.%LAXCSIEB  (Alangium  Lahr.).  Genre  de  plantes  dicotylédones  qui  a  doiuit' 
S4»u  nom  à  la  famille  des  Alangiées  ou  Alangiacées,  extrêmement  voisine  de  cellt^ 
des  Cornées  et  des  Gombretacées.  Les  Alangium  ont  un  réceptacle  concave  logeai»; 
un  ovaire  uniloculaire  et  uniovulé,  et  donnant  sur  ses  bords  insertion  à  un  caln  • 
courte  cinq  ou  dix  dents,  à  une  corolle  de  cinq  a  dix  pétales  libres  et  â  des  éb- 
uiiiies  libres  et  épigynes  en  nombre  double,  triple  ou  quadruple  de  celui  de^  |>^ 
taies.  Le  fruit  est  une  drupe  dont  le  noyau  contient  une  graine  suspendue  avri 
un  embryon  entouré  d'uu  albumen  charnu.  \a^  Alangium,  qu'Adanson  avait  a|>|ie- 
lés  Angolam,  sont  des  arbustes  des  régions  chaudes  de  l'ancien  monde,  nobu»- 
uient  des  Indes.  Leurs  feuilles  sont  alternes  sans  stipules  et  leurs  inflorestcenct-^ 
axillaii*es. 

Les  espèces  employées  en  médecine  sont  principalement  les  A.  hexapeialum  *  \ 
decapetalum  de  Lamarck.  Le  premier  est  le  Kara-Angolam  ou  Namêdou  dn 
Indiens,  suivant  Rhecde.  Ses  racines  sont  aromatiques,  et,  d*après  Royie,  c'est  u< 
purgatif  et  un  hydragogue  auquel  les  Malais  accordent  de  l'efficacité.  Le  secMkl 
est  VAngolam  on  Angoli  des  indigènes.  C'est  un  bel  arbre  toujours  vert,  qui  jt- 
teint  une  centaine  de  pieds  de  haut  et  est  chargé  de  fleurs  blanches  à  odeur  sui^f 
Son  bois  est  blanc,  très-dur.  Lesracines  sont  aussi  aromatiques  et  très-amères,  a>ant 
les  mômes  pi-opriétés  que  celles  de  l'A,  hexapetalum.  Toutes  les  es^wces  lin 
genre  ont  des  fruits  comestibles,  ou  délicieux  et  parfumés,  ou,  selon  M.  Wiglil. 
fades  et  mucilagineux. 

Adanbon,  Fam,  />/.,  Il,  85.  —  Lamabck,  Dict.,  I,  174.  —  Exdl.,  Gen.,  u,  6096.  —  fbuiM 
Malabar^  IV,  t.  17.— Wwht  et  Abnott,  Prodrom,  fl.  penins.,  I»  3tl5.^Lnnx..,  Flor.  mré.,'\ 

H.  Bn. 

ALANIME  (C^U^AzO^).  On  obtient  Talanine  en  faisant  réagir  un  excès  dVid. 
chlorhydrique  sur  un  mélange  de  deux  parties  d'aldéhydate  d'ammoniaque-  tl 
d'une  piu-tie  d'acide  cyanhydrique  eu  solution  dans  l'eau.  La  réaction  coouueiKt* 
aussitôt  ;  l'acide  chlorhydriquc  s'empare  de  l'ammoniaque  de  l'aldéliydate  f^tr 
former  du  chlorydi*ate  d'ammoniaque,  et  l'aldéhyde  rendu  libre,  en  se  combiiuiiC 
à  l'acide  cyanhydrique  et  à  deux  équivalents  d'eau,  constitue  l'alanine,  qui  elle- 
même  se  combine  avec  l'excès  d'acide  chlorydrique, 

C*U*0«    AzlP  -h  C*.\zH  -f  2110  -h  2HC1.  =  C«irA/0»HCl  -^  AïHMICI. 

àLDIBTDB.  4ll«0IIUQ0e.  4C.  CTANITM.         AC.  CMLOBHTDB.  CBLOKH.  n'àLAMlRB.       CatABM.  »'a»««- 


On  distille  au  bain^naric  jusqu'à  ce  que  le  mélange  soit  réduit  à  moitié.  Il  ik- 
passe  à  la  distillation  aucune  trace  d'aldéhyde  et  que  des  quantités  insignifiant^-» 
d'acide  cyanhydrique  ;  l'eau  qui  distille  ne  contient  que  l'excès  de  l'acide  chlorln- 
drique  employé.  Par  le  refroidissemeut  du  résidu,  la  plus  grande  partie  du  dikn  • 
hydrate  d'anunoniaque  se  dépose  ;  un  mélange  d'alcool  avec  un  peu  d  etber  prrii- 


ALANINE.  385 

pile  le  reste,  et  les  eaux  1061*68  retieimeiit  en  dissolution  le  chlorhydrate  d*alsudne. 
Oii  décaote  le  liquide,  on  lave  avec  un  peu  d'eau  le  sel  ammoDiac  déposé,  et  on 
réanil  1^  deux  liquides.  La  solution  ainsi  dotenue  est  portée  à  Tébullition  et 
décomposée  par  de  Thydrate  de  plomb  qui  se  combine  à  l'acide  chlorhydrique, 
met  l'alanine  eu  Uberté,  en  même  temps  qu'il  décompose  les  dernières  traces  de 
sd  ammoniac  qui  a  pu  rester  en  dissolution.  On  filtre  ensuite  bouillant  et  on 
fiiil  passer  dans  le  liquide  fdtré  un  courant  d'hydrogène  sulfuré  qui  précipite  tout 
Iti  plomb.  Le  liquide  filtré  de  nouveau,  évaporé  aubain-marie,  donne  par  le  refroi- 
dissement des  cristaux  d'alanine  ;  les  eaux  mères  en  fournissent  encore  si  on  les 
{trécipite  par  l'alcool. 

L'alanine  cristallise,  par  le  refroidissement  de  sa  solution  satui^  à  chaud,  en 
cristaux  doués  d'un  éclat  nacré,  durs,  crac^uant  sous  la  dent  ;  ces  cristaux,  assez 
::ros,  sont  des  prismes  obliques  à  base  rhonibe  :  insolubles  dans  Tétlier,  très-peu 
H)iuhles  dans  l'alcool  à  80  degrés  cent.  ;  ils  se  dissolvent  des  4,G  d'eau  à  17°,  et 
soot  plus  solubles  dans  l'eau  bouillante  ;  cette  solution  aqueuse  possède  une  saveur 
sucrée  très-marquée.  Elle  est  sans  action  sur  les  réactifs  colorés  ;  cependant  Tala- 
uine  peut  se  combiner  avec  les  oxydes  métalliques  et  former  ainsi  des  sels  parfai- 
tement définis  dont  la  plupart  cristallisent  très-bien;  d'un  autre  côté,  les  acides 
peuveut  s'y  mêler  également  pour  former  des  combinaisons  salines,  cristalli- 
sibles,  dans  lesquelles  cependant  l'acide  n'est  jamais  complètement  saturé. 

On  voit  donc  que  l'alanine  peut  jouer  le  rôle  d'un  acide  et  d'mie  base.  Cette 
propriété  lui  est  commune  avec  deux  autres  corps  qui  ne  diflèrent  entre  eux  et 
Talanine  que  par  C'H*  ;  ce  sont  donc  les  composés  homologues  formant  ime  série 
dont  le  premier  terme  est  la  glycocollcy  C*H*AzO*,  le  second  Ydanine,  C*IPAzO^,  et 
puis  enfin  la  leucine^  C"H"AzO*. 

Les  expériences  de  M.  Laurent  sur  la  glycocolle  peuvent  nous  faire  comprendre 
le  double  rôle  de  ces  trois  composés  ;  en  effet,  ces  travaux  paraissent  démontrer 
«{oe  la  glycocolle  n'est  que  de  l'acide  acétamiquây  c'est-à-dire  de  l'acide  acétique 
dans  lequel  un  équivalent  d'hydrogène  est  remplacé  par  Yamide,  AzH*.  Mais  si  la 
giycocoUe  est  de  l'acide  acétamique,  l'alanine  ne  peut  être  que  l'acide  propionu- 
oiiqae,  et  la  leucine  de  l'acide  caproamique  : 

C*H*0*  C*H*(AzH«)0* 

Ae.  kOÈttVOK.  «LTOOOOLU. 

C'H^O*  C«H'^(AzH*)0* 

AD.  raonOfllQVK.  ALAXlAB. 

C"H*«0*  C"H"(AzH*)0* 

Ac.    GAraoïQirB.  Litanct 

liie  réactiou  qui  mérite  d'être  mentionnée  est  celle  qu*exerce  l'acide  nitreux 
:$ur  l'alanine  ;  en  effet,  cet  acide,  mis  en  présence  d'une  solution  aqueuse  d'alanine, 
en  dégage  tout  l'azote,  en  même  temps  qu'il  perd  le  sien,  et  la  solution,  évaporée 
à  mie  douce  chaleur  en  consistance  sirupeuse,  présente  tous  les  caractères  de  l'acide 
iactique.  En  effet  : 

CWAzO*  -f-  AzO«  =  PHW  H-  2  Az  4^  HO 

auuhhb.         ac.  Rrram.  ac.  lactiqob.     aioti.       bao. 

L'alanine  est  isomère  avec  l'uréthane  (carbonate  d'éthyle),  la  lactamide  et  la 
«nnsine.  On  distinguera  des  deux  premiers  corps  par  leur  point  de  fusion,  qui 
est  déjà  au-dessous  de  100^,  tandis  que  l'alanine  ne  fond  que  vers  200^.  La  sar* 
mœ  se  reconnaîtra  })arce  fiu'elle  ne  forme  aucune  combinaison  avec  les  oxydes 
QiéUUiques.  Lutz. 


384  ALÂTERNE. 

AUàNSOlV  (Edward).  Qlirurgien  anglais,  pratiquait  à  Liverpool  dans  U  be- 
coude  moitié  du  siècle  dernier.  Il  est  connu  comme  auteur  d*uii  procédé  poui 
pratiquer  l'amputation  dans  la  continuité  des  membres,  de  manière  à  enter  b 
suillie  des  os.  Pour  cela  Alanson  propose  de  transformer  le  moignon  en  un  vùoe 
creux,  dont  la  base  répond  aux  téguments  et  dont  Tos  forme  le  sommet.  Voici  le 
titre  de  l'ouvrage  dans  lequel  Alanson  a  décrit  ce  procédé,  qui  lui  assure  iith* 
place  si  distinguée  dans  l'histoire  de  l'amputation  des  membres. 

Praetieal  observations  upon  AmfnUaiûm  and  the  afin  Tteatment.  London,  1779,  io^.— 
llrid.f  1782,  in-8.  Trad.  fr.  par  Lassus  sous  ce  titre  :  Manuel  de  Vaniputation  des  wtembres. 
Para,  i784.  in-lî.  g    j^^ 

ALAPAS.     Voy,  Bardahe. 

ALARB  (]II«rle*Josepli-Jeaa-Fraa^hi).  Membre  de  l'Académie  di*  iih- 
decine,  médecin  en  chef  de  la  maison  d'éducation  de  la  Légion  d'honneur,  vU  > 
naquit  à  Toulouse  le  i*'  août  1779.  Reçu  docteur  à  Paris  en  180r>,  il  fut  uu  cle^ 
praticiens  les  pbis  distingués  de  cette  ville,  où  il  mourut  en  mai  i850.  AUni 
a  publié  plusieurs  ouvrages  qui  ont  surtout  pour  objet  les  maladies  du  sptèoK' 
lymphatique.  Dans  son  traité  sur  le  siège  et  la  nature  des  maladies,  il  lait  joih>r 
ù  ce  système  un  rôle  très-considérable  dans  la  pathologie.  Pour  lui,  les  tissus  m- 
maux  sont  coustitués,en  dernière  analyse,  uuiquement  par  des  vaisseaux  ahso^lKUll^ 
artériels,  veineux  et  lymphatiques,  dans  lesquels  se  passent  toutes  les  actions  <)Rrj- 
iiiqucs,  et  qui  sont  par  conséquent  le  siège  de  toutes  les  maladies  :  doctrine  qut 
ne  repose  évidenunent  que  sur  des  hypothèses  et  des  spéculations  tout  à  lait  ariii- 
tPdires.  Les  ouvrages  publiés  par  Alai'd  sont  les  suivants  : 

Essai  sur  le  catarrhe  de  VoreUle.  Thèse  inaug.  Paris,  1805,  in-8.~2*  édit.,  1807,  iu-« 
—  Traduction  du  mém.  de  Hendy  Sur  la  maladie  glandulaire  de  Barbade.  In  If/»,  de  It 
Soc,  mid.  d^émulation,  t.  IV,  p.  44-140.  Paris,  an  II.  —  Histoire  d'une  maladie  ptrtieuiiiu 
du  système  lymphatique,  avec  4  pi.  Paris,  1806,  in-8.  —  Bisloùre  de  Vélépkantiasis  4e* 
Arabes,  maladie  particulière^  etc.,  avec  4  pi.  Paris,  1800,  in-8  [même  ouvrage  que  le  pr^ 
cèdent).  —  De  t inflammation  des  vaisseaux  lymphatiques  dermoides  et  sous-cuianés,  mslsiu 
désignée,  etc.,  avec  4  pi.  Paris,  1824,  in-8  (autre  édit.  augmentée).  —  Nouvelleê  observatmi 
recueillies  sur  l'éléphantiasis  des  Arabes,  Paris,  1811 ,  in-8.  —  Éloge  historique  de  Fr.  Perm 
In  Mém.  de  la  Soc.  méd.  d'émulat.,  t.  VII,  1811.  — Note  sur  une  maladie  nourellemeni 
décrite  et  tris-f^équente  parmi  les  soldats  de  V armée  tF Espagne  (fégarite).  In  Joum.  4e 
ConÂsart,  t.  XXIV,  p.  354,  1812.  —  Du  siège  et  de  la  nature  des  maladies,  ou  fiourelkt 
considérations,  etc.  Paris,  1821,  2  vol.  in-8. — Un  certain  nombre  de  notices  et  d'arUcln 
dans  le  Dictionnaire  des  sciences  médicales,  la  B0liothèque  médicale,  etc.  y    n 

AliAMA.  Genre  d*  Algues  établi  par  Gré  ville  aux  dépens  du  genre  Laminaria. 
et  dont  le  ty|3e  est  le  Fucus  esculentus  de  Linné,  ou  Laminaria  egculenta,  plantr 
alimentaiire,  analeptique,  à  ce  qu  on  assure,  riche  en  matière  gélatineuse.  CKtr 
plante  forme  une  partie  de  la  nourriture  des  riverains  pau\Tes  de  i*  Ecosse,  (1* 
llrlande,  dé  l'Islande,  du  Danemark  et  des  îles  Faeroé.  Il  en  est  de  même  df 
plusieurs  autres  Algues  (voy.  ce  mot).  H.  Bii. 

AliATERNE  (Rhamnus  Alaternus  L).  Es])èce  du  genre  Nerprun  {Uhemnui 
et  dont  les  anciens  botanistes  avaient  fait  un  genre  spécial.  Cet  arbuste  se  trouTt* 
en  France,  dans  tout  le  Midi,  jusqu'au  Poitou.  Sa  tige  est  rameuse,  liaute de  rimi  j 
vingt  pieds.  Les  feuilles  sont  persistantes  et  font  rechercher  la  plante  oomnie  orne- 
mentale. Leur  limbe  est  tantôt  elliptique,  tantôt  ovale,  ou  lancéolé,  épais,  coriacr, 
luisant,  d'mi  vert  foncé.  Ses  fleurs  sont  dioîques,  ordinairement  pentamères,  dé- 


ALBAN   (SAINT-)  (eaui  MinéB.).  585 

[XHiniies  de  corolle,  et  leur  périantlie  présente  des  divisions  courtes,  dressées  dans 
Ja  lleur  femelle,  réfléchies  dans  la  fleur  mâle.  Les  autres  caractères  sont  ceux  des 
Hhamnus  {vay,  ce  mot).  Les  parties  de  cette  plante  employées  dans  la  médecine 
populaire  sont  les  feuilles,  dont  la  saveur  est  âpre  et  qui  sont  usitées  comme  as- 
tringentes et  toniques  ;  et  les  fruits,  qui  deviennent  noirs  quand  ils  sont  compléte- 
meut  mûrs  et  renferment  des  graines  luisantes  jaunâtres.  La  pulpe  de  ces  diupcs 
est  purgative,  comme  celle  de  tous  les  Nerpruns  ;  mais  elle  ne  doit  pas  être  em- 
ployée sans  précautions,  car  son  usage  peut  occasionner  des  accidents.     H.  Bn. 

TocMKF.,  ItutU.,  595.  —  L.,  Spec,,  Ml.  —  D.  C,  W,  /V.,  IV,  624.  —  Grew.  et  Goob.,  F/. 
fr.  I,  337. 

ALATHO  (Mare- Antoine).     Ce  médecin  se  recommande  à  la  postérité  par  ses 
talents,  par  ses  écrits  et  par  son  dévouement  à  la  chose  publique.  11  était  Sicilien, 
et  naquit  à  la  fm  du  seizième  siècle,  dans  une  petite  ville  que  Hercklin  latinise 
soiL<  le  nom  de  Racalmntensis,  et  qui  est  désignée  par  Hanget  sous  celui  de  Ra- 
galbutnm.  Après  avoir  fini  ses  humanités  et  le  cours  de  philosophie,  il  étudia  la 
médecine  et  Ait  reçu  docteur  à  Messine,  en  1610.  Il  alla  s'établir  a  Palerme  en 
1616.  Ses  premiers  pas  dans  la  pratique  furent  si  heureux,  que  bientôt  il  eut  la 
conGance  des  personnes  haut  placées  :  on  implorait  son  secours  de  toutes  les  villes 
de  Sicile;  on  le  consultait  par  lettres.  Cet  enthousiasme  pour  le  nouvel  Esculape 
parvint  à  son  apogée  en  1624,  année  terrible  pour  la  Sicile,  qui  fut  ravagée  par  la 
peste,  et  durant  laquelle  Alaymo  déploya  un  zèle,  des  lumières  et  nn  courage 
civique  digne  d'éloges.  Aussi  Bologne  lui  oflrit-elle  une  première  chaire  de  méde- 
cine à  laquelle  étaient  attachés  des  honoraires  considérables  ;  aussi  Jean-Alphonse 
Henriquez,  grand  amiral  de  Castille  et  vice-roi  de  Naples,  chercha-t-il  à  se  l'attirer 
en  le  nonunant  premier  médecin  ou  archiatre  du  royaume  de  Naples.  Alaymo  refusii 
ces  oflires  magnifiques  :  il  voulut  se  conserver  à  sa  patrie,  qu'il  n'abandonna  pas, 
en  eflet,  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  28  septembre  1662.  Les  restes  de  ce  savant  et 
respectable  médecin  re{>osent  daiLs  l'église  de  Sainle-Marie-des-Agonisants,  dont  il 
avait  été  un  des  bienfaiteurs  ardents.  Le  collège  tout  entier  des  médecins  de  Pa- 
ïenne assista  à  ses  funérailles.  André  Vetranus  lui  a  consacré  une  oraison  funèbre 
qui  lut  imprimée  en  1662,  in-4^.  Enfin,  sur  son  tombeau  on  grava  une  inscription 
qui  rappelait  ses  droits  à  la  reconnaissance  publique.  —  Nous  connaissons  de 
Marc-Antoine  Alaymo  les  ouvrages  suivants  : 

I.  DUeor9o  mtemo  alla  pretervatione  del  morbo  contagiouo,  e  mortale,  che  régna  al  présente 
w  Paiermo  et  in  altre  città  e  terre  del  regno  de  Sicilia.  Palerme,  1625,  in-4.  C'est  la  des- 
crip(K>n  de  la  peste  qui  ravagea  la  tiicile  en  1624.  et  les  moyens  de  l'en  préserver.  11  est 
diflidlc  de  trouver  une  étude  mieux  faite  de  Tépidémie.  —  U.  Cotuttltatio  pro  ulcerû  Syriaci 
■m^  vagantis  curatione,  ad  Thomam  et  Johannem  Vincentium,  med,  doctoret,  ejus  fratret. 
fftterme,  1632,  iii-4.  — III.  De  Succedaneis  medicamentis  opmculwn,  nedum  pharmacopolU 
^ecesstrimnt  verum  etiam  medicis  chimicme  maxime  utile,  etc.  Palerme,  1637,  in-4. — 
IV.  Conngli  medico-polUiâ  d'ordine  dell  ill,  Senato  Palermitano  per  Vaccmrenti  neceuita 
délia  peste.  Palerme,  1652,  in-K.— V.  Opus  aureum  pro  cognotcendiSf  curandisque  febriàus 
^aUgm^-^yi,  Consul talianei  medicxpro  arduissimis  profligandis  morhis, — VII.  Commen- 
tsha  in  hiitoriam  ab  Hippocrate  m  epidemicis  coMlitutionibus  obtervatam. 

Ces  trois  derniers  ouvrages  n'ont  jamais  été  imprimés,  et  nous  rendons  respon- 
sable de  leur  existence  la  Bibliotheca  Sicula  publiée  par  Antonio  Hongitore. 

A.  GUKREAU. 

àMMMM  (SAINT-)  (fiMmainéraicsde).  Athenuoles,  bicarbonatées  sodiqites 
^iMUennes,  ferrugineuses  faibles^  cafi>oniques  furies.  Sainl-Alban  est  un  hameau 
(if*  120  haliitants  de  la  commune  de  Saint-André  d'Apchon,  dans  le  département 

DicT.  £Kc.  u.  t2t> 


^9^  ALBAN   (SAINT-)  (baux  mihér.). 

(le  Ui  Loûv  (clMuiiu  de  fér  de  Lyon  jusqu'à  Roanne,  onae  kilomètres  en  Toiture i. 
L*éUiblitiïs««ieiii  de  Saint-Alban  est  bâti  à  400  mètres  au-dessus  du  niveau  de  b 
uier»  dttus^  une  vallée  ouverte  du  nord-ouest  au  sud-ouest,  arrosée  par  le  ruisseau 
tui^reutueux  de  Montouse.  Les  baigneurs  doivent  être  prévenus  que  les  variation^ 
de  tempêntture  sont  brusques  à  Saint-Alban,  où  ils  ont  à  se  garantir  du  froid  vi 
de  rbuoiidité.  Les  sources  et  la  maison  de  bains  appartiennent  à  une  oompagiii<\ 
La  saison  commence  le  i*'  juin  et  finit  le  30  septembre. 

Simrceê,  Elles  sont  au  nombre  de  trois,  qui  se  nomment  :  la  Source  Princi- 
paley  la  Source  de  la  Pompe^  la  Source  du  Mur. . 

1^  Source  Principale.  L'ouverture  des  trois  sources  de  Saint-Alban  est  sous  un 
même  pavillon,  situé  à  cent  mètres  au  sud  de  l'établissement  des  bains. 

L'eau  de  la  Source  Principale  est  très-claire,  très-limpide,  et  pourtant  elle  h'tsoé^ 
déposer  sur  les  parois  du  puits  une  couche  assez  épaisse  d'un  enduit  jaune  roo- 
geâtre;  elle  tache  les  verres  et  elle  altère  leur  transparence  au  bout  de  quelques 
jours.  Un  cordon  de  conferves  vertes  entoure  la  suiface  de  l'eau  ;  ces  conlerves 
tapissent  intérieurement  les  rebords  de  la  pierre  de  la  margelle.  Son  odeur  t>t 
piquante  et  ferrugineuse;  la  nappe  d'eau  est  agitée  sans  cesse  par  des  bulle 
petites  et  nombreuses  de  gaz,  qui  produisent  l'image  fidèle  d*une  pluie  fine  et 
serrée  ;  les  grosses  bulles  sont  arrêtas  par  une  cloche  établie  à  deux  mètres  au- 
dessous  de  la  surface  de  l'eau.  Cette  cloche  communique  avec  un  tuyau,  par  lequel 
Ir  gaz  est  conduit  dans  des  tubes  plusieurs  fois  recourbés,  afin  que,  débeurrassé  d» 
})urticules  aqueuses  entraînées  avec  lui,  il  arrive  parfaitement  pur  sous  un 
gazomètre.  Des  tuyaux  à  robinet  le  dirigent  dans  la  chambre  d'inhalation  ou  à  uik* 
usine,  dans  laquelle  l'eau  naturelle  ou  l'eau  édulcorée  est  cliargée  de  gai  pour 
être  livrée  au  commerce  sous  le  nom  d'eau  de  Seltz  ou  de  limonade  gaseuae.  I^ 
saveur  de  l'eau  de  la  Source  Principale  est  fraîche  et  agréable,  quoiqu'elle  soit 
bicarbonatée  et  ferrugineuse  ;  elle  a  une  frappante  analogie  avec  l'eau  du  Stahl- 
brunnen  de  Pyrmont  et  de  la  source  George-Victor  de  Wildungen.  Sa  réaction  ot 
très-acide,  mais  au  contact  de  l'air  le  papier  de  tournesol  rougi  reprend  prompti*- 
ment  sa  coloration  première.  La  température  de  l'air  étant  de  14"  centigrade,  œlk 
de  l'eau  du  puits  Principal  est  de  17®  2  centigrade.  Sa  densité  est  de  i  ,0012. 

L'eau  de  la  Source  Principale  de  Saint-Alban  est  employée  en  boisson  et  va 
bains,  après  avoir  été  préalablement  chauffée.  M.  Jules  Lefort  a  publié,  en  1859, 
l'analyse  chimique  de  l'eau  des  deux  premières  sources.  Voici  les  résulbts  quL- 
1000  grammes  d'eau  ont  donnés  : 

Kooice  miicirALiE.  iookci  »«  la  pmiv»< 

Bicarbonate  de  chaos 0,9382  0,95fê 

~              aoude 0.8581  0,8506 

pot«a8i> 0,063i  0,0858 

—             magoî^sie 0,4577  O.U45 

Chlorure  de  MNlium O.OSOl  0,OMfl 

Silice 0.0451  0,0143 

lodure  de  sodium \ 

Arfténiate  de  soude \      trace».  lraoe«. 

Natière  organique | 

S,410R  i.409t 

Gax:  Acide  earboniiiue  libre 1,9499  gramme.  14M0O  Kranme. 

2®  Souive  de  la  Pompe.  Le  puits  de  celte  source,  situé  à  la  partie  noid  du 
même  pavillon,  a  un  captage  pareil  à  celui  de  la  Source  Principale.  Une  cloche  àr 
cuivre,  eu  communication  avec  l'eau,  reçoit  aussi  le  gax  acide  carbonique,  qttun 
tuyau  conduit  dans  le  serpentin  et  de  là  à  la  chambre  d'inhalation  et  t\  l'usine  dooi 
j'ai  parlé. 


ALBAN  (SAINT-)  (baux  iiiNÉr..).  .  587 

Ine  pooipe  à  roue  monte  Teau  de  cette  source  dans  les  tuyaux  qui  la  distribuent 
à  i'étabKsseinent  de  bains. 

Cette  eau  a  les  mêmes  caractères  physiques,  chimiques,  et  la  même  température 
que  celle  de  la  Source  Principale  ;  mais  sa  limpidité  est  loin  d'être  aussi  grande , 
f^e  Tient  certainement  de  la  même  nappe  souterraine  cependant,  car  la  Source 
Principale  et  la  Source  de  la  Pompe  sont  solidaires  et  leur  niveau  oscille  dans 
les  mêmes  proportions.  La  densité  de  Teau  de  la  Pompe  est  de  1 ,0012. 

S*  Source  du  Mur.  Elle  émerge  au  sud-ouest  contre  le  mur  du  pavillon.  Son 
eau  est  troable,  sa  température  est  moins  élevée  que  celle  des  deux  autres  ;  elle 
nâque  16*  1  centigrade. 

Les  sources  Principale  et  de  la  Pompe  ne  contiennent  pas  de  sulfates  ;  la  Source 
do  Mot  en  renferme  une  proportion  notable,  ce  qui  indique  qu'elle  est  mal  captée 
et  qu'elle  reçoit  dans  son  parcours  une  certaine  quantité  d'eau  douce.  La  Source 
do  Nar  a  trè»-probablement  la  même  origine  que  les  deux  précédentes.  L'eau  dp 
U  Source  du  Mur  n'étant  pas  utilisée,  n'a  pas  encore  été  complètement  analysée. 

Dix-huit  cabinets  de  bains  et  une  salle  d'inhalation  carbonique  composent  réta- 
blissement de  Saînt-Alban.  Les  salles  de  bains  se  ressemblent  toutes.  Leurs  bai- 
gnoires, trop  petites,  sont  alimentées  par  deux  robinets  placés  à  la  disposition  des 
lâijçneurs,  qui  distribuent:  l'un,  l'eau  minérale  artificiellement  chauffée,  et  l'antre, 
la  même  eau  à  la  température  des  sources.  Il  n'y  a  d'appareils  de  douches  ^lans 
aucun  des  cabinets. 

La  salle  d'inhalation  de  gaz  acide  carbonique  est  une  pièce  au  centre  de  laquelle 
54*  trouve  un  bassin  de  cuivre  rempli  d'eau,  qui  se  renouvelle  sans  cesse  au  moyen 
d'nn  orifice  placé  à  son  milieu.  Le  gaz,  en  réserve  sous  le  gazomètre  du  pavillon 
des  sources,  arrive  par  des  tuyaux  dans  un  conduit  horizontal  couché  au  fond  du 
bassin  de  cuivre.  Quatre  petits  tubes  verticau)^  et  recourbés  laissent  échapper  sous 
l'eau  l'acide  carbonique  que  chaque  malade  reçoit  sous  le  foyer  renversé  d'une 
sorte  de  pipe  turque,  dont  il  tient  l'embouchure  entre  ses  lèvres,  et  par  lequel  il 
peut  aspirer  ou  ingurgiter  le  gaz,  suivant  les  prescriptions  du  médecin. 

Mode  d'adhuiistbation  et  ik)Ses.  —  Les  eaux  de  Saint-Âlban  sont  surtout  cm- 
ployées  en  boiason  ;  elles  sont  prescrites  aussi  en  bains  d'eau  et  en  inhalations 
carboniques. 

L'eau  de  la  Source  Principale  est  à  peu  près  la  seule  dont  on  fasse  usage  à  Tinté- 
rieur.  On  la  prend  le  matin  à  jeun  et  pendant  les  heures  qui  précèdent  le  dîner, 
par  verres,  de  quart  d'heure  en  quart  d'heure.  La  dose  ordinaire  est  de  quatre  ù 
douze  verres  par  jour;  certaines  personnes  doivent  la  boire  mêlée  de  vin  pendant 
les  repas.  L'ingestion  d'une  quantité  aussi  considérable  ne  répugne  pres(|(ie 
jamais  ;  cela  tient  probablement  à  la  très-grande  proportion  de  gaz  acide  carbo- 
nique qu'elle  renferme. 

ÏM91M  THÉIUPEUTIQUE.  —  Lorsqu'ou  avalo  cette  eau  au  sortir  de  la  source,  elle 
bii  éprouver  une  sâisation  de  chaleur  au  creux  épigastrique  et  une  ivresse  qui 
ressemble  à  s'y  méprendre  à  celle  que  l'on  éprouve  après  les  boissons  alcooliques, 
et  surtout  après  les  vins  mousseux. 

Les  eaux  de  Saint-Alban  sont  diurétiques  par  leurs  bicarbonates  ;  excitantes  et 
disestives  par  leur  gaz  acide  carbonique  en  excès  ;  toniques,  reconstituantes  et 
occasionnant  la  constipation  par  les  principes  ferrugineux  qu'elles  renferment. 

Ces  effets  physiologiques  sommaires  conduisent  aux  indications  thérapeutiques 
de  «s  eaux  appliquées  avec  succès  à  Tintérieur  :  contre  l'hyperémie  et  l'hypertro- 
phie ample  du  foie;  contre  les  graviers  et  les  calculs  bilûiires;  contre  la  gravelle 


588  ÂLBxVNlE. 

des  reins  ;  contre  les  dyspepsies  où  Ton  doit  stimuler  énergiquement  les  fonctions 
de  l'estomac,  en  provoquant  ses  contractions;  contre  les  digestions  difficiles  ooo- 
sionnées  par  l'administration  intérieure  de  certains  médicaments,  tels  que  b 
mercuriaux,  les  iodurés,  l'huile  de  foie  de  morue,  etc.;  contre  l'anémie,  la  dilo- 
rose  et  contre  tous  les  états  de  l'économie  où  il  convient  d'associer  les  akalîns  et 
les  ferrugineux  unis  à  une  proportion  notable  de  gaz  acide  carbonique. 

Les  bains  composés  d'eau  minérale  de  Saint-Alban  ne  doivent  pas  être  oonseillés 
indiiïércmmeut  à  tous  les  malades,  car  si  leur  usage  est  utile,  Û  peut  être  dallg^ 
reux.  Ils  ont  une  action  physiologique  qui  doit  surtout  être  connue  du  médecin  : 
elle  consiste  dans  la  diminution  notable  de  la  sécrétion  des  membranes  muqueuses, 
et  spécialement  de  celles  qui  tapissent  le  tube  digestif  et  les  voies  aériennes.  L& 
urines  au  contraire  sont  augmentées  par  les  bains,  qui  rappellent  souvent  aoM 
les  douleurs  articulaires,  musculaires  ou  internes  qui  dépendent  d'une  mabdit 
antérieure  et  qui  étaient  oubliées  quelquefob  depuis  longtemps.  Lorsque  œs  dou* 
leurs  apparaissent,  le  médecin  doit  porter  un  pronostic  favorable  sur  l'issue  de  la 
cure  minérale. 

La  diathèse  scrofuleuse  est  modifiée  heureusement  par  une  cure  inCenie  à 
Saint-Alban  ;  mais  il  faut  se  garder  alors  de  conseiller  les  bains. 

Les  inspirations  de  gaz  acide  carbonique  dans  les  voies  aériennes  ont  été  plus 
souvent  employées  à  la  station  de  SaintpÂlbaii  qu'elles  ne  le  sont  aujourd'hui,  cir 
on  a  reconnu  que  si  elles  sont  réellement  utiles  dans  les  pharyngites,  les  larjfD- 
gites,  les  trachéites  et  les  bronchites  simples  et  chroniques,  elles  ne  tieiuietit  pEi> 
ce  qu'on  leur  avait  fait  promettre  dans  la  phthisie  tuberculeuse  du  poumon  et  du 
larynx. 

On  n  a  pas  suffisamment  essayé,  à  l'établissement  de  Saint-Alban,  l'ingestion  du 
guz  acide  carbonique  dans  l'estomac  contre  les  gastralgies  très-douloureusis,  et 
comme  digestii  puissant  contre  certaines  dyspepsies  stomacales. 

Durée  de  la  curey  30  jours. 

On  exporte  l'eau  de  Saint-Alban  sur  une  grande  échelle. 

BiBLioGBApRiE.  —  RicHARD  DE  LA  pRADB.  Afialyses  dcs  eoux  minéraleê  de  Smnt-Aikn,  tn 
Jaurn,  de  médecine.  1774,  août,  p.  132.  —  Analyse  et  vertu  des  eaux  miner,  du  Fmtz.  rU 
Lyon,  1778,  in-12.  — -  Cartibr.  Noliee  et  analyse  des  eaux  miner,  de  Saint- AUmn.  Lyoo,  1816 
in-8.  —  GoK.  Des  eaux  miner,  de  SahU-Alban.  ~  Hevplk.  Des  eaux  salines  aeiduln  de 
Saint-Alban  et  de  leur  valeur  thérapeutique.  »    RarnaKAn 

AliBANIE  (géogk.  médic).  (Ce  nom,  fort  ancien,  puisque  Ptolémée  indiquait 
déjà  des  Albani  en  lUyrie,  parait  dérivé  de  Alb  ou  Alp^  mot  cdte  qui  signifie 
montagne.  Albanie  a  été  l'un  des  noms  de  l'Ecosse).  Contrée  étroite,  allougée  du 
nord  au  sud,  s'étendant  le  long  de  la  mer  Adriatique,  des  bouches  de  Gsttaro  »u 
golfe  de  l'Arta,  en  lace  du  canal  d'Otrantc,  entre  le  59*  et  le  43*  degré  de  lati- 
tude nord,  le  IG**  et  le  19^  de  longitude  à  l'est  du  niéridieu  de  Paris,  liille  UnAit 
donc,  au  nord,  à  l'Herzégovine,  à  la  Bosnie,  à  la  Serbie,  —  à  l'ouest,  à  la  Boumélie 
(Macédoine  et  Thessalie),  —  au  sud,  à  la  Grèce  (Acamanie).  Elle  est,  en  gniid** 
partie,  commandée  par  des  pachas  turcs,  sauf  quelques  petits  cantons  monta- 
gneux, plus  ou  moins  indépendants,  le  Monténégro,  qui  n'obéit  qu'à  son  évéqoc 
(maintenant  son  vladika),  et  le  district  de  Cattaro,que  le  remaniement  de  I8ir» 
a  adjoint  au  royaume  autrichien  de  Dalmatie. 

L'Albanie  répond  à  ce  qui  était  pour  les  anciens  la  partie  méridionale  de  rilb- 
rie  et  TÉpirc. 

Kllc  CHt  occup(*e  tout  entière  |Kir  neuf  chaînes  de  nioiitiignes,  cntrcconpêcMl' 


ALBANIE.  589 

\»llées  resserrées,  d'où  descendent  avec  rapidité  des  cours  d'eau  très-nombreux, 
qui  tùos  se  rendent  à  la  mer  Adriatique,  ou,  pour  TÉpire,  à  la  mer  Ionienne.  Les 
principaux  affluents  de  l'Adriatique  sont  les  deux  Drin,  la  Bojana,  le  Scombi,  In 
Gbenrasta,  la  Wouissa  (Barbana,  Mathis,  Drilo,  GenusiiSy  Apsus^  Aous  des  An- 
riens).  La  plnpaii  ont  un  cours  abrupt,  fen  étendu,  et  plusieurs  manquent  d*cau 
en  été. 

D'après  ces  dispositions,  on  peut  estimer  que  les  teiTains  habités  de  l'Albanie 
joaissent  en  général  dune  altitude  favorable  à  leur  salubrité.  Il  faut  en  excepter 
les  villes  du  littoral  ou  situées  sur  les  basses  rivières.  Alesio  n'est  qu'à  il  mètres 
au-dessus  du  niveau  de  l'Adriatique  ;  Scutari  plante  ses  orangers  à  50  mètres  ;  le 
pont  de  Béiat  sur  le  Loum  est  à  42  mètres.  Mais  dans  i'Épire  (que  l'on  qualifie 
pourtant  de  basse  Albanie),  la  vallée  du  Konitza  a  ses  broussailles  de  myrtes  à  300, 
H  kl  ville  célèbre  de  Janina  s'élève  au-dessus  de  500  mètres.  Les  sommets  les  plus 
élèves  des  montagnes  sont  dans  la  haute  Albanie,  entre  le  42*  et  le  45*  degré  de 
latitude,  et  vers  le  18*  de  longitude  :  le  pic  du  Kobilitasa  et  les  cimes  voisines  vont 
(leSSOO  àSeOO  mètres  ;  le  Schar,  entre  Priscen  et  Kalkandel,  dépasse  2000  ;  la 
montagne  de  Koutsch  n  2500  ;  les  monts  Ibalea,  Jalesch,  Jlieb,  approchent  de 
MOO,  ainsi  que  le  mont  Prokletia,  où  l'on  voit  de  la  neige  au  mois  de  juillet  sur 
le  plus  haut  cfA  de  l'Albanie. 

Les  diaines  de  l'aire  sont  moins  élevées.  Les  plus  hautes  cimes  du  Pinde,  Va- 
Mlilza,  Smolika,  ne  paraissent  guère  dépasser  1600  mètres.  Celles  du  Périster  et 
(lu  Cacardista  vont  pourtant  à  2000,  et  elles  fournissent  tout  l'été  de  la  neige  à  Ja- 
nina. Le  Ghimara-Hala  (Acrocéraune),  qui  relève  le  littoral  en  resserrant  l'en- 
trée de  l'Adriatique,  va  à  1 500  (Boue) . 

Toutes  ces  chaînes  appartiennent  au  système  crétacé.  Le  calcaire  y  renferme  des 
silei  gris  et  rouges,  en  plaques  et  en  rognons.  Il  est  presque  dépourvu  de  fossiles, 
n'offrant  guère  que  des  hippuritcs  et  des  nummulites.  Dans  les  vallées,  il  s'appuie 
»ur  des  schistes  argiloïdes,  des  agrégats  quarlzeux  et  de  la  serpentine.  On  trouve 
le  sol  tertiaire  et  d'alluvion  dans  les  bassins  de  Se  utari,  d'Alessio,  et  divers  autres 
petits  bassins  à  l'embouchure  des  rivières  dans  l'Adriatique.  Dans  la  vallée  de 
l'Hismo,  les  roches  tertiaires  se  relèvent  en  collines  composées  d'argiles  mamo- 
sibleoses  et  de  grès  avec  des  lits  argileux  quelquefois  remplis  de  mélanopsides. 

lies  grands  lacs,  assez  nombreux,  ne  sont  que  des  cavités  d'écoulement  au  mi- 
lieu des  terrains  calcaires.  Il  y  a  des  tourbières  près  du  lac  de  Labschistas. 

Les  thermes  sulfureux  de  Koutschiki  (Ëpire),  de  Bonila  près  Janina,  paraissent 
li^  i^  des  éruptions  trachytiques.  Il  y  a  à  Smrdiesch  une  source  sulfureuse  tiède. 

On  ne  cite  qu'une  source  acidulé  froide  :  elle  est  au  couvent  de  Detschiani 
'haute  Albanie).  Elle  sort  de  schistes  crétacés  accompagnés  de  serpentine. 

ClinuU.  La  ligne  isotherme  qui  passe  au  midi  de  I'Épire  est  celle  qui  traverse 
TEspagne,  l'Italie,  l'Asie  Mineure,  le  Schirvan  (anciennement  Albanie),  les  plaines 
au  nord  de  l'Himalaya  et  le  Japon,  marquant  de  14  à  19*  centigrade  {Petet^, 

Le  docteur  Ami  Boue  a  donné  un  assez  grand  nombre  d'observations  thermomé- 
triques, faites  en  vingt-quatre  localités.  Mais,  par  un  singulier  oubli,  il  n'en  a 
marqué  ni  le  mois  ni  la  saison.  (Les  voyages  anglais,  plus  anciens,  n'en  founiis- 
seat  pi>int).  Boue  a  noté,  en  plaine,  de  24  à  51*,  probablement  de  juin  à  août. 
D'après  la  température  des  sources,  il  estime  que  celle  de  l'Albanie  médiane  se- 
rait, en  moyenne,  14-15*  ;  —  de  Scutari,  12*;  —  des  cimes  moyennes  du  Pindc, 
8  à  9*;  —  des  ools  élevés,  5*.  Quand  vient  5  souffler  le  vent  glacial  de  noid-est, 


ôm  VLBANIK. 

i|ni  passe  sur  les  monts  Balkans,  le  ihermoniètre  desceud  biusqueoieiil  de  30  j 
âO*".  Hais  les  vallées  en  sont  garanties  par  les  remparts  montagneux. 

Décembre  donne  des  pluies  très-abondantes;  janvier  a  quelques  jours  de 
gelée. 

La  clialeur  de  Tété  est  insupportable  dans  les  vallées  de  l'Albanie  maritime,  en- 
tourées de  montagnes  déboisées  et  toutes  blanches,  qui  répercutent  vivement  les 
rayons  du  soleil.  11  y  a  aussi^  dit  le  docteur  Boué^  beaucoup  de  grandes  cavilé^, 
ovales  ou  circulaires,  qui  retiennent  imparfaitement  les  eaux,  et  où  Tiiir  est  stag- 
nant et  lourd.  C'est  là  surtout  que  régnent,  de  juillet  à  novembre,  de  daofse- 
relises  fièvres  intermittentes,  qui  visitent  régulièrement  l'Albanie. 

En  juillet  et  août,  la  température  de  l'Épire  va  jusqu'à  56  et  58®,  oiéme  daA> 
les  vallées  où  l'hiver  est  assez  rigoureux,  comme  dans  le  bassin  de  Janina. 

11  y  a  des  trombes  fréquentes  sur  le  lac  de  ce  nom  dans  les  montagnes.  Lp> 
gorges  profondes  sont  sujettes  à  de  violentes  rafales.  Le  sirocco  (vent  du  sud-oacst< 
atflige  souvent  le  littoral. 

Le  ciel  est  presque  toujours  serein  sur  les  pentes  de  rAcrocéraune.  Les  iremMi^- 
nients  de  terre  y  sont  fréquents,  ainsi  qu'à  Durazzo  et  à  Janina.  Ib  sont  phis  fré- 
(|uentsdans  les  temps  secs  et  chauds.  Suivant  Pouqueville,  ils  s'arrêtent,  diib 
rÉpire,  au  pied  du  Pinde,  et  épargnent  les  hautes  régions  de  ces  montagnes. 

Flore  et  Faune.  La  végétation,  curieuse  et  variée,  indique  le  passage  <k  b 
flore  de  Dalmatie  à  celle  de  Grèce,  avec  quelques  plantes  italiques  qui  semblent 
avoir  traversé  la  mer,  telles  que  Pinus  Brucio,  Acer  Neapolilanum^  Quercu» 
Apennina^  Erodium  Romanum,  etc.  On  cite,  comme  étant  les  plus  intére^<^iiii'^ 
pour  le  botaniste,  les  chaînes  qui  séparent  la  haute  Albanie  de  la  Serbie,  et  en 
Ëpire,  le  Souagora,  le  Pinde,  les  groupes  du  Djoumerka  et  du  Cacardist;). 

Les  montagnes  de  la  haute  Albanie  sont  boisées  de  chônes,  de  pins  et  de  liétn^. 
Celles  de  l'Épire,  que  l'incurie  et  la  barbarie  ont  déboisées,  attristent  les  re^^nb 
par  leur  aridité,  quoiqu'elles  offrent  sur  leurs  pentes  des  broussailles  de  chêne», 
de  myrtes,  lauriers  et  noisetiers.  Cependant  le  Pimle  a  quelques  forêts  de  mêlent, 
(le  cèdres,  de  sapins,  de  châtaigniers.  Dans  les  régions  maritimes,  le  platane,  Ir 
cyprès,  le  frêne  à  manne,  se  mêlent  aux  lauriers  et  aux  lentisques.  Les  côtes  àe 
r Ëpire  ont  le  chêne  à  cochenille  (Q.  coccifera  L.).  Le  coton  et  la  soie  sont  pour 
elle  deux  sources  de  richesses.  Mais  l'olivier,  mal  dirigé,  y  produit  peu.  Malgn* 
l'inhabileté  des  cultivateurs,  on  renomme  les  pêchers  de  l'Amphilochie,  les  notse- 
tiers  de  l'Arta,  les  cognassiers  de  Husaché. 

Les  plaines  cultivées  en  céréales  dans  la  haute  Albanie  sont  ti-ès-fertiles.  Beau- 
coup  d'autres  sont  laissées  au  libre  parcours  des  troupeaux. 

On  trouve  en  Albanie  le  loup  trè&-communément,  le  blaireau,  le  chacal,  le  san- 
glier. L'ours  n'y  habite  que  sur  les  hautes  montagnes.  On  trouve  peu  d'écurenîK. 
de  lièvres  et  de  lapins,  ils  sont  détiniits  par  les  grands  oiseaux  de  proie.  L'afasenv 
de  règlements  restrictifs  de  la  chasse  ne  permet  pas  au  gibier  de  multiplier.  L 
chasse  au  faucon  ou  à  l'épervier  y  est  encore  en  usage,  comme  l.i  pratiquaient  k*» 
liarons  du  moyen  âge.  Les  pâturages  élevés  nourrissent  des  troupeaux  de  cbanioi<. 
SLsec  des  bouquetins,  des  daims,  des  chevreuils,  et  plus  rarement  des  œrfs. 

Les  animaux  de  transport  les  plus  employés  sont  les  ânes  et  les  mulets. 

Les  tortues  abondent,  les  habitants  ayant  horreur  de  cette  nourriture,  surtout 
les  musulmans.  Ils  respectent  les  cigognes,  qui  arrivent  avant  la  fin  de  mars  et  rr> 
partent  aux  derniers  jours  d'octobre.  Boue  croit  qu'on  n'y  renoonlie  point  «If 
cygnes,  malgré  la  lyrique  description  que  fait  Pouqueville  de  ceux  de  l'AmphiK^ 


ALBANIK.  591 

chii%  eu  1«  associanl  aux  sarcelles,  aux  cormorans,  au  harle,  au  pélican,  au  hé- 
ron Ueu,  etc.  La  Thessalîe  envoie  quelques  faisans. 

Les  lacs  et  marécages  abondent  en  poissons  et  en  sangsues  (Biruio  Mauritanica, 
B.  laceriauliginosa). 

Pour  l'entomologie,  on  relève  (comme  pour  la  flore)  le  passage  de  la  faune  dal- 
loate  i  l'helléuique. 

Habitants.  Les  Albanais,  que  les  Turcs  et  les  Serbes  appellent  Ainaouts,  se 
<lMuient  à  eux-mêmes  le  nom  de  Schkipetars,  qui,  dans  leur  langue,  veut  dire 
Itabitantê  des  rochers.  Les  ruines  cyclopéennes  d'Hella  (Gastritza),  de  Gardiki,  de 
Dovra»  de  Chimara,  du  mont  Spanos,  etc.,  suffiraient  peut-être  pour  démontrer 
f^irils  sont  de  race  pélasgique  ;  mais  on  en  trouve  une  preuve  plus  certaine  dans 
l'étroite  affinité  de  la  langue  schkipe  avec;  les  langues  indo-europ6ennes,  et  notam- 
ment avec  le  sanscrit.  Cette  affinité  se  révèle  non-seulement  par  la  communauté 
des  racines,  mais  aussi  par  la  flexion  des  noms  et  des  verbes^  les  trois  déclinaisons 
avec  ou  sans  articles,  la  conjugaison  à  dix  modes  et  à  trois  voix,  et  par  le  nombre 
de  leurs  sons  et  articulations  élémentaires,  qui  fait  que  leur  alphabet  parlé  est 
d'un  boD  tiers  plus  complet  que  celui  des  Grecs,  et  approche  de  la  richesse  de  Tal- 
)4iabet  indien.  Quand  on  a  voulu  imprimer  à  Corfou  la  Bible  albanaise  avec  des 
caractères  grecs  (les  Schkipetars  n'ayant  pas  d'alphabet  écrit),  il  a  fallu  ajouter 
iieuf  lettres  le  ghain  turc,  le  dal,  un  e,  \ekh,  le  lam  (gl  des  Italiens),  ^Mt,  gn, 
sch,  La  langue  schkipe  a  des  sons  gutturaux  comme  celle  des  Celtes,  des  sifflantes 
dans  le  genre  du  th  anglais;  elle  a,  de  plus,  des  consonnes  heurtées,  mrpf  ntr, 
nt%q,  kih,  gkr^  qui  en  rendent  la  prononciation  difBcile  aux  étrangers.  Elle  est 
d*ailleurs  vigoureuse  et  expressive.  Elle  a  deux  dialectes  principaux,  celui  des 
Guêgues,  parlé  dans  la  haute  Albanie  ou  Guegnaria,  et  celui  des  Toskes,  qui,  dans 
TEpire,  a  fait  des  emprunts  à  la  langue  grecque. 

On  regarde  la  langue  schkipe  ccmime  dérivée  de  celle  des  anciens  Illyriens.  Le 
savant  Qiavée  dit  qu'elle  éUiit  parlée,  dans  l'antiquité,  en  Macédoine,  en  Thrace, 
dans  l'Asie  Mineure.  L'histoire  écrite,  qui  n'a  pas  conservé  de  monuments  précis 
de  b  primordiale  expansion  des  Aryens,  a  pourtant  gardé  la  mémoire  d'une  station 
des  AÛnnais  dans  le  Caucase,  le  long  de  la  mer  Caspienne  :  Albanie  était  le  nom 
de  cette  contrée,  aussi  asiatique  qu'européenne,  qui  est  comprise  entre  les  rivières 
Gherrus  (Terek)  etCyrus  (Kour),— aujourd'hui  le  Daghestan  et  le  Schirvan.  Dans  les 
arméesqui.sous  la  conduite  d'Alexandre,  sont  retournées  au  berceau  de  notre 
nce,  il  est  certain  qu'il  y  avait  des  soldats  européens  qui  parlaient  une  langue  dif- 
férente du  grec,  langue  dont  certains  mots  se  retrouvent  dans  le  schkipe;  et  aujour- 
d'hui encore  le  nom  de  Ghekers  est  donné,  dans  le  Patvar,  entre  Altok  et  Lahore, 
aux  descendants  des  colonies  fondées  par  le  conquérant  macédonien. 

En  l'absence  d'une  administration  régulière,  et  à  défaut  de  dénombrements 
réels,  on  n'a  guère  pu  former  que  des  hypothèses  sur  la  quantité  numérique  de  la 
nation  albanaise.  Les  hypothèses  ont  été  très-divergentes. 

X.  Heuschling  et  les  Statistical  Tables,  présentées  au  pariement  anglais  {Fo- 
râgn  CauntrieSy  LVllI,  session  1857-58),  mentionnent,  il  est  vrai,  un  nouveau 
census  qui  aurait  eu  lieu  en  1844,  et  qui  portait  1  500  000  Albanais  dans  l'em- 
pire turc.  Le  docteur  Ami  Boue,  qui  a  fait  dans  le  pays  un  séjour  prolongé  et  con- 
stamment studieux,  estime  que  les  Schkipetars  ne  sont  pas  moins  de  1  600  000. 
De  Reden  les  porte  au  même  nombre.  En  adoptant  ce  diilTre,  on  a,  comme  popula- 
tkm  spécifique,  59  habitants  par  kilomètre  caiTé  pour  l'Épire,  27  pour  la  haute 
et  b  moyenne  Albanie.  C'est  beaucoup  plus  que  la  SerUe,  qui  n'en  a  que  18,  et 


rm  ALBANIE. 

(|ue  la  Bosnie  cl  la  Croatie,  qui  n'en  ont  que  16  (d'après  les  mêmes  évaluation*'}. 

Mais  les  Albaniens  ne  sont  pas  tous  enfermés  dans  les  limites  politiquos  du  pays 
qui  porte  leur  nom.  Ils  s'étendent  au  delà  du  Drin  blanc,  dans  la  partie  oocidentaie 
fie  la  Mésie  supérieure,  dans  la  plaine  entre  Prisren  et  Ipek,  dans  celle  de  Pris- 
tina, et  jusqu'à  la  serbe  Vrania.  Ils  se  mêlent  aux  Bosniaques  dans  les  mont^ 
gnes  entre  l'Albanie  et  la  Bosnie,  vers  la  Tara,  vers  les  bords  supérieurs  de  l'Ibar. 
Le  long  de  la  frontière  macédonienne,  ils  s'associent  aux  Zinzares,  au  sud  du  bc 
d'Ochrida,  en  Thessalie  avec  les  Vlachites  du  Pinde,  et  au  delà  de  l'aire  avec  U^ 
Grecs. 

X.  Heuschling  dit  qu'ils  forment  le  cinquième  de  la  population  de  la  Grèce,  H 
(fu*il]<  habitent  exclusivement  les  îles  Hydra,  Spezzai,  Paros  et  Sa  lamine.  On  Iroine 
(le  leurs  colonies  dans  le  Rhodope  oriental  au  haut  de  la  vallée  de  l'Arda,  en  Bulga- 
rie, à  Ârnaoutkoï  près  de  Razgrad,  en  Dalmatie  à  Borgo-Erizzo  près  de  Zara, 
dans  les  confins  militaires  de  l'Autriche  à  Clémentiner  près  de  Hertkovoe  et  de 
Nikina.  Ceux  que  l'on  appelle  Grecs,  dans  la  Sicile,  s'y  sont  établis  à  diveniie^ 
reprises  il  y  a  deux  et  trois  siècles  :  ils  sont  aujourd'hui  près  de  cent  mille,  con- 
servant la  langue,  les  costumes  et  les  mœurs  de  leur  ancienne  patrie,  l'Albanie.  Il 
y  a  aussi  des  Schkipetars  établis  en  Russie^  Il  y  en  a  dans  TAsie  Mineure. 

Le  Monténégro,  aujourd'hui  à  moitié  slave,  n'était  auparavant  qu'une  station  de 
l)ergers  scbkipes,  comme  le  prouve  le  nom  de  Katounska-Maia,  pays  des  ckairts. 
On  retrouve  encore  d'autres  noms  de  lieux  albanais,  tels  que  Kontschioul,  Dotik- 
Phetova,  etc.,  dans  le  sud-ouest  de  la  Serbie,  Phrouska-Gora  en  Syrmie,  etc. 

Les  Albanais  sont  peut-être  la  plus  belle  des  races  de  l'empire  turc  :  lieam 
types,  figures  ovales,  nez  assez  longs  et  minces,  corps  élancés  et  vigoureux.  Ils  sont 
vifs,  gais,  prompts  à  la  répartie,  fiers  do  leur  nationalité,  obstinément  attachés  à 
leurs  usages.  Le  dogme  de  la  vengeance  remplace  chez  eux  les  tribunaux  correc- 
tionnels. Ils  aiment  à  porter  les  armes  et  à  se  voir  revêtus  d'un  brillant  oos^umv. 
Ils  vendent  volontiers  leur  sang  au  plus  offrant.  Ils  n*exerr>ent  pas  toujours  rbo>- 
pitalité  à  la  manière  antique. 

Les  Guègues  sont  robustes,  velus,  très-sobres. 

liCS  Mirdites  (tribu  de  200  000  catholiques),  qui  se  gouvernent  eux-mêmes^,  sout 
réputés  meilleurs,  moins  portés  au  brigandage  que  les  autres  tribus.  Les  Nalsor^ 
(Arnaouts,  habitants  des  montagnes)  ont  la  coutume  des  Slaves,  de  vivre  pendant 
plusieurs  générations  sous  le  même  toit.  On  trouve,  dans  certaines  maisons,  jus- 
qu'à quinze  familles  alliées. 

On  a  comparé  les  femmes  albanaises  aux  Gircassiennes  pour  la  beauté  (inmi> 
avons  indiqué  la  communauté  d'origine).  Mais,  quant  aux  premières,  cette  beauté 
est  bien  fugitive  :  traitées  comme  des  esclaves,  elles  sont  livrées  à  des  travaux  >i 
fatigants,  qu'elles  se  flétrissent  de  bonne  heure. 

On  ne  sait  rien  de  précis  sur  la  durée  de  la  vie  chez  les  Schkipetars.  On  obiene 
seulement  qu'ils  perdent  beaucoup  d'enfants  en  bas  âge.  En  Albanie,  comme  en 
Grèce,  les  mariages  sont  très-précoces  :  les  filles  se  marient  dès  l'àize  de  12  wis. 
les  garçons,  de  18  ans.  Pouqueville  dit  que  les  fati^nies  continuelles,  l'habitudr 
des  excès,  l'absence  d'occupation  régidièro,  le  défaut  d'une  nourriture  abondante 
et  substantielle,  donnent  aux  jaines  gens  une  figure  sénile,  que  leur  barbe  blanchit 
à  trente-cinq  ans,  que  leur  vieillesse  commence  à  quarante-cinq.  Mais  Pouquerilli» 
gâte  souvent  si's  obstTvatioiis  par  des  expressions  exagérées  et  par  une  affectation  «!«' 
langage  poéti(|ue,  et  il  ne  tient  pas  compte  de  la  salubrité  du  pays,  due  à  son  élé- 
vation générale  et  à  la  nature  crétacée  du  terrain. 


ALBATRE.  393 

pATHOUNSiE.  Les  vallcos  chaudes  de  l'AlUiiiie  ont  beaucoup  à  souflrir  des  fièvres 
pludéeiuies,  iiiterniittentes.  Leurs  attaques  sont  subites  et  fortes,  surtout  en 
automne,  et  leurs  suites  souvent  dangereuses.  Si  le  pays  était  administré,  on  des- 
sécherait les  marais  malsains,  près  de  Scutari  par  exemple,  près  d'Alessio  et  en 
«l'autres  lieux  du  littoral  ;  on  canaliserait  les  rivières,  on  paverait  les  routes,  on 
stkrulariseraitles  moines  ;  on  mettrait  ainsi  en  rapport  des  plaines  qui  ne  servent  au- 
jourd'hui qu  a  la  vaine  pâture,  et  l'on  améliorerait  à  la  fois  Tordre  moral,  Tordre 
iVonomique  et  Tordre  sanitaire. 

Les  maladies  vénériennes  y  sont  rares  et  bénignes.  La  petite  vérole  fait  de  grands 
ni\^ages,  à  cause  du  préjugé  qui  repousse  le  vaccin,  —  si  ce  n'est  en  Épire,  où  on 
\o  prend  sur  les  vaches  mêmes. 

lie  manque  de  secours  médicaux  fait  que  tous  les  enfants  faibles  meurent  en  bas 
.t^.'e.  C'est  peut-être  pour  cela  qu'on  trouve  moins  d'.idultes  infirmes  ou  contre- 
faits. 

Il  y  a  des  goitres  dnns  certains  vallons  de  TAlbanie  supérieure,  chez  lesMalsores. 
t^n  n  a  pas  sigiia¥  d'idiots  goitreux. 

Eu  basse  Albanie,  la  blancheur  éclatante  des  rochers  détermine  des  ophthalmies 
rrraves  et  même  des  cécités  complètes. 

Pmique^'ille  rappwte  que  des  pleurésies  meurtrières  et  des  dysenteries  périodi- 
ques, dans  plusieurs  cantons  de  TÉpîre,  moissonnent  les  habitants,  «  quand  ils  sont 
ass^^z  imprudents  pour  coucher  en  plein  air  pendant  les  grandes  chaleurs  de 
l'été.  • 

La  peste,  qui  a  frappé  cruellement  en  4837  et  4858  la  Bulgarie,  la  Macédoine  et 
kl  Thrace,  n'a  pas  atteint  l'Albanie. 

BiHjoGBAPBic.  —  Fb.  Biaîichi,  Dtctionorium  latino-epiroticum,  Roma»,  1635.  —  Fr  -M.  de 
i-Bxc,  Ouervasiimi  nella  Ungua  albanese,  Rome,  1716.  —  ViLK^veR^Sprache  der  Albannen, 
Frankfuri  am  Mein,  1835,  in-8*.  —  HomouBE,  A  Jaumey  through  Aibania,  Londou,  1813. 
>  éd.,  1833,  S  vol.  in-4*.  Trë»-belle  carte  d'Albanie.  Le  second  volume  ?e  termine  par  un 
appendice  de  24  pages  sar  la  langue  allanaise, — presque  une  grammaire  de  cette  langue. — 
noLLAn»,  TraveU  in  the  lonian  isles,  Albama,  etc.  London,  1815,  in-4*.  ~  Povqobtille. 
yoi/age  en  Gréée,  Paris,  2«éd.,  1826,  G  vol.  in-8*.  ^  D'  An  Boue,  Ije  Twrqme  d'Europe, 
4  Tol.  tn-8%  1840.  —  De  Rbdbh,  Die  Tûrkei  und  Griechenland,  in  ihrer  Entwicklung^Fà- 
kigkeit,  IHTii,  iD-8».  —  X.  Hbcschlikg,  L'Empire  de  Turquie,  Bruxelles,  1860,  in-8.  —  Hec- 
.•r«aD.  HiitiWT  et  description  de  fa  hattte  Albanie.  1862,  in-8*.  Peu  d'observations  précises 

RRnTlLIX)N   et   GUTIiLAHI). 
AMMANO  TOBKVO.      YoiJ,  ToRlNO. 

AUIABA  OU  Herba  dos  fœtidos.  Espèce  de  Balisier  que  Ton  croit  être  le 
ùifma  angustifolia  de  Linné  et  que  Pisoii,  dans  son  ouvrage  sur  le  Brésil 
ip.  117),  dit  être  employé  comme  maturatif,  vulnéraire,  cicatrisant,  et  dont  les 
tiiherculcîi  sont  ooroestihies  comme  ceux  de  plusieurs  espèces  de  Balisier  (voy.  ce 
mot).  H.  Bn. 


Alabastrum  et  Alabastrites.  On  désigne  sous  ce  nom,  en  miné- 
ralogie, deux  substances  bien  distinctes  :  Tune,  V Albâtre  gypseux,  est  un  sulfate 
df*  rhaui  en  masses  saccharoides,  qui  sert  à  faire  des  objets  d'ornement  remarqua- 
bles par  leur  blancheur  éclatante  et  leur  translucidité,  mais  qui  sont  très-fragiles; 
Taiitre,  ¥  Albâtre  calcaire  ou  oriental,  ou  Albâtre  des  anciens,  est  un  carbonate  de 
«'hauxooncrétionné;  il  est  moins  blanc  que  le  précédent;  on  en  fait  des  objets 
d'ornement;  ii  est  formé,  comme  les  stalactites,  les  stalagmites  et  le  Travertin, 
|nr  le  dépdt  qu'abandonnent  les  eaux  calcaires  au  contact  de  Tair. 


594  ALUERT  LK  GRAND, 

L*Albâtre  oriental  ou  calcaire  était  employé  autrdbis  en  médecine  comme  afaior- 
bant;  il  entrait  dans  l'onguent  Alabastrum,  qui  était  regardé  oomnie  fomiaDi. 
Quant  à  l'Albâtre  calciné  dont  parle  Pauld'Égine,  qui  était  em^hjé  contre  les  ma- 
ladies de  l'estomac,  on  croit  que  c'est  la  chaux. 

Les  Romains  nommaient  Alabastra  des  vases  d'albâtre  dans  lesquda  3s  renier* 
maient  les  parfums.  0.  Rbvbil. 

AMéWMBQE.  Variété  d'Abricot  dont  la  cliair  a  été  employée  comme  (badaateK 
dépurative.  On  en  fait  des  |>âtes  et  des  conserves  qui  sont  considérées  comme  lif- 
chiques  (voy.  Abricot). 


AIAERfi  (J(eMi-Aiiraluun).  Né  à  Bremeu  le  20  mai-s  1772.  Fit  aen  éludn 
médicales  à  Gœttingue,  puis  à  léna,  où  il  reçut,  en  1795,  le  diplôme  de  docteur  e» 
médecine  et  en  chirurgie.  Après  deux  années  de  voyages  eu  Allemagne  et  en  Aih 
gleteiTe,  il  revint  se  fixera  Bremen  (1797),  et  il  y  exerça  avec  beaucoup  de  suocù» 
la  pratique  de  la  médecine  et  l'art  des  accouchements.  Ses  nombreuses  occupation» 
ne  l'empêchèrent  pas  de  se  livrer  avec  ardem*  à  des  travaux  scientifiques  qui  ont 
rendu  sa  réputation  européenne.  Tant  de  fatigues  portèrent  une  atteinte  profonde 
à  sa  santé  originairement  très-délicate,  et  une  afiection  qualifiée  de  fièvre  neneose 
l'emporta  en  moins  de  6  jours^  le  24  mars  1821,  à  l'âge  de  quarante-ueuf  an>. 
Albers  n'a  point  publié  d'ouvrages  de  longue  haleine,  mais  un  très-grand  nombre  de 
mémoires  (dont  quelques-uns  ont  été  couronnés),  d'articles  dans  divers  joumaui., 
de  traductions  du  français  et.  de  l'anglais,  etc.  Il  a  été  surtout  connu  en  Fiance  par 
son  mémoire  sur  le  croup,  qui  partagea  le  prix  avec  celui  de  Jurine,  lors  du  Cuneui 
concours  institué  en  1808  par  l'empereur  Napoléon.  L'auteur,  dans  ce  travail, 
admet  la  nature  inflammatoire  du  croup,  et  lui  assigne  pour  caractère  particulier 
de  donner  lieu  à  la  production  d'une  lymphe  plastique.  Dès  lors  il  rejette  le  crouf» 
spasmodtque  ;  le  spasme  existe  bien  en  effet,  mais  il  est  le  résultat  de  l'irritation 
inflammatoire  et  delà  présence  delà  lymphe  plastique.  L'auteur  admet  autfi  detj\ 
espèces  de  croup,  l'un  sthénique,  l'autre  asthénique,  le  second  succédant  asses  sou- 
vent au  premier...  Voici  l'indication  des  principales  publications  d' Albers. 

Diaeriatio  inattguralis  medica  de  AscUe.  lena,  1795.  ia^,—Amerieamiteke  ÀmMdeM  étr 
Arineikunde,  fiaturgeschichte,  eic,  Bremen,  4  Hfle,  1802-1803,  iii-8.— C/<'^gr  P^hatitmeM  tm 
Uttiérleibe.  Bremen,  1803,  inAi,-^  Ueber  die  sdiuelUie  Hulft  erfordernde  Art  vra  HuMem. 
Bremen,  1804,  in-8.  —  Und  Ficker  :  Beantwortung  der  Preiifrage  :  Worin  beêlekt  eipaiHéek 
daê  Uebel  dm  tinter  dem  sogenantUen  firdwiUigen  Hinken  der  Kinder  bekonni  ittf  (Èèm. 
couronné  à  Vienne).  Wien,  1807,  mit  2  Kpf,  in-4. --De  Tracheitide  infàntnm,  nOgù  ermp 
voeata  (Mém.  couronné  à  Paris).  Lipsi^,  1816,  \j^k,  ^Verzeichniu  der  Pràpêrûte  fltr  rer- 
ffleiehende  und  pattiologisehe  Anatomie.  Bremen,  1821,  in-8. — Icônes  ad  iUmttrmidêm  «m* 
tamtam  comparatam,  ïbsc.  1,  Il.Upsiie,  1818-182S.  g    » 

AliBERT  liB  CiBAlVD.  Les  Parisiens  qui  traversaient,  en  Tannée  1245,  b 
filace  Maubert,  étaient  témoins  d'un  bien  curieux  spectacle.  Un  homme  était  B» 
petit,  frêle  et  débile,  religieux  dominicain,  entouré  d'un  cercle  épais  et  mm  H<* 
jeunes  clercs  studieux  et  avides  de  s'instruire,  auxquels  il  exposait,  dans  un  dm^h 
liqne  langage,  les  connaissances  théologiques,  philosophiques  et  scàentifiques  ib" 
l'époque,  leur  commentant  les  travaux  d'Aristote  et  d'Avicenne,  leur  enseignant  la 
logique,  la  métaphysique,  la  chimie,  l'astronomie,  leur  dévoilant  le  mécanimr 
do  l'homme  et  des  animaux,  leur  infusant  la  science  prodigieuse  dont  il  était 
pénétré. 

Dans  les  rangs  de  cette  phalange  qui  se  pressait  autour  du  savant,  on  aonûl  pi 


ALBERT  LK  GRAND.  595 

foir  de  jeuœs  iiitelligeiices  (|ui  devaient  s*illu&ii^i*  à  leur  tour  :  Roger  Bacon,  avec 
sa  tunique  grise  et  ses  sandales  qui  annonçaient  un  cordelier  ;  Thomas  d'Aquin,  qui 
devait  être  sanctifié,  l'émule  de  l'illustre  maître,  le  grand  scrutateur  du  monde 
inleOectuel,  des  facultés  physiologiques  et  de  la  métaphysique;  Thomas  de  Can- 
tipré,  Albert  de  Saxe,  Vincent  de  Beauvais,  Jean  de  &icrobosco,  Arnold  de  Ville- 
neuve, Michel  Scott,  Robert  de  Sorbon,  Guillaume  de  Saint-Amour,  etc. 

Cet  homme,  ce  professeur  en  plein  vent,  qui,  comme  Abailard,  avait  été  obligé 
rlenlrainer  dans  la  rue  la  foule  immense  d  auditeurs  que  les  écoles,  trop  petites) 
lies  doitres  et  des  églises,  ne  pouvaient  contenir,  se  nommait  Maîtbe  Albbrt. 

Il  était  né,  en  1205,  à  Làvingen,  en  Souabe,  et  descendait  de  la  famille  des 
Kollstadt,  qui  était  alors  puissante,  célèbre  et  riche,  ce  qui  permit  au  jeune  Albert 
(1  aller  étudier  tour  à  tour  dans  les  plus  renommées  écoles  de  TAllemagne,  de 
l'Italie  et  de  la  France;  pèlerinage  indispensable  pour  celui  qui  voulait  réunir  un 
\aste  réseau  de  connaissances,  à  une  époque  où  les  hommes  profonds  étaient  si 
rares,  et  où  chaque  savant  embrassait  dans  ses  œuvres  l'universalité  des  sdences. 
On  pense  que  ce  fut  dans  l'Université  de  Pavie  qu'il  s'oocuiJa  sérieusement  de  phi- 
losophie, de  mathématiques  et  de  médecine.  Ce  fiit  encore  dans  celle-ci  qu'il  se  lia 
avec  Jordan,  supérieur  général  de  l'ordre  des  Frères  prêcheurs,  qui  employa  tout 
son  ascendant  pour  l'incorporer  dans  la  congrégation  ;  car,  à  cette  époque,  les 
Frères  prêcheurs,  dominicaiits,  ou  jacobins,  fondés  en  1216,  s'ils  avaient  déjà 
parmi  eux  des  hommes  reconnus  par  leur  savoir  et  leur  éloquence,  tels  que  Jordan, 
Matthieu  Bertrand,  Garrigues,  Laurent,  Jean  de  Navarre,  Michel  Fabrc,  Jean  de 
Soint-AIbaii,  médecin  de  Philippe  Auguste,  etc.,  ne  se  sentaient  pas  encore  assez 
i'nrts  i*u  égard  aux  immenses  travaux  qu'ils  préparaient,  et  cherdiaient  de  toutes 
farts  des  hommes  capables,  |«r  leur  génie,  leurs  talents  et  leur  dévouement,  de 
HonmT  un  lustre  extraordinaire  à  la  communauté. 

Édifié  par  Tesemple  de  son  ami,  subjugué  par  ses  discours,  Albert  suivit  donc 
l'entraînement  de  son  époque  pour  la  vie  monastique,  et  il  prit  l'habit  dominicain 
en  1222  ou  1225. 11  le  fit  en  Italie,  où,  après  avoir  demeuré  un  an  dans  un  couvent, 
il  alla  étudier  à  Padoue  et  à  Bologne. 

Lorsqu'il  eut  achevé  ses  études,  ses  chefs  l'envoyèrent  à  Cologne,  à  Fribourg,  à 
flatisbonne,  à  Strasbourg,  pour  y  ouvrir  des  conférences  qui  furent  pour  lui  une 
suite  de  triomphes. 

En  l'année  1240,  nous  le  voyons  fixé  à  Cologne,  où  des  biographes  et  des  peintres 
le  représentent  dans  une  cellule  qu'éclairent  à  peine  quelques  rayons  de  lumière 
tamisés  par  d'étroites  verrières,  entouré  de  quelques  instruments  bizarres  de  phy- 
sique et  d'astronomie,  de  fourneaux  étrangement  compliqués,  de  manuscrits,  de 
minéraux,  travaillant  au  grand  œuvre. 

En  1245,  il  est  à  Paris,  répndant,  comme  nous  l'avons  dit,  des  flots  de  science 
et  de  philosophie. 

Il  ne  resta  dans  la  capitale  du  royaume  de  France  que  trois  ans,  pour  courir 
rtisuite  sur  les  bords  du  Rhin,  où  l'on  ne  voulait  pas  être  ])lus  longtemps  privé  de 
ses  lumières. 

En  Tannée  1254,  Albert  est  fait  provincial  de  son  ordre  et  visite  à  pied,  tant  ses 
mœurs  avaient  de  simplicité,  les  diverses  provinces  soumises  à  sa  juridiction. 
Alexandre  IV,  dans  l'espoir  de  le  fixer  dans  la  capitale  du  monde  chrétien,  l'appelle 
à  Rome  et  lui  confère  la  cliarge  de  maître  du  saci*é  paUds. 

En  1260,  une  bulle  du  pape  le  nomme  évéque  de  Ratisbonne.  La  cour  de 
Rome  avait  pensé  que  sa  haute  vertu  et  son  profond  savoir  pouvaient  seuls  remé- 


39G  ALBERT  LE  GRAND. 

dier  au  désordre  temporel  et  spirituel  qui  régnait  au  sein  du  diocèhe  quwi  lui 
confiait. 

Hais  au  bout  de  trois  ans,  sollicité  par  le  général  des  dominicains,  Humbert  de 
Romans,  Albert  demandait  au  pape  et  obtenait  la  permission  d'abandonner  sa 
prélaturc  ;  il  retournait  dans  sa  chère  ville  do  Cologne,  où  il  avait  conquis  tant  de 
gloire  et  goûté  de  si  pures  jouissances  au  milieu  de  $es  études  ;  et  c*est  avec  boo> 
heur  qu'il  échange  un  titre  magnifique  contre  sa  laborieuse  mission  de  frèn* 
prêcheur. 

Peu  après  le  pape  lui  ordonne  d'aller  prêcher  la  croisade  dans  toute  ràUemagne 
et  la  Bohême. 

En  1274,  un  bref  de  Grégoire  X  lui  enjoint  de  se  rendre  au  concile  de  Lym,  où 
sa  confiance  l'appelait  pour  y  faire  prévaloir,  par  son  éloquence  et  son  autorité,  h^ 
droits  de  Rodolphe,  roi  des  Romains. 

Immédiatement  après  la  session  de  ce  concile,  il  revint  de  nouveau  refirendre 
ses  leçons  publiques  à  Cologne,  champ  de  gloire  pour  lui ,  mais  qui  fut  aussi  son 
champ  funéraire,  car  il  y  momnit  le  15  novembre  1289. 

Les  funérailles  du  grand  homme  se  firent  avec  une  magnificence  en  rapport  avec 
sa  haute  renommée.  L'archevêque  Sifrid  et  les  chanoines  de  la  cathédrale  et  de$ 
collégiales  y  assistaient,  ainsi  qu'une  foute  de  gens  nobles  et  d'hommes  du  peuple. 

Son  corps  fut  enterré  au  milieu  du  chœur  de  l'église  du  couvent  des  Jacobins,  et 
ses  entrailles  furent  portées  à  Ratisbonne,  qui  avait  réclamé  sa  part  des  restes  de 
son  ancien  évêque. 

Albert  le  Grand,  que  Ton  connaît  encore  sous  les  noms  d'AUbertus  TeuUmicus, 
Albertus  de  Colonial  Alberitis  Hatidxmensis,  Alberius  de  BoUstadt^  est  parveiui 
h  la  postérité,  enveloppé  de  je  ne  sais  quel  nuage  de  magie,  de  sorcellerie,  qui  e>( 
une  véritable  flétrissure  donnée  à  un  si  grand  génie.  D'infimes  productions,  impri- 
mées parfois  en  encre  rouge,  afin  de  leur  donner  un  cachet  pins  cabalistique,  et  ré- 
pandues dans  les  campagnes  sous  le  nom  de  Secrets  admirables  du  Grand  Albert, 
n'ont  pas  peu  contribué  à  transformer  l'admirable  professeur,  le  profond  penseur 
du  treizième  siècle  en  un  vil  sorcier.  Heureusement  que  ses  œuvres  sont  là  pouf  le 
venger  de  telles  abominations  et  pour  le  ranger  parmi  les  plus  beaux  génies  qui 
ont  illustré  l'humanité.  Parmi  les  œuvres  publiées  sous  son  nom,  immense  coller- 
tion  de  vingt  et  un  volumes  in-folio,  il  en  est,  il  est  vrai,  qui  sont  apocn-phes; 
mais  en  défalquant  ces  dernières,  il  reste  un  monument  qui  ne  jette  pas  moins  dam 
une  stupéfiante  admiration  ceux  qui  veulent  bien  les  lire  avec  attention  et  sans 
{xirti  pris  de  dénigrer.  Albert  le  Grand  est  le  véritable  chef,  au  moyen  âge,  de 
VÊcole  expérimentale.  La  partie  philosophique  et  scientifique  de  ses  ouvrage» 
n'est  au  fond  qu'un  savant  commentaire  des  travaux  d'Arislote  et  d'Aviœnoe: 
mais  il  les  a  enrichis  de  toutes  les  connaissances  renfermées  dans  les  auteurs  pos- 
térieui-s  à  ces  deux  grands  hommes,  et  il  remplit  les  lacunes  de  ses  prédéceseun. 
Il  fut  pour  l'Occident  ce  qu'Avicenne  avait  été  pour  l'Orient  ;  il  agrandit  le  champ 
des  sciences  naturelles  en  traçant  des  lois  appelées  à  jeter  sur  elles  le  plus  vir 
éclat. 

C'est  surtout  dans  son  Traité  des  animaux  (t.  Yl  de  l'édition  de  Jammy)  qu'il 
faut  juger  l'évêque  de  Ratisbonne  ;  c'est  là,  particulièrement  dans  les  sept  dernier^ 
livres  qui  sont  du  propre  fonds  d'Albert,  que  l'on  peut  voir  un  tableau  exact  et 
complet  de  l'état  de  la  zoologie  au  treizième  siècle,  et  découvrir  le  genne  d'une 
foule  de  lois  scientifiques  que  notre  époque  n'a  fait  que  développer  et  démontrer. 
N'i*st-il  pas  curieux  de  lui  voir,  contrairement  aux  autres  anatomistes,  oomoiencer 


ALBERTl.  307 

rhisloire  du  système  osseui  par  la  description  de  la  colonne  vertébrale,  base  réelle 
de  tout  le  preôiier  embranchement  de  la  série  animale;  de  le  surprendre  considé- 
rsint  la  tête  comme  une  série  de  vertèbres  munies  de  leurs  appendices;  essayant  de 
déterminer  les  facultés  de  l'âme  d'après  les  organes  extérieurs  du  crâne,  et  devau* 
çint  ainsi  Gall  et  Spurzheim  ;  descendant  Téchelle  zoologique  depuis  l'homme  jus- 
qu'à l'éponge  qui  en  est  le  dernier  terme  ;  déûnissant  très-exactement  Y  espèce^ 
montrant  le  mtoinisme  au  moyen  duquel  on  fait  un  genre  avec  les  espèces  ;  posant 
ainsi  les  bases  d*une  véritable  classification  ;  décrivant,  par  ordre  alphabétique, 
toutes  les  espèces  animales  connues  ;  désignant  nos  Annélides  d'aujourd'hui  sous 
le  nom  d*amnuUmm  annulosorum;  décrivant  dans  cent  soixante  pages  in-folio  la 
physiologie  et  l'anatomie  des  plantes,  leur  sommeil,  leur  engourdissement  nocturne, 
lesdiverses  espèces  connues  ;  passant  en  revue  les  minéraux  ;  inventant  le  mot  affinité 
dans  le  sens  que  nous  lui  attachons  aiijomnl'hui  ;  déclarant  positivement  que  les 
empreintes  à  formes  organiques  qu'on  rencontre  sur  différentes  pierres  ne  sont 
que  des  êtres  pétrifiés, . . 

4u  reste,  si  Albert  le  Grand  a  eu  ses  détracteurs,  qui  semblent  ne  l'avoir  pas 
même  lu,  ou  qui  n'ont  pas  fait  la  part  ni  du  temps  où  il  écrivait,  ni  des  nombreuses 
et  indigestes  productions  qu'on  a  publiées  sous  son  nom  ;  d*autres  écrivains,  après 
l'avoir  médité,  après  avoir  fait  un  triage  nécessaire  dans  cette  immense  encyclopé- 
die de  vingt  et  un  volumes  in-folio,  ont  rendu  justice  à  l'admirable  religieux  domi- 
nicain, en  le  considérant  comme  le  plus  grand  génie  qui  soit  sorti  des  flancs  de 
rhumaoité.  Paul  Jove,  Trithème,  Blount,  Quenstedl,  Bayle,  Tiedmann,  Jourdain, 
de  Gérando,  Cuvier,  de  Blainville,  Meyer,  Choulant,  Dafin,  d'Orbigny,  Villemaiu, 
Haureau,  etc.,  et  surtout,  dans  ces  derniers  temps,  M.  F.  A.  Pouchet  (Histoire 
des  sciences  naturelles  au  moyen  âge^  ou  Albert  le  Grand  et  son  époque, 
Paris,  1853,  in-8),  montrent  Albert  de  Bollstadt  tel  qu'il  a  été  :  VAiHstot4^ 
chrétien. 

On  trouvera  le  caUlogue  complet  des  œuvres  d'Albert  le  Grand  dans  les 
Scriptores  ordinis  prxdicat.  des  PP.  Quetif  et  Ëchard,  p.  171;  il  n'y  com- 
prend pas  moins  de  douze  pages  in-folio.  Fabricius  (Bibl.  lat,  med,  et  inf. 
xtalis)  a  aussi  fait  lanalyse  des  vingt  et  un  volumes  des  œuvres  complètes  du 
célèbre  religieux.  Les  amateurs  de  livres  rares  tâcheront  de  se  procurer  les  éditions 
suivantes  : 

l.  Opus  de  AntmatUnu  [me  de  rerum  proprietatibus).  Romse,  1478,  in-folio.  Édition  regar- 
dée comme  la  première  de  cet  ouvrage.  —  II.  DeSecretis  muUerum  opus.  1478,  in-4  gothi- 
que, tréa-souvent  réimprimé  dans  le  quinzième  siècle.  On  y  a  fréquemment  ajouté,  parti- 
caliérement  dans  les  éditions  de  i&iô,  1655,  16G2  et  1699,  le  Sécréta  virorum,  qui  n'est 
pas  d'Albert  le  Grand. —  III.  fÀàer  secretarnm  de  virtutUfus  herbarum,  lapidum  et  anima- 
Imm.  1478,  iii-4,  première  édition  de  ce  livre  très-souvent  réimprimé.  —  IV.  Albertu» 
Magmu,  Ratisàonetui^  episcopus,  ordin.  Prsedicator.  Opéra  omnia,  édita  studio  et  labùre 
P'  Pétri  Jammy.  Lugduni,  1651,  21  vol.  in-fol.  Collection  trèa^recherchée  et  qui  atteint 

dans  les  ventes  le  prix  de  500  francs.  «    /^. 

"^  A.  (.HERGAU. 


ALBBKTI  (SaIobiob).  Gomme  tant  d'autres  membres  de  notre  profession, 
ce  médecin  n'est  guère  connu  que  par  ses  ouvrages.  Tout  ce  qu*on  sait,  c*est 
qu'il  naquit  à  Nuremberg  en  1540,  qu'il  eut  pour  maître  le  fameux  Fabrice  d*A- 
«piapendente,  qu'il  enseigna  la  médecine  à  Wittemberg,  et  qu'il  mourut  le  29 
mars  4600.  Nous  allons  donner  l'indication  assez  longue  des  productions  scientifi- 
«l'ies de ee  laborieux  investigateur, et  encore  ne  sotnnies-iious  pjs  certiin  depuiscr 
i-i  Iiî4c. 


398  ALBERTINl. 

1.  Gaieno  adtenphuiiberdeUrmiM.  Wittebergse,  1&86»  iu-8.  -*il.  UÎMtma  pkemtm^me  te- 
mani  corp  m  parlium  membratim  icripia  et  in  utum  tyronam  rfiraeiaths  édita  WiUtï/erpe. 
1583f  in-8  ;  1602,  in-8  ;  1650,  in-8.  Ouvrage  accompagné  de  planche»,  mdis  de  planciin 
empruntées,  comme  c'était  alors  l'habitude,  à  celles  de  Vésale.—  III.  Sex  oraiioiteg  :  1*  Ùe 
CogmtUme  herbarum;  2*  De  MùêM.  mramati»  precioêit^m,  notura  ei  effieaeiû;  3*  He  Dtad" 
pliua  wMiamica,  eic;  4*  Thtmaia  medica  de  moràis  meienterii,  ardare  stamachi,  einfultn, 
lucrymu;  5*  Structura  ureterum  renis  dextri  mirifica;  6*  Adumhratio  et  deseriptiû  turnm 
nutantium  memàranularum  tygmoidarum  in  venis  hracMcrum  et  cntrum.  Norimberga*.  15C 
ii).g.  »  IV.  Orationes  quatuor  :  l*"  De  Studio  dœtrinm  pkytkx  ;  2*  De  Felte  ad  inietténa  rettê- 
guanie^  neque  tamen  vitaiem  euccum  e  ventricule  demiseum  contagione  depravanir  ;  5*  1^ 
Sudore  sanguinis;  4*  De  Medendi  scientia,  profes$orihu9  ejusj  in  primiê  de  Huit  iiùro  n(m 
Mamori  Arabum  Régi  dicato;  5*  Quxetio  :  Cur  pueri»  non  eit  interdieendum  laerimie;  eteurin 
lacrimis  suepiria  et  gemitus  fere  conjungantur?  6*  Quesêtio:  Num  mefaUica  et  mineraiio  si 
carbonibus aboleantur  sue empirio conférant?  7»  Prefatio  ad  Itbrum  Galeni  de  loîiit.  ^Vitt<^ 
berga;,  1590,  in-8.— V.  Oratio  de  êurditate  et  muiilate,  etc.  Wittebei-gse.  1590,  in-8.- 
VI.  Scorbuti  historia.  \Vitteberg9c,  1594,  in-8.— VU.  Coneitia  atiquot  medica,  inséré  dan^ 
l'ouvrage  de  Phil.  Brendel.  1615,  in-4*.— VllI.  Obeervaiumee  anatomiem.  Wittriiergar,  16:30 
in-4.  —IX  Antidotarium  medicamentorum  simplicium  et  compoiitorum  guse  inierius  corporii 
affectibus  accomodanlur.  In-folio. 

On  peut  juger,  pur  œ  simple  catalogue,  de  la  variéti';  des  connaissanoes  de  Salo- 
mon  Alberti,  qui  a  reçu  de  grands  éloges  de  la  pai't  de  ses  oonteroporaÎDs,  de  Cm- 
ton  et  de  Contingius,  entre  autres.  Il  est  un  de  ces  ouYiiges,  TingénieiiBe  élucu- 
bration  sur  YVtUUé  des  larmes ^  quia  été  jugé,  par  Haller,  digne  de  làire  partie  d« 
ta  collection  des  Thèses.  Il  fut,  avec  Vésale,  Eustachi,  etc.,  un  des  fondaleivs  éi' 
l'anatomiedans  nos  temps  modernes.  On  lui  doit  ces  découvertes  de  la  valvule  ditf 
de  Basilius;  du  limaçon  de  l'oreille  et  des  conduits  lacrymaux;  le  premier,  il  a 
donné  une  description  exacte  des  reins  et  des  voies  urinaires.  .V.  CRBSEAr. 

AliBEBTl  (Mlehcl),  professeur  de  médecine,  à  Hall,  en  Saxe,  un  des  plu« 
célèbres  élè^'esdc  Stahl,  naquit  à  Nuremberg,  le  13  novembre  1682,  et  mourut 
le  17  mai  1757,  âgé  de  74  ans.  Ardent  défenseur  du  vitalisme  contre  les  méca- 
niciens,  il  soutint  avec  talent  les  idées  de  son  maître,  dans  de  nombreuses  th('^e^ 
qu'il  serait  trop  long  d'éimmérer.  Citons  seulement  : 

Introductio  in  univeream  medidnam.  HaU,  1718,  1719,  1721,  3  vol  in-4,  uû  la  puiii»aiior 
de  la  nature  médicatrice  dans  les  maladies  est  opposée  au  danger  qu'il  y  aurait  do  la  tn>i>- 
hUar.^Systema  Jurisprudentise  tnedico^tegatie,  1725-47.  6  vol.  in  4^,  renfermant,  avec  1* 
développement  de  leurs  motifs,  les  décisions  de  la  Faculté  de  médecine  de  Hall  sur  diTef>fs 
iiuestions  de  médecine  légale.  .    fBKREAD 

AUIEBTINI  (AjiBBlbttl).  Pintiquait  à  Césèue  dans  la  première  moitir  du 
dix-septième  siècle.  Sou  ouvrage  sur  les  maladies  du  cœur  est  une  des  plus  Mh 
cicnnes  monographies  que  Ton  possède  sur  ce  sujet;  mais,  ainsi  que  le  fut  obser- 
ver  Haller,  c*est  là  un  de  ces  ouvrages  comme  on  les  faisait  alors,  prolixe  et  s»n> 
une  seule  considération  aiiatomique  ou  pathologique  propre  â  l'auteur.  Albertiui 
admettait  deux  sortes  de  palpitations  :  l'une  vi*aie,  l'autre  fausse.  Voici  le  titre  d«' 
son  ouvrage  :  De  affectionibus cai'dis^hhn  III,  Yenetiis,  1618,  in-4*  ;  — et  Getenv. 
1648,  in-4*.  E.  Bon. 

ALBERTINl  (BartMIcwl).  Contemporain  du  précédent.  Résidait  k  lk»lo- 
gne,  où  il  fut  pendant  soixante  ans  secrétaire  de  l'école  de  philosopliie  d  Jt* 
médecine  de  cette  ville.  On  lui  doit  une  liste  de  tous  les  médecins  qui  ont  ap* 
|iartenu  à  Térole  do  Bologne  depuis  1156,  et  que  publia  son  successeur  Canu»* 
en  l«6i.  K.  Bsn. 


ALBIN.  599 

(mpfi.-Fr .) .  Le  plus  célèbi*e  d^  Irok  ;  né  à  Crevalcuore ,  prè8  de 
Bologne,  où  il  exerça  la  médecine  pendant  la  première  moitié  du  dix*huitiènic 
»iècle.  H  était  élève  de  Halpighi,  et  il  lui  fut  attaché,  jeune  encore,  comme  adjoint 
à  l*hopital  Santa  Maria  délia  Morte.  Plus  tard,  il  professa  à  sou  tour  avec  beau- 
coup de  succès.  Morgagni  se  loue  d'avoir  été  sou  disciple,  et  d'avoir  reçu  de  lui 
d'intéresaantes  communications  qu'il  a  utilisées  dans  son  célèbre  ouvrage  De  Sedibus 
etcttutis  morborum;  il  le  cite  fréquemment  comme  un  observateur  extrêmement 
exact  et  attentif  à  rechercher  tous  les  symptômes  des  maladies  qu'il  avait  sous 
les  yeux.  Il  reste  d'Albertini  les  deux  opuscules. suivants  : 

Ànimaéversiimei  super  qtdbtudam  dif/lcUis  respirationis  vitiisa  Isua  cordu  et  prsecardiorum 
tinctura  pendeniitus.  In  De  BfmonienH  sàaU.  et  art.  ûutiittio  etque  Aead.  CommeMarU. 
Boooiii»,  t.  I,  p.  38^i04,1731,  in-4.— 2^  cortiee  Pemviauo  Commentatianesqtuedam,  etc. 
IM.,  p.  •I05-M7.  Ce  travail  a  été  donné  par  un  autre  académicien  [de  Bologne]  d'après 
Mbertmiy  cité  seulement  à  la  troisième  personne.  E.  Bgd. 

ALBIN  (!«•  quatre)  OU  ALBllVUS.  Il  y  a  plaisir  à  réunir  sous  une  même 
rabriqne  ces  quatre  célèbres  médecins,  tous  de  la  même  famille,  et  qui  pendant 
(ilus  d'un  siècle  ont  illustré  la  profession  par  leurs  travaux  et  leur  enseignemeni. 
Voyez- les  à  la  tâche,  et  dites  s'ils  n'ont  pas  bien  mérité  de  la  postérité  : 

I  àXkêm  (Bernard)  j  le  père  des  trois  autres,  naquit  à  Dessau,  dans  la  province 
d'Anhalt,  le  7  janvier  1653,  de  Christophe,  bourgmestre  de  cette  ville.  Après 
a^oir  étudié  sous  im  précepteur  dans  la  maison  paternelle,  après  avoir  suivi  les 
cnurs  de  médecine  à  Leyde,  sous  Qiarles  Drelincourt,  Théodore  Krarien  et  Luc 
Srhacbt,  il  prit  le  grade  de  docteur  en  mai  1676,  et  suivit  la  bonne  habitude  qui 
cûstait  alors  de  voyager  et  de  se  perfectionner  au  contact  des  grandes  académies  di* 
l'Europe.  Il  visita  soeoessivement  la  Flandre,  le  Brabant,  la  France,  la  Lorraine,  et 
revint  dans  m  patrie  au  mois  de  juillet  1680.  Il  avait  alors  37  ans.  Nommé  aus- 
Mtôt  professeur  à  Francfort-sur-l'Oder,  il  prit  possession  de  la  chaire  le  13  jan- 
vier i6Si  .  U  se  montra  là  digne  du  choix  qu'on  avait  fait  de  lui  ;  son  école  fut  bientôt 
kphis fréquentée,  et  sa  réputation  grandit  tellement,  que  Frédéric-Guillaume,  élec- 
teur de  Brandebourg,  atteint  d'hydropisie,  l'appela  auprès  de  lui  et  le  fit  son  mé- 
dftin  et  son  conseiller,  et  que  plus  tard  il  tint  une  chaire  de  professeur  à  Leydc. 
C'est  là  qu'il  mourut,  le  7  septembre  1721 ,  laissant  de  sa  femme,  Suzanne-Cathe- 
rine Rings,  trois  fils  qui  embrassèrent  la  carrière  dans  laquelle  leur  père  s'était 
iUostré. 

Bernard  Albin  a  laissé  plus  de  vingt  mémoires  de  médecine,  tous  imprimés  sous 
le  format  in-4^,  et  dont  on  peut  lire  la  liste  complète  dans  la  Bibliothèque  de  mé- 
decine de  Carrière.  Citons  seulement  : 

1*  De  Fmaieulù.  1681  ;  2*  De  Affeenbus  aninU,  1081;  3*  De  SierilUatey  1683;  4*  De 
Psncadesi  tksraeU  et  abdomims,  1687  ;  5*  De  Phasphoro  Uqmdo  et  soUdo,  1688  ;  6*  De 
SalhaHane  mercuriali.  1680;  7*  De  Epilepsio,  1690;  8«  De  Paranychia,  1694;  9*  De 
fMârêda,  1695;  10-  De  Partn  difficiH,  1695;  M'  De  ortu  et  progressu  medUAnx  Oratio, 
1702;  etc.,  etc 

II.  âlfeki  {Bemard'Sifrpi)y  iils  du  précédent,  naquit  à  Francfort-sur-l'Oder 
le  34  février  1697,  et  mourut  le  9  septembre  17?0)  après  cinquante  ans  de  profe>^ 
sont.Cesttm  des  plus  grands  anatomistes  dont  la  médecine  ait  à  s'honorer.  Boer- 
I^Te  veaiit  de  remplacer,  par  des  vues  toutes  mécaniques,  le  système  chimique 
|»r  lequel  on  avait  prétendu  pouvoir  expliquer  toutes  les  opérations  de  la  machine 


400  ALBIN. 

animale,  et  l'on  fut  ainsi  nécessairement  conduit  à  examiner  avec  plus  de  détail  L 
texture  de  chaque  partie  en  particulier,  puisque,  d*après  cette  école  mécanique,  li 
moindre  variété  de  forme  devait  entraîner  des  dilTérences  dans  faction.  Ce  syslènk* 
obligea  aussi  à  décrire  avec  plus  d'attention  et  d'exactitude  ce  que  les  travaou  anté- 
rieurs de  Vésale,  de  Faillie,  d'Eustacbi  avaient  fait  connaître  seulement  dans  IW 
semble.  Poussé  dans  cette  voie,  Sifroi  Albin  a  pu  donner  les  descriptions  les  phb 
précises  et  les  planches  les  plus  belles  en  anatomie,  particulièrement  sur  les  mus- 
cles et  sur  les  os.  On  raconte  que  pour  obtenir  de  bonnes  figures,  où  la  perspectif 
ne  nuisît  pas  à  l'exactitude,  il  choisissait  le  plus  beau  des  cadavres,  le  suspendait 
à  uue  grande  distance  des  dessinateurs  et  en  faisait  faire  un  grand  nombie  d*' 
copies  ;  puis,  sur  chacune  de  ces  copies  il  faisait  dessiner,  dans  sa  place  ooiivenaUe. 
un  muscle  qu*il  avait  dessiné  avec  soin,  de  manière  à  laisser  bien  visibles  les  tiftit 
d'attache  et  d'insertion  ;  après  ce  muscle,  il  en  faisait  dessiner  un  autre,  et  aiu>i 
de  suite.  Nous  n'avons  pas  idée,  nous  enfants  gâtés  du  dix-neuvième  siècle  parles 
merveilles  des  arts  mécaniques,  par  la  photographie,  la  gravure  électrique,  etc.. 
des  peines  inouïes  qu'ont  dû  se  donner  nos  pères  pour  produire  ce  qu'ils  voua  ont 
laissé. 

Dès  1720,  Albin  fut  nommé  professeur  d'anatomic  et  de  chirui^ie  à  Vêcmk  rit 
Leyde,  en  remplacement  de  Rau,  son  maître,  et  ce  choix  d'un  jeune  liomme  de 
22  ans  fut  tout  à  la  fois  un  hommage  à  la  mémoire  du  père  et  un  encourage- 
ment pour  les  talents  prématurés  du  fils. 

Essayons  de  donner  la  liste  aussi  complète  que  possible  des  ouvrages  de  ce  gran<i 
liomme  : 

l.  Explicatio  tahtUarum  anaUnn.  barth.  ËuêiachH.  Leyde,  174 &  ;  gr.  in-folio  aiec  47 
planches,  ouvrage  U'és-estimé  et  peu  commun.  ~ II.  Tabulx  sceleti  et  muMCultnuM  oorpor^^ 
/mmani.  Lugd.  Bat.,  1747,  gr.  in-fol.,  avec 40  planches.  Cet  ouvrage  est  regardé  comme  V 
chef-d'€euvrc  de  l'auteur  ;  les  planches  ont  été  dessinées  et  gravées  par  Wandelaar.  •> 
lU.^TalmlM  Oêskm  humanûrum.  Leyde,  1753,  gr.  in-fol.  ûg.  Ce  volume,  qui  Tait  suib*  aii 
précédent,  se  compose  de  70  planches  par  le  môme  artiste,  savoir  :  2  pom*  le  litre  et  \> 
préface,  54  terminées  et  21  au  simple  trait. — IV.  Tabulas  uteri  mulieris  çravidr,  ctÊmjgm 
parturirel,  mortuse,  cum  appendice.  1748^1,  gr.  in-fol.,  8  pi. — y ,  Academc&rum  aaâU- 
lionum  Ubri  VllI  anatomicif  phyêiol&già,  etc.  Leyde,  1754-68,  8  part,  en  1  ou  2  vol.  in-l.  b^ 
—  VI.  Oraiio  de  anatome  cojnparata.  Lugd.  Bat.,  1717,  in-4. — VU.  De  Via  inco^»n<m 
corporis  humam,  1721,  in-4.  — VlII.  Index  suppeUeetilit  RavitUB.  Lugd.  Bat.,  1725.  in-l. 
C'est  la  description  du  cabinet  de  Bau.  — IX.  De  Arteriis  et  venig  intestinûrum  kfimàu» 
Lugd.  Bat.,  1736,  in-4. — I.  Icônes  ossium  humani  fœtus,  etc.  Lugd.  Bat.,  1731,  in-i.— 
XI.  DeSede  et  causa  coloris  JEtMopum  et  cxterorum  homimun.  Lugd.  Bat.,  1757,  iih4. 

Albin  a  de  plus  édité  plusieurs  ouvrages  de  ses  devanciers  :  Vésale,  Jacques  Douglas,  Bar* 
vey,  Fabrice  d'Aquapendente,  Bustachius. 

III.  Albin  (Christian-Bernard),  i'rère  (aiué?)  de  SiCroi,  se  distingua  aussi 
dans  la  même  science,  qu'il  professa  à  TUniversité  d'Utrecht,  où  il  mourut,  k 
5  avril  1752,  à  Tâge  de  56  ans,  après  avoir  longtemps  souffert  d*une  affection 
très^ingulièrc  et  très-pénible,  dune  sensibilité  extrême  de  Touie.  On  lui  doit  : 

i.  Nova  tenuum  itUestinorum  description  1722,  in-4.  ~  II.  Z^  Anatome  errores  detepentr  m 
ntedicina.  1723,  in-4.  Ouvrage  dans  lequel  l'auteur  prouve  par  beaucoup  d'exemples  qu  tl 
est  utile  d'ouvrir  les  cadavres  pour  découvrir  la  cause  et  les  effets  des  maladies. 

IV.  Albin  (Frédéric-Bernard),  frère  des  deux  précédents,  lut,  selon  BIn 
monbach,  professeur  à  Leyde,  et  mourut  en  1778.  Il  a  laissé  : 

l.  Oratio  de  ambulatione  vtt,v  maxime  necessaria.  Lugd.  Bat.,  1709,  in-4.  — 11.  tk  Sstf* 
howinis  libellus.  Lugd.  Bat..  1775,  in- 1.  Ouvrage*  s^ervjint  d<'  table  aux  œuvi-es  anali»mi«r" " 
de  rilliistrc  Sifroi  .\lbiii.  A.  Cm  Mât. 


ALBINISME.  iOl 

S.  Albinos.  Ou  appelle  albinisme  l'état  des  individus  chez  lesquels 
U  ooloratioD  pignientaire  manque  plus  ou  moins  complètement  :  ces  individus  sont 
des  albinos.  Ce  mot,  d*origine  portugaise  et  latine,  est  resté  dans  la  langue  scien- 
tifique; mais  il  a  plusieurs  sponymes  ou  équivalents.  Les  Dandos  d'Afrique,  les 
Bédas  ou  Bédos  de  Ceyiau,  les  Chacrdas  ou  Kakerlaqties  de  TArchipel  polyné- 
>ieii,  les  nègres  blancSy  nègres  piesj  blafards j  les  yeux  de  lune  de  TAmérique  du 
Sud,  ne  sont  que  des  albinos  désignés  sous  des  noms  diflërents  suivant  le  pays  et 
»uivant  les  voyageurs  qui  les  ont  observés*.  De  même,  Talbintsme  a  été  aussi 
nommé  albinie^  kakerlaquisme,  leucéthiopiej  leucopathie,  leucose^  leucowoniey 
achrame  congéniaL 

11  est  infiniment  probable  qu'il  a  dû  existei'  de  tout  temps  des  albinos,  cependant 
kur  histoire  est  toute  moderne.  On  en  trouve  une  mention  assez  vague  dans  la 
Taste  encyclopédie  de  Pline  l'Ancien  ;  mais  quoique  Femand  Cortez  en  eût  signalé 
l'existence  à  la  cour  de  Hontézuma,  dans  ses  lettres  à  Charles-Quint,  ils  ne  furent 
remarqués  et  décrits  que  dans  le  cours  du  dix-septième  siècle,  à  la  suite  de  ces 
iKMnbreux  voyages  entrepris  en  vue  du  négoce,  mais  néanmoins  très-profitables  pour 
b  science. 

Par  une  tendance  naturelle  de  l'esprit  humain,  les  premiers  observateurs  crurent 
i|ue  les  albinos  constituaient  une  race  ou  au  moins  des  peuplades  particulières  ; 
quelques  voyageurs  ne  craignirent  même  pas  de  donner  des  détails  sur  les  mœurs, 
les  usages,  les  aptitudes  de  ces  peuplades.  Des  savants  de  premier  ordre  ajoutèrent 
foi  à  ces  récits  apocryphes.  Il  n'y  a  guère  plus  d'un  siècle  que  BufTon  reproduisait 
ces  fables  et  cherchait  à  expliquer  l'existence  de  races  albines  au  milieu  de  popula- 
tions bronzées,  par  le  naufrage  ou  l'abandon  d'individus  européens  ayant  fait 
souche.  C'était  expliquer  une  erreur  par  une  nouvelle  erreur.  Buflbn  rectifia  plus 
tard  cette  opinion  inexacte,  sans  toutefois  être  bien  fixé  sur  la  nature  de  l'albi- 
nisme. 

Quand  les  relations  multipliées  et  véridiques  des  voyageurs  eurent  prouvé, 
ainsi  que  l'écrivait  dePaw  à  la  même  époque  que  BufTon,  que  personne  n'avait 
jamais  vu  dix  albinos  réunis,  que  par  conséquent  il  fallait  renoncer  à  l'idée  de 
races  ou  de  peuplades  particulières,  une  autre  idée  prit  cours  parmi  les  savants. 
On  considéra  l'albinisme  comme  une  maladie  ou  comme  le  résultat  d'une  maladie. 
Au  commencement  de  notre  siècle,  Blumenbach,  Winterbottom,  Sprengel,  Otto 
appuyèrent  cette  manière  de  voir.  Voltaire,  il  est  vrai,  s'en  était  nu)qué  à  son  appa- 
rition ;  mais  railler  n'est  pas  prouver ,.  et  d'aillews  Voltaire  lui-même  était  dans 
b  pins  complète  erreur  à  d'autres  égards  ;  aussi  fallut-il  que  les  travaux  modernes 
unifient  établir  définitivement  le  siège,  la  nature  et  le  rôle  du  pigment ,  pour  que 
la  question  fût  définitivement  tranchée. 

On  sait  aujourdhui  que  l'albinisme  peut  se  produire  chez  toutes  les  races 
d'hommes.  On  l'a  observé  dans  l'ancien  et  le  nouveau  continent,  au  voisinage  de 
i  équateur  et  diez  les  peuples  liyperboréens. 

Fréquent  chez  les  animaux  domestiques  mammifères  et  oiseaux,  il  n'est  pas 
acessivement  rare  chez  certaines  espèces  sauvages.  I.  Geoffroy  Saint-Uilairc  a 
donné  la  liste  de  tons  les  animaux  sauvages  ou  domestiques  chez  lesquels  il  a  lui- 
même  remarqué  l'albinisme,  et  cette  liste  pourrait  être  considérablement  accrue,  si 
i  on  tenait  compte  des  observations  des  autres  naturalistes. 

Faut-il  attribuer  à  l'albinisme  la  formation  naturelle  ou  provoquée  de  variétés 
Uanches  dans  certaines  espèces  végétales  modifiées  par  la  cultme?  A  ne  considérer 
que  le  résultat,  l'assimilation  parait  complète.  Hais  si  l'on  remarque  que  les  colora- 

OICT.  EHC.  H.  ^20 


402  ALBIMSME. 

lions  des  fleurs  ne  sont  pas  absolument  comparables  à  la  couleur  pigmentaire,  oii 
sera  plus  réservé  dans  l'interprétation  des  faits. 

Est-on  mieux  fondé  à  comparer  aux  albinos  les  plantes  étiolées  et  totaleiiieiit 
décolorées  qu'on  l'ait  croître  dans  des  lieux  obscurs?  Ici  encore  Tanalogie  est  inoom- 
plète  :  ces  mêmes  plantes,  transportées  à  la  lumière,  recouTreront  leur  couleur 
naturelle;  elles  ont  subi  un  trouble  fonctionnel  dépendant  de  la  cause  qui  le  pro- 
voque et  non  une  modification  organique  persistante  comme  chez  les  albinos. 

En  dehors  de  l'albinisme  proprement  dit,  ces  faits  de  décoloration  ou  de  oolora« 
tion  temporaire  ne  sont  pas  rares  chez  l'homme  et  chez  les  animaux,  et  apparais- 
sent sous  l'influence  des  mêmes  causes  que  chez  les  plantes,  lumière  vive  ou  obscu- 
rité. Les  taches  pigmcntaires,  appelées  taches  de  rousseur,  la  forte  coloration  brune 
des  parties  exposées  à  l'air  et  aux  rayons  du  soleil  se  montrent  surtout  en  été 
quand  la  lumière  est  vive,  et  disparaissent  en  hiver  ou  dès  que  la  peau  est  soustraile 
'j  l'insolation.  J'ai  plusieurs  fois  observé  sur  la  peau  rosée  du  ventre  des  chiens  df 
très-larges  taches  pigmcntaires  qui  se  montrent  au  printemps  et  s'effacent  à  ren- 
trée de  l'hiver.  Inversement,  qui  n'a  été  frappé  de  la  blancheur  de  teint  des  indi- 
vidus qui  ont  longtemps  vécu  ou  qui  vivent  habituellement  à  l'abri  de  la  luniière'f 

Toutes  ces  variations  ne  doivent  être  considérées  que  comme  des  oscillations  do 
l'état  physiologique  normal,  très-distincles  des  anomalies  d'organisation. 

Quoique  l'albinisme  se  soit  montré  sous  toutes  les  latitudes  et  chez  toutes  les 
races  d'hommes,  il  parait  être  manifestement  plus  fréquent  chez  quelques-unes 
d'enttc  elles.  Un  auteur  éminent  qui  écrivait  dans  la  seconde  moitié  du  siècle 
dernier,  de  Pav^,  dit  dans  ses  Recherdies  sui'  les  Américains^  que  les  albinos 
n'existent  que  dans  la  zone  torride,  entre  le  dixième  degré  de  latitude  de  chaque 
côté  de  l'équateur  et  il  repousse  comme  une  fable  l'assertion  de  quelques  savants 
qui  disaient  en  avoir  observé  en  Europe.  Ce  sont,  suivant  lui ,  des  farfadets  né> 
dans  la  faible  imagination  du  vulgaire.  11  y  a  là  une  erreur,  mais  elle  s'explique 
par  la  rareté  relative  des  albinos  chez  les  races  blanches. 

En  eflcl,  tous  les  auteurs  qui  ont  écrit  depuis,  ceux  qui  sont  les  mieux  rensei- 
gnés et  les  plus  dignes  de  foi,  disent  ({uc  l'albinisme  est  surtout  fréquent  dans  le» 
zones  tropicales,  et  qu'à  latitude  égale  il  se  montre  de  préférence  chez  les  nce» 
les  plus  fortement  colorées,  de  sorte  que  la  fréquence  de  l'albinisme  serait  en  m- 
sou  directe  du  mélanisme  normal.  H  n'est  guère  de  voyageur  qui  n'ait  obserré 
quelques  albinos  sur  le  littoral  ou  à  l'intérieur  de  l'Afrique  ;  Livingstone,  Simooot 
et  Berchon  en  ont  vu  plusietu^  ;  de  Rochas  en  a  observé  cinq  à  la  Nouvelle-Calédo^ 
nie,  tandis  (}ue  dans  nos  populations  blanches  ces  faits  sont  extrêmement  peu  nooh 
breux.  L'observation  de  tous  les  jours  l'indique,  la  rareté  des  descriptions  le  con- 
firme. 

En  somme,  Talbinisme,  rare  dans  les  races  blanches,  plus  commun  chcs  lt> 
Américains  du  Sud  et  dans  l'Archipel  indien,  présente  son  maximum  de  fréquence 
parmi  les  nègi*es,  et  surtout  parmi  les  individus  du  sexe  féminin. 

Cette  anomalie  peut  olTrir  des  degrés  divei-s  :  la  substance  pigmentaire  {«nit 
faire  cumplétoment  défaut  ;  elle  peut  exister  en  certains  points  et  manquer  dans 
d'autres;  elle  peut  exister  |Kirtout,  mais  en  moindi'e  quantité  qu'à  l'état  nonnal. 
1.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  qui  a  bien  distingué  ces  dilTérents  états,  les  nomme 
albinisme  complet,  albinisme  partiel,  albinisme  imparfait.    . 

Faute  d'avoir  établi  ces  distinctions  importantes,  les  observateurs  ont  peodaot 
longtemps  négligé  des  faits  qui  se  rapportaient  à  l'albinisme,  mais  qui  n'étaieot 
pas  assez  frappants  nu  premier  abord  pour  fixer  leur  attention.  Quelque  peu  pro- 


ALBINISME.  405 

iMaoéeque  aoit  la  décokinition  pignientaire,  du  moment  qu'elle  dépasse  la  limile 
des  farités  individuelles  ccurrespondantes  à  la  race  oh  elle  s'observe,  elle  constitue 
un  fait  d'albinisme.  L'individu  qui  la  présenté  ne  méritera  pas  toujours  le  nom 
d'albinos  si  l'anomalie  est  très-restreinte  en  étendue  et  en  intensité;  néanmoins, 
à  noire  sens^la  moindre  tache  de  ce  qu'on  a  nommé  vitiligo  congénital,  la  moindre 
toulîe  de  poils  ou  de  cheveux  blancs  à  la  naissance,  caractérisent  l'albinisme. 

Cet  état  est  le  plus  souvent  congénital,  certains  auteurs  disent  même  toujours. 
Cette  affirmation  est-elle  bien  fondée?  Nous  ne  le  pensons  pas.  Buflbn  a  rapporté 
l'histaire  d'une  négresse  qui,  à  l'âge  de  quinze  ans,  commença  à  voir  blanchir  la 
|ieau  de  ses  doigts  ;  la  décoloration  lit  des  progrès  constants,  et  au  bout  de  viiigl- 
rinq  ans  les  quatre  cinquièmes  du  corps  étaient  blancs.  Rayer  et  Hervieux  ont  cité 
de»  cas  de  leucopathie  partielle  d'étendue  variable  chez  des  adultes   Nous-mèmc 
nous  avons  observé  un  homme  de  quarante  ans,  bien  portant,  brun  de  cheveux  el 
de  peau,  qui  depuis  cinq  ou  six  ans  avait  vu  des  taches  blanches  se  développer  sur 
la  peau  de  ses  mains  et  augmenter  d'étendue,  de  manière  à  envahir  presque  toute 
l'extrémité  du  membre  supérieur.  Au  niveau  des  taches,  la  peau  oITrait  l'aspect  le 
|iluâ  uormal,  mais  elle  avait  perdu  la  légère  couche  de  pigment  qu'on  observait 
aiir  le  reste  du  corps.  :  c'était  la  main  d'un  homme  blond  et  le  bras  d'un  brun  ; 
d'ailleurs,  aucune  sensation  douloureuse  ni  désagréable,  aucun  phénomène  mor- 
bide. Des  faits  analogues  ont  été  publiés  par  les  auteurs  qui  ont  traité  de  la  patho- 
logie cutanée.  On  ne  supposera  pas  que  nous  confondons  ici  avec  la  décoloratioii 
albine  des  manifestations  lépreuses  qu'on  a  nommées  alphos  ou  leucé  :  nous  jKir- 
kms  de  laits  d'albinisme  partiel  survenus  pendant  le  cours  de  la  vie  sans  autre  mo- 
dilication  de  la  peau  que  la  disparition  du  pigment.  N'est-ce  pas  dans  la  même 
catégorie  qu'il  faut  ranger  ces  cas  remarquables  où  les  cheveux,  la  barbe,  quelque- 
Us  en  tirtalité,  d'autrefois  en  partie,  blanchissent  dans  l'espace  de  quelques 
lieures? 

Cet  albinisme  accidentel,  considéré  dans  ses  résultats,  est  identique  à  l'albinisme 
ODOgénital.  11  n'en  dilTère  que  par  l'époque  de  son  apparition  et  le  mécanisme  de 
son  développement.  Ge  point  sera  examiné  plus  bas.  En  tout  cas,  cette  diflérenco 
u'autorise  point  à  rejeter  cette  catégorie  d'individus  hors  du  cadre  des  albinos 
incomplets. 

Quand  la  peau  a  été  désorganisée  par  une  plaie  ou  une  brûlure,  qu'elle  est  rem- 
placée par  du  tissu  de  cicatrice,  la  couleur  pignientaire  est  effacée;  mais  ici  il  j  a 
«lestnidion  et  non  absence  originelle  ou  dis[)arition  spontanée  :  cela  n'appailient 
plos  à  l'albinisme. 

L'albinisme  peut  donc  être  complet,  partiel  ou  imparfait.  Dans  la  grande  majo- 
rité des  cas  il  est  congénital.  L'albinisme  partiel  peut  être  accidentf?l,  c'est-à-dire 
apparaître  pendant  la  vie.  Nous  ne  connaissons  pas  de  cas  où  l'on  ait  vu  se  déve- 
lopper l'albinisme  complet. 

Ia  albinos  présentent  des  caractères  d'autant  plus  tranchés,  que  Tanomalic  est 
plus  générale  et  plus  complète. 

Ce  qui  attire  au  premier  abord  l'atlcnlion  sur  l'albinos,  c'est  lu  couleur  de 
ses  cheveux I  de  ses  cils,  de  ses  sourcils,  dont  In  blancheur,  le  blanc  jaune  ou  blanc 
oelin,  dont  la  finesse  et  l'asixîct  duveteux  tranchent  avec  l'âge  apprcnt  du  sujet. 
Wni-ci,  de  constitution  débile  en  général,  a  souvent  ces  chairs  décolorées,  anc- 
*"««,  quelquefois  teintées  d'un  bleu  léger  qui  laisse  deviner  le  réseau  veinenx 
**B-cutané.  Les  proportions  du  corps  sont  souvent  mauvaises  :  des  pieds  plats,  des 
iBams  grosses  et  courtes,  des  oreilles  trop  longues  ou  trop  larges,  des  trnîts  m?.\ 


iU4  ALBINISME. 

tonnés  ne  sotil  pas  rares.  L'albinos  a  la  vue  courte  et  redoute  la  lumière  ;  il  baiiK 
la  tête,  porte  la  main  en  abat-jour  au-dessus  de  ses  yeux,  tient  les  paupières  aus 
trois  quarts  closes,  et,  quand  il  les  ouvre,  on  aperçoit  derrière  la  cornée  une  raie 
rougeàtrc  ou  rose  entoiu^nt  uue  pupille  rouge  conune  un  rubis.  Très-fréquem- 
ment, dès  que  les  [laupières  sont  écartées,  les  globes  oculaires  exécutent  un  mou- 
vement transversal  rapide,  une  sorte  de  tremblement  qui  augmente  encore  b  sin- 
gularité de  cet  ensemble. 

C<es  caractères,  qui  appatliennent  à  l'albinisme  complet,  ne  sont  pas  toujours 
aussi  vivement  accusés;  mais,  ce  qui  existe  toujours,  c'est  la  blancheur  des  poils 
et  l'absence  He  pigment  à  l'intérieur  de  l'œil.  A  part  cela,  les  albinos  diffèrent  ealre 
eux  suivant  l'état  de  leur  constitution  générale  ;  car  les  auteurs  ont  généralement 
confondu  dans  leurs  descriptions  les  caractères  propres  de  l'albinisme  avec  les  com- 
plications générales  qu'il  présente  fréquemment. 

Dans  l'albinisme  partiel,  l'absence  de  pigment  n'atteint  que  certains  points  d'é- 
tendue variable  et  de  contours  irréguliers.  Quelquefois  disposées  sous  forme  de 
stries,  les  taches  décolorées  ont  souvent  une  assez  grande  dimension  et  sont  boméesi 
par  des  lignes  flexueuses.  Les  poils  correspondant  aux  taches  sont  blancs,  et  cette 
couleur  cesse  brusquement  comme  les  limites  des  parties  albines.  Ce  sont  les  indi- 
vidus atteints  d'albinisme  partiel  qui  méritent  particulièrement  le  nom  de  nègres 
pies,  d'hommes  ou  enfants  pies.  On  en  a  signalé  un  bon  nombre  de  cas.  I.  Geoffroy 
Saint-IIilaire  a  cité  ceux  de  Buifon,  d'Arthaud,  de  Bartholin,  qu'on  a  reprodnib 
partout.  Berchon  nous  a  fourni  quelques  renseignements  sur  les  cas  d'albinie  pr- 
tielle  observés  au  Gabon  ;  ce  sont  aussi  des  nègres  pies  qui  ont  été  vus  par  Simo- 
not.  Cet  état  a  été  observé  dans  la  race  blanche.  Reunes  a  vu,  au  conseil  de  recen- 
sement de  la  Dordogne,  un  jeune  homme  chétif  et  grêle,  dont  la  peau  offrait  des 
taches  albines  dans  le  tiers  de  son  étendue.  A  notre  connaissance,  aucun  fait  ne 
confirme  l'hypothèse  avancée  par  quelques  auteurs,  à  savoir  que  si  la  déooioratioii 
pigmentaire  siège  au  niveau  de  l'œil,  l'intérieur  de  cet  organe  sera  lui-même  dé- 
pourvu de  pigment,  de  même  que  les  poils  sont  blancs  au  niveau  des  taches.  Mai> 
ce  qui  semble  commun,  c'est  la  coïncidence  de  l'albinisme  partiel  et  de  l'albiiifidnc 
imparfait,  se  manifestant  par  une  diminution  de  la  couleur  des  cheveux  et  des 
^eux. 

L'albinisme  imparfait  est  probablement  le  degré  le  plus  fréquent,  et  oeU  se  con- 
çoit facilement.  Des  albinos  de  cet  ordre  ont  été  vus  dans  les  races  colorées  et  dans 
les  races  blanches.  Chez  eux,  on  n  observe  souvent  aucune  oompUcation,  aussi 
l'anomalie  a-t-elle  pu  rester  inaperçue.  Dès  le  siècle  dernier,  on  avait  signalé  d^ 
nègres  à  chevelure  d'un  jaune  roux,  à  iris  d'un  bleu  pâle.  De  Paw  et  Schrdieren 
avaient  iiarlé.  Ils  ont  été  observés  par  plusieurs  chirurgiens  de  marine,  lluart  et 
Simonot  au  Gabon  et  eu  Guinée,  de  Rochas  à  la  Nouvelle-Calédonie.  Les  cheveux 
des  albinos  nègres  sont  crépus,  rouge  fauve  ou  jaune  soufre  ou  blond  sale  ;  ceux  do> 
Néo-Calédoniens  sont  fins  et  d'un  blond  de  lin.  C'est  cette  couleur  ou  un  Uanc  lai- 
teux un  peu  jaune  qu'on  remarque  chez  les  albinos  imparfaits  de  race  Uancfae.  La 
pupille  est  quelquefois  d'un  noir  complet,  le  plus  souvent  noire  avec  un  reflet 
rouge;  l'iris  est  bleu  clair,  bleu  violet  ou  Ulas. 

Il  est  nécessaire  de  ix^vcnir  sur  quelques-uns  de  ces  caractères.  On  a  coutume 
de  dire  que  la  peau  des  albinos  est  d'un  blanc  fade,  mat,  semblable  à  de  la  mottec- 
line  ou  à  du  ppier.  Il  s'en  faut  que  cela  soit  toujours  exact.  Foumier  et  Aiihaud 
indiquent  une  coloration  rose,  un  léger  incarnat  sur  les  lèvres  et  les  joues.  9mi* 
nous  nip|ieloiis  avoir  vu  un  albinos  qui  se  doimait  eu  spectacle,  et  dont  h  pnu 


AL01N[SMR.  M):, 

était  colorée  en  rose  clair;  chez  un  jeune  albinos  mort  à  Bicétre  en  1838,  la  peau 
était  d'une  parfaite  blancheur,  et  se  colorait  en  rose  sous  Vinfluence  de  la  chaleur 
et  de  Téfflotion. 

Il  ;  a,  â  cet  égard,  plusieurs  causes  d'erreur  qu'il  importe  de  faire  connaître. 
S'il  est  aujourd'hui  un  fait  bien  établi  sur  le  plus  grand  nombre  des  observations, 
c'est  que  les  albinos,  et  surtout  les  albinos  complets,  sont  souvent  de  pauvres  êtres 
chétifs,  malingres,  lymphatiques  â  l'excès,  scrofuleux  ;  pas  toujours,  sans  doute, 
mais  souvent.  Daa<(  ces  conditions,  et  indépendamment  de  l'albinisme,  leur  teint 
est  terne,  terreux,  grisâtre,  sans  aucun  mélange  de  ce  ton  très-légèrement  brun 
que  produit  le  pigment  chez  les  individus  normaux.  Cette  couleur  est  le  double 
réqiltat  de  l'albinisme  et  de  l'anémie,  de  l'anomalie  et  de  l'état  diathésique.  Si  l'on 
veut  être  rigoureux,  il  ne  faut  point  confondre  leurs  caractères,  savoir  qu'ils  coïn- 
cidait fréquemment,  mais  les  rapporter  chacun  à  sa  véritable  cause. 

I^ne autre  erreur  plus  importante  a  été  commise  souvent.  De  ce  que  certaines 
maladies  de  la  peau  colorent  celle-ci  d'une  desquamation  épithéliale  blanche  ou 
détruisent  une  partie  du  derme,  et  avec  elle  le  pigment,  de  ce  que  ces  sortes  d'af- 
fections lépreuses  ne  sont  pas  très-rares  chez  les  nègres,  on  en  a  conclu  que  l'albi- 
nisme partiel  devait  être  rapporté  à  la  lèpre.  Breschet  et  bien  d'autres  avant  et 
après  lui  ont  formulé  cette  opinion.  Cela  n'est  vrai  ni  pour  les  nègres,  ni  pour  les 
Uancs.  On  a  vu  des  maladies  cutanées,  l'épiderme  rugueux,  écailleux,  occuper 
toute  la  surface  du  corps,  tandis  que  les  taches  albines  étaient  irrégulièrement 
èemées  et  sans  rapport  de  figure  avec  l'altération  dermique  superficielle;  simple 
coïncidence  que  de  Rochas  a  rencontrée  quatre  fois  sur  cinq  individus  observés  par 
lui,  le  cinquième  étant  exempt  de  toute  maladie  de  la  peau.  Chez  les  nègres,  des 
observateurs  dignes  de  foi  ont  noté,  avec  intention  d'élucider  cette  question  étiolo- 
gique,  que  la  peau  ne  présentait  en  aucun  de  ses  points,  blanc  ou  noir,  ni  écaille, 
ai  stigmate,  ni  prurit,  rien  qui  caractérisât  un  état  morbide  présent  ou  passé. 
Même  remarque  a  été  faite  nombre  de  fois  sur  des  enfants  blancs  atteints  d'albi- 
nisme incomplet. 

Les  poils  et  les  cheveux  conservent  en  général  la  disposition  ordinaire  pour  la 
race  à  laquelle  appartient  Talbinos.  On  peut  seulement  observer  qu'ils  sont  moins 
vigoureux,  plus  fins,  plus  souples,  quelquefois  plus  soyeux.  11  y  a  un  rapport  natu- 
rel entre  l'insui&sance  des  productions  pileuses  et  l'absence  de  l'un  des  éléments 
de  la  peau. 

La  blancheur  sénile  des  poils  est-elle  de  même  nature  que  la  blancheur  albine  ? 
(Qu'on  nous  passe  ce  pléonasme  apparent.)  C'est  là  un  point  qui  demande  à  être 
édairci  par  de  nouvelles  recherches.  Cornaz  croit  que  chez  l'albinos  le  cheveu 
dépourvu  de  canal  central  est  blanc  dans  toute  son  épaisseur,  tandis  que  chez  le 
vieillard  ce  canal  renferme  une  substance  grenue  et  noire  dissimulée  par  le  reflet 
de  la  substance  corticale.  Cela  est  en  désaccord  avec  les  minutieuses  recherches  de 
Pruner-Bey  sur  la  chevelure  des  différentes  races.  Il  a  vu  que  dans  les  races  très- 
rolofées,  nègres,  Papous,  Malais,  le  dieveu  est  habituellement  dépourvu  de  canal 
central  quand  il  est  franchement  noir,  mais  que  ce  canal  central  apparaît  dès  que 
la  chevelure  est  brune,  et  surtout  rouge,  ce  qui  est,  ainsi  que  nous  l'avons  vu,  une 
tendance  à  l'albinisme.  Le  même  auteur  fait  encore  observer  que  le  canal  central 
eiiste  normalement  dans  le  cheveu  de  certaines  races,  bndis  qu'il  manque  dans 
d'autres;  or  l'albinie  sénile  se  produisant  dans  tous  les  cas,  le  caractère  tiré  de 
Texistence  du  canal  central  n'aurait  plus  aucune  valeur. 

A  la  suite  de  L.  Wafer,  les  auteurs  ont  répété  que  les  albinos  de  l'isthme  de 


AOê  ALBINISME. 

Panama  ont  un  duvet  blanc  et  fin  répandu  sur  toula!k  suriaee  du  oorpty  et  tfu 
les  dilTérencierait  des  nègres  blancs.  Sans  rien  aflinper  à  cet  égard,  nous  pensons 
que  c'est  encore  là  un  point  qui  demanderait  à  être  oonGnné.  Le  duvet,  légère- 
mont  coloré  en  brun  ou  en  châtain,  ne  s'aperçoit  paa  à  la  surface  de  la  peso,  i 
moins  qu'on  ne  l'examine  attentivement;  au  contraire,  le  duvet  Uanc  et  brilbnt 
est  plus  facile  à  voir,  et  c'est  peut-être  là  la  seule  raison  de  la  remarque  de  Wafer. 
Ce  qui  nous  porte  à  émettre  ce  doute,  c'est  que  quelques  observateurs,  rares  il  est 
vrai,  parce  que  ce  détail  est  peu  important,  ont  aussi  noté  la  présence  d'un  dmet 
blanc  chez  des  albinos  d'Europe. 

Chez  les  albinos  complets,  l'œil  est  complètement  privé  de  pigment  :  les  ctt 
Iules  existent  moins  pressées,  moins  polyédriques  qu'à  l'état  normal;  mais  eiks 
sont  transparentes  et  ne  contiennent  aucune  granulation  pigmentaire.  Par  ee  seoj 
fait,  les  conditions  optiques  de  l'œil  subissent  déjà  une  modification  de  h  plus 
haute  importance  :  la  doublure  opaque  et  noire  en  vertu  de  laqudle  le  globe  ocu. 
laire  est  une  chambre  obscure  cessant  d'exister ,  les  rayons  lumineux  pénètrent 
plus  ou  moins  à  travers  les  enveloppes,  éclairent  vivement  le  fond  de  l'oeil  parleur 
réflexion  sur  l'hémisphère  postérieur  de  la  sclérotique,  et  se  colorent  en  rouge  de 
sang  en  traversant  la  nappe  vasculaire  de  la  choroïde.  Sur  ce  fond  lumineux,  l'iris 
se  dessine  comme  une  dentelle  transparente  d'un  gris  bUinchâtre  d'autant  phis 
accusé,  que  les  fibres  propres  du  voile  irien  sont  plus  nombreuses  et  plus  épaisses. 
Broca  a  observé  l'œil  d'un  albinos  adulte  et  a  communiqué  cette  dewription  miou- 
tieuse  à  la  Société  d'anthropologie.  Il  a  vu  que  la  partie  la  plus  épaisse  de  l'iris 
était  constituée  par  les  fibres  circulaires  du  petit  cercle,  que  le  grand  cercle  était 
beaucoup  moins  blanc,  par  conséquent  moins  épais,  et  qu'entre  les  deux  cercles  oii 
apercevait  les  fibres  radiées  circonscrivant  des  espaces  allongés  ou  loeangiqnes 
d'une  trans}  arence  presffue  absolue.  D'après  cet  examen,  le  plus  comi^  qui  ait 
iHé  publié,  il  serait  inexact  de  dire  que  chez  les  albinos  les  fibres  circulaires  di! 
l'iris  sont  très-peu  nombreuses. 

Ces  conditions  expliquent  pourquoi  les  albinos  sont  pliotophobes  ou  héliopbobes, 
suivant  l'eipression  de  Buzzi.  Leur  œil,  transpercé  par  la  lumière,  ne  peut  plus  eit 
modérer  l'intensité  par  le  rétrécissement  de  la  pupille,  puisque  Tins  est  transpa- 
rent et  que  les  rayons  lumineux  sont  réfléchis  au  lieu  d'être  absoiliés  ai  grande 
quantité  comme  à  l'étal  normal  par  le  pigment  choroidien.  Ces  mêmes  cooditions 
expliquent  encore  pourquoi  les  albinos  sont  nyctalopes,  et  pourquoi  on  les  a  nom- 
més yeux  de  lune  en  Amérique  :  quand  la  lumière  est  moins  intense,  elle  ne  In- 
verse plus  que  les  parties  les  plus  transparentes,  la  cornée  et  la  pu|MUe,  et  ces»* 
d'illuminer  l'intérieur  du  globe  oculaire ,  qui  devient  sombre  et  rentre  dans  un 
état  presque  régulier. 

Mais  l'alisence  du  pigment  doitrolle  aussi  rendre  compte  de  la  oourte  portée 
visuelle  des  albinos,  de  ce  qu'on  a  généralement  nommé  leur  myopie,  ce  mot 
n'étant  employé  que  comme  synonyme  de  vue  courte?  Broca  le  croit.  Les  espaoes 
transparents  et  rouges  qu'on  voit  sur  l'iris  constituent,  suivant  lui,  autant  de  petiles 
pupilles  à  travers  lesquelles  les  rayons  lumineux  pénètrent  dans  l'osil  :  ces  ravov 
iraient  fonner  sur  la  rétine  autant  d'images  anormales  capables  d'altérer  la  nettrir 
de  l'image  principale  formée  par  les  rayons  pupillaires.  Le  trouble  de  la  vue  aérait 
alors  proportionnel  au  nombre  et  à  l'étendue  des  pupilles  supplémentaires,  et  ce 
trouble  cesserait,  quand  au  crépuscule  ou  dans  la  nuit  les  petites  pupilles  senicol 
fermées  par  le  rétrécissement  de  l'anneau  irien  proportionnel  à  la  dilatation  de  la 
pupille. 


ALBINISME.  407 

lue  remarque  de  Desmarres  viendrait  à  Tappui  de  cette  manière  de  voir.  Les 
albinos  observés  par  lui  avaient»  il  est  vrai,  la  vue  très-courte,  mais  cela  tenait, 
d'après  lui,  à  la  faiblesse  de  la  rétine,  €  est-àniire  à  une  perception  diffuse  et 
non  à  une  modification  de  la  réfringence  des  milieux,  puisque  les  verres  concaves 
n'amélioraient  pas  l'état  de  la  vision. 

Nous  ne  pensons  pas  que  l'hypothèse  de  Broca  soit  satisfaisante,  car  s'il  est  vrai 
((oe  les  albinos  voient  mieux  au  crépuscule,  il  est  vrai  aussi  qu'ils  regardent  de 
très-près  les  objets  qu'ils  veulent  voir.  Or,  dans  cette  condition,  on  observe  la  con- 
vergence des  axes  optiques  et  le  resserrement  de  la  pupille,  c'est-à-dire  le  contraire 
de  ce  que  Broca  indique  comme  nécessaire  à  une  perception  distincte  chez  l'al- 
binos. 

n  y  a  peut-être  une  explication  fort  simple  de  ces  faits.  Il  est  possible  qu'en 
reigafdant  de  près,  l'albinos  ait  pour  but  principal  de  faire  ombre  avec  sa  tête  incli- 
née sur  l'objet  observé,  et  de  se  placer,  par  rapport  à  cet  p^jet,  dans  la  même  situa- 
tion que  si  la  lumière  générale  était  peu  intense.  Desmarres  dit  positivement  que 
chez  ses  malades,  l'usage  de  conserves  bleues  entourées  de  taffetas  noir  a  produit 
un  grand  soulagement.  Une  petite  fille,  à  laquelle  Siebel  a  donné  des  soins,  regar- 
dait de  près  les  objets  qu'elle  voulait  voir,  et  cependant  sa  vue  avait  une  longue 
portée;  elle  distinguait  les  objets  à  une  grande  distance;  mais  quand  elle  regardait 
ainsi  au  loin,  elle  renversait  la  tête  en  arrière,  de  manière  que  son  œil  fût  abrité 
ious  sa  paupière  supérieure  et  soustrait  par  elle  à  un  éclairage  trop  intense.  Cette 
manière  de  regarder  est  signalée  aussi  par  Paw,  à  propos  de  la  vision  à  distance 
des  albinos.  D'ailleurs,  si  on  connaît  à  merveille  aujourd'hui  la  marche  des  rayons 
lumineux  à  travers  l'appareil  dioptrique  de  l'œil,  on  n'est  pas  aussi  bien  fixé  sur  le 
mode  d'impressionnabilité  de  la  rétine.  Rien  n'empêche  de  penser  que  la  vision 
étant  distincte  quand  la  rétine  n'est  traversée  que  par  les  rayons  incidents  ou  directs, 
Me  faculté  pourra  être  troublée  dès  que  la  membrane  nerveuse  recevra  à  la  fois 
des  rayons  directs  et  des  rayons  réfléchis. 

Nous  avons  cherché  à  aqyprécier  aussi  exactement  que  possible  les  modifications 
que  l'albini^ne  seul  pouvait  apporter  aux  fonctions  visuelles.  Nous  avons  voulu 
montrer  que  cette  seule  anomalie  pouvait  expliquer  des  perturbations  très-grandes, 
et  Birtout  faire  comprendre  que  la  vue  très-bornée  de  l'albinos  ne  dépend  pas  né- 
cessairement de  la  myopie  proprement  dite,  dans  laquelle  le  foyer  des  rayons  paral- 
lèles se  forme  en  avant  de  la  rétine. 

Il  est  bien  certain  cependant  qu^  cette  myopie  véritable  peut  se  présenter  chez 
l'albinos;  nous  ajouterons  même  qu'elle  doit  se  présenter  assez  fréquemment.  Elle 
nistait  incontestablement  chez  un  jeune  homme  examiné  par  Maurice  Raynaud, 
inisqu'on  pouvait  voir  le  fond  de  son  œil  sans  aucun  appareil,  en  se  bornant  à 
écarter  largement  les  paupières,  auprès  d'une  fenêtre,  après  avoir  dilaté  la  pupille 
par  une  préparation  mydriatique. 

Ce  fait  prouve  deux  choses  :  la  première,  c'est  que  l'intérieur  du  globe  oculaire 
^  éclairé  par  des  rayons  lumineux  traversant  la  sclérotique,  l'iris  et  la  pupille 
tout  à  la  fois;  la  seconde,  c'est  que  l'image  réelle  de  la  rétine  se  formait  à  une 
>sftz  courte  distance  en  avant  de  l'œil  observé  pour  que  l'observateur  pût  la  vmr 
sans  le  secours  d'aucun  instrument,  ce  qui  est  le  caractère  propre  de  la  myopie 
iorte.  On  peut  exprimer  encore  la  même  idée  en  disant  que  cet  œil  offrait  naturel, 
lemeut  les  conditicms  qu'on  produit  d'une  manière  artificielle  sur  un  individu  nor- 
loal,  pendant  l'examen  ophtbalmoscopique  avec  le  miroir  réflecteur  et  la  lentille 
cimTergente. 


408  ALBINISME. 

Iju  myopie,  avons-nous  dit,  dQÎt  exister  assex  fréquemment  dans  l'albinisme. 
Souvent  héréditaire,  cette  affection  n'est  en  somme  que  la  persistance  d'nn  Mit 
fœtal  quand  elle  est  congénitale.  A  ce  titre,  on  comprend  d'avance  qu'elle  puis^ 
coïncider  avec  l'albinisme  ;  nous  aurons  à  revenir  sur  ces  coïncidences  de  diffi^ 
rentes  anomalies  chez  les  albinos. 

On  sait  que  l'oscillation  du  globe  oculaire  ou  nystagmus  survient  asseï  fréquem- 
ment chez  les  individus  atteints  d'un  obstacle  à  la  vision  et  surtout  d'un  obstacle 
congénital,  opacités  de  la  cornée  ou  du  •cristallin,  absence  ou  irrégularité  de 
riris,  etc.  L'albinisme  exerce  la  même  influence  et  peut  déterminer  toutes  les  va- 
riétés observées  de  ces  mouvements  anormaux  qui  parfois  ont  lieu  transversale- 
ment, et  c'est  le  cas  le  plus  fréquent,  parfois  font  exécuter  au  globe  de  l'œil  une 
rotation  autour  de  son  axe  antéro-postérieur.  Chez  quelques  albinos,  le  nystagmu« 
est  continuel  ;  chez  d'autres,  il  ne  se  produit  que  sous  l'influence  de  la  lumière  ou 
de  la  vision,  et  même  de  la  vision  à  distance  seulement. 

Chose  remarquable ,  cette  oscillation  du  globe  oculaire  ne  produit  pas  tou- 
jours un  tremblement  des  objets  observés,  et  on  ne  peut  établir  aucun  rapport 
entre  l'intensité  du  nystagmus  et  la  rectitude  de  la  vision ,  non  plus  qu'entre  le 
degré  de  l'albinisme  et  la  fréquence  du  nystagmus.  Tel  albinos  ayant  les  yeui 
transparents  et  rouges  en  sera  exempt,  tandis  qu'un  autre  aux  cheveux  Uanc  itt 
lin  et  aux  iris  bleuâtres  pourra  en  être  atteint  à  un  haut  degré. 

Le  sujet  observé  par  M.  Raynaud  employait  un  procédé  simple  pour  fa're  malgré 
une  oscillation  très-prononcée  et  rendant  la  vision  confuse  :  il  plaçait  le  livre  de 
manière  que  les  lignes  devinssent  verticales;  dans  cette  situation  il  parvenait  à 
distinguer  isolément  chaque  lettre  et  à  assembler  les  mots. 

Ces  troubles  divers  que  nous  venons  de  passer  en  revue,  photophobic,  mjopie, 
nystagmus,  sont  fréquents  dans  l'albinisme,  mais  ils  ne  sont  pas  constants.  Sinooi 
nous  sommes  fait  comprendi-e,  on  a  dû  voir  qu'ils  coïncident  souvent  avec  ran>- 
nialie  qui  nous  occupe,  mais  qu'ils  n'en  sont  pas  la  conséquence  directe.  Peut-être 
faudrait-il  en  excepter  la  photophobie  qui  est  notée  dans  la  grande  majorité  des  ob- 
servations. Cependant  nous  nous  rappelons  parfaitement  que  l'albinos  déjà  dté  par 
nous  avait  le  regard  très-franc  et  racontait  presque  sans  sourciller  son  origine  hy- 
perboréenne  et  son  histoire  hyperbolique  !  Une  dame  du  monde  assistait  soinreot 
aux  représentations  théâtrales,  il  y  a  peu  d'années,  et  malgré  ses  iris  roses  elle  ne 
se  ser\'ait  ni  d'abat-jour  ni  de  lunettes  teintées;  ses  paupières  demi-voilées  la 
mettaient  suffisamment  à  l'abri  de  la  lumière.  On  pourrait  multiplier  le  nombre  de 
ces  exceptions  qui  s'expliquent  par  une  plus  grande  épaisseur  de  la  srJérotique. 
du  tissu  de  l'iris,  par  l'intégrité  des  formes  et  des  milieux  de  l'œil. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  est  encore  plus  vrai  et  plus  souvent  vrai  chei  les 
albinos  impariaits.  Des  iris  peu  colorés  et  un  reflet  rouge  ou  rougeâtre  de  b  pa- 
pille ne  sulGsent  pas  pour  altérer  gravement  les  fonctions  visuelles  ;  les  semi-albino» 
qui  voient  mal  ont  presque  toujours  quelque  autre  altération  de  l'œil.  Les  Néo-Calé- 
doniens  vus  par  de  Rochas  avaient  la  vue  excellente  et  supportaient  l'éclat  du  soleil 
Par  contre,  on  observe  des  individus  dont  la  vue  est  très-défectueuse,  qui  sool  pbo- 
tophobes,  ont  un  clignement  constant  des  paupières  et  qui  cependant  ne  sont  alhi- 
nos  (|u'â  im  faible  degré.  Nous  l'avons  déjà  dit,  mais  il  faut  le  répéter  ici  :  ralfainos 
t'st  très-souvent  nn  être  imparfait,  en  dehors  de  l'anomalie  principale  qu'il  pr^ 
sente  ;  cette  imperfection  se  révèle  sous  diilérents  aspects  :  elle  porte  sor  h  An- 
formation  de  l'individu,  sur  sa  constitution,  sur  son  état  de  santé. 

Nous  avons  indiqué  plus  hant  ces  formes  vicieuses  mentionnées  par  fhmmr^ 


ALBINISME,  400 

auteurs:  cou  trop  court,  mains  et  pieds  Toluminoux,  oreilles  disp:raciei]ses  par 

leurTohune;  à  cette  liste  il  faut  ajouter  l'épicanthus,  la  persistance  de  la  mem- 
brane papillaire,  le  déplacement  de  la  pupille,  le  strabisme. 

La  constitution  et  la  santé  de  ralbinos  laissent  au  moins  autant  à  désirer;  ce 
point  est  mieux  établi  et  plus  fréquemment  constaté  que  le  précédent.  Combien 
d'albinos  sont  morts  dès  les  premiers  temps  de  la  vie,  souvent  avant  la  fin  de  la 
première  année  !  Combien  d'autres,  parvenus  à  la  jeunesse  ou  à  l'âge  adulte,  suc- 
(Dmbent  à  la  suite  de  maladies  consomptives  !  Sans  doute  les  premiers  observa- 
teurs avaient  singulièrement  exagéré  la  brièveté  d'existence  des  albinos,  affiimant 
que  leur  vie  n'atteignait  pas  à  la  moitié  de  la  durée  ordinaire.  On  pourrait  citer 
bon  nombre  d'exceptioas  à  cette  règle  trop  absolue  ;  cependant  les  albinos  arrivent 
bien  rarement  à  la  vieillesse,  et  surtout  à  une  vieillesse  avancée. 

Il  faut  au  reste  établir  ici  une  distinction  qui  a  sa  valeur.  Les  albinos  des  races 
noires  sont  placés  en  général  dans  des  conditions  sociales  aussi  fâcbeuses  que  pos- 
sible. Affaiblis  par  leur  infirmité,  ils  sont  repoussés  par  leurs  semblables  ;  la  mi- 
^re  aggrave  chaque  jour  leur  situation  et  doit  singulièi*ement  abréger  leur  exis- 
Unce.  Dans  les  pays  civilisés  au  contraire,  ils  vivent  dans  une  situation  plus 
laTorable,  de  leur  fortune,  de  leur  travail  ou  de  la  charité,  s'ils  sont  absolument 
incapables;  aussi  les  observe-t-ou  assez  souvent  dans  un  état  de  santé  satisfaisant. 
Au  milieu  d'assertions  contestables  émises  sur  la  manière  de  vivre  des  albinos  dans 
les  différents  pays,  il  y  a  cependant  quelques  faits  bien  prouvés  qui  doivent  trouver 
place  ici.  Ignorance  et  superstition,  crainte  excessive  et  férocité  sans  cause,  tel  est 
le  caractère  habituel  des  populations  qui  n'ont  pas  été  initiées  à  la  vie  sociale. 
Parmi  elles,  en  Afrique  surtout,  les  albinos  subissent  tour  à  tour  les  effets  de  ces 
sentiments  opposés  en  apparence.  Souvent  repoussés,  traqués,  poursuivis,  ils  vivent 
errants  et  dénués  des  premières  ressources.  Certaines  peuplades  les  détruisent, 
rroyant  voir  dans  leiu*  naissance  de  fâcheux  présages  ;  Livingstone  a  récemment 
constaté  celte  coutume  féroce  chez  certaines  tribus  des  Béchuanas.  Ailleurs,  ils 
nnt  l'objet  d'une  sorte  de  culte  analogue  au  respect  proverbial  que  l'aliénation 
mentale  inspire  aux  Indiens;  leur  infirmité  atteste  qu'ils  ont  un  caractère  excep- 
tionnel, surnaturel  même,  et  à  ce  titre  ou  les  vénère  comme  on  vénère  tout  ce  qui 
semble  révéler  une  puissance  supérieure. 

Pendant  longtemps  l'usage  des  maisons  royales  et  princières  de  nos  pays  d'Eu- 
rope était  d'entretenir  des  fous,  puis  des  nains  ;  avant  d'être  des  hommes  d'esprit, 
les  fous  n'avaient  été  que  de  pauvres  êtres  plus  ou  moins  difformes.  Le  même 
usage  exista  au  Mexique,  au  Congo,  et  surtout  dans  l'Archipel  indien.  Quand  les 
Hollandais  prirent  possession  de  Java,  le  souverain  de  l'île  avait  trois  albinos  à  sa 
nxir;  il  en  demanda  d'autres  avec  instances,  disant  que  l'usage  et  l'étiquette  vou- 
laient qu'il  en  eût  un  plus  grand  nombre  et  que  c'était  un  acte  méritoire  que  de 
b  entretenir  dans  son  palais.  Au  bout  de  deux  ans  de  recherches,  on  parvint  à  lui 
en  procurer  quatre  autres.  Les  albinos  remplissaient  auprès  de  ces  souverains  cui- 
vrés, bronzés  ou  noirs,  les  fonctions  de  pages  :  à  l'intérieur  du  palais,  ils  étaient 
occupés  au  service  intime  des  petites  volontés  du  maître. 

Ce  De  serait  plus  guère  que  chez  les  peuples  peu  connus  de  l'Afrique  centrale 
qu'on  pourrait  retrouver  aujourd'hui  de  semblables  usages. 

Les  albinos  sont-ils  intelligents  ou  moins  intelligents  que  les  individus  normaux? 
i'idiûtie,  rimbécillité  sont-elles  fréquentes  chez  eux?  Ces  questions  ont  été  réso- 
lues bien  légèrement.  On  s'est  hâté,  à  l'aide  de  quelques  exemples,  de  déclarer  que 
l'absence  du  pigment  coïncidait  souvent  avec  l'absence  des  facultés  cérébrales.  Ici 


410  ALBINISME 

encore  les  récits  des  voyageurs  et  leurs  appréciations  promptes  ont  été  accoeilliâ 
trop  iaeilement  et  reproduits  sans  contrôle..  Il  est  certain  qu'on  a  vu  des  albiuûf^ 
idiots,  mais  d*autre  part  quelques-uns  et  môme  un  assez  bon  nombre  ont  donné 
des  preuves  d'intelligence  au-dessus  de  la  moyenne.  Chacun  connaît  Thistoire  de 
Saclis,  qui  était  médecin  et  qui  a  publié  sa  description  et  celle  de  sa  sœur  albine 
comme  lui.  Esquirol  cite  deux  albinos  intelligents  dont  l'un  parbit  plusieurs  lan- 
gues. Un  autre,  d'après  Ferrus,  occupa  un  poste  éminent  dans  une  république 
américaine.  Berchon  nous  apprend  que  les  albinos  du  Gabon  ne  sont  pas  moins 
intelligents  que  leurs  compatriotes;  l'un  d'eux  était  ministre  du  chef  des  Bou- 
lons. Des  renseignements  analogues  sont  tournis  par  de  Rochas  sur  les  albino» 
de  la  Nouvelle-Calédonie;  il  est  vrai  que  chez  ces  derniers  l'albinisme  était  im* 
parlait. 

Tout  ce  que  l'on  sait  aujourd'hui  prouve  que  les  fonctions  reproductrices  sont 
normales  chez  les  albinos.  Aucun  fait  connu,  ou  du  moins  bien  conniiy  ne  nous 
renseigne  sur  ce  que  serait  le  produit  de  deux  albinos.  Leur  union  serait-elle  fé- 
conde et  quel  en  serait  le  résultai  ?  On  l'ignore.  Verrait-on  se  fixer  la  variété  ou 
bien  obsenerait-on  le  retour  au  type  normal  de  la  race?  Ces  questions  peuvent 
être  posées,  mais  non  résolues. 

L'union  d'un  albinos  de  l'un  ou  de  l'autre  sexe  avec  un  individu  bien  constitiir, 
noir,  cuivré  ou  blanCj  est  féconde.  Elle  peut  môme  être  très-féconde.  Le  produit 
est  généralement  normal  ;  assez  souvent,  c'est  un  albinos  ;  exceptionnellement, 
c'est  un  albinos  partiel  ou  enfant  pie.  Il  peut  arriver  qu'un  couple  dans  lequel  il  ) 
a  un  albinos  donne  naissance  à  plusieurs  enfants  dont  un  ou  deux  seront  albinos, 
tandis  que  les  autres  ne  le  seront  pas.  Ces  albinos  seront  quelquefois  jumeaui. 
Nous  empnmtous  chacune  de  ces  indications  à  des  observations  d'Esquirol,  de  Jef- 
ferson,  de  Treytorens,  d'Arthaud.  Nous  ne  parlons  ici  que  de  l'union  des  albiou< 
envisagée  au  point  de  vue  de  son  résultat  immédiat  ;  nous  verrons  plus  bas  quel 
rôle  joue  l'hérédité  dans  la  production  de  l'albinisme. 

Ainsi  que  nous  l'avons  dit  au  commencement  de  cet  article,  à  l'époque  ou  oo 
ne  connaissait  pas  bien  la  nature  de  la  coloration  de  la  peau,  où  ou  ne  savait  pis 
quelle  éLiit  exactement  la  substance  colorante  et  comment  elle  était  disposée,  oo 
pouvait  discuter  sur  la  nature  de  l'albinisme,  mais  aujourd'hui  que  le  siège  du 
pigment,  sa  nature  celluleuse,  ses  granulations  colorées  sont  décrites  et  figunVs 
dans  tous  l&s  traités  d'anatomie  et  d'histologie,  aujourd'hui  qu'on  a  étudié  h  peiu 
du  nègre  et  ses  cicatrices  blanches  parce  que  le  pigment  ne  s'y  reproduit  pas  quand 
le  corps  papillaire  a  été  détniit,  il  n'y  a  plus  lieu  de  rechercher  un  point  admis  ptf 
tous  les  auteurs,  à  savoir  que  l'albinisme  consiste  dans  l'absence  plus  ou  moin^ 
étendue,  plus  ou  moins  complète  du  pigment. 

Sont-ce  les  cellules  de  la  couche  pigmentée  ou  seulement  les  granulatioas  \HSr 
mentaires  qui  font  défaut.  11  est  certain  que  ce  sont  seulement  les  granulation»  ; 
le  fait  a  été  constaté  par  Wharton-Jones  pour  l'albinisme  de  l'oeil,  cependant  k^ 
cellules  elles-mêmes  étaient  moins  nombreuses  et  moins  pressées  qu'à  l'état  nor- 
mal. 11  y  avait  donc  insuffisance  de  développement  des  cellules  et  absence  d«dé%<^ 
loppement  des  granulations.  Dansl'albinisme  incomplet,  il  y  a  seulement  msulBsanrr 
pour  les  cellules  et  pour  les  granulations. 

On  ne  peut  plus  tenir  compte  des  recherches  beaucoup  trop  anciennes  de  Bun. 
qui  déclare  n'avoir  pas  trouvé  de  corps  muqueux,  ni  même  de  celles  de  BrescfaH* 
trop  préoccupé  de  l'existence  hypothétique  de  l'appareil  chromatQgène.  D'anUnt 
plus  qne  Robin  a  décrit  et  fijîiiré  les  cellules  de  la  coudie  pi^mentaire  chez  Talbi- 


ALBINISME,  4ii 

nos.  D'après  iiii,  ces  oelluks  existent  avec  leur  forme  polyédrique  régulière  ou  ir* 
régulière,  mais  alors  elles  sont  incolores,  à  noyau  finement  j^^nuleux  et  elles- 
mêmes  oniformément  parsemées  de  fines  granu  lations  grisâtres.  Dans  leur  épaisseur , 
entre  leiir  périphérie  et  le  noyau,  se  voient  sur  presque  toutes  de  une  à  quatre 
gouttes  d'huile  jaunâtre,  à  centre  brillant  et  contour  foncé. 

Nous  pouvons  sans  plus  de  difficultés  résoudre  aujourd'hui  d'autres  questions 
fort  discutées  dans  la  première  moitié  de  notre  siècle.  Dans  quelle  série  des  faits 
natureb  faut-il  placer  l'albinisme.  Appartient-il  à  titre  de  simple  variété  à  Tordre 
régulier,  ou  bien  est-il  une  exception,  une  anomalie,  et  cette  anomalie  a-t-elle  sa 
raison  d'être,  ou  bien  encore  faut-il  y  avoir  l'expression  définitive  d'un  état  mor- 
bide ancien  ou  récent? 

Voyons  d'abord  ce  qui  est  relatif  a  cette  dernière  hypothèse.  Il  n'y  a  plus  à  s'ar- 
rêter i  l'idée  d'une  maladie  actuelle,  d'une  variété  de  lèpre.  Toutes  les  observa- 
tions récentes  et  la  constatation  que  l'albinisme  est,  dans  l'immense  majorité  des 
cas,  congénital,  protestent  contre  cette  manière  de  voir,  qui  ne  compte  pour  ainsi 
dire  pins  de  partisans.  Hais  ce  n'est  pas  ainsi  que  l'entendaient  Blumenbach,  Win- 
(erbottom  et  après  eux  Sprengel,  Otto,  Blandin.  Ils  faisaient  valoir  que  la  pâleur 
blême  de  l'albinos,  sa  faiblesse,  sa  mauvaise  conformation,  son  extrême  sensibilité 
lux  agents  extérieurs,  l'insalubrité  des  pays  où  on  l'observe  le  plus  souvent,  tout 
en  euK  accuse  un  état  cachectique,  et  que  cooséquemmsnt  l'albinisme  est  une  ca- 
chexie. Ces  faits  sont  vrais  en  général,  mais  la  conclusion  est  inexacte.  Oui  les  al- 
binos portent  souvent  Tempreinte  d'un  état  diatbésique,  mais  non  toujours.  Ces 
deux  termes,  diathèse  et  albinisme,  marchent  souvent  de  pair,  mais  ils  n'ont  pas 
entre  eux  un  lien  constant  et  nécessaire  ;  il  ne  faut  pas  les  confondre  et  dire  que 
l'ilUnisme  c'est  la  diathèse. 

Mais  il  n'y  a  plus  de  difficulté  si  l'on  admet,  ce  que  nous  croyons  être  l'exacte 
expression  de  la  vérité,  que  toutes  les  causes  débilitantes,  climat,  mauvaise  con- 
stitution des  parents,  grossesses  gémellaires  ou  trop  répétées,  etc.,  prédisposent 
1  lilfainisme  comme  à  d'autres  vices  de  conformation,  et  retentissent  en  définitive 
sur  toute  la  constitution  de  l'albinos. 

Cette  étiologie  morbide  serait  bien  plus  acceptable  pour  les  cas  d'albinisme  acci- 
dentel que  nous  avons  indiqués.  Là,  en  effet,  la  peau  (jusqu'ici  on  n'a  observé 
l'albinisme  accidentel  que  sur  la  peau  et  les  poils,  jamais  sur  l'œil)  a  été  organisée 
ttinnaiement  ;  elle  subit  donc,  ainsi  que  l'a  écrit  I.  Geofiroy  Saint-Hilaire,  une 
désorganisation.  Hais  ce  changement  s'accomplit  assez  souvent  avec  une  certaine 
lenteur  et  sans  aucun  de  ces  troubles  qui  caractérisent  la  maladie.  La  vérité  est 
que  nous  ignorons  absolument  la  cause  intime  et  le  mode  de  ces  décolorations  ac- 
cidentelles ;  on  a  constaté  quelquefois  des  émotions  morales  violentes  ou  une  fa- 
tigue excessive,  mais  ces  causes  sont  loin  d'être  constantes. 

L*albinisme  n'est-il  qu'une  simple  variété,  mais  une  variété  rare  de  la  colora- 
tion? Prichard  a  défendu  cette  manière  de  voir,  qui  n'a  généralement  pas  été  ac- 
<3e)4ée.  Il  y  a  cependant  là  une  portion  de  vérité.  L'albinisme  est  une  variété  de 
coloration  au  même  titre  que  le  bec-de-lièvre,  la  gueule-de-Ioup  est  une  variété 
de  conformation.  On  établirait  aussi  facilement  la  série  graduée  des  couleurs  de- 
puis le  nègre  le  plus  noir  jusqu  à  l'albinos  le  plus  parfait,  que  celle  qui,  des  formes 
(«plus  régulières  de  la  bouche  et  du  palais,  va  jusqu'aux  divisions  les  plus  éten* 
<}tttt.  C'est  le  caractère  des  vices  de  conformation  de  se  rattacher  |)ar  une  filiation 
losensible  à  la  conformation  normale.  À  ce  point  de  vue  philosophique,  Prichard  a 
pu  dire  que  l'albinisme  était  une  vnriété;  mais,  pour  rester  dans  le  vrai,  il  aurait 


412  ALDIMSMK. 

dû  ajouter  que  cette  variété  ne  s'observant  que  trës-etœptioiineUeinenl,  elle  |4t- 
(lait  par  là  son  titre  de  variété  pour  prendre  celui  d'an<»nalie. 

C'est  Hansfeld  qui  le  premier,  en  i822,  a  clairement  indiqué  b  nature  de  ceUc 
anomalie.  Il  la  considéra  comme  un  retard  dans  le  développement,  en  sappuyam 
sur  ce  que,  chex  les  albinos  et  surtout  chez  les  albinos  incomplets  comme  ceoi 
qu'il  avait  vus,  le  relard  ne  se  traduisait  pas  seulement  par  le  défaut  de  matière 
colorante,  mais  encore  par  la  persistance  d'autres  états  fœtaux  :  membrane  pupil- 
laire,  duvet  embryonnaire,  anomalies  diverses  en  d'autres  points  du  corps.  CeU^ 
idée  juste,  plus  complètement  développée  pari.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  estpassÀ; 
dans  la  science,  et  on  peut  dire  qu'elle  est  à  peu  près  unanimement  adoptée. 

Elle  invoque  d'ailleurs  un  ensemble  de  preuves  qui  a  porté  la  oonvictioa  dâiiN 
les  esprits.  La  matière  colorante  n'apparaît  qu'à  une  époque  déjà  avancée  de  la^tt* 
fœtale,  vers  la  fm  du  troisième  ou  le  commencement  du  quatrième  mois.  Sa  fbr- 
mation  nVst  jamais  achevée  au  moment  de  la  naissance,  le  nouveau-né  ayant, 
chez  toutes  les  races,  la  peau  et  les  cheveui^  plus  clairs  que  Tadulte.  Si  à  ces  ar- 
guments on  ajoute  cjem  qu'avait  indiqués  Hansfeld  et  qui  montrent  la  coincideiice 
fréquente  chez  les  albinos  de  diverses  anomalies  par  arrêt  de  développement  ;  siToo 
tient  compte  de  ce  fait  :  que  l'albinos  est  souvent  frap])é  dans  son  évolution  ulté- 
rieure, qu'il  restera  petit,  malingre,  imberbe,  si  c'est  un  homme  ;  et  encore  que 
l'albinos  est  plus  souvent  du  sexe  féminin  que  du  sexe  masculin,  caractère  com- 
mun à  l)eaucoup  de  vices  de  conformation  et  en  particulier  aux  arrêts  de  dévelop- 
pement :  il  sera  difficile  de  conserver  des  doutes  sur  la  nature  propre  de  l'albi- 
nisme. 

Il  convient  cependant  de  reconnaître  que  le  mot  arrêt,  terme  générique,  ne 
donne  pas  toujours  une  idée  exacte  du  fait  et  demande,  suivant  le  cas,  un  éqiiin- 
lent  plus  rigoureux.  Chez  l'albinos  parfait,  il  y  a  arrêt  de  développement,  persis- 
tance sous  un  certain  rapport  et  pour  un  ensemble  de  granulations,  de  l'état  fetal 
au  quatrième  mois.  Chez  l'albinos  incomplet  et  imparfait,  il  y  a  seulement  insnfli- 
sance  du  développement.  Enfin,  dans  certains  cas  rares  à  la  vérité,  mabcependant 
bien  observés,  le  mot  de  Hansfeld  est  parfaitement  exact  :  il  y  a  seulement  reCanl  ; 
lamatièrecolorante,  insuffisante  au  moment  de  la  naissance,  continuée  se  dévelop- 
per et  on  assiste  à  la  disparition  plus  ou  moins  complète  de  l'anomalie  au  bjut 
d'une  ou  de  plusieurs  années.  Comaz  cite  les  observateurs  Aschenoo,  Mejpf, 
Herzig,  Graves,  Wilde  et  Siebel,  qui  ont  constaté  cette  curieuse  transfonnation  à 
laquelle  la  thérapeutique  n'a  pas  été  complètement  étrangère. 

Si  maintenant  nous  cherchons  à  résumer  dans  une  sorte  de  définition  rétrospec- 
tive les  points  que  nous  venons  d'examiner,  nous  dirons  que  l'albinisme  estune 
variété  anormale  de  coloration,  caractérisée  par  Vabsence  absolue  ou  rdalixt 
du  pigment,  résultant  d'un  arrêt,  insuffisance  ou  retard  du  développement  rt- 
gulief\ 

Pour  compléter  cette  définition,  il  reste  à  déterminer  les  causes  générales  qui 
provoquent  ce  retard  ou  cet  arrêt  de  développement  :  nous  toucboos  ici  au  domaine 
de  l'incertitude. 

Uissant  de  côté  l'hypothèse  surannée  de  Lecat  sur  l'influence  de  la  chaleur, 
l'hypothèse  indémontrable  et  improbable  de  Hansfeld  et  de  beaucoup  d'autres  «r 
les  frayeurs  éprouvées  par  la  mère,  les  contes  débités  sur  les  relations  de  n^e««< 
avec  les  grands  singes,  nous  nouslomerons  à  examiner  l'influence  des  trois  casser 
suivantes  :  consanguinité,  hérédité,  débilité  des  parents. 

Suivant  Pevay,  Boudin,  Bémif«  (fitats-lînis)  et  Aube,  la  consanguinité  serait 


ALBINISME.  il5 

une  caifie  l'réqueate  d'albinisme.  Sans  nous  prononcer  d'une  manière  absolue  sur 
celte  question  si  controversée  depuis  quelque  lemps  de  la  consanguinité,  nous  de- 
loijs  déclarer  que  les  faits  cités  par  ces  auteurs  ne  nous  ont  nullement  convaincu. 
Devay  s*est  borné  à  des  présomptions,  Boudin  et  Bémiss  ont  énoncé  des  faits.  Ce 
dernier  a  constaté  cpie  trente-quatre  mariages  entre  consanguins  ont  donné  nais- 
sance à  œnt  quatre-vingt-douze  enfants,  dont  cinq  étaient  albinos.  Boudin  rap- 
porte l'histoire  de  deux  mariages  consanguins  ;  du  premier  sont  nés  un  albinos  et 
un  enfant  peu  intelligent,  du  second  quatre  enfants,  deux  jumeaux  albinos,  un  al- 
binos, un  eniant  bien  portant. 

De  rhérédité  il  n  est  pas  dit  un  mot,  et  d'autre  part  nous  avons  déjà  dit  que  les 
;niisaes8es  gémellaires  et  les  grossesses  répétées  paraissent  liées  à  l'albinisme. 

On  a  fait  grand  bruit  des  expériences  d'Aubé  sur  la  production  artificielle  du  la- 
pin albinos  par  unions  successives  entre  individus  d'une  même  portée.  Ces  expé- 
riences paraîtraient  convaincantes  si  on  n'avait  à  leur  opposer  les  résultats  diamé- 
Iralement  contraires  obtenus  en  Angleterre  dans  la  fixation  des  races  chevaline 
pur  sang  et  bovine  dishley,  et  si  la  domesticité,  l'éducation  claustrale,  les  con. 
ceptions  fréquentes  et  répétées  ne  venaient  fournir  l'explication  satisfaisante  de  ces 
résultats. 

L'hérédité  parait  avoir  une  influence  beaucoup  mieux  établie  et  qui  concorde 
avec  les  notions  générales  que  nous  possédons  sur  la  transmission  des  anomalies. 
Die  n'agit  pas  d*une  manière  constante  ;  le  plus  souvent,  les  produits  reviennent 
an  type  primitif  ou  bien  un  ou  deux  enfants  sont  albinos  comme  leur  père  ou  leur 
mère,  tandis  que  les  autres  sont  normaux.  Parfois  on  voit  se  manifester  de  remai- 
quables  phénomènes  d'atavisme  :  un  albinos,  mort  en  1838  à  Bicétre,  était  fils 
d'un  père  brun  et  d'une  mère  aux  cheveux  châtains,  mais  cette  mère  avait  pour 
sœur  une  albinos.  P.  Lucas  a  cité  des  faits  ayant  toutes  les  apparences  de  l'an 
thenticité  et  qui  sont  bien  remarquables  :  ils  sembleraient  prouver,  contre  l'opinion 
del.  Geoflroy  Saint-Hilaire,  que  l'union  d'un  blanc  et  d'une  négresse  peut  donner 
naissance  immédiatement  à  des  enfants  blancs  ou  albinos.  (La  brièveté  du  récit  ne 
nous  peiinct  pas  de  nous  prononcer.)  Ces  derniers  faits  doivent  être  accueillis  avec 
réserve.  L'hérédité  est  à  son  maximum  d'évidence  lorsque  des  familles  sont  oom- 
ptétemenl  atteintes  d'albinisme,  comme  dans  les  cas  cités  par  Blandin  et  par  Wise- 
man. 

A  côté  de  l'hérédité,  nous  croyons,  avec  I.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  que  toutes  les 
causes  de  débilitation  qui  agissent  sur  les  parents,  climat  insalubre,  misère,  mau- 
^^ise  constitution,  diathèses  endémiques,  ou  qui  sont  de  nature  à  troubler  et  à  gê- 
ner le  cours  régulier  de  la  gestation,  grossesses  multiples  ou  trop  répétées,  prédis- 
posent d'une  manière  générale  aux  vices  de  conformation  et  par  conséquent  à 
l'albinisme.  Déjà  Blandin,  qui  adoptait  une  variante  de  cette  manière  de  voir,  fai- 
sait remarquer  à  quel  degré  étaient  insalubres  les  parties  de  l'Amérique  où  l'on 
rencontrait  le  plu?  souvent  des  albinos.  De  Rochas  note  qu'à  la  Nouvelle-Calédonie, 
les  affections  scrofuleuses  sont  tellement  fréquentes,  qu'un  tiers  de  la  population 
en  pmie  les  traces  présentes  ou  passées.  Sur  le  nombre  peu  considérable  d'obser- 
vations où  figurent  ces  détails,  quatre  ou  cinq  mentionnent  des  grossesses  gémel- 
laires. Dans  d'autres  on  voit  que  les  albinos  ont  eu  six,  sept,  huit  frères  ou  sœurs  ; 
presque  tous  les  auteurs  ont  écrit  qu'ils  naissent  souvent  de  femmes  ti*ès-fécondes. 

Dans  Tétat  actuel  de  la  science,  l'hérédité  et  la  débiUté  des  parents  nous  sem- 
blent les  seules  causes  générales  dont  l'influence  soit  démontrée. 

Si  l'albinisme  n'est  pas  une  maladie,  il  n'en  constitue  pas  moins  dans  son  degré 


414  ALBINISME. 

le  plus  avancé,  et  même  dans  ses  degrés  inférieurs,  un  état  d'itifiriniti  réelle.  Il 
accompagne  d'ailleurs  fréquemment  une  màuTaiâe  constitution.  Au  point  de  vue 
médical,  il  y  a  donc  lieu  de  considérer  les  albinoà,  et  surtout  les  albinos  jeun», 
comme  des  malades  à  traiter.  Plusieurs  faits,  et  en  particulier  celui  de  Sicbd, per- 
mettent de  croire  que  les  modificateurs  généfaiux  extérieurs  et  intérieurs,  vie  ao 
grand  air,  action  de  la  lumière,  climat  sec,  médication  reconstituante,  devront  éln 
suivis  d'eflets  favorables,  c'est-à-dire  d'un  retour  plus  ou  moins  parfait  vers  FéUl 
normal. 

L'état  de  la  vision  réclame  très-souvent  l'emploi  de  moyens  variés  ooulre  le 
strabisme,  la  myopie,  le  nystagmus,  la  photophobie.  Nous  n'avons  pas  à  euminer 
ici  ces  moyens  qui  appartiennent  à  l'oculislique.  Bornons-nous  a  rappeler  que  la 
vue  courte  des  albinos  dépend  souvent,  mais  pas  toujours,  d'une  myopie  véritable, 
que  par  conséquent  celle-ci  devra  être  constatée  par  rem|doi  de  verres  appropriés. 

Pour  ce  qui  est  de  l'albinisme  accidentel,  nous  ne  connaissons  aucune  base  ra- 
tionnelle de  traitement  dirigé  contre  la  décoloration.  On  a  employé  dans  ces  cas, 
sans  aucun  succès,  les  toniques  de  toute  espèce,  les  médicaments  altérants.  Peut- 
être  les  préparations  de  cantharides  à  l'extérieur  pourraient-elles  rendre  quelqu» 
services.  U.  Trélat. 

BiBLKMRAPHtB.  *- l'une  (l'Âncieii).  Hitioire  naturelle ^  livre  VIII,  ch.  u.  —  Wavu  (Uoui*! 
fiew  Voyage  and  Description  of  the  hihmut  of  America.  Londres,  1704;  traduit  dao»  \r- 
Voyage*  du  capitaine  Dampierre.  — Trettorexs.  Histoire  de  f  Académie  des  scUmces  pour 
1751.  —  1Iaui>ertuis.  Dissertation  physique  à  t occasion  du  nègre  blanc,  1744,  et  Vénus  pkf- 
signe.  Part.  U,  cli.  iv.— Voltairb.  Mélanges  plUtosophiques,  ch.  xvin.  et  Essai  nw  les  rnoosn 
ch  I.  — Ret  (G.).  Dissertation  sur  un  nègre  blanc.  Lyon,  174i.  —  Ucat.  Trait/ de  la  eoaUm 
de  la  peau  Immaine  en  général,  etc.  Amsterdam,  1756.  —  Dk  C4CTiLLo.t.  Deuz^  deaeriptimu  é 
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1762.  —  Grande  Encyclopédie,  »i*ticles  Albinos  et  Vègre  blanc*  — Ferhix.  Description  de  Sart- 
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State  of"  Virginia,  Londres.  1781. — Blcmeroach  (J.  Fr.].  De  oeulis  leucsethiopum  et  iriii* 
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et  formx  ocuU  aberrationibus  e  statu  normali.  Diss.  inaug.  Hal»,  1799.  —  Amuox  ffils  .  Sia 
quelques  cas  rares  observés  chez  les  conscrits.  In  Joum.  de  méd,  de  Corvisart.  T.  XIY.  IftC. 

—  Dict,  en  60  vol.,  articles  Albinos ,  Cas  rares,  Uueéthiopie,  Poil,  ^  Sages  (Georg.).  Bislsris 
naturalis  duorum  teucxlhiopum,  auctoris  ipsius  et  sororis  ejus.  Diss.  inaug.  EriaQgen,  1813 
Mansfeld.  Ueberdas  Wesen  der  Leukopathie  oderdes  Albinolsmus  nebst  Beschreibung  einests 
Braunschweig  lebenden  Albinos.  Brunswick.  18-22.  —  Réflexions  sur  la  leucopathie  considérée 
comme  le  résultat  d'un  retardement  de  développement.  In  Joum.  eomp,  des  se.  wséiicÊkt. 
T.  IV.  —  Etwas  uber  Hemmungsbildungen  im  Allgemeinen,  und  fortgesetzte  Vnterouolunfn 
Uberdie  lieukopalhie.  Meckefs  Archiv  far  Anal,  und  Physiol.  T.  1. 1826.  —  Soilbckl  (J.  H.  (i. 
Ein  Deilrag  zur  ndhern  Kenlniss  der  Albinos,  lena,  1824.  —  Blandir.  Dict.  de  méd  et  éf 
chirurg.  pratique^  article  Albinisme.  1829. — Rentses.  Observations  médicales  sur  quelqurt 
maladies  rares,  etc.  In  Archiv.  gén.  de  méd.  i'*  série,  t.  XXVI,  1831.^>GBomiorSuvr- 
HiLAiRE  (I.).  Hisl.  gén.  et  part,  des  anomalies  de  P organisation.  De  Valbimsme,  T.  I,  I83S.  — 
Brkscbbt.  Dict,  de  médecine  en  50  vol.  T.  II.  article  Albinos.  —  Seii.er.  Beobaehtumgen  vr- 
sprunglicher  UUdaugsfehler  und  gànzHciien  Mangels  der  Augen.  Di*esde.l833.  —  Josrss  '^ 
Du  réseau  muqueux  de  la  peau  et  de  l'albinisme.  In  Arch.  gén.  de  méd.  S*  série,  t.  Il  ^ 
AscnasoR.  Hed.  Zeitung  des  Vereins  fur  Hetlkande  in  Preussen.  1834,  n*  27.  ^  Raier.  Trmtt 
des  maladies  de  la  peau.  T.  II.  Paris,  1835.— fisgriaoL.  Traité  des  maladies  mentalet.l.  H 
p.  366.  Paris,  1838.  — Gdtok.  Gazelle  médicale,  T.  Vil.  Paris,  .1839.- Faire.  Dict.  desdiet 
de  médecine,  article  Albinie.  Paris,  1840.  —  AimoN  (von).  Klinische  Darstellungm,  9*  partir 
Berlin,   18 il,  et  Histoire  du  développement  de  l'œil  husnain,  traduit  par  vsn  Bienbri 


ALUIZZIË.  115 

Bniielies,  1800. — Huilt.  Krankheiten  und  Miêttnldungen  des  mensc/Uichen  Auges,  T.  I, 
1843.  — PkMaâu.  Hiêiêire  natwreUe  de  Fhamme,  traduction.  T.  I.  Paris,  1843.  —  Lvcas  (P..) 
Traité  pMatophique  de  VhérédHé  naturelle,  T.  I,  liv.  II.  Paris,  1847.  -  Hiktiboi.  De  la 
iencopathie  partielle  accidenteUe.  In  Archive*  gén,  de  méd.  4*  série,  t.  XIII.  — Corhax.  Des 
at9ormités  amgemales  des  yeux  et  de  leurs  annexes ^  Lausanne,  1848,  et  De  t albinisme 
ïaAmales  de  la  Sac.  de  méd.  de  Gond.  1850.— Bshiss.  On  Mariages  of  Cotuangutnitg.  In 
Jsum.  sf  Psgcholegical  Medectne  and  Mental  Pathology.  Avril  1857  (États-Unis). —  Robin. 
Oktitmnaire  de  Nysten^  article  Pigment.  —  Mackensik.  Traité  pratique  des  maladies  de  Vœil. 
T.  II.  Paris.  1857.  — âub^.  Bulletin  de  la  Soc.  ^acclimatation  de  Paris.  Février  1857. — 
DtsatuEs.  Traité  théorique  et  pratique  des  maladies  des  yeux.  T.  III.  Paris,  1858.  —  Devat. 
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iac.  i'Anthrop.  de  Paris.  T.  I,  p.  236.  —  Bercho!!.  Documents  sur  le  Sénégal.  In  Bulletin  de 
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Sêe.  dMUkrop.  T.  II,  p.  49.  —  Smo^ior.  Sur  la  coloration  de  la  peau  du  Nègre.  Même  bull. 
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1. 1— Broca.  Sur  un  œil  d'albinos.  In  Bull,  de  la  Soc.  d'Anthrop.,  t.  V,  p.  141.—  Rat:«aud  (Mau- 
nœ  .  Souv.  dict.  de  méd.  et  de  chir.  pratique.  Article  Albinie.  Paris,  1864.      U.  Trélat. 


L*Albite  est  le  feldspath  sodique,  c'est-à-dire  tiii  silicate  double 
d'alumine  et  de  soude  ;  par  sa  désagrégation  et  sa  décomposition  au  sein  de  la 
terre,  il  forme,  comme  les  autres  feldspaths,  le  Kaolin  ou  terre  à  porcelaine  ;  il 
peut  serrir  lui-même  à  préparer  la  couverte  des  porcelaines.  0.  R. 


{AlbiMia).  Genre  de  plantes  établi  par  Durazzini,  suivant  Boivin, 
pour  un  certain  nombre  d'espèces  attribuées  autrefois  au  genre  Acacia  ou  à  quel- 
ques autres  très-voisins.  En  somme,  les  Albi^zia  ne  diflèreut  essentiellement  des  AcO" 
da  (vof.  ce  root)  qu'en  ce  que  les  étamines,  au  lieu  d'être  libres  jusqu'à  la  base,  sont 
réunies  par  la  portion  inicrieure  de  leurs  filets  en  une  sorte  de  tube.  D'ailleui*s,  ces 
étamines  sont  en  très-grand  nombre,  insérées  autour  d'une  cupule  glanduleuse  qui 
entoure  le  pied  de  l'ovaire,  repliées  plusieurs  fois  sur  elles-mêmes  dans  le  bouton 
et  pourvues  d'anthères  biloculaires,  iutrorses  et  à  déhiscencc  longitudinale.  Elles 
^OQt  entourées  d'une  corolle  gamopétale  à  cinq  ou  plus  rarement  à  quatre  divisions 
talraires,  et  d'un  calice  gamosépale  plus  court  que  la  corolle,  et  découpé  en  cinq 
ou  quatre  dents  également  valvaires  dans  le  bouton.  Le  gynécée  se  compose  d'un 
ovaire  uniloculaire  supportant  un  style  excentrique  tenniné  par  une  tête  stigmati* 
1ère  peu  renflée.  Dans  l'ovaire  est  uu  placenta  pariétal  qui  supporte  deux  séries  ver- 
ticales d'ovules  descendants  dont  le  micropyle  se  dirige  en  haut  et  en  dehors.  Il  y 
a  des  fleurs  mâles  par  avortement  du  gynécée.  Le  fruit  est  une  gousse  aplatie,  par- 
fob  indéliiscente,  à  graines  supportées  par  des  funicules  grêles  et  longs,  plus  ou 
moins  repliés  sur  eux-mêmes. 

Les  AUrima  sont  des  arbres  ou  des  arbustes  à  feuilles  alternes-bipennées,  dont 
le  racbis  porte  ordinairement  une  pu  plusieurs  glandes  en  cupule.  Elles  sont  accom- 
pagnées de  stipides  latérales.  Leurs  fleurs  sont  disposées  en  grappes  qui  peuvent 
devenir  presque  des  épis,  parce  que  les  pédicellea  floraux  sont  quelquefms  très- 
courts  ;  ou  des  ombelles  et  des  capitides,  parce  que  leur  axe  principal  devient  sor- 
Uissé  et  renflé  au  lieu  d'être  allongé  et  cylindrique.  Chaque  fleur  est  articulée, 
insérée  dans  une  fossette  de  l'axe,  à  l'aisselle  d'une  bractée  souvent  très-caduque. 
L'inflorescence  occupe  l'aisselle  d'une  feuille^  Elle  est  souvent  double,  c'est-à-dire 
qu'un  rameau  axillaire  très-court  supporte  deux  inflorescences  qui  s'insèrent  à  sa 
droite  et  à  sa  gauche;  après  quoi  il  se  termine  par  un  bourgeon.  En  somme,  ce 
genre  a  peu  de  valeur,  et  il  est  à  espérer  qu'un  jour  on  pourra  ne  plus  le  considé- 
rer que  comme  une  section  du  genre  Acacia,  caractérisée  par  l'union  des  filets 
stamiiiaux  à  leur  Inse. 


sir.  ALBIZZIK 


Le»  Alliizzie»  u'éUkui  œiiuue:»  que  coamie  founiÙBanl  tiè^-peu  de  |iraluibi L 
médecine.  On  savait  seolement  que  dans  l'Inde  VAlkhûa  Mapanmria  ik.  (Ii9i! 
saponaria  W.  )  avait  une  éooitse  possédant  toutes  les  propriétés  du  savoQ,  et  ^v 
VA.LMfekBm  {Acacia  speciosa  W.  —  Miwma  LMek  l^u^c.  —  M.  Sirm 
RoibJ  fournissait  de  la  gonune  et  un  bob  noir  employé  en  éfaénisterie  sou»  ir 
nom  A'Èbène  d'Orient,  \^A.  Iscmbergiana  Besth.,  qui  est  originaire  d*Alns^, 
a  une  éooroe  éminemment  astringente.  Les  hahilants  de  la  côte  de  CoroiiuiHirl 
l'ont  sécher  et  broient  les  feuilles  de  VA.  amara  Borv!i.  {Acacia  atnoraW.- 
A.  neUyren%a  Grah.  —  A.  Wi^ii  Grah.  —  Mimom  amara  Koia.),  poor  h 
faire  infuser  dans  l'eau  et  préparer  des  lotions  astringentes»  surtout  pour  la  t^ 
L'il.  JuUbrimn  Doiazz.  {Acacia  JulibrisUn  W.  —  Mimosa  arbarea  Fossi.- 
Jf.  Jvlibrissin  Scop.)  a  un  bois  jaune  à  odeur  et  à  saveur  piquantes,  ooouiie  oeik* 
des  Crucifères.  Mais  la  plus  incontestaUement  utile  des  Albizries  est  une  d& 
espèces  les  plus  nouvellement  connues,  VA,  anthdminthica^  àooi  nous  allons  nat 
occuper  maintenant. 

VA,  anthelminthka  Ad.  Bb.  est  le  Moucenna^  encore  appelé  vulgairement  «• 
Abyssinie  :  Ahouuenna^  Bicinna,  Bisenna^  Bùnnnay  Bussenna^  Kwmiâ. 
Mesennay  Mazenna^  Muçanna,  Musenna  et  Mtîzenna,  Ach.  Richard  Ta  décnt 
sous  le  nom  de  Beserma  anthelminthica.  C'est  un  arbre  des  terres  basses  H 
chaudes  de  TAbyssinie  {vay.  ce  mot).  M.  Courbon  le  cite  comme  abondant  dan« 
tous  les  points  d'une  élévation  moyenne.  Son  tronc  grisâtre  atteint  de  quatre  à  mi 
mètres  d'élévation.  11  est  couvert,  ainsi  que  les  rameaux,  d'une  éooroe  lisse  qu 
est  la  partie  employée  en  médecine.  Les  branches  sont  ou  droites  ou  tortoeu». 
chargées  de  feuUles  alternes,  stipulées,  bipennées,  ayant  de  une  à  quatre  pair»  ^ 
pinnules  qui  portent  chacune  deux  ou  trois  paires  de  folioles.  Celles-ci  sont  irré- 
gulièrement obovées,  atténuées  à  leur  base,  arrondies  et  émarginées  ou  très-briè^r* 
ment  acuminées  au  sommet,  à  deux  moitiés  insymétriques,  membraneuses,  gla- 
bres, penninerves,  vertes  en  dessus,  plus  pâles  en  dessous.  Le  rachis  commun  port' 
au  moins  deux  glandes  arrondies  ou  ovales  placées  entre  les  deux  folioles  de  l' 
paire  supérieure,  et  souvent  d'autres  glandes  disséminées  sur  le  pétiole  ou  le:»  petto- 
iules.  Les  fleurs  sont  disposées  en  grappes  courtes  qui  sortent  de  bourgeons  f\scê> 
sur  le  bois  des  rameaux,  avant  les  feuilles.  L'axe  principal  de  l'inflorescence  e4  ^ 
court,  qu'elle  simule  une  ombelle.  Chaque  fleur  est  articulée,  supportée  par  un 
pédicelle  très-court  ;  l'axe  la  porte  daus  une  fossette  au-dessous  de  laquelle  il  ^t 
renfle  à  peine.  Le  calice  est  membraneux,  gamoséple,  à  cinq  dents  inégales  souvent 
unies  deux  à  deux  dans  une  étendue  variable.  La  préfloraison  de  ces  divisions  caln 
cinales  est  valvaire,  et  leur  centre  s'épaissit  en  uu  tissu  charnu,  comme  glandu- 
leux. La  corolle  est  exserte,  partagée  en  cinq,  et  plus  rarement  en  quatre  lobes  dont 
la  préfloraison  est  valvaire,  et  dont  le  sommet  fait  saillie  en  forme  de  clef  pen- 
dante daus  l'intérieur  du  bouton.  Les  étamines  sont  corruguées  dans  le  bouton, 
exsertes  dans  l'anthèse,  unies  en  tube  dans  la  portion  inférieure  des  filets»  H 
pourvues  d'anthères  introrses  et  didymes.  L'ovaire  est  surmonté  d'un  style  plt^^M 
dans  le  bouton,  à  tête  sligmatifère  un  peu  inégalement  renflée.  Les  ovules  soot  au 
nombre  de  quatre  à  six  sur  chaque  série  ;  ils  ne  paraissent  recouverts  que  d'un 
tégument  simple.  La  gousse  est  allongée,  aplatie,  déhiscente  en  deux  valves,  taiiliît 
atténuée  aux  deux  bouts,  tantôt  plus  renflée  au  sommet.  Les  graines  sont  durr^. 
arrondies,  comprimées,  jaunâtres.  L'écorce,  qui  est  la  partie  employée,  présent* 
intérieurement  un  liber  comparable  à  celui  de  la  plupart  des  Acaciées,  et  atérmi- 
rement  une  enveloppe  herbacée  et  un  suber  qui  ne  méritent  pas  d'étn*  signih^ 


ALBOSÏUS.  417 

d'uue  manière  particiilièi'e.  il  est  probable  que  les  principes  actifs  siègent  dan^ 
une  couche  intermédiaire  granuleuse,  de  couleur  orangée,  et  formée  de  grande:» 
«ellules  polyédriques  à  parois  épaisses  et  inégales.  H.  Bn. 

BoiTiN.  Encycl.  du  A7A'*  giêcle,  II,  52.  — Bentda»,  in  Uook,  Jouni.,  [II,  84.— A.  Ricii.,  FI. 
\bif4S.,  1,  253.—GO0BBON,  Thèse  inaug.,  18C1.  — Ad.  Dr.,  in  Bull.  Soc.  bot..  VII,  902  •>- 
Moq.-Taîto.,  Bot.  tttéd.f  145.  —  D'Abbadic,  in  Compt.  rend.  Ac.  Se.,  XXXIV.  167.  —  FouRxitn, 
n»«e  inaug.,  Paris,  1861,  n«  136,  et  in  Ann.  Se.  nat.,  sér.  4,  XIV.      .  H.  Bn. 

PoARHACOLOisiK.  .L*écorce  de  Musenna  ou  de  Houcenna  est  extrêmement  rare 
(ians  le  commerce;  elle  se  présente  sous  la  forme  de  tuyaux  de  0'^,\b  à  0,20  do 
long,  et  de  0''*,05  à  0'",06  de  large.  A  l'extérieur,  elle  est  brune,  très-raboteuse, 
inégale;  elle  est  sillonnée  de  nombreuses  fissures.  Sous  l'épiderme,  on  trouve  une 
ooadie  celluleuse,  verdâtre,  très-mince,  avec  un  périderme  comparativement  épais, 
?reim,  jaune;  au-dessous,  on  voit  un  liber  fibreux,  dont  la  saveur  est  douceâtre  et 
nauséeuse. 

M.  Gastinel,  professeur  de  chimie  à  TËcole  de  médecine  du  Caire,  a  constaté  que 
l'écorce  de  Musenna  contenait  beaucoup  de  gomme,  un  principe  particulier  ana- 
logue aux  alcaloïdes,  se  présentant  sous  la  forme  d'une  poudre  blanche,  et  se  combi-  , 
nant  aux  acides.  D'après  M.  Thinel,  le  principe  actif  est  une  substance  incristaliisablc, 
ressemblant  à  la  saponine,  d'un  goût  acre;  elle  contient  en  outre  une  matière 
cireuse,  une  matière  colorante  jaunâtre,  de  Textractif,  un  principe  amer  et  des  sek. 

Cette  écorce  anthelminthique  est  le  plus  souvent  administrée  en  poudre,  à  la  dose; 
de  60  grammes  (Pruner-Bey)  à  7  0  grammes  (d'Abbadie),  délayée  dans  de  l'eau.  D'a- 
près H.  Gastinel,  l'infusion  de  50  grammes  d'écorce  réussit  parfaitement;  mais, 
selon  M.  Courbon,  elle  a  échoué  entre  les  mains  des  chirurgiens  de  marine;  il  est 
îrai  qu'ils  n'en  administraient  que  1 5  à  20  grammes.  Les  Abyssiniens  mêlent  la 
pondre  à  la  farine  pour  faire  du  pain  ;  ils  en  préparent  des  boulettes  avec  du  beun*c 
et  du  miel  ;  il  les  font  prendre  le  matin,  trois  heures  avant  le  repas  ;  aucune  fonc- 
bOQ  n'est  troublée,  le  ver  est  rendu  quelquefois  le  soir,  mais  le  plus  souvent  le 
lendemain,  comme  broyé  dans  une  selle  séro-muqueuse.  Les  jours  suivants,  on  con- 
tinue à  rendre  quelques  fragments  de  ténia. 

C'est  en  1848  que  M.  d'Abbadie  rapporta  le  Musenna  d'Abyssinie,  et  le  remit  à 
Rniner-Bey,  qui  le  fit  prendre  à  un  maître  de  langues,  natif  de  Gondar,  qui  avait 
aoconipagné  H.  d'Abbadie  dans  ses  excursions  au  sud  de  l'Egypte.  Après  avoir  été 
mis  à  la  diète  la  veille,  le  malade  prit  60  grammes  de  poudre,  sous  la  forme  de 
bols,  avec  de  la  viande  hachée.  Le  leudcmuin,le  ver  était  rendu.  Depuis  lors,  Pru- 
ner-Bey  a  employé  dix-neuf  fois  le  même  remède,  toujours  avec  succès;  il  tue  le 
ver  sans  provoquer  des  selles  diurrhéiques. 

N.  d'Abbadie  préfère  le  MuFcnna  au  Cousso,  parce  que  celui-ci,  dit-il,  est  un 
[iiirgatif  drastique  qui  provoque  souvent  des  iielles  diarrhéiques,  des  nausées  et  des 
dysenteries  toujours  opiniâtres  et  quelquefois  mortelles;  le  Musenna,  au  contraire, 
eipulse  le  ver  sans  purgation  ni  tranchée. 

Il  est  rare  qu'en  Europe  le  Cousso  produise  la  diairhée  ;  ou  est  souvent  oblige 
d'aider  son  action  par  l'administration  d'un  purgatif;  quant  aux  nausées  ({u'ou  lui 
reproche  de  provoquer,  elles  sont  également  produites  par  la  poudre  de  Musenna, 
^  on  peut  les  éviter  dans  les  deux  cas,  soit  en  administrant  les  poudres  sous  forme 
de  bok,  et  mieux  en  les  faisant  granuler.  0.  Réveil. 

tiaoan»  (JoIuumic«).  Ambroise  Paré  parle  souvent  de  ce  médecin  et  lui 
t^il  l'honneur  de  l'appeler  son  ami.  C'est  évidemment  lui  qu'on  trouve  dans  le 

U.CT.  KAC.   11.  ^7 


ilg  ALBRECHT. 

Dictionnaire  de  la  Noblesse^  dans  un  compte  de  la  maison  de  Henri  IV,  M  en 
d'autres  endroits  encore,  désigne  sous  ces  noms  :  Dalibour,  d*Alibour^  AlibotÊr, 
Aliboust,  AlibouXf  Gailleboust^  etc. 

Il  était  de  Montpellier,  et  ce  fut  lui  qui  fit  obtenir  à  cette  Faculté  une  cmquièmr 
régence,  ainsi  que  le  prouve  la  lettre  même  de  création,  lettre  datée  de  Vemoii. 
au  mois  de  décembre  1593,  et  dans  laquelle  Henri  IV  dit  expressément  «  avoir 
pris  avis  de  son  amé  et  féal  conseiliei'  et  médecin,  le  sieur  Gailleboust.  n  Notre 
archiatre  mourut  dans  le  mois  de  juillet  1594,  empoisonné,  dit-on,  pur  kt  ordres 
et  les  amis  de  Gabrielle  d*Estrées,  duchesse  de  Beaufort,  à  cause  d'une  remarque 
imprudente  qu'il  aurait  faite  au  Béarnais  touchant  la  naissance  de  l'eniant  (Céâr. 
duc  de  Vendôme,  né  en  juin  1594),  qu'on  voulait  absolument  qu'il  eût  eu  de  «tli 
favorite.  L'intérêt  de  Gabrielle  d'Estrées  se  devine  ici.  Telle  était  la  paatâon  désor- 
donnée de  Henri  de  Navarre  pour  cette  femme,  pour  sa  Menon,  comme  il  l'appe- 
lait, et  tel  était  l'ascendant  qu'elle  avait  pris  sur  lui,  qu'il  eût  pu  accomplir  le> 
vœux  ardents  de  sa  maîtresse  en  l'épousant,  malgré  lea  conseils  dévoués  du  sap* 
SuUj.  La  grossesse  de  la  duchesse  de  Beaufort  devenait  une  aime  puissante  contre 
l'indécision  du  Béarnais,  et  il  est  possible  que  cette  femme  indigne  se  aoit  vio- 
lemment débarrassée  du  médecin  qui  vivait  dans  l'intimité  du  roi,  et  qui  pouvail 
éclairer  ce  dernier  sur  l'origine  au  moins  contestable  du  fruit  de  ses  amoun.  li 
n'existe  aucune  preuve  de  ce  crime,  mais  on  a  les  paroles  mêmes  de  Pierre  di 
l'Gstoile,  qui,  écho  fidèle  des  bruits  publics,  écrivait  ceci  dans  son  Registre- 
Journal,  le  dimanche  25  juillet  1594  : 

«  Ce  jour  même,  on  eut  des  nouvelles  de  la  mort  de  M.  Daliboust,  premier 
médecin  du  roy,  auquel  on  disoit  qu'une  parole  libre  qu'il  avoit  dite  à  Sa  Majest 
touchant  son  petit  Cesai',  avoit  cousté  la  vie,  non  de  la  part  du  roy,  qui  ne  oQgnoii 
point  ces  bestes  et  monstres  de  poisons,  mais  de  la  part  de  celle  (comme  tout  le 
monde  tenoit)  qui  s'y  sentoit  intéressée,  à  laquelle  le  roi,  contre  sa  promesse, 
l'avoît  redit,  ne  pensant  pas  qu'il  en  deust  couster  la  vie  à  ce  bonhomme  de  mé- 
decin, fidèle  serviteur  de  Sa  Majesté,  i 

Jean  Âlbosius  est  auteur  de  la  relation  d'une  observation  qui  a  fait  grand  hnut 
dans  son  temps  :  nous  voulons  parler  de  cette  femme  de  Sens  dans  Tutérus  dt 
laquelle  un  fœtus,  réduit  à  l'état  de  pétrification,  serait  resté  vingt-huit  ans.  Celle 
observation,  imprimée  un  grand  nombre  de  fois,  se  trouve  dans  le  de  Partu 
CsMureo  de  Fr.  Boussel,  1586,  in-4''.  A.  Chbread. 

AliBftBCHT  (Jeaa-Plerre).  Docteur  en  médecine  de  rUniva*sité  de  Ftèbc- 
fort,  agrégé  en  1681  à  l'Académie  des  Curieux  de  la  nature,  sous  le  nom  de  Cas- 
tor 11  ;  ce  médecin  s'est  lait  particulièrement  connaître  par  de  nombreux  mémoires 
qui  ont  été  publias  dans  les  recueils  de  cette  célèbre  société  de  savants  {vof.  De* 
cca.  Il,  i**  année, n<«  77,  78,  79,  80,  81,  83,  83).  Nousy  voyons,  entre  autres  : 
une  observation  de  ver  intestinal  rendu  par  les  voies  urinaires;  une  fistule  véaioo* 
intestinale;  un  cas  de  guérison  spontanée  d'une  hydropisie  ventrale;  des  réfleiîoos 
sur  les  gaz  intestinaux,  sur  les  matières  fécales,  sur  les  lochies  ;  le  fait  d'un  aboès 
rénal  excrété  par  les  voies  urinaires,  etc.,  etc.  A.  Chbrbau* 

AUttBcar  (JeaB-«nUliwiii«).  Né  à  EHurt,  le  11  août  1703,  niflrt  le 
7  janvier  1736,  Jean  Albrecht  mourut  trop  jeune  pour  pouvoir  donner  à  la  sdenor 
tout  ce  qu'il  promit,  mais  le  peu  qu'il  a  lairâé  dévoile  une  intelligeiioe  ferla  aC  «ne 
érudition  considérable.  Les  célèbres  écoles  d'Iéna,  de  Wittemberf^,  de  Stnsbour^* 


ALUUCASIS.  il!l 

de  huis,  lui  eiiseigiièreiit  la  pliysique,  les  mathématiques  et  la  phikMSophie<  Eri'urt 
loi  délivra,  eti  1717,  le  bonnet  doctoral.  L*année  suivante,  il  fut  nommé  niédedn 
de  la  contrée,  et  en  1730  il  épousait  la  fille  de  Jean-Laurent  Pfeifler,  le  plus  ancien 
des  ministres  luthériens.  En  1734,  on  le  trouve  occupant  à  Gottingue  une  chaire 
danatomie  créée,  croyons-nous,  pour  lui,  et  dans  laquelle  il  lut,  à  sa  mort,  rem- 
placé par  llaller.  Voici  les  livres  que  nous  avons  vus  de  ce  médecin  : 

\.  Olfserpaiione»  anatamicai,  ^uiàus  accedit  :  de  Tempentate,  Erfurti,  1754.  iu-g.  — il.  De 
Effectibu*  muiices  in  corpus  animatum.  Lip»»,  1734,  in-8  ~  III.  De  Yitandis  errorWhs  in 
meékina  mecawca  Programma,  Gôtiing.,  1754,  in-8. — lY.  ParxnesU  ad  artis  medkx  ciiHo- 
rf$  fîtim  dMorum  catiaverum,  e!c.  Gôlt.  1755.  111-4".  A.  CiiERE^n. 

AliBOCA,  L.  Qenre  de  plantes  monocotylédones,  de  la  famille  des  Liliatiée» 
et  voisines  des  Scilles  et  des  Omithogales.  Elles  ont  leur  périauthe  à  six  divisions; 
les  trois  intérieures  sont  dressées  autour  des  étamines,  épaissies  et  incurvées  à 
bor  sommet,  tandis  que  les  divisions  e\térieures  sont  plus  minces  et  étalées.  Dés 
six  étamines  superposées  aux  sépales,  trois  sont  souvent  stériles.  L  ovaire  est  su- 
pere,  à  trois  loges  mulliovulées,  et  devient  un  fruit  capsulaire  loculicide.  Les 
Alkica  sont  des  plantes  bulbeuses  originaires  en  général  de  l'Afrique  australe  et 
ayant  tout  à  fait  Taspect  des  Ornithogales.  Thtinberg  indique  comme  mucllagi- 
neuse  la  tige  d'une  espèce  d'AUbuca  que  Linné  a  appelée  A,  major,  11  rapporte 
qu'en  outre  les  Hottentots  se  servent  de  cette  tige  pour  étancher  leur  soif. 

H.  Bn. 

l.,Oen.n  n.  416.  —  Thusderg,  foy.,  I,  Î85.  —  txw..,  Gen.y  n.  1115. 

ALBUCÀMIS,  Abo-L-Kasim  Khalef  Ibn  Abbas  Az-Zaiihawi,  appelé  communé- 
ment par  uu  de  ses  noms  latinisés  Albuca,sis  ou  Alsafiaravius .  Ces  noms  ont  été 
très-altérés  ;  on  les  a  écrits  :  Albucasis,  Ducasis,  Gala f y  AlsaraVitis,  Azaragi^ 
6u/c/um'm,  AçararluSf  etc.  Il  est  le  plus  fameux  écrivain  arabe  on  fait  de 
chiiiu*gie,  et  l'un  des  auteurs  les  plus  distingués  de  toute  l'antiquité  sur  ce 
sujet.  Il  était  né  à  Az-Znlirâ,  petite  ville  à  cinq  milles  de  Cordoue,  où  les  kalife^ 
d'Espagne  avaient  un  palais.  On  ne  connaît  rien  des  événements  de  sa  vie;  on 
suppose  qu'il  exerça  la  médecine  et  la  cbiiiirgie  à  Cordoue  avec  un  grand  succès, 
etqu'il  mourut  dans  cette  ville  A.  II.  500  (A.  D.  1106-7).  Wustenfeld  {Gesdiiclite 
der  Arab,  AerUe)  dit  que  quelques  personnes  le  placent  dans  le  quatrième  siècle 
après  l'hégire;  Freind,  au  contraire  (Hist.  of  Physic),  pense  qu'il  vivait  beaucoup 
(dus  tard. 

Son  gnmd  ou^Tage  a  pour  titre  :  At-Tassrif  ou  Liber  Thearicœ  necnon  Prac- 
tkx  Alsaharavii.  11  se  compose  de  deux  parties;  chacune  contient  quinze  sections. 
Il  traite  d'anatomie,  de  physiologie,  et  spécialement  de  médecine  pratique;  une 
grande  partie  du  contenu  est  empruntée  à  Rhazè^.  Une  des  sections  est  l'ouvrage  de 
chirurgie  :  Traclalus  de  operatione  manus  seu  de  Chiriirgia  Albucasis,  qui  a 
été  imprimé  séparément  eu  arabe.  Il  contient  les  ligures  des  instruments  et 
est  divisé  en  trois  livres  :  le  premier  traite  de  l'usage  du  cautère  actuel;  le 
second  comprend  les  opérations  avec  le  couteau,  la  cliirurgie  des  yeux  et  des  dents, 
I  extraction  de  flèches,  les  hernies,  les  accouchements,  l'extraction  df'S  pierres.  Le 
troisième  est  entièrement  consacré  aux  fractures  et  aux  luxations.  La  chirurgie 
opératoire  d'Albucaais,  dit  M.  Adams  {Appeiidix  to  Barkers  Lempriere^  1838), 
e«t  le  plus  long,  et,  peut-être,  le  meilleur  traité  sur  ce  siijet  qui  nous  aoit  venu 
de  l'antiquité  ;  l'auteur  copie  librement  les  Grecs,  et  particulièrement  Paul  .€gi' 


WO  ALBUMEN. 

iiète,  umis  il  le  fait  avec  discernement,  et  il  a  soumis  leuis  témoignages  â  rexpé- 
rience.  Il  recommande  iVéquemment  Tusage  du  cautère  actuel  et  décrit  la  manière 
(le  l'appliquer  beaucoup  plus  minutieusement  qu'aucun  auteur  précédent.  U  paraît 
avoir  exercé  la  médecine  militaire,  et  rapporte  beaucoup  de  cas  intéressants  de  bles- 
sures de  guerre.  Albucasis  se  plaint  que,  de  son  temps,  la  chirurgie  était  en  dé- 
cadence. Dans  son  cliapitre  sur  l'extraction  du  fœtus,  il  donne  la  description  de  plu- 
sieurs forceps;  mais,  comme  ils  sont  tous  dentelés,  il  est  probable  qu'ils  ne  pouvaient 
pas  amener  l'enfant  vivant. 

L*ouvrage  chirurgical  d'Albucasis  fut  d'abord  publié  en  latin  dans  la  collection  intitulée 
Clwrwrgia  parva,  Venise,  in-fol.,  1497.  puis  séparément,  Basil.,  1541,  in-fol.  Le  texte  anbe 
avec  une  nouvelle  traduction  latine,  fut  donné  en  deux  volumes  in-4,  Oxon,  1778,  par  Chan- 
ning,  d'après  deux  manuscrits  de  la  bibliothèque  Bodléienne,  et  illustrés  de  gravures  repré^ 
sentant  les  difTérenis  instruments  décrits  et  employés.  Une  bonne  traduction  française  de 
la  Chirurgie  d'Albucasis  a  été  récemment  publiée  par  le  docteur  Leclerc,  médecin  n^jor 
(Paris,  1861,  in-8].—  On  possède  une  traduction  incomplète  de  l'œuvre  médicale  d'Al- 
bucasis (August.  Yindel.  1510,  in-fol.)  sous  le  titre  :  Uber  Theoricx  necnom  PrmtkM 
AUaharavii,  qui  vulgo  Açarariut  dicitur,  et  éditée  par  Grimm.  La  partie  de  son  oavrage  qui 
traite  des  maladies  des  iemmes  est  insérée  dans  la  collection  de  Casp.  WoU,  Basil., 
1566,  in-4.  —  Un  autre  ouvrage  existant 'sous  le  nom  :  Uber  servitoriss.  Liber  XViii  BmI- 
chasin  Benaberacerin^  interprète  Sim.  Januemi  et  Abraamo  Jmiaeo,  traite  de  la  préparation 
des  médicaments  avec  bcaucoup.de  détails.  Les  préparations  chimiques  méritent  panicoliè- 
rement  de  lixer  l'attention.  Cet  ouvrage  fut  d'abord  publié  séparément  à  Venise  en  1471, 
in-fol.,  puis  il  a  été  imprimé  comme  appendice  à  plusieurs  éditions  des  oeuvres  pharma- 
ceutiques de  Hésué  le  jeune.  W.  A.  Gananu. 

» 

AUlUCiIIliÉ.  (De  albus  blanc).  Ce  nom  sert  à  indiquer  les  tissus  de  couleur 
blanche,  comme  la  sclérotique,  ou  l'enveloppe  fibreuse  du  testicule.  Chaussier  ad- 
mettait quatre  genres  de  fibres  albuginées  élémentaires  ;  ces  prétendues  fibres  élé- 
mentaires n  étaient  autres  que  les  faisceaux  des  fibres  constitutives  des  tendons, 
ligaments  et  aponévroses.  Gerdy  comprenait  dans  les  tissus  albuginés  (outre  le 
tissu  fibreux  proprement  dit)  le  derme,  les  séreuses  et  le  tissu  cellulaire.  Le  nom 
d'albuginé  est  aujourd'hui  peu  usité,  et  on  l'applique  plus  particulièrement  au  tissu 
fibreux.  D. 

AUiUCillVITE.  Nom  donné  par  quelques  auteurs  à  la  phlegmasie  des  tissu» 
blancs  ou  albuginés.  La  signification  de  ce  mot  était  plus  oii  moins  étendue,  suivant 
qu'on  donnait  le  nom  d'albuginé  à  im  plus  ou  moins  grand  nombre  de  tissus.  Vtnf. 

ÀLBUGIAB. 

ALBUCMI.  F02/.  C0HȃB. 

AUHJHEN.  11  y  a  des  graines  qui  sous  leurs  enveloppes  renferment  simple- 
meiit^'embryon.  D'autres  graines  contiennent,  outre  l'embryon,  un  ou  deux  ania% 
de  matière  nutritive  contenue  dans  du  tissu  cellulaire.  C'est  ce  contenu  de  la  graine, 
autre  que  l'embryon,  que  Gartner  a  nommé  albumen^  à  cause  du  rôle  qu'il  joac 
vis-à-vis  de  la  jeune  plante,  conunc  le  blanc  de  l'oiseau  est  destiné  à  subvenir  aux 
premiers  développements  du  jeune  animal.  C'est  ce  même  corps  que  A.  L.  de  iii^ 
sien  et  L.  C.  Richard  ont  appelé  l'un  périsperme  et  l'autre  endosperme. 

La  situation  de  l'albumen,  par  rapport  à  l'embryon,  est  trè»*Tariable.  Tantôt 
l'albumen  est  à  une  extrémité  de  la  cavité  séminale,  l'embryon  occupant  Tanire 
extrémité  ;  c'est  ce  qui  anivc  chez  un  assez  grand  nombre  de  MonoooiyUdoms. 
Tantôt  l'albumen  entoure  l'embryon,  comme  dans  le  Ricin  ;  ailleurs  enfin,  ainsi 
(|uc  dans  la  Nielle  des  blés,  c'est  l'embryon  qui  enveloppe  l'albumen. 


ALBDMINATES.  V21 

Ce  qui  dit  l'importance  de  ce  corps,  au  point  de  vue  de  la  médecine,  c'est  qu'il 
renferme  trè&-fréquemment  les  principes  acLifs  des  graines.  Dans  les  céréales,  c'est 
lui  qui  contient  la  lécule  ;  dans  la  graine  de  Pavot  ou  Œillette,  il  renferme  la  ma- 
tière grasse.  Dans  la  graine  du  Cafier,  où  il  a  une  consistance  cornée,  il  est  riche 
en  cette  matière  odorante  volatile  qui  donne  au  café  son  arôme.  Dans  les  graines  des 
fiifins,  du  Crotan  Tiglium,  du  Jatropha  Curcas,  il  est  gorgé  d'huile,  et  Tem- 
Itryon  contient  également  une  matière  grasse.  Mais  l'huile  de  Talbumen  dilTère  de 
celle  de  l'embryon  en  ce  que  cette  deniière  est  beaucoup  plus  acre,  tandis  que 
l'huile  de  l'albumen  est  douce  ou  à  peu  près. 

L'origine  de  l'albumen  est  toujours,  quoi  qu'on  en  ait  dit,  le  nucellc  de  l'ovule. 
Tantôt  ce  sont  les  cellules  qu'on  peut  appeler  primitives  de  ce  nucelle,  qui  renfer- 
ment la  substance  nutritive  de  l'albumen  ;  tantôt,  au  contraire,  ce  sont  seulement 
une  ou  quelques  cellules  intérieures,  qu  on  appelle  sacs  embryonnaires,^  parce 
ipi'elles  peuvent  avoir  la  faculté  de  déxelopper  un  embryon  dans  leur  intérieur, 
qui  produisent  aussi  dans  leur  cavité  l'amas  de  matière  nutritive  qu'on  appelle  l'al- 
bumen. H  peut  même  arriver  que  ces  sucs  se  développent  à  la  fois  et  dans  les  cellules 
primitives  du  nucelle  et  dans  les  cellules  dites  sacs  embryonnaires.  On  a  alors 
deux  albumens  qui  s'enveloppent  plus  ou  moins  l'un  l'autre.  Ces  deux  albumens 
peuvent  disparaître  rapidement  ;  ou  l'un  d'eux  peut  seul  se  résorber,  l'autre  per- 
''istant;  ou  encore  l'un  et  l'autre  persistent  jusqu'à  la  germination  autour  de  l'em- 
bryon. Ils  n'ont  pas  alors  la  même  composition  l'un  que  l'autre,  comme  on  peut 
le  voir  à  propos  des  Poivres,  des  Nénuphars,  etc.  (voy.  ces  mots). 

On  s'est  beaucoup  servi  des  caractères'  tirés  de  l'albumen  pour  la  classification 
des  végétaux,  surtout  pour  celle  des  plantes  monocotylédones  ;  et  l'on  a  souvent 
place  dans  de»  groupes  distincts  celles  qui  possèdent  un  albumen,  celles  qui  en 
sont  dépourvues,  et  celles  qui,  en  possédant  un,  l'ont  tantôt  féculent,  tantôt  corné, 
tantôt  huileux.  Ces  distinctions  sont  beaucoup  trop  absolues,  et  il  y  a  des  familles 
considérées  comme  très-naturelles  qui  renferment  autant  de  plantes  périspermées 
que  de  plantes  à  graines  tout  albumen. 

En  zoologie,  on  emploie  ordinairement  le  mot  à* albumen  pour  désigner  le  blanc 
(lelœuf(roy.  Œdf).  H.  Bn, 

Matière  mkoicale.  La  consistance  et  la  couleur  de  l'albumen  sont  extrême- 
ment variables.  Il  est  le  plus  souvent  blanc  ;  quelquefois  vert,  comme  dans  le  gui 
[viseum  album)  ;  il  est  formé  de  tissu  cellulaire  ;  il  est  de  consistance  féculente, 
ttc  et  opaque  (blé),  ou  farineux  et  mou  (belle-de-nuit);  corné  (café),  dur,  sec, 
cartilagineux  (dattier);  charnu  et  succulent  (cocotier);  oléagineux  (euphorbia- 
céesj.  Le  mot  albumen  est  quelquefois  employé  en  pharmacie  pour  désigner  le 
blanc  d'oeuf  ;  les  albumens  huileux  comme  ceux  des  euphorbiacées  donnent  par 
expression,  ou  par  les  dissolvants,  des  huiles  grasses  m^icinales,  purgatives  ou 
alimentaires;  mais  ce  sont  surtout  les  albumens  de  céréales  qui  constituent  des 
aliments  précieux  pour  Thomme  et  les  animaux.  0.  R. 

AUIUM  OK/CCIM.  Excréments  de  chiens  nourris  d'os.  V Album  gt^œcum, 
drmt  l'action  médicamenteuse  était  due  à  la  présence  du  phosphate  de  chaux, 
formait,  ainsi  que  V Album  nignim  (excréments  de  souris),  un  des  remèdes  de 
l'ancienne  médecine. 

UMMnjkTES.  On  désigne  sous  ce  nom  les  combinaisons  des  matières 
albnminoides  avec  les  bases.  Ces  combinaisons  sont  peu  définies;  elles  existent 


•Vn  ALBUMINE. 

néanmoins.  On  sait  en  effet  que  certaines  matières  albuminoïdes,  insolubles  dan^ 
l'eau  pure,  n'entrent  en  dissolution  qu'à  la  faveur  d'une  petite  quantité  d'alcali  oii 
de  sels  alcalins.  Telle  est  la  caséine.  L'albumine  elle-même  se  rencontre  ordinaire- 
ment, dans  l'économie,  dans  des  liquides  alcalins  ou  chargés  de  sels  alcalins.  0» 
admet  qu'elle  existe  dans  le  sang  sous  forme  d'albuminate  de  soude.  Cet  albumi- 
nate  est  coagulable  par  la  cbaleur,  et  l'on  remarque  que  l'alcalinité  de  la  liqueur 
augmente  après  la  coagulation,  ce  qui  prouve  qu'une  portion  de  l'alcali  était  neu- 
tralisée par  l'albumine.  Au  reste,  cette  coagulation  n*est  point  complète  dans  ces 
circonstances.  L'alcali  retient  en  dissolution  une  portion  de  l'albimiine  qu'il  modifie 
Lorsqu'on  le  neutralise  complètement  par  l'acide  acétique  avnnt  la  coagulation, 
oell^^i  devient  complète. 

On  sait  d'un  autre  côté  que  les  solutions  d'albumine  précipitent  par  un  grand 
nombre  de  sels  métalliques,  et  il  est  probable  que  dans  ces  précipités  nne  portion 
dç  ('albumine  se  trouve  en  combinaison  avec  les  bases.  Ainsi  elle  est  contenue, 
spus  forme  d'albuminate  de  plomb,  dans  le  précipité  que  détermine  le  sous-aoétale 
d$  plomb  dans  la  solution  d'albumine.  W. 

AUIIJIIIINV.  Principe  immédiat  organique  et  uaotu,  commun  au  règne  végétal 
et  au  ri^ne  animal.  L'albumine  a  donné  son  nom  à  toute  une  classe  de  prodaiU  qui 
présentent  avec  elle  de  grandes  analogies  ;  c'est  dire  qu'elle  forme  un  des  termes  les 
plus  im|)ortants  du  groupe  naturel  de  corps  connus  sous  la  dénomination  de  nh 
stances  albitminoïdes.  Son  histoire  chimique,  comme  celle  de  tous  ses  congénères, 
laisse  encore  beaucoup  à  désirer. 

État  natureL  Dans  l'organisme  animal,  on  trouve  l'albumine  a  l'état  nor- 
IQalel  ensohilion  dans  le  plasma  du  sang,  de  la  lymphe  et  du  chyle;  dan» 
tous  les  sucs  parenchymateui  (muscles,  organes,  cerveau);  dans  les  liquide^ 
séreux,  U  contenu  de  l'intestin.  L'œuf  des  oiseaux,  surtout  le  blanc  ou  albit- 
mon,  en  renfeime  des  proportions  notables.  Elle  peut  apparaître  pathologique- 
ment  dans  l'urine  et  les  liquides  hydropiques.  Dans  ces  diverses  circonstances,  elle 
eit  tpiûoiira  combinée  h  une  proportion  plus  ou  moins  grande  d'alcali,  surloot  ilr 
soude. 

L'albumine  dite  végékde  ne  diflère  en  rien  de  celle  qu'on  peut  extraire  de 
l'économie  animale.  On  a  observé  sa  présence  dans  presque  tous  les  sucs  des 
plantes  et  dans  une  foule  de  graines.  MM.  Dumas  et  Calioui*s  ont  fait  remarquer 
que  les  liquides  d'origine  végétale  qui  reiderment  de  l'albumine  M>nt  h  réaclitwi 
neutre  ou  acide. 

L'albumine  naturelle  est  susceptible  de  subir,  sous  l'influence  de  la  clkileut , 
une  transposition  moléculaire  qui  la  fait  passer,  sans  changement  sensible  de 
composition,  h  Tétat  d'un  corps  complètement  insoluble:  ce  fait,  qui  domine dim 
l'histoire  de  cotte  substance,  porte  le  nom  de  coagulation.  Elle  partage  néaiunoiii^ 
cette  propriété  avec  quelques  sulistances  nlbuminoîdes  (pancréatine,  liémato-crif- 
talline,  etc.).  Les  différences  révélées  par  l'analyse  élémentaire  des  deux  varii^t'^ 
d'albumine  (soluble,  coagulée)  rentrent  dans  les  erreurs  que  comporte  l'expê- 
rience.  Les  résulLits  fournis  par  les  chimistes  les  plus  éminents  (Dumas,  Wurti, 
Liebig,  Scherer.  etc.),  se  rapprochent  beaucoup,  en  plus  ou  en  moins,  des  nombru» 
suivants  :  Carbone  55,5,  hydrogène  7,  azote  i5,8,  soufre  1,5,  oxygène  33,i- 
Lieberkiihn  traduit  ces  données  pjir  la  formule  très-complexe  :  C^H^'Ax^SO^*. 
H.  Dumas  a  adopté  l'expression  :  G**'  n**'Ax^'Ô'®.  M.  Hunt,  remplaçait  k  «Bfrc 
par  une  quantité  équivalente  d'oxygène  dont  il  ndmet  que  ce*  éléineol  tit*nl 


ALBUMINE.  433 

la  place,  propose  la  formule  G^W'^kf^^^,  qu'il  décompose  de  la  manière  sui- 
fuite: 

2(G*H"a»)-f-5AzH»— 6H»0 

ciu.«tnn. 

(foMT  les  difficultés  qui  s'opposent  à  la  déterminafion  du  véritable  poids  moléeu- 
laire  de  Talbumine,  voy,  l'article  âlbdhinoïobs,  Substances,) 

Albumine  soluble,  La  seule  observation  d  un  cas  de  production  artificielle 
d'albumine  est  due  h  M.  Wurtz.  La  fibrine  abandonnée  à  la  putréfaction  en  pri- 
sence  de  l'eau  fournit,  entre  autres  produits,  une  substance  ooagulable  par  la 
chaleur  et  offrant  toutes  les  réactions  de  l'albumine. 

Leblanc  d'œuf  peut  le  plus  facilement  servir  à  la  préparation  de  l'albumine 
pure.  A  cet  effet,  il  est  battu  avec  deux  fois  son  volume  d'eau,  filtré  pour  enlever  le 
tissu  cellulaire  lâche  qui  emprisonnait  la  solution  protéique  ;  on  précipite  par  le 
sous-acétate  de  plomb,  sans  toutefois  en  mettre  un  excès.  Le  précipité,  bien  lavé, 
est  délayé  dans  l'eau  et  décomposé  par  un  courant  d'acide  carbonique  ;  le  carbo* 
nate  de  plomb  est  enlevé  par  filtration,  et  le  liquide  est  purgé  des  dernières  traces 
de  plomb  par  l'hydrogène  sulfuré;  il  ne  reste  plus  qu'à  évaporer  à  40*  (Wurtz). 
Sdon  M.  Graham,  la  dialyse  est  un  excellent  moyen  de  purification  et  permet  la 
séparation  très-nette  de  l'albumine  colloïde  d'avec  les  sels  et  en  général  tous  les 
cristalloîdes.  L'albumine  n'est  pas  susceptible  de  cristalliser.  Elle  donne  avec  l'eau 
des  liquemrs  d'autant  plus  visqueuses  qu'elles  sont  plus  concentrées.  Son  pouvoir 
dediflusion  à  travers  les  membranes  animales  est  très-faible.  100  parties  d'albu- 
mine se  substituent  à  31  parties  de  sel  marin.  Elle  ne  peut  ôtre  obtenue  solide  que 
par  l'évaporation  à  siccité  de  ses  solutions,  et  se  présente  alors  sous  forn.e  de  pla- 
ques jaunâtres  et  transparentes.  Quelles  que  soient  du  reste  les  précautions  em- 
^oyées  pendant  sa  dessiccation,  elle  ne  se  redissout  plus  complètement  dans  Teau. 
L*aU>umine  du  sang,  desséchée  et  conservée  pendant  longtemps,  perd  entièrement 
sa  solubilité.  Elle  n'est  pas  soluble  dans  l'alcool  et  l'éther.  I.es  solutions  d'albu- 
mine dévient  à  gauche  le  plan  de  la  lumière  polarisée.  Pouvoir  spécifique  :  d'après 
Becquerel,  37<*,6  ;  d'apr&s  Béchamp,  de  40*  à  42*.  Selon  Hoppé,  la  déviation  est 
la  même  en  valeur  absolue  que  pour  une  solution  de  glucose  contenant  un  poids 
égal  de  matière  sucrée.  Densité,  d'aprèç  C.  Scbmidt,  =  i  ,261 7. 

Propriélés  chimiques.  Sous  l'influence  de  la  chaleur  sèche,  des  acides  con- 
centrés ,  des  alcalis  caustiques  fondus  ou  en  solutions  concentrées,  des  agents  oxy- 
dants, du  chlore,  des  agents  de  putréfaction,  l'albumine  se  comporte,  à  peu  de 
chose  près,  comme  ses  congénères  ;  nous  renvoyons  donc,  en  ce  qui  touche  ces 
réactions,  à  l'article  AlbomiisoÎdes  (Substances), 

Les  solutions  naturelles  d'albumine  animale,  abandonnées  au  contact  de  Toxy- 
gène,  n'absorbent  que  très-peu  de  ce  gaz  et  ne  dégagent  pas  d'acide  carbonique, 
comme  la  librine  humide  ;  mais  il  suilit,  d'après  Scherer,  de  priver  le  sérum  des- 
séché de  la  plus  grande  partie  de  ses  sels  et  de  son  alcali  par  un  lavage  à  l'eau 
froide,  pour  lui  communiquer  cette  propriété.  L'albumine  pure  dissoute  commence 
à  se  coaguler  à  59*,5.  A  ce  point,  le  phénomène  est  accusé  par  un  léger  trouble  ; 
i  63*  se  séparent  des  flocons,  et  à  75*  la  précipitation  est  complète.  Le  coagulum 
est  floconneux,  facile  à  recueillir  sur  un  filtre.  L'apparence  de  cette  réaction  et  les 
conditions  de  température  dans  lesquelles  elle  se  produit  varient  beaucoup  selon 
la  nature  et  les  proportions  des  matières  étrangères  (sels,  alcaUs,  acides,  etc.). 

Action  des  alcalis  et  des  carbonates  alcalins.  Les  solutions  naturelles  d'albu- 
mine animale,  telles  que  blanc  d'œuf  et  sérum,  qui  contiennent  environ  1 ,5  de 


m  ALBUMINE. 

solide  (jour  100  d'albumine,  ne  se  coagulent  plus  en  flocons  pr  la  chaleur,  mii^ 
on  une  masse  géLitineuse  difficile  à  filtrer.  Li  précipitation  est  de  plus  inoomplèU*. 
une  partie  de  la  matière  azotée  restant  en  solution  à  la  faveur  de  l'alcali  (Schererj 
("ette  proportion  d*albumine  non  coagulée  augmente  avec  la  dose  d'alcali  jusqu'au 
moment  où  rébuUition  ne  produit  plus  d*eflet.  Lorsque  le  liquide  alcalinisé  e^i 
étendu,  il  ne  se  forme  plus  qu'un  trouble  et  des  pellicules  à  la  surface  pendinl 
TéTaporation,  comme  dans  les  solutions  de  caséine;  mais  il  suffit  de  neutraliser L 
soude  par  de  l'acide  acétique  pour  que  la  coagulation  puisse  se  faire  sous  forme  d* 
flocons  ;  dans  ce  cas,  Taddition  seule  d'un  grand  eicù  d'eau  (20  p.)  précipite  de 
l'albumine  ;  si  la  proportion  d'alcali  ajouté  est  suffisante,  Tacide  acétique  prêdpilc. 
même  à  froid,  de  l'albumine  coagulée.  Une  solution  concentrée  de  potasse  ou  dt> 
boude,  versée  dans  l'eau  albumineuse,  fournit  un  dépôt  d'une  masse  gélatineuse,  in- 
soluble dans  l'eau  froide,  qu'on  peut  laver  et  débarrasser  ainsi  d'un  excès  d'alcali. 
Le  résidu  est  soluble  dans  l'eau  bouillante  ou  l'alcool  bouillant,  et  les  acides  sépa- 
rent de  ces  dissolutions  de  l'albumine  coagulée.  Les  carbonates  alcalins  empêchent, 
comme  les  alcalis,  la  coagulation  par  la  chaleur. 

La  manière  d'être  de  l'albumine  vis-à-vis  des  bases  démontre  qu'elle  possède  des 
tendances  faiblement  acides.  Elle  est  susceptible  de  se  combiner  avec  elles  pour 
former  des  sels  solubles  quand  il  s'agit  des  alcalis,  insolubles  au  contraire  a^ec  les 
terres  alcalines,  les  terres  et  les  oxydes  métalliques.  Ces  composés  sont  tous  incn<- 
tallisables.  Les  bases  alcalines  donnent  deux  sek,  un  sel  neutre  et  un  sel  acide.  On 
a  aussi  pu  préparer  (Lassaigne)  des  composés  à  deux  métaux.  Ces  résultats  ont 
conduit  Gcrhardt  à  envisager  l'albumine  comme  un  acide  bibasique.  D'après  les 
analyses  de  Lieberkûhn,  les  albuminates  neutres  seraient  représentés  par  la  formule 
G^»H*^WAz"a««S,  et  les  albuminates  acides  par  G'Ml*"MAz"a"S.  Ceux  à  Uw? 
d'alcali  s'obtieiment  directement,  les  autres  se  préparent  par  double  décompositiou 
au  moyen  des  premiers.  Le  blanc  d'œuf,  renfermant  1 ,6  de  soude  pour  100  albu- 
mine, contiendrait  de  l'albuminate  acide  (théorie,  1,8).  Le  coagulum  formé  par 
un  excès  de  soude  représenterait,  après  lavage,  l'albuminate  neutre.  Il  renferme 
en  effet  5,44  de  potasse  ou  3,14  de  soude  (théorie,  5,52  et  5,7). 

Action  des  acides.  La  plupart  des  acides  minéraux  font  passer  à  froid  l'alUi- 
mine  à  sa  modification  insoluble.  L'acide  phosphorique  normal  et  les  acides  ofga- 
niques  sont  sans  efTet,  à  moins  que  l'on  n's\joute  uue  quantité  suffisante  d'un  sel 
alcalin.  Les  acides  végétaux  concentrés  font  prendre  en  gelée  les  solutions  conoeo- 
trées  d'albumine.  La  gelée  se  dissout  à  chaud  et  le  liquide  résultant  se  coagule 
par  l'addition  de  sels  ;  pendant  l'évaporation  il  donne  des  pellicules. 

Lorsqu'on  dirige  un  courant  d'acide  carbonique  à  travers  du  Uanc  d'œuf  ou  du 
sérum,  le  liquide  se  trouble  et  dépose  une  partie  de  son  principe  protéique. 

Action  des  sels.  L'addition  de  sels  alcalins  à  une  solution  d'albumine  pure  w 
produit  pas  d'effet  à  froid,  mais  elle  abaisse  d'autant  plus  le  degré  de  coagulation 
que  la  proportion  en  est  plus  forte,  et  pour  un  même  degré  de  chaleur  il  f'ut 
ajouter  au  liquide,  pour  avoir  une  coagulation  complète,  d'autant  moins  d'acide. 

Le  cyanure  jaune  précipite  immédiatement  les  solutions  froides  d  albumine  ad- 
ditionnées d'un  peu  d'acide  acétique;  le  précipité  est  soluble  dans  un  excès  dV 
ride  acétique  ;  mais  la  dissolution  chaufl'ée  se  coagule,  et  le  coagulum  entraine  une 
quantité  de  cyanure  proportionnelle  à  la  dose  de  substance  protéique.  Le  bichro- 
mate de  potasse  et  l'iodate  de  potasse,  en  présence  d'un  acide  végétal,  précipitait 
aussi.  Beaucoup  de  sels  métalliques  (sulfate  de  cuivre,  sublimé,  sous-aoétate  de 
plomb,  azotate  d'argent,  alun)  précipitent  les  solutions  d'albumine  ou  d'alfaumi- 


ALBUMINE.  -425 

liâtes  alcalins.  Le  dépôt  est  quelquefois  soluble  dans  uu  cxo^.s  de  rénctir  (sulfate  de 
ruirre)  ou  d'albuminate  ;  il  contient  de  l'albumine  combinée  à  l'oxyde  et  à  l'acide 
du  sel. 

Adion  des  matières  organiques.  L'addition  successive  de  quantités  croissantes 
ii*alcool  abaisse  progressivement  le  point  de  coagulation  jusqu'au  moment  où  In 
précipitation  se  fait  à  froid.  Le  produit  ne  perd  par  là  sa  solubililé  dans  l'eau  pure 
que  si  l'alcool  employé  est  très-concentré.  Le  tannin,  l'aniline,  la  créosote  et  l'a- 
ride phénique  coagulent  l'albumine.  Plus  on  réfléchit  à  la  manière  d'être  si  variée 
de  l'albumine  vis-à-vis  d'agents  qui,  dans  les  circonstances  où  l'on  se  place  ne  sont 
pas  de  nature  à  la  modifier  chimiquement,  mais  qui  tantôt  augmentent,  tantôt 
diminuent  sa  solubilité,  tantôt  élèvent,  tantôt  abaissent  son  point  de  coagu- 
lation, plus  on  est  tenté  de  ne  pas  maintenir  dans  toute  sa  rigueur  l'ancienne  divi- 
sion en  albumine  soluble  et  albumine  insoluble,  mais  d'admettre  pour  ce  corps 
une  foule  d'états  physiques  intermédiaires  entre  ces  deux  formes  extrêmes. 
L'hypothèse  de  MM.  Mialhe  et  Pressât,  qui  considèrent  l'albumine  soluble  dans 
un  état  moléculaire  spécial,  différent  de  la  véritable  solution,  réunit  aussi  un 
certain  nombre  de  probabilités  et  s'appuie  surtout  sur  le  faible  pouvoir  diffusif  de 
PB  corps. 

Selon  Davy,  Scherer  et  Wittich,  l'albumine  pure  serait  insoluble  et  se  comporte- 
rait comme  un  oxyde  indiflerent,  susceptible  de  former  avec  les  acides  ou  les  bases 
et  même  les  sels  des  composés  solubles  dans  l'eau  pure,  mais  insolubles  dans  un 
excès  d'acide  ou  d'alcali.  Dans  cette  dernière  opinion,  qui  mérite  d'être  prise  en  sé- 
rieuse considération,  l'albumine  soluble  de  M.  VYurtz  ne  serait  qu'une  combinaison 
acétique.  Les  solutions  d'albuminates  alcalins  sans  excès  de  base  et  celles  d'acide- 
albumine  sans  excès  d'acide,  se  décomposent  par  le  courant  électrique.  Dans  le 
premier  cas,  l'albumine  se  rend  au  pôle  positif  en  formant  un  liquide  trouble;  dans 
le  second,  elle  se  dépose  au  pôle  négatif  sous  forme  de  coagulum  (Wittich).  Cette 
albumine  pure,  insoluble,  peut  s'obtenir  en  précipitant  le  blanc  d'œuf  délayé  dans 
900  volume  d'eau  et  filtré,  par  un  excès  d'acide  chlorhydrique,  filtrant  et  lavant 
le  dépôt  ;  puis  après  l'avoir  redissous  dans  l'eau  tiède  à  50®,  on  le  reprécipite  par  la 
neotralisation  exacte  de  l'acide  combiné  avec  du  carbonate  d'ammoniaque  ;  il  ne 
reste  plus  qu'à  bien  laver  à  l'eau,  à  l'alcool  et  à  l'étber.  Ou  bien  on  opère  comme  le 
présent  Lieberkûhn;  au  lieu  de  précipiter  par  l'acide  chlorhydrique,  on  ajoute  un 
excès  de  soude  caustique  :1e  coagulum,  bien  lavé,  est  dissous  dans  l'eau  bouillante 
et  reprécipité  par  l'acide  acétique;  le  précipité,  bien  lavé,  représente  Talbumine 
insoluble  pure. 

Albumine  coagulée  par  la  chaleur.  Elle  est  blanche,  opaque,  élastique  et  rou- 
git le  tournesol.  Après  dessiccation,  elle  est  jaune,  cassante,  mais  susceptible  d'ab- 
sorberde  l'eau  et  de  se  gonfler,  sans  toutefois  se  dissoudre.  Par  une  ébullition  pro- 
longée  au  contact  de  l'air,  elle  se  dissout  en  s'altérant  (tritoxyde  de  protéine  de 
Holder)  ;  sous  l'influence  de  la  surchaufle  avec  l'eau  elle  se  liquéfie  aussi,  mais  la 
disMbtion  ne  coagule  plus.  En  contact  avec  les  carbonates  alcalins  et  à  une  douce 
cbaleor,  elle  chasse  l'acide  carbonique,  se  combine  avec  l'alcali  en  formant 
une  matière  neutre  après  lavage,  renfermant  une  proportion  notable  d'alcali 
<Wurtz).  Elle  s'unit  aux  acides;  les  composés  engendrés  sont  insolubles  daas 
l'eau  acide,  solubles  dans  l'eau  pure.  Ses  propriétés  sont  donc  celles  de  l'albumine 
puK,  insoluble,  dont  elle  ne  diffère  que  par  la  présence  de  sels  entraînés  (phos- 
pliates) 

^  paraUmmine  et  la  métallnimine,  trouvées  par  Scherer  dans  les  exsudations 


4%  ALBOIINE. 

hydropiques,  Yhydropisîne  de  M.  Robin,  également  déoouTerte  dans  le  liquide  «i- 
sudé  dans  la  cavité  péritonéale,  se  rapprochent  beaucoup  de  ralbiiimne.  Us  dm 
premières  se  précipitent  en  grains  floconneux  par  l'addition  d'aloool  et  ne  pardoH 
pas  par  là  leur  solubilité  dans  Teau  pura.  La  paralbumine  dissoute  dans  Teau  s^ 
trouble  par  la  chaleur  et  ne  donne  des  flocons  qu'après  addition  d*acide  aeétiquf 
dont  reflet  est  nul  à  froid.  L*acide  aiotiquC;  le  cyanure  jaune,  l'acide  chranique. 
le  sublimé,  le  sous-acétate  de  plomb  et  le  tannin  la  précipitent  abondamment,  b 
niétalbumine  ne  précipite  pas  par  l'acide  acétique  et  le  cyanure  jaune,  et  à  chaud 
l'acide  acétique  ne  donne  qu'un  trouble.  L'hydropisine  se  coagule  par  la  dnleor, 
mais  devient  momentanément  insoluble  en  présence  d'un  grand  exoèi  de  suUiie 
de  magnésie.  La  pancréatine  se  comporte  comme  Thydropisine,  mais  se  coiotp 
en  rouge  par  l'eau  de  chlore.  D'après  Panum,  les  acides  acétique  et  phospho- 
rique  trihydratés  dédoublent  l'albumine  en  deux  produits,  dont  l'on  (addalbo- 
mine)  est  insoluble  dans  les  solutions  concentrées  des  sels  alcalins  et  scAubk  dans 
l'eau. 

MM.  Lebonte  et  de  Goumoons  ont  fait  une  observation  analogue  ;  l'albumina  k 
partage,  d'après  ces  observateurs,  en  un  corps  insoluble  dans  l'acide  acétique  en»- 
tallisable,  et  en  un  second  soluble  mais  précipitable  pr  la  potasse.  Le  produit  de  b 
digestion  de  l'albumine,  oualbuminose,  ne  se  distingue  en  rien  de  celui  desattt^^ 
substances  albuminoîdes  (voy.  l'article  ÀLBOiiiiioiDES,  Substances),  La  globalior 
du  oristallin  semble  difléier  de  l'albumine  :  1  aperce  qu'elle  ne  se  coagule  que  vers 
93*;  9*  parce  que  ses  solutions  se  troublent  sous  l'influence  d'un  courant  d'sddf 
carbonique  et  s'éclaircissent  de  nouveau  lorsqu'on  expulse  le  gai  carbonique  par  uii 
autre  gas.  Vintschgau  a  démontré  que  ces  diflérences  ne  sont  qu'apparentes  e( 
tiennent  à  la  nature  des  substances  étrangères  mélangées  et  combinées.  Lestravain 
de  8cherer,  Lieberkûhn,  Skraceckza,  Rollet,  conduisent  à  identifier  la  caséine  du 
lait  et  falbuminate  de  potasse  ou  de  soude. 

Recherché  et  dosage  de  ralbumine.  Pour  l'analyse  qualitative,  on  utilise  k 
plus  souvent  la  propriété  que  possède  l'albumine  d'être  coagulée  à  100*,  mais  il 
faut  tenir  compte  des  observations  de  Scherer  et  neutraliser  exactement  les  alcali» 
par  de  l'acide  acétique;  le  précipité,  recueilli  sur  un  filtre  taré,  hivé  I  l'eau,  i 
l'aloool  et  I  l'éther,  séché  à  190*  et  refroidi  dans  un  exsiccateur,  peut  aenirau 
dosage.  L'acide  nitrique  est  aussi  un  bon  réactif.  Qans  tous  les  cas,  il  convient  de 
recherciier  sur  les  précipités  les  caractères  généraux  des  substances  albumineiles. 
En  l'absence  de  toute  autre  substance  active,  le  saccharimètre  de  Soleil  peo( 
servir  à  déceler  et  à  doser  l'albumine.  Bôdeker  propose,  pour  le  desaga,  la 
précipitation  de  l'albumine  par  une  solution  titrée  de  cyanure  jaune  en  préaeiioe 
de  l'acide  aeétique.  D'après  mes  propres  expériences,  cette  méthode  est  très  siaolf 
si  l'on  a  soin  d'opérer  à  100*;  un  excès  de  cyanure  jaune  sera  accusé  dsns  If 
liquide  qui  surmonte  le  coagulum  par  la  coloration  bleue  qu'il  communique  sui 
:$els  de  fer. 

Usages.  L'albumine,  coagulée  ou  non,  sert  comme  substance  nutritive,  te 
propriétés  coagulantes  la  rendent  précieuae  pour  la  fixation  des  matières  colonottt 
insolubles  sur  tissus  et  l'éclaircissement  des  liquides  troubles.  Elle  intervient  ans: 
dans  la  teinture  et  l'impression  sur  étofles  des  nouvelles  couleun  dérivées  du  pn- 
dron.  On  a  proposé  son  emploi  en  photographie  pour  remplacer  b  ooUodioo  dam 
la  préparation  du  papier  positif  sensible. 

Applications  médicales^  toxicologiques  et  pharmaceutiques.  L'usage  de  raibu- 
mine  (blanc  d'oMif,  seul  ou  combiné  au  bouillon  ou  au  rin)  a  été  pféoooiaê  poor 


ALBUMlNt:.  Ail 

combattre  divers  états  de  faiblesse,  surtout  ceui  qui  dérivent  de  pertes  de  sang  ou 
d  évacuations  alvines  (convalescence  du  typhus,  de  la  dysenterie,  marasme  sénile, 
phtliisie,  atrophie  des  enfants  qui  ne  supportent  pas  le  lait);  dans  certaines  né- 
vralgies, dans  la  cholérine  (blanc  d'œufkittu  avec  de  Teau  sucrée  comme  boisson, 
ïknt  d'oeuf  battu  avec  une  infusion  tiède  de  tètes  de  pavots  en  lavement:  Kilttner); 
(bas  les  fièvres  intermittentes  (trois  blancs  d'œufs  délayés  dans  Teau  tiède  adminis- 
Irès-peu  de  temps  avant  Taocès  :  Séguin) .  L'albumine  peut  rendre  des  services,  mais 
n'agit  pas  comme  médicament  hérdque.  Il  n'en  est  pas  de  même  dans  les  empoi- 
>onnenienla  par  les  sels  métalliques  et  les  acides  mlnéraut  forts  (azotate  d'argent, 
rhiorure  d'étain,  sulfate  de  cuivre  et  surtout  le  sublimé  corrosiO.  L'eau  albumi- 
neuse  intervient  aloi's  en  se  coagulant  et  en  rendant  insoluble  Tagent  toxique; 
mais  cet  effet  n'est  que  momentané,  et  le  coagulum  doit  être  rapidement  eipulsé 
par  les  vomissements,  afin  d'éviter  sa  redissolution. 

A  l'eitérieur,  on  emploie  l'albumine  mélangée  à  l'eau  sucrée  et  à  Teau  de  fleurs 
d'oranger,  pour  gargarismes  dans  les  cas  de  salivation  mercurielle  ;  comme  lini- 
ni6at  contre  les  brûlures,  la  gangrène,  les  ophthalmies  et  les  crevasses  du  sein 
(blanc  d'œuf  avec  crème  ou  huile  d'olive).  Pour  lavages,  on  mélange  avec  Teau- 
(le-vîe,  l'acétate  de  plomb  ou  l'alun,  dans  les  cas  de  blessures  dues  au  déoubitus 
'iV.  B.  Le  coagulum  qui  se  forme  pendant  la  préparation  des  mélanges  précédents 
eat  privu).  Rognetta  a  proposé  le  blanc  d*œuf  associé  au  sucre  de  satume  et  h 
faloeol  oamphi^,  pour  former  avec  le  linge  des  bandelettes  agglutinatives  desti- 
nées à  la  confection  d'appareils  inamovibles  dans  les  cas  de  fracture.  Outre  les 
préparations  mentionnées  plus  haut,  on  emploie  :  1^  la  bière  albumineuse  (bière 
cuite  aveo  addition  de  jaune  d'œuf,  de  cannelle  et  de  sucre)  ;  3®  la  limonade  albu- 
mineuse; 7i^  le  punch  albumineux  ;  4**  le  thé  albumingux  (thé  vert  avec  cannelle  et 
jaune  d'œuf)  ;  ô""  le  chaudeau  (vin  blanc  avec  jaune  d'œnl  et  sucre)  ;  6^  le  sabajon 
(nn  nrage,  jaune  dœuf  et  sucre).  Le  jaune  d'œut  sert  aux  pharmaciens  comme 
matière  émulsive,  pour  tenir  en  suspension  les  graisses  et  les  résines. 

P.    ScilÛTIENBEROBB. 

BuuocMHiiB-  -^  BicBAiip.  Arm.  de  Chimie  et  de  Phff^igue,  t.  LVII,  p,  S91.  -rr  ^Eoqvwn. 
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Seule  et  Pfeufer;  Zeitschrift.  Série  Ilf,  t.  V,  livrais.  2  et  5.  —  BoucHAnoAT.  Traité 
de  mat.  m/dkale.  —  Domas  et  Cahoors.  i4iiii.  de  eMm.  etdephyg.  5*  série,  t.  VI,  p.  403.  — 
Ctffii.  Thèse  pourie  doctorat.  Paris,  1858.  ^  Gksuaiidt.  Traité  de  chimie  itrgauiqtte.  t.  IV, 
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petMog.  Anêt.,  t.  V,  p.  171. — Lebontr  et  de  Gounobns.  Journ.  depharmac.,l*  série,  t.  XXIV, 
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def^thotog.  anat.,  t.  Y.  —  Marchakq  et  C;oi.iierq.  Ann.  de  Poggeud.,  t.  XMII,  p.  025.  ~ 
HtiLBE  et  pRcssAT  —  Cûmptes  rendus,  t.  XXXIII.  p.  450;  et  t.  XXXIV,  p  7i5;  et  Journal  de 
phermade  et  de  ehttnie.  3*  série,  t.  X,  p.  IM.  —  Mialhe.  Chimie  appliquée  à  la  physio- 
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^rehh.  de  Pathot.  omit,,  t.  III,  livrais.  2;  t.  IV.  livrais.  3.  —  Robik  et  Yrrdbil.  Traité  de 
chimie  appligu/e  à  la  physiologie.  —  Rocnledeb.  Erdmann  Journ,,  t.  LXXV,  p.  3^  -^Rolut. 
SitsMngsberiehte  derkaiserl.  Acad-  in  Wien,,  t.  XXXIX,  p.  347.  —  Sciiereb.  Ann.  der  Chem. 
«irf  Pharm.,  t.  XL,  p.  1  ;  t.  LXXIII,  p  56.  —  Dr  mSve.  Untersuch.  zur  Palholog.  — 
l>r*.  der  phyii$l.^med.  Gesellschaft  zu  Wûrtthurg,  t.  Il,  p.  41 14.-*  SciiLo»nBRGRR  et  Geimr. 
'<''(*.  4fr  physiahg.  Heilk.,  t.  V,  p.  391. --G.  Schsipt.  ^tifi.  der  Chem-  mtdPharmac,  t.  \Ji\. 
P  156.  -  VoLpiA».  Compt.  rend,  de  la  Soc.  de  biolog.  Décemb.  1859.— Y.  Wittich.  Krélm^n 
^*ni,,  t.  LXXIÏt.  p.  18.  —  YViiRTz.  Compt.  rend  .  t.  XYIII,  p.  700;  t.  XXX.  p.  9. 

PS. 


iâ8  albuminoFdes. 

AI^MiniNIIve.     Vay.  Oomn. 


AI^MJIHIIVOIIIES  (SalMtMWM).  —  Elles  forment  un  groupe  naturel  dr 
composés  organiques,  très-voisins  île  Talbumine  par  la  composition,  les  cararièrfs 
physico-chimiques  et  le  rôle  physiologique.  Toutes  les  matières  azotées  de  TécooD- 
raie  animale  appartiennent  à  cette  classe  de  corps^  ou  en  dérivent  par  des  altén- 
tiens  graduelles  de  plus  en  plus  profondes.  U  est  difficile,  par  conséquent,  de  fixer 
une  limite  devant  laquelle  doivent  s'arrêter  les  substances  albuminoîdes  et  qui  ex- 
clue celles  qui  ne  le  sont  plus.  En  se  plaçant  à  un  point  de  vue  plus  spécialemetiL 
anatomo-physiologique,  et  en  prenant  le  sens  du  moi  (Ubutninoîde  dans  toute  «ri- 
gueur, on  peut  dire  que  les  substances  albuminoîdes  n'entrent  pas  dans  la  consti- 
tution des  tissus  organisés.  La  fibrine  musculaire  qui  semble  faire  exception  est  en- 
visagée par  beaucoup  de  savants  comme  un  dérivé  d'oxydation.  Elles  seraient  le> 
prototypes,  les  génératrices  des  composés  susceptibles  d'organisation;  de  là  la  quj- 
lification  de  matières  protéiques,  souvent  employé  comme  synonyme.  Yieodraieui 
ensuite  par  ordre  d'analogies:  1^  la  fibrine;  elle  n'offre  que  des  différences  très- 
légères  et  nous  la  maintiendrons  provisoirement  dans  ce  groupe  ;  2"  les  tissus  i 
gélatine  et  à  chondrine,  la  gélatine  et  la  chondrine  elles-mêmes  et  le  tissu  élasli 
que,  caractérisés  par  la  propriété  de  fournir  des  produits  gélatineux  par  l'éballi- 
tion  avec  de  l'eau  ;  5^  toutes  les  productions  épidermiques,  insolubles  dans  l'eau 
bouillante  et  très-riches  en  soufre  ;  4^  enfin  les  composés  cristallisables,  d'uD«' 
constitution  beaucoup  moins  complexe  et  dérivant  des  substances  albuminoîdes  ou 
histogéniques  par  des  altérations  profondes  ;  ils  ne  conservent  plus  aucun  des  o 
ractères  de  leurs  produits  générateurs,  tandis  que  ceux-ci  ont  entre  eux  des  analo- 
gies frappantes  et  se  comportent,  h  peu  de  chose  près,  de  même  sous  l'influeno: 
des  agents  qui  intéressent  la  molécule  d'une  manière  un  peu  intime  (chaleur,  aci- 
des forts,  alcalis  concentrés,  oxydants  énergiques,  ferments  putrides,  etc.). 

Les  produits  épidermiques  et  les  tissus  à  gélatine  contiennent  moins  de  carboœ 
et  plus  d'azote  que  les  congénères  de  l'albumine.  Dans  les  plantes,  rimportaoc^- 
des  substances  albuminoîdes  est  moindre  que  dans  l'organisme  animal,  à  n'en  ju- 
ger que  par  la  masse  ;  mais  leur  présence  constante  et  le  peu  de  dével(^>penient 
d'un  végétal  privé  de  ses  aliments  azotés  tendent  à  leur  faire  attribuer  un  rôle  très- 
actif  dans  les  fonctions  physiolngiquas  de  cette  classe  d'être  vivants. 

Le  nombre  des  substances  albuminoîdes  est  considérable,  si  l'on  admet  toutes  le« 
espèces  établies  par  les  auteurs  ;  mais  les  différences  signalées  tant  au  point  de  xm 
delà  composition  qu'à  celui  des  propriétés  sont  souvent  si  faibles,  qu'il  cstdiffidJe, 
même  après  un  examen  approfondi,  de  se  faire  une  opinion  arrêtée  sur  la  valeur 
réelle  de  c^s  divisions.  Cette  incertitude  augmente  encore  lorsqu'on  voit  oombien 
la  nature  et  les  proportions  des  matières  étrangères  (sels  minéraux,  alcalis)  in- 
fluent sur  h  manière  d'être  d'un  même  corps,  en  présence  des  mêmes  réactifs. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  espèces  généralement  admises  sont  : 

L'albumine  (sérum,  blanc  et  jaune  d'œuf,  sucs  parencfaymateux  et  vcgétaui.; 
la  paralbumine,  la  métalbumine  et  l'hydropisine  (exsudations  hydropiques);  b 
globuline  du  cristallin,  la  matière  protéique  des  globules  du  sang  et  rhématocm- 
talline  qui  en  dérive;  la  vitelline,  l'ichthine,  l'ichthuline,  l'ichthidine  et  l'ém;- 
dine  (jaune  d'œufs  des  oi3eaux,  des  poissons  cartilagineux  et  cyprimudes);  b  pn- 
créatine;  la  fibrine  du  sang,  le  gluten  des  céréales;  la  syntonine  ou  fibrint 
musculaire;  la  glutine (partie du  gluten soluble  dans  l'alcool);  la diastase de l'oi^ge 
germée,  la  ptyaline  de  la  salive,  la  pepsine  du  suc  gastrique,  la  matière  azotée  au 


ALBUMiNOlDES. 


m 


5UC  iutestinal,  Témulsine  des  amandes  ;  la  matière  azotée  de  la  levure  alcoolique  ; 
]»  caséine  du  lait  et  la  légumine  des  semences  de  légumineuses. 

Les  expériences  récentes  tendent  a  diminuer  le  nombre  de  ces  corps.  Ainsi 
y.  VinUchgau  a  démontré  l'identité  de  la  globuline  du  cristallin  et  de  Talbumine. 
La  distinction  établie  entre  la  caséine  et  la  légumine  n'est  fondée  que  sur  les  ré- 
sultats analytiques  de  MM.  Dumas  et  Cabours,  tandis  que  ceux  de  Scherer  rappro- 
chent les  deux  substances,  même  au  point  de  vue  de  la  composition.  Les  recher- 
ches de  MM.  Scherer,  lieberkûhn,  Skrzceczka,  et  celles  plus  nouvellesdeH.  RoUet, 
<Nit  démontré  que  les  solutions  naturelles  de  caséine  (lait)  offrent  une  parfaite  ana- 
logie avec  celles  de  l'albuminate  de  potasse  obtenu  en  précipitant  le  blanc  d'œuf  par 
>ui  excès  de  potasse,  lavant  à  Teau  froide  le  coagulum  et  en  le  dissolvant  ensuite 
dans  Teau  chaude. 

Composition.  Il  est  le  phis  souvent  impossible  de  séparer  complètement  les  ma- 
tières minérales  qui  accompagnent  toujours  les  substances  albuminoides  ;  d'un 
^utrccôté  on  ne  peut  amener  ces  dernières  à  prendre  la  forme  de  cristaux,  qui  est 
l«  meilleur  gage  de  pureté  pour  les  corps  solides  non  volatils  ;  on  ne  doit  donc  pas 
attacher  une  trop  grande  importance  aux  différences  souvent  faibles  obtenues  dans 
l'analyse  élémentaire;  car  il  est  évident  que  faite  dans  de  semblables  conditions 
elle  ne  peut  inspirer  une  conGance  absolue. 

Les  éléments  constitutifs  sont:  le  carbone,  l'hydrogène,  l'azote,  l'oxygène  et  le 
sooCre.  Le  phosphore  trouvé  et  compté  autrefois  comme  élément  essentiel  dérive 
uniquement  des  phosphates  alcalins  et  alcalino-terreux.  Le  tableau  suivant  donne 
une  idée  des  résultats  trouvés  : 


CiTbooe.  . 
HTdnfèoe. 
Ami«.  .  .  . 
Soufre.   .  . 

Oiygêoe..  . 

ALBUMINE 

CASÉINE 

LÉGUMINE 

FIDBINE 

CUSTIOI 

w  un 

UhMU 

ifiiu- 

liMer. 

«ni». 

Fréar 

InaiitCikMn 

Sch«rcr. 

l.vtc. 

Sekenr. 

D.etC. 

50,93 

6.70 

17.58 

ti.79 

Sekenr. 

l.etC. 

Sebem. 

54.3 

7.1 

15,8 

i,8 
23,6 

54.3 

7,1 

15,7 

22.9 

53.5 

7.1 

15.8 

23.6 

51,0 

7,2 

15,7 

23.1 

.H5,7 

7.2 

15,7 

23.4 

52.8 

7,0 

16.8 

23,4 

54,0 

6,8 

13,7 

23,5 

55,24 
7.12 

17.31 
0,21 

20,12 

oO.O 
6,8 

16,5 
3,4 

23,5 

50.04 

6,5 

16.9 

0,7 

25.5 

Les  albuminoides  moins  importants  dont  il  n'est  pas  question  dans  ce  tableau 
ont  une  composition  Itès-voisine  de  celle  de  l'albumine.  Il  résulte  de  la  comparai^ 
son  de  ces  nombres  que  les  matières  protéiques  sont  probablement  isomères  et  re- 
présentent, lorsqu'elles  ne  sont  pas  identiques,  des  modifications  allotropiques  d'un 
^  et  même  corps.  Cette  idée  a  été  mise  en  avant  et  soutenue  par  M.  J.  de  Liebig  ; 
elle  coounence  à  être  définitivement  admise.  On  a  proposé  plusieurs  formules  pour 
traduire  ces  analyses  {voy.  Albumine);  elles  sont  toutes  très-complexes,  surtout 
lonqn'on  veut  y  fkire  figurer  le  soufre;  dans  l'état  actuel  de  la  science  il  estdiffi- 
aie  de  s'arrêter  à  l'une  plutôt  qu'à  l'autre,  cependant  celle  de  Lieberkûhn 
Cîiflnij^sisg^n  paraît  la  mieux  fondée.  Quant  à  la  constitution  moléculaire,  elle 
rote  tout  à  fait  indécise  ;  les  dédoublements  de  ces  corps  ne  sont  en  effet  pas  en- 
Qore  suffisamment  connus  pour  qu'il  soit  possible  de  rien  préjuger  à  cet  égard. 
V.  Stery  llunt  considère  depuis  longtemps  les  substances  albuminoides  comme  des 
nitriles  de  la  cellulose  ou  de  ses  congénères  (cellulose  -H  ammoniaque  —  eau). 


.  «â.»  .*.  ScfaûUanberger  ei  Guignet  onlob- 

.  utiae  sur  les  tufastaoces  Indmurfaonée», 
^,  ?  .'roduiU  daolés  assez  rapprodiés  des  com- 

Miv  vues  IhéoriqUes  de  M.  Hunt  l'appui  Je 
.V  ^  Miu  d'être  suilisfimment  ooncluaiiU  el  la  >}u- 

^  .^  ^  *  '  w^ie  !»o  Crislophe  Ck>lofnb. 

^•ulJe^,  généralement  incristaliîsables;  il  en  est 

..-»  peuvent  foiiner.  On  a  cependant  obsené  1j 

.      '  ?  ^  eutre  elles.  Telle  est  rhématocrislalliiie  dérivi'i- 

^  >du  sang;  la  foraie  cristalline  de  ce  corps  dépend 

.«    '  sang.  Il  eiislorait  d'après  cela  plusieurs  variéti; 

-.  w  Hjxoale  dans  la  noix  de  para  (BerthMetia excella 

•.   le  i:a<éine.  Golin  décrit,  sous  le  nom  de  cristaux  de 

.  w»  (tiir  lui  dans  la  partie  corticale  et  pauvre  en  amidon 

I  .-^i^-  {erre.  La  phytocristalline,  les  cristaux  de  Taleuroiie  K 

.  1  it.'ibiich  dans  Tinfusoire  atnœba  adinophora  oooiplèleni 

.  .uuuuoides  cristallisables  connues. 

^  .c>  siMit  tantôt  solubles  tantôt  insolubles  dans  l'eau,  ioai> 

^  {u'upparentc  et  dépend  des  alcalis,  des  acides  ou  des  seU 

.!.>.  'Kjaucoup  d'entre  elles  semblent  subir  sous  l'influeiioe  dt*  L 

^.  .uniques  variés  (acides,  sels  métalliques,  présure,  créosote,  etc.  ' 

.juupique  qui  les  fait  passer  de  l'état  solubte  à  Tétai  tnfoluUf 

u  ^t'uéral  les  liquides  neutres  organiques  sont  sans  action  sur 

.>«.  iAk>  tunuent  des  masses  blanches,  friables,  ou  cornées  et  dtiiii- 

>^  ^.^t  l>ubles  de  se  gonfler  en  présence  de  l'eau. 

.«i..c  nr.    Les  substances  albuminoides  ne  sont  pas  volatiles  ;  clli> 

^  .   ai*  la  chaleur,  en  fondant  et  en  se  boursouflant,  et  dégagent  une 

x^Hjue  qui  rappelle  le  rôti  et  la  corne  brûlée.  Les  produits  de  leur 

^.:.t  ^iit  très-nombreux.  Le  soufre  se  dégage  à  l'état  d'hydrogène  siit- 

kuiil  k»  forme  d'ammoniaque  et  d'ammoniaques  composées  (aniliiif , 

uiiiiitf ,  propylamine,  buty  lamine,  pyridine,  lutidine,  pyrrol) ,  une  au- 

wuibinée  au  charbon  (charbon  azoté  employé  autrefois  à  la  prépara- 

..u4  CM  ;  en  même  temps  il  se  dégage  de  l'eau,  de  l'acide  carbonique.  dc9 

^x  ai  Ivttôs  et  des  produits  neutres  oxygénés  mal  connus. 

V    '.cv  alcalis  dissolvent  plus  ou  moins  facilement  les  matières  protti* 

^  giiibiiiant  avec  elle^.  Par  l'ébuUition  de  oes  liquides  une  partie  du  sou- 

04  V  A  Total  de  sulfure  et  d'hyposuUite  i  la  molécule  organique»  reprédpitùt 

^^u^  eu  flocons  blancs,  contient  encore  du  soufre  qu'on  ne  peut  y  déceler 

^  ^«Ho  :itVlie.  Muldor  a  cru  voir  dans  ce  précipité  le  radical  de  oetie  das^f 

.  «.  s  lui  donna  le  nom  de  protéine.  Les  alcalis  caustiques,  oouoentif^  c: 

*. V  «iit*^^**^  ^®  l'ammoniaque  et  des  aomioniaques  composées  (méthjlamine. 

^  ^Hvvluie,  |)étinine),  de  l'acide  ôarbouique,  de  l'acide  formique  el  eamu}!*^ 

..^..  i  «'  ynHaluil  de  la  leucine,  de  la  tyrosine  et  du  sucre  de  gélatina  ;  par  la  fu- 
«V  «^^^  lli)diiite  de  potasse  ou  de  soude,  on  obtient  eu  outre  du  panure  ik 

i^^<.\  U»  matières  protéiques  insolubles  ou  rendues  telles  peuveoi  former 
.%^  M  viuiMi't  dos  acides  des  combinaisons  insolubles  daus  mie  eau  acide,  mai»*^ 
wv«*^^^  Taau  pure.  L'acide  acétique,  concentré  ainsi  que  d'autres  acides  or ^i- 
Ma«*s^  ^  l'iioido  phoftphortque  Iriliydratc  les  dissolvent;  la  liqueur  préci|Mtc  \m  \t 


>t 


ALBlMhNOlDKS.  iSl 

cpnore  jauue  (distinGiion  entre  les  subctanoes  albuminoïdes  et  les  tissus  à  gélatine)  ; 
Tacide  siilluriqiie  oonœntré  les  gonfle,  puis  les  décompose  en  donnant  des  matières 
bnuin  ulmiques.MH.  Erlenmeyer  et  SchàfTer  ont  étudié  l'action  d'un  mélange  de 
1  partie  d'acide  sulfurique  monohydraté  et  de  1 ,5  partie  d*eau,  en  le  faisant 
réagir  à  l'ébullition  pendant  trois  heures,  dans  les  proportions  de  5  à  10  parties 
de  mélange  pour  une  partie  de  matière  azotée.  Au  bout  de  ce  temps,  l'action  est 
complète» 

Le  tissu  élastique  a  fourni  dans  ces  circonstances  :  leucine,  3645  pour  iOO;  ty- 
mine,  1/4  pour  i  00. 

Ia  fibrine  du  sang  a  fourni  dans  ces  circonstances  :  leudne,  H  pour  100;  tyro- 
$106,  moins  de  1  pour  iOO. 

Lt  syntonine  ou  fibrine  des  muscles  a  fourni  dans  ces  circonstances  :  leucine, 
18  pour  100;  tyrosine,  1  pour  100. 

L'albumine  des  œufs  a  fourni  dans  ces  circonstances  :  leucine,  10  pour  100;  ty- 
naine,  1  pour  100. 

La  corne  a  fourni  dans  ces  circonstances  :  leucine,  10  pour  100;  tyrosine,  3,6 
pour  100. 

La  gélatine  a  donné  de  la  leucine  et  du  glycoooUe. 

La  caséine  a  donné  de  la  leucine,  de  la  tyrosine,  plus  un  résidu  sirupeux.  Les 
mêmes  chimistes  ont  obsenré  dans  leurs  expériences  la  pixduction  du  corps  déjà 
signalé  par  Bopp;  il  est  Yolatil,  cristallisable,  d'odeur  désagréable,  insoluble  dans 
l'ammoniaque,  soluUe  dans  l'alcool  absolu  et  semble  composé  d'une  substance  sut* 
fiirée,  mélangée  à  nue  autre  qui  ne  l'est  pas.  En  même  temps  il  se  sépare  de  l'am- 
moniaque et  il  se  forme  nn  sirop  incristallisable.  Par  l'ébullition  de  la  gélatine  atec 
de  l'acide  sulfurique  étendu  M.  C.  Qerhardt  a  obtenu  de  l'ammoniaque  et  du  sucre 
fermentescible. 

L'acide  chlorhydrique  concentré  et  chaud  dissout  les  substances  albumincndes  et 
donne  surtout  au  contact  de  l'air  de  belles  liqueurs  bleues  violacées.  En  traitant 
Talfaumine  par  l'acide  chlorhydrique,  dans  certaines  conditions,  M.  Lot.  Mayer  a 
obtenu,  outre  un  acide  cristallisable,  une  matière  azotée  très-iroisine  de  la  chon- 
drine,  si  ce  n'est  tout  à  fait  identifiable  avec  elle.  Cette  expérience  intéressante 
Tient  à  l'appui  de  l'idée  qu'on  se  fait  sur  l'origine  des  substances  bistogéniques  aux 
dépens  des  matières  albtûninoîdes. 

L'acide  nitrique  concentré  colore  ces  dernières  en  jaune  intense,  la  nuance  passe 
à  l'orange  sous  l'influence  de  l'ammoniaque  ;  elle  est  due  à  la  génération  d'un  acide 
particulier  (acide  xanthoprotéique)  insoluble  dans  l'eau,  l'alcool  et  l'éther,  et  pro- 
bablement nitié.  Une  dissolution  acide  de  nitrate  mercurique  dé?eloppe  avec  Talbu- 
mine  et  ses  congénères,  sous  l'influence  de  la  chaleur,  luie  couleur  rouge  foncé 
'réactif  de  Hillon).  L'iode  dissous  dans  l'acide  iodhydrique  les  teint  en  brun. 

Oxydante.  L'action  des  oxydants  et  particulièrement  de  l'acide  chromiquc 
ou  d'un  mélange  de  peroxyde  de  manganèse  et  d'acide  sulfurique,  a  été  étudiée 
successivement  par  MM.  Schlieper,  Guckelberger  et  Froebde.  Ces  expérimentateurs 
ont  ainsi  obtenu  tous  les  acides  volatils  de  la  série  des  acides  gi^as  (€"H*»^*),  depuis 
le  (ormiqne  jusqu'au  caproique  inclusivement  et  peut-être  même  le  caprylique^ 
les  hydrures  et  les  nitriles  correspondants  (cyanure  d'hydrogène,  dé  méthyle,  etc.)) 
l'acide  benamque  et  Thydrure  de  benzoile,  un  nouvel  acide  volatil  et  cristallisable^ 
l'scide  oollinique  (G*H«0*)  et  son  liydrure,  et  enfin  un  acide  aromatique  très-voisin 
de  l'adde  toluinique.  H.  Béchamp  fait  réagir  l'hypermanganate  de  potasse  sur  l'al- 
biiminc  et  obtient  d'abord  un  ou  plusieurs  acides  axolés  indéterminés  et  enfin  de 


.LttDII.XOiOËS. 

-«>>  ^1    .a««ui  iatmssant  au  point  de  vue  physiologique,  M.  Go- 

4^    «MAt:  «»  :siil»taiices  albuminoïdes  aux  prises  avec  Foioiie  ou 

V  •«%  iKore  uu  peu  mystérieux  dont  on  soupçonne  Tintarven- 

k.>  m  l'organisme.  Une  solution  d*albumine  traversée  par  de 

uà.  ^  cruuble  d'abord  et  dépose  des  flocons  qui  semblent  être  At 

t*ui)le  disparaît,  et  lorsque  l'absorption  de  lozone  semble arré- 

.   .quide  clair,  acidulé,  qui  ne  se  coagule  plus  par  la  chaleur,  I» 

.««.^  .c  le»  sels  métalliques,  et  se  rapproche  beaucoup  des  solutioa> 

.s^      V  ^a^êiiie  se  comporte  de  même;  la  fibrine  et  la  gélatine  ne soiil 

tii«.iu  luudiliées. 

i.     Nius  rinfluence  du  suc  gastrique  naturel  ou  artificiel,  dans  b 

.  iAia«.aîo  im  dans  des  vases  en  verre,  toutes  les  substances  protéiques  u 

.    iiuiu  ulairement,  qu'elles  soient  solubles  ou  non,  et  se  transforment  eti 

..^u  .if>|Mié  peptone  par  M.  Lehmann,  albuminose  par  M.  Mialhe  (Voy.  Pcp- 

i^u  ù  présent  on  ne  connaît  aucun  caractère  permettant  de  distinguer 

.  v«x.iaiiu»c  ilérivée  de  la  fibrine,  de  celle  de  l'albumine,  de  la  caséine  ou  de  toute 

^    vuiipobé  protéique  ou  histogénique.  La  peptone  est  soluble  en  toutes  propor- 

.  ..X  laii^ri'uu,  insoluble  dans  l'alcool  à  85  pour  100  ;  les  acides,  les  alcalis  et  Li 

a«.ui  MMii  stus  influence  sur  ces  dissolutions;  le  chlore,  le  tannin  el  œrtaim 

.   X  iiict;«lkiques  (sublimé  corrosif,  acétate  de  plomb  sursaturé  d'ammoniaque)  les 

.^ipiUiU.  Elle  se  combine  facilement  aux  alcalis  et  aux  terres,  les  composés  sont 

Kv^ubles,  Ce  qui  la  caractérise  surtout,  c'est  un  pouvoir  de  diffusion  à  travers 

i^^uicuibranes  animales;  il  est  incomparablement  plus  grand  que  celui  des  ma- 

'  icr€>  protéiques  naturelles,  solubles. 

AycuU  di*  putréfaction.  Ce  qui  semble  le  mieux  caractériser  les  substances 
.ilbuuiiuoïdes,  c'est  la  facilité  avec  laquelle  elles  s'altèrent  sous  l'influence  de  Toi}- 
j^CMi  de  l'air,  de  l'eau  et  d'une  douce  température.  Dans  ces  conditions,  elles  ab> 
>uibeut  l'oxygène  et  dégagent  de  l'acide  carbonique.  Cette  combustion  lente  ebi 
lueulùt  suivie  d'une  décomposition  plus  profonde,  accompagnée  du  développement 
do  produits  à  odeur  putride .  Les  phénomènes  de  putréfaction  et  de  combustioa  lenir, 
\m'  lesquels  les  matières  azotées  animales  soustraites  à  la  vie  se  résolvent  peu  à 
po4i  tn  composés  de  plus  en  plus  simples,  ont  été  longtemps  attribués  â  une  sorte 
iruplitude  propre  aux  corps  de  cette  classe;  on  les  croyait  doués  d'une  grande  in- 
>li(bililé.  D'après  la  théorie  de  H.  de  Liebig,  assez  généralement  admise  jusqu'à 
ikM  jours,  il  suffit  d'une  très-petite  quantité  d'oxygène  pour  commencer  l'altéiatioa 
ot  communiquer  à  toute  la  masse  un  ébranlement  capable  de  détruire  l'édifice  eo- 
tior  ;  le  mouvement  moléculaire  d'une  substance  protéique  en  voie  de  déoompœi- 
tton  peut  même  se  communiquer  à  des  corps  stables  par  eux-mêmes,  tels  que  les 
ïuci'us,  et  entraîner  leurs  transformations  chimiques  et  leur  fermentation. 

iWh  hypothèses  vagues,  créées  pour  l'explication  de  phénomènes  obscurs,  tom- 
beat  devant  les  expériences  de  M.  Pasteur.  Déjà  avant  lui  Schwan  et  H.  Schrôder 
4uii*nt  fait  des  observations  tendant  à  démontrer  que  l'air  calciné  ou  filtré  sur  du 
toUiii  no  développe  pas  la  putréfaction.  Il  semble  maintenant  établi  que  la  oom* 
liMJiliuu  lente  et  la  décomposition  dite  spontanée  des  albuminoides  est  uniquemeot 
pVituii|uée  par  le  développement  d'infusoires,  dont  les  germes  semient  apportée 
|itU  fuir,  et  il  ne  convient  plus  d'attacher  une  si  grande  importance,  dans  les  que^ 
tiMU»  d'équilibres  moléculaires,  à  cette  instabilité  qui  n'est  qu'apparente.  (Pour 
|i|u»  do  détails,  voyez  PoTaéPACTioii.) 
\a\  tubicju  ci-joint  donne  un  résumé  des  propriétés  difTérentiellea  les  plu» 


ALBUNlNOiiiES  (bibliogapiiie).  453 

léristiqQes  des  substances  albuminoides.  Sauf  avis  contraire,  elles  se  rapportent 
aux  produits  tek  qu'on  les  trouve  dans  Torganisme  ;  i}  ne  faut  donc  pas  oublier 
qu'elles  ne  sont  pas  absolues  et  dépendent  en  partie  des  matières  étrangères  mélan- 
gées. (Pour  plus  de  détails  sur  chaque  Albuminoïdey^  voir  les  articles  spéciaux  qui 
les  concernent.) 

Albumine.  Ne  précipite  ni  par  l'acide  acétique  ni  par  Tacide 

IpboKpborique  normal. 
YileUnœ.  N'est  probablement  qu'un  mélange  d'albumine  et 
de  caaéine. 
Matière  asolie  de»  glehUet.  Insoluble  dan»  le  sérum  et  peut 
se  changer  en  hémato-crislalline. 


^ules> 


/ 


I  «)agulablc* 
par       . 
la  chaleur  > 


VI  i»Ti5CI9 
ilWVWOÎM» 

Sas»  l*Eau 


Himalo-cnnfeUine,  cristaux  du  sang,  caractérisée  par  la  pro- 
priété de  cristalliser  (priâmes,  tétraèdres,  tables  bexa- 
gonaleâ,  rhomboèdres). 

Hffdropitiine.  Insoluble  dans  une  eau  chargée  de  sulfate  de 
magnésie  ;  ne  se  colore  pas»  en  rouge  par  Teau  de  chlore. 

Pancréatine.  Insoluble  dans  une  eau  chargée  de  sulfate  de 
\        magnésie  ;  se  colore  en  rouge  par  l'eau  de  chlore . 


avec 


l 


aYcc  1 

le  concours  \Paralbumine.  Se  coagule  en  flocons. 

de  l'acide  |  MHalhtmine.  Donne  un  trouble  peu  abondant, 

acétique  ) 


UOll 

coagulabln* 

par 
la  chaleur 


moustcs 
eA.n  l'cad 


Caséine  du  lait.  Coagulable  \»x  la  présure  de  veau,  précipitable  {tar  les  acidos 
acétique  et  phosphorique  normal.  11  est  établi  maintenant  que  la  caséine 
et  l'albuminate  neutre  de  soude  (solution  d'albumine  insoluble  combinée 
k  la  soude)  n»  forment  qu'un  seul  et  même  corps. 

l.i§umiae.  Mêmes  réactions  que  la  caséine. 

SHbi'laaees  eioliei  qui  peuf  enl  déterminer  des  actions  de  présence  (diastase 
plyaline,  pepsine,  cmulsine,  mat.  azot.  solublc  de  la  levûn*,  mat.  azol. 
du  suc  intestinal).  Ces  corps  se  distinguent  des  autres  substances  pro- 
léiques  et  les  uns  des  autres  par  leur  pouvoir  spéciflquo. 

Albumino^e.  Diffusible,  non  précipitable  par  les  acides,  précipitable  par  le 
I         sublimé. 

1  Iehlkidine.  Peu  caractérisée. 

•Alhmiae  etcatéine  coagulée».  \  Insolubles  dans  l'eau  salpêtrée  ou  acidulée  avec  1/1000 

IFthr.ue  cuite )         d'adde  chlorhydriquc. 
Fibrine  du  »aug  et  gluten.  Soluble  dans  l'eau  salpêtrée.  Décompose  l'eau  oxygénée. 
Fibrine  musculaire  ou  syntonine.  Soluble  dans  l'eau  acidulée  avec  1/1000  d'acide  cblorbo- 
(        drique. 

Ghtiue.  Soluble  dans  l'alcool. 

tkikr \  Caractères  peu  tranchés,  se  dissolvent  duns  l'acide  ehlorhydrique  ton- 

p      t  **"^'  *  ■  *  I         rentré  et  chaud  sans  produire  de  coloration  violette. 

P.    SCHUTZEMBERGEB. 

B«.ioâB.%MiiE. — BéciiAiir  (A).  Essai  sur  les  substances  allntminotdes  et  leur  transfor- 
mation eu  urée.  In  Th.  de  Stras.  T.  XII,  1857,  n*  570.  —A^i.  du  même  sur  les  produits 
df  r oxydation  des  subst.  albuminoides  par  Vhypermanganate  de  potasse»  In  Ann.  de 
CMm.etdePhtjs.,  3* séné,  t.  LYII,  p.  291.  1859.  —Ceux  [l'.).  Veber  l'roteïnkryslalle in  den 
Kartoffeln.  In  Erdm.  Journal.  T.  LXXX,  p.  129. 1860.  —  Dexis  (P.  S.).  Nouvelles  études  chi- 
miques, physiologiques  et  médicales  sur  les  substances  albuminoides  qui  entrent  comme 
priuâpes  immédiats,  etc.  Paris,  1856.  In-8.  —  Dexis  (R.  de  Gommercy).  îiote  sur  laplasmine, 
tubuavce  albuminoide  qui  donne  an  sang  la  faculté  de  se  coaguler  spontanément,  lu  Compt. 
rend,  de  l'Acad.  des  se.  T.  LU,  p  123y.  1801.  — Doioii.  Recherches  sur  les  matières  albu- 
mmâides  Th.  de  Paris,  i855,  n*  78.  ln-4.  —  Eiilekiieyer  et  SruŒPen.  Communication  sur  les 
proiuits  dedécomposUiott  des  substances  albuminoides.  In  Erdman  Journal.  T.  LXXX,  p.  557. 
|}S60.—  Paanne  i.\.).  Faits  pour  servir  à  l'histoire  des  sulfstances  albuminoides.  In  Erdm. 
Journal  T.  LXXVTI,  p.  290,  1859;  t.  LXXIX,  p.  003;  t.  L\XX,  p  341,  i800,  -  Gorlp- 
Bt<ft^cx.  Action  de  V ozone  sur  les  composés  organiques.  In  il nn.  de  clûr.  etpharm.  T.  CX. 
P-  1^.  18âO.  —  Masgme.  Sur  une  combinaison  cristalisée  de  caséine  In  Erdm,  Journal. 
1-  LIXIV,  p.  487.  1858.—  Melsehs.  Hôte  sur  les  matures  albuminoides.  In  buU.  de  l'Acad. 
rtffele  de  Belgique.  T.  XXIV,  n»  2.  1857.  —  Millo»  (E.;.  Hôte  sur  un  réactif  propre  aux 


DICT.  ESC.  11. 


"lii 


^52  ALBUMINOÏOES. 

1  ainmoiiiaque.  Daiis  uii  tinvail  intéressant  a-  ^  ./^p.  ^*a.  -/^-JJ-;  5- 

mp-Bcsanez  nous  montre  les  substoiv'  ^  ^  >,^;ipr  ré'iwf .  de  l'Acad.  des  te. 

Foxygène  actif,  cet  agent  encoi*e  ^  v  '><?  des  ccufë  de  pouU.  lu  Erdm. 

tion  dans  les  oxydations  de  IV  v.-V2frra"'l!S^Î-':'»w 

l'air  chargé  d'ozone  se  trouV         '..-■'-,  '/^'I  Zt  die  Vnachtm  uiner  GemnHng. 
la  fibrine,  puis  ce  trouble  d'  <  '    j^^^/'^du  Bois-Reimoiid.  1861 .  p.  5i5. «  iMi 

tée  on  trouve  un  liquide  >        .  '    \  ' ..;'f^^Bcàelwnt^fG<^ng^<^»iu,  eicj.. 
•  1  1  .1.  ''      ..>5tf  0.215,  IHei.  —  SKMCEca»   C.  Fr).  e»J- 

aades  minéraux  et  1m         ^,,  .^^.v^^^^P^  ^„  «fli^to»""--  «"  "i»-  '"'"= 
d'albuminose.  U  caser         ;^,  ,   ^i^^-SrfM  der  MImmin  àureh  ûàer  Hun—*"" 
pas  sensiblement  m»'        .  A  '  >^;^X«"-  -V..c..w   l/.»*r  *«  "J^«[f  .'"^y 

cavité  stomacale  r        -;.^^f^f^^''^  '*  ^• 

modifient  moléa'       /^^^  ,    ..     .      j  «..ér;..... 

un  produit  app.       ^>^^^       ^  «  .«m  au  produit  de  l'acUou  du  «"«=6»^; 
TO«r^ïusqu'^     /"^i^  ^*i£  (fibrine,  gluten,  etc).  Ce  même  produit  .  n^.u 
l'albuminosf       t''^^-  -  ^"'i'  ^  '"°^" 

t^      P"^'Z^^  P-r  Martin  Solon  pour  signifier  la  .h^kc  J 
sdsro''  tif^>.<6^^.:i^.  ii»,i'/muitimie  rPauhmer);  Leucomiine  ei  awww 


préci' 
très 
1er 
t» 


tl^ie  ''""jàbHe  leucomatique  (Pauhmer)  ;  L 
isr'^  «u  **îrr.irine  ne  contient  aucune  trace  d'i 


I 
I 


t  ^  CC'Srûnément  de  l'albumine  daas  l'urine  de  ^^ 

Lii^'  *  '^>S  cette  exception,  infiniment  n.«.  n'infirme  nullemen  la  t«:k 

S V^'^SUne  da.«  U  sécréUon  urinain.  consftue  P"  f^ilT 

uw^lliellement  morbide,  qu'on  a  désigné  i«u8  le  nom  iaUmmnmt. 

^PrJnSnil.  ce  mot  a'  rinconvénient  a'-'^lober  ^^ p^.é»jm^j; 

S*'"-'C  lui  donner  une  signification  plus  précise  et  l'»d>Pf  »  ""  ^J 

tp"*'f  faite  se  prêtant  à  des  considérations  d'ensemble,  on  peut  définir  I  m- 

iiitu^  ^\  sécrétion  pa>-  Us  reins  d'une  urine  aUmmineute. 

»«<^,  jrinc  de  l'urine  provient  du  sang,  de  la  lymphe  ou  du  P«*  1""' '"; 

^'  '  iiïTsi  elle  s'ajoute  après  coup  à  la  sécréUon  normalement  formfc  V  " 

'*"'    I.  M  représente  pour  nous  qu'une  fautse  aUmminurte. 

"^'J^  les  albHminuries  vraies,  il  en  est  de  transitoires,  ««oraPP^"   „, 

^IksZL  diverses,  aiguës  ou  même  chroniques,  et  ne  durant  qu.«U 

'""i'rnt  1«  désordres  occasionnés  par  la  cause  palhogénique  commune.  J>^ 

<>"*  rvertu  dune  disposition  particulière  de  l'économie,  ou  se  développl  àm 

"^'•Z  en  apparence  ^ontanéeVou  bien  survivent  à  leur  cause  efÏMcU.  ^^ 

SÏ,  e"  3inue„t  ^  subsister  indépe.ulamment  de  toute  autre  «.UU^ 

Se  aies  sont  pour  ainsi  dire  continenU,  et.  constituant  le  symptome  ^ 

SJnosent  leur  nom  à  l'état  morbide  complexe.  Les  premiers  cas  "*n»f  «f  "; 

^JWla  dénomination  i'albuminurie  sympUmatique.  Les  seconds  ont  «te  d.^.* 

iusau'à  présent  sous  le  titre  de  nw/adie  de  BrijW.  .^„,««. 

^    H  est  superflu  de  faire  rcmaniuer  combien  ces  ap|Kîllations,  manifesW««'r 

vi»oires,  empruntées  aux  noms  des  aulcm-s,  M)nt grosses diiicouveiiiciits. ln«» 


ÂLBIM1?JUR1Ë.  Aùb 

Si  le  travail  d'un  moderne,  fondé  sur  des  données  récemment 

Incipes  nouveaux  et  supérieurs,  vient  éclipser  tous  les  travaux 

t-t-il  donc  consacrer  d'enthousiasme  au  dernier  venu  la  maladie 

^  •  iimue  sous  une  dénomination  rationnelle,  ou  désignée  jusque-  là  par 

«e  ses  illustres  devanciers?  Non,  la  vérité  n'a  rien  ù  gagner  à  ces  consi- 

.e  personnes;  elle  y  perd  même  certainement  quelque  chose  de  sa  lumi- 

larté  et  de  sa  liberté  d'allure.  Que  l'histoire  enregistre  les  eflbrts  de  tous 

qui  ont  fait  avancer  la  science,  et  qu'elle  en  transmette  les  noms  glorieux  à  la 

jstérité,  rien  n'est  plus  juste  ni  d'im  devoir  plus  strict  ;  mais  c'est  mal  reconndtre 

leqrs  mérites  que  de  se  servir  de  ces  noms  honorés  pour  enchaîner  le  progrés.  Par 

œs  raisons,  je  voudrais  voir  la  dénomination  de  maladie  de  Bright  remplacée  par 

une  autre  tirée  de  la  nature  du  mal,  et  rappelant  ses  analogies  avec  les  afTections 

congénères. 

Demetrius  d'Apamée  créa  le  mot  diabète  pour  signifier  que  la  substance  cssen- 
lielle  à  l'entretien  du  corps  passe  à  travers  les  reins  et  va  se  perdre  au  dehoi-s.  De 
ikis  jours,  ou  nomme  habituellement  diabète  sucré  raflection  dans  la(]uelle  la  gly- 
(•ose  s'crhnppe  incessamment  avec  Turinc  ;  il  sirait  donc  légitime  d'appeler  dia- 
bète alkimineux  la  maladie  caractérisée  par  la  déperdition  continue  d*albuminc  ; 
dabèle  graisseux  la  sécrétion  de  matières  grai»ses,  et  diabète  iympliatique  l'état 
luorbide  connu  sous  les  noms  d'urines  chyleuses,  laiteuses,  ou  d*hématurie  de 
rile  de  France.  Dans  ces  trois  espèces  du  genre,  le  flux  s'établit  par  Tappareil 
uropoiétique.  Il  en  est  d'autres  où  la  perle  a  lieu  par  des  organes  tout  diflerents. 
La  galactoniiée,  ou  phthisie  laiteuse,  et  la  spermatoirhée,  ou  tabès  génital,  se 
placeraient  encore  assez  naturellement  parmi  les  diabètes,  mais  dans  un  sous-genre 
distinct.  Pour  plus  de  précision  dans  les  termes,  il  conviendrait  en  conséquence  de 
rappeler  dans  les  dénominations  Témonctoire  par  lequel  se  fait  la  perte,  et  de  s'ar- 
rêter, pour  les  éliminations  de  graisse,  de  sucre,  de  lymphe  ou  d'albumine  par  les 
urines,  aux  expressions  de  diabètes  pimélurique,  gUjcosariqiie^  lymphnrique  et 
ieucomatwique,  ou  simplement  leticoniwiqiiCy  en  donnant  à  ÀcvxoDpa,  aroç,  la 
si^niification  du  mot  latin  albumen,  et  en  usant  de  la  contraction  par  laquelle  on  a 
obtenu  le  mot  «  hémorrhagie  »  à  la  place  de  celui  de  o  hématorrhagie  n,  qui  eût 
t'ié  plus  correct.  Dans  le  cours  de  ce  travail,  nous  nous  servirons  souvent  de  cette 
dénomination,  sauf  à  la  justifier  par  la  suite  au  point  de  vue  nosologique.  De 
même,  nous  emploierons  le  mot  leucomurie  comme  synonyme  d'albuminurie,  et 
t-eux  A'kyperleuœmatie  ou  de  supei'albuminose,  à  la  place  de  Texpression  hybride 
d'byperalbuminose,  généralement  usitée  pour  signifier  l'accroissement  de  l'albu- 
mine du  sérum. 

La  valeur  des  termes  étant  bien  comprise,  nous  allons  maintenant  entrer  en 
matière. 

1.  Tableau  dr  l'album  m  urie.  Parmi  les  troubles  de  rurojioïèse  (urination, 
Ch.  Robin),  il  n'en  est  pas  de  plus  fréquent  ni  de  plus  digne  d'intérêt  que  celui 
qui  se  caractérise  par  la  présence  anormale  de  Talbumine  dans  la  sécrétion  uri- 
naire.  Ce  phénomène  apparaît  tantôt  temporairement  au  milieu  des  autres  sym- 
ptômes des  maladies  aiguës  fébriles,  principalement  de  celles  d'un  caractère  grave 
et  auxquelles  les  anciens  eussent  accordé  un  degré  plus  ou  moins  élevé  de  mali- 
gnité ;  tantôt  il  se  montre  d'une  manière  permanente  à  la  suite  de  ces  mêmes 
aiiections,  ou  par  le  fait  de  circonstances  qui  altèrent  lenti^ment  la  constitution, 
IrooUent  les  (onctions  digestives  et  assimilatrices,  réduisent  l'hématose,  ralen^* 
liss«iit  l'activité  nutritive  et  plastique  et  abaissent  le  niveau  des  forces. 


456  ALBGUINURIE. 

Dans  la  forme  lente  et  chronique,  les  malades  offrent  d'abord  l'aspect  des  siqcU 
affectés  d  une  simple  chloro-anémie  ;  ils  se  plaignent  de  troubles  variés  des  (onc- 
tions digestives,  tels  que  dyspepsie,  nausées,  etc.  Ils  souffrent  de  douleurs  de 
reins  et  parfois  de  céphalalgie  avec  étourdissements  ;  on  les  voit  pâlir  et  s'afbiblir 
par  degrés.  Le  soir,  le  pourtour  des  malléoles  est  gonflé;  le  matin,  les  panpières 
sont  un  peu  bouffies.  Bientôt  Fenflure  se  prononce  davantage,  remonte  jusquaui 
genoux,  puis  au  delà  et  ue  disparait  plus.  Le  scrotum  se  gonfle  ainsi  que  le  tissu 
cellulaire  abdominal  ;  Tanasarque  gagne  les  membres  supérieurs  et  se  généralise. 

Si  Ton  étudie  dès  le  début  la  sécrétion  urinaire,  on  reconnaît  quelle  mousse 
aisément  et  conserve  des  bulles  ;  qu'elle  précipite  par  Tacide  nitrique,  et  se  coagule 
par  la  chaleur.  L'urine  varie  aussi  d'apparence  suivant  les  heures  du  jour  et  les 
phases  du  mal.  Pâle  et  très-copieuse  la  nuit  et  le  matin,  moins  abondante  et  plus 
colorée  le  jour,  elle  renfeime  dans  cette  dernière  période  un  excédant  d'albumine 
d'autant  plus  marqué  que  le  régime  est  plus  substantiel  et  plus  animalisé.  Parfois 
l'albumine  est  en  si  minime  proportion  dans  l'urine  du  matin,  qu'elle  semble  oom' 
plétcment  absente;  il  peut  même  se  faire  qu'elle  manque  absolument.  De  semfah- 
blés  fluctuations  accompagnent  les  alternatives  qu'offre  naturellement  dans  son 
intensité  et  ses  allures  toute  maladie  de  longue  durée.  Âim^i,  en  représentant  par 
un  procédé  graphique  la  marche  croissante  et  décroissante  de  ce  symptôme,  oii 
verrait  une  succession  de  grandes  courbes  onduleuses  :  les  ondulations  exprimant 
les  variations  diurnes,  et  les  arcs  étendus  traduisant  les  changements  considérables 
en  rapport  avec  les  degrés  successils  de  l'affection. 

Cependant  les  forces  fléchissent  tous  les  jours  et  la  nutrition  s'altère  de  plus  eu 
plus.  Le  malade,  tout  gonflé  par  l'œdème,  laisse  filtrer  la  sérosité  au  travers  de  sj 
peau,  qui  s'ulcère  et  parfois  se  gangrène;  la  céphalée  devient  plus  habituelle  et 
plus  intense  ;  il  s'y  joint  de  l'amblyopie  et  même  de  l'amaurose.  Des  vomiasemenis 
et  de  la  diarrhée  séreuse  n'amènent  qu'un  soulagement  momentané.  H  survient  de 
la  paresse  intellectuelle,  des  troubles  respiratoires  et  circulatoires  ;  enfin  des  mou- 
vements convulsifs,  revenant  par  accès  identiques  à  ceux  de  l'épilepsiet  et  le  ma- 
lade ne  tarde  pas  à  succomber  dans  le  coma. 

Si  l'on  a  pratiqué  des  émissions  sanguines  dans  le  cours  de  la  maladie,  la  chimie 
constate  un  appauvrissement  du  sang  en  matériaux  solides,  surtout  en  globules, 
avec  ou  sans  excès  d'urée. 

  l'autopsie  on  trouve,  selon  la  durée  du  mal,  les  reins  simplement  conges- 
tionnés ou  altérés  plus  profondément,  parfois  très-atrophiés,  chargés  de  substances 
protéiques  amorphes  et  d'éléments  histologiques  ayant  subi  des  transformations 
régressives.  Des  épanchements  séreux  existent  dans  le  tissu  cellulaire  sous^utuié 
et  dans  toutes  les  cavités  naturelles.  Les  parenchymes  eux-mêmes  sont  infiltrés  de 
sérosité  dont  on  reconnaît  la  présence  jusque  dans  le  cerveau.  D'autres  désordres 
anatomiques  existent  encore,  soit  qu'ils  se  rattachent  directement  à  l'albuminurie, 
soit  qu'ils  viennent  la  compliquer  ou  qu'ils  traduisent  la  diathèse  génératrice  dont 
l'albuminurie  dépend. 

Tel  est  en  quelques  mots  l'ensemble  des  symptômes  dynamiques  et  statiques 
offerts  par  les  sujets  atteints  d'albuminurie  pei*sistante  et  rebelle  aux  médicatMNb. 
Cette  exposition  sommaire  suffit,  si  je  ne  m'abuse,  à  donner  une  idée  claire  de 
l'affection,  à  la  définir  nettement  du  point  de  vue  descriptif.  Elle  permet  à  tout 
esprit  préparé  par  l'étude,  sinon  de  se  faire  dès  maintenant  une  juste  idée  de  b 
subordination  des  phénomènes  et  de  leur  enchaînement  sériai,  du  moins  de  saisu* 
de  prime  abord  les  données  fondamentales  de  l'histoire  pathologique  que  iiou5 


ALBUMINURIE.  457 

entreprenons  et  les  points  sur  lesquels  La  discussion  devra  porter,  pour  aboutir  à 
l'institution  d*une  doctrine  pathogénique  et  d'une  thérapeutique  rationnelles. 

11.     CâBAGTÈRES    PHTSICO-CHIMIQUES     ET     ORGAKOLEPTIQUES    DES    URINES    ALBUVI- 

KEOSEs.  Il  importe  de  distinguer  plusieurs  cas,  attendu  que  les  urines  albu- 
mineuses  présentent,  selon  les  circonstances,  des  qualités  parfois  diamétralement 
opposées. 

Si  nous  prenons  les  urines  de  Talbuminurie  chronique,  connue  sous  le  nom  de 
Bright,  celles  qui  ont  été  le  plus  et  le  mieux  étudiées,  et  que  le  praticien  a  surtout 
inlârét  à  bien  connaître,  voici  quelle  est  la  règle  générale  : 

L'urine  est  pâle,  abondante,  rarement  tout  à  fait  limpide,  plus  souvent  un  peu 
loudie,  même  après  le  repos  et  la  précipitation  de  particules  solides,  formant  un 
sédiment  au  fond  du  vase.  Elle  mousse  aisément,  fortement,  quand  elle  tombe 
d'un  peu  haut,  et  conserve  très-longtemps  ses  bulles  ;  son  odeur  est  fade,  légère- 
ment nauséabonde,  rappelant  désagréablement  celle  du  bouillon  de  bœuf. 

Sans  prétendre  lixer  exactement  l'intensité  de  la  réaction  acide  de  cette  urine, 
soit  en  la  comparant  à  celle  d'une  solution  titrée  d'un  acide  organique,  soit  en 
l'éteignant  par  l'addition  de  quantités  connues  de  potasse  ou  de  soude,  je  dirai  que 
son  acidité  est  parfois  ordinaire,  mais  souvent  plus  faible  qu'à  l'état  normal, 
quelquefois  nulle  et  pouvant  faire  place  à  une  alcalinité  marquée  ;  elle  bleuit  alors  le 
papier  de  tournesol.  Mais  il  faut  être  prévenu  que,  même  neutre,  elle  ferait  virer 
au  bleuie  papier  rouge  vif,  en  même  temps  qu'elle  comnmniquerait  une  teinte  lilas 
â  cehii  qui  serait  à  la  fois  d'un  bleu  intense  et  très-sensible.  Aussi  vaut^il  mieux 
se  servir,  pour  les  essais  délicats,  d'un  papier  faiblement  teinté  et  d'une  nuance 
indécise. 

Le  poids  spécifique,  évalué  à  l'aide  de  l'urodensimètre,  varie  de  i  ,007  à  i  ,018, 
el  oscille  autour  du  chilTre  intermédiaire,  la  densité  normale  étant  de  1,022  à 
1 ,025.  Pas  plus  que  F.  Darcel,  je  n'attache  d'importance  à  ce  caractère  phy- 
sique, parce  qu'il  exprime  un  rapport  entre  l'eau  et  les  matériaux  urinaires  pris 
en  bloc,  sans  indiquer  la  quantité  de  ceux-ci  que  la  sécrétion  rénale  enlève  au 
saug  dans  un  temps  donné. 

Biot  ayant  découvert  que  l'albumine  dévie  à  gauche  le  plan  de  polarisation  p 
Â.  Becquerel  a  cherché  à  tirer  de  ce  caractère  un  moyen  d'apprécier  les  proportions 
de  cette  substance  dans  les  liquides  organiques,  el  spécialement  dans  l'urine.  Ces 
proportions,  très-inconstantes  d'ailleurs,  varieraient  entre  4  millièmes  et  14  cen- 
tièmes, maximum  presque  incroyable  consLité  par  Christison  (voir  Compendium  de 
mid,).  11  est  peu  probable  que  cette  limite  extrême  soit  quelquefois  atteinte  ni 
jamais  franchie,  car  le  chiffre  de  14  pour  100,  exactement  double  de  celui  de 
i'alblimiue  du  sérum,  ne  semble  pouvoir  se  rencontrer  que  dans  les  exsudais  plas- 
tiques engendrés  par  des  phlegmasies  aiguës. 

Si  l'on  considère  le  poids  absolu  éliminé  en  vingt-quatre  heures,  la  limite  supé- 
rieure serait  de  55  grammes  d'après  Gorup-Bésanez  et  Rosenstein,  de  23  grammes 
selon  Schmidt,  et  de  moins  encore  d'après  Frerichs.  La  limite  inférieure  est  plus 
incertaine  encore,  en  raison  de  la  difficulté  d'isoler  l'albumine  urinaire,  et  de  la 
soumettre  à  une  pondération  exacte  lorsque  la  proportion  en  est  très-minime. 
D'après  mes  propres  expériences,  je  pense  que  l'albumine  ne  dépasse  guère  le 
chiflre  de  15  grammes  par  litre  dans  le  diabète  albumineux  chronique,  et  que, 
Farine  de  la  nuit  renfermant  ordinairement  une  proportion  beaucoup  moindre,  si 
l'on  évalue  de  deux  à  quatre  litres  la  masse  quotidienne  des  urines,  les  malades  ne 
rendcut  en  moyenne  que  de  20  à  50  grammes  d'albumine  par  jour.  La  proportion 


438  ALBUMINURIE. 

peut  â  la  vérité  s^élever  beaucoup  plus  haut  dans  les  albuminuries  aiguës,  mais  la 
sécrétion  urinaire  étant  peu  copieuse  ou  rare,  la  perte  en  matériaux  azotés  est  plw 
faible  qu  on  ne  serait  porté  à  le  croire.  D'un  autre  côté  certaines  urines  sont  si 
pauvres  en  albumine,  qu'elles  n*en  renferment  pas  2  grammes  par  litre. 

L'urée,  d'après  fiostock,  HH.  Rayer  et  Stuart  Cooper,  décroîtrait  proportionnel* 
lement  à  Tabondance  de  l'albumine.  Son  maximum  normal  étant  de  33  gramme* 
pour  1000  grammes  d'urine  et  son  minimum  de  12  grammes,  elle  tomberait  à  5 
ou  6  grammes  seulement  et  atteindrait  rarement  le  chiffre  le  plus  bas  de  l'état 
physiologique,  sans  le  dépasser  jamais.  Sur  cet  abaissement  du  cbiflre  de  l'uréo, 
je  ferai  quelques  remarques  indispensables.  D'abord,  il  est  difficile  de  l'apprérier 
actuellement  à  sa  juste  valeur,  attendu  l'incertitude  des  diiflres  physiologiques. 
Le  chiffre  de  33  pour  1000  est  évidemment  exceptionnel.  La  moyenne  des  analyses 
réunies  de  Simon,  Lehmann,  Bec(pierel  et  M.  Le  Canu  (je  mets  de  côté  runicpie 
analyse  de  Berzélias)  ne  va  guère  au  delà  de  0,020.  M.  Leconte,  s'appiiyant  sur 
ses  propres  recherches,  admet  provisoirement  le  chiffre  de  0,018  seulement.  Mais 
les  analyses  ne  sont  pas  encore  assez  nombreuses  pour  que  ces  moyennes  puissent 
servir  de  base  solide  à  nos  évaluations,  et  si  l'on  a  égard  à  la  faible  proportion 
(0,006  à  0,008)  d'urée  offerte  par  certaines  urines  dans  les  conditions  physiolo- 
giques, on  conviendra  que,  pour  établir  dans  sa  formule  exacte  la  diminution  ré- 
gulière de  ce  principe  immédiat  dans  les  urines  albumineuses,  de  nouvelles  inves- 
tigations sont  indispensables.  Et  dans  ces  recherches,  il  faudra  désormais  tenir 
^n^nd  compte  d'une  circonstance  ordinairement  négligée,  à  savoir  :  la  quantité  du 
liquide  sécrété  par  les  reins  dans  les  24  heures.  L'importance  de  ce  rensei- 
gnement est  manifeste,  s'il  s'agit  d'établir  non  pas  la  richesse  ou  l'indigence  relative 
des  urines  en  matériaux  solides,  ce  qui  n'a  pas  grand  intérêt,  mais  rabondanre 
des  pertes  en  principes  protéiques  journellement  essuyées  par  l'économie. 

Tous  les  auteurs  ont  noté  la  diminution  de  l'urine  comme  étant  la  règle  dans 
la  maladie  de  Bright;  mes  observations  contredisent  ce  résultat.  Si  l'urine  est 
souvent  réduite,  ce  que  je  ne  veux  pas  contester,  le  contraire  n'est  {xis  rare.  Giez 
quelques  sujets  non-seulement  la  quantité  des  urines  rendues  dans  la  journée 
égale  la  moyenne  normale,  mais  ordinairement  elle  la  surpasse.  Je  l'ai  vue  par- 
fois atteindre  4  litres  en  24  heures,  ce  qui  représente  le  triple  au  moins  de  la 
sécrétion  chez  un  adulte  bien  portant.  Or,  lorsqu'une  pareille  abondance  d'rau  tra- 
verse les  reins,  les  matériaux  dont  elle  se  charge  ne  sauraient  s'y  trouver  qu'en 
solution  extrêmement  affaiblie,  cl  si  la  chimie  s'emparait  d'une  portion  de  cette 
urine  rendue  en  une  seule  miction,  elle  n'y  découvrirait  naturellement  qu'une 
dose  très-minime  d'urée,  comme  de  tout  autre  principe  immédiat.  Cette  cirooii- 
stance  a  dû  se  présenter  plus  d'une  fois  et  donner  le  change  sur  la  véritable  signi- 
fication de  c^tte  pénurie  de  matériaux  solides.  Cependant  Christison  a  bien  vu  que 
la  proportion  de  I  urée  ne  s'écarte  guère  dans  ses  oscillations  de  la  moyenne  nor- 
male et  que  les  urines  pâles  et  pauvres  en  urée  le  sont  également  en  albumine, 
tandis  que  celles  dont  l'albumine  est  très-abondante  renferment  aussi  une  forte 
dose  de  l'autre  principe  azoté.  Par  ces  considérations,  on  serait  autorisé  provisoirr- 
ment  à  voir  dans  la  diminution  relative  des  matériaux  solides  de  l'urine,  chez 
certains  albuminuriques,  la  conséquence  physique  de  l'augmentation  de  la  diurèse 
aqueuse. 

Sans  avoir  exécuté  des  analyses  de  précision,  je  me  suis  cependant  assuré  de  la 
présence  d*une  proportion  considérable  d'urée  chez  plusieurs  mabdcs.  En  addi- 
tionnant d'aride  nitrique  une  petite  quantité  d'urine  recueillie  dans  un  verre 


ALBUMINURIE.  459 

de  montre,  el  laissant  h  liqueur  se  concentrer  par  Tévaporation  spontanée  à  l'air 
libre,  j*ai  vu  du  soir  nu  lendemain  se  former  une  cristallisation  de  nitrate  d*urée, 
laquelle  ne  se  produit  en  pareille  circonstance  qu'aux  dépens  d'urines  naturelle- 
ment Inen  pourvues  de  ce  principe  immédiat. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  relativement  h  l'urée,  nous  pouvons  le  répéter  <^ 
propos  des  sels  et  notamment  du  chlorure  de  sodium,  dont  la  diminution  semble 
coïncider  toujours  avec  celle  de  l'urée  dans  les  urines  albumineuses.  Désormais  il 
faudra  distinguer  les  cas  selon  que  la  diurèse  aqueuse  sera  plus  ou  moins  abon- 
dante, et  les  analyses  qui  ne  tiendront  pas  compte  de  cet  élément  se  trouveront  en- 
bcbées  d'un  vice  rédbibitoire. 

Au  résumé,  sans  nier  la  diminution  possible  des  substances  solides  normales 
dans  les  urines  albumineuses,  je  pense  que  le  fait  n'est  pas  suffisamment  démontré 
dans  sa  généralité.  Pour  fixer  la  science  sur  ce  point,  on  ne  doit  plus  se  contenter 
d'évaluer  les  proportions  de  ces  principes  relativement  à  l'eau,  il  faut  s'attacher 
surtout  à  faire  connaître  la  quantité  absolue  rendue  en  24  heures.  Les  analyses 
ainsi  laites  permettront  seules  de  trouver  l'interprétation  logique  des  altérations 
quantitatives,  lorsqu'elles  existent. 

Telle  est  généralement  l'urine  dans  le  diabète  leucomurique.  Mais  ces  carac- 
tères sont  sujets  à  des  variations  étendues  selon  la  marche  de  la  maladie,  sa  pé- 
riode, ses  complications  et  le  moment  de  la  journée.  A  l'état  aigu,  la  maladie  de 
Bright  offre  des  urines  plus  rares,  plus  colorées,  ayant  l'aspect  de  la  bière  brune, 
sédimenteuses  par  le  refroidissement,  quelquefois  souillées  de  sang.  La  sécrétion 
urinaire  tend  à  se  modifier  dans  le  même  sens,  lorsque  des  recrudescences  se  mon- 
Iroit  dans  le  cours  de  la  forme  chronique.  Enfin,  il  existe  entre  les  urines  du  jour 
et  celles  de  la  nuit  des  différences  analogues  ;  les  premières  plus  hautes  en  cou- 
leur, plus  denses,  plus  albumineuses,  rappelant  davantage  celles  de  la  période 
aiguë  ;  les  secondes  plus  abondantes,  plus  pâles,  plus  aqueuses  et  plus  conformes 
au  type  de  l'état  chronique  avancé.  Ces  particularités  trouveront  plus  tard  leur  ex- 
plication. 

Dans  les  affections  où  l'albuminurie  ne  constitue  qu'un  symptôme  passager,  les 
urines  ne  se  signalent  par  aucun  trait  caractéristique.  A  part  les  réactions  propres 
â  l'albumine,  la  présence  de  ce  princi|)e  ne  se  trahit  guère  que  par  l'abondance  de 
l'écume  qui  persiste  à  leur  surface. 

U  en  est  à  peu  près  de  même  dans  l'albuminurie  protopathique  aiguë,  où  la  sé- 
crétion rénale  ne  diffère  pas  sensiblement,  au  premier  aspect,  de  celle  des  fièvres  et 
des  inflammations  fébriles,  pourvu  que  du  sang  en  nature  ne  vienne  pas  s'y  mêler. 

Mais  la  violence  de  la  congestion  rénale  peut  être  telle,  dans  les  formes  surai- 
gnês,  que  du  sang  s'échappe  en  abondance  avec  l'urine  dont  l'aspect  rouge,  bru- 
nâtre et  trouble,  rappelle  tout  à  fait  celui  qu'elle  oiïre  dans  les  hématuries  recon- 
naissant des  causes  traumatiques.  Knfin,  dans  des  conditions  particulières  de  santé 
que  nous  spécifierons  plus  loin,  il  est  des  sujets  qui  rendent  pendant  de  longues 
années  des  urines  albumineuses,  limpides,  ambrées,  d'une  acidité  prononcée  ou 
lorte,  d'une  abondance  moyenne  et  renfermant  en  proportion  considérable  ou  ex- 
cessive  les  principes  normaux  de  la  sécrétion  rénale. 

Donc,  en  résumé,  quatre  espèces  d'urines  albumineuses  que  je  range  arbitraire- 
ment de  la  manière  suivante  : 

i^  Urines  albumineuses  ressemblant  d'ailleurs  à  celles  de  l'état  normal  ; 

2*  Urines  albumineuses  ayant  l'aspect  des  urines  félriles,  surtout  de  celles  des 
ttvTPs  grives; 


4iO  ALBUMINURIE. 

3^  Urines  albumineuses  sanguinolentes,  comme  dansThématuricvériUible; 

¥  Urines  albumineuses  d'un  type  spécial,  consigné  partout  dans  les  descrip- 
tions classiques  de  la  maladie  de  Bright. 

Nous  aurons  l'occasion  de  revenir  sur  la  signification  diagnostique  et  pronostique 
de  chacune  de  ces  formes. 

III.      SÉOlllENTS    BT    éliéMBNTS    MICROSCOPIQUES    DES    DRIHBS  ALEUMISCOSCS.      LeS 

urines  albumineuses  laissent  précipiter  par  le  repos,  au  fond  du  vase,  un  sédiment 
dont  l'apparence  et  les  caractères  microscopiques  varient  selon  les  ciroonstances. 

Dans  celles  de  la  dernière  espèce,  le  dépôt  est  blanc  ou  légèrement  grisâtre; 
dans  celles  delà  troisième,  il  est  brun  ou  d'un  aspect  sanguinolent;  dans  œlles  de 
la  seconde,  il  est  brunâtre  ;  enfin,  il  est  teinté  de  gris  jaunâtre  et  saupoudré  At 
points  d*un  roiige  vii  dans  les  urines  de  la  première  catégorie.  Cette  diversité  d'as- 
pect est  due  à  des  corpuscules  variés  dont  le  microscope  nous  révèle  la  nature. 

Outre  les  produits  habituels  delà  desquamation  des  voies  urinaires,  à  savoir  :  des 
éléments  isolés,  plus  ou  moins  reconnaissables,  des  épithéliums  de  leurs  mu- 
queuses ainsi  que  des  glandes  annexes,  on  rencontre  dans  les  urines  albomi- 
ueuses  : 

1^  De  nombreux  éléments  désagrégés  et  des  lambeaux  étendus  de  la  membrane 
épithéliale  des  tubuli^  constituant  même  assez  souvent  des  tubes  complets  ; 

2^  Des  cjlindres  pleins  formés  d'une  substance  homogène,  amorphe,  translu- 
cide, de  nature  protéique  ; 

5**  De  fines  granulations  protéiques  ou  grasses; 

4^  Des  globules  sanguins. 

D'autres  éléments  microscopiques  peuvent  se  montrer  également  dans  ces  mines 
â  titre  accidentel,  lorsque  l'albuminurie  complique  d'autres  affections. 

TjCs  éléments  morphologiques  que  l'urine  renferme  sont,  à  partir  de  l'entrée  des 
voies  génito-urinaires  :  l'épithélium  de  la  muqueuse  uréthrale  et  des  glandes  \6h 
sine.^  :  prostate,  glandes  de  Héry  ou  bulbo-uréthrales,  etc.  ;  l'épithélium  vésical  et  le 
pus  de  la  région;  l'épithélium  des  uretères,  des  bassinets  et  des  calices.  NousnV 
vous  pas  à  décrire  ces  éléments,  dont  la  présence  n'offre  d'ailleurs  qu'un  intérêt  se- 
condaire. Il  n'en  est  pas  de  même  de  l'épithélium  de  la  substance  sécrétante  des 
reins. 

Êpithélium  des  tubuli.  Il  semble  tout  naturel  au  premier  abord  que  la  mue 
épithéliale  des  tubes  urinilères  soit  représentée  normalement  dans  le  produit  de  la 
sécrétion  par  quelques  éléments  disséminés.  Plusieurs  micrographes  en  admettent 
d'ailleurs  l'existence  dans  les  conditions  physiologiques.  J'ai  eu  trop  de  peine  à 
distinguer  les  cellules  nucléaires  des  tubuli  de  leurs  analogues  des  glandes  bulbo- 
uréthrales  par  exemple,  lorsque  je  n'avais  sous  les  yeux  que  des  éléments  isolé>, 
pour  oser  affirmer  la  possibilité  de  reconnaître  sûrement  le  prekl^  au  milieu  de 
toutes  les  formes  semblables  jetées  dans  l'urine  par  les  surlaces  qu'elle  parcourt 
successivement  avant  d'être  expulsée.  Toutefois,  je  pense  avec  HH.  Robin,  liartia- 
Magron  et  quelques  observateurs  étrangers,  que  lorsque  l'activité  fonctioliDelle 
des  reins  est  excitée  sans  dépasser  encore  les  limites  physiologiques,  la  desquama- 
tion des  tubes  urinifèrss  peut  être  assez  rapide  pour  que,  toutes  les  cellules  éfiitbé- 
lialesn'ayant  pas  le  temps  de  se  liquéfier,  il  en  arrive  quelques-unes  au  dehors 
dans  un  état  d'intégrité  qui  permette  de  les  reconnaître. 

Si  la  présence  de  l'épithélium  des  tubes  de  Bellini  est  douteuse  à  l'état  sur, 
elle  constitue  au  contraire  l'un  des  signes  les  plus  caractéristiques  du  travail  mor- 
bide qui  se  passe  dans  le  rein  traversé  par  un  courant  d*urine  albumineuse.  kik» 


ALBUMINURIE.  44i 

éléments  épilhéliauK  deviennent  ordinairement  si  nombreux,  qu'ils  forment  un  dé- 
pôt prescpie  toujours  notable  au  fond  du  verre  conique  et  que,  fussent-ils  tous 
hbres  et  isolés,  ils  ne  sauraient  être  méconnus  par  un  obserrateur  tant  soit  peu  at- 
tentif. Hais  le  problème  est  simplifié,  parce  qu'il  se  trouve  toujours  dans  la  masse 
une  proportion  plus  ou  moins  forte  d'éléments  épitkéliaui  encore  soudés  en  mem- 
brane et  formant  des  lambeaux  irréguliers  qui  comprennent  une  partie  ou  la  tota- 
lité d*un  anneau  cylindrique  de  la  couche  épithéliale.  Parfois  les  cylindres  creux 
d'épithélium  sont  assez  longs,  sans  brisures,  et  les  cellules  qui  entrent  dans  leur 
composition  sont  parfaitement  régulières,  munies  d'un  noyau  rond,  très-distinct 
de  la  paroi  qui  est  finement  granuleuse  et  transparente.  C'est  le  type  de  l'état 
nonnal.  D'autres  lambeaux  sont  chargés  d^  granulations  petites  ou  plus  grosses, 
médiocrement  nombreuses  ou  très-abondantes,  qui  dissimulent  les  cellules  ou  leur 
donnent  de  l'opacité.  Ces  granulations  sont  en  partie  protéiques,  se  dissolvant 
dans  l'acide  acétique  et  colorables  en  brun  par  l'iode,  en  partie  grasses  et  solubles 
dans  l'étber.  Qudques-unes  de  celles-ci,  plus  volumineuses,  affectent  Tappai'ence 
de  gldmlins  huileux,  brillants  et  fortement  réfringents.  Les  cellules  épitbéliales 
isolées  oflrent  les  mêmes  altérations. 

Parmi  ces  éléments  se  rencontrent  souvent,  principalement  dans  les  cas  d'albu- 
minurie aiguë  et  intense,  des  cylindres  parfois  très-longs,  curvilignes  et  même 
l^usieurs  fois  contournés  en  serpentin  ou  en  spirale,  formés  d'une  substance  homo* 
gène  nullement  fibroïde,  translucide,  nuancée  de  jaune,  assez  ferme  et  résistante, 
à  cassure  ooncboïde.  Cette  substance,  ookrable  en  brun  par  l'iode,  peu  soluble  dans 
Tacide  acétique  et  le  nitrate  de  potasse,  est  manifestement  de  nature  protéique. 
Seulement  il  est  difficile  de  savoir  si  elle  est  simplement  soit  fibrineuse,  soit  albu- 
mineuse,  ou  bien  albumino-fibrineuse  à  la  fois,  M.  le  professeur  Robin  la  croit 
essentiellement  albumineuse.  L'eau  oxygénée  servirait  peut-être  \  dénoter  dans 
ces  concrétions  la  présence  de  la  fibrine  sur  laquelle»  malgré  l'affirmation  con- 
cordante des  pathologistes ,  il  serait  permis  de  conserver  des  doutes  en  raison 
de  la  non-striation  de  la  masse,  du  caractère  conchoïde  de  sa  cassure,  ainsi  que 
de  l'absence  concomitante  de  la  fibrine  à  l'état  fibrillaire  dans  l'urine.  Le  défaut 
de  tendance  h  l'organisation  de  la  part  de  ces  cylindres  protéiques,  qui  a  fait  ad- 
mettre par  Reinhardt  la  forme  croupale  de  la  phlegmasie,  plaiderait  encore  contre 
ridée  d'une  substance  essentiellement  plastique.  Déplus,  Th.  von  Siebold  a  cru 
reconnaître  dans  la  substance  corticale  du  rein  l'infiliintion  d'une  matière  albu- 
mineose  concrète. 

S'il  parait  étrange  de  considérer  comme  albumineuses  des  concrétions  spontané- 
ment formées  dans  le  corps  vivant,  je  ferai  remarquer  que  l'albumine  peut  se 
prendre  en  masse  solide  sous  l'influence  d'acides  sécrétés  en  même  temps  dans 
rorine,  ou  par  le  fait  d'une  résorption  de  l'eau  efiectuée  sur  une  portion,  momen- 
tanément confinée,  de  la  solution  protéique.  D'ailleurs,  l'albumine  solide  existe 
dans  l'urine,  mais  en  particules  déliées. 

Dans  le  dépôt  formé  par  les  urines  dans  la  maladie  de  Bright  se  rencontrent  fré- 
quemment, outre  les  éléments  histologiques  bien  définis,  une  multitude  de  granu* 
lalions  moléculaires  de  substance  colorable  en  brun  par  la  solution  aqueuse  d'iode, 
igsoloMes  dans  l'éther  et  solubles  dans  l'acide  acétique,  et  cela  à  une  époque  où  il 
n'existe  aucun  caractère  d'acuité  permettant  de  soupçonner  une  inflammation  vé- 
ritable, et  où  manquent  même  les  cylindres  hyalins,  indices  de  cette  phlegmasie. 
De  phis,  au  microscope  ces  granules  ont  la  ténuité  de  ceux  qu'on  obtient  par  l'é- 
^llition  d'une  solution  albumineuse;  comme  eux,  ils  se  soudent  en  lamelles 


4i2  ALBIMINI'RIE. 

irrégulières  et  ponctuées.  L*albniniiie  existerait  donc  sous  deux  états  dans  Turine, 
aussi  bien  que  dans  le  sérum  sanguin  d'après  Simon,  Scherer,  Bm-hanin, 
Frerichs,  etc.,  comme  le  caséum  dans  le  lail  d'après  Qnevenne,  et  oomine  noiis 
l'avons  établi  pour  l'albumine  de  la  Ijmphe.  lia  presque  totalité  est  assurément  en 
dissolution,  mais  il  y  en  a  aussi  une  minime  proportion  sous  forme  de  granules 
moléculaires,  et  c'est  à  la  présence  de  ces  fuies  granulations  que  l'urine  albumi- 
neuse  doit  en  partie  l'aspect  louche  qu'on  lui  voit  souvent.  Les  granulations  dont  i| 
s'agit  proviennent ,  peut-être,  pour  une  fraction,  de  la  résolution  partielle  des  cellules 
épithéliales  des  tubuli  que  nous  avons  reconnues  en  être  chargées  et,  pour  ainsi  dire, 
remplies.  On  comprend,  en  effet,  qu'elles  deviennent  libres  du  moment  où  la  paroi 
cellulaire  est  tombée  en  déliquium.  Hais  cela  ne  préjuge  rien  quant  à  la  nature  ni- 
bumineuse  ou  fibrineuse.  D'ailleurs,  suivant  mes  observations,  ro|)alescenoe  d(' 
l'urine  albumineuse  augmente  ou  même  ne  commence  à  se  montrer  qu'après  plu- 
sieurs heures  d'exposition  au  contact  de  l'atmosphère.  Ici ,  la  nature  albumineuM.* 
des  granulations  devient  indubitable  et,  de  plus,  il  est  certain  qu'elles  dérivent  de 
l'albumine  préalablement  dissoute.  Enfin,  l'acidité  de  l'urine  est  bien  la  cause  de  la 
précipitation  ;  car,  lorsque  le  phénomène  se  lait  attendre  au  lendemain  on  au  surlen- 
demain, loin  de  trouver  la  liqueur  devenue  alcaline  par  la  décomposition  ammo- 
niacale de  l'urée,  on  constate  une  réaction  fortement  acide  en  rapport  avec  la  fer- 
mentation ecescente  ou  l'érémaciiusie  qui  a  eu  le  temps  de  se  produire. 

IV.  KlémeiNts  hicroscopiqdfs  pouvant  accidei<itfli.eiiekt  faibe  partie  du  sédi- 
ment DES  DRiNFs  ALBDMINEOSES.  Rarement  OU  y  voit  des  octaèdres  d'acide  oxalique. 
En  revanche,  il  n'est  pas  rare  de  rencontrer  chez  certains  albuminuriques  ce  qn« 
M.  Rayer  a  nommé  la  gravelle  microscopique.  Le  sédiment  contient  alors  une 
quantité  plus  ou  moins  considérable  de  cristaux  rougeàtres,  en  forme  de  rhom- 
boèdres aplatis,  isolés  ou  diversement  groupés.  Presque  toujours  le  dépôt  s'en  f^it 
lentement  après  l'issue  de  l'urine.  Néanmoins  il  peut  avoir  lieu  pendant  le  séjour 
dans  la  vessie,  et  l'urine  présente  alors  de  la  gravelle  microscopique  dès  le  mouK^nt 
de  son  émission.  Cette  cristallisation  uriquc  n'implique  pas  un  excès  oonsidérabl«' 
du  principe  immédiat.  Elle  indique  seulement  la  présence  d'une  proportion  anor 
malc  d'un  acide  libre,  plus  énergique  que  l'acide  urique,  de  l'acide  phosphoriqoe 
par  exemple,  et  coïncide  avec  une  réaction  très-forte  sur  le  papier  hleu  de  tour- 
nesol. 

Phofqihntes  termiT,  phosphate  tribasique  (ammoniaco-inagnésien  et  calcain-^ 
Les  urines  albumhieusi's  à  la  fois  et  alcalines  laissent  précipiter  les  sels  inaohibWs 
par  eux-mêmes  :  ce  sont  les  phosphates  de  chaux  et  de  magnésie  ainsi  que  ks  car- 
bonates des  mêmes  bases.  Enfin,  quand  l'urine  albumineuse  subit  un  oommen<r- 
ment  de  fermentation  ammoniacale,  c'est  du  phosphate  tribasique  qui  se  Repose. 
De  semblables  cristaux  se  montrent  cependant  au  milieu  d'urines  natnrellenMHit 
acides  et  dont  la  réaction  est  même  accrue  par  l'acescence  consécutive.  C'est  oc  qui 
a  lieu  notamment  dans  le  Crémor,  improprement  appelé  KyestêinecfaGravidinfs 
parce  qu'on  l'a  cru  exclusivement  lié  A  l'état  de  grossesse.  Ce  crênwr  prend  nts- 
sance  indifféremment  sur  toutes  les  urines  fortement  chaiigées  de  principes  pnv 
téiques,  et  conséquemment  dans  toutes  les  formes  d'albuminurie.  Il  est  princi|«- 
lement  formé  d'une  pellicule  de  matière  albuminoïde  dont  la  nature,  entrevue  p|r 
Bird,  qui  lui  a  trouvé  l'odeur  du  fromage,  par  Égnisier,  qui  Ta  supposée  \emt  «W 
l'amnios,  et  plus  nettement  discernée  parNauche  et  Bonastre,  qui  l'ont  crue  ::t  la- 
tino-album i  neuse,  a  été  définitivement  fixée  par  M.  J.  Regnauld  (thèse  intus., 


ALRIJMINCRIË.  4fr> 

^mpose  d*une  miiUilude  infinie  de  vibrions,  de 

***.  phosphates  de  cliaux  et  de  magnésie,  et 

*en  et  calcaii'e.  Elle  résulte  d*une  al- 

T  la  matière  albuminoide  est  le 

n  contraire  elle  devient 

•le  végétaux  microsco- 

I.  A  11(1  rai  et  Gavarret.  J*ai 

N.  auxquelles  je  n'ajouterai 

lucrcmor,  avec  unecouche  de 

jl-uicum,  des  vibrions,  des  bacté- 

•    aiiiiiioniaco-magnésien  et  calcaire, 

[<■  mont  acide. 

>  iirn's  des  tubercules  et  les  grandes  cel- 

.-tiincllemcnt  dans  les  urines  albumineuses, 

•  I  It^xpiession  d*une  dtathèse  tuberculeuse  ou 

•  it'  iiK'iiie  nature. 

i  iiK  i/albohindrie.     Étant  connus  les  caractères  de 

:M(  nt  maintenant  d'indiquer  les  circonstances  dans  les- 

iiiotitre,  et  de  rechercher,  au  milieu  de  leur  diversité,  les 

(1  Où  dérive  spécialement  ce  phénomène,  afln  d'en  com- 

•  {>r()<luction  et  de  pouvoir,  au  besoin,  le  transformer  en  signe 

■(»[jos(i(|ue. 

■tK  oiirt,  dans  les  travaux  modernes,  l'histoire  des  maladies  qui  affli- 

nih',  on  voit  l'albuminurie  signalée  pour  ainsi  dire  à  chaque  pas. 

'  les  écrits  les  plus  récents  ne  donnent,  à  mon  avis,  qu'une  idée  impar- 

1.1  valeur  de  ce  symptôme  morbide,  bien  plus  fréquent  et  bien  plus  impr- 

tus  la  réalité  qu'il  n'apparaît  encore  dans  les  livres. 

)  Il  est  guère  de  maladies,  tant  soit  peu  intenses  et  fébriles,  dans  lesquelles 

iuminurie  ne  puisse  se  montrer  temporairement,  et  beaucoup  d'affections  chro- 

■i'{ii€s  en  sont  accompagnées.  Comment  discerner,  au  milieu  de  cette  infinie  variété 

<le  causes  et  de  manifestations  morbides,  quels  sont  les  troubles  fonctioraiels  ou 

nLilomiques  qui  tiennent  le  plus  étroitement  sous  leur  dépendance  le  symptôme 

slbuminurie?  La  fièvre?  mais  elle  manque  souvent.  Les  poisons  morbides,  la  ma- 

liimité?  Beaucoup  d'affections  vulgaires  et  génuines  donnent  lieu  à  l'albuminurie. 

L'altération  du  sang?  Laquelle?  La  lésion  rénale?  Que  de  fois  il  n'y  en  a  pas  trace  ! 

1^  patbok^iste  ne  sait  véritablement  à  quoi  s'attacher. 

Prtinisses  physiologiques.  Mais  dans  ce  dédale  inextricable,  la  physiologie 
nous  tend  un  fil  conducteur.  Sachons  le  saisir. 

Quelle  qiie  soit  la  théorie  à  intervenir,  il  est  clair  que  l'albuminerie  est  par* 
dessus  tout  un  trouble  de  la  sécrétion  urinaire.  Or,  dans  toute  sécrétion  on  doit 
considérer  :  d'une  lart,  les  glandes,  ou  plus  généralement  l'organe,  et,  d'autre 
fort,  la  source  des  produits  à  modifier,  c'est-à-dire  l'un  des  fluides  nourriciers  de 
l'économie.  Dès  lors  il  est  vraisemblable  que  les  altérations  urinaires,  caractéris- 
tiques de  l'albuminurie,  sont  gouvernées  par  des  modalités  spéciales  du  rein  ou  du 
sang,  ou  bien  de  l'un  et  de  l'autre  concurremment.  L'influence  du  système  ner- 
^<iix  ne  ae  fait  sentir  que  d'une  manière  détournée;  car  son  action  s'exerce  seule- 
QMQtpar  rintermédiaire  du  liquide  ou  du  solide,  puisqu'il  n'y  a  pas  plus  de  nerfs 
^<'iUteurs  des  sécrétions  que  de  nerfs  directement  trophiques.  Reste  h  savoir  d« 


444  ALBU»INDR1E. 

quelle  façon  le  sang  et  la  glande  uropoîétique  procèdent  pour  déterminir  le  pa^ 
sage  de  l'albumine  dans  la  sécrétion  rénale.  C'est  ici  le  lieu  de  poser  quekjuei 
principes  de  physiologie  générale  dont  l'application  nous  rapprochera  beaucoup 
du  but  vers  lequel  tendent  en  ce  moment  nos  cflbrts. 

Du  côté  des  organes  sécréteurs,  l'exercice  de  la  fimction  suppose  non*  seulement 
une  structure  spéciale,  mais  aussi  une  excitabilité  propre.  En  conséquence,  une 
fonction  anormale,  telle  que  la  filtration  de  l'albumine,  entraîne  pour  le  rein  une 
altération  dans  ces  deux  modalités,  et  d'avance  on  peut  affirmer  que,  durant  le 
passage  de  l'albumine,  la  glande  urinaire  offre  néc^sairement  des  cbangeroents 
sensibles  dans  son  état  anatomique.  Nous  verrons  tout  à  l'heure  en  quoi  peuveol 
consister  ces  changements. 

Dans  le  fluide  sanguin  se  trouve  la  source  des  produits  séparés  ou  modifiés  (ur 
les  glandes.  Deux  ordres  de  principes  sont  mis  en  œuvre  par  ces  dernières  :  les  uns 
qui,  après  avoir  été  dédoublés  et  plus  ou  moins  métamorphosés,  sont  appelés  à  de 
nouveaux  usages;  les  autres  qui,  devenus  nuisibles  ou  superflus,  doivent  être  éli- 
minés. Les  principes  de  la  première  classe  sont  les  vrais  stimulants  des  glandt^ 
hématopoiétiques;  ceux  de  la  seconde  sont  les  excitants  spéciaux  des  émoDctoir& 
proprement  dits;  à  preuve  l'urée,  qui,  d'après  Foumier  et  M.  Ségalas,  est  un  dt^ 
meilleurs  diurétiques.  Et  puisque  l'urine  constitue  la  principale  sécrétion  excrémeti- 
titielle,  l'apparition  insolite  de  l'albumine  parmi  ses  matériaux  ordinaires  dénonce 
la  superfluité,  si  ce  n'est  la  nocuité  actuelle,  de  la  substance  protéîque  éliminée. 

Mais  un  composé  éminemment  utile  dans  la  nutrition  et  la  formation  des  <H']^anes 
ne  saurait  être  assimilé  aux  matières  étrangères  introduites  du  dehors,  et  dooi 
l'économie  se  débarrasse  au  plus  vite,  sous  peine  d'en  être  lésée.  Conmient  donc  se 
iàit-il  que  le  rein  expulse  l'albumine  à  la  manière  d'une  substance  toxique  ou  oh^ 
dicamenteuse?  C'est  que  l'excès  d'une  matière  normale  provoque  l'eflbrt  élimina- 
teur presque  aussi  bien  que  Li  présence,  en  petite  quantité  dans  la  circuiatioii. 
d'un  principe  tout  à  fait  étranger  à  l'organisme. 

M.  Claude  Bernard  nous  apprend  que  des  doses  égales  de  glyoose  (un  principe 
normal  par  excellence),  injectées  dans  les  veines  de  deux  chiens  inégaux  en  taille,  ne 
rendent  diabétique  que  le  plus  petit  des  deux,  parce  que  chez  celui-là  seulement  la 
masse  du  sucre  versée  tout  à  coup  dans  la  circulation  constitue  un  véritable  eicè». 
Mêmes  résultats  comparatifs  chez  deux  chiens  de  même  taille,  dont  l'un  est  à  l'éUl 
physiologique,  taudis  que  l'autre  a  subi  une  émission  sanguine.  Rien  n'est  donc 
plus  légitime  que  de  considérer  un  excès  d'albumine  dans  le  sang  conune  punol 
élue  le  point  de  départ  d'une  irritation  sécrétoire  du  rein  avec  albuminurie  coos^ 
culive.  La  suite  de  ce  travail  démontera,  je  l'espère,  la  validité  de  cette  hypotiJè^e. 

Mais  si  l'excès  d'albumine  est  la  cause  excitatrice  de  l'albuminurie,  la  modaliti- 
fonctionnelle  du  rein  en  est  la  condition  prochaine.  Il  existe  aussi  des  cirooustanœs 
favorisantes  qui  font  vaiier  la  grandeur  du  phénomène  ;  ce  sont  celfes  dont  la  phy- 
siologie a  reconnu  l'intervention  efficace  dans  toutes  les  sécrétions,  à  savoir  :  b 
masse  de  la  substance  à  éliminer,  sa  difîusibilité  à  travera  les  membranes  aninuilos. 
la  pression  sanguine,  l'état  des  parois  vasculaires  et  l'excitabilité  de  l'organe  skn- 
teur.  Nous  auix)ns  à  apprécier  successivement  tons  ces  éléments  et  à  leur  assâ^foer 
leur  rang  parmi  les  conditions  pathogéniques  de  l'albuminurie. 

VI.      InkLOENCR  de  l'excès  d'aLBOMIKE  dans  le  SâHG   (hYPERLECCOIUTIK  SA>Gl'l.>n 

SUR  LA  PRODUCTION  DK  l'albominurib.  Los  Giits  pTopres  à  établir  cette  donnée  610- 
danientale  sont  empruntés  à  la  physiologie  expérimentale,  ainsi  qu'à  lolHenatiûo 
de  l'homme  sain  et  malade. 


ALBUHINUUIE.  445 

Injedions  albumineuses.  L'expérience  capitale  appartient  à  M.  Cl.  Bernard. 
Le  savant  physiologiste  injecte  dans  les  veines  d  un  animal  une  solution  de  blanc 
d'œuf,  et  voit  apparaître  aussitôt  de  Tallmmine  dans  Turine.  Il  répète  l'opération 
avec  le  sérum  sanguin,  et  le  même  phénomène  se  produit. 

De  nombreux  expérimentateurs  (Mialhe,  Schifî,  Stokvis,  Favy)  ont  suivi  dans 
retle  voie  le  physiologiste  français,  et  tous  sont  parvenus  à  déterminer  le  passage  de 
Falbumine  parles  reins, consécutivement  à  des  injections  albiunineuses  dans  le  sys- 
lèrne  circulatoire.  Seulement  leurs  expériences  tendent  à  établir  une  différence 
considà^ble  quant  h  la  facilité  de  production  du  phénomène,  suivant  qu'on  fait 
usage  de  la  solution  de  blanc  d'œuf  ou  de  sérosité  albumineuse;  la  première  don- 
nant toujours  plus  sûrement  et  plus  rapidement  l'albuminurie. 

Toutefois  il  serait  erroné  de  croire  avec  certains  auteurs,  d'après  quelques 
insuccès,  que  l'albumine  du  sérum  sanguin  ne  provoque  aucun  trouble  dans  la 
fonction  rénale.  Les  résultats  positifs  de  MM.  Bernard  et  Pavy  ne  permettent  pas  la 
moindre  hésitation  ;  l'albuminurie  peut  toujours  être  détenue  avec  toute  espèce 
d'albumine  :  c'est  une  affaire  de  quantité  et  de  procédé.  Que  la  dose  du  liquide 
albumineiix  soit  considérable  et  l'introduction  passablement  rapide,  le  succ^  est 
assuré.  Il  n'est  pas  même  besoin  d'albumine  proprement  dite  ;  une  substance  albu- 
minoifle  quelconque  a  les  mêmes  aptitudes.  C'est  ainsi  que  Pavy,  ayant  injecté  chez 
un  chien  environ  80  grammes  de  lait,  a  réussi  à  lui  donner  une  albuminurie  qui 
qui  n'a  pas  duré  moins  d'un  jour.  Cet  habile  expérimentateur  a  même  pu  déter- 
miner la  leucomurie  en  faisant  pénétrer  la  solution  albumineuse,  non  plus  directe- 
ment dans  une  veine  de  gros  calibre,  mais  bien  dans  le  tissu  cellulaire  sous-cutané, 
el  par  voie  d'absorption. 

Nous  pouvons  donc  hardiment  ériger  en  règle  générale  le  fait  du  passage  de  l'al- 
bominedans  les  urines,  à  la  suite  de  l'introduction  artificielle  dans  le  sang  d'une 
quantité  absolument  ou  relativement  considérable  de  matières  protéiques,  et  sur- 
tout d'albumine  prq)rement  dite.  La  constance  de  cette  succession  implique  forcé- 
ment un  lien  de  causalité  entre  les  deux  phénomènes.  Comment  le  premier  ap- 
pelie-t-il  le  second?  Par  quel  intermédiaire  et  en  vertu  de  quelles  lois  physio- 
logiques l'efTet  se  rattache-t-il  à  sa  cause?  C'est  ce  que  nous  allons  examiner. 

Oo  invoque  la  diifusibilité  des  matières  albuminoîdes  pour  expliquer  leur  extra- 
vacation.  Cette  opinion  ne  supporte  pas  l'examen.  L'albumine  qui  occasionne  le 
plus  sûrement  la  leucomurie  est  celle  de  l'œuf,  laquelle  est  précisément  la  moins 
dJalysable  de  toutes. 

Une  vue  plus  rationnelle  se  présente.  Il  sufRt,  on  le  sait,  d'augmenter  la  pres- 
sion sanguine  dans  les  vaisseaux,  pour  déterminer  des  exhalations  séreuses.  Est-ce 
de  cette  manière  qu'agiraient  les  injections  de  liquides  albumineux?  M.  Bernard 
s'est  chargé  de  ruiner  d'avance  cette  explication  en  soustrayant  par  une  saignée 
préalable  une  quantité  de  sang  égale  à  celle  du  sérum  qu'il  devait  injecter,  ce  qui 
n'empêcha  pas  la  leucomurie  de  se  produire  aussi  bien  que  dans  le  cas  où  cette 
dépiétion  n'avait  pas  eu  lieu. 

Dans  un  ordre  d'idées  différent,  H.  Bernard  a  cru  pouvoir  attribuer  la  sécrétion 
slbomineuse  à  la  nature  hétérogène  du  principe  protéique  mettant  obstacle  à  son 
uomixtion  dans  le  conflit  organique  et  le  constituant  à  l'cUt  de  corps  étranger, 
OD  même  lui  communiquant  une  sorte  de  puissance  toxique. 

Si  la  solution  de  blanc  d'œuf  avait  joui  seule  du  privilège  de  provoquer  l'albu- 
minurip,  on  aurait  pu  accuser  V hétérogénéité  de  ce  produit,  eu  égard  aux  principes 
lomiédiatsdu  sang,  et  supposer  de  la  pari  de  l'économie  une  répulsion  comparable 


Uù  ALBliMIiNUnili:. 

à  celle  qui  accueille  toute  substance  étrangère  au  moment  de  son  in^-asion  dans  Tor- 
ganisme.  Mais  on  sait  actuellement  que  la  sén»ité  sanguine  n'est  guère  mieux  tolé- 
rée que  le  blanc  d'œuf.  H.  Bernanl,  prévoyant  les  objections,  a  même  eu  soin 
d'injecter  à  un  sujet  le  sérum  du  sang  d'un  animal  de  son  espèce,  ou  son  propre 
sérum,  et  Talbuminurie  s'est  produite.  Ce  n'est  donc  pas  à  l'origine  étrangère  de 
l'albumine  introduite  qu'il  convient  d'attribuer  l'Issue  par  les  reins  d'une  certaine 
proportion  du  même  principe  immédiat.  En  somme,  à  moins qu*on  ne  réduise  l'ii^- 
térogénéité  à  une  simple  modification  moléculaire  s'opposant  momentanément  aui 
transformations  des  matières  albuminoides,  ce  que  j'accepte  Tolontiers,  il  est  dif- 
ficile de  lui  faire  jouer  un  rôle  dans  la  production  de  la  leuoomurie  arliCcieUe.  Au 
reste  la  doctrine  de  l'hétérogénéité  entraînerait  nécessairement  ces  deux  consé- 
quences, à  savoir  :  que  l'albumine  éliminée  sera  celle  qu'on  vient  d'introduire,  ei 
que  la  substance  protéique,  mêlée  à  l'urine,  variera  comme  les  liquides  expérimen- 
tés. De  telle  sorte  que  si  l'on  injectait  de  la  solution  de  blanc  d'œut,  on  devrait 
extraire  de  Talbumine  d'œuf  ;  si  c'était  la  sérosité  d'un  épanchenient,  on  rcUtNive- 
rait  dans  la  sécrétion  urinaire  la  variété  d'albumine  décrite  |Kir  M.  Gaiinal  sous  le 
nom  d'hydropisinc.  A  ce  compte,  Pavy,  injectant  du  lait,  aurait  dû  i-ecueillir  du 
caséum.  Or  l'expérimentateur  anglais  a  tout  simplement  trouvé  de  l'albumine 
vraie,  exactement  comme  s'il  eût  opéré  avec  cette  variété  supérieure  de  siibstana: 
protéique.  La  théorie  est  donc  en  défaut.  D'autres  considérations  scrvinmt  â  montrer 
sou  insuffisance. 

Nous  verrons  en  ellet  des  matières  albumineuses  amenées  par  la  digestion,  et 
conséquemment  assimilées,  engendrer  l'albuminurie  sous  certaines  condition» 
déterminées.  Une  expérience  de  Pavy  dépose  dans  le  même  sens;  elle  consisU^  à 
injecter  lentement,  dans  une  veine  mésaraïque,  quelques  grammes  d'une  solution 
d'albumine.  Dans  ce  cas,  l'albumine  traverse  le  foie,  le  cœur,  l'appareil  respin- 
toire  et  le  système  artériel,  avant  d'arriver  aux  reins;  elle  a  donc  pu  subir  toulfr 
les  élaborations,  notamment  celle  de  la  glande  hépatique,  et  néanmoins  l'urine  ne 
lurde  pas  à  devenir  coagulable.  Les  résultats  de  l'alimcntatiou  albumineuse  vont 
confirmer  cette  démonstration. 

Alimentation  alhumineuse.  M.  Claude  Bernard  racontait,  il  y  a  quelque» 
années,  dans  une  leçon  au  Collège  de  France,  qu'ayant  mangé  plusieurs  omis  durs, 
après  une  abstinence  d'aliments  un  peu  prolongée,  il  fut  surpris  de  trouver  ensuite 
ses  urines  albumineuses.  H.  Barreswill  fut  albuminurique  pendant  vingt-quatre 
heures  pour  avoir  avalé  dix  blancs  d'oeufs.  Ces  expériences  fortuites  furent  répétée» 
intentionnellement  par  MM.  Brown-Séquard  et  Tessier,  ainsi  que  par  Hammood, 
avec  des  résultats  analogues,  à  cela  près  qu'il  fallut  jusqu'à  cini|  ou  six  jours  d'une 
alimentation  exclusivement  albumineuse  pour  faire  apparaître  l'albumine  dau> 
l'urine  :  résistance  bien  naturelle  de  la  part  d'organismes  sains  et  jouissant  d*unc 
certaine  élasticité  fonctionnelle.  Les  choses  se  passent  ches  les  mammifères  oocnuii' 
dans  l'espèce  humaine.  H.  Jacœud  avait  échoué  dans  ses  tentatives  pour  rendre  df^ 
chiens  albuminuriques  ;  mais  Stokvis  y  a  parfaitement  réussi. 

l/influencede  l'alimentation  est  plus  constante  et,  je  puis  dire,  plus  fatale,  cim 
les  sujets  en  qui  des  troubles  morbides  tréent  l'imminence  de  Talbumimirie,  m 
détemûnent  déjà  par  eux-mêmes  le  passage  de  l'albumine  dans  la  sécrétion  uri- 
naire. 

Sur  un  malade  qui  vint  me  consulter  en  1850,  et  que  depuis  loi*s  je  n'ai  pas 
perdu  de  vue,  je  remarquai  pour  la  première  fois  la  différence  de  pitiportion  Hii 
princi^ie  ulbuniincux  dans  l'urine  de  la  digestion  comoarée  à  l'urine  du  fsang.  A|w^ 


ALBUMINURIE.  ii7 

m'étre  assuré  à  plusieurs  reprises  de  la  constance  du  phénomène  et  l'avoir  vérifié 
cbei  plusieurs  malades  des  hôpitaux,  j'en  fis  part  à  la  Société  de  biologie,  le  6  août 
1855,  accompagnant  ma  communication  des  inductions  pathologiques  que  le  fait 
m  avait  suggérées.  CL'tte  note  inédite,  corroborée  par  des  observations  nouvelles 
recueillies  dans  mon  service  à  Thôpital  Beaujon,  servit  plus  tard  à  mon  excellent 
disciple  et  ami  M.  le  D<  Luton,pour  la  confection  de  son  travail  {Études  sur  l'al- 
buminurie^ etc). 

Vers  la  même  époque,  Parkes,  à  Londres,  observait  de  semblables  variation»,  et 
les  soumettait  également  à  une  étude  sérieuse.  Travaillant  à  Tinsu  Tun  de  l'autre, 
nous  arrivions  ainsi,  chacun  de  notre  côté,  aux  mêmes  résultats.  Seulement,  tandis 
que  rémittent  clinicien  anglais  se  bornait  à  l'observation  des  faits,  j'eus  l'idée 
d'j  joindre  l'expérimentation.  Faisant  passer  successivement  les  malades  par  un 
régime  exlusivement  albumineux,  puis  exclusivement  végétal  ou  bien  composé,  je 
ffl*assurai  de  l'influence  positive  des  principes  protéiques  ingérés  sur  la  proportion 
(le  l'albumine  urinaire,  tellement  que  le  maximum  coïncidait  avec  le  régime  des 
œul>,  le  mbiimum  avec  le  régime  des  légumes,  et  la  moyenne  avec  l'alimentation 
mixte. 

L'occasion  s'est  offerte  bien  souvent,  sinon  de  refaire  ces  expériences,  du  moins 
de  répéter  les  observations  qu'elles  étaient  destinées  à  compléter,  et,  presque  tou- 
jours, j'ai  pu  constater  la  même  relation.  Beaucoup  de  nos  confrères  nous  ont  dit 
lavoir  vérifiée  après  nous,  et  récemment  Pavy  a  fait  connaître  des  observations  par- 
faitement concordantes.  Il  demeure  donc  établi  en  règle  générale,  sauf  de  rares 
exceptions  sur  lesquelles  nous  aurons  à  revenir,  que  l'urine  des  repas  est  plus  char- 
gée d*albumine  que  celle  de  la  nuit. 

La  proportion,  suivant  mes  observations,  confirmées  par  celles  de  Pavy,  s'élève 
du  simple  au  double,  et  même  au  triple,  rarement  au  décuple,  dans  les  urines  de 
la  digestion. 

Les  médecins  étrangers  qui  ont  traité  ce  point  de  l'histoire  de  l'albuminurie  ne  se 
sout occupés  que  de  la  maladie  deBright.  Mes  propres  recherches,  au  contraire,  ont 
porté  sur  les  diverses  sortes  de  leucomurie.  Je  me  suis  assuré  que,  à  part  les  albumi- 
nuries dues  à  une  fluxion  rénale,  et  les  albuminuries  transitoires,  liées  aux  phleg- 
nia&ies,  toutes  les  autres  obéissent  à  la  règle  précédente.  Ainsi,  la  diurèse  plus 
copieuse  du  principe  protéique,  chez  les  sujets  qu'on  alimente,  s'obsei^e  aussi  bien 
dans  les  albuminuries  goutteuse,  consomptive,  symptomatiques  des  affections  car- 
diaques, de  la  diathèse  tuberculeuse,  etc.,  que  dans  le  diabète  leucomurique 
essentiel. 

U  ne  suffisait  pas  d'avoir  établi  ces  faits  pour  être  en  mesure  d'attribuer  à  la 
prédominance  allHunineuse  de  l'urine  des  repas  sa  véritable  signification.  En  effet, 
cKte  richesse  en  substance  coagulable  coïncide  à  |)eu  prè^  invariablement  avec  une 
diminution  de  la  diurèse  aqueuse;  il  était  donc  permis  de  se  demander  si  les  diffé- 
renées  observées  ne  dépendaient  pas  uniifuement  de  la  quantité  d'eau  qui  traverse 
les  rt*ins  dans  chacune  des  moitiés  du  nyctémère.  A  la  vérité,  il  arrive  quelquefois 
que  l'urine  la  plus  chargée  est  en  même  temps  la  plus  abondante  :  ce  qui  prouve 
que, pour  ces  cas  au  moins,  la  subalbuminisatiofide  l'urine  du  jeûne  ne  tient  pas 
à  la  plus  grande  dilution  de  l'albumine.  Néanmoins,  pour  rendre  la  démonstration 
générale»  il  était  indispensable  de  déterminer  comparativement  les  poids  absolus 
de  l'albumine  dans  les  deux  espèces  d'urine  :  de  la  digestion  et  du  jeûne.  Tel  a  été 
le  but  d  une  seconde  série  de  recherches  commencées  depuis  huit  ans,  et  dont  je 
^àt$  ctposcr  la  méthode  et  les  résultats. 


448 


ALBUMINURIE. 


Les  eipériences  ayant  été  faites  à  l'hôpital  sur  des  malades  qui  déjeuneat  à 
10  heures  du  matin  et  dînent  à  4  heures  du  soir,  j*ai  divisé  la  journée  en  deux 
périodes  égales,  de  douze  heures  chacune  :  Tune,  de  10  heures  du  matin  à 
10  heures  du  soir,  comprenant  les  repas  et  le  temps  de  la  digestion;  Tautre,  de 
10  heures  du  soir  à  10  heures  du  matin,  correspondant  à  rabstinenoe  de  nourri- 
ture. Les  urines  de  chaque  moitié  du  jour,  ainsi  partage^  étaient  recueillies  tout 
entières  dans  un  bocal  étiqueté,  afin  d'éviter  toute  confusion.  Les  premières  ara- 
lyses  sur  lesquelles  des  notes  m'ont  été  remises  par  M.  le  docteur  S.  Féréol  ont  été 
faites  par  H.  llouUier,  interne  en  pharmacie  dans  mon  service,  en  1857.  Voici  oom* 
ment  il  a  procédé  : 

Les  urines  des  deux  périodes  o:U  été  pesées  séparément.  Chacune  d'elles,  préa- 
lablement acidulée  au  besoin,  a  été  ensuite  coagulée  par  Tébullition,  puis  jetée  sur 
un  filtre  taré.  On  s'est  assuré  que  la  liqueur  filtrée  et  limpide  ne  se  troublait  plus 
par  l'acide  nitrique.  Le  filtre,  chargé  du  ooagulum,  a  été  soumis  à  la  dessiccation  à 
une  douce  température,  puis  pesé,  et  le  poids  total  diminué  de  celui  du  papier 
Joseph  connu  d'avance,  a  donné  le  poids  exact  de  l'albumine.  U  est  sous-entendu 
que  cette  albumine  n'était  pas  pure  ;  mais,  pour  la  débarrasser  du  mucus,  des  pig- 
ments et  des  matières  organiques  ou  salines  qui  la  souillaient,  il  aurait  fallu  ^c 
livrer  à  des  opérations  longues  et  difficiles.  D'ailleurs,  au  point  de  vue  clinique, 
une  grande  précision  n'est  pas  de  rigueur. 

Le  tableau  ci-dessous,  résumant  six  analyses,  donnera  une  idée  des  dilféreric<> 
oH'ertes  parles  urines  de  la  nourriture  et  du  saiig. 


UKl.NES  DE  LA  DIGfôTlON 

URliNËS  DU  JEUNE. 

PROroRTION  POUR  lOOOGft. 

pniM 

VOIDI 

POIDI 

roiDR 

OlIStCft 

rBi»tt 

t»B  l'oHIIIB. 

lia  l'albomir*. 

D>   l'UBIHB. 

n  lUlbcmub. 

itQ  ton. 

»c  LA  «vrr. 

Gr. 

Gr. 

Gr. 

Gr. 

Gr. 

Gr. 

!•'  cas. 

541 

4 

370 

3,4 

12 

9,2 

2«    — 

470 

3,20 

990 

3 

6,80 

5,01 

5»    — 

462 

5,30 

597,50 

3,60 

11.47 

9 

4«    — 

1668 

2.38 

2022 

2,02 

1,42 

0,99 

5-     — 

740 

9 

1500 

4 

«,i 

2.0(> 

C-     — 

870 

0,478 

674 

0,057 

0,55 

0,05 

La  plupart  de  ces  analyses  se  rapportent  à  la  maladie  de  Bright  ;  la  demièiY, 
exécutée  par  M.  Adam,  pharmacien  en  chef  de  l'hôpital  Beaujon,  est  relatiTc  à  un  cas 
de  leucomurie  compliquant  une  phthisie  pulmonaire,  fébrile,  à  marche  rapide*. 
Désormais,  il  ne  saurait  donc  subsister  aucun  doute  sur  la  réalité  du  passage  d'iuic 
quantité  d'albumine  absolument  plus  forte  durant  la  période  de  digestion,  surtout 
à  la  suite  d'une  alimentation  en  majeure  partie  composée  de  substances  albumi- 
noïdes.  Dans  de  telles  conditions,  on  aurait  mauvaise  grâce  à  accuser  la  nature 
hétérogène  des  principes  absorbés,  puisque  ces  principes,  transformés  d'abord  en 
peptone ,  ont  parcouru  ensuite  tout  le  cycle  fonctionnel  et  sont  néoeasairemeDl 
amenés  au  degré  d'assimilation  convenable  pour  servir  à  la  réparation  organicpie. 
En  revanche,  il  serait  plausible  de  mettre  en  avant  l'augmentation  de  la  pressioR 
vasculairc,  et  même  une  sorte  de  congestion  rénale  active,  ainsi  que  la  hao(£ 
faculté  diosmotique  des  substances  protéiques  introduites  par  l'appareil  digestif. 
C'est  le  moment  de  dire  toute  notre  pensée  sur  cette  dernière  cause  prétendue  àc 
la  sécrétion  Icuconuuique. 


ALBUMINURIE.  4^ 

La  diflusibilité  des  piincipes  albumiiioïdes  ne  suffit  uuilenient,  à  notre  avis, 
pour  rendre  compte  de  leur  passage  dans  l'urine,  à  moins  d'admettre,  c  ontraire 
ment  à  la  vérité,  qu'ils  se  présentent  au  rein  sous  forme  d'albuminose,  et  qu'ib. 
le  tniTersent  en  cette  qualité.  En  effet,  quel  que  soit  le  degré  de  diffusibilité  des 
formes  inooagulables  dérivées  de  l'albumine  et  de  la  fibrine  par  le  travail  digestif, 
le  rein,  à  l'état  normal,  les  retient  non  moins  strictement  que  les  substances  types 
dont  elles  proviennent,  et  je  ne  vois  pas  pourquoi,  le  tissu  rénal  demeurant  intact, 
elles  s'échapperaient  plus  aisément  dans  les  conditions  morbides.  Aucun  fait 
lucun  raisonnement  ne  conduit  a  penser  que  cela  soit.  Hais  si  le  pouvoir  dialysablt; 
n'est  pas  la  cause  efficiente  de  la  sécrétion  albumineuse,  il  contribue  du  moins, 
une  fois  la  fonction  en  activité,  à  favoriser  l'eitravasation  de  l'albumine,  jouant 
ainsi  dans  la  leucomurie  le  rôle  de  l'état  dissous  ou  aplastique  du  sang  dans  la  dia. 
thèse  hémorrhagique,  ou  mieux  :  celui  de  Tiodure  de  potassium  augmentant  le 
débit  du  liquide  qui  s'écoule  par  un  tube  capillaire,  dans  les  expériences  instruc. 
IJTes  de  M.  Poiscuille.  Quant  à  l'accroissement  de  la  pression  sanguine  et  à  la 
fluxion  rénale,  leur  intervention  est  rendue  invraisemblable  par  ces  considéra- 
tions, à  savoir  :  que  l'ingestion  des  boissons  augmente  la  pression  sanguine  sans 
influer  pour  cela  sur  l'albuminurie,  et  que  la  digestion  de  la  viande,  qui  stimule 
au  moins  aussi  vivement  que  celle  du  blanc  d'œuf  l'activité  sécrétoiro  des  glandes 
et  la  circulatioil  centrale,  n'est  cependant  suivie  que  d'une  médiocre  poussée 
d'albumine  vers  les  reins. 

Dérmtritimij  résaiytian  d'épanchemenis.  Ce  que  donnent  les  substances  pro- 
téiques  venues  de  l'extérieur,  on  le  voit  également  se  produire  à  la  suite  de  la 
digeitwn  périphérique  qui  ramène  dans  la  circulation  les  exsudais  albumino- 
fibrineux  et  les  produits  de  la  dénutrition  des  tissus.  M.  Bouillaud  a  signalé  l'albu- 
minurie pendant  la  résorption  des  épanchements  pleurétiques.  J'ai  décrit  une 
albuminurie  spéciale  accompagnant  la  macilence  musculaire  dans  ce  que  j'ai  appelé 
la  paralygie  amyotraphique  consécutive  aux  maladies  aiguës.  De  tels  faits  se  mul- 
tiplient et  se  généralisent  à  mesure  qu'on  observe  mieux  et  davantage.  Ici  encore 
la  leucomurie  s'explique  naturellement  par  l'excès  de  substance  protéique  apporté 
èins  le  torrent  circulatoire.  Il  en  est  de  même  pour  ces  cas  de  destruction  rapide 
des  globules  sanguins,  où  se  montrent  l'albuminurie  et  une  couleur  rougeâtre 
des  urines,  concurremment  avec  une  teinte  subictérique  (ictère  hémaphéique  N.). 

Nous  pourrions  dès  n  présent  énumérer  à  la  suite  un  grand  nombre  d'autres 
circonstances  morbides  dans  lesquelles  l'albuminurie  reconnaît  la  même  condition 
(liusale,  amenée  seulement  par  un  mécanisme  un  peu  diflérent;  mais  ces  détails 
titHiveront  leur  place  dans  une  autre  pailie  de  mon  exposition  de  la  doctrine  de 
Hivperleucomatie.  Auparavant,  il  importe  de  reprendre  certains  faits,  en  appariMuc 
<^tfadictoires,  et  de  réduire  à  sa  juste  valeur  l'objection  qu'on  ne  manquerait  pa» 
dVn  tirer.  Cette  discussion  nous  fournira  d'ailleurs  l'occasion  de  développer  notre 
pensée  rt  de  Li  dégager  de  la  fommie  un  peu  trop  absohie  qu'elle  a  dû  revêtir 
provisoirement. 

Ml.  État  do  sang  cukz  les  albuminuriques.  Cette  opinion  sur  la  condition 
sénérale  d'où  dérive  l'albuminurie  cadre  mal  avec  la  croyance  répandue  touchant 
l'abaissement  dn  chiffre  de  l'albumine  du  sérum  chez  les  sujets  leuoomuriques. 
l^n  pareil  désaccord  exige  une  explication. 

Remarquons  en  premier  lieu  que  les  anal \ ses  n'ont  été  pratiquées  avec  l 'inten- 
tion formelle  de  fixer  la  proportion  d*albumine,  que  dans  un  petit  nombre  des  cou- 
ditiolis  variées  ou  l'albuminurie  se  montre.  C'est  toujours  dans  les  maladies  de 

I»iCT.   EAC.   Il  ^i1) 


450  ALBUMINURIE. 

Bright  proprement  dites,  aiguës  ou  chroniques,  qu'on  a  fait  cette  necherdie,  cl 
Ton  ne  s'est  pas  le  nMHos  du  monde  préoccupé  de  savoir  si  l'albuoiiiie  était  égalt^ 
ment  diminuée  dans  ces  cas  eitrémement  nombreux  d'albuminurie  temporaire, 
accompagnant  la  plupart  des  maladies  aiguës  graves.  Or,  si  Ton  s'était  a?isé  d'éta- 
blir cette  contro*épreuve,  on  se  serait  aperçu  que  l'albumine  augmente  a\ec  li 
filn-ine  dans  le  sang  inflammatoire  des  pneumonies  intenses  par  exemple,  nialgn* 
la  filtration  d'une  proportion  plus  ou  moins  considérable  de  matière  protéîque  au 
travera  des  reins.  La  légitimité  de  cette  assimilation  sera  sans  doute  contestée,  ri 
Ton  se  bornera  à  afBrmer  la  diminution  pom*  les  cas  de  maladie  de  Bright,  c'esl- 
a-dire  de  diabète  leucomurique.  Je  n'accepte  pas  la  distinction  au  |x>int  de  vue  de 
la  phjsiopathologie  »  car  il  est  évident  que  dans  l'une  et  l'autre  catégorie  de  (aiu 
la  déperdition  d'albumine  par  les  reins  doit  se  solder  par  une  spoliation  du  sérum 
sanguin.  Hais,  sans  insister  pour  le  moment  sur  cette  question,  voyons  s'il  est  Lieu 
exact  de  formuler  par  un  abaissement  du  chiffre  de  l'albumine  l'altération  du  saiif^ 
dans  les  albuminuries  de  Bright. 

Premièrement,  l'accord  entre  les  expérimentateurs  n'est  pas  unanime,  témoin 
le  proiesseur  J.  Vogel,  qui  dit  avoir  observé  une  albuminurie  très-considérable, 
laquelle,  après  une  année  entière,  n'avait  pas  encore  produit  d'hypalbumiooâc 
sanguine.  Ensuite,  les  bits  où  l'hypoleucomatie  a  été  signalée  demandent  à  èiix 
interprétés. 

Établissons,  par  exemple,  la  discussion  sur  les  analyses  bien  comiues  de  MN.  Bec- 
querel et  Vernois,  dont  l'autorité  scientifique  est  généralement  acceptée.  Dans  uiie 
série  de  six  analyses,  opérées  sur  le  sang  de  cinq  sujets  affectés  de  diabète  albii- 
mineux  aigu,  nous  voyons  à  la  vérité  les  matériaux  solides  du  sérum,  représentés eii 
majeure  partie  par  l'albumine,  descendre  au  chiffre  de  65,55  pour  1000  gramme^ 
de  sang,  la  normale^  d'après  HH.  Andral  et  Ga^ arrêt, étant  de  70  p.  1000;  mais  >i 
le  sang  n'est  pas  riche  en  albumine,  il  est  plus  pauvre  encore  en  matière  crw)- 
rique  cbez  ces  mêmes  malades,  puisque  le  chiUre  des  globules  n'était  que  de 
95,35  au  lieu  de  127  en  moyeime.  En  faisant  une  règle  de  proportion,  on  voit  que 
l'albumine  aurait  dû  tomber  à  52,50  par  kilogramme  de  sang  ;  elle  était  doin 
d'un  cinquième  supérieure  au  chiflre  des  globules.  Dès  loi-s,  il  serait  plus  juste  de 
dire  que  l'hypoglobulie  est  la  caractéristique  de  la  maladie  de  Bright,  ou,  si  l'oit 
veut  tenir  compte  en  même  temps  de  l'hypoleucomatie  :  que  bi  spanéniie  (appau- 
vrissement du  sang)  accompagne  cette  diathèse  morbide  conmie  tant  d'autres.  ïài 
conséquence,  la  diminution  de  l'albumine  perd  toute  signification  et  ne  saurait 
être  rationnellemeiit  invoquée  ni  comme  lésion  caractéristique  de  la  maladie  de 
Bright,  ni  comme  condition  prochaine  des  hydropisies  qui  se  montrent  dan:»  le 
cours  de  cette  affection,  autrement  il  faudrait  retrouver  ces  mêmes  symptômes  au 
même  degré  de  fréquence  et  d'intensité  dans  toutes  les  cachexies  aooompagnée> 
d'une  pareille  disette  de  matériaux  solides  du  sang,  ce  qui  est  en  contradictitNi 
avec  l'observation  la  plus  vulgaire. 

Non  content  d'avoir  prouvé  que  l'altération  du  sang  des  sujets  atteint»  de  dialwi 
leucomurif|uc,  envisagée  dans  son  ensemble,  consiste  en  une  vcritaUe  spanéoùt . 
je  tiens  à  insister  sur  la  prédominance  relative  de  ralbumine  comparée  aui  vi^ 
bules  et  sur  l'excès  absolu  de  fibrine  révélé  par  la  plupart  des  analyses. 

Dans  l'un  des  cas  de  maladie  de  Bright  chix>niqUe,  examiné  par  MM.  Beequ^r^l 
et  Veniois,  le  chiffre  des  globules  n'était  que  de  90,78^  celui  des  matériaux  >olid<'> 
du  sérum  restant  à  63,22  ;  dans  une  autre  albuminurie  aigué,  le  poids  abeolo 
(7 i  ,27)  des  matéiiaux  solides  du  sérum égahit  presque  celui  (76,95)  desglobide 


*; 


.ublminurik:.  m 

maib  combien  iie  le  dépussait-il  pas,  si  l'on  a  égard  aux  diilli'es  respectifs  de  ces 
deux  parties  composantes  du  sang  à  Téiat  physiologique!  Cette  disproportion  prouve 
b  rupture  de  l'équilibre  normal  entre  la  production  des  corpuscules  siiiiguins  el 
l'apport  des  matériaux  albuminoldes.  Un  autre  fait,  emprunté  aux  mêmes  expéri- 
mentateursy  rendra  plus  frappant  enrere  ce  défaut  d'harmonie  fonctionnelle.  Deux 
!«ignées,  successivement  pratiquées  chez  le  même  sujet,  donnent  les  résultats 
consignés  ci-dessous  : 

Première  saignée.  Globules,  112,08;  matières  solides  du  sénim,  63,9t2. 
Deuxi^e  saignée.      —         95,37  ;  —  60,95. 

Il  suiBt  de  comparer  ces  chiOi'es  pour  voir  que  les  globules  se  détruisaient  suiis 
réparer  leurs  pertes,  tandis  que  l'albumine  maintenait  presque  invariablement  sa 
proportion  malgré  son  passage  incessant  dans  l'urine.  La  destruction  des  hématies 
ans  compensation  suffisante  peut  seule  en  elTet  expliquer  ce  déficit  de  plus  d'un 
sixième  qui  frappe  le  cruor;  la  spoliation  due  à  la  saignée  précédente  ne  rendrait 
pas  compte  de  cet  appauvrissement  ;  c'est  ce  qui  ressort  du  calcul  suivant  :  On 
s»'accorde,  pour  évaluer  appraximativement  la  masse  totale  du  sang,  à  12  kilogr.  ; 
^  de  cette  masse  on  soustrait  500  gr.  au  maximum  par  la  saignée,  soit  la  vingt- 
quatrième  partie  (=56,4)  des  globules  en  circulation,  et  si  nous  admettons  que 
les  500  gr.  enlevés  soient  remplacés  instantanément  par  de  l'eau,  l'analyse  donne- 
rait abrs  pour  les  ^bules  ce  nouveau  résultat  :  1 1 2 ,08 — 4,67  (^j = 1 07,41 . 
Cependant  ce  ehifTpe  tombait  réellement  à  93,37,  par  conséquent  il  faut  bien  ad- 
mettre que  les  globules  absents  ont  disparu  par  le  fait  de  la  supériorité  du  mouve- 
ment de  dénutrition  sur  celui  de  composition  ;  la  matière  albuminoïde  résultant 
de  cette  dénutrition  est  même  l'une  des  sources  possibles  de  la  sécrétion  albu- 
iiiineuse. 

Quant  à  l'albumine  sa  proportion,  après  la  saignée  et  la  substitution  d'une 
quantité  d'eau  égale  à  celle  du  sang  enlevée,  eât  été  de  63,02  — S,66=:6I, 26, 
diiiïre  peu  différent  de  celui  qui  figure  dans  les  résultats  de  la  seconde  analyse  et 
qui,  placé  en  regard  de  la  déperdition  considérable  de  l'albumine  s'effectuant  en 
lareiUe  circonstance  par  la  sécrétion  rénale,  démontre  jusqu'à  l'évidence  la 
richesse  excessive  des  sources  d'albumine  ches  les  sujets  affectés  de  diabète  leuco- 
murique. 

Jusqu'ici  j'ai  supposé  que  la  diminution  des  matériaux  solides  du  sang,  en 
^fHaxd  à  l'eau  du  sérum,  témoignait  d'un  abaissement  réel  du  poids  de  ces  prin- 
cipes dans  la  masse  sanguine  ;  mais  l'hypothèse  inverse  pourrait  être  soutenue  en 
thèse  générale  et  se  vérifie  au  moins  en  quelques  cas.  Les  travaux  de  MM.  Bouillaud, 
Beau,  Potain,  etc.,  établissent  que  la  chlorose  n'est  souvent  qu'une  pléthore 
aqueuse.  La  même  vue  s'applique  à  l'état  du  sang  chez  les  albuminuriques» 
notamment  chez  les  femmes  grosses,  reconnues  hydrémiques  par  tous  les  accou- 
cheurs depuis  les  remarques  de  Cazeaux.  Dans  ces  conditions,  malgré  l'amoindris^ 
cernent  de  toutes  les  substances  organiques  relativement  k  la  quantité  d'eau  dans 
»n  poids  déterminé  du  liquide  sanguin,  il  se  peut  que  la  quantité  absolue  d'un 
m  de  plusieurs  de  ces  principes  soit  réellement  accrue  et  qu'elle  exerce  en  consé- 
quence son  action  physiologique  sur  les  diverses  fonctions,  spécialement  sur  la 
sécrétion  rénale.  Reprenant  le  chiffre  de  12  kil.  de  sang  en  circulation  chez  un 
adulte,  je  dirai  que  si  les  1500  gr.  de  globules,  associés  aux  840  gr.  d'albmninc 
(taux  30  gr.  de  fibrine,  au  lieu  d'être  délayés  dans  environ  10  kil.  d'eau,  sont 
étendus  dans  une  quantité  plus  forte  d'un  sixième  seulement,  il  en  résulte  une 
infériorité  relatite  des  principes  solides,  comparable  à  celle  que  l'analyse  a  démon- 


m  ALBUMINUKIE. 

trée  dans  le  sang  des  femmes  enceintes  affectées  d'albuminurie.  Si  raccraissemait 
de  la  masse  d*eau  était  un  peu  plus  considérable  encore,  la  quantité  absolue  de 
Talbumine  pourrait  être  sensiblement  élevée  sans  altérer  le  sens  du  rapport  pro- 
|)orlionnel  observé,  et  pourtant  alors  l'excès  du  principe  protéique  serait  tout  aussi 
réel  que  dans  les  cas  où  cet  excès  ressort  directement  des  chiffres  obtenus  par 
l'analyse  d'une  fraction  de  la  masse  sanguine,  extraite  par  la  saignée.  Or,  le  plus 
souvent  on  ne  s'est  pas  enquis  de  cette  exubérance  du  principe  aqueux,  difficile 
ù  prouver,  j'en  conviens,  mais  néanmoins  présumable,  d'après  certains  indices,  et 
dont  la  réalité  nie  semble  admissible  au  moins  pour  une  catégorie  de  faits. 

En  défuiitivc,  si  le  patliologiste  se  borne  à  considérer  les  rapports  qui  existent, 
dans  le  diabète  leucomurique,  entre  le  poids  de  l'eau  du  sang  et  celui  de  ses  maté- 
riaux solides,  il  doit  leconnaitre  que  toutes  les  substances  organiques  fondamen- 
tales sont  simultanément  amoindries,  et  que  l'altération  se  résume  par  les  mots 
anémie,  spanémie  ou  bydrémie,  exprimant  l'appauvrissement  absolu  ou  relatif  du 
fluide  sanguin  :  c'est-à-dire,  soit  la  diminution  réelle  de  la  masse  de  ses  maté- 
riaux solides,  ou  bien  la  dilution  aqueuse  de  ces  mêmes  principes.  Hais  cette  pre- 
mière constatation  ne  lui  est  pour  ainsi  dire  d'aucune  utilité  au  point  de  vue  df 
h  théorie  de  l'affection,  car  l'anémie  est  le  fond  commun  de  toutes  les  cachexies, 
tandis  que  l'albuminurie  n'appartient  en  propre  qu'à  une  seule  de  ces  diathèses 
morbides.  Pour  saisir,  dans  les  conditions  de  l'hématopoîèse,  la  cause  de  l'aibiimi- 
nurie,  le  médecin  doit  considérer  non  plus  les  proportions  relatives  de  l'eau  et  de^ 
principes  organiques,  mais  bien  les  rapports  de  ces  derniers  comparés  entre  eux. 
Or,  en  établissant  cette  comparaison,  il- trouvera,  en  règle  générale,  une  prédooii- 
nance  marquée,  parfois  très-considérable,  de  l'albumine  relativement  aux  globules, 
prépondérance  qui  serait  augmentée  encore  par  l'adjonction  de  l'autre  matière  pro- 
téique, la  fibrine,  dont  le  chiffre  s'élève  souvent  d'une  manière  absolue  dans  la 
maladie  de  Bright.  Hais  l'analyse  du  sang  ne  donnerait  encore  quune  faible  idée 
de  la  puissante  tendance  des  principes  protéiques  à  prédominer  dans  réconomie,  si 
l'on  ne  mettait  en  regard  les  pertes  énormes  auxquelles  le  sérum  doit  pourvoir, 
lorsque  la  sécrétion  urinaire  entraîne  sans  relâche  de  fortes  proportions  d'albu* 
mine. 

Tout  porte  à  croire  que  si  l'issue  ouverte  à  l'albumine  du  côté  des  reins  venait  a 
se  fermer,  le  sang  ne  tarderait  pas  à  contenir  une  masse  pondérale  trop  forte  de 
ce  principe  immédiat  ;  mais,  grâce  à  cette  dérivation,  la  surcharge  n'ayant  pas  lieu, 
on  est  en  droit  de  nous  demander  s'il  est  logique  d'attribuer  à  une  simple  pré- 
pondérance relative  les  mêmes  effets  qu'à  l'exubérance  absolue  des  matières  albu- 
minoides,  et  s'il  ne  serait  pas  au  contraire  plus  naturel  que  l'albuminurie,  née 
sous  l'empire  d'un  excès  absolu,  se  suspendit  jusqu'au  retour  de  cette  même  con- 
dition, de  telle  soite  que  le  phénomène  offrit  une  allure  intermittente.  Deux  raisons 
pour  une  expliquent  la  filtration  continue  de  l'albumine  :  la  première,  c'est  que  le 
rein  surexcité  ne  rentre  pas  dans  la  normale  dès  la  cessation  de  la  cause  irritante; 
la  seconde,  c'est  que  l'excès  relatif  de  l'albumine  du  sang  suflit  à  entretenir  Talbu- 
minurie  par  un  mécanisme  que  nous  allons  indiquer.  Hais  pour  bien  laire  com- 
prendre nos  idées  sur  ce  point  délicat,  il  est  indispensable  de  jeter  un  coup  d'œil 
sur  le  rôle  plastique  et  respiratoire  des  aliments  protéiques. 

VllI.    Évolution  de  l'albumine  dans  l'écomomie.     Pom*  procéder  méthodique- 
ment, nous  étudierons  l'albumine  dans  ses  sources,  ses  usages  et  ses  transfir- 
mations  régressives. 
L'animal  ne  sait  pas,  comme  la  plante,  faire  la  synihcsc  des  subsUuocs  piotci- 


ALBUMINURIE  453 

(|ues;  il  les  prend  toutes  dites  dans  les  tissus  d  outres  csp^es  zoologiques  ou  bota- 
niques. A  bien  dire,  il  n'y  a  donc  qu'une  source  pour  les  principes  albuminoïdes  du 
sang:  ce  sont  les  aliments  czotés  tirés  du  règne  organique.  Toutefois,  Téconomie 
^oomiseau  double  mouvement  d'assimilation  et  de  désassimilation  puise  incessam* 
neot  en  elle-même,  pour  les  réintégrer  dans  la  circulation,  des  substances  prove< 
nant  de  la  dénutrition  des  tissus,  et  trouve  dans  ses  propres  organes  une  sorte  de 
résenre  de  matières  albuminoïdes  aux  dépens  de  laquelle  elle  s'approvisionne  quel* 
cpielbis  exclusivement.  Que  le  courant  de  la  source  initiale  soit  très-abondant,  ou 
que  la  réserve  soit  reprise  par  une  absorption  trap  active,  la  conséquence,  dans  les 
deux  cas,  sera  la  superalbnminose  sanguine  absolue,  et  l'albuminurie,  pourvu  que 
les  circonstances  soient  d'ailleurs  favorables.  C'est  ce  que  nous  avons  déjft  vu  pré- 
cédemment. 

Mais  on  conçoit  que  si  la  quantité  d'albumine  en  circulation  reste  normale  tandis 
que  ses  usages  se  restreignent,  il  y  aura  également  excès  du  principe  protéique,  dont 
Huc  portion,  devenue  inutile,  pourra  être  éliminée  par  les  émonctoires  habituels. 
—Passons  donc  en  revue  les  divers  usages  de  l'albumine,  et  voyons  si  les  anomalies 
fonctionnelles  qui  s'opposent  à  sa  mise  en  œuvre  ou  à  sa  destruction  ultérieure 
Miotde  celles  qui,  conformément  aux  prévisions  de  la  théorie,  rendent  les  urines 
albumioeuses.  .  . 

Après  avoir  acquis  dans  l'estomac  un  état  allotropique,  sous  lequel  elle  prend  le 
nom  de  peptone,  l'albumine  passe  dans  la  veine  porte  et  gagne  le  foie,  ou  elle  s'ar- 
rête en  partie  pour  donner  naissance  par  son  dédoublement  à  la  matière  glycogène. 
Le  reste  parvient  an  centre  circulatoire,  traverse  les  poumons  et  se  distribue  par  le 
s^istème  artériel  dans  tous  les  organes  de  l'économie  à  la  répai*ation  desquels  l'albu- 
mine est  chargée  de  pourvoir.  Après  s'être  fixée  momentanément  et  solidifiée  sous 
forme  de  cellule  épithéliale,  de  fibre  conjonctive  ou  de  syntonine,  elle  se  (dégage 
(le  nouveau,  et,  soit  qu'elle  repasse  à  l'état  de  matière  albuminoide,  par  un  travail 
analogue  à  celui  de  la  digestion,  soit  que,  profondément  altérée,  elle  s'engage  dans 
la  série  des  composés  à  molécules  plus  simples  se  rapprocliant  des  combinaisons 
inorganiques,  elle  reste  finalement  dans  la  circulation  pour  y  subir  ses  dernières 
métamorphoses,  se  brûler  et  s'éliminer  ensuite,  ou  peut-être  pour  s'y  révivifier  et 
parcourir  encore  le  cercle  de  ses  évolutions. 

Ainsi  l'albumine,  aliment  plastique  par  excellence,  founiit  aussi  directement  ou 
[ur  voie  de  catalyse  isomériqtie  (Robin  et  Verdeil)  des  matériaux  à  la  combustion 
respiratoire.  Tels  sont  ses  deux  usages  principaux.  On  lui  en  connaît  deux  autivs 
secondaires,  qui  consistent  à  communiquer  au  sérum  du  sang  et  aux  sécrétions 
«Creuses  des  qimlités  spéciales,  et  à  former  avec  les  substances  étrangères  intro* 
(luîtes  dans  l'économie  des  albiuuinates  où  les  propriétés  nuisibles  de  ces  substances 
^  trouvent  masquées  et  neutralisées.  C'est  à  l'albumine  surtout  que  le  i^nim  snn- 
^in  doit  sa  densité,  sa  viscosité  et  sa  faible  puissance  diosmotique.  Ceci  posé,  il  va 
devenir  facile  de  saisir  les  diverses  influences  qui  peuvent  rendre  excessive  uno  dose 
moyenne  d'albumine  dans  le  sang. 

Si  840  grammes  d'albumine  répondent  à  tous  les  besoins  de  l'économie  normale, 
on  comprend  qu'une  partie  de  cette  masse  deviendra  superflue  par  suite  du  ralen- 
tissement ou  de  la  suspension  d'une  des  fonctions  qu'elle  alimente.  Que  la  produc- 
tion des  hématies  ou  la  nutrition  des  tissus  s'arrête,  voilà  une  proportion  consi- 
déraUe  d'allHimine  sans  emploi.  Que  la  respiration  soit  entravée  par  un  obstacle 
quelconque  ou  que  le  foie,  frappé  d'inertie,  cesse  de  former  la  matière  glycogène  ; 
aussitôt  l'albumine  inattaquée  suichiirgera  le  lluido  sanguin.  A  plus  forte  raison 


454  ALBUMINURIE. 

l'excès  $e  produira-t-il  si  les  doux  causes  se  réuninent  chez  le  même  sujet,  et,  t^ 
lors,  ralbuminurie  ne  peut  manquer  d'apparaître. 

Le  phénomène  se  montre  aussi  bien  quand  cesse  le  mouvement  de  oomposîtion 
organique,  ovec  conservation  de  la  désassimilation  normale,  que  dans  le  ras  de 
dénutrition  exagérée  ;  il  accompagne  Vagénégie  des  globules  sanguins,  de  même 
que  leur  colliquation  rapide.  En  un  mot,  on  peut  adopter  une  albuminurie  ijfêtro- 
phique  comme  une  albuminurie  consomptive. 

Les  travaux  de  M.  Edouard  Robin,  préparés  par  ceux  du  docteur  Proutet  de 
MM.  Dumas  et  Licbig,  ont  mis  en  lumière  Tinfluence  des  troubles  de  l'hémalofie  nir 
la  leucomurie.  Tandis  que  chez  les  animaux  supérieure  Talbumine,  brûlée  dans 
les  capillaires,  passe  dans  l'urine  sous  forme  d'acide  urique  et  d'orée,  les  animaux 
à  sang  froid,  tels  que  les  batraciens,  ont  l'urine  normalement  albumineuse,  parre 
que  chez  ceuiKi  la  combustion  respiratoire  est  insuffisante  ]i0Kr  oxyder  oomplélp- 
ment  les  substances  protéiques. 

L'état  albumincux  de  la  sécrétion  urinaire  dans  toutes  les  maladies  dyspnéiqu» 
reconnaîtrait,  d'après  H.  Éd.  Robin,  la  même  origine.  Les  phénomènes  sont  asan 
rénient  plus  complexes  que  ne  le  croit  l'ingénieux  chîmaie  ;  mais  il  n*en  est  pa< 
moins  vrai  que  le  défaut  d'aotîoii  de  Koxfgène  sur  la  aa^g  «t  l'iuie  des  condition^ 
principales  de  l'exsudation  dhunûoeuite,  en  sorte  qu'il  existe  une  albuminurie 
anoxémique. 

Le  sérum  du  sang  doit  priacifi^lement  son  défaut  de  diflusibilité  k  la  pré^enre 
de  l'albumine.  Cependant  l'influence  de  celle-ci  est  aidée,  et  peut  être  suppléer» 
partiellement,  par  les  sels  et  surtout  par  le  chlorure  de  sodium.  Hais,  suivant 
Schmidt,  il  ne  faut  pas. moins  de  huit  parties  du  chlorure  alcalin  pour  remplacer 
une  partie  d'albumine,  ce  qui  ne  permet  guère  d'admettre  que  l'absorption  du  se) 
marin,  même  en  grande  quantité,  puisse  jamais  rendre  disponible  une  dose  asscs 
forte  d'albumine  pour  qu'il  en  résulte  une  imminence  d'albuminurie.  La  >uppr»- 
sion  des  sels  neutres,  et  notamment  du  chlorure  de  sodium,  aurait  une  influence 
plus  marquée  sur  la  production  de  l'albuminurie  d'après  Wundt  et  Hartner,  en  ce 
sens  que,  diminuant  la  densité  du  sang' et  favorisant  l'exosmose  globulaire,  elle 
augmente  aux  dépens  des  globules  sanguins  les  principes  albuminoides  en  rir* 
^ulation. 

L'action  défectueuse  ou  absente  du  foie  prend  Ime  part  bien  autrement  impor- 
tante ft  la  production  de  ce  phénomène  morbide.  C'est  dans  la  glande  hépatique, 
on  le  sait,  que  se  forment  successivement  la  matière  glyoogène  et  la  giyoose  ani- 
male. Or,  ces  aliments  de  la  combustion  respiratoire  prennent  naissance  aux  dépens 
du  sang  de  la  veine  porte  et  des  peptones  alimentaires.  D*où  il  suit  que  le  ibie 
détourne  à  son  profit  une  notable  portion  de  cette  substance  complexe  et  ne  hi  fm- 
titue  k  l'économie  qu'après  l'avoir  métamorpliosée.  Hais  ce  n'est  pas  tout  :  le  Aiie 
pourrait  bien  avoir  la  propriété  d'incarcérer  provisoirement  la  majeure  partie  d» 
principes  albumineux  des  aliments.  Les  animaux  en  effet  ne  mangent  pas  tout  le 
long  du  jour  :  ils  font  des  repas  et  prennent  dans  un  court  es]iace  de  temps  de  quoi 
suffire  pour  plusieurs  heures  aux  beM>ins  de  l'hématose  et  de  la  nutrition.  I>^ 
matières  albuminoides  se  trouveraient  donc  toujours  en  excès  immédiatement  api^ 
chaque  repas,  si  le  foie  ne  les  an;^it  au  passage  et  ne  les  jetait  dansia  grande  cir* 
culation  petit  à  petit,  et  poivr  ainsi  dire  avec  ménagement.  Cela  étant,  soppn^' 
que  le  foie,  privé  acTidentellenient  de  cette  fiiculté  de  condensation,  se  laive  Kbiv- 
ment  traverser  par  les  peptones  provenant  de  la  digestion,  il  y  aura  encore  rtn*^ 
momentané  d'nihnmine  dans  le  sang  et  tendance  aibu  min  urique. 


ALBUMINURIE.  455 

Cm  vues  inductives  soiit  d'ailleors  confirmées  par  rexpérimentation. 

M.  le  professeur  Claude  Bernard  a  prouTé  qu'une  quantité  déterminée  d'une 
même  substance  altmmineuse,  injectée  tantdt  dans  le  système  veineux  général, 
tantôt  dans  une  portion  du  système  vasculaire  aboutissant  au  foie,  donne,  toutes 
choses  égales,  des  résultats  positifs  dans  le  premier  cas,  quelquefois  négatifs  dans 
\o.  second.  Cette  dilTérence  s'explique  soit  parce  que  le  foie  assimile  davantage  et 
rend  immédiatement  utilisables  les  principes  azotés  venus  de  l'extérieur,  soit  parce 
qa'il  en  transforme  aussitôt  une  partie,  soit  enfin  paroe  qu'il  en  arrête  au  passage 
et  retient  dans  son  tissu  la  portion  qui  excède  momentanément  les  besoins.  L'ex* 
périenœ  contradictoire  de  Pavy,  rapportée  plus  haut,  ne  prouve  rien  contre  ce 
résultat,  car,  bien  qu'elle  semble  avoir  une  valeur  positive,  puisque  l'albuminurie 
>esi  montrée  pende  temps  après  l'injection  de  quelques  grammes  d'albumine  dans 
im  affluent  de  la  veine  porte ,  cependant  elle  n'a  réellement  qu'un  caractère  négatif 
i\\  point  de  vue  de  la  fonction  modificatrice  du  foie. 

Si  les  choses  se  sont  passées  alors  comme  elles  se  passent  quand  le  foie  n'est  pas 
interposé  entre  le  lieu  d'introduction  et  l'appareil  uropoîétiquc,  c'est  que  la  quan- 
tité de  matières  protéiques,  soumise  instantanément  à  l'action  du  foie,  était  tivp 
lortt*,  ou  bien  que  la  glande  hépatique  était  momentanément  privée  de  ses  facultés 
rétmtriceset  assimibtrices  ordinaires. 

1^  seule  conclusion  légitime  à  tirer  de  Texpérience  de  notre  distingué  confrèi*e 
de  Londres,  c'est  la  possibilité,  dans  les  conditions  anormales,  de  déterminer  l'al- 
buminurie même  quand  le  foie,  comme  c'est  toujours  le  cas  pour  l'alimentation 
albumineuse,  est  placé  sur  la  route  des  principes  azotés  quaternaires.  Par  là  se 
trouve  démontrée  la  vraisemblance  de  l'albuminurie  ab  kepate  IsMO, 

Dans  ces  différents  cas,  la  masse  de  l'albumine  n'a  pas  augmenté,  sa  proportion 
âeule  s'est  accrue,  non  seulement  eu  égard  aux  dépenses  à  effectuer,  mais  aussi  par 
rapport  aux  globules,  dont  le  chiffre  a  pu  rester  constant,  puisque  rien  n'en  moti- 
vait les  variations.  Ainsi  que  je  l'annonçais  au  début  de  ce  chapitre,  l'excès  relatif 
de«  substances  protéiques  dans  le  sang  peut  dokic  exciter  la  sécrétion  d'albumine 
par  les  reins,  au  môme  titre  que  le  (ait  Texcès  absohi  de  ces  mômes  principes, 
fiien  plus,  tindis  que  l'excès  relatif  d'albumine  suffit  dans  nombre  de  cas  à  déter- 
miner l'albuminurie,  on  voit  assez  souvent,  d*un  autre  côté,  l'absence  de  cette 
exhalation  anormale  coïncider  avec  l'excès  absolu  de  la  substance  albuminoïde, 
lorsque  celui-ci  se  joint  à  la  richesse  globulaire  du  sang  chez  les  sujets  pléthoriques. 
Itans  cette  condition  spéciale  de  la  santé,  l'abondance  des  principes  protéiques 
répond  k  une  activité  fonctionnelle  exaltée  et  s'harmonise  avec  les  exigences  nu- 
tritives, plastiques  et  respiratoires,  d'une  organisation  exceptionnellement  éner- 
pque. 

Il  résulte  de  ces  considérations  que  la  superalbuminose  sanguine  relative  est  au 
lond  la  seule  dont  l'influence  se  fasse  sentir  sur  la  production  de  ralbuminurie. 
Nais,  pour  demeurer  vrai,  l'énoncé  de  cette  proposition  doit  être  plus  explicite  : 
il  ea  indispensable  en  effet  d'exprimer  la  condition  organique  par  rapport  à  la- 
quelle l'albumine  se  trouve  en  excès.  En  conséquence,  je  dirai  :  Valbuminurie 
reamnaît  pour  cause  déterminante,  habituelle,  Vexcèi  de  Valbumine  du  sang 
relativement  aux  globules  et  relativement  aux  dépendes  de  t économie  en  ma- 
ti^es  protéiques. 

Cette  formule  s'applique  également  bien  aux  cas  où  le  chiffre  de  l'albumine  est 
inffrieur,  et  à  ceux  où  il  est  égal  et  môme  supérieur  à  la  moyenne  normale.  Après 
itb.  je  crois  superflu  d'insister  pour  établir  que  les  effets  seront  nécessairement 


i:,G  ALBUMINURIE. 

proportionnels  a  la  grandeur  de  la  cause  paihogénique  ;  c'est-à-dire  que  si  ralfau- 
mine,  en  excès  à  la  fois  par  rapport  aux  autres  matériaux  solides  du  sang  et  par 
rapport  à  Tactivité  organique  du  sujet,  se  trouve  en  môme  temps  absolument  plus 
abondanteque  dans  le  sang  physiologique,  lalbuminurie  n'en  sera  que  plus  copieuse 
et  plus  inévitable. 

IX.  Rôle  du  rein.  Ainsi  se  trouve  définie  et  précisée  cette  dyscnisie  problé- 
matique, au  compte  de  laquelle  les  adversaires  de  la  néphrite  albumineuse  avaient 
inscrit  le  symptôme  essentiel  de  la  maladie  de  Bright.  L'albumine  absolument  ex- 
cessive ,  ou  relativement  superflue ,  voila"),  je  le  répète,  la  cause  constilutionneUc, 
déterminante  du  diabète  leucomurique  et  de  la  plupart  des  albuminuries.  Gell« 
doctrine  est  la  contre-partie  exacte  de  lopinion  naguère  accréditée.  Est-ce  à  dire 
que  la  le^^ion  rénale  n*ait  jamais  à  remplir  qu  un  rôle  subalterne  dans  la  produc- 
tion de  Talbuminurie,  et  les  termes  du  problème,  tel  que  nous  rétablissons,  ne 
|ieuvent-ils  jamais  se  renverser  de  manière  à  donner  exceptionnellemeot  satisfac- 
tion aux  idées  régnantes?  Autrement  dit,  dans  le  circuit  organique  qui  débute 
h  la  muqueuse  digestive  pour  finir  au  rein ,  la  déviation  fonctionnelle  ne  poumil- 
olle  jamais  conunencer  par  ce  dernier,  pour  se  répercuter  de  là  dans  la  série  des 
organes  étroitement  concaténés  que  parcourt  la  molécule  protâque?  C'est  ce  quo 
nous  allons  examiner. . 

Quelques  personnes  considèrent  le  i^ôledu  rein  comme  absolument  passif  dam  la 
production  de  l'albuminurie.  Telle  n'est  pas  ma  pensée.  Ces  glandes  ne  sont  pas 
des  filtres  inertes  qui,  en  vertu  d'un  mécanisme  imaginé  déjà  par  Érasistrale, 
laisseraient  leurs  pores  s'agrandir  plus  ou  moins  pour  livrer  passage  tantôt  aux  seuls 
matériaux  de  l'urine  normale,  tantôt  en  outre  à  l'albumine  du  sérum.  Pour  sécréter 
l'urine  elles  exécutent  un  véritable  travail,  et  ce  travail  se  modifie  sdon  les  cti 
constances  physiologiques  ou  morbides,  ce  qui  suppose  des  modalités  correspon- 
dantes dans  l'état  organique.  Les  belles  expériences  de  M.  Claude  Bernard  nous 
ont  appris  TinOuence  des  nerfs  vaso-moteurs  sur  la  sécrétion  salivaLre  par  l'inter- 
médiaire de  la  circulation  capillaire  des  glandes.  Tous  les  organes  en  fonction  s'in- 
jectent et  rougissent  de  même,  et  leur  fluxion  est  d'autant  (dus  intense  que  leur 
activité  sécrétoire  est  plus  grande.  Hais  l'effort  ne  se  mesure  pas  seulement  à  la  quaii* 
tité  du  produit;  il  grandit  ou  se  rapetisse  selon  la  nature  des  substances  à  éliminer. 
Il  redouble,  par  exemple,  pour  donner  issue  à  l'albumine  du  sérum,  lorsque  cdleci 
ne  fait  pas  naturellement  jiartie  intégrante  de  la  sécrétion.  Cela  est  si  viai  que  k 
caractère  coagulaUe,  accidentellement  acquis  par  un  liquide  oiiganique»  impliqua 
à  nos  yeux  un  certain  degi^  de  phlogose,  de  même  que  la  présence  de  la  fibrin* 
dénote  une  inflammation  confirmée.  Le  rein  n'échappe  pas  à  cette  règle  de  patho- 
logie générale.  Sans  doute  l'albuminerie  est  rendue  imminente  par  l'Iiypeitrasie 
albumineusc  absolue  ou  relative  ;  mais  l'albumine  resterait  indéfiniment  emprison- 
née dans  les  canaux  circulatoires,  si  le  rein  ne  se  modifiait  de  manière  à  se  laissir 
traverser  par  la  substance  protéique,  c'est-à-dire  s'il  ne  devenait  le  siège  d'uor 
congestion  active  et  de  certaines  altérations  parenchymateuses,  fugaces,  qui  sont  la 
condition  instrumentale  du  phénomène. 

Les  résultats  négatifs  des  expériences  tentées  par  M.  Jaccoud  sur  de  j«iim*^ 
chiens  qu'il  a  nourris  exclusivement  de  blancs  d'œufs  pendant  quatre  semaines  H 
dans  les  veines  desquels  il  a  directement  injecté  une  solution  aihuminwisf.  «o» 
obtenir  vestige  d'albumine  dans  les  urines,  sont  très-instructives  et  pariaiteoiMt 
démonstratives  à  cet  égard.  L'excès  d'albumine  dans  le  sang  ne  suffit  pa  à  déter- 
miner l'alliuminurie,  il  faut  que  le  rein  s'en  mêle. 


ALBIJUINURIË.  457 

Voitt  pourquoi  tous  ceux  qut  se  nourrissent  d'œufe  ne  deviennent  pas  nécessai- 
rement aUwniimiriques.  Chez  la  plupart  des  hommes  Texoèsde  Talbumine  introduit 
dans  la  circulation  s  emmagasine  pour  se  dépenser  peu  à  peu  dans  les  actes  nutri- 
tif et  respiratoires;  chez  quelques-uns  seulement  le  superflu  est  aussitôt  rejeté 
par  les  urines  ;  mais  cette  facilité  de  la  part  des  reins  à  laisser  filtrer  Talbumine 
est,  selon  moi,  la  preuve  d'une  prédisposition  aux  affections  congestives  et  inflam- 
matoires de  ces  organes. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  fait  du  passage  de  Talbumine  dans  les  urines  suppose  tou- 
jours actuellement  une  exaltation  fonctionnelle  et  nutritive  des  glandes  uropoîéti- 
ijues.  Cette  manière  de  voir,  fondée  sur  des  raisons  analogiques  d'une  valeur  incon- 
tfstaUe  et  s'adaptant  à  merveille  aux  faits  cliniques,  est  mise  hors  de  doute  pr 
Inobservation  anatomique  aidée  du  microscope. 

Amlomie  pathologique.  Il  suffit  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  l'ensemble  des 
ranictères  offerts  par  les  mines  albnmineuses,  particulièrement  dans  les  formes 
ftigués  de  la  maladie  de  Briglit,pour  en  tirer  cette  induction  :  que  la  fluxion  active 
des  reins,  allant  parfois  jusqu'à  la  rupture  vasculaire,  est  la  condition  prochaine  de 
cette  modification  de  la  sécrétion  urinaire. 

Leuunen  direct  des  organes  confirme  pleinement  cette  opinion.  Hyperémie, 
modifications  phl^masiques  des  éléments  histologiques  et  ramollissement  de  la 
sobstance  rénale,  exsudats  plastiques,  tissu  connectif  embryonnaire;  par  conséquent 
hjperplasie,  et  plus  tard  organisaticm  partielle  et  rétraction  des  éléments  fusi- 
iormes  ;  puis  transformation  des  éléments  qui  ont  prématurément  accompli  leur 
destinée,  déformation  et  atrophie  des  glandes  uropoîcliques  :  voilà  autant  de  preuves 
en  faveur  de  la  réalité  de  ce  procès  inflammatoire  dont  l'état  alhumineux  de  la 
sécrétion,  joint  à  la  présence  du  sang  et  des  produits  altérés  d'une  desquamation 
t^pithéliale  plus  active,  avait  fait  concevoir  la  nécessité. 

Dans  les  premiers  cas  observés  par  Bright  et  ses  successeurs,  les  altérations 
rénales  étaient  assez  avancées  pour  masquer  la  fluxion  active  et  revêtir  la  foi*mc 
d'une  lésion  spécifique  ;  mais  des  recherches  ultérieures,  exécutées  à  propos  d'al- 
buminuries moins  anciennes,  ont  fait  découvrir  les  premiers  degrés  de  ces  modifi- 
cations anatomiques  qui  accompagnent  le  passage  de  l'albumine  dans  les  urines. 

En  pareille  circonstance,  on  trouve  les  reins  plus  gros  et  plus  lourds  qu'à  l'état 
normal  ;  leur  poids  peut  être  double  du  poids  moyen,  qui  est  de  i35  grammes,  lin 
substance  corticale  est  plus  rouge,  ses  capillaires  sont  plus  développés  et  laissent 
sourdre  plus  de  sang  à  la  coupe.  Il  en  est  à  peu  près  de  même  pour  la  substance 
toboleuse.  La  capsule  et  le  tissu  cellulaire  ambiant  participent  plus  ou  moins  à 
cette  vascularisation.  D'ailleurs,  tantôt  cette  enveloppe  fibreuse  se  sépare  facilement 
de  h  surface  de  l'organe  ;  tantôt,  au  contraire,  on  ne  peut  l'en  détacher  sans  qu'elle 
n'entrùne  çà  et  là  une  petite  couche  de  tissu  sécréteur,  demeurée  adhérente,  ce 
qui  indique  un  degré  déjà  marqué  d'altération  due  au  travail  de  phlogose  (ramol- 
lisftenient  inflammatoire  de  Lallemand).  Le  microscope  permet  de  constater  l'agran- 
dissement du  calibre  des  derniers  capillaires  sanguins,  et  la  présence  dans  les  tubuli 
àes  produits  de  la  desquamation  épithéliale  avec  ces  cylindres  de  substance  protéiquc, 
signalés  plus  liant  dans  les  sédiments  de  l'urine.  11  fait  voir  en  outre  les  cellules, 
en  place  dans  les  corpuscules  de  Malpighi  et  les  tube^  uriniferes,  tuméfiées,  granu- 
leuses, opacifiées  et  ramollies,  ainsi  que  cela  se  passe  dans  les  tissus  atteints  de 
phlegmasie  parenchymateuse.  Enfin  il  démontre,  au  milieu  de  la  trame  ancienne 
du  tisBU  rénal,  des  éléments  de  nouvelle  formation  appartenant  nu  système  du  tissu 
«iNijonctif,  et  dans  les  parties  similaires  de  l'organe  une  hyperplasi'»  manifestée  par 


458  ALBUMINURIE. 

la  multiplicalion  de  Iciirs  éléments histotogiques,  dont  les  nouveaux  venus,  arrités 
partiellement  à  leur  développement  complet,  sont  pour  (a  plupart  en  voie  de  for- 
mation. 

Hais  de  ces  deux  ordres  de  lésions,  les  changements  de  canalisation  sanguine 
et  les  altérations  de  tissus,  le  dernier  se  rencontre  souvent  seul,  soit  pan»  que  te 
retrait  vasculaire  posi  martem  a  effacé  toute  trace  d*hyperémie,  soit  [larce  qu'en 
réalité  la  turgescence  des  capillaires  et  lu  fluxion  sanguine  n'existaient  plus  â  la 
période  où  le  malade  a  succombé.  Dira-t-on  que  l'inflammation  était  absente  et  que 
ces  cas  démontrent  le  peu  de  fondement  de  l'opinion  qui  accorde  aux  reins  un  r5le 
essentiel  dans  la  production  de  l'albuminurie?  Ce  serait  s'abuser  étrangement.  L'in* 
flammation,  considérée  dans  ses  phénomènes  les  plus  caractéristiques  et  dans  son 
expression  la  plus  complète,  est  constituée  non  parla  dilatation  du  réseau  cainlbire 
et  par  l'abondance  du  sang  qui  gonfle  les  organes,  mais  bien  par  les  modifications 
plus  intimes  de  structure  et  de  fonctionnement  des  éléments  morphologiques  de  la 
région.  Les  organes  dépourvus  de  vaisseaux  (cartilages,  cornée  transparente)  s'en- 
flamment aussi  bien  que  les  autres  ;  seulement  les  actes  phlegmasiqoes  s'exécutent 
en  eux  sur  une  moindre  échelle  par  suite  du  manque  de  matériaux,  soit  pour  b 
combustion,  soit  pour  l'exsudation  et  l'hyperplasie.  Les  vaisseaux,  comme  je  Tni 
dit  ailleurs,  ne  sont  que  des  chemins  d^  fer  pour  approvisionner  plus  largement  Us 
loyers  inflammatoires  ;  ils  rendent  le  travail  phlegmasique  plus  productif,  mais  ik 
n'en  sont  psis  les  instruments  véritables.  L'union  de  la  fluxion  sanguine  avec  les 
désordres  parenchymateux  constitue  assurément  la  forme  la  plus  exquise  de  l'infiani' 
juation,  mais  leur  dissociation  peut  avoir  lieu  sans  que  le  travail  morbide  qui  se 
caractérise  par  une  exaltation  nutritive  et  plastique  et  qui  prélude  par  un  renou- 
vellement plus  rapide  des  éléments  histologiques  et  un  ramollissement  de  leur 
substance  à  la  fonte  purulente,  à  l'ulcération  ou  bien  à  des  formations  nouvellis, 
ait  cessé  pour  cela  d'avoir  le  cachet  inflammatoire. 

D'ordinaire  l'irritation  produite  dans  un  point  de  l'économie  excite  d'abord  une 
congestion  sanguine  foit  active  et  dont  l'inteasité  surpasse  de  beaucoup  celle  des 
troubles  nutritifs  ;  mais  bientôt  cette  boufiée  se  calme,  quoique  les  désordres  paren- 
chymateux continuent,  s'exaspèrent  et  s'étendent.  Voyexce  qui  se  passe  à  U  suite 
de  l'introduction  d'un  petit  corps  étiiuiger  dans  la  cornée.  La  conjonctive  et  la 
sclérotique  s'injectent  à  la  fois  et  de  toutes  parts,  l'œil  rougit  violemment,  puis  la 
révolte  s'apaise;  un  triangle  vasculaire,  dont  le  sommet  aboutit  au  point  de  U 
circonférence  cornéale  le  plus  rapproché  de  la  blessure,  révèle  seul  que  là  re»te 
répine  inflammatoire.  Cependant  la  kératite  subsiste  et  se  dévdoppe  ;  la  oorntV 
s'épaissit,  se  ramollit  et  s'ulcère. 

La  plilogose  rénale,  k  la  faveur  de  laquelle  l'albumine  peut  s'épancher  dans  les 
tubuli,  est  sujette  aux  mêmes  transformations.  Au  début,  la  fluxion  l'emporte  mt 
les  désordres  parenchymateux;  dans  la  période  d'état,  elle  marche  de  pair  avec 
eux  ;  ensuite  elle  s'évanouit,  laissant  ces  derniers  poursuivre  indéfiniment  leur» 
progrès,  dans  les  cas  où  l'issue  doit  être  funeste.  Voilà  pourquoi,  dans  la  période 
avancée  de  la  maladie  de  Bright,  les  nécropsies  ne  nous  montrent  plus  la  cm^ 
tion  vasculaire,  je  ne  dis  pas  générale,  mais  même  limitée  aux  portions  de  tÎMi 
rénal  les  moins  altérées.  Néanmoins,  l'exaltation  nutritive,  plastique  et  sécréloin* 
persiste,  ainsi  que  le  démontrent  l'cxfolialiou  rapide  de  l'épithélium  et  l'eUuLh 
lion  d'un  liquide  albumineux,  analogue  à  l'éxsudat  inflammatoire. 

Puisqu'il  laut  de  toute  nécessité  une  hyperéinie  active  et  des  phénomènes  d'ev- 
4'itatiou  nutritive  des  reins  pour  obtenir  la  transsudation  de  rallNunine,  il  est  lout 


ALBUMINURIE.  459 

natordqoeflOtts  finOoence  de  circonstances  adjuvantes,  telles  que  le  froid  et  la 
tendance  oongesiive  créée  par  les  fièvres,  ces  phénomènes  fonctionnels  dépassent 
la  mesure  et  s*élèvenl  jusqu'au  degré  de  la  phlegmasie  proprement  dite.  Il  n'est 
pis  rare  en  effet  que  les  choses  se  passent  ainsi,  et  dans  ce  cas  Talbumine  versée 
dans  la  sécrétion  urinaire  n'exprime  plus  simplement  l'excédant  à  éliminer  de  la 
masse  sanguine  ;  elle  est  en  raison  composée  de  cette  dyscrasie  et  de  l'intensité 
du  travail  inOanunatoire,  constituant  ce  qu'il  conviendrait  d'appeler  une  néphrite 
dbumineuse  secondaire. 

U  lésion  rénale  acquiert  donc  en  certaines  circonstances  une  valeur  considé- 
nhk  dans  l'étiologie  de  l'albuminurie.  Ce  n'est  pas  tout.  Il  est  permis  de  se  de- 
mander jusqu'à  quel  point  une  suractivité  fonctionnelle  des  reins  ne  pourrait  pas 
être  quelquefois  le  phénomène  initial  dont  tous  les  autres  dépendent.  Le  mécanisme 
dera(fection  ne  serait  pasdiflicile  à  comprendre.  Les  reins,  primitivement  irrités, 
dépouilleraient  à  chaque  instant  le  sang  d'une  partie  de  son  albumine.  Le  déficit 
^^rait  impossible  à  combler  par  l'alimentation  et  par  la  dénutrition.  Il  en  résulte- 
rail  directement  l'hypoleucomatie,  et  indirectement,  par  insuifisance  des  éléments 
protéiques,  l'appauvrissement  de  la  constitution,  la  macilence,  la  chloro-anémie  et, 
à  la  longue,  un  état  cachectique  avancé.  Hais,  remarquons-le  bien,  cette  néphrite 
ttOmmineuse  piimUive  (endonéphrite  exsuiative  de  M.  Bouillaud)  ne  serait  pas 
relie  autour  de  laquelle  les  auteurs  ont  fait  pivoter  toute  la  maladie  de  Bright. 
Loin  de  produire  par  elle-même  l'ensemble  symptomatique  qui  caractérise  cette 
espèce  nosologique,  elle  déterminerait  plutôt  une  sorte  de  plithisie,  ou  de  con- 
•^omption  analogue  à  l'épuisement  qui  résulte  des  suppurations  abondantes,  con- 
sécutives aux  vastes  brûlures.  Bien  que  l'observation  ne  se  soit  pas  encore  pronon- 
rresur  la  réalité  des  faits  de  ce  genre,  j'incline  pourtant  à  en  admettre  l'existence. 
A  côté  de  la  phéthore  albumineuse,  suivie  de  diabète  leucomurique,  nous  aurions 
|or  conséquent  une  sorte  d'incontinence  d'albumine  due  à  la  fluxion  rénale  et , 
«tmime  dans  lapoljdipsie  comparée  à  la  polyurie,  le  rein  serait  tantôt  l'aboutis- 
»nt,  tantôt  le  point  de  départ  des  phénomènes  morbides. 

Nais  si  l'observation  ne  s'est  pas  encore  prononcée  formellement  en  faveur  de  la 
fluxion  rénale  avec  exsudation  albiunineuse,  comme  entité  morbide  distincte,  il 
est  du  moins  indubitable  que  l'activité  des  organes  sécréteurs  de  l'iu-ine  n'est  pis 
toujours  exactement  proportionnelle  h  la  masse  d'albumine  qu'il  s'agit  de  rejeter 
au  dehors.  Stokvis,  ayant  injecté  dans  les  veines  la  solution  d'un  poids  déterminé 
de  blanc  d*(Buf,  a  constaté  que  l'albuminurie  dure  plusieurs  jours  et  que  la  quan- 
tité d'albumine  éliminée  dépasse  de  beaucoup  celle  qui  a  été  introduite  dam  la  cir- 
culation, ce  qui  ne  s'explique  bien  que  par  une  modalité  durable  dos  reins.  Une 
foi»  xortie  de  ses  limites  normales  pai*  l'excitation  d'un  stimulant  insolite,  cette 
activité  fonctionnelle,  dépassant  le  but  et  se  prolongeant  ainsi  que  Thyperémie, 
peut  survivre  à  sn  cause. 

Le  rein  entretient  alors  l'albuminurie  pour  son  propre  compte.  Et,  lors  même 
que  la  siiperalbumtnose  sanguine  persiste  avec  ses  conditions  diathésiques,  le  tm- 
^^1  exagéré  du  rein  jette  souvent  dans  l'urine  un  surcroit  d'albumine  :  en  sorte 
<|ne  la  proportion  de  ce  principe  dans  le  liquide  urinaire  est  loin  d'exprimer  tou- 
jours l'excédant  h  éliminer.  Ce  rapport  exact  n'existe  guère  que  dans  les  formes 
lentes  et  atténuées  de  la  maladie  de  Bright,  dont  les  premièreà  périodes,  à  I  ét^it 
Utenl,  se  confondent  avec  la  chloro-anémie  pnre  et  simple  et  passent  inaperçues. 
Mais  lootes  les  fois,  au  contraire,  que  le  (Ichut  de  rafrt^ctton  est  brusque,  son 
«llwre  préripitéo  et  sa  forme  tant  soit  peu  violente,  l'irritation  n»nale  poussée 


460  ALBUMINURIE. 

jusqu'à  Ja  plilogosc  sépare  beaucoup  plus  de  principes  proléiques  qiie  ne  l'nijre 
la  surcharge  albumiaeuse  du  sang.  On  conçoit  d'apiès  cela  que  si  celle  byprr* 
crinie  se  prolonge,  le  sérum  dépouillé  de  sou  albumine  n'en  préseotera  pins  â 
l'analyse  qu'une  proportion  inférieure,  non-seulement  par  rapport  au  chiffre  nor- 
mal, mais  même  eu  égard  à  la  masse  des  globules.  Seulement  celte  diminution 
absolue  de  la  quantité  d'albumine  dans  le  sang  n'est  qu'une  oonséquence,  un 
accident  de  la  maladie  primitive  ;  il  faut  se  garder  de  la  prendre  pour  la  cause  on 
la  condition  essentielle  et  nécessaire.  Les  partisans  exclusifs  de  h  néphrite  ne  sont 
ps  plus  autorisés  à  s'en  servir  en  faveur  de  rantériorilé  absolue  de  la  lésion  que. 
d'accord  en  cela  avec  leurs  adversaires  quand  même,  ils  n'ont  le  droit  de  lui  attri- 
buer les  hydropisies  multiples  et  d'autres  phénomènes  généraux  de  h  maladie  d<> 
Bright. 

Au  reste  il  n'est  pas  rare  de  voir  dans  le  cours  d'une  même  affection  se  siiooéder 
les  deux  espèces  d'albuminurie  que  nous  décrivons  ici.  Tantôt  la  scène  s'ouvre  pr 
la  superalbuminose  sanguine  et  l'issue  de  l'excédant  d'albumine,  pour  se  fenn^r 
par  l'endonéphrite  exsudative  ;  tantôt  c'est  l'inverse  qui  a  lieu.  Souvent  encore  b 
dyscrasie  sanguine  et  la  fluxion,  ou  même  la  pblegmasie  rétiale,  se  produisent  s|b 
fois,  et  indépendamment  l'une  de  l'autre,  sous  l'influence  d'une  même  cause,  telle 
qu'un  refroidissement.  Maintenant,  pour  ce  qui  est  de  l'intensité  relative  desdein 
ordres  de  lésions,  celles  du  sang  et  de  l'organe  sécréteur,  de  leur  époque  d'appirv 
tion  et  de  cessation,  ou  de  la  durée  de  leur  coexistence,  les  Caitscliniques réalisent 
toutes  les  combinaisons  imaginables.  Ainsi  l'albuminurie  primitive  de  la  scarb* 
tine,  celle  qui  l'accompagne  dans  sa  période  d'augment  et  d'état,  résulte  de 
l'hyperleiicomatie  sanguine,  habituelle  aux  fièvres  graves  avec  tendance  à  la  mali- 
gnité. L'albuminurie  scarlatineuse  secondaire,  celle  qui  survient  dans  la  fkîoAf 
de  desquamation,  dépend  aussi  bien  de  la  néphrite  que  de  la  dyscrasie.  C'est  toui 
l'inverse  dans  le  cantharidismc.  Le  rein  s'enflamme  d'abord  et  laisse  exsuder  de 
l'albumine.  Si  la  fièvre  s'allume  et  prend  des  proportions  sérieuses,  il  s'y  ajoute 
une  hyperleucomatie  qui  apporte  son  tribut  dans  l'urine  déjà  rendue  albuminea!»* 
.par  le  fait  de  la  néphrite.  Enfin  les  deux  causes  naissent  simultanément,  krsquele 
corps  est  saisi  par  un  froid  rigoureux  et  prolongé  qui  bouleverse  les  fondions  de 
nutrition  et  d'hématose,  en  même  temps  qu'il  refoule  le  sang  du  côté  des  viscères 
ot  particulièrement  vers  les  reins. 

X.  Modes  d'extravasatiom  de  l'albominb  DRiniiinB  et  corditiohs  favorables  « 
r.\  productio?!  dd  phénomène.  Apre»  avoir  établi  que  l'hyperleucomatie  sansnine 
est  la  cause  déterminante  du  trouble  sécrétoire  du  rein,  et  que  la  sub-inflamina- 
tion  de  ce  dernier  est  la  condition  instrumentale  de  l'exhalation  albuniineuse,  il 
nous  reste  à  déterminer  d'abord  les  modes  suivant  lesquels  s'effectue  le  passage  de 
l'albumine  dans  l'urine,  et  ensuite  les  circonstances  qui  favorisent  le  phénomène 

Si  l'albumine  du  sérum  ne  pouvait  pas  plus  s'exosmoser  au  travers  des  roenn- 
branes  animales  que  no  le  fait,  dans  la  remarquable  expérience  de  H.  Mialhe,  ceWt 
de  l'œuf  par  rapport  à  la  taie  qui  double  la  coquille,  il  est  clair  qu'il  faudrait  ima- 
giner des  milliers  de  ruptures  capillaires  pour  expliquer  son  extravasation  cbei  ie> 
ulbuminuriques.  Mais  il  n'est  pas  besoin  de  cette  multitude  d'effiradîoos  arté- 
rielles, un  simple  changement  du  filtre  rénal  suffit.  En  effet,  suivant  les  reniar- 
ques  de  MM.  Longet,  Melsens,  Uobin,  Verdeil  et  Wûrtz,  toutes  les  substances  alhiH 
minoides  en  circulation  dans  le  sang  s'éloignent  du  blanc  d'œuf  par  leur  rUi 
moléculaire.  De  plus  elles  possèdent,  à  l'exclusion  de  celui-ci,  d'après  les  exp^ 
riences  de  Schmidt,  Rriicke,  Rotkin;  Funke  et  Pavy,  le  priviléee  de  filtrer  à  ^^^- 


ALBUMINURIE.  461 

lers  les  pores  organiques.  Dès  lors  il  est  tout  naturel  d'invoquer  la  laculté  dios- 
motique  de  raihumine,  pour  rendre  compte  de  son  apparition  dans  l'urine,  à  la 
(tHidition  toutefois  de  se  souvenir  que  cette  faculté  ne  peut  s'exercer,  si  le  rein 
n'épfYNive  pas  des  changements  anatomiques,  d'où  résulte  la  perméabilité  de  ses 
capillaires  pour  l'albumine  :  celle  de  toutes  les  substances  colloïdes  qui  résiste  le 
[dus  à  la  dblyse  opérée  par  les  membranes  organiques.  Pour  bien  concevoir  en 
qooi  consistent  ces  changements  anatomiques,  il  faudrait  avoir  acquis  des  notions 
positives  sur  la  ionction  rénale  à  l'état  physidpgique.  Malheureusement  la  science 
(^  loin  d*é(re  fnée  sur  cette  question.  Quel  est,  par  exemple,  l'usage  de  ces  tuben 
de  Uenle^  réceunnent  découverts  et  si  bizarrement  agencés  autour  de  ceux  de 
Bellini,  avec  lesquels  pourtant  ils  semblent  n'avoir  aucune  communication?  Toute 
ronjeclure  à  cet  égard  serait  téméraire. 

On  admettait  autrefois,  d'après  Bowman,  que  les  pelotons  vasculaires  contenus 
<la»s  les  renflements  terminaux  des  tubes  de  Bellini  versaient  simplement  Teau 
flans  les  canalicules,  et  que  les  cellules  épithéliales  de  ceux-ci  séparaient  les  autres 
principes  de  l'urine.  L'opinion  de  Ludwig,  qui  accorde  tout  aui  glomérules  de 
Valpighi,  commence  à  prévaloir  maintenant.  Je  ne  saurais  pourtant  m'y  rendre 
saus  quelques  réserves.  En  effet,  bien  que  le  liquide  fourni  par  les  reins  réponde 
mieux  que  tout  autre  peut-être  à  Tidée  contenue  dans  le  mot  c  sécrétion  »  (secer- 
nere,  séparer),  cependant  il  ne  peut  être  considéré  comme  résultant  d'une  filtration 
pure  et  simple,  attendu  que  les  principes  organiques  de  l'urine  diffèrent  sensible- 
ment de  leurs  analogues  dans  le  sang.  Le  pigment  urinaire  normal  n'est  pas  exac- 
tement celui  du  sérum,  et  jusqu'ici  rien  ne  prouve  que  la  matière  chromatogène 
qui  donne  naissance  à  du  bleu  préexiste  dans  la  circulation.  Sans  accorder  aux  . 
reîjis  un  pouvoir  formateur  comparable  à  celui  d'autres  glandes,  on  doit  recon- 
naître qu'ils  sont  capables  de  modifier  du  moins  l'état  moléculaire,  et  même  de 
détenniner  le  dédoublement  de  certaines  substances  organiques.  Cet  ébranlement 
f-t  cette  catalyse  auraient-ils  le  temps  de  se  produire  pendant  le  court  instant  de 
U  filtratiou  au  travers  des  vaisseaux  des  glomérules?  On  l'ignore  ;  mais  j'incline- 
rais plutôt  à  admettre  la  nécessité  d'un  séjour  moins  bref  au  contact  d'organes  spé- 
ciaux, tels  que  l'épitbélium  des  /utm/i,  fonctionnant  à  la  manière  des  cellules  d'en- 
ciiyme  hépatique.  A  la  vérité,  je  n'ai  vu  habituellement,  dans  l'intérieur  des 
•'-Jêments  épithéliaux  des  reins,  aucunes  particules  microscopiques  des  principes 
^ilides  de  l'urine  (urée,  acide  urique,  pigment,  etc.),  tandis  que  tout  le  monde  a 
itmstaté  la  cholépyrrhine,  la  graisse  fluide,  l'acide  margarique,  etc.,  dans  les  cel- 
lules des  acmi  du  foie.  Hais  l'objection  tombe  devant  celte  simple  remarque  que 
t-:»  matériaux  urinaires  sont  tous  solubles,  et  que  l'eau  est,  eu  tout  cas,  assez  abon- 
dante pour  les  maintenir  totalement  en  dissolution  à  la  température  intérieure 
dl?57^ 

Au  reste,  la  théorie  n'exige  pas  que  la  mutation  des  produits  empruntés  au  sang 
ait  lieu  dans  la  cavité  des  cellules  épithéliales;  car  ces  petits  organes,  agissant  en 
ivia  à  b  manière  de  ces  êtres  microscopiques  placés  dans  les  étages  inférieurs  des 
deux  rc^es,  de  ces  ferments  par  excellence,  sur  le  mode  d'action  desquels  les  tra- 
vaux de  M.  Pasteur  ont  jeté  ime  si  vive  lumière  jouissent  à  un  certain  degré  de 
la  faculté  de  métamorphoser  en  dehors  d'eux  les  substances  organiques.  A  suppo- 
"^  que  tous  les  matériaux  urinaii'es  s'extravasent  à  la  fois  des  capillaires  des  glo- 
mérules, ik  auraient  donc  à  subir  une  modification  ultérieure  pour  revêtir  la  forme 
définitive  que  nous  leur  connaissons  dans  l'urine  sécrétée. 

Malgré  ces  restrictions,  on  peut  admettre  comme  fondée  l'opinion  qui  fait  jouer 


m  ALbUMINURlE. 

aux  peluloiis  vasculaires  de  Mal|)ighî  le  rôle  essentiel  dans  la  sécréliou  urimire,  t*t 
considérer  d'après  cela  Tapparition  de  ralbumitie  reoonuue  drasmotique,  oomme 
le  résultat  d'une  filtration  au  travers  des  capillaires  des  gloméruks,  dont  It^ 
parois  sont  préalablement  niodifiées  dans  le  sens  de  la  fluiion  active  oo  de  la  sob» 
inflammation.  Mais  celte  transsudation  est-elle  l'unique  procédé  pr  leiiiiei  raUm- 
mine  s*épanclie  dans  l'urine?  L'analogie  nous  autorise  à  en  admettre  dem  aut^e^. 

Comme  tous  les  organes  de  l'économie,  le  rein,  fortement  enflammé,  exhale  wi 
plasma  albimiino-fibrineux,  non  plus  par  simple  perspiration,  mais  bien  par  l'inler- 
médiaire  de  ses  éléments  constitutifs  atteints  d'exaltation  nutritive  et  plastique,  ri 
conséquemment  en  voie  d'hypertropbie,  de  multiplication  ou  de  proliiératâon 
Seulement,  en  i*aison  de  sa  structure  et  de  ses  usages ,  la  glande  uropoîéîque  vew 
la  plus  grande  partie  de  son  plasma  du  côté  des  suifaces  libres  parcourues  par  U 
fluide  qu'elle  secrète,  de  telle  sorte  que,  ne  se  solidifiant  qu'en  partie  dans  1^ 
tubes  urinifèrcs,  dont  il  épouse  la  forme  (moule  de  la  substance  rénale,  renai 
€asts)yVexsvdùi  se  mêle  pour  la  plu|)art  h  l'urine  qui  continue  à  se  produire,  •*( 
lui  communique  sa  coagulabilité. 

Pour  que  ce  résultat  soit  obtenu,  il  n'est  même  pas  nécessaire  que  le  rein  soit 
aflecté  de  pblcgmnsie  parencbymateuso.  L'albumine  urinaire  peut  prorenir  de^ 
parois  des  tubulif  superficiellement  plilogosécs.  Elle  représente  alors,  amplifiée,  h 
niasse  de  substance  protéique  destinée  h  se  métamorphoser  en  cellnles  épitl»'^ 
liales.  Le  phénomène  est  tout  à  fait  comparable  à  celui  de  la  sécrétion  muco^lhi- 
mineuse  de  tous  les  catarrhes;  de  celui  des  voies  respiratoires  par  exemple,  dam 
la  bronchite  aiguë  ou  chronique. 

D'après  ces  considérations,  les  irrines  deviennent  albumineuses  :  1*  par  simi^* 
filtrdtion  séreuse  ou  par  diapédèse,  albuminurie  Iranssudntive  ;  S"  par  addition 
de  produits  phlegmasiques,  albuminurie  exsudative;  3*  par  desquamation  cxa^ié- 
rée  des  canalicules  et  défaut  d'organisation  de  la  substance  protéique  destinée  à  h 
rénovation  épithéliale,  albuminurie  catarrhale. 

Telles  sont  les  trois  espèces  admissibles  au  point  de  vue  du  mode  suivant  leqtv*' 
l'albumine  s'échappe  de  ses  réservoirs  pour  se  perdre  dans  les  conduits  uriniJèn^ 
|ja  dernière  paraît  devoir  se  rencontrer  comme  élément  principal  dans  les  idik^ 
goses  légères  des  reins  dues  à  la  goutte,  à  certains  empoisonnements  dironiquf^. 
ou  consécutives  à  la  pyélite.  La  seconde  s'observe  dans  le  canlharidisme  et  dan^ 
les  néphrites  aiguës,  intenses,  produites  |iar  les  agents  toxiques  ou  par  le  froid 
La  première  enfin  s'ajoute  aux  précédentes,  et  appartient  plus  spécialemetil  an\ 
albuminuries  transitoires  des  pyrexies  et  des  phlcgmasies,  ainsi  qu'à  la  das-^ 
nombreuse  des  maladies  de  Bright. 

Les  procédés  par  lesquels  l'albumine  se  déverse  dans  l'urine  peuvent  se  nnmir 
deux  à  deux  ou  les  trois  ensemble.  C'est  même  ce  qui  a  lieu  le  plus  ordinairement 
La  quantité  de  substance  protéique  éliminée  est  dans  ce  cas  la  somme  des  quot»^^ 
parts  fournies  par  la  sécrétion  catarrhale,  le  travail  phlegmasique  et  la  tranâsudj- 
tion  séreuse.  Dans  le  diabète  leucomurique  et  nombre  d'autres  albmnimine,  li 
prescpie  totalité  de  la  substance  protéique  provenant,  selon  les  idées  reçues,  dr  li 
simple  transsudation,  c'est  ce  procédé  que  nous  aurons  spécialement  en  voc  d^ri^ 
l'étude  subséquente  des  causes  adjuvantes  de  la  sécrétion  tnorbide. 

Les  conditions  qui  favorisent  l'exhalation  albumineuse  sont  varices,  et  se  ratt  i 
rhcnt  soit  au  rein,  soit  au  sang,  ou  bien  à  l'un  et  à  Tautre  simultanément. 

Influence  de  Vétat  anatùmique  et  du  degré  d* excitabilité  du  rein.  La  miiict^jT 
des  parois  vasculaires,  leur  friabilité  naturelle  ou  acquise  pir  le  Eiil  d'une  all»*-r* 


VLBUMINURIË.  46d 

lioii  graiijseuse  ou  amyloide  :  voilà,  du  oôté  du  rein,  des  circonstaiicea  qui  doivent 
tâvoriser  lexlravasation  séreuse.  Il  en  est  de  même  d'un  état  habituel  de  congés* 
tiou  ou  de  i^lpgose,  comme  aussi  des  modifications  laissées  dans  le  tissu  rénal  par 
une  plilegmasie  antérieui^.  Ou  me  saura  gré  de  ne  pas  m'arréter  davantage  sur 
ces  influences,  dont  chacun  saisit  à  première  vue  le  mécanisme  ei  la  portée.  Il 
n'est  pas  inutile  au  contraire  d'insister  un  peu  sur  la  valeur  pathogénique  du 
degré  d'excitabilité  olTert  par  la  glande  uropoiétique. 

L'emtahilité,  telle  que  Je  la  conçois,  est  cette  propriété,  bien  autrement  géné- 
rale que  l'irritabilité  de  llaller,  qui  appartient  à  tout  tissu  vivant,  comme  l'attrac- 
tion à  un  corps  pondérable  quelconque,  et  qui  lui  permet  de  ressentir  l'impression 
des  agents  extérieurs  et  de  se  modifier  conformément  à  cette  impression.  L'excita* 
bilité  se  montre  donc  partout,  indépendanmient  de  la  sensibilité  et  de  la  motricité. 
Dans  les  glandes,  elle  a  pour  but  de  mettre  le  tissu  sécréteur  en  rapport  avec  les 
substances  dont  la  moditication  et  Téliminatiou  lui  appartiennent,  et  qui  sont,  ainsi 
que  je  Tai  dit,  ses  stimulants  naturels. 

Faisant  à  l'albuminurie  l'application  de  ces  vues  physiologiques,  je  dirai  : 
dans  les  djscrasies  sanguines  et  les  cachexies,  le  rein,  devenu  plus  excitable,  re- 
roit  de  la  part  de  quantités  moyennes  ou  hyponormales  d'albumine  une  impression 
exagérée  à  laquelle  il  répond  par  des  modifications  aiiatomiques  et  des  troubles 
fonctionnels  qu'en  d'autres  ch'constances  ces  mêmes  doses  du  principe  protéique 
eussent  été  impuissantes  à  déterminer.  Hais  cette  donnée  serait  insuffisante  pour 
nendi'e  compte  de  toutes  les  particularités  du  phénomène  morbide,  attendu  que 
Talbuniiimnc,  loin  de  se  montrer  dans  tous  les  cas  d'appauvrissement  du  sang  et 
des  tissus,  n'appamit  au  contraire  que  dans  un  petit  nombre  d'états  cachectiques. 
11  laut  faire  intei-venir  une  autre  circonstance,  pour  expliquer  ce  privilège  i*éservé 
à  quelques  cas  spéciaux.  Je  la  trouve  dans  le  défaut  de  rapport  proportionnel  entre 
lalbumine  et  les  globules  (voir  la  discussion  des  analyses  du  sang  chez  les  albu- 
uiinuriques).  Â  l'état  normal,  les  cent  vingt-sept  parties  de  globules  attirent,  re* 
liennent  et  dissimulent  en  quelque  sorîe  les  soixante-dix  parties  d'albumine  du 
sénim.  Si  les  globules  augmentent,  le  sang  acquiert  une  plus  grande  capaciié  de 
saturation  pour  talbumine,  dont  la  quantité  absolue  peut  s'accroître  impuné- 
ment, conune  dans  la  pléthore.  Mais  lorsque  le  chiffre  des  hématies  s'abaisse  rela- 
tivement plus  que  celui  du  principe  coagulable,  la  portion  excédante  de  ce  der- 
nier, dégagée  de  toute  combinaison  organico-chimique,  demeure  pour  ainsi  dire 
libre  de  porter  son  action  sur  les  glandes  un>poïétiques.  C'est  ainsi  qu'un  sérum 
laiblement  albumineux  devient  une  cause  déterminante  d'albuminurie  aussi  bien 
que  celui  qui  renferme  un  excès  absolu  de  substance  albuminoïde.  En  d'autres 
termes,  les  globules,  eu  égard  à  la  capacité  de  saturation  du  sang  pour  l'albumine, 
semblent  jouei*  le  rôle  de  la  chaleur  par  rapport  à  la  capacité  de  l'air  pour  la  va- 
lseur d'eau.  Et,  de  même  que  la  vapeur  aqueuse  qui  excède  la  capacité  de  satura- 
tion de  l'atmosphère  pour  une  température  donnée  est  la  seule  que  dénote  l'hygro* 
niètre,  de  même  la  quantité  d'albumine  qui  dépasse  le  chiffre  proportionnel  exigé 
(Kir  les  hématies  est  la  seule  qui  fasse  impression  sur  la  glande  rénale. 

Ceci  posé,  on  conçoit  que  plus  l'exdtabilité  du  rein  sera  développée,  c'est*à-diic 
plus  cet  organe  sera  disposé  à  réagir  contre  ses  excitints,  plus  aussi  seront  prompts 
et  intenses  les  actes  éliminatoires  dont  il  est  spécialement  cliargé.  Chez  tel  sujet 
la  glande  urinaire  sera  très-sensible  à  un  excès  d'albumine  que  cheK  tel  autre  elle 
eût  patienunent  toléré.  Ajoutons  que  cette  différence  ^  native  ou  accidentelle^ 
n'exerce  pas  une  moindre  influence  sur  lalbuminurie  que  ne  font  les  condition» 


404  ALBUMINURIE. 

strucluraies  de  la  glaiide.  EUe  constitue  une  prédisposition  en  môme  temps  quaiic 
cause  adjuvante. 

Passons  aux  conditions  favorisantes  offertes  par  le  sang.  Elles  se  réduisait  a  deui 
principales  :  le  degré  de  concentration  de  la  solution  albumineuse  du  sérum,  et  la 
nature  spéciale  des  matières  albuminoides  présentes  dans  la  circulation. 

Influence  de  la  proportion  (Valbumine  en  dissolution  dans  le  sérum  et  et  la 
nature  spéciale  des  diverses  matières  albuminoïdes  en  eircuUuim,  U  niaa^c 
d'albumine  en  circulation  influe  de  deux  manières  sur  le  phénomène  leuooniiH 
rique  :  d*abord  en  excitant  plus  ou  moins  le  rein  h  un  foiictionnenient  anormal, 
ensuite  eu  lui  fournissant  des  quantités  variables  du  produit  à  éliminer.  Il  est  eM- 
dent  que  si  l'excès  d'albumine  est  la  cause  déterminante  de  sa  déperdition  par  k^ 
émonctoires,  plus  grand  sera  cet  excès,  plus  obligatoire  aussi  sera  Icxhafation  qoi 
doit  rétablir  l'équilibre  troublé.  D'im  «lutre  côté,  il  est  aisé  de  comprendre  que 
toute,  choses  égales,  il  y  aura  d'autant  plus  d'albumine  sécrétée  que  la  glande  um- 
pdétique  en  trouvera  davantage  dans  le  sérum  sanguin.  Ceci  rentre  d'ailleurs  d.in$ 
une  loi  expérimentale  bien  connue,  à  savoir  :  que  la  quantité  du  principe  dialysabie 
qui  filtre  à  travers  une  membrane  organique  est  proportionnelle  à  la  richesse  de  b 
solution  génératrice. 

Ainsi,  l'albumine  absolument  ou  relativement  excessive,  pousse  le  rein  à  scnw- 
difier  anatomiquement  pour  devenir  apte  à  l'exosmose  albuminense.  Puis,  uiu* 
fois  la  modification  produite,  le  degré  de  concentration  de  l'albumine  intenienl 
pour  régler  la  quantité  de  ce  principe  qui  transsude  |)ar  les  vaisseaux  émnlgeah 
en  vertu  de  la  diflusibilité  transitoire,  acquise  à  l'aide  du  changement  oi^nique. 
Cette  dernière  influence  est  la  seule  qui  puisse  figurer  parmi  les  causes  adjuvanle> 
de  la  sécrétion  allnimineuse  des  reins. 

A  cet  ordre  de  faits  se  rattache  une  circonstance  agissant  dans  le  même  sens  que 
l'augmentation  de  proportion  de  l'albumine  :  je  veux  parler  de  l'accroissement  in- 
solite des  sels  neutres  qui,  suppléant  en  partie  cette  dernière  dans  sa  propriété 
inspissante  du  sang,  eu  rendent  par  là  une  nouvelle  partie  disponible.  L'augroco- 
tation  relative  des  globules  manilésterait  une  influence  inverse,  attendu  l'attrac- 
tion qu'ils  exercent  sur  les  principes  protéiques  du  sérum,  et  la  puissance  d'adhésion 
à  l'aide  de  laquelle  ils  pourraient  les  retenir. 

Les  expériences  de  Parkesetles  miennes,  conlirniées  parcelles  de  Schiir(i  8551.  d' 
Mialhe  (i856)  et  de  Stokvis  (186i-63),  démontrent  qu'il  y  a  de  grandes  diflérenan 
au  point  de  vue  de  l'altération  des  urines,  dans  les  résultats  louniis  par  Tiutn» 
ductiou  des  diverses  sortes  de  matières  albuminoïdes.  L'albumine  de  Tœuf,  injecté 
dans  le  sang,  produit  invariablement  la  leucomurie,  tandis  que  TalUmiine  du 
sérum  ne  passe  pas  toujoura  dans  les  urines.  C'est  à  tort  qu'on  admet  riniioruil» 
de  cette  dernière.  Pavy  a  réussi  à  déterminer  l'albuminurie  en  injectant  da  bit 
ou  de  la  gélatine  dans  le  système  veineux.  Ce  n'est  donc  pas  l'albumine  dimi^ 
ment  introduite  dans  le  sang  qui  se  trouve  rejetée  aussitôt  par  Témonctoire  ivnal. 
le  rein  s'empare  indifféremment  de  toute  autre  portion  de  l'albumine  do  séniin. 
lorsque  celle-ci  est  devenue  relativement  excessive.  Sans  ajouter  de  raibumiru 
proprement  dite  au  sang,  si  Ton  y  verse  une  substance  proléique  quelconque  >u>- 
ceptible  d'en  tenir  lieu  daus  la  fonction  respiratoire  et  les  actes  nutritifs  t<  J^' 
ques,  l'albumine  préexistante  deviendra  en  partie  Mi|)erflue,  et  par  conséquent  I  ex- 
cédant s'éliminera  par  la  sécrétion  urinairc.  Suivant  toute  appareuoe,  les  DKitièx<> 
albiuuinoides  injectées  daus  le  sang  s'échappent  en  |iartie  conairremment  *^^ 
l'albumine  vraie»  Je  ne  saclie  pas  que  la  rcchci'che  en  ait  été  faite  dan»  ces  ciiu<i* 


ALBUMINURIE.  465 

stances;  oé  qui  est  oertaiii,  c'est  que  l'albumine  proprement  dite  ap(iaraii aloi-s 
dans  Turine  où  il  est  aisé  de  la  constater.  Hais  ou  réussira  toujours  plus  sûrement 
à  produire  ralbuminurie  en  apportant  de  ralbumine  pnqprement  dite,  la  moins 
directement  utilisable,  ou  destniclible,  de  toutes  les  substances  protéiques  faisant 
partie  de  l'organisme  animal. . 

Ainsi,  une  substance  proléique  sera  d'autant  plus  rite  éliminée,  toutes  choses 
égales,  qu'elle  se  prêtera  moins  aisément  et  moins  directement  aux  métamor- 
pboses  d'où  dépend  la  restauration  de  nos  organes,  ou  bien  aux  transformations 
rétrogrades  qui  doivent  &ire  rentrer  les  principes  immédiats,  relativement  très- 
oom|ilexes,  de  nos  tissus,  dans  les  composés  plus  simples  du  règne  inoiiganique. 

Une  autre  cûxonstance,  en  rapport  avec  la  nature  variée  des  matières  albumi- 
noides,  exerce  également  une  influence  considérable  sur  la  quantité  d'albumine 
dont  les  urines  se  chargent  dans  le  cours  des  divers  états  morbides  :  je  veux  parler 
de  la  lacullé  plus  ou  moins  développée  qu'ont  les  dilférentes  modifications  de 
l'albumine  de  traverser  les  membranes  animales,  en  un  mot  de  leur  difliisibilité. 

Graham,  dans  le  beau  travail  {bialysisar  tiquii  diffusion  applied  to  analysis) , 
qu'il  a  communiqué  à  la  Soci^  royale  de  Londres,  divise  les  corps  en  deux 
cbsses  :  coUoides  et  aHstallotdes  ;  les  premiers  étant  relativement  fixes  eu  égard 
à  la  dialyse,  et  les  autres  étant  plus  ou  moins  difTusibles.  Eh  bien,  l'on  se  fem 
idée  de  la  résistance  de  l'albumine  à  traverser  les  membranes,  quand  on  saum 
qu'elle  est  deux  fois  et  demie  moins  dialysaUe  que  la  gomme  qui  l'est  fort  peu,  et 
mille  fins  moins  que  le  chlorure  de  sodium.  A  la  vérité,  la  faculté dûwma^ifiie  de 
Talbumine  augmente  assez  rapidement  à  mesure  qu'elle  s'éloigne  du  type  oflert 
parle  Uanc  d'œuf  pour  arriver  à  celui  de  ralbuminose.  Par  exemple,  Funke  a 
établi  expérimentalement  que,  dans  les  mêmes  conditions  de  concentration,  de 
piessiou,  etc.,  il  filtre  deux  fois  autant  de  peptone  que  d'albumine  pi-oprement 
dite,  la  quantité  d'eau  dialjsée  étant  d'ailleurs  égale.  Il  en  résulte  que  certains 
états  moléculaires  de  ralbumine  favorisent  singulièrement  son  issue  à  travers  les 
«aisseaux  des  glomérules  de  Malpighi  et  des  canalicules  initiaux  de  l'urine.  Les 
«ibsUnces  albuminoides  plus  bas  placées  dans  l'échelle  organique  filtrent  encore 
plus  facilement  ;  aussi  l'urine  normale  renferme-t-«lle  toujours  une  matière  azotée 
prèdpitaUe  par  le  tannin  et  l'alcool. 

htvj  ayant  institué  des  expériences  dialytiqucs  avec  des  albumines  et  des  mem- 
branes diverses,  notamment  avec  l'albumine  des  sérosités  et  avec  la  séreuse  péri- 
(inlique  pour  diaphragme,  a  constaté  de  grandes  différences  de  diffusibilité  entre 
des  Uquides  semblables,  pris  quelquefois  chez  le  même  sujet.  Il  incline  même  à 
attribuer  à  cette  diffusibilité  plus  grande  de  l'albumine  introduite  par  l'absorption 
digestive  la  plus  forte  proportion  d'albumine  dans  l'urine  de  la  nouirilure.  Cette 
i^utoastancc,  je  l'accorde,  entre  pour  (fuelque  chose  dans  la  production  du  phéno- 
mètie;  mais  elle  n'est  assurément  pos  la  seule  ni  la  principale.  Les  conditions  pu- 
tlM^niques  les  plus  efficaces  sont  l'augmentation  de  la  proportion  d«*s  principes 
protéiques  et  la  congestion  rénale  consécutive.  Pour  que  l'opinion  de  l'ingénieui 
expérimentateur  anglais  fût  valable,  il  faudrait  que  la  substance  éliminée  AU  celle 
qui  a  été  introduite  dans  la  circulatiou,  et  que  non-seulement  l'albuminurie  se 
montrât  de  préférence  api^  l'ingestion  des  albumines  dialysables,  mais  encore 
qu  elle  fût  directement  proportionnelle  à  la  faculté  difliisible  de  chacune  de  ces 
Mibstances  quaternaires.  Or,  c'est  ce  qui  n'a  pas  lieu.  Premièrement,  ce  n'est  pas 
1  aUwjninose qui  augmente  dans  l'urine  de  la  digestion,  mais  lalbumine  propre* 
inciit  dite.  Secondement,  j'en  appelle  aux  expériences  de  Pavy  lui-même:  on  in- 

WCT.  EKC.  II.  50 


Atàa  ALBUMINURIE 

jecle  du  lait  ou  de  la  gélatine,  et  ranimai  pisse  de  l'albumine.  Eu  tiXNa&me  lieu. 
on  mange  de  Talbumine  d'œuf,  dont  la  faculté  diosmotique  est  la  plus  faible,  et 
1  on  devient  momentanément  albuminurique,  tandis  que  ralimentation  par  le 
bouillon,  la  viande  et  par  le  boudin  (sang  coagulé)  n'a  jamais,  que  je  sad»,  dé- 
terminé Talbuminurie  chez  un  homme  bien  portant.. 

Pour  se  rendre  compte  de  cette  diurèse  à  peu  près  exclusive  d'albumine  vraie, 
substance  si  peu  dialysable,  on  est  même  tenté  de  supposer  une  séquestratioo 
momentanée  des  autres  principes  naturellement  plus  diffusibles,  séquesiration  qui 
aurait  lieu  dans  le  foie,  je  le  suppose,  et  s  accompagnerait  du  déplacement  de 
lalbumine  antérieurement  emmagasinée  dans  cette  glande.  D'après  cette  hyportiès(\ 
les  matières  albuminoîdes,  introduites  artificiellement  ou  par  l'absorption  digestive, 
ne  circuleraient  pas  librement  dans  le  système  vasculaire,  ou  du  moins  elles  ne 
larderaient  pas  i  s'arrêter  dans  le  parenchyme  hépatique  en  ss  substituant  au\ 
principes  protéiques,  plus  difTicilcs  à  assimiler  ou  à  transformer,  qui  roccupaieot 
d'abord. 

En  présence  de  résultats  si  différents  obtenus  soit  par  les  expérimentateurs,  soit 
par  les  cliniciens  lorsqu'ib  ont  intiioduit  dans  la  circulatiou  tantôt  de  l'albumine 
d  œuf)  tantôt  d'autres  substanices  albuminoïdes,  telles  que  l'albumine  du  séruni,  la 
fibrine  de  la  chair  musculaire,  etc.,  il  est  difficile  d'admettre,  conformément  am 
idées  régnantes,  que  le  suc  gastrique  convertit  définitivement  en  une  matière 
unique,  toujours  identique,  les  aliments  azotés  ingérés  dans  l'estomac.  Si,  apiès 
avoir  subi  l'action  de  la  pepsine,  la  viande  et  le  blanc  d'œuf,  également  transfor- 
més en  peptoiie,  no  gardent  plus  rien  de  leurs  caractères  primitifs,  comment  <c 
fait-il  que  des  poids  égaui  de  l'une  et  de  l'autre  substance  ne  se  comportent  pa^ 
de  même  dans  l'intérieur  de  l'oi^ganisme,  ni  comme  aliments,  ni  comme  ageii(> 
|)erturbateurs,  selon  les  cas?  Comment  se  iait-il  qu'on  soit  moins  nourri  pr  du 
caséum  ou  de  l'albumine  que  par  une  masse  égale  de  fibre  musculaire,  et  pourquoi 
l'albumine  type,  après  avoir  parcouru  le  tube  digestif  et  s'être  introduite  dans  k^ 
absorbants  sous  forme  de  peptone,  provoque-t-elle  plutôt  raibuminorie  que  ne  lait 
la  syntonine  pareillement  modifiée  par  l'estomac,  et  pareillement  transformée  eu 
peptone?  La  raison  de  tout  cela  la  voici  :  c'est  que  la  peptone  n'est  pas  une  seuk 
substance  spécifiquement  distincte  de  toute  autre  ;  elle  est  le  mélange  intime  de> 
formes  liquides,  incoagulables,  de  toutes  les  matières  pititéiques  alimentaires,  mo- 
mentanément confondues  dans  un  cnsennble  de  propriétés  négatives.  Par  lëlode 
physio-|)athologique,  j'ai  acquis  depuis  quinze  ans  cette  conviction,  partagée  au- 
jourd'hui par  M.  Lutou,  de  même  que  M.  Duccmi  y  est  arrivé  de  son  odié  pr 
l'analyse  chimique,  c  Chaque  matière  albuminoiide,  dit  ce  judicieux  observateur, 
se  transforme  par  la  digestion  en  une  matière  solublc  isomérique.  >  Ajoutons  que, 
INU'veuues  dans  la  circulation  sanguine,  elles  reprennent  leui*s  qualités  preaiièr& 
eu  revêtant  des  formes  plus  ou  nioius  aptes  à  une  parfaite  assimilation,  et  qu'ellt» 
coutinueiit  à  se  comporter  difTércnuuent  eil  présence  des  glandes  liémato-poiéii- 
ques,  du  gaz  comburant  et  des  organes  à  réparer. 

Les  recherdies  de  Funke  démontrent  que  dès  son  entrée  dans  le  sj^lème  san- 
guin le  chyle  possède  déjà  de  l'albumine  proprement  dite,  en  prtie  introduite 
dans  les  chyliferes  par  les  vaisseaux  lymphatiques,  en  partie  reformée  sans  douttf 
aux  dépens  de  la  peptone  alimentaire.  Nous  attendons  des  analyses  plus  délicates 
et  plus  difficiles  eucore,  établissant  la  réalité  d'un  i-etour  de  la  chair  muscobire, 
liquéfiée  par  le  suc  gastrique,  à  l'état  de  syntonine  ou  de  fibrine. 

Influence  de  la  pression  sanguine.    Le  sang  et  les  vaisseaux  ont  une  |«rt  é^'ale 


ALBUMINURIE.  4f»T 

dans  la  condition  mécanique  dont  nous  allons  apprécier  la  valeur  causale,  car  lu 
tension  Tascnlaire  et  la  poussée  sanguine  sont  exactement  corrélatives.  Ainsi  que 
devaient  le  faire  prévoir  les  lois  connues  de  l'exosraose,  confirmées  en  ce  qui 
re^nJe  Talbumine  par  les  expériences  récentes  des  pathologistes  allemands,  ces 
deux  phénomènes  inséparables  contribuent  activement  à  la  filtration  albumineusc. 
i)*ailleurs  lobservation  clinique  et  les  vivisections  démontrent  rcliicacité  de  Taug- 
mentalion  de  pression  latérale  dans  les  capillaires,  pour  aider  à  la  traiissudatiou 
aibumineuse,  ou  même  pour  la  produire  de  vive  force. 

On  savait,  depuis  les  mémorables  recherches  de  M.  Bouillaiid,  la  constance  des. 
cfonchements  séreux  consécutivement  aux  oblitérations  veineuses.  De  là  aux  albu- 
iniDiiries  par  thrombose  des  veines  rénales  il  n  y  avait  qu'un  pas;  mais  des  expéri- 
mentations variées  sont  venues  prêter  leur  appui  à  cette  manière  de  voir.  Les 
moins  probantes,  parce  qu'elles  comportent  plusieurs  interprétations,  sont  celles  de 
Kosler,  répétées  par  Kicruif  et  Goll  :  on  injecte  dans  le  système  circulatoire  une 
assef  ^nde  quantité  d'eau  pour  augmenter  subitement  la  masse  sanguine  et 
déterminer  rnie  forte  tension  vasculaire;  aussitôt  Talbumine  s'échappe  pur  les 
neins.  A  la  vérité,  dans  cette  opération,  les  reins  laissent  sourdre  quelquefois  du 
san^'  en  nature,  ce  qui  donnerait  à  croire  qu'il  ne  s'agit  pas  d'une  simple  transsu- 
dation  d'albumine,  mais  bien  de  petites  déchirures  capillaires,  livrant  passage  à  de 
la  sérosité  accompagnée  ou  non  d'hématies.  En  outre,  la  diminution  extrême  de  la 
densité  du  sérum  par  dilution  aqueuse  ne  pourrait  manquer  de  favoriser  l'exoNnosc 
àe  l'albumine  globulaire,  ce  qui  déterminerait  instantanément  la  superalbuminose 
lignine  et  provoquerait  l'albuminurie,  quand  bien  même  il  n'en  existerait  pas 
d'autre  cause.  Néanmoins,  on  accordera  que  si  Thydrémie  artificielle  distaid  les 
[«rois  vasculaires  à  ce  point  d'en  déterminer  la  rupture,  elle  est  bien  capable  de 
les  amener  au  degré  de  tension  qui  rend  plus  facile  la  filtration  aibumineuse. 

La  méthode  des  oblitérations  partielles,  qui  comprend  deux  procédés,  n'est  guèie 
plus  péremptoire.  Hcrmann  lie  une  ou  plusieurs  branches  de  l'artère  rénale  de 
manière  à  forcer  toute  l'ondée  amenée  par  le  tronc  principal  à  so  pi-écipiter  par  un 
canal  insuflisant  ;  il  en  résulte  momentanément  une  poussée  énorme  dans  la  por- 
tion comespondante  du  réseau  capillaire,  et  l'albuminurie  survient.  Panum  obtient 
lo  même  résultat  en  oblitérant  certaines  branches  artérielles  par  des  masses  embo- 
tiques  de  petit  calibre  lancées  dans  le  torrent  cii-culatoire.  Or,  dans  ces  deux  cas, 
raccroîsdement  de  pression  n'est  pas  la  seule  circonstance  qui  puisse  expliquer 
1  albuminurie,  il  est  permis  de  iaire  intervenir  la  congestion  active  et  même  inflam- 
matoire, ou  bien  la  phlegmasie  par  présence  de  corps  étrangers  dans  le  tissu  rénal. 

La  seule  preuve  expérimentale  qui  soit  à  l'abri  de  toute  objection  est  fournie 
par  la  ligature  de  la  veine  émulgente:  on  la  doit  à  6.  Robinson,  qui  a  pratique 
cette  opération  depuis  plus  de  vingt  ans  dans  le  but  d'éclairer  la  pathogénie  de 
TafTection  qui  nous  occupe.  L'arrêt  subit  de  la  circulation  en  retour  détermine 
dlofs  de  prodie  en  proche  la  stase  jusque  dans  les  capillaires  ;  le  flux  artériel  ren- 
ftmtre  là  un  obstacle  insurmontable,  il  en  résulte  à  chaque  ondée  sanguine  une 
tension  vasctilaire  excessive  et  des  ruptuies,  ou  tout  au  moins  un  suintement  de 
féroiité  aibumineuse,  c'est-à-dire  l'albuminurie.  Avec  quelques  précautions,  en 
serrant  par  exemple  progressivement  la  ligature  de  manière  à  n'interrompre 
«Hièrenient  le  cours  du  sang  veineux  qu'au  bout  de  plusieurs  heures  ou  de  quel- 
ques jours,  on  arriverait  à  prévenir  les  solutions  de  continuité  et  à  produire  de 
simples  albuminuries,  exemptes  de  tout  mélange  de  globules  sanguins. 

I^e  tous  ces  laits  il  ressort  que  raugmentation  de  pression  hydraulique  dans  le 


468  ALBUMINURIE. 

système  circulatoire  ne  se  borue  pas  à  faciliter  la  tiltratioii  de  ralbiiioiiie  quand  le 
rein  y  est  préparé  en  vertu  d'une  cause  déterminante  antérieure  ;  mais  qu'elle 
|ieut,  sans  secoui's  étranger,  jeter  l'albumine  hors  de  ses  voies  naturelles  et  la 
faire  passer  dans  la  sécrétion  urinaîre.  A  ce  titre,  cette  condition  patliogéniqiie 
mériterait  de  figurer  parmi  les  causes  efficientes  de  ralbumiuurie  :  seutemenl, 
comme  elle  atteint  rarement  le  degré  d'intensité  nécessaire  pour  jouer  oe  rôle,  et 
comme  elle  ne  prend  jamais  qu'une  part  secondaire  à  la  production  des  albumi- 
nuries de  Bright  et  des  autres  espèces  vulgaires  de  leuoomurie,  il  était  juste  de 
n'en  parler  qu'à  propos  des  causes  adjuvantes  dans  l'étude  générale  que  nou» 
poursuivons  ici. 

XI.  RésuMi  éTioLOGiQUE  DE  l'albuvinurie.  En  définitive,  la  superalbuminose  sair 
guine,  absolue  ou  relative,  appelle  la  modification  inflammatoire  des  reins  et  dé- 
termine, par  rintermédiaire  de  ce  changement  organique,  le  passage  de  ralbumiiie 
dans  la  sécrétion  urinaire. 

La  prédisposition  du  rein  à  ressentir  plus  vivement  les  im{Nrea8ions  irritantes,  sa 
structure  particulière,  la  pression  sanguine,  la  quantité  d'albumine  en  circalatioa 
et  les  qualités  spéciales  de  cette  substance  protéique,  sont  des  conditions  qui,  seloD 
leur  valeur,  favorisent  plus  ou  moins  la  production  du  phénomène  et  en  font  va- 
rier les  résultats. 

Telles  sont  les  causes  pt^ochaines  de  l'albuminurie.  Hais  les  divnises  circon- 
stances qui  prennent  une  part  directe  et  plus  ou  moins  importante  au  paasaige  de 
l'albumine  dans  la  sécrétion  urinaire  sont  elles-mêmes  subordonnées  à  d'aulies 
conditions  pathogéniques,  constituant  les  causes  éloignées  du  phénomène  morbide. 
Il  nous  reste  à  jeter  un  coup  d'œil  sur  les  modifications  fonctionnelles  ou  anato- 
miques  des  divers  organes  ou  appareils  susceptibles  de  produire  ralbumimirie  d'une 
manière  indirecte,  en  donnant  lieu  à  quelques-unes  des  causes  prochaines  «ioot 
l'influence  est  maintenant  recoimue. 

Heprenons  dans  le  même  ordre  les  diverses  conditions  pathogéniques  préoédcm- 
nient  étudiées,  et  voyons  de  quelles  dispositions  mori)ides  elles  peuvent  dériver. 

D'abord  l'hyperleucomatie  sanguine  peut  être  amenée  par  l'abus  des  aliment^ 
azotés,  et  particulièrement  de  ceux  de  nature  albumineuse  ;  par  le  défaut  d'élabo- 
ration des  matières  albuminoïdes  dans  l'estomac,  d'où  leur  inaptitude  i  subir  l'air 
similation  ultérieure;  par  l'atonie  hépatique  et  l'absence  de  transformation  de  b 
protéine  en  matière  glycogène  ;  par  la  dénutrition  exagérée  des  tissus  et  par  b 
ooUiquation  des  globules,  ainsi  que  par  le  déËiut  de  combustion  respiratoire.  H  le 
peut  provenir  également  de  la  résorption  brusque  des  épanchements.  Enfin  on  la 
vue  survenir  à  la  suite  de  la  suppression  d'une  sécrétion  importante  telle  que  la 
transpiration  cutanée. 

A  son  tour,  chacun  de  ces  éléments  morbides  appartient  à  plusieurs  aflectioos 
ou  à  plusieurs  espèces  nosologiques  difTéreutes,  lesquelles  peuvent  être 
d'après  cela  comme  autant  de  causes  détournées  du  diabète  leuoomurique.  La 
globulisation,  ou  tout  au  moins  la  spoliation  hématique  des  globules,  se  reooootrt 
dans  une  foule  de  maladies  :  certaines  chloroses,  Térj-sip^e,  la  pneoinooie,  les 
ictères,  les  lésions  cardiaques,  etc.  La  consomption  organique  et  surtout  nwscti- 
laire  se  montre  dans  la  fièvre  franche,  la  courbature,  à  la  suite  d'un  giand 
nond)re  de  maladies  fébriles  :  la  fièvre  typhoïde,  la  diphthérie,  le  rfaumalisaie,  H 
tant  d'autres. 

L'insuffisance  de  la  combustion  respiratoire  dépend  d'mi  obstade  mécanique 
placé  sur  le  trajet  de  l'air  dans  le  larynx,  la  trachée  et  les  broncbeSyCt  cet  obstacle 


ALBUMINURIE.  469 

o$t  Uolôl  une  ooarctalion  ou  un  corps  étranger,  tantôt  une  tumeur  extérieure  ou 
une  paralysie  de  la  glotte.  Elle  dépend  d'une  réplétion  des  bronches  par  les  pro- 
duits de  leur  sécrétion,  d*un  aiiaissenient  des  vésicules,  ou  dune  altération  stnie- 
Inrale  de  leurs  parois  s*opposant  à  l'échange  gazeux  entre  le  sang  et  l'atmosphère  ; 
ou  bien  encore  d'un  défaut  d'accès  du  sang  dans  le  poumon,  par  suite  de  l'oblitéra- 
lion  de  quelques  rameaux  pulmonaires  ou  des  empêchements  mécaniques  de  la 
nrcnlation  centrale.  Mais  elle  peut  tenir  aussi  à  l'absence  de  certaines  conditions 
iavorables  au  conflit  du  sang  avec  l'oxygène  :  par  exemple  ù  la  diminution  de  lasoude 
et  des  sels  neutres;  à  la  présence  de  composés  chimiques  intermédiaires,  moins 
aptes  k  la  combustion  ;  à  l'introduction  de  substances  qui,  telles  que  l'acide  cyan- 
hydrique,  peuvent  s*opposer  u  cette  action  réciproque  du  gaz  comburant  et  du  fluide 
nourricier. 

U  résorption  brusque  des  épanchements  n'anîve  guère  que  sous  l'influence  d'un 
acte  énei^ique,  physiologique  ou  morbide,  spontané  ou  provoqué  par  l'art  :  un 
fin\  urinairc  abondant,  une  sudation  profuse,  la  congestion  et  l'inflammation  de 
b  peau  par  un  révulsif  plus  ou  moins  violent,  l'hypercrinie  intestinale  due  au\ 
drastiques  ou  bien  au  miasme  du  choléra. 

L'anrét  brusque  des  menstrues  ou  de  la  sécrétion  lactée,  la  suspension  de  la  perte 
d*albumine  nécessitée  par  la  nutrition  du  fœtus  et  celle  des  fonctions  cutanées,  sont 
autant  de  causes  d'hyperleucomatie  sanguine.  Ces  suppressions  reconnaissent  cha* 
cune  plusieurs  conditions  causales.  Du  côté  de  la  peau  par  exemple,  nous  trou- 
vons l'action  du  iroid,  une  dartre  qui  compromet  la  structure  et  les  fonctions  de 
l'appareil  sudoripare,  une  éruption  généralisée,  une  brûlure  étendue,  etc.  Or,  tous 
ces  états  pathologiques,  d'où  dépendent  les  conditions  prochaines  de  la  superalbu- 
minose  sanguine  sont,  à  vrai  dire  des  causes  éloignées  d*albuminurie.  Je  ferai  le 
même  raisonnement  à  propos  des  circonstances  variées  qui  président  aux  lésions 
rénales,  ou  à  l'accroissement  de  la  tension  vasculaire. 

Mais  ces  états  morbides  sont  eux-mêmes  dominés  par  des  causes  pathogéniques 
plus  générales,  et  font  partie  d'affections  plus  complexes  appelées  maladies,  dont 
elles  sont,  dans  le  langage  de  Barthez,  les  éléments  constitutifs.  Dès  lors  il  est  lo- 
gitime  de  compter  au  nombre  des  causes  premières  de  l'albuminurie  les  di- 
verses espèces  nosologiques  où  ces  éléments  se  rencontrent,  avec  les  diverses 
causes,  spécifiques  ou  autres, qui  leur  donnent  naissance.  C'est  ainsi  que  le  miasme 
de  la  diphthérie  ou  de  la  fièvre  typhoïde,  le  virus  de  la  mon^e  ou  de  la  scarlatino. 
prament  place  parmi  les  conditions  pathogéniques  indirectes  du  passage  de  l'alhii- 
mine  dans  la  sécrétion  urinaire. 

Pour  adiever  l'exposition  des  conditions  étiologiques  de  ralbuminurie,  nous  n'a- 
vons (dos  qu'à  tenir  compte  des  particularités  individuelles  relatives  à  Tâge,  au 
^ic  et  au  tempérament.  Les  hommes,  plus  enclins  aux  excès  de  toutes  sortes, 
plas  exposés  aux  refroidissements  et  aux  manifestations  arthritiques,  sont  par  H 
plus  sujets  à  certaines  espèces  de  leucomurie.  D'un  autre  côté,  la  grossesse; 
est  pour  les  femmes  une  source  fréquente  d'accidents  morbides  dont  l'albumi- 
Durie  constitue  l'un  des  plus  graves. 

Le  tempérament  lymfÂiatique,  une  constitution  molle,  la  tendance  vers  la  scro- 
iule  ou  la  tuberculose  :  voilà  des  circonstances  éminemment  favorables  au  déve- 
loppement de  la  maladie  de  Bright  et,  vraisemblablement,  de  diverses  albuminuries 
sjmptoroatîques. 

Quant  à  l'âge,  voici  ce  qu'enseigne  l'observation.  La  maladie  de  Bright  propre- 
ment dite  est  plus  commune  dans  la  période  moyenne  de  la  vie  que  dans  l'enfance 


470  ALBUMINURIE. 

et  la  vieillesse.  Il  eii  est  probablement  do  méine  pour  les  albuminuries  sjispto- 
roatiques.  Malgré  sa  fréquence  dans  le  croup  et  la  scarlatine,  ralbuminurîe  tem- 
poraire, si  j'en  juge  d*après  mon  expérience,  serait  beaucoup  moins  fréquente 
chez  les  enfants  que  chez  les  adultes.  C'est  ce  qui  ressort  aussi  d'un  taUeau  dressé 
par  E.  Baron,  et  inséré  par  H.  Rayer  dans  son  Traité  des  maladies  des  reins. 

Les  recherches  d'un  de  mes  anciens  élèves,  M.  le  docteur  Edmond  Hartel,  con- 
firment ce  résultat.  Ayant  eu  l'occasion,  pendant  son  internat  à  l'hôpital  Sainte- 
Eugénie,  d'essayer  les  urines  par  la  méthode  de  Thôpital  Beaujon,  chez  un  grand 
nombre  de  jeunes  sujets  atteints  de  pneumonie,  de  bronchite,  de  dothiénentérie,  de 
rougeole  et  d'autres  maladies  aiguës,  il  n'a  pu  y  déceler  que  par  exception  la  présence 
d'un  principe  coagulable.  Si  cette  rareté  de  l'albuminurie  dans  la  première  enianœ 
rient  à  être  généralement  démontrée,  il  sera  facile,  je  pense,  d'en  trouver  la  rai- 
son dans  l'activité  tro[diique  pu  plastique  qui  caractérise  cet  âge,  et  que  n'arrêteiU 
pas  les  maladies  aiguës  les  plus  graves,  ainsi  que  le  prouve  raccroissemeul  de  b 
taille  si  souvent  remarqué  à  la  suite  des  phlegmasies  thoraciques,  des  fièvres  énip- 
tives  et  de  la  fièvre  typhoïdeclle-mème.  La  faible  proportion  d'urée  (4,505p.  i(KK)| 
trouvée  par  M.  Le  Ganu  dans  les  urines  des  enfants  au-dessous  de  quatre  ans 
concorde  avec  les  laits  précédents,  et  s'explique  de  même  par  la  prédominance  du 
mouvement  de  composition  sur  celui  de  désassimilation  chez  les  très-jeunes  sujets. 

Un  mot,  en  terminant,  sur  les  causes  cosmiques.  Les  circonstances  £aLvorables  à 
la  production  des  tempéraments  et  des  maladies  diathésiques  d'où  peut  dériver 
l'albuminurie  doivent  être  comptées  au  nombre  des  causes  indirectes  de  cette  aflec- 
tiou.  Ainsi  le  froid  humide,  si  fécond  en  accidents  inflammatoires,  si  puissant  poiu 
la  genèse  du  lymphatisme,  de  la  scrofule  et  de  la  tuberculose,  est  néœssairaanent 
une  condition  pathogénique  de  l'albuminurie.  La  statistique  établit  en  eflet  qur 
le  diabète  leucomurique  est  incomparablement  plus  fréquent  dans  les  ooDtn'f> 
septentrionales  que  sous  les  latitudes  méridionales  de  TEurope.  Hais  ce  résultat 
n'est  pas  simple.  Les  basses  températures  du  Nord  n'agissent  pas  seulement  comme 
cause  de  refroidissement,  elles  portent  aussi  les  hommes  à  faire  abus  des  liqueur^ 
spiritueuses,  en  sorte  que  l'alcoolisme  a  sa  part  dans  cette  fréquence  excessive  de  L> 
maladie  de  Bright  au  delà  du  50"  parallèle. 

L'albuminurie  est  donc  un  produit  qui  reconnaît  plusieurs  facteurs.  Les  princi- 
paux sont  :  l'hyperleucomatie  sanguine,   les  altérations  parenchymateuses  de> 
reins,  la  pression  intravasculaire.  L'une  quelconque  de  ces  conditions  patbogt^ 
niques  est  généralement  impuissante  à  déterminer  l'albuminurie  sans  le  secoui^ 
de  l'une  au  moins  des  deux  autres.  Ainsi  la  dyscrasie,  aussi  bien  que  la  pression 
sanguine,  exige  l'aide  des  phénomènes  de  phlogose,  et  la  friabilité  des  vaisseaux 
donnerait  plutôt  lieu  à  des  néphrorrhagies  par  ruptures  capillaires  qu'à  de  véri- 
tables leucomuries.  Seule,  la  phlegmasie  peut  produire  d'emblée  Texhalation  d'un 
sérum  albumineux  ou  albumino-fibrineux.  En  conséquence,  au  point  de  vue  cli- 
nique, il  n'y  a  pas  lieu  de  diviser  les  albuminuries  selon  qu'elles  reconnaissent 
pour  cause  un  obstacle  drculatoire,  une  altération  du  sang,  un  désordre  anato- 
mique  des  reins  ou  les  deux  lésions  simultanément. 

Dans  presque  tous  les  cas  pathologiques,  et  notamment  dans  tous  ceux  qui  relè- 
vent de  la  maladie  de  Bright  (diabète  leucomurique),  les  conditions  de  ralbumion* 
rie  sont  multiples.  Chacune  d'elles,  à  la  vérité,  se  montre  tour  à  tour  dominante 
selon  les  circonstances  ;  mais  si  l'on  s'autorisait  de  cette  particularité  pour  distri- 
buer les  albuminuries  d'après  les  données  pathogéniques,  on  se  verrait  oUigé  ^ 
reporter  successivement  celle  de  chaque  espèce  nosologiqiie  dans  les  trois  sedifN^ 


ALBUMINURIE.  471 

admises  arbitraireinent,  attendu  que  dans  la  même  mabdic  aiguë,  la  scarlatine 
par  exemple,  on  voit  se  succéder  habituellement  deux  sortes  d'albuminuries  bien 
distinctes,  la  première  lui  est  commune  avec  toutes  les  fièTres,  et  dérive  de  l'hv- 
perleuoomatie,  liée  à  un  mode  particulier  de  respiration  et  de  dédoublement,  ainsi 
que  de  la  congestion  rénale.  La  seconde,  facilitée  sans  doute  par  ces  conditions 
préalables,  dépend  cependant  plus  étroitement  de  la  phlogose  parenchymateuse  des 
oganes  sécréteurs  de  Turine. 

Mais,  mk  déniant  à  toute  condition  causale  une  influence  exclusive,  on  doit 
reconnaître  que  chacune  d'elles  peut  tour  à  tour  primer  les  autres  dans  révolution 
successive  des  phénomènes,  ou  demeurer  prédominante  pendant  la  durée  de  la 
maladie  principale.  Dans  tel  ordre  de  faits,  c*est  la  dyscrasie  qui  gouverne  la  série 
morbide;  dans  tel  autre,  c'est  la  lésion  rénale;  dans  un  troisième,  l'accroissement 
de  ia  pression  sanguine.  A  ce  compte,  les  albuminuries  peuvent  se  diviser  d'a- 
près la  condition  pathogénique  la  plus  importante  en  :  1®  celles  oh  prédomine  l'hy- 
perieuoomalie ;  2^ celles  où  prédomine  la  condition  mécanique;  5®  celles  où  pré- 
domine la  lésion  rénale. 

Presque  toutes  les  albuminuries  temporaires,  certains  diabètes  leuoomuriques 
durables  et  la  maladie  de  Bright  elle-même,  dans  ses  débuts,  appartiennent  à  la 
premièrecatégorie.  A  la  seconde  se  rapportent  les  albuminuries  par  thromboses  et 
compression  des  canaux  veineux  situés  entre  la  substance  sécrétante  du  rein  et  le 
cœur,  ou  par  altérations  organiques  du  centre  circulatoire.  La  troisième  comprend 
les  albuminuries  consécutives  aux  refroidissements,  aux  répercussions  bnisques 
d'exanthèmes,  aux  intoxications  aiguës,  aux  désordres  portés  dans  les  reins  par  les 
poisons  septiques  ou  rirulents,  et  par  les  maladies  diatbésiques.  Seulement,  à  côté 
(Tun  grand  nombre  de  faits  assez  faciles  à  classer,  il  s'en  trouve  beaucoup  d'autres 
qui  trouveraient  également  bien  leur  place  dans  plusieurs  divisions.  On  rencontre 
de  ces  albuminuries,  incertx  sedi$,  dans  quelques  lésions  nerveuses,  dans  le  croup 
asphyxique  et  l'hépatisation  étendue  des  deux  poumons,  dans  la  gravelle,  certains 
empoiflorniements,  ete.,  etc. 

En  face  de  ces  difficultés,  le  pathologiste  est  embarrassé  pour  ranger  méthodi* 
qoement  les  faits  morbides  où  se  montre  Talbuminurie. 

Cependant  ('ensemble  des  conditions  étiologiques  étant  asseï  semblable  pour  de> 
affections  analogues,  et  la  valeur  relative  des  diverses  circonstances  causales  variant 
%lon  la  classe  morbide,  il  en  résulte  que  le  groupement  méthodique  des  espèces 
m  nosologie  concorde  assez  naturellement  avec  la  catégorisation  des  albuminuries 
an  point  de  vue  pathogénique. 

Ssns  nous  astreindre  k  suivre  rigoureusement  l'ordre  adopté  dans  les  ouvrages, 
nous  allons  donc  passer  successivement  en  revue  les  principales  divisions  de  In 
pathologie  pour  étudier,  dans  ces  cas  particuliers,  l'élément  îcucomurie,  en  ayant 
aoin,  toutes  les  fois  que  Toccasion  s'en  présentera,  de  mettre  en  relief  les  faits 
^néraux  qui  n'ont  pas  trouvé  place  dans  l'exposition  précédente. 

En  tète  de  la  série  méritent  de  figurer  les  albuminuries  encore  physiologiques 
de  la  grossesse  et  de  la  vie  intra-utérine. 

XII.    AunillIKDRlB  CHEZ  LA  FBMVE  GROSSE  ET  LBFGBTVS.      L'urinO,  choz  le  fœtUS,  CSt 

Uxijoars  alburoineuse,  d'après  les  expériences  de  Prout,  Mac-Clintoik  et  Virchow. 
La  seule  circonstance  qui  puisse  jeter  quelque  doute  sur  ce  résultat,  jusqu'ici  inoon- 
icité,  c'est  que  l'urine  a  dû  être  recueillie  sur  des  fœtus  morts  avant  ou  pendant 
le  travail  de  la  parturition.  Or,  la  sécrétion  urinaire  se  charge  ordinairement  d'aU 
Humine  dans  les  derniers  instants  de  la  vie,  ce  qui  autorisorail  5  con^^idérer  la  suh- 


472  ALBUMINURIE. 

stancccoagulable  comme  un  aoddent  ultime,  et  non  oomme  un  élément  oooisUiii 
de  l'urine  durant  la  vie  embryonnaire.  Malgré  cela,  j  accepte  ^ontiers  ralfaumi- 
nurie  normale  du  fœtus  rendue  vraisemblable  par  les  considérations  suivanleB. 

En  raison  de  ses  conditions  d'existence ,  le  iœtus  des  mammifères,  envisagé  sons 
le  rapport  de  la  fonction  respiratoire,  se  rapproche  plus  des  animaux  à  tempéra- 
ture variable  que  les  adultes  de  son  espèce.  C'est  bien  le  sang  de  sa  mère  qui  lui 
fournit  les  matériaux  de  sa  nutrition,  seulement  il  les  puise,  non  dans  le  sang  arté- 
riel, mais  dans  des  lacunes  remplies  de  sang  veineux.  Ainsi,  il  n'arrive  aux  organl^ 
fœtaux  que  des  éléments  sanguins  déjà  parUellement  brAlés  :  riroonstanœ,  en  der- 
nière analyse,  fort  analogue  à  celle  qui  caractérise  les  vertébrés  inférieurs,  bien 
que  le  résultat  soit  obtenu  par  des  procédés  différents.  Le  sang  maternel  était  d'a- 
bord fort  oxygéné,  mais  il  a  eu  le  temps  de  se  brûler  en  route;  chez  les  anioMui 
à  sang  froid,  le  liquide  nourricier  ne  s'artérialise  jamais  qu'à  demi.  En  définitive, 
cela  revient  au  même. 

D'ailleurs,  quand  ce  serait  dans  les  canaux  artériels  de  la  mère  que  les  capil- 
laires du  jeune  sujet  iraient  directement  s'alimenter,  ils  n'absoriieraieiit  encore 
qu'une  faible  dose  d'oxygène;  car  ce  gaz  est  attaché  en  majeure  partie  aux  globules, 
lesquels  ne  passent  pas  de  l'organisme  maternel  dans  celui  du  produit.  Aussi,  dam 
les  deux  cas,  l'albumine  non  utilisée  par  la  nutrition,  n'ayant  subi  aucune  oxyda- 
tion, apparait-elle  en  nature  dans  la  sécrétion  rénale.  11  y  a  pourtant  cette  difle- 
renoe  considérable  :  que  le  fœtus  humain  sécrète  à  peine,  et  que  les  résidos  excré- 
mentiels rentrent  en  presque  totalité  dans  la  circulation  de  la  mère  qui  se  cfaar^ 
de  les  éliminer.  Ces  laits  seront  utilisés  tout  à  l'heure  dans  la  théorie  de  l'albuBii- 
uurie  gravidique. 

Valbuminurie  gravidique  a  pris  une  large  place  dans  les  préoccupations  de  b 
médecine  moderne.  Elle  le  doit  à  sa  fi*équence  et  à  son  caractère  souvent  redon- 
table.  A  un  léger  degré,  on  peut  dure  qu'elle  est  un  sympt^e  habituel  de  b 
seconde  moitié  de  la  grossesse;  mais  elle  acquiert,  en  certains  cas,  surtout  chei  k^ 
primipares,  une  intensité  extrême,  et  s'accompagne  ordinairement  alors  de  dés- 
ordres dn  côté  du  système  nerveux,  qui  mettent  la  vie  en  péril.  Nous  reviendrou^ 
plus  loin  sur  cette  symptomatologie. 

La  plupart  des  auteurs  qui  ont  traité  à  l'étranger  la  question  de  Talbuminurie  de 
la  grossesse  ont  voulu  la  réduire  à  un  phénomène  hydiraulique.  Leur  seule  raisou 
valable,  c'est  que  l'albuminurie,  absente  dans  les  premiers  mois,  ne  se  montre  ea 
général  que  lorsque  le  volume  de  l'utérus  est  assez  considérable  pour  comprimer  h 
veine  cave  inférieure  et  les  veines  émulgentes.  A  ce  titre,  Thydrémie  des  feoime» 
grosses,  Tostéomalacie  et  h  sécrétion  lactée  pourraient  être  mises  également  sur  le 
compte  de  l'augmentation  de  pression  intra-abdominale.  Hais  cette  condition  pby- 
ïiique  n'est  ni  aussi  bien  établie,  ni  aussi  facile  à  comprendre  que  semblent  le  cmirr 
les  partisans  de  l'albuminurie  mécanique.  La  dilatation  des  capillaires  rénaux  s'ex- 
plique naturellement  par  la  suractivité  fonctionnelle  des  glandes  uropoiétiqne». 
Quant  au  refoulement  excentrique  exercé  par  le  globe  utérin,  je  remarque  que, 
portant  à  la  fois  sur  tous  les  points  de  la  paroi  du  ventre  et  des  coosmus  élaitk|uci, 
iiDprésentés  par  la  masse  intestinale,  cette  pression  se  ferait  obstacle  à  elle-DêiDe 
en  réduisant  les  parenchymes  en  même  temps  que  le  calibre  des  canaux  vcinem. 
De  plus,  ceux-ci  placés  en  arrière,  dans  un  enfoncement,  et  protégés  par  la  saillie 
de  la  colonne  vertébrale,  ressa^tiraient  moins  que  d'autres  organes  les  eflels  de 
rette  oompn^ssion. 

D'aillenr?;,  si  li»  refoulement  des  intestins  piir  la  tumeur  hypogastricpie,  en  délff- 


albumimrie:.  473 

miiianl  on  obstacle  à  h  circulation  en  retour,  devient  cause  d'albuminurie,  ce 
(itnUe  fimctionnel  doit  être  proportionné  au  développement  de  l'utérus,  et  doit  se 
produire  de  même  par  le  fait  de  la  présence  d'un  kyste  ovarique  ayant  atteint  en 
quelques  mois  des  dimensions  comparables  à  celles  de  l'utérus  graTide.  Or,  d'une 
part,  les  femmes  affectées  d'hydramnios  ne  sont  pas  plus  exposées  que  d'autres  A 
l'albuminurie  et  à  ses  conséquences  ;  d'autre  part,  les  ascites  et  les  hydropisies 
enkystées  de  l'ovaire  ne  déterminent  pas  le  passage  de  l'albumine  dans  Turine. 
hnr  tous  ces  motifs,  je  ne  saurais  donc  adopter  la  manière  de  voir  généralement 
admise. 

La  doctrine  de  lliyperieuoomatie  nous  fournit  une  eiplicaticm  plus  satisfaisante 
4e  l'albuminurie  gravidique. 

Pendant  la  grossesse,  le  sang  de  la  mère  doit  fournir  au  fœtus  les  matériaux  de 
sà  nutrition,  mais  seulement  sous  une  forme  soluble  et  diRu&ible,  puisqu'il  n'y  a 
pasd'inosculation  entre  les  vaisseaux  des  cotylédons  fœtaux  et  maternels.  Ce  sont, 
en  conséquence,  les  diverses  modifications  de  l'albumine  qui  sont  appelées  h  nour- 
rir le  nouvel  être,  et  pendant  ce  temps-là  l'organisme  maternel  doit  pourvoir  ft 
une  double  dépense.  Par  une  ingestion  plus  copieuse,  par  une  économie  plus  stricte 
des  éléments  protéiques,  ou  bien  par  ces  deux  causes  réunies,  il  faut  qu'une  plus 
grande  quantité  de  ces  matériaux  se  trouve  à  chaque  instant  disponible. 

Il  suffit,  par  exemple,  qu'en  vertu  d'un  simple  changement  dans  le  mode  de 
eombastion  respiratoire  les  substances  ternaires,  venues  du  dehors,  soient  seules 
Icûlées,  et  que  les  matières  albuminoîdcs,  édiappant  à  l'action  catalytique  du  foie 
axnme  à  la  combustion  directe  dans  les  capillaires  artériels,  soient  entièrement 
réservées  pour  le  rôle  d'aliment  plastique.  Or,  dans  ce  mode  nouveau  de  fonction- 
nement, une  économie  mal  réglée,  ou  novice  et  s'essayant  pour  la  première  fois,  peut 
aller  au  delà  du  but,  et  l'albumine  devenir  excessive  relativement  aux  besoins  des 
deux  organismes  greffés  l'un  sur  l'autre.  La  chose  est  même  d'autant  plus  facile,  que 
l'albumine  qui  a  traversé  le  corps  du  fœtus,  sans  être  employée  à  son  développe- 
ment, revient  incomburée,  puisque  la  respiration  n'est  pas  encore  établie  chez  ce 
dernier,  dont  l'urine  contient  normalement  de  l'albumine,  comme  celle  des  batra- 
ciens, et  ne  renferme  jamais  d'urée.  De  plus,  cette  albumine  intacte  rentre  en 
liresque  totalité  dans  la  circulation  de  la  mère,  attendu  que  la  sécrétion  rénale, 
»ans  issue  du  dehors,  est  presque  nulle  durant  la  vie  intra-utérine. 

L'albuminurie  cheas  la  femme  enceinte  implique,  d'après  cette  manière  de  voir, 
une  production  excessive  de  substances  albuminoîdes  eu  égard  aux  besoins  des 
deux  organismes.  Mais  tantôt  c'est  la  mère  qui  fabrique  trop,  tantôt  c'est  le  fœtus 
qui  ne  consomme  pas  assez  ;  d'autres  fois  les  deux  circonstances  concourent  au  ré- 
sultat. Si  les  produits  naissent  avec  les  dimensions  et  le  poids  ordinaires,  on  doit 
en  conclure  que  l'albuminurie  provenait  du  désordre  de  l'organisme  maternel. 
Si  une  mère  albuminurique  donne  le  jour  à  un  enfant  exigu  et  malingre,  il  y  a 
lieu  d'accuser  l'insuffisance  de  ce  dernier  d'avoir  occasionné  la  superalbuminose 
nngttine,  et  la  fibration  albumineuse  par  les  reins. 

Les  enfants  issus  de  mères  albuminuriques  restent  souvent  au-dessous  de  la 
moyenne  pour  le  poids  et  le  développement.  Dans  le  tableau  dressé  par  M.  Blot, 
j'en  trouve  9  sûr  41  qui  sont  dans  ce  cas.  De  plus,  M.  le  professeur  Depaul  n'hé- 
site pas  à  dire  que  les  sujets  nés  dans  la  condition  précitée  sont  généralement 
moins  forts  et  d*une  mœns  belle  apparence  que  les  autres.  M.  Danyau,  dont  l'ex- 
périence est  très-grande,  professe  la  même  opinion  (commmunications  orales).  Ces 
^t<  romport^nt  deux  interprétations.  Ou  bien  les  fœtus  souffrent  de  la  maladie 


474  ALBCMINDRIE. 

de  la  mère,  ou  bien  c*est  la  nutritioD  languisBaiile  du  produit  qui  a,  sinon  àker- 
miné,  du  moins  exagéré  rhyperleucomatie  et  ses  suites,  en  laissant  sans  emploi 
une  partie  des  matériaux  destinés  à  son  accroissement.  I^es  bémonrhagies  plaoni- 
taires  parfois  observées  par  M.  Danyau  sembleraient  prêter  quelque  appui  i  b 
première  hypothèse.  Hais,  à  part  cette  altération,  on  ne  voit  pas  en  quoi  le  fcptib 
pâtirait  de  la  dyscrasie  maternelle,  attendu  que  la  surabondance  d'albumine,  nui- 
sible â  la  mère,  ne  semble  constituer  pour  lui  qu'une  source  plus  riche  d'alimen- 
tation. La  seconde  explication  nous  parait  généralement  plus  vraisemblable,  nui*^ 
Tobservation  ne  permet  pas  encore  de  se  décider  dans  l'un  ou  Tautre  sens.  La  so- 
lution de  la  question  ne  sera  trouvée  que  le  jour  où,  après  une  violence  qui,  sam 
ébranler  la  santé  delà  mère,  a  pu  déterminer  rapidement  lamort  du  fœtus,  Ton  aun 
constaté  l'apparition  soudaine  de  Talbumine  dans  les  urines  d'une  femme  jnaqueJù 
exempte  de  ce  trouble  morbide.  En  attendant  cette  preuve  péremptoire,  il  m'est 
permis  de  réunir  quelques  présomptions  favorables  à  l'une  des  hypothèses  éaiisfe< 
pour  expliquer  le  fait  litigieux.  Les  circonstances  suivantes  me  paraissent  militer 
en  faveur  de  l'influence  de  l'arrêt  de  développement  du  fœtus  sur  les  symptômes 
leucomuriques.  Non-seulement  on  voit  des  femmes  devenues  albuminuriques  dan^ 
le  cours  de  plusieurs  grossesses,  et  à  des  époques  variées,  se  débarrasser  peu  d« 
temps  après  du  produit  de  la  conception  par  un  avortement  proprement  dît,  ou  pr 
un  accouchement  prématuré,  et  mettre  au  monde  un  fœtus  mal  développé  ou 
mort  depuis  plusieurs  jours;  mais  parfois  l'apparition  de  rallMimiue  eolpcide  m 
exactement  avec  le  moment  présumé  où  le  fœtus  est  devenu  malade,  et  les  svmptiV 
mes  encéphalopathiques  sont  apparus  si  précisément  chez  la  mère,  lorsque  la  vie 
du  rejeton  était  sur  le  point  de  s'éteindre,  qu*on  ne  peut  se  défendre  de  rattaclier 
iea  souflrances  maternelles  aux  altérations  iœtales  par  un  lieu  de  causalité.  Voiri 
un  exemple  emprunté  à  la  pratique  de  M.  Blot.  Chez  une  primipare,  alTectée  d'am* 
sarque  dès  le  troisième  mois  de  sa  grossesse  mais  alors  exempte  d'albuminurie,  on 
ne  constate  des  urines  coagulables  que  trois  jours  avant  l'invasion  d'attaquo^ 
réitérées  d'édampsie.  Cinq  jours  plus  tard  on  extrait  par  le  forceps  un  enfant  mort 
depuis  cinq  jours  environ,  à  en  juger  d'après  l'état  de  macération  (putrébdioii 
(lu  petit  cadavre.  Dès  le  lendemain  l'albumine  était  réduite  des  5/6  et  le  ci»- 
quième  jour  elle  avait  totalement  disparu.  Il  n'est  ^ère  vraisemblable  qu'une  al- 
buminurie si  récente  ait  pu  amener  la  perle  du  fœtus,  et  je  suis  en  droit  d  attri- 
buer plutôt  i\  la  maladie  et  à  bi  mort  de  ce  dernier  l'aggravation  survenue  dans  l^^ 
symptômes  (|ui  ont  failli  emporter  la  jeune  mère. 

XIII.  Aluuniiiurir  da?(s  les  inflaiiiiations  et  les  fièvres.  Les  phlcgmasies  H 
les  pyrexies  sont  les  alTcctionsqui  se  compliquent  le  plus  ordinairement  de  ieiKo- 
miu'ie  transitoire  ;  mais  il  y  a  de  grandes  différences  entre  elles  sous  ce  rapport ,  Tio- 
tensité  du  phénomène  variant  beaucoup  selon  les  espèces  morbides  el  selon  TinliD- 
sité  du  mal  dans  chaque  espèce. 

Les  maladies  aiguës  légères  et  bénignes  ne  s'accompagnent  ps  d'albuminurie, 
ou  du  moins  cette  sécrétion  est  alors  peu  notable.  Elle  est  au  contraire  d'antant 
plus  abondante,  que  l'affection  revêt  habituellement  un  caractère  de  malignité  et 
que  le  cas  particulier  est  plus  grave. 

C'est  ici  le  lieu  de  rappeler  une  distinction  que  j*ai  formulée  depuis  longtemps. 
Il  y  a  deux  sortes  de  fièvres  fort  difTérentes  par  leurs  caractères  fondamentam. 
si  ce  n'est  par  leurs  apparences.  G'  sont  toujours  la  fréquence  du  pouket  Teul- 
tation  calorifique  qui,  dans  les  deux  catégories  de  faits,  frappent  les  sens  ^ 
l'oliservaleur  ;  seulement  les  réaclions  organiques  et  chimiques  dont  réconooiie  <*^ 


ALBUMINURIE.  475 

le  théâtre  sonl  fort  dissemblables,  et  les  modifications  de  la  sécrétion  urinaire  tra- 
duiseot  nécessairement  ces  diflerences.  Tantôt  en  efiet  laltération  fonctionnelle 
consiste  tout  simplement  en  une  surexcitation  vasculaire  avec  accroissement  de 
rhématose,  du  mouvement  nutritif  et  plastique  et  peut  se  rendre  par  le  mot 
4  exaltation  ;  »  tantôt  elle  s'accompagne  de  désordres  dans  les  actes  circulatoires^ 
fpspiratoires  et  trophiques,  «n  sorte  que  la  modalité  pathologique  se  caractérise  à 
la  fois  par  de  Tirritalion  et  de  la  perversion.  Dans  la  première  classe  se  rangent  les 
inflammations  avec  réaction  fébrile  très-franche  :  la  fièvre  inflammatoire  ou  angéio- 
téuique  et  les  affections  qui  s  en  rapprochent.  Dans  la  seconde  prennent  place  les 
maladies  virulentes  et  septiques  d'un  caractère  insidieux,  portant  le  désordre  dans 
les  grandes  fonctions,  et  auxquelles  on  reconnaît  par  ce  motif  un  certain  degré  de  ma- 
lignité. L'élévation  de  la  températiu'e  dans  la  fièvre  franche  s'explique  par  l'accélé- 
ratioD  du  mouvement  de  dénutrition  et  la  violence  de  la  combustion  respiratoire. 
D'abondantes  quantités  d'acide  urique  et  d'urée,  provenant  de  cette  oxydation  plus 
active  des  éléments  protéiques,  se  montrent  alors  dans  les  urines  et  forment  des 
dépôts  cristallins,  soit  spontanément,  soit  par  l'addition  des  acides.  Aucune  trace 
(l'albumine  n'accompagne  ordinairement  ces  doses  excessives  d'acide  urique  et 
irnrée.  Il  n'en  e^t  pas  de  même  dans  les  fièvres  de  mauvais  caractère,  oî^  les 
urines  renferment  beaucoup  moins  de  ces  produits  d'oxydation  avancée  des  prin- 
cipes quaternaires  et  contiennent  en  revanche  :  1°  une  substance  hydrocarbonée, 
analogue  au  bleu  d'aniline,  assimilée  à  l'indigo  par  tous  les  auteurs,  bien  qu'elle  en 
(lilfère  sensiblement,  et  que  j'ai  désignée  sous  le  nom  dHndigose;  2^  des  propor- 
tions d'albuminose  et  de  matière  grasse  soluble  dans  l'éther,  plus  fortes  qu'à  l'étit 
normal  ;  Tj"^  enfin  une  quantité  toujours  notable  et  parfois  très*forte  d'albumine 
proprement  dite.  Ija  présence  de  ces  principes  incomburés  semble  peu  compatible 
jvec  le  iàit  de  raccroissemeut  souvent  énorme  de  la  température  chez  les  fébrici- 
tsnis.  La  contradiction  disparaît  du  moment  où  l'on  fait  intervenir  dans  la  ques- 
tion la  donnée  nouvelle  de  la  corrélation  des  forces  physiques, 

K  l'état  physiologique,  la  combustion  respiratoire,  source  de  toute  force,  charge 
le  système  ner\eux,  les  appareils  musculaires,  et  fournit  aux  dépenses  nécessitées 
}iar  les  dissociations  des  principes  qui  vont  iaire  partie  des  sécrétions,  en  môme 
temps  qu'elle  entretient  la  chaleur  normale.  Dans  les  conditions  morbides,  beau- 
(«up  d'actions  organiques  étant  enrayées  et  les  forces  momentanément  amoindries 
oit  presque  anéanties,  la  puissance  mise  en  jeu  par  la  combinaison  de  l'oxygèue 
jvec  k^  substances  combustibles  évolue  tout  entière  sous  forme  de  chaleur  :  de 
telle  sorte  qu'avec  une  action  chimique  faible  le  dnffre  de  la  température  s'élève 
très-haut,  et  cela  d'autant  plus,  que  les  oxydations  et  les  dédoublements  se  font 
autrement  qu'à  l'état  normal.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  majeure  partie  des  produits 
albuminoîdes  de  la  dénutrition  échappe  à  ce  nouveau  mode  de  combustion  respi- 
ratoire et  l'excédant  s'accumulerait  dans  le  système  sanguin,  si  les  reins  ne  se 
<'hargeaient  de  son  élimination. 

.Vinsi  s'explique  l'albuminurie  des  maladies  aiguës  fébriles  de  mauvaise  na- 
ture. Toutefois,  liâtons-nous  de  le  dire,  les  aftections  naturellement  les  plus  franches 
et  les  plus  bénignes  ne  sont  pas  exemptes  de  ce  symptôme,  parce  que  la  perversion 
fonctionnelle  succède  bientôt  à  la  simple  exaltation,  lorsque  la  maladie  acquiert  une 
««rtaine  violence.  Aussi  voyons-nous  journellement  les  pneumonies  et  les  autres 
aiïectioiis  a  frigore  domier  d'abord  des  urines  qui  Laissent  précipiter,  au  fond  du 
va.se,  de  Turate  de  soude,  et  sur  les  parois,  du  givre  d'urée,  et  qui  plus  tard,  trai- 
t*«s  par  Tncido  nitrique,  montrent  a  la  fois  du  bleu  et  de  l'albumine. 


476  ALDUNINURfE. 

Règle  générale  :  on  peut  affirmer  que  l'albumine  se  montre  à  un  degré  (judcoo- 
que  dans  toute  phlegmasie  fébrile  très-intense,  de  même  que  dans  toute  sepîkémie, 
dans  toute  affection  prava  indole  de  moyenne  intensité.  Il  serait  même  possibk 
d'établir  une  échelle  graduée  dans  laquelle  les  espèces  nosologiques  seraient  dis- 
posées à  peu  près  dans  l'ordre  suivant  : 

Choléra  asiatique  et  choléra  nostras;  morve  aiguë;  diphthérie  infectieusii* 
maHgne;  fièvre  charbonneuse;  fièvre  puerpérale  ;  infection  purulente  et  putride: 
fièvre  typhoïde  ;  phthisie  aiguë,  bronchite  capillaire  ;  scarlatine  ;  pneumonie  typhoïde, 
ou  du  moins  grave  ;  variole  confluente  et  rougeole  de  caractère  malin  ;  fièvre  jaune, 
ictère  grave  ;  ramollbsement  bilieux  et  cirrtiose  aiguë. 

Dans  les  articles  spéciaux  qui  vont  suivre,  nous  ferons  sainr  les  diflerenl*^ 
modes  de  production  de  l'albuminurie  dans  chacune  des  maladies  aiguës  en  parti- 
culier ;  nous  indiquerons  également  d'une  manière  approximative  le  d^gré  de 
fréquence  du  symptôme,  mais  nous  nous  garderons  bien  de  le  formuler  en  chif- 
fres exacts.  Les  faits  recueillis  jusqu'à  présent  dans  ce  but  ne  sont  pas  aasex  nom- 
breux pour  que  les  calculs  dont  ils  sont  la  base  conduisent  à  une  moyenne  vrai- 
semblablement exacte.  D'ailleurs  ces  faits,  alors  même  qu'ils  sont  rdatifs  à  des 
maladies  spécifiques,  ont  été  étudiés  dans  des  conditions  trop  disparates  pour  étn* 
comparables  entre  eux  et  donner  des  résultats  nets  et  précis.  Il  importe  peu  «Ip 
savoir  que  tant  de  fois  sur  cent  l'albuminurie  a  été  rencontrée  chei  des  rhiuu- 
tisants,  si  nous  ignorons  dans  quelle  condition  elle  a  manqué  et  dans  quelle  autre 
elle  a  été  observée.  Ici  encoro  ce  n'est  pas  la  nature  spécifique  qui  éloigne  <n 
appelle  le  phénomène,  ce  sont  les  altérations  humorales  ou  anatomiques  et  les 
perversions  fonctionnelles  consécutives  à  l'impression  de  la  cause,  soit  spécifique, 
soit  vulgaire.  Nous  croyons  mieux  servir  la  science  par  quelques  tentatives  d'an»- 
lyse  physio-pathologique  que  par  l'énumération  brute  de  résultats  statistiqw^ 
incomplets,  ou  roposaht  sur  des  bases  incertaines  et  erronées. 

Ce  n'est  pas  à  diro  pour  cela  que  les  chifires  donnés  par  les  auteurs  soient  tou» 
également  entachés  de  ces  défauts;  beaucoup  au  contraire  méritent  d'étn 
accueillis  oxnme  matériaux  de  bon  aloi,  destinés  à  entrer  plus  tard  dans  \^ 
taUeaux  statistiques  régulièrement  dressés  que  la  science  est  en  droit  d'attendre. 

En  terminant  ces  considérations  générales  sur  l'albuminurie  des  maladies  aiguè 
fébriles,  je  ne  ferai  plus  qu'une  seule  remarque  :  c'est  qu'on  ne  la  croît  ni  aon 
fi*équente  ni  aussi  intense  qu'elle  l'est  en  réalité.  L'erreur  vient  de  ce  qu'on  ne  b 
recherche  en  général  qu'un  peu  tard,  par  exception,  et  seulement  dans  les  cas 
graves.  L'analyse  clinique  de  l'urine  est  malheureusement  encore  négligée  psr 
l'immense  majorité  des  praticiens,  du  moins  dans  notre  pays. 

Albuminurie  dans  les  fièvres  exanthémaiiques.  —  ScarUUine.  C'est  de  toutes 
les  fièvres  celle  où  le  symptôme  albuminurie  se  montre  le  plus  habituellement  et 
mus  la  forme  la  plus  grave.  Conmie  Begbie,  Newbigging  et  Holder,  je  n'ai  jaiDai> 
vu  l'albumine  manquer  absolument  dans  l'urine  d'un  scarlatineux  dnruii 
toute  la  période  éruptive,  et  je  l'ai  vue  souvent  se  maintenir  une  fois  Veua- 
thème  achevé,  ou  reparaître  pendant  la  desquamation.  A  la  vérité,  la  ptopor- 
tion  du  principe  coagulable  est  parfois  assez  minime  pour  ne  donner  beii 
rpi'à  uue  légère  opalescence  qui  a  pu  échapper  à  d'excellents  obaervateurs;  je 
recommande  pour  ces  cas  difficiles  l'essai  par  l'acide  nitrique,  selon  ma  méiboile, 
ou  l'épreuve  par  la  chaleur,  en  ayant  soin  de  mettre  une  assex  grande  quantité  du 
liquide  dans  le  tube  et  de  n'en  faire  bouillir  que  les  couches  supérieures.  t)n 
constate  alors  dans  le  haut  do  Turino  une  teinte  louche  qui  devient  plus  qiptrenle 


ALBOMINUlUli:.  477 

quand  die  se  détache  sur  uii  iond  noir.  Mais  ou  a  rarement  besoin  de  toutes  cet» 
précautions  pour  mettre  l'albumine  en  évidence  ;  presque  toujours  elle  existe  en 
proportîoQ  assez  considérable  pour  être  reconnue  sans  hésitation.  Elle  est  très- 
aboodante,  lorsque  la  scarlatine  présente  un  caractère  de  gravité. 

L'albuminurie  initiale  de  la  scarlatine  ressemble  à  celle  des  pyrexies  eu  général, 
Gl  s'explique  par  les  diangements  survenus  dans  la  nutrition  et  la  respiration,  en 
même  temps  que  par  un  état  congestif  des  reins.  Cette  dernière  condition  prime  la 
(véoédente  dans  l'albuminurie  secondaire,  qui  reparait  dans  le  décours  de  l'afiec* 
tion.  Alors  la  fluxion  rénale  est  telle,  que  non*seulement  on  observe  dans  l'urine 
une  plus  grande  quantité  de  cylindres  épithéliaux  et  protéiques,  mais  que,  de 
plus,  du  sang  en  nature  colore  la  sécrétion. 

Baséok  mUiaire  (Bosemil^  N.).  Je  rapproche  de  la  scarlatine  une  affection 
qui  la  simule  parfois  à  s'y  méprendre,  afin  d'opposer  immédiatement  la  constance 
de  l'albuminurie  dans  la'  première  au  caractère  contingent  et  exceptionnel  de 
l'altération  urinaire  dans  la  seconde.  On  trouvera  dans  cette  différence  un  bon  élé- 
ment de  diagnostic. 

Rmgeole.  Dans  cette  fièvre  éruptive,  l'albuminurie  est  incomparabi^neut 
moins  fréquente  que  dans  la  scarlatine  ;  on  peut  dire  qu'elle  manque  ordinaire- 
ment dans  les  cas  légers  et  quand  le  génie  épidémique  est  favorable.  Elle  s'obseivc 
m  contraire  dans  les  formes  plus  sérieuses  ou  compliquées,  soit  qu'elles  frappent 
un  sujet  isolément  ou  qu'elles  en  atteignent  simultanément  un  grand  nombre. 
L'albuminurie  était  la  règle  dans  l'épidémie  de  Leith,  dont  nous  devons  la  rehtion 
an  docteur  Brown,  et,  ce  qu'il  y  a  de  remarquable,  c'est  qu'ayant  disparu  après 
l'éruption,  elle  se  montrait  de  nouveau  pendant  que  s'effaçait  l'efQorescence  cuta- 
née, exactement  comme  chez  les  scarlatineux. 

Variole.  L'albumine  fait  défaut  dans  l'urine  de  la  plupart  des  varioleux.  Daus 
la  varioloide  notamment,  elle  est  presque  une  rareté  ;  mais  elle  devient  moins 
etoeptionnelle  lorsque  la  variole  n'a  pas  été  modifiée  par  les  aptitudes  natives  des 
sujets  ou  par  l'existence  antérieure  de  la  variole  ou  de  la  vaccine.  Cette  immunité 
lebtive  n'a  rien  d'étonnant,  car  la  variole  dans  ses  formes  légères  est  à  la  fois  la 
fièvre  éruptive  de  l'aspect  le  plus  hideux  et  de  la  nature  la  plus  bénigne.  Durant  cette 
dfervescence  au  milieu  de  laquelle  foisonne  le  virus,  les  actes  organiques  sont 
simplement  exaltés  ou  à  peine  pervertis.  La  combustion  respiratoire,  entre  autres, 
s'exécute  suivant  son  procédé  habituel,  avec  plus  d'intensité  seulement,  de  telle 
(açon  que  les  matières  azotées  se  briUent  plus  complètement  qu'à  l'ordinaire  et 
que  les  urines  présentent  un  excès  d'urée  souvent  énorme,  sans  trace  d'albumine. 
Si  l'albominurie  se  montre,  c'est  que  la  fièvre  change  de  caractère  en  vertu  de 
l'intensiié  plus  grande  de  l'affection  (variole  cohérente  ou  confluente),  ou  de  sou 
caractère  malin  (variole  noire,  hémorrhagique).  Chez  des  varioleux  qui  n'en 
avaient  pas  offert  au  moment  de  l'éruption,  j'ai  vu  survenir  l'albumine  comme 
oonséquenoe  de  la  fièvre  de  suppuration.  Les  considérations  qui  précèdent  expli- 
quent les  divergences  des  observateurs  touchant  la  fréquence  de  l'albuminurie 
chez  les  varioleux. 

AOnmUnurie  dam  Virysipèle.  Par  son  évolution,  l'érysipèle  est  un  exan* 
thème  fébrile;  mais  il  ne  reconnaît  pas  toiyours,  comme  les  makdies  précédentes, 
one  cause  spécifique.  On  doit,  en  ncxsologie,  en  distinguer  plusieurs  espèces  d'après 
la  considération  de  la  cause:  les  érysipèles  cataménial,  strumeux,  saisonnier 
<à  frigare  et  bilieux),  sont  bien  différents  les  uns  des  autres  et  plus  profondément 
séparés  encore  des  érysipèles  infectieuxi  tels  que  celui  de  la  fièvre  typlioide  ou 


478  ALbUMliNlJRIE. 

celui  qui,  mai'chaiit  de  pair  avec  la  fièvre  pyogénique,  sévit  épidéniiijuenifiil 
sur  les  blessés  et  les  femmes  en  couches.  La  gravité  varie  comme  la  iiatum  étio- 
logique,  et  avec  elle  la  fréquence  de  l'albuminurie.  Rare  dans  les  deux  preoiièrc» 
espèces,  Taltéralion  urinairc  est  assez  souvent  constatée  dans  la  troisième,  qui  i-^l 
aussi  la  plus  commune,  pourvu  que  la  fièvre  soit  intense  et  la  lésion  dermique 
étendue.  Enfin,  sans  parler  de  la  complication  érysipélateuse  de  la  dothiéncii- 
térie,  l'albuminurie  est  à  peu  près  constante  dans  l'érysipèle  congénère  de  l'iiiiëc- 
tion  purulente. 

Begbie  place  l'albuminurie  érysipélateuse  au  début  de  la  convalescence  :  œ 
n'est  assurément  pas  le  cas  ordinaire.  L'albumine  apparaît  ipiand  la  mâladio  n^ 
quiert  sa  plus  grande  intensité,  c'est-à-dire  en  pleine  éruption,  et  se  mainlieiit 
dans  l'urine  aussi  longtem|)s  que  durent  les  périodes  d'augment  et  d'état.  Ellr 
Iradutt  une  profonde  dyscrasie,  et  quelquefois  peut'^tre.une  phlegmasie  spécblr, 
un  érysipèledu  parenchyme  rénal. 

Albuminurie  dans  ia  fièvre  pyogénique  et  Vinfection  putride.  Comme  datL> 
leur  analogue  l'érysipèle  infectieux,  l'albuminurie  est  un  symptôme  habituel. 
Pour  ce  nui  regarde  particulièrement  la  pyémie,  je  dirai  que  l'albumine,  dont  la 
présence  se  lie  en  tout  cas  à  l'altération  du  sang  et  des  grandes  fonctions,  peut  être 
accrue  dans  l'urine  par  le  fait  d'un  travail  inflammatoire  des  reins,  préludant 
Il  la  formation  de  ces  foyers  purulents  connus  sous  le  nom  d'abcès  méla5tatique^. 

Albuminurie  dans  la  fièvre  typhoïde.  Elle  constitue  l'un  des  phénomène» 
les  plus  constants  de  cette  affection  multiforme,  attendu  que  sur  plusieurs  cen- 
taines de  cas  qui  sont  passés  sous  mes  yeux  depuis  quinze  ans  je  ne  Fai  jainai> 
trouvée  en  défaut;  tandis  que  chez  une  jeune  fille  j'ai  vu  manquer  la  coloration 
bleue  de  Tindigose  urinaire  dans  tout  le  cours  de  la  maladie. 

L'albumine  n'existe  pas  indifféremment  à  toutes  les  périodes  de  la  fiènv  coiiti- 
nue.  Elle  se  fait  attendre  parfois  jusqu'à  la  fin  du  premier  seplénaiœ  ;  mais  sou- 
vent l'urine  en  renferme  une  |)etite  proportion  dès  les  premiers  jours,  alors  niénie 
(|uc  los  autres  symptômes  restent  encore  incertains.  Plus  d'une  fois,  en  présence 
(l'un  état  ambigu  qu'on  pouvait  à  volonté  qualifier  de  courbature,  d'cmbarni>  ;;!a^ 
trique  ou  de  fièvre  typhoïde  au  début,  le  caractère  déjà  albumineux  de  la  sécrétion 
urinaire  et  l'apparition  de  la  teinte  indigo  par  l'acide  nitrique  ont  fait  cesser  mon 
liésitation  ;  et  la  suite  confirmait  la  justesse  du  diagnostic  porté  d'après  ce  signe 
En  pareil  cas  l'examen  des  urines  |)eut  tromper,  mais  presque  toujours  il  éclairtil 
les  doutes. 

Si,  dans  les  premiers  jours  de  l'aiïection  confirmée,  l'albuminurie  est  un  phéno- 
mène aléatoire ,  elle  devient  plus  tard,  dans  le  second  septénaire,  un  9jro|itÔD)e 
obligé  de  la  dothiénentérie,  et  son  intensité  est  proportionnée  à  celle  de  ia  fièvre  d 
des  localisations  morbides  sur  les  grands  appareils. 

Mon  expérience,  d'accord  avec  celle  de  Griesinger  et  de  Ti*otter,  ne  me  peinici 
donc  pas  d'accepter  les  réserves  établies  par  d'excellents  observateurs,  cjui  n'au- 
raient rencontré  l'albuminurie  que  dans  le  tiei*s  ou  le  quart  seulement  des  fièvn*<> 
typhoïdes.  Leurs  insuccès  dans  la  recherche  de  l'albumine  ne  s'expliquent  que  |«r 
rimperfection  des  procédés  mis  en  usage. 

L'albumine  urinaire  supprimée  depuis  quelque  temps  reparait  iwHois  dans  b 
convalescence.  L'albuminurie  prend  alors  une  autre  signification.  {Yoy.  ÂLstncmic 

COLLIQtJATIVE.) 

Les  maladies  désignées  sous  le  nom  de  typhus  fever  et  de  typhus  épiiémûp^ 
ne  sont  guère  connues  en  France  et  je  ne<possède  à  leur  égard  aucime  expériencr 


ALiiUMLNURlË.  479 

personnelle.  Les  auteui>»  éti*aiigei's,  et  le  petit  nombi«  de  nos  nationaux  (Edwards, 
Uppoixer,  Hurdiison,  Barallier)  qui  seu  sont  occupés,  considèrent  ralbumine 
comme  pins  fréquente  chez  les  typhiques  que  chez  les  typhoïdes.  Dans  notre  opir 
iiioo,  cette  dilTérence  ne  saurait  exister,  puisque  le  trouble  urinaii'e  est  constant 
dans  la  dothiénentérie;  mais  cette  appréciation  semble  du  moins  prouver  que  la 
proportion  de  lalbumine  sécrétée  par  les  reins  est  généralement  plus  forte,  par- 
bni  plus  iacile  à  démontrer,  dans  les  diverses  formes  de  typhus.  Eflectivement, 
Oppoker  l'a  trouvée  parfois  aussi  abondante  que  dans  la  maladie  de  Bright. 

Albuminurie  dan$  le  choléra.  Le  choléra  nous  est  venu  de  Tlnde  par  le  nord 
de  TEnrope  ;  c'est  un  médecin  russe,  le  docteur  Hermann,  de  Moscou,  qui  a  le  pr^ 
mier  signalé  Talbuminurie  cholérique.  Simon,  de  Berlin,  la  reooiinue  deux  ans 
l>lu$  tard,  en  1830.  Ce  n'est  qu'à  la  seconde  épidémie  qu'elle  a  été  Tue  en  France 
(1849),  par  MM.  Michel  Lévy,  Rostan  et  Bouchut.  Le  tait  a  d'ailleurs  été  vérifié 
maioteoant  par  tous  ceux  qui  ont  eu  l'occasion  d'observer  des  épidémies  de  cho- 
lén-morbus,  et  les  dissidences  ne  portent  que  sur  son  degré  de  fréquence,  ainsi  que 
sar  les  conditions  pathogéniques  dont  il  dépend.  Sur  le  premier  point  mes  obser- 
vations s'accordent  parfaitement  avec  celles  de  Lehmann,  qui  n'a  vu  manquer  l'ai- 
buminorie  dans  aucun  cas,  et  je  suis  convaincu  d'avance  que  la  présence  de  l'ai- 
bamiue  dans  Turine  des  cholériques  sera  constatée  toutes  les  fois  qu'on  la  cherchera 
darani  les  périodes  du  mal  où  se  fait  sentir  positivement  Finfluence  de  la  cause 
spécifique,  et  non  pendant  la  réaction  triomphante  de  l'économie. 

Aux  yeux  de  la  plupart  des  médechis,  l'albuminurie  cholérique  s'explique  très- 
Êicilanent  par  la  stase  sanguine  dans  les  capillaires  du  rein,  favorisée  par  l'épais- 
âasement  du  sang  dépouillé  de  sa  partie  séreuse  et  par  l'impotence  cai*diaque. 
Ce  serait  en  un  mot  le  type  des  albuminuries  mécaniques.  Quoique  cette  inter- 
prétation s'abrite  sous  l'autorité  de  noms  considérables,  je  h  crois  entachée 
d'erreur. 

Les  capîlbires  sont  engoi^és  partout,  dans  la  période  cyaiiique  et  algide,  et  ce- 
pendant il  ne  se  fait  aucune  exhalation  séreuse  ni  dans  le  tissu  cellulaire  ni  ail- 
leurs, iÂea  que  l'alfaiblissement  contractile  de  l'organe  circulatoire  central  se 
li»se  sentir  dans  tout  l'organisme  aussi  bien  que  dans  l'appareil  uropo'iétique. 

Au  reste,  cette  atonie  cardiaque  serait  plutôt  une  circonstance  défavorable  à  la 
liHnlion  mécanique  de  l'albumine,  attendu  que,  moins  l'ondée  sanguine  est  puis- 
sante^ moins  la  tension  est  forte  et  moins  vive  la  poussée  du  liquide  à  travei*s  les 
parois  vasculaires.  Je  comprendrais  mieux  l'influence  de  l'obstacle  circulatoire  rë- 
Miltant  de  la  consistance  excessive  du  sang,  si,  d'un  autre  coté,  cette  viscosité 
même  ne  devait  s'opposer  à  l'issue  d'une  sérosité  presque  absente  et  si  la  même 
ii»ndition  n'était,  dans  d'autres  régions,  complètement  exempte  de  l'inconvénient 
qu'on  lui  reproclie  à  propos  des  reins. 

A  mon  avis,  l'albuminurie  est  un  phénomène  de  mène  oitire  que  reutérorrhée  ; 
elle  suppose  de  la  part  du  rein  un  travail  organique  qui  touche  à  la  plilogose.  Les 
lésions  dites  parenehymateuses  me  paraissent  dans  oe  cas  à  peu  près  aussi  évi- 
dentes que  dans  la  scarlatine.  Elles  sont  révélées  par  les  débris  épitliéliaux  contenus 
dans  le  dépôt  urinauire  et  par  la  permanence,  rare  sans  doute,  mais  plusieurs  fois 
observée,  de  l'albuminurie  après  la  guérison  des  accidents  cholériques.  Cette  des- 
quamation épithéliale  des  tiitmli  a  bien  été  notée,  seulement  on  l'a  considérée 
comme  trop  fugace  pour  obtenir  la  signification  qu'elle  prend  daiu  d*auti'es  fol*^ 
DMs  d'albuminuries.  Étudiant  le  dépôt  des  urines  cholériques  j'y  ai  trouvé,  dntre 
les  débris  de  la  membrane  épithéliale  des  osuduits  uriuifères,  des  masses  coU 


i80  ALBUMIMJRIË. 

loïdes  amorphes  et  gimiuleiiâes  qui,  pour  éti*e  géiiéraleiuoiii  moûis  abondantes  d 
de  dimensions  moindres  que  les  cylindres  fibriueut  des  albuminuries  aiguës, 
phlegmasiques,  n'en  ont  pas  moins  une  valeur  incontestable  comme  preure  du 
travail  hypercrinique  dont  le  rein  est  alors  le  siège. 

Voici  les  résultats  relalirs  à  Talbuminurie  dans  92  cas  de  choléra  traiié4pendaiil 
ma  suppléance  à  THôtel-Dieu,  dans  les  salles  de  M.  le  professeur  Rostan,  dîiuinl  I» 
trois  mois  d*août,  septembre  et  octobre  1854.  Les  observations  ont  été  recueillies 
par  M.  le  docteur  Paul  Durodies. 

L'albumine  n'a  manqué  dans  l'urine  d'aucun  malade.  L'albuminurie,  peu  con- 
sidérable au  début,  est  plus  abondante  dans  la  période  algide  et  diminue  pro- 
gressivement durant  la  réaction,  à  moins  que  celle-ci  ne  soit  extrême  et  ne  s'ëè%t 
aux  proportions  d'une  fièvre  continue.  Gomme  ces  oscillations  de  l'albumine  cdo- 
cident  avec  des  variations  en  sens  contraire  du  poids  de  l'urine  rendue,  il  senit 
permis  de  supposer  que  toute  la  différence  dépend  de  la  quantité  d'eau  qui  tn- 
verse  les  reins.  Néanmoins  j'ai  lieu  de  croire  que  la  masse  absolue  d'albumine 
sécrétée  est  réellement  plus  forte  dans  les  cas  graves  et  dans  la  période  cnhninantr 
du  mal. 

Eu  toute  hypothèse,  le  pronostic,  comme  l'a  établi  M.  Michel  Lévy,  peut  em- 
prunter sa  sévérité  à  l'abondance  rehtive  de  l'albumine  dans  l'urine.  Tootefob  je 
dois  noter  que  l'albumine  était  presque  nulle  chez  un  malade  qui  mourut  inopiné 
ment  deux  jours  après  le  commencement  de  la  réaction.  La  poussée  vers  les  reiii» 
a  été  plusieurs  fois  assez  forte,  pour  que  l'albuminurie  fût  accompagnée  d'hém»- 
lurie. 

En  outre,  les  cylindres  colloïdes  et  les  éléments  épithéliaux  des  reins  ont  élé 
assez  abondants  pour  domier  à  la  sécrétion,  pendant  la  période d'oligurie,  l'aspect 
d'un  liquide  boueux  ou  purulent. 

L'albumine,  progressivement  amoindrie  pendant  la  réaction  et  le  découn  de 
l'affection,  disparait  totalement  quelques  jours  après  l'entrée  en  coavalesoenoe 
MM.  Bri({uet  et  Mignot  l'ont  notée  seulement  pendant  deux  ou  trois  jours  après  b 
cessation  des  accidents  cholériques  (asphyxie,  algidité,  anurie)  ;  c*cst  la  rooinlnr 
durée  que  j'aie  vue  dans  les  cas  les  plus  simples  et  quand  la  réaction  était  trè:^ 
modérée.  Autrement  l'albuminurie,  constatée  quotidiennement,  s'est  maintenue 
cinq  ou  six  jours  et  même  parfois  plus  d'une  semaine.  Une  seule  fois  nous  l'aToib 
vue  peraister  et  constituer  une  néphrite  albumineiise  permanente,  ou,  mieux,  im 
diabète  leucomurique  consécutif. 

A  la  suite  du  choléra  se  place  naturellement  la  suette^  affection  très-voûiiie, 
dans  laquelle  sans  doute  les  urines  contiennent  souvent  de  l'albumine.  M.  AbeiDr 
en  a  du  reste  trouvé  datx  fois  sur  quatre  cas. 

Albuminurie  dans  la  diphthérie.  S'il  y  avait  un  mérite  quelconque  i  avoir 
constaté  le  premier  que  l'urine  du  croup  et  des  aflcclioua  oouenneuses  ae  oosgulr 
par  la  chaleur  et  l'acide  nitrique,  nous  ferions  honneur  de  cette  découverte  )  Wadr 
(de  Birmingham)  en  ajoutant  que  nous  avons  aussi  consigné  le  bit  dans  unr 
observation  d'angine  sphacélo-di^thérique  publiée  en  1857  (Archiv*  gén.  4e  mé- 
decine). Un  peu  plus  tard,  MM.  Bouchut,  Empis,  Sée,  Hauginet  Trousseau  ont 
appelé  l'attention  sur  cette  albuminurie,  dont  le  degré  de  fréquence  a  été  diverse- 
ment évalué.  Pour  ma  part,  j'ai  toujours  pu  déceler  une  certaine  proportion  d'al- 
bumine dans  les  urines  des  sujets  atteints  de  diphthérie  ;  et  je  ne  doute  p»  que  «i 
ce  principe  aioté  a  paru  manquer  dans  mi  certain  nombre  de  cas,  c'est  qu'on  anit 
ttfliiirei  de  Vherpèê  guttural (ti.),  oaà  d'autres  formes  plastiques  d'inisiinnuaiM. 


ALBUMINURIE.  iSi 

coubiiduesà  tort  avec  la  maladie  infectieuse  décrite  par  Bœtoiiiieaii.  MM.  Bergerou, 
MaaginetSanderson,  qui  ont  constaté  l'albuminurie  dans  la  majorité  ou  la  presque 
totalité  des  cas  de  diphtiiérie,  sont,  dans  mon  opinion,  les  observateurs  qui  ont 
le  mieux  vu  et  le  plus  approché  de  la  réalité. 

Au  reste,  Talbuminurie  diphlliérique  est  par-dessus  tout  la  conséquence  de  la 
djscrasie  sanguine  constituant  ce  que  j'appelle  la  diatlièse  cùuenneuse  et  se  cai-ac- 
térisuit  par  Tescès  des  exsudats  albumiuo-fibrineux  :  dyscrasie  engendrée  directe- 
ment par  une  cause  morbidque,  ou  produite  à  la  longue  par  un  ensemble  de  condi- 
(ioiis  cosmiques  défavorables.  Le  nombre  ou  l'étendue  des  phlegmasies  locales  n'a 
qiiune  médiocre  influence  sur  l'intensité  du  trouble  sécréloire  des  reins.  Quant ii 
Tanoxémie,  qui  succède  au  croup  comme  à  tout  autre  obstacle  placé  sur  le  trajet 
lie  Tair,  elle  ne  peut  que  favoriser  la  superalbumiuose  sanguine  et  accroître  la 
proportion  du  principe  protéique  entraîné  par  l'urine.  Cette  dernière  condition 
prend  une  valeur  considérable  dans  le  croup  laryngé,  et  dans  ces  cas  mortels  on 
liN  bronches  et  les  vésicules  pulmonaires  elles-mêmes  sont  partiellement  injectées 
(ie  (ilasma  solide,  qui  suspend  la  respiration  dans  tons  les  points  correspondants. 

AUniminurie  dam  les  maladies  de  iappareil  respiratoire.  Il  en  est  de 
coïncidentes  el  de  subordonnées,  Ln  sujet  qui,  sous  l'influence  du  froid  ou  d'uîie 
Huthèse,  contracte  une  maladie  des  organes  de  l'hématose,  peut  prendre  en  même 
temi»  '^^  affection  congestive  ou  phlegmasique  des  glandes  uropoïétiques.  Mais 
souvent,  dans  la  tuberculisation  pulmonaire,  comme  diuis  la  pneumonie  ou  la  brou- 
rhile  capillaire,  l'albuminurie  concomitante  dépend  de  la  maladie  principale. 

Le  mécanisme  causal  est  variable  et  ordinairement  complexe.  L'albuminurie  est 
produite  par  les  quatre  facteurs  suivants  : 

I*  Diminution  du  champ  de  l'hématose  et  embarras  circulatoire,  aboutissant  à 
l'anoxémie  ;  2''  perversion  fébrile  des  oxydations  et  des  catalyses  isomériques  de 
substances  protéiques  ;  5^  congestion  rénale  passive  ou  active,  secondaire  ;  lésion 
lassagère  ou  durable  des  reins  ;  4^  supemlbuminose  due  à  l'arrêt  de  la  composi- 
tion, à  l'exagération  de  la  dénutrition  et  à  la  suppression  de  divers  émonctoires. 

Ikios  la  philiisie  pulmonaire  fébrile,  aiguë  ou  galopante,  l'albuminurie  est  frc  • 
fpientc.  Elle  est  si  bien  la  règle  dans  la  forme  granuleuse  procédant  à  la  manière 
d  ime  lièvre,  que  celle-ci  est  souvent  confondue  avec  la  fièvre  typhoïde.  En  ce  cas, 
l«  quatre  conditions  pathogéniques  se  réunissent  pour  déterminer  la  filtration 
albuminense. 

L'albuminurie  est  moins  ordinaire  dans  les  tuberculisations  lentes,  où  elle  ^c 
montre  néanmoins  comme  phénomène  transitoire,  soit  pendant  les  recrudescences 
inflammatoires  et  fébriles,  soit  comme  symptôme  permanent  en  rapport  avec  la 
dy^jcnisie  cachectique  et  avec  une  altération  organique  des  reins,  de  tous  points 
assimilable  à  celle  de  la  maladie  de  Bright  idiopthique. 

i>ans  les  hrondiiten  aigiiès ,  surtout  dans  celles  qui  sont  généralisées  et  très-fé- 
iTik-îi,  l'albuminurie  apparaît  également  comme  conséquence  de  la  fièvre,  de  la 
<l}spnéc  et  de  la  dyscrasie  sanguine.  Les  mêmes  conditions  accompagnant  Yapo- 
pifxie  pulmonaire  déterminent  le  même  phénomène.  Dans  cette  dernière  aflec- 
^ioti,  on  peut  invoquer  quelquefois  spécialement  la  dissolution  des  globules  sain 
:;uiu>oomni?  cause  d'hyperleucomutie  el  conséquemment  d'albnmimirie. 

^y^sl  iUm  h  péripneumonie  que  l'urine  se  montre  le  plus  habituellement  char- 
-•*»'  d'albumine.  Le  phénomène  est  directement  proportionnel  h  l'étendue  de  l'hc- 
l<'*tis:ition,  snrtoul  à  la  violence  du  travail  phlegmasique  et  de  la  fièvre,  ainsi 
fi  •lucai-actère  malin  de  celle-ci.   La  quantité  d'allnimine  éliminée  par  les  reins 

blCT.   EKC.  H.  51 


482  ALBUMINURIE. 

va  diminuaut  au  fur  et  à  mesure  de  l'apaisement  des  phénoroèues  locaux  et  géné- 
raux, et  marque  par  son  décroissjcment  les  phases  de  la  résolution.  Telle  est  b 
règle. 

Gepeudant  il  arrive  que  ralbuminurie,  un  moment  suspendue,  reparaît  quand 
la  maladie  semble  marcher  vers  la  convalescence.  Ce  retour  coïncide  avec  un  mou- 
vement de  dénutrition  exagérée,  favorable  d'ailleurs  à  la  résorption  des  produit» 
hémoplastiques  épanchés  dans  le  tissu  pulmonaire,  et  justifie  jusqu'à  un  certain 
point  la  dénomination  de  critique  imposée  à  oette  sorte  d'albuminurie  par  Martin 
(Solon),  Beghie  et  M.  Abeille. 

La  pathogénie  des  albuminuries  pneumouiques  et  post-pneumoniques  ne  diâère 
|.as  de  colles  dont  nous  avons  étiibli  le  mécanisme  soit  au  début  de  ce  paragraphe, 
soil  :\  l'occasion  des  autres  maladies  de  l'appareil  respiratoii*e.  Toutefois,  on  a  voulu 
Tcnrichir  d'une  condition  causale  qui  lui  appartiendrait  en  propre  :  je  veux  dire 
la  disparition  des  chlorures  de  l'urine.  Hais  celte  particularité  n'est  pas  inhé- 
rente à  la  pneumonie  et,  si  elle  se  rattache  à  l'albuminurie,  ce  n'est  pas  à  titre  de 
cause,  mais  simplement  comme  phénomène  coïncident. 

XIV.  Albuminurie  de  l'asphtxie  ou  albumikurie  akoxéiiiqiie.  Le  délaiit 
d'oxygénation  du  sang  peut  devenir  une  cause  puissante  de  diabète  leuoomuriqiie, 
passager  ou  durable.  Le  fait  s'observe  dans  l'asphyxie  par  des  gaz  irrespirables,  et 
toutes  les  Fois  qu*un  obstacle  prolongé  s'oppose  efficacement  à  Thématose  sanguine. 
Hais  souvent  alors,  comme  dans  le  croup,  la  pneumonie  double,  le  catarrhe  capil- 
laire, les  phénomènes  sont  complexes  et  la  cause  manque  d  évidence.  Néanmoins  on 
ne  saurait  refuser  sa  part  d'influence  à  Fanoxémie.  On  peut  seulement  se  demander 
si  elle  agit  simplement  en  diminuant  la  proportion  des  principes  oomburés,  ou 
bien  si  elle  ne  favorise  pas  en  même  temps  la  coUiquation  globulaire  et  la  dénutri- 
tion des  solides.  L'expérience  de  Vogel,  qui  voit  la  filtration  albumiiieuse  par  les 
reins  succéder  à  l'introduction  du  gaz  carbonique  dans  le  sang,  dépose  en  laveur 
de  cette  seconde  opinion^ 

L*anoxémie  prend  une  certaine  part  k  la  production  du  phénomène  leocooiu- 
rique  dans  les  asphyxies,  dans  les  maladies  des  organes  de  rhématose,  dans  le> 
désordres  anatomiques  du  cœur,  les  paralysies  des  puissances  respiratoires  et  cer- 
taines intoxications.  J'y  rattache  également  l'albuminurie  ultime. 

Albuminurie  de  ï agonie.  Sur  presc|ue  tous  les  cadavres,  et  j*en  ai  examiné 
un  grand  nombre  sous  ce  rapport,  la  vessie  renferme  de  l'urine  albiunineuse.  Li 
généralité  du  résultat  démontre  surabondamment  qu'il  n  a  aucune  relation  directe 
avec  la  nature  du  mal  qui  a  causé  la  mort.  Ce  n'est  pas  non  plus  l'eflet  mécanique 
d'une  transsudation  }>(?«{  morieniy  opérée  en  vertu  du  retrait  vasculaire,  ainsi  que  le 
ferait  présumer  la  viduité  des  canaux  artériels  envisagée  comme  phéoomèue  cada* 
vcrique. 

La  filtration  albumineuso  commence  avec  l'agonie,  c'est-à-dire  avec  te»  symp- 
tômes de  paralysie  des  nerfs  vagues,  chez  les  sujets  dont  les  urines  étaient  jusque- 
là  exemptes  du  principe  coagulable,  et  son  intensité  croissante  est  proportiounrt- 
à  celle  de  l'embarras  circulatoire  et  respiratoire,  ainsi  qu'à  la  durét*  de  celle 
))criode  ultime  des  maladies  dont  la  terminaison  est  funeste.  Quand  les  an. 
tractions  cardiaques  s'afi'aiblissent  et  que  les  poumon*^  s'engouent;  quand  le  sUrUi^ 
annonce  l'accumulalion  d'un  liquide  écumeux  dans  les  voies  de  l'air  (aogiain- 
plnx)sie,  Piorry),  et  qu'une  sueur  visqueuse  apparaît  sur  toute  la  surlace  du  mqi«. 
refroidi  et  cyanose  :  alors  des  exhalations  albumineuses  se  font  de  toutes  parts  diii> 
l'organisme  que  la  vie  abandonne.  A  l'autopsie,  on  découvre  |iarlbis  dans  le  pên* 


ALBUMINURIE.  4S3 

toitie,  les  plèvres  et  le  péricarde,  des  épanchements  séreux  assez  considérables  que 
rien  n  avait  fait  soupçonner  la  veille  de  la  mort.  La  présence  de  Talbumine  dans 
le>  urines  est  un  fait  du  même  genre  et  s'explique  également  par  la  stase  sanguine, 
parlarrét  du  mouvement  de  composition  et  par  la  cessation  de  Thématose. 

i/albuminurie  de  Tagonie  coïncide  fréquemment  avec  l.i  formation  de  caillots 
daiis  les  veines  émulgen tes.  Elle  s  accompagne  aussi  bien  que  les  autres  dedesqua- 
Dialion  épitbéliale  des  tubuli,  et  Ion  découvre,  à  l'aide  du  microscope,  des  dé- 
hris  de  cylindres  épithéliaux  dans  T  urine  vésicale.  Mais  on  constate  à  Tœil  nu  les 
(Hoduits  de  cette  desquamation  dans  le  rein  lui-même.  En  comprimant  les  cônes 
rie  Malpighi,  on  en  fait  sourdre  une  matière  jaunâtre,  puriforme,  constituée  essen- 
liellement  par  Tépilbélium  des  tubes  urinifères. 

La  connaissance  de  cette  espèce  d'albuminurie  importe  beaucoup  à  l'intelligence 
des  faits  pathologiques  proprement  dits.  Elle  nous  prémunit  contre  des  inductions 
prématurées,  et  dès  maintenant  elle  enlève  une  partie  notable  de  leur  valeur  à 
ceitiins  résultats  empiriques  ou  expérimentaux.  S'agit-il  par  exemple  d'établir 
le  rapport  existant  entre  une  lésion  rénale  et  la  sécrétion  de  l'albumine,  on  se 
tardera  de  conclure  affirmutivement  d'après  ce  seul  fait  :  que  Turine  est  trouvée 
.ilbuinineuse  sur  le  cadavre.  Veut-on  savoir  quel  est  le  rôle  des  substances  toxirpies 
dans  b  production  de  l'albuminurie,  il  faudra  s'entourer  de  toutes  sortes  de  précau- 
tions afin  de  ne  pas  prendre  pour  l'effet  direct  et  spécial  du  poison  l'altération 
ultime  du  liquide  urinaire  et  la  lésion  rénale  concomitante. 

Ia  présence  de  granulations  moléculaires,  même  de  celles  de  nature  grasse, 
dans  les  débris  des  cylindres  épithéliaux,  ne  suffirait  pas  encore  à  décider  de  l'ori- 
;rine  toxique  des  accidents  observés  ;  car  l'épithélium  des  tubuli  peut  être  chargé 
df  granules  protéiques  dans  l'albuminurie  ultime,  liée  aux  phénomènes  d'agonie, 
et  la  pathologie  comparée  nous  apprend  que  bien  peu  d'heures  sont  ({uelquefois 
nécessaires  à  la  transformation  régressive  des  tissus  et  des  matières  nlbuminoïdes. 
Ktant  donné  un  empoisonnement,  si  l'albuminurie  ne  se  montre  que  dans  les  der- 
niers moments  de  l'existence,  et  quand  bien  même  l'autopsie  révélerait  des  lésions 
appréciables  des  reins,  on  ne  serait  pas  en  droit  d'attribuer  ces  deux  troubles 
d'organe  et  de  fonction  à  l'action  propre  de  l'agent  délétère.  Le  poison  n'agis- 
^Jnten  ce  cas  que  comme  cause  de  mort,  il  serait  tout  aus^i  logique  de  ranger  une 
chute  de  cheval,  ou  un  traumatisme  grave  quelconque,  parmi  les  conditions  pa- 
thogéniques  de  l'albuminurie. 

\V.  ALBtMiMJniE  coLLiQaATiviî:  00  coNsoHPTivE.  J'ai  proposé  cette  appellation 
\m\T  ralbumiiiurie  dépendant  de  la  rapide  et  excessive  dénutrition  du  système  mus- 
rulaire,  parce  que  l'hyperleucomatie  exprime  dans  ce  cas  la  fonte  dès  masses  char- 
nues, et  parce  c|ue  le  corps  se  consume  comme  dans  In  phthisie  proprement  dite. 
Mais  on  peut  en  faire  une  dénomination  générique  s'appliquant  à  tous  les  cas  d'al- 
liuminurie  par  décomposition  exagérée  de  nos  organes  solides,  y  compris  les  glo- 
Mes  sanguins. 

Si  la  résorption  des  muscles  est  la  source  la  plus  abondante  de  cette  albumi- 
nurie colliquative,  cependant  la  liquéfaction  des  hématies  et  la  fonte  des  vési- 
cules adipeuses  peuvent  introduire  subitement  dans  la  circulation  un  tel  excès 
d  albumine,  que  le  rein  doive  s'en  emparer  pour  l'entraîner  au  dehors. 

^insi  l'observation  fait  reconnaître  trois  sources  principales  et  conséquemmcnt 
troi^  variétés  d'albuminurie  consomptive. 

I)c  ces  trois  espèces,  l'albuminurie  colliquative  musculaire  est  celle  dont  l'ex- 
Kcsiion  sympiomatique  est  la  plus  simple.  Macilence  des  musc'es,  urines  coagu-^ 


l'^i  ALBUMIi^URll-:. 

labiés  :  tel  est  le  syndrome  observé.  Encore  iaul-il  ôlrc  averti  d'une  cause  d'illu* 
sion  :  c  est  Tliypertrophie  de  la  couche  graisseuse  qui  dissimule  longtew)»  b 
Inertes  subies  pr  les  masses  charnues.  L'albuminurie  par  consomption  musculaire 
est  un  phénomène  secondaire  de  beaucoup  de  maladies  aiguës.  Je  Tai  remarquée 
pour  la  première  fois  (186i)  à  la  suite  d'une  angine  sphacélo-dipbthérique,  et  l'ai 
retrouvée  depuis  dans  le  décoiirs  de  la  fièvre  typhoïde,  des  phlegmasies  Ihoract- 
(jues,  etc.,  et  pendant  la  vigueur  des  rhumatismes  articulaires  aigus,  inleiuicb  et 
prolongés. 

La  r^rption  briis({ue  et  générale  du  tissu  cellulo^dipeui  donnerait,  sekia  k> 
axs,  tantôt  des  urines  surtout  albumineuses,  tantôt  des  urines  principalement  grasses, 
huileuses  ou  laiteuses.  Ce  phénomène  morbide  touche  par  conséquent  à  l'albuminurie 
et  à  la  pimêlurie  tout  ensemble.  Si  la  respiration  brûle  et  fait  passer  a  l'état 
d'acide  carbonique  une  iorte  proportion  de  cette  graisse  excédante,  tandis  que  le 
foie  élimine  la  presque  totalité  du  reste,  l'urine  ne  sera  guère  qu'albumineuse. 

Dans  les  conditions  inverses,  respiration  lenle  et  foie  paresseux,  l'urine  :sei^ 
plus  remarquable  encore  par  la  quantité  de  la  matière  grasse  que  par  celle  de  la 
substance  protéique.  11  en  serait  de  môme  si  les  principes  gras,  séparés  par  le  loie, 
étaient  repris  tout  à  coup  par  l'absorption. 

Quant  à  l'albuminurie  par  destruction  des  globules,  son  histoire  se  conloiid  aut 
celle  de  l'albuminurie  qui  accompagne  l'ictère  hémaphéique. 

XVI.  ÂLBUNi»URiE  DA.^s  LRs  ICTÈRES.  Commençous  par  reconnaître  que  lt> 
ictères  sont  Tune  des  catégories  d'aiiections,  pouvant  revêtir  une  forme  grave,  daib 
lesquelles  les  urines  contiennent  le  moins  d'albumine.  Cette  rareté,  signalée  déjà  |iir 
Frerichs,  Schérer  et  d'autres  observateurs,  môme  dans  le  ramollissement  bilieux, 
aigu  N.  (atrophie  jaune  aiguë  des  auteurs),  n'est  cependant  pas  telle,  qu'il  boil 
permis  de  ci-oire  avec  quelques  personnes  que  dans  les  ictères  intenses  ou  grave» 
l'absence  du  principe  protéique  dans  l'uiinc  est  la  règle.  L'albumine  existe  trè&- 
souvent  dans  l'urine  ictérique  ;  la  proportion  seulement  varie  selon  les  cas  et  l*'» 
espèces  morbides. 

La  jaunisse  ne  dépend  pas  toujours  de  la  même  matière  colorante.  Tantôt  cW 
le  pigment  biliaire  qui  teint  les  tissus  ûhreu\(ictêre  biliphéique  N.);  tantôt  la  co- 
loration est  due  à  la  présence  d'une  substance  pigmentaire  analogue,  quoique 
moins  belle  et  moins  riche,  se  rapprochant  de  l'hématoîdine,  de  Thématosine  e(  (le 
l'hémaphéine  (ictère  liémaphéique  N.).  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  tracer  l'histoire 
de  ces  deux  ictères,  si  profondément  séparés  par  leur  nature  pigmentaire  spédalc 
aussi  bien  que  par  leurs  caractères  cliniques.  Je  dois  seulement  établir  la  distinc- 
tion, parce  qu'elle  entraîne  des  dilférences  con*espondantes  dans  la  fréquence  et 
Tint-ensité  de  l'albuminurie  concomitante.  La  jaunisse  vulgaire  ou  bilieuse  est  or 
ractcrisée  |>ar  des  urines  d'un  jaune  d'or  ou  brunâtre,  qui  donnent  par  l'acide 
nitrique  non-seulement  les  changements  de  couleur,  dans  l'ordre  des  rajoi^  da 
prisme,  que  tout  médecin  doit  connaître,  mais  encore  un  nuage  opalin  de  la  aias»e 
où  l'acide  s'est  diffusé,  et  de  plus  un  diaphragme  minime  d'acide  uriqne  suspendu 
au  milieu  de  la  portion  demeurée  transparente. 

liO  trouble  de  la  zone  inférieure  est-il  dû  à  l'albumine?  On  pourrait  en  douter 
d'après  l'impossibilité  habituelle  de  l'obtenir  par  Tébullition,  alors  même  que  U 
liqueur  est  naturellement  acide.  Mais  le  pn'cipité  une  fois  obtenu  par  Tacide  ne  ^ 
redissout  plus  pr  la  chaleur,  et  d'ailleui's  l'analyse  pratiquée  ii  ma  prière  par  un 
chimiste  habile,  M.  le  professeur  Chatin,  a  démontré  dans  une  urine  d'idèrr 
simple  la  présence  d'une  des  loi-mes  de  Talbuniine.  Quant  à  soutenir  que  k 


ALBUMINURIE.  4X:» 

trouble  produit  por  l'acide  s'explique  uniqueniout  par  la  matière  protéique,  jo 
m'en  garde,  attendu  qu'il  se  pourrait  que  le  nuage  fût  produit  eu  partie  par  une 
sufastince  grasse  accompagnant  la  cholépyrrhine  et  donnant  une  réaction  analogue 
A  celle  des  urines  copahifères.  Toujours  est-il  que  j'ai  souvent  extrait  des  urines 
bilieuses  une  proportion  considérable  d'une  matière  se  comportant  i\  la  façon  des 
oorpsgras. 

Dans  rictère  vrai,  compliqué  àii  lièvre  et  de phlegmasie,  lalbuminurie  est  plus 
manifeste,  et  le  précipité  peut  être  obtenu  aussi  bien  par  la  chaleur  que  \wr  l'acide 
aiotique,  à  cette  différence  près  qu'il  est  toujours  plus  considérable  par  ce  dernier 
réactif.  ^ 

L'albumine  est  plus  copieuse  dans  l'ictère  grave  de  forme  typhoïde,  caractérisé 
.inatomiquement  par  la  lésion  que  j'ai  nommée  ramollissement  bilieux  aigu  du 
foie.  Dans  ces  cas  et  d'autres  moins  dangereux,  j'ai  trouvé  dans  les  urines,  outre 
1rs  produits  de  la  desquamation  exagérée  des  tubes  de  Bellini,  des  cylindres 
farcis  de  granulations,  des  cellules  pleines  de  granules  protéiques  ou  graisseux  c  l 
mome  des  cylindres  colloïdes. 

L'ictère  hémaphéique  présente  à  peu  près  les  mêmes  particularités  que  la  jau- 
nisse bilieuse,  en  ce  sens  que  la  proportion  d'albumine  est  faible  ou  forte  selon  l'in- 
tai>ité  de  l'aflection  qui  donne  lieu  à  la  coloration  anormale  des  téguments  :  ou  plus 
exactement  selon  l'intensité  des  désordres  généraux  qui  raccompagnent.  J'ai  fait 
(iHiiiailre  dans  une  note  {Union  médicale,  1858)  ma  manière  de  comprendre 
l'idère  hémaphéi(|ue,  et  j'ai  complété  depuis  l'exposé  de  mes  opinions  dans  plusieurs 
de  mes  travaux  et  dans  différentes  thèses  soutenues  par  mes  élèves  (MM.  les  doc- 
imirs  Jules  Brongniart  et  Durante). 

(«t  état  morbide  ne  se  révèle  pas  uniquement  par  la  coloration  jaune  particu- 
lière des  téguments  ;  les  urines  offrent  également  une  teinte  différente  de  celle 
de  l'état  physiologique.  Et,  de  même  que  la  cholémie  se  caractérise  parfois  par  la 
seule  altération  de  l'urine,  de  même  et  plus  souvent  l'hémaphéisme  ne  donne  lieu 
a  aucune  coloration  marquée  de  la  ])eau  et  des  tissus  fibreux.  Cependant  il  est  ra- 
tionnel de  réunir  ces  cas  à  ceux  où  l'expression  symptomatique  est  plus  com- 
plète, c'est-à-dire  où  l'ictère  se  joint  aux  autres  caractères  de  l'afTection.  Dans 
Thémaphéisme  signalé  par  la  teinte  particulière  des  urines,  ou  bien  à  la  fois  par 
cftte  coloration  de  la  sécrétion  urinaire  et  par  celle  des  téguments,  les  reins  lais- 
sent assez  souvent  exsuder  de  l'albumine.  Néanmoins  l'albuminurie,  dans  les  cas 
très-légers,  est  plus  rare  que  dans  les  ictères  cholémiques  ou  bilipliéiques 
simples.  Dans  les  cas  graves,  cette  fréquence  devient  au  moins  égale  et  le  phéno- 
mène acquiert  même  parfois  une  trt^s-grande  intensité,  ainsi  qu'on  le  voit  notam- 
ment dans  la  fièvre  jaune,  dont  la  coloration  spéciale  me  paraît  dépendre  plutôt 
de  b  présence  en  excès  de  la  matière  colorante  résultant  de  la  fonte  rapide  des 
glolHiles  sanguins,  que  de  la  résorption  de  la  cholépyrrhine  préalablement  formé** 
dans  la  ghnde  hépatique.  Diverses  fièvres  de  mauvais  caractère,  des  afTcctious 
hépatiques  insidieuses,  certaines  formes  malignes  d'autres  espèces  nosologiques, 
Tmsipèle  infectieux,  la  pneumonie  typhoïde,  etc.,  offrent  à  un  haut  degré  la 
même  particularité,  et  doivent  sans  doute  à  l'excès  de  la  protéine  globulaire 
dans  le  sang  une  partie  de  l'albumine  contenue  dans  la  sécrétion  rénale.  Les  faits 
de  ce  genre  ont  été  partiellement  décrits  parmi  ceux  d'albuminurie  par  altération 
<l^  lîlobiiles  sanguins,  lesquels  ont  été  observés  seulement  dans  h^  rondiliouis 
Miivantes. 

Diverses  substances  exercent  sur  les  hématies  tme  action  dissolvante  ;  de  ce 


486  ALBUMIMURIE. 

nombre  sont  la  bile,  l'hydrogàne  arsénié  el  l'acide  carbonique.  Aussi  SùgA  a-t-il 
vu  ralliuminurie  suivre  les  inhalations  gazeuses  d'hydrure  d'arsenic  el  d'ac*ùic 
carbonique.  De  mon  coté,   j'ai  constaté  l'albumine  dans  l'urine  rougeàtre  île 
sujets  asphyxiés  par  le  charbon.  Frerichs  a  également  obtenu  des  urines  um- 
gulubles   en  injectant  dans  le  sang   une  petite   quantité  d'une    solution  ér 
cholatc  de  soude,  combinaison  qui  représente  toutes  les  propriétés  essenlieUcs  du 
liquide  biliaire.  Enfin  Hermann  et  Stokvis,  répétant  et  interprétant  les  expérience> 
d'injections  aqueuses  dans  le  système  sanguin,  ont  fait  voir  qu'en  ménageant  l'iii- 
troduction  de  l'eau  de  manière  à  éviter  les  ruptures  on  arrive  à  un  degré  de  dilu- 
tion du  sérum»  tel  que  le  contenu  des  globules  s'exosmose  nécessairenieul  ch 
partie  et  (pie  de  l'albumine  apparaît  dans  les  urines.  Cette  albuminurie,  qu'on 
appellera  si  l'on  \ent  globulaire,  coïncide,  selon  la  remarque  des  observateurs  $ii^ 
nommés,  avec  l'existence  de  l'hématine  et  d'une  dose  de  fer  hypemormale,  eau»- 
tères  conformes  à  ceux  que  j'ai  reconnus  a  l'urine  dans  l'ictère  hémaphéiqui;. 

Fièvre  jaune.  Fièvre  bilieuse  typhoïde.  Depuis  que  Dumortier  a  signalé  Tal- 
bumhiurie  dans  la  fièvie  jaune,  tous  les  observateurs  ont  noté  le  phénomène  djiit> 
les  épidémies  observées  soit  aux  Antilles  (Cliapuis,  Ballot),  soit  sur  le  continent  aiiii- 
ricatn  (Baclie,  Laroche),  et  même  en  Europe  (Coutinho,  Alvarenga).  On  trouer  si» 
ce  |K)int  d'utiles  renseignements  dans  l'ouvrage  de  M.  Dutroulau,  rebUf  aux  mala- 
dies des  Européens  dans  les  pays  chauds.  L*albuminurie  parait  être  la  règle  d;in> 
la  fièvre  jaune.  Elle  résulte  probablement  non-seulement  des  circonstances  com- 
munes à  toutes  les  pyrexies,  mais  encore  d'une  condition  spéciale  :  la  rapide  dêtiii- 
trition  des  globules  sanguins,  d'où  viendraient  à  la  fois  une  partie  de  l'excès  di^ 
substances  protéiques,  et  l'abondance  extrême  de  la  matière  colorante  qui  teint  le^ 
téguments  (ictères  hémaphéique  et  biliphéique). 

Quant  à  cette  lièvre  d'un  caractère  typhoïde  qui  règne  en  Egypte  et  se  di;»- 
tingue  par  sa  foime  bilieuse,  le  peu  que  nous  en  savous,  nous  le  devons  à  Gii**^ 
singer,  qui  l'a  étudiée  avec  sa  sagacité  habituelle  et  nous  apprend  qu'elle  délci- 
mine  assez  rarement  l'albuminurie. 

XYII.  Albomikubie  par  hyperémik  passive  des  rki.ns.  L'albuminurie  qui  résulU' 
d'un  obsLicle  à  la  circulation  en  retour  n'est  qu'une  espèce  de  groupe  des  hydro|4- 
sies  par  oblitérations  veineuses.  Elle  constitue  pour  ainsi  dire  un  cas  particulier 
du  fait  plus  général  encore  de  l'hypercrinie  par  excès  de  pression  dans  le  système 
sanguin.  Rien  n'est  mieux  étabU,  depuis  les  belles  rechenhes  de  M.  Boiiil* 
laud,  que  cette  intervention  de  la  suspension  du  courant  veineux  comme  C4ii%e 
prochaine  et  efficiente  des  épanchements  dans  le  tissu  cellulaire  et  les  ca\it«^ 
closes. 

Aussi,  malgré  la  dissemblance  incontestable  entre  la  sécrétion  toujours  oAgii- 
lable  des  séreuses  et  l'urine  normalement  exempte  d'albumine,  les  aoatomiste^ 
qui  les  premiers  rencontrèrent  des  thromboses  dans  les  veines  rénales,  hur  les  ca- 
davres de  sujets  morts  albuminuriques,  furent-ils  naturellement  enclins  i  ne  ^t»ir 
dans  l'albuminurie  que  la  conséquence  de  l'obstacle  apporté  à  la  drculatioo  pr  l«f 
caillots  obturateurs.  Cette  conclusion  était  d'autant  plus  légitime,  que  des  t\\r- 
riences  sur  les  animaux  vivants  étaient  venues  démontrer  la  possibilité  d'obtenir 
instantanément  la  filtration  de  l'albumine  à  l'aide  de  la  ligature  d'une  \etM 
énuilgente. 

Les  faits  d'albuminurie  coïncidant  avec  des  concrétions  hémoplastiques  dans  1<^ 
veines  rénales  sont  actuellement  assez  nombreux  et  bien  connus.  J'en  ai  vu  pour 
mon  compte  deux  exemples,  dont  l'un  a  été  de  ma  jwrt  l'objet  d'une  élude altrr- 


ALBUMINURIE.  4S7 

Uv<^  el  d'une  description  détaîlléo  {Mém,  pour  les  prix  de  ilnietmaty  1847. 
Archiv,  de  l^ass.  publ).  Nul  doute  par  conséquent  ne  peut  subsister  dans  mon 
isprit  sur  la  i^lité  de  ces  cas  où  l'albuminurie  accompagne  des  oblitérations  vei- 
neuses des  reins.  Mais  je  cherche  encore,  quels  sont  en  pareille  circonstance  l'en- 
l'hainement  et  lu  subordination  des  symptômes.  L'oblitération  est-elle  la  cause 
imique  et  primordiale  de  l'albuminurie  et  par  là  le  point  de  départ  de  la  série  pa- 
thologique, ou  bien  au  contraire  n'est-elle  qu'une  complication  d*un  état  général 
|tréexistant  ou  concomitant,  engendré  par  une  cause  morbide  supérieure?  Sans 
(loute  les  deux  formes  existent.  Toutefois,  l'oblitération  primitive,  produisant  à 
elle  seule  l'albuminurie  et  les  autres  conséquences,  doit  se  démontrer  rai*ement  ; 
nar  il  n'y  a  pas  beaucoup  de  circonstances  dans  lesquelles,  sans  affection  générale 
antérieure,  les  veines  rénales  puissent  être  comprimées  jusqu'à  l'effacement  com- 
plet de  leur  calibre  ou  bouchées  par  un  caillot. 

Les  thromboses  des  veines  rénales,  décrites  plus  habituellement  sous  le  nom  de 
(ihléhites,  se  rencontrent  particulièrement  dans  les  conditions  morbides  où  bien 
>ouveiit  l'albuminurie  se  montre  indépendamment  de  toute  lésion  de  ce  genre. 
C'est  dans  les  cachexies,  et  spécialement  dans  la  cachexie  puerpérale,  que  l'albu- 
minurie est  le  plus  fréquente  ;  c'est  dans  les  mêmes  conditions  morbides  que  moins 
souvent  se  produisent  les  thromboses,  dont  l'une  des  plus  rares  est  celle  du  rein. 
Par  conséquent,  il  est  vraisemblable  que  cette  dernière  lésion  vient  simplement,' 
au  moins  quelquefois,  se  surajouter  aux  phénomènes  morbides  fondamentaux. 
C'est  ce  qui  doit  avoir  lieu  par  exemple  dans  tous  les  cas  où,  sauf  la  lésion  des 
veines  émulgentes,  tous  les  autres  symptômes  sont  ceux  des  maladies  de  Bright 
ordinaires,  depuis  l'ulbuniinurie  et  l'anasarque,  jusqu'aux  accidents  cérébraux  qui 
terminent  la  scène.  Autrement,  il  faudrait  admettre  que  Tissue  de  l'albumine  par 
le  fait  de  l'imperméabilité  des  veines  suffit  à  déterminer  l'ensemble  des  symp- 
tômes attribuables  à  la  dyscrasie  avec  albuminurie.  Or  nous  verrions  aussitôt  sur- 
gir toutes  les  objectioas  contre  la  prééminence  de  la  lésion  locale,  et  toutes  les  rai- 
sons qui  militent  en  laveur  de  la  dyscrasie  albumineuse. 

D'ailleurs  l'étude  des  faits  particuliers  conduit  à  une  interprétation  conforme  à 
ia  doctrine  que  nous  avons  développée  et  que  nous  soutenons  ici  :  celle  de  la  super- 
albominose  sanguine. 

Chez  les  deux  sujets  que  j'ai  observés,  l'affection  s'est  développée  dans  l'état 
puerpéral,  si  fécond  en  accidents  albuminuriques.  L'une  de  ces  femmes  relevait  de 
couches;  elle  était  probablement  albuminurique  durant  sa  grossesse  ;  en  tout  cas, 
elle  étuit  encore  sous  le  coup  de  la  diathèse  qui  crée  l'albuminurie.  Un  refroidisse- 
ment survient  ;  c'est  la  cause  du  développement  d'un  état  fébrile  et  d'une  poussée 
oongeslive  vers  les  reins,  d'où  retour  ou  bien  intensité  accrue  du  phénomène  «  albu- 
minurie. »  La  disposition  aux  thromboses  aidant  et  l'oblitération  survenant  dans 
ItN  veines  émulgentes,  l'albumine  devient  plus  abondante  ;  il  s'y  joint  du  sang  en 
nature.  Cependant  Us  altérations  générales  de  l'économie  s'aggravent  et  la  vie 
^'éteint  au  milieu  du  délire  et  du  coma.  Dans  tout  cela,  nous  retrouvons  la 
marche  habituelle  d'une  maladie  de  Bright  aiguë,  et  les  caillots  des  veines  rénales 
[aniissent  n'avoir  eu  d'autre  rôle  que  d'augmenter  la  proportion  d'albumine  et 
)<%  désordres  anatomiques  des  reins. 

Il  serait  curieux  de  voir  si  une  oblitération  veineuse  protopathique  produirait  un 
mtre  en.semble  de  symptômes.  En  attendant,  je  maintiens  un  doute  motivé  relati- 
vement à  la  signiGcation  de  certaines  thromboses  des  veines  émulgentes,  lesquelles 
[XHirraienl  bien  n'être  ([u'une  complication  el  non  la  cause  première  du  passage 


488  ALBUMINURIK. 

do  l*albuiniiie  à  travers  les  reins.  Mais  si  la  sévérité  de  la  science  nous  dcfeiul  de 
regarder  comme  rigoureusement  démontrée  en  pathologie  la  réalité  d'une  albumi- 
nurie créée  subitement,  et  de  toutes  pièces,  par  le  seul  fait  d'un  obsUck  méca- 
nique au  retour  du  sang  veineux,  elle  nous  autorise  du  moins  à  croire  le  fait  pro- 
bable, et  à  considérer  les  embarras  circulatoires  comme  cause  adjuvante  de  b 
filtration  albumineuse.  C'est  ce  qui  ressort  particulièrement  de  1  étude  des  mala- 
dies organiques  du  cœur. 

Albuminurie  dans  les  affections  cardiaques.  L'albunûnurie  des  affiscticNb 
organiques  du  cœur  reconnaît  plusieurs  causes.  Cest,  d'une  part,  robstaele  à  b 
circulation  ;  d'autre  part,  ce  sont  les  altérations  nutritives  et  la  dpcrasic  san- 
guine. Les  sujets  qui  portent  depuis  longtemps  une  lésion  cardiaque  sont  généra- 
lement hypoglobuliques  et  cachectiques  ;  ils  ont  les  vaisseaux  des  reins,  comme  Ik 
autres,  infiltrés  de  granulations  graisseuses  ou  amyloïdes,  toutes  ciroonstanos 
extrêmement  favorables  au  passage  de  Talbumine  dans  les  urines.  Mais  la  fluxion 
rénale  et  l'augmentation  de  la  pression  sanguine  en  sont  les  causes  détenninaol<^ 
Quand  la  lésion  anatomiqne  d'un  orifice  est  assez  avancée  pour  entraver  considt- 
rablement  le  jeu  du  mécanisme  cardiaque,  il  en  résulte  toujours  finalement  un 
obstacle  à  la  circulation  en  retour,  et  une  stase  dans  les  réseaux  capillaires  ;  seult*- 
ment  cette  lésion,  suivant  son  siège,  sa  forme  et  son  degré,  amène  plus  ou  moin^ 
vite  et  développe  plus  ou  moins  cette  stase  circulatoire.  La  plus  haute  puissance 
nppartient  au  rétrécissement  de  Torifice  auriculo-ventriculaire  droit,  parce  qu'il 
soppose  directement  au  retour  du  sang  veineux  de  la  circulation  générale.  Ensuite 
viennent  les  lésions  de  l'orifice  mitral,  dont  le  rétrécissement  par  exemple,  em|i^- 
rhant  les  poumons  de  se  dégorger  du  sang  artérialisé,  met  obstacle  s\  Tarrivéf^  dit 
sang  noir  de  l'artère  pulmonaire,  empêche  le  ventricule  droit  de  se  vider  et  pro- 
duit par  contre-coup  le  résultat  que  donnait  immédiatement  le  rétréeî<seaii^i( 
Iriciispide.  Les  insuffisances  auriculo-ventriculaires  entraînent  des  oonséquence^ 
moins  fâcheuses  pour  la  circulation.  Le  rétrécissement  et  rinsullGsance  aortiquo 
ont  encore  moins  d'inconvénients. 

C'est  précisément  dans  le  même  ordre  que  se  disposent  ces  diverses  lésions,  eu 
égard  à  la  facilité  avec  laquelle  elles  déterminent  l'albuminurie;  non  parce  qur 
l'asystolie  oflre  la  même  gradation  de  fréquence,  mais  bien  parce  que  le  passage  d** 
l'nlbumino  est  subordonné  à  la  pression  sanguine  et  h  la  cachexie. 

lies  auteurs  qui  ont  cru  pouvoir  expliquer  l'albuminurie  par  l'asystolie  ont  nul 
compris,  selon  moi,  le  mécanisme  des  phénomènes  morbides,  et  quelques-uns  !« 
sont  mis  formellement  en  contradiction  avec  leur  propre  manière  de  voir  relative- 
ment au  mode  d'action  de  la  poussée  artérielle  dans  la  production  de  l'albiiniinonr 
mécanique  en  général.  Si  la  faiblesse  de  l'ondée  sanguine  est  si  favorable  à  b 
transsudation  albumineuse  dans  le  cours  des  maladies  du  cœur,  comment  dooc  <** 
fait-il  que  la  suppression  de  certains  rameaux  artériels  dans  le  rein  déierminr 
Inlbuminurie  (expériences  de  Panum)  par  le  fait  de  l'exagération  de  pression  dim 
les  branches  restées  perméables? 

Pour  dire  ici  toute  ma  pensée,  je  serais  plutôt  disposé  à  considérer  ras}istott( 
comme  une  circonstance  de  natiu'e  k  diminuer  la  transsudation  albumineuse.  qw* 
comme  devant  la  produire  ou  l'accroître,  lorsqu'il  existe  un  obstacle  mécanique  jn 
retour  du  sang  veineux. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'albumine  existe  en  proportion  plus  ou  moins  considérab!** 
dans  l'urine  de  la  plupart  des  sujets  offrant  à  un  haut  degré  les  symptômes  dits  la* 
tionnels  des  maladies  du  cœur;  à  savoir  :  la  stase  capillaire  et  la  teinte  cyanique. 


ALBUMINURIE.  499 

l'anhélatioii,  leshj|)eréinies  viscérales  et  Tanasnrque  des  extrémités.  I^urs  urines  ont 
même  cseci  de  particulier  :  qu'elles  joignent  au  caractère  coagùlable  une  coloration 
foncée  ai  rapport  avec  l'excès  de  matières  pigmentaires  provenant  de  la  destruction 
de  globules,  et  insuffisamment  transformées  par  le  foie  atteint  dans  sa  structure  ou 
ses  foncions  (foie  muscade  ou  cirrhose).  Dans  ces  circonstances  le  rein,  d'abord 
simplement  hyperémié  et  affecté  d'une  dégénérescence  épithéliale,  finit  par  subir 
ôe^  changements  anatomiques  plus  profonds,  dans  le  sens  de  la  lésion  de  Briglit. 

XVIII.    ÀLBIJXINrRIR  DA?iSLE  nHUXATISME,  LA  GOUTTR  ET  LA  GRAVELLE.     Trois  SOrtCS 

(l'albuminurie  se  rencontrent  dans  le  rhumatisme  articulaire  aigu  :  \^  celle  des 
pyrexies  et  des  phlegmasies  fébriles  ;  3^  celle  de  la  néphrite  rhumatismale  ;  S^Tal- 
luminurie  par  colliquation  musculaire. 

\£  rhumatisme  chronique,  ayant  amené  de  profonds  désordres  dans  toute  l'éco- 
nomie, peut  s'acxompagner  d'albuminurie  dyscrasique  ou  cachectique. 

Dans  la  goutte  se  retrouvent  de  pareilles  albuminuries  liées  à  des  conditions 
|Qtbogéniques  analogues.  L'albuminurie  cachectique  est  vraisemblablement  plus 
fréquente  dans  cette  maladie  que  dans  le  rhumatisme  lui-même. 

lAgraveUe,  qui  n'est  souvent  qu'une  manifestation  delà  diathèse  goutteuse, 
eitj^ndre  les  mêmes  albuminuries  que  la  goutte  franche.  De  plus,  elle  donne  lieu 
j  une  leuoomurie  catarrhale  explicable,  non  par  la  présence  de  cristaux  d'acide 
lithique  (gravelle  microscopique),  mais  par  l'irritation  des  tubuli  nu  contact 
d'iirines  trop  chargées  de  principes  organiques. 

\l\.  Albuminurie  dans  les  lésions  rénales.  Sous  cette  rubrique  se  rangent 
i<^  albuminuries  avec  néphrite  aiguë  produite  par  les  refroidissements  et  même, 
jusqu'à  un  certain  point,  celles  qui  se  montrent  dans  le  cours  de  la  grossesse,  du  cho- 
léra, de  la  scarlatine,  etc.,  lorsque  le  rein  est  visiblement  modifié  dans  sa  struc- 
ture. .4  plus  forte  raison,  le  diabète  leuoomurique  proprement  dit  trouverait-il  ici 
VI  pbce,  si  la  description  de  cette  forme  importante  ne  réclamait  un  article  séparé. 
iVoy.  Maladie  de  Brigut.)  Nous  nous  abstenons  par  conséquent  d'en  parler.  Kn 
revanche,  nous  dirons  quelques  mots  de  plusieurs  autres  états  morbides  accom- 
pagnés de  lésion  organique  des  reins,  ou  essentiellement  constitués  par  ce  désordre 
anatomique  et  qui  donnent  lieu  à  l'albuminurie. 

Albuminurie  dans  les  affections  cutanées.  Des  causes  morbides,  qui  enrayent 
ou  suspendent  tout  à  coup  les  fonctions  cutanées,  des  lésions  qui  suppriment  une 
portion  plus  ou  moins  vaste  du  tégument  externe,  sont  l'occasion  du  passage  de 
l  albumine  dans  l'urine.  Le  fait  a  été  démontré  depuis  longtenips  par  Fourcault  sur 
des  animaux  qu'il  parvenait  à  rendre  albuminuriques  en  couvrant  une  partie  de 
leur  corps  d'enduits  imperméables.  Ces  expériences,  répétées  depuis  et  variées, 
(int  donné  les  mêmes  résultats  entre  les  mains  de  M.  Balbiani  et  de  Valentin. 

0 

Sans  parler  des  fièvres  éruptives,  nous  avons  vu  l'albuminurie  accompagner 
df«  érysipèles  intenses  ;  il  en  est  de  même  pour  les  brûlures  peu  profondes,  mais 
(n*s-éteiKlues,  et  tout  porte  à  penser  que  certaines  dermatoses  (eczéma,  pemphigus) 
arri^-ant  rapidement  ù  couvrir  la  majeure  partie  de  la  superficie  des  téguments, 
imtnineraient  fré(|uemment  une  semblable  altération  sécrétoire.  Déjà  l'albumi- 
itiirif'  M>  trouve  signalée  par  M.  Rayer  dans  un  cas  d'eczéma.  L*action  répercuswsivo 
du  Iroid  produit  souvent  ce  fAcheux  effet,  et  l'albuminurie  aiguë  (mi  est  la  consé- 
(|iienop.  Voilà  ce  qu'enseignent  l'observation  et  rexpcrimenlatioii.  Reste  à  savoir 
{)3r  (piel  mécanisme  l'albuminurie  prend  alors  naissance. 

Lorsque  la  maladie  est  fébrile,  nous  retrouvons  les  diverses  conditions  pathogo- 
uii(iie$  énoncées  plus  haut  dans  les  généralités  sur  les  pyrexies  et  b's  phlegmasies. 


490  ALBUMINURIE. 

H  faut  y  joindre  dans  certains  cas  lUie  localisation,  sur  ie<(  reins,  di's  effets  deli 
diatlièse,  ou  bien  l'une  de  ces  altérations  consensuelles  qu'entraînent  à  leur  suite 
les  troubles  fonctionnels,  ou  mieux  aclionnelSf  des  grands  appareils  de  l'tVu- 
nomie.  Arrêtons-nous  sur  cette  dernière  circonstance  causale,  pour  en  faire  rap|4i- 
cation  plus  s{)éci;dement  à  la  réfrigération  périphérique  comme  cause  du  iliaU-d* 
albuniineux. 

Bien  que  la  chimie  constate  une  faible  proportion  de  matière  azotée,  prolnUi'- 
ment  épidermoide,  au  milieu  des  principes  gras  et  salins  de  la  sécn'tion  cutaïkv 
il  est  clair  que  ce  n*est  pas  la  rétention  de  cette  substance  quaternaire  qui  peut 
rompre  l'équilibre  entre  lu  production  et  la  consommation  des  principes  albnnu- 
uoïdes  dans  l'économie.  L*hyperleucomatie  doit  par  conséquent  provenir  d*iine  autre 
source.  Or,  la  peau  est  une  voie  d'échange  entre  l'atmosphère  et  le  sang;  scnût-^v 
donc  en  diminuant  le  champ  de  rhém:itose  qu'agiraient  les  lésions  tégumentaire>? 
Malgré  l'importance  plus  grande  recoimue  dans  ces  derniers  temps  à  reihalatimi 
gazeuse  de  la  peiiu,  la  suppression  de  cette  exhalation  parait  encore  insuflisante  > 
expliquer  la  production  de  ralbuminuric.  Pour  s'en  rendre  un  compte  satisfaisant, 
il  faut  faire  intervenir  des  troubles  connexes  dans  les  grandes  fonctions,  notamment 
dans  la  fonction  hépatique  et  même  les  congestioas  viscérales  qui  aooompegnejit 
d'ordinaire  l'anémie  périphérique.  N'oublions  pas  en  effet  que  la  peau  élimiiie 
simultanément,  par  les  glandes  sudoripres,  des  substances  analogues  à  celles  dont 
se  chargent  les  reins  et«  par  les  glandes  sébacées,  des  corps  gras  très-voisins  de 
ceux  qui  font  partie  de  la  bile.  Il  suit  de  là  que,  toute  superalbumino&e  k  part,  !«* 
foie  et  les  reins  forcés  à  un  travail  excessif  peuvent  s'iiriter  au  point  de  devenir  )i* 
siège  d'une  exhalation  séreuse.  Goodfellow  a  pensé  que  la  phlogose  rénale  pou^^ait 
s'expliquer  par  l'action  réflexe  vaso-motrice.  Dans  son  opinion,  corroborée  |wr  k.> 
expériences  de  H.  Brown  Séquard  et  d'autres  physiologistes,  l'excitation  des  expao- 
sions  périphériques  du  système  nen^eux  ganglionnaire  doit  retentir  sur  les  ùïei^ 
intérieurs  du  même  système,  pour  en  déterminer  la  paralysie  et  par  saiite  une  dila- 
tation des  capillaires  favorable  à  la  transsudation  albumineuse,  aussi  bien  du  côit  du 
tissu  cellulaire  que  du  côté  desglandosuropoïétiques.  C'est  la  doctrine  de  la  réper- 
cussion rajeunie  et  mise  en  haimonie  avec  la  physiologie  moderne.  L'application 
qu'en  fait  le  pathologiste  anglais  est  plausible,  et  sert  à  compléter  la  tliéorie  de> 
effets  de  la  réfrigération  sur  la  production  d  '  l'albuminurie. 

Outre  les  maladies  aigués  de  la  peau  et  les  troubles  instantanés  de  la  fbnctiiin 
cutanée,  l'albuminurie  se  rencontre  dans  les  états  diatliésiques  caractérisés  prdf^ 
affections  chroniques  du  derme,  et  auxquelles  s'applique  de  préférence  la  dénorot- 
nation  de  dartres.  On  Toliserve  dans  la  lèpre,  le  lichen  et  le  psoriasis.  M.  Rayrr 
rapporte  un  exemple  de  ce  dernier  genre,  et  c'est  dans  un  cas  semblable  que  Fam 
a  utilisé  l 'arsenic.  La  présence  du  principe  coagulable  de  l'urine  doit-elle  ku- 
attribuée  à  l'altération  dartreuse  du  rein,  ou  bien  à  l'état  cachectique  qui  arcom- 
pagne  les  manifestations  cutanées?  Dé|)end-elle  de  l'hyperlencomatie  rehti^f  v\ 
de  la  fluxion  rénale  conjointe,  ou  bien  de  la  néphrite  catarrhale,  herpétique?  ("<M 
ce  qu'il  est  inopossible  de  décider  actuellement. 

De  toutes  ces  conditions  pathogéniques,  la  plus  puissante  est  sans  contredit  1»  - 
tion  du  froid.  L'albuminurie  qui  dérive  souvent  de  cette  cause  revêt  alors  uni' 
forme  intense,  s'accompagne  d'une  véritable  néphrite  albumineuse  et  p^^ 
souvent  à  l'état  chronique. 

Des  phlegmasies  primitives,  directement  produites  par  l'action  locale  du  fn««i 
sur  la  région  lonilmire,  et  sans  l'aide  des  troubles  déterminés  dans  tout  l'organcuiic 


ALBUMINURIE.  491 

pir  mie  réfrifvération  générale  et  prafonde,  de  telles  phle^masies  rénales  donnent 
lieii,  aussi  bien  que  les  véritables  néphrites  albumineuses,  à  des  urinas  coagnlabU^. 
lliN  lors  on  s'étoimera  peut-être  de  la  distinction  que  j'établis  entre  des  (àits  si 
semblables.  Mais  ces  néphrites  franches  offrent,  à  mon  avis,  par  rapport  à  exiles  dt; 
ia  maladie  de  firight  aigdë,  la  même  différence  qui  sépare  une  arthrite  en  quelque* 
sirte  traumatique,  engendrée  par  l'application  to{)ique  du  Iroid,  d'une  inflammu- 
lion  rhumatismale  dont  le  troid  n'est  que  la  cause  occasionnelle. 

A  côté  de  ces  néphrites  à  frigore,  indépendantes  de  toute  modification  des 
:^nimles  fonctions,  je  place  celles  qui  succèdent  à  une  violence  extérieure;  mais 
no»  pas  Ivs  inflammations  catarrhales  ou  suppuratives  duei  à  la  présence  de  gra* 
vii^rs  ou  de  masses  calculeuses  dans  les  calices  et  le  liassinet,  parce  que  ces  der- 
itières  ne  donnent  lieu  qu'à  de  fausses  albuminuries. 

L'albuminurie  vraie  peut  encore  se  montrer  dans  le  cours  des  aflectious  parasi- 
l;)ires  qui  compromettent  le  parenchyme  rénal,  ou  des  dégénérescences  tubercu- 
\evb4*  et  cancéreuse  de  la  substance  corticale,  avec  phlogose  concomitante.  Toutefois 
i<-  nie  bâte  de  reconnaître  que  les  faits  ne  se  prêtent  pas  toujours  à  ces  distinctions 
Ibéoriques.  Dans  la  carcinose  ou  la  tuberculose  du  rein,  l'albuniine  peut  provenir 
m  partie  de  la  fonte  purulente  des  produits  accidentels,  ou  de  l'exhalation  séreuse 
qui  en  accompagne  l'élimination  parcellaire. 

XX.     ÂLBCVIAURIE    DA^S    LES    MALADIES    DU     SYSTÈME    NERVEUX.        LeS    affcctioilS 

nerveuses  ont  plusieurs  manières  d'agir  pour  faire  apparaître  l'albumine  dans  les 
unneii.  Pour  commencer  par  le  seul  fuit  démontré  expérimentalement,  je  rappel- 
lerai que  dans  quelques  cas  de  ponction  du  quatrième  ventricule,  opérée  dans  le 
lut  d'obtenir  la  glycosurie,  M.  Cl.  Bernard  a  déterminé  une  leucomurie  passa- 
gèff.  Dans  ces  conditions  en  effet  le  phénomène  ne  pouvait  être  que  transitoire, 
^11  le  peu  de  durée  probable  de  la  solution  de  continuité  par  simple  piqûre  ;  mais 
la  lésion  permanente  de  la  même  région  entraînerait  probablement  une  albumi- 
nurie chronique. 

Quand  on  veut  se  rendre  compte  d'une  albuminurie  consécutive  à  la  piqûre  du 
ventricule  médullaire^  on  rencontre  deux  hypothèses.  En  premier  lieu,  comme 
le  résultat  a  été  obtenu  accidentellement,  en  opérant  sur  un  point  de  l'encéphale 
dans  lequel  sont  certainement  placés  des  faisceaux  en  communication  avec  le  foie, 
et  préposés  à  la  fonction  hépatique,  je  conjecture  que,  suivant  le  sens  dans  lequel 
resi'aisceaux  ont  été  intéressés,  il  y  a  eu  tantôt  excitation,  tantôt  arrêt  de  la  iono 
tion  «[lycogénique  :  l'urine  charriant  du  sucre,  quand  le  foie  en  introduit  trop 
dans  la  cirailation,  ou  de  l'albumine,  lorsque  le  dédoublement  des  matières  pro- 
Iniques  est  momentanément  suspendu. 

La  seconde  supposition,  conforme  à  une  vue  de  Landouzy,  qui  considérait 
Talbuminurie  comme  une  affection  du  système  ganglionnaire,  ferait  intervenir  les 
nerfs  vaso-moteurs  et  expliquerait  par  la  section  et  conséquemment  la  paralysie 
de>  (ilets  dits  sympathiques,  dévolus  aux  reins,  la  fluxion  de  ces  organes  et  la 
sécrétion  albumineuse.  Les  résidtats  aléatoires  de  la  piqûre  du  ventricule  médul- 
laire, foi-tifiés  par  certaines  expériences  de  Ludwig  et  de  Schifî,  semblaient  don- 
ner une  base  assez  solide  à  cette  opinion  déjà  j'épandue  ;  mais  des  expérimen- 
tations nouvelles,  entre  les  mains  de  Wittich  et  de  Stokvis,  en  ont  détourné  la 
plupart  des  palhologistes.  Ces  vivisecteurs,  portant  l'instrument  sur  les  nerfs 
rt'naux  ou  les  plexus  dont  ils  émanent,  n'ont  pas  vu  l'albumine  apparaître  dans  la 
^rétion  urinaiie  consécutivement  à  la  solution  de  continuité  de  ces  j-amcaux 
ix'neux.  Ces  faits,  à  mon  avis,  ne  prouvent  qu'une  chose  :  r'i^t  que  la  dilatation 


4flâ  ALRlININdRlE. 

paralytique  des  capillaires  est  iiisuftisante  à  produire  l'extmvasatîon  albamineuse. 
Or  il  serait  aussi  téméraire  d'attendre  en  ce  cas  un  résultat  positif,  que  de  rompler 
uniquement  sur  la  section  du  cordon  sympathique  cervical  pour  déCenniner,  chei 
un  lapin,  la  phlegmasie  de  Tœil  ou  de  Toreille.  La  déception  des  partisans  de  b 
théorie  hydraulique  vient  de  l'idée  erronée  qu'ils  se  font  du  mol  «  came  ».  b 
pression  sanguine,  dans  la  mesure  où  peut  l'accroître  le  défaut  de  tonidlé  vascu- 
laire,  ne  saurait  être  ni  la  cause  déterminante,  ni  encore  moins  la  cause  efficieoU' 
et  suffisante  de  la  filtration  albumineuse  par  les  reins  :  c'en  est  une  condition 
favorisante  et  rien  de  plus.  Aussi,  de  même  que  dans  l'opération  de  M.  Cl.  Bemanl, 
l'adjonction  d'un  irritant  local  ou  d'un  mauvais  état  général  à  la  par.ilysie  sym- 
pathique transforme  l'hyperémie  active  de  l'oreille  en  inflammation  véritabip; 
de  même  des  circonstances  adjuvantes,  venant  s'ajouter  à  la  fluxion  rénale  apiv^ 
la  section  des  filets  vaso-moteurs ,  parviendraient  à  déterminer  l'allinminuric.  il 
n'est  donc  pas  plus  sage  de  refuser  toute  influence  à  la  suppression  de  rinOni 
nerveux  dans  la  production  du  phénomène,  que  de  faire  dépendre  celui-ci  de  cHW 
couse  unique.  Néanmoins  les  résultats  négatifs  obtenus  récemment  en  .^Hema^nic 
et  dans  les  Pays-Bas  me  portent  à  accorder  une  importance  majeure  à  IVtkm 
exercée  sur  la  crase  sanguine  par  la  piqûre  du  quatrième  ventricule. 

Les  deux  mécanismes  précédents  répondent  aux  deux  espèces  d'albuminunc 
dont  nous  admettons  l'existence  :  l'une,  par  hyperleucomatie  avec  oon^estion 
rénale  consécutive;  l'autre,  par  hyperémie  primitive  des  reins.  A  défaut  d'obser- 
vations cliniques  positives,  l'induction  conduit  a  reconnaître  de  la  part  du  systèn» 
nerveux  un  troisième  mode  d'action,  moins  eflicace  et  plus  détourné.  Les  simple* 
névroses  et  les  névralgies,  soit  qu'elles  attaquent  d'emblée  un  organe  essentiel  ï 
la  vie,  soit  qu'elles  durent  et  se  généralisent,  finissent  par  entraîner  des  ooiti»^ 
quences  plus  ou  moins  fâcheuses  pour  la  nutrition.  Par  exemple,  une  gastnkir 
ou  une  gastro-hépatalgie  s'accompagnera  presque  nécessairement  d'une  dyspepsie 
complexe  et  déterminera  la  superalbnmino^e  par  l'élaboration  insuffisante  de  la 
protéine,  ou  son  défaut  de  dédoublement  en  matière  glycogène.  Des  peines  morali^* 
des  troubles  nerveux  disséminés  et  graves,  entravant  le  jeu  des  fonctions  respin* 
toire,  circulatoire  et  nutritive,  aboutiraient  à  la  longue  au  diabète  albamineiix.  à 
travers  les  désordres  constitutionnels  caractéristiques  de  toute  cachexie. 

En  somme  les  névroses  avec  ou  sans  matière  contribueraient  à  la  prodiidion 
de  l'albuminurie  en  portant  leur  action  sur  les  reins,  sur  le  foie,  sur  im  ou  plu- 
sieurs des  grands  appareils  de  l'économie,  de  manière  à  déterminer  dans  le  premier 
ras  une  fluxion  rénale,  et  dans  les  autres  une  hyperleucomatie  avec  hypermiii< 
secondaire  :  conditions  prochaines,  causale  et  instrumentale,  du  passage  de  Talbii' 
mine  dans  les  urines.  Voyons  si  les  faits  répondent  à  la  théorie. 

M.  le  professeur  Bernard  a  noté  depuis  plusieurs  années  ralbuminurie  â  la  stiil/ 
des  convulsions  chez  les  animaux.  Quelques  exemples  relatés  par  Bright  kti-ro«'fD' 
tendent  à  faire  considérer  l'albuminurie  comme  ime  conséquence  possible  des 
attaques^  épileptiques.  Ca/eaux  et  Seyfert  admettent  celte  étiologie.  Mai»  1^ 
observations  recueillies  dans  le  service  de  M.  Horeau  (de  Tours)  â  la  Salpètrièn 
))ar  M.  le  I)'  Ém.  Sailly  ne  sont  guère  favorables  à  cette  manière  de  voir,  puisai»* 
ri  16/  trente  femmes  épileptiques  les  urines  recueillies  après  les  attaques  n'ont 
ofîerl  dans  aucun  cas  la  moindre  trace  du  principe  ooagulable.  L'assertion  de 
Peschier,  qui,  au  dire  de  Martin  (Soloh),  aurait  constaté  la  présence  de  l'albumini 
dans  l'urine  à  la  fln  d'accès  hystériques,  nous  paraît  encore  plus  lia»rdée.  SV 
fallait  en  croire  deux  autein*s  anglais,  cités  par  M.  le  D' Hubert  (Uièse  de  hri^. 


ALBUMINURIE.  i95 

ISMl,  l'iufliience  des  maladies  mentales  sérail  elle-même  démoiilrée.  M.  Umnelt 
nipporle  mi  cas  de  folie  à  double  forme,  dans  lecfuel  il  existait  de  Talbuminurie 
IKiidant  la  période  de  dépression,  tandis  qu'on  n'eu  trouvait  |ias  trace  pendant 
celle  d'excitation.  M.  Simpson  a  observé  trois  cas  de  folie  accompagnés  d'albu- 
mine dans  l'urine,  et  la  disparition  de  la  substance  protéique  précédait' le  retour 
à  la  santé.  Ces  faits  demandent  à  être  vérifiés.  Il  en  est  de  même  des  assertions 
des  auteurs  relativement  à  l'inlluence  des  aflections  spinales. 

Brodie  et  Henckel  ont  vu  l'albumine  apparaître  dans  les  urines  des  sujets  atteints 
de  maladies  de  la  moelle,  en  même  temps  que  diminuait  l'acide  urique.  Ârous- 
sohn,  de  Strasbourg,  a  signalé  le  fait  dans  de  semblables  conditions.  Pour  établir 
cette  sorte  d*albuminurie,  il  faudra  se  mettre  en  garde  contre  une  cause  d*erreur 
qui  a  pu  tromper  des  observateurs  non  avertis  :  je  veux  parler  de  la  fausse  albu- 
minurie due  au  catarrhe  vésical,  consécutif  à  la  rétention  d'urine. 

Mais  il  est  un  dernier  ordre  de  faits  dont  l'existence  me  parait  dés  à  présent 
UNHDS  problématique.  Puisque  l'albuminurie  a  pu  suivre  une  piqûre  du  quatrième 
ventricule,  il  était  présumable  que  ce  trouble  sécrétoîre  pouvait  accompagner  des 
lésions  spontanées  de  l'isthme  encéphalique  :  c'est  effectivement  ce  que  j'ai  ob- 
sené  dans  un  certain  nombre  de  cas.  L'un  des  plus  remarquables  est  celui  dont 
j  ai  rapporté  l'histoire  dans  mon  premier  travail  sur  V hémiplégie  alterne  (Gax-. 
M,  deméd.,  i856).  L':dbuminurie  se  montra  dès  le  début  des  accidents  impu- 
tables aux  altérations  de  la  protubérance  annulaire,  et  resta  la  compagne  fidèle  des 
phénomènes  paralytiques.  Je  Tai  rencontrée  chez  d'autres  sujets,  atteints  également 
de  lésions  situées  vers  la  protubérance,  et  même  plus  haut  du  côté  des  hémisphères, 
et  je  ne  doute  pas  qu'elle  ne  puisse  devenir  un  signe  prémonitoire  utile,  en  même 
temps  qu'un  moyen  de  fixer  avec  plus  de  précision  le  siège  des  désoi'dres  encé- 
phaïiques. 

Il  serait  désirable  que  l'albuminurie  symptomatique  des  affections  cérébro* 
spinales  et  nerveuses  devint  l'objet  d'une  étude  attentive  et  soutenue,  au  même 
degré  que  celle  des  glycosuries  reconnaissant  la  même  origine.  Des  résultats  inté- 
re»ants  ne  manqueraient  pas  à  ceux  qui  poursuivraient  cette  tâche. 

XXI.  Albuminurie  daks  les  cachexies.  L'albuminurie  se  retrouve  comme 
élément  morbide  dans  toutes  les  cachexies.  Que  l'altération  dérive  de  la  scrofule,  de 
b  tuberculose,  du  cancer,  de  la  syphilis,  de  la  morve,  de  l'intoxication  palustre 
ou  de  toute  autre  cause,  les  grandes  fonctions  peuvent  être  atteintes  de  même,  et 
les  mêmes  conséquences  en  résultent  fatalement.  I^a  formation  ralentie  des  glo- 
Imles,  la  réparation  incomplète  des  muscles,  la  diminution  de  la  combustion  res- 
[•fratoire,  font  prédominer  dans  l'économie  l'élément  albuminoide  et  rendent  né- 
''essaire  l'élimination  en  nature  de  ce  principe  quaternaire.  Et  puisque  la  diathèsc 
était  d'ailleurs  difQcile  ou  im|)Ossible  a  modifier,  il  n'y  a  pas  de  raison  pour  que  la 
^rétion  albumineuse  une  fois  établie  ne  persiste  pas,  d'autant  plus  que  les  affec- 
tions qui  ont  amené  la  cachexie  tendent  généralement  à  favoriser  le  développement 
de  lésions  organiques,  partout  où  un  trouble  fonctionnel  durable  en  fait  naître  Toc- 
msion. 

Dans  la  tuberculose  ganglionnaire  et  viscérale,  l'albuminurie  a  été  vue  p;ir  tout 
le  monde  ;  elle  est  moins  vulgaire  dans  le  rhumatisme  ou  la  goutte  chronique, 
dans  la  carcinose,  c'est-à-diro  la  diathèse  cancéreuse,  bien  que  dans  celle-ci 
linger  l'ait  obsenée  dans  la  proportion  de  i*2  pour  100  chez  les  cachectiques.  Les 
nrmes  ont  été  trouvées  albumineuscs  chez  les  pellagreux  par  Carlo  Calderini  et 
d'autres  médecins  italiens.  Je  les  ai  vues  telles  dans  la  morve  et  le  larcin  chroni- 


i*U  ALBUMINURIE. 

ques.  Mulnisleii,  Frericlis,  Axel  Key,  et  tout  i-écemiiient  Ro:$enstetii,  oniiiiiscn 
iuiuière  Taibumiuurie  liée  à  la  cachexie  palustre.  U  n'y  a  donc  ps  à  douter  que  k- 
l'ait  ue  soit  absolument  général  dans  les  cachexies.  Ce  qui  varie,  c*esi  le  de*|;ré  d^ 
Ir&iuence  cl  le  mécanisme  de  production.  Tantôt  la  dyscrasie  et  Taltération  de  un- 
ti'ition  jouent  le  rôle  principal  ;  tantôt  les  lésions  rénales  ont  la  plus  grande  prt 
dans  le  trouble  de  la  sécrétion.  La  cause  morbide  produit  indirectement  rallninii- 
nurie  à  la  faveur  de  la  cachexie  seulement;  ou  bien,  telle  que  l'alcool,  elle  :i;!il 
concurremment  sur  les  glandes  uropoïétiques.  L'abus  prolongé  des  spiritueux,  d\i* 
(ircb  les  observations  de  H.  Rayer,  les  recherches  de  Magnus-Huss  et  rexpérienct 
de  tous  les  médecins,  est  certainement  l'une  des  causes  les  plus  ordinaires  de  b 
maladie  de  Bright.  Mais  on  peut  observer  également  l'albuminurie  transitoire  dan^ 
lalcoolisme  aigu,  dans  un  accès  de  delirium  tremenSy  venant  traverser  le  cours  do 
habitudes  d'ivrognerie  qui  n'ont  pas  en(x>re  profond^ent  altéré  la  constitutioii. 
L'alcool  agit  alors  soit  comme  irritant  du  rein,  soit  comme  obstacle  à  lox}  dation 
des  substances  albuminoïdes  du  sang,  ou  bien  comme  cause  de  dénutrition  rapide 
des  solides  organiques  et  des  hématies.  La  teinte  subictérique  qui  se  montre  usse? 
souvent  en  pareille  circonstance  rend  vraisemblable  ce  dernier  mécanisme 

La  tuberculose,  la  carcinose,  la  morve  et  la  syphilis  agissent  aussi  sur  l'eii- 
semble  de  l'économie  et  sur  les  glandes  uiinaires,  en  y  déterminant  des  lésiom 
susceptibles  d'entrahier  la  filtration  de  l'albumine. 

L'albuminurie  est-elle  quelquefois  un  symptôme  de  chlorose  t  Certainement  l'u- 
rine a  été  trouvée  coagulable  chez  des  sujets  pàles^  hypoglobuliques,  dyspeptiques, 
énervés,  offrant  en  un  mot  les  attributs  de  l'état  cachectique  désigné  sous  le  oom 
de  chloro-anémie.  Mais  derrière  ce  masque  banal  se  cachent  des  natures  fort  dille- 
rcntes.  Parmi  ces  malades,  les  uns  souffrent  de  dyspepsie,  les  autres  de  privadoib 
ou  de  ce  que  H.  Bouchardat  appelle  énergiquement  le  mai  de  misère;  c'est  plutôt 
de  l'anémie.  La  chlorose  au  contraire  appartient  à  la  pathologie  des  âges;  c  est  aiir 
maladie  d'évolution.  Encore  cette  affection  n'est^le  pas  toujours  identique  à  elU*- 
même.  La  vraie  febiis  alha  virginum,  la  chlorose  avec  teinte  citronnée  des  tégu- 
ments, me  paraît  se  rattacher  au  purpura^  dont  elle  est  la  forme  légère  et  béni^'oe. 
Cette  dernière  espèce,  pas  plus  que  les  précédentes,  n'est  sujette  à  se  compliquer 
(ralbuminurie.  Mais  il  est  une  autre  chlorose,  procédant  du  lymphatbme  exagéré, 
({ui  s'accompagne  de  leucomurie  pendant  de  longues  périodes  de  temps.  Cette  chlo. 
rose,  avec  dyscrasie  leucomatique,  ne  se  distingue  de  la  maladie  de  Bright  que  pr 
sa  faible  intensité  et  sa  curabiUté,  en  sorte  qu'on  en  pourrait  faire  une  éfaauck 
transitoire  du  diabète  leucomurique.  Je  n'ai  pas  encore  pu  suivre  assez  longtemps 
des  jeunes  personnes  ayant  été  atteintes  de  cette  affection  »  pour  savoir  si  elle  était 
réellement  une  première  tentative  d'une  cause  morbide  devant  amener  dans  là^t 
mûr  une  vraie  maladie  de  Bright. 

Le  purpura  ha^morrhagica  n'est  qu'une  manifestation  de  la  diathèse  liemorrlLi- 
gique,  laquelle  peut  exister  protopathiquement^  ou  se  montrer  comme  complication 
de  maladies  variées  :  la  cachexie  scorbutique,  diverses  septicémiesi  k  tuberrulisi- 
lion  aiguë,  les  maladies  du  foie,  etc.  Dire  que  l'albuminurie  se  montre  daib  1^ 
purpura,  c'est  donc  énoncer  très- vaguement  une  coïncidence  dont  on  ue  coropicDd 
la  valeur  qu'à  l'aide  d'indications  plus  explicites. 

D'après  mes  observations,  l'albuminurie  vraie  n'est  pas  très-commune  dam  ^ 
groupe  des  affections  dont  le  trait  le  plus  caractéristique  est  la  multiplicité  des  hé* 
morrhagies.  Elle  serait  particulièrement  rare  dans  la  maladie  de  Werlhoff  idinp- 
tliique  :  celle  que  je  considère  comme  n  étant  qu'une  phatie  de  développenaent  ri 


ALBUMINURIE.  495 

\v  degré  exlrciiie  de  la  clilorose  proprement  dite,  l'orl  dilïérciitc  de  riiypu^'lobuUe 
i|ui  usurpe  souvent  cette  dénomination. 

Au  contraire  on  rencontre  assez  fréquemment  rallmmino  dans  les  urint^  des 
^ujeU  chez  qui  la  diathèse  hémorrhagi((ue  est  liée  soit  à  une  lésion  du  foie,  soit  à 
révolution  de  la  phthisie  aiguë.  Sa  présence  s'explique  aloi's  par  les  troubles  dys- 
cnbiques,  nutritifs  et  rénaux,  engendrés  par  la  maladie  principale,  indépendani- 
tuent  des  conditions  spéciales  de  la  diathèse  hémorrhagiqiie  :  à  savoir,  l'état 
aplasiique  du  sang  et  le  ramollissement  des  tissus. 

Il  y  a  cependant  une  sorte  de  leucoraurie  vraie  qui  appartient  en  propœ  au  pur- 
|4ini  :  c'est  celle  qui  résulte  de  la  pldogose  légère  consécutive  à  la  fluxion  hémor- 
rhagique,  momentanément  fixée  sur  les  glandes  rénales. 

XXII.  ÂI.BDM1.MR1ES  TOXIQUES.  Ellcs  sc  diviseut  naturellement  en  trois  catégo- 
ries, suivant  lorigine  minérale,  végétale  ou  animale  des  poisons. 

A.  Par  poisons  minéraux.  Un  très-grand  nombre  de  coqis  simples  ou  com- 
poses, parmi  les  métaux  et  les  métalloïdes,  exercent  une  action  nuisible  ou  funeste 
ourles  êtres  vivants.  Les  oxacides  et  les  hydnicides  concentrés,  le  phosphore,  l'ar- 
HMiic,  le  plomb,  le  cuivre,  le  mercure  et  tant  d'autres  introduits  dans  l'économie, 
>  déterminent  des  désordres  graves  et  variés  dont  l'albuminurie  fait  souvent  partie 
intégrante. 

b.  Par  poisons  végi^taux.,  Kigoureusement  l'alcoolisme  trouve  ici  sa  place  ; 
i-ar,  sauf  la  liqueur  obteime  par  fermentation  du  lait  de  jument  et  usitée  seule- 
ment en  Tartarie,  les  autres  boissons  spiritueuses  |)roviennent  du  règne  végétal. 
Mais  des  plantes  entières  et  des  pai'ties  de  plantes,  ou  des  principes  préexistants 
dans  leurs  organes,  sont  capables  de  produire  l'albuminurie.  Du  moins  ont -elles 
iléterniiné  quelquefois  le  pissement  de  sang,,  ce  qui,  à  défaut  de  constatation  di- 
rate,  autorise  à  penser  que  Talburainurie  pure  et  simple  doit  être  quelquefois  la 
ronséquenee  d'une  lésion  rénale  moins  violente,  produite  par  des  doses  plus  mode- 
iée$  de  la  substance  toxique. 

Galien  dit  que  la  garance  rend  les  urines  épaisses,  troubles  et  même  sanguino- 
lentes. Dioscoride  accuse  aussi  cette  plante,  qui  est  diurétique,  de  provoquer  par- 
lais l'hématurie. 

Ch.  Le  Pois  déclare  avoir  vu  plus  d'une  fois  l'usage  prolongé  de  la  poudre  de 
baies  de  genévrier  occasionner  des  urines  sanguinolentes.  Schwilgué  cite  au  même 
litre  les  térébenthines,  la  scille  et  le  colchique.  On  a  vu  le  baume  de  copahu,  ad- 
ministré à  doses  excessives,  être  suivi  d'inflammation  des  organes  urinaires  et 
d'eihabtion  sanguine  par  les  reins.  Plusieurs  observateurs  ont  cru  remarquer  que 
^n  usage  amène  souvent  la  présence  de  lalbumine  dans  les  urines.  Bien  que  le 
fait  soit  controuvé  pour  la  plu|iart  des  cas,  il  me  praît  cependant  probable  que  sa 
réalisation  peut  avoir  lieu  par  exception.  EnHu,  il  y  a  quinze  ans  environ,  H.  le 
du:leur  Duchassaiiig  communiquait  à  l'Académie  des  sciences  de  l'Institut  des  ob* 
H>n-alions  recueillies  à  la  Guadeloupe,  et  propres  à  démontrer  l'existence  d'héma- 
turies dues  au  sulfate  de  quinine. 

A  ces  faits  pouiTaicnt  se  joindre  certains  empoisonnements  par  des  végétaux  in^ 
férieurs  appartenant  spécialement  à  la  classe  des  mucédinées.  Telle  serait  la  pe^ 
bgre  épidémique  des  contrées  à  maïs,  si  le  verderame  jouait  le  rôle  essentiel  dans 
!«n  étiologie. 

c.  Par  poisons  animaux.  Je  ne  range  pas  dans  cette  division  les  principes 
malfaisants,  issus  des  organismes  malades  ou  en  voie  de  décomposition  putride,  et 
désignés  sous  les  noms  de  virus,  contages,  miasmes,  etc.   Les  efiets  des  poisons 


496  ALUIMIMJRIE. 

nioi-bidcs  oal  clé  signalés  ù  prups  dci  septicémies,  des  fièvres  éi'U|>lives  et  |jalii>' 
très.  Quant  aux  venins,  c'est-à-dire  aux  poisons  normaux  chei  certaines  espère^ 
animales  :  serpents,  crapauds,  scorpions  et  autres  arachnides,  lobserration  ne  nou^ 
a  pas  sufitsamment  renseignés  sur  leur  valeur  comme  cause  possible  d'aliNimi- 
nurie.  A  la  vérité  l'albuminurie  observée  par  Christison  à  la  suite  de  l'ingestioii 
A" nu  fromage  de  mauvaise  qualité  jieut  être  considérée  comme  la  conséquence  d*un 
empoisonnement  par  une  substance  animale  ;  mais  l'isolement  de  ce  bit  embarras 
sant  lui  enlève  toute  importance.  Il  ne  reste  donc  comme  spécimen  d'albcuninurii* 
|iur  |x>ison  animal  que  celle  qu'on  voit  si  fréquemment  succéder  à  Tapplicatiou  ci- 
terne de  la  poudre  de  cantharides,  et  qui  constitue  la  principale  maniliestation  du 
(antharidisme. 

Les  poisons  intei*vieiHient  de  plusîeui^s  manières  pour  produire  l'albuminurit'. 
Portés  dans  le  tube  digestif,  ils  l'enflamment  ou  du  moins  le  modiiient  de  tdie 
façon  qu'il  en  résulte  de  la  dyspepsie.  Absorbés,  ils  irritent  le  foie  et  nuisent  à  b 
régularité  de  ses  (onctions  bématopoïétiques  ;  puis  ils  altèrent  la  masse  sanguim*. 
entravent  le  jeu  des  principaux  appareils  et  compromettent  par  là  la  respiration  <*( 
la  nutrition.  Enfin,  s'ils  sont  éliminés  de  préférence  par  les  reins,  ils  développeul 
dans  ces  glandes  un  travail  congestifou  même  inflammatoire.  Toutes  les  coodilioit^ 
putliogéniques  de  superalbuminose  sanguine  et  de  iiltration  albumineuse  se  troin 
vent  donc  réunies  jlans  les  intoxications. 

Maintenant  chaque  substance  véué:;euse  a  sou  mode  d'action  propix*.  On  peut 
cependant  grouper  les  poisons  en  plusieurs  catégories  (ondées  sur  leur  Huàh- 
lude  d'action.  Il  convient  surtout  de  distinguer  les  poisons  irritants  des  poMh 
altérants.  Les  premiers  (acides  énergiques,  alcool  conceuti'é,  pliosphorc,  arsenic  i 
dose  massive)  exercent  une  action  violente,  mais  instantanée,  ou  du  moins  non  eii- 
(retenue  par  la  présence  constante  de  la  cause.  Les  seconds  (plomb,  argent,  an«iii< 
à  petites  doses)  ne  déterminent  d'abord  aucun  phénomène  appréciable,  mais  amè- 
nent à  la  longue  des  désordres  fonctionnels  graves  et  parfois  incompatibles  a^ o 
l'existence.  En  dehors  de  cette  dichotomie,  il  y  a  d'autres  distinctions  à  établir  au 
|K>int  de  vue  de  l'action  intime  des  poisons. 

Les  uns  s'opposent  au  conflit  du  sang  avec  l'oxygène  (acide  cyanhydrique)  ou 
suppriment  l'oxygène  (phosphore)  ou  diminuent  l'alcalinité  (acides  minéraux  i  ;  k> 
autres  déterminent  l'exosmose  globulaire  et  même  la  dissolution  des  hématiff 
(hydrogène  arsénié,  acide  (carbonique).  Ceux-ci  provoquent  la  dénutrition  des  ùh6U> 
et  particulièrement  des  muscles  (mercure,  iode).  Ceux-là  excitent  surtout  b  plilo- 
gose  rénale  (c9ntharides,  diuréti(|ues  directs  en  quantités  excessives,  etc.)  Les  t^ol^ 
])reniièi*es  influences  (encourent  à  déterminer  la  superalbuminose  sanguine. 

Certaines  substances  ne  se  bornent  pas  à  modilier  les  soUdes  |iar  rintennédiaii* 
du  liquide  nourricier  :  elles  se  combinent  avec  les  principes  plastiques  du  ^alL:. 
comme  le  soufre  s'miit  à  la  matière  protéique  dans  l'albumine  de  l'œuf,  et  prennent 
sans  doute  la  place  des  éléments  normaux  par  une  sorte  de  substitution  diiroiqui* 
Devenues  parties  intégrantes  du  bbstème  qui  répare  les  tissus  anciens  ou  fonm* 
les  tissus  nouveaux,  elles  demeurent  incoq^orées  dans  nos  organes  pendant  une 
période  souvent  fort  longue  et  ne  s'éliminent  qu'à  la  faveur  de  la  désassimiblion. 
ainsi  que  le  démontre  l'action  positive  de  Tiodure  de  potassium.  Leur  prcseocp  or 
laisse  pjis  que  d'imprimer  aux  propriétés  organiques  une  modalité  spéciale,  vénLi- 
Idement  morbide,  qui,  dans  le  langage  adopté,  se  rend  par  le  mot  altèraiion  ei  pi^i 
(bns  b  suite  entraîner  pour  l'économie  tout  entière  des  conséqueiK-es  fàcllell^t*^  oo 
même  funeste». 


ALBUMINURIE.  497 

Dans  œ  cas  se  trouvenl  les  poisons  minéraux,  notamment  le  plomb,  le  mercure 
et  l'arsenic,  lesquels  sont  des  altérants  par  excellence  et  paraissent  pouvoir  se 
substituer  au  fer,  au  phosphore  et  au  soufre  dans  la  composition  élémentaire  de  nos 
(issus.  Les  principes  organiques  décomposables  en  oxygène,  hydrogène,  carbone  et 
aïole;  les  substances  minérales  qui  ne  renferment  que  des  éléments  (soufre,  phos- 
phore, fer,  sodium,  potassium)  faisant  partie  de  la  composition  normale  de  nos 
tissus,  ne  jouent  pas  au  même  titre  le  rôle  d'altérants.  11  existe  encore  d'autres 
modes  d'action.  Ainsi,  tandis  que  certains  agents  (alcalis  caustiques,  salpêtre) 
fluidifient  la  fibrine,  d'autres  (astringents,  persels  de  fer)  la  font  passer  à  l'état 
granuleux  en  même  temps  qu'ils  coagulent  moléculairement  l'albumine  et  produi- 
sent la  corrugation  des  hématies  :  d'où  certains  empêchements  aux  fonctions  de  ces 
petits  organes  et  peut-être  des  embarras  dans  la  circulation  capillaire  soit  du  rein, 
soit  d'autres  organes  de  l'économie. 

Tels  sont  les  effets  immédiats  des  substances  toxiques.  Hais  ces  agents  peuvent 
en  déterminer  d'autres  secondairement  :  par  exemple  des  paralysies,  des  tlirom- 
boseset  des  embolies,  lesquelles  à  leur  tour  contribuent  encore  à  augmenter  les 
perteses  d'albumine. 

Au  reste,  un  poison  peut  résumer  à  lui  seul  plusieurs  des  procédés  opératoires 
([uenous  venons  de  passer  en  revue.  Si  l'influence  de  la  spécificité  toxique  domine 
toutes  les  autres,  la  dose  a  cependant  aussi  son  importance.  La  même  substance, 
absorbée  lentement  et  en  très-petite  quantité  à  la  fois,  exerce  une  action  compléto- 
meot  différente  de  celle  qui  lui  appartient  lorsqu'elle  pénètre  tout  à  coup  en  masse 
considérable  dans  l'organisme.  i 

Eu  résumé  les  albuminuries  toxiques  reconnaissent  plusieurs  modes  de  produc- 
tion. Tantôt  elles  dépendent  d'une  irritation  sécrétoire  ;  tantôt  elles  expriment 
une  altération  générale  de  l'économie  ;  d'autres  fois  enfin  elles  sont  le  produit  de 
ces  deux  conditions  réunies.  Vouloir  les  faire  dériver  toutes  d'une  seule  cause,  c'est 
s'exposer  à  laisser  un  grand  nombre  de  faits  en  dehors  du  cercle  tracé  par  la  théorie. 

Voici  ce  qu'enseigne  à  cet  égard  l'obsenation.  Si  les  poisons  sont  plutôt  altérants 
qu'irritants  ;  si  les  doses  en  sont  minimes  mais  répétées  ;  si  leur  action,  obscure 
d'abord,  ne  se  fait  sentir  qu'à  la  longue,  ils  amènent  l'albuminurie  par  l'intermé- 
diaire de  la  dyscrasie  et  de  la  cachexie,  plutôt  que  par  la  phlogose  rénale.  Si  au 
contraire  ce  sont  des  agents  doués  d'une  grande  énergie,  introduits  subitement  et 
à  dose  massive,  ils  iront  porter  sur  les  reins  plus  qu'ailleurs  leurs  provocations  et 
leurs  violences,  et  produiront  dans  ces  glandes  des  désordres  dont  une  expression 
principale  sera  la  présence  de  l'albumine  dans  la  sécrétion  urinaire.  Les  cas  mixtes 
oflriront  successivement  les  deux  mécanismes. 

Toutes  les  actions  que  nous  venons  de  reconnaître  aux  substances  toxiques  con- 
courent à  ces  deux  résultats,  savoir  :  l'hyperleucomatie  sanguine  et  la  phlogose  des 
reins,  double  condition  à  laquelle  se  joint  exceptionnellement  l'obstacle  circula- 
toire. Ici  comme  ailleurs,  la  dyscrasie  se  réunit  à  la  lésion  rénale  pour  engendrer 
l'albuminurie.  Sans  la  modification  oi'ganique  de  la  glande,  révélée  par  la  décorti- 
cation  intense  des  tubes  urinifères,  la  superalbuminose  ne  peut  rien.  Hais  la  réci- 
proque n'est  pas  également  vraie,  car  l'irritation  du  rein  suffit  pour  verser  de  l'al- 
bumine dans  la  sécrétion  urinaire.  C'est  par  elle  que  s'expliquent  un  certain 
nombre  d'albuminuries  primitives  à  la  suite  d'empoisonnement  violents,  souvent 
niortels,  par  l'acide  sulfurique,  l'acide  arsenieux,  la  cantharidine,  etc.  Les  médecins 
attribuent  généralement  à  la  même  cause  l'albuminurie  liée  à  la  saturation  hydrar- 
fTirique,  et  dernièrement  H.  le  docteur  OUivier  a  fait  dépendre  de  l'irritation  pro* 

mcT.  Mc.  Q.  o2 


498  ALBUMINURIE. 

voquée  par  le  passage  du  métal  la  présence  de  lalbumine  urinaire  cliez  Us  ouTriers 
empoisonnés  par  le  plomb. 

Cette  action  locale  des  poisons  qui  traversent  les  reins  me  paraît  indubitable  et 
j*admets  volontiers  la  classe  des  albuminuries  par  élimination  de  substances  toii- 
ques,  à  la  condition  de  ne  pas  en  élargir  démesurément  le  cadre  aux  dépens  de 
celles,  beaucoup  plus  nombreuses,  qu'il  faut  imputer  à  la  cachexie.  Les  substance> 
qui  ne  sont  pas  essentiellement  irritantes  pour  les  tissus,  le  plomb  et  le  mercure 
sont  de  ce  nombre,  ne  causent  jamais  directement  Talbuminurie,  si  elles  ne  se  pré- 
sentent pas  aux  émonctoires  urinaires  en  énormes  proportions  à  la  ois  ;  autrement 
l'altération  de  l'urine  accompagnerait  invariablement  l'administration  thérapeu- 
tique de  tous  les  composés  mercuriels,  saturnins,  etc.,  et  cette  fâcheuse cotncidenci* 
interdirait  le  plus  souvent  l'usage  des  préparations  métalliques.  Or  bien  loin  qu'il 
en  soit  ainsi,  l'acétate  de  plomb,  le  pcrchlorure  de  fer,  réduisent  manifestement 
non-seulement  la  sécrétion  albumineuse  mais  encore  l'exhalation  sanguine  qui  y* 
fait  par  les  reins.  Au  reste  quand  Talbuminurie  existe,  elle  n'est  pas  toujoun»  en 
rapport  avec  l'activité  du  travail  éliminateur.  Overbeck  constate  chez  une  jeune 
fille  syphilitique,  atteinte  d'hydrargyrisme,  du  mercure  et  de  Talbumine  dans 
l'urine  ;  il  administre  l'iodurc  de  potassium  conformément  aux  instructions  do 
MM.  Natalis  Guillol  et  Melsens,  et  quelques  jours  plus  tard  il  s'assure  que  l'albu- 
mine manque  absolument,  bien  que  la  quantité  de  mercure  ait  augmenté.  Je  viem 
d'être  témoin  d'un  fait  analogue  à  l'occasion  d'un  empoisomiement  par  l'acMlt 
arsenieux,  pour  lequel  j'ai  eu  recours  également  à  l'iodurede  potassium.  Et,  chose 
remarquable,  l'albuminurie,  toujours  légère  durant  la  période  d'élimination  du 
poison,  est  revenue  sous  une  forme  très-accusée  quand  se  sont  produits  les  symp- 
tômes cachectiques,  consécutifs.  Ce  fait,  concordant  avec  de  nombreuses  ob^ena- 
tiens  d'intoxications  saturnine,  mercurielle  et  autres,  me  porte  à  considérer  Li 
majeure  partie  des  ieucomuries  toxiques  comme  résultant  des  troubles  dyscrasique< 
et  nutritifs,  plutôt  que  de  l'action  locale  exercée  sur  les  glandes  uropoiétiqucs.  Tou- 
tefois je  conçois  d'autapt  mieux  la  tendaïuc  vers  l'opinion  inverse,  que  les  rether- 
ches  d'Overbeck,  Schôfcr,  Schônbein  et  Voit  sur  le  mercure  :  de  Buchheim, 
Clams  et  Sewald  sur  le  plomb;  celles  de  Falck  sur  le  zinc,  et  de  Savilschsui 
l'arsenic,  nous  font  voir  les  poisons  cheminant  dans  le  système  vascubire  à  Tétii 
d'albuminates,  ce  qui  semble  impliquer  la  nécessité  de  l'élimination  simultanée  d*' 
la  substance  protéiquc  et  du  métal.  Mais,  ainsi  qu'on  vient  de  le  voir,  cette  coi»**'- 
quence  n'est  pas  forcée.  D'ailleurs  l'économie  a  des  ressources  imprévues  contre  le> 
agents  qui  lui  sont  dommageables  ;  son  exonération  s'effectue  peut-étic  par  le  pn^- 
cédé  suivant  : 

Les  poisons  altérants  qui  se  substituent  aux  éléments  normaux  de  l'organisme 
et  se  fixent  dans  les  tissus  cellulaire,  osseux,  musculaire  et  nerveux,  aussi  \^i 
que  dans  les  parenchymes,  ne  sont  pas  rejetés  par  les  émonctoires  ordinaires.  Ib 
pénétrent  le  plasma  des  éléments  morphologiques  caducs  et  se  séparent  avec  eu\ 
des  surfaces  t^umentaires.  Si,  dans  l'état  physiologique,  la  chevelure  détourne  à  mi 
profit  des  quantités  considérables  de  fer,  elle  doit,  le  cas  échéant,  entraîner  ^ 
proportions  plus  ou  moins  fortes  de  mercure,  de  plomb  ou  de  tout  autre  éléiDciit 
faisant  accidentellement  partie  de  l'organisme.  La  réalité  de  cette  fonctioa  m  cal 
déjà  démontrée  pour  les  ongles.  A  l'état  normal  ces  phanères,  même  cbci  les  hom- 
mes les  plus  soigneux  de  leur  personne,  prennent  dans  un  bain  de  llaré^  ui' 
teinte  bistre,  indice  de  la  présence  d'un  sulfure  métallique  :  prokdAement  du  miK 
furc  de  fer.  D'un  autre  côté,  quand  les  cérusiers  demeurent  à  Thôpital,  la  hax  iki 


ALBUMINURIE.  409 

oni^les,  formée  depuis  que  ces  ouvriers  ont  cessé  d'être  exposés  aux  émanations 
satonÛDes,  esl  blanche,  et  se  colore  néanmoins  fortement  en  brun  dans  un  dernier 
bain  sulfureux.  Il  en  serait  de  même  sans  doute  pour  l'épiderme  de  la  peau,  pour 
répithéUum  des  muqueuses  et  pour  celui  des  canaiicules  urinilères  eux-mêmes. 
En  sorte  que,  d'une  part,  le  produit  de  la  décorlication  des  tubuli,  ou  le  plasma 
cocore  amorphe  de  leur  couche  épithéliaie,  serait  en  partie  le  véhicule  des  poisons 
métalliques  retrouvés  dans  les  urines  ;  et,  d  autre  part,  il  serait  rationnel  de 
rechercher  ces  substances  minérales  dans  les  cheveux  et  les  produits  de  la  desqua- 
mation cutanée.  Les  systèmes  épidermique  et  pileux  joueraient  ainsi  chez  les  ani- 
maux le  rôle  épurateur  attribué  aux  feuilles  et  aux  autres  organes  appendiculaires 
dans  le  règne  végétal. 

L*étude  du  mode  d'action  de  chaque  substance  toxique  sera  faite  à  propos  de 
l'histoire  de  la  substance  elle-même.  Cependant  je  crois  devoir  poser  tout  de  suite 
quelques  jalons.  Dans  les  empoisonnements  par  l'acide  sulfurique,  Talbuminurie 
se  montre  assez  souvent  et  peut  être  attribuée  à  une  irritation  rénale  modérée  ; 
car,  si  le  rein  s*enflamme  trop  violemment,  l'anurie  succède.  Dans  les  empoisonne- 
ments par  le  mercure,  le  plomb  ou  l'arsenic,  l'albuminurie  est  tantôt  primitive  et 
déterminée  par  la  phlogose  rénale,  ce  qui  est  rare;  tantôt,  et  presque  toujours, 
consécutive,  dyscrasique  et  cachectiriue.  Un  mot  seulement  sur  le  mercurialisme  et 
le  saturnisme  dans  leurs  rapports  avec  l'albuminurie. 

Tandis  que  Kletzinsky  pense  que  les  urines  chargées  de  mercure  contiennent 
Uujours  de  l'albumine,  d'autres  médecins  autorisés  (Désir,  Frerichs  et  M.  Rayer) 
croient  la  coïncidence  rare  ou  nulle.  D'un  autre  côté,  Wells,  ayant  observe  six 
sujets  syphilitiques  traités  par  le  mercure  jusqu'à  salivation,  note  qu'un  seul  n'of- 
frit que  des  traces  d'albumine  et  que  quatre  rendirent  des  urines  riches  en  principe 
Goagîilable.  Blackall  a  fait  de  semblables  remarques.  Overbeck  a  trouvé  souvent 
f albuminurie  dans  Thydrargyrose,  et  Kûssmaul  lui-même,  qui  a  fait  du  mercuria- 
lisroe  l'objet  d'une  étude  approfondie,  déclare  d'après  ses  propres  recherches  que 
Turine  chargée  de  mercure  renferme  de  l'albumine  dans  une  certaine  proportion 
des  cas,  et  croit  pouvoir  rapporter  la  leucomurie  hydrargyrique  au  catarrhe  rénal. 
Il  n'est  donc  pas  exact  de  dire  que  ces  deux  derniers  auteurs  sont  arrives  à  n'en- 
visager l'albuminurie  accompagnant  l'hydrargyrose  que  comme  une  simple  coïn- 
cidence. 

Les  expériences  de  H.  OUivier  sur  les  animaux  tendent  à  établir  l'existence  d'une 
albuminurie  par  élimination  du  plomb.  Des  faits  analogues  sont  diificilcs  à  ren- 
(tmtrer  chez  l'espèce  humaine  ;  mais  j'ai  depuis  dix  ans  constité  l'albuminurie 
cachectique  chez  les  ouvriers  qui  préparent  ou  qui  manient  le  plomb  et  ses  dérivés. 
Il  n'est  pas  besoin  d'ailleurs  d'un  très-long  temps  pour  que  ces  sujets  arrivent  à  la 
cachexie.  S'agit-il  des  cérusiers  par  exemple,  quinze  jours  ou  trois  semaines  suf- 
firent amplement  pour  amener  ce  résultat.  L'arsenic  détermine  aussi  Talbumi- 
nurie  à  la  faveur  des  troubles  secondaires  de  Thématose  et  de  la  nutrition,  plus 
sàrement  que  par  l'irritation  produite  au  passage  dans  les  glandes  rénales. 

Quant  aux  albuminuries  par  poisons  végétaux,  leur  histoire  n'est  pas  encore 
ébauchée.  Les  observateurs,  en  petit  nombre,  qui  avaient  remarqué  les  modifica- 
tions imprimées  à  l'urine  par  le  copahu  avaient  conclu  à  la  présence  de  l'albumine, 
n  est  bien  avéré  aujourd'hui,  d'après  les  publications  de  Reis,  de  Simon  et  de 
Weikart,  confirmées  par  mes  propres  recherches,  que  la  matière  précipitable  par 
1  acide  nitrique  n'a  pas  habituellement  les  autres  caractères  de  l'albumine,  et  doit 
%  rapporter  aux  substances  résinoïdes  dérivées  de  la  térébenthine  fournie  par  les 


500  ALBUMINURIE. 

diverses  espèces  du  genre  Capahiva,  J*ai  même  reconnu  que  toutes  les  sabstinces 
balsamiques  (cubèbe,  téréljenthines  du  pin,  etc.)  peuvent  communiquer  aux  nrino* 
des  qualités  analogues.  Est-ce  une  raisou  suffisante  pour  denier  absolument  nu 
copahu,  comme  on  le  fait  à  présent,  le  pouvoir  de  produire  ralbuminurie?  Je  nr 
le  pense  pas.  Encore  une  fois,  l'hématurie  ayant  été  observée  à  la  suite  ded(w^ 
excessives  de  copahu,  il  est  vraisemblable  que  l'albumine  peut  filtrer  isolément 
dans  les  mêmei  circonstances.  Quelques  faits  me  portent  d'ailleurs  à  admettre,  a 
titre  exceptionnel,  la  réalité  de  cette  cause  d'albuminurie,  facile  à  concevoir  quand 
on  réfléchit  à  l'action  excitante  des  diurétiques  en  général,  et  à  la  poussée  inflam- 
matoire que  détermine  vers  la  périphérie  cutanée  l'élimination  des  principes  \oLh 
tils.  Je  ne  m'arrête  pas  sur  les  leuoomuries  d'origine  végétale,  voulant  insister 
davantage  sur  .un  fait  plus  commun  et  qui  intéresse  particulièrement  le  clinicirn. 

Albuminurie  cantiuiridienne.  Parmi  les  symptômes  de  l'intoxication  cantbi* 
ridienne,  les  désordres  du  côté  de  l'appareil  génito-urinaire  sont  ceux  qui  ont  le 
plus  frappé  les  observateurs.  Cependant  les  médecins  ont  ignoré  jusqu'en  ces  der- 
niers temps  l'existence  de  l'albuminurie  cantharidiennc.  Nous  en  devons  la  con- 
naissance à  H.  le  professeur  Bouillaud  (Commim.  à  l'Acad.  de  méd.,  1847}  et  à 
M.  Horel-Lavallée,  qui  en  avait  vu  un  cas  dès  i844,  mais  qui  n'a  publié  son  tra- 
vail sur  ce  sujet  que  douze  ans  plus  tard.  Ultérieurement,  M.  le  docteur  VemoÏ!:  a 
confirmé  les  résultats  observés  par  ses  devanciers. 

C'est  à  la  suite  de  l'application  des  vésicatoires  qu'on  a  le  plus  liabituelleineot 
Toccasion  d'observer  ce  phénomène  dont  l'intensité  est,  tout^  choses  égales,  e:» 
rapport  avec  l'étendue  de  la  vésication  et  avec  la  durée  de  l'application  de  I  em- 
plâtre cantbaridé.  Les  surfaces  scarifiées  ou  atteintes  de  quelque  solution  de  conti- 
nuité, absorbant  mieux  que  les  autres,  favorisent  le  cantharidisme.  Les  prédisposi- 
tions individuelles  ont  d'ailleurs  une  grande  influence  sur  la  production  de  b 
phlogose  toxique  des  voies  urinaires.  Tel  sujet  ne  rend  des  urines  albumineuso? 
qu'après  une  troisième  ou  quatrième  vésication  ;  tel  autre,  qui  souffre  de  néphrite 
et  de  cystite  a  la  première  application,  supporte  les  suivantes  saa^  le  moindre 
inconvénient.  Ordinairement  les  symptômes  se  montrent  pendant  que  le  vésica- 
toire  est  en  place,  lorsque  son  action  locale  se  fait  sentir  depuis  quelques  heures. 
Quelquefois,  bien  que  l'application  de  l'emplâtre  ne  soit  pas  abrégée  (elle  es>t  géné- 
ralement de  vingt-quatre  heures  dans  les  hôpitaux),  la  dysurie  n'apparaît  qn'aprî^ 
le  premier  pansement.  Les  urines  restent  albumineuses  huit,  dix,  seize  et  nicor 
vingt-quatre  heures,  quelquefois  davantage.  Souvent,  lorsque  la  néphrite  est  in- 
tense, elles  charrient  en  même  temps  de  la  fibrine  et  même  du  sang. 

Cette  élection  de  la  cantharidine  sur  l'appareil  urinaire,  à  l'exclusion  des  dit^- 
rents  organes  dans  lesquels  elle  est  entraînée  avec  le  sang,  s'explique  par  deui 
conditions  :  Tune  de  quantité,  l'autre  d'état  chimique.  Dans  les  réseaux  capil- 
laires, elle  se  trouve  partout  en  minime  proportion,  et  de  plus  elle  est  dissirnuk-e 
dans  le  sang  par  l'albumine,  dont  l'un  des  rôles  principaux  est  de  masquer  les 
substances  étrangères  ou  nuisibles  à  l'économie.  Au  contraire,  mise  en  liberté  ao 
moment  où  elle  entre  dans  la  composition  de  la  sécrétion  urinaire,  elle  reprend  b 
ses  propriétés  irritantes  et  les  exerce  d'autant  plus  cnergiquement,  que  tout  ce  qui 
était  disséminé  dans  la  circulation  se  présente  aux  glandes  rénales  pour  être  éli- 
miné. &luis  le  principe  irritant  n'est  pas  longtemps  éliminé  à  l'état  de  blvrt<-  ; 
bientôt  le  rein  s  enflamme  et  laisse  échapper  a  la  fois  la  cantharidine  et  le  pUsnu 
séreux  ou  séro-fibrineu.v  dont  elle  se  trouve  invisquée,  ce  qui  doit  avoir  piKL 
effet  d  ultéiiuer  son  action  topique  sur  le  reste  des  voies  urinaires.  A  bien  preodn', 


ALBUMINURIE.  501 

ralbuminurie,  maintenue  dans  une  juste  mesure,  serait  donc  un  acte  tutélaire  des- 
tiné â  pallier  les  effets  fâcheux  de  la  cantharide,  mais  dont  le  rein  aurait  à  sup- 
porter tous  les  frais. 

Après  avoir  exposé  la  doctrine  pathogénique  de  Talbuminurie,  et  vérifié  la 
théorie  dans  la  nombreuse  série  des  afTections  où  lurine  devient  coagid.ibie,  nous 
allons  nous  occuper  de  quelques  symptômes  litigieux  ou  peu  connus,qui  évoluent 
concurremment  avec  cet  élément  morbide. 

XXIII.  Rapports  de  lhtdropisie  avec  l'albuminurie.  L'exhalation  séreuse  dans 
les  cavités  naturelles  du  tissu  conjonctif  ne  serencontre'guèredans  les  albuminuries 
sjmptomatiques  des  phlegmasies  et  des  pyrexies,  alors  même  qu'elles  sont  intenses 
et  passablement  durables.  Elle  apparaît  au  contraire  dans  les  diabètes  leucomuriques 
nigus  de  même  durée  et  de  même  intensité,  et  se  montre  toujours,  tard  ou  tôt, 
d'une  manière  continue  ou  interrompue,  dans  le  cours  de  la  maladie  de  Bright 
chronique.  L'hydropisie  manque  quelquefois  au  tableau  symptomatique  du  diabète 
leucomurique,  alors  même  que  des  proportions  considérables  d'albumine  sont  en- 
traînées par  les  urines.  D'autre  part,  elle  existe  souvent  dans  les  cachexies,  très- 
rarement  dans  la  dyscrasie  leucomatique,  en  l'absence  de  toute  sécrétion  albumi- 
oeusepar  les  reins. 

Pour  ce  qui  est  de  la  scarlatine,  cette  indépendance  a  été  tonstatée  par  MM.  Rayer, 
Rilliet  et  Barthez,  qui  ont  noté  l'albuminurie  avant  tout  œdème,  et  par  Blackall, 
H.  Bbche  et  les  médecins  des  hôpitaux  d'enfants,  qui  ont  vu  l'anasarque  sans 
altération  urinaire. 

Le  fait  se  reproduit  sans  doute  sous  son  douUe  aspect  dans  le  cours  de  toutes 
les  albuminuries,  y  compris  la  maladie  de  Bright.  M.  Blot  a  parfaitement  fait  res- 
sortir la  fréquence  de  l'albuminurie  sans  œdème  chez  les  femmes  enceintes.  11  a 
iait  voir  que  si  l'hydropisie  avait  paru  jusqu'alors  la  compagne  inséparable  de  l'al- 
buminurie gravidique,  cela  tenait  à  ce  qu'on  n'examinait  les  urines  que  chez  les 
femmes  bydropiques.  Plus  rarement  l'anasarque  hyperleuoomatique  a  été  observé 
^ans  leucomurie  dans  le  cours  de  la  grossesse. 

Les  mêmes  remarques  s'appliquent  aux  hydropisies  des  autres  variétés  d'albu- 
minurie. Ainsi  l'on  a  vu  souvent  l'urine  albumineuse  chez  des  sujets  n'ayant  ja- 
mais offert  aucune  enflure,  ou  l'hydropisie  disparaître  malgré  la  persistance  de 
l'albuminurie.  Mais  j'ai  observé  un  fait  plus  rare  et  plus  remarquable.  Dans  plusieurs 
albuminuries  aiguës  consécutives  à  des  refroidissements  brusques,  Tcedème  sous- 
cutané  et  pulmonaire  a  précédé  de  quelques  jours  la  sécrétion  d'albumine  par  les 
reins.  L'anasarque  aiguë  est  ordinairement  la  manifestation  d'un  état  morbide  en- 
tièrement assimilable  à  la  maladie  de  Bright,  moins  Taltération  urinaire.  C'est 
l'expression  d'une  dyscrasie  leucomatique  sans  leucomurie. 

Cette  inconstance  de  l'hydropisie  prouve  surabondamment  qu'elle  n'est  pas  un 
symptôme  nécessaire  de  la  néphrite  albumhieuse.  D'un  autre  côté,  son  apparition 
de:»  le  début  des  accidents  et  sa  disparition  possible,  quand  la  maladie  poursuit  ses 
progrès,  démontrent  que  le  phénomène  ne  reconnaît  pas  pour  cause  la  densité 
amoindrie  du  sérum  due  à  la  spoliation  de  son  albumine. 

L'exhalation  séreuse  dans  les  mailles  du  tissu  conuectif  sous-cutané  et  paren- 
cfajmateux,  ou  dans  les  cavités  naturelles  (péritoine,  plèvre,  péricarde,  espaces 
sous-arachnoidicns,  bourses  séreuses,  synoviales  articulaires),  n'est  pas  la  consé- 
quence d'une  simple  filtration  :  elle  s'opère  en  vertu  d'un  tiavail  dans  lequel  le 
imi  est  actif  aussi  bien  que  le  rein  jetant  de  l'albumine  dans  le  liquide  urinaire. 
Ce  travail  est  probablement  soumis  aux  mêmes  conditions  causales  que  celui  des 


502  ALBUMINURIE. 

glandes  uropoïétiques  ;  aussi  se  montre-t-il  le  premier,  ou  bien  se  fait-il  attendra, 
selon  que  la  prédisposition  et  les  circonstances  adjuvantes  favorisent  plus  ou  moiui 
rhypercrinie  des  surfaces  séreuses  et  des  mailles  du  tissu  cellulaire. 

XXIY.  IléMORRHAGiEs  DAKS  LES  ALBOMiNOBiEs.  M.  Rajor  a  le  premier  signalé  ks 
cpistaxis  comme  un  symptôme  se  rattachant  aux  troubles  de  la  fonction  urinairp, 
etTodd  en  a  fait  un  signe  de  l'empoisonnement  urémique.  Heaton,  Johnson,  Aran, 
MM.  Blot,  Pidoux,  Lccorché,  Charcot,  Goodfellow,  ont  observé  des  hémorrhagies  m 
l'apport  avec  l'albuminurie,  et  M.  P.  Lévi  a  fait,  dans  sa  thèse  inaugurale  (1864), 
une  intéressante  Étude  sur  quelques  hémorrhagies  liées  à  la  néphrite  aUmm- 
neuse  et  à  Vvrémie,  Plus  récemment  encore  {Union  médic. ,  19  el21  janvier  i8C5), 
H.  Alfred  Fournier  a  communiqué  deux  cas  d'urémie  remarquables,  dans  l'un  des- 
quels les  saignements  de  nez  se  reproduisirent  avec  une  certaine  opiniâtreté.  J'ai 
rencontré  moi-même  des  faits  semblables,  seulement  je  n'accorde  pas  à  tous  une 
égale  valeur  séméiologique. 

Les  hémorrhagies  ne  sauraient  avoir  la  même  signification  dans  toutes  les  es- 
pèces d'albuminuries.  D'abord  celles  qui  coïncident  avec  les  albuminuries  tempo- 
raires des  maladies  aigiies,  étant  jusqu'à  un  certain  point  indépendantes  de  la  mo- 
dification dyscrasique  et  rénale  qui  constitue  l'albuminurie  transitoire,  peurenl 
être  considérées  comme  des  effets  directs  de  la  cause  morbide. 

Hais,  dans  l'albuminurie  chronique  elle-même,  les  hémorrhagies  reconnaissent 
des  conditions  pathogéniques  diverses.  Les  unes  expriment  l'état  aplastiquc  do 
sang,  la  friabilité  des  tissus,  ou  bien  la  réunion  de  ces  deux  altérations.  Celles-U 
se  montrent  dans  les  cas  graves,  au  milieu  du  syndrome  éminemment  variable  ao* 
quel  on  a  imposé  le  nom  d'urémie.  11  en  est  aussi  qui  dépendent  des  poussées  ooo- 
gestives  ou  phlegmasiques  si  fréquentes  dans  le  cours  des  maladies  générales.  Ces 
dernières  peuvent  exister  au  début  comme  dans  une  période  avancée  du  mal.  Le< 
épistaxis  par  exemple,  même  loi^squ'elles  arrivent  au  milieu  des  sjmptômes  diu  sa- 
rémiqnes, sont  l'indice  soit  d'un  molimen  hxmorrhagicum^oomfàniAe  à  eeiuide 
la  période  initiale  de  la  lièvre  typhoïde,  soit  d'une  bouffée  inflammatoire  ou  coo- 
geslive,  aussi  bien  que  l'expression  de  la  profonde  altération  du  sang  et  des  tissuv 
Je  n'insiste  pas  davantage  sur  ces  phénomènes,  dont  l'étude  se  complétera  dus 
les  articles  consacrés  à  la  maladie  de  Bright  et  à  la  diathèsc  hémorrhagiquec 

XX Y.    AvAUROSE  ALBUMiNURiouE.     L'amblyopic  et  l'amaurose  sont  assez  fré- 
quentes dans  l'albuminurie  chronique,  bien  qu'elles  n'aient  pas  fixé  l'attentioo 
jusqu'au  moment  où  Landouzy  les  a  formellement  signalées.  Les  troubles  visuels 
réunis  sous  ces  dénominations  ont  été  diversement  interprétés  :  les  uns  en  ont  Ui: 
des  paralysies  plus  ou  moins  avancées  de  la  rétine  ;  les  autres,  des  ooiiséqueiKi^ 
d'altérations  anatomiques.  M.  Mialhe  les  a  expliqués  par  l'opalescence  des  humeur» 
de  l'œil;  mais  l'obsei^valion  directe  ne  confirme  pas  la  réalité  de  cette  mamèrtde 
ne  pas  voir^  bien  que,  grâce  à  l'emploi  de  l'ophtlialmoscope,  elle  nous  ait  rérêkr 
Texistencc  d'un  assez  grand  nombre  d  autres  lésions  (phlegmasies,  hémorrin^* 
transformations  régressives,  œdème,  etc.)  pouvant  s'opposer  à  la  vision  distiorto. 
ou  même  la  rendant  impossible.  Ces  altérations,  dont  H.  le  docteur  Léeon^  a 
fait  l'objet  d'une  excellente  thèse  inaugurale,  appartiennent  plus  spécialeoienl  à  1j 
maladie  de  Bright,  et  seront  décrites  ii  cette  occasion  dans  tous  leurs  détaik 

XWl.     TeNDAKCE  a  la  GANfiRÈNE  DANS  LE  DIABÈTE  LEDCOVURIQUE.     Da»  hmabdl^ 

de  Bright  se  retrouve  la  disposition  aux  inflammations  gangreneuses  définiliiemoi 
acquise  à  l'histoire  du  diabète  sucré,  par  les  intéressants  travaux  de  M.  Marchftl<i^ 
Calvi  et  de  quelques  autres  pathologistes.  Cette  disposition,  remarquée  d'abord  pr 


ALBUMINURIE.  503 

M.  Rayer,  me  parait  plus  générale  qu'on  ne  pense,  et  je  t'ai  vue  se  traduire  par 
des  désordres  spbacéliques  étendus;  soit  que  les  piqûres  et  surtout  les  scarifica- 
tioos  de  la  peau  en  eussent  été  le  point  de  départ  ;  soit  qu'ils  se  fussent  produits 
sfiontAiiément,  tantôt  aux  membres  ou  au  scrotimi,  c  est-à-dire  dans  les  régions  où 
l'aoasarque  amène  la  plus  forte  distension  des  téguments,  tantôt  dans  les  points 
diVlives  et  proéminents,  tels  que  les  régions  sacrée  et  trochantériennes.  En  pa- 
aille  circonstance,  la  moindre  écorchure,  une  légère  brûlure  au  premier  ou  au  se- 
cond degré,  sont  l'occasion  d'une  eschare  gangreneuse.  Dans  un  cas  de  diabète 
leucomurique  à  marche  lapide,  j'ai  vu  tout  le  membre  abdominal  frappé  de  gan- 
;'rène  et  la  graisse  fluide,  résultant  de  la  fonte  du  tissu  cellulo-adipeux^  s*écoaler 
[ar  les  ouvertures  de  la  peau  (Soc.  de  biologie  et  Ga%elte  médicale^  1856).  J'ai 
rencontré  aussi  un  ou  deux  cas  d'inflammation  gangreneuse  du  poumon  dans 
l'albuminurie  aiguë.  Gbez  un  sujet  albuminurique,  aflecté  d  une  varioloïde  inter- 
currente, tous  les  groupes  de  pustules  cohérentes  ont  noirci,  se  sont  affaissés,  le 
derme  s*est  montré  insensible  à  une  piqûre  profonde,  et  la  gangrène  est  devenue  ma- 
nifeste dans  un  cercle  variant  de  deux  à  trois  centimètres  de  diamètre,  selon  l'é- 
tendue des  constellations  de  pustules. 

Sans  avoir  peut-être  la  fréquence,  ni  l'intensité  qu* ils  offrent  dans  la  glycosurie, 
ces  cas  de  procesms  gangreneux  démontrent  une  altération  profonde  de  la  nutri- 
tion dans  le  diabète  albumineux,  et  contribuent  à  établir  une  analogie  plus  étroite 
entre  ces  deux  maladies  générales. 

XXVII.  ÉcLAHPsiB  ALBuiiiNORiQDE.  Phéfiomènes  encéphalopathiques  groupés 
sous  la  dénomination  quelque  peu  fallacieuse  d* urémie.  Dans  certaines  formes  du 
diabète  leucomurique  (Maladie  de  Bright  aigûe,  albuminurie  de  la  grossesse) ,  il  sur- 
vient assez  souvent  du  côté  des  centres  nerveux  des  symptômes  d'une  excessive  gra- 
vité, consistant  en  céphalée,  troubles  de  la  vue,  torpeur  intellectuelle,  convulsions 
identiques  à  celles  de  l'épilepsie,  puis  coma,  bientôt  suivi  de  mort.  Ces  phénomènes, 
réunis  à  quelques  autres  d'une  gravité  moins  immédiate,  tels  que  la  fièvre,  les  vo- 
missements, la  disposition  hémorrhagique  et  l'aspect  lyphique,  ont  été  attribués 
par  Arthur  Wilson  et  M.  Rayer  d'abord,  plus  taixl  par  Rose  Gormak  et  la  majo- 
rité des  médecins,  à  la  présence  d'un  excès  d'urée  dans  le  sang. 

Cette  théorie,  dite  de  ïurémiey  est  encore  actuellement  en  vigueur,  bien  qu'une 
ohs«*rvation  plus  complète  des  faits  ait  singulièrement  modifié  le  sens  de  la  dénomi- 
nation en  usage.  Peu  de  temps  après  avoir  reçu  la  consécration  de  la  notoriété,  la 
doctrine  subit  de  la  part  de  Frerichs  une  transformation  éphémère.  Le  célèbre  mé- 
decin, dont  le  nom  reste  attaché  à  l'Université  de  Breslau,  refusant  à  lurée  elle- 
même  la  puissance  toxique,  prétendit  que  les  accidents  observés  étaient  dus  au 
l'arbonate  d'ammoniaque  provenant  de  la  décomposition  de  ce  principe  immédiat, 
on  vertu  d'une  fermentation  qui  s'opérerait  dans  le  sang  comme  à  l'air  libre.  Or, 
nous  voyons  bien  dans  la  circulation  la  réunion  des  conditions  d'humidité ,  d'oxygé- 
nation et  de  température;  mais  le  ferment  où  est-il?  D'ailleurs  les  raisons  invo- 
quées ne  résistent  pas  à  l'analyse.  La  teinte  riolacée  du  sang,  inconstante  d'ailleurs, 
^'explique  mieux  par  Tanoxémie  que  par  la  présence  du  sel  ammoniacal ,  le  dégage- 
ment d'ammoniaque  par  l'addition  d'un  alcaU  caustique  fixe  se  produit  également 
avec  un  sang  normal,  sans  que  l'ammoniaque  préexiste;  les  vapeurs  s'épaississaiU 
autour  d'une  baguette  trempée  dans  l'acide  chlorhydriquo,  le  bleuissement  d'un 
papier  rouge  de  tournesol  placé  à  l'entrée  des  voies  respiratoires,  en  admettant  qu'il 
Hit  lieu  toujours,  ce  qui  n'est  pas,  ne  prouvent  pas  que  l'haleine  soit  chargée  d'am- 
moniaque ;  car  la  condensation  d(^  vapeurs  d* acide  chlorhydriquo  se  voit  au  contact 


504  ALBUNINDRIE. 

d'un  air  humide,  et  le  changement  de  couleur  se  manifeste  loin  des  malades,  dans 
une  salie  d'hôpital  (Gubier).  En  outre  Turée  sécrétée  par  Testoniac,  la  peau  ou  lei 
glandes  sali  vaires,  pourrait  être  la  source  de  cet  alcali  volatil  ;  de  plus,  la  bouche  est 
souvent  fétide  et  ammoniacale  chez  des  sujets  malades  et  malpropres.  En6n  l'am- 
moniaque ne  se  retrouve  pas  dans  l'urine  (E.  Scbottin).  Falok,  Zimmennann  et 
Reuling  en  Allemagne,  Bence  Jones  en  Angleterre,  ontcomhattu  l'idée  de  Frerichs, 
qui  est  généralement  abandonnée  et  a  dû  céder  à  l'ancienne  théorie  le  terrain 
qu'elle  avait  momentanément  conquis. 

Cependant  l'opinion  qui  fait  reposer  tous  les  phénomènes  morbides  sur  la  pré- 
sence de  l'urée  dans  le  sang  n'est  pas  mieux  fondée.  Les  expériences  déjà  an- 
ciennes de  Vauquelin,  de  H.  Ségalas,  etc.,  celles  plus  récentes  de  Frerichs,  de 
MM.  Brown-Séquard  et  Gallois,  prouvent  que  l'urée  n'est  pas  vénéneuse  pourra 
qu'elle  ne  soit  pas  injectée  à  doses  trop  massives,  auquel  cas  toute  substance  inno- 
cente deviendrait  délétère.  Ajoutez  à  cela  que  les  symptômes  typiques  de  l'urémie  : 
les  convulsions  éclamptiques,  ne  se  montrent  jamais  dans  des  maladies  qui,  telles 
que  le  choléra  et  la  fièvre  jaune,  offrent  cependant  des  proportions  énormes  (1 ,66 
p.  1000,  Marchand  et  Rainy  ;  4,00  p.  iOOO,  Chassaniol)  d'urée  dans  le  sang.  A 
la  vérité,  on  pourrait  invoquer  l'absence  des  conditions  favorables  aux  effets  du 
poison.  Mais  les  faits  posUivemenl  négatifs  que  je  possède  défient  toute  «éjection 
et  ruinent  la  doctrine  par  sa  base. 

Dans  trois  cas  d'albuminurie  aiguë  le  sang,  tiré  au  milieu  des  attaques  épilepti- 
formes  ou  dans  le  coma  éclamptique,  a  été  trouvé  ne  contenir  que  0,0001  à 
0,0002  d'urée,  c'est4-dire  la  proportion  moyenne  dans  toute  phlegmasie  fébrile. 
Et,  comme  garantie  d'exactitude,  je  dirai  que  deux  de  ces  analyses  ont  été  laites 
par  M.  Berthelot,  et  la  troisième  par  H.  Wurtz.  Gomment  donc  se  fait-il  que  tant 
d'ol)servateurs  consciencieux  aient  trouvé  invariablement  de  si  fortes  proportions 
d'ivée  :  jusqu'à  1  gr.  50  p.  1000,  dans  le  sang  des  albuminuriques?  Grâce  au 
procédé  de  Liebig,  généralement  en  usage  pour  la  recherche  de  ce  principe  immé- 
diat.  Ayant  constaté  que,  de  toutes  les  substances  connues  dans  l'urine,  l'unée 
était  la  seule  qui  donnât  une  réaction  caractéristique  avec  le  nitrate  mercorique, 
l'illustre  chimiste  crut  pouvoir  donner  une  solution  titrée  du  sel  hydnirgyrique 
comme  un  excellent  moyen  de  reconnaître  la  présence  de  cette  substance  quater- 
naire, et  de  la  doser  dans  tous  les  liquides  organiques  qui  pourraient  eo  m- 
fermer.  Par  malheur,  cette  spécificité  de  réaction  est  illusoire.  M.  le  professeur 
Wurtz,  opénint  avec  tout  le  soin  désirable,  a  constamment  trouvé  dans  le  sang  oor- 
mal,  par  l'analyse  directe,  une  proportion  d'urée  moitié  moindre  que  celle  indiquée 
par  Liebig.  Cette  singularité  trouve  son  explication  dans  un  fait  de  la  plus  haute 
importance  découvert  par  l'éminent  chimiste  irançais  :  c'est  que  d'autres  substances 
azotées  se  comportent  comme  l'urée  avec  le  nitrate  mercurique.  Ainsi  la  matière 
coulante  en  laquelle  se  transforment  la  fibrine  et  la  syntonine  par  leur  aliératJOD  i 
l'air  précipite  une  énorme  proportion  de  nitrate  mercurique,  bien  que  l'analTse 
n*y  démontre  aucune  trace  d'urée  (communication  orale).  Il  est  donc  probable  que 
certains  principes  du  sang,  dérivés  de  la  protéine,  exercent  la  même  action  que 
l'urée  elle-même  sur  le  réactif  de  Liebig,  lequel,  par  conséquent,  doit  donner  et 
donne  eflectivement  des  résultats  toujours  trop  forts. 

Ainsi,  d'une  part,  l'eicès  d'urée  n'entraîne  parfois  aucun  des  accidents  réfutés 
urémiques  ;  d'autre  part,  ce  qui  est  plus  péremptoire,  l'urée  ne  dépasse  pas  Li 
moyenne  ordinaire  cliez  des  sujets  actuellement  en  proie  aux  plus  graves désonir» 
attribués  à  l'urémie.  La  conclusion  est  forcée  :  l'excès  d'urée  dans  le  saqg  n'est  pas 


ALBUMINURIE.  50.5 

la  cause  efficiente  et  suffisante  des  symptômes  périlleux  observés,  dans  le  cours  de 
certaines  albuminuries,  du  côté  de  l'innervation,  de  Tbématose  et  des  autres  fonc- 
tions organiques.  D*après  Schottin,  une  part  importante  reviendrait  aux  matières 
extraclives,  inconnues,  qui  accompagneraient  Turée»  et  H.  I^card,  dont  la  tbèse 
est  on  lon^  plaidoyer  en  faveur  de  Turémie  orthodoxe,  n'est  cependant  pas  éloigné 
d'adopter  l'opinion  du  pathologiste  allemand.  Or  si  l'on  venait  à  démontrer  que 
les  nombreux  principes  de  l'urine  participent  à  l'intoxication  dite  urémique,  il  fau- 
drait, ainsi  que  je  le  demande  depuis  1859,  désigner  celle-ci  sous  la  dénomination 
plus  compréhensîve  d*urinémie. 

Encore  cette  expression  manqueraitrelle  d'exactitude  ;  car  ce  n'est  pas  l'urine  en 
nature  que  contiendrait  le  sang,  mais  bien  les  principes  destinés  à  la  constituer,  et 
qui  se  retrouvent  en  partie  modifiés  dans  la  sécrétion  rénale.  L'utilité  de  la  distinc- 
tion physiologique  est  confirmée  par  la  différence  qui  sépare  les  symptômes  de  la 
Gèvre  urineuse  de  ceux  de  l'urémie  classique. 

Ce  n'est  pas  assez  d'avoir  montré  l'insuffisance  de  la  doctrine  de  Wilson  et  de 
Rose  Gormak,  et  d'avoir  indiqué  une  manière  plus  large  de  comprendre  l'étiologie 
du  syndrome  désigné  en  clinique  par  l'expression  conventionnelle  d'urémie  ;  nous 
avons  encore  à  signaler  les  confusions  commises  par  les  observateurs  qui  ont  traité 
la  question,  et  à  chercher  quels  sont,  parmi  tous  les  phénomènes  morbides  mis  sur 
le  compte  de  la  rétention,  soit  d'un  seul,  soit  de  la  totalité  des  principes  de  l'urine 
dans  le  sang,  ceux  qui  doivent  être  attribués  à  cette  rétention,  et  ceux  qui  recon- 
naissent d'autres  causes. 

Il  est  certain  que  des  accidents  cérébraux,  dus  à  des  affections  diverses,  ont  été 
mis  sur  le  compte  de  l'urémie,  et  que  les  phénomènes  inhérents  à  toute  agonie  sont 
bien  souvent  réputés  urémiqiies.  D'un  autre  côté,  parmi  les  symptômes  véritablement 
associés  à  l'albuminurie,  et  par  conséquent  imputables  à  l'urémie  ou  à  Vurinémie^ 
il  y  en  a,  et  ce  sont  les  principaux,  dont  l'origine  toxique  est  au  moins  douteuse. 

L'éclampsie  est  assurément  la  plus  caractéristique  des  manifestations  de  l'urémie 
telle  que  nous  la  représentent  les  travaux  modernes.  En  conséquence,  si  la  doctrine 
de  l'urémie  est  fondée,  c'est  particulièrement  dans  le  cas  d'éclampsie  qu'on  en  doit 
trouver  la  vériBcation.  Eh  bien  !  c'est  alors  que  le  pathologiste  sévère  éprouve  le 
plus  de  difficultés  à  faire  concorder  les  phénomènes  avec  l'idée  d'un  excès  d'urée, 
ou  plus  généralement  avec  l'accumulation  excessive  dans  le  sang  des  principes  que 
les  reins  auraient  dû  éliminer.  Chez  les  femmes  en  état  puerpéral,  diez  les  hommes 
atteints  d'albuminurie  aigué,  les  seuls  sujets  exposés  aux  attaques  éclamptiques, 
les  reins  n'ont  subi  aucune  dégénérescence  manifeste  ;  à  peine,  en  certains  cas,  le 
microscope  y  fait-il  découvrir  une  lésion  notable.  Rien  du  côté  de  l'organe  uro- 
poiétique  ne  semble  donc  s'opposer  à  l'issue  des  matériaux  usés  et  brûlés,  qui  carac- 
térisent normalement  la  sécrétion  urinaire.  De  fait,  ces  matériaux  ne  cessent  pas 
de  traverser  les  glandes  rénales.  Si  l'urée  est  amoindrie,  c'est  tout  simplement 
parce  que  l'albumine,  passant  en  nature,  ne  saurait  se  montrer  en  même  temps 
sous  une  autre  forme.  Hais  cela  ne  prouve  pas  que  le  premier  principe  soit  retenu 
dans  le  sang,  où  d'ailleurs  MM.  Devilliers  et  Regnauld  ne  l'ont  pas  constaté.  Plus 
récemment  (1857),  deux  chimistes  d'une  rare  habileté  et  dûment  avertis  des  ré- 
sultats proclamés  de  tous  côtés  en  faveur  de  l'intoxication  urémique,  BfH.  Berthelot 
et  Wurtz,  n'ont  pas  été  beaucoup  plus  heureux  dans  leurs  recherches  exécutées  à  ma 
prière.  Ainsi  s'évanouirait  devant  une  analyse  plus  rigoureuse  des  faits  le  fantôme 
de  l'urémie,  trop  souvent  évoqué  dans  l'histoire  de  l'éclampsie  albuminurique,  et  à 
yrtxpoA  d'autres  accidents  survenus  chez  des  leucomuriques. 


ALBUMINURIE. 

ionl  beaucoup  plus  favorablesà  i'hyjiothèse  d'une 

i=:ii    fr»  jccîdents  se  bornent  à  des  symptômes  d'alnUi^ 

'  ..'-^«tfiire,  de  fièvre  avec  aspect  typhoïde,  suivis  de  soubre- 

<-  .i.i!t*iem:e.  de  coma,  et  finalement  de  la  mort.  Ces  phéno- 

•  -22^111  \  b  fin  des  maladies  de  Bright   chroniques  a\cc 

"*•.♦**  reins,  alors  que  précisément  les  principes  ordinaires  de 

îu-  .à  -iécrélion  rénale,  et  que  le  plus  caractéristique  d*entFe 

••«li  p-  •  Il  véritable  excès  dans  le  sang,  d'après  les  expériences  de 

-  >  -^tresîseurs.  Il  y  a  donc  lieu  de  réserver  pour  cette  catégorie 

iirHftf  .MKur  Tensemble  disparate  des  faits  que  la  science  moderne  a 

•.    -        .1    'Il  iiiot  nrëmie.  Encore  faudra-t-il  se  garder  de  confondre  avec  les 

^     .>     .it  Intention  des  substances  destinées  à  faire  partie  do  furine, 

i^-atiit^ntient  à  la  fièvre  urineuse  et  résultent  de  la  résorption  de  Turine 

ait. Mi  >«icrélée,  puis  reprise  dans  ses  conduits  ou  dans  les  tissus  quelle 

•  OUI  <>u  après  son  altération  spontanée.  De  même  sera-t-il  nécessaire  de 

.  ^i^itt^uscment  du  syndrome  en  question  les  phénomènes  nerveux,  encépha* 

>,..c>  V  i  lutres,  dépendant  de  lésions  concomitantes,  mais  étrangères  an  pro- 

.  .>    .  t  iiaque,  ou  formant  habituellement  le  triste  cortège  de  l'agonie,  quelque 

^••111  e  de  mort. 

I   'xxie  M  Téclampsie  est  définitivement  arrachée  du  domaine  de  Turémie,  la 

.    ..vv    )«  M*i^  pas  au  dépourvu  d'hypothèses  plausibles  pour  expliquer  ce  dange- 

«•V  vwii|»lùuie.  D'autres  modifications  du  sang,  des  altérations  de  nutrition  des 

v>^.>  Ki>t'u\  (Gubler),  l'hyperémie  ou  l'anémie  encéphalique,  les  épancheroents 

..vuv  \  la  surtace  ou  dans  les  cavités  de  l'encéphale  (Rilliet,  Natalis  Guillolt, 

•  «.«.'UHt  \le  lu  substance  du  cerveau  :  voilà  auUint  de  circonstances  propres  à  rendre 

.«t.|>iO  tics  plu'iiomènes  convulsifs  et  des  accidents  connexes  observés  dans  certaines 

.><  iKx  (rdbuminurie. 

Ml  livlimtive  les  faits  cliniques  existent.  Sont-ils  la  conséquence  de  l'intoiica- 
•v'ii  .Mk  TuiiV?  Certainement  non.  Yaut-il  mieux  les  attribuer  h  l'excès  de  tous 
V  V  uiaU'i  i.iu\  uriuaires  dans  le  sang?  Cette  vue  semble  appix)cher  davantage  de  b 
vente.  (V|vudant  Téclampsie  échappe  toujours  à  la  théorie.  Le  sympttoie  urémique 
vi  .Awllonoc  manque  avec  l'urémie  poussée  à  ses  dernières  limites,  et  s'ofaserveea 
k^Kusilollo.  Seuls,  les  phénomènes  plus  obscurs,  rattachés  comme  annexes  dum* 
>ui|KHt(MK'o  MH'ondairc  aux  accidents  caractéristiques,  paraissent  reconnaître  pour 
viivhhiMi  iHithogénique  le  défaut  d'épuration  du  sang  par  les  reins.  Et,  pourledire 
il  jKUxiuil,  <'««>«  symptômes  sont  fort  analogues  à  ceux  qui  résultent  de  la  r/b/m^. 
>'U  l'IuliU  di'  r.iccumulation  dans  le  sang  des  subsUinccs  dont  l'élimination  appar- 
ia tti  \  1(1  yldiulo  héptique.  Si  l'éclampsie  n'est  pas  une  manifestation  de  Feim 
x\  tu«U'  iliMH  \v  Hung,  on  en  (leut  trouver  la  cause  dans  diverses  circonstances  patlio- 
,v'uu)iu««,  iiolanuntMil  dans  l'œdème  cérébral.  Mais  l'expérience  ne  s'est  pas  encore 
vuiti  ..iiuiiioiil  jirononcéo  sur  la  valeur  des  hypothèses  proposées.  On  le  voit,  Tobsca- 
ull^  l'iaito  ontMM'o  Hur  une  grande  partie  de  la  question;  espérons  que  la  lumière 
o  i.i  hilo  l(irM|ii<<  \inidra  le  mot  Urémie,  auquel  nous  renvoyons  le  lecteur. 

WVIII.     Muicufc  DE  l'albuminurie.     Rarement  la  marche  en  est  régulièrement 

(  M>w<>'Uilo  ol  di^croinsante.  Plus  souvent  l'albuminurie  procède  par  oscillations  ffo- 

M    (u>«  <^l  n^roKradi's;  les  premières  l'emportant  en  amplitude  sur  les  secondes 

0  01  •  U  l't'M  kmIo  d'augniont  et  vice  versa  pour  le  décours  de  la  maladie,  lorsque  b 

'tuMi  (iM  piMil  ^tn^  obtenue. 

1 1«  )(lM4(Mdiiii(iitinient  le  phénomène  est  continu  avec  des  fluctuations  en  npport 


ALBUMINURIE.  507 

jvec  dÎTerses  circonstances,  dont  quelques-unes  ont  été  mentionnées  plus  haut  et 
dont  lensemble  va  être  étudié  tout  à  l'heure.  Cependant  il  peut  s'interrompre 
quelque  temps,  et  parfois  à  plusieurs  reprises,  sous  l'intluence  d'une  amélioration 
marquée  dans  les  conditions  générales  et  locales  d'où  dérive  h  sécrétion  albumi* 
neuse. 

On  a  signalé  Tallure  intermittente  de  l'albuminurie.  Le  docteur  Dresser,  de 
Wurtzbourg,  en  a  décrit  un  cas  accompagné  de  chromaturie  qui  revenait  par  accès 
au  milieu  d*un  appareil  fébrile.  S'agissait-il  d'une  fièvre  intermittente,  c'est-â-dirc 
(l'une  série  de  maladies  éphémères,  reliées  entre  elles  par  la  cause  spécifique  pré- 
sente dans  l'économie,  ou  par  Tétat  diathésique  accidentellement  acquis  par  le 
sujet?  Le  médecin  allemand  s  est-il  au  contraire  trouvé  en  face  d'une  aflection 
continue  dont  les  manifestations  du  côté  des  fonctions  circulatoire,  calorifique  et 
urinaire  n'auraient  eu  lieu  que  par  moments  et  sous  une  forme  paroxystique?  La 
question  vaut  la  peine  d'être  posée;  car  il  ne  peut  y  avoir  intermittence  dans  la 
mardie  de  l'albuminurie,  qu'à  la  condition  que  ce  symptôme  se  montre  et  dispa* 
raisse  alternativement  avec  régularité  dans  le  cours  d'une  seule  et  même  aflection. 
On  considérerait  à  tort  comme  offrant  ce  caractère  les  albuminuries  accompagnant 
les  accès  de  fièvre  inteimittente.  Chaque  ibis  que  le  malade  est  repris  de  fièvre 
palustre,  il  souffre  à  vrai  dire  d'une  maladie  nouvelle,  au  même  titre  qu'un  rhuma- 
tkant  ou  un  goutteux  en  proie  à  des  récidives  d'accidents  arthritiques  ;  la  prédis- 
positbn  diathésique  pas  plus  que  la  présence  de  la  cause  spécifique  ne  pouvant 
constituer  à  eux  seuls  une  maladie  réelle.  L'existence  d'une  leucomurie  intermit- 
tente, revenant  à  des  intervalles  réguliers,  reste  donc  encore  contestable,  et  les  cas 
infiniment  rares  (Vogel,  Gubler)  dans  lesquels  on  a  pu  remarquer  l'absence  totale 
d'albiunine  dans  l'urine  du  matin,  chez  des  sujets  qui  étaient  albuminuriques 
pendant  le  jour,  ne  justifieraient  pas  encore  pleinement  l'admission  de  la  forme 
intermittente  de  l'albuminurie. 

Variations  quantitatives  de  VaUntmine.    Il  y  a  trois  sortes  de  variations  : 

1*  Les  variations  périodiques  en  rapport  avec  les  grandes  périodes  d'augment 
et  de  décroissance,  soit  du  diabète  leucomurique,  soit  de  la  maladie  principale 
d'où  dépend  la  filtration  albumineuse  ; 

3*  Les  variations  diuimeSy  liées  aux  alternatives  de  la  veille  et  du  sommeil,  de 
l'alimentation  et  du  jeûne  ; 

5^  Les  variations  accidentelles,  dues  à  des  causes  passagères  ou  à  des  affections 
intercurrentes. 

D'une  manière  générale,  l'albumine  s'accroît  ou  s'amoindrit  par  le  fait  de  l'aug- 
mentation ou  de  la  diminution  d'intensité  d'un  ou  de  plusieurs  des  facteurs  énu- 
mérés  plus  haut  comme  prenant  part  au  produit  :  albuminurie.  On  n'a  donc  qu'à 
reprendre  une  à  une  chacune  des  conditions  du  phénomène  et  à  les  grouper  diver- 
sement, en  faisant  varier  leur  valeur,  pour  obtenir  d'avance  les  formules  de  toutes 
les  influences  qui  favorisent  ou  contrarient  le  passage  de  l'albumine  dans  les  urines. 

Seulement,  comme  je  l'ai  dit,  ces  conditions  immédiates  du  phénomène  morbide 
sont  elles-mêmes  subordonnées  à  d'autres  circonstances  qui  en  deviennent  par  là 
des  causes  médiates,  et  prennent  aux  yeux  du  clinicien  une  importance  considé- 
rable, tant  par  les  éléments  qu'elles  fournissent  au  diagnostic  que  par  les  indica- 
tions thérapeutiques  dont  elles  sont  le  point  de  départ.  Je  n'insisterai  pas  sur  la 
relation  toute  naturelle  et  prévue  qui  existe  entre  l'intensité  de  l'albuminurie  et 
celle  de  la  maladie  dont  elle  est  la  principale  expression,  ou  des  affections  multi- 
pliées dont  elle  constitue  un  symptôme  plus  ou  moins  constant.  Les  variations 


508  ALBUMINURIE. 

quotidiennes  et  accidenlelles  nous  arrêteront  davantage.  Hais  les  oscillations 
diurnes,  par  leur  régularité,  leur  constance  et  les  renseignements  qu'elles  ren- 
ferment, méritent  surtout  de  fixer  l'attention  des  pathologistes. 

Rappelons  d'abord  que  les  variations  diurnes  sont  de  deux  espèces  diamétrale- 
ment opposées.  Tantôt  l'albumine  est  plus  abondante  le  jour,  ce  qui  est  la  rè^l«\ 
Tantôt,  au  contraire,  chez  un  petit  nombre  de  sujets,  elle  est  plus  copieuse  la  nuit. 
Enfin  on  voit  les  rapports  proportionnels  se  renverser  à  plusieurs  reprises,  thn 
le  même  malade,  sous  l'influence  d'une  série  de  modificatbns  diverses  dans  le< 
conditions  pathogéniques ,  dont  nous  allons  donner  la  clef  à  l'aide  de  quelqu» 
exemples. 

La  prédominance  de  l'albumine  dans  l'urine  du  jour  s'explique  aisément  par 
l'introduction  des  substances  albumiuoïdes  des  aliments  et  l'excès  momentané  qui 
en  résulte ,  l'hyperémie  rénale  n'étant  alors  qu'un  phénomène  accessoire.  Il  e$t 
clnir  que  si  les  sujets  veillaient,  travaillaient  et  mangeaient  la  nuit,  ce  serait  au 
contraire  l'urine  du  jour  qui  serait  la  moins  chargée.  C'est  ce  qui  arriverait  aux 
boulangers  qui  dorment  le  jour  et  dont  les  douleurs  ostéocopes,  selon  les  remar* 
quesde  H.  Ricord,  sont  diurnes,  tandis  qu'elles  sont  nocturnes  chez  la  plupart  de$ 
hommes.  La  prédominance  nocturne  reconnaît,  à  notre  avis,  poilr  cause  lliyperé- 
mie  qui  est  la  condition  prochaine  du  sommeil,  et  que  nous  avons  désignée  sons  k 
nom  de  congestion  soporale. 

Dans  le  premier  de  ces  cas,  nous  reconnaissons  que  l'albuminurie  dépend  d'une 
circonstance  ou  d'un  ensemble  de  circonstances  amenant  dans  l'économie  un  excès 
relatif  ou  absolu  d'albumine  que  vient  augmenter  encore  l'apport  fait  par  la  di|;es- 
tion.  Dans  le  second,  l'albuminurie  dépend  d'une  cause  locale  :  une  irritatioo 
sécrétoire  des  reins,  nécessairement  accompagnée  de  fluxion  sanguine. 

Et,  soit  dit  en  passant ,  Tabsence  de  recrudescence  d*albuminurie  pendant  h 
période  de  digestion,  chez  certains  sujets  bien  nourris,  démontre  suffisamment 
que  Thyperémie  physiologique  des  reins  après  le  repas  n'est  pas  la  cause  de  li 
plus  forte  proportion  d'albumine  dans  l'urine  de  la  nourriture,  chez  les  sujetb 
atteints  de  maladie  de  Bright. 

Ainsi  que  nous  l'avons  dit,  la  richesse  en  albumine  des  deux  urines  du  sang  et 
de  la  digestion  subit  parfois  chez  le  même  malade  des  alternatives  singulières  et 
cependant  faciles  à  comprendre.  J'ai  vu  une  jeune  fille  qui  n'offrait  aucun  drs 
symptômes  de  la  maladie  de  Bright,  à  l'exception  peut-être  d'un  peu  de  faibles 
et  d'une  douleur  lombaire  tellement  ol)scure,  qu'elle  n'en  recoimut  l'existence 
qu'après  nos  avertissements  réitérés  et  deux  ou  trois  jours  d'observation,  et  qui 
néanmoins  sécrétait  constamment  de  l'urine  albumineuse.  La  proportion  t^- 
lièrement  plus  forte  de  l'albumine  dans  Turine  de  la  nuit,  alors  même  que  pir 
exception  celle-ci  était  aussi  abondante  que  dans  le  jour,  me  fit  admettre  en  et 
cas  une  hypercrinie  consécutive  à  une  légère  phlogose  rénale,  sans  altératioQ  no- 
table des  grandes  fonctions  d'assimilation  et  d'hématose.  Or,  cette  jeune  malade 
ayant  été  prise  de  fièvre,  terminée  en  quatre  ou  cinq  jours  par  une  éruptioo  po- 
puleuse autour  des  coudes,  sur  les  avant-bras  et  les  bras,  tout  le  temps  que  àan 
le  mouvement  fébrile  le  rapport  se  trouva  renversé  et  les  urines  du  jour  raiier* 
mèrent  invariablement  plus  d'albumine  que  celles  de  la  nuit.  La  superalbumi- 
nose  produite  par  la  fièvre  et  augmentée  périodiquement  |«r  l'alimentalioa  IVdh 
portait  alors  sur  les  effets  de  la  congestion  soporale.  Chose  renuirquable,  dès  que  b 
lièvre  se  fut  dissipée,  les  choses  revinrent  à  leur  état  antérieur,  c'est-à-dire  que  1  u- 
ine  de  la  nuit  lut  constamment  plus  chargée  d'albuminecpie  celle  du  jour. 


ALBUMINURIE.  509 

Les  Tarialions  se  succéderaieut  eu  sens  inverse  pour  des  albuminuries  recoa- 
nai^nt  des  conditions  opposées,  si  une  cause  quelconque  venait  à  faire  prédomi- 
ner la  phlogose  rénale  sm*  la  dyscrasiealbumineuse.  Les  variations  diurnes  peuvent 
DéafliDoins  faire  défaut,  c'est  lorsque  la  maladie  est  très-avancée,  la  sécrétion  albu- 
mioeuse  énorme,  et  que  les  sujets  privés  d  appétit  n'ingèrent  que  de  minimes 
quantités  d'aliments  azotés. 

Eq  dehors  de  ces  causes  de  variations  dont  l'intervention  régulièrement  pério- 
dique entraîne  des  changements  correspondants  dans  la  sécrétion  urinaire,  nous 
trouvons  des  circonstances  passagères  accidentelles  qui  viennent  imprimer  une  mo- 
dification également  fugace  à  l'albuminurie.  Sans  parler  des  fièvres  ou  des  mala- 
dies fébriles  qui  peuvent  compliquer  des  albuminuries  chroniques,  nous  citerons 
ici  toutes  les  conditions  capables  d'augmenter  ou  de  diminuer  temporairement 
soit  l'hyperleucomatie  sanguine,  soit  la  modalité  pathologique  des  reins.  De  ce 
nombre  sont  certains  troubles  digestifs,  circulatoires  ou  respiratoires  ;  l'action  du 
froid,  celle  d'un  vésicatoire  cantharidique,  etc.  Un  de  nos  éminents  confrères  a 
olfeHjrvé  sur  lui-même  l'influence  fâcheuse  de  la  douche  au  moment  de  son  applica- 
tion. Chaque  fois  qu'il  venait  de  subir  l'action  de  l'eau  froide,  l'urine  rendue  im- 
médiatement après  contenait  une  proportion  double,  triple  ou  quadruple  du  prin- 
cipe ooagulable. 

XXIX.  De  l'albominurie  coume  phékomème  critique.  On  n'attache  plus  aujour- 
d'hui qu  une  médiocre  importance  à  la  doctrine  des  crises,  qui  tenait  une  si  large 
place  dans  la  médecine  de  l'antiquité;  cependant  il  n'est  pas  sans  intérêt  de  redier- 
cher  dans  quelle  mesure  l'albuminurie  peut  constituer  un  phénomène  véritablement 
critique,  c  est-à  <iire  capable  de  modifier  d'une  manière  favorable  ou  fâcheuse  la 
marche  d'une  maladie  aiguë  ou  chronique. 

ftlartin  (Solon)  et  Begbie  ont  afTirmc  le  fait  sans  l'avoir  démontré  ;  aussi  leur 
exemple  n  a-t-il  entraîné  personne.  Ces  auteurs  en  effet  se  sont  contentés  de 
noter  que  l'albuminurie  accompagne  plus  particulièrement  certaines  périodes  des 
maladies  aiguës,  sans  entrer  d'ailleurs  dans  des  détaib  de  faits  ou  dans  des  consi- 
dérations théoriques  de  nature  à  faire  sitisir  la  relation  supposée  du  phénomène 
avec  un  changement  notable  dans  un  sens  progressif  ou  rétrograde,  et  sans  faire 
comprendre  l'influence  que  la  présence  de  l'albumine  dans  la  sécrétion  urinaire 
avait  pu  exercer  sur  ce  changement.  Begbie  par  exemple  croit  avoir  observé  que 
Talbuminurie  se  montre  de  préférence  pendant  la  résolution  de  la  pneumonie  : 
cela  lui  suflit  pour  accorder  à  ce  symptôme  la  valeur  d'un  phénomène  critique. 
Mais  l'observation  sur  laquelle  il  fonde  sa  manière  de  voir  est  erronée.  Loin  que 
l'albuminurie  apparaisse  à  la  fin  de  la  péripneumonie,  elle  tend  au  contraire  à 
disparaître  dans  la  période  décroissante  du  mal,  et  nous  l'avons  toujours  vue  pro- 
portionnelle, non  pas  à  l'intensité  de  la  lésion,  mais  à  celle  du  travail  pldegma- 
sique  et  delà  fièvre,  à  moins  qu'elle  ne  fût  sous  la  dépendance  d'un  état  morbide 
secondaire  des  fonctions  digestives  et  assimilatrices,  ou  de  la  coUiquation  muacu- 
bire  consécutive. 

Cependant  il  ne  serait  pas  impossible  d'assigner  à  l'albuminurie  un  rôle  dans 
1  évolution  plus  ou  moins  favorable  de  la  maladie  principale.  Dupuylrenet  Tbénard, 
ayant  remarqué  une  amélioration  dans  le  cours  du  diabète  sucré  à  la  suite  de  l'ap- 
parition de  l'albumine  dans  les  urines,  inclinèrent  à  voir  dans  ce  dernier  phéno* 
mène  un  symptôme  de  bon  augure.  Comme  si,  dirions-nous,  la  substitution  par- 
tielle de  la  matière  protéique  à  la  substance  ternaire  indiquait  que  l'économie, 
él'raoléc  et  oscillant  en  sens  opposé,  allait  enfin  pouvoir  être  ramenée  dans  la  nor- 


510  ALBUMINURIE. 

malc  par  des  moyens  thérapeutiques  efficaces.  En  admettant  la  généralité  du  ûiil 
obscr\é  par  Thénard  et  Dupuytren,  et  en  allant  plus  au  fond  des  choses,  je  consi- 
dérerais Talbiuninuric  comme  un  bon  indice,  parce  qu'elle  dénote  un  ralentisse* 
ment  de  cette  activité  désordonnée  du  foie  pour  la  formation  de  la  glyoose  aux 
dépens  des  substances  protéiques  qu'il  laisse  enfin  passer  sans  modification  au 
travers  de  son  tissu . 

L'albuminurie  surajoutée  au  diabète  est  donc,  je  l'accorde,  un  signe  farorabie, 
mais  elle  n'est  pas  la  cause  de  l'amélioration  qui  se  produit  concurremment.  A  ia 
vérité,  beaucoup  de  phénomènes  réputés  critiques  ne  méritent  pas  daTantage  cette 
dénomination  ;  en  voici  cependant  qui  rentreraient  mieux  dans  la  définition  cla^r 
sique.  S'il  était  démontré  que  l'albuminurie,  tout  à  coup  plus  abondante,  coincidàt 
avec  la  chute  des  phénomènes  inflammatoires  et  fébriles  dans  une  phlegnia>ie 
aiguë,  telle  que  la  pneumonie,  on  serait  en  droit  de  soutenir  que  cette  climinatioa 
de  substance  protéique  a  pu  tenir  lieu  d'évacuations  sanguines  ou  alniies,  et,  par 
cette  soustraction  des  aliments  de  l'inflammation,  constituer  un  phénomène  cri- 
tique. 

Si  l'albuminurie  mettait  im  à  une  pléthore  albumineuse  transitoire  et  au\ 
symptômes  généraux  qui  l'accompagnent,  elle  mériterait  aussi  l'épithèle  de  cri- 
tique.  Sur  de  pareils  faits,  la  science  attend  encore  des  observations  démonstra- 
tives. 

Mais  M.  Bouillaud  a  noté,  en  l'absence  de  vésicatoires  et  de  cantharidisme, 
l'existence  de  l'albumine  dans  les  urines  au  moment  de  la  résorption  rapide  d'un 
épanchement  pleurétique.  Voilà  un  phénomène  critique  par  excellence  qui  n'a^t 
pas  fixé  Tattenlion  des  médecins,  et  dont  le  pendant  nous  est  fourni  par  les  cxfi^ 
ricnces  de  Pavy,  qui  a  déterminé  l'albuminurie  en  injectant  de  l'albumine  daib 
le  tissu  cellulaire. 

Au  reste,  dans  notre  interprétation,  l'albuminurie  étant  réellement  une  fonction 
anormale  dont  le  résultat,  j'ose  même  dire  le  but,  est  de  soustraire  à  réconomie 
une  proportion  d'albumine  momentanément  superflue  et  encombrante,  cet  actr 
caché  est  entièrement  assimilable  à  ceux  par  lesquels  l'organisme  parvient  à  n'ta- 
blir  son  équilibre,  dans  ces  luttes  plus  violentes  et  plus  visibles  connues  sous  le  nom 
de  crises.  L'instantanéité  et  la  soudaineté  de  l'eflbrt,  l'évidence  de  son  intenreotion 
dans  l'aiTÔt  brusque  ou  la  précipitation  du  mal,  ne  sont  que  des  circonstance^ 
accessoires  qui  ne  changent  rien  à  la  nature  des  choses.  A  ce  compte,  toute  allu' 
minurie  uniquement  liée  à  la  dyscrasie  Icucomatique  (superalbiuninose  sanguim^ 
mériterait  d'être  considérée  comme  un  phénomène  essentiellement  critique.  Mai* 
l'application  de  ces  vues  à  la  pathologie  entière  serait  à  la  fois  la  généralisation  h 
plus  vaste  et  la  négation  la  plus  formelle  de  la  doctrine  des  crises,  doctrine  implt- 
cilement  contenue  dans  les  lois  qui  président  aux  réactions  organiques  d  aui 
balancements  fonctionnels. 

XXX.  Diagnostic  de  L'ALBimiT^nRiE.  Pour  établir  le  diagnostic  de  raiburoi- 
nurie,  il  faut,  se  plaçant  à  un  double  point  de  vue,  considérer  successivement 
laflection  en  elle-même  et  comparativement  à  tous  les  états  morbides  que  des 
symptômes  communs  pourraient  faire  confondre  avec  elle  :  en  d'autres  ténor», 
on  doit  procéder  au  diagnostic  propre  et  au  diagnostic  différentiel.  Le  prpmier  >f 
décompose  en  plusieurs  opérations  : 

i*"  Reconnaître  la  présctice  de  I  albumine  et  les  variétés  de  cette  substance  ; 

2*  Evaluer  sa  quantité,  c'est-à-dire  préciser  le  degré  du  diabète  leucomuriquc 
"  variations  diurnes  ou  périodiques  ; 


ALBUMINURIE.  511 

5*  Distinguer  Tespèce  d'albuminurie  selon  qu'elle  est  primitive  ou  secondaire, 
aiguë  ou  chronique,  transitoire  ou  permanente  ; 

A^  Rattacher  le  phénomène  aux  lésions  matérielles,  locales  et  générales  dont  il 
dépend  et  déterminer  l'espèce  nosologique  dont  il  est  le  symptôme. 

Parcourons  tour  à  tour  ces  quatre  subdivisions  du  diagnostic  propre  de  Talbunii- 
Dorie. 

Diagnostic  de  PaUmmine  et  de  ses  variétés  dans  Vurine.  I/es  urines  albu- 
mîneuses  présentent  quelquefois,  on  la  vu,  un  ensemble  de  qualités  physiques  qui 
les  distinguent  de  celles  des  autres  états  morbides  aussi  bien  que  des  urines  nor- 
males. Leur  décoloration  jointe  ensuite  à  une  légère  opalescence,  leur  surface  spu- 
meose,  la  présence  d'un  sédiment  blanchâtre,  sont  des  indices  accusateurs  de  la 
présence  du  principe  protéique.  Mais  il  ne  faut  pas  attacher  trop  d'importance  à  ces 
caractères,  qui  peuvent  manquer  lorsque  l'albuminurie  existe  et  se  montrer  en 
dehors  d'elle.  Beaucoup  d'urines  albumineuses  sont  fortement  colorées,  quelques- 
unes  sont  exemptes  de  dépôt  et  les  bulles  manquent  lorsque  la  miction  a  été  exécutée 
doucement  et  depuis  longtemps.  En  revanche,  les  urines  des  femmes  anémiques, 
nerveuses,  aflectées  de  flueurs  blanches,  mais  nullement  leucomuriques,  sont 
pâles,  opalines  et  laissent  précipiter  une  couche  blanchâtre  d'épithélium  ou 
de  muco-pus. 

Quant  à  la  production  de  bulles  abondantes  et  persistantes,  je  l'ai  observée  sur 
des  urines  absolument  privées  d'albumine.  Je  l'attribue,  dans  ce  cas,  soit  à  l'abon- 
dance des  matières  solides  considérées  en  masse,  soit  à  l'intervention  de  la  matièi'e 
grasse  dont  j'ai  reconnu  la  constance  dans  la  sécrétion  urinaire  et  qui,  à  l'état  libre, 
s'opposerait  à  la  formation  de  l'écume,  de  même  que  par  sa  combinaison  avec  une 
base  alcaline  représentant  une  sorte  de  savon  elle  pourrait,  lorsqu'elle  est  en  pro- 
portion un  peu  forte,  communiquer  au  liquide  la  propriété  de  mousser  par  Tugi* 
tation.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  différents  indices  rappelés  ci-dessus  permettent  tout 
au  plus  de  soupçonner  la  présence  de  l'albumine  ;  mais  on  n'est  autorisé  à  Tad- 
mettre  qu'âpre  démonstration  directe  par  des  réactifs  certains. 

Beaucoup  d'agents  chimiques  mettent  en  évidence  Talbumine  tenue  en  dissolu- 
tion. Elle  est  précipitée  par  le  sous-acétate  de  plomb,  par  l'alcool  et  par  le  tannin  ; 
elle  donne  un  coagulum  rose  avec  le  nitrate  de  mercure,  une  coloration  d'un  violet 
pur  avec  la  liqueur  cupro-potassique,  ou  d'un  violet  sale,  quand  on  la  fait  bouillir 
avec  l'acide  chlorhydrique  ;  mais  les  mêmes  réactions  s'obtiennent  également  avec 
les  autres  matières  protéiques,  ou  peuvent  faire  défaut  avec  l'albumine  proprement 
dite. 

M.  le  docteur  Gigon  a  cru  trouver  dans  le  chloroforme  un  réactif  d'une  exquise 
sensibilité  pour  déceler  l'albumine  dans  les  liquides  organiques,  et  particulièrement 
dans  l'urine.  Notre  regrettable  collègue,  Alfred  Becquerel,  s'est  attaché  à  prouver 
l'inanité  de  ce  moyen.  Mes  propres  observations  me  conduisent  aux  mêmes  résul- 
tats négatifs.  En  effet  non-seulement  le  chloroforme  détermine  un  précipité  blanc 
opaque  dans  toutes  les  urines  indifféremment,  mais  de  plus  l'abondance  du  préci- 
pité n'est  nullement  en  rapport  avec  la  quantité  des  substances  albuminoïdes  dé- 
montrée par  les  réactifs  ordinaires  de  ces  principes  immédiats.  Les  urines  des  fiè- 
vres graves  ou  de  la  maladie  de  Bright  ne  se  troublent  pas  plus  que  celles  d'un 
sujet  en  santé.  Ce  qui  fait  varier  l'abondance  du  précipité^  c'est  la  masse  du  chlo- 
roforme employé.  Ainsi,  en  ajoutant  à  quelquescentimètrescubes  d'urine  des  doses 
successives  de  réactif  et  agitant  à  chaque  fois,  on  parvient  à  augmenter  presque  in- 
définiment la  hauteur  du  dépôt.  Ce  premier  fait  bien  constaté  conduit  à  présumer 


512  ALBUMINURIE. 

que  la  substance  blanche  très-cohérente,  qui  se  réunit  au  fond  du  tube,  n'est  aalre 
que  le  chloroforme  lui-même  extrêmement  divisé.  L'examen  microscopique,  co 
faisant  voir  que  la  masse  est  constituée  par  des  gouttelettes  infiniment  déliéâ  d'une 
matière  liquide,  très-réfringente,  confirme  pleinement  cette  hypotlièse.  En  détini- 
tive  le  phénomène  entrevu  par  notre  confrère  d'Angouléme  consiste  uniquement 
en  ce  que  le  chloroforme  s'émulsionne  dans  une  urine  quelconque,  albumineuse  ou 
non.  Si  la  crème,  résultant  de  cette  action,  gagne  le  fond  du  tube,  contrairement 
à  ce  qui  se  passe  d'ordinaire  avec  les  matières  grasses,  c'est  que  le  chlorolonne, 
loin  d'être  aussi  léger  que  ces  dernières,  possède  une  densité  de  beaucoup  supérieiuie 
à  celle  de  l'eau  et  du  liquide  urinaire. 

Cette  critique  s'applique  de  tous  points  aux  nouveaux  moyens  préconisés  succès^ 
sivenientpar  MM.  Lightfootet  Liénau.  L'observateur  anglais  fait  tomber  une  goutte 
de  blanc  d'œuf  dans  de  l'eau,  à  la  surface  de  laquelle  existe  du  camphre  en  rota- 
tion, et  voit  l'albumine  blanchir  et  s'opacifier  :  il  en  conclut  que  Teau  cainiphrce 
est  un  réactif  excellent  pour  l'albumine,  sans  se  souvenir  que  M.  Melsens  obtient 
le  même  effet  en  agissant  avec  de  l'eau  pure.  Le  fait  a  d'ailleurs  été  relevé  tout  ré- 
cemment par  H.  Monoyer,  professeur  agrégé  de  la  faculté  de  Strasbourg.  Si  cepen- 
dant le  phénomène  était  plus  manifeste  dans  les  conditions  où  s'est  placé  M.  Lightiôot, 
nous  attribuerions  cette  différence  à  l'émukionnement  ou  à  l'emprisonnemeot  t'es 
molécules  de  camphre  dans  la  substance  protéique. 

M.  Liénau  se  sert  du  pétrole  et  des  huiles  essentielles  ;  mais  pour  ces  principes 
volatils,  comme  pour  le  chloroforme,  le  trouble  obtenu  dépend  de  leur  propre  trans- 
formation, et  non  du  changement  d'état  de  l'albumine  en  dissolution.  L'essence 
de  térébeuthiue  par  exemple  s'émulsioime  aussi  bien  dans  les  urines  exemptes 
d'albumine  que  dans  celles  de  la  maladie  de  Bright,  et  l'on  peut  à  volonté  produire 
ce  résultat,  en  apparence  paradoxal  :  de  rendre  très-opoque  une  urine  normale,  et 
de  ne  communiquer  qu'une  légère  opalescence  à  une  urine  fortement  diai^éed  al- 
bumine, à  la  seule  condition  d'employer  le  prétendu  réactif  à  haute  dose  dans  le 
premier  cas,  et  à  faible  dose  dans  le  second. 

Le  phénomène  est  donc  assimilable  à  celui  qui  résulte  d'un  mélange  d'urine  et 
de  chloroforme  :  il  dépend  de  ce  que  les  liquides  animaux,  notamment  celui  de  b 
sécrétion  rénale,  possèdent  la  faculté  d'émulsionner  un  certain  nombre  de  composés 
organiques.  Hais  cette  faculté  n'appartenant  en  propre  ni  à  l'albumine  type,  m 
aux  variétés  de  l'espèce,  les  huiles  essentielles,  de  même  que  le  chlorofomie  ou  le 
camphre,  ne  sauraient  être  d'aucune  utilité  pour  le  diagnostic  de  l'albuminurie. 

De  tous  les  réactifs  de  l'albumine  il  ne  reste  donc  que  la  chaleur  et  rjchif 
nitrique  sur  lesquels  on  puisse  compter.  Or,  malgré  les  précautions  recommandiez 
dans  les  ouvrages  pour  se  mettre  à  l'abri  des  causes  d'erreur,  la  constatation  6c 
l'albumine  est  plus  difficile  encore  qu'on  ne  pense.  Voici  de  quelle  manière  il  cim- 
vient  de  procéder  : 

L'urine  qu'il  s'agit  d*examiner  est  soumise  successivement  à  deux  épreoves . 
celle  de  l'acide  nitrique  et  celle  de  la  chaleur  poussée  jusqu'à  l'ébullition. 

Si  elle  se  trouble  par  les  deux  agents,  il  est  presque  certain  qu'elle  renièrme  de 
l'albumine  proprement  dite.  Cependant  une  urine  qui  contiendrait  on  excès  du- 
rate  de  soude  et  de  phosphates  terreux,  en  même  iem\is  qu'elle  serait  alcaline,  bis- 
serait précipiter  l'acide  urique  par  l'acide  azotique  et  les  sels  terreux  par  l'éUilii- 
tion.  Il  est  donc  indispensable  d'essayer  préalablement  la  liqueur  par  le  ppier  de 
tournesol  et  de  l'aciduler  légèrement  avec  une  goutte  d'acide  nitrique  avant  de  y* 
livrer  à  un  examen  ultérieur. 


ALBUMINURIE.  515 

il  n'arriTe  peul-étre  pas  que  des  urines  spontanément  et  primitivement  alca- 
lines renferment  simultanément  un  excès  d'urate  sodique  et  de  phosphates  terreux, 
roais  le  lait  peut  se  présenter  pour  des  urines  ajaut  en  partie  subi  la  fermentation 
ammoniacale  de  Turée,  par  suite  d'un  séjour  prolongé  dans  un  vase  malpropre,  tel 
qiuio  urinai  chargé  d'une  incrustation  d'urate  d'ammoniaque,  imfM'égnée  de  fer- 
ment. 

L'illusion  est  beaucoup  plus  aisée  quand  on  ne  fait  que  l'une  des  deux  épreuves 
reooouDandées.  En  effet  toutes  les  urines  sécrétées  alcalines  se  troublent  par 
l'ébullition,  et  cela  d'autant  plus  qu'elles  s(»it  plus  chargées  de  phosphates  magné* 
siea  et  calcaire,  insolubles  par  eux-mêmes,  mais  maintenus  provisoirement  en 
.  diâsohitioD  par  un  excès  d'acide  :  l'acide  carbonique  par  exemple.  Après  s'être 
assuré  de  la  réaction  alcaline,  il  suffit  d'ajouter  une  goutte  d'un  acide  quelconque 
poor  voir  instantanément  le  précipité  se  redlssoudre  et  la  liqueur  reprendre  une 
limpidité  parfaite. 

LecUnicien  inexpérimenté  est  quelquefois  victime  d'une  erreur  inverse.  Si  des 
nrines  fortement  alcalines  et  notablement  albumineuses  n'offrent  qu'une  minime 
proportion  de  phosphates  terreux,  elles  ne  se  troubleront  nullement  par  la  chaleur 
poussée  même  jusqu'à  l'ébullition.  La  présence  de  la  soude,  de  la  potasse  ou  de 
PanuDoniaque  non  saturées  s'oppose  effectivement  à  la  coagulation  de  l'albumine.  On 
rendra  possible  le  passage  de  ce  principe  à  l'état  insoluble,  en  additionnant  le  sa- 
Intum  d'une  petite  quantité  d'acide  nitrique  ou  de  tout  autre  acide,  sauf  les  acides 
acétique  etphospborique.  Nous  aurons  l'occasion  de  nous  expliquer  plus  loin  sur 
ces  deux  exceptions. 

En  opérant  avec  l'acide  azotique  sur  une  urine  acide  et  refroidie,  on  obtient  sou- 
vent un  abondant  précipité  quelquefois  blanchâtre,  plus  oi'dinairement  gris  jau- 
nâtre, furfuracé  ou  un  peu  grumeleux,  assez  semblable  en  un  mot  à  celui  que 
(kmne  l'albumine,  pour  que  joivuellement  il  soit  considéré  comme  tel  par  un  grand 
nombre  de  médecins  peu  familiarisés  avec  les  recherches  de  chimie  appliquée.  Ce 
précipité  n'est  autre  que  de  l'acide  urique.  On  évitera  cette  méprise  en  faisant 
chauffer  la  liqueur  troublée,  laquelle,  à  mesure  que  s'élèvera  la  température,  re- 
prendra sa  transparence  en  vertu  de  la  solubilité  plus  grande  de  l'acide  uri(pie  à 
chaud  qu'à  froid.  Avec  de  l'habitude,  on  pourrait  se  ['asser  de  cette  opération, 
puce  que  le  précipité  d'acide  urique  se  redissout  par  le  1ns  en  dégageant  des  bulles 
àt  çu  dès  que  la  couche  d'acide  nitrique  devient  abondante,  et  parce  qu'il  offre 
une  nuance  géuéralement  plus  jaunâtre  que  celle  de  l'albumine,  en  même  temps 
qo  un  aspect  lanugineux  très-remarquable  quand  on  l'examine  par  la  face  supé- 
rieure de  la  niasse,  dans  le  verre  à  expériences. 

En  Causant  arriver  un  très-grand  excès  d'acide  azotique  on  va  jusqu'à  produire 
la  diaM^ntion  complète  de  l'acide  urique,  et  cette  réaction  a  été  donnée  comme  un 
nwjen  infiiillible  de  distinction  entre  ce  dernier  et  l'albumine.  Nais  Prout  a  dé- 
mootré  que  l'albumine  disparaît  de  même,  si  ce  n'est  également,  devant  une 
énorme  proporti(m  du  réactif.  Tout  le  monde  a  pu  vérifier  le  fait.  La  seule  diffé- 
rence consiste  dans  la  rapidité  de  production  du  phénomène,  lorsqu'on  a  affaire  à 
l'acide  urique,  et  sa  lenteur  au  contraire,  quand  c'est  l'albumine  qu'il  s'agit  de 
rediasondre.  Dans  ce  dernier  cas  l'opération  exige  véritablement  des  flots  d'acide 
nitrique,  si  l'on  veut,  je  ne  dis  pas  dissoudre  le  précipité,  mais  dissiper  com- 
plètement le  trouble  antérieurement  obtenu  par  le  même  agent  ou  par  la  chaleur, 
lialgré  l'identité  du  phénomène  objectif  j'évite  d'employer  le  mot  dissolution,  parce 
qn'il  ne  convient  guère  à  une  action  après  laquelle  la  substance  altérée,  brûlée  par 

DKT.  Eue.  11.  53 


Ô14  ALBUMINURIE. 

loxygène  du  réactif  cl  traiisibimée  en  aûde  xaiittiopiX)(éique,  iiexisle  réeUemenl 

plus. 

Avec  cerlaiues  albumines  modiiiées,  la  différence  d*action  sarait  pouriiiil 
moindre  et  l'hésitation  du  clinicien  en  serait  augmentée.  Par  conséquent  le  moyen 
n*a  \ysis  la  valeur  diagnostique  que  les  auteurs  lui  attribuent. 

H  me  reste  à  signaler  une  dernière  cause  d'incertitude  fort  peu  connue,  relaCi^e- 
nient  à  la  constatation  de  l'albumine  dans  Turine.  Lorsque,  aprèsavoir  traité  l'uriuc 
par  l'acide  nitrique,  on  reprend  au  bout  de  quelques  instants  la  portion  restée  lim- 
pide au-dessus  de  la  zone  précipitée  par  l'adde,  pour  la  soumettre  à  l'action  de  la 
chaleur  et  vérifier  ainsi  le  premier  résultat,  il  se  peut  faire  que  l'ébullition  bmck 
prolongée  n'amène  aucun  tixmble,  bien  que  la  liqueur  soit  fortement  acide.  Ce 
isésullat  négatif  est  d'autant  plus  singulier  qu'une  aulre  portion  d'urine  du  même 
sujet,  soumise  directement  à  la  chaleur,  sans  traitement  préalaUe  par  l'acide  iii> 
triqup,  fournit  un  coagulum  albumineux  équivalent  à  celui  que  donne  Taciile 
Cette  particularité  n'a  pas  échappé  à  H.  Guibourt,  et  H.  Rayer  la  signale  à  titit  tk 
curiosité  dans  une  note  de  son  ouvrage  classique  sur  les  maladies  des  reins,  ie  l'ai 
retrouvée  souvent,  et  jeu  ai  depuis  plusieurs  années  tenté  l'explication,  qui*  j'ai 
communiquée  en  1857  à  la  Société  médicale  des  hàpitaux.  L'acide  nitrique  peut 
agir  par  une  simple  action  de  présence,  après  diilnsion  dans  la  iiiaase  de  Turine; 
ou  bien,  plus  vraisemblablement,  il  sert  à  mettre  en  liberté  une  partie  de  Taciile 
pbosphorique  dos  phosphates,  lequel  acide  phosphorique  néœssairemeut  hjdntc 
s'oppose,  oonuiiu  on  sait,  à  la  coagulation  de  l'albumine.  Ce  qui  justifie  cette  br|K^ 
^èse  adoptée  d'ailleurs  par  Lionel  Beale,  c'est  que  les  urines  dans  les  couches  mi- 
périeures  desquelles  l'acide  nitrique  détermine  j'incoogulabilité  de  l'albumine  soûl 
généralement  très-riches  en  phosphates,  à  en  juger  d'après  l'abondance  du  |im> 
pité  obtenu  K  l'aide  des  solutions  alcalines,  tandis  que  le  phénomène  fiut  dé&ut  dan^ 
celles  qui  sont  pauvres  en  pliosphates,  et  notamment  dans  les  urines  du  diabèit 
leucomurique  avancé.  Les  urines  incoagulables  par  la  dialeuroudifiicilenieot  prê- 
cipitables  par  l'acide  nitrique,  observées  par  Heller  et  Benoe  Jones  dans  plu$ieiu> 
csiad'osléoniaLicie,  devaient  sans  doute  cette  propriété  à  la  présence  des  phosphaU?» 
et  de  l'acide  phosphorique,  toujours  en  excès  dans  les  urines  des  si^ets  afiiacAéb  de 
ramollissement  des  os. 

il  est  permis  de  supposer  ((ue  dans  le  cas  où  des  urines  cotitiendraient  uu  %n»\ 
excès  d  acétates,  l'acide  acétique  mis  à  nu  cntrahierait  de  même  i'iueoagulalii- 
lilé,  puisqu'il  a  la  propriété  de  dissoudre  le  blanc  d'oeuf. 

L'albumine  proprement  dite,  surtout  en  petite  proportion,  ne  se  coagule  |u« 
loujoui^s  par  la  chaleur,  ou  du  moins  elle  met  un  temps  trèt^-loiig  à  passer  à  TéUt 
insoluble.  Deux  circonstances  expliquent  le  phénomène  :  la  première,  c'est  la  dilii* 
tion  extrême  de  la  solution  albumineusc  ;  la  seconde,  c'est  une  modification  u^\^ 
acquise  par  la  substance  protéique.  Ce  qui  fait  que  l'albnmiiie  devenue  insoluble  •< 
manifeste  par  l'opacité  de  la  masse,  c'est  qu'en  môme  temps  elle  s'est  réunie  «*» 
parcelles  solides,  plus  ou  moins  grosses^  imprégnées  de  liquide,  et  au  travers  de^^ 
quelles  la  lumière  subit  une  série  de  réfractions  qui  la  brisent  et  réteignenl.  Ib^ 
des  molécules  incommensurables  d'albumine  insoluble  pourraient  exister  au  mïii 
d'un  liquide,  sans  en  troubler  sensiblement  la  transparence,  tellement»  qu'en  |it> 
liant  une  solution  albumineusc  excessivement  étendue  et  convenablement  acidnlw 
un  n  obtient  pas  le  phis  léger  trouble  par  l'ébullition,  tandis  que  si  Ton  atigmenU 
la  proportion  de  blanc  d'oBÙf,  ou,  ce  qui  revient  au  même,  si  l'on  ooncttitrr  h 
première  liqueur,  l'opalescence  se  produit  visiblement.  L'expérieuce  de  h  conet-a- 


ALUUNIMIRIË. 


M  5 


trjlion  pniulablci'éitssitL'galcnieiilbiGiiuvGC  lu  sécrétion  uriiiairc.  C'uslniiisi  i|ii't!n 
juttlo^eaiil  l'ébullition  d'une  petite  quiÉiititc  d'urine  daus  iiu  lube  de  veiTc  on  \ml 
à  U  longue  celle-ci  devenir  opaline.  On  pourrait  à  la  vérité  imoquer  une  autre 
condition,  c'est  l'action  soutenue  d'uue  haute  température  capable  de  inodilier 
l'état  mnlécolaire  de  l'albumine.  l'our  démonlter  rigoureusement  l'influence  de 
b  déperdition  d'eau  il  faut  donc  évaporer  dans  le  vide,  ou  à  une  basse  tempéi'aUin!. 
L'etpériencG  a  été  faite  autrefois  par  Quevenne  avec  des  l'ésulUits  conlinaati&. 

Les  cas  0(1  le  défaut  de  coagniabilité  dépend  d'une  modification  moléculaire  de 
l'albumine  sont  de  deu<L  sortes.  Tantôt  l'urine  est  alcaline  ou  neutre,  tantôt,  au 
contnire,  elle  est  d'une  acidité  liypeniorniale.  L'influence  de  lu  première  condition 
nt  trop  connue  pour  que  je  m'v  arrête  ;  il  n'en  est  pas  de  même  de  la  seconde. 
OfKndant  elle  sera  facilement  comprise,  après  ce  ijuo  nous  venons  da  diiv  tou- 
illant I  uKoaguUbililé  acquise  par  la  couche  supérieure  de  certaines  urines  att\- 
quelles  on  a  ajouté  de  l'acide  azotique,  et  l'on  admettra  |«r  itinséquent  pi-oti- 
«oirement  que  les  urines  albumirienses  et  très-acides,  qui  ne  précipitent  pas  par  la 
clialeur,  doivent  leur  acidité  ^  l'acide  phosphorique.  Une  ilrconslcDcc  vient  d'ail- 
leurs appuyer  celle  manière  de  voir  :  c'est  que  de  telles  urines  reidiarmenl  uuc 
Iwle  pr(^rtion  de  phosphates.  C'est  aussi  la  iliftérence  qui  m'a  paru  caiactèriser 
les  urines  spontanément  cumulables,  mais  qui  cessent  de  l'être  après  l'actiou  du 
l'acide  nitrique.  Quoi  qu'il  en  soit,  une  petite  quantité  de  cet  adde,  neutralisant 
l'influetice  de  l'acide  pbospliorique,  redonnerait  à  l'albumine  lu  faculté  momeii- 
liuiànent  absente  de  se  coaguler  par  la  chaleur,  et  démontrei'ait  qu'on  n'avait  |ki> 
alTaire  à  Tmie  de  ces  modifications  permanentes  de  la  matière  protéii|uc  connue 
MUS  les  noms  d'albuminose  ou  d'albumine  caséifonnc.  Au  reste,  une  pro|iortion 
(l'aride  plus  considérable  détermine  directe- 
ment la  précipitation  de  l'albumine  sans  l'aide 
d'une  tonpérature  élevée. 

De  toutes  les  considérations  précédentes  il 
ressort  :  i"  (|u'on  peut  croire  à  la  présence  de 
l'aibuDiiue  lorsqu'elle  l'ait  défaut  ;  3°  i{u  on 
peut  la  mécoDRaitre  là  où  elle  existe.  Un  évi- 
tera généralement  cette  donble  mépiisc  en 
tniilanl  successivement  l'urine  par  la  chaleur 
et  |ar  l'acide  nitrique.  Ce  dernier  réactif  suf- 
lirait  mâiK  au  besoin  à  la  eoitdition  d'opéixr 
de  la  manière  que  nous  allons  dire. 

thifls  lin  nne  coniifuc,  aux  trob  quarts 
|ilein  d'urine,  on  verse  avec  précaution  de  l'n- 
ùde  tô-tiique  du  commerce,  en  sorte  que, 
cmibnt  te  long  de  la  paroi  du  vase,  il  se  ras- 
wmUe  au  lond  sans  se  mêler,  ehemni  lâisan  I , 
avec  le  liquide  à  cssoyer.  On  voit  alors,  au 
bout  de  quelques  instants,  se  disposer  de  bas 
(■n  haut  les  couches  suivantes  :  an  fond,  l'aride 
azotique;  immédiatement  au-dessus,  imo  ligne  colorée,  en  rouge,  en  violet 
on  en  bleu  selon  le  cas;  puis  la  Kone  plus  ou  moins  étendue  occupée  pr 
le  oi^nhmi  albumineux  ;  enfin  une  couche  d'urine  transparente,  en  apparenn- 
inUcte,  H  cependant  coupée  en  son  milieu  par  nn  diaphragme  horizontal 
d'acide  uriqne  inis  en  liberté.  Depuis  plus  de  qtriruie  ans  j'emploie  constamment 


ks  résultats  les  plus  œrttins, 

josqu'ici  qu'une  seule  circonstance  qui  piûasc 

tissBcuter  l'expérience.  C'est  lorsque,  après  aïoir 

urique,  il  se  produit  ensuite  au-dessous  uo 

jios  lente  d'une  autre  portion  du  même  acide,  qui 

mmb  "t  ^aonde  assez  bien  les  parcelles  albumineuscs.  Mais  en 

que  j'avais  afiaîre  à  une  autre  substance  que  Talbu- 

avait  pas  de  lone  limpide  au-dessous  du  diaphngme 

le  e  précipité  paraissait  pulvérulent  et  composé  de  grain]le3 

^^^.M^v  .li  ii«fi  d'être  formé  d'une  substance  légère,  plus  ou  moim 

.MNNMBope  confirme  ce  diagnostic  en  montrant  uniquenient  de 

I  nilnides  et  de  nombreux  cristaux  rbomboédriques  aplatis,  sans 

ai  granules  moléculaires  colorables  par  l'iode,  à  la  manière 


î  * 


Icucomuriques  ne  doivent  pas  leur  caractère  coagnlaUe  à  une 
^.    .    •^«■v  'i^pèce  d'albumine.  Ce  principe  varie  au  contraire  selon  les  cas,  et 
ifc      tM  uiMne  sujet  peut  en  contenir  plusieurs  formes  réunies.  Parmi  ces 
•.«.*^^.«»  >afl6tanees  albuminoïdes  les  unes  conservent  tous  les  caractères  esseo- 
v^    ..     jfchtMutne  proprement  dite  et  se  coagulent  par  la  dialeur  aussi  bien  que 
«,     !vmm  *ialnque,  comme  l'albumine  de  l'œuf  ou  celle  du  sérum  ;  les  antres 
.^«.«^•M.'m  par  Tacide  et  non  par  la  chaleur  seule,  et  se  redissolvent  dans  l'acide 
vi  jMiln»  enfin,  non  prédpitables  par  la  chaleur,  sont  également  ooago- 
«lAà  i«!>  acides  acétique  et  nitrique.  Ces  dernières  constituent  les  alfao- 
•«M«tfN  itttpariiilfls  des  auteurs,  l'albumine  incipiente  de  Prout,  ou  caaéiibrroe  de 

■vu  .kiUMiitiaut  que  l'albumine  de  l'œuf  et  celle  du  sérum  sanguin  colorent  en 
*  «sMe%  k  rmHif  de  Barreswill,  M.  le  docteur  Icery  a  pu  croire  qu'il  avait  trouvé  le 
it^K»^  Jii«^  ibflércntes  espèces  d'albumine  qui  traversent  les  reins.  Aussi,  n'aiant 
•M  *>  |<iWuiiv  le  phénomène  que  sur  certaines  urines  coagulaUes  de  la  maladie  de 
^•91^  yrofi'enient  dite,  se  trouva-t-il  amené  à  conclure  que  seules  elle»  doivent 
.^li^  (iti)|¥nété  à  la  présence  de  l'albumine  vraie,  et  que  la  liqueur  coivreiBe 
ouèutt  un  »Ar  moyen  de  distinguer  la  maladie  de  Brigbt  des  albiuninuries  transi- 
UHi^j^  iVci  demande  une  explication. 

La  ct4oratioii  violette  de  la  liqueur  cuprofotassique  par  l'albumine  type  est  no 
uut  ttnHwUi'stable,  l'absence  habituelle  de  cette  modification  par  les  urines  «Ibumi- 
injitecq  nW  i^as  moins  certaine  ;  mais  il  n'en  faut  pas  conclure  que  les  reins  ne 
>%^|MwU  oiilinairemcnt  du  sang  que  des  substances  albuminoïdes  et  non  de  l'albii- 
uiàkH'  |iropivnient  dite.  Celle-ci  perd  elTectivement  par  son  mélange  avec  les  maté- 
I  v«u\  urinaires  la  propriété  de  faire  virer  au  violet  la  liqueur  bleue  de  Baireswill 
<Hi  tW  ïVhling,  ainsi  que  le  prouve  l'expérience  suivante  :  Je  prends  la  séroailé  d'un 
wy^fti^loiit)  dont  je  iais  deux  parts,  et  après  avoir  constaté  qu'i  l'état  de  purelé  elie 
iiMunnuiiquc  h  la  li(|ueur  cupro-potassique  une  magnifique  coloration  vîolcite, 
j  iv«M>f  |MU*  le  même  réactif  une  autre  portion  préalablement  additionnée  d'urine 
iH\i  lUitlo  ;  or  vciio  dernière  donne  d'abord  une  teinte  Verdétre,  résultant  de  b 
iiU|««r|HNittion  du  bleu  et  du  jaune,  puis  un  précipité  de  sels  terreux  et  un  oommen- 
r«)Utf«iH  de  di^colonition  par  l'ébullition  prolongée.  En  un  mot  le  mélange  «rtifiôd 
do  M^runi  et  d'urine  se  comporte  exactement  vis*à-vb  du  réactif  cuivreux  oomoie 
ciU  luit  iii)<'  ui'>"<^  naturellement  albumineuse,  c'est4-dire  sans  laisser  paraître 
am^una  nuance  de  violet.  En  conséquence,  si  l'urine  de  la  maladie  de  Brigfat  agit 


ALBUMINURIE.  617 

quelquefois  (quelquefois  seulement)  à  la  manière  d'une  solution  de  Uanc  d'ceuf, 
on  peut  affirmer  que  cela  dépend  de  l'absence  presque  totale  des  matériaux  ordi- 
miresde  la  sécrétion  rénale,  et  non  du  privil^e  exclusif  de  tenir  en  dissolution 
de  ralfaumine  Téritabie. 

D'ailleurs  l'albuBiine  type  n'est  pas  la  seule  matière  azotée  qui  se  comporte  ainsi 
avec  la  solution  alcalino-cuprique  :  la  substance  épidermoûle  en  fait  autant.  Depuis 
longtemps  j'avais  remarqué  que  la  liqueur  de  Barreswill  ou  de  Fehling,  projetée 
rliande  sur  les  doigts,  teignait  l'éjnderme  en  Ulas  ;  rapprochant  ce  fait  de  la  colo- 
ration violet  noir  due  au  cfalonire  d'or  dans  les  mêmes  circonstances,  j'en  conclus 
que  k  matière  épidermique  réduisait  à  l'état  métallique  le  cuivre  comme  tes 
métaui  de  la  dernière  section.  Puis,  supposant  que  les  épithéliums  et  les  mucus 
qui  en  dérivent  devaient  exercer  la  même  action,  je  fis  avec  le  mucus  nasal, 
le  mocus  buccal  et  le  mucus  bronchique  des  expériences  toutes  confirmatives. 
Des  flocons  de  ces  diverses  sortes  de  mucus,  bouillis  successivement  avec  la 
liqueur  de  Barreswill,  prirent  tous  une  couleur  riolacée  très-caractéristique, 
lors  même  qu'ils  étaient  transparents  ou  à  peine  opalins  et  que  rien  ne  pouvait  y 
iàire  soupçonner  la  présence  de  l'albinnine  proprement  dite  accompagnant  le  pus 
ou  le  plasma.  Seuls  le  mucus  et  le  pus  de  la  vessie  ne  donnèrent  aucun  résultat, 
sans  doute  à  cause  de  la  présence  des  principes  immédiats  de  l'urine. 

La  réaction  découverte  par  M.  Icery  n'appartient  donc  pas  exclusivement  à  une 
espèce  particulière  de  substance  albuminoide,  et  quand  bien  même  cela  serait,  elle 
ne  pourrait  être  utilisée  dans  le  diagnostic  de  la  variété  d'albumine,  puisqu'elle 
serait  presque  toujours  empêchée  ou  masquée  par  la  présence  des  principes  ordi- 
naires de  l'urine. 

Au  reste  la  constatation  de  ces  différentes  sortes  d'albumine  n'a  jusqu'ici  aucune 
importance  clinique,  attendu  qu'aucune  d'entre  elles  n'est  spécialement  affectée  à 
la  maladie  de  Bright  plutôt  qu'à  toute  autre  albuminurie  vraie,  et  que  les  prin- 
cipes albuminoides  se  transforment  aisément  les  uns  dans  les  autres  sous  l'influence 
de  causes  purement  accidentelles. 

Évaluation  quantitative  de  V albumine.  A  l'aide  des  caractères  du  précipité 
obtenu  par  la  chaleur  ou  l'acide  nitrique,  on  peut  instantanément  se  Giire  une  idée 
psâsaUeroent  exacte  de  la  proportion  de  la  matière  albumineuse  dans  l'urine,  et 
conséquemment  de  sa  quantité  absolue,  si  l'on  tient  compte  de  l'abondance  du 
hq^iide  sécrété  en  vingt-quatre  heures.  Dans  les  urines  fortement  albumineuses,  le 
précipité  est  floconneux  ;  il  est  furfuracé  dans  les  urines  moyennement  chargées,  et 
simpleaient  moléculaire  dans  celles  qui  renfisrment  une  très-faiUe  proportion  du 
principe  coagulaUe. 

En  raison  des  nombreuses  circonstances  qui,  indépendamment  de  la  masse  de  la 
substance  piotéique,  font  varier  les  hauteurs  du  dépôt  albumineux  dans  les  tubes, 
la  mesure  du  volume  des  coagulums  ne  donne  pas  des  renseignements  beaucoup 
plus  précis  que  la  simple  inspection  des  précipités,  au  moment  même  où  ils  viennent 
d'être  obtenus. 

Les  parcelles  déliées,  résultant  de  la  coagulation  d'une  urine  pauvre  en  albu 
mine,  se  précipitent  plus  lentement  et  se  tassent  moins  ;  elles  occupent  donc  tou- 
jours un  espace  rdativement  j^  étendu  que  des  flocons  plus  gros,  plus  lourds  et 
doués  de  plus  de  force  d'adh^ion  réciproque.  En  sorte  que  les  différences  de  hau- 
teur sont  loin  d'exprimer  les  différences  pondérales  des  précipités.  D'ailleurs,  ponr 
une  même  urine,  le  dépôt  variera  suivant  deux  circonstances  :  i**  la  dur^  de 
l'ébttUition,  les  grumeaux  albumineux  «e  soudant  et  grossissant  à  mesure  qu'on 


5i8  ALBUMINURIE. 

laii  agir  plus  longtemps  la  dialeur;  2°  le  lemps  de  repos  pendant  lequel  k  \m 
n  pu  se  décanter,  et  conséquemmeni  le  dépôt  se  condenser. 

Pour  arriver  à  des  résultats  certains,  la  méthode  des  pesées  est  indispensable. 
Nous  en  avons  donné  précédemment  un  exemple  lorsque  nous  nous  sommes  orou|>é 
de  la  détermination  des  quantités  aljsolues  d*albumine  dans  les  urinos  de  k  diges- 
tion comparées  à  celles  du  jeûne.  Ces  indications  sont  à  peu  près  suffisantes,  parte 
que,  en  clinique,  l'exactitude  absolue  n*est  pas  de  rigueur.  Je  ferai  remarquer 
seulement  que  si  les  urines  sont  neutres  ou  à  peine  acides,  il  est  indispensable  de 
les  aciduler  davantage  par  Tacide  nitrique,  de  peur  que  la  piécipilation  de  toute  b 
masse  des  phosphates  et  des  carbonates  terreux  ne  vienne  modifier  ou  même  busser 
le  résultat. 

Le  dosage  par  la  liqueur  titrée  de  cyanure  ferroao-potassique,  imagiiié  par  Bô- 
deker,  ne  saurait  être  d'un  em(^i  habituel,  en  raison  du  peu  de  senaibibté  du 
réactif,  ainsi  que  de  la  complication  et  de  la  dilBculté  du  manuel  opératoire. 

J'en,  dirai  autant  du  polarimètre  et  de  sa  modiCcation,  VaUmminimèire^  dont 
l'emploi  a  Tinoonvénient  d'exiger  mi  traitement  préalable  et  k  décoloratioii  df 
l'urine,  et  de  donner  des  résultats  incertains,  en  ce  sens  que  :  d'une  part  l'instru* 
ment  est  impuissant  à  déceler  de  faibles  proportions  d'albumine,  et  que,  d'autre 
part,  la  déviation  observée  peut  être  attribuée  en  partie  à  une  autre  subataooe  du 
genre  de  celles  (sucre  ou  autre  chose)  qui  donnent  à  l'urine  normale  k  propriété 
de  réduire  l'oxyde  de  cuivre.  Malgré  les  efforts  de  son  auteur,  Tidée  isigénieusT 
d'Alfred  Becquerel  ne  saurait  donc,  quant  à  présent,  recevoir  une  application  pra- 
tique. 

Diagnostic  du  sang  dans  l'urine  albumineuse.  Même  dans  raUmminurie 
vraie  avec  néphrorrhagie,  la  quantité  des  hématies  exhalées  peut  être  asaei  grande 
pour  rougir  fortement  l'urine  et  pour  que  le  dépôt  conserve  la  couleur  du  sang  «*n 
nature. 

Plus  ordinairement  le  sédiment  n'a  pas  l'apparence  cniorique  :  il  est  bruaâtrp 
foncé,  par  suite  de  l'action  des  principes  acides  de  l'iviiie.  Sous  cette  iorme  les 
cliniciens  le  recoimaissent  encore  aisément. 

U  n'en  est  plus  de  même  quand  la  proportion  du  sang  est  minime  et  qu'il  a 
séjourné  dans  l'urine  ;  alors  il  s'est  produit  un  phénomène  de  dsoimos^  par  lequH 
l'hématosine  s'est  échappée  des  gkbules  qui  ont,  eu  revanche,  absorbé  de  Teau,  se 
sout  gonflés  en  même  temps  que  pâlis  et  sont  devenus  méconnaissables  pour  \ei 
ol)servateui-s  mal  avertis.  L'urine  a  donc  pris  une  teinte  rougeâtreasaes  anatq^  à 
ceWe  qu'elle  affecte  dans  Vhémaphéismej  mais  se  rapprocinnt  davantage  de  celle 
ilu  vin  clairet,  tandis  que  le  dépôt  léger,  demi-transparent,  semble  Armé  àf 
furiures  ù  |ieine  nuancées  de  gris  brunâtre.  Mais  l'examen  microscopique  ne  \m!i^ 
auc:un  doute  sur  la  nature  hématique  de  ce  sédiment.  A  k  vérité,  les  gbbolw  san- 
guins constituent  pour  la  plupart  non  des  disques  excavés,  itmgeâtres,  nais  de< 
nlricules  sphéroïdes,  sensiblement  incolores,  les  unes  lisses,  les  autres  chagrinées; 
néanmoins  il  en  reste  toujoui's  quelques-uns  retenant  la  forme  aplatie  av«c  Tappo- 
rence  de  noyau  et  k  teinte  caractéristique.  Et,  quand  même  r«s  dernier»  lenienl 
entièrement  défaut,  on  arriverait  aicore  par  exclusion  au  diagnostic,  que  ne»- 
drait  confu'mcr  au  besoin  l'action  instantanément  dissolvante  de  l'ammouiaqiif . 

Dans  les  maladies  d(*  Brighl  avec  hématurie,  on  rencontre  aussi  dans  le  dépk 
uriiiaire  des  cylindres  épithéliaux  remplis  de  gianulations  pigmentains  d'un  brun 
sombre,  résultant  de  k  destruction  sur  place  des  gkbules  sanguins. 

Diagnostic  de  la  lésion  rénale,    Aprè^  avoir  reconnu  rallniroine,  «s  varirtri 


ALBUMINURIE.  510 

et  sa  proportion  ;  aprè»  avoir  constaté,  lo  cas  échéant,  la  présence  des  liématies  eu 
pluft  ou  moins  grand  nombre,  le  médecin  doit  s'enquérir  de  Tétat  des  organes 
s^créleurs* 

il  est  entendu  que  le  rein  est  toujours  alfecté  lorsqu'il  exhale  de  l'albumine, 
(/mséqnemment,  la  seule  présence  de  ce  principe  immédiat  dans  l'urine  indique 
«iiflifianiroentun  certam  degré  d'fayperémie,  et  des  troubles  parenchymateux.  Hais, 
veut-on  connaître  l'intensité  et  le  degré  des  altérations  anatomiques,il  faut  interro- 
ger diverses  circonstances  accusatrices  ;  ce  sont  :  la  composition  chimique  et  mi- 
(Tosoopique  de  l'urine,  la  dorée  de  l'affection  et  les  pliénomènes  locaux  et  généraux 
oonoomîtants. 

ÛD  supposera  l'existence  d'une  lésion  organique  du  reiu,  si  l'albuminurie  se  pro- 
longe des  semaines  et  des  mois;  à  moins  pourtant  qu'une  cause  continente  de 
leucomurie  transitoire  n'en  explique  la  durée.  L'albuminurie  gravidique  se  main- 
tient pendant  quatre  ou  cinq  mois  en  l'absence  de  toute  lésion  rénale  sérieuse.  Hais 
si  la  filtration  albumineuse  persiste  encore  longtemps  après  la  délivrance,il  y  a  lieu 
àè  endndre  une  altéraliou  organique  définitive.  11  en  est  de  même  après  la  scaria- 
tine  et  le  choléra,  si  les  urines  restent  coagulables  plus  d'un  mois  après  la  pre- 
mière, et  plus  de  quinse  jours  après  le  second. 

Des  pr^omptions  plus  fondées  se  tirent  du  caractère  physico-chimique  de  la 
>écrétion  urinaire.  A  part  les  urines  fébriles  des  maladies  aiguës,on  peut  établir 
cette  règle  générale,  à  savoir  :  que  plus  les  urines  s  éloignent  de  leur  composition 
normale,  et  plus  il  y  a  de  probabilités  en  faveur  d'une  altération  organique  de  la 
giande.  Ainsi  les  urines  de  notre  première  espèce,  qui  ne  diffèrent  guère  de  l'état 
physiologique  que  par  la  présence  de  l'albumine,  sont  compatibles  pendant  des 
années  avec  une  structure  régulière  des  gkndes  uropoïétiques,  tandis  que  les 
urines  sanguinolentes  de  la  néphrite  albumineuse  aiguë  font  craindre  prochaine- 
ment des  désordres  profonds,  lesquels  existent  toujours  dès  que  se  montre  notre 
quatrième  type  (g  I,  p.  439). 

Nais  les  modifications  de  la  sécrétion  rénale^  observées  dans  la  maladie  de 
Bright  offrent. elles-mêmes  des  degrés.  La  pâleur  peut  aller  jusqu'à  la  décoloration 
presque  complète  ;  les  principes  immédiats,  comburés,  peuvent  diminuer  à  ce 
point  de  ne  plus  se  trouver  qu'en  proportion  minime  ou  presque  insensible.  Cette 
altération  extrême  de  la  sécrétion  implique  une  lésion  équivalente  de  la  glande, 
hir  conséquent,  s*ii  est  possible  de  la  constater  cliniquement,  elle  deviendra  un 
moven  diagnostique  pour  la  lésion  rénale.  Or  la  solution  cupro-potassique  semble 
lions  fournir  ce  procédé  expéditif. 

b  liqueur  de  Barreswill  ne  procure  pas,  comme  le  pensait  H.  Icery,  le  moyen 
de  préciser  la  lutnre  spéciale  de  la  matière  protéique  :  die  ne  nous  apprend  pas  sj 
imus  avpns  affaire  à  l'albumine  du  sérum  ou  bien  à  Tun  de  ses  dérivés;  mais  elle 
|ieut  néanmoins  rendre  quelques  services  dans  le  diagnostic,  en  ce  sens  qu'elle 
[ierroet  de  savoir  par  une  opération  très-simple  si  la  substance  coagulable  est  ar- 
cumpagnée  ou  non  d'une  proportion  notable  des  matériaux  ordinaires  de  l'urine. 
U  cx4oration  violacée,  obtenue  par  faction  à  chaud  de  l'urine  albumineuse  sur  la 
liffueur  cnpro-polassique  est,  d'après  mes  expériences,  le  signe  que  la  sécrétion 
rénale  n'entraîne  plus  qu'en  minime  porportion  les  principes  immédiats  provenant 
de  b  combustion  des  substances  protéiques  ;  elle  dénote  par  conséquent  une  alté- 
ration profonde,  soit  dans  la  crase  sanguine,  soit  principalement  dans  lu  structuiY» 
H  le  fonctionnement  des  glandes  uropoïétiques,  ou  bien  dans  ces  deux  ordres  de 
phéniinènes  simultanément.  Cependant  ces  diverses  particularités  ne  conduisent 


590  ALBUMINURIE. 

qu'à  des  présomptions  plus  ou  moins  vraisemblables;  les  plus  sùn  indices  nous 
viennent  des  caractères  microscopiques  du  sédiment  urinaire. 

Valeur  séméiologique  des  éléments  microscopiques  de  l'urine  aUmwnnfum, 
Ces  éléments,  on  le  sait,  sont  des  lambeaux  d*épithélium  sain  ou  cbaiigé  de  granu- 
lations protéiques  et  graisseuses,  et  des  concrétions  cylindroldes  alfaumineuses  oo 
albumiiio-fibrineuses,  le  tout  mêlé  ou  non  à  des  corpuscules  sanguins  plus  ou 
moins  altérés. 

A  Fétat  d'isolement  les  cellules  épithéliales  àestubuli  n'ont  aucune  valeur,  puis- 
qu'elles peuvent  se  rencontrer  chez  des  sujets  bien  portants.  Réunies  en  lambaiu 
membraneux  ou  en  cylindres  creux,  elles  sont  un  élément  habituel  du  dépôt  daa< 
toutes  les  urines  albumineuses,  quelles  que  soient  les  conditions  morbides  au  milieu 
desquelles  l'albuminurie  s'est  produite.  Elles  ne  caractérisent  donc  pas  la  maladit' 
de  Bright. 

Ces  mêmes  cylindres  d'épithélium  manquent  parfois  dans  l'alburoiDurie,  y  com- 
pris celle  de  Bright.  Ils  peuvent  en  revanche  accompagner  dans  certains  cas  I& 
phlegmasies  rénales  sans  sécrétion  d'urine  albumineuse.  Des  faits  de  ce  genre  ont 
été  signalés  par  Bennett  et  Benjamin  Bell,  qui  ont  constaté  pendant  la  vie  rabseocr 
d'albumine  coïncidant  avec  la  présence  des  éléments  éptbéliaux  du  rein  dans  lurine. 

11  ne  faudrait  pas  accepter  avec  la  même  confiance  les  faits  dans  lesqueb  la  non- 
existence  4e  l'albuminurie  pendant  la  vie  serait  opposée  à  la  réalité  d  uiie 
desquamation  des  canalicules  constatée  sur  les  reins  après  la  mort»  attendu  que 
ce  dernier  phénomène  existe  sur  tous  les  cadavres,  et  se  produit  avec  de  l'albu- 
minurie dans  les  dernières  heures  de  la  vie,  qnelleque  soit  la  cause  de  la  mort.  (  Voif. 
Albomimurie  de  l'agomib.) 

Un  observateur  étranger  aurait  vu  l'albuminurie  rudimentaire  ou  absente  dans 
une  série  de  cas  de  fièvre  typhoïde,  bien  que  le  microscope  fit  découvrir  daib 
l'urine  de  tous  les  malades  non-seulement  de  répithélium,mais  encore  des  cylindns 
fibrineux.  Je  n'accorde  pas  davantage  un  caractère  probatoire  à  ces  cas  hétéro- 
doxes. L'absence  habituelle  d'albuminurie  dans  une  maladie  où  tous  les  cliniciens 
la  considèrent  comme  très-fréquente  et  où,  pour  mon  compte,  je  ne  l'ai  jamais  tu 
manquer;  et,  d'autre  part,  la  présence  des. cylindres  fibrineux  sans  albumine 
concomitante,  sont  deux  résultats  trop  directement  opposés  aux  notions  acquises 
en  pathologie,  pour  ne  pas  exciter  ma  surprise  et  légitimer  tous  mes  doutes,  h 
conçois  bien  la  rénovation  en  masse  de  l'épithélium  des  tubuli  sans  exhalation 
séreuse,  de  même  que  je  vois  des  dartres  fiôrfuraoées  ou  la  desquamation  de  b 
scarlatine  sans  exsudation  ;  mais  je  ne  puis  comprendre  l'eisudation  du  plasm 
fibrineux  :  le  plus,  sans  filtration  simultanée  d'albiunine  :  le  moins,  pas  plus  que 
je  n'admettrais  la  formation  d'un  réseau  fibrineux  sous  un  vésicatoire,  au  milieu 
d 'une  sérosité  exempte  d'albumine. 

Une  autre  circonstance  dont  il  faut  se  défier  IcHrsqu'oii  est  en  présence  d'une 
desquamation  épithéliale  des  canalicules  sans  albuminurie,  c'est  que  cette  tMo- 
tion  peut  exprimer,  non  une  altération  morbide  actuelle,  mais  un  travail  anté- 
rieur complètement  terminé  et  dont  il  ne  reste  que  les  détritus.  Quand  U*  rein 
cesse  de  laisser  filtrer  de  l'albumine,  les  canalicules,  les  calices,  le  bassinet,  I'uk- 
tère  et  la  vessie  renferment  encore  des  débris  de  la  couche  épithéliale  des  iMbuU. 
et  les  cellules,  ou  même  les  fragments  de  cylindres  épithéliaux  contenus  dans  b 
substance  rénale  au  moment  où  l'albumine  rencontre  un  obstacle  définitifs  soo 
exhalation,  peuvent  mettre  vingt-quatre  heures  ou  même  plusieura  jours  à  s  éli- 
miner entièrement. 


ALBUHINDRIK. 


5« 


En  définitive,  Ih«i  que  l'épithélium  rénal  puisse  se  montrer  dans  les  urines 
noo  ilbuinineuses,  sa  présence  en  proportion  notaUe  implique  d'ordinaire  l'cxis- 
U»re  de  rilbuminurte.  D'un  autre  câté,  son  afaseoce  n'est  pis  incompatible  atec 
uneœrtain  degré  d'exhalation  albumineuse,  même  persistante.  Hais  les  cellules  e( 
In  lubes  d'épiUiélium  accompagnent  toujours  les  leucomuries  d'un  degré  mojen 
ta  ékxi ,  et  leur  abondaoce  étant  proportionnée  à  l'inlensilé  de  la  sécrétion  et  de 
hcangeatioa  rénale,  elle  peut,  jusqu'à  un  certain  point,  servir  de  mesure  i  ces, 
dn»  pbénom&nes.  Les  cylindres  muqueui  de  Funke  ont  la  même  nature  et  ne 
pmuMnt  pas  d'autre  si^iiGcation  que  les  cjlindres  épitbéliaux  qui  ont  mieui 
ctnstni  leur  fiHine  et  leur  consistance. 

Les  cylindres  colloïdes  ont  une  tout  autre  valeur  que  les  tubes  épitbéliaui, 
ranunepreuvedeleucunurie  intense  et  comme  présomption  en  laveur  de  la  durée 
imbable  du  phénomène.  Les  coagulations  laminaires  très-minces,  irréguliferement 
conligurées  et  plissées  à  la  manière  de  b  frangipane  du  lait,  que  j'ai  observées 
uoe  seule  fiMS  en  abondance  dans  un  cas  de  néphrite  albumineuse  aiguë  avec 
béoiaturie,  n'ont  jusqu'iii  pour  moi  aucune  signification  spéciale. 

Quant  aux  cylindres  grsnulofraisaeux,  comme  ils  sont  le  résultat  d'une  transfor- 
milioa  r^^ressive  des  g^nes  épitbéliales  et  de  leur  contenu  protéique,  ils  se 
rencontrent  dana  les  albuminuries  déjà  anciennes  et  les  formes  un  peu  avancées 
de  lésion  rénale.  Ils  sont  par  conséquent  d'un  indice  diagnostique  à  la  fois 
|irécis  et  Rcheux. 

Le  diaguMtic  de  la  forme  aiguë  ou  chronique  du  mal  se  confond  avec  celui 
desdifTéreals  d^rés  de  la  lésion  rénale.  Après  ce  que  nous  venons  de  dtre  de  nou- 
Tcsui  détaik  smit  donc  superOus. 


■■*•  f-  f.— cTlindres  protdiquM  ou  colloides;  3,  Mncrétion  «dlalde  lamellaiie  et  peniv 
inicribUede  pores  i  ft,  oliodre  protéique  flexueux;  f,  production  lemblsble.  msbaplalip 
tniuTers*lemmt  comme  li  elle  tvsit  élA  soumise  i  une  cotnpremion  dins  l'intérieur  des 
lalKs  Driaitères:  p.  portion  de  cylindre  colloïde,  écnsé  et  Buurâ. 

I,  cylindre  atui  d'tpitbélium  d'un  tube  de  Bellini,  conloumé  en  serpentin  ou  en  ipirale 
l't  montrant  des  noysui   bien  apparents   avec  des   ^anulationi   moléculaires  peu  nom- 

/.  ceUoles  d'épiUiélium  rénal,  isolées  et  k  divers  degrés  de  développement.  On  voit  auati 
un  nojau  liln. 

i.  une  cellule  semblable,  chargée  degranulatioDS  d'acide  urique. 

r,  lambeau  d'épithélium  canaliculaire,  Irés-pite  M  en  partie  liquéOé  (cylindre  muqueui). 

<  cjlindre  épitbélial,  farci  de  granules  molécultires  en  partie  hémaiiqnet  et  de  Koutie- 
letiM  d«  gnine  [erliadi*  granulo-gtalueui). 


5^  ALBUMINURIE. 

Efit-il  possible  de  savoir  si  l'albuininurie  est  transsudalÎTe  »  essudalî^r  ini 
calarrhale  ?  Nous  ne  connaissons  aucun  moyen  de  distinguer,  par  rinapsetion  d^^ 
urines,  l&s  trois  modes  d'introduction  de  l'albumine  dans  la  séerction  nrinairp.M 
Tospèce  d'albumine ,  ni  sa  proportion ,  ni  les  corpuscules  aédimentaires  ne  pr^- 
sentent  de  difTércuces  tranchées  selon  les  cas.  On  ne  peut  que  aonpçonim',  sinou 
Tetlstence  exclusive,  du  moins  la  prédominance  de  lun  des  trois  modes  indH|iir» 
ri-dessus,  d'après  les  autres  circonstances  du  fait  et  particulièrement  d'après  It^ 
conditions  étiologiques  ,  Tintensité  des  phénomènes  phlegmasiques  et  quelque» 
autres  parliculaiités  de  moindre  importance. 

XXXI.  DUGNosTic  DIFFÉRENTIEL  DE  l'albuhiiuiiub.  Une  foîs  conststès  l'ai»- 
tenoe  de  l'albuminurie  et  son  intensité,  ainsi  que  le  degré  deh  lésion  rénale,  il  fiiM 
chercher  â  distinguer  cet  élément  morbide  de  tous  les  syndromes  qui  peuvent  are 
confondus  avec  lui,  et  d'abord  s'assurer  si  Ton  a  aflaire  à  une  albumimuîe  %mr 
ou  fausse. 

L'albumine  que  les  réactifs  décèlent  dans  l'urine  peut  appartenir  au  sang,  k  b 
lymphe ,  au  pus,  ou  même  au  mucus  et  aux  prodnits  de  sécrétion  yené$  dsib 
l'intérieur  des  voies  urinaires  et  mêlés  à  l'urine  normale. 

L'hématurie  simple,  nous  ne  parlons  qne  de  oelle  qui  a  sa  source  dans  le  rein, 
se  distingue  de  l'albuminurie  avec  niptur(%  de  capillaires  par  la  grande  quantiléde^ 
globules  sanguins  comparativement  à  la  faible  proportion  du  principe  coagnlaUt'. 
Si  l'urine  fortement  sanguinolente  olTrc ,  après  fdtration  et  traitement  par  l'aridr 
nitrique,  un  coagtdum  relativement  faible,  il  s'agit  d'ime  hémorrhagie  pure.  Si  i*- 
liquide  urinaire,  à  peine  teinté  de  sang ,  donne  par  la  chaleur  ou  l'acide  nitriqw 
un  magma  albumineux  considérable,  c'est  une  albuminurie  qu'on  a  sous  les  y«i^ 
Mais  il  y  a  des  cas  ambigus  où  les  globules  et  l'albumine  paraissent  en  égale  abon- 
dance, sans  qu'on  puisse  savoir  au  juste  s'il  existe  entre  eux  un  rapport  propui' 
tionnel  équivalent  à  celui  que  l'analyse  constate  normalement  entre  le  prin(i)r 
coagulable  du  sérum  et  le  cruor .  La  présence  d'un  grand  nombre  de  cylindres  épitht- 
liaùx  ,  vides  ou  farcis  de  granulations  pigmentaires  bématiques ,  ainsi  que  li* 
cylindres  colloïdes,  serait  même  insuffisante  pour  trancher  la  difficulté  ;  car  os 
mêmes  éléments  se  retrouvent  dans  la  néphrorrbagie  avec  inflammation  conséruti^ e 

Lorsque  l'albumine  n'est  autre  que  celle  qui  provient  de  b  lymphe  eihakV 
dans  les  voies  urinaires,  ainsi  que  cela  se  passe  dans  certaines  alTections  spédalt^ 
aux  contrées  intertropicales,  elle  est  en  partiecaséiforme,  d'une  abondance  niodrtvt 
et  accompagnée  des  éléments  histologiques  propres  au  contenu  des  vaisseaux  Uair»  : 
ce  sont  des  globules  incolores  spéciaux  et  des  hématies  d'une  dimension  et  d'unt 
forme  particulières,  que  nous  avons  signalées  dans  notre  travail  fait  à  l'oocasion  (!• 
l'observation  de  M.  Camille  Desjardins  sur  un  cas  de  dilatations  variqueuse»  iIh 
réseau  lymphatique  superficiel  du  derme.  Les  hématies  propres  à  la  lymphe  ^*^ 
en  effet  sphéroïdes  et  d'un  diamètre  compris  entre  i/150  et  1/SOO  de  miUinwIrr 
^ulement,  au  lieu  de  1/125  qui  est  la  dimension  normale  des  globules  sii^iib 

L'albuminurie  proprement  dite  doit  encore  être  distinguée  des  urines  grvN^. 
huileuses  {pimHurie,  N.),  représentées  le  plus  souvent  peut-être  par  des  uria«> 
(thvleusos  ou  lympheuses^  mais  exprimant  sans  doute  quelquefois  une  9én¥(ii<u 
essentiellement  grasse,  mêlée  d'une  faible  proportion  d'albumine.  Les  urines  p^f^^ 
ou  lympbeuses  sont  douées  d'une  opacité  qui  rappelle  les  émulsions  et  ne  se  mi- 
rontre  jamais  dans  l'albuminurie  pure  et  simple.  Quelque  abondantes  que  ^oitii! 
|(ïs  granulations  protéiques  daas  les  urines  de  la  maladie  de  Bright,  elles  ne  le  àuui 
jamais  assez  pour  donner  au  liquide  un  aspect  laiteux  et  une  opacité  relaliT<',  sîin 


ALBIIMlNlTRiK.  ;»^ri 

ijiie  «rk  se  voit  dans  les  urines  dites  laiteuses  ou  chyleuses  de  laiTection  connue 
MM&  la  dénomination  dliémalurie  de  Tile  de  France. 

J'ai  cherché  (Gaz.  méd.,  1858)  à  prouver,  en  m'appuyant  sur  des  obsei*vations 
(lueragraphiques  et  chimiques  et  sur  des  considérations  de  géographie  médicale, 
(|iio  ces  prétendues  hématuries  nétaicnt  vraisemblablement  que  des  lymphorrhagies 
rniales.  Mes  éludes  sur  la  lymplie  me  portent  â  admettre  aujourd'hui  qu*il  existe 
utuéralement  une  double  source  pour  les  liquides  sécrétés  :  le  sang  et  la  lymphe.  A 
réUt  physiologique,  les  grandes  sécrétions  dérivent  du  sang  ;  mais  il  en  est  d'autres, 
(elles  que  le  lait  et  les  produits  sébacés  des  glandes  de  la  peau ,  qui  proviennent 
(le  la  lymphe.  A  Tétat  morbide,  une  sécrétion  lymphatique  peut  se  montrer  dans 
un  tissu  ou  dans  un  organe  qui  soutire  habituellement  du  fluide  sanguin  les  maté- 
riaux de  son  exhalation.  C'est  ainsi  que  se  forment  des  lymphatocêles  dans  la 
tunique  vaginale  et  ailleurs. 

La  source  des  matériaux  anormaux  comme  des  principes  physiologiques  des 
arines  albomineuses  serait  tout  autre  :  aie  se  trouverait  dans  le  système  sanguin 
lui-même,  et  cette  diiTérence  originelle  rendrait  compte  des  qualités  distinctives 
des»  urines  de  la  leucomurie  comparées  à  celle  de  la  lympkurie.  En  eiiet,  le  sérum 
du  sang  est  simplement  louche ,  s'il  n'est  tout  à  fait  limpide  ;  il  ne  peut  donc 
communiquer  à  l'urine  qu'une  très-légère  opalescence.  La  lymphe  au  contraire, 
ijui  est  lactescente,  surtout  dans  les  pays  chauds,  donne  ce  caractère  à  la  sécrétion 
rénale  quand  elle  s'y  mêle  en  nature  ou  par  quelques-unes  de  ses  parties  cnnsli- 
tuantes. 

Entre  les  cas  tnen  tranchés  de  l'une  et  de  l'autre  afTection  il  n'y  a  donc  pas  de 
(mfiasion  possible  ;  mais  l'incertitude  commencerait  du  moment  où  l'on  aurait 
aflàire  à  une  albuminurie  avec  urines  exceptionnellement  troubles  ou  bien  à  une 
irmphurie  très«légère.  La  proportion  d'albumine,  forte  dans  le  premier  cas  ,  bible 
dans  le  second,  servirait  à  dissiper  les  doutes. 

lïans  la  pyurie-  l'albumine  se  montre  à  titre  d'élément  du  sérum  du  pus.  Cun- 
àtquemment  elle  n'existe  ordinairement  qu'en  bible  proportion,  et  se  rattache  à  la 
(ir^senoe  déjeunes  cellules  en  voie  de  formation  (néoci^  N.),  variables  dans  leurs 
(^fMtères  suivant  qu'elles  sont  fournies  par  la  vessie  ou  par  les  autres  régions  de 
Tappareil  urinaire.  D'ailleurs  on  constate  en  même  temps  des  signes  d'abcès  du 
n'in,  de  pyélite,  de  cystite,  de  prostatite  et  d  uréthrite,  ou  bien,  chez  les  femmes, 
de  leucorrhée,  de  métrite,  etc. 

1^  principes  résinoïdes  artiiiciellement  introduits  dans  l'organisme  coramuni- 
qoeot  aussi  aux  urines  des  réactions  analogues  à  celles  de  l'albumine.  De  ce  nom- 
bre «ni  la  térébenthine  ,  le  cubèbe ,  probablement  le  matico ,  mais  surtout  le 
lonroe  de  copahn.  Les  urines  oopabilères  non  précipitables  par  l'ébuUitioii  se  trou* 
lient  par  l'acide  azotique,  et,  quand  elles  ne  contiennent  pas  d'albumine,  le  trouble 
disparaît  par  l'éther,  qui  s'empare  de  la  substance  résineuse  et  l'entraîne  dissoute 
à  b  snrface  du  liquide. 

Si ,  du  côté  des  urines ,  différentes  circonstances  peuvent  faire  croire  à  mie 
albuniinurie  qui  n'existe  pas,  il  arrive  aussi  que  des  8ympt(>mes  saillants,  vers  les 
autres  appareils  de  l'économie,  masquent  les  manifestations  ordinaires  de  l'hyper- 
leucomatio  et  du  trouble  fonctionnel  du  rein  ;  tandis  que  d'autres  fois  des  symp* 
témes  analogues  à  ceux  qui  accompagnent  les  urines  albumineuses  en  imposent  pour 
I  afiêction  dont  l'albuminurie  est  l'expression  principale. 

Ainsi  les  débuts  de  la  maladie  de  Bright  et  du  diabète  leucomurique  lié  à  la 
dîjlbèse  goutteuse  sont  souvent  méconnus ,  parce  qu'ils  se  confondent  avec  les 


bU  ALBDIINURIB. 

dÎTen  étais  cliloro-anêmiques.  Plus  d'une  fois  j'ai  m  prendre  pour  de  b  fanm- 
rhite  capillaire  l'oidëaie  et  la  poussée  congestiTe  qui  sont  eiceptioanetlunent  l'une 
des  premières  manifestations  de  l'albuininurie  aiguë.  Lea  pbénomines  eoc^phaln- 
pathiques  de  l'albuminurie  ont  donné  le  change  pour  des  lésiom  ctr&nie&  pti- 
mitives,  et  réciproquement.  Enlin  l'anasarque  cachectique  simule  i  ce  |»iut  h 
maladie  de  Briglit  avancée,  qu'il  est  impossihie  de  se  défendre  de  l'illDsioa  d 
qu'on  éprouve  le  besoin  de  répéter  jouniellonent  l'easai  des  urines  afin  de.  l'uNirrr 
que  l'albumine  en  est  absente.  Quelquefois  môme  l'autopde,  loin  de  diaiper  In 
doutes,  augmente  singuliërentent  l'eoiberrEs  du  médecin,  en  lui  révélant  une  lé«n 
rénale  (augmentation  de  volume  et  de  poids,  aspect  lobule,  blanchitre,  aiiénii>|U(i 
en  apparence  identique  à  celle  qui  caractérise  un  degré  élevé  de  la  lésion  de  BrigU 
Mais  une  étude  plus  attentive  démontre  alors  que  l'altération  des  glandes  ur»- 
poïétiques  consiste  moins  en  une  modification  des  glomérules,  des  tubes  nrinii^ 
et  de  leur  épitbéliuin,  qu'eu  une  infiltration  graisseuse  intcntitielle  ou  hitn  luk- 
hypertrophie  du  tissu  conjonctifavec  multiplication  et  accixMEsement  de  volume  li- 
ses éléments  morphologiques,  dont  les  noyaux  devieiuient  d'une  lacile  évidence  an 
le  milieu  des  fibres  renflées.  Des  eu  semUaUes  seraient  aisément  {hù  pour  d» 
lésions  avancû»  du  diabète  leucomurique  sans  leucomurie.  Je  m'arrête  à  <xtii 
simjile  indication,  b  discussion  de  ces  points  de  diagnostic  dilTérentiel  devaul  ctrt 
mieux  plucée  dans  le  cours  de  l'article  consacré  i  la  maladie  de  Brigfat. 

XXXIl.  PaoRosnc  ds  l'âlbuuiriirib.  Rien  n'est  plus  variable.  L'alhuoiouri: 
temporaire  des  fièvres,  se  dissipant  aiec  les  symptômes  aigus  de  la  maladie  fna- 
cipale,  n'inspire  i  bon  droit  aucune  inquiétude.  La  niahtdie  de  Brigfat  chraùjib- 
est  au  contraire  d'une  excessive  gravité,  attendu  qu'elle  ne  guérît  point  et  qu'dk 
compromet  assez  prochainement  l'eiislence.  Entre  ces  deux  extrêmes  viennent  k 
placer  les  diabètes  leucomuriques  non  définitivement  passés  à  l'état  cfarooiqur,  In 
albuminuries  persistantes  de  la  diathèse  goutteuse,  et  celles  qui  meiMoait  àt  * 
maintenir,  i  titre  de  diabète  leucomurique,  i  la  suite  de  la  grossene  ou  des  adiec- 
tions  aiguës,  telles  qu'un  relroidissement,  le  choléra  et  la  scariatine. 

En  somme,  le  pronostic  repose  sur  cinq  données  principaks,  à  savoir  :  la  niUirr 
de  la  cause  morbide,  la  durée  des  accidents,  l'intensité  des  trouUes  de  l'urinliin. 
celles  des  lésions  rénaJes  el  des  symptômes  cachectiques. 

Il  sulfit  de  se  rqiorter  aux  deacriptioiis  des  albuminuries  en  particulier,  et  lU 
considérations  développées  ci-dessus  à  propos  de  la  marche  et  du  diagnostic,  p» 
être  en  mesura  de  fixer  d  poUeriori  le  degré  de  gravité  qui  appartient  à  dânv 
espèce,  d'après  les  résultats  fournis  par  l'observation  et  l'eipérimentalian.  0 
serait  se  méûer  à  tort  de  la  sagacité  du  lecteur,  que  d'insister  plus  tonguesMU 
sur  les  dâaits  que  le  praticien  doit  utiliser  au  point  de  vue  du  pronostic,  et  wr  b 
manière  de  les  grouper  pour  en  augmenter  la  valeur.  Je  ne  feni  qu'une  «»'' 
remarque  :  c'est  que  les  quantités  d'albumin^eicréti^  n'ont  pas  l'importaDte  (fv 
et.']  laiiies  mes  théoriques  tendraient  à  leur  faire  accorder ,  d'abord  pftrce  q«  ^ 
niiusse  du  principe  protéique  que  les  reins  laissent  filtrer  est  moindre  qn'oa  ir 
seruil  [lorlé  i  le  croire  ;  ensuite  parce  que  les  variatiws  en  sont  moiiB  élaaduo 
qua  ne  semblent  l'indiquer  les  aspects  disparates  des  urines  de  b  rnitadir  àe 
Bi'jghl  ;  enfin  parce  que  ces  perles  de  matière  aiotée  n'exercent  pas  nir  lâ« 
nomie  l'influence  pernicieuse  qu'on  leur  attribue  dans  b  doctrine  qui  bit  gnnicf  i 
tou4  les  pliénomèues  autour  de  b  phlegmasie  rénale  avec  spoliation  pragmaw  i»  j 
iéntm  sanguin.  | 

WVIII.    Dt  l'aubiiiniihib  cohui:  signb  dughostiqiib  et  rtOMianon.    L'nr- 


ALBUMlIfDRIE.  5!25 

Icnce  de  ralbumiiiurie  et  son  iiilensité  oonstitiienl  pariins  un  élément  de  diagnostic 
d'une  certaine  valeur  ;  par  eiemple  lorsqu*il  s'agit  de  diUinguer  la  scarlatine  d'une 
afiedioo  qui  la  simule  à  merveille  et  que  j'ai  désignée  sous  le  nom  de  Rosemil , 
ou  bien  quand  ou  soupçonne  une  cause  d'obstacle  à  la  circulation  veineuse  du  côté 
d»  glandes  uropoiétiques.  L'albuminurie  peut  encore  devenir  un  symptôme  pré- 
monitoire de  certaines  lésions  cérébrales,  etc. 

D'un  autre  côté  l'apparition  de  l'albumine  urinaire  chez  des  stjyets  qui  n'en 
avaient  pas  présenté  jusque-là  et  dans  le  cours  d'affections  qui  en  sont  générale* 
ment  exemptes,  cette  apparition,  dis-je,  signale  un  changement  défavorable  dans 
b  modalité  fébrile.  De  même  l'augmentation  progressive  du  principe  coagulaUe 
iodique  la  gravité  croissante  du  mal.  Par  contre  c'est  to^jours  un  signe  de  bon 
augure  que  de  voir  l'albuminurie  manquer  ou  s'atténuer  graduellement,  si  elle 
existait  d'abord.  Ainsi,  dans  chaque  espèce  nosologique ,  l'élément  morbide  que 
nous  étudions  peut  être  interrogé  fructueusement  au  point  de  vue  du  diagnostic  et 
du  pronostic. 

XX.\IV.  TBArrsMEflT  de  l'albuminurie.  L'influence  des  doctrines  sur  la  pratique 
médicale  ne  se  fait  nulle  part  mieux  sentir  qu'à  l'occasion  de  l'albuminurie.  Si, 
comme  on  l'a  cru  généralement  jusque  dans  ces  dernières  aimées,  la  maladie  de 
Bright  n'est  qu'une  néphrite,  pourquoi  s'occuper  de  l'état  général  ?  La  médiode 
antipbkgîslique  suffit.  Si,  comme  le  veulent  quelques  personnes,  le  rein,  filtre 
inerte,  ne  prend  aucune  part  active  à  la  maladie  qui  est  essentiellement  et  uni- 
quement une  dyscrasie,  que  sert  de  lui  adresser  des  moyens  spéciaux  de  traite- 
ment? L'action  générale  fera  tout.  Enfin  si  l'albuminurie  n  exprime  qu'une 
kgpercrinie  et  se  solde  par  une  perte  d'albumine  dont  la  disette  se  fait  sentir 
partout,  vite  administrez  aux  malades  du  blanc  d'œuf.  Au  contraire  si  vous  croyez 
que  l'albuminurie  est  une  fonction  anormale  du  rein  chargé  d'éliminer  le  superflu 
des  matières  protéiques»  alors  supprimez  autant  que  possible  les  aliments  albumi- 
neux,  en  m^e  temps  que  vous  agirez  sur  les  conditions  d'où  dépend  l'excès 
absolu  oti  relatif  d'albumine  dans  l'économie.  Enfin ,  en  admettant  l'interven- 
tion de  plusieurs  de  ces  circonstances  pathogéniques,  il  faut  instituer  un  traite- 
ment mixte ,  éclectique ,  répondant  |our  à  tour  ou  simultanément  aux  diverses 
indications.  C'est  précisément  à  cette  thérapeutique  rationnelle  que  conduit  l'opi- 
nion développée  dans  le  cours  de  ce  travail, 

Le  traitement  de  l'albuminurie,  analogue  à  celui  du  diabète  sucré  tracé  par 
MM.  Bouchardat  et  Sandras,  Hialbe,  etc.,  ne  comporte  rien  de  spécifique,  et  le 
médecin,  prenant  pom*  guide  Li  physiologie,  ne  doit  faire  usage  que  des  moyens 
rationnels  qui  s'adressent  à  une  modification  déterminée  d'un  organe  ou  d'une  fonc- 
tion de  Téconomie.  Ces  moyens  varient  d'ailleurs  selon  les  circonstances  du  mal.  Les 
principales  indications  se  tirent  du  caractère  transitoire  ou  permanent  de  Talbumi- 
nurie,  de  sa  période  aiguë  ou  chronique,  de  l'état  des  reins,  de  l'espèce  de  diathèse 
qui  l'a  engendrée,  des  conditions  individuelles  et  des  complications. 

L'albiuninurie  est-elle  symptomatique  d'une  maladie  aiguë  fébrile,  telle  que  la 
itèrre  typhoïde,  elle  demeure  comme  non  avenue  pour  le  praticien  ;  car  il  serait 
puéril  et  illusoire  de  s'y  attaquer.  Est-elle  protopathique  au  contraire ,  ou  bien, 
ét«mt  deutéropatbique,  menace-t-elle  de  survivre  à  la  maladie  principale,  elle  de- 
vient alors  l'objet  des  préoccupations  du  thérapeutbte,  qui  cherche  à  la  combattre 
i  la  fois  dans  ses  causes  éloignées  et  prochaines,  et  dans  ses  conditions  instrumen- 
tales. Mais  c'est  d'abord  à  ces  dernières,  omune  à  celles  sur  lesquelles  il  a  plus  de 
prise,  que  k  médecin  devra  le  plus  ordinairement  s'attacher. 


521$  ALBUMliNURlE. 

Il  agira  doue  immédiatement  sur  le  it;iu  pour  le  ramener  autoul  que  posùblc  j 
une  modalité  normale,  analoniique  et  fonctionnelle.  Deux  cas  se  présentent,  Mi%aiU 
que  Torganc  tiécréteur  est  simplement  liyperémié  et  plus  actif  dans  sa  foDrUmi 
d'ailleurs  altérée,  ou  bien  qu'il  est  vraiment  enflammé,  avec  une  modalité  ibnc- 
lionnellc  plus  pervertie  encore.  Dans  le  cas  d  endonéphrite  albumineu!«  (iriiiiiliH- 
ou  secondaire,  le  traitement  antiphlogistique  qui  a  réussi  entre  les  mains  de 
MM.  Rayer,  Bouillaud,  etc.,  peut  rendre  encore  des  services  incontestables. 

S'il  est  rarement  nécessaire,  au  point  de  vue  de  la  seule  phlegmasie  nkialr. 
d'ouvrir  la  veine,  du  moins  une  émission  sanguine  sur  les  lombes,  à  l'aide  desaic- 
sues  et  mieux  par  des  ventouses  scarifiées,  sera  un  moyen  de  déplétion  et  de  déri- 
vation utile  qu'on  pourrait  à  la  rigueur  répéter,  et  que  compléterait  l'appliatioti 
consécutive  de  cataplasmes  sur  la  même  région. 

liorsque,  par  des  émissions  sanguines  et  des  topiques  émollients,  les  clios^^  onl 
été  ramenées  au  degré  d'irritation  pour  ainsi  dire  normal,  alors  on  agit  |iarl^ 
moyens  indiqués  dès  le  début  dans  les  formes  moins  inflammatoires  et  inoim 
violentes. 

Oi*,  à  ne  tenir  compte  rpie  de  la  condition  anatomique  locale,  les  inojens  iiabh 
tuels  de  calmer  la  congestion  active  ou  la  phlogose  d'un  organe  profond  sai'H 
empruntés  à  la  méthode  antipidogistique  directe  et  à  la  révubion. 

La  révulsion,  lorsqu'il  s'agit  du  rein,  ne  saurait  porter  nulle  part  plus  eflicarr* 
ment  que  sur  le  tube  digestif.  L'expérience  démontre  en  effet  tous  le^  junn 
riieureusc  influence  des  pnrgations  contre  l'albuminurie.  Mais  à  quels  puririlrh 
faut-il  s'adresser  de  préférence? 

Ce  sont  les  purgatifs  salins  qui  sont  le  plus  employés  et  qui  donnent  nnnilt^ 
tcmeut  Jes  meilleurs  résultats.  Les  drastiques  (huile  de  croton ,  gomme-fntU^. 
jalapy  aloès)  sont  moins  favorables.  Serait-ce,  comme  le  })ensent  quelques  personne 
que  ces  dernières  substances  enlèvent  relativement  huit  ou  dix  fois  plus  de  ^'\- 
du  sérum  que  d'albumine?  Je  ne  le  crois  pas.  C'est  plutôt,  à  mon  avis,  paroe  fi' 
les  drastiques  répétés  provoquent  à  la  longue  une  irritation  plus  ou  moins  vive  dti 
tube  digestif,  pouvant  aller  jusqu'à  l'entérocolite  et  déterminent  en  définitive  m 
complication  à  la  place  d'une  révulsion  qu'on  prétendait  obtenir.  Les  sels  neuln> 
n'ont  pas  cet  inconvénient.  En  outre,  ils  attirent  plus  d'eau  ei  préviennent  pitb 
sûrement  les  eflets  de  cette  pléthore  hydrémique  si  favoraUe  aux  épanchemefH' 
dilTus  dans  les  séreuses  et  les  mailles  du  tissu  cellulaire.  Voilà  surtout  ce  qiii<)<'! 
les  faire  préférer  ;  car  s'ils  entraînent  moins  de  sels  du  sérum,  si  même  ils  lui  <* 
donnent,  ils  le  spolient  moins  de  son  albumine  exubérante,  et  ces  deux  eflels,  ^^^ 
l'influence  médicatrice  est  inverse,  se  compensent  réciproquement. 

Cependant  chez  quelques  sujets  la  susceptibilité  des  entrailles,  natorelk  (*- 
acquise  par  des  maladies  antérieures ,  cx)ntre-indique  l'emploi  des  porgatife  ft  (^f*' 
faire  diriger  vers  le  tégument  externe  les  moyens  révulsifs  recomms  nécesbam*' 
C'est  le  plus  près  possible  de  la  région  occupée  |)nr  les  reins  qu'il  faut  les  q^^th 
quer  pour  obtenir,  soit  la  rubéfaction  et  la  vésication,  soit  principalement  la  drwj 
leur  et  Tustion  ou  l'escharification  avec  ses  consétpiences. 

La  moutarde  est  le  meilleur  et  le  plus  commode  de  tous  les  rubéfiants.  Av«t<i^ 
^inapismes  bien  maniés  on  obtient  en  majeure  partie  les  effets  thérapeutiques  dr^ 
vésicatoires,  sans  les  inconvénients  de  ceux-H^i.  Toutefois  on  peut  recourir  tp^ 
ment  aux  divers  agents  d'irritation  recommandés  dans  d'autres  occasiom.  Nji* 
si  l'on  croit  ne  pouvoir  se  dispenser  d'une  action  plus  puissante  et  ph»  durable,  h 
l'on  veut  obtenir  la  vésication  par  exemple ,  il  faut  éviter  les  cantharidei  et  h 


ALBUMINURIE.  527 

préponitimis  dont  elles  fout  la  base,  de  peur  d  aecroitre  rinflainmaiion  rénale  de 
tout  œ  qu'y  ajouteinit  le  caiitharidismc,  surtout  après  la  vésication  de  surfaces 
scarifiées. 

En  pareille  occurrence,  on  s'adressera  à  la  pommade  de  Gondret  bien  préparée, 
mi  à  Tammoniaque  imbibée  dans  une  rondelle  d'ouate  et  appliquée  avec  les  pré- 
cautions  connues.  Des  ventouses  sèches,  maintenues  plus  on  moins  en  place  avec 
un  vide  {dus  on  moins  pariait,  donneraient  à  volonté  une  rubéfaction  ou  des 
rcclijmoses,  et  même  des  ampoules.  Elles  tiendraient  par  conséquent  lieu  de  vési- 
catoire.  Nous  n'avons  rien  de  particulier  à  dire  sur  les  cautères  et  les  moxas,  si  ce 
notqueces  rudes  moyens,  dont  on  abusait  tant  jadis,  trouvent  rarement  leur 
indication. 

hmragir  directement  ou  plutôt  immédiatement  sur  les  organes  uropoîétiques, 
nous  fonunes  obligés  de  recourir  à  l'intermédiaire  de  ta  circulation.  Remarquons 
que  le  but  à  atteindre  c'est  de  diminuer  l'hyperémie  de  la  substance  rénale  et  sa 
!«quelle.  A  la  vérité,  la  galvanisation  du  système  ganglionnaire  détermine,  comme 
la  prouvé  M.  Cl.  Bernard,  la  rétraction  des  capillaires,  la  diminution  de' la  calori* 
fkation  et  la  suspension  des  sécrétions  ;  mais  nous  ne  connaissons  aucun  agent 
médicamenteux  pouvant  exercer  cette  influence  sur  le  rein  par  l'inteituédiaire  des 
neris  vaso-moteurs.  Cependant  il  semble  que  les  substances  dites  tempérantes  pro- 
duiraient jusqu'à  un  certain  point  cet  citet.  Du  moins  expliquerais-je  ainsi  retfi- 
nicilé  des  boissons  acidulés  pour  éteindre  la  soif,  apaiser  la  fièvre  et  calmer  de 
té^îères  iiillammations  tégumentaires  diffuses  ou  circonscrites.  D  antres  substances. 
Celles  que  les  astringents,  exerçant  une  action  plus  éncrgi(|ue  sur  la  tonicité  des 
parois  vasculaires ,  ne  produisent  pas ,  il  est  vrai,  d'aussi  bons  résultats  généraux. 
Toutes  les  boissons  acidulés  ne  sont  pas  également  tempérantes.  liCs  acides  libres 
(tmviennent  mieux  que  les  sels  acides,  et  les  acides  minéraux  que  ceux  qui  sont 
lires  des  règnes  organiques,  parce  que  les  acides  organiques  brûlent  d'autant  mieux 
qu'ils  apportent  leur  alcali  et  parce  que  l'action  en  est  fugace  comme  l'existence 
même.  Les  succès  de  l'alcool  nitrique  (Rayer),  ceux  de  l'acide  nitrique  (Forgct|, 
ne  me  paraissent  pas  dus  à  autre  cbose  qu'à  l'aclion  tempérante  ou  même  astrin- 
gente de  ces  composés. 

lies  astringents  qui  s*éliminent  en  partie  par  les  reins  exercent  au  passage  une 
action  favorable  sur  la  substance  sécrétante.  On  a  conseillé  le  tannin  et  l'alun 
^Ijamier,  Gamberiui,  Scbottin);  je  les  ai  bien  des  fois  prescrits,  mais  je  préfère  au 
lannin  l'acide  gallique,  qui  est  plus  stable,  et  dans  lequel  il  se  transforme  en  par. 
«ourant  le  torrent  circnlatoirc.  Les  doses  deOgr.  50  centigr.  à  i  ou  2  gram.  dans 
les  vingt-quatre  beures  sont  celles  que  j'administre  ordinairement  |jcndant  cinq 
nu  !»ix  jours  consécutifs.  Le  pcrcbloiurc  de  1er  a  été  substitué  avec  avantage  ant 
autres  astringents  (Boui^ignon) .  MM.  Jacquet,  Cbatin,  de  Lyon,  ainsi  que  leur 
élève,  H*  le  docteur  Hugues,  ont  eu  à  se  louer  de  l'emploi  de  l'ergot  associé  au 
jjerchlorure  ferrique.  L^arsenic  parait  aussi  avoir  donné  de  bons  résultats  (Farre^ 
Itnbert-Qoorbeyre))  en  raison  sans  doute  de  son  action  décongestionnante,  analo^ 
2ue  à  celle  des  substances  précédentes ,  et  aussi  de  ses  eflTots  sur  la  digestion ,  I» 
nutrition  et  les  fonctions  plastiques. 

Cil  diminution  de  la  diurèse  accompagne  les  néphrites  franches  et  se  montre 
souvent  dans  l'albuminurie  de  forme  aiguë  ;  d'où  la  pensée  de  recourir  aux  médi- 
ciments  réputés  diurétiques.  Cependant  les  diurétiques  proprement  dits,  nous  ne 
craignons  pas  de  le  déclarer  j  sont  nuisibles  daus  l'albuminurie  aiguë  et  doivent  être 
bamiis  de  la  thérapeutique  de  cette  affection.  Signalons  en  première  ligne  le  nitrate 


538  ALBUMINURIE. 

de  potasse,  l'urée  et  le  nitrate  d'urée,  recoromandés  par  le  pixifeMeur  Ikolhoer, 
qui  pourtant  évite  les  diurétiques  cheat  les  enlants  ;  puis  les  boianns  gawuses, 
bière,  cidre,  Champagne,  le  vin  blanc  et  les  préparations  dont  il  est  le  véhicule. 
Toutes  ces  substances,  excitants  plus  ou  moins  physiologiques  des  reins,  ne  seni- 
raient,  en  activant  le  travail  fonctionnel,  qu'à  augmenter  l'état  byperéniique  de  ces 
organes.  On  pourrait  dans  les  mêmes  circonstances  se  servir  plus  avantageuse- 
ment de  la  digitale  (Naumann)  ou  du  bromure  de  potassium  (GuUer),  agisnnl 
d'abord  comme  sédatifs  de  la  circulation.  Quant  à  l'infusion  de  fleun  de  genél 
(SarothamnuB  scoparius)  employée  par  M.  Salone,  ou  de  Lonicera  (et  non  ami- 
cera)  brachypoda  conseillée  par  Naumann,  je  ne  po^de  pas  de  doimées  person- 
nelles pour  les  juger,  non  plus  que  l'action  du  trichlorure  de  méthyle.  Mais  l'iih 
tervention  de  cet  ordre  de  moyens  est  rendue  superflue  par  le  fiiit  de  l'action 
diurétique  remarquable  que  possèdent  en  pareil  cas  les  toniques  astringents  eni* 
plojés  déjà  à  titre  d'antiphlogistiques.  Chez  les  albuminuriques  l'acide  gallique 
augmente  la  sécrétion  urinaire,  aussi  bien  que  le  ferait  un  diurétique  proprement 
dit,  dans  le  cas  d'asthénie  rénale.  Nous  en  pourrions  dire  autant  des  diflerentes 
espèces  de  tannin  et  des  substances  médicinales  qui  lui  doivent  leur  vertu.  En 
SOTte  que  par  l'administration  des  astringents  on  r^pcmd  à  la  fois  à  la  médicatioo 
untiphlogistique  et  u  la  médication  diurétique. 

En  même  temps  que  l'action  thérapeutique  se  porte  sur  le  rein,  on  s'efforce  de 
ramener  à  des  conditions  plus  normales  les  proportions  des  principes  albumi- 
noides  du  sang,  maintenant  en  excès  relativement  aux  globules  el  surtout  rdati- 
vement  aux  besoins  de  l'économie.  Pour  réduire  le  chiffre  de  l'albumine,  le 
moyen  le  plus  sûr  et  le  plus  direct  consiste  à  diminuer  l'apport  de  cette  sub- 
stance par  les  aliments.  En  conséquence  on  proscrira  du  régime  les  œufs  et  tous 
les  mets  qui  eu  renferment:  les  crèmes,  la  brioche,  les  échaudés,  les  biscuits,  elc. 
Ces  précautions  prises,  on  instituera  une  thérapeutique  appropriée  aux  différents 
conditions  locales  ou  générales  qui  peuvent  être  considérées,  dans  chaque  ca» 
particulier,  comme  la  cause  du  défaut  de  transformatioa  ou  d'emploi  des  matières 
albuminoîdes. 

Si  c'est  l'estomac  qui  élabore  mal  les  matériaux  de  la  digestion,  on  empUera  les 
moyens  usités  contre  les  diverses  sortes  de  dyspepsie  :  la  noix  vomique,  les  akalius, 
l'arsenic,  la  pepsine,  etc.  Si  le  foie  cesse  de  retenir,  pour  les  transformer,  le» 
substances  albuminoîdes  qui  le  traversent  venant  du  tube  digestif,  deux  choses 
sont  à  faire  :  premièrement,  réduire  la  proportion  des  éléments  protéiques  et  de 
plus  fractionner  l'alitnentation  en  quatre  ou  cinq  repas  peu  copieux  ;  seoondeuieut, 
exciter  la  fonction  hépatique,  soit  directement  par  de  petites  doses  de  cakmiel  et 
par  les  alcalins,  soit  indirectement  par  l'excitation  d'organes  ou  d'appareik  en 
rapports  synergiques  avec  le  foie.  On  sait  en  effet  que  rirritation  des  voies  respi- 
ratoires provoque  un  flux  biliaire,  indice  d'une  action  fonctionnelle  accrue  daœ  U 
glande  hépatique. 

Si  c'est  la  respiration  qui  est  défectueuse,  il  faut  voir  en  quoi  elle  pèche,  pour 
en  régulariser  ou  en  stimuler  les  actes.  On  prescrira  l'exercice  afin  d'aMxroitre  le 
nombre  et  l'ampleur  des  mouvements  respiratoires  ;  l'habitation  à  la  campa^ 
dans  un  air  pur  et  renouvelé,  soit  sous  une  pression  barométrique  forte  an  voisi- 
nage de  la  mer,  dans  une  atmosphère  imprégnée  d'émanations  marines  et  ooos^aoh 
ment  agitée  par  une  brise  tempérée,  soit  dans  l'air  plus  subtil  et  plus  pénétrant 
des  montagnes,  au  milieu  d'une  végétation  qui  restitue  incessamment  de  l'oxygène 
allotropique. 


ALBUMINURIE.  529 

Oo  conseillera  les  soiiis  de  propreté  les  plus  minutieux  et  nièuie  les  pratiques 
faalnéatoîn's  variées,  en  usage  chez  les  anciens  et  auxquelles  les  nations  modernes 
ti^ndeiit  à  revenir  de  plus  en  plus  :  telles  que  les  bains  excitants  salins»  aroroati- 
qoeSf  sinapisés,  les  frictions,  le  massage  ;  car  la  peau  est  une  annexe  de  l'appareil 
respintoire  et  les  muscles  sont  des  foyers  d'kénuUocausie,  c'est-à-dire  de  combus- 
tion sanguine. 

Le  médecin  administrera  les  sels  neutres  du  sang,  notamment  le  chlorure  de 
sodium,  soit  comme  équivalent  de  difl'usion  de  l'albumine  (Schmidl),  afin  de  dimi- 
Duer  la  proportion  de  ce  dernier  principe  dans  le  sang,  ainsi  que  l'espère  J.  Vogel 
et  que  tend  à  le  confirmer  une  expérience  de  Plouviez  ;  soit  pour  favoriser  l'héma- 
lose.  11  rendra  la  combustion  plus  forte  encore  en  introduisant  dans  la  circulation, 
conformément  à  la  loi  découverte  par  M.  Ghevreul,  un  excès  plus  ou  moins  consi- 
dérable de  carbonate  de  soude.  Il  prescrira  dans  le  même  but  les  eaux  salines  de 
Bahnic,  Hombourg,  Kreutznach,  Nauheim,  Niederbronn,  Salies  et  Salins  à  doses 
fractionnées  ;  ou  bien,  plus  largement,  les  eaux  alcalino-salines  deCarlsbad,  £ms, 
Rojat,  Soukematt  et  Vichy.  Au  besoin,  il  fera  pratiquer,  suivant  le  conseil  de 
\lauthner  et  avec  l'appareil  mis  en  usage  par  MM.  Demarquay  et  Leconte,  des  inha- 
lations d'oxygène  et  même  d'oxygène  ozonisé. 

Enfin,  quand  c'est  l'assimilation  et  la  nutrition  qui  languissent,  quand  nous 
uous  trouvons  en  face  d'une  altération  de  ces  facultés  dites  vitales,  parce  qu'elles 
appartiennent  exclusivement  à  la  matière  organisée  vivante  et  sont  placées  en 
dehors  de  la  sphère  d'action  de  nos  moyens  physico-chimiques,  même  alors  nous 
lie  sommes  pas  entièrement  désarmés.  On  arrive  à  rendre  la  nutrition  plus  active, 
non  pas  directement  à  l'aide  d'agents  qui  seraient  trophiques  ou  plastiques,  mais 
par  une  voie  détournée,  en  excitant  l'organisation  à  la  dépense  en  même  temps 
«pi'on  lui  présente  les  matériaux  réparateurs.  En  d'autres  termes,  on  accélère  le 
nc\e  fonctionnel  en  imprimant  une  vitesse  plus  grande  au  tourbillon  des  molécules 
organiques.  Ce  but  peut  être  atteint  par  l'usage  répété  de  légères  purgations,  par 
Li  sudation,  surtout  par  l'exercice  musculaire  dans  des  conditions  hygiéniques 
iarorables. 

Beaucoup  de  ces  moyens  thérapeutiques,  on  le  voit,  répondent  en  même  temps 
à  plusieurs  indications  différentes,  et  la  médication  de  rulbuminurie  n'est  pas  aussi 
^imJiargée  que  le  ferait  croire  la  multiplicité  des  troubles  morbides  et  des  exigen- 
ces qu'ils  supposent.  Ainsi  les  agents  de  stimulation  du  foie  activent  aussi  les  mou- 
vements de  dénutrition  et  de  composition.  Les  purgatifs  salins,  qui  ont  manifeste- 
ment ce  dernier  effet,  contribuent  encore  à  l'approvisionnement  du  sérum  en  sels 
neutres.  Les  moyens  pharmaceutiques  ou  hygiéniques  capables  de  favoriser  la 
f*ombiistion  respiratoire  sont  également  les  meilleui's  pour  entraîner  le  corps 
dans  les  voies  d'une  nutrition  plus  parfaite. 

IK'  cette  manière  la  tâche  du  malade,  plus  encore  que  celle  du  médecm,  se 
trouve  singulièrement  allégée.  Cette  heureuse  simplification  reparaît  encore  lors- 
•|u'on  s'occupe  des  conditions  diathésiques  qui  président  au  développement  de  l'al- 
buminurie chronique,  principalement  dans  sa  forme  connue  sous  le  nom  de  Bright. 
Presque  toutes  pondent  un  fonds  commun  d'asthénie  qui  conduit  tôt  ou  tard,  à  tra- 
«en»  des  troubles  fonctionnels  et  des  lésions  organiques  variés,  à  l'appauvrissement 
dv  la  constitution  désigné  sous  le  nom  d'état  cachectique.  A  la  plupart  des  cas  par 
conséquent,  abstraction  £iitede  la  spécificité,  conviennent  les  toniques  et  les  cor- 
roborants dont  l'emploi  se  trouve  justifié  à  d'autres  égards.  A  cette  indication  se 
rapporte  le  traitement  par  les  vins  de  Bordeaux  et  de  Bagnols  préconisé  par 

DicT.  km:.  II.  54 


550  ALBUMINURIE. 

H.  Nouât  et  son  disciple  M.  de  Choudens,  aiiiii  que  Teiupioi  des  prépuilioib 
martiales  entre  les  mains  de  Gatchart  Lees. 

Que  l'albumiimrie  accompagne  la  scrofule  ou  la  tuberculose,  qu'elle  soit  un 
symptôme  dégoutte  ou  de  syphilis,  les  données  thérapeutiques ei posées  ci*de»6tt> 
lui  sont  applicables  ;  seulement  il  faut  y  joindre  la  prescription  d*un  traitcmeitt 
spécial  ou  spécifique,  préalable  ou  simultané,  selon  le  cas  et  Turgence.  On  admi- 
nistrera donc  aux  scrofuleux  et  aux  tuberqpleux  Thuile  de  foie  de  morue,  l'ioik: 
et  les  iodtU'es,  corrigés  au  besoin,  si  Ton  craint  des  phénomènes  d'excitation,  par 
le  bromure  de  potassium.  Aux  sujets  entachés  de  syphilb  on  fera  prendre  des  pré- 
parations hydrargyriques  ou  iodnrécs,  ou  les  unes  et  les  autres  à  la  fois»,  nasociw^ 
ou  non  au  bromure  alcalin.  Enfin,  chez  les  goutteux  on  insistera  sur  les  alcalin»  cl 
Ion  donnera,  si  Ton  veut,  le  carbonate  de  lithine,  concun*emment  avec  le  régimi 
qui  convient  au  diabète  leucomurique. 

Après  avoir  tracé  l'ensemble  des  moyens  propres  à  guérir  Talbuminuiie,  ou  du 
moins  à  améliorer  l'état  des  albuminuriques,  avec  les  modifications  que  la  nittli- 
cation  doit  subir  selon  la  forme  du  mal,  ses  périodes,  ses  causes  prochaines  wt 
éloignées,  il  nous  reste  à  tenir  compte  de  diverses  conditions  plus  spécialeroiiit 
inhérente?  aux  malades  et  de  certaines  complications  ou  symptômes  prédomiintib. 
L'âge,  le  sexe,  le  tempérament  du  sujet,  ses  antécédents  morbides  et  ses  prédi>- 
positions,  exercent  nécessairement  une  influence  sur  la  marche  de  Taflectiou  et 
sur  ses  formes,  ain>i  que  sur  les  elTcts  des  médicaments.  La  thérapeutique  dtnl 
s'adapter  à  ces  conditions  diverses.  Il  est  diflicile  de  tt*acer  à  cet  égard  une  li^tn 
de  conduite  invariable,  et  chaque  praticien,  s'instpirant  de  ses  connaissances  théori- 
ques et  de  son  expérience  pcrsoimelle,  trouvera  aisément  dans  quel  sens  il  faut, 
selon  le  cas  particulier,  ïiùm  fléchir  la  règle  générale. 

Nous  nous  étendrons  davantage  sur  les  indications  tirées  des  symptômes:  pn*- 
dominants  et  des  complications. 

L'hydropisie  (anasaitiuc,  ascite,  etc.)  est  l'un  des  symptômes  du  diabète  leu- 
comurique qui  méritent  le  plus  de  fixer  l'attention.  Quand  elle  se  pronouii 
davantage,  le  médecin  insiste  un  peu  plus  sur  les  purgations  douces  et  réitcivi->. 
II  obtient  aussi  les  meilleurs  résultats  de  l'emploi  des  bains  de  vapenr,  comnu 
moyen  de  sudation  abondante. C'est  également  dans  ces  cas  cpie  les  diurétiques  uni 
été  conseillés  avec  le  plus  d'insistance  et,  en  apparence,  avec  le  plus  de  rai>oci 
Nais  on  a  rarement  retiré  de  leur  administration  les  bons  eOets  qu'on  en  attendait, 
soit  parce  (^ue  l'action  physiologique  faisait  simplement  défaut ,  soit  parce  qut 
l'excitation  accnie  dans  le  rein  ramenait  une  sorte  d'état  aigu.  Les  meilleurs  diuri** 
tiques,  je  le  répète,  sont  en  pareil  cas  les  astringents.  Quant  aux  bahi:»  de\apcur. 
ils  ne  conviennent  guère  aux  sujets  hydrénii<iues  en  même  tem{isqu'h}dropique»i'{ 
qui,  bouiTés  de  toutes  parts,  ont  une  circulation  diilicile.  11  faut  surtout  se  gaidii 
d'y  recourir  quand  les  épanchenients  séreux  se  forment  rapidement  dans  le  cour^ 
d'une  leucomurie  aiguë.  La  turgescence  vasculaire  provoquée  (lar  la  chaleur  di 
l'éluvc  aurait  alors  pour  eObt  d'exaspérer  le  travail  pldeguiasique  des  reins  et  de 
fluxionner  les  viscères  eu  général,  notiiniment  les  poumons  et  le  cerveau.  Ile»i 
superflu  de  faire  ressortir  les  graves  dangei's  qui  pouiTaient  résulter  de  ces  der- 
nières lésions,  et  chacun  comprendra  l'intérêt  qui  s'attache  à  tous  les  mojcusd^ 
les  éviter  ou  de  les  prévenir. 

Lorsque  Tanasarque,  aprèi  avoir  envahi  toute  la  longueui'  des  membres  abdauii- 
naux  et  le  tronc,  distend  énormément  la  peau,  celle-ci  livre  quelquelois  passa^  j 
la  séi*osité  par  d'imperceptibles  éraillures.  11  en  résulte  un  soulagement  notaUt  ; 


ALBUMINURIE.  531 

cr  qui  a  conduit  les  médecins  à  imiter  la  nature  en  ouvrant  des  issues  plus  ou 
moius  nombieuses  au  liquide  accumulé  dans  le  tissu  cellulaire.  Pour  amener  un 
dégorgement  plus  i^apide,  ils  étaient  même  dans  Tlrabitude  de  pratiquer  des  scari- 
fications avec  la  lancette  ou  la  pointe  du  bistouri.  Ce  procédé  est  mauvais;  chaque 
iolutiou  de  continuité  devient  le  centre  d'un  travail  de  mortification  du  tégument, 
et  la  gangrène,  étendue  quelque  fois  à  une  grande  partie  du  scrotum  et  des  mem- 
bres, peut  accélérer  la  terminaison  fatale.  M.  Rayer  a  tracé  le  sage  préeéj^e  de  faire 
(ians  les  régions  infiltrées  de  simples  piqûres  d'aiguille,  très-espacées  ;  j'ajouterai 
la  recommandation  d'épargner  les  surfaces  déjà  éry  thémateuses  ou  atteintes  d'exco- 
riations du  derme. 

L'œdème  pulmonaii*e  se  produit  dans  le  coui^  de  la  maladie  de  Bright  par  le 
même  mécanisme  que  l'anasarque  ;  mais  quand  il  est  généralisé  et  intense,  les 
dangers  en  sont  bien  autrement  sérieux  ;  il  importe  donc  d'y  mettre  obstacle.  Rien 
n'es^plus  difficile  à  réaliser  dans  certains  cas.  Toutefois,  sans  parler  des  évacua- 
lions  alvines  et  de  la  sudation,  les  émissions  sanguines  produisent  quelquefois, 
dans  l'albuminurie  aiguë,  un  soulagement  instantané.  J'ai  vu  une  femme  albunii- 
nurique  en  proie  à  une  Yéritable  ortliopnée,  par  le  fait  d'un  œdème  pulmonaire 
généralisé,  et  que  deux  saignées  pratiquées  à  vingl-iiuatre  heures  de  distance 
cuvèrent  d'une  suflbcation  imminente.  Les  déplétions  sanguines  donnent  égale- 
ment d'excellents  résultats  dans  la  médecine  infantile,  lorsque  les  jeunes  sujets 
N)nl  pris  d'infiltrations  aiguës  de  cause  albiuninurique. 

A  part  les  médications  proprement  dites,  l'hygiène  fom'uit  de  précieuses  res* 
>ources  dans  le  traitement  des  albumitmries  chroniques.  L'alimentation  se  com- 
)H)>era  de  \iandes  faites,  noires  et  blanches,  de  légumes,  de  fruits,  a  l'exclusion 
lie  toute  substance  albumineuse.  Le  malade  boira  du  vin  de  Bordeaux  aux  repas. 
Ufei-a  de  l'exercice  musculaire  dans  la  mesure  de  ses  forces  et,  autant  que  possi- 
Idc,  en  plein  air.  On  lui  recommandera  l'habitation  à  la  campagne ,  en  plein 
midi,  dans  un  lieu  sec  et,  si  faire  se  peut,  dans  une  contrée  méridionale,  par 
'exemple  sur  les  rivages  de  la  Méditerranée.  Telles  sont  les  domiées  essentielles 
•le  la  thérapeutique  générale  de  l'albuminurie. 

Sans  doute  les  conseils  qui  précèdent  s'appliquent  de  préférence  au  cas  de 
diabète  leucomurique  (maladiede  Bright);  cependant  ils  peuvent  convenir  quelque- 
îoÎn  aussi  aux  albuminuries  temporaires  qui  viennent  s'adjoindre  aux  symptômes 
d»'^  maladies  aiguës  ou  en  traverser  la  convalescence.  Par  exemple,  si  la  cantha- 
lidiue  absorbée  à  la  surface  d'un  vésicatoire  détermine,  101*$  de  son  élimination, 
nne  inflanimation  trop  ardente  des  reins,  le  traitement  antiphlogistique  trouve  alors 
^on  indication  tout  aussi  bien  que  dans  la  néphrite  albumineuse  aiguë  par  laquelle 
«léhutent  certaines  maladies  de  Bright.  Et  si,  les  premiei-s  accidents  passés,  Thy- 
fwmie  et  riiypercrinie  rénales  persistent  à  un  certain  degré,  sans  constituer  une 
véritable  phlegmasie,  les  astringents  trouveront  leur  emploi  exactement  comme 
'firrs  la  {jériode  correspondante  d'une  leucomurie  spontanée;  Pour  ne  durer  en 
général  que  le  temps  de  la  gestation,  l'albuminurie  gravidique  n'en  cause  pas 
moins  des  désordres  fonctiotmels  et  anatomiques  qui  réclament  iinpérieusement 
)  iiitcrrention  de  l'art.  Voilà  pourquoi  nous  avons  cru  devoir  noiis  étendre  assez 
l<Hr:îUcment  sur  le  traitement  de  l'albuminurie  en  général,  sans  entrer  pourtant 
(iaiis  des  détails  minutieux  qui  seront  mieux  placés  à  la  suite  de  la  description  de 
'albuminurie par  excellence,  de  celle  que  j'assimile  au  diabète  sucré  et  qui  s«? 
troure  désignée  partout  sous  le  nom  de  Bright.  (Voy.  aussi  Éclampsie.) 
XXXY.     De  l'albuii15ukie  au  poiht  de  vue  de  la  classification  nosologique. 


55^  ALBUMINURIE. 

Suivant  les  cii'constauccs  au  milieu  desquelles  ou  la  voit  apparaître,  ralbttniitiune 
peut  occuper  successivement  toutes  les  sections  de  ce  qu'on  est  convenu  d'appeler 
le  cadre  nosologique.  Tom*  à  tour  proto  ou  deutéropathique,  phénomène  essentiel 
ou  secondaire,  maladie  ou  symptôme,  tantôt  on  l'a  jugée  digue,  à  titre  d'eotiU 
morbide ,  d'une  histoire  monographique  achevée  ;  tantôt  elle  a  figuré  plib  ou 
moins  modestement  dans  un  chapitre  de  séméiologie. 

La  biopathologie  ne  souscrira  bientôt  plus  à  ces  arrangements  arbitraires;  iuu> 
les  distinctions  qui  les  motivent  n'eu  sont  pas  moins  utiles  dans  leurs  applicatioo^ 
à  l'art  de  guérir.  Autre  chose  est,  sous  le  rapport  pratique,  d'observer  une  albu- 
minurie fugace,  survenue  comme  épiphénomène  dans  le  cours  d*une  maladie 
aigûe  ;  autre  chose,  d'avoir  affaire  à  l'un  de  ces  diabètes  leucomuriques  subsistant 
par  eux-mêmes,  évoluant  d'une  manière  progressive,  presque  invincible,  et  abou- 
tissant à  la  mort  au  travers  d'une  série  d'accidents  toujours  semUables.  A  prendre 
les  extrêmes:  étiologie,  symptômes,  thérapeutique  et  pronostic,  tout,  en  efÎH, 
semble  différent  dans  les  deux  catégories  de  cas. 

On  comprend  donc  qu'à  une  époque  où  les  idées  ontologiques  dominaient  cii 
médecine,  l'affection,  ordinairement  si  bien  définie,  que Bright  a  fait  connaître,  ait 
été  soigneusement  séparée  de  toutes  celles  où  l'albuminurie  se  montre  en  quelqu» 
sorte  accidentellement  et  dégagée  de  son  cortège  habituel.  Jusque-là  rien  de  mieux 
Hais  l'erreur  commence  à  partir  du  moment  où  l'on  peut  imaginer  que  la  maladie 
de  Dright  possède  une  essence  spécifique  et  une  existence  absolument  indépen- 
dante :  qu'elle  jouit,  eu  un  mot,  d'une  individualité  propre,  à  la  manière  d'un  étr** 
créé.  Bordeu  l'a  dit  avec  un  sens  exquis  et  un  rare  bonheur  d'expression  :  «  La 
maladies  ne  sont  pas  des  êtres,  mais  des  manières  iétre,  »  La  ^^^cificité,  ajou- 
terons-nous ,  ne  se  montre  ni  dans  les  altérations  de  structure ,  ni  dans  Ic^ 
troubles  fonctiomiels,  ni  dans  les  moyens  thérapeutiques  destinés  à  en  triompher 
elle  existe  tout  au  plus  dans  quelques  causes  morbides,  telles  que  les  virus  de  b 
syphilis  ou  de  la  variole,  sur  lesquels  nous  n'avons  directement  aucune  prise. 

En  créant  des  espèces  morbides  le  médecin  a  composé  des  groupes  purement 
artificiels  et,  soit  qu'il  ait  agi  intentionnellement  ou  d'une  manière  inconscienU. 
il  n'a  fait  autre  chose  que  rendre  plus  promptes  les  opérations  de  l'esprit  sur  \^ 
faits  cliniques,  et  plus  facile  la  tradition  des  coimaissaiicesaux  générations  future 

Le  nom  d'mi  de  ces  syndromes  qu'il  décore  du  titre  d'entité  morbide  c\oquei 
l'instant  le  souvenir  d'un  ensemble  de  faits  qui  ont  coutume  de  se  moatrer  couirt- 
demment  ou  les  uns  à  la  suite  des  autres  chez  le  même  sujet,  et  l'idée  compln** 
que  représente  cette  dénomination  se  formule  aussitôt  dans  l'esprit  de  celui  qui 
l'entend.  Cet  avantage  n'est  pas  à  dédaigner,  et  nous  aurions  tort  de  nous  en  des- 
saisir sous  le  prétexte  que  les  divisions  adoptées  sont  conventionnelles  et  que  b 
nature  se  plaît  à  confondre  ce  que  l'homme  a  séparé.  Seulement,  il  importe  d> 
ne  pas  se  faire  d'illusions  sur  la  valeur  de  nos  systèmes,  et  de  ne  pas  croirt  a  i> 
réalité  concrète  de  ce  qui  n'existe  que  dans  l'entendement  humain,  en  «ertu  df 
sa  faculté  d'abstraction. 

La  maladie  de  Bright  n'est  pas  plus  que  les  autres  une  entité  véritable;  ^o^ 
individualité  disparaît  devant  l'analyse  délicate  de  ses  éléments,  opérée  par  l> 
science  moderne.  Et,  pour  ne  parler  que  de  l'albuminurie  qui  en  est  le  c«racià< 
fondamental,  ce  phénomène,  dans  le  diabète  leucomurique,  n'c^t  pa:^  à  d'aotn*^ 
lois  que  dans  une  foule  d'affections  différentes  dont  il  vient  simplemeut  tnver^i 
le  cours 

Toutefois,  à  côté  de  l'albuminurie  que  nous  avons  poursuivie  à  l'état  de  »mi»- 


ALBUMINURIE.  555 

ptôme  dans  une  multitude  d'affections  diverses,  et  que  nous  avons  étudiée  d'un 
point  de  vue  général  dans  sa  pathogénie,  ses  conséquences  et  sa  thérapeutique,  a 
lôté  de  cet  élément  morbide,  il  convient  de  décrire  à  part  une  albuminurie  quasi 
essentielle,  en  ce  sens  qu'elle  est  protopatliique  ou  cpie  du  moins,  si  elle  s'est  dé- 
veloppée secondairement,  elle  survit  à  l'espèce  nosologique  qui  hii  a  donné  nais- 
^nre,  absorbe  désormais  à  son  profit  l'activité  organique  et  parcourt  ultérieurement 
<<s  phases  d'une  manière  isolée  et  indépendante,  constituant  dès  lors  à  elle  seule 
tmite  la  maladie. 

Maintenant,  quelle  place  assigneron»>nous  à  l'espèce  nosologique  dont,  toutes 
resenes  faites,  nous  venons  de  reconnaître  l'eiistence  et  dont  la  distinction,  à  part 
I»  maladies  virulentes,  est  aussi  légitime  que  celle  des  affections  les  mieux  définies, 
par  la  triple  considération  de  leur  étiologie,  de  leurs  symptômes  et  de  leurs  lésions  ? 
Notre  réponse  est*  connue  d'avance. 

La  maladie  de  Brigbt,  rarement  aiguë,  presque  jamais  fébrile,  tendant  toujours 
MfTs  l'état  chronique,  caractérisée  d'ailleurs  par  une  dyscrasie  préalable,  des  alté* 
niions  de  nutrition  consécutives,  des  désordres  variés  dans  les  différents  appareils 
de  féconomie,  et  surtout  par  la  déperdition  constante  d'un  des  matériaux  esseu- 
tiels  de  la  réparation  des  organes  ;  la  maUdie  de  Bright,  disons-nous,  se  range 
UNit  naturellement  à  côté  de  la  glycosurie  :  aflection  également  dyscrasique  et 
plus  tard  cachectique ,  lente  dans  ses  allures ,  apyrétique ,  féconde  en  lésions  et 
pHncipalement  accusée  par  l'issue,  au  travers  des  reins ,  de  la  substance  sucrée 
dont  la  physiologie  a  démontré  le  rôle  important  dans  l'hématose  et  la  nutrition. 
A  cet  ensemble  de  caractères  communs  viennent  parfois  s'ajouter  encore 
({uekpies  tnûts  qui  complètent  l'analogie  déjà  si  étroite  entre  les  deux  ordres  de 
faits  pathologiques.  Dans  le  cours  de  la  maladie  de  Bright,  comme  dans  le  diabète 
^ucré,  des  sujets,  plus  nombreux  qu'on  ne  pense,  sont  affectés  de  polydipsie  et 
de  polyurie.  J'en  ai  vu  un  qui  rendait  une  masse  quotidienne  de  quatre  litres  à 
(foatre  litres  et  demi  d'urine  et  qui  en  avait  sécrété  plus  du  double  pendant  une 
iQtre  période  de  sa  maladie.  Chez  ce  sujet  il  existait  de  l'anaphrodisie  et  de  l'éma- 
ciation  sans  trace  d'cedème  soufr-cutané.  Quant  à  la  dia thèse  gangreneuse  des 
:{lTcosuriques,  sur  laquelle  M.  Marchai  de  Caivi  vient  de  publier  un  livre  plein  de 
laits  curieux  et  de  remarques  ingénieuses,  elle  se  retrouve  si  un  degré  presque 
iiussi  élevé  dans  certains  cas  d'albuminurie  aigûe  ou  chronique.  Ainsi  le  paraUèle 
intre  les  deux  affections  se  soutient  jusque  dans  les  détails  les  moins  connus  de 
^  histoire. 

L'albuminurie  essentielle,  dont  le  domaine  offre  plusieurs  points  de  contact  avec 
•  elui  des  états  mal  définis,  confondus  en  Allemagne  sous  le  titre  de  dyscrasie 
veineufe,  est  donc,  à  notre  avis,  un  véritable  diabète  aUmtnineux  ou  leucomurique. 
En  proposant  cette  appellation  qui  résume  toute  une  doctrine,  nous  croyons 
favoriser  les  progrès  de  la  médecine  scientifique.  Cependant,  par  respect  pour 
1  ttsage,  nous  maintiendrons  en  son  lieu  la  maladie  connue  sous  le  nom  de  Bright, 
^  nous  renvoyons  à  ce  mot  les  détails  qui  n'ont  pas  trouvé  leur  emploi  dans  le 
pn^Qt  article  de  pathologie  générale. 

XXXYI.  Historique.  Les  cas  morbides,  explicables  maintenant  par  l'iilbumi- 
oorie,  ont  été  entrevus,  mais  non  distingués,  dès  les  premiers  âges  de  la  médecine, 
tt)maie  en  témoignent  ces  paroles  d'Uippocrate  :  «  Oxovoivi  Si  iiti  tocviv  oO^otviv 

^Àfàar.  34,  sect.  VU)  ;  ce  que  Lallemaod  et  Pappas  (Montpellier,  1839)  traduisent 
jinsi:  •  Si  ieêbuUes  surnagent  à  la  iurface  des  urines,  il  existe  une  affection  dett 


534  ALBUMINURIE. 

reins  et  la  maladiésera  tonji*^,»  Peut-èlre,  pour  éviter  toute  critique,  eût-il  mieoi 
valu  dire  en  terminant  :  d  etla  faiblesse  sera  très^grande;  »  mais  cela  a*eût  rien 
changé  au  sens  de  l'aphorisme.  Or,  suivant  la  remarque  judicieuse  et  sagace  d^ 
Lallemand,  les  urines  qui  moussent  fortement  et  demeurent  longtem|)s  spumeuses 
sont  nécessairement  cliargées  d'albumine  ;  donc,  en  écrivant  ces  lignes,  le  père  d< 
la  médecine  faisait  allusion  à  des  cas  d'albuminurie,  sans  connaître  d'ailleurs  ni 
l'altération  chimique  de  la  sécrétion  urinaire,  ni  le  mécanisme  ou  la  physiologit* 
pathologiqne  de  l'affection.   ' 

Mais,  chose  remarquable,  dans  un  autre  passage  {Prénot,  Ccaques.  Trad.  de  lit* 
tré,  t.  V,  p.  685),  Uippocrate  met  les  accidents  de  la  maUidie  amitiale  au  noiiH 
bre  des  plus  fâcheux  symptômes  qui  puissent  survenir  chez  les  hydropiques,  iv 
qui  prouve  encore  une  fois  qu'il  avait  eu  sous  les  yeux  des  sujets  atteints  de  dia- 
bète leucomurique  :  celle  de  toutes  les  affections  accompagnées  d'anasanpio  qui 
donne  lieu  spécialement  aux  phénomènes  éelamptiques. 

On  regrette  de  ne  pas  voir  signalée  à  ce  propos  la  coïncidence  des  uriaes  111011$^ 
sensés  avec  l'niïection  des  reins  ;  il  eût  été  pat  U  démontré  que  noD-seulemeiit 
l'auteur  hippocratique  avait  eu  l'occasion  d'observer  l'albuminurie,  mais  que  de 
plus  il  avait  saisi  le  rapport  qui  unit  entre  elles  l'altération  de  l'urine  cl  la  lèsitm 
rénale,  d'une  part ,  avec  Thydropisie  et  l'éclampsie,  d'autre  part. 

Cette  relation  n'a  pas  échappé,  parait*il,  aux  successeurs  du  médecin  de  Cix. 
Plusieurs  d'entre  eux  ayant  rattaché  certaines  hydro|Msies  aux  aliéraCîoiis  dt-^ 
reins  ont  été  blâmés  de  cela  par  Gœlius  Aurelianus,  sons  les  écrits  duquel  les  opi- 
nions émises  dans  l'antiquité  sur  ce  sujet  ne  seraient  pas  arrivées  jusqu'à  nou<. 
Appollonios  de  Memphis,  à  qui  Galien,  à  en  croire  H.  Paulinier,  aurait  iait  honneur 
de  rinvontion  du  mot  diabète,  assimile  ce  fïux  aux  hydropisies,  disant  que  Ir 
sérum  s'échappe  par  las  reins  comme  il  s'^ancfae  dans  les  tissus. 

Galien,  Ârétée,  Alexandre  de  Tralles,  Avicenne,  accusent  successiTement  U> 
reins  de  produire  des  hydropisies,  opinion  qu'acceptent  tous  les  aiabisies,  et  qut* 
Van  Helmont  formule  plus  nettement  encoi^.  Le  seigneur  de  Hérode  explique  par 
un  défaut  d'action  des  glandes  rénales  la  pléthore  aqueuse  et  les  épanchemeBLs 
qui  se  font  de  toutes  parts  dans  les  hydropisies,  mais  de  phs  il  reconnaît  au  mn 
un  autre  rôle  :  celui  de  rejeter  au  dehors,  par  un  accroissement  d'activité 
loire,  non-seulement  l'eau  épanchée,  mais  la  sérosité  tout  entière, que  dans  son 
gage  il  désignait  sons  le  nom  de  latex,  et  de  résoudre  ainsi  Tanasarque,  Tascile,  etc. 
En  conséquence,  si  le  précurseur  de  la  doctrine  iatrochimique  n*a  pas  cou- 
slaié  la  coagnlnhilité  de  l'urine  dans  certaines  hydropisies,  on  peut  dire  cependant 
qu'il  a  conçu  le  mécanisme  du  passage  de  l'albumine  dans  Turine,  et  que  même  il 
a  trouvé  ralbuminnrie  critique. 

Feraol,  Rivière,  Bonet,  Boerhaave,  reconnaissent^  leur  tour  des  hydropisies  de 
cause  i*énale.  Toutefois,  vers  cette  même  époque  de  la  renaissance,  l'influence  dit 
rein  ne  fut  considérée  que  comme  indirecte  par  quelques  auteurs.  Nicolas  Lepoi^. 
en  particulier,  la  subordonne  à  celle  du  foie,  bien  qu'il  mentionne  l'inertie  H  l'ol- 
struction  des  reins  au  nombre  des  causes  d*hydropisies. 

Vers  la  fin  dn  dix-luiitième  siècle,  Morgagni  décrit  clairement  l'altération  rénak 
de  Briglil, 

Mais,  sauf  rindic:Uion  énoncée  dans  le  5V  aphorisme,  personne,  dans  le  couin 
dos  vingt  sitVles  écoulés  depuis  Hippocrale,  ne  s*est  avisé  de  trouver  dans  TaltérH 
tiou  de  l'nrine  un  trait  caractéristique  de  ces  cachexies  avec  hydropisie  et  lésiocb 
l'énales  qu'anjourd'hui  uons  désignons  sons  le  nom  de  maladie  de  Brighl.  Cf<  à 


ALBUMINURIE.  555 

riuliea  Cotugoo  que  nous  detoas  la  première  remarque  sur  les  rapports  de  cer* 
taioeshydropiâesavecrurinecoagulâble»  L'albuminurie  était  découverte  (1770). 
Elle  Ait  constatée  ensuite  par  Cruikshank,  Fordyoe,  Darwin  ("dans  le  diabète), 
Wells  et  Blackall  en  An^terre  (1798  à  1815)  ;  par  Dupuytren,  Nysten,  M.  An- 
dni  et  Barbier  d'Amiens,  en  France  (1806  à  1827).  A  la  vérité,  plusieurs  de  ces 
observateurs  ne  s'attachèrent  qu'à  établir  la  présence  de  l'albumine  dans  les  uri- 
nes des  bydropiques  ;  mais  d'autres  :  Wells,  H.  Andral  et  Barbier  d'Amiens,  ac« 
rordèrent  une  égale  attention  à  l'altération  du  liquide  urinaire  et  à  la  lésion 
rénale.  ' 

Qaoique  les  esprits  parussent  ainsi  préparés  à  considérer  dans  son  ensemble  la 
ipiestion  de  l'albuminurie,  le  travail  de  Bright  n'en  fit  pas  moins  une  révolution 
(1826).  Le  public  médical  qui,  jusque-là,  n'avait  pas  conscience  des  efforts  indi- 
viduels tentés  vers  b  fin  du  dix-huitième  siècle,  poursuivis  au  commencement  du 
dix-neuvième,  et  déjà  couronnés  de  succès,  le  public  fut  illuminé  soudain  par  Té» 
cbtde  cette  auatomie  pathologique,  nette  et  précise,  mise  en  regard  du  tableau 
symptomatîque  ancien,  enrichi  de  nouveaux  détails,  il  sembla  que  la  maladie  ve- 
nait d'être  réellement  découverte  pour  la  première  fois,  et  dès  lors  elle  emprunta 
le  nom  de  celui  qui  l'avait  révélée. 

L'initiative  de  Bright  suscita  en  Angleterre  d'abord,  puis  dans  le  reste  de  l'Eu- 
rope, des  travaux  nombreux  et  importants,  destinés  à  mettre  en  lumière  les  véri- 
tables rapports  qui  unissent  ces  trois  termes  :  albuminurie,  lésion  rénale  et 
l'achexie. 

Le  trouble  fonctionnel  amène-t-il  à  la  longue  l'altération  rénale,  ou  plutôt  la  lé- 
sion organique  n*est-elle  pas  la  cause  de  l'albuminurie  et  des  désordres  généraux 
(ie  la  santé?  Telle  était  la  double  question  qui  préoccupa  tout  d'abord  les  patholo- 
Me%.  Richard  Bright  inclinait  visiblement  vers  cette  seconde  interprétation  ;  ce- 
pendant il  n'avait  pris  là-dessus  aucun  parti  décisif,  et  ses  écrits  trahissent  à  la  fois 
^s  doutes  et  la  crainte  de  se  mettre  en  dehors  de  l'observation  en  adoptant  une 
opinion  exclusive. 

La  plupart  de  ses  successeurs  n'imitèrent  point  sa  prudente  réserve,  et  si  quel- 
ques-uns préférèrent  subordonner  la  lésion  anatomique  à  la  déviation  fonctionnelle, 
presque  tous  au  contraire,  se  rangeant  du  côté  de  l'organicisme,  firent  jouer  le  rôle 
principal  à  la  glande  et  aux  changements  de  structure  que  le  médecin  anglais  ve- 
nait de  faire  connaître. 

C'était  l'époque  où,  malgré  Broussais,  l'idée  de  spécificité  dominait  en  anatoniie 
pathologique  et  ailleurs;  celle  où  le  grand  Laënnec  décrivait  non  pas  la  cirrhose, 
mais  les  cirrhùsex  (sic)  du  foie,  comme  nous  dirions  aujourd'hui  des  Distomes  et 
df^  ÛBnures.  L'espèce  <  albuminurie  »  eut  donc  sa  lésion  spécifique,  c'est-à-dire 
l^^nulations  de  Bright,  sans  lesquelles  elle  ne  pouvait  être  reconnue  par  le 
iiK'deein  naturaliste,  non  plus  qu'un  lichen  sans  cupules.  Témoin  Craigie,  qui  re- 
|K)ussait  du  domaine  cultivé  par  Bright  des  affections  chroniques  avec  pissement 
>i'albiimine  et  lésions  rénales,  sous  le  prétexte  que  la  forme  anatomique  de  celles- 
>  i  nVtait  pas  identique  aux  cas-types  exhibés  d'abord  par  l'illustre  promoteur  de 
l't-ntité  morbide  nouvelle. 

b  doctrine  physiologique,  à  laquelle  il  faut  rendre  justice  quand  l'occasion 

'>n  présente,  préserva  de  cet  égarement  la  majorité  des  anatomistes  français,  qui 

^accordèrent  à  ne  voir  dans  les  reins  do  Bright  que  les  conséquences  d'un  travail 

inflammatoire. 

\jà  néphrite  allmmineiuie  fut  principalement  édifiée  et  défendue  avec  talent  par 


:i50  ALBCVI?(rRIE. 

toute  l'école  de  Paris  :  par  E.  Tissot,  Salntier,  Bauddocque,  Gaenant  ei  CouUnt. 
Monassot,  Désir,  GuiUemin  ei  liUré.  On  doit  même  à  Désir  (f  8S5)  la  oomuiiv 
sance  des  cas  où' la  présence  temporaire  de  i*albomine  dans  l'iirine  oonstitu** 
un  symptôme  des  maladies  aiguës.  Trois  ans  après  (1838),  Martin  Solon  cooisa- 
crait  l'indépendance  du  phénomène  en  lui  appliquant,  pour  la  première  fois,  h  à^ 
nomination  d'albummuri^,  si  profitable  à  la  science. 

Toutes  les  données  acquises  à  la  médecine  dans  cet  ordre  de  faits  furent  plm 
lard  réunies  el  constituées  en  corps  de  doctrine  par  M.  Rayer  dans  son  grand  ou- 
vrage  des  Maladies  des  reins.  L'auteur  développe  cette  opinion  que  l'albumiminf 
dérive  des  altérations  anatomiques  du  rein.  Mais  le  trouble  iéciétoire  peut  sr 
passer  des  granulations  caractéristiques  de  la  lésion  de  Bright  :  une  simple  hyperémir 
phlegmasique  suOit  à  l'expliquer  dans  les  cas  récents.  Au  reste,  le  semis  granu- 
leux, la  dureté,  la  rétraction  el  l'atrophie  de  la  substance  rénale  ne  sont  que  6t% 
reliquats  inflammatoires.  Les  désordres  généraux  de  la  santé  sont  eux*niéoiek 
secondaires  ot  dépendent  du  fonctionnement  anormal  des  reins  altérés  et  de» 
changements  apportés  dans  la  composition  du  sang  et  la  nutrition.  La  théorie  d«- 
lurémie,  ébauchée  par  Wilson,  se  trouve  indiquée  en  passant. 

Plus  tard,  certaines  conséquences  de  la  théorie  organicienne  furent  déduite> 
explicitement.  C/est  ainsi  que  la  cachexie  fut  mise  sur  le  compte  de  la  soustrar* 
tion  continue  de  la  substance  protéique,  et  que  les  hydropisies  trouvèrent  leur  w- 
<on  d'être  dans  la  diminution  de  l'albumine  du  sérum  et  la  filtration  plus  fadlr 
de  ce  dernier  au  travers  des  tuniques  des  capillaires. 

L  usage  plus  général  du  microscope  dans  les  études  anatomiques  ne  servit  d'ail- 
leurs qu*à  fortifier  la  doctrine  de  la  néphrite,  en  faisant  mieux  comprendre  le 
mécanisme  de  l'exhalation  albumineuse.  L'Angleterre  et  la  France  furent  dép»- 
sées  dans  cette  voie  par  les  observateurs  allemands.  L'importance  des  recben^ 
de  ceux-ci  sera  mieux  appréciée  ailleurs  (voy.  Maladie  de  Bright).  Qu'il  noih 
hulfise  de  dire  ici  que  la  nature  des  éléments  microscopiques  fut  suocessÎTeoient 
découverte  et  étudiée  par  Henle,  Simon,  Heller,  Yogel,  Todd,  Tojnbee,  etc..  et 
que  les  lésions  intimes  du  rein,  décrites  d'abord  par  Henle,  ont  été  surtout  bieo 
exposées  par  Rcinhardl,  puis  par  Frerichs,  Yirchow,  Rosenstein,  et  enfin  toui 
récemment  par  M.  Gornil. 

Grâce  à  ces  nombreux  travaux,  grâce  à  l'autorité  de  quelques  noms,  et  le  counoi 
vers  l'organicisme  aidant,  la  néphrite  albumineuse  régna  presque  sans  parta^se  pco- 
daiit  une  trentaine  d'années. 

Toutefois,  dès  ravéuement  de  la  maladie  de  Bright,  il  se  trouva  dans  chaq» 
contrée  des  hommes  qui  hésitaient  k  subordonner  tous  les  phénomènes  à  la  lé»MO 
organique,  ou  qui  inclinaient  même  à  préposer  le  trouble  fonctionnel  au  dé«eki|>- 
pement  successif  des  autres  symptômes.  Seulement  leur  opposition  peu  bninotc 
n'eut  aucun  retentissement. 

On  a  cherché  récemment  à  nous  moutrer  l'inventeur  de  l'albuminurie  chronh 
que  comme  disposé  à  reconnaître,  ou  même  comme  ayant  reconnu  fonneUt*aiM>: 
la  piiVminence  de  la  diatlii'se  sur  la  lésion  rénale.  Le  fait  est  que  Bright  n*a  jam^i^ 
publié  aucune  déckiration  autorisant  à  croire  qu'il  voulût  déserter  le  camp  ^ 
forganicisme.  Tout  ce  qu'on  peut  accordera  ses  interprètes,  c'est  qu'il  iaisaitasM*i 
bon  marché  de  la  néi*essité  du  granular  kiimey  et  qu'il  se  contentait  an  faewm 
de  la  lluxion  pour  expliquer  la  filtration  albumineuse.  Il  déclare  bien  quelque  |»f  t 
que  l'afiWtiou  est  entièrement  fonctionnelle  à  son  début  ;  maûi  rien  n'ett  ^^ 
éloigné  tie  sou  ts|uît  que  d'en  accuser  les  troubles  généraux  de  réconomit*.  Ch 


ALBUMINORIE.  557 

au  ran  qu'il  songe  toujours  :  au  rein  éUnU  la  fonction  aUéréey  dit-il,  conduit  à 
vne  structure  altérée.  Antérieurement  il  s'était  expliqué  sur  sa  manière  de  com- 
prendre le  désordre  rénal.  L'action  modifiée  du  rein  est,  à  ses  yeux,  le  résultat  de 
anses  puissantes  qui  agissent  soit  en  troublant  l'équilibre  normal  de  la  circulation , 
soit  en  produisant  un  état  inflammatoire  de  la  glande.  En  outre,  le  dépôt  consti- 
tuant les  granulations  n'a,  selon  lui,  aucune  part  dans  celte  disposition  des  vais- 
seaux (hjperémie  ouphlogose)  d'où  dépend  le  trouble  morbide.  C'était  aussi  la 
manière  de  voir  d'Anderson,  ot  dè$  1846  MM.  Monneret  et  Fieury  énonçaient  for- 
mellement cette  idée  :  que  toute  hyperémie  pouvait  être  le  point  de  départ  d'une 
albaminurie. 

hrm  les  auteurs  qui  accordèrent  une  importance  majeure  à  l'état  général,  je 
literai  Elliotson,  Graves,  Yalentin,  Rees,  Heaton,  Halmsten,  Canstatt,  Eicliolts, 
Tegart,  MM.  DeviUiers,  Regnauld,  Hipp.  Blot,  etc.  Les  uns  invoquent  une  altéra- 
tioQ  du  fluide  sanguin,  les  autres  un  état  constitutionnel,  une  diathèse  ou  une 
cachexie. 

iN'ayant  d'abord  aucune  preuve  matérielle,  aucune  formule  précise  à  substituer 
au  fait  palpable  de  l'altération  rénale  et  à  la  théorie  si  simple  du  trouble  sécrétoire 
iionsécutif,  les  médecins  à  qui  la  néphrite  parut  insuffisante  ne  devaient  exercer 
d  n'exercèrent  en  effet  qu'une  médiocre  influence  sur  les  opinions  de  leurs  con- 
temporains. Us  avaient  beau  faire  ressortir  l'absence  de  lésion  spéciale  dans  les 
L'Iandes  uropoïétiques  alors  que  les  urines  n'avaient  pas  cessé  d'être  coagulables  ; 
ou  bien  montrer  des  sujets  guéris  d'une  albuminurie  intense  et  chez  qui  une 
grosse  lésion  était  invraisemblable  :  on  répondait  à  ces  objections  que  la  lésion, 
pour  produire  la  filtration  albumineuse,  n'a  pas  besoin  d'atteindre  ses  dernières 
limites,  et  que  la  forme  initiale ,  peu  appréciable  sur  le  cadavre,  suffit  à  cette 
tâche. 

L'introduction  de  l'idée  de  dyscrasie  ne  fit  pas  avancer  beaucoup  la  question,  parce 
<|oe  cette  idée,  trop  vague  dans  l'esprit  même  de  ceux  qui  la  mettaient  en  avant, 
ue  pouvait  tenir  la  place  de  la  notion  claire  et  positive  à  laquelle  elle  prétendait 
succéder.  Voici,  par  exemple,  ce  que  nous  lisons  dans  un  des  écrits  les  plus  récents 
i)ur  cette  matière:  Je  cite.  «  Serons-nous  plus  heureux,  nous  qui  acceptons  plei- 
nement la  doctrine  dédaignée,  et  réussirons-nous  par  une  précision  plus  grande  à 
entraîner  enfin  la  conviction  ?  Nous  ne  savons  :  tout  au  moins  nous  elîorcerons- 
iious  d'écbapper  au  reproche  d'indécision  ou  d'ambiguïté,  en  formulant  nettement 
notre  opinion  :  L'albuminurie  reconnaît  pour  cause  une  déviation  du  type  nor- 
mal des  mouvements  nutritifs  ;  cette  déviation  consiste  en  une  perturbation 
passagère  ou  durable  dans  les  phénomènes  d* assimilation  ou  de  désassimilation 
des  matières  albuminoïdes.  »  De  quelle  déviation^  de  quelle  perturbation 
s'agit-il  ?  Qu'il  y  a  loin  de  ces  phrases  énigmatiques  à  l'affirmation  catégorique 
des  partisans  de  la  néphrite  albumineuse  ! 

L'analogie  de  l'albuminurie  avec  le  diabète  sucré»  aperçue  par  Graves  à  une 
époque  où  la  physio-palhologie  de  cette  dernière  affection  était  encore  mal  connue, 
ne  jeta  pas  non  plus  une  bien  vive  lumière  sur  la  théorie  de  la  maladie  de  Bright. 

En  définitive,  le  progrès  de  l'opinion  qui  fait  jouer  le  rôle  primordial  et  essentiel 
à  l'état  diathésique  ne  date  véritablement  que  du  jour  où  les  ex  périences  de  Parkes 
et  les  miennes  (1852-53)  sont  venues  d'abord  rendre  probable,  puis  démontrer  ri- 
goureusement l'influence  de  l'alimentation  sur  la  quantité  absolue  de  l'albumine 
exhalée  par  les  reins.  Ces  expériences  fondamentales  furent  le  point  de  départ  de 
la  doctrine  de  la  super-albuminose  sanguine  que  j'édifiai  aussitôt,  et  que  je  corn- 


:>58  ALBDIUMJRIE. 


muniquai,  le  6  aoât  1 853,  à  la  Société  de  Biologie.  Ifon  Irtvail,  non  livre  à  Tii 
sion,  fui  utilisé  ensuite  ainsi  que  le  manuscrit  de  mes  leçons  à  Thôpital  Beamjon 
(1855)  par  un  de  mes  disciples,  M.  Luton,  qui,  cependant,  n*osa  pas  s  aveatiirer 
aussi  loin  que  je  l'aurais  souhaité  dans  une  opinion  selon  moi  aussi  vraie  qaMt 
semblait  subversive.  Mais  au  même  moment  la  doctrine  de  la  dyscnsie  reoefrail 
(1855)  une  adhésion  précieuse  de  la  part  d'un  maitre  eu  pliilosophie  médicaie, 
de  M.  Pidout,  qui,  par  une  brillante  synthèse,  éclairait  d'un  jour  noiivetti  k  ques- 
tion de  l'albuminurie.  Le  profond- pathologiste,  prenant  pour  guide  l'anatoDiie  et 
la  physiologie  d'rvolution,  envisage  la  fonction  urinaire,  Turination  de  M.  Robin, 
dans  son  ensemble  et  non  plus  seulement  dansTémonctoire  qui  en  est  TaboutissaDt. 
Il  en  retrouve  les  actes  préparatoires  dans  la  nutrition,  la  musculation,  la  mpôra* 
tion,  et  conclut  qne  les  tronbles  qui  atteignent  la  sécrétion  urinaire  ont  leur  ori- 
gine partout  à  la  fois  dans  l'économie.  L'alfanminurie  est  donc  essentiellement  une 
maladie  générale  :  le  rein  est  seulement  le  rendes->vous  de  toutes  les  infloencaft 
multiples  qui  concourent  à  l'altération  du  liquide  excrémentitiel.  Notre  éminent 
collègue  ne  précise  pas  la  nature  des  troubles  partiels,  nutritifs,  plastiques  et  res- 
piratoire»  qui  contribuent  à- ce^résultat  :  il  ne  cherche  pas  à  fixer  le  mode  d'en- 
chatnem^^  dés  phénomènes,  ni  leur  subordination  ;  il  laisse  mèroc  conc^oîr  la 
simultanéfté  de  tous  les  actes  morbides  qui  constituent  raffection.  N'importe,  b 
voie  est  largement  tracée  :  désormais  il  faudra  faire  intervenir  toutes  les  grande^ 
fonctions  dans  l'explication  de  l'albuminurie. 

Tandis  que  je  faisais  connaître  en  France  mes  idées  sur  la  pathogénie  de  l'albo- 
minurlo,  Vogel  insérait  (4854)  dans  son  tariicle  Albuminé  du  Manuel  de  potholope 
spéciale  et  de  thérapeutique,  rédigé  en  commun  avec  R.  Vîrchow  et  Stiebel,  la 
phrase  suivante':  «  Certains  faits,  dit-il,  semblent  établir  que  l'hypet-albuminose 
délormino  dans  l'organisme  une  tendance  à  la  séparation  de  l'excès  d'albumine  «ni- 
tenue  dans  le  sang,  soit  par  une  albuminurie,  soit  par  d'autres  sécrétions  renfer- 
mant do  l'albumine  et  qui  se  font  surtout  par  la  peau  (eciéma  et  formes  impétî- 
gineusos).  »  Vogol  n'entre  pas  dans  d'autres  expUcations,  mais  sa  pensée  fsl 
nettement  exprimée.  Je  tiens  trop  à  me  prévaloir  de  cette  conformité  de  vues  pour 
ne  pas  citer  textuellement  les  paroles  du  savant  professeur  de  Giessen. 

La  thèse  de  M.  Jaccoud  (1861  ),  riche  en  indications  bibliogi^phiques,  surtont  d'o- 
rigine étrangère,  est  un  plaidoyer  chaleureux  en  faveur  de  lasupr^atie  du  trouble 
fonctionnel  sur  la  lésion  rénale.  Malheureusement,  l'auteur  dépassant  le  but  et 
niant  la  lésion  là  où  elle  existe  déjà,  lui  refusant  en  tout  cas  une  valeur  que  cer- 
tainement elle  possède,  devait  étonner  plutôt  que  convaincre  les  lecteurs  comp'*- 
tents.  A  la  vérité,  notre  jeune  collègue  n'a  pas  tardé  à  revenir  à  une  plus  juste  appré- 
ciation des  faits  (art.  Albuminurie  du  Nouveau  Did.  de  méd.  et  dechintr.  prat.]^ 
On  doit  lui  savoir  gré  d'avoir  saisi  la  première  occasion  qui  lui  était  oiTerte  pour  rer- 
tifier,  sur  ce  point,  des  opinions  trop  exclusives.  Ce  second  travail,  qui  tient  un  meil- 
leur compte  de  toutes  les  notions  acquises,  et  où  la  lésion  rénale  se  trouve  remi$«' 
à  |)eu  près  à  son  plan,  servh^it  mieux  que  le  précédent  les  intérêts  de  ladyscrasi^ 
t'IltMnéme,  si  des  circonstances,  à  mon  avis  accessoires,  telles  que  les  facultés  dia- 
Ixsablesdes  substances protéiques,  n*usurpaient  encore  les  prérogatives  delà  ccMidi- 
lion  essentielle^  c^est^-dire  de  la  super-albuminose  sanguine,  absolue  ou  reiatiir. 

Re\«^)oiis  à  Tanalogie  de  raihuminurio  avec  le  diabète  sucré  *. 

*  Au  moiiiciii  do  me(ti>^  s«u$  pnetsw.  j«  U$  «ver  inlénH,  dans  la  GauiUdfê  Héfitmu,  un 
ai  liHe  di\  à  là  plom^  e\ercif«»  de  M.  Mil  Eoubaud  rt   dont  voici  le  litre  significatif 
IV I  itfrMiV  #«nfrà<  ée  ê^fmtrflr,  rfn  dmètie  H  4e  iêihmhnnie,  [îjoe.  «1.,  avrU1M& 


ALBUMINURIK   («ibliocraphie).  5511 

L'idée  ingénioiise  de  Graves,  déposée  on  germe  dans  quelques  auteurs  anciens, 
demeura  latente  pendant  de  longues  années  ;  mais  elle  ne  devait  pas  être  stérile. 
Reprise  en  1854  par  M.  le  docteur  Théodore  Paulinier,  qui  Tétaya  de  considérations 
pleines  de  justesse ,  elle  a  reçu  ici  tous  les  développements  nécessaires.  Le  savant 
helléniste  de  Montpellier  avait  cm  pouvoir  désigner  la  maladie  de  Brigbt  sous  le 
nom  de  diabète  leucomatiqtie  ;  je  lui  emprunte  cette  expression  en  la  modifiant  à 
pine,  et  je  ne  doute  pas  que  la  dénomination  proposée  ne  contribue  aussi  puissam- 
ment à  l'avancement  de  la  théorie  pathogéniquo  et  de  la  thérapeutique  de  Talbu* 
minurie,  que  fit  autrefois  le  néologisme  de  Martin  Selon ,  lorsqu'il  s'agissait  d'en* 
lever  tu  rein  granuleux  le  privil^e  de  la  fillration  albumineuse.  Au  reste,  le  sort 
de  la  doctrine  ne  dépend  plus  des  efforts  on  de  lardeor  de  quelques  hommes.  Si  la 
solution  trouvée  n'est  pas  définitive,  du  moins  los  données  du  problème  sont  net- 
(eroent  posées,  et  les  faits  à  venir,  éclairés  aux  lueurs  de  la  science  actuelle,  per- 
mettront  à  chacun  d'y  lire  la  confirmation  ou  la  rectification  des  idées  qui  se  par* 
lagent  les  convictions  médicales.  A.  Gublrb. 

BiBLiocftAMiiB.— -La  bibliographie  de  ralbuminurie  8e  trouve  surchargée,  à  tort,  d'indi* 
cations  relatives  à  des  travaux  où  le  symptôme  lie  Ogure  qu'en  passant.  A  part  les  premières 
périodes,  nous  nous  bomons,  dans  l'énumération  suivante,  à  dresser  la  liste,  déjà  bien 
longue,  des  ouvrages  qui  ont  eu  pour  but  principal  l'étude  de  l'albuminurie  ou  qui,  direc- 
tement aflérents  à  la  question  générale,  ressortissent  moins  naturellement  à  d'autres  arli- 
ries  spèciaui  (voir  pour  le  reste  les  mots  :  Avavbose,  Batsar,  Êclammu,  GaossBSE,  ScAa^ 
uwit,  Urémie,  etc.).  D'ailleurs  nous  ne  faiM»ns  dater  la  bibliographie  de  l'albuminurie 
que  du  moment  de  la  découverte  de  la  substance  coagulable  dans  Turine  par  Cotngno. 

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ofùropsy  whieh  nos  not  oripinated  in  Scariet  Fei>er.  In  Transact.  ofa  Society  fbr  the  Impro- 
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d'anasarque  arec  urines  albumineuses,  liée  à  une  altération  des  reins.  Qinique  de  l'hôpital 
de«  Enfantai  malades.  In  Gaz.  Méd.    Paris,  1834.  Vn  cas  de  scarlatine  suivie  d*anasarque. 


540  ALBUMINURIE  (bibliogbaphib). 

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cation»  de  f  urine  dan»  cet  état  morbide  à  f  époque  critique  de»  maladie»  aiguë»  et  dnrmU  le 
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d'un  Traité  de  la  maladie  de  Bright  aux  différent»  âge».  Paris,  1841. 1  vol.  in>8*.— Gratis 
On  the  Treatment  of  Variou»  Bi»eau».  Albuminou»  Urine.  I  n  the  Bublin  Journal  ofMed.  5r 
1842.  — Hblftt.  Be  desquamatione  epidermidi»  alque  epithelii.  Dias.  inaug.  Berolini,  1842 

Simon  (F.).  Ueber  eiwei»»haltigen  Ham.  In  Berlin.  Centralzeitung.— Bam  in  Searlatiua. 
Bod.  loco,  1842.- Malrsteii  Ueber  die  Brightioche  Nierenkrankheit.  Eine  akadem.  Abband* 
lung;  aus  dem  Schwedischen  ilbersetzt,  etc.,  von  Gerhard  v.  Buscb.  Bi^emen.  1812,  iii-8* 
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and  Treatment  of  Dropey.  In  the  Bublin  Journal  of  Med.  Se.  1845.  —  DraRsxn..  Be  rinapectiou 
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—Nasse.  Ueber  die  mikro»kopi»che  Beêtattdlhelle  de»  Ham»  in  der  Brightiechen  Kmnkhefi. 
In  Wiein.  und  Weetphàl.  Med.  Corre»pondenz-BlaU.  1843. 

RoKusoN.    Reuarche»  into  the  Connection  exizting  between  an  Unnatnrêl    Begrte  of 
Compreuion  ofthe  Blood  contaifted  in  the  Rénal  Ve»»el»  and  the  Pre»ence  of  Certain  .4 


ALBUliflNURIE  (bibliographie).  54i 

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Notizbl.  cl  Journ.  de  Pharm.  et  Chim.t  nov.  1864.  — Hoirri.  Le  orine  net  tifo.  In  Guz.  med 
ital.,  1864. —  SiioLER.  Klinische  Studien  iiber  Albuminurie  in  einigen  aeuten  mtf  cftrwwadbv 
Krankheiten.  In  Prag.  Vierteljahrsschrift.  II,  1864.  —  JACGona.  Albuminurie.  luNostueuutM 
de  Méd.  et  de  Chir.  prat.,  t.  I.  Paris,  1864.  —  IIo.xoter.  L'eau  camphrée  est-elle  mn  rtâOif 
de  Valbuminef  Non.  In  Gaz.  hebd.  de  Méd.,  20  janv.  1865.— Goueb.  Letti«  sur  le  mèor 
sujet.  Loc.  cit.,  27  janv.  \^h.— Traitement  de  l'albuminurie.  In  Bull,  de  Thérup.t  nwrv 
1865.  —  RouBAUD  (Félix).  De  f  identité  iF  origine  de  la  gravelle,  du  diabète  et  de  fatkummmne. 
In  Gaz.  des  Hàp.,  avril  1865.  4.  q. 

ALCADINO.  Était  à  la  fois  poète  et  médecin,  et  aussi  bon  poète»  aussi  bon  me- 
decin  qu'on  pouvait  l'être  eu  Tan  1200,  époque  à  laquelle  il  florissait.  Alcadmn 
était  né  à  Syracuse,  en  Sicile,  et,  après  avoir  étudié  à  Salenio,  il  s'y  fixa  pour  »ii 
seigner  la  médecine.  Sa  réputation  le  fit  appeler  à  Naples  auprès  de  l'empertiii 
Henri  VI,  auquel  il  adressa  le  seul  ouvrage  qui  nous  reste  de  lui,  un  poème  «u  le« 
bains  de  Pouzzoles  (de  Balneis  Puteolanis) .  Ce  poème  écrit  en  vers  éiégiaques,  psr 
stances  ou  épigrammes  de  douze  vers  chacun,  a  été  d'abord  attribué  à  Etistauio  di* 
Matera,  et  quelques  critiques  pensent  que  sinon  la  totalité,  du  moins  une  (ariic. 
uppai tiendrait  à  ce  dernier.  Au  total,  Alcadino,  dans  son  épilogue,  annonce  que  i«- 
livrc  sur  les  bains  est  le  dernier  de  trois  ouvi-ages  eu  vers,  dont  le  premier  nipi»- 
lait  les  triomplies  de  Heiu-i  VI,  et  le  second,  les  e.\ploits  de  Frédéric  son  fik.  L» 
première  édition  du  poème  de  Balneis  Puteolanis^  Neapoli,  1505,  in4*,  pork  le 


ALCALESCE.NCK.  Tilo 

nom  d'Eostazzio  de  Matera;  il  lut  est  encore  donné  dans  Tédition  de  Venise  1587, 
iii4*.  Cependant,  à  cette  époque,  Touvrage  avait  déjà  pani  sous  le  nom  d'Alcadino, 
d'abord  par  fragments,  dans  le  traité  de  Lombardi,  Synopsis  eorum  qux  de  balneis 
aliisque  miraciUis  Puteolanis  scripta  sunt  Neap.  1547,  in4^,  et  mêlé  à  quelques 
strophes  signées  du  nom  d*E.  de  Matera, puis  en  entier,  dans  la  grande  collection  des 
joiites  :  de  Balneis  omnia  qux  exstant  apud  Graecos^  etc.  Venctiis,  1553.  E.  B. 

AMJCMMBBT  OU  AlilLUIEST.  Mot  inventé  par  Paracelse  pour  désigner  le 
dissolvant  universel^  qui  a  passé  dans  la  langue  de  lalcbimie  et  a  été  adopté  par 
Van  Helmont. 

Alcahest  de  GlaiAer.  Liqueur  obtenue  par  la'délonation  du  nitrate  de  potasse 
sur  les  charbons  ardents. 

Alcahest  de  Respour.    Mélange  d'oxyde  de  zinc  et  de  potasse.  0.  U. 

AhCAMJBiaCBNCE  {Akalescentia,)  Passage  à  Tétat  alcalin.  Les  sécrétions  et 
les  fluides  de  l'économie,  comme  les  substances  étrangères  à  Torganisme  introduites 
dans  SCS  cavités  naturelles,  peuvent  subir  des  transformations  chimiques  qui  leur 
donnent  la  réaction  alcaline  alors  qu'elles  étaient  préalablement  neutres  ou  acides, 
ou  bien  qui  exagèrent  cette  réaction  si  elle  leur  appartenait  à  Tétat  normal. 

Ce  changement  est  en  rapport  avec  des  dédoublements  et  des  arrangements 
/)K)léculaires  nouveaux  produits  par  des  actions  de  présence  ou  par  de  véritables 
retiueutations.  Mais  ce  sont  surtout  ces  dernières  qui  rendent  compte  de  Talcales* 
ceuce  dans  la  plupart  des  cas. 

L*alcalescence,  trop  facilement  admise  dans  les  deux  derniers  siècles,  est  aussi 
rare  que  Tacescence  est  fréquente.  Néanmoins  elle  existe  indubitablement  dans 
plusieurs  affections  et  peut  être  considérée  comme  probable  dans  quelques  autres. 

Rien  n'est  mieux  établi  par  exemple  que  la  putréfaction  alcaline  de  la.sécrétion 
rénale  dans  le  réservoir  urinaire.  Le  mécanisme  de  cette  transformation  est  par* 
faitcment  connu.  Sous  Tinflucnce  d'un  ferment  développé  aux  dépens  de  la  matière 
azotée  du  mucus,  ou  de  cellules  d*épithéliuni,  l'urée,  s'emparant  de  quatre  molé- 
cules d*eau,  passe  à  Tétatde  carbonate  d'ammoniaque,  et  ce  sel  alcalin  communique 
à  la  liqueur  sa  réaction  propre,  en  même  temps  que  la  faculté  de  mousser  conune 
du  Champagne  par  l'addition  d'un  acide  énergique  capable  de  mettre  instantané- 
ment tout  le  gaz  carbonique  en  liberté. 

Cette  altération  se  rencontre  chez  les  sujets  atteints  de  rétention  d'urine  et  de 
catarrhe  vésicul  ancien,  c'est-à-dire  lorsque  la  substance  susceptible  de  jouer  le 
rôle  de  ferment  est  plus  abondante.  Elle  se  manifeste  de  préférence  après  que  le 
rathétérisme  a  introduit  de  l'air  dans  la  vessie,  les  autres  conditions  des  fermen- 
tations étant  toujours  présentes. 

ïsï  pareille  circonstance  Turine  renferme  des  vibrions  ainsi  que  des  bactéries  et 
le  pus  vésical  acquiert  une  excessive  viscosité,  analogue  à  celle  que  lui  communique 
l'ammoniaque  dans  un  verre  à  expériences. 

Une  alcalescence  semblable  se  produit  parfois  dans  les  foyers  de  suppuration. 
Le  pus,  normalement  alcalin  comme  le  sérum  ou  le  plasma  dont  il  procède,  peut 
devenir  ammoniacal  au  contact  de  l'oxygène  atmosphérique,  et  en  présence  sans 
doate  des  organismes  inférieurs  qui  s'y  développent  dans  cette  condition.  11 
exhale  alors  une  odeur  plus  ou  moins  fétide  et  prend  de  la  viscosité. 

La  communication  de  la  collection  purulente  avec  l'extérieur  n'est  même  pas 
iiidisiHiLsible  à  la  réalisation  du  phénomène,  |K>urvu  ({uc  le  foyer  ne  soit  sépan* 

IUCT.  E-V..  11.  IÎ5 


5iU  ALCALESCENCK. 

de  rttmosphëra  que  par  une  mince  couche  de  tissus.  L  tir  pénètre  alors  par  en- 
dosmose en  sulfisaiite  quantité  pour  déterminer  à  la  longue  toutes  les  modifia- 
tiens  qui  aboutissent  à  rétat  ammoniacal.  C'est  ce  qui  a  lieu  dans  les  abcès  fikide^ 
seus-muqueux,  faisant  saillie  vers  l'intérieur  de  la  bouche  ou  du  pharynx»  et  dan<^ 
cens  qui  sont  situés  au  voisinage  du  ix)ctum.  Telle  est  l'horrible  puanteur  de  c» 
abcès,  qu'on  serait  tenté  de  les  prendre  toujours  pour  des  collcctious  stcroorales.  Lf 
muco-pus  fourni  par  la  muqueuse  de  Scluicider  ulcôrée,  principalement  celui  (pu 
séjourne  dans  les  anîère-cavités  des  fosses  nasales,  subit  habituellement  la  fermen- 
tation putride  et  devient  ammoniacal  dans  le  coryza  chronique  avec  ou  sans  ahc- 
ration  de  la  charpente  osseuse  des  narines.  L'ozène  donne  lieu  en  effet  à  une 
odeur  tellement  dégoAtantc,  qu'il  a  reçu  le  nom  vulgaire  de  punaisie. 

Dans  ces  derniers  cas,  Talcalcscence  est  due,  non  à  de  l'alcali  volatil  libre  ni  2 
du  carbonate  d'ammoniaque,  mais  à  du  sulfhydrate  de  la  même  base. 

Des  altérations  analogues  surviennent  dans  d'autres  cavités  muqueuses  a|ipir- 
tenant  aux  organes  digestifs  ou  à  l'appareil  respiratoire. 

Du  côté  de  la  bouche  on  trouve,  outre  les  abcès  fétides  dont  il  s'e^t  agi  tout  à 
à  l'heure,  les  inflammations  diphthéritiques  gangreneuses,  hémorrhagiques,  qui 
donnent  h  réaction  alcaline,  soit  simplement  par  la  présence  du  sang  et  de  se5 
dérivés,  le  sérum  et  le  plasma,  soit  comme  résultat  de  la  fermentation  putride. 
Les  caries  dentaires,  les  phlegmasies  du  périoste  et  des  os  maxillaires,  les  çenst- 
vites  scorbutiques  et  uloéro-membraneuses,  les  fissures  de  la  langue  dans  b  (icire 
typhoïde,  deviennent  ainsi  l'occasion  d'un  état  ammoniacal  de  la  cavité  buccale. 

L'estomac,  dans  le  cas  de  dyspepsie,  est  également  le  siège  de  fel*rocnlatiol^ 
dégageant  de  l'hydrogène  sulfuré  et  du  sulfhydrate  d'ammoniaque.  Ijcs  renvob  diU 
nidoreux  doivent  leur  caractère  à  la  présence  de  ces  composés  chimiques. 

Bien  que  les  matières  fécales  exhalent  toujours  du  gaz  sulfhydrique  libre  ou  com' 
biné,  cependant  il  y  a  des  circonstances  où  leur  odeur  devient  plus  repou>»ante 
par  le  fait  d'une  véritable  putréfaction  des  substances  qui  ont  échappé  à  l'action 
digestive,  ou  des  principes  azotés  fournis  par  l'économie  elle-même  :  sang,  pla>flia. 
pus,  tissus  sphacélés.  C'est  ce  qu'on  voit  dans  certains  embarras  gastriques ,  b 
dysenterie  et  l'entéro-colite  ulcéreuse  en  général. 

Les  mêmes  phénomènes  se  passent  dans  les  voies  respiratoires,  quand  elles  sont 
affectées  d'inflammations  suppuratives,  d'hémorrhagics  et  que  le  pus  ou  le  saur, 
retenus  dans  la  profondeur  des  conduits  aériens  ou  dans  des  anfractuœités  acci- 
dentelles, ont  le  temps  de  s'y  altérer.  Les  pneumorrhagies  amènent  souvent  une 
odeur  très- désagréable  de  Thaleine,  et  certaines  bronchites ^  qui  sont  dans  le  même 
cas,  ont  mérité  l'épithète  de  fétides,  la  puanteur  étant  assez  forte  pour  rappeler 
celle  de  la  gangrène  pulmonaire. 

Lorsque  de  (lareils  symptômes  existent,  on  s'assure  aisément  de  la  présence  d'un 
alcali  libre,  ou  du  moins  non  saturé,  dans  les  gaz  expirés  et  dans  les  exhabisucb 
buccales.  Un  papier  rouge  de  tournesol ,  humecté  d'eau  distillée  et  maintenu 
devant  la  bouche  béante  par  laquelle  se  trouve  expulsé  l'air  qui  a  ser\i  à  la  respi- 
ration, ne  tarde  pas  à  bleuir,  alors  même  que  l'atmosphère  de  la  chambre  n*e\eivc 
aucune  influence  semblable  sur  la  matière  colorante  végéUile. 

L'histoire  de  l'alcalescence,  pour  la  plupart  des  cas  énumérés  ci-dessus,  se  con- 
fond, on  le  voit,  avec  celle  de  la  putréfaction. 

Voilà  ce  qu'il  y  a  de  mieux  établi  rebtivemenl  à  l'alcalescence  patliologiqiH 
Quant  au  caractère  alcalin  ofibrt  en  quelques  circonstances  par  des  sécrétions  qui  ne 
le  possèdent  pas  habituellement  et  qui  Tout  acquis  en  vertu  de  Tabsenoe  des  acide 


ALCALESCENCE.  047 

iiuiiiiâux  ou  de  l'exagération  de  ht  soude  issue  du  sérum  sanguin,  source  de  la 
presque  totalité  des  sto^tions,  nous  n'avons  rien  à  en  dire,  parce  que  cette  modifi- 
cation des  sécrétions  est  primitive  ti  n'est  pas  le  résultat  d'une  altération  ultérieu- 
rement déterminée  dans  le  liquide  par  des  agents  chimiques  ou  des  corpuscules 
organiques.  D'ailleurs  les  faits  de  cet  ordre  sont  rares  ;  il  n'est  guère  que  l'urine  qui, 
pbysiologiquemeiit  acide,  soit  assez  souvent  sécrétée  alcaline  chez  les  convalescents 
"t  les  sujets  en  qui  le  mouvement  de  dénutrition  est  enrayé.  La  suem'  rougit  tou- 
jours phis  ou  moins  les  couleurs  bleues  végétales  et,  bien  que  j'admette  volontiers 
la  possibilité  du  contraire,  je  dois  déclarer  c|ue  je  ne  l'ai  jamais  observé  d'une 
manière  certaine. 

Mais  c'est  surtout  le  sang  que  nos  prédécesseurs  ont  accusé  de  tourner  à  Tulca- 
losoence  dans  les  maladies. 

Valcaline  est  l'une  des  deux  acrimonies  imaginées  par  Sylvius  et  admises  en 
rirmier  lieu  par  Boerhaave, qui  en  avait  d'abord  reconnu  cinq. 

L'acrimonie  alcaline  reconnaît  pour  cause  les  aliments  animaux  ou  quelques  vé- 
C'étaux  alcalesccnts,  l'abondance  des  matériaux  nutritifs  dans  le  sang,  la  prédo. 
mlnancc  des  principes  actifs  delà  bile,  un  engourdissement  ou  une  stimulation  ex- 
trême du  mouvement  vital,  une  chalem-  excessive.  D'où  :  abolition  de  l'appétit,  soif 
et  rapports  nidoreux,  fétidité  de  l'haleine,  enduit  sale  de  la  langue,  bouche amère, 
di^oût  général  pour  les  aliments,  excepté  pour  les  aqueux  et  les  acides.  Les  hu- 
meurs étant  composées  de  matières  non  assimilées  et  putrides,  il  en  résulte  des 
diarrhées  bilieuses,  des  coliques  spasmodiques  et  inflammatoires.  La  dissolution 
putride  gagne  le  sang,  où  se  développe  l'acrimoirie  alcaline.  La  nutrition  des  solides 
et  des  liquides  s'en  trouve  pervertie,  et  il  se  développe  des  inflanunations,  des  fièvres 
ardentes,  etc. 

Telle  est  en  résumé  la  description  de  l'acrimonie  alcaline  de  Boerbaave.  On  yre- 
connaît  aisément  la  série  des  caractères  des  états  saburral,  bilieux  et  putride.  Pour- 
quoi imposer  h  cet  ensemble  la  dénomination  d'acrimonie  alcaline?  Acrimonie, 
soit,  puisqu'il  était  convenu  entre  chimiatres  que  tout  vice  général  était  constitué 
par  une  modification  chimique  réputée  acre;  mais  alcaline?  Quelle  observation 
justiSe  ce  terme,  si  ce  n'est  que  dans  la  division  dichotomique  adoptée,  l'état  en 
'fuestion  étant  opposé  à  celui  dans  lequel  on  avait  réellement  constaté  l'acidité  de 
certaines  humeurs,  il  devait  nécessairement  présenter  des  réactions  contraires. 

Toutefois  il  n'est  pas  impossible  de  reconnaître  des  traces  d'alcalinité  parmi  les 
conditions  morbides  réunies  dans  la  description  générale  de  Boerbaave.  Les  renvois 
nidoreux  par  exemple  contiennent  évidemment  du  sulfhydrate  d'ammoniaque, 
et,  dans  les  cas  de  putridité  avec  exhalation  de  sang  à  la  surface  des  muqueuses, 
les  cavités  qu'elles  tapissent  deviennent  aisément  le  siège  d^émanations  de  pro- 
duits ammoniacaux,  ce  qui  justifie  l'opinion  ancienne.  Elle  n'aurait  guèreàsepré- 
viloir  au  contraire  de  la  prédominance  d'un  liquide  naturellement  alcalin  tel  que 
la  bile,  si,  comme  nous  le  croyons,  il  est  convenable  de  distinguer  l'alcalinité  de 
f  alcalescence,  de  même  que  Tacescence  a  été  séparée  de  l'acidité  :  l'alcalescence 
exprimant  non  une  surcharge  en  alcali,  mais  bien  le  travail  par  lequel  une  sub- 
stance de  l'économie  passe  accidentellement  à  l'état  alcahn,  de  neutre  ou  acide 
qu'elle  était  d'abord. 

Huxham,  dans  sa  description  de  «an^umi^  resoluto  et  putrido  statu,  pénètre 
plus  avant  dans  l'analyse  des  phénomènes  et  dans  l'étiologie  des  conditions  mor- 
hides  rapportées  à  l'alcalescence.  Il  note  que  le  sel  volatil  huileux  mêlé  au  sang  dé* 
truit  ou  dissout  les  globules  en  moins  d'une  minute.  L'esprit  de  corne  de  cerf  bu  en 


.*••!  magies,  que  déterminent  également,  d'api«$  «vd 
^    -     .n^p  fréquentes  doses  d*aloétiques.  Un  tel  état  du 
.     icnmonie  de  la  diète  et  des  remèdes.  Ainsi  les  ali- 
.  -^   mduisent  chez  les  navigateurs  une  telle  acrimoaif 
^.   ,11  il  en  résulte  les  symptômes  du  scorbut.  Le  célèbre 
^ cures  y-A  jusqu'à  mettre  sur  le  compte  de  la  putri- 
-.    acrimonie  alcaline,  le  fait  suivant  : 
..t  riiié  dans  une  petite  chambre  chauHee,  où  l'on  faisait  S4'- 
^iKia  lie  ciguë,  panes  saccharini  conici,  la  masse  de  5c$ 
,1.   Il  <|ucl(|ues  minutes,  à  ce  point  qu'il  répandit  une  odeur 
..  ^  ..uitt  tellement  dissous  qu'il  teignait  sa  salive.  La  puantt-ur 
k  m  homme,  appelé  à  en  faire  Texpérience,  tomba  eu  lipotliv 
- .  «1.^  rai:K)nnable  d'admettre  qu'il  y  avait  là  des  symptômes  d'em- 

1   ji>  unicine? 

..   tuu>cut  des  sels  alcalins  volatils  et  fixes,  particulièrement  de  la 

..1  >ji\oiineusc  de  la  mère  Stephens,  sont  exposés  aux  mêmes  acci- 

•  ..  .1  expérimenté  les  urines  des  malades  qui  font  usage  d'une  lesfrive 

.     i   einède  de  la  mère  Stephens;  il  les  a  trouvées  alcalines,  et  croit  qu»' 

i  >vi«i:^  le  devient  par  la  même  occasion.  Il  remarque  que  le  sel  volaiu 

«.ic  ail  smg  qui  s'écoule  de  la  veine,  l'empêche  de  se  coaguler.  Enfin  il 

Imposition  générale  :  Omnes  corpoins  humoressiputrescunt,  alkalini 

,.  .  ouiplète  l'ensemble  de  ses  vues  sur  les  conditions  de  l'alcalescence. 

.......Il  lit*  J.  Uuxham  est  bien  déduite  et  repose  sur  des  faits  en  |iartie  bm 

^    .^  V  convenablement  interprétés.  Seulement  le  point  capital  de  la  doctrine, 

.^>si'iivo  proprement  dite,  ou  même  l'alcalinité  exagérée  du  sang,  il  ne  Ti  U- 

.a  N4.U  des  présomptions  et  des  raisons  analogiques.  Dans  la  diathèse  béroor- 

^  ,ac  il  les  états  putrides,  le  sang  incoagulable  ofl'rc  précisément  les  qualilt^ 

ti  communiquent  les  alcalis,  et  spécialement  l'ammoniaque.  En  outre  rc 

..t    d  dtoction  est  quelquefois  produit  par  l'abus  des  substances  alcalines,  e*. 

^(iic  l  urine  se  montre  chargée  d'alcali,  il  est  probable  que  le  sang  en  est  éf  j- 

«ivui  Mluré.  Ajoutez  à  cela  que  le  meilleur  moyen  de  guérison,  que  l'antidote  tic 

.  %  V  Utt  morbide,  c'est  l'usage  des  végétaux  et  des  acides  à  hautes  doses.  Que  f^tut- 

vU  plus  pour  démontrer  qu'on  a  affaire  à  de  l'idcalescence  pathologique?  Ains 

u^Miiu^  le  ^rand  p}  rétologiste. 

Muix  d  no  faut  pas  se  fier  à  l'adage  souvent  trompeur  :  Naturam  morborum 
^A'H%liint  cnrationes.  D'ailleurs  plusieurs  causes  engendrent  l'état  aplastique  du 
,M\^   l\iutcur  anglais,  pas  plus  que  Doerhaave,  n'était  donc  dispensé  de  foamirb 
»  »ru\o  dii'ccte  de  l'alcalinité  excessive  du  sang. 

V  nno  époque  fort  rapprochée  de  nous,  un  observateur  d'un  grand  talent,  k 
jMole^^iour  Treriehs,  a  liiit  revivre,  sous  une  forme  un  peu  dilTércntc,  la  lliéori''  4' 
I  dv  idi'^t'onre  sanguine.  Admettant  la  métamorphose  de  l'urée  en  carbonate  d'snh 
uieiMiupU'  dans  le  lorrcnt  circulatoire,  il  a  cru  pouvoir  attribuer  à  ce  dernier  rorr. 
pivvi',  \  l'rxrliision  de  l'urée  elle-même,  les  accidents  tembles  connus  aujoard'hui 
«ou*  lo  nom  d'Urémie.  Nous  avons  rappelé  ailleurs  {voy.  Albdkiicurie)  les  rai^on^ 
\\\\\  mddiwit  ronlre  celte  manière  de  voir;  elles  sont  nombreuses  et  puissantes,  et 
U  hlupiiri  diH  pathologisles  s'y  sont  ralliés. 

i'M  HUh'i^  médecin  allemand  d'un  grand  mérite  pense  avoir  trouvé  une  nooTell^ 
\k\\\u  i  (^  d'alnd(*Krence.  A  la  fm  de  son  remarquable  travail  sur  la  créatine  et  b  cm* 
iminr,  Kdouard  Schottin  s'exprime  ainsi  :  «  Sans  parler  de  la  thérapeutique  àts 


k.tSwi 


ALCALlMiÎTRlK.  :,40 

affections,  dont  la  créatinurie  est  un  symptôme,  je  veux  encore  appeler  l'attention 
sur  les  troubles  dans  la  composition  du  sang  qu'amène  une  formation  exagérée  de 
créatioine.  Le  sang  devient  beaucoup  plus  alcalescent  quà  Vétat  normal  ;  il  peut 
même  s'y  former  de  V ammoniaque  libre,  \jà  thérapeutique  me  semble  avoir  ici 
pour  tâche  de  combattre  cette  alcalescence  :  on  doit  employer  pour  cela  les  acides 
qui  passent  tels  quels  dans  le  sang,  comme  l'acide  gallique  et  l'acide  phosphori- 
que.  « 

Il  ne  nous  répugne  nullement  do  croire  à  ce  mode  d'alcalcsceuce,  mais  nous  ne 
le  trouvons  pas  mieux  établi  que  celui  dont  Frerichs  a  pris  l'initiative. 

En  somme  il  est  vraisemblable  que  le  sang  renferme  dans  certains  cas  mor- 
bides des  proportions  excessives  d'alcali  fixe  :  il  est  possible  (il  est  probable,  si 
l'on  veut)  que  de  l'ammoniaque  prenne  naissance  dans  la  circulation  aux  dépens  des 
principes  immédiats,  azotés,  dérivés  des  substances  protéiques  ;  mais,  pour  pren- 
dre rang  dans  la  science  à  éoté  des  vérités  de  fait,  ces  hypothèses  plus  ou  moins 
plausibles  réclament  des  preuves  expérimentales  {voy,  Acescekce).     A.  Gublkr. 

BiHJOGftAPHiE.  Nous  réunissoDs  ici  les  indications  bibliographiques  relatives  à  Vacaeence 
ei  à  ïaUaiescence. 

Le?  ftits  d'acescence  se  trouvent  mentionnés  sous  ce  nom  ou  bien  sous  ceux  d*acor, 
figrmê,  addité,  glaires  et  saburres  acides,  et  interprétés  selon  les  doctrines  du  temps  dans 
une  fouie  d'ouvrages  de  médecine.  Nous  avons  seulement  consulté  Iqs  suivants  : 

Gauek.  De  usu  parliutn.  In  Opéra  omnia,  édit.  des  Juntes.  —  Van  Hblhoxt.  Ortits  medi" 
cmx,  etc.  Amstel..  1652.  — Deleboë  (Francisci)  Stlvii,  opéra  tned.  Traject  ad  Rhenum  et 
^mstelod.  1695.  —  Boeriuayb  et  Yav  Swistkn.  Commentaires  de  Van  Swieten  sur  les  Ap/uh- 
ritmes  de  Baerhaave.  In-4*.  Paris,  1755.  —  Habhis.  De  morbis  acutit  infantum.  Lugduni,  1718 
et  Aaistei.  1736.  in-12  —  Nies  Roseîi  de  Kosekstein.  Traité  des  mal.  des  enfants.  Trad.  par 
Ldévpede  ViUebrune,  1778  in-8».— Usderwood.  Traité  des  mal.  desenfUnts.  Trad.  par  le  mémo. 
n86.  —  BAracs.  Traité  des  convulsions.  Paris,  1805.  —  Geicdriv.  Traité  phil.  de  méd.prat. 
Paris,  1858.  ^  Troossbac.  Uçons  cliniques  de  Vhôpital  Necker,  publiées  par  la  Gazette  des 
ffàpitaux,  eipassim.  —  Legexore.  Recherches  anat.,  prat.  et  cliniq.  sur  quelques  mal.  de  l'en- 
fance.  Paris,  Victor  Masson,  1846.  —  Gudler.  Études  sur  V origine  et  les  conditions  de  déve- 
^(fppement  de  la  mueédinée  du  muguet.  In  Mém.  de  l'Acad.  imp.  de  méd,  Paris,  1857. 

Quant  à  l'alcalescence,  elle  se  trouve  explicitement  décrite,  en  opposition  avec  Tacescence. 
dans  tous  les  ouvrages  de  médecine  inspirés  par  la  doctrine  iatro  chimique,  ou  implicitement 
contenue  dans  les  dissertations  sur  l'état  dissous  et  putride  du  sang,  ainsi  que  sur  les 
maladies  caractérisées  par  ce  symptôme.  Outre  les  traités  généraux  inscrits  en  tôte  de  la 
liste  précédente,  nous  citerons  : 

JoACTs  HoxHAHi  Opcro.  Lipsiœ,  1829.  —  Frerichs.  Ueber  die  Ersçheinung  und  das  Wesen 
ifr  Urémie.  In  Ârehiv  fur  physiol.  Heilkunde,  1851.  —  Scbotti!(  (Éd.)-  De  la  présence  de  la 
cr/etine  et  de  la  créatinine  dans  Vurine  et  dans  les  épanchements.  In  Arehiv  der  Heitkunde, 
1860,  t.  L  A.  G. 

ALCAliinÉrnUE.  L'alcalimétrie  est  une  opération  qui  a  pour  but  la  déter- 
mination de  la  quantité  réelle  d*un  alcali  considéré  à  Tétat  d  oxyde  métallique  pur  et 
anhjdre  qui  se  trouve  soit  dans  les  alcalis  caustiques  (potasse  ou  soude),  soit  dans 
ieors  carbonates  à  Tétat  sec,  ou  en  dissolution  dans  l'eau.  Cette  opération  a  pour 
base  la  propriété  que  possèdent  les  oxydes  métalliques  d'exiger,  pour  leur  parfaite 
saturation,  un  équivalent  d'un  acide  monobasique  quelconque  pour  un  équivalent  de 
l'oxyde  considéré,  ou,  en  d'autres  termes,  qu'il  faut,  pour  saturer  une  quantité 
donnée  d'un  alcali,  toujours  la  même  quantité  d'un  mvmc  acide. 

Sapposons  que  nous  fassions  dissoudre  dans  un  litre  d'eau  distillée  le  poids 
exprimé  en  grammes  d'un  équivalent  d'oxyde  de  potassium  pur  et  anhydre,  ce 
pÀls  sera  égal  à  47  grammes  (^  =  59,  0  =  8)  ;  supposons  d'un  autre  côté  que 
nous  fassions  un  litre  d*un  mélange  d'acide  sulfurique  monohydraté  avec  de  l'eau 
distillée  contenant  aussi  le)ioids  exprimé  engi-amnies  d'un  équivalent  de  cet  acide, 


j:»<> 


ALCALlMÉTIllE. 


<oil  49  gnmnies,  il  est  évident  que  des  volumes  égaux  de  ces  dissolutions  se  sain, 
reront  mutuelleroent  très-exactement,  puisque  les  rapports  entre  les  poids  de  Tonde 
ot  de  Tacide  n'auront  pas  été  changés.  On  comprendra  facilement  aussi  que  si  Ya]- 
cali  soumis  à  Texpérience  n  est  pas  pur«  s'il  contient  du  sulfate  ou  du  chlorure 
de  potassium,  47  grammes  n'exigeront  plus  49  grammes  d'acide  sulfurique.  Ces 
deux  dissolutions  ne  se  satureraient  plus  à  volumes  égaux,  et  il  faudrait  d'autanl 
moins  de  la  solution  sulfurique  que  la  solution  alcaline  serait  plus  pauvre,  pv 
exemple  si  le  volume  de  la  solution  acide  exigé  pour  la  saturation  n'est  que  les 
55  centièmes  du  volume  de  la  solution  alcaline,  cette  dernière  ne  contient  par 
litre  que  35  centièmes  de  47  grammes  d'oxyde  de  potassium  pur  et  anhydre,  ou, 
ce  qui  revient  au  même,  la  potasse  soumise  ù  l'expérience  ne  contient  que  les 
35  centièmes  de  son  poids  de  potasse  anhydre. 

Nous  allons  exposer  maintenant  les  détails  de  l'opération.  Il  faut  coomiencer  par 
préparer  la  liqueur  titrée,  liqueur  normale ^  d'acide  sulfurique;  cette  préparation 
exige  quelques  précautions  particulières.  L'acide  sulfurique  du  commerce  n'est 
jamais  à  l'état  de  pureté  parfaite;  il  n'est  pas  non  plus  au  maximum  de  conoentn* 
tion,  c'est-à-dire  à  l'état  de  monohydrate  ;  il  faut  donc  le  distiller  {vay.  Acide  scl- 
FcniQUE),  en  ajoutant  dans  la  cornue  un  peu  de  sulfate  de  protoxyde  de  fer,  pour 
détruire  les  composés  oxygénés  de  l'azote,  si  l'acide  en  contenait.  Le  premier  quart 
du  produit  de  la  distillation  est  rejeté,  parce  qu'il  contient  tout  l'excédant  d'eau  de 
l'acide,  et  on  ne  recueille  que  les  deux  quarts  intermédiaires  pour  la  oompositioo 
de  la  liqueur  acide  normale. 

On  prend  un  vase  (fig.  \  )  ayant  la  forme  d'un  ballon  contenant  exactement  un  litre 
il'cau  distillée  à  la  température  ordinaire,  lorsqu'il  est  rempli  jusqu'à  un  trait  BC 
gmvé  sur  le  col,  et  on  le  remplit  à  moitié  d'eau  distillée.  D'un  autre  oôté,  on  pèse 
très-exactement  100  grammes  de  l'acide  sulfurique  purifié  dans  une  petite  fiole, 
et  on  le  verse  lentement  dans  la  carafe,  en  ayant  soin  d'imprimer  à  ce  vase  un 
mouvement  giratoire  pour  mélanger  rapidement  les  liqueurs,  et  on  lave  plusieurs 

fois  la  fiole  avec  de  l'eau  que  Ton  re- 
^^ç^  verse  chaque  fois  dans  le  vase  A.  Pé- 

dant le  mélange,  la  température  du 
liquide  s'est  considérablement  élerée: 
il  faut  attendre,  avant  de  remplir  l« 
vase,  qu'elle  soit  revenue  à  b  lempî^ 
rature  ambiante  ;  on  ajoute  alors,  stcc 
une  pipette,  de  l'eau  jusqu'à  ce  que  K 
point  d'affleurement  soit  exactement 
obtenu.  La  liqueur  normale  ainsi  pré- 
parée est  conservée  dans  un  fiscnc 
bien  bouché. 

Pour  pouvoir  a{^récier  très^xarl^ 
ment  le  volume  de  cette  liqueur  en- 
ployée  a  la  saturation  de  l'alcali,  on 
fait  usage  d'un  petit  appareil  en  Tem 
appelé  bureUe  {fig.  2).  Cette  burettr 
miplio  jusqu'à  la  division  supérieure,  elle  contient  exadeoMitf 
!ul)es;  les  divisions  sont  au  nombre  de  cent;  chacune  d'elleicixi 
uent  un  demi-centimètre  cube  ;  elles  sont  gravées  sur  le  gros  (ni* 
vont  en  descendant,  ayant  le  léro  en  haut  et  le  n*  100  m  b» 


Km.  I. 


Fig.  ± 


ALCAMMKTRIE. 


:>51 


l'.iro  à  pouvoir  lire  immédiatement  le  nombre  des  demi-centimètret  cubes 
•<.  D'api  es  la  composition  de  la  liqueur  acide  normale,  on  Toit  aussi  que 
rctte  remplie  contient  5  grammes  d*acide  suHurique  monohydraté. 

^1  b  liqueur  normale,  au  lieu  de  5  grammes  d'acide  sulfurique,  n'en  contenait 
'r\U  (poids  de  son  équivalent  en  décigrammes)  par  50  centimètres  cubes»  il 

idroit,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut,  4*%?  de  potasse  anhydre  pour  la 

tMrer  ;  mais  l'usage  a  prévalu  de  composer  cette  liqueur  avec  5  grammes  d'acide: 

Il  ijiit  donc  augmenter  le  poids  de  la  potasse  en  proportion,  et  en  prendre,  pour  un 

s(i  iilcalimélrique,  un  poids  de  4^,81 6  ;  de  môme,  pour  la  soude,  au  lieu  de  3s%1 , 
j  tant  en  prendre  5'',i85. 

Pour  s'assurer  de  la  saturation  parfaite  de  l'alcali  que  l'on  veut  essayer,  on  fait 
iKige  de  la  teinture  de  tournesol.  On  sait  que  cette  teinture  d'un  beau  bleu 
{Kisse  au  rouge  si  on  y  ajoute  la  plus  petite  quantité  d'un  acide,  mais  la  nuance 
rouge  produite  varie  suivant  la  nature  de  l'acide  ajouté.  L'acide  est-il  énergique, 
comme  les  acides  sulfurique,  azotique,  chlorhydrique,  etc.,  on  obtient  un  rouge 
clair,  rouge  pelure  d'oignon;  les  acides  faibles  au  contraire,  tels  que  l'acide  car- 
bonique, borique,  etc.,  produisent  un  rouge  plus  foncé,  rouge  vineux.  On  prépare 
cette  teinture  en  faisant  dissoudre  trois  ou  quatre  petits  pains  de  tourneiol  du 
commerce  dans  un  décilitre  d'eau  distillée  bouillante  et  filtrant  la  liqueur. 

Pour  faire  un  essai  alcalimétrique,  on  s'y  prend  de  la  manière  suivante.. Suppo- 
sons que  nous  ayons  une  potasse  (carbonate)  du  commerce  à  essayer,  on  prend 
dans  dîiTérents  endroits  de  la  masse  à  essayer  des  fragments,  de  manière  à  obtenir 
un  échantillon  qui  présente  à  peu  près  la  même  composition  que  la  masse  entière. 
On  concasse  et  Ton  mélange  tous  ces  fragments,  et  l'on  en  pèse  exactement  i&ffl  6, 
c'est-à-dire  dix  fois  la  quantité  qu'il  faut  pour  un  essai.  Cette  quantité  est  dissoute 
dans  un  volume  d'eau  tel,  que  la  dissolution  remplisse  exactement  une  éprouvette 
jaugée  d'un  demi-litre.  Ce  volume  est  indiqué  par  un  trait  gravé  sur  le  verre. 
Pour  obtenir  cette  dissolution,  on  triture  la  potasse  dans  un  mortier  en  verre  avec 
à  peu  près  100  grammes  d'eau  ;  le  liquide  est  filtré  dans  Téprouvette,  et  le  mor- 
tier rincé  à  plusieurs  reprises,  et  les  eaux  de  lavages  versées  sur  le  filtre,  de  ma- 
nière à  faire  passer  toutes  les  parties  so- 
lobles  dans  l'éprouvette;  on  finit  de  rem- 
plir cette  dernière  jusqu'à  eifleurcment  du 
trait,  à  l'aide  d'une  pipette  (fig.  5),  et  on 
mélange  la  dissolution  très-exactement. 

En  prenant  de  cette  dissolution  la 
dixième  partie,  c'est-à-dire  50  centimètres 
cubes,  il  est  clair  que  cette  quantité 
renferme  exactement  4'',816  de  potasse. 
On  se  sert  pour  cela  d'une  pipette  jaugée 
contenant  rigoureusement  50  centimètres 
cubes,  quand  elle  est  remplie  jusqu'à  un 
trait  d'eineurement.  On  remplit  la  pi- 
pette en  plongeant  la  pointe  dans  le  li- 
quide et  en  aspirant  avec  la  bouche  jus- 
qu'à ce  qu'elle  soit  remplie  jusqu'autrait; 
on  la  vide  dans  un  vase  cylindrique  en  verre  de  la  forme  de  la  figure  i,  et  on 
colore  la  liqueur  avec  quelques  gouttes  de  teinture  de  tournesol.  D'un  autre  côtr 
on  remplit  b  burette  avec  la  liqueur  acide  normale,  puis  de  la  main  gauche  on 


Fijr.  r». 


Fir.  4. 


552  ALCALIS. 

ssûsit  le  vase,  et  en  lui  donnant  continuellement  un  mouveroent  de  Totatioo 
pour  mélanger  rapidement  les  liqueurs,  pendant  que  de  la  main  droite  on  Tene 
lentement  la  liqueur  acide  par  le  bec  de  la  burette.  Les  premières  aflusions  ne 
produisent  ni  dégagement  d'acide  carbonique,  ni  changement  de  couleur  ;  c*esl 
seulement  quand  la  moitié  du  carbonate  de  potasse  est  décomposée  que  refferre»- 
cence  commence,  car  l'acide  carbonique,  au  lieu  de  devenir  libre,  se  combine  net 
le  carbonate  neutre  non  encore  décomposé,  pour  former  du  bicarbonate,  et  c\s( 
ce  dernier  qui,  attaqué  à  son  tour,  laisse  dégager  son  acide  carbonique.  C'est  alor« 
aussi  que  la  liqueur  prend  la  teinte  rouge  vineuse  produite  par  cet  acide  carbo- 
nique, teinte  qui  persiste  jusqu'à  ce  que  tout  le  bicarbonate  soit  à  son  tour  i)^ 
composé.  Une  seule  goutte  de  la  liqueur  normale  de  plus  produit  alors  immédia- 
tement le  rouge  pelure  d'oignon,  et  l'opération  est  terminée.  Pour  pouvoir 
mieuK  juger  de  la  diiTérence  des  teintes,   il  est  utile  de  placer  le  vase  au-dt^ 
»us  d'une  feuille  de  papier  blanc.  11  ne  reste  plus  maintenant  qu'à  lire  sur  b 
burette  le  nombre  de  demi-centimètres  cubes  employés  pour  connaître  la  richesse 
de  la  potasse.  Si  par  exemple  ce  nonibre  est  égal  à  52,  cela  veut  dire  que 
100  kilogrammes  de  la  potasse  essayée  contiennent  52  kilogrammes  de  pota>^ 
pure  et  anhydre. 

11  est  inutile  de  dire  que  si  l'on  avait  eu  de  la  potasse  caustique  au  lieu  de  carbo- 
nate, la  couleur  serait,  immédiatement  passée  du  bleu  au  rouge  vineux  ;  le  bicar- 
bonate de  potasse  au  contraire  aurait  laissé  échapper  de  l'acide  carbonique  dc^ 
les  premières  gouttes  de  la  liqueur  acide. 

Un  essai  de  carbonate  de  soude  ou  de  soude  caustique  se  ferait  exactement  Je  b 
même  manière,  avec  cette  différence  seulement  qu'il  faudrait  en  prendre  S1^%^0 
pour  iaire  un  demi-litre  de  dissolution. 

On  peut  aussi,  par  l'alcalimétrie,  essayer  les  sels  alcalins,  dont  l'acide  faible  n^ 
fait  que  virer  au  rouge  vineux  la  teinture  bleue  de  tournesol.  Au  nombre  de  ces  seb 
se  trouve  le  borax  (hihor^iie  de  soude).  Pour  faire  un  essai  de  borax,  on  calcule 
le  poids  de  ce  sel,  supposé  anhydre,  qui  serait  complètement  décomposé  {or 
5  grammes  d'acide  sulfurique  monohydralé.  Ce  poids  est  de  10*%282.  On  fait  dis- 
soudre celte  quantité  de  sel  à  essayer  dans  50  centimètres  cubes  d'eau,  et  on  a^ii 
comme  pour  la  potasse  ou  la  soude.  Tant  que  tout  le  borax  n'est  pas  décomposé, 
l'acide  borique  mis  en  liberté  ne  produit  que  le  rouge  vineux.  La  décomposition 
est-elle  complète,  une  seule  goutte  de  la  liqueur  acide  normale  donne  le  roore 
pelure  d'oignon,  et  indique  ainsi  le  moment  précis  de  cette  décomposition.  Si  le 
borax  est  pur  et  anhydre,  il  faut  évidemment  cent  divisions  de  la  burette  graduée; 
si  c'est  au  contraire  du  borax  prismatique  pur  (renfermant  10  éq.  d'eau) ,  h  déaiOH 
position  est  produite  par  52,2  divisions,  et  le  sel  renferme  52,2  pour  100  de  borjU 
réel.  Lrrx. 

AIjCAUS  (de  l'arabe  aly  la;  kali,  potasse).  On  donne  ce  nom  à  des  la>rs 
inorganiques  ou  organiques  plus  ou  qioins  solubles  dans  l'eau,  ayant  un  goût  dt^ 
lessive  (alcalin)  qui  peut  varier  du  degré  le  plus  faible  jusqu'à  la  cauiytirilé.  il> 
ramènent  au  bleu  la  teinture  de  tournesol  rougie  par  un  acide  ;  ils  verdissent  le» 
couleurs  de  la  violette,  des  fleurs  de  mauve,  du  chou  rouge,  etc.,  cliangent  h 
couleur  rou^e  du  bois  de  Fernambouc  en  violet  et  la  couleur  jaune  du  curuinui  ri 
de  la  rhubai'be  en  rouge  brun.  Ils  ont  la  plus  grande  affinité  pour  les  addes,qu  il« 
|M'uvent  Kiturer  complètement,  et  former  avec  eux  des  sels  complètement  neutre^ 
<  Ml  les  divise  en  : 


AL€AL0FDES.  Ti-Vi 

i*  Alcalis  purs  et  fixes.  Ils  possèdent  les  caractères  indiqués  au  plus  haut 
degré;  ik  sont  surtout  remarquables  par  leur  causticité  ;  ils  sont  très-solubles  dans 
Teau  et  .dans  Talcool,  et  forment  avec  l'acide  carbonique  des  sels  aussi  très- 
soluUes  dans  Teau.  Ces  alcalis  sont  :  la  potasse  (alcali  végétal),  la  soude  (alcali 
miuéralj  et  la  lithine. 

S**  Alcalis  terreux  ou  terres  alcalines.  Ils  sont  moins  caustiques,  moins  solu- 
Ues  dans  l'eau  et  l'alcool  que  les  précédents  ;  avec  l'acide  carbonique,  ils  forment 
(tes  5els  insolubles  dans  l'eau.  Ce  sont  :  la  baryte,  la  stronliane  et  la  chaux. 

3'  Alcali  volatiL     (Voy.  ammoniaque.) 

4**  Alcalis  organiques.    {Voy.  Alcaloïdes.)  Lur/. 

ÂMÂ^AMjmwnEH.  On  désigne  sous  le  nom  d'alcaloïde  on,  improprement,  de 
base  organique,  tout  composé  se  comportant,  u  l'égard  des  acides,  comme  l'ammo- 
niaque, c'est-à-dire  pouvant  se  combiner  directement  et  former  des  sels  tant  avec 
les  acides  qu'avec  les  hydracides,  sans  qu'il  y  ait  dégagement  d'eau,  sauf  le  cas  où 
les  corps  agissants  seraient  hydratés. 

Le  premier  alcaloïde  a  été  signalé  dans  l'opiiun  par  Derosne  en  1805,  et  étudié 
par  Sertuerner  en  i  81 7.  Depuis  cette  époque,  un  grand  nombre  d'alcaloïdes  ont  été 
Litraits  des  plantes,  ou  préparés  par  des  moyens  artificiels,  de  façon  qu'on  peut  et 
qu  on  doit  même,  pour  en  faciliter  l'étude,  les  diviser  eu  alcaloïdes  artificiels  et  eu 
alcaloïdes  natureb. 

PBOPRiirÉs  GÉNÉRALES.  Tous  Ics  alcaloïdcs  sont  azotés,  et  ceux  qui  préexistent 
dans  les  végéUiux  sont  généralement  lévogires,  c'est-à-dire  qu'ils  dévient  à  gauche 
le  plan  de  polarisation  de  la  lumière  polarisée.  Leurs  dissolutions  salines  sont 
Recomposées  sans  exception  par  le  chlorure  de  platine  et  donnent  lieu  à  un  pré- 
cipité formé  d'un  double  chlorure  semblable  à  celui  auquel  donne  naissance  un 
sel  anuDoniacal  ordinaire.  Ces  mêmes  dissolutions  produisent  un  précipité 
abondant  lorsqu'on  les  met  en  contact  avec  de  l'acide  phosphorique  dans  lequel  on 
a  introduit  goutte  à  goutte  du  perchlorure  d'antimoine  (réactif  de  Schulze),  ou 
bien  encore  lorsqu'on  y  verse  de  l'acide  phosphomolylxlique  (réactif  de  Y17).     * 

Presque  tous  les  alcaloïdes  naturels  sont  solides,  iixes  et  inodores.  Font  excep- 
lion  à  cette  règle  :  la  conine^  extraite  de  la  ciguë,  et  la  nicotine,  extraite  des 
feuilles  de  tabac,  ces  deux  alcaloïdes  étant  liquides,  volatils  et  odoi*ants.  Parmi  les 
alcaloïdes  artificiels,  on  en  trouve  au  contraire  de  solides,  de  liquides  et  de 
puteux,  et  l'eau  les  dissout  tous  avec  plus  ou  moins  de  facilité,  tandis  que  les  alca- 
iouies  naturels  ne  se  laissent  dissoudre  que  par  l'alcool  et  l'éther. 

L'action  des  alcaloïdes  naturels  sur  l'économie  est  presque  toujours  très-éner- 
gique :  employés  à  petite  dose,  ils  sont  souvent  des  médicaments  précieux  ;  à  une 
dose  élevée,  ils  deviennent  des  poisons.  Au  point  de  vue  de  la  thérapeutique,  on  ne  , 
peut  rien  dire  sur  l'action  des  alcaloïdes  artificiels,  puisqu'ils  n'ont  piis  encore  été 
l'objet  de  recherches  suivies. 

U  est  rare  que  l'on  rencontre  dans  les  plantes  des  alcaloïdes  à  l'état  isolé  ;  ils 
sont  en  général  combinés  avec  des  acides  de  nature  organique  et  parfois  avec  des 
acides  minéraux.  Les  sels  alcaloïdiques  sont  tantôt  solublos,  tantôt  insolubles  dans 
foau,  suivant  l'acide  qu'ils  renferment.  Ainsi  les  sulfates,  les  chlorures,  les  acé- 
tates, sont  tous  solubles,  tandis  que  les  tartratcs,  les  gallates,  les  oxalates,  les  qui- 
oates,  les  méconates,  et  surtout  les  tannâtes,  sont  tous  insolubles. 

PaiPARATioji.  Les  conditions  diverses  de  solubilité  des  sels  alcaloïdiques  natu- 
rels déterminent  le  choix  des  procédés  d'extraction  des  alcaloïdes.  Les  sek  solubles 


i.laloIi>es. 


Muie  aux  prlies  des  plantes  qui  les  rcnteriDeDl, 

•oi^tiuii.  Ctsai  qui  sont  insolubles  sont  traités  de  la 

at     ja  doit  étro  acidulée  préalablement  par  de  Tj- 

ib»  'lydriqoe.  De  coite  manière  Talcaloîde  se  trouu 

.'.'   uii»nire,  et  par  conséquent  à  l'état  de  sel  soloblc. 

.A  jiûiiie^  on  suivra  les  procédés  ordinaires,  fondés  »ur 

est-il  insoluble,  il  sera  mis  en  liberté  par  une 

expolsc  par  une  base  fixe.  Une  fois  rendu  libre. 

-   .»*4ui.oiis  et  des  cristallisations  réitérées  at  successives, 

.    u»  '  iher,  ou  bien  encore,  s'il  est  liquide  et  volatil,  pr 

^   jiuut  de  fois  qu'il  sera  nécessaire,  pour  que  son  point 

invariables. 

oatorek  les  mieux  connus  : 


uvmiiie. 
imuoe. 


'Il 
>închniiie. 


PtMMCLE. 

C*H»A2*05.  .. 
C«B«*^zO«.  . 
C»H«AiO«.  . 
CS*H«AïO»o.  . 
C««H««Ax.  .  . 
C«II«A20«.  . 
C5«H«9A20e-h2 
C«»H*«AzO«.  . 
C?«fI«»AzOW.  . 
C*«H«AzO*.  . 
C»ll«AzO«.  . 
C^II«Az»0«.  . 
C"HWAz«0«  . 
C«H«Az«0*.  . 
C*«H««Az«08.  . 
C^H«*Az«0«.  . 
C«fl**Az*0*.  . 
C»«H'OAz*0*  4-  2 
(?*H*UzO«. 
C»flMAz«.  . 
C»*H«A20«. 
C<«H»«AzW.  . 
C««H«Az*0*. 


aq 


aq 


iOCRCE. 

Famille  des  Berbéridées. 
—         Golchicacées. 


Fitmariacées. 
OmbelUiëret. 
Papavéracées. 


Peganum. 

Rtibiacées. 


—         Solanées. 


—         Slrtclinées. 


••tX 


..^ur  .\;ict«$qnVlles  soient,  ces  formules  ne  peuvent  donner  aucune  idée  sur 
^,*^^x^M  «ksooqis  qu'elles  représentent.  Pour  aborder  ce  sujet  si  intéressant, 
>v  <«.\v$;ftirv  de  connaître  les  principaux  traits  de  l'histoire  des  alcaloïdes  artilî- 
^^>v  ««oH^ue  c^e$t  de  leur  étude  qu'a  jailli  la  lumière  qui  s'est  faite  sur  la  nature 

^«^MÉ««  ■■iWiIrti.  M.  Wœbler,  en  faisant  voir,  en  1838,  que  lorsque 
^  ^«r  .vittn(i^  o>t  mis  en  contact  avec  l'ammoniaque  il  donne  naissance  â  de 
(.  •  1 ,  'itotitn  kl  |V«sibilité  de  faire  des  alcaloïdes  par  voie  synthétique,  puisque 
..«%.  vtvt^  a\(V  ces  corps  les  mêmes  propriétés  chimiques  fondamentales. 

(1^  tft$  |4u!!^  Urd,  en  iSâ.!,  MM.  Dumas  et  Pelouze  préparèrent  un  noavelala- 
«^^^  ia  Uki\M^fHfminf^  en  faisant  agir  l'ammoniaque  sur  l'essence  de  moataide. 
«Mi^«*  sttix;ftnte,  M.  Liobig  découvrit,  coup  sur  coup,  trois  nouveaux  alcalcndes  :  1: 

^.jim^t^^  Hi  distillant  du  sulfocyanhydrate  d'ammoniaque;  Yamméline  ei  Vam- 

«iwuc\  <M  dtxtMipo^nt  la  mélamine  par  les  acides. 
ïNi^w^taioM.    |)ès  re  moment  les  découvertes  de  nouveaux  alcaloïdes  aitifidel^ 

v^  ^v«*  MixMê  d'année  en  année,  par  les  procédés  les  plus  divers^  tântdi  eo  di^^l- 


ALCALOÏDES.  555 

bnl  certaines  substances  organiques  azotées,  tantôt  en  décomposant  par  la  potasse 
certains  alcaloïdes  naturels,  ou  des  éthers  cyaniques,  ou  bien  en  décomposant  par 
I  hydrosnliàte  d'ammoniaque,  ou  par  Tacétate  de  protoxyde  de  fer,  des  carbures  d'hy- 
drogèoe  nitrés,  ou  bien  encore  en  faisant  agir  des  éthers  baloides  sur  certains  alca- 
loïdes artificiels  et  sur  l'ammoniaque.  De  tous  ces  procédés,  auxquels  on  pourrait 
en  ajouter  un  bien  plus  grand  nombre,  les  plus  féconds  ont  été  et  sont  encore  : 

1^  L'action  réductrice  de  Thydrosulfate  d'ammoniaque  sur  les  carbures  d'by- 
drogène  nitrés  (Zinin,  Journal  f.  prakt.  Chem.,  t.  XXVll,  p.  149  ;  t.  XXXVI,  p.  98)  ; 

2*  L'action  de  la  potasse  sur  les  éthers  cyaniques  et  sur  les  urées  (Wurtz, 
Annales  de  chimie  et  de  physique,  S*"  série,  t.  XXX,  p.  445)  ; 

5*  L'action  des  éthers  haloïdes  sur  l'ammoniaque  et  les  alcaloïdes  (Hofmann, 
Annales  de  chimie  et  de  physique,  5*  série,  t.  XXX,  p.  87;  t.  XXXHI,p.  108: 
Transactions  philosophiques,  part.  1, 1850,  p.  93). 

Eo  1842,  H.  Zinin,  de  Cassan,  trouva  que  certaines  substances  organiques,  et 
notamment  les  carbures  d'hydrogène,  étant  soumises  à  Tactioii  de  l'acide  azotique 
fumant,  changent  une  partie  de  leur  hydrogène  contre  une  quantité  équivalente 
dliyponitride  AzO*,  et  que  ces  nouveaux  corps  nitrés,  soumis  à  leur  tour  à  l'action 
de  l'hydrosnlfate  d'ammoniaque,  abandonnent  au  réactif  leur  oxygène  en  échange 
d'hydrogène,  et  il  en  résulte  un  composé  azoté  doué  de  toutes  les  propriétés  chi- 
mkpies  des  alcaloïdes. 

Ainsi,  qu'on  opère  par  exemple  avec  le  carbure  d'hydrogène  qu'on  appelle  ben- 
zine, on  aura  : 

!•  Ciîfl»  ^-  AzO»HO  =  C"H»0*Az  4-  2H0 

Iknzine.        Acide  axolique.  Kitrobenxine.  Eau. 

2«    C"H»0»Az    -t-     ôHS.AzH»    =    C"HUz  +  6AzH»  +  6S  +  4H0. 

Xirobifiiiiie.       Rycfa'OMilfatc  d'ammoniaque.       Aniline. 

C'est  par  de  semblables  réactions  que  Ton  a  obtenu,  en  outre  de  l'aniline, 

La  naphtylamine.  .  =  C*>H'Az 
L'azonaphtylamine. .  =  C^fl^^Ai' 
La  toluidine.   .   .   .  =  C»*Il»Az 
La  xylidine      .   .   .  =  C<«H«Az 
La  cumidine.  .  .  .  =  C>*H«Ai 
La  cymidine.  ...  «  C»H«Az 

En  1849,  M.  Wurtz  énonça  que  les  groupes  moléculaires  désignés  sous  le  nom 
de  radicaux  alcooliques  (méthyle,  C*H*;  éthyle,  C*H',  etc.),  peuvent  remplacer, 
dans  un  composé,  une  molécule  d'hydrogène,  sans  que  les  propriétés  fondamen- 
tales du  composé  soient  modifiées  par  l'effet  de  cette  substitution.  L'ammoniaque 
par  exemple  changera  une  de  ses  molécules  d'hydrogène  contre  un  radical  alcoo- 
lique quelconque,  tout  en  restant  ammoniaque  sous  le  point  de  vue  de  ses  proprié- 
tés Aimiques. 

Pour  arriver  à  cette  belle  découverte,  M.  Wurtz  a  fait  agir  la  potasse  sur  les 
éthers  cyaniques.  Exemple  : 

^    C«H»,C«AzO    4-    KO,nO   =   2K0,C0«    +    CMPAz. 

Cth«r  méthylcranique.  Polane.        Carbonate  de  poU!(<e.         Hèthylaminc 

n  est  arrivé  au  même  résultat  par  l'action  de  la  potasse  sur  les  urées  compo- 
sées, et,  de  même  que  ce  réactif  engendre  de  l'ammoniaque  en  agissant  sur  l'urée 
ordinaire,  de  même  il  produit  de  la  méthylamine  s'il  agit  sur  de  la  méthylurée, 
(  est-4-dire  de  l'urée  dont  une  molécule  d'hydrogène  se  trouve  remplacée  par  une 
molécule  de  méthyle.  Les  équivalences  suivantes  rendent  évidentes  ces  réactions 
remarquables. 


•'•Ki  alcaloïdes. 

1"  (?H»A2»0' +  2K0,H0  =  2K0,C0«  +  2AzFP: 

Vrée.  Potasse.         Carbonate  de  pola»»c.    Ammoniaque. 

2*»  *CH«Az»0«  +  2KO,nO    =  2K0,C0»  ^-   AzlP  H- CTPAz. 

MètbylunV.  Htibylamiap. 

C'est  de  la  soile  que  M.  Wurtz  a  décou\erl  les  ammoniaques  composées,  dont  oo 

compte  autant  qu'il  y  a  de  radicaux  alcooliques,  telles  sont  : 

La  inéthylamine.  .   .  CHUz 

L'éthylamine G«H'Ai 

La  butylamine.  .   .   .  Cflo"Ai 

L'amylamine C*oH»Az 

etc.  etc. 

Les  mêmes  résultats  que  H.  Wurtz  venait  d  obtenir  par  voie  indirecte,  e(  doai 
l'interprétation  devait  par  cela  même  avoir  un  caractère  hypothétique,  furent 
atteints  directement,  avec  beaucoup  d'autres  tout  aussi  importants,  peu  de  teni(£ 
après,  en  1850,  par  H.  Hofmann,  et  par  dos  moyens  tellement  simples,  que  nuu- 
seulement  ils  confirmèrent  d'une  manière  éclatante  la  théorie  de  M.  Wurti,iitti> 
jf'tèrent  une  lumière  inattendue  sur  la  constitution  des  alcaloïdes  naturels. 

Constitution.  M.  Hofmann  se  souvenant  que,  par  l'action  du  ohlonire  de  cyano- 
gène sur  l'aniline,  il  était  parvenu  à  substituer  dans  cet  alcaloïde  une  molécule  de 
cyanogène  à  une  molécule  d'hydrogène,  il  se  demanda  si,  en  faisant  agir  duchlonirr. 
ou,  pour  plus  de  commodité,  du  bromure  de  méthylc,  d'éthyle,  d'amyle,  etc.,  etc.. 
sur  de  l'ammoniaque,  il  n'obtiendrait  pas  la  méthylamine,  l'éthylamine,  l'anijla- 
mme,  etc.,  etc.,  de  H.  Wurtz.  Le  succès  de  cette  expérience  aurait  montré  que  k> 
nouve;mx  alcaloïdes  étaient  bien  de  rammonia({ue,  dont  une  molécule  d'hydrogène 
était  remplacée  par  une  molécule  de  méthyle,  ou  d'éthyle,  ou  d'amyle,  etc.,  ek. 

A  cet  eiïet,  M.  Hofmann  introduisit  dans  des  tubes  de  verre  des  méUn^jt^ 
d'ammoniaque  et  de  différents  éthers  bromhydriques  (bromures  de  métliylf. 
d'éthyle,  etc. ,  etc.)  en  dissolution  alcoolique,  scella  les  tubes  à  la  lampe,  et  les  iotro- 
duisit  dans  un  appareil  spécial  pour  les  soumettre  à  la  température  de  Teau  bouil* 
lante.  Au  bout  do  quel([ues  heures,  les  parois  intérieures  des  tubes  étaient  tapi*^' 
secs  de  cristaux  de  bromhydrate  d^ammoniaque,  et  le  liquide  tenait  en  dissolutiun 
les  bromhydrates  des  alcaloïdes  prévus,  que  la  potasse  rendit  libres  par  une  bimpic- 
distillation.  Voici  l'expression  des  réactions  accomplies,  limitée  au  cas  spécial  di"  t< 
formation  de  la  méthylamine  : 

^  '    C«Jl^Dr  4-  AzH»  =  CWÀz,IlBr 

Bruroure         AininoDi:u|uf.        Bromhydratf 
de  ini>lhyle.  de  niôthy lamine. 

-l'  C?H»Az,HBr  H-  KO  =  C«H»Az  -*-  KBr  -4-  HO 

Bromhydr.ntf  Polatse.       Xélhylamint*.       Bromure  E.iu. 

iU'  nu'ttniainiiie.  de  puUis»iuin. 

M.  Hofmann  alla  encore  plus  loin.  Si  la  méthylamine  et  l'éthylamine  sont  vrai- 
ment de  l'ammoniaque  modifiée  par  substitution,  mais  encore  intacte  dans  soo 
type  chimique,  pourquoi  ne  se  comporteront-elles  pas  à  leur  tour  comme  de  l'am- 
moniaque  vis-à-vis  des  éthers  haloïdes?  En  d'autres  termes,  pourquoi  Vociuii 
substituante  des  bromures  à  radicaux  alcooliques  se  limiterait-elle  au  dépbcenkiit 
d'une  seule  molécule  d'hydrogène,  et  pas  de  deux  et  de  trois?  L'expérience  con- 
finna  le  raisonnement,  et  l'heureux  expérimentateur  parvint  par  le  même  pn>- 
cédé  à  obtenir  non-seulement  de  nouvelles  ammoniaques,  dans  iGsqueilt:^  b 
seconde  et  la  troisième  molécule  d'hydrogène  étaient  remplacées  par  une  ou  dt  ui 
molécules  d'un  radical  alcoolique,  mais  de  plus  il  obtint  de  véritables  ammomum 
dont  les  quatre  molécules  d'hydrogène  étaient  remplacées  par  un  égal  nonilire  de 
molécules  de  radicaux  alcooliques.  Et  ce  qu'il  y  a  de  vraiment  remarquable,  iV?i 
qu'en  décomposant  par  l'oxyde  d'argent  hydi'até  les  bromures  de  t'es  nouu*.tu\  f.  * 


ALCALOÏDES.  557 

moniam,  ceux-ci  étaient  mis  en  liberté  à  Tétat  d'oxyde  hydraté,  et  pom-vus  de 
toutes  les  propriétés  des  bases  alcalines  proprement  dites,  comme  le  serait  indu- 
bitablement Toxyde  d'ammonium  lui-même,  si  Ton  parvenait  à  l'isoler. 

Encore  un  mot,  et  le  lecteur  pourra  se  faire  une  idée  de  l'importance  et  de  Fé- 
(endue  des  découvertes  de  M.  Ilofmann. 

Convaincu  de  la  conservation  du  type  ammoniaque  y  d:ins  les  nouveaux  compo- 
sés, quel  que  fiit  le  radical  substituant,  H.  Ilofmann  pensa  qu'on  devait  pouvoir 
obtenir  des  alcaloïdes,  on  des  ammoniaques  modifiés  par  substitution,  non-seule- 
ment d'un  radical,  mais  de  plusieurs  radicaux  à  la  fois.  L'expérience  vint  encore 
confirmer  cette  prévision,  et  sims  changer,  en  quoi  que  ce  soit,  la  méthode  expéri- 
mentale, H.  Ilofmann  parvint  à  préparer  des  alcaloïdes  et  des  anmionium,  les 
uns  contenant  trois  radicaux  alcooliques  de  différente  nature,  et  les  autres  quatre. 

Ce  qui  précède  montre  combien  est  grand  le  nombre  des  alcaloïdes  artificiels, 
dont  la  constitution  est  incontestablement  la  même  que  celle  de  l'ammoniaque. 

Ce  nombre  deviendra  assez  considérable  |X)ur  effrayer  l'imagination,  si  l'on 
songe  que  les  radicaux  alcooliques,  pouvant  se  substituer  à  l'hydrogène  dans  l'am- 
moniaque, ne  sont  pas  tous  uionoatoniiques  et  qu'il  y  en  a  dont  une  seule  de  leurs 
molécules  peut  se  substituer  à  plusieurs  molécules  d'hydrogène,  et  qui,  à  cause  de 
relu,  sont  nommés  radicaux  polyatomiques  ;  dans  ces  conditions,  le  composé  alca- 
Inïdique  qui  en  résulte  représente  plusieurs  molécules  d'ammonia({ue  condensées 
Cl)  un  seul  groupe. 

Ce  n'est  pas  tout.  Les  analogies  chimiques  entre  l'azote,  le  phosphoiv,  l'arsenic 
el  Tautimoine  sont  tellement  évidentes,  qu'il  doit  être  possible  d'obtenir  avec  les 
trois  derniers  éléments  des  composés  correspondants  à  ceux  que  l'on  obtient  avec 
lu  premier.  En  d'autres  termes  on  doit  pouvoir  en  principe  réaliser  des  substitu- 
tions dans  l'hydrogène  phosphore,  arsénié  et  stibié,  comme  on  en  réalise  dans 
riiydrogène  azoté  ou  l'ammoniaque.  Les  produits  pourront  varier  quant  à  l'éner- 
vie  de  leur  puissance  alcaloïdique,  mais  leur  type  initial  restera  inaltéré. 

CussiFic^TioH.  Au  milieu  d'une  aussi  grande  multitude  de  faits  l'esprit  s'é- 
parerait  si  mie  classification  ne  lui  servait  pas  de  fil  conducteur.  Voici  de  quelle 
manière  M.  Hofmann  a  admirablement  simplifié  l'histoire,  en  apparence  si  compli- 
quée, des  alcaloïdes. 

Tous  les  alcaloïdes  sont  pour  lui  des  aminés,  qu'il  divise  en  mouamines,  dia- 
mines  et  triamincs,  suivant  qu'elles  dérivent  d'une,  ou  de  deux,  ou  de  trois  molé- 
(  ules  d*ammoniaque,  et  (qu'elles  renferment  des  radicaux  monoatomiques,  ou  dia- 
lomiques,  ou  triatomiques ;  il  a  ensuite  subdivisé  chaque  classe  en  trois  groupes, 
Mii^antquela  sul)stitution  du  radifuil  ({uele^nque  s'est  réalisée  sur  une,  ou  deux, 
011  trois  molécules  d'hydrogène  de  Faunnoniaque  génératrice. 

U  tableau  suivant  permettra  de  saisir  avec  une  extrême  facilité  le  méciuiisnic 
de  cette  classification  : 

AMINES  DLHIVKES  DU  TTPC  AM1I0>MAQL-E.      H         Az 

H  ^ 

^) 
primaires H  j  Az 

Il  ) 

X 

Mtmaminex.  l  secondaires.   ...    Y  }  Az 

H 
X 

tertiaires \  l  Xz 

Z 


yo$  alcaloïdes. 

primaires Il'  }  Ax' 

H» 

X" 
hieminei.  /  secondaires.  ...     Y"  }  Az' 

H« 

tertiaires \"  ;  Ax« 

X'"  j 

primaires H*  )  Ai* 

II») 
X'" 
Triamhm  t  secondaires  ...      Y"M  Ai» 


X'" 


( 


tertiaires Y'"  .  Ai* 


rm   ^ 


Il  est  à  peine  nécessaire  de  dii*e  que  les  aminés  secondaires  et  teiiiaires  pleurent 
ne  renfermer  qu'un  seul  radical  substituant  une  seule  espèce,  el  que  les  traits  '  ' 
indiquent  le  degré  d'atomicité  du  radical  :  ainsi  X',  par  e.\emple,  signifie  que  \ 
représente  un  radical  biatomiquc  et  pouvant  se  substituer  à  deux  moléailes  dln- 
drogène. 

Il  n'est  pas  nécessaire  non  plus  d'insister  pour  faire  comprendre  comment  on 
peut  augmenter  le  nombre  des  classes  à  mesure  que  l'on  découvrira  des  radicam 
à  atomicité  de  plus  en  plus  élevée,  et  comment  il  peut  y  avoir  des  tétramines,  de? 
pentamines,  aie. 

Voilà  donc  le  cadre  où  tout  alcaloïde  pourra  trouver  sa  place.  Celui  par  eiem- 
pie  qui  renferme  un  équivalent  d'azote  appartiendra  sans  doute  à  la  classe  d^ 
monamines;  et  si,  étant  soumis  à  l'action  de  l'iodiu^  de  métiijie  ou  d'éthyle,  ch 
de  propyle,  etc.,  etc.,  il  fixe  une  seule  molécule  de  ce  radical,  il  est  certain  qui! 
sera  compris  dans  le  gi'oupe  des  monamines  tertiaires  ;  il  sera  au  contraire  anr 
monamine  secondaire,  s'il  en  fixe  deux  ;  une  monamine  primaire,  s'il  en  fixe  tnÀN 

Ce  que  nous  venons  de  dire  constitue  un  des  traits  les  plus  intéressants  de  llii^- 
toire  des  alcaloïdes  :  aussi  tâcherons-nous  de  le  rendre  plus  intelligible  par  uo 
exemple. 

Dans  la  saumure  des  liarengs,  on  découvrit  un  alcaloïde  dont  la  coroiioûtH'n 
était  représentée  par  C*H*Ass.  On  rangea  naturellement  ce  composé  parmi  iesmo^ 
namincs  primaires,  puisqu'on  supposa  qu'il  contenait  le  radical  C^IP.  On  lui  aUn* 

c»ir  \ 

bua  donc  la  formule  de  lu  propylaminc  =     H    >  Az.  Plus  tard,  on  Toalutvéri6er 

H   I 
Texactitudc  de  cette  formule  en  soumettant  la  prétendue  propylaminc  à  l'épreav 

de  l'iodure  de  métbvle;  mais  au  lieu  de  fixer  trois  molécules  de  radical  et  derenir 

CW) 

par  conséquent  un  iodtire  de  triméthyle  propylalnmoniuln  =  ^,uj  )  Ax,lo,  Tala* 

CTI»  1 
loïde  ti  en  fixa  qu'une  sculcj  en  donnant  naissance  à  de  l'iodure  de  télraniê(b}h 

C^H-  J 

ammonium  ^.    '^  )  Az,ld.  Par  conséquent,  la  véritable  formule  de  l'alcaloidf 

C«ïl' 


alcaloïdes.  bbW 

■  n^s  devint  celle  de  la  trimétliylaniine  qui  est  une  mona- 

■  .p  j 

I  Jl  '     A/.  Grâce  a  cette  méthode  on  est  parvenu  à  classer  quel- 
i.lP  ' 

>:invls  et  plusieurs  alcaloïdes  artificiels  dont  le  mode  de  généra- 

,.<  it  pas  de  deviner  leur  constitution.  En  nous  bornant  aux  produits 

>  I  itérons  la  comn<;  (alcaloïde  de  la  cij^aië),  que  l'expérience  a  classée 

-  iiintiainiiies  secondaires;  la  codéine  et  la  morphine  qu'on  a  dû  ranger 

'  -^  ii.Mii.Mniues  tertiaii'es. 

•  ■••  nioiii>  facile  d'arriver  â  des  résultats  aussi  satisfaisants,  en  opérant  sur 
■  ..ioidr-^  à  plusieurs  molécules  d'azote  :  ignorant  de  quelle  manière  est  dis- 
i':i/ute  dans  ces  composés,  l&s  résultats  de  l'expérience  sont  susceptibles  de 
n(>  N  interprétations.  Ainsi  la  nicotine,  la  quinine,  la  cinchonine,  la  quini- 
.  hi  httxine  et  la  sinjchnine,  peuvent  être  considérées  soit  comme  des  mona- 
•  >  tertiaires,  soit  comme  des  diamines  tertiaires.  Tout  dépend  de  l'idée  que  l'on  se 
•le  la  place  respective  qu'occupent  les  deux  molécules  d'azote  de  ces  composés. 
\filgré  ces  incertitudes,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  nous  sommes  aujour- 
.ui  incomparablement  plus  avancés  dans  la  connaissance  de  Li  nature  des  alca- 
iiles,  que  nous  ne  l'étions  avant  les  travaux  de  M.  Hofmann.  Pour  qu'un  plus 
^land  jour  pût  se  faire  sur  la  nature  des  alcaloïdes  naturels,  il  faudrait  parvenir  à 
i>oler  leuis  radicaux  constituants  :  alors,  bien  des  doutes  s'évanouiraient,  et  Ton 
fiourrait  espérer  d'arriver  par  voie  synthétique  à  la  préparation  des  alcaloïdes  na- 
turels les  plus  complexes.  Malheureusement,  toutes  les  expériences  faites  dans  ce 
Lut  n'ont  pas  donné  de  résultats  assez  nets  pour  en  tirer  des  conséquences  sé- 
neuses. 

Une  dernière  remarque  pour  clore  cet  article  dont  rimportancc  excuse  la 
longueur. 

Quelque  variés,  quelque  différents  que  soient  les  procédés  de  préparation  des  alca- 
loïdes artificiels,  toujours  est-il  que  nous  n'avons  jamais  vu  intervenir  que  des  radi- 
caux basiques,  c'est-à-dire  des  radicaux  ne  pouvant  communiquer  aux  composésdont 
ikf<mt  partie  que  des  propriétés  basiques  ou  alcalines.  Rien  n'est  donc  plus  ra- 
tionnel que  d'admettre  dans  tout  les  alcaloïdes  non  artificiels  la  présence  de  radi. 
eaux  de  celte  nature.  Qu'arriverait-il  si  au  lieu  de  remplacer  l'hydrogène  de  l'am- 
moniaque par  des  radicaux  basiques,  on  le  remplaçait  par  des  radicaux  acides? 
Ou  lira  la  réponse  a  cette  question  à  l'article  Aiiidbs. 

Enfin,  quelque  profondes  que  soient  les  modifications  qu'éprouve  l'ammonia- 
que pour  devenir  un  alcaloïde,  son  type  reste  constamment  inaltéré,  et  l'on  trouve 
toujours  intacte  et  entière  la  ressemblance  de  la  constitution  moléculaire  des  al- 
caloïdes et  de  Tammoniaque  ;  et  de  même  que  celle-ci  change  de  type  et  devient 
roropandile  aux  oxydes  métalliques  (oxydes  de  potassium,  de  sodium,  etc.,  etc.) 
lorsqu'elle  s'assimile  une  quatrième  molécule  d'hydrogène  et  passe  à  l'état  d'am- 
monium, de  même  les  alcaloïdes  peuvent  devenir  de  véritables  bases  comparables 
en  tout  point  aux  oxydes  basiques  minéraux.  C'est  alors  qu'ils  constituent  ces 
hu«s  organiques  proprement  dites,  dont  les  fonctions  sont  les  mêmes  que  celles 
des  oxydes  métalliques  ou  des  bases  ordinaires. 

Pour  ne  laisser  aucun  ddute  sur  cette  analogie  fondamentale  qui  fait  des  alca- 
loïdes et  de  rammonia({ue  des  composés  de  constitution  identique,  nous  termine- 
rons par  un  exemple. 
Quand  l'ammoniaque  s'assimile  les  éléments  de  Teau,  elle  devient  oxyde  d'am- 


:m  ALCIIËNILLE. 

"1 

inonium.  Sa  formule  n*est  donc  plus  H  )  Âz,  mais  (Il^Az)O,  celle  de  lammuniiiin 

II  I 
qui  est  semblable  à  la  formule  de  l'eau,  HO. 

Lorsqu'on  épuise  l'action  du  bromure  de  métiiylc  sur  la  triméthylamine  (?H^  '  Az 

(?hM 

et  qu'on  fait  agir  ensuite  l'oxyde  d'argent  sur  le  produit  de  cette  action,  on  a 
foxyde  de  tétraniéthylammoniuni  [(G'il')^Az]0,  véritable  base  constituée  comme 
l'oxyde  d'ammonium  et  se  comportant  vis-à-vis  des  acides  comme  un  oxyde  métal- 
lique basique. 

Ce  qui  est  vrai  |X)ur  la  triméthylamine  est  également  vrai  pour  tous  1^  al- 
caloïdes. 

C'est  ainsi  que  l'on  s'expli(|ue  pourquoi  au  commencement  de  cet  article  nou^ 
avons  dit  que  les  alcaloïdes  étaient  appelés  improprement  bases  organiques,  car 
tant  qu'un  alcaloïde  conserve  la  constitution  de  l'ammoniaque,  il  ne  peut  pas  a^oir 
celle  d'un  oxyde  donl  la  fonction  cliimiquc  fondamentale  est  de  se  combiner  a\oc 
les  acides  normaux,  en  éliminant  essentiellement  une  molécule  d'eau,  ce  qui  ue 
fait  pas  l'ammoniaque.  F.  Malagcti. 


ALCANA,  ALCAlVlVA/AIiKAIVA.  On  a  désigné  SOUS  ces  noms  :  l"*  qnelqiit»? 
Borraginées  tinctoriales,  notamment  VOrcanette  (vay,  ce  mot)  ;  2^  les  plantes  «jui 
fournissent  le  Henné  et  qui  sont  des  Lawsonia  (voy,  ces  mots).  H.  B:«i. 

ALCABSINE,    VoiJ.   KaKODYLE. 

ALCAZAR  (André).  Médecin  et  chirurgien  fameux,  originaire  de  la  ville  <k 
Guadalaxara,  à  quatre  kilomètres  de  Madrid,  professeur  de  chirurgie  à  rCni\tr* 
site  de  SalîinianquL'  ;  il  y  est  mort  vers  l'aimée  lô90,  laissant  deux  ouvrages  Mi- 
més (|ui  portent  ces  titres  : 

1*  Chirurgix  libri  sex.  In  quibus  multa  antiquorum  et  recentiorum  subotneura  toeakaclcv.  ' 
non  dectarata  interpretantur.  Salmantics,  1575,  in-folio  ; 
1'  De  Vulneribuê  capitis  liber.  Salmantic^e,  1582,  in>folio.  A    (^    ' 

ALCÉE.  Linné  a  fuit  un  genre  de  ce  nom  pour  certiiues  espèces  de  guimiu^s 
iAUhxa)  caractérisées  par  la  présence  d'une  membrane  circulait^  auloiu*  des  rj- 
[)elles.  Aujourd'hui  les  Alcea  ne  sont  plus  considérés  que  comme  une  section  d* 
genre  Guimauve  (vny.  ce  mot).  Il  ne  faut  donc  pas  confondre  Alcea,  qui  e^l  i' 
[lartie,  avec  Allhien,  qui  est  lo  lout.  Il  y  a  en  outre  une  Mauve  européenne,  inM- 
licntc  comme  toutes  les  es[)èces  du  genre,  que  Linné  a  nommée  Mauve  Aîc'i 
(Malva  Alcea).  (Voy.  Mauve.)  II.  Bs. 

ALCHEMlLLE  OU  ALCHIMILLE  (Alchemilla) ,     Genre  de  plantes  rapforU 

par  la  plupart  des  auteurs  à  la  famille  des  Rosacées  et  dont  les  caractères  sont  h 
suivants.  Le  réceptacle  floral  a  la  forme  d'un  sac  ouvert  à  sa  partie  supérieure  ni 
doublé  intérieurement  d'un  disque  glanduleux  dont  l'ouverture  vient  fomwr  un 
liourrelet  circulaire  en  dedans  des  appendices  floraux.  Ceux-ci  sont  d'abon)  an 
périanthe  double  formé  par  deux  verticilles  de  quatre  folioles  chacun.  AnpreniwT 
abord  on  serait  tenté  de  prendre  les  (|uatre  folioles  extérieures  pour  des  sé|iaie>  << 


'r 


<•() 


^RHILLE.  5t)l 

des  pétales.  Mais  l'étude  des 

itMircs  sont  un  calice,  et  que 

•  oiigénitalement  deux  à  deux 

DiniTie  on  en  voit  un  dans  les 

Mibrc  de  quatre  dans  la  plupart 

I  nombre  peut  être  moindre,  et 

is  qu'une.  Le  gynécée  est  formé 

)  ipc  réceptaculaire  et  supportés  par 

f  également  variable.  Dans  rAlche- 

»^()  d'un  ovaire  uniloculaire,  surmonté 

-  renflée.  Dans  la  loge  ovarienne,  au 

un  seul  ovule  hémitrope  dont  le  micro- 

.1  lût  est  formé  d'autant  d'akènes  qu'il  y 

1  d'eux  contient  une  graine  dont  Tendiryon 

s  accompagné  d'un  albumen. 

ibacées  annuelles  ou  vivaces,  qui  croissent 

^  du  monde  entier.  De  leur  souche  souterraine 

<rg('s  de  feuilles  alternes,  lobées  ou  digitées, 

:i  es  au  pétiole.  Les  fleurs  sont  placées  au  sommet 

.*\s  feuilles,  ordinairement  nombreuses  et  réunies 

ul  èlre  unipares.  On  emploie  les  espèces  suivantes  : 

[Ichemilla  mUgaris  L.)  est  appelée  vulgairement  : 

■'Udet  de  dame;  SourbeireUe;  Porte-rosée,  C'est  une 

.i>e,  épaisse.  Ses  rameaux  grêles  s'élèvent  à  deux  ou 

•  L  des  feuilles  réniformes,  digitilobées,  plus  ou  moins 

>,  au  nombre  de  cinq,  sept  ou  neuf,  sont  découpés  sur 

-nées.  Leur  pétiole  devient  d'autant  plus  court  qu'on  les 

>  rameaux  ;  celles  qui  précèdent  les  fleurs  sont  à  peu  près 

langent  aussi  de  forme  aux  différents  niveaux  des  branches; 

I  haut  où  elles  se  réunissent  en  une  sorte  de  cornet,  elles  sont 

.  ls  en  bas.  C'est  une  plante  des  plaines,  peu  abondante  aux 

•  t  qui  s'élève  peu  à  peu  vers  les  Alpes,  jusqu'au  voisinage  de 

fd  alpine  {A,  alpina  L.),  espèce  à  rhizome  épais  et  à  rameaux 
ive  sur  les  montagnes  dans  les  Vosges,  le  Jura,  les  Alpes  et  les 
feuilles .  radicales  ont  des  pétioles  allongés  et  des  stipules  conni- 
ul  une  sorte  de  tube.  Les  feuilles  supérieures  ont  un  limbe  qui  n'est  pas 
il  le  contour  est  arrondi,  orbiculaire,  se  divisant  en  segments  presque 
base.  Ces  segments  sont  au  nombre  de  cinq  à  neuf;  et  d'abondants  poils 
t'ianchâtres,  argentés,  les  recouvrent,  surtout  sur  les  bords.  Les  fleurs, 
•  en  nombreuses  grappes  de  cymes,  constituent  un  coiynibe  allongé,  inter- 
.   blette  espèce  a  toutes  les  propriétés  médicinales  de  la  précédente;  elle  est 
ti  e  employée  dans  le  nord  de  l'Europe  pour  teindre  en  jaune. 
LAlchemilla  Aphanes  de  Scopoli,  vulgairement  dite  chez  nous  :  Petit  pied- 
non  et  Perce-pierre  des  champs,  a  été  considérée  par  quelques  botanistes, 
/.tmment  par  Linné,  comme  assez  différente  des  autres  espèces  d'Alchemille, 
.  .iir  devenir  le  type  d'un  genre  particulier,  sous  le  nom  à* Aphanes  arvensis.  La 
,  liî^on  de  cette  séparation,  c'est  que  l'androcée  est  réduit  ici  à  une  ou  deux  éta- 
miiies,  et  que  les  folioles  du  périanlhe  sont  beaucoup  plus  gi-andes  que  les  petites 

DICT.     E!IC.    II.  54» 


lames  extérieures  qui  représentent  les  stipules  des  sépales.  Il  faut  ijouler  à  ceb 
que  la  (Jante  est  annuelle  et  que  ses  fleurs  sant  groupées  en  inflorescences  oppositi- 
foliées.  Les  feuilles  en  sont  llabclUformes,  atténuêrâ  en  coin  à  leur  base  et  pub- 
gées  jusque  ïers  le  milieu  en  trois  lobes  eux-mêmes  découpés  sur  leurs  bonk. 
Cette  [dante  fleurit  en  juin  et  en  juillet;  elle  se  trouve  communément  dans  la 
diamps  sablonneux  et  secs,  et  an  lui  accorde  exactement  les  mêmes  prc^étn 
qu'à  Y  A.  vulgarU.  H.  Bs. 

Tooumwr,  /Mltt.,501,  t.SSB.  —  L.,  Cm.,  165,  IM.— D.  C,  i>raril'M  .  II.  SS»;  ff. /r. 
IV,  4SI.— U.  B.  K..  flw.  gai.  et  tpec.,  ïl,  SÎ3.— Era.ic»>i«,  Ce».,  n*  «MO.— Cm.rt 
Gow.,  FI.  fT-,  I.  565.  — PiTM,  Orgawtgime  flor.,  509,  t.  Cl,  flg.  25-10.—  1é«.  «  Dn  , 
Dits..  1, 149.— Gcihuat,  Dreff.  êtmpl..  111,  37S.  — Ptuiii,  Mai.  méd.,  éd.  t.  Il,  %  W!.- 
(adl.,  fi»,  med.,  i35. 

Piuhmacologie.  L'Âlcliemille  fait  par^e  des  piaules  vulnéraires  ou  thés  suisjc?; 
DU  l'administre  en  décoction  à  la  dose  de  trente  à  soixante  grammes  pour  ud  liln.- 
d'enu  ;  la  racine  ou  rhizome  doit  être  récolté  à  l'automne  ;  il  est  gros,  bruitàlrt?  el 
porte  des  racines  hbreuses  ;  la  plante  est  plus  astringente  au  moment  de  la  fli>nù- 
son  ;  elle  [)ei-d  par  la  dessiccation  sa  couleur  et  une  partie  de  ses  propriétés. 

On  a  attribué  à  l'Alchemille  des  propriétés  merveilleuses.  F.  UoSTmann  dii^il 
qu'elle  raffermissait  les  chairs  et  qu'elle  rendait  aux  organes  sexuels  les  apfn- 
rences  de  la  virginité.  Dans  ses  Esqviuei  hUtoriqufs,  Pidteney  npçarie  que  Ic^ 
druides,  pour  dénouer  l'atgu^tte,  ordonnaient  de  prendre  sept  tiges  de  [»ed-<k^ 
lion,  séprées  des  racines  et  bouillies  dans  de  l'eau,  à  l'époque  des  décroissemenL- 
de  la  lune.  On  l'a  employée  comme  astringente  pour  combattre  la  flaccidité  du 
scrotum  ul  des  mamelles.  Ou  employait  la  décoction  en  lotions  contre  les  uloèivï 
atoniqnes,  en  injections  contre  la  leucorrhée,  en  lavement  contre  la  djsoitenc. 
CuUen  prétend  qu'elle  doit  être  bannie  de  ta  matière  médicale,  à  cause  de  -mi 
inertie.  C'est  uii  astringent  médiocre  qui  n'agit  pas  mieux  que  les  feuilles  de  timx 
et  que  la  plupart  des  feuilles  des  plantes  de  la  tribu  des  Di-jadées.  0.  II- 


Si  l'on  ne  consultait  que  son  étymologie,  al,  article  araltL', 
et  x^l^^'  '^^^'^i  l'alchimie  ne  différerait  en  rien  de  la  chimie  ordimrc. 
Mais  la  limitant  à  son  véritable  caractère,  et  en  la  séparant  ainsi  nettement  de 
b  chimie  moderne,  on  doit  la  définir  aujourd'hui  :  L'art  prétenda  de  traïufor- 
mer,  au  moyen  d'opérations  chimioîdes  pleines  de  mystères,  des  métaux  am- 
muns  et  moins  précieux  en  d'autres  plus  précieux,  et  de  prolonger  au  drlà  dt 
ses  limites  naturelles  la  vie  des  hommes. 

Pour  peu  que  l'on  réfléchisse  aux  idées  générales  qui  occupaient  les  esprits  àua 
II-  |.iriiiiers  siècles  du  christianisme,  et  à  l'interprétation  loul«  m)-stique  quel'oo 
douiuil.iux  phénomènes  du  monde  visible,  phénomènes  que  l'«i  croyait  subordon- 
iK's  :'i  r  ictioii  directe  d'un  monde  invisible  ou  sidéral ,  l'on  u'a  pas  de  peine  à  aan- 
piYixIrr'  comment  il  est  arrivé  que  des  bonunes,  passant  leur  vie  à  manier  chiiii- 
i|iii'iiii  lit  les  corps  bmts  et  à  chercher  à  en  modîGer  les  propriétés,  aient  été  con- 
duit- :>  les  imaginer  propres  ù  satisfiiire  leur  cupidit'  ;  comment  ils  ont  pu  espéirr 
rli;iii>;ci  les  pierres  les  plus  communes  en  pierres  pré[  icuscs,  les  métalii  la  ôrinf 
rhuiv  iii  argent  ou  en  or;  comment  enfin  leur  imagination,  franchissant  enrorr 
ns  liiiilles,  leur  a  fait  entrevoir  la  possibilité  de  créer  chimiquement  une  fÊOxit 

>ill«  destinée  à  guérir  tous  les  maux  et  â  prolonger  citraordinairooeot  h 

■iiiiiiine. 
iMiit  dire  aussi  que  certain»  ptiénomèiies  plivsiques  produits  pr  la  fiidtt  «ies 


uiuit-i 


I.l] 


ALCHIMIE.  503 

^^  que  prend  par  exemple  dans  le  creuset  le 

'  -"hles  scintillations  de  certaines  pyrites 

*  '>r  ni  argent,  ne  furent  pas  sans 

^  immense  dont  on  trouve 

/jusqu'à  nos  jours! 

<  les  plus  illustres  adeptes 

'  (le.  tout  de  suite  séparer  ; 

i<'  premier,  logique,  scienti- 

second,  extravagant,  sorti  de 

•lis  essentiellement  extatiques  et 

I  dans  les  livres  mêmes  des  philo- 

tilt  lequel  succombent  Tattention  la 

itelligence  la  plus  robuste.  C'est  à  se 

>e  sont  posé  la  question, —  si  les  livres 

nuitias  inouï  quelques  principes,  quelques 

nipréhensible  seulement  pour  les  adeptes, 

iraiic-maçonnerie  ne  sont  accessibles  qu'aux 

(le  composer  et  de  faire  imprimer  des  lexiques 

tis  la  compréhension  des  livres  hermétiques,  et  il 

lexiques  applicable  à  tel  traité  d  alchimie  devenait 

[u  oduction  du  même  genre. 

livres  bizarres  portent-ils  pour  enseignes  des  titres  dont 

litement  aux  extravagances  du  texte.  L*on  n'ouvre  pas 

-  bouquins,  à  la  première  page  desquels  on  lit  :  Uapoca- 

fou2,e  eus  de  la  phÛasophie,  le  Miroir  des  secrets j  Ut  Moelle 

.'icule,  le  Désir  désiré,  la  Parole  délaissée,  le  Rosiaire  philo- 

ir  des  fleurs j  le  TombfÀiu  de  Sémiramis  ouvert  aux  sagesj 

'  au  palais  fermé  du  roi,  t  Ancienne  guerre  des  chevaliers,  la 

.  ilosophesy  le  Psautier  d^Hermophile,  le  Livre  des  douze  portes ,  la 

.  l'Éclat  de  la  trompette.  Teinture  du  soleil  et  delà  lune,  Clé  pour 

cœur  du  père  philosophe^  la  Salamandre  brillante  et  le  chimiste 

.  f  Soleil  splendide  au  firmament  de  Vhoriwn  allemand.  Nous  en  passons, 

(us  drolatiques  encore. 

iN  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  ce  que  l'alchimie  offre  de  plus  extraordinaire 

t  pas  ridée  même  de  la  transmutation  d'un  métal  en  un  autre,  transmutation 

•  >-logique,  d'après  la  manière  dont  on  envisageait  ces  corps,  et  dont  les  chimistes 

luodemes  sont  loin  de  rejeter  la  possibilité,  mais  bien  les  idées  accessoires  à  cette 

transformation I  nées  toutes,  non  d'une  véritable  théorie  scientifique^  mais  de 

croyances  ou  de  sciences  dites  occultes. 

Nous  n*àvons  pas  le  courage,  et  ce  serait  un  travail  bien  stérile  ici)  de  suivre  les 
philosophes  hermétiques  dans  leui's  incroyables  aberrations,  dans  leUrs  incompré- 
hensibles rêveries  enfantées  par  la  démence,  ou  n'étant  que  le  tableau  déguisé  d'un 
charlatanisme  effronté.  Si  l'école  byzantine,  dans  laquelle  l'alchimie  semble  avoir 
pris  naissance,  sut  par  l'unité,  la  simplicité  des  dogmes  de  la  religion  mtlsultnane, 
écarter  de  son  esprit  les  idées  métaphysiques  et  théosophiques,  les  peuples  chré- 
tiens, loin  de  renfermer  la  science  chimique  dans  les  limites  de  l'obsetvation  et  de 
leipcrience  des  laboratoires,  lui  donnèrent  pour  adjoints  indispensables  l'inspira- 
tion religieuse,  les  pratiques  mystérieuses,  appelèrent  à  leur  aide  les  influences 


5Gi  ALCUIMIE. 

occultes  sur  les  facultés  de  riiomnic,  établirent  uu  rapport  direct  entre  Topération 
du  grand  œuvre  et  la  religion  du  Christ,  empnintèi*ent  même  un  peu  à  la  magie 
et  créèrent  ainsi  une  confusion,  un  chaos,  dont  on  ne  pourrait  trouver  l'équÎTalent 
que  dans  les  dévergondages  des  pauvres  pensionnaires  de  nos  grands  établi>iemcuts 
d'aliénés. 

Les  Arabes,  nous  le  répétons,  ne  tombèrent  pas  dans  ces  absurdes  conceptions. 

Geber,  le  plus  fameux  d'entre  eux,  tant  par  son  ancienneté  (huitième  siède)  que 
par  sa  qualité  de  chef  de  l'école  chimique  dans  Técole  byzantine,  par  la  prodigieuse 
fécondité  de  ses  travaux  et  par  le  caractère  scientifique  de  ses  écrits,  Geber,  le 
magister  magistrorumf  qui  a  découvert  Tacide  nitrique,  Teau  régale,  la  pierre 
infernale,  le  sublimé  corrosif,  émet  des  doctrines  alchimiques  qui  n'ont,  après  tout, 
rien  d'absurde  ;  car  il  proclame  que  les  métaux  se  composent  de  deux  ou  trois  élé- 
ments d'une  nature  particulière,  et  que  celui  qui  parvient  à  les  isoler  a  le  pouvoir 
d'engendrer  ou  de  transformer  les  substances  métalliques  à  volonté;  que  l'or  existe 
dans  tous  les  métaux,  mais  qu'il  s'y  trouve  combiné  à  diverses  substances  impures, 
et  que,  pour  l'en  retirer,  il  suffît  de  le  soustraire  au  moyen  d'un  agent  spécial. 

C'est  le  même  système  qu'énonce  par  ces  mots  Alphonse  de  Castille,  qui  fut  tout 
à  la  fois  souverain,  astronome  et  alchimiste  : 

«  Tous  les  minéraux  renferment  le  germe  de  l'or,  mais  ce  germe  ne  se  dé\%lop}<e 
que  sous  l'influence  des  corps  célestes,  et  une  fois  ce  germe  passé  à  l'état  paiîùt 
d'or,  on  peut  l'obtenir  par  l'intermédiaire  d'un  extracteur  particulier.  » 

Cet  extracteur  fut  la  pierre  philosophcUe,  FéUxiry  le  grand  œuvre,  le  magù- 
tère^  la  poudre  de  perfection. 

Ces  fameux  quatre  éléments  des  anciens,  c'est-à-dire  la  terre  qui  représentait 
la  solidité,  Veau  la  liquidité,  Vair  la  fluidité  élastique,  et  le  feu  le  principe  étbm- 
ou  impondérable,  suiBrent  à  une  certaine  époque  pour  représenter  les  propriétés 
les  plus  générales  de  la  matière  ;  mais  lorsqu'on  voulut  approfondir  davantage  la 
nature  de  la  matière  et  déduire  la  cause  des  propriétés  de  certains  corps,  il  fallut 
nécessairement  avoir  recours  à  d'autres  éléments  applicables  aux  métaux,  sujets  de 
taut  de  travaux;  et  l'on  imagina  que  les  métaux  étaient  composés  de  trois  éléments 
nommés  chimiques,  pour  les  distinguer  des  quatre  éléments  primordiaux  appelé» 
physiques.  Et  le  sel,  le  soufre  et  le  mercure  marchèrent  de  front  avec  la  terre, 
Veau,  Vair  et  le  feu.  Avec  ces  trois  éléments  chimiques,  considérés  comme  pris- 
cipes  constituants  des  métaux,  les  alchimistes  furent,  à  un  certain  point,  coni- 
quents  avec  eux-mêmes  en  admettant  la  possibilité  de  la  transmutation.  Leur  base 
était  erronée,  puisque  aujourd'hui,  avec  les  données  fournies  par  la  chimie  livoi* 
siemie  et  à  l'aide  de  puissants  moyens  d'analyse  ignorés  de  nos  pères,  l'on  n'a  pu 
décomposer  en  plusieurs  éléments  les  corps  dits  métaux,  et  qu'on  a  dû  en  cous- 
quence  les  déclarer  simples  jusqu'à  nouvel  oixlrc.  Mais,  du  moment  que  les  ilii- 
mistes  des  temps  antérieurs  à  Lavoisier  ont  admis  que  ces  métaux  n'étaient  p 
des  corps  simples,  mais  que  trois  éléments  chimiques,  le  sel,  le  soulre  et  le  mer- 
cure, entraient  dans  leur  composition,  l'idée  de  varier  à  volonté  les  quotités  de 
ces  éléments  chimiques  de  manière  à  faire  passer  un  vil  métal  tel  que  le  pknA 
en  or  ou  en  argent,  dut  leur  venir  à  la  pensée,  et  cette  déduction  logique,  née  de 
bases  fausses  ou  au  moins  non  prouvées,  entraîna  des  générations  entier»  i^ 
savants  dans  des  travaux  dont  l'immensité  et  la  durée  ont  droit  de  non*  con- 
fondre. 

Pour  faire  comprendre  la  possibilité  de  la  transnmtation  des  méUiux  en  se  pla- 
çant au  point  de  vue  des  alchimbles,  qui  ont  de  tout  temps  considéré  ces  cwy^ 


ALCHIMIE.  565 

"*-»vreul  (Journal  des  savants,  mai  1 851 , 

ni  s  unis  en  des  proportions 
iiv  en  un  autre  sera  facile  a 

....      a  -+-    t  -f-  c 
....      a  4-  26  -h  2c 

fl  -H  3fc  -+-  ac 

•  b  -h  Cj  et  du  mercure  2b  -f-  2c,  on 

I  lUs  les  opérations  chimiques  où  l'on 

'Ir  (1(1  mercure,  on  aurait  transmué  le 

..lonts  identiques  dans  les  métaux,  on  n  en 

i[s a  -^  b  -^  c 

a  -h  b  -i-  d 

a+tH-éî 

:i  (lu  plomb  en  or  ne  pourra  s'eiïectuer  qu'en  rem- 
Mil  mercure  en  or  ne  pourra  s'effectuer  qu'en  rem- 

^  un  grand  nombre  de  corps,  ou  de  corps  dont  la  valeur 
.1  celle  de  Tor,  et  qu'il  puisse  en  être  extrait  à  peu  de 
111  nieroc,  qu'il  puisse  passer  aisément  de  ce  corps  dans  le 
manière  à  en  expulser  d  ou  e,  la  transmutation  sera  non- 
us  encore  avantageuse. 
W.  cas  contraire,  la  transmutation  serait  encore  possible,  mais 
Mta^cuse  ;  alors  le  but  économique  que  se  propose  l'art  heimé- 
atteint.  Conséquemment  on  voit  donc  que  tel  ])rocédé  où  l'on 
liait  pas  avantageux  à  l'alchimiste. 
c  est  un  élément  essentiel  à  l'or,  c'est-à-dire  qu'on  le  considère  par 
.••rmément  à  la  théorie  phlogistique,  comme  une  chaux  d'or,  et  qn'i| 
.  (-me  de  d  et  de  e  relativement  au  plomb  et  au  mercure  ;  évidemment 
.  iul  c  en  contact  avec  du  plomb  ou  du  mercure,  c  s'unit  h  a -h  b  en 
'  d  ou  e,  on  ne  pourra  plus  dire  avoir  opéré  la  transmutation  du  plomb  ou 
ure  en  or,  car  ce  qu'il  y  a  de  vraiment  spécifique  dansTor  —  le  plomb  ou 
<  ui  e,  c'est-à-dire  c,  d  ei  e,  —  n'a  aucun  changement ,   et  l'on  aurait 
.liment  réussi  en  recourant  à  a  +  &,  pris  en  dehors  du  plomb  et  du  mor- 


^c 


ï 


>-s  exemples  suffisent  pour  démontrer  que  la  transmutation,  envisagée  comme 
vient  de  le  voir,  n'a  en  définitive  rien  d'absurde,  mais  qu'elle  a  beaucoup 
l'-rdu  de  sa  probabilité  lorsque  les  métaux,  cessant  d'être  considérés  comme  des 
(oq)$  composés  depuis  Lavoisier,  ont  été  mis  au  nombre  des  corps  simples. 

Ah  I  si  les  alchimistes  étaient  restés  dans  cette  voie  et  s'étaient  contentés  de  cette 
nature  composée  des  métaux  !  Ils  n'eussent  certes  pas  fait  de  l'or ,  mais  au 
moins  ils  n'eussent  pas  doimé  à  la  postérité  le  triste  spectacle  des  plus  absurdes 
conceptions,  des  plus  bizarres  rêveries  que  l'on  puisse  imaginer. 

lU  ont  en  effet  nourri  sur  la  nature  même  des  métaux,  et  sur  leur  développe- 
ment dans  le  sein  de  la  terre,  d'extravagantes  idées  qui  les  ont  conduits  à  des 
nianipulatioits  chimiques  et  à  des  pratiques  encore  plus  extraordinaires. 


566  ALCHIMIE. 

Us  ont  considéré  les  métaux  comme  doués  d'une  sorte  de  vie,  et  pouvant  ysn 
des  actions  naturelles  et  diverses  passer  de  l'état  vil  ou  imparfait  (fer,  plomb, 
étain,  cuivre»  mercure)  à  l'état  précieux  ou  par&it  (or,  argent).  Ds  établirent  une 
comparaison  entre  le  développement  du  métal  et  le  développement  des  êtres  vivante 
sortis  d'une  graine  ou  d*un  œuf;  enfin,  imbus  de  l'idée  prédominante  de  l'époque, 
à  savoir  que  les  corps  célestes  ont  une  action  directe  sur  les  corps  terrestre»,  que 
ce  sont  comme  des  dieux  dirigeant  les  actions  humaines,  et  que  les  globes  stdlaires 
exercent  à  distance  leur  contrôle,  ils  imaginèrent  que  ces  globes  prenaient  sous 
leur  protection  les  métaux  enfouis  dans  le  sein  de  la  terre,  qu'ils  les  développaient, 
les  nourrissaient,  les  couvaient  un  peu  comme  la  poule,  en  couvant  son  cêuf,  en 
fait  surgir  un  poulet. 

De  cette  théorie  à  la  pensée  de  pouvoir  supplanter  ou  activer  l'action  céleste  pour 
modifier  les  métaux,  il  n'y  avait  qu'un  pas  ;  nos  philosophes  l'eurent  bientôt  fhn- 
chi,  et  ils  s'exercèrent  à  trouver  une  substance  capable  de  remplacer  la  voûte  du 
ciel.  Us  cherchèrent  et  ils  cherchent  peut-être  encore  la  pierre  pbilosophale,  k 
grand  œuvre,  le  magistère,  Télixir,  la  poudre  de  perfection,  qu'ils  ont  supposée 
devoir  exister  tour  à  tour  dans  l'arsenic,  daps  le  mercure,  dans  Tantimoine,  le  sel 
marin,  le  salpêtre,  le  vitriol,  jusque  dans  les  végétaux,  dans  la  chélidoine,  damk 
linaire,  jusque  dans  les  produits  animaux,  os,  chair,  sang,  salive,  sperme,  poil, 
sang  menstruel,  larmes,  lait  des  Vierges!!! 

Seulement  comme  cette  fameuse  pierre  philosophale,  dont  il  n'est  question  pour 
la  première  fois  qu'au  douzième  siècle,  et  à  laquelle  les  alchimistes  arabes  n'ont 
pas  même  songé,  n'a  jamais,  comme  bien  on  pense,  été  trouvée,  les  rêveurs  her- 
métiques ne  font  que  déraisonner  lorsqu'ils  veulent  la  décrire  :  les  uns  la  repré- 
sentant d  une  belle  couleur  de  safran  en  poudre  avec  le  brillant  du  verre  (Vdo 
Helmont),  les  autres  lui  donnant  la  teinte  du  pavot  sauvage  et  l'odeur  du  sel  ma- 
rin (Berigard  de  Pise);  ceux-<;i  l'ayant  vue  accoutrée  d'une  modeste  robe  de  char- 
bon; ceux-là,  pour  ne  pas  se  tromper,  lui  mettant  sur  le  dos  cinq  tuniques  à  h 
fois  :  une  blanche,  une  rouge,  une  jaune,  une  bleu  de  ciel,  une  dernière  verte! 

Je  m'arrête...  j'ai  promis  en  commençant  cette  notice  de  ne  pas  suivre  les  alchi- 
mistes dans  leurs  stupéfiantes  aberrations,  dans  les  incohérentes  di vantions  da 
uns,  dans  les  supercheries  et  les  fourberies  des  autres.  J'aime  mieux  les  voir  hon- 
nêtes, probes,  courbés  sur  leurs  fourneaux,  agenouillés  même,  les  mains  jointes 
devant  leurs  matras,  comme  illuminés  par  la  grâce  divine,  passant  mystérieiueroefll 
leur  vie  à  la  recherche  du  grand  œuvre,  trop  souvent  victimes  eux-mêmes  de» 
explosions  des  cornues,  des  ruptures  des  pélicans  et  des  retortes,  des  incendia 
provoqués  par  la  subite  inflammation  des  gaz  combustibles.  Admirables  tous,  sacri- 
fiant tout  :  hoimeurs,  richesses,  famille,  santé,  existence,  au  triomphe  de  ce  qu'iL 
croyaient  être  une  immuable  vérité,  mourant  de  faim  comme  Louis  de  Neus  daib 
une  prison,  subissant  la  potence  comme  Bragadino,  Georges  Honauer,  Guillaume 
de  Krohnemann,  ou  se  sentant  griller  dans  une  cagv  de  fer  comme  Marie  Zigl(-*nn; 
mais  faisant  après  tout  avancer  la  science,  et  dotant  la  postérité  d'admirabiei  dé- 
couvertes. 

L'on  peut  refuser  aux  alchimistes  la  qualité  de  chefs  de  V École  expérimentale 
que  plusieurs  écrivains  leur  ont  donnée  ;  on  peut  leur  reprocher  d'avoir  dirigé  Itui^ 
recherches  dans  un  but  unique,  de  n'avoir  ainsi  embrassé  qu'un  champ  trè^roil. 
d'être  restés  isolés  dans  leurs  investigations  et  de  n'avoir  montré  en  eux  rieo  qui 
ressemblât  à  une  idée  vraiment  philosophique.  Hais  il  n'en  est  pas  moins  vnj  qu'en 
préparant  les  éléments  qui  étaient  nécessaires  à  la  création  de  la  chimie,  eo  iinu- 


ALCHIMIE.  567 

gurant  l'ère  des  expériences,  en  faisant  reposer  l*iuterprétation  des  phénomènes 
sur  lexamen  des  faits,  et  en  rompant  ainsi  avec  les  traditions  purement  méta- 
physiques, ils  ont  rendu  d*immenses  services  à  la  chimie  ;  et  que  leurs  explorations, 
leur  étude  soutenue  des  actions  moléculaires  des  corps  simples  et  composés,  le 
nombre  considérable  de  faits  que  quinze  cents  ans  de  travaux  leur  ont  dévoilés, 
n  ont  pas  peu  contribué  à  poser  les  fondements  de  l'admirable  école  chimique  du 
dix-huitième  siècle. 

L*oo  est  étonné  eu  parcourant  les  traités  hermétiques  les  plus  anciens,  et  en  dé- 
gageant ce  qu'ils  offrent  de  vraiment  pratique  et  expérimental,  du  grand  nombre 
de  découvertes  qu'on  leur  doit. 

Dans  Geber  Ton  trouve  des  descriptions  précises  de  nos  métaux  usuels  :  du  mer- 
cure, de  l'argent,  du  plomb,  du  cuivre  et  du  fer;  il  a  laissé  sur  le  soufre  etl'arse- 
nk  des  renseignements  pleins  d'exactitude.  Il  enseigne  la  préparation  de  Teau- 
forte,  celle  de  Teau  régale,  de  la  pierre  infernale,  du  sublimé  corrosif,  du  préci- 
pité rouge,  du  foie  de  soufre,  du  lait  de  soufre. 

Dans  le  siècle  suivant,  l'Arabe  Rhasès  découvre  l'eau-de-vie,  et  recommande 
plusieurs  préparations  pharmaceutiques  dont  l'excipient  est  l'alcool.  Il  invente 
l'orpiment,  le  réalgar,  le  borax,  certaines  combinaisons  du  soufre  avec  le  fer  et 
le  cuivre,  certains  sels  de  mercure,  plusieurs  composés  d'arsenic,  etc. 

Vers  l'année  1250,  Albert  le  Grand  prépare  la  potasse  caustique  à  la  chaux  telle 
qu'on  la  met  en  pratique  dans  nos  laboratoires.  Il  décrit  avec  exactitude  la  cou- 
pellalion  de  l'argent  et  de  l'or.  11  établit  le  premier  la  composition  du  cinabre  en  le 
formant  de  toutes  pièces  au  moyen  dii  soufre  et  du  mercure.  La  céruse,  le  minium, 
l'acétate  de  plomb,  l'acétate  de  cuivre,  l'eau-forte,  etc. ,  sont  pour  ce  grand  liomme 
l'objet  de  dissertations  ayant  toutes  un  caractère  pratique  et  scientifique. 

Roger  Bacon,  le  plus  vaste  génie  de  l'Angleterre,  a  étudié  la  nature  bien  plus  en 
physicien  qu'en  chimiste.  Néanmoins  ses  remarques  sur  le  salpêtre,  sur  le  rôle 
cbimique  de  l'air  dans  la  combustion,  nous  étonnent,  nous  enfants  du  dix-neu- 
Tîème  siècle. 

A  Raymond  Lulle  nous  devons  le  carbonate  de  potasse,  la  rectification  de  l'cs- 
prit-de-vin,  la  (A-éparation  des  huiles  essentielles,  celle  du  mercure  doux. 

A  Basile  Valentin,  alchimiste  allemand,  revient  l'honneur  d'une  foule  de  remar- 
ques essentiellement  scientifiques  sur  l'antim^oine,  sur  l'esprit-de-sel  (acide  chlor- 
hydrique),  l'eau-de-vie,  l'extraction  du  cuivre  de  ses  pyrites,  sur  l'or  fulminant, 
l'éthersullurique,  etc.,  etc. 

Van  Helmont  est  l'auteur  de  la  découverte  chimique  de  l'existence  des  gaz,  fait 
capital  sur  lequel  devaient  s'élever  plus  tard  les  théories  de  la  chimie  positive. 

Et  Rudolphe  Ghkuber,  et  J.  B.  Porta,  et  Eck  de  Sulsbach,  et  Brandt,  et  Alexan- 
dre Sethon,  Michel  Sendivogrus,  Bôtticher,  et  tant  d'autres  qui  ont  écrit  des  trai- 
tés d'alchimie,  ou  qui  ont  proclamé  hautement  leurs  croyances  en  cet  ai't,  ne 
«ont-ils  pas  là  pour  attester  que  les  philosophes  hermétiques  ne  doivent  pas  être 
plongés  tous  dans  le  même  code  de  proscription,  et  que  le  plus  grand  nombre 
d'outre  eux  ont  droit  à  notre  respect  et  à  notre  admiration?  «  Qiimistes  de  nos 
jours,  écrit  H.  Figuier,  ne  portons  pas  un  jugement  trop  sévère  sur  les  philoso- 
phes hermétiques,  ne  nous  dépouillons  pas  de  tout  respect  envers  leur  antique  hé- 
ritage; insensés  ou  sublimes,  ils  sont  nos  véritables  aïeux.  Si  l'alchimie  n'a  pas 
tnmvé  ce  qu'elle  cherchait,  elle  a  trouvé  ce  qu'elle  ne  cherchait  pas.  Elle  a  échoué 
dans  ses  longs  efforts  pour  la  découverte  de  la  pierre  philosophale,  mais  elle  a 
trouvé  la  chimie,  et  cette  conquête  est  autrement  précieuse  que  le  vain  arcane  tant 


568  ALCHIMIE    (bibuocraphik). 

poursuivi  par  la  passion  de  nos  pères.  La  chimie  a  transformé  en  sources  inépuisa- 
bles de  recherches  des'présents  de  Dieu  jusque-là  sans  valeur;  elle  a  allégé  le  pé- 
nible poids  des  maux  qui  pèsent  sur  l'humanité,  perfectionné  les  conditions  maté- 
rielles de  notre  existence  et  agrandi  les  limites  de  notre  activité  morale;  et  n  elle 
ne  renferme  pas  la  pierre  philosophale  des  anciens  adeptes,  elle  constitue,  on  peut 
le  dire,  la  pierre  philosophale  des  nations.  » 

N'oublions  pas  aussi  que  Talchimiste  du  moyen  âge  était  le  vivant  emblème  de 
la  persévérance  poussée  jusqu'à  ses  dernières  limites  et  parfois  même  jusqu'au  delà 
du  tombeau.  L'opérateur  qu'une  mort  prématurée  enlevait  à  ses  travaux  laissait 
souvent  une  expérience  commencée  en  héritage  à  son  fils  ;  et  il  n'était  pas  rare  de 
voir  celui-ci  léguer  dans  son  testament  le  secret  de  l'expérience  inaclievée  dont  il 
avait  hérité  de  son  père.  Ces  expériences  d'alchimie  étaient  transmises  de  père  en 
fils  comme  des  biens  inaliénables.  Écoutez  ce  passage  d'un  critique  du  temps  qui 
dépeint  avec  une  rigoiu*euse  âpreté  la  fièvre  ardente  qui  dévorait  les  alcliimisie& 
et  les  conduisait  à  une  ruine  certaine  : 

tt  Les  dommageables  charbons,  le  soufre,  la  fiente,  les  poisons,  les  mines,  et  tout 
dur  travail  leur  sembla  plus  doux  que  le  miel,  jusqu'à  ce  que  ayant  consommé 
patrimoine,  héritage,  meubles,  qui  s'en  allaient  en  cendre  et  fumée,  ces  malheu- 
reux se  trouvaient  chargés  d'ans,  vêtus  de  haillons,  aiïamés  toujours,  sentant  le 
soufre,  teints  et  souill&  de  suie  et  de  charbon,  et  par  le  fréquent  maniement  du 
vii-argent,  devenus  paralytiques.  »  A.  Chéreac. 

RiBi.iooAAMnB  REiuifTiQirE. — A.  Avant  le  huitième  sièc\e. -'lalro-mgiliewiaikû  Hermetu 
TriimgùH.  Traduction  de Dav.  Hôschel,  1507,  in-8.  Ce  traité  d'alchimie,  aUribué à Thotl' 
(Hermès  ou  Mercure],  roi  de  Thèbes,  est  évidemment  bien  postérieur  à  ce  souverain,  qui  i 
vécu  plus  de  iSOO  avant  J.  C—Uber  physico-medieug  Kiranir  id  e»t  régit  Penanm  rm 
aureus  grmmeusque.  Francf.,  1(358.  Traduit  en  anglais.  Londres,  1685,  in-8. — Désocutt. 
De  arie  sacra,  me  de  rebu»  nataraHàus  et  mffHieis.  Colon.,  1572,  in-12. 

B.  Huitième  et  neuvième  siècle.—  Gmi  Arabie  chimia;  studio  Gasp,  Hamn,  Logd. 
1C68.  in-i2.  — GeM  summa  perfectionis  magisterii  in  sua  natura.  Gedani,  1682,  in-11— 
De  alchynda.  1598,  in-8. — Geberi  liber  qui  fias  futturarum  vocatur.  1473,  iii-4. 

C.  Treizième  siècle.— Alain  db  Lilli.  Dicta  de  lapide  pftUosopfûeo,  1590,  in-8. — Aunr  u 
GtAiD.  De  alchynUa.  Imprimé  un  grand  nombre  de  fois.  Plus  d'un  ëcrivain  nie  que  M 
ouvrage  soit  de  TlUustre  dominicain. — Alphottse,  roi  de  Castille.  ÎÂber  phiiasûphist  Mn/- 
tioris.  Theatr.  chem.,  1622,  in-8. — Aqoir  (saint  Thomas  d').  Sécréta  alchimùe  magaaUa,  it 
eorparibus  superecslestibus,  etc.  1570,  in^.  —  Aurora,  sive  aurea  hara,  etc.  1625.  in4.— 
ABTEPBiro.  Clavis  majaris sapientiss.  Argent.  1699,  in>12.— Bagoh  (Roger).  Epiatola de seereta 
aperibus  artis  et  naturx;  op.  J.  Dec.  Hamb.,  1618,  in-8.— Opi»  majus  ad  ClemeutumlT, 
nune  primum  editum;  (éd.  Sam.  Jebb.  Lond.,  1755,  in-fol.  ;  Venise,  1750,  in-4).  —  Mîiw  ie 
Alquimie,  1520,  in-8. — Lulli  (Raymond).  De  secretis  naturm,  litri  duo,  etc.  — Argent*,  f5il. 
in*8.— i4r«.  Paris,  1578,  in-ii, —Testamentum,  1566,  1573,  inr%,— Opéra  ammia,  Haguot. 
1722, 10  vol.  in-4.  — J7mI.  de  Raymond  huile  par  de  Yernon.  Paris,  1668.  in-8._Viirv 
(Jean  de).  Detnonstratio  naturst,  etc.  (imprimé  dans  le  Muséum  Hermetieum;(Fnncat.,  f6£». 
in-4.  — ViLLEiTBijTB  (Amauld  de).  Nova  opéra  chymica,  videlieei  Thésaurus  tkesaursrum,  Flm 
florum,  Spéculum  alchemie.  Franoof.,  1603,  inr%.  ^-^  Opéra  eum  tractato  de  pMImspèsnu 
lapide,  Lugd.,  1520,  in-fol. 

D.  Quatorzième  siècle.  —  6o!«  (Pierre  Lé).  Margarita  pretiosa  novella,  exhibens  iulndat' 
tUmemin  artem  ehemix  (Bibl,  chim.  de  Manget,,  t.  n).^ODoiiAR.  Praetiea  ad  dittipKlsm 
{Theatrum  chim.,  t.  111). — ORnoLAw.  Praetiea  vera  alchymise,  ParisOs  probata  et  exferts 
sub  ann.  1358  (Theatr.  chim.,  t.  IV). — Yalsktih  (Basile).  De  microeosmo  liber,  ex  rtn 
Angeli  medici.  Marp.,  1609,  in-8.  —  Tractatus  de  rébus  natur.  et  supematur.  Tmeot-. 
1679.  in^.-- Azotth,  sive  Aurelias  oceultx  paries.  tVanoof.,  1615,  in-4.  — Pnoefict  ns 
cnmXll  clavibus.  1618,  ïn^A.-^  Apocalypsis  chymica.  Ert.,  1624,  in-8.  -^Cmmu  trûmfhslu 
autimonii.  1671,  in-i^. ^ Tractatus  chymico-philosoph.  1676,  in-8,  etc.,  etc. 

B.  Quinzième  siècle.  —  Augurel  (J.  Aurële).  Chrysopseia  et  vellus  aur.  In-8   s.  1.  n.  «1 
A  été  traduit  en  français  en  1548  in-12,  et  en  1626  in-8.—  Fiaïc  (VarsileV  De  ritabtn 
très,  etc.  Lugd.,  1657,  in-16.^FLAMEL  (Nicolas).  U  grand  eelaireissement  de  la  pierrepht- 
lùsoph.  par  la  transmutation  des  métaux.  Paris,  1628,  in-8;  1782,  \ï^\%.  ^  AnnstiM^ 


ALCHIMIE   (BiOBLiGRArniR).  &69 

1600.  in-S.  —  5iMi0ian«m  philoiophicum  {Muê.  herm.,  1677,  in-i).  ^Hiêt.  crit.  de 
yuoiu  Flamely  etc.,  par  L.  V  (l'abbé  Vilain].  Paris,  1761,  in-12.  —  IIiraudou  (J.  F.  Pic  de  la). 
U^  fret  de  auro.  Yen.,  1586,  in-4.  —  TasTiftAii  (Bernard  le).  Troig  trmtéi  de  ta  phiiosoph. 
nâtwr.  :  la  Timbe  desphil,;  Ut  Parole  délamêe,  et  Ui  Doute  porter  d'alchffmie.  Paria,  1618, 
iinS.'ik  Chymico  miraeulo  quod  Utpidem  philotopkiœ  appellanL  Baal.,  1583,  in-S,  et 
Tkeâlr.  chim.,  t.  I,  p.  748 

F.  Seizième  siècle. — AaairPA   ^Cornélius).   Occulta  phUoêophia.    Lugd.,   1533|  in-fol.  — 
Alstoius  (J.  H).  Clam  artii  iMlHanx.  Argent.,  1633,  in-8.  <^  AMtLuitaiDS  (P.).  Traelaiits 
aobitii,  seu  de  alchynUa.  Lips.,  1607,  in-8.— Antarvetus  (J.).  Apologia pro  judicw  gcholx 
Pvweusiê  de  alchynùa,  Paris,  1604,  in-12;  Francof.,  16b8,  in-8. — Arles  (Pierre  d').  Sym- 
fétkia  geptem  metallorum  ae  teptem  sêlectorum  lapidum  ad  plauetOM,  Paris,  1610,  iih-12.-- 
.UnsTA  (Uelias).  Hova  diiqumtw  (Ttieatr.  chim.,  t.  IV).— Biucbschus  (i-)-  Bealehymia  dialogi 
éMû.  Basl.,  1561,  in-fol.  —  Bhorcbduios  (Daniel).  Theeaurus  alchffmi9.  Col.,  1570,  tn-4.— 
Castacrs  Je  P.  de).  U  grand  miraele  de  nature  métallique;  en  imitant  icelle,  soM  âophiitp' 
fvénei,  iouâ  les  métaux  imparfaits  se  rendront  en  or  fin,  et  les  maladies  incurables  guéri- 
rai. Paris,  1615,  in-4.— DiGoniis  (Jean).  Alchgmia  sive  auri  multiplieatio.  Paria,  1573, 
in-8.— Doiui  (Gerbard  .  Chgmisticum  artifidum  wUurx,  etc.  Francof.,  1568,  in-8.  —  J^jpU 
mdapkgHcus  aut  p/ûlosophicus,  etc.  1570,  in-S.  —  Commentarium  in  libros  Paraeelsi  De 
tda  Umga.  Francof.,  1583,  in-8. — Aurora,  thesaurusque  pkilosoph..  Franco!.,  1584,  in<^ 
•  de  summis  naturx  mgsteriis  commentarU  très.  Basil.,  1584,  in-8.  — Flddo  (Rob).  Opéra, 
Francof.,  1617,  in-fol.,  6  vol.  —  GAaLAfiDnis  (i.).  Compendium  alehymix,  etc.  Basil.,  1560, 
iD-^.—  GLAuan  fi.  R.].  Opéra.  Amsterd.,  1654-69,  in-8.  —  La  Description  des  nouveaux 
fmneaux  philos,  Trad.  par  Du  Teil.  Paris,  1674,  in-8,  lig.<— GaATABOLOfl  (Guil.).— Kera? 
ekhgmix  artisque  metallicss,  etc.  Basil.,  1561,  in-fol.  — Hbuioiit  (J.  B.  tuè).  Or  tus  medi- 
fitue.  Amst.,  1648,  in-8.  —  Hocelande  (Bwaldus).  Historise  aliquot,  etc.  Colon.,  1604,  in-8. 
— IwÉBiAL  (le  chevalier).  Miroir  des  alchffmistes,  etc.  1609,  in-16.  —  Isaac  (J.).  Opéra  mine- 
Tslis,  etc.  1600,  in-8.  —  QpiM  Salurnt.  1608,  m^,  — De  tribus  ordinibuselixiris,  etc.  1600, 
in-8.— KEU.BT  (Edouard).  Traetatus  duo  egregii  de  lapide  philosoph,  Hamb.,  1676,  in-8,  et 
tkeatr.  chim, —  LAnmirs  (Janus).  Pretiosa  margarita,  etc.  Venet.,  1546,  in-8.  6g.  —  Lavi- 
nrs  (Vinceslas).    Traetatus  de  calo  terrestri.  161S.  iD-8.  —  Libavivs  (André).  Alehgmia, 
Francof.,  1606,  in-fol.,  î\%, —Sêlectorum  alchymix  arcanorum  tomi  duo,  Francof.,  1615, 
in-foI.  —  Maieb  (Michel).  Arcana  arcanissima^  etc.,  in-4. — Atalanta  fitgiens,  etc.,  1618, 
10-4,  fig.  — Sem/tfifim  chgmic,,  1687,    in-4.— f^ici»  severus,  etc.  1617,  in-4.— Sym^c/a 
aurexmenssg,  etc.  1617,  ïn-4, ^ Septimana philosoph,,  etc.  1620,  in-4.— TAfliiia  aureU' 
1618,  in-A.  —  lMSUs  serius,  etc.  1619,  in-4,  etc.,  etc.  — Mtlios  J.  D.).  Opus  medico-chymi- 
cum.  Francof.,  1618,  in-4. — Anatomia  auri.  i^^fin-^.  — Pharmacopea  spagyrico-medica- 
16i8,  in-8.  —  Padlbikr  (Pierre).  lu/pis  philos.,  etc.  Paris,  1609,  in-8.— PABâccLSE.  Opéra' 
Fnncof.,  1605.  in-4.  4  vol. — Qubbcetahus  (J).  Uber  de  priscorum  philosoph,  verse  me^ 
ikinx  materia.  1609,  in-12.^A^r  eildes  plus  curieux  et  rares  secrets  touchant  la  méd, 
m^tal.,  tiré  des  manuscrits  de  feu  M,  Joseph  Du  Chesne,  etc.  Paris,  1641,  in-8,  portrait.— 
Rpu^o  (Vartin).  f^exicon  alchemix.  etc.  Francof.,  1612,  ïn'h.—Alexicacus  chymiatrieus. 
1611.  in-4.  — RorBsaasA  (J.  de).  ÎÀber  lucis,  etc.  1613,  in-8.— 2)^  confeetûme  verse  lapidis 
philmoph,  1561,  in-fol..  etc..  etc.— Scbott  (Jean).  Margarita  philosophica,  in-4  gothique. —- 
Tuir»  (Joachim).  —  Promptuarium  alchimix.   1610,   in-8. — Todrette  (Alex,  de  la).  Bref 
éisttmrs  des  admirables  vertus  de  Vor  potable.  Lyon,  1575,  in-8.  —  Tbisbo81!i  ^Salomon). 
U  Toysan  d'or,  etc.  Paris.  1615.  in-8,  fig.— TairatiiE  (J.).  Traetatus  de  lapide  phil,  1613. 
iD-8  -.  UuiTAUE  (Philippe).  Cctlumphilosophorum,  etc.  1528,  in-fol.  Trad.  en  fr.  1546,  1550, 
in-8,  fig.  — Zacaire  (D.).  Opusculum  pkUos,  nat.  metall,  (Theatr.  chhn,,  p.  777).  — Trad.  en 
fr.  Lyon.  1568,  m-8;  1574,  in-16. 

G.  Dix-septième  siècle. — Atrkmokt  (D').  Tombeau  de  la  pauvreté,  etc.  Francof.,  1672. 
io-ll— Babbcr  (Jacques).  ExereUum  ehymicum,  PaUv.,  1670,  in-4.— Bêcher  (J.  J.)  Institut, 
ehem.  1662,  in-4.  — Begdi!i  (Jean).  Tyrocinium  chym,  etc.  1614,  in-12  ;  1618,  in-8.  —Novum 
tumen  ehym.  1608,  in-12.  — Belw  (A).  Aventures  du  philosophe,  etc.  Paris,  1646,  in-12; 
1674.  — BoRRfCBivs  fOlaus).  Un  grand  nombre  de  dissertations  dans  Acad.  nat.  curios.  Germ. 
[i*  année,  n^  167,  168)  et  dans  AetaHafh,  (t.  I.  n"  68,  71,  72.  75, 77.  etc.)— CH*fTRB  (de  la). 
U  Prototype^  etc.  Paris,  1635,  in-8.  —  Fabee  (P.  J...  Alchymista  christianus,  1652,  in-8.— 
Psiladium  spagyricum.  1628,  in-S.  — Sapientia  mineralis.  1654,  'in-S.-- Hercules  Pioehy^ 
miens.  1654,  in-8.  etc.,  etc.  —  Hebbereiis  (J.).  Physiea  realis  spagyrica,  etc.  1635,  in-8.— 
Heltetids  (J.  F.).  Vitulusaureus.  1667,  in-8.— Hobiubs  (Gasp.).  Medulla  alehymiss,  1668,  in-12. 
— KrvBATOs  (H/.  Magnesta  cathoHca,  etc.  1599,  in-8.  ^Amphitheatrumsapientiss,  etc.  1608, 
in-folio;  1654,  in-fol.,  etc. ,  etc. — Lagxeao  (David}.  Darmonie  mystique,  etc.  1636,  in-8. — 
Lk^vei  (flic.  de).  Us  rudiments  de  la  phil.  1665.  in-8.— Menibs  (Fr.)  Consensus  hermetico- 
■oMioff.  1644,  in-8,  etc.— Molibb  (Th.).  Miracula  et  mysteria  ehymieo-mediea,  etc.  1614. 
io-12.  Il  y  a  plus  de  douze  éditions  de  cet  ouvrage  étrange. — Noboor  (SamueP.  Catholicon 


570  ALCHORNÉE. 

phtfHc.  i(S30,  ïn^.-^Ventu  invitriolata  in  elixhr  convena,  necnon  Mars  mciariMu  tê$ 
elixiratu».  1630,  m-k.—Elixir  seu  mediciua  vitx.  1650,  'mA.-^Uereuriuê  reéiwmu,  f630 
in-4.,  etc.,  etc.  — Philalsthb  (Ayrereus).  Ventrée  ouverte  au  palaU  fermé  du  rm,  en  UtÎD 
et  en  français  (Lengl.  Du  Fresnoy,  t.  II,  p.  95) .  —  Puxrcamm  {DaTÎdde;.  TratU  delà 
vraie  médecine  dite  de  récent  or  potable.  Paris,  1633,  in-8.  —  RB$K>iTa  (de^.  Haret  exfé- 
riencei,  etc.  Paris,  1668,  in-8.  — Rosejiboth  (Knorr  de).  Kabala  denudata,  1673,  in-i,  5  vol. 

—  Saint-Didier  [Al.  de).  U  triomphe  hermétique,  etc.    1689,  in-12.— SEKWTOGnrs  (licheh. 
fAimen  citymicum.  1634,  in-8.  — /^s  OEuvret  du  cosmopolite.  Paris,  1001,  in-18. 

H.  Dix-huitième  siècle. —  Citons  seulement  quelques  noms  :  Alluttb,  Bômcaoi,  HniAsi 
Braun,  J.  Gollksson,  Baron  de  CaEts,  Delisle,  Dippel,  Lodis  Fatrat,  Crosset  de  la  Hacvuii. 

liASCARIS,  Le  BrETOIT,  DOVBNICO  NaKUEL,  SCHHtEOER,   ScHMOU,  DE  DlERBAOI,  etC.,   CtC. 

I.  Collections  hermétiques,  histoires.  —  AsHMotE  ^Elias).  Theatrum  chemtcum  Britaumatm 
London,  1652,  in-4.  ^-  Bobel.  Bibliotheca  chimica,  Paris,  1654.  —  Laz.  Zetucr.  Theatrwm 
chimieum,  etc.  Argent.,  1659*  in-8,  Qyo\.^ Muséum  hermeticum,  etc.  Francof.,  16'!8,  ia-i 
— Manget  (J.  J.).  Bibliotheca  chemica  curiosa,  etc.  Genev.,  1702.  in-fol.,  2  \ol.  —  Wcli«- 
naire  hermétique,  etc.  1605,  in-12.  — TIaudé  (G.).  Apologie  pour  tous  les  grands  persemuegti 
qui  ont  été  faussement  soupçonnés  de  magie.  1625,  in-8. — GEorraor.  Des  supercheries  w^ 
cernant  la  pierre  pfUlosoph.  [Àcad.  des  se,  arril  1722).  —  Urglet  do  Frcs^ot.  Bisioire  de  k 
philosophie  hermétique,  etc.  Paris,  1742.  in-12,  3  vol.— Barrett  (Fr.).  fJves  of  the  A'che- 
mystical  Philosophers,  with  a  Catalogue  of  Books  in  Oceult  Chemistrif,  etc.  London,  1815 
in-8.  —  CoviBR.  Histoire  des  sciences  naturelles,  1841,  in-8.  —  Beghi.  Histoire  ée  raklùmu 
1842,  in-8.  —  HdrsB.  Histoire  de  la  chimie,  1842,  in-8.  —  Miohc.  Dtetumnaire  des  sdenut 
occultes.  1846.  —  FioinRR  (Louis).  fJalchimie  et  les  alchimistes.  Paris,  1860,  in-S,  3- édit 

—  Karl  GHRMTorB  Schmiedbr.  Geschichte  der  Alchemie.  Halle,  1832,  in-8*.  A.  C. 

AiiCHinmi.    Voy.  Aleimdi. 

AliCHORNÉE  (Mchomea),  Genre  de  plantes  dicotylédones,  établi  par  Sdan- 
der  et  appartenant  à  la  famille  des  Euphorbiacées.  Il  y  faut  rapporter  YHermest^ 
de  Kunlh  et  le  Schausbœa  de  Thônning  et  Schumacher.  Les  caractères  de  ces  plante» 
sont  les  suivants.  Les  fleurs  sont  ordinairement  dioiques  et  aocidentellement  mo- 
noïques. Leur  calice  est  à  quatre  sépales  libres  ou  légèrement  unis  à  la  base,  tsI- 
vaires  dans  les  fleurs  mâles,  imbriqués  alternativement  dans  les  fleurs  femeJles 
Ordinairement  l'androcée  est  formé  de  huit  étamines,  dont  quatre  opposées  aux  se- 
pales  et  quatre  alternes  avec  eux.  Ces  étamines  sont  unies  par  la  base  de  leon 
filets  en  une  sorte  de  couronne,  et  leurs  anthères  sont  biloculaires  et  introrses.  U 
gynécée  est  ordinairement  dimère,  et  plus  rarement  trimère.  Quand  Tovairea 
deux  loges,  dles  sont  latérales  et  contiennent  chacune  un  ovule  suspendu,  avec  k 
micropyle  tourné  en  haut  et  en  dehors,  et  coiffé  d'un  obturateur  celluleux.  U 
style  se  partage  en  autant  de  longues  branches  qu'il  y  a  de  loges,  et  ces  branches 
couvertes  intérieurement  de  papilles  stigmatiques  sont  divergentes,  souvent  tor- 
dues sur  cUes-mômes.  Le  fruit  est  une  capsule  à  deux  ou  trois  coques  monospemife. 
et  les  graines  renferment  sous  leurs  enveloppes  un  embryon  entouré  d'unalbomea 
charnu.  La  plupart  des  Alchomea  sont  des  arbres  ou  des  arbustes  de  rAmériqoe 
tropicale  ;  et  l'on  croyait  même  qu'ils  n'existaient  pas  dans  l'Ancien •Mooik, 
quand  il  fut  reconnu  qu'une  plante  de  la  Guinée  et  du  Sénégal,  le  SdumdHBacor- 
difolia  Th.  et  Son.,  devait  être  rapportée  à  ce  genre.  Les  feuilles  sont  allemeset  ac- 
compagnées de  deux  stipules  caduques.  Les  fleurs  sont  disposées  sur  un  axeconi- 
mun  et  occupent  l'aisselle  de  petites  bractées  alternes.  Les  femelles  sont  solitaire» 
on  en  glomérules  pauciflores  à  l'aisselle  de  ces  bractées.  Les  mâles  sont  trè9-petilr> 
et  ordinairement  nombreuses  dans  chaque  glomérulc.  Les  espèces  qui  foumîmnt 
des  produits  utiles  à  la  médecine  sont  les  suivantes  : 

1.  Alchomea  latifolia  Sw.  (Prodr.,  98  ;  Flar.  Ind.  occ  ,  II,  1154).  Cet  an 
arbre  d'une  vingtaine  de  pieds  de  haut  qu'on  trouve  dans  les  montagnes  de  b 
partie  méridionale  do  la  Jamaïque.  Les  feuilles  pétiolées,  ovales,  acuminées,  sool 


A  L<:  M  ELLE.  571 

découpées  sur  les  bords  en  dents  éloignées  ;  lisses  et  brillantes  supérieurement, 
ternes  et  rugueuses  inférieurement,  ce  qu'elles  doivent  à  des  poils  courts  et  sur- 
tout à  des  nervures  réticulées  saillantes.  Les  fleurs  sont  disposées  en  épis  ramifiés 
de  glomérules  occupant  Taisselle  des  feuilles  ou  l'extrémité  des  rameaux.  Les 
fruits  sont  noirâtres,  lisses,  de  la  taille  d'un  gros  pois.  Les  fleurs  sont  d'un  jaune 
verdâlre,  petites  et  très-nombreuses.  Cette  espèce  passe  pour  fournir  une  portion 
des  écorces  dites  d'Alcomoqne.  C'est  du  moins  l'opinion  que  professaient  la  plu- 
prt  des  auteurs,  mais  elle  a  été  fortement  ébranlée  par  les  recherches  spéciales 
auxquelles  se  sont  livrés  Humboldt  et  Bonpland,  qui  croient  que  l'Alcomoque  vient 
oni.{uement  des  Bowdichia,  Toujours  est-il  rpie  l'écorce  d'il/chorn^  passe  aux 
Antilles  pour  sudorifique,  antirhumatismale  et  même  antisyphilitique;  propriétés 
qui  appartiennent  du  reste  à  beaucoup  d'écorces  d'arbres  de  la  famille  des  Eu- 
ptiorbiacées. 

2.  Aldiomea  Iricurana  Càsar.  Cette  espèce  à  feuilles  longuement  pétiolées, 
ovales-elliptiques,  acuminées  et  dentées  et  à  épis  axillaires  peu  rameux,  croit  au 
Brésil  et  elle  y  est  considérée,  de  même  que  certains  Croton  qui  portent  le  même 
nom  vulgaire,  comme  propre  à  guérir  les  angines,  à  cicatricer  les  plaies  et  les 
ulcères. 

3.  Alchomea  cordata  Bemth.  Cette  espèce,  qui  est  le  Schausbœa  cardifolia 
de  Thônning  et  Schumacher,  croit  au  Sénégal  et  en  Guinée.  C'est  le  BuUson  de 
Soél  des  colons  européens.  Ses  feuilles  sont  en  forme  de  cœur  et  dentées  ;  ses 
fleurs  très-petites  et  très  nombreuses.  On  la  considère  comme  sudorifique  et  dé- 
purative.  H.  Bu. 

SwAm,  Prodram.,  98;  Flor.  Ind.  occ.  II,  1154.  —  A.  Jom.,  Tmi,  Euph.,  4Î,  t.  13.  — 
H  fi.  K.,  No»,  gen.  et  sp.,  11.  13.  -^  H.  B»,  Et,  gin,  du  groupe  de»  Euphorbiae.,  44a.  t.  XX, 
f.  M2.  -«Cas&betto,  Decad,  p.  BrasU.,  I,  24.  —  Scjtom.  et  Tefiim,  Beskriv,,  449. 

AliCfCDBiVB.  Fougère  alimentaire,  appartenant  au  genre  Acrostic.  {Voy.  ce 
root.) 

UÂMEiMJBon  ACIUBIJLE.  J.  A.  Slevogt  a  fait  connaître,  en  1705,  dans 
une  dissertation  publiée  à  léna  sous  le  titre  de  :  Alcmella  ceylanica  fluoris  albi 
rmedrnn,  les  propriétés  médicinales  d'une  plante  qui  appartenait  pour  Linné  au 
genre  Spilanthus,  sous  le  nom  de  S.  Acmella.  Cassini  (in  Dict,  se.  nat.y  XXIY, 
551),  avec  L.  C.  Richard  (in  Persoon,  Enchirid.,  II,  472),  a  considéré  comme 
rédlement  distinct  du  genre  Spilanthus  VAcmella,  à  cause  de  ses  capitules  radiés, 
ses  ligules  hispides  à  la  base,  ses  achènes  trigones,  triaristés  ou  nus,  ou  à  angle 
intérieur  biaristé.  Toutefois,  la  plupart  des  botanistes  de  nos  jours,  et  notamment 
Eodiicher  (Gênera,  n.  2553),  ne  voient  pas  là  des  caractères  suffisants  pour 
"éparer  génériquement  les  Acmella  des  Spilanthus.  (Voy,  ce  mot.) 

l'Acmèlla  Linnxi  de  Cassini,  qui  est  par  conséquent  un  Spilanthus,  est  coimue 
vulgairement  sous  le  nom  d'Abécédaire,  parce  qu'on  assure  qu'en  mâchant  ses 
feuilles  on  fortifie  la  bouche  et  les  organes  de  la  phonation  et  qu'on  facilite  ainsi  la 
[«rôle  chez  les  enfants  dont  la  langue  n'est  point  déliée  ;  il  y  a  là  sans  doute 
licaucoup  d'exagération,  et  il  est  à  craindre  qu'en  employant  ces  feuilles  à  saveur 
acre,  poivrée,  on  n'irrite  trop  vivement  la  muqueuse  buccale.  C'est  en  produisant 
une  pareflle  irritation  que  l'Alcmelle  agit  conune  sialagogue,  excite  les  gencives, 
agit  oomme  antiscorbutique,  et  que  la  teinture  alcoolique  produit  à  peu  près  les 
niemes  effets  que  celles  de  Pyrèthre,  de  Cochléaria,  d'Aurone  et  d'autres  Syiiaii- 


572  ALCOOL  (cbinie). 

thérées  aromatiques.  Slevogt  préconise  cette  plante  contre  la  Iciioonliée,  ainsi  qoe 
rindlque  le  titre  de  la  dissertation  que  nous  venons  de  citer. 

UA.brachyglossa  de  Cassini  ne  parait  pas  différer  spécifiquement  de  son  A.  Loi- 
izâ^'.L'uneet  Tautre  paraissent  encorese rapporter  anVerbesina  AcmeUa deUnné. 
C'ast  une  Synanthérée  du  groupe  des  Senecioîdées,  qui  croît  dans  l'Inde  orientale. 

LA.  repens  de  Persoon  (SpilatUhes  repens  Hicbx.  Anthémis  repem  Walt.), 
originaire  de  la  Caroline,  et  Y  A.  mauritiûna  Rich  (S.  mauritianat  D.  C),  ont, 
dit-on,  exactement  les  mêmes  propriétés  que  VA.  Linnssi. 

L.,  SysL,  610.  —  Casbiri,  Dict.,  XXIV,  330.  — Ricii.  ap.  Pebs.,  EnMrià.,  II,  47S.— D.  C. 
Prodrom.,  y,  023,  625.  ^  E.^duchbb,  G«fi.,  n.  2553,  a,  —  Mer.  et  Dci..,  Did.y  I.  ^. 

H.  Bn. 

AliCMÉOlV  ou  plutôt  .AlXMiSOlV.  Né  à  Crotone,  dans  la  Grande-Grèce,  fit 
de  Pirithus,  et  disciple  direct  de  Pythagorci  vivait  en  l'an  500  avant  Jésus-Christ.  U 
plupart  des  historiens  de  la  médecine  nous  le  présentent  comme  le  plus  ancien  aiu- 
tomiste  :  il  aurait  le  premier  disséqué,  non  des  hommes,  la  religion  et  les  pré- 
jugés s'y  opposaient  trop  formellement,  mais  du  moins  des  animaux.  Or  cette 
assertion  repose  seulement  sur  les  allégations  d'un  célèbre  commentateur  dn 
Timée  de  Platon,  Chalcidias,  qui  écrivait  dans  le  lu'  siècle  de  notre  ère,  c'est-à- 
dire  plus  de  700  ans  après  Alcmaeon  ;  de  plus,  comme  on  l'a  fait  observer,  le» 
principes  pythagoriciens  ne  permettaient  pas  même  la  dissection  des  cadavres  de« 
animaux.  Des  auteurs, relativement  modernes,  tels  ^ue  Plutarque (D^pfocitû  fki- 
losaphomin)f  Gensorinus  (De  die  natali)^  citent  Alcmaeon  pour  ses  opinions  ant* 
tomiques  et  physiologiques  ;  Diogène  Laërce  dit  formellement  que  cet  auteura  écrit 
sur  la  médecine  et  sur  la  physique.  Mais  la  mention  la  plus  sérieuse  et  la  phn 
authentique  est  celle  qui  nou$  est  donnée  par  Aristote  (Hist,  anim,^  1. 1.,  c.  4)*. 
«  C'est  à  tort,  dit-il,  qu'Alcroaeon  assure  que  les  chèvres  respirent  par  les  oreilles.  ■ 
Les  modernes  ont  eu  la  complaisance  de  voir  dans  cette  idée  bizarre  la  découvert*' 
de  la  trompe  d'Eustache,  et  rien  assurément  ne  justifie  une  pareille  allégalioo. 
Quand  aux  opinions  qui  lui  sont  attribuées  par  les  auteurs  que  nous  venons  de 
citer,  en  voici  quelques-unes  :  L'audition  a  lieu  par  rébranlement  des  cavités 
vides  de  l'oreille  ;  la  cause  du  goût  réside  dans  l'humidité,  la  chaleur  et  la  flexi- 
bilité de  la  langue;  les  odeurs  introduites  par  la  respiration  sont  transmises i 
l'âme  qui  siège  dans  le  cerveau  ;  la  santé  consiste  dans  un  rapport  équilibré  entre 
les  qualités  élémentaires  du  corps,  le  froid,  le  chaud,  le  sec,  l'humide,  le  doux, 
l'amer,  etc.  ;  et  la  maladie  provient  d'une  perturbation  apportée  dans  l'hariDonie 
de  ces  rapports.  Au  total,  il  paraît  bien  évident  que  notre  auteur  a  écrit  sur  b 
physique. comme  le  faisaient  alors  les  philosophes,  et  Diogène  Laêroe  nous  a  coo- 
serve  le  début  d'un  de  ses  ouvrages,  qui  montre  qu'au  moins  Alcmsoo  ne  se 
faisait  pas  illusion  sur  la  valeur  de  ses  hypothèses  et  qu'il  ne  les  prenait  pospow 
des  réalités,  a  ]jes  dieux,  disait-il,  ont  une  connaissance  exacte  de  ce  qui  ttptée 
les  choses  mortelles,  mais  les  hommes  n'en  peuvent  rien  savoir  que  par  conjec- 
ture. »  C'est  là  assurément  une  idée  fort  sage  et  digne  d'être  méditée  encore  de 
nos  jours.  E.  Bgd. 

ALCOOi..  g  I.  Chimie.  Les  alchimistes  arabes  ont  nommé  alcool  le  produit 
spiritueux  et  inflammable  de  la  distillation  du  vin.  Amauld  de  VilleneuTe,  qui 
vivait  à  Montpellier  vers  1300,  connaissait  l'esprit-de-vin  ;  Raymond  Lulle  enseigm 
sa  rectification  par  le  carbonate  de  potasse. 


ALCOOL  (chimie).  573 

On  prépare  Talcool  en  grand,  dans  les  arts,  par  la  distillation  des  liqueurs  ler- 
mentées  telles  que  le  vin,  le  jus  de  betterave  fermenté,  le  moût  obtenu  par  la 
saodiarification  de  la  fécule  et  du  grain,  et  soumis  ensuite  à  la  fermentation.  La 
glucose  ou  un  sucre  pouvant  se  transformer  en  glucose  est  la  matière  fermen- 
tesdble  de  ces  liqueurs  sucrées.  La  levure  de  bière  est  le  ferment.  L^alcool  et 
Fadde  carbonique  sont  les  produits  principaux  de  cette  fermentation  (vay.  ce  mot) . 

On  peut  former  l'alcool  artificiellement  avec  l'éthylène  ou  gaz  oléfiant.  Faraday 
a  démontré,  en  i825,  que  l'acide  sulfurique  concentré  absorbe  le  gaz  éthylène. 
HcDiiel  a  trouvé  en  1826  qu'il  se  forme  de  l'acide  éthylsulfurique,  dans  cette 
circonstance.  M.  Berthelot  a  confirmé  ce  fait,  et  a  réussi  à  régénérer  l'alcool 
ivec  1  acide  éthylsulfurique  (sulfovinique)  ainsi  formé.  U  suffit  pour  cela  de  faire 
bouillir  la  solution  de  cet  acide  : 

▲cîde  folforique.  Éthylêne.  Acide  éthyteulXurique. 

^*J*JS«0«      -+-       HK)'      =      ÎIJS'O»      -»-      <^*J*J0' 

Acide  âthjbttlfurique.  Acide  sulfurique.  Alco*!!. 

Un  autre  procédé  pour  faire  la  synthèse  de  l'alcool  au  moyen  de  l'éthylène  con- 
siste, d'après  H.  Berthelot,  à  combiner  ce  carbure  d'hydrogène  avec  l'acide  iodhy- 
drique  ;  il  se  forme  de  Tiodure  d'éthyle  qu'on  peut  convertir  en  alcool  par  une 
longue  ébullition  avec  la  potasse  caustique  : 

,C*H*        -+-      HI  =      C*H»I 

Ethylêne.  lodure  d'éthyle. 

lodure  d'éthyle.  Alcool. 

Uans  cette  dernière  réaction  on  voit  l'iode  de  l'iodure  d'éthyle  enlever  le  potas^ 
sium  de  l'hydrate  de  potassium,  tandis  que  le  groupe  C^H*,  c'est-à-dire  l'éthyle, 
se  substitue  à  ce  métal.  On  peut  donc  dire  que  l'alcool  est  un  hydrate  analogue  à 
Thydrate  de  potassium,  et  si  ce  dernier  est  de  l'eau  dont  un  atome  d'hydrogène  a 
été  remplacé  par  un  atome  de  potassium,  l'alcool  représente  de  l'eau  dont  un  atome 
d'hydrogène  a  été  remplacé  par  le  radical  monoatomique  éthyle.  Tel  est  le  sens 
des  formules  : 

Ho.      SI».      "!«• 


La  lonnule 


Eau.  Hydrate  Alcool  ou  hydrata 

de  potaniuui.  d'éthyle 


«ipnme  donc  la  composition  atomique  de  l'alcool.  Sa  composition  centésimale  est 

la  suivante  : 

Carbone 52  6 

Hydrogène 12  9 

Oxygène .14  5 

100  0 

Propriétés.  L*alcool  pur,  qu'on  nomme  absolu,  est  un  liquide  incolore,  doué 
'l'ane  odeur  spiritueuse.  Sa  densité  est  égale  à  0,S095<>  à  0<>;  0,7959  à  15%5; 
0,792  à  20».  U  bout  à  78«,4  sous  la  pression  de  0'",76.  Il  est  très-mobile;  mais 
lonqn'on  l'expose  a  un  froid  de  — 100®  il  prend  une  consistance  oléagineuse.  U  se 


574  ALCOOL   (cuimii). 

mêle  à  l'eau  en  toutes  proportions.  Ce  mélange  produit  un  dégagement  de  chakur 
et  une  contraction.  52,3  vol.  d*alcool  et  47,7  vol.  d'eau  à  15*  ne  produisent,  par 
leur  mélange,  que  96,35  vol.  d*alcool,  au  lieu  de  100  vol. 

L*aloool  dissout  un  grand  nombre  de  gaz,  de  liquides  et  de  solides.  L'aâde  car- 
bonique, loxygène,  le  cyanogène,  1  ethylène,  y  sont  plus  solubles  que  dans  l'eau. 

Parmi  les  substances  minérales  qui  s*y  dissolvent  nous  citerons  :  Tiode,  lacide 
borique,  les  hydrates  de  potasse  et  de  soude  ;  les  chlorures  de  calcium,  de  stron- 
tium, de  magnésium,  de  zinc,  le  chlorure  ferrique,  le  sublimé  corrosif,  les  i-hlo- 
rures  de  platine  et  d'or;  les  azotates  de  chaux  et  de  magnésie,  etc.  Un  trës^gnnd 
nombre  de  substances  organiques,  se  dissolvent  dans  l'alcool.  Il  en  est  ainsi  des 
acides  et  des  bases  organiques,  d'un  grand  nombre  de  substances  neutres,  de  ma- 
tières résineuses,  de  corps  gras.  Toutefois  ces  derniers  se  dissolvent  plus  lacilenient 
dans  Télher  que  dans  l'alcool. 

Lorsqu'on  dirige  les  vapeurs  d'alcool  à  travers  un  tube  de  porcelaine  chanfle 
au  rouge,  elles  se  décomposent  en  eau,  hydrogène,  gaz  des  marais,  gai  olébaDl. 
il  se  dépose  en  outre  du  charbon  et  il  se  forme  une  petite  quantité  de  benzine, 
de  naphtaline,  d'hydrate  de  phényle.  L'alcool  est  inflammable  et  bhtte,  comme  cha- 
cun sait,  avec  une  flamme  pâle,  bleuâtre.  Lorsqu'on  humecte  du  noir  de  pbtim 
avec  de  l'alcool,  celui-ci  absorbe  l'oxygène  énergiquement,  et  avec  une  production 
de  chaleur  qui  peut  aller  jusqu'à  l'incandescence.  Au  contact  du  platine,  1^ 
vapeurs  d'alcool,  mélangées  d'air,  subissent  la  combustion  lente  et  se  converii^seut 
en  aldéhyde  et  en  acide  acétique  : 

C*H«0>    +    0«    =    H*0>    -+-    C*H*0« 

Alcool.  Aldéhydtf. 

C*H*0«    ^.    0«    =    C*H*0* 

Aldéhydp.  Aride  acétique. 

Un  mélange  d'acide  sulfurique  étendu  et  de  peroxyde  de  manganèse,  ou  Ae 
bichromate  de  potasse,  oxyde  l'alcool  et  le  convertit  partiellement  en  aldéhyde  «1 
en  adde  acétique.  Les  acides  chlorique  et  chromique  l'oxydent  avec  une  uOt 
énergie,  qu'il  y  a  inflammation.  L'acide  nitrique  l'attaque  avec  violence  et  le  con- 
vertit partiellement  en  éther  nitreux  ;  il  se  dégage  en  même  temps  des  torrents  de 
vapeurs  rouges  et  d'acide  carbonique.  Soumis  à  l'ébullition  avec  du  nitrate  acide 
mercurique  ou  argentique,  l'alcool  donne  du  fulminate  de  mercure  ou  d'aigeol. 

Le  chlore  l'attaque  énergiquement  et  lui  enlève  de  l'hydrogène.  Le  produit  fini 
de  cette  action  est  le  chloral  C^Cl^HO'  :  il  se  forme  d'abord  de  l'aldéhyde,  si  l'akool 
est  étendu  (Stas). 

C*H«0»    ^    Cl«    =    2HCI    -4-    C*H*0* 

Alcool.  Aldéhyde. 

Distillé  avec  du  chlorure  de  chaux  l'alcool  donne  du  chloroforme. 
Le  potassium  et  le  sodium  en  dégagent  de  l'hydrogène  et  le  converti^MSil  «ii 
éth^late  de  potassium  ou  de  sodium  : 

Alcool.  ÉthrUte 

de  potawiuDi. 

Cette  réaction  est  analogue  à  celle  que  le  potassium  exerce  sur  l'eau  elkvoii'iiii 
Chauffé  avec  un  excès  d'acide  sulfurique,  il  perd  tout  son  oxygène  sous  îorny 
d'eau  et  il  se  forme  de  l'éthylène  : 

^*{j'J0«    =    CW    -h    HW 

Alcool.  ÉlhyKiw. 


ALCOOL  (phaumagolucib).  ô75 

Une  déshydratation  moins  complète,  sous  l'influence  de  Facide  sulfurique,  le  con- 
Tertit  en  éther  ordinaire  ou  oxyde  d'éthyle  : 


fin»']  =  gs:)»-  -  <^ 


Alcool.  élher. 

hr  Taciion  des  acides  sur  Talcool  il  se  forme  des  éiheTs(Voy,  l'article  Alcools). 
L'aloool  peut  se  combiner  avec  certains  oxydes,  chlorures,  sels,  et  parait  jouer 
dans  ces  combinaisons  le  rôle  de  l'eau  de  cristallisation.  Ad.  Wobtz. 


§  U.  Coaaldémtloiis  phannacoloylqnes  sur  l*iUeo»l.  L'alcool  de  vin 
ost  le  seul  qui  était  autrefois  usité  en  médecine  ;  il  est  toujours  le  plus  estimé  et 
exdusiTement  employé  pour  la  préparation  des  liqueurs  de  table  de  bonne  qualité, 
nuis  pour  les  besoins  de  la  médecine  et  pour  les  diverses  applications  qu'il  reçoit 
en  chirurgie,  on  lui  substitue  sans  aucun  inconvénient  les  alcools  de  grains,  de 
pommes  de  terre,  de  betteraves,  de  diverses  céréales,  etc.  11  est  de  toute  nécessite 
qu'ils  soient  privés  par  des  distillations  et  des  purifications  répétées  des  corps  étran- 
2:ers  et  des  huiles  essentielles  qui  les  accompagnent;  quoi  qu'il  en  soit,  l'alcool  de 
vin  dont  la  saveur  est  franche  et  pure  doit  toujours  être  préféré  pour  les  usages  de 
la  médecine  et  de  la  pharmacie.  Pour  être  réputé  bon,  il  faut  qu'il  donne  une 
liqueur  transparente  lorsqu'on  le  mélange  avec  de  l'eau,  et  que  la  liqueur  ne  pré* 
sente  aucun  goût  étranger,  ni  aucune  odeur  désagréable. 

L'alcool  plus  ou  moins  cencentré  s'obtient  par  des  rectifications  répétées  à  l'a- 
lambic, les  trois  degrés  alcooliques  les  plus  souvent  employés  sont  les  suivants  : 
i«  l'alcool  à  88»  c.  (34  Cartier),  2*»  l'alcool  à  80»  c.(31  Cartier),  3»  l'alcool  à 56«c. 
(21  Cartier). 

C'est  surtout  comme  dissolvant  que  l'alcool  est  employé  en  phaimacie.  Pour  l'ob- 
tenir plus  ou  moins  concentré,  on  le  distille  avec  des  coi'ps  qui  ont  une  grande  af- 
finité pour  l'eau  et  qui  n'altèrent  pas  l'alcool  ;  le  sulfate  de  soude  eilleuri,  l'acétate 
de  potasse,  le  chlorure  de  calcium  fondu,  le  carbonate  de  potasse  desséché,  la 
chaux,  etc. ,  sont  les  corps  les  plus  souvent  employés  ;  mais  ils  n'agissent  pas  tous 
également  :  les  uns,  comme  le  sulfate  de  soude  edleuri,  sont  trop  faibles;  d'autres, 
comme  la  chaux  et  le  chlorure  de  calcium,  retiennent  de  l'alcool  en  combinaison 
<pi  on  ne  pourrait  séparer  qu'en  traitant  le  résidu  par  de  l'eau  et  distillant  de  nou- 
veau. D'après  quelques  auteurs,  certains  sels  formeraient  avec  l'alcool  des  combi- 
naisons définies,  nommées  alcoolates  et  analogues  aux  hydrates, 

D  est  des  cas  où  on  a  besoin  d'alcool  absolu  ou  anhydre  (100»  c),  mais  le  plus 
souvent  l'alcool  à  94°  c.  suf&t  aux  besoins  du  laboratoire.  On  l'obtient  en  disliUant 
par  litre  d'alcool  à  86»  c.  100  grammes  de  carbonate  de  potasse  desséché,  après 
avoir  laissé  digi'rer  deux  jours  au  bain-marie;  l'alcool  à  94»  ainsi  obtenu  peut  être 
amené  à  97®  c.  en  le  distillant  avec  100  grammes  de  chlorure  de  calcium  fondu, 
par  litre,  et  en  le  laissant  digérer  avec  150  grammes  de  chaux  vive  pulvérisée; 
ropération  doit  être  continuée  deux  ou  ti'ois  jours  en  vase  dos,  dans  un  lieu  chaud, 
puis  on  distille  de  nouveau  avec  250  grammes  de  chaux  vive  par  litre  d'alcool;  on 
fractionne  les  produits  dès  que  l'alcool  cesse  de  marquer  100»  c.  La  chaux  n'altère 
pà&  l'alcool,  mais  il  faut  avoir  le  soin  de  n'employer  que  celui  qui  a  été  déjà  rectifié. 

L'alcool  faible  du  commerce  oueau-de- vie,  employé  en  pharmacie, est  préparé  par 
des  coupages  à  l'eau  distillée  de  l'alcool  concentré,  de  manière  à  le  ramener  de 
5^c.  à  80"*  c.  Quant  aux  eaux-de-vie  proprement  dites,  il  en  sera  question  ailleurs. 

l/alcool  est  le  véhicule  des  alcoolats,  des  alcoolés  (teintures)  et  des  alcoolatures. 


570  ALCOOL  (physiologie). 

il  entre  dans  un  grand  nombre  de  ooui|X)sîtions  qui  portent  le  nom  d^alcûoU  ;  ik>u> 
signalerons  les  principales. 

Alcool  ammoniacal.  Liqueur  d'ammoniaque.  Vinasse,  Ammoniaque  liquide  I . 
alcool  à  86»  c.  2  ;  en  y  ajoutant  quelques  gouttes  d'essences  d*anis,  de  girolle 
ou  de  citron,  on  obtient  l'alcool  ammoniacal  citroné,  caryophyllé,  anisé,  eti:. 

Alcool  tannique  ou  teinture  aromatique  de  noix  de  galle.  Poudre  de  noix  de 
galle  i,  eau  commune  i6  ;  faire  bouillir  jusqu'à  réduction  à  S  parties,  passer  ci 
ajouter  alcool  rectifié  9,  eau  de  Cologne,  iO.  Filtrez.  En  injections  oootre  la  leu- 
corrhée et  la  blennoiThéc  étendu  de  6  ou  10  fois  son  poids  d'eau  (Gibert). 

11  sera  question  ailleurs  des  alcools  camphré,  éthéré  (liqueur  d'HoAmann),  axo- 
tique,  muriatique,  nitrique,  sulfurique  (eau  de  Rabel).  0.  Rcteil 


m- 

I 


§  111.  Actfon  phTsIolofflqne  et  toxique  de  l'aleool.  L'alcool  est  le  pr 
cipe  auquel  les  boissons  fermentées  doivent  leurs  propriétés  communes  et  leur 
action  caractéristique,  bien  que  certaines  substances,  et  notamment  les  huik^ 
essentielles  qui  s'y  trouvent  incorporées,  puissent  intervenir  dans  quelques  a- 
particuUers.  En  raison  d'une  immense  richesse  de  pixxiuction  et  de  leurs  qualitc^ 
stimulantes  et  réconfortantes,  les  boissons  spiritueuses,  sous  les  formes  les  pim 
diverses,  se  sont  imposées  de  bonne  heure,  comme  une  nécessité,  dans  la  vie  de  L 
plupart  des  jH^uplcs.  Partout  elles  figurent  à  un  rang  foi*t  important  parut 
les  matières  de  consommation  première.  Cette  considération  suffit  pour  mmi- 
trer  l'utilité  et  l'intérêt  d'une  étude  spéciale  de  l'alcool,  au  point  de  Tue  mul- 
tiple de  la  physiologie,  de  l'hygiène  pubUque,  de  la  pathogénie  et  de  b  lliiiH 
peutique. 

L'alcool  exerce  une  action  locale  irritante  sur  les  membranes  ou  les  tiss>u>  a\(t 
lesquels  il  est  en  contact.  Selon  qu'il  est  plus  ou  moins  concentré,  selon  Fespètt 
animale,  suivant  l'élut  de  vacuité  ou  de  réplétion  de  l'estomac,  il  provoque 
soit  une  stimulation  douce  qui  aide  à  la  digestion,  soit  une  inflammation  traunu- 
tique  qui  peut  être  portée  jusqu'à  la  destruction  de  la  muqueuse.  Orfila  et  t(4b 
les  expérimentateurs  ont  constaté  une  inflammation  très-vive  de  l'estomac  et  même 
de  l'intestin,  chez  les  animaux  auxquels  ils  avaient  fait  ingérer  une  quantité  d'al- 
cool sufiisante  pour  amener  la  mort.  Chez  l'homme,  rien  n'est  rare,  si  elle  exista, 
comme  l'inflammation  de  l'estomac  après  l'ingestion  des  boissons  spiritucuse>.  K 
l'autopsie  des  sujets  qui  ont  succombé  aux  progrès  de  l'ivresse,  on  a  souvent  no(t'. 
il  est  vrai,  une  coloration  rouge  de  la  muqueuse  de  l'estomac  et  de  l'intosthi  gréJc, 
quelquefois  aussi  des  arborisations  très-prononcées  ;  mais  il  faudrait  se  garder  d** 
considérer  comme  pathologique  cette  turgescence  des  vaisseaux  qui,  la  plupart  du 
temps,  est  la  conséquence  du  travail  de  la  digestion. 

D'apiis  Magendie,  l'alcool,  en  anivant  dans  rcsloniac,  coagule  le  mucus  *< 
l'albumine  qui  s'y  trouvent  :  ces  principes  seraient  ensuite  digérés  comme  de»  ali- 
ments soUdes.  (Précis  élémentaire  de  physiologie,  4*  éd.,  t.  II,  p.  143.) 

On  sait  que  l'alcool  afiaibli,  soumis,  en  présence  d'une  matière  aniûule  à  oiv* 
température  de  15  à  30  degrés,  subit  la  fermentation  acétique.  MM.  LciiieC  t4 
Lassaigneont  admis  par  analogie  une  transformation  analogue  des  boissons  ait  i^^ 
liques  dans  l'estomac  (Rechmrhes  physiologiques  et  chimiques  pour  servtr  « 
Vhistoire  de  la  digestioti,  p.  200).  Les  phénomènes  de  l'ivresse  suffiraieu(,2dé^ut 
d'autres  preuves,  pour  montrer  ce  qu'une  semblable  opinion  a  de  trop  absolu 
Une  petite  quantité  seulement,  sous  l'action  du  suc  et  du  mucus  gastrique»,  qn'* 
jouent  le  rôle  de  ferment,  subit  cette  tnnisfonnation.  C'est  elle  qoi  produit  orU< 


ALCOOL  (physiologie).  577 

jri^i't'iice  si  iiénétraiite  et  si  désagréable,  qui  caractérise  les  éructations  et  les 
pixxliiits  du  Yoniissement  après  l'ingestion  des  ))oissons  spiritueuses. 

Nal^*  CCS  conditions  en  apparence  défavorables,  l'alcool  est  assez  rapidement 
afjsorbé,  qu'il  soit  àTéftit  liquide  ou  à  Tétat  de  vapeiu's. 

(Iclte  absorption  peut  se  faire  par  le  tissu  cellulaire,  par  les  cavités  séreuses,  par 
if  poumon  et  par  le  tube  digestif. 

Eli  injectant  4  gros  (16  gi-ammes)  d'alcool  à  2i  degrés,  dans  la  cavité  périto- 
iiéiilc  chez  des  lapins,  M.  Rayer  a  plongé  |)rosquc  immédiatement  ces  animaux  datib 
une  ivresse  comateuse  qui  se  termina  par  la  moii,  après  quelques  heures  {Diction- 
mire  de  niédecine  et  de  chintrgie  pratiques ^  1. 1",  p.  291). 

Orfila  a  enivré  et  tué  des  chiens,  soit  en  leur  injectant  de  l'alcool  dans  resloniuc 
nii  le  (issu  cellulaire  sous-cutané,  soit  en  leur  faisant  respirer  de  l'air  chargé  de 
^apciira  alcooliques. 

Mais  habituellement,  on  pourrait  dire  exclusivement,  c'est  par  les  voies  diges- 
tives  que  les  boissons  alcooliques  sont  absorbées  chez  l'homme.  La  rapidité  de  cette 
absorption  varie  suivant  diverses  circonstances.  Elle  est  ralentie  par  la  présence  de 
principes  acides,  de  tannin,  de  matières  nnicilagineuses  ou  sucrées  qui  entrent  fré- 
tfuemment  dans  la  composition  des  boissons  fermentées.  Elle  l'est  également  par 
la  présence  dans  l'estomac  d'une  quantité  notable  d'aliments  solides  ou  de  liquides 
^n-iis.  C'est  à  cette  dernière  particularité  qu'il  faut  sans  doute  attribuer  cette  pra- 
(i<{ue  anglaise  qui  consiste  à  prendre  un  potage  très-gras  ou  même  un  verre 
d'huile  avant  de  procéder  aux  libations.  L'absorption  de  l'alcool  s'effectue  surtout 
dans  l'estomac.  Pourtant  MH.  Bouchardat  et  Sandras  ont  constaté  que  les  bois- 
ions alcooliques,  administrées  soit  en  excès,  soit  mélangées  avec  du  sucre,  étaient 
abborltées  dans  toute  l'étendue  des  intestins  (De  la  digestion  des  boissons  alcoo- 
liques et  de  leur  rôle  dans  la  nutrition.  Annales  de  chimie  et  de  physique,  5*  se 
rie,  tome  XXI,  |iages  450  et  256) . 

Les  phénomènes  de  l'intoxication  alcoolique  paraissent  bien  suflisants  pour  dé- 
montrer, en  dehors  de  toute  constatation  directe,  que  l'alcool  ingéré  pénètre 
dans  le  sang.  Tel  n'a  pas  été  pourtant  l'avis  unanime.  Orfila  a  attribué  les  effets  de 
l'ivresse  à  une  action  sur  les  extrémités  nerveuses  qui  réagiraient  à  leur  tour  sur 
ItN  centres,  sans  rintervention  de  l'alisorption.  La  même  opinion  avait  été  émise 
|KirB.  Brodie,  dans  un  mémoii'e  communiqué,  en  18i1,  à  la  Société  royale  de 
Londres  {Journal  de  médecine  de  Leroux^  Corvisartet  Boyer,  1815,  t.  XXVI, 
p.  320).  L'action  directe  de  l'alcool  sur  la  périphérie  des  ii(»H*s  a  été  depui^ 
a(x*eptée,  mais  i\  titre  d'influence  accessoire,  par  Carpenter  (On  the  Use  and  AÎntse 
of  Alcool ic  Liqiiors,  1850),  et  par  M.  W.  Hnrcct  {Médical  Times  and  Gazette , 
1860,  n**  505,  507  et  509).   Nous  aurons  bientôt  à  revenir  sur  ce  point. 

Hais  Mageiidie,  l'un  des  premiers,  a  démontré  que  l'alcool  est  alisorbé  par 
riiitnmédiairc  des  veines  et  qu'il  pénètre  dans  le  sang  (Précis  élémeniaire  de 
jihysiologie,  V  éd.,  t.  11,  p.  i87).  Ségaias  est  arrivé  aux  mêmes  conclusions  {Le 
^fuj  peut-il  être  cause  de  w^i/(Mfî>5?  Mémoire  luàl'Académie  des  sciences,  1825). 

D(*s  recherches  nombreuses  ont  été  faites  pour  connaître  l'action  de  l'alcool  sur 
k'  sang.  Schuitz  a  constaté  que  lalcool  versé  dans  du  sang  frais  lui  communique 
une  coloration  noire  et  fait  dissoudre  la  matière  colorante  des  globules  dans  le 
M'rani  {Wirkung  des  Branntweins  der  Trnnksucht,  in  Hufeîand^s  Journal, 
avriU84l). 

En  mélangeant  par  jmrties  égales  de  l'alcool  et  du  sang  n^çii  au  sortir  de  lu 
H'ine,  MM.  Monneret  et  Fleury  ont  vu  que  la  coagulation  n'avait  pas  lieu;  globules, 

DICT.  ESC.  U.  37 


570 


ALCOOL  (lin 


il  entre  dans  un  grand  nombre  de  cuin,  •. 
signalerons  les  princii)ales. 

Alcool  ammoniacal.  Liqtieur  d\nu,„ 
alcool  à  86»  c.  2;  en  y  ajoiibnl  •jn     j 
ou  de  citron,  on  obtient  l'alcool  mxuu  .. 

Alcool  tannique  ou  teintmr  ,(i.»t... 
galle  i,  eau  commune  16  ;  faiu   • 
ajouter  alcool  rectifié  9,  eau  d»    . 
corrhée  et  la  blennorrliéc  élomlu  . 

Il  sera  question  aillrurs  d  .n 
tique,  muriatique,  nitritjut , 


•loirâlre  (Nonnerui  et  Fleur \. 


§111.  Actfon  phjsiolo^.. 

cipe  auquel  les  boisson 
action  caractéristique,  : 
essentielles  qui  s'y  h 
particuliers.  En  rais" 
stimulantes  et  récon 
diverses,  se  sont  h  , 
plupart  des    |h'ii 
les  matières  de 
trer  l'utilité  o\  ! 
tiple  de  la  ]•' 
peutique. 

L'alcool  i- 
lesquels  il 
auimalo, 
soit  uuo 

tique  i\  ^    . 

les  ex' 
dcT. 
coo' 

I 


«  uiiii  >i 


•  I 


nie  mort  immédiate  m  coijini- 
i  hùpitaum  du  roi  y  1710,  p.  ^3 
v^  dans  le  Competidium^  ihtd.\ 
'    >rend  la  précaution  de  faia*  usaji- 
•  •.  lu'd  possède  de  coaguler  Talbuminr 

.nuunes)  d'eau-de-vie  additionnel*  di 
u  '  n len  sans  amener  d*accidents  (  L^fON^ 
.IL  p.  55).  Nous  avons  souvent  rtptt»' 
.tr  mémo  résultat  négatif. 
.-    it.\ient  Talcool  dans  le  sang.  Ma'ronfL' 
^<^;tMi  le  sang  exhalait  mvi  très-fortr  oàew 
.    1  liritillation  (Précis^  ibid,j  t.  II,  p.  i87>. 
t.  /dkool  dans  le  sang  la  cause  de  TivriNs* . 
1  II  pie  le  sang  contenait  de  l'alcool  dunni 
::!*.>:  J828).  MM.  Bouchardat  ca  Sandrav 
■t.iL.  iv  diiens,  de  coqs,  de  canards  auxquek  iK 
.;s»  pie  le  sang  tii'é  de  la  veine  d'un  homme  fn 
{ui  leur  parut  exhaler  une  légère  odeui 
œ  |au*eut  y  constater,  par  des  indices  plu^ 
Jr  ui  ditjestion  des  boissotis  alcooliques  et  à,- 
.  .-lu..  '..  \X],  p.  448  et  suiv.). 
»    ;i<i«ieat  exprimées,  comme  on  le  voit,  le  fait  iU 
«.^  «  m  nioânné  par  aucune  ex|)érience  décisive. 
.  .   *ratfr:iiêe  dans  les  produits  de  la  respiration  K  dt-^ 
..    .     1  S^'.  philom,^  i8H),  Tiedemann  {Zeitsdinti 
^    .«.ueiil  jumoDcé  que  l'alcool,  comme  d*autrcs  miI»- 
"nwci*^  pr  Texhalation  pulmonaire.  Ra)er-C<*i- 
m\}*'i  >'élimiue  par  les  poumons  (De  Vusaçe et 
^^  •!{.«  V  (t  lUv  boissom  fermentées  et  distillées,  — 
•  ^     v>«   I    1^'.  Pour  Aériiier  le  fait,  MM.  Bouchardat  H 
.1.    •  r^  m  u'i  M  "  «l  d(*  Wolff,  les  produits  de  La  respiration  vhc/ 
.  -.  ^i>    .s:aiLY  dim quart  d'heure, 200 granmiesd'alci>ul. 
'u..  v^  i' .  KL  LJ^  Q  okuiiunent  qu'une  pru|)ortion  insignilkiui< 
.^  ■•..•:'.  it  .  j'-^*»»!,  Nins  eu  avoir  recherché  les  caraclcn^. 
•     *.:•  un   WiT  2t  FïL'i'tê  de  Heidell)erg,  Wôhler,  afirès  a>oir 
,^.  ^  wi   **  cULuia.  >u  b.'.kfhu,  Seiler,  Ficinus,  qui  u'aviiient  |it^ 
ji_>     :.-.n  .  .'Ha*x:  :  A  a*coi*ps  n'est  pas  éhmiiié  par  les  nin* 
X,    ^i".   .    I.  X  -••*.  Rojer-Collard,  qui  entreprit  la  un'iirt* 

i>  ..«.iviir-v-^  a  .«.%iul  ^'alemenl  qu'un  résidtat  n^ahf 

t  -.  ^-^  '4M.>  su-     >.:uiiK%  et  que  nous  venons  de  ra|^i<^ 
I  ^1  -  •  :>.  .^'ii^u:'  ^•-'.'a:  .\.hc  Tm'ine  et  les  autres  sécrétioii>  n« 


II 


IKL 


.1^    ^«-^  .   A*  VI     '  M  .  :.  Wi,  p.  454) .  Klencke  est  le  seul  ex|ién- 
c  '^^Nu^'  i^  1  û«:v<»l  dans  l'urine  et  dans  la  bile  iiait'h 


«I >  'S:''ivift9^anstfenusses  aufden  lehenien  On/i- 


K 


IX     m«i  V  ^'^tieusemeut  tous  les  travaux  qui  ont 
Il     tii.*'«  t    •!  .^tiirv,  soit  dans  le  sang,  M.»it  daii>  Ic^ 


\LGOOL  (physiologie).  579 

\K\\vc  que  leur  résultat  négatii',  ù  peu  près  constant,  a 

i  liroi  w  si  populaire  de  la  destruction  de  l'alcool  dans 

i-i^^^.iil  d'un  aliment.  Tous  les  jouis  l'homme  absorbe  de 

iiirle  quantité,  sous  une  forme  ou  sous  une  autre.  Dumo- 

.  :  (in  non  roti  ouvait  en  quantité  appréciable  ni  dans  le  sang, 

i.uis  l'urine,  etc.,  il  faUut  bien  admettre  qu'il  disparaissait 

i.K's.  lue  déduction  aussi  rationnelle,  l'appétence  instinctive 

itc  substance,  une  richesse  infinie  de  production,  Tinoonles- 

i)i(Mi-étre  et  de  réfection  qui  suit  l'usage  des  boissons  spiri- 

•  '.      avec  laquelle  l'alcool  s'altère  au  contact  de  l'oxygène...  enfal- 

.    juiur  livrer  carrière  aux  séductions  de  l'aflinité  chimique  et  pour 

o  |>liis  ample  examen,  sans  vérification  directe,  que  l'alcool,  amené 

.  I  il  lo  diverses  voies  d'absoi^tion,  y  subissait  une  oxydation  progres- 

i.il  naissHice  à  une  série  de  transformations  de  plus  en  plus  oxygénées, 

'■  .  nit;t'  terme  était  de  l'eau  et  de  l'acide  carbonique,  formes  sous  lesquelles 

I  (le  réconomie?  Une  faible  portion  échapperait  seule  à  cette  action  et 

■  Il  minée  par  les  poumons.  Dans  cet  ordre  d'idées,  Liébig,  qui  a  imaginé 

iaron  plus  brillante  que  solide  la  théorie  des  aliments  respiratoires,  y  fait 

1  l'alcool  à  un  rang  distingué.  Pour  lui,  ce  principe  se  réduirait  direct<»nent 

m  et  en  acide  carbonique  (Chimie  organique  appliquée  à  la  physiologie  et 

'"  jmihologiej  traduction  de  Gerhardt,  1852,  p.  Ûi). 

MM.  Bouchardat  et  Sandras  ont  cherché  à  déterminer  les  transformations  intra* 

«■i>culairesde  l'alcool.  Ils  ont  admis  qu'il  était  directement  converti  en  eau  et  en 

Il  i<le  carbonique,  bien  que,  dans  plusiem*s  de  leui's  observations,  ils  eussent  reconnu 

la  présence  d'un  produit  intennédiaire,  l'acide  acétique.  Dominé  par  des  préoccu*» 

\^Aions  théoriques,  M.  Bouchardat  assure,  dans  un  autre  mémoire,  que  l'action 

comburante  de  l'oxygène  se  porte  principalement  sur  l'alcool  et  que  «  les  globules 

(iu  saiigy  étant  prives  de  l'influence  de  ce  principe  vivificateur,  ne  prennent  plus 

leur  couleur  vermeille.  Ils  sont  aspliyxiés,  et  si  la  quantité  d'alcool  est  élevée, 

ranimai  meurt  comme  si  on  l'avait  plongé  dans  de  l'air  privé  d'oxygène  »  {Action 

comparée  des  boissons  alcooliques  sur  les  animaux,  in  îfouvelle  encyclopédie  des 

menées  médicales,  1846,  p.  195).  M.  Duchek  a  fait  aussi  une  série  de  recherches 

dont  l'idée  lui  a  été  également  suggérée  par  la  théorie  de  Uebig.  il  est  arrivé  à 

«cite  conclusion  :  que  «  l'alcool  introduit  dans  le  tube  digestif  traverse  les  parois 

des  vaisseaux  où  il  est  immédiatement  transformé  en  aldéhyde.  C'est  à  l'état 

d  aldéhyde  qu'il  arrive  avec  le  sang  dans  tous  les  tissus.  Après  l'administi-ation 

de  l'aldéhyde,  on  trouve  dans  le  sang  des  acétates  et  des  oxalates  qui  paraissent 

•'•tre  le  résultat  de  l'oxydation  de  ce  principe.  »  (Prag.,  Vierteljahrsschrift  fur  die 

prakiische  HeUkunde,  1855.  —  Duchek,  Ueberilas  Verfiallen  dm  AUcohols  im 

tkierisclien  Organismus,) 

A  la  suite  de  recherches  entreprises  avec  Ludger,  Lallemand  et  M.  Duroy ,  et  relatét^ 
dans  un  travail  couronné  par  l'Académie  des  sciences  de  Paris  (Du  rôle  de  V alcool 
fi  des  anesthésiq[ues  dans  Vorganismey  Paris,  1800),  nous  avons  été  conduit  h 
modifier  profondément  le  rôle  physiologique  attribué  jusqu'alors  à  l'alcool,  et  par 
conséquent  aux  boissons  spiritueuses.  Dans  des  expériences  variées,  contrôlées  par 
des  contre-épreuves  et  multipliées  autant  que  l'impose  tout  travail  contradictoire, 
il  a  été  constaté  que  l'alcool  se  comporte  dans  l'organisme  en  véritable  agent  dyna- 
mique; qu'il  séjourne  dans  le  sang;  qu'il  exeix^e  une  action  directe  et  primitive 
Mir  les  centres  nerveux  dont,  suivant  la  dose,  il  modifie,  pervertit  ou  abolit  les 


580  ALCOOL  (rnYsiOLOGis). 

l'onctious  ;  que  l'on  ne  lixiiive  dans  le  sang  ni  dans  l'air  expiré  aucune  trace  de  îa 
tinnstormation  ou  de  su  destruction;  qu  il  s'accumule  dans  les  centres  non eiiv 
et  dans  le  foie  ;  enfin  qu'il  sort  en  nature  de  l'économie  par  les  diverses  Toii-N 
d'élimination.  Ces  faits  étaient  en  opposition  absolue  avec  la  doctrine  d'une  i-oni- 
buslion  iuti-a-vasculaire  ;  ils  sont  devenus  le  point  de  départ  d'une  vérification  jilu^ 
complète  dont  la  conclusion  a  été  que  l'hypothèse  du  rôle  alimentaire  de  Talcool 
n'avait  d'autre  base  scientifique  qu'une  erreur  expérimentale. 

Séjour  de  l'alcool  dans  le  saag.  Après  l'ingestion  des  boissons  spiritueu^<^. 
l'alcool  séjourne  inaltéré  dans  le  sang.  Oii  peut  facilement  vérifier  le  fait  en  ^\- 
mettant  à  une  distillation  un  peu  attentive  dans  l'appareil  de  Gay-Lussac  une  ai- 
taine  quantité  de  sang  emprunté  à  un  animal  plongé  dans  l'ivresse  ;  dans  ces  con- 
ditions, 700  gi-ammesde  sang  artériel  soustrait,  pai'la  section  des  carotides,  àdeui 
chiens  alcoolisés,  une  heure  et  demie  après  l'ingestion,  ont  donné  5  grammes  d'un 
produit  offrant  tous  les  caractères  de  l'alcool  et  brûlant  5  l'air  libre.  On  pourai' 
supposer  que  si,  dans  ces  conditions,  on  trouvtî  de  l'alcool  non  transformé,  trli 
tient  à  ce  que  le  sang  en  contient  en  excès.  Pour  éviter  toute  éciuivoque,  la  roèmf 
analyse  a  été  renouvelée  chez  d'autres  animaux  neuf  heures,  seûee  heures  après  fin- 
gestion  et  (juand  les  signes  de  l'ivresse  étaient  dissipés  :  le  sang  contenait  encore  ik 
l'alcool  en  nature.  Il  en  fut  de  môme  chez  un  homme  qui  avait  succombé  au^ 
complications  habituelles  de  l'ivresse,  trente-deux  heures  après  avoir  bu  une  grande 
quantité  d'eau-de-vie  et  alors  que  les  effets  directs  de  l'intoxication  avaient  disparu 
Pour  corroborer  le  fait  important  de  l'inaltérabilité  de  l'alcool  dans  TorganisiiK-, 
nous  avons  recherché  s'il  existait  dans  le  sang  des  produits  de  son  oxydation,  et 
surtout  de  l'aldéhyde  et  de  l'acide  acétique.  Un  chien  de  moyenne  taille,  ayant  vli 
stupéfié  par  l'alcool,  nous  lui  avons  ouvert  la  carotide  au  bout  d'une  heure  etnou^ 
avons  recueilli  200  grammes  de  sang  ;  celui-ci  était  alcalin  et  n'exhalait  pas  l'odeur 
de  l'aldéhyde.  150  gi-ammes  de  ce  sang  ayant  été  soumis  avec  pi"écaution  à  b  Hi>- 
tillation,  fournirent  2  grammes  d'un  produit  limpide,  incolore,  n'ayant  aucune  odiur 
d'aldéhyde;  mélangé  avec  une  solution  saturée  de  nitrate  d'argent,  additionné»' 
d'ammoniaque,  ce  produit  fut  maintenu  enébullition  sur  une  lampe  à  alcool  jum|u  i 
siocité.  A  ce  moment,  le  fond  du  tube  d'essai  était  tapissé  d'un  dépôt  iioirbrilbnt 
attaché  aux  parois,  et  qui  simulait  un  dépôt  métallique.  Mais,  après  avoir  lau'  u 
tube  à  l'eau  distillée,  on  reconnut,  en  y  versant  de  l'acide  azotique  bien  pur,  q"^ 
le  dépôt  n'était  que  de  l'oxyde  d'argent  non  réduit,  car  la  dissolution  fut  complu' 
sans  formation  de  vapeurs  rutilantes.  Pour  faire  la  contre-épreuve,  4  gouttes  d'aWi- 
liyde  furent  versées  dans  une  dissolution  identique  de  nitrate  d'ai^ent  ammoniacal: 
au  bout  de  quelques  minutes  d'éimllition,  une  belle  couche  blanclic  et  brillatil^ 
d'argent  métallique  tapissait  les  parois  du  tube. 

En  substituant  à  la  distillation  un  procédé  plus  sensible  et  qui  consiste  à  eiitrf'- 
tenir  un  courant  d'air  à  travers  la  subst^mce  à  examiner,  maintenue  à  une  tem- 
pérature convenable,  et  à  entraîner  ainsi  mécaniquement  les  vapeurs  ipii  peuKui 
s'y  trouver  incorporées,  jusque  dans  le  tube  à  analyse,  le  résultat  a  été  égâlenk'H 
négatif.  Il  en  fut  de  môme  en  opérant  sur  le  cerveau  et  sur  le  foie. 

L'absence  de  l'acide  acétique  a  été  constatée  de  la  manière  suivante  :  SOil^rjuir 
mes  de  sang  artériel  furent  soustraits,  une  heure  quarante-cinq  minutes  a(»n^  le 
début  de  l'expérience,  à  un  chien  de  très-forte  taille,  au(|nel  on  avait  adn]ini>tx«  • 
en  quatre  doses  es|)acées  de  vingt  minutes,  200  grammes  d'alcool  à  SI  degrés  (ti>- 
tigradcs.  Ce  liquide  avait  tous  les  caractères  du  sang  artériel  :  il  ét;iit  alcalin,  d  |»r 
conséquent  s'il  reufeimait  de  l'acide  acétique,  celui-ci  ne  pouvait  s*y  trouver  <(ii'J 


ALCOOL  (physiologie).  581 

IV'Lit  de  combinaison.  On  y  ajoute,  en  ayant  soin  d'agiter  le  mébnge,  600  grammes 
d*aloo(d  pur  à  90  degrés.  Le  lendemain,  le  coagulum  peut  facilement  et  nettement 
s'exprimer  :  on  iiltre,  on  distille  la  liqueur  aux  deux  tiers  de  son  \olume  pour 
cltt^  la  plus  grande  partie  de  Talcool.  Le  résidu  hydro-alooolique  qui  représen- 
tait nécessairement  le  sérum  et  les  sels  du  sang  est  évaporé  au  bain-marie  jusqu'à 
réduction  de  son  poids  à  25  grammes  environ.  Repris  par  un  volume  d*aloool  con- 
centré, filtré  et  évaporé  de  nouveau  à  consistance  presque  sirupeuse,  il  reste  trans- 
pirait et  présente,  au  papier  tournesol,  une  réaction  alcaline.  Traité  par  les  réactifs 
des  acétates,  le  chlorure  ferrique  et  l'acide  sulfurique  alcoolisé,  il  ne  donne  lieu  à 
aucune  réaction.  Par  conséquent  le  sang  ne  contenait  pas  d'acide  acétique  soit 
libre,  soit  combiné.  Pour  éviter  toute  chance  d'erreur,  la  sûreté  du  procédé  employé 
dans  cette  recherdie,  fut  éprouvée  dans  une  contre-épreuve.  5  centigrammes  d'acide 
acétique  monohydraté,  étendus  de  5  granunes  d'eau  distillée  et  auxquels  on  ajouta 
i  gramme  de  solution  de  potasse  très-concentrée,  furent  mélangés  avec  200  grammes 
de  sang  tiré  récemment  de  la  veine  d'un  homme.  Ce  mélange  ayant  été  traité  comme 
le  sang  de  Tanimal  alcoolisé,  le  résidu  fournit,  en  présence  du  chlorure  ferrique  et 
(le  l'acide  sulfurique  alcoolisé,  les  réactions  caractéristiques  de  l'acide  acétique  et 
des  acétates.  11  est  vrai  que  MM.  Bouchardat  et  Sandras  ont  signalé  la  présence  ih 
l'acide  acétique  dans  le  sang  des  animaux  alcoolisés,  mais  c'est  à  son  odeur  seule- 
ment et  à  une  très-légère  réaction  acide  qu'ils  l'ont  reconnu.  L'odeur  seule  |)eu(- 
elle  constituer  un  caractère  chimique  suffisant?  6'un  autre  côté,  l'acide  siil- 
fiuique  qu'ils  avaient  ajouté  au  sénun  du  sang  analysé  ne  pouvait- il,  en 
réagissant  sur  les  chlorures  alcalins  de  ce  liquide,  donner  naissance  à  de  l'acide 
rlilorhydrique  qui,  passant  à  la  distillation,  pouvait  tromper  pour  l'odeur  et  surtout 
produire  une  réaction  acide?  D'ailleurs,  en  admettant  même  que  l'acidq  acéti(|ue 
puisse  accidentellement  se  rencontrer  dans  le  sang,  il  ne  saurait  être  considéré 
nécessairement  comme  un  produit  de  la  transformation  de  l'alcool,  puis(iue  Proust 
a  dénnontré  la  présence  de  l'acide  acétique  et  de  l'acétate  de  soude  dans  le  sang 
[Expérience  sur  r urine.  —  Annales  de  chimie^  1800,  t.  XXXVl,  p.  258)  ;  que 
S<-herer  dit  en  avoir  trouvé  dans  les  muscles  et  dans  la  rate  (Vorlàufige  Mit- 
tlieilung  ûber  einige  diemische  Beistandtheile  der  Miliflussigkeit,  Verhand- 
lungender  physical.-medidn,  Gesellschaft,  in  Wùrsburg,  i852,  t.  Il,  p.  298), 
et  que  Schultz  admet  dans  la  salive  l'existence  de  l'acétate  de  soude,  auquel  il 
attribue  la  coloration  rouge  que  l'on  obtient  en  soumettant  ce  liquide  au  contact 
du  chlorure  ferrique  (De  alimentmiim  concoctione  expérimenta  nova;  accedit 
oratio  de  physiologia  veterum  et  recentiarum  comparatis,  etc.,  in-4,  Berolini, 
ix.>i,  p.  61). 

D'après  ce  qui  précède,  il  est  hors  de  doute  que  l'alcool  absorbé  ne  donne  nais- 
sance dans  le  sang  à  aucun  des  produits  intermédiaires  de  son  oxydation.  Il  ne  se 
transforme  pas  davantage  directement  en  eau  et  en  acide  carbonique,  car  cette 
transformation  ne  saurait  être  justifiée  que  par  l'augmentation  de  ces  produits 
d'excrétion.  C'est  tout  le  contraire  qui  arrive.  L'usage  de  l'alcool  a  pour  résulUit 
constant  de  diminuer  la  quantité  d'acide  carbonique  exhalé.  Prout,  Lehman,  Vio- 
n»nlt  l'ont  mentionné  d'une  façon  explicite  (BerzeliiLs,  Jmi'nal  de  physiologie 
**xpi''rimentale,L  lY. — Lehmann,  Précis  de  chimie  physiologique  animale  y  p.358. 
—  Vierordt,  Physiol.  des  AthmenSy  Karisruhe,  1845).  Edward  Smith  et  Bocker 
>ont  arrivés  à  des  résulUits  analogues  (Mémoires  d'Edward  Smith  dans  The  Medico- 
Chirurgical  Transactions  y  1 856  et  1 859  ;  Tlie  Philosophical  Transactions^  1 859  ; 
^he  Proceedings  ofthe  Royal  Society,  1857;  The  British  and  Foreign  Medico- 


580 


ALCOOL  (rnv*^! 

Ibnctioiis;  que loii  ac  tixiuv.  .lans  I  . ^^  HHlhinde  ifuibesn». 

transforinatioii  ou  de  sit  ch  ,,;/^-L^fcréî).Moi-mèiiie,  enlin, 

el  dans  le  foie  ;  enfin  qu'il  Muence  des  bornons  akooliqu.^ 

d  ehmuiation.  Ces  laiLs  cl  %^^^  ^^^^  ^  C Académie  d.^ 

mistion  lutra-vascukiiv  ;  ^Vconstaté  que  rémission  d'acide  car- 

œiïiplèle  dont  h  concln  f^  fermentées  ;  que  cette  diminution 

H  avait  d'autre  base  m  :                       „  >^  ^^  ^ 

Séjour  DE  l'alco(  ^^  ff^roàiiif  par  l'absorpUon  ne  modifie  pas  b 

1  alcool  séjourne  in  ^,,rp ^y^   g.^^^  p^^ ^^^j^  ^^^  j^^j^  ^^  j^ 

uiettajit  a  une  dio  ^^  ^.  ^  attribué  la  propriété  d'absorber  1  oxvi^n.' 

^«uiie  quantité  d-  ^  if fr^:lc^i\es  de  la  même  façon  que  si  le  sujW  t'tnl 

nitions,  700  ti'  '\rrf^^  -   ui     ru  r-     i 

,  •  vv  ^  j^dPî-^  .^  respirable.  Chacun  en  a  pu  faire  la  remarnut». 

chiens  a  cool!  [,,fi^J^        ■  i  i     .•  i 

,  .      !7  ^,,//yi*«^^  I-:  jBunaux,  le  sang  conserve  sa  coloration  normal. 

^j  ^f0r  '^.-s*  Ot  n'est  qu'5  la  dernière  période  de  l'intoxicatlun, 

tienr  ^^'^  '  Jh^^'^'^'ne  '^  **'  considérablement  afiaiblie,  où  les  puissance^ 

allai  •    ^  j»^  '*  rfa*-*^  ^  '^  poumons  gorgés  de  liquide,  qne  l*hémato^ 

"est  !!^^^  ^ '  '^^  ^'^  Tagonie.  On  remarque  cependant  quelque  chiK 

'*aJo  à^  ^^\  ^"^  **  animaux  alcoolisés,  soit  pendant  la  vie,  soit  aprè*»  b 

eo|v.  0  ^^^  ^  r::0V  ;uuililé  de  globides  de  graisse  qui  perlent  à  la  surCxy 

<Hj  ^.  '  ^     jMtr»  cfc^rvaleurs  ont  aussi  constaté,  chez  des  sujets  qui  avaÎHîî 

|>  ^•^^"*^  ,am^^  rîvrâise,  ces  globules  de  graisse,  parfois  en  tiès-graii'* 

^^^  i  FimI   nu  (Magnus-IIuss,    Chronische  AlkoJwls-Krankhn! 

m^'ssdum  ûbersetzt  von  Gerhard  van  dem  Buscii,  4852).  Ajoutoii» 

^  '     Itnctffl.  >*"■  ^  nature  et  l'importance  de  laquelle  on  n'est  pas  h\r. 

*        oelt^fl*^  *  1*  suite  des  inhalations  anesthésiques. 

"*  u  faicooL     L'alcool,  une  fois  introduit  dans  le  sang,  se  répnd 


^^  'iTïaaifcJûe,  pénètre  partout  pour  se  mettre  en  contact  avec  la  matièrr 
^^i,  <«««rt>  Jurant  un  temps  qui,  selon  toute  apparence,  est  ^'ariable  pour  I- 
Z^^-^ni.  tfwfcï^il^,  puis  s'échappe  par  les  diverses  voies  d'élimination.  Cette  t*li- 
irijoL  cvttWMkx;  peu  d'instants  après  l'ingestion.  Elle  est  constante;  elle  - 


r^amttr  ï*i*  •iwîl  existe  de  l'alcool  dans  l'économie.  Après  l'usage  d'une  quantité 

,giittt.i\^  J^  Unissons  fermentées  (6  à  700  centimètres  cubes  de  vin  pareicraf*- 

^t  ^%«>Mi80  grammes  d'alcool),  les  urines  rendues  quelques  heures  pht«  br* 

.^tiflensMit  «sseï  d'alcool  pour  fournir  à  la  distillation  un  produit  capable  de  brûler. 

■//a.«ùiolion  de  l'alcool  par  les  reins,  tout  en  diminuant  progressivement.  -• 

fi  -*>a^v^  ;ibiset  |X>ur  qu'il  nous  ait  été  possible  de  consister  encore  sa  présence  dub 

,atftik^«  :5<nie  heures  après  l'ingestion,  à  l'aide  d'une  liqueur  d'épreuve  oampf«H* 

ie  UchroDiate  de  [X)tasse  dissous  dans  l'acide  sulfurique  (1  gramme  de  sel  dnu^ 

74*  ^nuiH^  d'acide).  Selon  toute  apparence,  le  passage  prolongé  de  l'alcool  a  !c.»- 

\ers  b  siilislanco  rénale  n'est  pas  sans  influence  sur  la  production  de  ces  dégém'i -^ 

^^wvs  qui  s*ol>servent  assez  souvent  à  la  suite  des  abus  alcooliques. 

I\uj;>  les  nu^n)os  conditions  que  plus  haut,  c'est-à-dire  après  l'ingestion  du»' 
«piAUUU^  luodéréo  de  boissons  fennenlocs,  il  s'opère  également  une  éliminnli*» 
m^ahlo  jxu*  les  ijoumons.  Malgré  tous  les  soins,  on  ne  peut  extraire  des  |iroduit- 
%lt*  IVxhalalion  pulmonaire  autant  d'alcool  que  de  l'urine,  mais  cette  diflénn»> 
ihHis  )VHnùl  tenir  iV  la  dillicuîté  insurmontable  que  l'on  rencontre  pour  condeiNi 
»>  lour  jxnssïj{e  les  vajieurs  contenues  sous  une  forme  infiniment  divisée,  dam  I 
^tmnmi  do  l'expinUion.  L'élimination  par  les  poumons  se  continue  pendant  un 
''  appmxinmlive  de  huit  luxures.  L'action  iiritaiile  des  vaiH»urs  alnMiliqu*-*  -'* 


>(,' 


ALCOOL  (pHYsintoGiE).  585 

.  rilmoiiaire  a  été  signalée,  non  sans  quelque  raison,  par  Hoycr» 

(  r  (\s  observateurs,  comme  la  cause  déterminante  de  la  pneiunonie  des 

t'  présente  avec  des  caractères  distinclifs  si  marqués. 

N  t'chappe  aussi  par  la  peau,  et  même  il  est  permis  de  croire  que  c'est 

i'  voie  qu'il  en  sari  le  plus  chez  l'homme,  bien  qu'il  soit  difficile  d'en 

I  la  preuve  directe  à  cause  de  l'état  physique  dans  lequel  se  trouvent  les  pro< 

.  N  (le  la  perspiration  cutanée. 

i'oor  s'assurer  combien  est  peu  fondée  l'hypothèse  de  la  transformation  de  l'ai- 
(ool  soQS  Faction  comburante  de  l'organisme,  on  peut  réduire  à  des  quantités  mi- 
nimes la  dose  de  boissons  fermentées,  faire  prendre  par  exemple  à  un  homme 
bien  portant  120  à  150  centimètres  cubes  devin  ordinaire  (12  à  15  centilitres)  : 
une  demi-heure  après,  c'est-à-dire  au  moment  où  ces  12  à  15  grammes  d'alcool 
sont  dilués  dans  la  masse  du  sang  et  des  liquides  organiques,  on  constate  la  pré- 
sence de  ce  principe  dans  le  sang,  dans  l'air  expiré,  dans  Turine  et  dans  l'exhalation 
cutanée. 

ACCUHOLATION  DE    L' ALCOOL  DAHS  LES  CENTRES   NERVEUX   ET   DAMS   LE   FOIE.       L'ul- 

(t)ol,  coomie  beaucoup  d'autres  agents  du  même  ordre,  possède  une  affinité  d'élec- 
lion  pour  les  centres  nerveux  :  il  s'y  localise  ;  il  s'y  accumule  de  telle  sorte  que, 
pendant  la  durée  de  Valc4>olisation,  la  substance  nerveuse,  débarrassée  autant  que 
possible  de  tout  ce  qui  lui  est  étranger,  renferme,  à  poids  égal,  plus  d'alcool  que 
d'autres  organes  vasculaires  et  que  le  sang  lui-même.  Le  fait  de  la  présence  de 
l'alcool  en  nature  dans  la  substance  cérébrale  s'était  présenté  souvent  à  l'esprit 
(les  observateur j(.  Dans  bon  nombre  d'autopsies  médico-légales,  pratiquées  surde> 
Mîjets  morts  en  état  d'ivresse,  on  mentionne  l'odeur  alcoolique  exhalée  par  le  cer- 
\«iu.  Wepfer  (Observ,  med.  pract.,  De  affectibuscapitis,  p.  7),  Scbrader  [Obs. 
anat.  med,),  ont  avancé  que  la  sérosité  des  ventricules  cérébraux  répandait  une 
wleur  de  vin  on  d'alcool.  Ogston  raconte  même  avoir  trouvé  dans  les  ventricules 
«rrébraux  d'une  femme  morte  de  mort  violente  pendant  l'ivresse,  quatre  onces 
«l'im  liquide  qui  avait  tous  les  caractères  physiques  do  Talcool  (Phénomènes  obser- 
Yt'*s  dans  la  période  la  plus  avancée  de  l'ivresse,  in  the  Edinbtirg  Med,  and  Surg. 
Joum.y  octobre  1842).  On  doit  aussi  à  S.  Pcrcy  et  à  Carpeiiler une  mention  ana- 
l(^ue.  Des  assertions  aussi  vagues  ou  aussi  invraisemblables  n'ont  aucun  caractère 
<ientifique  :  c'est  pourquoi  elles  étaient  passées  à  peu  près  inaperçues.  La  présence 
lie  l'alcool  dans  le  cerveau,  son  accumulation,  ont  été  démonti^e  pour  la  première 
fois  dans  rexpérience  sui^'ante  empruntée  à  nos  recherches  :  440  grammes  de  sub- 
^nce  nerveuse  appartenant  à  das  chiens  sacrifiés  péhdant  l'ivresse,  ayant  été  sou- 
mis à  ta  distillation,  après  avoir  été  débarrassés  de  leurs  enveloppes  vasculaires, 
soigneusement  lavés  et  broyés  dans  un  mortier  avec  200  grammes  d'eau,  ont  cédé 
3>',25  d'alcool  capable  de  brûler.  La  même  quantité  de  sang,  analysée  dans  det^ 
conditions  analogues,  n'en  fournit  que  5  grammes  environ.  Cette  expertise,  répé- 
tée sooven^  et  dans  les  conditions  les  plus  variées,  a  toujours  donné  des  résultats 
confirmatifs.  Lorsque  les  phénomènes  de  l'ivresse  ont  dispani  complètement,  c'est 
encore  la  substance  nei*veusc  qui  relient  la  plus  grande  ((nanti lé  d'alcool.  Ch^z 
cet  homme,  dont  nous  avons  déjà  rappelé  l'observation,  et  qui  succomba  trente- 
deux  heui-es  après  un  excès  alcool i(|uo,  20  grammes  di^  substance  nerveuse  gar- 
daient assez  d'alcool  pour  qu'il  ait  été  possible  de  le  doser  et  de  \Oir  que 
tîO  grammes  de  sang  en  contenaient  trois  fois  moins. 

L'alcool  s'accumule  aussi  dans  le  foie,  qui,  à  poids  égal,   en  contient  plus 
«jiiele  sang,  plus  aussi  que  le  cerveau,  (piand  l'alcool  a  été  al)sorl»é  par  l'estonwr; 


584  ALCOOL  (phtsiologib). 

moins,  au  conlraire,  lorsqu'il  a  été  injecté  directement  dans  les  veines.  On  5;ait 
que  les  autres  ngeiits  anesthésiques  tels  que  Téther^  le  chloroforme,  etc.,  poeeèdcul 
aussi  la  propriété  de  se  fixer  et  de  s'accumuler  dans  la  substance  nerveuse. 

Le  fait  du  séjour  et  de  Taccumulatiou  de  Talcool  dans  le  système  nervcui 
jette  aussi  la  plus  vive  lumière  sur  la  nature  réelle  de  son  rôle  physiologique  et 
patliogénique. 

On  voit,  par  les  démonstrations  qui  précèdent,  que  Talcool  ne  |)ossède  aucun* 
des  propriétés  qui  caractérisent  la  substance  alimentaire.  Celle-ci,  en  effet,  iivnV 
aux  forces  actives  de  la  chimie  vivante,  perd  trës-promptement  son  identité.  L'ni> 
fois  soumise  à  Tabsorptinn,  elle  cesse  d'être  elle-même  pour  faire  partie  coa<ti- 
tuante  du  sang.  En  dehors  de  conditions  tout  exceptionnelles,  ou  pourait  din* 
expérimentales,  jamais,  en  état  de  santé,  elle  n'apparaît,  ni  en  petite  ni  en  grande 
quantité,  dans  les  divers  produits  d'excrétion.  Perdue  dans  le  liquide  sangnin,  cir> 
culant  partout  avec  hii,  elle  n'exerce  aucun  effet  appréciable  sur  le  fonctiouoemeiit 
des  divers  organes  ou  appareils  :  son  action  s'épuise  dans  le  silence  de  la  vie  Tégi'^ 
tative  au  fur  et  à  mesure  des  besoins;  puis,  après  une  durée  variable,  à  la  suite  de 
métamorphoses  dédoublantes  provoquées  dans  le  mouvement  de  nutrition,  elle  est 
rejetée  de  l'organisme  sous  la  forme  de  combinaisons  secondaires.  L'alcool,  au 
contraire,  se  révèle  partout  avec  les  attributs  fondamentaux  de  cette  classe  d  agents 
impropres  à  la  nutrition,  étrangers  à  Torganisme  qui  en  subit  le  contact,  et  dont 
Vinfluence  spéciale  s'exerce  sur  les  forces  nerveuses.  Aucune  raison  physiologiqiH' 
n'autorise  donc  à  croire  désormais  que  l'alcool  concourt,  par  sa  propre  destruc- 
tion, à  l'entretien  de  la  vie  organique.  C'est  dans  une  action  d'un  autre  ordn* 
qu'il  est  logique  de  chercher  la  raison  des  eflets  observés  à  la  suite  de  son  ingestion. 

Ces  eiïets  sont  différents  selon  que  les  boissons  spiritueuses  ont  été  administrées 
à  doses  modérées,  on  pourrait  dire  hygiéniques,  ou  a  doses  excessives,  on  poumî! 
dire  pathogéniques. 

\^  Influence  des  baissons  alcooliques  prises  à  doses  modérées.    Chacun  omi- 
nait  le  réveil  merveilleux  des  forces  qui  suit  de  près  leur  emploi  approprié,  la  sti- 
mulation qu'elles  exercent,  le  sentiment  de  bien-être  qu'elles  procurent  :  il  serait 
inutile  d'y  insister.  Mais  il  m'a  paru  indispensable  de  rechercher  si  leur  action  mii 
les  centres  nerveux  est  limitée  au  cercle  de  la  vie  de  relation  ou  si  elles  exement 
parallèlement  une  influence  quelconque  sur  le  mouvement  de  h  nutiition.  Présen- 
tée à  ce  dernier  point  de  vue,  la  détermination  du  rôle  de  l'alcool  devient  une  que^ 
lion  d'hygiène  publique  et  de  bromatologie  de  premier  ordre,  puisque  les  boisiMi> 
spiritueuses  occupent  un  rang*  considérable  parmi  les  matières  de  consonuiutioii 
première.  Edward  Smith,  dans  ses  recherches  eipérimentales  sur  la  respinitiou, 
mentionnées  plus  haut,  est  arrivé  à  cette  conclusion  que  les  alcools  ne  sont  pas  d<' 
véritables  aliments  dans  Tacception  propre  du  mot,  et  qu'ils  troublent  réconomie 
plutôt  qu'ils  n'agissent  uniformément  dans  quelque  sens  que  ce  soit.  Bocker,d«it 
nous  avons  eu  aussi  l'occasion  de  citer  le  travail,  précise  davantage  l'intervention  àc 
l'alcool  dans  la  vie  de  nutrition.  Il  établit  comme  conséquencx"  de  ses  nombreiw^ 
expériences  que  l'alcool  agit  en  retardant  la  métamorphose  destructive  des  organe^; 
qu'il  soutient  sans  nourrir,  a  en  ce  sens  qu'il  empêche  en  quelque  sorte  Indénutn- 
lion  d'aller  aussi  vite,  i 

Il  importait  d'autant  plus  d'être  parfaitement  éclairé  sur  ce  |iointdepbysiolM^. 
que  la  consommation  toujours  croissante  de  l'alcool  et  le  bon  état  d'entretien  ùr^>^ 
nique  de  la  plupart  de  ceux  qui  en  usent  et  lÀême  qui  en  abusent  ont  été yn- 
sentes  par  d'excellenis  esprits  comme  une  objection  sérieuse»  contre  Li  doctrini^  «!• 


ALCOOL    (PQTSI0f.06IR). 


585 


sa  non-iransforination.  Ccst  dans  ce  but  quo  j\ii  entrepris  les  expériences  relatées 
(lans  le  mémoire  auquel  il  a  été  fait  allusion  précédemment  {voy.  p.  581).  Les 
Isises  de  ce  travail  ont  été  établies  sur  des  dosages  de  l'acide  carbonique  contenu 
dajis  l'air  expiré  et  de  Turée  contenue  dans  Turine,  pratiqués  comparativement, 
sprèslusage  et  pendant  Tabstinence  de  boissons  alcooliques  fermentées.  On  sait 
m  eiïet  que  le  rendement  de  ces  produits,  d'excrétion  peut  être  considéré  comme 
l'expression  la  plus  juste,  la  plus  sûre  de  Tétat  du  mouvement  de  nutrition. 
(iomme  il  s'agissait  d'expériences  longues,  complexes,  dans  lesquelles  la  plus 
jiHite  négligence,  le  moindre  écart  de  régime,  une  veille,  un  exercice  musculaire 
un  |)cu  accentué,  en  un  mot  le  cbangement  le  plus  insignifiant  en  apparence  dans 
b  habitudes  de  chaque  jour,  pouvaient  donner  des  résultats  enfichés  d'erreur,  jo 
n'ai  pas  cru  pouvoir  m'en  rapporter  à  d'antres  qu'à  moi-même.  Afin  de  ne  pas 
m'écarter  du  terrain  de  l'hygiène,  j'ai  fait  usage  des  boissons  fermentées  les  plus 
usuelles,  le  vin,  la  bière  à  des  doses  assez  modérées  pour  ne  point  troubler  la  digos- 
lion  ni  exercer  sur  le  cerveau  d'action  appréciable.  Ces  boissons  étaient  prises  au 
rppas  du  matin,  qui  avait  lieu  tous  les  jours  à  la  même  heure,  et  qui  se  composait 
uniformément  de  la  même  quantité  d'aliments  mixtes  approximativement  évaluée. 
IXHnme  en  dehors  de  l'excès  ou  de  l'abstinence  il  n'existe  pas  de  t^pport  qui  puisse 
(Hre  déterminé  entre  le  rendement  des  produits  de  l'oxydation  organique  et  le  poids 
lies  aliments  ingérés,  l'emploi  de  la  balance,  qui  eût  entraîné  une  complication 
inextricable,  ne  me  |)arut  pas  indispensable  pour  fixer  le  menu  de  chaque  repas. 
h  durée  de  chaque  recherche  fut  limitée  à  l'intervalle  qui  sépare  le  repas  du  malin 
(le  celui  du  soir,  le  sentiment  de  la  faim  me  paraissant  le  meilleur  guide  pour  apprécier 
l'épuisement,  et  par  conséquent  le  terme  des  transformations  de  la  provision  alimeu- 
l;iire  faite  au  repas  précédent.  Pour  plus  de  régularité,  cette  durée  fut  fixée  unifor- 
mément à  5  heures  (de  12  h.  50  ù  5  h.  50).  Dans  la  crainte  d'être  trompé  par  des 
changements,  provoqués  soit  par  ces  oscillations  passagères,  qui  s'observent  en  pleine 
ïânté,  soit  par  des  conditions  météorologiques  différentes,  le  temps  consacré  aux  ex- 
périences fut  partagé  en  petites  séries  de  deux  jours,  séparées  les  unes  des  autres 
|Kir  des  repos  phis  ou  moins  longs  suivant  les  dispositions  du  moment.  Ihins  chaque 
MTÏe,  un  jour  était  réservé  au  régime  alceolique  et  l'autre  au  régime  aquatique. 

Les  dosages  de  l'acide  carbonique  ont  été  faits  par  la  méthode  des  [lesées,  en 
o(M*raiit  sur  le  volume  d'air  exhalé  pendant  50  secondes  chaque  heure  d'expé- 
nenre.  Voici  quels  ont  été  les  résultats  comparatils  obtenus  : 


FREmÈRE    SÉRIE   COMPARATIVE. 

Poids  de  CX)*  exhalé  dans  une  heure 

Soit  en  carbone 

Poids  de  CO' exhalé  pendant  la  durée  de  l'expérience. 

DEVXltlIB  SfolB. 

Poids  de  CO^  exhalé  dans  une  heure 

^oit  en  carbone 

Poirisde  CD*  exhalé  pendant  la  durée  de  Texpérienee. 

TROmftNE  tÉRK  COSPARATtVE. 

Puids  de  CO*  exhalé  daas  une  heure 

Siii  en  carbone 

Poids  de  CO*  exhalé  pendant  la  durée  de  Texpérience. 

QOATRIÈHE    BÉHIE. 

Poids  de  CO' exhalé  dans  une  heure 

Soit  en  carbone 

Poids  de  CO*  exhalé  pendant  la  durée  de  l'expérienoe. 


ROL'GF.  (670  ce.  &   9 

P.  100   d'alcool). 

ABITlNENr 

41,500 

11,318 

207,500 

51,000 

14,154 

250,500 

45,340 

12.365 

22(1,700 

48.060 

13,107 

240,300 

38,780 

10,570 

193,000 

49,440 

13,483 

247.200 

40.160 

10,952 

200,800 

50,620 

15,805 

253.100 

/ 


584  ALCOOL  (pnTsioLOGiB). 

moins,  au  coiilraire,  lorsqu'il  a  été  injecté  directement  dans  les  veines.  On  sait 
(jue  les  autres  ngents  anesthésiques  tels  que  Téther,  le  chloroforme,  etc.,  possédait 
aussi  la  propriété  de  se  fixer  et  de  s'accumuler  dans  la  substance  nerveuse. 

Le  fait  du  séjour  et  de  l'accumulation  de  Talcool  dans  le  système  iierveu\ 
jette  aussi  la  plus  vive  lumière  sur  la  nature  réelle  de  son  rôle  physiologique  et 
pathogénique. 

On  voit,  par  les  démonstrations  qui  précèdent,  que  Talcool  ne  possède  aucune 
des  propriétés  qui  caractérisent  la  substance  alimentaire.  Celle-ci,  en  effet,  li\TiV 
aux  forces  actives  de  la  chimie  vivante,  perd  trës*promptement  son  identité.  Unr 
fois  soumise  à  Tabsorptinn,  elle  cesse  d'être  elle-même  pour  faire  partie  consti- 
tuante du  sang.  En  dehors  de  conditions  tout  exceptionnelles,  ou  pourait  din> 
expérimentales,  jamais,  en  état  de  santé,  elle  n'apparaît,  ni  en  petite  ni  en  graudr 
rpiantité,  dans  les  divers  produits  d'excrétion.  Perdue  dans  le  liquide  sangnin,  cir> 
culant  partout  avec  lui,  elle  n'exerce  aucun  effet  appréciable  sur  le  fonctiounemeni 
des  divers  organes  ou  appareils  :  son  action  s'épuise  dans  le  silence  de  la  vie  végé- 
tative au  fur  et  à  mesure  des  besoins;  puis,  après  une  durée  variable,  à  la  suite  de 
métamorphoses  dédoublantes  provoquées  dans  le  mouvement  de  nutritioa,  elle  esi 
rejetée  de  l'organisme  sous  la  foime  de  combinaisons  secondaires.  L'alcool,  au 
contraire,  se  révèle  partout  avec  les  attributs  fondamentaux  de  cette  classe  d'ageulv 
impropres  a  la  nutrition,  étrangers  à  l'organisme  qui  en  subit  le  contact,  et  dont 
rinflucnce  spéciale  s'exerce  sur  les  forces  nerveuses.  Aucune  raison  physiologique 
n'autorise  doue  à  croire  désormais  que  l'alcool  concourt,  par  sa  propre  destruc- 
tion, a  l'enti^etien  de  la  vie  organique.  C'est  dans  une  action  d'un  autre  ordn^ 
qu'il  est  logique  de  chercher  la  raison  des  eflets  observés  à  la  suite  de  son  ingestion. 

Ces  eflets  sont  différents  selon  que  les  boissons  spiritueuses  ont  été  administrées 
à  doses  modérées,  on  pourrait  dire  hygiéniques,  ou  à  doses  excessives,  on  poumil 
dire  pathogéniques. 

l^  Influence  des  baissons  alcooliqties  piises  à  doses  modérées.  Cluicmi  œu- 
nait  le  réveil  merveilleux  des  forces  qui  suit  de  près  leur  emploi  approprié,  la  ^ti• 
mulation  qu'elles  exercent,  le  sentiment  de  bien-être  qu'elles  proau^nl  :  il  serait 
inutile  d'y  insister.  Mais  il  m*a  paru  indispensable  de  rechercher  si  leur  action  2>ui 
les  centres  nerveux  est  limitée  au  cercle  de  la  vie  de  relation  ou  si  elles  exercent 
parallèlement  une  influence  quelconque  sur  le  mouvement  de  la  nutiilion.  Présen- 
tée à  ce  dernier  point  de  vue,  la  détermination  du  rôle  do  l'alcool  devient  une  quev- 
tion  d'hygiène  publique  et  de  bromatologie  de  premier  ordre,  puisque  les  boisson^ 
spiritueuses  occupent  un  rang*  considérable  parmi  les  matières  de  consommation 
])remière.  Edward  Smith,  dans  ses  recherches  expérimentales  sur  la  respiration, 
mentionnées  plus  haut,  est  arrivé  à  cette  conclusion  que  les  alcools  ne  sont  pas  dt* 
véritables  aliments  dans  Tacception  propre  du  mot,  et  qu'ils  troublent  récQaomK* 
plutôt  qu'ils  n'agissent  uniformément  dans  quelque  sens  que  oc  soit.  Bocker,dont 
nous  avons  eu  aussi  l'occasion  de  citer  le  ti'avail,  précise  davantage  l'intorvaition  dt> 
laloool  dans  la  vie  de  nutrition.  Il  établit  comme  conséquence  de  ses  nombnnLsi*^ 
expériences  que  l'alcool  agit  en  retardant  la  métamorphose  destructive  desoi^iH^; 
qu'il  soutient  sans  nourrir,  a  en  ce  sens  qu'il  empêche  en  quelque  sorte  hdâiutri' 
lion  d'aller  aussi  vite,  i 

Il  importail  d'autant  plus  d'être  parfaitement  éclairé  sur  ce  point  de  physiolu^nr. 
(|ne  la  consommation  toujours  croissante  de  l'alcool  et  le  bon  état  d'entretien  oor.«* 
nique  de  la  plupart  de  ceux  qui  en  usent  et  lÀême  qui  en  abusent  ont  été  yn- 
sentes  |)ar  d'excellents  esprits  comme  une  objection  sérieuse^  contre  la  doctrim*  <!«' 


ALCOOL  (phtsiolooie). 


585 


sa  non-Lransformation.  C'est  dans  ce  but  quo  j*ai  entrepris  les  expériences  relatées 
(ians  le  mémoire  auquel  il  a  été  fait  allusion  précédemment  (v&y,  p.  581).  Les 
liases  de  ce  travail  ont  été  établies  sur  des  dosages  de  l'acide  carbonique  contenu 
daits  Tair  expiré  et  de  Turée  contenue  dans  l'urine,  pratiqués  comparativement, 
après  l'usage  et  pendant  l'abstinence  de  boissons  alcooliques  fermentées.  On  sait 
(11  effet  que  le  rendement  de  ces  produits  d'excrétion  peut  être  considéré  comme 
l'oxpression  la  plus  juste,  la  plus  sûre  de  l'état  du  mouvement  de  nutrition. 
(iomme  il  s'agissait  d'expériences  longues,  complexes,  dans  lesquelles  la  plus 
[leiite  négligence,  le  moindre  écart  de  régime,  une  veille,  un  exercice  musculaire 
lin  yen  accentué,  en  un  mot  le  changement  le  plus  insignifiant  en  apparence  dans 
h  habitudes  de  chaque  jour,  pouvaient  donner  des  résultats  entachés  d'erreur,  je 
n'ai  pas  cru  pouvoir  m'en  l'apporter  à  d'autres  qu'à  moi-même.  Afm  de  ne  pas 
m'écarter  du  terrain  de  l'hygiène,  j'ai  fait  usage  des  boissons  fermentées  les  plus 
usuelles,  le  vin,  la  bière  à  des  doses  assez  modérées  pour  ne  point  troubler  la  diges- 
tion ni  exercer  sur  le  cerveau  d'action  appréciable.  C!es  boissons  étaient  prises  au 
reps  du  matin,  qui  avait  lieu  tous  les  jours  à  la  même  heure,  et  qui  se  composait 
uniformément  de  la  même  quantité  d'aliments  mixtes  approximativement  évaluée. 
Comme  en  dehors  de  l'excès  ou  de  l'abstinence  il  n'existe  pas  det^pport  qui  puisse 
ôtro  déterminé  entre  le  rendement  des  produits  de  l'oxydation  organique  et  le  poids 
(les  aliments  ingérés,  l'emploi  de  la  balance,  qui  eût  entraîné  une  complication 
inextricable,  ne  me  parut  pas  indispensable  {loùr  fixer  le  menu  de  chaque  repas, 
b  durée  de  chaque  recherche  fut  limitée  à  l'intervalle  qui  sépare  le  repas  du  matin 
(le  celui  du  soir,  le  sentiment  de  la  faim  me  paraissant  le  meilleur  guide  pour  apprécier 
lepuisemcnt,  et  par  conséquent  le  terme  des  transformations  de  la  provision  ahmen- 
taire  faite  au  repas  précédent.  Pour  plus  de  régularité,  celte  durée  fut  fixée  unifor- 
mément à  5  heures  (de  12  h.  50  à  5  h.  50).  Dans  la  crainte  d'être  trompé  par  des 
changements,  provoqués  soit  par  ces  oscillations  passagères,  qui  s'observent  en  pleine 
'^lé,  soit  par  des  conditions  météorologiques  différentes,  le  temps  consacré  aux  ex- 
|)énences  fut  partagé  en  petites  séries  de  deux  jours,  séparées  les  unes  des  autres 
]Kir  des  repos  plus  ou  moins  longs  suivant  les  dispositions  du  moment.  Ihins  chaque 
MM-ie,  un  jour  était  réservé  au  régime  alcoolique  et  l'autre  au  régime  aquatique. 

Les  dosages  de  l'acide  carbonique  ont  été  faits  par  la  méthode  des  pesées,  en 
o|M*niit  sur  le  volume  d'air  exhalé  pendant  50  secondes  chacpie  heure  d'expt'*- 
nenre.  Voici  quels  ont  été  les  résultats  comparatifs  obtenus  : 


niEMIÈAE    SÉRIE  COMPARATIVE. 

Poids  de  CO*  exhalé  dans  une  heure 

Soit  en  carbone 

Foid»  de  GO* exhalé  pendant  la  durée  de  Texpérience. 

DEUXIÈIIE  StfRIB. 

Poids  de  CO- exhalé  dans  une  heure 

Soit  en  carbone 

i'otibdeCO'  exhalé  pendant  la  durée  de  Texpérienre. 

TROISIÊMK  SéRB  COSPARATlVE. 

Poidi  de  CO*  exhalé  daas  une  heure 

Sf>it  en  carbone 

Poids  de  CO''  exhalé  pendant  la  durée  de  rexpérience. 

QUATRIÈME    SÉRIE. 

Poids  de  CO'  exhalé  dans  une  heure 

îH>il  en  carbone 

Poid^  de  CO*  exhalé  pendant  la  durée  de  l'expérienco. 


CB&CE  »!  VIM 
Bovcc  (670  ce.  A  9 
P.  100   »'aux>oiA 

4BtTlREfir 

41,500 

11,318 

207,500 

51,000 

14,15i 

259,500 

45,340 

12.305 

220,700 

48,060 

13,107 

2*0.300 

38.780 

10,570 

193.000 

49,440 

13.483 

247.200 

40.100 

10,952 

200,800 

50,620 

13.805 

253.100 

I 

/ 


584  ALCOOL  (i>bt»iologii)- 

moins,  au  uojilntire,  lorsqu'il  a  (itfi  injecté  directement  dans  les  \é 
i|ue  les  autres  iigents  anesthêsiques  tels  que  l'étlier,  le  chlorororme,  • 
aussi  lu  pi^ipriélé  de  se  fixer  et  de  s'accumuler  dans  la  substance  n- 

Le  fait  du  séjour  et  de  l'accumulation  de  l'alcool  dans  le  - 
jette  aussi  la  plus  vive  lumière  sur  la  nature  i-éelle  de  son  rOl 
patlingénique. 

On  voit,  par  les  démonstrations  qui  précèdent,  que  l'alcot 
des  propriétés  qui  caractérisent  la  substance  alimentaire.  I,' 
aux  forces  actives  de  la  cbimic  vivante,  perd  trë$-|n'ompleji 
fois  soumise  3t  l'absorplinu,  elle  cesse  d'être  elle-même  |' 
tuante  du  sang.  En  dehors  de  conditions  tout  eiccptii' 
expérimentales,  jamais,  en  élat  de  santé, elle  n'apparaît. 
qiiautitL',  dans  les  divers  produits  d'excrétion,  pprdue  il 
cnlant  partout  avec  lui,  elle  n'exerce  aucun  effet  appn 
dc^  divers  organes  ou  appareils  :  son  action  s'épuise  . 
Uitivc  au  fur  et  à  mesure  des  besoins;  puis,  npi'csiK 
méLimorplioses  dédoublantes  provoquées  dans  leii^ 
rt^jelée  de  l'organisme  sous  la  forme  de  combii 
contraire,  se  révête  partout  avec  les  attributs  foin' 
impropres  ft  la  nutrition,  étrangers  Si  l'organi^i 
l'intluence  ^ciale  s'exerce  sur  les  forces  nei'> 
n'autorise  donc  à  croire  désormais  que  l'ali  ' 
tioii,  îk  l'entretien  de  la  vie  organique.  Ci- 
qu'ilestlogiquedecheruberlaraisoudes  il  .,,^. 

CesclTels  sont  différents  selon  que  les  I  w.'.i-i 

à  doses  modérées,  on  pouniiit  dire  liy^îi'  i  ~-i  t'*^ 

dire  pathogéniques.  ,.  e  des  bwss( 

1"  Influence  des  boissons  aîcooliqi 
naît  le  réveil  meneilleux  des  forces  i 
mulalion  qu'elles  exercent,  le  sentiir. 
inutile  d'y  insister.  Hais  il  m' 


L-  alcoolKtii'-- 


is  centres  nerveux  est  limitée  an 
Itarallëlemciit  une  iniluence  quelci 
tée  à  ce  dernier  point  de  vue,  la  i! 
tio»  d'hygiène  publique  et  de  lu 
spiritu  eu  ses  occupent  un  ran;; 
]in<mière.  Edward  Smith,  d^n 
mentionnées  plus  haut,  es)  :ii 
véritables  aliments  dans  l'ai  ' 
plutdt  qu'ils  n'agissent  unit 
iimK  Bvoneeu  aufsi  l'oci«- 
VaVxxA  d:>Jls  l:l  vie 
expérieiicsiiiii'l'^il 
qn'ilsoutiitit  -^^iiK  t 


.  a  cooâdérable  dans  la  qurn- 
,  ..lo  jï^ei  graodes  de  pari  i' 
■„  •jae  dimiuition,  établie  pxi 


53.300- 

Sl.MOw 

jî,300- 

W.WOi 

«.7»  - 

16.K9  0- 

ÎÏ.IOO  — 

e.«ïm 

W.100  — 

11.11  Ui 

58,300  — 

ïi.H  IM 

U.tM»  — 

iit.OBIM 

40,180   - 

n.îi  »« 

raiiwrtav 

vlaritH.,^ 

unilitude  des  ié>ull 

Lit  jui  boissons  etpiTÎiur"!'- 
>  à  l'alcoomètre  de  l»J' 


i:. 


'^OL  (piT6inLn€iii).  5S7 

'^rent  dans  k  recherche  faiUr  pendant 
*  ii^  série),  montrent  qu*il  existe 
'minution  représentée  par 

^^  Tacide  car- 

"intervei»- 

is  qu'il  se 

•  -  vai^ierdans 

.ne  exhalé. 

■ 

:<>ii  après  ringes- 
.  >uivant  représente 
nis  par  deux  jours  do 
(  .liistinence. 


iiivantes . 

HËOUX  alcoolique.  AMTinHCl 

gvMa.  grun. 

.   .      0,442    I 

0,370    j         "•*''^ 


0,421 


i\r 


0,294    ( 

0,186     I 

0,240     j  "•*-'^ 

0,430     j  ^ 

0,422     (  .. 

'c  le  nitrite  de  mercure  par  le  procédé  de  M.  Milioii, 

lUts  rendues  en  -24  heures,  dans  dix  expériences  com- 

|iit'  les  boissons  alcooliques  ne  modifient  pas  sensiblement 

ne  ;  mais  elles  en  augmentent  la  quantité,  dételle  sorte  qu'en 

..Il  eflet  d'activer  légèrement  l'excrétion  de  l'urée.  Ce  résultat 

^  idées  généralement  acceptées  au  sujet  de  la  signification  phy- 

>>ii  accorde  à  la  production  de  l'urée.  Des  expérient^es  et  des  obser- 

uses,  parmi  lesquelles  je  me  bornerai  à  citer  celles  de  Tiedemann  et 

>IM.  Lassaigne  et  Millon,  ont  montré  que,  selon  toute  vraisemblance, 

1  rnait  sur  tous  les  points  de  Véconomie,  et  qu'elle  était  l'indice  princi- 

"ivement  d'oxydation  qui  s'exerce  sur  les  tissus  protéiques  de  l'économie. 

i^rHit  pas  provenir  de  la  transformation  directe  des  aliments.  On  conçoit 

-  comment  l'alcool,  qui  traduit  si  manifestement  son  passage  dans  Torga- 

|X)ur  ce  qui  concerne  Toxydation  des  principes  ternaires  fournis  en  grande 

'  par  l'alimentation  quotidienne,  reste  sans  eiïet  appréciable  sur  cette  décom- 

itiun  plus  lente,  beaucoup  moins  active,  qui  représente  l'usure  de  nos  organes. 

1  15  si  Texpérience  démontre  que  l'nlcool  est  sans  action  sensible  sur  la  désassinii- 

lidoii  des  principes  protéiques,  elle  enseigne  aussi  qu'il  agit  sur  la  sécrétion  uri- 

nnire.  Il  impressionne  les  nerfs,  dont  le  rôle  est  de  solliciter  les  éléments  des  reins 

■(  entrer  en  exercice.  Cette  action  est  d'autant  plus  acceptable  que  raloool  se  trouvi' 

«lirectement  en  contact  avec  le  parenchyme  de  la  glande  fiendant  la  durée  de  l'éli- 

iniitttinii,et  qu'on  rencontre  ?i  l'autopsie  des  traces  de  ce  |>assage  dans  une  hYp<*ré- 


•  f^lOlOtlE). 

4flBe  on  le  dit  en  thcmpeutiquc,  les  faoéu 

•.•i»^  \  des  degrés  divers»  qui  nous  ont  paru 

•  ••tique  respective  que  |>ar  quelques  qualités 

»    -   la  blanc  et  la  bière,  qui  passent  gàiérale- 

-fi^ioeset  comme  spéciaux  de  la  fonction  uri- 

-    '»  ihi  vin  rouge  plus  alcoolique  pris  en  même 

,    -m  s>«.'ial  pour  être  développé  ici,  exigerait  peut- 

.  i-^fdtis  et  exclusivement  dirigées  dans  ce  but  pour 

ik   •*  [là  précède  que  les  boissons  alcooliqpies,  prise» 
-*    ^   nattions  usuelles,  on  peut  dire  hygiéniques,  pro- 
^  .>  uw  proportion  qui  a  varié  de  5  à  22  pour  100,  sui- 

«.    ^•«•^     ••  nu*  diminution  dans  l'exhalation  de  l'acide  carbonique. 
'  ",   ans  \e  sang,  après  que  l'on  a  fait  usage  de  l'alcool,  ni 
•-    ruL^^formation,  tel  que  l'aldéhyde,  l'acide  acétique,  ni 
••    ^    Il  -tmibinaison  spéciale,  dont  la  présence  pourrait  e\pli- 
•  •     I   ••uic,  par  une  sorte  d'aberration  dans  le  travail  d'ox}(l»- 
.  «u  le  loiygène  et  la  diminution  de  l'exhalation  d'acide  carl<o- 
U.U  lue  l'usage  des  boissons  alcooliques,  par  cela  qu'il  diminuf 
:uM>uii|ue  exhalé,  ralentit  dans  la  même  mesure  TactÎTité  de 
..  'ï-..:2v*u.iir^«  et  par  conséquent  la  production  de  la  dialeur  animale; 
^     .    =B-  •.ia»H»iis  éventent  une  action  très-active,  rpioique  indirecte,  siii 
«M  .H  iiuiTueiiUnt  la  recette,  mais  on  faisant  diminuer  la  dopent'. 
^     •    >i.-^  e  >v\-ours  d'aucune  hypothèse,  les  faits  viennent  d'eux-roénie^ 
.^-  \  laiia  tkr  ivtte  opinion  autorisée  par  des  faits  importants  et  pro(bii- 
.^    •*-.  (Uk"  1  alcool  soutient,  qu'il  nourrit,  et  surtout  que  son  iisa:!* 
kl-  :^^  iii4tt$  souvent.  On  voit  aussi  comment  les  boissons  spiritueu^en 
.  ^...    *  r  nPiAfiit^  à  remplir  d'excellentes  indications  hygiéniques  et  thérappii- 
^.  ^  .  ^  «4^ s  [KHir  quelques-unes  dans  la  pratique  médicale. 
>^    •  ta«.nii  1*1  ^in«  on  brûle  moins,  on  produit  nécessairement  moins  de  ch»- 
.     j»«a>  À  ;iiAà'ul  se  garder  d'en  conclure  que  cette  diminution  doit  pouvoii 
Hc^  -  •  M  ^  U;Mkiir«  |Kir  un  abaissement  corrélatif  de  la  chaleur  animale.  Oti 
^.     ....•^  iu;,'v'tiii>K^  el  les  ïwherchos  de  M3f.  RegnaulL  et  Reiset  (Annales df 
....     .  M  tu.iSi,fte^  Tï*  série,  t.  XXYI,  p.  299)  ont  surtout  bien  établi,  contrai- 
«  u  iK%/ite  de  Uvoi$ier,que  tout  en  partant  de  ce  fait  que  la  chaleur  ani> 
■ivifii  sso  etHièremeut  par  les  réactions  chimiques  qui  s'opèrent  dans  I'ccoihv 
«  ^nKxMtucttesquî  $t^  sucixHtent  dans  de  semblables  conditions  sont  évidemmeiii 
.  k^vHui|^«vVx'sy«wrètvv:souuùs  an  calcul  ou  traduits  par  des  indications  tbennométn- 
^v.  . ,  ^'  ^*ui  è<i:\'  qik>  par  une  coïncidence  fortuite  que  les  quantités  de  chaknir 
^^^tt<^  .\u  uu  4iùhul  i^^  ^hU  tix>uvées  dans  les  expériences  de  Livoisier,  de  Ihi- 
%«!<    ^'  «.t'>|tx*ii^  à  i^eii  iHx^s  égales  à  celles  que  donnerait,  en  brûlant  dans  un 
i^^tMx  uuto.*  «iiaiiltlo  i>Mnvs|iondiuite  de  carbone  et  d'hydrogène.  Il  en  serait  d*- 
M^ui^  Jk^  xX'^^iatJitMi»  IhtHiuoniétriques.  Ce  n'est  pas  tout  de  mesurer  le  pmi- 
.  a  .VM'^HA*  Hu(  xW'  I  ^MT^uisim^  |iar  le  dosage  des  pi-oduits  qui  en  résultent,  il  £iu* 
.1  «,;  >^ti.viv  na^vhi  ^x""  qut^  do\ieat  la  chaleur  produite,  comment  elle  se  penic4 

^  ^.(v«W  i»«^**vuiv  suHiHit  elle  est  soumise  sous  l'empire  de  la  vie  au  principe  tie 

„   •  «4f>4««i  «  UKHi  A>i  lk¥W>.  Né;uunoius,  dans  mes  expériences,  j'ai  relevé  a^^'»^ 

>,»^.Kt*.>^**K'ta  viiie  |U!i$il4\  iH  luHire  \yar  heure,  la  température  animale.  Jai  i^mi- 

.»  ,»♦%'  t  ^\n^  vt  4u««itKMi  s*Mi^  riiifluoncce  du  régime  uhxwliquc;  mais  comme  elle 


ALCOOL  (PBYsioLOfiiis).  589 

ot  inférieure  à  un  degré,  et  qu'il  est  bien  dîHicile  d'obtenir  des  résultats  rigoureu- 
sement vrais  sur  ce  point  délicat  d'observation,  je  transcris  ici  cette  donnée  sous 
toutes  réserves,  et  je  fais  appel  à  de  nouvelles  recherches.  Toutefois  elle  montre  du 
luoinsquela  sensation  de  chaleur  si  accentuée  qui  suit  de  près  l'ingestion  de  lal- 
cool  est  locale,  d'origine  gastrique  selon  tonte  apparence,  et  qu'elle  ne  peut  être 
considérée  comme  l'expression  d'une  élévation  réelle  de  la  température  du  corps. 

2"  Influence  des  boissons  alcooliques  prises  à  doses  immodérées.  L'alcool 
alborbé  eu  grande  quantité  ou  d'une  façon  inopportune,  la  plupart  du  temps  sous 
la  forme  de  boissons  femientées  et  distillées,  suscite  les  troubles  fonctionnels  qui 
maquent  les  phases  progressives  de  l'intoxication  alcooUque.  En  raison  de  lein- 
iniportauce  au  poim  de  vue  clinique,  les  effets  immédiats  des  excès  alcooliques  se- 
nmi  décrits  dans  un  article  spécial  (voy.  Ivresse)  .  Mais  tels  qu'ils  se  présentent  chez 
les  animaux,  ils  sont  assez  significatifs  pour  montrer  que  les  perturbations provo- 
(|iiées  par  l'alcool  dérivent  d'une  action  directe  et  primitive  sur  le  système  nerveux. 
A  un  premier  degré,  ce  sont  des  désordres  dans  les  mouvements;  l'action  musculaire 
échappe  u  la  volonté;  la  démarche  devient  incertaine,  titubante;  les  membres  posté- 
i-ienrs  se  dérobent  sous  l'animal  pendant  que  les  antérieurs  conservent  encore 
quelque  activité.  A  un  degré  plus  avancé,  la  sensibilité  générale,  l'exercice  des 
sens  sont  successivement  abolis;  puis  bientôt  la  respiration  cesse;  puis  enfin  la  cii'cu- 
lalion  s'arrête  et  la  vie  disparaît  au  dernier  battement  du  cœur.  La  physiologie  expé- 
rimentale offre  d'ailleurs  l'avantage  de  pouvoir  constater  directement  l'action  toxique 
(le  l'alcool.  En  mettant  à  nu  la  moelle  épinière  et  les  neris  chez  un  animal  en  état 
d'ivresse,  on  peut  s'assui'er,  en  irritant,  en  piquant,  en  broyant  le  tissu  nerveux, 
«lue  l'alcool,  tant  qn'il  séjourne  en  quantité  suffisante,  a))oht  la  sensibilité  et  la 
motricité  des  nerfs  et  les  propriétés  excito-iiiotrices  de  la  moelle,  en  commençant 
par  la  queue  de  cheval  pour  aboutir,  au  moment  de  la  mort,  à  la  moelle  allongée. 

C'est  évidemment  par  l'intermédiaire  du  sang  avec  lequel  il  circule  que  l'alcool, 
comme  la  plupart  des  autres  agents  modificateurs  des  forces  nerveuses,  vient  se 
mettre  en  contact  avec  la  matière  neiveuse,  et  pénétrer  sa  substance.  Agit*il  direc- 
lement  aussi  sur  les  nerfs  de  l'estomac,  ]es({uel$  impressionneraient  à  leur  tour  le 
cerveau  et  pourraient  provoquer  des  accidents  d'intoxication,  la  mort  même,  sans 
i'intenention  de  l'absorption?  C'était,  nous  l'avons  déjà  dit,  Topinion  défendue  par 
Brodie.  Elle  n'est  pas  généralement  acceptée  de  nos  jours  et,  on  peut  le  dire,  elle 
elle  est  peu  en  harmonie  avec  les  idées  régnantes  en  physiologie.  Pour  dissiper 
(léiioitivement  les  doutes  qui  |)0uvaient  encore  exister  sur  ce  point  de  doctrine, 
M.W.  Harcet  a  entrepris  des  expériences  qu'il  a  communiquées  à  l'Association 
anglaise  pour  le  progrès  des  sciences,  dans  l'assemblée  tenue  :\  Aberdocn  en  1859. 
Ces  expériences  sont  partagées  en  trois  séries.  Dans  la  première,  l'auteur  étudie 
Taetion  de  l'alcool  sur  les  animaux  sains  (gienouilles  et  chiens);  dans  la  seconde, 
sur  des  animaux  auxquels  il  coupe  les  nerfs  qui  animent  les  parties  mises  en  cou-* 
lad  avec  l'alcool,  en  laissant  libre  la  circulation  (grenouilles)  ;  dans  la  troisième, 
le*)  parties  sur  lesquelles  il  expérimente  sont  complètement  séparées  du  tronc  et  de 
la  Icte,  à  l'exclusion  des  connexions  nerveuses  (chiens  et  grenouilles).  Les  résul* 
tais  des  trois  séries  d'expériences  sont  résumés,  a  la  fin  de  son  mémoire,  dans  les 
conclusions  générales  suivantes  : 

1**  L'alcool  est  absorbé  et  va  agir  sur  les  centres  nerveux,  principalenieiit  mais 
|ns  exdusivement,  par  l'intermédiaire  de  la  circulation. 

'i*  L'alcool  exerce  une  action  légère  mais  non  douteuse  sur  les  centres  nerveux , 
l^r  riiitenuédiairc  des  nerfs,  indépeudiuiunent  de  la  circulation. 


590  ALCOOL  (puysiologib). 

7}^  L^iiiflueiice  transmise  par  les  nerfs  peut  être  de  deu\  sortes  : 

A,  Elle  peut  donner  naissanoe  à  un  choc  (le  choc  des  Anglais  est  l'ette  sorte  tl* 
toinmolion  avec  suspension  des  (onctions  nervcusi's,  qui  se  produit  sous  riofluenn^ 
d*iui  trouble  violent,  et  surtout  imprévu,  sunenu  dans  Texercice  des  grandes  four- 
lions)  qui  se  traduit  par  une  suspension  temporaire  de  la  sensibilité  et  du  hmhi- 
vement  musculaire  (àTexception  peut-être  de  celui  des  paupières) ,  avec  ooii«en»- 
tioii  de  la  respiration. 

B.  Elle  peut  n'avoir  d'autre  eUet  que  d'abréger  la  vie. 

Le  cùlé  vraiment  intéressant  du  ti-avail  de  M.  Harcct  est  celui  qui  est  cdalil  h 
l'action  directe  de  l'alcool  sur  la  périphérie  des  nerfs  sans  l'interveotion  de  Talv 
sorption  ;  mais  on  ne  peut  accepter  cette  manière  de  voir  qu'avec  beaucoup  dr 
réserve.  Pour  établir  le  fait,  H.  Mai'cet  a  étudié  comparativemeut  les  eflets  produit^ 
|Kir  l'immersion  dans  l'alcool  des  membres  postérieurs  de  trois  grenouilles  placée^ 
dans  les  conditions  suivantes  :  la  première  était  intacte  ;  l'animal  cessa  de  respinr, 
et  ]ierdit  sa  sensibilité  dans  une  {)ériode  de  dii  à  treize  minutes  :  chez  la  deuxiènir. 
on  avait  coupé  les  nerls  des  membres  immergés;  l'insensibilité  et  rarrèt  delà  re^ 
piration  n'arrivèrent  qu'api  es  15  et  25  minutes  :  chez  la  troisième,  la  droilatimi 
avait  été  complètement  suspendue  dans  les  membres  postérieurs;  les  ndémes  acci- 
dents ne  se  produisirent  qu'après  j  et  i8  heures.  Il  importe  de  rappeler,  oommr 
terme  de  comparaison, que  ces  animaux,  quand  ils  oai  subi  cette  dernière  opération, 
('.tqu  on  ne  les  met  point  en  contact  avec  l'alcool,  peuvent  vivre  plus  de  â3heure>. 
S*ensuit-il  que  les  nerCs  ont  servi  manifestement  de  voie  de  transmission?  Non.  I>*^ 
ell'ets  obtenus  dans  les  trois  conditions  expérimentales  ont  été  de  même  ordre.  Lt^ 
lUiimaux  sont  tous  morts,  un  peu  plus,  un  peu  moins  vite,  voilà  toute  la  diilê- 
rence.  Et  encore  quelle  diflerence  !  Entre  les  effets  observés  sur  la  grenouillf* 
intacte  et  ceux  «pi'a  présentés  la  gronouiUe  a  laquelle  on  avait  coupé  les  nerfs  lom- 
baires, on  constaté  une  différence  de  survie  de  quelques  minutes  seolenieot  (<l( 
15  à  25  minutes  au  lieu  de  10  à  15),  et  l'auteur  en  tire  une  conséquence  ;  tand^ 
(|ue  chez  les  animaux  de  la  5<*  série  il  se  présente,  sans  quon  s'en  préur* 
cupe,  des  différena's  de  14  heures  duns  la  rapidité  des  accidents  fde  i  à  l> 
heures). 

Ce  simple  rapprochement  suffit  pom*  nioutror  sur  quelle  base  repose  Tassertioti 
de  l'obseinrateur  anglais  :  elle  est  d'autant  plus  attaquable  qu'il  s*agissait  d'ani- 
maux inférieurs.  Les  batraciens,  en  particulier,  sont  doués  d'une  aptitude  physio- 
logique dont  l'auteur  ne  parait  pas  s'être  préoccupé  suffisamment.  Chex  eux  riw* 
bibition  se  fait  avec  une  facilité  tout  exceptionnelle  :  elle  porte*  les  suk^tamr^ 
toxiques  a  une  très-grande  distance  du  point  d'application,  et  même  dans  loab 
l'économie,  après  un  temps  suifisamment  prolongé.  Cette  propriété  de  tissa  siiflii 
à  elle  seule  pour  justifier  des  résultats  obtenus  pai*  M.  Marcet,  en  admettant  wèax 
qu'ils  ne  provieiment  point  du  degré  de  résistance  de  l'animal  ou  de  ropêralMm 
olle-même. 

Quelques  expériences  ont  été  faites  sur  des  chiens,  par  conséquent  dans  de  uhiI- 
leures  conditions;  mais  elles  ne  nous  paraissent  ni  assez  nombreuses,  ni  asseï  iK-ltr- 
ment  établies  i)our  être  concluantes.  En  résumé,  nous  n'avons  pas  trouvé  dans  1> 
mémoire  de  M.  Marcet  la  démonstration  expérimentale  de  l'hypothèse  de  B.  Brodit*. 
et,  jusqu'à  meilleure  information,  nous  considérerons  encore  l'inteni'entJttn  d> 
l'iibsorption  et  de  la  circulation  dans  le  sang  comme  une  condition  indispeiisalil* 
au  développement  des  effets  généraux  de  Talcool. 

On  a  admis  jus<|u'alors  que  l'alcodl,  connue  bënucoup  d'autres  agent»  du 


ALCOOL  (bibliographie).  ô9i 

même  ordre,  respectait  la  structure  intime  des  nerls,  tout  en  abolissiint  leurs 
fonctions.  Ce  serait  donc  par  une  action  de  contact,  comme  l'indique  assez  la 
durée  éphémère  de  ses  effets,  qu'il  impressionnerait  l'activité  neneuse.  De  nou- 
velles recherches,  communiquées  tout  récemment  à  l'Académie  des  sciences  dv. 
Paris,  semblent  infirmer  cette  manière  de  Toir.  En  pratiquant  des  coupes  sur 
les  iiorfe  ou  les  centres  nerveux  à  l'aide  d'un  procédé  ingénieux  de  son  invention, 
M.  P.  Roudanousky  parait  avoir  constaté  de  véritables  altérations  organiques  dans 
les  éléments  constitutiis  du  tissu  nerveux  sous  l'influence  de  la  plupart  des  poi- 
y)ns.  Suivant  lui,  la  strychnine  altère  les  cylindres  d'axe,  tandis  que  le  chloro- 
foi-me,  l'opium  et  peut-être  l'alcool  modifient  la  myéline,  «  qui  au  lieu  de  prendre 
la  forme  amorphe  grenue,  prend  l'aspect  de  petits  corps  brillants  (Observations 
sur  la  structure  du  tissai  nerveux  par  une  nouvelle  méthode  j  in  Comptes  rendus 
Acad.  se.,  t.  LIX,  p.  1009).  Quoi  qu'il  en  soit,  on  conçoit  sans  peine  que  la  répé- 
tition plus  ou  moins  fréquente  des  ébranlements  causés  par  l'ivresse  paisse,  après 
1111  certain  temps,  apporter  des  modifications  plus  durables,  même  en  l'absence  de 
r.i;;eut  modificaleiu',  dans  le  fouclionnemeut  du  système  nerveux,  et  devenir  plus 
lard  le  point  de  départ  de  véritables  ailections  organiques.  Ainsi  s'établit,  dans  une 
lilintion  très-naturelle,  l'étiologie  de  la  plupart  des  manifestations  de  ralcoohsme, 
"oil  qu'elles  se  traduisent  par  diverses  perturbations  dynamiques,  comme  les 
li^mblenients,  les  paralysies,  les  différentes  formes  de  manie,  les  hallucina- 
tions, etc.,  etc.,  soit  qu'elles  témoignent  d'un  trouble  profond  apporté  dans  le 
mouvement  de  la  nutrition,  conmie  toutes  les  dégénérescences  graisseuses  d'ori- 
:^iiie  alcoolique.  Madricb  Perbin. 

BoiiMRATOis.  Kboh  i^â.).  A  nimia  spiriluê  vini  ingurgitâtione  mon  repentma,  InMisceH. 
icad,  nai,  eur,  Dec.  3,  an  V-VI  (1797-08),  p.  166.  —  Oaveiiariits  (R.  J.)  fines.  Brcobb  rcsp. 
Df  poiu  aquanmardêttlmm.  Tubingsc,  1609,  in-4*.^  Nocl  (N.  B.].  M&rs  M  vitro,  seu  leûiifira 
fini  alMsU  damna  y  ex  oola  ejusdem  adêtringendi  tfirtute  comffroàaia  Prancoforti.  1700,  in^. 
^ScKw-ici  ^G.).  .4  ^'ew  Treatige  on  IJquon  whereins  the  Use  and  Abuse  of  Wine,  Malt- 
Drifikt,  Waier,  etc.,  are  considered.  London,  1725,  in-8». — Albrecht  (J.  G.)  pwes.  Popen 
n^p.  De  Mpiritu  viui  ejutque  usu  et  abusu.  Gottiiigïc,  1735,  in-4*.— Alieeti(M.)  pnes.  Vogel 
r'-^p.  De  spirituum  ardentium  usu  et  abusu  diatelico.  UaUe,  1732,  m-4"'  —  Roc  [L.  P.  Lk 
re^p.  Abcsliu.  An  aqua  vilx  aqua  mortis?  resp.  aflirm.  Thèse  de  Paris,  1745,  m-4*.-^ 
\.\^\MJii  (C.  V.)  pnes.  Bcncios  (P.)  resp.  Dissert,  in  qua  spiritus  (Yumenti  propanitur.  Upsalia*. 
l'64,  in-4*. — Dossie  (Rob.^.  An  Essay  on  Spirituous  Uquors^  their  Effecis  on  Health,  etc. 
London,  1770,  in-8".— Lettsox  (J.  C.).  Hislory  of  some  ofthe  EffiCts  of  Bord  Drinkings. 
Undon,  17S0.  —  ScuDBMAKN  'D.).  De  effeclibus  spirituosorum  in  corpus  humanum.  Harderoyi. 
IT9!,  in-4». — J.kîciciiî.  [W.].  De  spiritus  vini  usu  et  abusu.  GœUinga*,  1793,  in-H». — IIlte- 
uxn  (C.  W.).  Veber  die  Yergiftung  durch  Branntwein,  Berlin,  1802,  in-8*.— Bobsoîi  (\V.). 
/Ae  effediàus  vini  et  spiritus  ardentis  in  corpus  kumanum,  Edinb.,  1803,  iii-8*.—  Karb- 
«» >  l.  J.\  Veber den  diàtetischen  Gebrauchdes  Branntweins. Koln,  1803,  in-8«.— Wurier  (J.) 
B^merkungen  uber  den  Branntwein,  in  politischer^  technotogischer  und  medidnischer  Hin- 
•idu.  Vit.  Kpf.  Cdln,  1804,  in-8^  ^  Roscn  (B.).  An  inquiry  into  the  Efftets  of  Ardent 
SpirUs  upon  ihe  Human  Body  and  Miné;  with  an  Account,  ete,  Philadelphia,  1806,  in-8*. 
—  rAiiEiTiER  ^0.)*  Sur  les  eauj>de-vie  considérées  comme  boisson  à  l'usage  des  troupes, 
\n  Ânn.  de  Chim.,  1"  série,  t.  LIX  ,  p.  5,  1806.  —  Hubre  (K.).  Ueber  die  SchUdlich- 
^eit  des]Branntweins,  aïs  eines  gewôhnlicheti  Getrânkes.  In  Verhandl.  u.  Schr,  der  Hamb. 
fieselttchafl  L  VU,  p.  531,  1808.  —  Brooie  (B.  G.>.  ExpermenU  and  ObservalUms  on 
the  différent  Modes  in  which  Death  is  prodticed  by  certain  Vegetables  Poisons  {Expe- 
rim.wilh  Akohol).  In  Phil,  Transact.  ofthe  Boy,  Soc^,  t.  CI,  p.  178,  1811.  —  Mwch  (Al.;. 
^tfhandlungûberdie  Wirkungen  der  Weins,  Gicssen ,  1815,  in-S».—  Pages  (C.  F.)  Becherches 
«HT  la  phénomènes  produits  par  l'introduction  des  liqueurs  alcoolisées  dans  les  voies 
divins.  Tbëse  de  Paris,  1815,  n*  128.  —  Gano  (Ferd.).  Becherches  sur  r histoire,  la 
nature,  les  effets  et  l* emploi  hygiénique  du  vin  et  des  liqueurs  spiritueuset.  Thèse  de  Paris. 
IM5,  n*  270.  ~  Regard  (J.  Kl.].  Der  Branntwein  in  diàtet.und  medicin-polizeil.  Hinsicht, 
laiiu,  1817,  in-^.^RirrER  (G.  H.).  Die  Weinlehre.  Nienz,  1817,  in-8*.  —  Schloiter  (J.  H.:. 
be  ràtiou/e  qua  potus  spirituosi  in  organismum  agunt.  Ualv,  1821. -^Pierrou  (J.).  Considé- 


592  ALCOOL  (TuâiiApttTiQUE). 

ratûmt  chimiques,  thérapeutiqueM  et  pêikologiqueseurFalcool.  Thèse  de  Pins,  19S5.  ir  i73. 

—  Babbio:!.  Sur  Feu^^oisonnement  par  F  alcool.   Tlièse   de  MootpeUier,  i8t7,  n*  fSii.  •> 
MicxisM  (R.).  TheAnatomy  of  Drunkneu.  Glascow,  1828,  in-iS,  2*  édit.— Sktu.  GuiachUu 
uber  die  plôtzUche,  wahrscheiniich  durch  ûbermiuêigen  Oenuss  des  Branntweius  herbeifie- 
fuftrte,  Todesartdreier  Pertonen.  In  Henke's Ztschr,  t.  XX.  p.  tl,  18S0.~RoraB-4>>LLAi»  if  . 
De  Vusage  et  de  taàus  des  boisson*  fermentées.  Thèse  de  concours,  Paris,  1838,  in-4*.  * 
MiTstnEBLicH  (C.  G.),  \yirkung  der  Alkohols  und  Aethers  auf  denOrganismus.  In  Médian  Un 
1845,  et  SchmidVs  Jahrb,,  t.  XL,  p.  151. 1845.  — Bouchardat  et  Savdkas.  De  la  éigestwu  4^ 
boissons  alcooliques  et  de  leur  rôle  dans  la  nutritim.  In  Ann.  de  chimie  et  de  phtfs.^  >  $<  li*- 
t.  XXI,  p.  448,  1847.  — Boccbakoat.  De  Vusage  et  de  F  abus  des  boissms  fenuemUes  et  dr* 
liqueurs  fortes  (coafér.  de  l'Assoc.  polylecbn.).  In  Ann.  de  therap.^  18C2,  p.  208.  — &«- 
cMARDAT  et  Jf!(od.  L'eau-de-tfte,  ses  dangers  'coiifér.  popul.^.  Pans,  1863,  in-18.  —  Kix!iai  II 
Untersuchungen  Uber  die  Wirkuugen  des  Branniweins-Genusses  aufden  lebemdenOrgauismn 
Eine  wisseuschaftL  Antwort^  etc.  Brauiischweig,  1848,  in-8*.  —  Caifcivtib  ;W.).  Ou  thelu 
and  Abuse  of  Alcoholic  JÀquors  in  Health  and  Disease  Prize  Essay).  London,  1850,  in-^ 
— Bebgebit.  De  Vabus  des  bmssons  alcooliques,  de  ses  funextes  effets  sur  Fkomwu  et  in 
société^  etc.  Lons-lc-Saulnier,  1851,  in-18.  —  Dccnbk  (A.].  Veber  das  Yerhalten  des  Alcok^^* 
rm  thierischen  Organismus.  In  Vtjschr.  f.  d  Prakt.  Beilk.  in  Prag.^  t.  XXXIX.  Orig.  p.  UU. 
1853. — Smith  (Edw...  Action  of  Teaand  Alcohol  contrasted.  In  ihtblin  Med.  Press.,  2«  h-ht. 
t.  Il,   p.  58,  18G0. — Marcet.  On  Expérimental  Inquiry  into  the  Action  of  Alcohol  on  Sfr- 
vous  System.  In  Med.  Times  and  Gaz.,  1S60,  t.  1,  p.  214,  264,  312.  — /nçsinr  àUû  tl^ 
Influence  of  the  Abuse  of  Alcohol  as  a  Predisposing  Cause  of  Disease.  In  Bniiêk  orné  F^ 
Med.-Chir.  Bev„  2»  série,  t.  XXIX,  p.  485,  1802.— Deheadx.  Fâcheuse  influence  exercée  su. 
les  enfants  par  F  état  d  ivresse  du  père  au  moment  de  la  conception.  In  Compl.  remd  et 
FAcad.  des  Se,  t.  Ll,  p.  576.  1860. —  Lcdgcb-Lallcvatcd.  Perrix    M.^  et  DrROT.  Du  rôU  4* 
F  alcool  et  des  anesthésiques  dans  F  organisme.  Recherches  expérimentales,  fig.  Paris,  IMii 
in-8*.  —  Perk»  (M.).  De  F  influence  des  boissons  alcooliques  prises  à  doses  modérées  sur  U 
nutrition.  Recherches  expérimentales.  Paris,  1864,  in'8*'.   Uukv  {T.,.  Is  Alcohol  food?  Li 
British  Med.  J.  2V.  Ser..  1862,  t.  II,  o.  351— Aîcstie  (Fr.  E.  .  The  .Alcohol  Question.  In 
J/md.  Med.  Re».,  iWi.^ Alcohol  is  il  Food,  Medicin  or  Poison?  In  (UfmhUl  Mag.,  janv.  186:2 

—  Does  Alcohol  ad  as  Food?  In  O'mhill  Mag.,  sept.  1862.  Ces  trois  incnioires  sont  aualw-- 
in  Rankings  i4^</racl«,  t.  XXXVII,  p.  308.  iWaô.^Stimulattts  and  Narcotics  :  tkeir  Mulmi 
Relations  wilh  Spécial  Retearches  in  the  Action  of  Alcohol,  jEtherandCMoroform  on  the  It/c. 
Organism.»  Lond.  and.  Cainhr.,  1864. — Gros  :A.  F.  A.).  Action  de  Faleool  amgUqme  sur  form»- 
nisme.  Thèse  de  Strasbourg.  1863,  n*  646.<— Baddot  (Edm.).  De  Faleool,  te  sa  ée$trm.ttnf 
dans  Forgauisme.  In  Union  med.,  2«  série,  t.  XX,  p.  273,  357,  374,  390;  1863,  ci  t/r^ 
t.  XXI.  p   40.  186*. 

Nous  aurions  pu  faoileuient  g^o^si^  cette  biblio^aphic  d'une  foule  de  dissertations  m  ■- 
leuiies  dans  les  siècles  derniers  et  récemment,  tant  en  France  qu'à  Tétrangcr;  on  en  tp»*- 
vera  la  liste,  aussi  lon|;,aie  qu'inutile,  dans  le  compendieux  ouvrage  de  Ploucquet.  \o\'^ 
d'ailleurs  la  bibliogmphie  de  Tarticlc  Alcoolisbb,  qui  complète  celles  et  se  ooaroiid  av-. 
elle  sur  beaucoup  de  points.  E.  B^v. 

g  IV.  De  IVaipk»!  tliénqK-atl^pM  d^  r*l«ool.  Il  est  assez  d*usage  de  rj|. 
|K>iici'  à  Arnuuld  do  Villeneuve  la  dc4X)uverle  de  Faleool  et  le  premier  emiil^q  li' 
ce  liquide  à  titi*e  d*agenl  hygiénique  et  thérapeutique.  Cejiendant  rieii  u*est  duhh^ 
démontré  que  cette  asseiiiou.  Ainsi  Morewood  pi  étend  que  lis  Chinois  ont  pn*pit< 
Faleool  bien  lougtein|>b  avant  que  cette  substance  ne  fût  connue  dans  le  rr^tt*  <!« 
FAsic  ou  en  Airique.  En  outre,  .Albiicasis,  médecin  arabe  du  dounème  sièi^k*. 
été  signalé  œnune  ayant  obtenu,  le  premier,  de  Fesprit-de-vin,  tandis  que  d*aufn^ 
attribuent  celte  découverte  à  llaymond  Lu  Ile  qui  vivait  an  treizième  siède.  Et  .• 
plus,  il  ne  siMnble  j)as  que  la  découverte  de  cet  agent  ou  même  Fidîc  lyreniièn  (^ 
son  emploi  tlK'ra))cutique  puissent  être  attribuées  à  Aniatdd  de  Villeneuve,  qntit' 
ou  se  reporte  aux  œuvres  mêmes  de  ce  médecin.  En  eiïet,  dans  sou  traité  De  r.'i- 
fietTanda  juventute et  retardanda  senecixUe^  il  vante  bien  Futilité  de  le^u-l- 
\ in,  que  «pioiques-nns,  dit-il,  ap|»ollent  Feau-do-vie,  mais  dans  ce  «|ii'il  mi  M  i 
e^t  loin  d*u\t»ir  le  ton  d*un  homme  qui  |nrle  d*une  découverte  |)ersoniii*llo.  r.i 
même  celui  d\m  honunc  qui  aurait,  le  premier,  employé  un  a^ent  curateur  qu  il 
considère  d'aillem*s  connue  ti-cs^nvi'ienx  et  auquel  il  attribue  de  grandes  veilip. 


ALCOOL   (thbrapki:tiqi;k).  593 

Il  indique  beaucoup  plutôt  l'eau-de^vie  comme  un  moyen  déjà  connu  et  qui,  selon 
Popinion  qu'il  en  a^ait,  guérissait  les  plaies  en  les  desséchant  et  serait  surtout 
utile  aux  paralytiques,  aux  épileptiques,  aux  malades  atteints  d*albugo,  de  cancer 
(lelabouche,degravelIeoud*hydropisie.(Opp.  Omn.,Basileae,15Q5in-fol.  p.  333.) 
11  iijoute  même  cette  indication  générale  :  Sincerat  corpus  contra  ptUrefactûh 
nem,.  propter  ^us  sinceritatem.  Mais  nulle  part  il  ne  revendique  TinTention, 
^t  du  moyen,  soit  de  son  application  contre  les  maladies  dans  lesquelles  il  rapporte 
qu'on  en  faisait  usage  dans  son  temps.  Il  est  beaucoup  plus  probable  que  l'alcool 
rtaitdéjà  connu  des  Arabes,  qui  l'avaient  peut-être  même  reçu  de  plus  loin,  puisque 
l'origine  véritable  du  mot  semble  devoir  remonter  jusqu'à  la  langue  chaldéenne 
dans  laquelle  il  signifie  quelque  chose  qui  brûle.  Telle  est  au  moins  l'opinion  de 
llôfer  {Eistoire  de  la  chimie,  t.  I«^  p.  307,  en  note).  Amauld  de  Villeneuve  qui, 
en  1285,  était  en  Espagne  où  florissaient  les  médecins  arabes  et  où  il  fut  médecin 
de  Pierre  III,  d'Aragon,  rapporta  de  ce  pays,  selon  toute  probabilité,  la  connais- 
sance de  l'alcool  et  de  ses  usages.  Mais  c'est  là  un  point  plus  curieux  qu'important. 

Longtemps  cette  liqueur,  qui  était  bien  loin  alore  d'être  concentrée  comme  on 
l'obtient  aujourd'hui,  fut  considérée  comme  un  médicament  cl  fut  vendue  unique- 
ment par  les  apothicaires.  C'est  en  1514  qu'elle  passa  dans  les  mains  des  vinaigriers 
auxquels  Louis  XII,  en  fondant  leur  corporation,  attribua  le  monopole  de  la  distil- 
Lition  et  de  l'esprit-de-vin.  Vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  la  corporation  des 
distillateura  se  sépara  de  celle  des  vinaigriers;  l'alcool  passa  alora  dans  les  mains  des 
distillateurs,  et,  bien  que  ces  changements  d'attributions  prouvent  que  l'eau-^le-vie 
Goounençait  à  devenir  autre  chose  qu'un  remède  et  à  être  consommée  plus  ordinai^ 
remenl  à  titre  de  boisson,  les  médecins  continuaient  d'en  faire  l'éloge,  conmie 
d'une  substance  dont  l'usage  leur  appartenait  particulièrement.  (V.  aussi  p.  616.) 

Bientôt  l'alcool  Ait  introduit  de  plus  en  plus  dans  la  matière  médicale  et  dans  la 
pharmacologie,  son  emploi  fut  mieux  dirigé,  ses  usages  dans  cette  dernière 
branche  de  la  science  suivirent  les  progrès  que  fit  la  chimie  et  contribuèrent  aux 
analyses  auxquelles  elle  se  livra.  C'est  en  effet  à  l'aide  de  l'alcool  que  beaucoup 
de  substances  ont  été  isolées  et  enlevées  des  divers  composés  qui  les  contenaient. 
De  là  l'emploi  des  alcoolés,  des  alcoolatures  et  les  alcoolats  qui  seront  tous  examinés 
à  propos  de  chacune  des  substances  qu'ils  contiennent  et  dont  on  obtient  la  dis- 
solution  à  l'aide  de  l'alcool. 

Nous  examinerons  surtout  ici  les  secours  que  l'alcool  employé  seul  et  plus  ou 
moins  concentré  peut  prêter  à  la  thérapeutique,  c'est-à-dire  les  cas  dans  lesquels 
il  a  été  employé  à  titre  de  moyen  de  curation  des  maladies.  Cet  agent  est  prescrit 
ft  administré  soit  à  Vextérieuv,  soit  à  ïiniérieur. 

Usage  extérieur  de  Valcool.  —  Applications  chirurgicales,  A  l'extérieur, 
l'alcool  s'emploie  d'ordinaire  pur  ou  à  peu  près  pur.  En  général,  il  est  alors  destiné 
à  stimuler  plus  ou  moins  violemmentles  parties,  selon  son  degré  plus  ou  moins 
^'rand  de  concentration,  il  est  donc  souvent  considéré  comme  un  agent  de  la  mé- 
dication révulsive  ou  de  la  médication  dérivative  ;  aussi  est-il  prescrit  contre  cit^ 
laines  douleurs  localisées  sur  une  articulation  ou  sur  un  point  spécial  du  systèmr 
musculaire.  Dans  les  entorses,  on  a  appliqué  l'alcool  à  titre  de  révulsif  ou,  selon 
(%rtains  auteurs,  à  titre  de  résolutif;  c'est-à-dire  qu'on  a  cherché  par  la  stimula- 
tion qu'il  causait  à  la  peau  à  résoudre  l'inflammation  plus  profonde.  C'est  dans  le 
mémo  but  que  M.  Houzelot  et  le  professeur  Nélaton  (Nélaton,  Jmmal  de  méd,  et  de 
chirurg.  pratique,  extrait  An  Journal  des  conn.  méd.  ehtr.,  1861 ,  p.  349)  ont  uti- 
li^  avpc  succès  les  applications  d'alcool  à  56"  contre  les  tumeurs  synoviales  du  poi- 

Uicr.  EKc.  II.  58 


ziM»C.  L^  )»,i,i  ji{>tii£  ^ir  ^0^  Ciiiueim  haï  on  dix  pbqaes  d'amadou  superpOM^e»  \^^ 
nng*»  4111  m'..*»^.  tcA^r-'^^^^i»  d'  iko«j4  K  recoorertes  d'une  tmle  cirée  dtsUnéif  à 
-iBi>**i^h'^  r<f  a(Mr>£^:a.  l tk^ <!tial»fiir  me  ienUaUeà  oelleque|m>duilUD Tésicaloin* 
^  4fv'»^>>k)^çi^  ior  li^  p4.iat^  iiii:a  recoaverU.  L'épidémie  se  froDce,  se  ratatine,  et 
■H'  ^.Utïw  an  Ï0mA  dr  'foe^fori»  iiiors.  On  revient  nn  certain  nombre  de  fois  à  u^ 
^(rfiiidtkun»  •{•jî  «lot,  «La»  ^hxat'ar»  exemples,  amené  uneguérison  radicale  et  corn- 
ai* t^  dr-  rt^  lunÈtari.  CtxnnÉe  oa  le  voit,  b  pcan,  sous  l'influence  de  ce  traiteDieiU, 
<Hi(  port#;  ijw  w<rt*f  d  ir.îUmratttioa  sapeilkieUe  qui  se  traduit  non  pas  par  une  vési- 
t;»ti^Hi.  pjL^pi  il  n\i  aname  prodadion  séreuse,  mais  par  une  Téritable  super^  ti-- 
Iwo  épidr-rnii  {ue.  M.  ^Aàitm  a  coweillé  le  même  mode  de  traitement  pour  la 
zitfîn^m  dfâ  bijuTst:»  sénsoscs  de  la  paame  de  la  main.  Du  reste,  Plater  précooi- 
«ail  dr'ià  i'»:aO'd«î-%ie  oootre  les  tumem^  en  général  et  Lonzoni  appliquait  de>  o 
U\fbt*Tnt^  de  (mille»  de  vi^ne  imprégnés  d'akool  sur  les  tumeurs  hémorrlioîdali'^ 
#{u  il  SurnEâcoit  ainâ,  a  ce  qu'il  rapporte  ((or.  cU.  plus  loin). 

Bfodie  et  depui>  lui  M.  Ebre  ont  obtenu  de  lions  résultats  de  raction  topique  de 
r^kool  contre  les  hypertrophies  des  mamelles.  C'est  en  effet  surtout  à  l'alcool  <(iie 
Ton  doit  rapporter  l'influence  salutaire  dn  mâange  indiqué  par  Brodic  pour  ces 
ca4  (Mrticulîers,  et  dans  lequel  entraient  pour  une  part  le  camphre  et  l'extrait  àe 
^tume.  I  Koy.  Detiixs,  Gaz.  ia  hôpiimtx  de  Paris,  1852,  p.  418).  C'est  doiir 
frricon;  ctmune  moyen  excitant  capable  d'établir  Ters  la  peau  un  traTail  dérinlif 
de&tiné  à  réstoudre  les  engorgements  plus  profonds  que  l'akool  a  été  employé  en  celle 
droonstanœ.  De  même,  <lam  ks  épancfaements  articulaires  chroniques.  Je  voyai> 
il  %  a  peu  de  temps  un  goutteux  qui  pratique  largement  cette  médication.  En 
eflet,  lors  de  chaque  attaque,  au  fort  même  de  la  fluxion  articulaire,  il  n'a  rien  ima- 
giné  de  mieux  que  de  frictionner  ngoureusement  les  articulations  atteintes  avec  une 
brosse  rude  très-largement  imprégnée  d'akool,  et  il  se  trouve  toujours  bien  «le 
cette  manœurre  un  peu  hardie,  qui  répond  du  reste  aux  sinapismes,  aux  Tésioi- 
toires,  aux  applications  de  teinture  d'iode,  dont  certains  malades  ont  rhabitude 
en  semMaUe  occurrence. 

Il  couTient  encore  de  mentionner,  seulement  à  titre  de  renseignements,  l'opinion 
de  Marshall-Hall  {the  Laneet^  22  mais  1845),  qui  conseille  comme  salutaire», 
dans  les  cas  de  phthisie  pulmonaire  commençante,  les  applications  d'alcool,  éteodu 
de  trois  parties  d'eau,  faites  sur  toute  l'étendue  de  la  poitrine.  Il  semble,  mal;!n' 
le  nom  de  l'auteur,  qu'on  doive  avoir  peu  de  confiance  en  un  tel  moyen,  contre  une 
affection  aussi  grave. 

Dans  un  but  opposé  à  celui  qu'on  se  propose  dans  les  cas  qui  précèdent  et  à 
cause  de  sa  grande  volatilité  on  a  préconisé  l'alcool  comme  réfrigérant  dans  le$ 
premiers  degrés  de  brûlures^  dans  certaines  inflammations  de  la  peau.  Sans  doomT 
(%ttc  explication  toute  moderne,  Jean  Walœus  (Melh.  med.,  p.  m.  112)  a  Bo}le 
(de  Specif,  médicament.,  p.  92  Lond.,  1686;  in-18)  l'avaient  déjà  recommuKk* 
contre  les  mêmes  accidents.  Jos.  Lauzoïii  (1683-1 730), qui  a  fait  un  fréquent  tts«;e 
de  l'alcool,  l'a  vu  réussir  dans  les  contusions,  dans  un  érysipèle  phkgmoneui  du 
bras  di-oit ,  obser>'é,  en  1 7 1 1 ,  sur  son  domestique.  (Êphém.nat,  cur. ,  cent,  ni,  p.  4'*. 
1715).  Albrecbt  (Jean-Pierre)  le  préconisait  aussi  en  sembbible  circonstance,  mmI 
seul,  soit  mêlé  au  camphre  (iMd. ,  decuria  ii,  ami.  viii,  p.  405;  1690).  Au  nppori 
(\ii  Héral  et  de  Lens,  Harris  et  James  ont  aussi  employé  l'alcool  en  lotions  dub^ 
Térysipèle,  et  suivant  eux  il  ne  faut  pas  redouter  la  disparition  subite  de  la  rvu- 
geur  et  de  la  tuffléiaclion,cequi  semble  du  reste  assez  simple.  L'érythème,  le»  eu- 
gelures,  rintertiigOy  la  rougeur  qui  entoure  les  vésicatoiros  irrités,  sont  suub^<  ^ 


ALCOOL  (tuékap£utiqu£).  595 

aussi  par  des  lotions  d'alcool  plus  ou  moins  étendu  d*eau.  Beaucoup  d'auteurs 
même,  loin  d  étendre  Talcool,  ont  conseillé  de  l'employer  très-concentré.  C'est, 
par  exemple,  de  lalcool  concentré  que  Ritier  s'est  servi  pour  détruire  les  poux 
chez  de  nombreux  malades  {Nov,  act.  natnrx  curios, ,  t .  V,  append. ,  p.  26) .  Lan- 
xoni  (loc.  cit.)  l'a  prescrit  avec  succès,  sous  cette  formé,  comme  seul  remède  contre 
la  gale  chez  une  jeune  fille  ;  de  même,  il  Ta  vu  guérir  une  éruption  qui  semble  avoir 
été  une  syphilide  serpigineuse  et  qui,  chez  une  femme  très-honnête,  œmme  il  le 
remarque,  s'étendait  sur  les  hanches,  les  bras,  le  dos  et  les  côtés.  Additionné  de 
tartre,  le  même  auteur  l'a  prescrit  contre  l'impétigo  de  la  iace  et  du  cou  et  a  guéri 
œs  éruptions.  Très-récemment  M.  le  professeur  Nélaton  a  montré  qu'en  mainte- 
nant très-exactement  appliquées  sur  les  surfaces  malades  des  compresses  toujours 
bien  imprégnées  d'alcool  à  W,  on  peut  prévenir  constanunent  le  développement  des 
fttroncles  et  an'étcr  leur  inflammation.  lia  cité  (Gaz.  des  hôpitaux^  1853,p.  387) 
un  exemple  de  ce  genre  qui  semble  permettre  l'usage  du  même  moyen  dans  l'ec- 
thyma,  éruption  très-rapprochée  des  furoncles  de  petite  taille,  que  cite  M.  Nélaton. 

Enfin  André  Cnôifel  a  présenté  l'esprit-de-viu  additionné  de  myrrhe  et  employé 
en  lotions  sur  la  figure  dès  le  début  de  la  variole,  «  tanquam  praesens  remedium 
i  contra  variolas  faciei,  ne  tam  fortiter  confinant,  vel  faciem  debonestent.  »  (Èphém. 
nat.cur.,î>ec.  i,an.lVetV,p.48;  1776).  Ce  passage  prouveque  la  méthode  dite  ec- 
trotique,  appliquée  à  la  variole,  n'est  pas  aussi  nouvelle  qu'on  pourrait  le  penser. 

Loin  de  vouloir  chercher  à  l'aide  de  l'alcool  la  réfrigération  des  surfaces  brûlées 
au  premier  et  même  au  second  degré,  M.  Lecomez,  d'Alençon  {Y Art  médical , 
iimiUa  similibus  curantur,  t.  XYII,  p.  Ml  ;  1865),  conseillerait,  d'après  un  fait 
qu'il  a  observé,  d'appliquer  en  semblable  circonstance  l'esprit-de-vin  aussi  chaud 
que  possible.  Suivant  lui 'la  douleur  d'abord  augmentée  diminue  bientôt  sous  les 
applications  renouvelées  ;  dix  minutes  plus  tard  elle  était  trè&-légère,  et  environ 
après  une  heure  elle  était  nulle  et  n'a  plus  reparu.  Avant  d'imiter  cette  conduite 
cl  de  croire  que  ce  fait  démontre  la  haute  influence  des  actions  similaires,  il  y  a 
lieu  d'obser\'er  que  dans  cet  exemple  l'application  de  l'aldool  chaud  a  été  faite 
deux  heures  et  demie  après  l'accident,  et  que  c'est  une  heure  après  que  la  douleur 
était  atténuée.  Ce  laps  de  temps,  trois  heures  et  demie,  n'aurait-il  pas  suffi,  quel 
que  fût  le  traitement,  pour  calmer  la  douleur  première? 

L'application  locale  de  l'alcool  a  encore  été  conseillée  dans  le  traitement  de  lu 
fis^ure  à  Tanus.  M»  Chapelle,  d'Angouléme,  a  confimuniqué  à  l'Académie  de  mé- 
decine (séance  du  33  décembre  1 856)  un  travail  duquel  il  résulterait  que  l'appli- 
cation d'un  pinceau  de  blaireau  imprégné  d'un  mélange  de  50  grammes  d'alcool 
avec  10  grammes  de  chloroforme  pourrait  guérir  la  fissure  à  l'anus.  Ce  procédé 
emploj-é  par  son  auteur  dans  quatorze  cas  de  cette  maladie  aurait  amené  quatre 
guérisoiis  par  une  seule  application,  six  après  deux,  trois  guérisons  après  trois  et 
une  seulement  après  quatre  attouchements  alcooliques. 

Le  succès  n'a  pas  été  aussi  décisif  chez  un  malade  atteint  de  fissure  à  l'anus  et 
liaitéparM.leprofesseurTrousseau  àl'aide  de  ce  io^iiiue{Ga%.  des  hôpitaux^  1857, 
p.  145).  Mais  depuis,  le  docteur  Tournié  a  conununiqué  à  la  Société  médicale  de 
l'arrondissement  de  FÉlysée  l'observation  de  six  guérisons  de  fissures  à  l'anus  obte- 
nues par  le  procédé  de  M.  Chapelle.  Parmi  ces  six  malades  il  y  avait  quati*e  hommes 
et  deux  femmes  (Untofi  médicale,  nouvelle  série,  t.  XXIII,  p.  377,  27  août  1864). 

Gomme  on  le  voit  tout  d'abord,  c'est  à  titre  d'agent  ca^mble  de  produire  une  in- 
QanunatioD  substitutive  <|ue  l'alcool  a  été  employé  dans  ces  cas.  11  a  eu  vraisembla- 
Uemeat  le  même  mode  d'action  quand,  comme  Jacob  Wolfl  (Èph.  des  air.  de  la 


596  ALCOOL   (thkkapkutiquis). 

nat.y  dec.  ii,  aniio  Yill,  p.  153),  on  la  conseillé  contre  les  ophtlialniies,  contre  ti3> 
inflammations  de  la  gorge  et  de  la  bouche.  Albrecht  (Jean-Pierre)  (Èphém.^  dec.  ii, 
anno  YIII,  p.  405)  se  louait  beaucoup  du  même  moyen  en  semblable  occurreivt*, 
et  Jol.  Walœus  {Méth,  méd.,  p.  112)  prétendait  que  Talcool  employé  pur  en  gir- 
garisme,  au  début  des  inflammations  de  la  gorge,  les  guérissait  eu  trois  licuio. 
Sans  prétendre  à  un  succès  aussi  rapide,  on  pourra  en  eflet  essayer  ce  moyen  dan$ 
les  mêmes  maladies,  comme  aussi  dans  la  leucorrhée  et  les  écoulements  btennor- 
rhagiques.  Dans  ces  cas  on  se  servira  d'alcool  plus  ou  moins  étendu  d*eau,  soit  cii 
collyre,  soit  en  injections.  Certains  ulcères  anciens,  certaines  plaies  à  marche  lenU* 
se  trouveraient  bien  aussi,  selon  ces  auteurs,  de  lotions  d*eau  alcoolisée;  ce  qui 
n'est  d'ailleurs  que  l'équivalent  des  lotions  avec  le  vin  aromatique  si  souvent  près 
crit  en  chirurgie  dans  ces  mêmes  circonstances. 

Emploi  de  V alcool  dans  le  pansement  des  plaies.  On  a  du  reste  pou^ 
plus  loin  l'emploi  de  l'alcool  localement  appliqué  dans  les  plaies.  Amauld  ck 
Villeneuve,  comme  je  le  disais  tout  à  l'heure,  et  depuis  lui  Guy  de  Cliauliac, 
Paracelse,  Ambroise  Paré,  ont  employé  ce  mode  de  pansement  pour  les  pUies 
même  récentes.  Lanzoni  (loc.  cit. y  cent,  ii,  anno  X,  p.  225)  dte  l'exemple  d'uu 
soldat  qui,  atteint  d'une  blessure  au  bras,  se  guérit  par  les  seules  applicaûoib 
d'eau-de-vie.  11  rapporte  que  ce  mode  de  pansement  était  depuis  longtemps  fort 
usité  chez  les  Turcs.  Boylœus  (loc,  cit.  )  s'en  servait  également,  et  il  parait  que  c'était 
là  alors  une  pratique  commune.  Lapeyronie,  J.  il.  Petit,  G.  de  Lafaye,  Tenon,  etplib 
tard  Larrey,  n'ont  pas  négligé  l'alcool  conune  moyen  de  pansement  des  pliie>, 
moyen  tellement  à  l'usage  du  soldat,  si  souvent  et  si  douloureusement  abamioiukr 
sur  le  champ  de  bataille  sans  grand  secours,  que  l'eau-de-vie  figure  comme  topique 
souverain  dans  beaucoup  de  mémoires  militaires  et  a  été  célébré  conune  tel  darb 
certains  couplets  d'un  vaudevilliste  fameux. 

MM.  Batailhé  et  Guillet  (Académie  des  sciences,  séance  du  16  août  1859)  oui 
proposé  de  revenir  à  cette  méthode,  et  les  expériences  récentes  de  H.  le  professeui 
Nélaton  paraissent  très-favorables  à  son  emploi.  HH.  Chédevergue  {BuUetin  d€ 
tliérapeutiquey  30  septembre,  15  et  30  octobre  1864),  Gaulejac  (Thèse,  Pui». 
1 864),  nous  ont  donné  les  résultats  de  cette  pratique  appliquée  aux  plaies  récenu> 
et  aux  plaies  anciennes.  L'alcool,  et  plus  spécialement  l'alcool  campliré,  consti- 
tuait, selon  ces  auteurs  le  pansement  le  plus  rapide  et  le  moins  compliqué  ;  il 
favoriserait  la  rémiion  par  première  intention,  et  dans  les  plaies  avec  pertt*  àc 
substance  il  modérerait  le  développement  des  bourgeons  chsimus  ;  la  surtace  (ic 
la  plaie  devient  alors  plane  rosée,  la  sécrétion  de  lymphe  coaguiable  est  abondaiiti*, 
la  suppuration  à  peu  près  insensible,  et  toute  mauvaise  odeur  est  absente.  Eu 
outre,  selon  M.  Ghédevergne,  l'infection  purulente  serait  moins  fréquente  aiuM 
([ue l'érysipèle  chez  les  sujets  pansés  par  ce  mode  spécial.  Cet  auteur  a  meut 
décrit  l'action  de  l'alcool  sur  la  cellule  purulente  dont  l'enveloppe  serait  détnutt 
au  contact  de  ce  liquide  et  laisserait  à  sa  place  des  granulations  albuniino-grai> 
seuses;  mais  il  faut  remarquer  que  cette  dernière  recherche,  toute  curieux' 
qu'elle  soit,  n'a  pas  grande  importance  puisque,  conune  le  remarque  M.  Ghéde- 
vergne lui-même,  il  est  d'ailleurs  démontré  que  k  pénétration  du  pus  résorbé  <*« 
nature  dans  le  sang  est  impossible  au  point  de  vue  morphologique.  Plus  grandt 
serait  la  valeur  de  cette  remarque  du  mémo  auteur  :  que  la  phlébite  aurait  êu 
plus  rare,  lorsque  les  plaies  ont  été  pansées  avec  l'alcool.  Les  chiflm  foumis  f^ 
les  deux  auteurs  que  nous  venons  do  citor  sont  Tort  encAuraiceants  pour  lVmpi(*i 

m 

lie  ce  mofle  de  paiihi^mcnl. 


ALCOOL  (tukrapkutiqub).  597 

Quelqacs-uns  de  cos  faits  montrent  en  outre  que  Tapplication  de  l'alcool  con- 
ivnlré  sur  une  plaie  peut  causer  Tébriété,  et  les  auteurs  dont  nous  parlons  ont 
tenu  un  certain  compte  de  l'influence  tonique  générale  de  l'alcool  sur  TensembL* 
de  l'économie  et  ont  considéré  cette  influence  tonique  comme  favorable  à  la  ci- 
ntrisation  de  la  plaie  qu'il  s'agit  de  guérir. 

L'alcool  plus  ou  moins  étendu  d'eau  a  été  aussi  conseillé  en  injections  pour  la 
rure  radicale  de  l'hydrocèle;  il  remplace  alors  le  vin  employé  jadis  à  cet  effet.  Dans 
re  procédé  la  tunique  vaginale  est  remplie  pair  l'injection  qu'on  évacue  après  un  cer- 
tain temps.  Appliquant  ces  données  à  la  cure  de  l'ascite,  mon  excellent  maître, 
N.  le  professeur  Jobert  (de  Lamballe)  a  injecté  avec  succès  de  l'eau  alcoolisée  daas 
i  abdomen  distendu  par  un  épanchement.  Ayant  retiré  8  onces  de  sérosité  par 
une  ponction  préalable,  il  remplaça  cette  quantité  par  8  onces  d'eau  contenant 
une  once  et  demie  d'alcool  ;  après  un  quart  d'heure  de  contact,  l'écoulement  de  ce 
liquide  fut  pratiqué  et  12  litres  s'échappèrent,  la  malade  guérit  (Gaz.  des  hâpit., 
1833,  n*  73,  p.  277).  Au  lieu  d'alcool  étendu  avec  de  l'eau,  M.  Dupierris  a  proposé 
IKHir  la  cure  de  l'hydrocèle  un  autre  procédé  que  M.  A.  Richard  a  mis  en  usage  avei^ 
plein  succès  sur  quatorze  cas  d'hydrocèle.  Ce  procédé  consiste  en  l'injection  dans 
la  tunique  vaginale  vidée  de  son  épanchement  séreux  de  cinq  grammes  d'alcool 
froid  marquant  36*  de  l'aréomètre  de  Baume.  Ce  liquide  une  fois  injecté  est  aban- 
donné dans  la  cavité  scrotale  sans  qu'il  soit  besoin  de  l'évacuer  ;  il  parait  que  même 
aloi-s  l'inflammation  serait  loin  d'être  aussi  intense  qu'on  pourrait  le  croire  après 
une  semblable  injection,  car  treize  des  quatorze  malades  de  M.  Richard  auraient 
pn  se  lever  et  vaquer  immédiatement  à  leurs  travaux  {Ga%.  hebd.^  4855). 

Lanzoni  {loc.  dt.)  connaissait  l'usage  des  garp^arismes  fortement  alcoolisés  con- 
tre les  douleurs  de  dents,  et  en  1710  il  les  employa  fréquemment.  Les  diverses 
nn\  dentrifices  ne  font  guère  autre  chose  et  elles  calment  souvent  ces  douleurs. 
Pour  en  finir  avec  les  applications  topiques  de  l'alcool,  je  rappellerai  qu'il 
a  été  conseillé  depuis  longues  années  comme  styptique  à  l'effet  d'arrêter  les  hé- 
marrhagies.  Schrôck  {Èphém.  érudit,  Lips.,  anno  1685,  avril,  p.  154)  expli- 
quait cette  action  par  la  construction  des  fibres  des  vaisseaux.  Lanzoni  (loc.  cit.) 
l'a  employé  pour  arrêter  l'hémorrhagie  consécutive  à  l'arrachement  d'une  dent.  Em- 
manuel K5nig(£}7/t^m.,  dec.ii,  ann.  IX,  p.  223, 169f)  en  a  fait  usage  dans  toutes 
leshémorrhagies.  Hen.  Fréd.  Delius  {Nov.  act.  natur,  cur.,  t.  II,  p.  322;  1761) 
l'a  injecté  dans  les  narines  pour  arrêter  une  épistaxis.  On  l'a  encore  utilisé  sous 
forme  d'injections  pour  guérir  les  peiles  utérines  soit  après  l'accouchement,  soit 
en  dehors  de  cette  circonstance.  Harris  même  (Observ.  ajoutées  à  son  traité  de 
Morbis  infantum)  s'est  servi  de  compresses  d'alcool  chaud  placées  à  l'hypogastre 
pour  arrêter  l'écoulement  exagéré  des  règles.  Assez  généralement  pour  ces  usages 
antibémorrhagiques  l'alcool  est  porté  pur  ou  presque  pur  sur  les  surfaces,  dans  le 
but  de  faciliter  la  formation  des  caillots  obturateurs  en  coagulant  le  sang.  Mais  il 
iaot  bien  reconnaître  que  maintenant  on  a  à  sa  disposition  bon  nombre  d'autres 
moyens  peut-être  moins  douloureux  et  surtout  plus  efficaces  à  remplir  cette  même 
indication  ;  ce  serait  donc  là  seulement  une  ressource  en  l'absence  d'autres  agents 
pins  habituellement  empbyés  et  beaucoup  mieux  indiqués. 

Enfin  l'alcool  vaporisé  par  la  chaleur  est  prescrit  à  l'extérieur  dans  les  cas  de 
rhumatisme  chronique,  de  névralgie,  d'anasarque  albuminurique.  C'est  du  reste 
un  mode  d'administration  déjà  ancien,  car  on  trouve  qu'en  1648  Neucrantz  si- 
gnalait l'usage  de  Taloool  en  vapeurs  comme  tellement  utile  «  dans  les  paralysies, 
"  le  scorbut  et  les  autres  afTcctions  froides,  qu'il  est  à  peine  possible  de  trouver 


598  ALCOOL  (th6rapbotique). 

«  une  médication  qui,  appliquée  à  l'extérieur,  agisse  plus  efficacement  sur  les  Itu- 
u  meurs  froides  et  séreuses  et  qui  en  détermine  plus  puissamment  l'éTacuation 
ff  par  les  pores  de  la  peau.  » 

De  l'usage  intérieur  de  Valcool.  L'alcool  n'a  pas  été  utilisé  seulement  comnie 
médicament  externe.  Depuis  le  temps  où  Amauld  de  Villeneuve  le  présentait 
comme  un  moyen  de  remédier  à  beaucoup  de  maladies  par  son  usage  interne,  il 
a  été  presque  toujours  administré  à  Tintérieur  comme  un  médicament  et  comme 
un  médicament  tonique,  même  en  faisant  abstraction  des  diyerses  substances  aux- 
quelles il  peut  servir  de  véhicule.  On  Ta  même  employé  dans  des  temps  ^ecolé^à 
des  usages  poinr  lesquels  on  Fa  vanté  dans  ces  dernières  années;  c'est  ce  que  je 
prouverai  tout  à  l'heure  quand  j'exposerai  ces  travaux  divers.  Hais  il  faut  recon- 
naître que,  en  général,  l'alcool  s'étantpopularisé,  si  l'on  peut  ainsi  dire,  l'abus  ter- 
rible qu'on  en  fit  à  titre  de  boisson  et  les  accidents  très-graves  qu'on  vit  résulta- 
de  ces  abus  effrayèrent  à  un  tel  degré,  qu'on  en  vint  à  redouter  l'usage  de  cette 
substance  à  titre  de  médicament,  ou  que,  du  moins  on  en  restreignit  beaucoup 
l'application.  On  continua  cependant  à  l'employer,  surtout  à  titre  de  tonique  géné- 
ral, d'excitant  difiusible,  auquel  on  avait  recours  dans  des  cas  urgents,  pour  eoro- 
battre  une  extrême  faiblesse,  un  état  d'inertie  ou  d'épuisement,  ou  pour  prévenir 
l'introduction  dans  l'économie  de  miasmes  délétères.  On  en  mesurait  alors  les  dobt^ 
avec  une  parcimonie  remarquable,  tant  étaient  grandes  les  craintes  de  voir  survenir 
les  symptômes  de  l'alcoolisme.  En  outre,  dans  le  commencement  de  ce  siècle,  b 
domination  presque  universelle  des  doctrines  de  Broussais  aida  encore  à  faire  aban- 
donner l'usage  interne  de  l'alcool  et  des  diverses  boissons  spiritueuses. 

Toutefois,  en  même  temps  que  dans  notre  pays  même  un  nombre  assex  not> 
ble  d'auteurs  contemporains  cherchaient  à  limiter  ce  que  les  idées  du  professeur 
du  Val-de-Grâce  pouvaient  avoir  d'exagéré,  la  réaction  prenait  une  force  plus  ùw 
en  Angleterre  où  l'on  se  souvenait  encore  des  pratiques  de  Brown,  et  où  l'usage  de« 
boissons  fermentées  qui  a  été  longtemps  habituel  dans  toutes  les  classes  sodalo. 
a  créé  peut-être  plus  de  facilité  pour  leur  applicaticm  médicale.  Ce  mouvement 
s'est  traduit  assez  vivement  en  ce  dernier  pays,  surtout  pendant  les  vingt  demièn^ 
années,  par  un  retour  vers  l'usage  méthodique,  mais  large  et  facile,  des  pn^p- 
rations  alcooliques.  C'est  principalement  à  propos  de  l'emploi  de  l'alcool  dans  le» 
maladies  fébriles  que  j'exposerai  tout  à  l'heure  ces  théories  et  les  faits  sur  lesqoet 
on  les  appuie  ;  mais  avant  je  dois  indiquer  certaines  autres  applications  particulièr\*s 
de  Talcool  administré  à  l'intérieur. 

Usage  intérieur  de  V alcool  contre  les  hémorrhagies.  L'alcool  ou  les  vins  qui  en 
contiennent  une  proportion  plus  ou  moins  considérable  ont  été  administrés  â  Tiuté- 
rieur  comme  moyen  d'arrêter  les  hémorrhagies. 

Certains  auteurs  conseillent  l'alcool  plus  ou  moins  étendu  contre  rbémoptysie. 
Je  n'ai  à  ce  sujet  aucune  expérience  personneUe,  mais  j'aurais  grande  tendance  à 
imiter  cette  conduite.  Les  métrorrhagies  sont  les  hémorrhagies  contre  lesquelles 
l'alcool  a  été  principalement  prescrit,  surtout  contre  celles  qui  succèdent  aux  busses 
couches  et  à  l'accouchement  et  qui  ont  lieu  par  inertie  de  la  matrice.  Habituelle 
en  Angleterre,  cette  pratique  s'est  répandue  depuis  quelques  années  en  dehors  du 
royaume  uni  et  a  pénétré  parmi  nous.  Ingleby  (A  practical  Treatige  on  nininr 
HemofThagy,  Lond.,  1852,  in-8**)  administrait,  sous  forme  de  boisson, Teau-de-^N 
unie  à  l'ammoniaque  de  préférence  à  l'opium  dans  le  cas  d'hémoniiagie  oonwcu- 
tive  à  l'accouchement.  H.  Campbell  en  a  également  fidt  un  heureux  usage  à»» 
la  métrorrhagic  consécutive  à  la  fausse  couche  {Journal  des  conn.  médit, '<àir.. 


ALCOOL   (THéRAPRCTlQDR).  599 

^861, p.  291).  M.  ledocteur  Maxiniin  Lcgratid  a  cité  plusieurs  faite  intéressaufs  du 
même  genre,  et  nolamment  celui  qu'il  a  emprunté  au  docteur  Michnud  (Union  mé" 
dkule,  1860,  t.  VII,  p.  566). 

J*ai  moi«-môme,  non  pas  dans  un  cas  de  fausse  couche,  mais  dans  un  cas  assez  ana- 
logue, employé  les  préparations  alcooliques  avec  grand  avantage  contre  la  métror- 
rlngie.  11  s'agissait  d'une  dame  qui,  portant  un  corps  fibreux  très-volumineux  de 
laténis,  avait  à  chaque  période  menstruelle  une  hémorrhagie  des  plus  abondantes, 
laquelle  donnait  lieu  à  des  symptômes  effrapnts.  A  bout  de  ressources  un  jour 
que  je  voyais  la  malade  dans  un  état  de  syncope  alarmante  par  suite  d'une  perte 
survenue  au  second  jour  de  ses  règles,  je  lui  fis  boire  en  une  demi-heure,  et  par 
verres  à  vin  de  Bordeaux,  une  grande  demi-bouteille  de  vin  de  Marsala,  vin  qui  est, 
comme  on  le  sait,  fortement  alcoolisé  ;  l'ivresse  survint  rapidement,  la  perte  s'ar- 
reU  et  la  malade  s'éveillait  quatre  heures  après  ayant  la  tête  encore  un  peu  lourde 
et  la  langue  un  peu  épaisse.  Nombre  de  fois  pour  le  même  accident  j'ai  eu  re- 
ronrs  au  même  moyen  avec  le  même  succès  chez  cette  malade. 

lies  préparations  alcooliques  n'ontpas  été  seulement  employées  en  boissons  contre 
les  roétrorrbagies,  on  les  a  conseillée  aussi  en  lavements.  Ainsi,  M.  Llewellyn  Wil- 
liams (British  Médical  Jonmaly  4  sept.  1858),  a  administré  des  lavements  de  vin 
d*Oporto  chez  une  malade  qui,  après  la  délivrance,  éprouva,  par  inertie  de  la  matrice, 
une  métrorrhagie  qui  résista  à  tous  les  moyens  employés  et  ne  put  être  arrêtée 
même  par  la  compression  de  l'aorte.  Quatre  onces  de  vin  d'Oporto  avec  20  gouttes 
de  laudanum  furent  administrées  en  un  lavement  de  vingt  en  vingt  minutes,  à  plu- 
sieurs reprises,  de  façon  à  employer  un  peu  plus  qu'une  bouteille  ordinaire  de  ce 
vin  qui,  en  Angleterre,  est  presque  toujours  fortement  additionné  d'eau-de-vie. 
La  malade  reprit  connaissance  au  bout  d'une  demi-heure,  dix  minutes  après 
le  deuxième  lavement.  Notre  savant  collaborateur,  M.  Debout,  dont  nous  avons  à 
déplorer  la  perte  récente,  obtint,  dans  un  cas  de  métrorrhagie  où  on  pouvait  près* 
que  désespérer  de  la  malade,  des  résultats  aussi  décisifs  de  lavements  composé  de 
deux  tiers  de  vin  et  d'un  tiers  d'eau-de-vie.  Ces  lavements,  dans  ce  cas,  furent  ai- 
dés de  six  applications  d'un  marteau  bouillant  au  creux  de  l'estomac  {Bulletin  de 
thérapeutique  y  1859,  t.  LVl,p.  86).  Le  professeur  Pajot  est  également  parvenu, 
à  l'aide  de  l'alcool,  à  arrêter  une  métrorrhagie,  suite  de  fausse  couche,  qui  avait 
m%  les  jours  d'une  femme  en  grand  danger  (Charrier,  Bulletin  de  thérapeutique, 
1809,  t.  LVn,p.l54). 

Employé  sous  forme  de  lavement,  l'alcool  n'agit  probablement  passeulement  par 
ses  propriétés  stimulantes  générales,  il  faut  bien  admettre  qu'il  exerce  encore  alors 
sur  l'utérus  une  action  réflexe  qui  sollicite  le  réveil  des  contractions  de  cet  organe  ; 
en  ce  sens,  l'application  de  l'alcool  sur  la  muqueuse  rectale  serait  beaucoup  plus 
et  plus  directement  utile  dans  le  cas  particulier  d'hémorrhagie  utérine  que  ne  peut 
l'éire  l'usage  du  même  moyen  administré  par  la  muqueuse  de  l'estomac.  Beaucoup 
d'antres  femmes,  au  contraire,  emploient  avec  avantiige  les  préparations  alcooli- 
ques contre  la  dysménorrhée  ;  une  dose  assez  forte  de  punch,  en  ranimant  les  fonc- 
tions de  la  peau  et  eu  provoquant  le  sommeil,  fait  souvent  cesser  la  douleur  qui  ac- 
œmpagne  l'écoulement  difficile  des  règles.  C'est  là  une  pratique  vulgaire  qu'il 
faut  connaître,  car  elle  est  souvent  efficace. 

A  ces  faits  et  comme  exemple  très-concluant  de  l'utilité  des  préparations  alcoo- 
liques à  hautes  doses  dans  les  hémorrhagies,  il  faut  joindre  l'observation  relevée 
pr  M.  Faure  (Gaz.  des  hôpitaux,  1861 ,  n*  120,  p.  1 78).  Chez  une  femme  atteinte 
d'un  véritable  purpura  hemorrhagica  et  réduite  à  l'état  le  plus  grave,  il  obtint  la 


tfOO  ALCOOL    (THiu\PKUTI<|UK). 

guérison  en  plongeant  la  malade  dans  un  état  permanent  d'ivresse.  Ken  que  k 
soit  le  vin  de  Bordeaux  qui  ait  été  employé  ici,  les  doses  ont  été  telles  que  ToudoU 
rapprocher  ici  l'usage  du  vin  de  celui  de  l'alcool. 

Ù alcool  contre  V empoisonnement  par  C arsenic.  L'alcool  ainsi  que  le  vin  et  le 
bouillon,  tous  trois  mélangés,  ont  été  proposés  par  Rognetta  contre  l'empoisoD* 
nement  par  l'arsenic.  Un  fait  rapporté  dans  les  Annales  de  thérapeutique,  loib 
l'initiale  docteur  G...  (juillet  1847)  serait  favorable  à  ce  moyen.  D  en  est  de  méuM' 
d'un  autre  exemple  (Revue  de  théf^apeutique  médico<hirurgicale,  septembre 
1857),  dans  lequel  M.  le  docteur  de  Lame,  de  Bergerac,  administra  uiie  cuillcriv 
à  café  d'eau-de-vie  pure,  de  quart  d'heure  en  quart  d'heure  à  trois  adultes,  et  àe 
vingt-cinq  minutes  en  vingt-cinq  minutes  à  deux  enfants,  tous  cinq  ayant  été  em- 
poisonnés par  l'acide  arsenieux  et  étant  dans  un  état  fort  grave;  60  à  90  grunmes 
d'eau-de-vie  furent  ainsi  absorbés  par  chaque  individu  et  le  lendemain  la  guérMNt 
était  complète.  L'alcool  est  à  peu  près  abandonné  comme  antidote  de  l'arsenic  de- 
puis l'emploi  du  sesqui-oxyde  de  fer,  ou  à  son  défaut  du  safran  de  mars'  a|)éritif 
ou  hydrate  de  sesqui-ox'yde  de  fer  sec  (Bouchardat  et  Sandras).  11  ne  faudrait  ^ 
trop  oublier  cependant  les  observations  que  je  viens  de  rapporter,  l'eau-de-vie  étoiil 
plus  habituellement  sous  la  main  que  ces  diverses  préparations  de  fer. 

Morsures  des  reptiles  venimeux.  Dans  ces  temps  derniers  on  a  appelé  de  nou- 
veau l'attention  sur  une  application  de  l'alcool  déjà  signalée  par  Williams  Patêr>ou. 
en  1 791 .  Je  veux  parler  de  son  usage  chez  les  individus  mordus  par  des  reptiles  ve- 
nimeux. Paterson  a  vu  en  effet  les  Caires  qui  l'accompagnaient  guérir  de  la  morsuiv 
des  serpents  venimeux  en  prenant  à  hautes  doses  un  mélange  de  vin  de  Madère  i4 
d'eau-de-vie.  H.  le  professeur  Qoquet  a  commmiiqué  k  l'Académie  des  scieocc'^ 
(Séance  du  ib  avril  1861)  une  observation  de  H.  de  la  Gironnière  (de  Manille  , 
qui  a  vu  un  Indien  mordu  par  un  serpent  de  l'espèce  la  plus  dangereuse  cbei  lequel 
les  accidents  formidables  de  l'empoisonnement  furent  promptement  conjurés  pir 
l'ingestion  successive  de  trois  bouteilles  de  vin  de  coco  (alcool  de  14  à  16  degrés i. 
M.  War,  du  Tcnnesse  (TheNeuhOrléans  Med,  and.  Surg.  Journal, maxs  1861).  a 
rapporté  les  exemples  de  deux  individus  qui,  mordus  par  des  crotales,  ont  été  traités 
par  le  whisky  à  hautes  doses,  l'un  succomba  et  l'autre  guérit.  Ce  dernier  avait  été 
mordu  par  un  serpent  beaucoup  moins  fort.  Enfin  on  trouve  dans  le  Médical  Becord 
ofAustralia  (24  décembre  1 862) ,  une  observation,  sans  mm  d'auteur,  dans  laquelle 
1  litre  de  whisky  et  90  gouttes  d'ammoniaque  amenèrent,  seulement  après  une 
heure,  l'ivresse  et  la  guérison  chez  un  individu  piqué  par  un  crotale  dont  la  morsori' 
tua  un  autre  individu  blessé  en  même  temps.  On  ne  peut  que  s'étonner  de  œ  mé- 
lange d'ammoniaque  et  d'alcool,  l'un  semblant  annihiler  les  effets  de  l'autre  ;  le  dit 
n'en  reste  pas  moins  avec  sa  valeur  pratique.  Du  reste  le  vin,  le  Champagne,  !<* 
bordeaux  et  le  sherry  font,  avec  l'essence  de  térébenthine  et  la  strychnine  à  faible^ 
doses,  partie  du  traitement  que  conseille  dans  les  cas  que  nous  examinons  en  «v 
moment  M.  Bland  de  Sydney  (On  ihe  Biteofthe  Venimous  Serpents  ofAustralia, 
by.  the  Honor  W.  Bland.  Australian  Med.  Jotcm.,  janv.  1861). 

L'alcool  dans  le  traitement  du  choléra.  Tout  le  monde  se  souvient  des  akuh 
liques  que  Hagendie  prescrivait  en  183S  contre  le  choléra,  et  le  rhiun  étendu 
d'eau  chaude  est  resté  un  des  moyens  employés  dans  la  période  algide  de  o^tir 
affeaion  (Martin-Lauzer,  Joum.  des  conn.  méd.-chirurg.,  sept.  1854,  p.  45:! 
et  458;  Louis  Lefort,  même  recueil,  même  année,  novembre,  p.  568).  H.  Juk« 
Guyot  est  plus  affîrmatil  à  ce  sujet  que  personne.  Suivant  lui  {Union  médicale^  IM9. 
1853,  1860)  on  peut,  l'accès  de  choléra  étant  déclaré»  arrêter  b  aidéntioii  de» 


ALCOOL   (tiikrapki  tiquk).  fîÛl 

loi-ces  par  1  administration  de  5  à  12  centilitres  d'eau-de-vie,  de  rhum  ou  d'un 
alcoolique  quelconque  à  50  degrés,  sans  mixtion  ni  dilution  aucune.  Ce  traite- 
ment ne  lui  aurait  jamais  lait  défaut  au  début  de  la  période  algide.  H.  Haximin 
liegrand  a  aussi  rapporté  un  fait  qui  vient  en  aide  aux  idées  de  H.  Jules  Guyol 
{Union  méd.,  1860,  t.  VU,  p.  567),  et  H.  Guillard  de  Parthenay  a  rapporté  deux 
observations  analogues  (Bulletin  de  la  soc.  de  méd.  de  Poitiers,  1864). 

L*alcool  à  fortes  doses  fait  partie  à  titre  d'excipient  de  l'élixir  de  Voronej  très- 
recommandé  en  Russie  et  dont  le  lecteur  trouvera  la  formule  dans  les  excellentes 
leçons  professées  en  1849,  sur  le  choléra,  par  M.  le  professeur  Tardieu  (p.  176). 
Un  trouvera  dans  le  même  ouvrage  d'autres  formules  analogues.  Quant  à  l'efficacité 
de  ces  moyens,  tout  en  reconnaissant  leur  grande  utilité,  on  sait  combien  sont  aléa- 
toires toutes  les  chances  de  la  thérapeutique  dans  le  choléra-morbus  épidémiqu4\ 
Récamier  reprochait  aux  alcooliques  de  rendre  plus  gi-ave  et  plus  pénible  la  pé- 
liode  de  réaction  du  choléra.  Ce  reproche  parait  mal  établi,  et  d'ailleurs  avoir  con- 
juré les  dangers  de  la  période  algide  est  déjà  un  succès  contre  une  pareille  aflection. 

Tétanos.  Le  tétanos  est  encore  une  des  maladies  dont  la  guérison  a  été 
obtenue  par  les  préparations  alcooliques  à  hautes  doses.  La  science  a  enregistré 
depuis  bien  longtemps  cette  méthode  de  traitement  et  ses  avantages,  car  si  on  ouvre 
Hippocrate  (Ihirégime  dans  les  maladies  aiguës,  appendice,  tome  II  Ae&Œuvres 
JiHippocrate,  traduction  de  H.  Littré,  p.  471 ,  g  14),  on  trouve  qu'on  parlant  du 
létanos,  dont  il  donne  la  description,  il  ajoute  :  «  Si  la  fièvre  et  le  sommeil  no 

•  surviennent  pas,  si  les  urines  qui  suivent  n'ont  pas  de  coction,  et  s'il  ne  se  mani- 
«  feslepas  de  sueurs  critiques,  on  fera  boire  au  malade  du  vin  fort  de  Crète...  Si 
H  cela  ne  suffit  pas,  broyez  dans  du  vin  de  la  racine  de  bryone  et  le  daucus  de 

•  Crète.  »  Ce  vin  fort  de  Crète  est  bien  là  pour  remplir,  comme  on  le  voit,  l'indica- 
tion à  laquelle  nos  préparations  alcooliques  actuelles  sont  chargées  de  pourvoir, 
hps  observations  assez  nombreuses  ont  été  rappelées  dans  lesquelles  le  vin  et  l'eau- 
de-?ie  mêlés  ont  joué  le  principal  rôle.  Je  dis  le  rôle  principal,  car  dans  beau- 
coup d'entre  elles  d'autres  médicaments,  comme  l'opium,  l'essence  de  térêben- 
Ihinc,  le  musc,  l'ammoniaque,  etc.,  ont  été  associés  aux  stimulants  alcooliques. 
Tds  sont  les  exemples  fournis  à  la  science  par  H.  A.  C.  Baldwin  (The  American 
Journal  of  Meà.  Sciences,  ext.  in  Gaii.  méd,  de  Paris,  1823,  p.  628);  celui 
de  H.  Wilson  (the  Lancetj  1845)  ;  celui  de  M.  Hutchinson  (Dublin  Med.  Press. 
mars  1862).  Dans  ce  dernier  fait,  l'action  de  l'alcool  fut  bien  évidente;  celle  du 
calomel,  de  l'opium,  des  bains  chauds,  etc.,  avait  été  nulle.  Enfui,  un  enfant 
atteint  de  tétanos  et  tiaité  vainement  par  d'autres  moyens,  guérit  sous  rinfluenci^ 
de  l'ivresse  déterminée  par  du  vin  très-fort  additionné  de  teinture  de  cannelle 
{Annales  médico-psychologiqueSyC^i.  in  Journal  des  Conn,  méd.-chir,,  juillet 
184»,  p.  28). 

Ailleurs  l'alcool  fut  employé  seul,  comme  chez  le  malade  de  M.  J.  W.  Stapleton, 
de  Trawbridge  (the  Lancetj  22  mai  1845),  lequel  fut  soulagé,  mais  n'en  succomb.1 
pa5  moins.  On  peut  dire  également  que  l'alcool  fut  à  peu  près  employé  seul  dans 
les  exemples  empruntés  à  HH.  P.  C.  Barker,  Howard  Pinckiiey  et  Walter  T.  Cotes, 
médecins  de  l'hôpital  de  Bellevue  à  New-York,  par  le  American  Med.  Times, 
(26  janvier  1861);  un  de  ces  malades,  celui  de  M.  Pinckney,  succomba  presque 
sans  avoir  pu  faire  usage  du  médicament.  HH.  Collis  et  Wilmot  (Dublin  Med. 
Press. ^  1862)  ont  rapporté  le  fait  d'un  garçon  de  neuf  ans  qui,  blessé  au  bras,  fut 
pris  de  tétanos  le  huitième  jour  <le  son  accident,  et  guérit  par  l'emiJoi  du  punch 
administré  jusqu'à  l'ivresse. 


002  ALCOOL  (rnftHAPECTiQOB). 

Bien  qu'il  y  ait  encore  peut-être  tin  peu  (ie  préc»ion  à  désirer  ponr  plusieurs  àt^ 
ces  obserratîons,  elle^n'en  sont  pas  moins  fort  intéressantes,  et  elles  sont  de  ntturr 
à  encourager  de  semblables  tentatives,  que  légitime  encore  le  traTail  de  H.  Aguinèt 
de  Fonseca,  de  Femambouc,  communiqué  à  l'Académie  de  médecine,  séance  dti 
27  décembre  4859. 

A  côté  de  ces  exemples  établissant  l'utilité  de  l'alcool  dans  cette  terrible  afkt- 
tion  convulsive,  on  pourrait  citer  la  guérison  inattendue  d*une  jeune  lille  qui. 
atteinte  d'un  hoquet  et  d'un  étemument  convulsifs  survenus  k  la  suite  d'uiu^ 
fièvre  tierce,  vit  ces  accidents  résister  à  tous  les  moyens  employés  méthodiqw*- 
ment,  et  céder  à  l'usage  de  l'eau-de-vie.  (Lanzoni.  loc,  cff.,  dec.  it,  an.  IX,  p.  K(h. 

Fièvre  intei^mittente.  La  fièvre  intermittente  a  été  également  traitée  pr 
l'alcool  à  do^s  élevées.  Lanzoni  a  vu  un  jeune  homme,  atteint  d'une  fièvre  quarto" 
rebelle,  guérir  par  l'usage  de  5  onces  d'esprit-de-vin  prises  à  jeun  (loe.  eU.,det,  n, 
nn.  X,  p.  221).  L'ivresse  qui  s'en  suivit  dura  plusieurs  heures,  et  la  fièvre  ne  repanit 
plus.  J.  P.  Albrecht  {lac.  cit,)  a  vu  des  faits  semblables;  les  doses  d'espHt-de-TÎu 
étaient  fortes,  et  on  y  ajoutait  un  peu  de  poivre  long .  Plus  tard,  lleuermann  oons^nlUii 
le  puncb  avant  l'accès  ;  d&  Heza  et  Lasteyras  avaient  recours  aux  mêmes  préparatîoRN 
contre  la  fièvre  intermittente.  Dans  ces  temps  derniers,  M.  Jules  Gnyot  et  H.  ttnrdel 
{Union  médicale  y  1860  et  1862)  ont  repris  et  vanté  l'emploi  de  l'alcool  dansleN 
fièvres  palustres.  Le  premier  de  ces  auteurs  insiste  particulièrement  sur  ce  point 
que  l'alcool  potable  (eau-de-vie,  rhum  ou  autres  alcooliques)  a  Tavantage  d'agir, 
lorsqu'on  le  donne  même  alors  que  l'accès  est  commencé,  ce  que  ne  font  pas  In 
autres  antipériodiques  (quinine,  arsenic),  qui  doivent  être  administrés  en  dehors 
de  Taccès,  et  avant  qu'il  soit  commencé.  Cette  particularité  rendrait  donc  le  moyen 
très-précieux ,  surtout  dans  les  formes  pernicieuses.  La  dose  est  de  deux  et  troi^ 
petits  verres  de  rhum  k  55  degrés.  Les  faits  cités  par  M.  Jules  Guyot  (p.  471, 
t.  VU)  sont  d'un  grand  intérêt.  Toutefois  M.  Leriche  (Gaz.  méd.  ie  Lfon^  1861, 
n**  4)  a  présenté  des  observations  desquelles  il  i*ésulterait  que  ce  mode  de  traite- 
ment (90  grammes  d'alcool  à  55  degrés,  divisés  en' deux  doses,  et  donnés  an  mo- 
ment de  l'accès)  n'aurait,  sur  treize  malades  atteints  de  fièvre  intermittente  tierre. 
amené  aucune  guérison.  Chez  la  moitié  des  malades,  les  accès  aunient  été  seu- 
lement diminués  de  durée,  mais  non  suspendus.  Cependant  je  dois  dire  que  \e^ 
réàultals  obtenus  par  M.  Hérard,  qui,  dans  deux  cas,  a  vu  réussir  parfaitement 
cette  méthode  {Gaz.  des  hâpitatta:^  1861,  n^  88,  p.  549),  offrent,  par  h  netteté 
du  succès,  un  appui  considérable  à  cette  méthode.  On  ne  devra  jamais,  à  mon 
sens,  né^iger  l'emploi  de  ce  moyen,  surtout  quand  on  sera  pris  de  court  et  qu'on 
ne  pourra  avoir  le  temps  ou  l'opportunité  d'administrer  le  sulfate  de  quinine. 

Emploi  de  Valcool  n  Vintérieur  dans  les  phlegmasies  et  dans  les  maladies 
fébriles.  J'arrive  maintenant  à  l'usage  de  l'alcool  dans  le  traitement  des  maladies 
fébriles  et  des  phl^masies.  Rien  n'est  plus  simple  que  l'emploi  des  alcooliques,  à 
fitre  de  stimulants,  chez  les  sujets  qui,  tout  en  étant  atteints  de  ces  sortes  de 
maladies,  ofh*ent  une  dépression  considérable  des  forces  ;  c'est  là  un  fait  que  nou!^ 
avons  déjà  indiqué,  et  qui  rentre  dans  les  règles  les  plus  ordinaires  de  la  thérai»»!!- 
ticpie.  Mais  dans  ces  temps  derniers,  en  Angleterre,  une  école  s'est  formée,  à  b 
tête  de  laquelle  était  Robert  Bentley  Todd,  et  qui  professe  que  l'alcool  et  les  prr- 
parations  qui  en  dérivent  sont  les  meilleurs  moyens  de  traitement  à  opposer  aux 
phlegmasies  et  aux  maladies  fébriles,  quelles  que  soient  leurs  formes.  Celte  éitifc», 
qtie  l'on  a  présentée  conune  une  sorte  de  continuatrice  de  la  doctrine  de  Brown,  n^ 
w»  rallie  cependant  pas  complètement  aux  idées  de  ce  dernier  auteur.  Bfwwi, 


ALCOOL  (TnéRAPBurrQv-E).  605 

dont  la  lecture  est  dii  reste  ]oin,  selon  moi,  d'être  fructuetne  et  intéressante,  ad- 
mettait, comme  on  le  sait,  ^eux  ordres  de  maladies  différentes  :  les  maladies  sthé- 
niques  et  les  maladies  asthéniques.  L'école  anglaise  moderne,  si  je  puis  l'appeler 
ainsi,  n*a  pas  le  même  point  de  départ.  Elle  repousse  formellement  cette  dichoto- 
mie (Todd,  p.  8),  et  considère  principalement  non  pas  la  maladie  et  son  influence 
sthénique  ou  asthénique,  mais  bien  Findividu  malade  et  son  plus  ou  moins  de 
résistance. 

En  effet,  les  conclusions  auxquelles  arrive  Todd  {Clinical  Lectures  on  certain 
Àaiie Dùeases,  Lond.,  1860)  peuvent  être,  au  point  de  vue  thérapeutique,  résu- 
mées  par  les  propositions  suivantes  : 

i*  L'idée  si  longtemps  dominante  dans  les  écoles,  à  savoir  qu  une  maladie  aiguë 
peut  être  prévenue  ou  guérie  par  des  moyens  qui  dépriment  et  réduisent  les  forces 
vitales  et  nerveuses  est  tout  à  fait  trompeuse. 

3^  Une  maladie  aiguë  ne  peut  être  guérie  par  l'influence  directe  d'aucune  forme 
Ae  médicunent  ou  par  aucun  agent  thérapeutique  connu,  sauf  le  cas  où  ceux-ci 
sont  capables  d'agir  comme  un  antidote  ou  de  neutraliser  un  poison  dont  la  pré- 
sence dans  l'économie  produit  la  maladie  (màteries  viorbi), 

3*  la  maladie  guérit  par  une  évolution  naturelle,  pour  le  développement 
complet  de  laquelle  le  pouvoir  vital  doit  être  soutenu.  Les  remèdes,  soit  sous  forme 
de  médicaments  exerçant  une  action  physiologique  spéciale  sur  l'économie,  soit 
50US  tonte  antre  forme,  ne  sont  utiles  qu'autant  qu'ils  peuvent  exciter,  assister  ou 
provoquer  cette  évolution  naturelle  curative. 

4*  Le  but  du  médecin  (après  avoir  étudié  soigneusement  l'histoire  clinique 
de  la  maladie  et  s'êtra  rendu  maître  du  diagnostic)  doit  être  de  rechercher  minu- 
tieusement la  nature  intime  de  ces  processus  curateurs,  —  leur  physiologie  pour 
ainsi  dire,  —  de  découvrir  les  meilleurs  moyens  de  les  favoriser,  de  rechercher 
des  antidotes  pour  les  poisons  morbides,  et  de  déterminer  les  méthodes  les  meil- 
leures et  les  pins  convenables  pour  soutenir  la  force  vitale. 

Comme  on  le  voit,  il  s'agit  surtout  de  trouver  le  moyen  de  soutenir  l'économie 
assez  longtemps  pour  que  la  maladie  suive  son  cours,  lequel  doit  aboutir  h  la 
guérisonsi  le  terrain  pathologique  est  en  bon  état.  C'est  cette  indication  que 
l'alcoolpotable  est  chargé  de  remplir.  Todd  a  étayé  sa  théorie  par  l'étude  plus 
pailiculière  de  certaines  maladies  aiguës  qui  sont  le  rhumatisme,  ou,  comme  il 
ledit,  la  fièvre  rhumatismale  {rheumatic  fever) ,  la  fièvre  continue,  Térysipèle, 
la  pneomonie ,  la  péricardite  et  l'endocardite,  la  pyohémie.  h  ne  rapporterai  pas 
ici  tous  les  moyens  qu'il  conseille  pour  favoriser  ce  mouvement  éliminateur  du 
maleries  morbi;  je  me  restreindrai  a  l'étude  du  rôle  qu'il  assigne  à  l'alcool  dans 
cette  méthode  thérapeutique,  dont  il  ne  se  dissimule  nullement  l'étrangeté. 
«  Je  sais  parfaitement,  dit-il,  en  eilet,  que  la  doctrine  que  je  recommande  à  votre 
«  adoption  a  de  grandes  chances  d'être  regardée  par  plusieurs  comme  extrêmement 
<  hétérodoxe,  mais  je  crois  que  le  nombres  de  *ceux  qui  pensent  ainsi  va  diminuant 
•  de  jour  en  jour.  » 

Cette  répulsion,  que  Todd  prévoit  et  connaît,  tient,  comme  il  le  remarque,  h  ce 
qn*on  se  préoccupe  toujours  des  mauvais  effets  que  l'abus  des  alcooliques  produit 
Hir  la  santé.  Mais  il  en  est  tout  autrement  de  leur  usage  prudent  et  scientifique  dans 
les  maladies,  et  une  différence  essentielle  sépare  l'effet  de  16  ou  20  onces  devin 
avalées  en  une  heure  ou  deux  avec  d'autre  nourriture,  et  celui  d'une  même  quantité 
donnée  avec  soin,  par  doses  successives  d'une  demi-once  ou  d'une  once,  dans  une 
période  de  vingt-quatre  heures. 


004  ALCOOL    (TII&RAPKt'TIQOK). 

L*aicooi,  donné  convenablement,  peut  être  employé,  selon  Todd,  dans  toutes  Its 
maladies  où  exbte  une  tendance  à  la  dépression  des  forces  vitales,  et  il  pense  qu'il 
ny  a  pas  de  maladie  aiguë  dans  lacpielle  cette  tendance  fasse  défaut.  Ûalcool  fsi 
donc,  comme  il  le  dit,  le  remède  capital  dans  les  maladies  aiguës.  11  bit  eooorr 
remarquer  que,  pour  accomplir  les  actes  organiques  qui  doivent  réparer  les  àès- 
oràres  qu'entraîne  une  inflammation,  celle  du  poumon  par  exemple,  il  faut  t  xmt 
dépense  considérable  de  force  nerveuse  et  de  sang,  »  ce  pourquoi  on  d<Ht  fournir 
à  Téconomie  un  genre  de  nourriture  qui  soit  à  la  fois  d'une  assimilation  bcile. 
qui  soit  capable  de  soutenir  la  force  nerveuse  et  de  maintenir  la  chaleur  animale. 
Tel  serait  Talcool,  qui  est  assimilé,  selon  Todd,  le  plus  facilement  du  monde,  pu* 
im  simple  acte  d'endosmose,  qui  exerce  une  influence  particulière  sur  le  systèiiK' 
ueneux,  et  qui,  par  sa  combinaison  avec  Toxygtoe  dans  le  ooqis,  fournit  du  com- 
bustible pour  le  maintien  de  la  température  animale.  Quand  cet  agent  est  donné 
en  trop  grande  quantité  à  la  fois,  il  sort  du  corps  en  nature;  mais  quand  la  do^ 
est  limitée  et  proportionnée  aux  vrais  besoins  de  l'économie,  il  se  transforme  en  acide 
carbonique  et  en  eau,  et  active  la  sécrétion  du  poumon,  de  la  peau  et  des  reins.  Lp 
succès  de  l'emploi  de  l'alcool  dans  le  traitement  des  maladies  dépend  heaucoup 
du  mode  d'administration.  Cette  différence  d'action  selon  le  mode  d*admiuistratiûii 
et  selon  le  fractionnement  des  doses  peut  être  observée  pour  beaucoup  d'autn^ 
médicaments,  et  notamment  pour  l'opium. 

Selon  M.  Anstie,  qui  a  étudié  avec  soin  ces  questions,  l'alcool  à  petites  doses  (ie 
seul  mode  d'administration  qui  doive  nous  occuper  ici)  produirait  les  effets  sui- 
vants :  (Francis  Anstie,  The  AlcohoL  Qtiestion,  Lond,  Sied,  Review.  Febniar\ 
and  Marsh  1862.  —  Alcoliol  is  il  Food,  Medicine^  or  Poison,  in  CamkUl  Ma- 
gazine. Juin  1862.  —  Does  AUoliol  actas  Food.  Ibid.^  sept.  1862).  LepoolN 
prend  de  la  force,  mais  il  ne  s'accélère  pas,  à  moins  qu'il  ne  fût  préaliblemenl 
d'une  lenteur  anomale;  la  température  de  la  peau  devient  convenable,  sans  roiF 
geur  de  Ja  face.  L'activité  du  cerveau  est  accrue;  le  sentiment  de  btigne  etb 
tendance  aux  convulsions  diminuent.  Tous  ces  symptômes  indiquent  que  le  œrreau, 
la  moelle  et  les  ganglions  du  grand  sympathique  ont  été  stimulés,  et  que  leur  cir* 
cuhtion  a  été  activée.  Ces  effets  cessent  après  un  certiiin  temps,  et  laissent  l'or- 
ganisme dans  l'état  où  il  était  avant  l'administration  de  ces  doses,  saul  le  casoîi 
il  y  aurait  eu  antérieurement  dépression  morbide;  car,  alors,  cette  dernière  tsi 
diminuée.  • 

L'eau-de-vie  ou  tout  autre  spiritueux  analogue  sera  donc  recommandé  aver 
certaines  précautions.  On  en  prescrira,  par  exemple,  une  cuillerée  à  thé  ou  à 
soupe,  délayée  avec  de  l'eau,  toutes  les  deux  heures,  toutes  les  heures  ou  toutes  le^ 
deux  ou  trois  heures,  selon  la  nature  de  la  maladie  et  l'état  actuel  du  malade. 

L'alcool,  ainsi  administré,  calme  le  système  nerveux,  provoque  un  sommeil  pi- 
sible,  dont  le  malade  peut  facilement  être  tiré,  et  conjure  le  délire. 

Todd  pose  encore  beaucoup  d'autres  indications,  prescrit  plusieurs  autres  |«v- 
rautions.  11  indique  aussi  plusieurs  avantages  de  l'emploi  méthodique  de  l'akoul. 
insistant  surtout  sur  l'action  nutritive  de  cette  substance,  et  sur  sa  puissance  bifti* 
faisante  contre  le  délire. 

Plusieurs  auteurs  ont  partagé  les  opinions  émises  par  Todd.  Plusieurs  autres  it^^ 
ont,  non  ))as  entièrement  combattues,  mais  en  ont  attaqué  lexagératiou  ei  ont  con- 
testé la  théorie  qui  leur  sert  de  base.  Ainsi,  tandis  que  lUI.  Anstie  (lœ.  cif.),— -Brin- 
ton,  (the  Lancetf  1857,  Pneumonie  et  pleurésie  double  compliquée  de  pneunonie. 
traitées  par  l'eau-ile-vie,  au  Royal  Free  Hospîtal);  —  Kiïkes/(îhe  Laicety  i  9^ 


ALCOOL  (thkaapëutiql-b).  HOo 

1860,  Du  vin  dans  la  pneunwnie);  —John  Pursell  (de  Brighton),  {British  Med. 
Joumalj  1860,  exl.  in  Cas.  méd.  de  Paris,  1860,  n""  38,  p.  587,  cet  auteur  l'a  aussi 
ajjpliqué  aux  affections  cérébrales;--  Austin  Flint,  {Clinical  Reports  an  Pneumania 
basedanan  Analysisofi^Z  Cases,  North  American Med.  Chir,  Hev.  Marsh  1861 
dOnthe  TrealmeiitofPneumonia,  in  American  Médical  Times  y  April  11, 1861); 
-ledocteuf  Inman  (Foundation  ofa  NewTheory  and  Practiceof  Médiane .  Lond. 
1860;  le  même,  Is  Alcohol  Food.  BritishMed.  Joum.  4oct.  1 862); — ^M.  Lionel  Beale 
\Bntish  Med.  Journ.,  35  Jan.  1862,  4  July  1863 et  10  October  1863),  acceptent 
bidées  de  Todd,  et  en  particulier  cette  opinion  que  Talcool  est  un  aliment  ;  MM.  Mar- 
(«t  (An  Expérimental  Inquiry  into  the  Action  of  AUu)hol  on  the  Nervous  Sjf«* 
tmy  Lond.  1 860)  ; — Edw.  Smith,  (Tlie  Action  ofTee  and  Alcohol  contrasted^  in  Du- 
bUn  Med .  Press,  25  July  1 860)  ;— Tweedie,  (On  the  Use  of  Stimulants  in  the  Treat- 
ment  ofcontinued  Fever,  inLancet,  16  June  1860)  ; —  M.  T.  Gairdner  (Clinical 
Medicine^  1862);  —  Edward  Smith,  (On  the  Action  ofAkohol^  in  Joum.  ofthe 
Soc,  ofArts,  18  Jan.  1862)  ;  Murchison,  (Treatise  on  Continued  Fevers^  London, 
1862),  insistent  pour  refuser  toute  qualité  alimentaire  ii  Talcool,  qui  serait  alors 
seulement  un  stimulant,  et  pour  repousser  tout  emploi  absolu  et  systématique  de 
cet  agent  dans  les  maladies  où  Todd  et  ses  élèves  l'ont  prescrit.  Ils  s'élèvent  surtout 
contre  ce  précepte  de  Todd,  que,  si  l'action  des  préparations  alcooliques  semble 
mal  réussir,  il  faut  en  augmenter  les  doses,  et  qu'il  y  a  plus  à  craindre  dans  rem- 
ploi de  ce  moyen  de  rester  en  deçà  que  d'aller  au  delà.  Plusieurs  d'entre  eux 
cependant,  Murchison  en  |)articulier,  tout  en  pensant  que  l'alcool  n'est  pas  mi  ali- 
nient  véritable,  admettent  comme  démontré  qu'il  empêche  la  déperdition  que 
pourraient  subir  les  tissus,  ce  que  Bockcr  (Beitràge  %ur  Heilkunde,  etc.),  et, 
depuis,  M.  Perriii  (Ga%.  des  hôpitaux,  9  août  1864,  et  plus  haut,  p.  584), 
appdlent  diminuer  la  dépense,  ce  qui,  on  en  conviendra,  se  rapproche  bien  un 
jieu,  quoique  indirectement,  du  rôle  d'un  aliment  comme  le  comprenait  Todd. 
Au  reste,  tout  en  repoussant  ce  que  ces  auteurs  considèrent  chez  Todd  comme  des 
abiis,  ils  admettent  parfaitement  l'usage  du  moyen  à  titre  d'excitant  utile,  et  ils  le 
recommandent  des  premiers  dans  les  maladies  fébriles  et  les  phlegmasies. 

Sans  vouloir  le  moins  du  monde  examiner  la  question  au  point  de  vue  qui  lait 
l'objet  du  débat  en  Angleterre,  savoir  la  valeur  alimentaire  de  l'alcool,  question  que 
U.  Perrin  vient  d'exposer  tout  à  l'heure,  j'ai  cherché  à  me  rendre  compte  de  la  va- 
leur pratique  de  la  méthode  proposée  par  Todd.  Depuis  longtemps  je  suis  .convaincu 
que  rien  n'est  plus  sensé  que  cette  opinion  de  Kaltenbrunner,  savoir  :  qu'il  faut  à 
Téconomie  une  certaine  somme  de  force  et  de  résistance  pour  arriver  à  résoudre  une 
|4ilegmasie,  et  la  théorie  de  Todd  n'est,  à  vrai  dire,  qu'une  formule  de  la  même 
idée.  Les  signes  et  les  moyens  à  l'aide  desquels  il  traduit  cette  formule  sont  un  peu 
insolites,  assurément,  mais  ils  n'en  sont,  par  cela  même,  que  plus  expressifs,  bu 
re»te,  si  la  théorie  de  Todd  est  nouvelle,  il  faut  bien  savoir  que  les  faits  sur  lesquels 
elle  s'appuie  ne  sont  pas  nouveaux,  et  que  l'emploi  de  Talcool  dans  les  fièvres  et 
dans  les  maladies  aiguës  n'est  pas  d'invention  aussi  récente  qu'on  pourrait  le  croire. 
.\insi  Lau2oni  a  rapporté  l'histoire  d'un  soldat  qui,  atteint  d'une  douleur  violente  au 
niveau  du  mamelon  gauche,  avec  dyspnée,  toux ,  fièvre  violente,  état  qui  avait  résisté  à 
deux  aignées,  but  une  livre  d'esprit-de-vin,  et  fut  pris  des  accidents  de  l'ivresse 
et  d'une  sueur  proiuse.  La  maladie  que  l'auteur  appelle  une  pleurésie  était  guérie 
i<'  lendemain.  Le  diagnostic  de  ce  cas  laisse  peut-être  à  désirer;  mais,  cependant, 
te  HMNivement  fébrile,  la  toux,  la  dyspnée,  le  siège  de  la  douleur,  paraissent  légiti- 
HHTim  peu  le  titre  pleurésie  qu'a  adopte  l'auteur  (loc,  cit.,  cent,  u,  an.  \,  p.  22r)i. 


606  ALCOOL  (tuéiupkutique). 

Schelhammer  raconte  également  qu'eu  i690  les  paysans  d'un  bourg  voisin  m; 
guérissaient  d'une  pneumonie,  qui  régnait  épidémiquement,  en  buvant  de  l'eau- 
de-vie.  11  remarqua  seulement  que  la  maladie  avait,  chez  eux,  une  durée  plus  lon- 
gue que  chesK  ceux  qui  étaient  traités  par  les  autres  moyens  médicaux  {Epk,  df^ 
car,  de  la  nat.,  dec.  ii,  an.  VllI,  p.  408;SehQlion).  J.  P.  Albrecht  a  racooté 
asse^  spirituellement  Ihistoire  d'un  individu  qui,  îiuvant  habituellement  de  re.iu- 
de-vie,  fut  atteint  de  fièvre  maligne  grave,  avec  délire,  qu'aucun  remède  ne  put 
modifier.  Le  malade  demandait  de  l'eau-dc-vie  avec  une  telle  instance  que,  toal 
eu  craignant  de  se  compromettre,  Albrecht  en  permit  un  peu.  Mais  k  malade, 
s'emparant  de  la  bouteille  après  le  départ  du  médeoiu,  but  iO  onces  d'eau-de- 
vie,  s'endormit  aussitôt  (lui  qui  depuis  plusieurs  jours  n'avait  pu  a\'oir  un  instant 
de  sommeil),  et  fiit  pris  d'une  sueur  profuse.  Le  lendemain,  à  son  réveil,  le 
mieux  était  sensible,  le  pouls  était  moins  fréquent,  le  délire  avait  cessé,  ei,  quatre 
ou  cinq  jours  après,  ce  malade  qui,  selon  l'expression  de  l'auteur,  avait  d^  un 
pied  dans  la  barque  à  Carou,  était  complètement  guéri  (loc.  cU.^  p.  416).  Albrecbl 
cite,  à  la  suite  de  ce  fait,  des  observations  analogues  ;  et,  dans  les  commentaire;» 
({u'il  y  joint,  il  signale  d'une  façon  particulière  l'action  énergiquemcnt  sudorilkpie 
de  cet  agent  et  son  influence  puissante  pour  calmei*  le  délire.  Gottwakl,  qu'il  men- 
tionne, employait  Teau^e-vie  dans  les  maladies  trèspaigués;Sachsius(i4iiqifio9nip  . 
sec.  VII,  cap.  ii>p.  299),  Fonseca,  s'en  servaient  également  dans  les  fièvres  grades», 
et  Screta  (De  {eh.  castrens.  malignay  sec.  III,  csuf.  i'%  g  8,  S88)  y  joignait  le 
camphre  dans  les  fièvres  très-aiguës.  Enfin,  J.  L.  Hannemann  {lac.  cU.y  dcr.  n, 
an.  II,  p.  97)  a  vu  aussi  une  jeune  fille  atteinte  de  fièvre  ardente  guérir  aprr^ 
avoir  bu  une  forte  proportion  de  um  brûlé;  elle  fut  prise  de  sommeil  et  d*ime  sueur 
très-abondante.  Ces  faits  divers,  comme  on.le  voit,  sont  tout  à  fait  semUahlcs  aux 
observations  de  Todd  ;  l'action  sudorifique,  l'influence  calmante  sur  le  délire  y  sont 
mentionnées  et  signalées  tout  particulièrement. 

Depuis  longues  années,  même  avant  le  travail  de  Stockes  (ihe  Dublin  Jaumat  o( 
Med.  Sdenc.^  1839) ,  j'ai,  quant  à  moi,  employé,  à  doser  assez  généreuses,  le  ^iu  dan^ 
le  traitement  des  fièvres  typhoïdes  et  d'autres  maladies  aiguës,  comme  le  faât  ausbi 
M.  le  professeur  Hoimeret  {De  V emploi  du  mn  dans  le  traitement  de  la  fièvre  /y- 
phoïde;  E.  Bricheteau,  in  Jaum,  des  eann.  méd,-chir,^  1868,  p.  486).  Mon  but 
était  de  soutenir  les  forces  de  l'économie  et  de  Télever  au  niveau  de  la  tâclie  qu'dif 
avait  à  rempUr.  Partant  de  cette  idée,  la  doctrine  de  Todd  m'a  semblé  curieu»^  à 
expérimenter,  et,  depuis  trois  ans  (1868),  j'ai  appliqué  à  quarante^ept  malades  !<' 
traitement  de  Todd»  Sm*  ce  nombre,  trente-six  étaient  atteints  de  pneumoiiif* 
Vingt4ieuf  ontguérii  Les  sept  malades  qui  ont  succombé  ne  doivent  guère  être  misaLi 
charge  du  traitement;  car,  au  moment  de  l'entrée,  ils  étaient  dans  un  état  dt-ji 
fort  grave;  deux  fois  l'hépatisation  était  arrivée  au  troisième  degré,  et  trn> 
fois  la  pneumonie  s'était  déclarée  chez  des  phthisiques  déjà  parvenus  à  b  deuxiemr- 
période.  Enfin,  le  sixième  malade  était  atteint  d'une  bronchite  généralisée  et  (k 
diarrhée,  en  même  temps  que  de  sa  pneumonie  pai*venue  à  l'état  d'héptisatioti 
rouge  fort  étendue,  et  se  rapprochant  de  l'aspect  de  l'Iiépatisatiou  grise  sur  œrtaiib 
points. 

Parmi  les  autres  malades,  onze  Oifraieiit  suirtout  des  formés  alaxo^joami'fUt^ 
très-graves.  i'aidcMinéailleurs  (Conférences  cliniques  faites  à  la  Pitié,  1861,  l86S»li' 
détail  de  plusieurs  dé  ces  Observations  qUe  je  ne  saurais  reproduire  ici.  Gotome 
Tddd,  j'ai  vu  l'alcool  faire  cesser  lé  délire,  iairc  tomber  le  pouls,  abaisser  h  m\é- 
ratiouj  et  déterminer  souvent  une  transpiration  abondante,  malgré  laquelle  lo 


ALGUOL  (THékAPBUTiQUK).  607 

Ibrtes  !$e  relevaient.  Jamais  je  n'ai  observé  le  moindre  signe  d'ivresse.  Voici  com- 
ment le  moyen  était  admmistré  :  80  à  120  grammes  ou  même  i50,200et300gram^ 
mes  d'eau-de-vieordinaire  (30**  de  Baume  ou  56^  de  Gay-Lussac)  étaient  étendus  de 
SO  à  i  20  grammes  d'eau  édulcorée.  Une  cuillerée  à  bouche  de  cette  potion  était  donnée 
toutes  les  deux  heures  aux  malades,  qui  ne  savaient  pas  ce  qu'ils  prenaient,  car  lu 
moyen  était  désigné  sous  le  nom  de  potion  de  Todd.  Chez  huit  de  ces  malades  j'sii 
prescrit»  concurremment  avec  l'eau-de-vie,  l'acétate  d'ammoniaque  à  la  dose  de 
8  à  12  grammes,  dans  une  potion  de  150  grammes.  Une  cuillerée  à  bouche  de  cette 
seconde  potion  était  administrée  de  deux  en  deux  heures,  enalt^naûntavecla  potion 
alcoolique,  de  façon  que  chaque  heure  le  malade  prenait  une  cuillerée  de  l'un,  puis 
de  l'autre  médicament.  Cliez  le  reste  des  malades,  la  potion  alcoolique  a  étéadîni* 
oistrée  seule.  Aucune  indication  spéciale  n'existait  dans  ces  divers  cas  pour  adopter 
(Ml  pourrepousser  œ  traitement  combiné.  J'ai  seulement,  en  agissant  ainsi,  cherché 
a  varier  les  conditions  de  l'expérimentation,  et  je  n'ai,  je  dois  le  dire,  observé  aucune 
influence  bien  notable  de  Taddition  ou  de  Tabsence  de  l'acétate  d'ammoniaque, 
médicament  qui,  cependant,  m'a  donné  ailleurs  d'excellents  résultats  dans  certains 
exemples  de  pneumonies  secondaires  fort  graves. 

11  n'est  pas  douteux  pour  moi,  d'après  les  faits  que  j'ai  recueillis,  que  l'eau-de- 
vie  a  puissamment  contribué  à  sauver  plusieurs  des  malades  si  gravement  atteints 
chez  lesquels  je  l'ai  employée.  On  sait  de  quel  danger  est  la  pneumonie  chez  des 
Mjjets  de  66,  68,  69  et  77  ans  quand  elle  est  étendue  et  qu'elle  s'accompagne 
(le  prostration  profonde  et  de  délire.  Plusieurs  des  cas  dans  lesquels  j'ai  appliqué 
ce  traitement  étaient  désespérés.  Et  il  convient  de  remarquer  que  pas  un  de  ces 
malades  graves  n'était  un  buveur  de  profossioii  ;  autrement  ces  faits  rentreraient, 
(lour  une  part,  dans  ceux  dont  Chomel  avait  tracé  les  indications  avec  tant  de 
finesse  et  de  sagacité.  Je  crois  donc,  et  c'est  une  opinion  qu'ont  partagée  tous  ceux 
qui  m'entouraient  chaque  matin,  que,  dans  ces  exemples,  i'eau-de-vie,  largement 
maniée  et  aidée  de  bouillons,  de  laits  de  poule,  et  promptement  de  potages  ou  d'au- 
tres aliments  légers,  a  été  d'une  efficacité  incontestable,  et  qu'elle  a  relevé  l'éco- 
nomie au  niveau  du  travail  qu'elle  devait  accomplir.  Mais  les  Êiits  ne  m'ont  pas 
conduit  à  pouvoir  accepter,  comme  traitement  systématiquement  unique  de  la 
imeumonie,  Tensemble  thérapeutique  qne  j'ai  appliqué,  d'après  Todd,  aux  ma- 
lades dont  je  viens  de  résumer  l'histoire.  Beaucoup  d'entre  ceux  cpie  j  ai  ainsi  trai* 
tés  avec  succès  étaient  d'un.âge  avancé.  C'est  la  une  condition  toute  spéciale.  J'en 
trouve,  cependant,  qui  n'étaient  âgés  que  de  21,  25,  26,  30  et  53  ans.  Il  y  a  là 
encore  matière  à  une  expérimentation  à  laquelle  j'offre,  pour  élément,  les  faits 
que  j'ai  observés;  et  dont  plusieurs  avaient  revêtu  la  forme  simple  et  inflammatoire, 
mais  sans  grand  éclat  symptomatique.  De  tout  ceci  il  résulte  seulement  pour  moi 
que  remploi  des  excitants  n'est  pas  toujours  aussi  dangereux  (]u'on  pourrait  le 
croire; 

Oue,  bien  qu'il  nuise  lorsqu'il  e;$t  pris  avec  abus  et  en  grande  quantité  A  la  fois, 
I  alcool  potable  n*est  pas  nécessairement  dangereux  quand  il  est  bien  manié  et 
prtiïicrit  par  doses  fractionnées  ; 

Que  le  soutien  qu'il  donne  au  système  nerveux,  très-notablement  relevé  (lar  son 
t*mploi  méthodique,  fait  très-rapidement  cesser  le  délire  qui  existe  dans  les  alléc- 
hons aiguës  (et  cette  influence  de  l'alcool,  comme  on  peut  le  remarquer,  change 
notablement  la  signitication  pathologique  du  délire  observé  en  pareil  cas,  et  le  rai)- 
|MT)che  beaucoup  de  la  forme  dite  nerveuse,  tandis  qu'elle  éloigne  l'idée  d'une 
|)h|fgniasie  méningée  encéphalique  ; 


G08  ALCOOL  (THÛRiirBtTiQCE). 

Que  nul  effet  grave  ne  résulte  de  cette  pratique,  laquelle,  au  contraire,  «outieiit 
les  forces  des  malades,  empêche  ramaigrissemenl   et  hâte  la  oonTalescenct*. 

H.  Jordao  a  publié  {Gaz.  med,  de  Lisboa^  1861)  un  fait  heui*eux  de  même  m- 
lui'e.  Le  lecteur  trouvera  encore  des  renseignements  et  luie  critûpie  assez  peu  food«*i 
de  cette  méthode  dans  une  analyse  faite  par  f  Union  médicale  d*un  article  que  M.  («• 
prof.  Ch.  Marlius  a  publié  sur  la  méthodede  Todd,dans  le  Ueutsdie  KlinÂ^  i8dô, 
n°  44  (Strolh,  Union  médicale,  1855,  p.  71,  n*  17).  Les  faits  que  j*ai  tus  prou- 
vent que  les  estomacs  français  sont  plus  tolérants  que  ne  le  suppose  Tauteur  d^ 
cette  analyse  critique. 

J'ai  tenté  cinq  fois  le  traitement  de  Todd  dans  la  fièvre  typhoïde  très^nv«\ 
et,  moins  heureux  que  H.  Tweedic  (lac,  cit.)y  je  n'en  ai  obtenu  aucun  bon  eiïel; 
il  est  vrai  que  les  formes  étaient  très-graves  et  la  maladie  déjà  fort  ancienne; 
mais,  dans  quatre  érysipèles  de  la  face,  les  mêmes  moyens  ont  arrêté  presque 
instantanément  trois  fois  le  délire  que  l'opium  n'avait  pu  calmer  et  les  malades  oui 
guéri.  Chez  le  quatrième  le  moyen  a  échoué.  J'ai  également  tenté  l'emploi  àc 
l'alcool  dans  quatre  cas  de  rhumatisme  articulaire.  Le  ^iremier  était  trè»-5imple  H 
subaigu,  120  grammes  d'eau-de-vie  administrés  chaque  jour  ont  très-prompie- 
ment  calmé  les  douleurs.  Les  deux  autres  exemples  offraient  des  oomplicatiom  : 
l'un  du  côté  de  l'endocarde  et  du  péricarde,  avec  délire  assez  lutense,  et  qui, 
ayant  résisté  au  musc  et  à  l'opium,  cessa  brusquement  par  l'administration  dt 
150  grammes  d'eau-de-vie  eu  doses  fractionnées;  le  malade  guérit.  L'autre  indi- 
vidu atteint,  concurremment  avec  son  rhumatisme  articulaire,  d'un  double  épaa- 
cbement  pleurétique,  subit  un  amendement  très-prompt  par  Tusage  quotidien 
de  120  à  200  grammes  d'eau-de-vie.  L'efl'et  le  plus  marqué  de  l'emploi  de  la  mé- 
dication dans  ce  dernier  cas  fut  l'abaissement  très-rapide  du  pouls,  qui  de  128  pul- 
sations tomba  à  88  ou  90,  dès  le  premier  jour  de  ce  traitement;  le  malade  guérit 
également.  Quant  au  quatrième,  l'alcool  est  resté  sans  effet  immédiat  bien  mar- 
qué, et  la  maladie  a  continué  sa  marche. 

Pour  finir  ce  qui  a  trait  à  ces  essais  thérapeutiques  sur  l'alcool,  je  duis 
citer  l'observation  que  j'ai  recueillie  d'une  femme  qui,  au  troisième  jour  de  >« 
couche,  avait  été  prise  de  frissons,  lesquels  continuaient,  malgré  le  sulfate  de  quh 
nine,  jusqu'au  quatorzième  jour.  C2e  matin-là,  à  la  visite,  nous  la  trouvâmes  en 
proie  à  un  de  ces  frissons  violents  qui  font  trembler  le  lit  des  malades.  La  £M:e  ter- 
reuse, jaunâtre,  était  profondément  décomposée.  Le  pronostic  le  plus  Ûcbeuxdet^it 
être  porté.  1 00  grammes  d'eau-de-vie  administrés,  selon  la  formule  que  j'ai  indiquée 
plus  haut,  firent  cesser  le  frisson  et  tomber  la  fièvre.  Le  moyen  fut  oonliaui*. 
A  peine  ça  et  là  quelques  frissons  parurent-ils  encore,  à  intervalles  irréguliers;  ie^ 
forces  revinrent,  et  tout  finit  par  l'ouverture  d'un  vaste  phlegmon  dans  le  rectum 
La  guérison  lut  complète  et  pleinement  inespérée. 

Je  n'osemis  intituler  cette  obsenatioii  pyohémie,  comme  celles  dans  leaqurli'  - 
Todd  a  signalé  l'utilité  de  l'eau-de-vie.  La  présence  d'un  abcès  et  l'issue  IkvonU' 
me  rendent  nécessairement  circonspect  quant  à  ce  diagnostic;  d'autant  plus  que 
mon  excellent  maître,  le  professeur  Velpeau,  m'a  dit  avoir  essayé  fréquemment,  ^i 
toujours  sans  succès,  l'alcool  dans  l'infection  purulente.  Hais  ce  que  je  puis  jlbr- 
mer,  c'est  l'extrême  gravité  de  l'état  que  présentait  cette  femme,  et  le  triste  pi»- 
nostic  que  nous  avions  posé  au  moment  où  je  |M'escrivis  lalcool  sans  auatnee^|x^1' 
d'espoir  de  succès. 

Tout  récemment,  M.  llyde-Salter,  médecin  assistant,  à  Cliaring-Cro»!»  Im>»' 
|ût;il,  a  publié  d'intéressantes  observations  {tlie  Lancet,  H  no%.   IHOTi),  «l^ti- 


ALCOOL  (BlBtlOCUACHlK).  AOtl 

JMliielles  il  il  vit  l'alcool  a  hautes  doses  suspendre  absolument  les  navs  d'aslImK*. 
Li  dose  doit  ôlre  augmentée  dès  que  le  médicament  semble  inefficace.  Le  whisky, 
ic  gin  ou  Feau-de-vie,  administrés  dans  ces  cas,  doivent  être  mis  dans  une  faible 
quantité  d*eau  très-chaude,  cette  dernière  condition  étant,  selon  M.  Salter,  enliè. 
n'inent  indispensable.  J'ai  été  témoin  moi-même  d  un  fait  analogue,  il  y  a  bien  d(^ 
minées  déjfi,  dans  lequel  une  persoimc  de  ma  (iimille,  atteinte  d'asthme,  ayant 
monté  plusieurs  étages  pendant  un  accès,  et  étant  en  proie  à  une  dyspnée  très-alar- 
immle,  vit  l'accès  calmé  subitement  par  l'administration  d'un  petit  verre  de  rhum, 
.<Milo  boisson  qu'on  tit)uvût  alors  sons  la  main.  Quelques  jours  après,  la  même  dose 
nslail  inefficace.  M.  Uyde-Salter  fait  augmenter  progressivement  les  doses  selon  le 
lie!)oin. 

L'alcool  a  encore  été  employé  dans  des  circonstances  d'une  importance  moins 
immédiate,  tels  sont  les  cas  de  vomissements  des  iemmes  enceintes.  Lanzoni  (loc. 
cit.)  se  fiait  déjà  à  cette  pratique,  qu'il  mentionne  tout  particulièrement,  et  de 
b]nellc  les  expériences  de  H.  CI.  Bernard  nous  ont  donné  la  raison,  quand  ce  sii- 
\aiil  physiologiste  nous  a  montré  {Comptes  rendus  des  séatices  de  la  Société  de 
Mokigie,  t.  VIII,  1856,  p.  50)  que  l'alcool,  à  la  dose  de  5  à  6  centimètres  cubes, 
étendu  de  moitié  d'eau,  facilite  la  digestion  en  augmentant  les  sécrétions  du  suc 
gastrique,  du  suc  pancréatique  et  celles  de  l'intestin,  en  même  temps  qu'il  excite  la 
sécrétion  sucrée  du  foie. 

(l'est  à  cette  même  action  que  M.  Tripier  fait  appel  quand  il  prescrit  l'eau-de-vie 
contre  les  vomissements  chez  les  tuberculeux  {Bulletin  de  thérapeutique,  I86i, 
t.LXVII,  p.27etsuiv.). 

Pris  seul,  au  contraire,  et  k  doses  assez  élevées,  l'alcool,  selon  le  physiologiste 
l'minent  du  Collège  de  France,  arrête  l'action  de  l'estomac  et  cause  une  sorte  d'in- 
digestion. Cette  remarque  explique  encore  ce  qui  se  passait  chez  l'individu  cité  par 
Unzoïii,  lequel,  à  l'aide  de  2  onces  de  bonne  eau-de-vie,  se  purgeait,  et  obtenait 
Irois  ù  quatre  selles  sans  coliques.  Je  connais  une  personne  qui  est  également  pnr- 
^Ca  (une  à  deux  selles  faciles),  lorsque,  à  son  déjeuner,  elle  dépasse  dans  son  café 
la  dose  d'un  petit  verre  d'eiu-de-rie.  Enfin,  Wolff  (loc.  dt,)  a  vu  l'ustïge  intente 
de  l'csprit-de-rin  potable  faire  rendre  des  lombrics  aux  enfants. 

Telles  sont  les  diverses  applications  qui,  soit  jadis,  soit  dans  ces  teni})s  derniei-s, 
ont  été  faites  de  l'alcool  à  la  thérapeutique.  Comme  on  a  pu  le  voir,  Ijoii  nombre 
<lc  faits,  assez  encourageants  pour  l'emploi  un  peu  large  de  cet  agent,  ont  été  pro- 
duits. Je  n'en  veux  tirer,  quant  à  présent,  d'autre  conclusion  que  celle-ci  :  c'est 
i|ue  les  préparations  alcooliques,  méthodiquement  administrées,  sont  d'un  usage 
Ijoauouup  moins  dangereux  et  beaucoup  plus  facile  et  beaucoup  plus  innocent  que 
l'on  ifest  généralement  porté  à  l'admettre  ;  qu'elles  constituent  un  précieux  moyen 
de  relever  et  do  consolider  les  ibrces  de  récononiie,  et  enfin  qu'on  |)eut  les  em- 
ployer à  doses  pins  larges  qu'on  n'a  habitude  de  le  faire  assez  ordinairement 
ilansce  p:iys,  pourvu  que  ces  doses  restent  fractionnées.  Béiiier. 

Bni  loGRAPHfc. — Gêuôralités  :  >Voi.pr  J.].  Spiritus  vint  vel  frumenti  tnedicinam  d  ornent  i- 
fam  mm  timendam  in  varOs  af/tctilnut  tubministrat.  In  Ephem.  nat.  cur.,  déc.  II.  an.  YtlI- 
I».  152,  1690.  —  Lanzoîii  (J.)  De  viribus  aqu»  vit».  In  Ephem,  nat.  cur.,  cent.  111,  p.  45, 
1715.— Saxpfobd  (\V.'.  a  Few  Practical  Remarks  an  the  médicinal  Effectt  of  U'/nr  and 
SpiritM.  London,  1799,  in-12.— MABzomi  (H.  0.).  DiM.  sur  le»  vertus  Médicinales  du  ri». 
T!i*M»  de  Strasbourg,  an  Vllï.  in-4*.  —  LobeîcstewLobkl.  —  Traité  sur  l'usage  et  les  effiets 
ies  vins  dans  les  maladies  dangereuses  et  mortelles,  etc.  Traduit  de  ralleniaud  par  Lou- 
pera (J.  F.  D.)  (voir,  à  la  fin  de  cet  ouvrage,  une  intéressaute  bibliographie  sur  les  usayi'^ 
*i»i  viii  en  méflccine).  Straslniurg.  1817,  in-8'.-  IIigoixdottom  (J.).  On  the  Treatment  of 
Uiwase  nitlionl  the  Vsc  of  AlcohoUc  Stimulants.  In  the  iMUCtt.   1857.   l.  11,  p.  l<i«.— 

IHC.  KMC.    IL  3t> 


010  ALCOOL  (dibliographib). 

Oiufcu  \l.  F.  A.).  ^iMi<  ifttr  l'oMûioffie  mëHeêle.  Tliésu  de  Strasbourg,  ItôU,  ii*  «ICC.  ->  !»%«(«- 
MiH  (F.).  WeinkiyitUre.  In  (VVc;/i.  Z/«c/ir.  >'.  F.,  t.  III,  p.  23, 1860,  et  SekmidU,  Jkè..  t.  CVIIl. 
p.  lOC,  1800.— Smith  (Edw.).  On  the  Mode  of  Action  of  Akohol  in  the  Tregtmtrui  ofOiuû%t. 
UitheUncft,  lK01,t.  I,  p.  80,  15^,  S12.  — Gairdxcr  [W.  E/.  On  ihe  Vue  of  ÀtcoMit  Stimti- 
iants  in  Uottpaal  Médical  Pradice,  In  EdiHb.  Med,  JounuU,  U  VI,  p.  Ml,  i861.— Smra  (tdw/ 
On  the  Action  of  Alcohol,  lu  Jot^rn,  ofthe  Soc.  of  Artê,  18  Jan.  1802.— Avna  ,Fr.  Ed. . 
Cases  Ulitstrative  the  Action  of  Mcohol  an  Aliment  in  Diseuse.  In  Ijond.  Med.  hev.  Wix.  a. 
March),  1862. —  Guflle  (AIf.\  l)e  V utilité  de  la  médication  alcoolique  dans  quelques  étati 
morlrides.  Thèse  de  Paris,  n*  50, 1805.— Beale.  Bemarkê  on  ùeplelion  and  ExcesHve  SUmo- 
lation  in  vertf  Serions  Cases  of  Acute  Diseuse.  In  BrUish  Med*  Journ*,  2*  série,  t.  Il,  p.  1. 
1805.  — Om  Defkietity  of  Vital  Power  in  Disease  nnd  on  Support,  Ibid.,  p.  ô85.  — t»;»' 
oxlornc  :  Garidalik)  (G.\  Saggio  critico  sulV  abusa  dello  spirito  di  vino  n€  malt  eslerm.  I'3>ia 
1700,  in>8».  —Hall  (Marsbalh.  On  the  Use  ofthe  Aleoholie  l^Um  in  PMkitU  Puimonthr 
In  the  ÎAincet,  1844, 1. 1,  p.  121.— Bebrcewitz.  Der  Alkohol  als  Fomentation  geffen  die  lungn- 
sucht.  In  Casper's  Wochenschr.,  1815,  n*  21.— Bohk[J.).  Qbservatio  atque  expérimenta  cirtn 
usum  spirittu  vint  externum,  in  luemorrhagiis  sistendis.  In  Ephem.  Erud.  Lips.,  1685.  p.  W*. 

—  Dans  les  plaies  :  L\viofii  (J.).  De  vulnere  aqux  vitx  curaio,  Tn  Ephem.  nat.  cur.  \Ut.  W. 
au«  X,  p.  225, 1692.— Kappexhasex  (T.).  De  insigni  usnspiritns  vint  en  sanandù  vuênerihus 
Allurôi,    1745,   in-i^  —  Chédevergne.    Du  traitement  des  plaies  chtrurgicalea   et  tfouma- 
tiques  par  les  pansements  à  V alcool.  In  Bull,  de  tlw'rap.,  t.  LXVÎI,  p.  249,  502,  546,  I8i*»i. 
^  Gailuac  (J.  do).  Du  pansement  des  plaies  par  Valcool.  Thèse  de  Paris,  1801.  n*  168.  — 
liEccnn  ;J.).  Des  pansements  à  laide  de  l'alcool  et  des  teintures  alcooliques,  esaaia.  rlc.O'fi 
1804,  in-8''.  —  Uî>age  interne,  héniorrhagies.  —  Scblichtirg  (J.  Dan.).  Alcohol  wmi  enormem 
narium  htemorrhagiam  extemplo  compescens.  In  Acla  Acad.  N.  C,  t.  VI,  p.  104,  1742.  — 
Kocii  (J.  P.).  De  spiritu  tnni,  medicamento  ad  sistendas  hsnnûrrhagias  optimo.  IIak<\  HR^f 
il  1-4".  — Debout.  Remarques  sur  deux  obs,  de  sf/ncopes  produites  par  des  hémorrh^iies  uté- 
rines graves^  et  traitées  avec  succès  par  l'emploi  du  marteau  de  Maffor  et  les  lavements  4( 
vin.  In  BulL  de  thérap.,  t.  LVI,  p.  80,  1859.  -Charrier.  Du  traitement  consécutif  aux  hé mnr- 
rhagies  puerpérales,  et  de  V emploi  des  lavements  vineux  associés  à  Vopium.  In  Bull,  é, 
thérap.,  t.  LYII,  p.  154,  1859. — Campbell.  Alcool  à  haute  dose  contre  les  perte»  suitit 
d'accouchement.  In  Jouru,  de  méd.  et  de  ohàr,  prat,,  t.  XXXII,  p.  17, 1864.— Facm.  Disthtv 
liémorrhagique  grave  traitée  par  le  vin  à  hautes  doses.  In  Gaz,  des  hdp.,  1861.  p.  4Tî*  — 
Contre  rintoxication  arsenicale.  —  C.  Intoxication  arsenicale   grave,  guérison  à  t'aide  éa 
alcooliques.  In  Ann.  de  thérap.,  t.  V,  p.  155,  1847-48.  —  Delame.  Empoisonnements  dut 
à  l'acide  arsenieux  et  traités  avec  succès  par  Vean-ée^vie,  In  Reaue  de  ttsirap.  méd 
chir.,  t.  V,  p.  455, 1857.  —  Contre   les  morsures   d'animaux  venimeux.  —  Vatea»  J^. 
Usage  des  alcooliques  contre  la  morsure  des  serpents  venimeux.  In  Americ,  Med,  tiewri. 
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Gaz,  deshôp.^  1861,  p.  549.  —  CoN'.sTAjrriMUE.H  (Z...  De  remploi  des  alcooliques  dans  le  Irsh 
tement  des  fièvres  intermittentes.  Thèse  <lc  Paris,  1HG3,  n"  145.  — Gonlre  le»  pleuro-pnru- 
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—  Parkes  (E.  a).  Pneutnonia  treatedby  Wine  and  Ammonia.  In  the  Lancel,  1856.  l.  i,  p.  1^' 

—  Maiitii's  c.;.  Driefiiche  Mittheilungen  ùtter  die  englisclie  Behandlung  der  Fieber-irtiti' 
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ALCOOLATS.  611 

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Huit,  de  thérap.,  t.  LVII,  p.  27,  1861.  B. 

k%Ay%OUk!WH.  Los  alcoolats  sont  des  préparations  pliarmaceutiques  otlicinalcs  ; 
ce^  médicanitiuts  sont  liquides,  et  s'obtiennent  par  la  distillation  de  Talcool  ^m 
(ii^  subbtuices  chargées  de  princi[)es  volatils.  L*alcool  joue,  dans  les  alcoolats,  le 
uièmerole  que  Tcau  dans  les  eaux  distillées,  et  Ton  sait  que  celles-ci  sont  désignées, 
[lor  plusieui's  pharmacologistes,  sous  le  nom  Aliydrolats.  Lorsqu'une  seule  base 
iiiédicamenteuse  entre  dans  la  formule  d*un  alcoolat,  celui-ci  est  dit  simple  ;  on  le 
ttomme composé,  quand  plusieurs  substances  font  partie  de  sa  formule.  Les  anciennes 
pharmacopées  mentionnent  un  assez  grand  nombre  de  ces  médicaments  ;  il  convient 
Je  noter  que,  dans  ces  ouvrages,  les  alcoolats  reçoivent  des  qualifications  liès- 
divei-ses,  et  que  celles-ci  ne  laissent  souvent  soupçonner  ni  leur  analogie  de  com- 
position, ni  leur  mode  d'obtention.  Nous  citerons  comme  exemples  :  l'alcoolat  de 
cocldéaria,  qui  portîiit  le  nom  d'esprit  de  cochléaria;  l'alcoolat  vulnéraire,  celui 
d'eau  vulnéraire  sjnritueuse;  l'alcoolat  de  térébenthine  composé,  celui  de  baume 
de  Fioravantif  etc.  Un  certain  nombre  de  ces  médicaments  ont  dis{xiru  de  lu 
iii»lière  médicale;  cependant  quelques-uns  d'entre  eux  ont  été  conservés  dans  l'usage 
habituel  avecleur  vieille  dénomination. 

L'alcool  employé  à  la  préparation  des  alcoolats  doit  être  exem[»t  de  toute  siivcui 
étrangère;  il  ne  doit  laisser,  pr  l'évaporation,  aucune  odeur  de  nature  à  modifier 
les  propriétés  organoleptiques  du  médicament  dont  il  est  le  véhicule.  De  là  dérive 
la  nécessité  de  ne  faire  entrer  dans  les  alcoolats  que  de  l'alcool  vinique  purifié  |rar 
les  procédés  de  rectification  précédemment  décrits  à  l'iu-ticle  Alcool  (Pharmaco- 
logie). Soubeiran  conseille,  non  sans  raison,  de  réserver,  pour  cet  usage,  les  pre- 
miers produits  condensés  dans  l'appareil  de  réfrigération.  Ceux-ci  |X)S8edenl,  à  la 
lois,  un  titre  plus  élevé  et  une  pureté  plus  grande  que  les  dernières  parties  où  se 
Injovenl  confinées  les  matières  étrangères  à  la  com[K>silion  de  l'alcool,  et  douée.- 
d*ane  force  élastique  moindre. 

Le  titre  de  l'alcool  qui  sert  à  la  confection  des  alcoolats  est  variable.  Le  Codex 
irançaisde  i857  prescrit  l'alcool  marquant  80  degiés  centésimaux  pour  tous  les 
alcoolaL<  simples.  La  distillation  est  contimiée  jusqu'au  moment  on  la  quantité  de 
liquide  cundeiisé  est  égale  au  volume  d'alcool  introduit  dans  l'alainbic.  liOi-Mpie  les 


OIS  ALCOOL  AÏ8. 

iiiatictes  mises  eiicoiilacl  avec,  Talcool  sont  des  plantes  fi'uiches,  et  que  leur  liv»iis 
Nout  encore  gorgés  d*eau  de  végétation,  il  est  inutile  de  rien  ajouter  au  mcbngc 
(|ue  Ion  soumet  à  la  distillation.  Dans  le  cas  contraire,  pour  éviter  de  porter  l(> 
matières  à  siccité,  et  pour  empêcher  le  développement  de  principes  qui  pourraienL 
nuire  à  la  ({ualité  du  médicament,  on  verse  dans  le  liain-marie  une  priilr 
({uantité  d'eau  strictement  suHlisaute  pour  maintenir  les  substances  à  uu  éut 
d*humectation  convenable,  jusqu'à  la  fin  de  l'opération.  Le  foimulaire  légal  prescrit, 
dans  la  confection  des  alcoolats  composés,  l'emploi  d'alcool  à  des  titres  diflerenU  : 
tantôt  c'est  le  titre  de  80  degrés  centésimaux  {akoolat  de  cochléaria  composé, 
alcoolat  de  térébenlliine  composé ,  alcoolat  de  mélisse  composé}^  tantôt  56  degn^ 
centésimaux  {akoolat  vulnéraire^  alcoolat  d*aloès  composé)  ;  enfin,  dans  un  ra< 
iiculcmcnl,  le  Codex àciSZl  indique  le  titre  de  86  degrés  centésimaux  (akoolat 
de  citron  composé).  La  commission  chargée  de  la  révision  du  Codex  a  légèremail 
modifié  ces  indications,  en  substituant  le  titre  de  60  degrés  centésimaax  à  56. 
et  celui  de  90  à  86  ;  elle  a  conservé  80  degrés  centésimaux  partout  où  il  était 
porté  dans  les  formules  antérieures.  Bien  qu'il  ne  faille  pas  attacher  une  impor* 
tance  exagérée  à  l'origine  des  prescriptions  que  nous  venons  de  rappeler,  on  doit 
néanmoins  remarquer  qu'elles  ont  une  base  rationnelle.  En  eiïet,  l'alcool  introduit 
dans  les  formules  est  choisi  à  un  degi*é  de  concentration  tel  que  les  produits  vob- 
lils  dérivant  des  substances  médicimienteuses  trouvent  assez  d'alcool  pour  deoieih 
ucr  parfaitement  dissous  dans  la  proportion  de  liquide  recueilli. 

Après  avoir  indiqué  la  nature  du  véhicide,  il  nous  reste  à  dire  quelquei»  mob 
des  substances  qui  constituent  la  base  médicamenteuse  des  alcoolats.  Dans  la  ua- 
jorité  des  cas,  ce  sont  des  matières  d'origine  végétale  contenant  des  principes  vob- 
tils,  lesquels,  le  plus  souvent,  appartiennent  au  groupe  des  huiles  essentielles.  D» 
même  que  pour  les  eaux  distillées  aromatiques,  les  parties  des  plantes  usitée» dai^ 
la  préparation  des  alcoolats  sont  celles  où  se  trouvent  accumulées  les  plus  fortes  pn»- 
IKirtions  d'huiles  volatiles.  Ces  matières  sont  employées,  les  unes  à  l'état  de  frai- 
labeur,  les  autres  seulement  après  dessiccation.  On  préfère  généralement  les  feuiflt^ot 
les  sommités  fraîches,  car  elles  perdent  en  séchant  une  partie  plus  ou  moins  graiidi 
de  leur  aix>nie.  Les  feuilles,  les  fleurs  et  les  sommités  sont  loin  de  oonstitu^r 
exclusivement  la  base  des  alcoolats;  nous  citerons  d'autres  parties  de  végétaux  (|ui 
sont  également  usitées  :  telles  sont,  par  exemple,  les  racines  de  ceiiainesCrucifèrt'^. 
Oml)cllinîres,  Amomées  ;  les  fruits  et  les  semences  de  quelques  llespéridécs,  Onhi- 
dées,  Myristicées,  etc.  Enfin,  dans  plusieurs  cas,  ce  sont  des  sucs  propres  pliixHj 
inoins  modifiés,  des  gommes-résines,  des  térébenthines,  des  baumes  et  des  liuili-> 
essentielles.  Autrefois,  dans  la  formule  de  l'alcoolat  fétide  ammoniacal,  on  fdi>ait 
entrer  le  castoréuni  ;  dans  celle  de  l'alcoolat  ammoniacal,  l'ammoniaque  résuibnl 
de  rassociation  du  chlorhydrate  d'aipmoniaque  au  carbonate  de  |¥)tasse. 

Le  mode  o[)ératoiixî  nécessaire  pour  obtenir  les  alcoolats  est  |ieu  oom(Jiqué.  U 
choix  de  l'alcool  éliint  déterminé  par  le  formulaire,  ainsi  que  le  rapport  de  ni  > 
|M»ids  à  celui  des  liases  médicamenteuses,  les  matières  sont  di\isées  et  inlroduiU*^ 
dans  le  kiin-inarie  de  l'alambic  avec  l'alcool,  et,  avant  de  procéder  à  la  distillatimi. 
iMi  les  laisse  macérer  ])endant  un  lemj>s  qui  varie  depuis  vingt-quatre  heuri^  juv 
(|u'à  plnsieui^s  jours.  Il  est  démontré  que  lorsque  l'action  dissolvante  de  l'alroi»!  * 
pu  s'exercer  complètement,  les  pitxluits  que  Ton  recueille  sont  plus  aromatique^ 
Lu  macération  préalable  est  utile  dans  le  c;is  même  où  Ton  o|)ère  sur  des  pLuit*^ 
fi-aiclics.  On  a  d'autant  plus  de  raisons  (Niur  roconimaiider  cette  manipulation,  (jut 
jain;«is  elle  ne  [C'it  être  nuisible.  L'alcool  préserve  les  végétaux  contre  toute  jli- 


ALCOOLATS.  017» 

nlion  peiidaiit  un  tcmf)s  qui  dépassa  de  beaucoup  la  diu'éo  iln  cello  opératiDu 
préUmînairp. 

iiorsque  h  macération  est  suffisamment  prolougéi^  ou  proi*4tlc  à  la  distillation 
:iu  bain-maric.  La  température  de  l'eau  bouillante  est  assez  élevée  pour  Yolatilis(M* 
(ont  Talcool,  et  elle  évite  le  développement  de  composés  empyreumatiqucs  qui  no 
manqueraient  pas  de  se  produire  si  l'on  appliquait  directement  la  clialeur  d'un 
foyer  à  un  mélange  de  substances  solides  et  d^alcool  contenu  dans  un  vase  métal- 
lique. Quand  ou  a  recueilli  la  somme  de  liquides  fixée  par  le  Formulaire,  il  est  indis- 
pensable de  les  mélanger  entre  eux  pour  obtenir  un  tout  homogène.  Il  importe  eu 
eiïet  de  remarquer  que  la  composition  du  liquide  distillé  n'est  pas  la  même  pen- 
dant la  durée  de  l'opération.  Le  point  d*ébullition  de  l'alcool  étant  beaucoup  moins 
élevé  que  celui  des  huiles  essentielles,  il  en  résulte  que  les  premières  fractions  sont 
constituées  par  de  l'alcool  extrêmement  peu  chargé  de  principes  vobtils.  A  mesure 
que  le  mélange  contenu  dans  l'appareil  distillatoire  s'appauvrit  en  alcool,  le  point 
d'ébulUtion  s'élève,  et  l'on  obsen'e  que  les  essences  se  trouvent  eu  plus  grande 
ifuantité  dans  les  derniers  produits  condensés.  Nous  verrons,  en  traitant  des  eaux 
distillées,  que  durant  la  préparation  de  ces  médicaments  des  faits  du  même  genre 
représentent,  mais  dans  un  ordre  inlrerse.  La  conséquence,  quant  au  mode  opéra- 
toire, est  semblable,  c'est-à-dire  que,  pour  atteindre  l'identité  du  médicament,  il 
faut  mélanger  la  totalité  des  produits  partiels. 

Quel  que  soit  le  soin  apporté  à  ces  diverses  manipulations,  il  est  rare  que  les 
alcoohts  n'offrent  pas,  lorsqu'ib  sont  récemment  préparés,  une  odeur  et  une  saveur 
communes  à  la  plupart  d'entre  eux,  et  tout  à  fait  étrangères  à  celles  qu'ils  possé- 
deront quelques  mois  après  la  distillation.  L'expérience  a  démontré  que  cet  cfTet 
du  temps,  encore  inconnu  dans  sa  cause,  peut  être  obtenu  très^rapidement  par 
1  exposition  des  alcoolats  à  une  température  très-basse.  Il  suffit  donc,  pour  cor- 
riger les  propriétés  des  alcoobits  nouvellement  distillés  de  plonger  les  vases  qui 
les  contiennent  dans  la  glace,  ou  même  dans  un  mélange  réfrigérant  composé  de 
glace  et  de  sel  marin.  Ce  procédé  est  appliqué  sans  inconvénient  à  ces  liquides  reu. 
dus  presque  totalement  incongelables  par  la  forte  proportion  xl'alcool  qui  entre  dans 
leur  composition. 

Telles  sont  les  indications  générales  qu'il  convient  d'avoir  présentes  ù  l'esprit  rela- 
tivement à  l'obtention  des  alcoolats  ;  on  voit  qu'elles  sont  fort  simples.  Les  an- 
ciennes pharmacopées  compliquaient  et  variaient  beaucoup  les  procédés,  nous 
rroyons  inutile  de  mentionner  ces  prescriptions  souvent  peu  ]*ationuelles,  et  tom- 
bées en  désuétude  depuis  de  longues  années.  II  est  bon  néanmoins  de  noter  que 
Ton  a  oonaervé  l'usage  d'ajouter  une  eau  distillée  aromatique  aux  substances  com- 
prises dans  la  formule  de  (|uelques  alcoolats  composés.  C'est  ainsi  que  l'eau  de 
fleurs  d'oranger  est  restée  dans  la  liste  des  matières  qui  servent  :\  pré );arer  l'alcoolat 
d'aloès  composé,  et  l'eau  distillée  de  cannelle  continue  à  être  un  des  éléments  dt* 
l'alcoolat  aromatique  ammoniacal.  Nous  renvoyons  au  Codex  pour  les  détails  lela- 
lils  à  chacun  de  ces  médicaments  pris  en  particulier,  et  nous  nous  bornerons  à 
mentionner  les  alcoolats  dont  la  nouvelle  commission  a  cru  devoir  conserver  l'iii- 
kcription  dans  le  formulaire  légal. 

Alcoolats  simples  :  alcoolat  d*anis,  alcoolat  de  badiane,  alcoolat  de  bergamote, 
alcoolat  de  cannelle,  alcoolat  de  carvi,  alcoolat  de  cédrat,  alcoolat  de  citron,  alcoo- 
bt  de  coriandre,  alcoolat  de  fenouil,  alcoolat  de  fleui's  d'orauger,  alcoolat  de 
senièvre,  alcoolat  de  girofles,  alcoolat  de  lavande,  alcoolat  de  menthe  poivnV, 
alcoolat  d'orange,  alcoolat  de  romarin. 


ÙU  ALGOOLATURES. 

Alcoolats  composée  :  nlr^olat  d'aloes  composé  («ilcoolat  d(>  Grinis),  alcoolat  aro* 
mntirpie  ammoniacnl  (esprit  volatil  do  Sylvius),  alcoolat  de  cochléarta  compost' 
(esprit  ardent  do  cochléaria),  alcoolat  de  mélisse  composé  (eau  de  mélisse  spiri- 
tueuse),  alcoolat  de  térébenthine  composé  (baume  de  Fioravanti),  alcoobl  ^iilné^ 
raire  (eau  vulnéraire  spiritueuse). 

Un  certain  nombre  d'alcoolats,  complètement  inusités,  ont  été  retranchés  sih:- 
cessivement  des  Codex  de  1818  et  de  1837. 

Tous  les  pharmacologistes,  nous  Tavons  dit,  s'accordent  à  recomiaitre  ranalo^^it- 
qui  existe  entre  la  nature  des  alcoolats  et  celle  des  eaux  distillées.  U  est  certain  qu'> 
t\o.  rares  exceptions  près  la  substance  entraînée  par  les  vapeurs  alcooliques^  et  qui 
reste  en  dissolution  dans  le  médicament,  appartient  à  la  classe  des  huiles  e»eii- 
tielles.  La  température  d'ébuUition  propre  à  l'alcool  ne  permet  pas  à  la  totalité  de» 
essences  renfermées  dans  les  matières  premières  de  passer  à  la  distillation.  Cepen- 
dant  plusieurs  de  ces  préparations  (alcoolats  vulnéraire,  de  citron  onaposé,  de  térr. 
benthine  composée,  etc.),  retiennent  des  proportions  d'essences  asses  grandes  pour 
devenir  laiteuses  quand  on  les  mélange  à  une  quantité  d'eau  suffisante.  CeteiTet  e«t 
dû  à  la  séparation  de  l'essence,  laquelle  est  insoluble  dans  l'eau  ou  dans  Takoo) 
très-hydraté.  Mais  ce  caractère  n'est  pas  général,  et  les  alcoolats  qui  renfennent 
peu  d'essences  sont  miscibles  à  l'eau  en  toute  proportion,  sans  qu'il  y  ail  opi- 
lescence  des  liqueurs. 

Tous  les  acoolnts  sont  incolores  et  transparents.  La  saveur  et  l'odeur  de  ces  mé- 
dicaments sont  constamment  alcooliques,  mais  elles  diffèrent  dans  chaque  espère, 
et  servent  pour  ainsi  dire  à  les  caractériser.  Leur  densité  est  très-peu  moditiéc 
par  les  principes  dissous;  elle  est  très-voisino  de  celle  de  l'aloool  au  mémo  titre, 
fies  alcoolats  constituent  nn  groupe  de  médicaments  peu  alléraUes,  l'alcool  et  le» 
builes  essentielles  formant  une  association  dont  les  éléments  sont  doués  d'une 
grande  stabilité.  L\  seule  précaution  nécessaire  pour  leur  conservatioii  oonsi^le 
A  les  placer  dans  des  flacons  hermétiquement  fermés,  et  déposés  à  l'abri  de  la  lumit'ixf, 
dans  des  pièces  dont  la  température  soit  assez  basse. 

Usages  et  administi^ation.  Grâce  ù  leur  véhicule  et  à  la  nature  des  princip*^ 
que  celui-ci  tient  en  dissolution,  les  alcoolats  appartiennent  à  la  classe  des eicitanti 
difTusibles.  On  les  administre  à  l'intérieur,  dans  des  potions  ou  dans  des  tisanes; 
la  dose,  varie  entre  quelques  gouttes  et  2  A  10  grammes.  Loi'stpie  la  dose  est  CiiUe 
ef  la  saveur  peu  désagréable,  un  mode  d'ingestion  commode  consiste  à  les  vener  sur 
du  sucre  qu'ils  imprègnent  par  capillarité,  sans  le  dissoudre.  Dans  la  médication 
externe,  on  emploie  les  alcoolats  en  liniments,  en  injections,  en  fumigalians,  en 
fomentations,  en  collyres.  Les  doses,  pour  ces  diverses  formes,  ne  sauraient  Hst 
Hxées;  elles  |)euvent,  sans  inconvénient,  s'élever  à  plus  de  100  grammes. 

J.  RcCNAOt». 

AliCOOLATUMES.     Les  alcoolatures  sont  des  pr^rations  officinales  liquiilei 

obtenues  (lar  l'action  dissolvante  de  l'alcool  concentré  (90^  cent.)  sur  certaines  sub- 
stances végétales  fraîches.  Ce  terme  a  été  proposé  et  adopté  |K>ur  établir  une  ligar 
de  démarcation  bien  tranchée  entre  ces  médicaments  et  les  solutions  alcooliques  qui 
ont  poiu*  base  les  mêmes  matières  à  Tétat  de  siccilé.  Ces  derniers  médieamenu, 
de  beaucoup  les  plus  nombreux,  sont  j>énéralemeiit  <lésignés  sous  le  luun  de  tein- 
tures  alcooliques,  auquel  on  a  vainement  cherché  a  substituer  le  tenue  plui 
rationnel  d'alcoolés.  (Voir,  pour  la  préparation  et  la  composition  d««!i  alcoolatum, 
l'aiticle  Teimi-res  AixooMQUEs.)  J.  R» 


ALCOOLISME  (pathologie).  {\\h 

JkVO^BËétH,  frépvrtdiùn»  oAicînalf»  lufiiides  résuUant  de  raclion  dissolvante? 
(le  l'akool  Riir  une  on  plusieurs  bases  inédicamenlcuses.  Os  solutions  sont 
iimmieset  prescrites  sous  le  nom  ancien  de  teintures  alcooliques,  (le  dernier  terme 
Oit  reslé  dans  le  langage  médical  et  dans  les  formules  usuelles,  aussi  nous  bor- 
iienH]s*iious  à  indiquer  ici  la  synonymie  et  renverrons-nous  Thii^oire  des  alcoolés 
à  Tarticle  TBLNTunBt  ALCoouQUGs.  J,  R. 

AliCOOUSMB.  Alcoolisme  est  l'expression  dont  on  se  sert  aujounl'hui  pour 
ilésignar  toute  une. série  d'affections  engendrées  chez  l'homme  par  Tabus  des 
liqueurs  spirituenses.  Variées  dans  leur  phénoménalité,  ces  affections  se  touchent 
jur  un  lien  commun  qui  les  resserre  et  en  fait  un  tout  univoque.  Ce  lien,  c'est  la 
cause  qui  les  produit  et  qui  leur  imprime  un  cachet  spécial.  Malgré  ce  trait 
d'imion,  les  manifiBatations  symptomatiques  de  l'akoolisme  se  divisent  tout  natu- 
rellement en  deux  groupes. 

Tantôt  elles  sont  simplement  des  effets  immédiats  et  passagers  d'un  excès  ih 
liûi:»sfais  enivrantes  :  Yakooliame  est  aigu.  Tantôt  elles  sont  la  conséquence  d'un 
usage  répété  et  longtemps  continué  de  ces  mêmes  boissons  :  V alcoolisme  est  chro- 
nique. A  la  vérité,  il  n'est  pas  toujours  facile  d'établû*  nettement  et  pratiquement 
les  difi&*ences  qui  séparent  ces  deux  groupes,  de  dire  où  lun  commence,  oA 
l'autre  se  termine  ;  mais  celle  distinction  n'en  est  pas  moins  légitimée  par  la  diver- 
sité et  surtout  par  la  durée  des  modifications  que  subit  l'économie  en  pareil  cas. 
En  effet,  tandis  que  dans  Valcoolisms  aigu  ces  modifications  ne  sont  que  passa- 
gères, et  disparaissmit  avec  la  cause  qui  leur  a  donné  naissance,  sans  'lai&^r  de 
traces  de  leur  passage  ;  dans  Y  alcoolisme  chronique,  au  contraire,  elles  sont  persis- 
tantes et  parfois  tellement  profondes  et  durables  qu'elles  portent  leur  influonct^ 
Juarpie  sur  la  descendance,  au  point  que  l'abus  prolongé  des  spiritueux  peut  être 
compté  parmi  les  grandes  causes  de  dégénércscaice  de  l'espèce.  De  là  un  certain 
ilegré  do  similitude  entre  l'alcoolisme  chronique  et  certaines  mabdies  constitution- 
nelles, telles  que  la  scrofule,  la  syphilis,  etc. 

Ainsi  compris,  l'alcoolisme,  en  raison  de  l'usage  toujours  croissant  des  boissons 
spiritueuses  et  des  besoins  impérieux  qui  résultent  de  leur  abus,  doit  être  regarda 
comme  l'un  des  plus  grands  maux  de  l'humanité  et  rangé  au  nombre  des  mala- 
dies les  plus  fréquentes  du  cadre  nosologique.  A  ce  point  de  vue,  en  effet,  il  110 
Êmt  pas  craindre  de  dire  que  l'intoxication  par  l'alcool  a  sa  place  h  coté  des  m:iln- 
dies  les  pins  fréquentes,  et  sans  vouloir  donner  ici  une  statistique  exacte,  ou 
peut  affirmer  que  la  mortalité  déterminée  pai*  cet  empoisonnement  est  dans  In 
proportion  d'un  vingtième  environ  pour  les  hôpitaux  de  Paris  ;  c'est  du  moins  ce 
qui  nous  semble  résulter  de  recherches  commencées  depuis  plusieurs  années  sur 
cet  intéressant  sujet.  Ce  fait  ne  doit  pas  surprendre,  car  on  lit  déjà  dans  une  note 
anneiée  aux  Principes  d*hygiène  de  Louis  Odier  (p.  282,  Genève,  1810)  : 
<  M.  Muret,  ayant  eu  la  curiosité  d'examiner  dans  le  registre  mortuaire  d'une  ville 
de  la  Suisse  combien  de  morts  pouvaient  être  attribuées  à  Tivrognerie,  en  trouva  le 
nombre  r  grand,  qu'il  estimait  qu'elle  tue  plus  de  monde  que  les  fièvres,  les  pleu- 
résies et  toutes  les  maladies  les  plus  perfides  et  les  plus  meuilrières  (voy.  Pricc' 
(ht  Reversionary  PaymentSy  vol.  11,  p.  250).  )> 

L*alcoolisme,hien  que  sa  dénommination  soit  de  date  récente  et  que  notis'Va  ilé- 


\ionB  k  Magnus  Huss,  n'est  pas  une  maladie  nouvelle.  L'abus  des  liquem  spiq- 
tiieusesest  en  effet  presque  aussi  ancien  que  le  monde  et  se  retrouve  à  Vbnque  pn<^e 

es.  L^^s  Indiens  (L.  F.  Maury,  Crotjanees  defaiiiixpiite)  ei'W 


di*  l'histoire  des  |)enples. 


OHi  ALCOOLISME  (rATiioiociK). 

Chinois  (l* Empire  cliinois,  par  M.  Hue,  anc.  niiss.apost.,  l.  Il,p.  a89)  ftMMtti>«iiit 
les  liqueurs  spiritueuses  depuis  un  temps  fort  éloigné.  Ils  pratiquaient  Tart  de  b 
distillation  longtemps  avant  tous  les  autres  peuples  (Morefaead^  On  ebriaûng  U- 
quors,  p.  i07,  in  R.  Baird  Hist.  des  Soc,  de  Temp,  Paris,  1836,  in-8). 

Dès  les  temps  les  plus  reculés  aussi,  Tusage  immodéré  des  liqueurs  sptritaeuse> 
éveilla  l'attention  des  législateurs.  A  Lacédémone,  Lycurgue,  au  dire  de  PluUn}ur, 
faisait  enivrer  les  Ilotes  pour  inspirer  aux  citoyens  le  dégoût  de  Tivresse.  A 
Athènes,  Dracon  punissait  de  mort  les  ivrognes. 

Rome,  à  sa  naissance,  était  frugale  et  sobre  ;  il  n  en  fut  pas  de  même  phis  Uni, 
lorsque  Varron  et  Caton  le  Sévère  eurent  répandu  la  vigne  et  le  vin  ;  alors  Tivro- 
^merie  devint  fréquente  ;  mais  dès  cette  époque  aussi  on  punit  sévèrement  le^ 
délits  commis  dans  l'ivresse.  Enfin,  selon  César  et  Tacite,  les  peuples  que  somnit 
Rome  n'étaient  pas  beaucoup  plus  sobres  que  les  Romains  eux-mêmes  ;  les  Ger- 
nuiins,  entre  autres,  n'étaient  pas  un  modèle  de  tempérance. 

Cependant,  si  l'on  consulte  les  ouvrages  de  médecine  ancienne,  on  trouve  qu'il 
y  est  à  peine  fait  mention  de  l'alcoolisme,  qui  est  devenu  Tun  des  fléaux  de  no^ 
jours.  En  revanche,  cette  maladie  est  signalée  par  des  poètes  et  des  prosateur^. 
notamment  par  le  précepteur  de  Néron,  bien  placé  pour  ce  genre  d'observation  : 
«  Inde  pallor,  et  uervoruni  vino  madentium  tremor,  et  miserabilior  ex  cnidîlatibu» 
t|uam  ex  famé  macics  ;  iude  incerti  labentium  pedes,  et  semper,  qualis  in  i^ 
ebrietate,  titubatio  ;  inde  iii  totam  cutem  humor  admissus,  distentusque  veoUr. 
dum  maie  assuescit  plus  capere,  quam  poterat  ;  inde  suffusio  lurid»  Ûlis.  ei  de- 
(«lor  vultus,  tabesque  in  se  pulrescentium,  et  retorridi  digiti  articulis  obrigeaon- 
tibus,  nervorumque  sine  sensu  jacentium  torpor,  aut  palpitatio  sine  intenoûasioiie 
vibrantium.  Quid  capitis  vertigines  dicam?  Quidoeulorum  auriuoique  tonneoia,  et 
ccrebri  exaestuantis  vcrminaliones?...  »  (Sénèque,  epist,  95,  §  16.) Ti^emUemeol, 
anestbésie,  vertiges,  .tintouins,  délire,  dyspepsie,  ictère,  ascite,  anasacque,  i^i- 
cliexie,  tel  est,  en  effet,  l'énoncé  rapide  des  principaux  accidents  de  l'al- 
cool isnie. 

Ce  que  fut  plus  tard  l'abus  des  boissons  spiritueuses  aptes  la  clmte  de  Rouie, 
on  ne  le  sait  que  trop.  En  Ai*abie,  Haliomet,  dit-on,  trouva  le  vice  de  l'ivrognehi' 
tellement  répandu,  qu'il  crut  nécessaire  de  proscrire  totalement  le  vin.  Dans  notre 
France,  Charleniagne  défendait  déjà  de  provoquer  à  boire  et  à  trinquet^  et  depuî> 
cet  empereur  plusieurs  édits  ont  été  publiés  relativement  à  l'abus  des  liqueurs 
fermentées;  mais  pour  la  plupart  ils  furent  mal  exécutés.  Le  vin,  la  bière,  le  ridie 
et  quelques  autres  liqueurs  enivrantes  provenant  de  la  fermentation  du  suc  d'un 
|ietit  nombre  de  plantes,  étaient  jusque-là  les  seules  boissons  spiritueuses  ooii- 
nuos.  Le  onzième  siècle  vit  naître  une  nouvelle  liqueur  de  la  disltUatioii  du 
vin.  Fabriquée  dès  l'ori^dne  par  les  Arabes,  elle  reçut  le  \\(xn  à'alcohel^  et  fut 
regardée  d'abord  comme  un  poison,  plus  tard  comme  mi  remède  (aquA  viUt)  H. 
au  seizième  siècle,  comme  une  panacée  universelle.  De  très-boone  heure  on  m 
distribua  aux  ouvriers  employés  dans  les  mines  de  Hongrie  ;  eu  1581,  les  Angh» 
s'en  servirent  comme  d'mie  sorte  de  cordial  pour  leurs  soldats  qui  faisaient  alor^ 
la  p:uorre  dans  les  Pays-Eis  [Annales  de  Cambden,  1581).  Eu  France  surtout, 
l'usage  de  cette  liqueur  ne  manqua  pas  de  se  répandre.  En  1514,  Louis  Xli  aooonif  « 
la  communauté  des  vinaigriers  de  distiller  les  eaux-de-vie^  et  dès  1678,  leur  veiiUr. 
au  lieu  d'être  réservée  comme  autrefois  aux  pharmaciens,  se  fait  publiqaemctii 
dans  les  rues.  Bientôt  aussi  la  chaumière  du  pauvre  et  le  palais  du  riclie  ne  fitffiii 
plus  à  Tabri  des  désastres  produits  par  cette  liqueur  pernicieuse. 


ALCOOIISMR  (pvTii^iftr.ir).  617 

\u  diK*huiluMnc  ï>ik*lc,  l'abus  do  roaii-do-vie  s';>ecix)îl  oiiooi*e  ;  mai.^  c'«l  surtout 
ihns  le  noi'd  de  l'Europe  que  cette  boisson  \a  exercer  ses  l'^vages.  Il  ftîi  constaté 
i{uVii  17d4  Saint-PétendKiurg  perdait  annuellement  nh  cent  trente-cinq  indi- 
vidus par  l'eau-de-vie.  En  Suède,  le  privilège  de  la  vente  de  ces  liqueurs,  établi 
liiiTiiislave  III,  vers  Tannée  1783,  y  maltiplia  tellement  le  vice  de  rivrogiieri/», 
i|iril  fallut  bientôt  renoncer  à  cette  branche  de  revenu.  Li  bière  fut  la  boissdn 
ordinaire  des  classes  laborieuses  en  Angleterre  jusqu'au  vbgne  de  Guiltaume  et  do 
Varie;  mais  l'usage  des  boissons  spiritueuses  ayant  été  introduit  dans  les  habitudes 
du  peu|]ie  anglais,  par  un  acte  du  parlement  pour  rencoaragement  de  la  distilla- 
tion, on  vit  bientôt,  en  1744,  totitcs  les  boutiques  de  la  capitale  vendre  de  IVait- 
do-îie.  Les  médecins,  celte  fois,  firent  remarquer  qu'un  grand  nombre  de  personnes 
étaient  victinesdecet  abus,  et  de  la  la  loi  qui  le  défendit.  Ce  ne  fut  cepetuhnl 
•{uVn  1751  que  des  mesures  prises  par  le  gouvernement  parvinrent  à  ramener  la 
(«iBommation  de  la  bière  à  la  mékne  qumitité  qu'antérieurement. 

L'introduction  des  liqueurs  spiritueuses  aux  Etats-Unis  d'Amérique  da<e  fle$ï 
premiers  étafaliâsements  des  colonies  anglaises  dans  cel  pays  ;  mais  pendant  kmg^ 
temps  la  consommation  en  fut  excessivemeat  limitée,  k  funeste  erreur  qu'elles 
i^Nil  utiles  à  l'homme  en  santé  ne  fut  répandue  dans  la'raasse  du  peuple  qu'api 
la  révolution  américaine.  Durant  cette  grande  lutte,  une  ration  de  spiritueux  fut 
distribuée  journdlonent  a«x  soldats  pour  les  aider  à  supporter  les  fatigues  de  la 
i^Mierre,  mais  un  certain  nombre  d'entre  eux  coutraotèrent  la  funeste  passion  âe 
l'alcool  et  en  portèrent  le  goût  dans  la  société. 

Deux  causes  peuvent  être  assignées  à  l'extenaion  croissante  de  la' coiisommation 
(les  boissons  spiritueuses  dans  œ  pays.  C'est  d'abord  la  position  géographique  (|ui 
le  place  dans  le  voisinage  de&  Antilles,  et  ensuite  l'abondance  des  matières  qui 
peuvent  servir  à  la  fabrication  des  alcools.  Le  seigle  et  le  mais  surtout  sont  employés 
dans  la  préparation  du  whisky.  La  consommation  des  liqueurs  spiritueuses  evi  i8^8 
était  de  deux  cent  soixante-treize  à  trois  cents  millions  de  litres  (R.  Baird,  p.  5). 

Nous  pourrions  suivre  ainsi  la  marche  et  Textensioa  de  l'abus  des  liqiienrs'al- 
indiques  dans  les  différentes  parties  du  monde.  Nous  arriverions  de  cette  façon  h 
montrer  que  l'inage  de  ces  boissons  est  progressif  et  qufil  menate  partoiA  phis  ou 
moins  la  santé  publique,  le  bieu'^tre  physique  et  moral  des  peuples.  Un  tel  sujet 
n'est  certes  pas  sans  intérêt;  toutefois,  comme  nous  aordas  l'occasion»  de  revenir 
Mjr  cette  importante  question  à  proposde  latopogn]Mede  TaloQolisme,  nous  prions 
l<*  lecteur  de  vouloir  bien  se  reporter  à  œtte  partie  de  notre  travail. 

I.  Alcoouskb  AIGU.  Intoxkationaiifné par  l'alcool.  Nous  comprenais  sous cett^ 
dénomination  l'ensenlble  des  désordres  passagers  qui  se  montrent  dn  côté  des  sy^ 
lènws  organiques  et  du  système  céphak>*rachidien  en  ijorticulier,  comme  eonsé-'' 
tpience  immédiate  des  excès  alcooliques. 

Anatamie  patholt^gique.  Les  lésions  anatomiques  rencontrées  cliex  les  indi- 
vidiLs  qui  succombent  à  une  intoxication  alcoolique  aiguë  demandent  à  être  exa- 
minées dans  chacun  des  appareils  organiques  :  commençons  par  l'appareil  digertif. 

L'estomac  contient  un  liquide  acide,  aigre  et  parfois  des  aliments.  La  muqueuse 
^i  rouge,  injectée,  couverte  de  sugiliations,  d'ecdiymosesméme  (M.  Gasté,  Mém. 
de  méd.  et  chirurg.  tntftt.,  t.  LIV,  p.  338;  1843).  Dans  quelques  cas,  l'infiltration 
[Minilente  des  parois  de  cet  organe,  des  abcès  sous-muqueux,  ont  pit  être  rapportés  à 
<Y(te  intoxication  (Ijeudet,  Deiulcère;  Raynaud»  Bull,  de  la  Soc.  anal. y  sér.  Il, 
vol.  VI,  p.  189, 1861). 

l/intestin  n'offre  pas  en  général  do  changemenU  appréciables  ;  mais  on  aurait 


618  AL€ÛOLISMB  (rjCTiiOL«Gis). 

vu  siurvouii'flas  lié))aLUe8  suppiut^c^s  à  la  «lile  d'oxcèn  alcodiqiioiai^iis  (CniBBiin. 
(la  M,  BéreDger-Fon-aud  ;  voir  plus  loiu,  p.  6«iO)« 

Nous  lie  conniussHMis  rien  de  précis  wr  Tétat  analooiique  do  la  rate  et  dis  iviiw. 
quoique  008  derniers  organes,  eommo  nous  lo  dirons  ÛenUH,  semUanl  KuscppU* 
liles  de  modifbationii  anatoniiques  par  l'ii^gestion  d  une  abondante  cimntilé  de  li- 
(|uourspirituoiKso. 

lie  corvoaiu,  les  pouoions  et  leoc^ur  sont  In9  organes  dont  l'altération  est  le  fèm 
con»taate  :  «  Dam  la  mort  par  l'ivresse,  le  eerveau,  les  pouttons  et  le  oanir,  dit 
M,  De^rergie  {Méd.  légale,  2<  édit.,  1840,  t.  I,  p.  iOft),  sans  oflkir  d'dlératimi 
lot^le  limitée»  ciroeosorite,  présente  au  oontmire  un  état  de  plénitude  générait^  du 
svstème  vasculaii^e^  tant  des  vaisseaux  des  membranes  du  cerveau  que  daa  prinô- 
paux  troncs  vascuJaires  veineux  ifxi  se  rendant  au  cour,  ainsi  qu'une  eoiontioii 
rouge  brique  plus  ou  moins  fonoée  du  tissu  pulmonaire.  » 

Sur  sept  individus  qui  avaient  auocondié  en  état  d'ivtease^  M.  Iknlieu  a  trouvé 
dansdeox  ca$  une  apoplexie  pulmonaire;  dans  eioq,  une  bénMirrhogie  méainpt'*' 
Doux  fois  il  y  avait,  outre  répanchement  sainguki  de  la  cavité  andnMidienne,  un 
épHnch^ment  dans  les  ventricules  kténaux,  avec  destruction  de  leura  pnrois  et  de  b 
cloison  interveniriciilaire.  Dana  trois  cas,  le  cerveau  exhabiit  une  odour  aioooliqiir 
tirès-forie,  le  sang  renfermé  dans  le  coiur  et  les  vaiaseaia  était  noir  et  liquide  ;  mv 
fais  seulement  lo  oœnr  <^ntenait  quelques  eaiUots  peu  nombraux  et  peu  comiBlanbi 
(ÀfmaL  4;,hyg.  et  de  méd.  Ug.,  t.  LUX,  p.  390, 18é8). 

De  ces  faits  le  savant  professeur  de  médecine  légale  a  déduit  ia  pcoposiCien  soi- 
VBOte  ;  K  II  est  permis  d'avancer  que  dans  la  mort  survenue  dans  l'état  d'ivrf"«^. 
r,apoplexie  pulmonaire,  et  snrteiitr&poplexieméningée/sont  des  lésions  siooiicoii- 
stontesi  du  moins  extrêmement  fréquentes  et  presque  camctéristiquea.  »  Morgagni 
{De  ^âiHus  et  cauiia  mùrb.)  avait  ;  déjà  •  signalé  Texiatence  de  l'apopleiir 
sanguine  du  cerveau  dans  la  mori  subite  8urveiiu6pendantrivfes8e,etM.Flôariib»a 
trouvé  dm  lo$  oiseaux  ompeiifiotÉiiés  par  Tatoeol  une  eSusioo  sanguiae  octtipai 
bl.baaedu  cer>'det,  el  panibis  visible  à  traiwrs  loa  parois  du  orâne  {Becherekti 
epapéi\^  sur  le^prepr.  et  les  féHct,  âuêystàme  nerveux^  3«  édit.,  p.  4M), 

Ainsi  la  congestion  et  les  hémorrhagies  des  méninges,  ou  mâiDe  dn  «rveao. 
peuvent  âtre  la  conséquence  de  l'intoxication  aloooKquo  aiguë.  Ces  lésions  man* 
quont  quelquefois  pourtant  ;  car  MM.  Lallemand,  Perrin  et  Duroy  ne  les  ont  pi^ 
constatées  sur  les  chiens  empoisonnés  par  Taleoûl. 

liOs  ventricules  cérébraux  renfemient  en  outre,  le  plus  sontont,  une  sénHtd' 
abondante  qui  parfois  exhale  une  odeur  alcoolique  (Wepfer  et  Schrader,  an  rsp 
port  de  J.  Frank,  TreUé  de  pathologie  interne  Parii,,  1840,  t.  Ili,  p.  16(M; 
Ogslon  a  constaté  l'existenee  de  cette  odeur  partioulièro,  qu'a  aussi  notée  M.  I« 
])rofosscnu*  Tai'dicu.  Nous  avons  été  à  môme,  peur  notre  eompte,  de  vérifier  Li 
justesse  de  ces  observations,  noiHseulement  pour  le  cerveau  et  le  contenu  tl^^s 
ventricules,  mais  pour  la  plupart  des  organes,  et  le  foie  en  particulirr. 

Les  poumons  sont  congestionnés  ;  quelques-uns  de  leurs  lobulea  sont  afbiicw. 
brunsitn^,  ils  sont  privés  d^air,  camiAés,  mais  néanmoins  insufllafales  et  ann 
friabilité;  d'autres  lobules  sont  infiltrés  de  sang,  et  lorsqu'on  y  pnrtiqiie  une  inn> 
sion,  il  son  échappe  une  sérosité  spumeuse  et  sanguinolente.  Le» bronches  ^«aii 
muges  et  injectées. 

M.  Gasté  a  trouvé  une  hmnclioopneumonie  chei  deux  individus  morts  en  état 
d'ivros.s<*.  M.  Bérengor-Ferraud  nous  a  dit  avoir  observé  un  catt  «ualngiie:  plusimi^ 
auleur<)  ont  égnlomenl  parlé  do  pneumonies  survenues  A  rnrcnsiou  ou  |»r  Miii» 


ALCOOLISME  (path^loaie).  010 

(l'oxrès  alcâoliquos.  La  question  de  savoir  si  La  pnrnmonin  i^OMt  ètro  causéo  par 
l'aUis  des  spiritueux  est  délicate  (H  diflTirile  à  résoudre.  Nous  y  lY^viondrons  plus  loin. 

Le  cflNir  et  les  vaisseaux  ne  sont  ])as  altérée,  uAais  leur  oiembraue  inUrno  Qst 
ordinairrinent  ooloréc  par  on  sang  noir,  liquide,  méluagé  de  caiUols  peu  volumbioux 
ivmplissant  en  partie  les  cavités  du  coaur  et  des  grosses  veines.  Dans  leurs  inié* 
lissantes  recherches  sui^  la  physiologie  des  alcooliques,  NH.  Lallemaïul,  Perriu  et 
Duroy  sont  parvenus  à  extraire  une  certaine  quantité  d'alcool  du  saiig,  du  ceneau 
d  du  foie  d'un  soldat  qui  avait  succombé  à  la  ^uite  d'un  excès  d'eau-tle-vie  {loc* 
cit.^  p.  155;  voir  aussi  plusluiut  ;  Alcool,  actimpkywlogique). 

Toile»  sont  les  principales  modifications  anatonûques  qui  résultent  de  l'empoir 
soimement  aifni  par  l'alcool;  ces  lésions,  ainsi  qu'on  a  pu  le. remarquer,  ne  sont 
|ia<  sans  offrir  une  grande  aoalo^e  de  composition  ^l  d^  caraclères  as^ee  s<n>- 
Uables  ;  elles  se  résument  ainsi  qu'il  suit  :  congestiou  aocoa4)aguéQ  ou  non  d'bé* 
monrhagie,  tant  à  la  surface  des  toiles  mpmhraneuses  qua  dans  réjiaisseur  {\(^ 
(«renchymes  ;  plus  rarement  iitfliimmatioasi  rapidement  suppuratives  des  principaux 
viscères,  les  poumons,  le  ibie  ou  même  la  cerveau,  ,    , 

Sympiômat.  Du  côlé  des  fonotious  digestives  se  mouireut  quelquefois  k&  pre* 
miers  troubles  de  raloodisma  aigu.  Les  sécrétions  du  tubf  digestif»  d'abprd  mr 
crues,  86  tarissent  bientôt  et  peu  à  peu,  du  fiioins  chût  les  individus  qui  n  oui  pas 
l'habitude  de  boire, 

La  bouche,  chez  eux,  est  sèche,  la  .salive  est  épaisse;  une  sensation  de  brAlmiç 
!i«>  fait  sentir  à  l'épigastre  ;  il  y  a  de$.  nausées  et  qnelquetots  des  vomiâsemrnts 
répétés.  Ordinairen)6nt  ce  dei-nier  symptàfiie  dispsuraitafise%  vite  ;  le$  luUresi  M  oûxït 
tntiro,  peuvent  perâter  pendant  plusieurs  jours. 

Lnsotf,  en  eiïet,  reste  vive,  la  bouolie  pàteuse,>  amère  ;  la  âalive  est  visqueusTk 
1.1  langue  estchargée  d*un  enduit blanehâtra,  et  L'appétit  e«t  md.  Il  y  a  persistante 
dune  gène  plus  ou  moins  grande  à  l'épigastre.  Le  mabdo  éprouve  ilds  mpports, 
(l(>s  aigreurs;  il  accuse  des  borborygmes,  des  coliques,  et  parfoia  il  est  pris  d*unc 
(lianhée  bilieuse.  Les  digestions,  dans  ces  oouditiMHis,  sont  péniMes  on  même  iior 
(ossiblos  pendant  plusieurs  jours.  Ot  ensemble  phénoménal  constitue  la  gastre*6i|- 
u'rupathifi  alcoolique  aiguë  {aldooUsmus  gûstrc^testinalwaçutHê)^  par  opposition 
;nix  troubles  digestifs  que  noua  retrouvenMis  plus  loin,  et  dont  la  marche  est  ordir 
nairemenl  chronique.  * 

il  n'est  pas  extrêmement  rare  que  le  malade  se  pkiigoe  en  mémo  tamfa  do  vio* 
lentes  douleurs  du  côté  du  foie,  c'est  alors  une  véritable  hépalalgie,  symptôme  star 
ItHfuel  H.  le  docteur  Beau  a  insisté  avc€  raison  dans  un  intéressant  mômoiit)  ou  il 
lait  connaître  la  liaison  qu'il  peut  avoir  avec  Tnhus  des  spiritueux  {Arcks  gén*  de 
méd,j  série  IV,  vol.  XXV,  p.  406  et  suiv.  186i).  Dans  cpielques  cas,  survient  même» 
«iprès  plusieurs  jours,  un  ictère  qui  revêt  le  pins  ordinairement  le  csaractère  de  rie* 
tère  simple,  et  qui  parfois  acquiert  ua  certain  degré  de  gravité  ;  c'est  là  un  autHB 
s^raptâme  sur  lequel  nous  nous  proposona  de  revenir. 

Avec  l'apparition  des  premiers  troubles  digestiés  coitacideDi  ordinairement  les 
ilésordres  nerveux  connus  sous  le  nom  àHvresse  (encéphalo-myélopalhie  alcoolique 
aiguë,  alcoolisme  cérébro-spinal  aigu).  Leur  prédominance  est  telle  qu'ik  ont,  mais 
:i  (ort,  à  peu  près  uniquement  fixé  l'attention  dos  médecins. 

Au  bien-être  général  que  détermine  tout  d'abonl  nue  petite  quantité  de  liquetu 
^^Hritueuse  succède,  sous  l'influence  d'une  ingestion  plus  abondante,  luic  exciiation 
::éoérale  :  la  force  musculaire  s'accroît,  les  yeux  brillent,  une  gaieté  plus  que  na- 
UmMe  érlat4',  les  simcis  sont  bannis,  la  figure  est  resplendissante,  nnimtV,  los  idées 


(lOo  ALCOOLISME  (pATiiotOGif). 

M)nl  pi'p^.sér's  (^1  nljoiidunles,  le  couraïu'o  tiilropidl?,  la  sciiMbilUé  cuill^';  suruMii 
nii  sentiment  de  vcilige  agréable  d*nboixl,  plus  brd  péiiiMe;  la  vue  s'ofaRcuirû. 
parfois  elle  est  double;  il  y  a  des  tintouias,  des  bourdonnements  d'oreilles  ;  peu 
après  les  sens  s'émmissent,  la  déniarcbe  devient  ineertaine  et  vacillante,  la  paroi** 
embarrassée,  les  idées  se  snceèdent  avec  désordre.  Aux  inspirations  d'nn  e>pril 
stimulé  succède  un  bavardage  inepte,  des  discours  sans  liaison  ;  le  courage  dés*'*- 
nère  en  témérité  et  la  joie  est  ettnivagante,  le  caractère  toame  à  fai  suscepti- 
bilité, à  la  défiance,  à  Tirascibilité,  les  jugements  perdent  leur  justesse,  ils  di'- 
viennent  incomplets,  hasardés,  durs,  incohérents  ;  l'esprit  devient  mordant,  insipide, 
(■e  n'est  plus  quun  flux  désordonné  d'idées  qui  finit  par  faire  place  à  un  Téritablc 
délire.  »  (Ch.  Roesch,  Annales  d'hygiène^  première  série,  t.  XX,  p.  7.)  Alors,  dit 
i.  Frank  {Traité  depatholog.  inL,i,  III,  p.  159),  chacun  découtre  avec  candeur, 
sincérité  et  sans  dissimulation  ses  moeurs  et  son  caractère,  d'où  l'adage:  In  vimf 
v(^*itas.  En  efîet,  l'homme  colère  s'irrite,  frappe  et  mord;  Thomme  passiuninr 
sonpire,  embrasse;  le  sot  se  met  à  rire  et  fatigue  de  ses  présents  ceux  qui  n'en 
veulent  pas;  l'homme  triste  verse  des  larmes,  parle  de  la  religion  et  de  la  mort. 

La  conception  délirante,  cependant,  n'est  pas  toujours  en  rapport  aTee  Tétit 
monil  ph>'5iologique.  Les  exceptioas  i\  cette  règle  sont  nombreuses  :  souvent  m 
\t)il  des  hommes  timides  changer  complètement  de  caractère,  devenir  querelleiirs 
cl  méchants  ;  des  individus  polis  et  méticuleux  se  montrer  grossiers  et  enirepiv- 
nnnts.  (Compendium  de  médecine ^  article  Ivresse.) 

A  cette  période,  les  mouvements  perdent  leur  précision  :  ils  sont  hmaque». 
iiiooordonnés  ;  les  yeux  sont  hagards ,  la  démarche  incertaine,  saccadée,  difficile. 
titubante,  souvent  elle  finit  par  devenir  impossible,  et  le  malade  tombe.  A  l'exal- 
tation de  la  sensibilité  succède  l'analgésie,  une  anesthésie  plus  ou  moins  ooinpièli> 
et  générale,  manifeste  surtout  aux  extrémités  ;  l'intelligence  s'anéantit  peu  à  peu; 
survient  en  dernier  lieu  un  état  de  coUapsus  plus  oa  moins  profond,  avec  reli- 
chemcnt  des  sphincters  et  la  dilatation  des  pupilles,  (^ton  a  vn  ces  derniers  pbéfMK 
mènes  snccéderà  un  resserrement  pupillaire  {Edinburgh  Med.  and  Surg.  Jmm„ 
1842). 

Pendant  ce  temps,  la  respiration  et  la  circulation  subissent  des  modification^ 
^lariées.  La  respiration  est  d'abord  accélérée,  sonrhjthme  est  trouMé,  la  qiianlit«'' 
d'acide  carbonique  expiré  est  moindre,  il  existe  une  sensation  de  gène,  de  consth«'- 
tton  tlioracique  avec  dyspnée  ;  plus  tard,  bi  respiration  se  ralentit,  elle  s'embarrafo**. 
devient  profonde,  stertoreuse,  le  sang  engorge  les  poumons,  et  des  muonâu^ 
remplissent  les  bronches  :  c'est  un  véritable  état  d'asphyxie.  Ilans  certains  cas,  oii 
a  pu  constater  tons  les  signes  de  l'apoplexie  ou  de  l'iiiflammaiion  des  poumoib 
Len  battements  dn  cœm*  se  précipitent,  les  veines  jugulaires  se  gonflent,  les  ar- 
tères du  cou  battent  avec  énergie,  la  face  s'injecte.  La  région  dn  coeur  est  lesii^'t 
do  palpitations  plus  ou  moins  violentes.  L'exfiérience  a  prouvé  qu'à  la  suite  d'um* 
injection  d'alcool  dans  les  veines  la  colonne  mercurielle  de  rhémodvnamomîtn* 
monte  d'abord  pour  redescendre  ensuite  (Royer*Collard,  Thèse  de  concoure. 
Paris,  t837). 

La  sécrétion  urinaire  est  accrue  et  par  bi  quantité  de  boissons  ingéféci  et  pv 
une  action  propre  de  l'alcool  sur  les  reins  ;  plus  tard,  les  urines  diminaflnt  àr 
quantité,  ];arfois  elles  sont  rendues  involontairement.  Leur  examen  pendant  b 
période  d'ivresse  a  rarement  été  fait,  et  ou  connaît  peu  la  modiiicatioB  qu'elle^ 
subissent  alors.  Dans  quelques  cas,  on  les  a  trouvées  albumineuses  quelques  Jours 
après  un  excès  de  boissons.  M.  le  docteur  Voisin  a  dernièrement  rapporté  un  Uii 


ALCOOLISME  (patholucik).  G!21 

tif  ce  geurc;  eu  voici  un  autre  que  nous  avons  été  à  même  d'observer  dam  le 
sf'nice  de  la  clinique,  auquel  nous  sonmies  attaché.  Un  homme  âgé  de  vingt-huit 
:uis,  robuste,  se  livre  pendant  trois  jours  à  des  excès  presque  continus,  il  boit  envi- 
iTHi  vingt  litres  de  vin;  il  prétend  quil  n*a  pas  éprouvé  les  phénomènes  de 
l'ivresse,  mais,  deux  ou  trois  jours  plus  tard,  il  ressent  une  douleur  violente  au 
niveau  de  la  i*égion  hypochondriaque  droite,  son  teint  se  décolore,,  ses  jambes 
s'œdématisent  ;  il  entre  à  Thôpital  le  soir  du  septième  jour  après  Texcès  de  boisson. 
A  son  entrée,  les  urines,  peu  colorées,  sont  manifestement  albumineuses  ;  le  len- 
demain, on  y  constate  à  peine  des  traces  d  albumine  ;  le  s  jours  suivants  le  précipité 
albumineux  est  plus  abondant;  dix  jours  plUs  tanl,  douleurs  dans  la  région  rénale, 
mines  sanguinolentes,  précipité  floconneux  abondant  par  la  clialeur  et  ïac'nh 
nitrique,  globules  sanguins  dans  les  urines,  cylindies  iibrineux ,  cellules  épilliéliales , 
;{i-aimleuses,  globules  gras  ;  céphalalgie  violente,  qui  cècîe  à  un  lavement  purgatil*. 
Au  bout  de  quelques  jours,  les  urines  repremieut  leur  teinte  normale,  l'albu- 
iiiiuurie  disparaît  à  peu  près  totalement;  le  malade,  qui  sent  ses  forces  revenir, 
ileniaude  sa  sortie. 

L'excès  de  boisson  fut  la  seule  cause  à  laquelle  parut,  à  M.  IlérarJ  comme  à 
moi,  devoir  se  rattacher  cette  albuminurie  aiguë  et  passagère.  Kapproché  do 
lobsenration  de  M.  Voisin,  ce  fait  semble  indiquer  que  dans  certaines  cii-con- 
slaiices,  l'albuminurie  peut  être  liée  à  Tintoxication  alcoolique  aiguë.  En  paieil 
cas,  il  y  a  tout  lieu  de  croire  qu'il  existe  une  modification  du  tissu  des  reiiii^ 
rt  ))rincipalcment  des  épithéliums  des  tubuli  :  comme  Tictère  et  la  [Nieumo- 
nie,  cette  dernière  affection  se  montre  en  général  quekjues  jours  après  Vexais 
alcoolique. 

fiCS  fonctions  génératrices  subissent  un  peu  le  sort  de  toutes  les  autres.  Excité 
lorsque  les  premiers  effets  de  l'intoxication  alcooli(|ue  se  font  sentir,  l'Iiommc  est 
(fabonl  invité  au  plaisir  de  l'amour.  Hais  si  le  coït  est  plus  fréquent,  dansées  con- 
ditions, il  est  vraisemblable  qu'il  est  moins  productif;  à  une  période  plus  avancée, 
les  fonctions  génératrices  faiblissent  ainsi  que  toutes  les  autres.  La  peau  est  habi- 
luellement  le  siège  d'une  sueur  abondante,  elle  olVre  une  odeur  légèrement 
«'dcoolique,  moins  prononcée  toutefois  que  celle  qu'exhale  la  muqueuse  pulmonaire, 
A  l'injection  et  a  la  chaleur  de  la  surface  cnitanée  au  début  de  l'intoxication  succè- 
dent, dans  les  cxis  graves,  l'aliaissement  de  la  température,  la  pâleur  ou  une  teinte 
Molacée  des  lèvres  et  des  extrémités  en  rappoit  avec  les  désordres  de  l'hématose. 

Li  description  qui  précède,  tableau  aussi  fidèle  que  possible  des  principaux  sym- 
|Homes  de  l'intoxication  aiguë  par  Talcool,  ne  donne  pas  encoie  toutes  les  nuances 
>\iiiptoinatiques  propres  à  cet  empoisonnement.  L^s  manifestations  de  l'alcoolisme 
^'igii  varient,  en  elfet,  avec  la  nature  et  la  dose  du  jjoison,  avec  Tùge,  le  sexe, 
le  |iliis  ou  nioiiis  d'aptitude  aux  liqueui*s  spiritueuses,  les  dispositions  particulière^ 
dt's  individus,  les  climats,  les  saisons,  les  rac«s,  les  conditions  sociales,  etc. 
I>e  là  résultent  des  formes  nombreuses  sur  les(pielles  nous  reviendrons  dans  le 
'ours  de  cet  article  (voi/.  Étiologie).  Pour  l'instant,  nous  nous  conleutemns  de 
diiv  quelques  mots  des  variétés  les  plus  importantes  de  cette  intoxiciition, 
U  fonne  convulsive  et  la  forme  apoplecticpie  (ivresse  couvulsive,  ivresse 
•tpplectique). 

La  forme  oonvulsive  de  l'alcoolisme  aigu  a  été  décrite  piir  Percv  sous  le  nom 
A'ivresse  convulsive  (Dict»  des  sciences  ind(f.,t.  XXVI,  p.  249). 

Tout  excès  de  li(|ueurs  fortes,  de  boissons  spiritueuses,  peut  produire  l'ivre^^HJ 
«umulsive,  surtout  dans  un  temi)érament  irritable;  le  vin  nouveau,  le  vin  factice. 


im  ALCOULISHiâ  (patuoluuie). 

celui  (|iron  a  atUîré  pr  i*;ulditioiid'n!coo1,  et  avaut  tout  reau-dc- vie  dof,a*aiii»  cl  ik 
genièvre,  en  sont  les  principales  causes. 

Los  elTcts  immédiats  de  c(^  boissons  ne  se  Ifaduisent  pas  toujours  |iar  des  mou- 
vements convulsifs,  mais  jwir  un  état  d'ivresse  assez  lé^cr  pour  permettre  au  lual- 
hourcux  buveur  de  marcher  et  de  pouvoir  se  promener.  Une  douleur  violente  se  l'ait 
bicnl()t  sentir  h  l'estomac  ;  la  tèli*,  dcji\  embarrassée,  s'égare  tout  à  fait,  le  front  r>t 
le  siège  d'une  doulem^  aiguë  qui  jwrte  machinalement  à  y  appuyer  la  main  ;  le^ 
yeux,  l)rillants,  deviennent  hagards,  présage  d'une  frénésie  imminente;  le<  ten- 
dons soiïi  ogités  de  soubresauts;  la  respiration  est  profonde  et  stcrtoreuse;  les  nau- 
st^'os  se  mêlent  ;\  tous  ces  sjTtiptùmcs  et  les  convulsions  suix^ent  de  près  ;  «judquelbi- 
elles  éclatent  tout  à  coup  au  milieu  du  sommeil,  ou  plutôt  de  cette  stupeur  ani- 
male dans  hupielle  jette  l'ingiu-gitation  de  l'estomac.  Alors  le  malade  peut  se  pré- 
cipiter par  la  Icnétre  ou  se  blesser  dangereusement  en  se  roulant  sur  le  \ra\v  on  ^■ 
heurtant  la  léte  contre  les  mui^ou  contre  le  Iwis  de  son  lit.  Percy  a  vu  iKTir  AiV\ 
individus  de  cette  manière. 

liCs  mâchoires  sont  serrées,  le  malade  |K)usse  des  cris  inarticulés  ou  profère  d'-- 
liiu-oloï^  incohérentes  ;  il  n'a  pas  la  conscience  de  ce  qui  se  passe  autoiu*  de  lui,  Kim 
que  queliiuefois  il  injurie  les  assistants  et  cherche  à  les  frappr.  Cet  étil  d'c\a<<i- 
bation  se  lerniine  néanmoins  presque  toujours  d'une  façon  heureu2»e. 

Percy  recommande  de  tenir  le  malade  au  lit,  les  cuisses  assujetties  aiei-  If- 
draps  passés  en  Iravei-s,  de  provoquer  les  vomissements  par  des  injections  ab'»ndant<^ 
treau  tiède  et  non  i)ar  Pémétique,  qui  n'est  pas  sans  danger.  Plus  taiil,  tnx  admi- 
nistre les  calmants. 

IjCS  faits  qui  se  rap|3ortent  à  cette  fonne  ne  sont  pas  extrêmement  nrc^ 
MM.  Lallemand  et  Perrin  (p.  167)  ont  eu  l'occasion  d'en  obsei-ver  plusieurs  daii^ 
les(|uels  les  convulsions  se  déclarèrent  au  milieu  du  sommeil  avec  une  liolciic 
telle  que  quatre  hommes  vigoureux  allient  de  la  peine  à  contenir  le  malade,  auqui'l 
la  pâleur  de  la  face  et  l'immobilité  des  pupilles  donnaient  une  physionomie  as^i 
jwrticulière.  Nous  avons,  pour  notre  compte,  rencontré  des  cas  analogues  ilaib  !•'- 
Iiopitaux  de  Paris.  Trop  fréquemment  diagnosticpie-t-on  alors  une  attaque  dV|»!- 
Iej)sie. 

Une  autre  forme,  dite  apoplectique,  se  caractérise  par  l'état  comateux  iLni- 
leipiel  le  malade  tombe  en  général  rapidement.  Le  coq»  est  fixiid  et  iiuieubible,  b 
respiration  stcrtoreuse,  Tœil  vitreux  et  atone;  le  jwuls  est  misérable,  a  jieiiH'  j»*i- 
ceptible.  Sans  l'odeur  alcoolique  ([u'exhale  le  malade,  on  jxjurrait  croire  à  w» 
liémori'liagie  cérébrale.  La  mort  est  parfois  rapide,  sinon  subite. 

Il  est  im|K)rtantde  noter  que  ce  it'est  [tas  toujours  à  la  grande  quantité  d*.!!!!"»! 
ingérée  qu1l  faut  attribuer  ces  synqHômeb  différents,  mais  souvent  à  des  ttinditimh 
s|)éciales,  et  en  particulier  à  l'action  du  froid.  C'est,  en  eflet,!!  la  suite  du  pv 
sage  d\ui  lieu  chaud  dans  un  lieu  froid,  en  hiver,  dans  les  pa\s  tem|»éré>,  ettu 
toute  siis4)n  dans  les  {Kiys  froids,  que  Ton  observe  la  forme  foudroyante  ou  *»[**- 
plectique. 

Marche^  durée  et  terminaison.  L'alcoolisme  aigu  accomplit  son  évolutioii  ^n 
deux  temi».  Deux  priodes  peuvent  être  distinguées  dans  sa  marche  :  la  pn^niirn 
est  caractérisée  par  l'exaltation  de  toutes  les  fonctions  organique»  ;  la  seconde,  !•» 
la  dépression  de  ces  mêmes  fonctions.  Entre  ces  deux  périodes  ^<î  trouve  un  étal 
intennédiaire,  en  général  de  courte  durée.  D'aliord  les  idées  pétillent,  la  gaiettW^ 
vive,  les  sécnHions  et  la  plupart  des  fonctions  sont  exagéiivs  ;  arrivent  le  dcî<onh<' 
des  idées,  les  vertiges,  l'incoordination  des  mouvements,  le  tix>uble  de  la  pi")"'* 


ALCOOLISME  (ràTUOLociK).  Ot^o 

des  l'oiiciious;  c  est  en  «(oelque  sorle  la  période  de  transition  ou  de  |H.*rvei'siou  loiu  - 
timuielle.  Eiifiii  les  vertige:»  continuent;  le  visage,  qvti  éUiit  injecté,  pâlit,  lus  tniils 
S4*  décomposent,  les  spliinctei's  se  relâchent,  la  pupille  se  dilate,  il  y  a  sus|)ensioii 
do  rinCelligenoe,  de  la  sonsibilité,  du  mouvement  et  des  princi|)ales  fonctionN'  de 
l'coonoaite;  c'est  une  mort  apparente,  sinon  réelle. 

La  durée  de  l'alcoolisme  ai^ii  est  variable.  Tant  f[u*il  n  existe  qu'une  ivresse 
UV'èiv,  celle-ci  se  dissipe  ordinairement  au  bout  de  (pielques  heures.  Dans  toute 
.(ulne  circonstance,  les  effet*)  de  l'intoxication  persistent  plusieurs  joui-s.  Galion, 
llanRiu,  J.  Fnuik  prétendent  que  Tivressc  habituelle  n*cst  pas  entièrement  dis- 
>i[Hx  u^-ant  le  lendemain,  h  l'heure  à  peu  près  où  elle  a  commencé.  Disons  qu'a 
(Tt  égai^  il  n*est  rien  d'absolu  :  la  durée  de  Tintoxication  aiguë  pai*  l'alcool  est  en 
oflet  sournise  à  des  oonditions  diverses  qui  chaiigeut  toujours  plus  ou  moins  la  ra- 
pi<lité  de  sa  terminaison.  Un  sommeil  profond  et  ^e  transpiration  plus  ou  moins 
abondante  sont  deux  symptômes  qui  viennent  souvent  juger  rempoisonnement 
iiigu  par  l'alcool.  La  guérison  ent  ici  la  règle  ;  mais  datis  (|irclques  cas  ralooolisniô 
.ii;;u  laisse  à  sa  suite  des  altérations  telles  que  des  liémorrhagies  méningées  ou  en- 
(vphaliques,  des  aflections  du  foie  et  des  reins ,  cpii  ne  sont  pas  toujoin's  sans  gra- 
cié: Ijft  mort  peut  être  la  conséquence  de  Fintoxication  alcoolicpic  aiguë.  OHIla, 
Oiristison  et  plnsieui*s  autres  auteurs  citent  des  cas  de  mort  t*apide  par  suite  de 
riugestion  d'une  plus  ou  moins  grande  quantité  d'eau-de-vie.  M.  Devei-gie  signale 
rivn»se  comme  cause  déterminante  de  mort  rapide  dans  quatorze  cas  sur  quarante 
.4mii.  d'htjg.  pnbl.  etdeméd,  lég.y  t.  XX,  p.  76, 1838).  M.  Tardieu  rapporte  un 
t^eiiain  nombre  d'exemples  de  cette  terminaison  (Ibid.^  t.  XL).  Celle-ci  ne  résulte 
|ns  seulement  de  l'action  des  alcooliques  sur  l'organisme,  mais  encore  des  chutes, 
(les  coups  ou  des  blessures  qui  ont  trop  sou^-ent  pour  cause  YéVxt  d'ivresse. 

Diagnostic.  Le  diagnostic  des  accidents  aigus  déterminés  par  l'abus  des  bois- 
sons alcooliques  importe  tout  à  la  fois  au  point  de  vue  de  la  pathologie  et  de  la 
médecine  l^le.  Outre  qu'il  est  un  malade,  l'homme  Ivre  est  un  aliéné,  un 
être  privé  de  raison  et  de  jugement,  et  par  conséquent  inca|iable  de  savoir  ni  ce 
«pi'il  lait,  ni  ce  qu'ii  dit  {merUis  non  eompos).  On  n'ignore  pas  non  plus  que 
'«Mivcnt  l'ivresse  est  feinte  jxir  des  individus  aput  intérêt  a  faire  croire  que  leui^ 
nian%aises  actions  en  sont  la  conséquence  {voy.  Alcoolisme,  médecine  légale). 

L'intoxication  alcoolique  aiguë  et  légère  est  en  général  facile  fi  reconnuitre  ;  il 
nVii  est  pas  de  même  de  l'ivresse  portée  à  un  haut  degré.  Certaines  lésions  niaté- 
nelles  du  cerveau  ou  du  cervelet  (congestion,  hémorrhagie,  piralysie  générale), 
ceilaines  fièvres  à  leur  début,  et  particulièrement  la  fièvre  typhoïde,  ainsi  (|ue  nous 
1  avons  vu  dans  un  cas,  eiilin  les  intoxications  avec  ivresse ,  sont  autant  d'états 
t«irticuliers  qiii  parfois  engendrent  des  troubles  susceptibles  d'être  confondus  avec 
)'cm|ioisonnenient  alcoolif{ue  aigu. 

\a^  détails  commémora  tifs,  l'odeur  alcoolique  exhalée  |)ar  le  malade  j  suflisoiit 
ordinairement  pour  faire  éviter  toute  erreur  de  diagnostic;  cefiendant  un  cas  endnirras>* 
sinl  d'affection  encéphalique,  disent  MM.  Monneret  et  Fleury  (Conip.,  t.  V,  p.  467)', 
^<  celui  de  l'homme  ivre  qui  est  pris  de  congestion  cérébrale  ou  d'apoplexie*  Sou- 
vent le  médecin  croit  n'avoir  à  combattre  que  l'ivresse,  et  s'aperçoit  bientôt  qu'une 
ItVion  plus  grave  existe  dans  le  cerveau.  Le  diagnostic  n'est  pas  toujours  possible 
en  pareille  circonstance.  D'autres  fois  on  croit  à  l'existence  d'une  hémorHiagie  céré- 
brale chez  un  sujet  qui  est  entièrement  rétabli  le  lendemain,  et  sort  de  l'hôpital. 

Chez  les  marins  et  les  soldats  anglais,  ({ui  sont  généralement  ivrognes,  il  faut, 
dit  Trotter  (Anatamy  ofDrunkenneêft),  beaucoup  de  discernement  pour  distinguer 


<>24  ALCOOLISME  {vxJuohiHiit), 

rinesbju  de  la  lièvre  typhoïde  ;  eu  tout  cas  la  difficulté  ue  saurait  être  de  lon;;ui 
durée,  la  lièvre  et  ses  ucce<soiros  ne  peuvent  tarder  a  lever  tous  les  dcmtc»  à  «vi 


égard. 


Parmi  les  nombreux  agents  dout  les  elTets  sur  lorganisnie  peuveut  sùuuitr 
Tivresse  alcoolique,  citons  les  substances  uarcolico-âcres,  telles  que  la  juaquiaar. 
la  belladone,  le  datura  stranionium,  Tivraie  enivrante,  et  surtout  le  tabac,  l'ofiaui 
et  le  Uascbich  {voy,  ces  mots). 

Relativement  à  la  œmjKiraison  de  Tivresse  narcotique  et  de  Tivresse  alcoobqut*. 
voici  le  tableau  qu  en  l'ail  M.  Ubermann  {L&s  fumeurs  iTapium  en  Chine^  Pari^. 
1862):  ((  l/ivresse  naixrotique,  comme  1* ivresse  alcoolique,  saocompagiic  dUm 
stinmlation  pliysique  et  intellectuelle  ;  toutes  les  passions  individuelles  sont  m^ 
en  jeu  et  excitées  à  uu  haut  degré  ;  puis,  après  cette  ébullition,  il  y  a  réaction  «pii 
consiste  en  lui  ailaiblissement  ^néral,  suivi  d'uu  sommeil  profond  ;  seulemeol  l 
sounneil  narcotique  arrive  généralement  plus  vite  que  le  sommeil  produit  |ur 
l'alcool,  et  s'accompagne  de  rêves  et  d'images  qui  manquent  d'ordiiiaiiv  *  «y 
dernier.  » 

ProttOsUc^  L'intoxication  alcoolique  aiguë  n'est  p>is  loujoors  saus  gn>iU: 
nous  siwons  que,  portée  à  un  degré  extrême,  cette  intoxication  peut  déterminer  b 
mort,  tellement  que  H.  Devorgie  a  observé  co  mode  de  termiuaison  qnaUira.*  ftn^ 
sur  quarante. 

D'après  Sussuiilcli,  le  nombre  des  individus  nKM'ts  à  lioudi'es,  pendant  Tixn^ 
même,  a  été  de  27  depuis  1686  jusqu'en  i  710,  de  499  depuis  1711  jusqu'en  ITr^. 
et  de  631  depuis  17r>6  jusi^u'en  1758  (Roescb,  loc,  cit.,  p.  66;.  Ces  diiffrts,  e< 
licaucoup  d'autres  que  nous  pourrions  citer,  indiquetil  suUisamment  le  danger  dt^ 
alcools  pris  à  dose  toxique.  Dans  l'intérêt  de  la  médecine  et  de  la  ma^ale,  il  »eriil 
à  désirer  qu'on  tînt  loujoui*s  et  partout  avec  le  même  soin  les  tables  de  inoruli!' 
produite  par  l'ivresse. 

II.  Alcoolisme  chromqce.  Synonymie.  Morbus  ex  abusu  alkohoUcarum 
chronicus,  moiifvjs  potatorutn  ckronicm.  —  Chronische  Vergiflungen  dunk 
Alholwl  und  alkoholische  Gelrànke,  -^  Ivrognerie,  crapule,  etc. 

Sons  la  dénomination  lïalcoolisme  chronique^  nous  entendons  une  maladie  t 
évoluUon  ordinaii'ement  lente  et  progressive,  causée  par  l'abus  prolongé  des»  Un^ 
sons  spiritueuses,  caractérisée  auatoniiquemeut  par  des  inllammations  spéual'^ 
non  suppnratives,  ou  |jar  des  dégénérescences  graisseuses  des  oi^aiies;  >yni)4<>- 
niati({uenient  par  des  troubles  fonctionnels  divei's,  portant  principalement  Mur  h^ 
systèmes  nerveux  et  digestif. 

NcNMH(r»i»lilc.  g  1.  Appareil  DK  LAm^ESTioN.  Les  organes  digestifs,  a|i|N-ii'^ 
à  recevoir  et  à  absorber  les  lx)issons  spiritueuses,  sont  par  ce  fait  même  plu»  tp* 
les  autres  viscères  exposés  à  l'action  des  agents  alcooliques.  C*est  qu'aux  effets  tii 
l'alcool  pénétrant  tous  les  tissus  ptir  la  circulation  s'ajoute  ici  1  action  t<ipii|u- 
il'nne  substance  iiritante  sur  la  nmqueusc  digestive  et  sur  celle  de  Testoniv  <« 
particulier.  L'étude  des  altérations  de  cette  muqueuse  doit,  pour  cette  raisoiu  |>n- 
céder  la  description  des  modifications  pathologiques  des  glandes  amieies  et  «Vr* 
a|)pareils  organiques. 

a.  Tube  digestif.  Chez  un  bon  nombre  de  buveurs,  la  muqueuse  linguale  ytr- 
Siuitc  une  coloration  rouge  anormale,  elle  est  fendillée,  dépourvue  d'épitliêliuoi. 
Sis  {Kipilles  sont  voluinincuses,  liY])erti'opl liées. 

(x;l  étal  (larticulicr,  (pie plusieui-s  auteurs  ont  ess;i^cde  rattachera  laiieulMii 


ALCOOLISME  (pathologie).  625 

nous  avons  eu  Toccasion  de  le  noter  plusieurs  fois,  mais  uniquement  chez  des 
buveurs  qui  faisaient  usage  de  la  pipe  et  abusaient  du  tabac,  de  telle  sorte  qu*il 
pourrait  se  faire,  et  c'est  assez  notre  avis,  que  ce  dernier  agent  fût  plutôt  que 
l'alcool  la  cause  de  cette  lésion  de  la  muqueuse  linguale. 

Les  mêmes  réflexions  sont  applicables  à  la  muqueuse  pharyngée,  qui,  dans  les 
mêmes  circonstances,  devient  le  siège  d'une  coloration  rouge  anormale  et  d'une 
modification  analogue  à  celle  de  la  muqueuse  de  la.  langue.  Il  ne  saurait  en  être 
de  ménœ  toutefois  à  l'égard  de  la  muqueuse  stomacale,  dont  l'intégrité  se  conserve 
rarement  chez  les  individus  adonnés  depuis  un  certain  temps  à  l'usage  des  spiri- 
tueux. Les  modifications  que  subit  cette  muqueuse  sont  manifestement  dues  h  l'in- 
fluence des  boissons  alcooliques,  et  le  degré  d'altération  qu'elle  présente  est  géné- 
ralement en  rapport  avec  le  degré  de  concentration  des  liqueurs  absorbées  et  l'état 
de  plénitude  ou  de  vacuité  de  l'estomac  au  moment  de  leur  ingestion.  Gastrite  sim- 
fU-  ou  ulcéreuse,  telle  est  l'expression  qui  résume  le  mieux  les  lésions  variées  de 
Te^tomac  dans  l'alcoolisme. 

\a  gastrite  alcaoUqtie  simple  est  une  affection  relativement  fréquente,  et  que 
caractérise  une  modification  anatomique  assez  particulière.  L'estomac  conserve 
rarement  ses  dimensions  normales  ;  tantôt,  et  ceci  plus  particulièrement  au  début 
d<?  l'altération,  la  cavité  de  cet  organe  se  dilate,  ses  parois,  non  indurées,  sont  plu» 
tôt  amincies;  tantôt,  au  contraire,  et  en  général  plus  tardivement,  cette  même 
ai\ité  petite,  rétrécie,  arrive  à  présenter  une  capacité  qui  ne  dépasse  pas  celle  du 
ci)lon  transverse.  D'une  façon  générale,  la  dilatation  de  l'estomac  se  rencontre  de 
préférence  chez  les  buveurs  de  bière,  tandis  que  le  rétrécissement  appartient  plutôt 
aux  buveurs  d'eau-de-vie.  La  coloration  de  la  muqueuse  est  changée  ;  à  la  teinte 
niH^e  a  succédé  une  riche  injection  rougeâtre,  sous  forme  de  plaques  disséminées, 
occupant  surtout  la  région  voisine  du  cardia  et  la  petite  courbure.  D'une  étendue 
qui  varie  de  quelques  millimètres  à  plusieurs  centimètres,  ces  taches,  dues  A  une 
vascularisation  extrêmement  riche  et  vraiment  remarquable ,  ne  font  ps  de  saillie 
a)iprécial>le,  mais  elles  sont  quelquefois  parsemées  de  points  brunâtres  ecchymo- 
tiques.  Leur  présence  caractérise  le  premier  degré  de  l'aflection,  et  ce  qui  prouve 
que  cette  modification  est  bien  sous  la  dépendance  de  l'abus  des  spiritueux,  c'est 
iion-seulement  parce  qu'elle  se  rencontre  surtout  chez  les  buveurs,  mais  aussi  parce 
qu'il  est  en  quelque  sorte  possible  de  la  reproduire  à  volonté.  Il  résulte  en  effet 
de^  expériences   pratiquées  par  le  docteur  Beaumont  sur  son  Canadien,  que  la 
muqueuse  stomacale  devient  au  contact  des  alcooliques  le  siège  d'un  érythème  plus 
ou  moins  marqué,  qu'elle  se  couvre  de  taches  aphtheuses  et  de  gouttelettes  de 
sang.  Quant  au   suc  gastrique  sécrété  en  pareille  circonstance,  mélangé  à  une 
noUble  quantité  de  mucus  et  teinté  de  sang,  il  ressemble  à  des  matières  prove- 
nant de  l'intestin  dans  certains  cas  de  dysenterie  chronique. 

A  une  période  plus  avancée,  c'est-à-dire  quand  les  excès  ont  été  longtemps  répé- 
té>,  la  muqueuse  épaissie,  ferme  et  comme  rétractée,  présente  une  tciutc  grisâtre 
pointillée  de  noir  (pigmentisation),  sons  forme  de  plaques  plus  ou  moins  étendues, 
et  disséminées  dans  les  différentes  régions  de  l'organe,  particulièrement  dans  la 
répon  moyenne,  à  quelques  centimètres  du  pylore.  Les  replis  longitudinaux  de  la 
muqueuse  sont  en  général  saillants,  la  consistante  de  cette  muqueuse  est  plus 
ferme,  elle  est  tantôt  indurée  (Ogston,  Edinh.  Med,  andSurg.  Joiint.,  t.  XL),  tan- 
tôt plus  friable  et  véritablement  ramollie  (Peters,  in  New-York  Janrn,  of  Med. 
Science^  vol.  III,  n"^  9).  Sa  surface  interne  est  couverte  d'un  mucus  épais,  visqueux, 
inuisparent,  et  parsemée  de  petites  saillies  formées  par  l'hypertropliie  des  glao. 

DicT.  E^c.  II.  40 


6*26  ALCOOLISME  (patuoloqie). 

dules  de  l'estomac  le  plus  souvent,  ainsi  que  nous  Tavons  remarqué,  siomiso  .*i 
une  dégénérescence  granulo-graisseusé. 

Dans  certains  cas,  assez  rares  il  est  vrai,  le  tissu  conjonclif  sous-muqueux,  )• 
tunique  musculeusc  elle-même,  participent  à  cette  hypertrophie,  ainsi  que  root 
vu  MH.  Gharcot  et  Yulpian  (Bullet,  de  la  Soc.  de  Biologie),  et  que  nous  avon^ 
été  à  même  de  le  vérifier  dans  plusieurs  cas,  et  c'est  alors,  si  on  n'y  prend  garde, 
qu'il  est  facile  de  confondre  les  lésions  produites  par  les  spiritueux  avec  une  affection 
cancéreuse.  Hais,  suivant  la  judicieuse  remarque  du  professeur  Leudet,  de  Roiien 
{Des  ukèf'es  de  Vestomac,  à  la  suite  de  Vabus  des  alcooliques,  Rouen,  t863K 
ces  hypertrophies  partielles,  tantôt  sessiles,  tantôt  pédiculées,  coexistent  ordiiui* 
rement  avec  d'autres  altérations,  et  en  particulier  avec  des  ulcérations  de  la  mu- 
queuse gastrique,  circonstance  qui  conduit  nécessairement  à  rapporter  ces  diferse»» 
lésions  à  la  même  cause,  c'est-à-dire  à  une  phlegmasie  consécutive  aux  alcoolique^. 
Avec  ces  lésions  coïncide  quelquefois  une  véritable  gastrite  phlegmoneuse  aiguë,  mh- 
ceptible  de  se  terminer  par  la  suppuration  du  tissu  sous-muqueux  et  de  donner  lie» 
à  une  infiltration  purulente  ou  à  des  abcès  sous-muqueux  plus  ou  moins  nombreui. 

Cette  altération,  que  nous  n'avons  pas  eu  l'occasion  de  rencontrer,  a  été  obsenCr 
par  plusieurs  auteurs,  par  le  docteur  Leudet  en  particulier,  sur  des  indi^idm 
^donnés  aux  liqueurs  fortes,  et  ce  médecin  distingué  n'hésite  pas  à  la  rattadier  i 
l'action  de  ces  liqueurs.  La  gastrite  phlegmoneuse  serait  donc,  dans  certains  cas 
un  effet  de  l'alcoolisme.  C'est  une  manière  de  voir  à  laquelle  nous  nous  associons 
volontiers,  n'ayant  aucune  objection  à  y  faire.  Cependant  nous  ferons  remarquer 
que  si  l'inflammation  adhésive  est  une  lésion  fréquente  dans  l'alcoolisme  chroniqii<*. 
l'inflammation  phlegmoneuse  suppurative  y  est  au  contraire  extrêmement  rart*,  r( 
n'appartient  guère  qu'à  l'alcoolisme  aigu. 

La  gastrite  alcoolique  ulcéreuse  est,  comme  sa  dénomination  l'indique,  es!?!*!!- 
tiellement  caractérisée  par  la  présence  d'une  ou  de  plusieurs  ulcérations  I  la  sarît^r 
de  la  membrane  muqueuse.  Beaucoup  plus  rare  que  la  gastrite  chronique  simplr, 
lésion  habituelle  aux  vieux  buveurs,  la  gastrite  ulcéreuse,  déjà  signalée  par  fJo- 
sieurs  auteurs  chez  les  individus  qui  faisaient  excès  d'alcooliques,  a  été  demièn- 
ment  l'objet  d'un  travail  plus  spécial  de  la  part  du  professeur  Leudet,  qui  a  ajout' 
plusieurs  faits  à  ceux  déjà  connus  ;  ces  faits,  et  quelques-uns  qui  nous  sont  per»)* 
nels,  vont  nous  permettre  d'essayer  la  description  de  cette  manifestation. 

Quelquefois  simple,  mais  le  plus  souvent  multiple,  l'ulcère  de  l'estomac  «^ 
susceptible  d'occuper  les  différentes  régions  de  cet  organe,  celles-là  même»  qui 
ordinairement  sont  le  siège  de  la  gastrite  simple.  Le  plus  souvent  placé  au  som- 
met d'ampliatiou  de  la  muqueuse  superficielle,  et  en  général  borné  à  cette  se«l^ 
membrane,  il  ne  produit  qu'exceptionnellement  la  perforation,  et  oonsîsie  tant^ 
en  une  simple  érosion  de  quelques  millimètres,  dont  le  plus  grand  diamètre  cor- 
respond à  celui  de  l'estomac,  tantôt  dans  une  perte  de  substance  plus  étendu^, 
à  bords  mousses  à  peine  indurés,  ayant  plusieurs  centimètres  de  diamètre  ;  d  au- 
tres fois,  enfin,  le  désordre  anatomiquc  est  en  voie  de  réparation  ;  l'eu  rencnntn 
des  cicatrices  étoilées  et  rayonnées  avec  adhérence  au  tissu  sous-jaceiit  épaissi,  <'t 
qui,  par  leur  teinte  blanchâtre,  tranchent  sur  la  coloration  noire  pigmeotaire  de  b 
muqueuse  de  leur  voisinage.  La  possibilité  de,  suivre  en  pareil  cas  les  divers- 
phases  du  processus  morbide  ne  peut  laisser  aucun  doute  sur  l'origine  ou  la  valeur 
syniptomatique  de  ces  cicatrices,  qui  sont  ordinairement  multiples,  à  peine  <l<'^ 
primées  et  parfois  dis|X>sées  en  groupes.  Assez  rarement,  disofis-le,  ces  cicalrio-^ 
donnent  lieu  à  un  rétrécissement  stomacal  ou  pylorique. 


ALCOOLISME  (pathologie).  637 

Outre  les  caractères  que  nous  leur  avons  assignés,  les  ulcères  dont  il  s'agit  se 
font  encoi*e  remarquer  par  la  coloration  de  leurs  bords  et  de  leur  partie  centrale. 
Souvent  il  est  facile,  en  effet,  de  constater  à  leur  centre  la  présence  d'un  caillot 
sanguin,  rougeâtre  ou  jaunâtre,  et  sur  leurs  bords,  au  milieu  d'une  injection  mar- 
({u/'C,  on  trouve  parfois  aussi  des  taches  brunâtres  ou  même  de  petits  foyers  san- 
puius.  Dans  d'autres  circonstances,  le  fond  de  l'ulcère  est  simplement  grisâtre; 
l'examen  microscopique,  en  tout  cas,  nous  montre  au  niveau  de  ces  pertes  de  sub- 
>tiiiœ  la  présence  de  la  matière  colorante  du  sang  sons  forme  de  grains  plus  ou 
nioins  volumineux,  l'existence  de  quelques  globules  graisseux  et  la  destmction  plus 
ou  moins  complète  de  la  muqueuse  gastrique.  Li  présence  pour  ainsi  dire  constante 
lie  rhématosine,  comme  aussi  la  disposition  de  certaines  ulcérations  sous  forme  de 
traînées  allongées,  dans  le  sens  de  la  direction  des  vaisseaux,  sont  deux  circon- 
stances qui  méritent  d'être  rapprochées;  elles  semblent  expliquer  en  effet  le  méca- 
nisme de  foimation  de  quelques-uns  au  moins  des  ulcères  alcooliques  de  l'estomac, 
ta  indiquant  que  ces  lésions  peuvent  avoir  leur  point  de  départ  dans  l'altération  et 
loblitération  consécutive  d'un  ou  de  plusieiu^  des  petits  vaisseaux  de  cet  organe. 
Des  lésions  précédentes  nous  rapprochons  le  ramollissement  de  la  muqueuse 
^iibtrique  (Peters,  New-York  Journal  of  New  Science,  vol.  III,  n«  7),  état 
morbide  qui,  d'ailleurs,  appartient  au  même  ordre  anatomico-pathologique,  et 
lie  doit  pas  en  être  séparé,  puisqu'il  est  la  conséquence  ordinaire  d'un  état  phleg- 
masique  spécial.  Chez  une  malade  dont  nous  avons  autrefois  rapporté  l'observation 
{Ga:>ette  médicale,  1859),  l'estomac,  couvert  de  sugillations  sanpruines,  offrait  un 
amollissement  notable  avec  coloration  bleuâtre  de  la  muqueuse  dans  toute  l'éten- 
due de  la  région  pylorique.  Le  simple  lavage  était  suffisant  pour  faire  disparaître 
«ette  muqueuse  en  bouillie;  l'impression  des  doigts,  à  plus  forte  raison,  mettait  â 
au  les  tuniques  sous-jacentes.  Cette  femme,  qui  depuis  longtemps  faisait  abus  de 
vin  et  d'eau-de-vie,  s'était  livrée  quelques  jours  avant  sa  mort  à  de  nouveaux  excès, 
ipu  cette  fois  amenèrent  une  terminaison  funeste. 

Des  lésions  du  genre  de  celles  qui  précèdent  se  rencontrent  quelquefois  dans 
l'intestin  des  buveurs,  surtout  au  voisinage  de  l'estomac.  C'est  ainsi  que  Leudet 
lObserv.  I,  lac.  cit.)  a  observé,  dans  la  dernière  portion  de  l'œsophage,  des  ulcé- 
i^tions  analogues  à  celles  qui  siégeaient  dans  la  muqueuse  gastrique  du  même 
malade;  dans  d'autres  circonstances,  la  muqueuse  du  duodénum  a  paru  rouge, 
injectée,  couverte  de  plaques  vasculaires  arborescentes  ou  épaissies,  grisâtre,  ar- 
doisée, mais  non  ulcérée.  Les  glandes  et  les  villosités  de  cette  portion  de  la  mu- 
queuse intestuiale  sont  en  général  hypertrophiées,  et  quelquefois  modifiées  dans 
leur  structure. 

I/intestin  grêle  est  rarement  affecté  dans  l'alcoolisme  ;  mais  il  n'en  est  pas  do 
moine  du  cœcum,  où  l'on  voit  reparaître  des  altérations  très-analogues  à  celles  de 
l'estomac,  â  savoir  :  l'épaississement  avec  induration  et  coloration  ardoisée  de  la 
inui{ueuse,  l'hypertrophie  des  glandules,  et  parfois  des  ulcérations.  Quelques  faitsT 
«'établissent  l'existence  possible  de  ces  lésions  dans  le  i^estc  du  gros  intestin;  nous 
le^  avons  nons-même  observées  dans  trois  cas,  alors  qu'elles  ne  semblaient  pas 
devoir  se  l'attacher  à  une  autre  cause  nue  l'alcoolisme.  La  membrane  muqueuse 
«|ni  en  était  le  siège,  plus  épaisse  et  plus  ferme,  avait  une  coloration  grisâtre  ou 
iitloisée. 

Certaines  lésions  consécutives  de  l'estomac,  et  en  piirticulier  celles  qui  résultent 
d'un  obstacle  apporté  à  la  circulation  de  la  veine  porte,  soit  par  une  cirrhose, 
>«jit  |ttr  une  affection  cardiaque,  les  lésions  urémiqucs,  propres  aux  malades  affec- 


6*28  ALC00L1S)IK  (pathologie). 

tés  d*uue  dégénérescence  des  reins,  certaines  manifestations  cancéreuses  etauni 
tout  le  cancer  épithélial,  telles  sont  les  altérations  qui  se  rapprochent  le  plusdt^ 
désordres  anatomiques  de  Testomac  consécutifs  à  l'abus  des  boissons  alcooliqu^^ 
Ces  lésions  se  distinguent,  les  premières  par  leur  coïncidence  avec  râiïectioii  dt 
l'un  des  organes  cités,  les  dernières  par  des  caractères  spéciaux  et  par  la  cociis- 
tence  habituelle  de  lésions  analogues  dans  d'autres  parties  du  corps.  Dans  qup)q»<^ 
circonstances,  cependant,  on  peut  éprouver  de  (la  difBculté  à  assigner  à  h  \è^m 
stomacale  sa  véritable  origine.  C'est  quand  chez  un  individu  adonné  aux  liqueu^ 
fortes  il  existe  une  altération  du  cœur,  du  foie  ou  des  reins,  en  même  iem^ 
qu'une  modification  de  la  muqueuse  stomacale.  On  saura  alors  que  la  pîgmentaliai 
de  la  muqueuse,  survenant  à  la  suite  d'un  obstacle  mécanique  à  la  circulation, 
a  son  siège  d'élection  à  la  région  pylorique,  qu'elle  forme  un  pointillé  uniforme  et 
non  des  taches  disséminées  et  noirâtres,  ainsi  qu'il  arrive  dans  la  gastrite  aloooliquf  : 
,  que  d'autres  fois  la  muqueuse  de  l'estomac,  bien  qu'épaissie  dans  l'intoiication 
urémique,  ne  présente  cependant  pas  la  coloration  et  la  dureté  qu'on  observe  dan^ 
Talcoolisme,  où  les  ulcères  sont  d'ailieui^  plus  fréquents  et  accompagnés  de  sugil- 
lations  sanguines  qui  ne  se  retrouvent  pas  lorsqu'il  s'agit  d'une  lésion  urémiqn*' 

Ces  sugillations,  la  multiplicité  et  le  peu  de  profondeur  des  pertes  de  substanor. 
tels  sont  les  caractères  qui  permettent  de  distinguer  anatomiquement  la  gastrite  ul- 
céreuse alcoolique  de  l'ulcère  simple  ou  même  de  l'ulcère  cancéreux  de  restomx. 
qui  sont  ordinairement  uniques,  profonds,  à  bords  toujours  décollés  ou  indurés. 

Les  lésions  intestinales  pourraient  être  confondues ,  soit  avec  des  ulcération^ 
tuberculeuses,  soit  avec  certaines  modifications  provenant  d'une  intoxication  uré- 
mique ;  mais,  en  général,  les  ulcères  tuberculeux  occuiient  de  préférence  la  denii^' 
[jortion  de  l'intestin  grêle,  où  ils  revêtent  fréquemment  une  disposition  semi-cir- 
culaire .  Quant  aux  lésions  urémiques ,  leur  siège  de  prédilection  est  plultit  i 
dernière  portion  du  gros  intestin. 

A  ces  différentes  lésions  du  tube  digestif  correspondent  en  général  des  t^oulJ^ 
fonctionnels  divers. 

La  dyspepsie  est  un  de  ces  principaux  symptômes  ;  elle  revêt  un  cachet  spkvù, 
et  ne  larde  pas  à  se  montrer.  L'appétit  est  troublé,  il  devient  irrégulier  et  finit  pr 
se  perdre  ;  des  gaz  se  développent  dans  l'estomac,  qui  le  distendent  et  donnent  )m 
à  un  météorisïne  plus  ou  moins  considérable  ;  des  sensations  diverses,  pincement^ 
tiraillements,  de  la  cuisson,  de  la  douleur  même,  sont  éprouvés  par  les  malades  .vi 
niveau  de  la  région  épigastrique,  et  bientôt  app:irait  l'un  des  phénomènes  di^WiS 
le  plus  caractéristiques,  la  pituite ,  triste  lot  des  ivrognes.  Le  matin  est  le  muoieii^ 
où  se  montre  ce  symptôme,  pour  ainsi  dire  inséparable  de  la  première  période  d* 
l'alcoolisme,  et  que  Hufeland  désignait  par  la  dénomination  de  vomitus  matutitiMf 

Après  son  réveil,  sinon  lorsqu'il  descend  de  son  lit,  le  buveur  éprouve  une  sen- 
sation pénible  de  nausée  ;  c'est  le  phénomène  précurseur  du  vomissement.  Mih 
^'effectue  presque  aussitôt,  tantôt  rapidement  et  sans  eflorts,  par  régurgitation  •  ■ 
quelque  sorte,  tantôt  plus  lentement  et  à  la  suite  de  contractions  raultiple>.  j' 
milieu  d'une  toux  fatigante  et  de  violents  serrements  de  gorge  Ordinairement  h 
petite  quantité,  la  matière  vomie  ne  dépasse  guère  un  ou  deux  verres.  C'est  w 
liquide  blanc,  filant,  visqueux,  presque  transparent  au  moment  où  il  est  rendu,  pht> 
tard  moins  homogène,  floconneux,  semblable  à  du  frai  de  grenouille,  et  qui,  Ioth^"- 
le  vomissement  vient  à  se  prolonger,  prend  une  coloration  jaune  ou  verditre,  qu  i 
doit  à  son  mélange  avec  une  plus  ou  moins  grande  quantité  de  bile  ;  en  même  teiD|>^ 
la  lx)uche  est  amore,  la  langue  pâteuse,  sèche  quelquefois,  rouge  et  fendillée,  !■ 


ALCOOLISME  (PAinoioctE).  629 

^irvive,  et,  pour  la  satisfaire,  le  buveur  ne  manque  pas  d'avoir  recours  à  sa 
litpieur  favorite. 

Les  intestins  participent  aux  mêmes  désordres;  les  malades  éprouvent  des  coli- 
4|ues,  des  flatuosités,  des  borborygnies  ;  il  y  a  de  la  douleur,  surtout  à  la  région 
ombilicale,  et  dans  quelques  cas  une  diarrhée  séreuse,  sinon  une  constipation  opi- 
niâtre. Ces  divers  troubles,  lorsque  les  habitudes  ne  changent  pas,  pei^istent  en 
lîénénil  pendant  fort  longtemps.  Les  coliques  et  les  flatuosités  ont  souvent  une 
lairche  intennittente  (gastro-entéropathie  chroni({ue)  ;  les  pituites,  toutefois,  se 
modifient  [lar  suite  d*une  sorte  d'accoutumance  de  Testomac,  ou  mieux  de  l'al- 
tération des  organes  sécréteurs  ;  Tappélit  ne  reparaît  pas,  survient  un  dégoût 
prononcé  {mur  les  aliments,  et  la  boisson  constitue  presque  Tunique  nourriture  du 
malade. 

Ces  symptômes  sont  à  peu  près  les  seuls  désordres  locaux  dans  les  cas  de  gastrite 
simple;  lorsqu'il  y  a  ulcération  de  la  muqueuse  digcstive,  d'autres  phénomènes  se 
produisent  généralement ,  mais  qui  sont  loin  d'être  constints.  Ainsi ,  pour  ce  qui 
•çt  de  Testomac,  la  douleur  est  plus  vive  et  occupe  dans  certains  cas  les  régions 
dorsale  et  xiphoïdienne  indiquées  par  les  auteurs  ;  les  vomissements  ne  surviennent 
plus  seulement  au  moment  du  lever,  on  les  voit  apparaître  <lans  le  cours  de  la  jour- 
'je,  parfois  avec  une  fréquence  telle,  qu'ils  sont  pour  ainsi  dire  incoercibles, 
lioiistitués  le  plus  souvent  par  des  matières  aqueuses,  plus  rarement  par  des  ma- 
tières bilieuses,  ils  sont  quelquefois  noirâtres,  assez  analogues,  quant  à  la  coloration, 
à  du  marc  de  c;ifé  (Lancereaux,  Gaz  méd,,  1859),  sanguinolents  ou  même  san- 
irlanLs.  11  s'agit  aloi-s  d'une  véritable  gastrorrha^ie.  Ce  dernier  symptôme  n'avait 
pas  d'ailleurs  échappé  à  J.  Frank,  non  plus  que  sa  relation  éliologique  avec  l'abus 
•les  spiritueux,  lorsqu'il  écrivait  que  le  vin  et  l'alcool  sont  une  cause  fort  com- 
mune d'hématémèse  dans  les  régions  septentrionales  (Traité  de  Pathol.  tn/.,  t.  Y, 
p.  502).  C'est  qu'en  effet  il  est  l'un  des  principaux  phénomènes  de  lu  gastrite  al- 
coolique ulcéreuse.  Suivant  H.  Leudet,  la  gastrorrhagic  s'observe  dans  le  plus 
fjTand  nondire  des  cas  d'ulcères  de  l'estomac.  Alors  on  la  voit  apparaître  peu  de 
U'raps  après  un  excès,  ou  sunenir  tardivement  et  faire  suite  à  d'autres  troubles. 
Elit  est  ordinairement  peu  abondante  et  susceptible  de  se  répéter  pendant  plusieurs 
jours;  dans  quelques  cas  pourtant  elle  a  pu  amener  une  mort  rapide,  ainsi  que 
Ta  constaté  Haberslion  {Observ.  on  Diseases  ofthe  Alimentary  Canal,  p.  75) ,  et 
ipie  nous  l'avons  noté  nous-méme  une  fois. 

Des  symptômes  analogues  peuvent  apparaître  du  côté  de  l'intestin  li^é  :  douleurs 
parfois  plus  ou  moins  violentes ,  dianhées  coUiquatives  mêlées  d'évacuations  hé- 
moniiagiqucs  dysentériformes,  ou  même  un  véritable  méléna,  tels  sont  les  désor- 
dres (pi'on  y  observe  et  qui ,  aussi  bien  ([ue  les  troubles  de  l'eslomac ,  ne  tardent 
pas  à  être  suivis  d'amaigrissement  et  de  tout  l'ensemble  {ihénoménal  de  la  cachexie. 

Les  aiïect-ions  gaslro-inU^stinales  liées  :\  l'alcoolisme  ont  en  général  une  marclio 
lente,  progressive  et  chronique;  la  gastrite  phlegmoneuseet  quelques  ulcérations 
délerniiuécs  par  un  excès  énorme  d'alcool  sont  les  seules  affections  qui  présentent 
niic  invasion  aiguë  et  une  évolution  un  peu  rapide.  Mais  ces  manifestations  sont  peu 
fnquentes  et  pour  ainsi  dire  exceptionnelles.  Les  recrudescences  en  fait  d'ulcères 
ne  sont  pas  rares  ;  un  malade  observé  par  M.  Leudet  olfrit  pendant  plus  de  vingt 
'M\s  des  recrudescences  nombreuses  d'accidents  dus  :\  un  ulcère  simple. 

La  guérison  est  possible;  ainsi  que  le  savant  médecin  de  Rouen,  nous  avons  eu 
)>lusieurs  fois  l'occasion  de  constater  la  cicatrisation  de  ces  lésions  chez  des  individus 
H"i!tvaient  fait  abus  des  alcooliques  et  ({u'une  maladie  intercuireute  avait  emportés. 


Il 


650  ALCOOLISilE  (PiiaoLociE). 

Ces  alfectioQS  n'ayant  par  elles-mêmes  aucun  signe  pathognomonique,  si  ev  nV: 
touteTois  le  vomissement  ou  les  pituites  du  malin,  il  est  évident  qu'en  l'absenc'.'  i- 
CG  signe  leur  diagnostic  ne  peut  se  séparer  de  celui  de  l'alcoolisme  oxisidéré  dyi^ 
son  ensemble.  Le  meilleur  moyen  d'arri?cr  i  reconnaître  leur  origine  (ft  don  tW 
savoir  tenir  compte  des  troubles  qui  les  accompagnent  ordinairement,  de  rem  ''i> 
particulier  des  fonctions  neneuses,  dont  nous  aurons  bientôt  à  nous  ocxuper. 

b.  Glandes  annexes.  Le  foie  est,  de  toutes  les  glandes  annexes  du  tube  di^'— 
tif,  celle  qui  subit  le  plus  tacitement  l'influence  des  alcooliques,  au  point  qu'il  <-^ 
rare  de  rencontrer  cet  organe  tout  à  fait  inbct  chez  les  buveurs. 

Les  autres  glandes,  sans  être  susceptibles  d'une  altération  aussi  fréquroie,  ii' 
sont  pourtant  pas  à  l'abri  de  toute  espèce  de  modification  anatomique.  DansuDU' 
récemment  o'bservé  par  nous,  les  glandes  parotides  A  sous-maxiliaiTes  t^im' 
molles,  jaunâtres,  et  manifestement  envahies  dans  leurs  éjHtbéliums  par  la  At-J' 
nérescence  granulc^raisseusc.  Le  pancréas,  volumineux  et  jaunâtre,  nous  a  \ir>- 
senté  six  fois  la  même  altération,  le  plus  souvent  chez  des  individus  i'hir.<'- 
d'embonpoint.  Il  arrive  de  trouver,  dans  les  mêmes  conditions,  cet  organe  |«lil. 
atrophié,  ratatiné  et,  comme  le  foie,  atteint  de  cirrbose.  Sa  consistance  alorj  >->' 
ferme,  sa  surface  indurée  et  bosselée,  sa  coloration  jaune  fonc^  ou  brunâtre.  Sj 
trame  fibreuse  est  épaissie,  son  élément  glandulaire  granuleux  en  voie  de  ir^tm- 
rescence  et  d'atrophie. 

Les  lésions  hépatiques  {«uvent  être  regardées  comme  un  tj-pe  dans  res|Ki>'. 
elles  sont  de  deux  ordres  :  suivant  qu'elles  intéressent  la  trame  de  substance  <"i<- 
janclive  ou  les  cellules  prc^res  de  l'organe,  elles  constituent  une  hépatite  ou  un- 
altération  graisseuse.  La  stéatosc  et  la  cirrhose  sont  en  effet  les  <leu\  modali'- 
pathologiques  sous  lesquelles  se  présente  l'alcoolisme  dans  le  foie. 

La  slèatose,  et  par  ce  mot  nous  entendons  un  dépôt  anormal  de  gnn-r 
au  sein  des  cellules  hépatiques,  est  un  phénomène  pour  ainsi  dire  O0R<tiii' 
chez  les  individus  qui  se  livrent  à  des  cicËs  alcooliques.  Le  docteur  Pcler^.d' 
New- York,  a  constaté  cet  état  anatomico-palliologique  du  foie  chez  \i%  buveur^  <l 
rhum  cl  d'eau-de-vie,  dans  70  cas,  et  nous-mëme  nous  l'avons  observé,  sur  90 1  <-' 
70  fois  environ.  Addison  (Guys  Bosp.  Heports,  i"  série,  1. 1,  page  4M,  if^' 
et  plus  tard  Budd  (Diseases  o(  the  hiver),  ont  également  signalé  l'influeiiiv  il- 
boissons  alcooliques  sur  ta  production  de  cette  altération  qui,  selon  Frerichsirrir.'' 
pratique  des  maladies  du  foie,  p.  250),  aurait  pour  principale  cause,  aprîs  b  t'> 
berculisalion,  la  dyscrasic  ébrieuse. 

L'état  gras  du  foie  conslilue  donc  une  alléntiou  di-s  plus  fréquentes  rhn  V- 
ivrognes  ;  mais  comme  cette  altération  se  rencontre  A  des  degrés  fort  divers,  il  ^.  • 
qu'elle  n'a  pas  toujours  tes  mêmes  ellcts.  A  ce  point  de  vue,  il  est  pc^Ue  A-  'ii- 
UnfjncT  deu\  variétés,  dont  l'une  paraît  Jusqu'à  un  certain  point  conipatiUr  .<>  ■ 
lu  mmIi',  tandis  que  l'autre  serait  généralement  accom|>agnée  de  troubles  dife^lll' 
<\v  '-M  liiîxic.  La  première  de  ces  variétés  existe  sans  qu'il  y  ait  lieu  de  la  soup 
iKi    iiifi-emenlquepar  la  connaissance  des  habitudes  du  malade. 

i:!l>'  -'observe  surtout  chez  des  individus  jouissant  d'une  santé  géiiéi3leaaléri>'': 
.11  :i|>|Mrence  bonne,  et  qui,  aprèsavoirabusé  pendant  un  certain  temps  de  bijui- 
li>ri.-,  'MU  été  emportés  tout  à  coup  par  un  accès  de  delirium  tremens  spnulj"  ■ 
>iijiiii  iflicMsioniK  pur  un  traumatisme.  Pâle  ou  jaunâtre,  mou,  un  peu  flasq!"'' 
fui'.'.  <l.iiis  ces  circonstances,  est,  la  plupart  du  temps,  augmenté  de  volume,  <1  -<" 
■nul  iiliis  épais  au  niveau  de  son  bord  libre.  Il  présente  dans  quelques  casàlj^"'' 
ijection  trî's-line,  mais  manifeste,  ordiuairement  sous  fonnedil"'''-" 


ALCOOLISMli:  (pathologie).  031 

étoiles,  ou  même  de  petites  hémorrhagies  et  parfois  des  tadies  d'un  jaune  intense, 
ressortant  plus  ou  moiiis  sur  un  fond  de  teinte  uniforme  et  due  vraisemblable- 
ment à  une  inégale  répartition  de  la  matière  grasse.  A  la  coupe  cet  organe  graisse 
le  couteau,  et  sous  le  microscope  on  constate  dans  les  cellules  la  présence  d'une 
quantité  anormale  de  gouttelettes  graisseuses.  Ces  cellules  conservent  encore  leurs 
formes  habituelles,  et  leur  uoyau  est  le  plus  souvent  resté  apparent.  Fort  peu 
diiiérente  de  la  modification  physiologique  qui  se  montre  dans  l'état  puerpéral, 
celte  altération  ne  se  distingue  pas  toujours  facilement  de  celle  qui  survient  dans 
les  fièvres  graves,  telles  que  les  exanthèmes  fébriles,  fièvre  typhoïde,  pyémiey  etc.; 
(iîjons  cependant  que  dans  l'alcoolisme  le  dépôt  graisseux  envahit  à  peu  près  égale- 
ment et  uniformément  le  lobule  tout  entier,  et  non  pas  seulement  la  périphérie, 
ainsi  qu'il  arrive  habituellement  dans  ces  dernières  maladies;  ajoutons  que  plu- 
sieui%  fois  des  erreurs  ont  été  commises  à  cet  égard. 

A  un  degré  plus  avancé  de  l'altération  dont  il  s'agit,  le  foie  présente  une 
iDloration  d'un  jaune  mat  ou  fauve  ;  sa  surface  n'est  pas  toujours  parfaitement 
lisse,  mais  granulée  ou  bosselée,  ce  qui  tient  à  la  proéminence  des  lobules  infiltrés 
ào  graisse,  au-dessus  du  tissu  qui  les  entoure;  la  consistance  est  pâteuse;  le  tissu, 
exsangue,  graisse  fortement  le  papier;  jamais  cependant  nous  n'avons  constaté 
que  son  poids  spécifique  fût  moindre  que  celui  de  l'eau.  Toujours,  en  pareil  cas, 
le^  portions  de  cet  organe  plongées  dans  ce  liquide  gagnaient  le  fond  du  vase. 
A  cette  période,  il  existe  une  augmentation  manifeste  de  volume,  principalement 
due  h  un  accroissement  en  épaisseur  ou  suivant  le  diamètre  antéro-postérieur  do 
I  organe.  Comme  souvent  le  lobe  gauche,  plus  que  le  droit,  participe  à  cet  accroisse- 
ment, et  que  le  bord  libre  est  plus  épais,  il  en  résulte  que  la  glande  hépatique  finit 
)nr  acquérir  une  forme  prismatique  rectangulaire  se  rapprochant  un  peu  de  la 
forme  cubique,  sufBsamment  caractéristique  dans  bon  nombre  de  cas,  pour  diffé- 
rencier cette  altération  des  infiltrations  graisseuses  avancées  du  foie  qui  appartien- 
nent à  la  phthisie  pulmonaire,  au  cancer  ou  à  la  fièvre  intermittente,  et  dans  les- 
quelles la  glande  hépatique,  plus  volumineuse,  conserve  néanmoins  sa  configuration 
physiologique.  Les  cellules  hépatiques,  siège  de  l'altération,  et  remplies  de  matières 
forasses,  ont  perdu  leurs  contours  anguleux,  elles  sont  arrondies,  fortement  réfrin- 
ifeotes.  La  substance  finement  grenue  de  l'état  physiologique  et  le  pigment  y  font 
généralement  défaut  ;  quant  au  noyau,  il  se  trouve  voilé  par  la  masse  graisseuse 
qui  apparaît  sous  forme  de  gouttelettes  plus  ou  moins  volumineuses.  Cette  accu- 
njubtion  de  graisse,  qui  distend  les  cellules  et  augmente  le  volume  des  dciniy 
finit  par  comprimer  les  capillaires,  et  ainsi  s'expliquent  la  décoloration  et  l'état 
exsangue  du  parenchyme  liépatique. 

La  bite  sécrétée  dans  ces  conditions  ne  paraît  pas  subir  de  changements  impor- 
tants. Quelquefois  un  peu  pale  et  ténue,  elle  est  le  plus  souvent  foncée,  épaisse,  pois- 
^nse,  brunâtre  ou  vcrdâlre  ;  la  vésicule  renferme  assez  fréquemment  des  calculs  de 
clkolestérine  pour  que,  en  ne  tenant  compte  que  des  laits  qui  nous  sont  personnels, 
il  V  ait  lieu  de  chercher  à  établir  une  relation  entre  l'abus  des  boissons  alcooliques 
et  la  formation  de  ces  corps  étrangers  ;  nous  les  avons  observés  beaucoup  plus 
auvent,  en  effet,  chez  les  ivrognes  jeunes  que  dans  toute  autre  condition  patho- 
?énique. 

L'abaissement  du  bord  antérieur  du  foie,  l'augmentation  du  volume  de  cet  or- 
gane, reconnus  à  l'aide  de  la  palpation  et  de  la  percussion,  l'absence  de  douleur, 
certains  troubles  digestifs,  tels  qu'une  digestion  stomacale  imparliiite,  accompagnée 
<l'Hn  développement  do  gaz  et  de  gonflement,  d'un  état  de  sensibilité  ex«igérée  à  la 


032  ALCOOLISME  (patuologie). 

r^on  épîgastrique,  de  selles  rares,  pâles  et  argileuses,  sinon  de  tendanee  à  la  iliar- 
rbée  ou  plus  rarement  aux  hémorrhagies,  voilà  en  somme  l'ensemble  symploin.i- 
tique  qui  paraît  !e  mieux  se  rapporter  à  Tétat  gras  du  foie,  et  ipii  peut  ooodniiv 
au  diagnostic  de  cette  altération,  lorsque  surtout  il  y  a  lieu  de  suspecter  les  Icihi- 
tudesdu  malade.  Notons  encore  avec  Addison  (loc.  cU.^  p.  479)  un  certain  chimie 
ment  dans  la  coloration  de  la  peau.  Ce  tégument  parait, 'à  Tœil,  pâle,  exsaiif^iK 
presque  demi-transparent,  semblable  à  de  la  cire  ;  au  toucher,  il  est  mou  et  Iîikp 
comme  du  satin;  quelquefois  aussi  il  est  gras  et  onctueux,  ainsi  que  nous  le  dinxb 
plus  tard;  toutefois  cette  modification  cutanée  n'est  pas  plus  que  les  symptdDie>qui 
précèdent  la  caractéristique  delà  stéatose  bépatiquedes  ivrognes;  elle  se  renoontrc 
en  effet  dans  d* autres  circonstances  oii  existe  une  altération  graisseuse  du  foie,  <*l 
dans  les  aiïections  cancéreuses  en  particulier  ;  et  de  là  résulte  que  le  diagnostic 
de  la  stéatose  hépatique,  liée  à  Tabus  des  boissons  alcooliques,  ne  peut  être  a^iiri' 
qu'à  la  condition  de  tenir  compte  des  circonstances  diverses  qui  Taccompagneut  ; 
aussi  importe-t-il  de  faire  le  diagnostic  de  la  maladie  si  on  veut  arriver  à  connaitiv 
sûrement  la  nature  et  l'origine  de  la  manifestation.  Les  conditions  de  ce  diagno«tit 
seront  établies  plus  loin. 

Vhépatite  qui  se  développe  sous  l'influence  de  l'usage  prolongé  ou  immodéré 
des  spiritueux  revêt,  en  général,  du  moins  dans  nos  climats ,  les  caractèiv^  de 
l'hépatite  interstitielle,  chronique,  cirrhose  hépatique;  beaucoup  plus  rarement 
elle  se  montre  sous  la  forme  d'hépatite  diffuse  aiguë  ;  quelquefois  enfin,  m.ii^ 
seulement  dans  les  pays  chauds,  elle  arrive  à  la  suppuration. 

Il  est  difficile  d'affirmer ,  sans  doute,  que  l'hépatite  suppurée  puisse  pruve- 
uir,  dans  les  régions  intertropicales,  delà  seule  influence  des  excès  de  boissons  alnn- 
liques,  quand  dans  nos  contrées  l'hépatite  alcoolique  est  pour  ainsi  dire  toujoll^ 
adhésive;  mais  on  ne  peut  cependant  refuser  d'admettre,  d'après  le  témoigiB;!' 
d'Annesley  {Diseases  ofthe  India^  London,  1828,  t.  !«',  p.  488),  de  Twinniiu: 
[Diseuses  ofBengal,  t.  I«%  p.  247) ,  de  Cambay  {De  la  dysenterie  des  payschand*. 
p.  27),  que  l'action  des  spiritueux  contribue  puissamment,  dans  les  cout^rl'^ 
chaudes,  au  développement  de  cette  grave  maladie. 

Une  difficulté  non  moins  grande  se  présente  relativement  à  l'hépatite  difiu^ 
aiguë  de  nos  climats.  Quelques  auteurs,  et  en  particulier  MM.  Fauconn^au-Du- 
fresne  {Maladies  du  foie  et  diipancréas  y  p.  152, 1856  ;  Frerichs,  Traité  des  mala- 
dies du  foie,  p.  418,  1862),  rangent  l'abus  des  boissons  alcooliques  parmi  l**^ 
causes  de  cette  affection,  et  quelques  faits  éparsdansla  science  semblent  donner  un 
certain  fondement  de  réalité  à  cette  manière  de  voir.  Déjà,  dans  deux  cas  de  j.iu- 
nisse  avec  inflammation  hépatique  rapportés  par  Bright,  il  est  question  d'exo^  df 
ce  genre.  Un  fait  analogue  a  été  observé  par  Frerichs  (Obs.  49,  p.  331)  ;  Horami 
{Die  Gallice  Diskrasie)  en  a  vu  un  autre  cas  cpii  se  trouve  consigné  dan^  K 
Mémoire  de  Lebert  sur  l'ictère  typhoïde  (Virchow's  Arch.  fur  path.  Anal, 
vol.  YIII,  p.  168,  1855).  Leudet  en  donne  aussi  un  exemple;  et,  dans  ces  d(*ii\ 
derniers  faits,  la  liaison  causale  panit  évidente,  en  ce  sens  qur  la  lésion  lit  siiitt>  i 
un  excès;  le  malade  du  professeur  Leudet  avait  bu  par  erreur  un  verre  daknii4. 
Disons  (ju'il  nous  est  arrivé  de  rencontrer  deux  fois  cette  altération  hépatiquo  aku^ 
qu'aucune  autre  cause  ({ue  les  excès  de  liqueurs  fortes  ne  venait  expliquei  >< 
genèse. 

Quoique  peu  nombreux,  ces  faits  ne  permettent  pas  moins  de  penser  que  ï\tvy^' 
tile  pirenchymateuse  ('.ifTuse  n'est,  dans  certains  cas,  que  la  manife^lation  d  uii' 
intoxication  alcooliiiuo,  et  ce  résultat  ne  peut  paraitn*  extraordinaire  à  qui  coniuit 


ALCOOLISME  (pathologie).  655 

racticm  des  liqueurs  fortes  sur  la  production  de  la  cirrhose  ou  hépatite  iuterstitieilc. 
Du  reste,  si  elle  e;t  quelquefois  hypertrophiée,  la  glande  hépatique,  en  pareille 
circonstance,  présente  le  plus  souvent  une  diminution  de  volume,  elle  est  pâle, 
décolorée,  et  de  consistance  un  peu  molle,  la  trame  en  est  épaissie  et  les  cellules 
hépatiques  sont  profondément  modifiées,  déformées  et  granuleuses,  sinon  détruites. 

Sans  doute  lié  à  l'altération  des  cellules,  Yictère  est  alors  un  phénomène  à  peu 
près  constant  auquel  s'associent  généralement  des  vomissements,  de  la  diarrhée,  des 
symptômes  ataxiqnes  ou  adynamiques,  plus  rarement  des  hémorrhagies.  Il  est  d'ail- 
leurs un  accident  assez  fréquent  de  Tivrognerie  ;  et,  s'il  n'est  pas  toujours^'possible 
de  le  rattacher  sûrement,  dans  ces  conditions,  à  une  altération  matérielle  du  foie, 
il  n*en  constitue  pas  moins  une  aflection  aiguë  dont  la  cause  principale  doit  être 
cherchée  dans  raJbus  des  spiritueux. 

Cet  icUrey  ainsi  que  l'a  fort  bien  indiqué  le  professeur  licudet  (Gaz.  méd. ,  p.  455) 
et  que  nous  l'avons  plusieurs  fois  observé  depuis,  n'apparaît  pas  immédiatement 
après  l'excès  alcoolique,  mais  quelques  jours  plus  tard.  Il  est  précédé  de  troubles 
^striques,  de  perte  d'appétit,  de  nausées  ou  de  vomissements  fréquemment  ac- 
compagnés de  douleurs  siégeant  à  l'épigastre  ou  à  l'hypochondre  droit  et  d'une 
augmentation  appréciable  du  volume  du  foie.  11  se  manifeste,  en  général ,  par 
une  coloration  jaune  intense  de  la  peau  ;  le  plus  souvent  apyrétique  ,  il  coexiste 
quelquefois  avec  un  ralentissement  marqué  du  pouls,  une  sédation  prononcée 
du  s)-stème  nerveux,  des  vertiges,  un  état  syncopal  (Leudet),  des  tremblements 
des  membres,  de  la  langue,  des  secousses  convulsives,  etc.  ;  il  se  termine  ordinaire- 
ment par  la  guérison  et  se  manifeste  surtout  chez  les  buveurs  de  profession,  sous 
l'influence  de  l'usage  immodéré  d'une  boisson  alcoolique  peu  étendue  d'eau,  plus 
rarement  à  la  suite  de  l'ingestion  d'une*  grande  quantité  de  vin  ou  de  bière. 

Des  diverses  lésions  que  produit  l'alcool  au  sein  du  parenchyme  hépatique,  la 
plus  fréquente  est  certainement  la  cvrhose.  La  plupart  des  auteurs  qui  ont  traité 
des  maladies  du  foie  n'ont  pas  méconnu  l'iniluence  fâcheuse  exercée  par  l'abus 
répété  des  alcooliques  sur  la  production  de  cette  altération.  Adoptée  en  Angleterre 
surtout,  où  le  foie  cirrhotique  a  reçu  le  nom  de  gin-drinket^'s  liver  {voy.  Budd, 
Diseuses  ofthe  Liver,  p.  i47,  1857),  l'opinion  que  la  cinhose  peut  être  due  à 
l'usage  immodéré  des  spiritueux  n'est  pas  davantage  contestée  en  Allemagne.  La 
relation  de  c^nse  à  effet  entre  les  excès  de  boissons  alcooliques  et  cette  affection  :i 
été  établie ,  d'une  manière  si  certaine ,  dit  Bamberger  (Virchow's  Handhuch  der 
Pathologie,  t.  VI,  p.  566, 1855),  qu'on  ne  peut  élever  aucun  doute  à  cet  égard; 
et  plu9  loin  ce  même  auteur  prétend  avoir  pu  rapporter  dix  fois  sur  trente-quatre 
la  cause  première  de  la  cirrhose  à  l'abus  des  alcooliques. 

Lebert  (Handb,  der  pract,  Med.y  vol.  I",  p.  44,  1848),  Frerichs  (Klinik 
der  Leberkrankli.j  vol.  II,  p.  293,  1858),  reconnaissent  cette  même  origine  à  la 
cirrhose,  qu'admet  encore  eu  Suède  le  savant  professeur  Magnus  Huss(/oc.  cit.,  9), 
Les  auteurs  classiques  français,  à  la  vérité,  sont  un  peu  moins  afliimatifs  relative, 
meut  à  cette  liaison  causale;  cependant  Andral  (Clinique  médicale,  4^  édition, 
Paris,  1859,  p.  419  et  suiv.)  rapporte  des  obsenations  de  cirrhose  dans  lesquelles 
les  excès  alcooliques  sont  notés  comme  l:i  seule  cause  de  la  maladie.  Becr|uerel 
iHecherches  anatomo'pathol.  sur  la  cirrhose  du  foie.  Arch.  deméd.,  1840,  3'  sé- 
rie, t.  VIII,  p.  56)  place  les  mêmes  excès  au  nombn^  des  sources  nombreuses  de  la 
cirrhose.  Requin  attribue  presque  exclusivement  lu  cirrhose  î\  rivrognerie,  au\ 
excès  habituels  de  vin,  d'eau-<le-vie,  d'absinthe  (Sufpl.au  Dict.  desdict.de  méd. ^ 
1851 ,  art.  Cirbuose,  p.  140).  Nos  recheixihes  personnelles  nous  ont  nppris  à  ce  sujet 


«»4  ALCOOLISME  (patholocik). 

I»  o&etioiis  généralement  décrites  sous  le  nom  de  cirrhcae^  toutes  ne 
pas  pour  cause  des  excès  alcooliques,  mais  seulement  un  certain 
ifY.  Li  drrbose  alcoolique  constitue  ainsi  dans  Tespèce  une  variété  nettement 
»^  (jistiiirte  de  toutes  les  autres. 

\.e  'pi  t;^  c^tte  altération  à  son  origine,  on  ne  le  sait  trop;  mais  en  tout  cas  la 
ix<m»Jirusi  (fe  Torgane  augmente,  et  bientôt  apparaissent  des  noyaux  disposés  stm 
rnBtf  i  :kjts  dans  la  trame  de  substance  conjonctive  qui  circonscrit  chacun  des 
aouL  <M  Ubule»  hépatiques,  c'est-à-dire  immédiatement  au  pourtour  des  capillaire» 
«  ^  wae  porte,  des  ramifications  des  artères  hépatiques  et  des  radicules  de* 
oMiÉMfc^  biliaires.  Plus  tard,  il  y  a  fonnation  cellulaire  sur  ces  mêmes  poinb, 
c  «st-dhdîre  dans  les  interstices  lobulaires,  d*où  épaississement  de  la  trame,  r»- 
s^nement  et  compression  des  vaisseaux  et  des  cellules  oonstituantes  du  lobule,  aug- 
BMQtation  de  volume  ;  puis,enfin,  transformation  fibreuse  des  éléments  €ODJonctit<. 
Rinât  de  l'organe  en  vertu  de  cette  propriété  d'élasticité  qui  appartient  à  tous  le> 
Issus  fibreux  de  nouvelle  formation,  dégénérescence  atrophique  et  grùfiBeuse  de> 
cvUuks,  diminution  plus  ou  moins  considérable  du  volume  de  la  glande  liépatiqw 
tout  entière  :  telle  est  la  sorie  des  transformations  subies  par  le  foie  sous  rinfluence 
des  alcooliques,  telle  est  révolution  de  l'altération  à  laquelle  s'applique  la  dénonii- 
nation  de  cirrhose  ou  hépatite  interstitielle  des  buveurs. 

Ainsi,  au  début,  augmentation  de  volume  de  lorgane  dont  la  sur&ce  périphé^ 
rique  est  à  peine  inégale  ou  granulée  ;  injection  manifeste  ;  mais  lorsque  ensuilc 
a  lieu  le  retrait,  les  inégalités  se  prononcent  de  plus  en  plus,  la  vascularisatiott 
diminue  ;  c'est  alors  surtout  que  la  glande  hépatique  revêt  un  cachet  véritable- 
ment spécilique. 

Atrophié  le  plus  souvent  à  cette  période,  rarement  du  moins  plus  %'olumineui, 
le  foie  est  le  siège  d'une  altération,  partout  égale.  Ses  deux  lobes  conservent  les 
mCmcs  dimensions  relatives;  la  capsule  qui  le  recouvre,  peu  ou  pas  opaque  «< 
épissie»  s'enfonce  entre  chacune  des  petites  saillies  ou  grains  assez  i  gaiement  di»- 
séniinés  à  sa  surface.  Contenus  ou  mieux  circonscrits  por  une  subslanœ  grisâtre 
ou  blanchâtre,  qui  n'est  que  la  trame  de  substance  conjonctive  cpais^io,  les  giain» 
ont  It*  volume  d  une  lentille,  d'un  gros  pois  ou  d'un  noyau  de  cerise,  et  une  cuio- 
ration  brunâtre  ou  jaunâtre,  suivant  que  la  graisse  ou  le  pigment  prédomine  dam 
h's  cellules;  ils  sont  formés  par  un  ou  plusieurs  acini  que  fait  saillir  le  néopUsnit' 
riHi-actile.  Sur  quelques  points  métùe  les  acini  peuvent  disparaître  con)plétement. 
et  à  leur  place  se  substitue  une  trame  de  tissu  fibreux.  A  la  coupe  on  trouve  par- 
tout  les  mêmes  grains  jaunâtres,  toujours  saillants,  entourés  de  la  même  sub- 
slunco;  la  consistance  est  ferme,  l'induration  marquée,  d'où  la  dénominatioa  d'in- 
duration granulée  du  foie,  pour  désigner  l'affection  en  question,  dont  la  fréqueno 
est  bien  connue  dans  les  grands  centres  de  population,  où  les  excès  sont  fréquents, 
là  surtout  où  l'usage  du  vin  et  de  la  bière  est  très-répandu. 

Diverses  lésions  peuvent  être  confondues  avec  la  cirrhose  alcoolique,  qui  sont  : 
riiépatito  interstitielle  d'origine  syphilitique,  l'altération  hépatique  oonsécutiu 
aux  affections  du  cœur  ou  des  gros  vaisseaux,  et  enfin  l'hépatite  chronique  ou  cir- 
rhose  des  fondeurs  en  cuivre,  variété  non  encore  décrite. 

La  cirrhose  syphilitique  diffère  de  la  cirrhose  alcoolique  par  sa  forme  extériean 
el  aussi  pat-  le  siège  de  Ja  localisation  anatomique.  Celle-ci,  non-seulement,  oocii^ti* 
avec  des  gommes  ou  des  cicatrices,  mais  elle  intéresse  la  substance  ooigoodi^i- 
inter-acincuse,  et  surtout  les  cloisons  fibreuses  qui  émanent  de  la  capsule  de  Gli>- 
«on,  pour  gagner  la  profondeur  du  parenchyme,  et  delà  une  irrégularité  très-mar- 


ALC00LIS31E  (pathologie).  655 

({liée  de  la  surface  de  Torgane,  de  larges  îlots,  des  sillons  et  des  bosselures  volumi- 
neuses qui  parfois  font  ressembler  la  glande  hépatique  aux  reins  d'un  jeune 
animal  ;  de  là  aussi  une  déformation  notable  de  cette  glande,  et  dans  quelques  cas 
une  atrophie  qui  n'est  pas  partout  égale. 

Quant  à  la  lésion  hépatique,  si  commune  dans  les  affections  cardiaques,  elle  se 
distingue  facilement  des  lésions  alcooliques.  Induré,  parfois  augmenté  de  volume, 
et  toujours  congestionné,  Torgane  hépatique,  dans  ces  conditions,  n'offre  pas  à  sa 
surface  l'état  granulé  du  foie  des  ivrognes  ;  et  s'il  présente  quelques  inégalités  sur 
lune  ou  l'autre  de  ses  faces,  celles-ci  sont  accompagnées  d'un  épaississement  notable 
des  tuniques  qui  ne  se  retrouve  plus  sur  la  surface  de  section.  Lisse  et  poli,  piqueté 
de  jaune  et  de  brun  à  la  coupe,  cet  organe  revêt  alors  un  aspect  particulier  qu'il 
doit  à  sa  coloration  et  qui  lui  a  valu  la  dénomination  de  foie  noix  muscade  {nutmeg 
liver  des  auteurs  anglais)  ;  la  lumière  des  veines  intralobulaires  est  dilatée  ;  jamais 
on  ne  constate  l'épaississement  fibreux  qui*  circonscrit  le  lobule  hépatique  daiLs 
lalcoolisme. 

Signalons  en  passant  une  lésion  hépatique  fréquente  chez  les  fondeurs  en 
cuivre,  et  qui  nous  semble  devoir  être  rattachée  à  l'irritation  produite  par  les 
molécules  de  charbon  qui,  absorbées  dans  l'intestin,  pénètrent  jusque  dans  Je  foie. 
Spéciale  à  la  profession  de  fondaur,  cette  lésion  est  d'ailleurs  distincte  de  celle  des 
ivrognes.  La  surface  du  foie  n'y  est  pas,  en  eflet,  uniformément  granulée  comme 
dans  cette  dernière  affection.  Chacune  de  ces  altérations,  du  reste,  coïncide  avec 
des  lésions  organiques  fort  différentes,  miis  sur  lesquelles  il  est  inutile  d'insister. 

Augmentation  du  volume  du  foie  appréciable  à  nos  moyens  d'exploration,  plus 
tard  induration  alrophique  de  cet  organe,  tels  sont,  avec  un  épanchement  ascitique 
abondant,  les  principaux  signes  de  la  cirrhose  alcoolique.  Si  l'accroissement  de 
volume  n'est  pas  constant,  l'ascite  est  un  symptôme  tellement  fréquent  qu'il  a 
manqué  4  fois  seulement  sur  55  cas  de  cirrhose  alcoolique  soumis  à  notre  obsena' 
tion.  Les  veines  abdominales  par  contre  et  celles  qui  font  partie  du  ligament  rond 
!)0nt  en  général  dilatées. 

Les  troubles  fonctionnels  intéressent  surtout  les  fonctions  de  la  digestion  et  de  lu 
nutrition.  L'appétit  est  faible,  les  digestions  languissantes,  pénibles  ;  des  gaz  déve- 
loppés dans  le  tube  digestif  distendent  l'estomac  et  les  intestins.  On  constate  quel- 
quefois les  symptômes  d'une  gastrique  concomitante,  et  surtout  des  pituites  et  des 
vomissements.  La  constipation,  fréquente,  peut  céder  le  pas  à  une  diarrhée  séreuse 
ou  sanguinolente.  Desgastrorrhagies  ou  des  épistaxis  ont  été  plusieurs  fois  observées. 

L'apparition  de  l'ictère  est  exceptionnelle  (5  fois  sur  35  cas);  mais  un  phénomène 
constant  et  de  grande  valeur,  c'est  la  maigreur.  Aucune  maladie,  ou  eflet,  pas 
même  la  phthisie,  ne  produit  un  amaigrissement  plus  rapide  que  la  cirrhose  alcoo- 
lique. Non-seulement  le  malade  qui  en  est  affecté  maigrit  à  vue  d'œil,  mais  ses 
organes  et  ses  muscles  en  particulier  s'atrophient  d'une  façon  notable  ;  de  même 
(pie  les  désordres  qui  précèdent,  ce  dernier  se  rattache  directement  à  la  lésion  hépa- 
tique et  à  k  perversion  consécutive  de  la  triple  fonction  du  foio,  qui,  en  môme 
temps  qu'il  est  un  organe  d'hématose,  se  trouve  chargé  de  la  formation  de  sucre  et 
de  la  sécrétion  de  la  bile. 

Malgré  une  marche  habituellement  chronique  et  lente,  la  cirrhose,  dans  quelques 
cas,  peut  parcourir  tous  ses  stadt-s  en  quelques  semaines.  Sa  terminaison  est  ordi- 
nairement fatiile,  et  son  pronostic,  par  conséquent,  très-sérieux. 

Ix'tie  alTection  n'a  aucun  signe  absolu  pouvant  dévoiler  la  cause  qui  lui  a  donné 
naissance;  mais,  en  revanche,  elle  coexiste  avec  des  phénomènes  qui,  en  génénil. 


656  ALCOOLISME  (patiiologu). 

trahissent  des  excès  alcooliques,  et  de  plus,  la  glande  hépatique  n'offre  jamais,  ni  à 
la  })alpation  ni  à  la  percussion,  la  dcrormatioti  qui  accompagne  si  souvent  b  rjr- 
rlKiso  syphilitique  ou  le  cancer  du  foie.  L'ascilc  ost  fréquente  du  ivsle,  et  Tictère 
au  contraire  fort  rare. 

c.  Pm/OîM^,  Mésentère,  Épiplootis,  Au  sein  de  ces  membranes,  Talcoo- 
li<nie  engendre  deux  ordres  d'altération,  des  dépôts  adipeux  et  des  phlegmasies 
adhésives. 

Le  mésentère,  siège  ordinaire  de  la  surcharge  adipeuse,  acquiert  une  épaisseur 
de  plusieurs  centimètres,  et  parfois  la  graisse  y  est  tellement  abondante  que  cv 
repli  péritonéal  remplit  une  grande  partie  de  la  an  ité  abdominale.  Les  appendice^ 
gniisseux  du  grand  épiploon,  ceux  du  gros  intestin,  sont  épaissis  et  volumineii\  ; 
souvent  en  outre  la  graisse  abonde  sous  le  péritoine,  principalement  dans  la 
région  postérieure,  en  avant  des  organes  de  la  sécrétion  urinaire,  et  dans  la  ré;non 
antérieure  derrière  la  paroi  abdominale. 

Fré(|uenls  dans  l'alcoolisme,  ces  dépôts  graisseux  sont  au  contraire  assez  mm 
dans  toute  autre  condition,  en  sorte  que  leur  coïncidence  avec  les  altérations  ci-desMb 
décrites  révèle  a  peu  près  sûrement  l'existence  d'une  intoxication  alcoolique  chro- 
nique. On  conçoit  facilement  que  ces  dépôts  graisseux  puissent  gôner  le  fonction- 
nement régulier  des  viscères  de  l'abdomen. 

L'influence  des  boissons  spirit lieuses  sur  la  production  de  la  pêntwtiie  )-arjit 
avoir  échappé  jusqu'ici  aux  auteurs  qui  se  sont  occupés  d'alcoolisme.  Dans  un  tra- 
vail publié  en  1862-65  (Arch,  gén.  de  méd.),  nous  nous  exprimions  ain>i<(u'il 
suit  à  cet  égard  :  «  Pendant  le  cours  de  notre  inteniat,  il  nous  est  anivé  d*obï<ener 
(|uatre  cas  de  péritonite  cai*aotérisés  par  la  présence  de  fausses  membrane*  m:::»- 
nisées  et  résistantes,  et  entre  lesquelles  existait  une  sérosité  jaunâtre  soii>  le 
moindre  f^lobule  purulent.  »  Dans  tous  ces  cas  la  péritonite  était  survenue  spoiiL- 
nément  et  sans  cause  appréciable;  mais  les  malades  faisaient  depuis  longtemi» 
abus  des  liqueurs  alcooliques.  Depuis  cette  é[)orpie,  le  docteur  Thomeuf,  déjà  connu 
par  une  excellente  thèse  sur  l'alcoolisme,  a  bien  voulu  nous  envoyer  deux  iiou\elk^ 
observations  qui  ont  avec  les  nôtres  une  analogie  parfaite.  En  présence  de  ce<  faits 
auxquels  nous  ajouterons  un  cas  rapporté  par  Briglit  (Heclierches  tur  le  diagn.  des 
adh.  pétitonéales,  Gaz.  méd,,  4858,  obs.  Y),  il  n'est  guère  possible  de  douta" 
qu'il  se  rencontre  parfois  chez  les  ivrognes  une  péritonite  pseudo-membraineuâr 
chronique,  que  sa  rareté  dans  toute  autre  condition,  et  ses  caractères  pour  airi^i 
dire  spécifiques,  si  on  les  compare  à  ceux  des  lésions  alcooliques,  semblent  d-^iNr 
rattacher  à  l'abus  des  spiritueux.  D'autres  membranes  séreuses,  d'ailleurs,  «pn, 
plus  tard,  nous  présenteront  des  altérations  semblables  à  la  phlegmasie  du  jrn- 
toine,  viendront  encore  légitimer  celte  nouvelle  localisation. 

Dans  ces  conditions,  l'abdomen  volumineux  et  bosselé  laisse  échapper,  au>>itài 
api-ès  l'incision  de  la  paroi  antérieure,  un  liquide  séreux,  clair,  transparent,  unp*^ 
jaunâtre,  qui  précipite  abondamment  sous  l'influence  de  Tacide  nitrique  et  «le  b 
chaleur.  Dans  un  ras  ce  liquide  contenait  du  sang,  mais  jamais  le  moindre  gleUiV' 
purulent.  En  général,  il  était  contenu  dans  plusieurs  poches  formées  par  des  (aws*^ 
membranes  épisses,  résistantes  et  constituées  par  une  trame  de  sulistaïKe  ioiij«wr- 
live  et  des  vaisseaux  plus  ou  moins  nombreux. 

Uuatre  fois  ces  néoplasmes  tapissaient .  toute  la  surface  péritonéale  et  Cits3K-«t 
.ulliérer  entre  eux  les  dilïérents  viscèies  renfermés  dans  l'alidomou.  Dans  les  »ntpr^ 
euK,  quebpies  j^rties  de  la  membrane  séreuse  avaient  pu  échap|«r  à  rallrraluti. 
U'H  \i«.ières  iibdi  ininaux  ne  présentèrent  pas  d'autres  n  odificalior.s  que  icl»»^  f" 


i 


ALCOOLISBIE  (i'atiiolocie).  637 

ont  été  ci-dessus  décrites,  le  foie  était  gras;  restomac,  lésé,  était  une  fois  le 
siège  d*uicérations.  Six  fois  cette  affection  s'est  rencontrée  chez  des  hommes  âgés 
de  quarante-cinq  à  cinquante  ans,  depuis  longtemps  adonnés  à  des  excès  d'eau- 
de-vie  et  d'absinthe  ;  une  seule  fois  elle  existait  chez  une  femme  livrée  aux  mêmes 
e\cès,  et  qui,  bien  qu'âgée  de  trente-trois  ans,  n'avait  pas  eu  d'enfants. 

Douleur  généralement  sourde,  disséminée  sur  différents  points  de  l'abdomen, 
accusée  par  la  percussion,  tout  au  moins  dans  la  première  période  du  mal,  augmen- 
tation de  volume,  inégalité  de  l'abdomen,  sans  dilatation  des  veines  sous-cutanées, 
sensation  de  flux,  déplacement  incomplet  du  liquide  épanché,  absence  de  déplace- 
ment des  anses  intestinales  à  la  palpation,  parfois  diarrhée  concomitante,  dyspepsie 
et  souvent  cachexie,  tels  sont,  en  somme,  les  principaux  symptômes  observés  dans 
nos  différents  cas  ;  ces  symptômes,  qui  ont  presque  toujours  coexisté  avec  des  trou- 
bles cérébraux,  hallucinations,  paralysie,  etc.,  ne  pouvaient  laisser  aucun  doute 
sur  l'existence  â*une  intoxication  alcoolique;  nous  aurons  k  y  revenir  plus 
loin. 

Jamais  cette  aflection,  dont  la  marche  est  lente  et  la  durée  de  plusieurs  mois, 
n'a  été  accompagnée  de  l'altération  des  traits,  ou  de  l'état  fébrile  si  caractéristique 
de  la  péritonite  aiguë.  L'épanchement  séreux,  dans  quelques  cas,  a  pu  diminuer  de 
quantité,  résorbé  qu'il  était  sans  doute  par  les  vaisseaux  contenus  dans  l'épais- 
seur du  néoplasme  membraneux. 

A  côté  de  celte  forme,  dont  la  pathogénie  ne  paraît  pas  douteuse  tant  à  cause  de 
ses  antécédents  que  de  la  nature  des  lésions  trouvées  à  Tautopsie,  signalons  une 
larîêté  de  péritonite  que  nous  avons  plusieurs  fois  observée  chez  les  ivrognes,  et 
qui,  sans  être  sous  la  dépendance  aussi  directe  de  l'abus  des  alcooliques,  pourrait 
bien  cependant  se  ressentir  aussi  de  l'influence  pathogénique  de  ces  liqueurs,  he 
néoplasme,  dans  cette  variété,  n'est  plus  étiilé  sous  fonne  de  fausse  membrane,  il 
constitue  de  petites  masses  granuleuses  très- analogues  aux  granulations  tubercu- 
leuses de  la  phthisie  aiguë,  et  ce  qui  prouve  cette  analogie,  c'est  la  coïncidence,  par- 
ibis,  de  granulations  semblables  au  sein  du  parenchyme  pulmonaire.  En  même 
lem|)s  que  ces  lésions,  sur  lesquelles  nous  aurons  à  revenir,  il  existait  une  altéra- 
tion graisseuse  du  foie,  et  dans  un  ats  un  ulcère  de  l'estomac  ayant  les  caractères 
déjà  décrits.  Il  s'agissait,  en  outre,  d'individus  robustes  et  chez  lesquels  les  anté- 
cédents tuberculeux  faisaient  défaut. 

§  H.  Appabeil  de  la  respiration.  Si  l'appareil  de  la  digestion  est  fréquem- 
ment affecté  en  raison  du  rôle  qu'il  joue  dans  l'absorption  des  boissons  alcooli- 
ques, les  poumons,  qui  sont  les  principaux  organes  d'élimination  de  ces  liqueurs, 
présentent  souvent  aussi,  pour  cette  raison,  des  altérations  sérieuses  et  trè^-mani- 
îestes. 

Les  formes  que  revêtent  ces  altérations  sont  celles  de  la  laryngo-bronchite,  de  la 
congestion  aiguë  du  poumon  avec  ou  sans  inflltration  sanguine,  de  la  pneumonie 
de  l'induration  chronique  et  de  la  tuberculisation  granuleuse  des  poumons;  les  plè- 
vres elles-mêmes  n'échappent  pas  toujours  à  ces  lésions  morbides,  et  certaines 
pleurésies  paraissent  aussi  dépendre  de  l'alcoolisme. 

a.  laryngo-bronchite.  Dans  les  cas  d'alcoolisme  qu'il  rapporte,  Hagnus  lluss  note 
à  plusieurs  reprises  l'altération  de  la  muqueuse  respiratoire  et  celle  de  la  muqueuse 
laryngée  en  particulier  :  ainsi  que  le  savant  professeur  suédois,  nous  avons  plusieurs 
fois  observé  l'altération  de  ces  mêmes  pallies.  La  muqueuse  du  larynx  est  violacée, 
injectée,  ou  même  prsemée  de  petits  [loints  ecchymotiques.  Elle  est  de  plus  quel- 
quefois épaissie,  tipissée  par  un  épithéUum  granuleux,  manifestement  altéré  ou 


658  ALCOOLISME  (pathologie). 

même  détruit,  recouverte  d'un  mucus  épais,  transparent  ou  grisâtre,  en  général 
peu  abondant.  Cette  altération  vient-elie  à  persister  et  à  gagner  la  muqueuse 
bronchique,  odie-ci  prend  une  teinte  grisâtre  ou  ardoisée,  les  petites  brondies  se 
dilatent,  et  quelquefois  il  suivient  de  IVmpAi/j^m^.  Cette  dernière  modification  pul- 
monaire se  rencontre  encore  dans  plusieurs  des  observations  du  docteur  Huss. 
Constatée  par  nous  chez  quelques  ivrognes,  elle  demande,  à  notre  avis,  de  nonveaux 
faits  avant  de  pouvoir  être  rattachée  sûrement  à  ratooûUsme. 

A  rinflammation  chronique  du  larynx  tient,  comme  on  sait,  cette  voix  enrouée 
des  buveurs  de  profession,  se  vo'dant  par  intervalle,  ne  conservant  que  les  soos 
graves,  et  ayant  pour  principal  caractère  d*étre  rauque,ou  même  aphone  (Griaollej. 

Le  matin,  à  jeun,  Tivrogne  est  tourmenté  par  une  toux  rauque  comme  sa  votx, 
souvent  quinteuse,  et  suivie  d*une  expectoration  abondante  de  crachats  blancs, 
filants,  pelotonnés  ou  sans  caractères.  Il  existe  une  oppression  tout  au  moins  légèn* 
et  quelquefois  des  râles  sont  entendus  dans  la  poitrine  ;  mais,  de  plus,  ces  sym- 
ptômes coexistent  ordinairement  avec  une  dyspepsie  spéciale.  Ces  différents  trou- 
bles ont,  comme  la  plupart  des  afTections  alcooliques,  une  marche  chronique  et 
une  longue  durée. 

b.  Congestion  sanguine  des  poumons.  Fréquente  à  la  suite  d*excès  alcooliques  et 
dans  le  cours  de  certains  accidents  aigus,  tels  que  le  delirium  tremens^  cette  lésion 
occupe  principalement  les  bords  postérieurs  et  la  base  des  poumons.  Plus  raremeol 
on  la  trouve  dans  d'autres  points  de  ces  organes.  Flasque,  mou,  peu  aéré,  légcremeul 
friable,  mais  encore  insuiBable,  le  parenchyme  pulmonaire,  d'une  coloration  bru- 
nâtre disparaissant  à  peine  sous  l'influence  du  lavage,  est  souvent,  en  pareil  cas, 
le  siège  d'une  véritable  infiltration  hémorrhagique.  La  plèvre  est  parsemée  de 
tacites  cccbymotiques;  le  sang  est  noir,  fluide,  comme  battu;  la  pression £iit 
sourdre  un  liquide  noirâtre,  visqueux,  du  parenchyme  pulmonaire,  qui  se  montre 
aloi^  avec  quelques-unes  des  apparences  de  l'état  dit  de  carnification. 

Dyspnée  avec  sensation  de  constriction  thoracîque,  toux  avec  expectoration  mu- 
queuse striée  de  sang,  râles  crépifants  et  sousrcrépitants,  disséminés,  sans  soofOe 
appréciable,  et  légère  obscurité  du  son  à  la  percussion  :  telles  sont  les  manifestations 
phénoménales  de  cet  état  qui  nous  semble  devoir  se  rattacher  dans  certains  cas 
aux  excès  des  liqueurs  alcooliques,  et  sans  doute  à  l'élimination  de  ces  liqueur^ 
par  les  poumons. 

Nous  ne  pouvons  admettre  que  cette  modification  soit  le  résultat  d'un  geiu^de 
mort  tout  particulier,  et  ce  qui  nous  parait  autoriser  cette  manière  de  voir,  c'i^l 
que  cette  lésion  ne  se  rencontre  pas  dans  toute  autre  circonstance  où  le  mécanisme 
<le  la  mort  ne  diflère  pas  de  celui  que  Ton  observe  dans  les  faits  auxquels  nous  fai- 
sons allusion. 

c.  Pneumonie  aiguë.  Dans  un  des  points  et  le  plus  souvent  vers  la  partie  ceu- 
trale  de  la  modification  pulmonaire  dont  il  vient  d'être  question,  il  arrive  qudque- 
foLs  de  trouver  un  ou  plusieurs  lobules  indurés,  de  coloration  tantôt  brunâtre,  tantôt 
d'un  jaune  sale  ou  vcrdàtre,  souvent  mal  limités,  plus  mous,  moins  friables,  et 
moins  nettement  granulés  que  dans  la  pneumonie  franche.  Au  sein  de  ces  lobules, 
les  globules  de  pus  et  la  graisse  sont  en  général  en  abondance. 

Avec  cette  altération,  le  sang  du  cœur,  fluide  ou  à  peine  coagulé,  contient  peu 
de  fibrine  ;  dans  quelques  points  des  poumons  et  sous  la  plèvre  en  particulier,  oo 
observe  fréquemment  des  taches  cccbymotiques.  Dans  un  cas  soumis  à  notre  obwr- 
vation,  la  coloration  sale  etverdâtre  du  tissu  lésé  donnait  â  cette  altération  une  cer- 
taine analogie  avec  la  gangrène  pulmonaire.  L'absence  d'odeur  caractéristique  iixli* 


ALCOOLISME  (pathologie).  639 

({oait  asseï  qu'il  ne  s'agissait  pas  de  cette  dernière  afTection.  Toutefois,  c  est  sans 
floute  à  des  faits  Toisins  de  celui-ci  qu'avait  afluire  M.  le  docteur  Huss,lofsqtt'il  dît 
avoir  vu  dans  les  années  les  plus  chaudes  de  ces  cas  de  gangrène  pulmonaire  qui 
paraissent  avoir  pour  origine  des  excès  alcooliques. 

Il  semblerait  par  conséquent  légitime  de  rattacher  à  l*alcoolisme  cette  forme  par- 
ticulière de  paecmaonie  qui  d'ordinaire  coïncide  avec  des  lésions  gastriques,  un  état 
gras  du  foie,  et  qu'accompagnent  déplus  des  troubles  ataxo-adynamiques  assez  parti- 
culiers. Dans  ces  conditions,  en  elfet,  les  malades  ont  la  langue  sèche,  noirâtre,  les 
dents  fuligineuses  ;  ils  sont  agités,  en  proie  au  délire,  tourmentés  par  des  halluci- 
nations, atteints  de  tremblement,  état  auquel  succèdent  trop  souvent  une  dépres- 
sion considérable  des  forces  et  la  mort.  Toutefois  les  observations  qui  nous  portent  à 
l'aire  de  l'alcoolisme  la  condition  pathogénique  de  cette  lésion  sont  peu  nombreuses, 
et  une  étude  phis  étendue  de  la  question  est  encore  nécessaire.  Stokes  (Diseases 
ofthe  Chest)^  à  la  vérité,  insiste  beaucoup  surune  variété  de  pneumonie  survenant 
dicz  des  ivrognes  affectés  de  deliriùm  tremens,  et  qui  communément  attaqne  le 
poumon  gaudie,  particulièrement  dans  sa  portion  inférieure,  et  peut-être  celte 
variété,  comme  aussi  cette  autre  dont  parle  Gohn  [Journ.  de  Gunsburgy  1855, 
et  Canst.  Jarhb,,  1855,  t.  III,  p.  246),  pourrait-elle  être  rapprochée  de  l'altéra* 
lion  en  question.  Au  lieu  d'admettre  que  le  grand  nombre  des  pneumonies  obser- 
vées chez  les  ivrognes  soit  un  eflet  direct  de  l'abus  des  liqueurs  spiriluenses,  quel- 
ques auteurs  sont  portés  à  accuser  l'action  d'une  autre  cause,  le  refroidissement 
surtout .  On  ne  peut  contester  cependant  l'influence  des  excès  alcooliques  sur  la 
production,  la  mai'che  et  l'issue  de  la  pneumonie  ;  tous  les  auteurs  sont  unanimes 
sur  ce  point  :  que  l'ivrognerie  est  une  circonstance  qui  aggrave  toujours  le  pronostic 
lies  pneumonies  (Grisolle,  Traité  de  la  pneumonie,  ^'^  édition).' 

Les  pneumonies  avec  suppuration  abondante,  dit  Royer-Collard  (Th.  cit.,  p.  19), 
^'observent  très-fréquemment  chez  les  ivit)gnes  ;  dans  ces  cas,  plusieurs  causes 
étrangères  à  celle  qui  nous  occupe  peuvent  avoir  déterminé  l'inflammation  du 
poumon,  telles  que  les  refroidissements,  les  suppressions  brusques  de  la  transpira- 
tion ;  on  ne  peut  s'empêcher  de  reconnaître  cependant  que  l'action  directe  de  l'al- 
oool  sur  le  tissu  pulmonaire  contribue  puissamment  à  la  production  de  ces  eflets, 
soit  comme  cause  déterminante,  soit  seulement  comme  cause  prédisposante; 
(Ihomel  cite  deux  cas  de  pneumonie  consécutifs  à  des  excès  de  boissons  {Cl^niqu^ 
médicale,  t.  III,  p.  468). 

Suivant  une  citation  de  M.  Laborderie-Boulou,  qu'il  nous  a  été  impossible  de 
^-érifier,  M.  le  professeur  Grisolle  parlerait,  dans  son  Traité  de  la  pneumonie,  de 
trois  malades  chez  qui  l'inflammation  du  poumon,  déclarée  à  l'occasion  d'excès 
aktxrfiques,  ne  recoimut  pas  d'autre  cause,  puisque  ces  malades  étaient  placés  dans 
des  conditions  telles,  que  le  froid  ne  pouvait  agir  sur  eux.  M.  Gasté  {Recueil  de 
mém.  de  méd,,  de  chir.  et  de  pharm.  milit.,  t.  LIV,  p.  220,  1845),  rap- 
|)orte  deux  observations  de  pneumonie  survenue  à  la  suite  de  T  ivresse  et  dont  le 
développement  paraît  lié  à  l'influence  au  moins  indirecte  de  l'alcool.  Deux  autres 
cas  observés  à  l'hôpital  de  la  Charité,  dans  le  service  de  MH.  Gruveilhier  et  Rayer, 
ont  été  consignés  dans  la  thèse  de  M.  Laborderie-Boulou  {De  la  pneumonie  consé- 
cutive à  l'intoxication  alcoolique,  Paris,  1859).  De  ces  ikits  et  de  beaucoup  d'au- 
tres il  résulte  que  la  pneumonie  est  une  afTection  fré:|uenle  non-seulement  à  la  suite 
de  l'intoxication  alcoolique  aiguë,  mais  même  dans  le  cours  de  l'alcoolisme  chro- 
nique, où  elle  ofire  souvent  des  caractères  spéciaux  :  ainsi  que  l'ont  reconnu  la 
plupart  des  auteurs,  elle  suppure  plus  rapidement,  elle  est  accompagnée  d'agit.** 


640  ALCOOLISME  (pathologie). 

tioii,  de  délire,  de  phénomènes  typhoïdes  alaxiques  oo  adynaniiques,  apfaml 
hvniptomatique  qui  rappelle  quelquefois  le  delirium  tremens,  complioitioo  sérieuse 
sur  laquelle  nous  aurons  à  revenir. 

Sur  douze  cas  de  pneumonie  observés  par  nous  dans  ces  conditions,  la  pneumonie 
occupait  sept  fois  les  sommets,  c'est-à-dire  dans  la  moitié  des  cas.  Cette  localisilion 
relativement  fréquente  n'est-elle  pas  une  explication  du  délire  qu'on  a  prétendu 
être  plus  fréquent  avec  ce  siège?  Nous  serions  tenté  de  le  croire. 

En  résumé,  au  point  de  vue  où  nous  l'envisageons,  la  pneumonie  est  qnelquefois 
une  manifestation  directe  de  l'alcoolisme  ;  mais  alors  le  peu  d'étendue  qu'elleoccr.pe 
en  général,  et  qui  rend  difficilement  appréciables  les  signes  phpiques»  les  >ymptdmes 
particuliers  dont  elle  est  accompagnée,  lui  donne  une  allure  assez  spéciale  pour 
constituer  dans  l'espèce  une  variété  distincte  ordinairement  latente  en  ce  qui  oonceme 
quelques-uns  aumoinsdeseseflets  ;  et  ce  qui,  à  notre  avis,  parait  encore  légitimer 
l'existence  de  cette  forme  pathologique,  c'est  son  apparition  dans  la  saison  des  cha- 
leurs  et  à  une  époque  où  la  pneumonie  ordinaire  est  rare.  D'autres  robrinflaramation 
du  poumon  n'est  plus  influencée  aussi  directement  par  les  boissons  alcooliques.  Celles- 
ci  ,  ne  jouant  plus  que  le  rôle  de  causes  prédisposantes  ou  occasionnelles,  lui  impriment 
néanmoins  encore  une  physionomie  particulière,  donnant  lieu  à  des  indkatioD» 
pronostiques  et  thérapeutiques. 

d.  Induration  pulmonaire.  Pneumonie  chronique.  L'induration  chronique 
des  poumons  a  été  observée  par  Hagnus  IIuss  (Alcoholùsmus  chronicus^  p.  18)  Aa 
des  ivrognes  atteints  antérieurement  de  pneumonies  aiguës  et  dont  la  résolution  avait 
été  lente  ou  incomplète.  L'existence  de  ce  fait  indiqué  par  un  auteur  recommandable. 
et  qui  théoriquement  semble  très-admissible,  puisque  cette  altération  pulmonaire 
chronique  ne  manque  pas  d'analogie  avec  la  cirrhose  hépatique,  n'a  cependant  pL< 
été  vérifiée  en  France  ;  nous  ne  l'avons  pas  constatée  pour  notre  compte,  el  nou^ 
pensons  que  de  nouvelles  observations  sont  nécessaires  pour  établir  sa  rebtinn 
étiologique  avec  l'alcoolisme. 

c.  Granulations  tuberculeuses  des  poumons.  Des  opinions  diverses  ont  surgi  re- 
lativement à  l'influence  des  boissons  alcooliques  sur  la  production  des  tubeirule> 
pulmonaires.  L'auteur  suédois  déjà  cité  ne  croit  pas  à  cette  influence  ;  ayant  fré- 
quemment rencontré  des  tubercules  desséchés  chez  les  buveui-s,  il  pense  que 
l'alcoolisme  est  susceptible  d'arrêter  la  dyscrasie  tuberculeuse.  Dans  un  travail  in- 
téitissant,  où  sont  scrutés  avec  soin  les  efTetsde  l'usage  des  liquides  alcooliques  sor 
le  développement  de  la  diathèse  tuberculeuse,  le  docteur  Bell,  de  New-Tork  (Onthf 
Effects  of  the  Use  of  Alcoholic  Liquors  on  Tubercular  Diseases  or  in  Constitu- 
tiofis  predisposed  to  such  Diseases.  Amer.  Joum.  of  the  Med.  Science^  S*  série, 
t.  XXXYIII,  p.  407,  i859),  est  arrivé  à  ce  propos  aux  conclusions  suivantes: 

i"*  L'opinion  que  les  liqueurs  alcooliques  ont  une  influence  marquée,  lorsqu'il 
s'agit  de  prévenir  les  dépots  tuberculeux,  ne  repose  sur  aucun  fondement  so- 
lide. 

■ 

2*  Au  contraire,  l'usage  de  ces  liqueurs  prédispose  plutôt  aux  affections  tuhrr- 
culeuses. 

7ii*  Toutes  les  fois  que  la  tul)erculisation  existe,  l'alcool  ne  modifie  en  rien  si 
marche. 

4*  Dans  aucune  périoile  de  la  maladie  il  ne  modère  notablement  les  effets  moi- 
bides  des  tubercules  sur  l'économie. 

Le  professeur  N.  S.  Davis  (Report  of  tlie  Influence  of  Alcoholic  Drink^ 
ou  the  Development  and  the  Proffress  of  Pulmonary  Tuberculosis.  Trum- 


ALCOOLISME  (pjltb 01.0 oie),  Ml 

ad,  of  Amer.  Med.  Assac.  \o\.  XIII,  p.  565),  dans  un  mémoire  où  il  analyse 
3f  0  cas  de  phlhisie  pulmonaire,  arrive  à  celle  conclusion  que  68  fois  il  y  avait 
eu  un  usage  presque  journalier  de  quelques-unes  des  variélés  de  boissons  alcoo- 
liques, de  un  à  vingUdeux  ans  avant  ra[^rition  dessignes  de  la  tuberculose  ;  que 
91  fois  l'usage  de  ces  boissons  n'avait  eu  lieu  qu'autant  que  l'occasion  s'en  élait 
prêsenlée;que  51  foisenfin  Tabstention  avait  été  complète.  Quelle  conséquence  tirer 
de  cette  statistique?  Aucune,  à  notre  avis,  car  elle  a  le  tort  de  réunir  sous  un  même 
jçroupe  et  de  confondre  les  différentes  variétés  de  la  tuberculose.  Ce  qu'il  faut  sur- 
tout en  pareil  cas,  c'est  établir  des  différences  entre  les  diverses  formes  de  luber- 
culisation  pulmonaire  et  se  demander  si  l'une  ou  l'autre  de  ces  formes  ne  répond 
pas  h  la  cause  en  question.  Or,  en  procédant  de  la  sorte,  on  arrive  à  ce  résultat, 
que  l'abus  des  liqueurs  spiritueuses  contribue  puissamment  au  développement  de 
raltératÎQn  décrite  sous  bi  dénomination  de  phlhisie  granuleuse,  si  toutefois  il  ne 
l'engendre  complètement  au  moins  dans  un  certain  nombre  de  cas.  Déjà  laltention 
a  été  éveillée  sur  ce  point  ;  le  docteur  Krans,  de  Liège,  a  observé  deux  fois  celle 
altération,  qu'il  rapporte  à  l'abus  des  .spiritueux.  (Union  médicale^  2'  série, 
t.  XIV,  p.  193,  1863.  Le  Scalpel,  n»  24,  même  année.) 

Le  docteur  Lannay,  du  Havre  (Union  médicale^  p.  558),  a  vu  des  faits  sem- 
biaUes,  avec  cette  différence,  touteiois,  que  l'affection  ne  s'est  pas  toujours  montrée 
avec  une  marche  aussi  rapide  que  celle  qu'elle  présentait  dans  les  cas  obsencs  par 
M.  Krans.  Quinze  faits  du  même  genre  ont  été  observés  par  nous,  et  déjà,  avant 
de  connaître  les  travaux  ci-dessus  indiqués,  la  relation  de  causalité  entre  l'abus  des 
liqueurs  alcooliques  et  une  certaine  forme  de  tuberculisation  pulmonaire  nous 
paraissait  évidente. 

Aujourd'hui  cette  relation  peut  être  établie  d'après  les  considérations  suivantes, 
qui  ressortent  de  l'analyse  de  quinze  observations  à  nous  personnelles  :  les 
individus  affectés  étaient  des  hommes  ordinaires,  robustes,  âgés  de  ti-eute  a 
cinquante  ans,  adonnés  à  des  travaux  rudes,  faisant  tous  abus  de  liqueurs  fortes, 
et  n'ayant  dans  leure  familles  aucun  aulécédent  tuberculeux.  Chez  eux  l'altération 
des  poumons  s'est  présentée  ainsi  qu  il  suit  :  au  début,  dyspnée  légère,  croissant 
peu  â  peu;  respiration  interrompue,  l'ude,  saccadée,  au  sommet  surtout;  raies 
disséminés,  d'abord  rares,  et  ensuite  plus  nombreux  et  humides.  Peu  abon- 
dante et  muqueuse,  l'expectoration  a  été  plus  tard  purulente,  la  toux  en  général 
fatigante  ;  dans  certains  cas  enfin,  on  finit  par  entendre  au  sommet  non  pas  seu- 
lement des  craquements,  mais  du  souffle  et  des  gargouillements.  La  fièvre  ne  se 
fit  jamais  longtemps  attendre,  et  lorsqu'elle  survint,  elle  eut  pour  cortège  habi- 
tuel de  l'agitation,  du  délire,  du  tremblement,  phénomènes  qui  furent  généralc- 
bient  suivis  de  la  mort.  Tantôt  rapide  dans  sa  marclie,  cette  affection  peut  être 
désignée  sons  le  nom  de  pluhisie  galopante:  tantôt  plus  lente  dans  son  évolutiou, 
elle  n'a  pas  encore  la  durée  de  la  phlhisie  ordinaire.  Elle  ne  met  jamais  beaucoup 
plus  de  six  mois  à  accomplir  toutes  ses  phases.  La  lésion  anatomique  qui  la  carao- 
térise  consiste  dans  la  pi'ésence  de  granulations  miliaires,  quelquefois  lenticulaires 
ou  pisiformes,  assez  également  disséminées  au  sein  du  parenchyme  pulmonaire 
congestionné,  ramolli,  souvent  altéré  et  parsemé  de  points  noihklres  pigmentaires. 
S'il  existe  des  excavations,  elles  sont  mi'es,  petites,  et  occupent  de  préférence  les 
wmuiets.  Des  lésions  telles  qu'une  gastrite  chronique  ou  une  cirrhose  hépatique 
aooompagiient  fréquemment  cette  modification  pulmonaire,  |dus  spéciale,  comme 
nous  l'avons  dit,  aux  buveurs  robustes  et  occupés  a  des  travaux  un  peu  pénibles. 
Quelquefois  enfin  l'affection  granuleuse  n'est  pas  seulement  limitée  à  l'appareil 

DICT.  EXC.  II.  41 


G4â  ALCOOLiSME  (patrolooib). 

de  la  respiration,  elle  envahît  d'autres  organes  :  le  foie,  la  rate,  les  reins,  le  pérU 
toine  qui  les  recouvre,  la  pie-mère  cérébrale,  etc. 

Serait-ce  à  dire  pourtant  que  tous  les  cas  de  phthisie  granuleuse  reconnaissent 
cette  même  cause?  Il  n'en  est  rien,  et  ce  que  nous  tenons  à  établir,  c*est  que 
le  développement  de  la  tuberculisation  miliaire  est  dans  qudques  cas  influencé 
d'une  façon  incontestable  par  l'abus  des  boissons  alcooliques,  lesquelles  Tiaisem- 
blablement  jouent  le  rôle  d'irriUint  pur  rapport  à  la  paroi  des  A'aisseaux  capillaire$> 
oudesramusculesbronchiques,  siège  habituel  de  la  granulation  tuberculeuse,  ainsi 
que  nous  l'avons  établi  à  la  Société  de  Biologie  (année  1864).  Il  serait  importaiil, 
sans  doute,  de  pouvoir  distinguer  les  granulations  tuberculeuses  engendrées  par  I& 
excès  alcooliques  de  toutes  celles  qui  ont  d'autres  causes,  mais  jusqu'ici  nous  ac. 
connaissons  aucun  caractère  qui  puisse  servir  à  fonder  cette  distinction. 

f.  Pletirésie.  L'inflammation  de  la  membrane  pleurale  est,  ainsi  que  l'inflaiiH 
mation  du  parenchyme  pulmonaire,  relativement  Iréquente  chez  les  buveon  et  en 
particulier  chez  ceux  qui  s'exposent  le  plus  habituellement  au  froid.  Bien  en- 
tendu il  ne  faut  pas  induire  de  ce  lait  que  l'alcoolbme  engendre  toutes  les  plen* 
résies  snnenant  pondant  sa  durée,  car  rien  n'est  prouvé  à  cet  égard.  Co  qu'il  est 
{lermis  de  penser,  c'est  que  l'abus  des  boissons  alcooliques  est,  dans  quelques  cas  au 
moins,  susceptible  de  contribuer  puissamment  à  la  production  de  certaine» 
formes  de  pleurésie  que  caractérisent  un  début  assez  insidieux,  uae  marche  lente, 
un  épancbement  peu  abondant,  et  avant  tout  la  présence  de  membranes  denou- 
velle  formation.  Cette  forme  pleurétique,  jusqu'à  un  certain  point  comparable  à  b 
|)éritonite  des  ivrognes,  existe  souvent  sans  épancbement;  on  ne  constate  plusalor> 
que  des  adhérences  unissant  le  poumon  aux  parois  costales. 

§  III.  Appareil  de  l\  girculation.  Les  lésions  déterminées  au  sein  de  cet 
appareil  par  l'abus  des  liqueurs  ^iritueuses  intéressent  tantôt  le  système  à  san^ 
noir,  tantôt  le  système  à  sang  rouge. 

a.  Système  veineux.  La  veine  porte  et  l'artkv  pulmonaire  sont  plus  que  tou» 
les  autres  vaisseaux  veineux  soumis  à  l'influence  pathogénique  des  liqueurs  spirî- 
tueuses.  Ce  résultat  de  l'observation  clinique  s'explique  facilement  par  ce  £iit  qui' 
l'alcool  absorbé  par  le  système  porte  est  tout  d'alwnl  charrié  par  l'artère  pulmo* 
naire,  avant  son  arrivée  dans  le  système  artériel  et  son  transport  dans  les  diP 
lércntes  parties  du  corps.  L'inflammation  adhésive  est  encore  l'altération  qui  se 
rencontre  le  plus  souvent  en  pareil  cas.  La  pylépklébUe  et  la  fhlêbartériU  mewh 
braneuses  peuvent  être  par  conséquent  des  mauifestaUons  de  l'alooDltsme  chro- 
nique. 

Des  faits,  peu  nombreux  à  la  vérité,  vu  la  rareté  des  alTections  de  la  veine  porte, 
ne  permettent  pas  le  moindre  doute  à  l'égard  d'une  liaison  causale  entre  l'abi»  de< 
boissons  spiritueuscs  cl  la  pylêphlébite  adhésive.  En  etfet,  sur  cinq  cas  de  pylé 
phlébite  adhésive  contenus  dans  le  Traité  des  maladies  du  foie  du  docteur  Budd 
(p.i  80, 3"  éd.) ,  il  eu  cstquatrc  qui  se  rencontrent  chez  des  ivrognes(Aard<(rt]iAm), 
et,  dans  le  cinquiènio,  il  n'est  pas  fait  mention  des  antécédents  du  malade. 

L'unique  observation  cpie  rapporte  Frerichs  (p.  656)  est  encore  celle  d'un  fauTenr 
de  longue  date;  un  seiU  cas  de  ce  genre,  observé  par  nous-mémc,  appartient  aw»i 
â  un  malade  depuis  longtemps  alcoolUé. 

Sur  sept  faits  pris  au  hasard,  cette  affccliou  se  rencontre  donc  six  fois  cliade»bo* 
veurs  de  profession;  aussi,  dans  de  semblables  conditions,  l'idée  d'une  simple  ooinct- 
dence  entre  l'abus  des  spiritueux  et  Talturation  veineuse  est  difficilement  admissihit 


ALCOOLISA»  (iMTUOLOGtK).  64i 

brelatiou  étiologique  pamll  évidente,  quand  surtout  il  n'existe  aucune  autre  cause 
pour  expliquer  le  développement  de  cette  aiïection  qui  toujours  s'est  présentée 
avec  des  caractères  anatomiques  et  symptomatiques  très-analogues,  sinon  identiques. 
Dans  tous  ces  cas,  en  effet,  outre  les  congulums,  d'un  rouge  noirâtre,  que  l'on 
rencontrait  à  l'intérieur  de  la  veine  porte,  de  ses  branches  ou  même  des  veines 
!i(u^-hé|)a tiques,  il  y  avait,  dans  les  parties  altérées  qui  se  rapprochaient  le  plus 
du  centre  circulatoire,  des  néoplasmes  membraneux  qui  adhéraient  à  la  paroi 
veineuse  épaissie.  Dans  notre  fait  nous  pûmes  nous  assurer  que  les  cordes  pseudo- 
membraneuses  étaient  constituées  par  une  trame  de  substance  conjonctive,  au 
milieu  de  laquelle  on  trouvait  quelquefois  des  gmins  d'hématine  ou  même  des 
rristaux  d'hématoïdine. 

Le  principal  signe  éLiil  une  ascite  abondante,  à  marche  rapide,  avec  hypertro- 
\hic  considérable  de  la  rate,  refoulement  du  diaphragme  ;  l'appétit  était  complète- 
ment perdu,  la  digestion  diflieile;  il  y  avait  dans  quelques  cas  une  diarrhée  bilieuse 
et  des  hémorrhagies  du  tubedigestii. 

L'ictè.e,  qui  s'est  rencontré  dans  la  plupart  de  ces  faits,  est  le  meilleur  signe 
dLignostique  de  cette  affection  et  de  la  cirrhose. 

Comme  dans  la  cttTho>e  la  maigreur  est  excessive  ;  la  marche  de  cette  manifesta- 
tion est  en  général  rapide ,  sa  durée  est  soumise  au  degré  d'oblitération  de  la 
veine  et  à  la  difficulté  plus  ou  moins  grande  de  l'établissement  d'une  circulation 
collatérale. 

Nous  n'aftirmerons  pas  que  toutes  les  inflammations  adhésives  de  la  veine  porte 
K)nt  le  résultit  d*une  irritation  produite  par  l'abus  des  spiritueux.  Disons,  cepen- 
dant, qu'il  est  peu  d'observations  relatives  à  cette  affection  où  cette  cause  n'existe 
pus  ;  fait  remarquable,  on  ne  la  retrouve  plus  dans  les  cas  de  phlébite  suppurative. 
L'inflammation   adhésive  peut  bien   envahir   d'autres    veines   que   la  veine 
I¥>rtc  ;  nous  avons  noté  chez  un  franc  buveur  l'existence  simultanée  d'une  cir- 
rliose  hépatique  et  d'une  inflammation  membmneusede  Tune  des  veines  iliaques  ex- 
ternes et  de  la  veine  cave  inférieure.  Ge  dernier  siège,  toutefois,  est  rare  dans  l'al- 
coolisine;  plus  fi*équente  est  l'inflammation  adhésive  de  l'artère  pulmonaire. 
Aucun  auteur,  a  notre  connaissance  du  moins,  n'avait  encore  essayé  de  rattacher 
cette  lésion  h  l'abus  des  alcooliques,  lorsque,   dans  une  communication  à    là 
Société  de  Biologie,  il  nous  arriva  de  résumer  ainsi  qu'il  suit  nos  recherches  à 
cet  égard  :  «  11  existe  une  forme  d'artérite  anatomiquement  caractéi'isée  par  des 
firoductions  membraneuses  a  l'intérieur  du  vaisseau.  Cette  artérite,  que  nous  avons 
toujours  vue  siéger  dans  Tartère  pulmonaire,  peut  déterminer,  en  grande  partie  et 
«l'une  façon  toute  mécanique,   la  coagulation  du  sang  et  amener  l'obstruction  du 
Vciisseau  et  la  mort.  Son  existence  habituelle  chez  les  ivrognes  ne  parait  pas  for- 
tuite, et  tout  porte  à  croire  qu'elle  doit  son  origine  à  l'abus  des  boissons  alcooli- 
ques. »  (Lancereaux,  Ga%.  m^.,  186â,  p.  119.)  Aujourd'hui  nous  avons  rencon- 
tré en  tout  cinq  fois  celte  affection,  et  toujours  les  malades  nous  ont  appris  qu'ils 
faisaient  depuis  longtemps  des  excès  alcooliques.  Voici,  tirée  de  l'anaU^sc  de  ces 
cinq  faits,  une  description  succincte  des  symptômes  de  la  phlébartérite  liée  à 
Talcoolismc. 

La  dt^Bjmée  est  un  des  premiers  symptômes  dont  se  plaignent  les  malades.  Len- 
tf^ment  progressive,  elle  finit  par  acquérir  une  intensité  excessive  qui  contraste 
d  ordinaire  avec  l'absence  de  signes  indiquant  une  lésion  sérieuse  de  l'appareil  de 
la  respiration.  H  y  a  tantôt  une  cyanose  manifeste,  tantôt  une  décoloration  de  la 
peau  et  des  muqueuses.  Lcsgamijes  sont  quelquefois  o^dématiées;  cependant  l'exa- 


y 


644  ALCOOLISME  (patuologib). 

mon  du  cœur,  )  as  plus  que  celui  des  poumons,  ne  révèle  la  présence  de  Tune  tli> 
altérations  que  Ion  est  |.orté  à  soupço.iner,  et  cette  discordance  est  piécisémenl  un 
signe  diagnostiqua  d'une  grande  valeur. 

Le  pouls  est  Aiible,  petit,  mou,  irrégulier,  les  battements  du  cœur  sootseuli'- 
ment  un  peu  sourds  ;  le  second  bruit  de  Tartère  pulmonaire  est  renlon-é,  maison 
ne  constate  aucun  bruit  anormal.  Quant  aui  iN)umoiis,  ils  sont  partout  souuiii 
à  la  percussion,  et  c'est  à  peine  si  on  y  entend  quelques  râles  vibrants  ou  humilité, 
indice  de  bronchite  ou  d*un  léger  œdème  de  ces  organes. 
.  La  durée  de  cette  aflection  est  soumise  au  degré  dobstruction  du  vaisseau  \w 
le  nouveau  produit  et  par  la  coagulation  sanguine  consécutive.  La  terminaison  |ieiU 
être  lente,  mais  le  plus  souvent  elle  est  rapide  et  la  mort  pour  ainsi  dire  siiLiU* 
Deux  fois,  dans  les  faits  en  question,  il  existait  des  troubles  cérébraux  teiiaiit  à  uih* 
lésion  concomitante  de  Tencéphale. 

.  La  lésion  anatomique  se  caractérise  par  la  présence  au  sein  du  vaisseau  nu- 
lade  de  néoplasmes  membraneux  qui  tapissent  une  plus  ou  moins  grande  éUih 
due  de  la  paixH  et  forment  des  ponts  ou  des  brides  à  l'intérieur  de  son  cainl  ; 
une  trame  fibreuse,  où  l'on  aperçoit  des  grains  d'hématine,  parfois  des  cristaiu 
d'hématoîdine  déposés  dans  des  espaces  fusiformes,  telle  est  la  coropositiou  tk* 
ces  dépôts.  Ces  nouveaux  produits^  comme  cela  se  rencontrait  dans  un  cas,  peu\iiU 
encore  siéger  entre  la  tunique  interne  et  la  tunique  moyenne;  devant  eui 
sont  situés  des  caillots  fibrinciix,  fermes,  grenus,  noirâtres  ou  décolorés,  plu>  ou 
moins  allongés  et  volumineux,  qui  obturent  une  ou  plusieurs  des  principales  bran- 
ches de  division  de  l'artère  pulmonaire. 

b.  Système  artériel.  Moins  directement  soumis  à  l'action  irritante  des  akt»- 
liques^  les  troncs  artériels  qui  émanent  du  cœur  gauche  n'en  sont  cependant  |ja> 
tout  à  fait  à  l'abri,  et  (^«rtains  auteurs  ont  essayé  de  rattacher  quelques-unes  de  laH> 
altérations  â  l'alcoolisme.  Magnus  Huss  signale,  chez  les  buveurs»  dans  l'aoïtc 
thoracique  et  les  ai*tères  cérébrales  principalement,  l'existence  de  plaques  di»r- 
minées  dites  athéromateuses,  dont  il  recherche  ensuite  la  nature  et  le  mode  At 
formation.  Or,  cette  altération,  susceptible  d'amener  l'ulcération  et  la  nqHuretln 
vaisseau  ou  même  de  devenir  le  point  de  départ  d'un  auévrisme,  nous  de^oih 
avouer  que  nous  l'avons  rarement  observée  dans  les  nombreux  cas  d'alcoolisu)'' 
que  nous  avons  pu  examiner. 

Cependant ,  il  nous  est  arrivé  de  trouver,  principalement,  dans  l'aorte  tbon- 
cique,  des  plaques  saillantes  plus  ou  moins  épaisses,  iirégulières,  et  formées  pi 
une  production  de  substance  conjonctive.  Cette  substance,  par  suite  des  nH*u- 
morphoses  qu'elle  est  appelée  à  subir  dans  la  suite,  arrive  bien  à  fournir  b 
bouillie  atbéromateuse  qui  dans  d'autres  cas  n'est  que  le  résultat  d'une  transbniw- 
tion  graisseuse  de  la  tunique  moyenne  des  artères.  Mais,  à  noire  avis,  on  ne  ik*»^ 
encore  prouver  que  ces  masses  athéromateuses  se  rattachent  sûrement  à  TaloooliïOii: 
L'un  de  nos  maîtres,  toutefois,  M.  le  docteur  Gueneau  de  Mussy,  a  obaerré  relie  al- 
tération à  plusieura  reprises  chez  des  ivrognes,  dans  des  cas  où  l'impossibilit*' 
d'expliquer  sa  présence  soit  par  l'âge  des  malades,  soit  pr  toute  autre  caiH\ 
rendait  peu  douteuse  l'influence  des  boissons  spiritueuses  sur  sa  produclMMi. 

c.  CcÉur  H  péricarde.  De  même  que  la  péritonite  et  la  pleurésie,  la  péricai- 
dite  est  /quelquefois  l'elîet  de  l'usage  immodéré  des  alcooliques ,  et,  comme  n*^ 
dernières  affections,  elle  revêt  encore  la  forme  adliésive ,  ainsi  que  nous  aïons  \m 
le  constater  ;  à  une  période  peu  avancée,  les  fausses  manbranes  AMoffia  à  U 
surface  duoeeur  peuvent  donner  lieu  à  un  bruit  de  frottement  qui^  pbs  tard ,  «b^ 


ALCOOLISME  (patbologis).  645 

]i»r;iU,  loi'squ  il  y  a  adhérence  intime  du  péricarde  el  du  cœur.  Les  an'.écédenls 
siMils  el  les  phénomènes  concomitants  obsenrés  chez  le  malade  pourront  conduire 
au  diagnostic  en  pareil  cas. 

\jc  cœnr  devient  en  général  le  siège  de  lésions  variées.  Celles-ci,  le  plus 
«igront,  portent  sur  ses  parois.  Plus  rarement  elles  intéressent  les  valvules.  Cha- 
cune de  ces  lésions  demande  nne  description  séparée  ;  mais  auparavant,  il  importe 
de  faire  connaître  la  configuration  extérieure  du  centre  circulatoire  dans  l'alcoo- 
lisme ;  souvent,  en  effet,  cette  configuration  présente  nne  physionomie  spéciale. 
Dons  un  premier  degré,  c'est-à-dire  lorsque  l'abus  a  été  peu  prolongé,  le[cœur, 
«n  peine  plus  volumineux  que  dans  l'état  normal,  se  fait  remarquer  par  un  dé- 
pôt adijieux  abondant  surtout  à  la  base  et  sur  le  trajet  de  l'artère  coronaire  anté- 
rienre.  A  une  période  plus  avancée,  ce  dépôt  graisseux  forme  une  sorte  de  couronne 
à  la  base  du  cœur  et  recouvre  en  même  temps  le  bord  ou  même  tout  le  ventri- 
cule droit.  Situé  sous  le  feuillet  viscéral  du  péricarde,  la  graisse  ainsi  amassée , 
arrive  à  produire,  dans  certains  points,  des  appendices  ou  pelotons  plus  ou  moins 
volumineux,  et  qui  ne  sont  pas  sans  gêner  les  mouvements  cardiaques;  d'autre 
fvirt,  par  suite  de  sa  pénétration  entre  les  fibres  musculaires  el  de  la  compression 
qu'il  (fétermine,  il  altère  et  atrophie  les  éléments  essentiels  à  la  contraction. 

Le  volume  du  cœur  est  alors  généralement  augmenté  ;  des  plaques  laiteuses 
existent  sur  sa  paroi  antérieure  ;  la  coloration  du  tissu  musculaire  est  jaunâtre, 
sa  consbtance  est  molle,  et  sa  friabilité  plus  grande.  Une  section  perpendiculaire 
des  |)arois,  à  la  base  du  cœur,  rend  plus  appréciable  l'épaisseur  de  la  couche  de 
graisse,  en  même  temps  qu'elle  permet  de  reconnautre  dans  la  substance  conlruc- 
tile  de  cet  organe  la  présence  de  petits  amas  graisseux  de  coloration  jaunâtre. 
L'augmentation  de  volume  consiste  ordinairement  dans  une  dilatation  des 
Invités  avec  ou  sans  hypertrophie  des  parois.  Le  cœur  gauche  en  est  le  siège  habi- 
tuel. Le  plus  souvent  le  cœur  droit  consen'e  ses  dimensions  normales,  ses  cavités  se 
dilatent  moins  que  celles  du  cœur  gauche  ;  sa  cavité  ventriculaire,  bien  que  suscep- 
tible d'un  agrandissement  de  plusieurs  centimètres,  ne  présente  jamais  l'une  de 
ces  dilatations  pathologiques  que  l'on  rencontre  dans  d'autres  circonstances. 

Un  épaississement,  rarement  considérable,  et  qui  occupe  habituellement  les  pa- 
rois du  ventricule  gauche  et  la  cloison,  fait  déjà  signalé  par  Magnus  lluss,  et 
depuis  observé  par  nous,  donne  à  l'hypertrophie  cardiaque  des  ivrognes  une  cer- 
taine analogie  avec  l'hypertrophie  consécutive  aux  lésions  de  Torifice  aortique^  a 
Talténition  des  petites  artères  ou  même  à  certaines  affections  rénales. 

On  peut  néaiunoins  parvenir  à  distinguer  ces  lésions.  Dans  l'hypertrophie  consé- 
cutive, il  n*y  a  pas  un  dépôt  graisseux  considérable  à  la  base  du  cœur,  le  tissu  mus-  , 
culaire  conserve  sa  coloration  et  devient  rarement  friable  ;  de  phis,  on  constate  l'une 
ou  l'autre  des  altérations  dont  Thypertrophie  cardiaque  n'est  que  la  conséquence. 

A  ces  changements  de  volume  et  de  coloration  correspond  en  généra]  une  modi- 
lication  de  la  structure  :  les  fibres  musculaires  sont  rarement  tout  â  fait  saines  ;  à 
la  surface  extérieure  surtout,  là  où  la  graisse  est  abondante,  elles  offrent  une  stria- 
lion  peu  nette;  elles  sont  granuleuses  et  manifestement  altérées.  La  trame  de  sid)- 
"itance  conjonctive,  généralement  épaissie,  forme,  sur  quelques  points,  des  bandes 
fibreuses  au  sein  desquelles  les  éléments  musculaires  sont  rares  et  profondément 
modifiés.  Cette  dernière  altération,  que  nous  avons  plusieurs  fois  constatée  chez  des 
buveurs,  nc&i  Kulre  chose  qn'nîiemyocardite  partielle  chronique;  cette  lésion, 
loat  porte  à  le  croire,  pourrait  bien  provenir  aussi,  dans  certains  cas  du  moins, 
de  l'abus  des  spiritueux.  Deux  fiiits  que  nous  avons  été  à  même  d'observer  nous 


646  ALCOOLISUE  (rATooLociE). 

ont  paru,  sous  ce  rappoii,  très-démonstratifs;  dans  l'un  d*eui ,  des  concrétions 
fibrineuses  adhéraient  à  la  surface  du  cœur. 

Quant  aux  lésions  valvulaires^  leur  étude,  au  point  de  vue  de  Talooolismo, 
n'a  pas  encore  élé  faite  que  nous  sachions  ;  cependant,  comme  il  n*est  pas  rare  dt* 
les  rencontrer  chez  des  individus  intoxiqués  par  les  liqueurs  fortes  et  sans  aptê^ 
cédents  rfaumalismaui,  nous  croyons  devoir  mentionner  ici  le  mode  anatomiqut* 
le  plus  souvent  observé.  Dans  plusieurs  cas  soumis  à  notre  examen,  les  valvule^ 
aortiques  présentaient  un  peu  au-dessous  du  tubercule  d'Âranzi  un  léger  épais* 
sissement  blanchâtre  on  grisâtre,  qui  allait  rarement  jusqu'à  rétrécir  ou  rendrv 
insuffisant  l'orifice  correspondant.  A.  l'œil  nu,  mais  surtout  à  l'inspedion  miao- 
scopique,  il  était  fucile  de  recoimailre  en  ce  point  lexistence  d'une  productioa 
nouvelle,  soiis  forme  de  prolongements  conoides,  papiUaires  ou  disposés  en  rosa- 
ces et  formés  de  substance  conjonctive  revêtue  d'un  épithélium  plus  ou  moins  al- 
téré. Toute  superficielle  d'abord,  cette  lésion  parla  suite  devient  plus  profonde 
et  plus  étendue,  mais  sans  atteindre  en  général  l'anneau  fibreux  qui  circonscnl 
l'orifice,  particularité  qui  la  distingue  de  l'endocardite  valvulaire  rfauroatisniale. 
laquelle,  intéressant  tout  à  la  fois  l'anneau  sur  lequel  se  trouvent  implantées  K^s 
valvules  et  les  valvules  elles-mêmes,  produit  en  général  des  résultats  plusiScheut. 
L'occasion  de  constater  l'altération  de  la  valvule  mitrale  est  beaucoup  moins  fré- 
quente ;  les  lésions  des  orifices  du  cœur  droit  sont  plus  rares  encore  ;  dans  quel- 
ques cas  seulement  la  \id>iile  tricuspide  nous  a  paru  être,  sur  plusieurs  des  points 
voisins  de  son  bord  libre,  injectée  et  épaissie. 

Jamais  les  altérations  cardiaques  en  question  ne  sont  isolées,  toujours  elles  coïnci- 
dent avec  quelque  autre  lésion  dont  lorigine  alcoolique  ne  saurait  être  contestée. 
Budd  avait  déjà  été  frappé  de  la  coexistence  fréquente  de  la  cirrhose  des  iviognes 
et  des  maladies  du  cœur  ;  il  attribuait  ce  fait,  en  grande  partie,  à  une  tendant 
qu'auraient  les  habitudes  alcooliques  à  produire  des  aflections  du  cœur  et  des 
vaisseaux  tout  aussi  bien  que  des  lésions  de  la  glande  hépatique  {loc.  ctl.,  p.  Ii9/. 

Les  symptômes  qui  trahissent  chacune  de  ces  diflerentes  altérations  ne  dinereiit 
pas  d'une  Ihçon  notable,  si  ce  n'est  dans  leur  degré  d'intensité  ;  des  palpitations 
violentes,  une  dyspnée  avec  sensation  d'oppression  et  de  oonstriction  thoraciquo, 
l'accélération  légère,  et  plus  tard  la  faiblesse,  l'inégalité  et  le  ralentissement  du 
pouls,  surtout  lorsqu'il  y  a  surcharge  graisseuse,  de  l'œdème  aux  extrémités  iu- 
férieures ,  tels  sont,  alors,  les  principaux  phénomènes  observés  auxquds  succè- 
dent parfois  des  symptômes  d'asystolie;  rarement  on  constate  à  Tauscoltatiou 
l'existence  de  bruits  anormaux,  ce  qui  explique  fort  bien  le  peu  d'étendue  qiie 
semblent  acquérir,  en  général ,  dans  les  cas  qui  nous  occupent,  les  altérations  d^ 
valvules  du  cœur.  Ces  désordres  n'ayant  rien  de  prticulier ,  il  importe,  pour  yon- 
voir  les  relier  à  la  cause  qui  leur  a  donné  naissance,  d*élre  renseigné  sur  les  anté- 
cédents des  malades,  sur  leurs  habitudes,  et  de  savoir  tenir  compte  des  mani- 
festations variées  qui  ne  manquent  jamais  de  se  présenter  en  pareille  cir- 
constance. 

g  IV.  Appareil  de  i/uémopoïèse.  liCs  modifications  que  subissent  les  glande^ 
vasculaircs  sanguines  dans  le  cours  de  l'alcoolbme  ont  été  à  peine  sij^nalées. 

La  plus  importante  de  ces  glandes,  la  rate,  est  ordinairement  volumineuse,  molle, 
friable,  rarement  diflluente,  mais  souvent  parsemée  de  petites  taches  hémorrfaa- 
gitpies.  S'il  existe  une  cirrhose,  elle  est  notablement  hypertropliiée.  Quelqaefoi> 
|)etite,  ratatinée,  elle  adhère  au  diaphragme  à  l'aide  de  néoplasmes  memfaraneui 
insérés  sur  sa  capsule  épaissie  et  opaque. 


ALCOOLISME  (patuologie).  647 

Le  corps  thyroïde  et  les  capsules  surrénales  n^oflreut  généralement  pas,  autant 
que  je  sadie,  de  lésions  appréciables  ;  il  n'en  est  pas  de  niénie  des  glandes  lym- 
phatiques. Ordinairement  perdus  dans  une  couche  de  graisse  très-épaisse,  les  gan- 
glions mésenlériques  et  prévertébraux,  pour  ainsi  dire  étouffés,  sont  petits, 
ntatinés  et  souvent  méconnaissables.  Ils  présentent  à  la  coupe  de  petits  amas 
pisseux,  disséminés  à  leur  circonférence,  et  dans  quelques  cas  de  cirrhose  hépa- 
tique» nous  avons  pu  observer  un  épaississement  manifeste  de  leur  ti-ame  fibreuse. 
Plus  rarement  il  arrive  de  constater  l'altération  ganglionnaire  des  autres  régions 
<m  la  modification  des  follicules  clos  de  l'intestin,  du  pharynx  et  des  amygdales. 
Mais  on  ne  peut  contester  que  les  modalités  pathologiques  des  glandes  vasculaires 
sanguines  n'aient  mie  grande  analogie  avec  celles  qui,  diins  l'alcoolisme,  affectent 
la  plupart  des  organes.  Une  étude  plus  approfondie  de  ces  manifestations  anatomi- 
ques  est  encore  nécessaire.  Cette  élude  sera  certainement  fort  utile,  cnr  elle  est 
destinée  à  faire  connaître  la  part  qui  revient  aux  glandes  sanguines  dans  la  \iro- 
duction  de  l'état  cachectique  des  ivrognes. 

Liquide  sanguin.  Les  altérations  du  sang  out  été  étudiées  ci-dessus  (vay,  Al^ 
cooL,  Action  physiologique).  Nous  nous  bornerons  à  dire  que  nous  avons,  nous 
aussi,  constaté  l'état  graisseux  du  sang  et  l'intégrité  des  globules  sanguins,  du 
moins  dans  la  période  aiguë  de  ralcxx)lisme.  Dans  l'alcoolisme  chronique,  ces 
mêmes  globules,  paiaitrait-il,  ne  seraient  pas  à  l'abri  de  toute  espèce  d'altération- 
Klencke  (cité  par  Duménil)  aurait  ^ii  les  globules  ix>uges  rétractés  et  exprimant 
en  quelque  sorte  leur  matière  colorante  dans  le  plasma  ;  Duménil ,  de  Rouen  {Gazette 
hebdomadaire,  i858),  prétend  avoir  constate  leur  déformation.  Mais  quoi  qu'il 
en  soit,  quelques-uns  de  ces  corpuscules  deviennent  parfois  granuleux,  se  dépouil- 
lent de  leur  matière  colorante,  laquelle,  sous  forme  de  granulations  noirâtres, 
se  retrouve  dans  certains  organes,  les  glandes  sanguines  eu  particulier,  ou  même 
dans  les  cellules  du  réseau  cutané  de  Malpighi.  De  plus,  nous  avons  souvent  ob- 
servé en  pareil  cas  une  augmentation  tout  au  moins  relative  du  nombre  des  globulet^ 
iilancs.  Ajoutons  que  la  fibrine  parait  aussi  se  modifier  dans  sa  qualité;  car,  même 
dans  le  cas  de  phlegmasie  viscérale,  on  ne  rencontre  pas  oitUnairement  de  caillot 
libnneuK  dans  le  cœur,  et  le  sang  reste  fluide  après  la  mort. 

Aucun  symptôme  bien  a|^rent  ne  traduit,  au  début  de  l'alcoolisme,  les  modifi- 
^^ationsdu  liquide  sauguin  ;  il  n'en  est  pas  de  même  plus  tard,  où  les  palpitations, 
rcssonfilement,  l'oppression  au  moindre  exercice,  une  teinte  terreuse  assez  particu- 
lièi'e  révèlent  l'existence  d'une  diminution  des  globules,  d'une  anémie  avec  ca- 
chexie plus  ou  moins  profonde.  L'apparition  de  tadies  ecchymotiqucs  à  la  surface 
de  la  peau  (purptim),  et  principalement  aux  membres  inférieurs,  est  l'indice  d'une 
altération  subie  par  la  fibrine,  tandis  que  la  coloration  bronzée,  noirâtre  de  la 
|Mau,  ou  mélanodermie,  accuse  le  dépôt  de  pi^îmenten  question.  Cette  coloration 
|Ktrticulière  semble  se  lier  en  etTet  dans  certains  cas  à  l'alcoolisme.  H  est  à  re- 
marquer du  moins  qu'un  certain  nombre  de  malades  atteints  de  mélanodermie  sont 
adonnés  aui  boissons  alcooliques;  pour  se  convaincre  de  ce  fait,  il  suffit  de  consul- 
1er  le  travail  même  d'Addison  (On  the  Constit ,  and  Local  Effects  ofthe  Disease  of 
the  Supra-renal  Caps.  London,  i855). 

g  V.  Appareil  de  l'ibciiervatiok.  Lancisi,  Sauvages,  Morgsigni,  Darwin 
(Zoonotniey  t.  V,  p.  AM),  Pinel,  rattachaient  à  l'abus  des  alcooliques  une 
forme  particulière  d'apoplexie;  plus  récemment,  Sutton,  Rayer,  Kopp,  Dar- 
kausen,  Black  (d'Edimbourg),  J.  Ware  (de  Boston),  Dreyfuss,  Léveillo  (.Vm. 
de  VAcad.  deméd  ,  t.  1)  et  Cahneil  {Dictionn.  deméd,,  2'  édit.),  ont  donné 


646  ALCOOLISME  (patiiolocie). 

une  excellente  description  du  delirium  trfmens.  Dans  ces  derniers  toinps  enfin, 
des  travaux  impoitants  ont  été  produits  par  M.  Marcel  (Thèse  de  Paris,  1847)  sur 
la  folie  alcoolique,  par  Magnus  liuss  {loc.  cit)  sur  les  diflerentes  modiGcalions  wr- 
Yeuses  de  Talcoolisme,  par  M.  Lnsègue  (Thèse  de  concours,  Paris  185.^),  par 
M.  J.  Falret  (Thèse  de  doctorat,  Pans,  1855)  sur  la  paralysie  générale  dans  ses 
rapports  avec  Tintoxication  alcoolique.  Mais  si  dans  ces  différents  travaux  on  timive 
une  étude  approfondie  des  manifestations  symptomatiques  de  l'alcoolisnie,  la  qiie^ 
tion  anatomico-pathologique  y  est  à  peine  ébauchée,  au  point  que  le  delirium  ire- 
fnens  par  exemple  est  regardé  par  la  plupart  des  anteiuis  susnommés  comme  une 
névrose  liée  k  un  empoisonnement  par  Talcool.  Il  faut  convenir  que  rappr&-iati<n 
des  lésions  alcooliques  des  centres  nerveux  n*est  pas  sans  présenter  des  diJliculti's 
d'observation  ;  cependant  ces  lésions  ne  peuvent  être  mises  eu  doute  ;  de  plus, 
elles  ont  avec  celles  qui  se  présentent  dans  d'autres  organes  une  amilogie  tdle 
qu'il  u*est  guère  possible  de  récuser  la  cause  qui  leur  a  donné  naissance. 

A.  Encéphale,  —  a.  Dure-mère,  La  dure-mère  crânienne  devient  dans  cer- 
taines circonstances  le  siège  d'une  altération  à  laquelle  les  boissons  alcoolique 
poraissent  prendre  une  bonne  part,  ainsi  que  nous  l'avons  signalé  aulreiois  {ArA. 
de  méd.,  nov.,  déc.  1862  et  janv.  1865)  et  qu'il  a  été  vérifié  depuis  (Perroud, 
Gaz,fnéd.  de  Lyon^  1865,  n''*^^  et  25;  J.  Clu>istian,  Étude  sur  la  packyfBénm' 
gitehémoirhagiqtie,  Strasbourg,  1864). 

Produit  d'un  travail  phlegmasique  non  suppuratif,  cette  altération,  peu  diflérenle 
de  II  modification  péritonéale  dont  nous  avons  déjà  parlé,  se  trouve  caractériaM: 
par  la  présence,  à  la  surface  de  la  dure-mère,  de  dépôts  membraneux  plus  ou 
moins  étendus,  manifestement  organisés  et  constitués  par  une  trame  de  substanue 
conjonctive  en  général  parsemée  de  capillaires  à  parois  minces  et  bellement  alté- 
rables. Ces  néoplasmes  tapissent  ordinairement  h  portion  de  la  dure-mère  qui  cor- 
respond à  la  région  pariétale;  ils  se  présentent  tantôt  sous  forme  d*un  minoe 
feuillet,  tantôt,  et  le  plus  souvent,  sous  forme  de  lames  superposées  entre  leaqiieil» 
on  aperçoit  de  petites  taches  ecchymotiques  ou  de  véritables  caillots  sanguins  «pa- 
cbyméningite  bémorrhagique,  hémorrliagie  intra-arachnoidienne  enkystée),  seloo 
la  plus  ou  moins  grande  quantité  de  sang  épanché  dans  leur  épaisseur.  Ces  pio- 
ductions  membraneuses,  par  la  compression  qu'elles  exercent  sur  la  roasK  encé- 
phalique, donnent  lieu,  on  le  conçoit,  à  des  manifestations  phénoménales  trèsr 
variées. 

Ce  serait  une  erreur  de  croire  que  tous  les  néoplasmes  pachyméningitiques  r* 
connaissent  pour  origine  l'abus  des  liqueurs  spiritueuses  ;  d'autres  causes,  saai 
aucun  doute,  peuvent  leur  donner  naissance.  Déjà  nous  avons  essayé  de  diflcfen- 
cier  anatoroiquement,  au  point  de  vue  de  leur  origine,  les  productions  mé- 
ningiennes  dont  il  s'agit.  L'un  des  principaux  caractères  qui  nous  aient  pira 
pouvoir  fonder  une  distinction,  c'est,  en  cas  d'alcoolisme,  la  grande  \ii9cularité  <k» 
fausses  membranes  et  leur  tendance  aux  hémorrhagies, 

b.  ArachnoUde  et  pie-mère.  Les  altérations  de  ces  membranes  sont  fié|iieate», 
on  peut  même  dire  qu'elles  ne  manquent  jamais  chez  les  vieux  ivrognes  qui  suc^ 
combent  à  des  accidents  cérébraux  chroniques.  Elles  ont  un  siège  de  prédilection 
tout  particulier,  qui  est  pour  le  cerveau  la  face  supérieure  des  hémisphères,  poui 
le  cervelet  la  portion  qui  en  circonscrit  la  grande  circonférence.  Iieurs  caractères 
anatomiques  sont  encore  ceux  des  inflammations  adhésives.  A  la  face  ouuvexf  et 
supérieure  des  hémisphères,  mais  principalement  au  voisinage  du  simis  loogito- 
dinal  supérieur,  on  trouve  ces  membranes  épaissies,  opalines,  pacaemées  de  points 


ALCOOLISMB  (pathologib).  649 

(NI  de  petites  plaques  d'un  Uanc  laiteni,  et  souvent  adhérentes  entre  elles,  ou 
même  avec  la  durcHiière  crânienne  ;  tantôt  leurs  vaisseaux  sont  dilatés  et  engorgés 
do  saug,  tantôt  et  le  plus  souvent  des  traînées  fahnchâtres  existent  sur  leur  Imjet 
et  leurs  parois  sont  plus  ou  moins  altérées  (dégénération  graisseuse).  Pnr  suite  de 
iTtte  fdlération,  on  constate  fréquemment  dans  l'épaisseur  de  ces  «toiles  des  taches 
iTcliymotiques  de  petite  étendue  ou  des  plaques  jaune  d'ocre,  constituées  par  la 
matim  colorante  du  sang  à  l'état  amorphe  ou  cristallin  (hématoidine).  Ces  extra- 
Tasatioiis  sanguines,  qui  se  rencontrent  encore  â  la  surface  des  ventricules,  occu- 
pe;it  principalement  la  grande  circonférence  du  cervelet. 

Clair  ou  opalin,  le  liquide  céphalo-rachidien  est  d'autant  plus- abondant  que  lefi 
circuQvolutions  et  le  cerveau  tout  entier  sont  plus  atropliiés,  puisque  ce  liquide, 
comme  on  le  sait,  est  appelé  à  suppléer  à  la  diminution  de  la  masse  cérébrale  ; 
tpielquefois,  accumulé  au  niveau  d'une  ou  de  plusieurs  circonvolutions,  il  semble 
contenu  dans  une  poche  et  simule  fort  bien  un  kyste.  D'ordinaire,  les  corpuscules 
de  Paochioni  participent  à  l'altération;  ils  sont  nombreux,  jaunâtres  et  plus  volu- 
mineux qu'à  l'état  physiologique. 

Il  est  inutile,  ce  nous  semble,  de  faire  ressortir  les  difféi^ences  anatomiques  qui 
séparent  la  méningite  alcoolique  de  la  méningite  tuberculeuse.  Dans  oette  dernière, 
le  proJuit  nouveau  apparaît  sous  forme  de  granubtions  miliaires  dont  le  siège  d'é- 
lection est  la  base  du  ceiTeau  et  la  scissure  de  Sylvius ,  la  substance  cérébrale  est 
le  plus  souvent  altérée  et  ramollie,ce  qui  estl'inverse  dans  la  méningite  alcoolique. 

c.  Cerveau  el  cervelet.  Tous  les  points  de  ces  centi'es  ne  sont  pas  également 
accessibles  à  l'influence  morbide  des  boissons  alcooliques.  A  cet  égard ,  on  peut 
établir,  d'une  fa^n  générale  au  moins,  que  la  fréquence  des  altérations  produites 
par  ces  liqueurs  est  en  rapport  avec  la  richesse  vasculaire  de  la  substance  nervi  use 
centrale.  La  substance  grise  des  circonvolutions  du  cerveau  et  du  cervelet,  celle  des 
couches  optiques  et  des  corps  striés,  telles  sont  les  parties  où  s'observent  le  plus 
hahituelkment  les  lésions  produites  par  les  spiritueux.  Ces  lésions  se  présentent 
toutes  avec  des  modes  divers  et  des  degrés  variés. 

Dans  un  premier  degré,  qui  est  celui  où  apparaît  d'ordinaire  le  delirium  tre- 
menSy  le  cerveau  pris  en  masse  est  à  peine  modifié  à  la  simple  vue  ;  sa  consistance, 
sa  coloration,  ont  peu  changé,  et  c'est  tout  au  plus  si  les  vaisseaux  des  méninges 
ou  ceux  de  la  substance  cérébrale  sont  plus  pleins,  plus  volumineux,  ou  di- 
latés ,  comme  le  prétend  Magnus  lluss.  A  cette  période  pourtant,  le  microscope 
permet  déjà  de  constater  l'altération  de  quelques-uns  des  éléments  anatomiques 
de  l'encéphale.  Dans  les  circonvolutions,  les  capillaires  sont  rarement  sains;  dilatés 
et  sinueux,  ils  présentent  de  distance  en  distance,  dans  l'épaisseur  de  leurs  parois  et 
en  particulier  an  niveau  de  leurs  points  de  bifurcation,  des  granules  grisâtres  ou 
jaunâtres  qui  réfléchissent  très-fortement  les  rayons  lumineux  et  qui  sont  ordi- 
nairement disposi-s  par  groupes  et  sous  forme  d'amas  losangiques.  Ces  granules, 
qui  accusent  une  dégénératton  de  l'élément  le  plus  important  du  capillaire,  de  ce 
i|ui  parait  être  l'élément  contractile,  sont  ainsi  une  cause  de  stase  sanguine  et  de 
trouble  de  la  circulation  capillaire.  Sur  le  trajet  des  parois  vasculaires,  dans  leur 
épaisseur  ou  à  leur  voisinage,  existent  des  traînées  formées  de  grains  d'un  rouge 
jaunâtre  provenant,  selon  toute  vraisemblance,  de  la  matière  colorante  du  sang 
•^xtravasé. 

Les  éléments  cellulaires  de  la  substance  grise,  ceux-là  principalement  qui 
avoisinent  les  vaisseaux  malades,  sont  en  partie,  et  peut-être  uniquement  paV  suite 
du  trouble  circulatoire,  aflectés  de  la  même  dégénération.  Bon  nombre  de  ces  cel- 


650  ALCOOLISEE  (patoolocie). 

Iules,  eu  effet,  plus  ou  moins  déformées,  contiennent,  outre  les  graoïihUons  de 
l'état  sain,  des  granules  brillants  ayant,  quelques-uns  au  moins,  les  apparetici>> 
de  petits  globules  graisseux .  Des  granulations  analogues  à  celles  du  contenu  cellu- 
laire  se  rencontrent  en  outre  semées  çà  et  là  en  deliors  des  cellules  nerretises. 
Dégéncration  granulo-graisseuse  des  capillaires  et  d*un  certain  nombre  d'élémenU 
cellulaires,  telle  est  donc  la  lésion  qui  s*obser\'e  dans  les  ciroonvolutions  et  la 
substance  grise  centrale  du  cerveau.  Cette  lésion,  on  la  retrouve  encore  dans  le<ta*- 
velet,  au  niveau  surtout  de  la  grande  circonférence.  Remarquons  que  ces  désordres 
anatoniiques  ne  donnent  pas  toijgours  lieu  à  des  troubles  constants;  cqiendant 
lorsqu'on  y  regarde  de  près  on  voit  (|ue,  le  plus  souvent,  ils  coexistent  avec  un 
léger  degré  d'agitation,  une  faiblesse  de  la  mémoire,  des  rêvasseries  ou  même  de> 
liallueinalions,  du  tremblement  des  membres  et  des  désordi'es  du  côté  de  la  ^ah 
sibililé. 

A  une  période  plus  avancée,  les  lésions  malérielleà  de  l'encépliale  ne  sont  pla^ 
contestables,  même  à  Tœil  nu.  Tantôt  diffuses,  tantôt  circonscrites  et  disséminét^ 
en  différents  \mnis ,  elles  ont  encore  pour  siège  de  prédilection  la  pêripltérie  ilu 
cerveau  ou  du  cervelet,  les  corps  striés  et  les  couches  optiques. 

L'une  des  plus  fréquentes  parmi  ces  altérations  consiste  dans  une  sorte  de  rab- 
tinement  avec  induration  et  atrophie  de  la  masse  encéphalique  {fféri'-evcéfJiûliU 
difftise  atrophiqué).  Celle-ci  est  plus  ferme  et  comme  macérée  dans  1  alcool. 
Au-dessous  des  méninges  opaques  inliltrées  de  sérosité  et  faciles  a  détadier,  les 
circonvolutions  cérébrales,  celles  du  la  face  convexe  des  hémisphères  surtout,  api^ 
raissont  petites,  inégales  en  volume,  pales  ou  giisâtres,  plutôt  que  jaunâtresou  losit^, 
lavées,  pour  ainsi  dire,  par  le  liquide  qui  les  baigne  et  qui  vient  oomUer  le  \'uW 
produit  par  leur  retrait;  sur  quelques  points  de  leur  surface  on  remarque  paribis 
une  légère  déperdition  de  substance,  une  sorte  d'ulcération,  de  kyste  vide  dont  l(^ 
parois  membraneuses  et  grisâtres  sont  appliquées  l'une  à  l'autre  ;  les  ventricules  sont 
dilatés  et  pleins  d'un  liquide  séreux,  transparent  ;  leur  membrane  épaissie, opaline, 
corUient  dans  son  épaisseur  de  nombreux  corpuscules  amyloïdes. 

liCs  couches  optiques  et  les  corps  striés  sont  fermes,  aplatis,  de  petit  voliuiie, 
déprimésùleur  surface.  Dans  un  cas  rapporté  par  M.  Calmcil  (Obs.  50, 1. 1,  p.  56r»u 
un  kyste  du  \x)lume  d'un  pois,  situé  entre  la  couplie  optique  et  le  corps  slné  gaudic, 
contenait  une  sorte  de  gelée  mêlée  à  une  substance  micacée  brilbmte,  cristalfiiitt 
sous  forme  de  lamelles  (cliolestérine).  Un  kyste  analogue,  soite  de  géode  patholo- 
gique, a  été  vu  par  nous  dans  la  couclie  grise  périphérique.  La  substance  bhncht 
nerveuse  est  en  générsd  plus  ferme,  plus  consistante  on  indurée;  quelquefois  pour- 
tant elle  est  plus  molle.. 

Assez  rarement  la  pie-mère,  adhérente  à  la  surface  des  ciroonvolutioDS,  ne  peut 
en  être  séparée  sans  entraîner  avec  elle  une  partie  de  la  masse  nei*veuse  sou»- 
jacente.  D'une  coloration  grisâtre  ou  jamiâtre,  marquée  surtout  an  niveau  de  i» 
grande  circonférence  du  cervelet,  la  substance  grise  périphérique ,  dans  a» 
conditions,  est  souvent  infiltrée  et  comme  Ijarbouillée  de  sang  ou  parsemée  de\tra- 
vasatious  sanguines.  La  substance  grise  centrale  peut  être  lésée  de  la  même  façon. 
Cette  dernière  altération,  particulièrement  propre  à  la  paralysie  générale aiooolii|Uf. 
ne  diiïere  pas  notablement,  en  somme,  de  la  précédente.  Les  capillaires,  la  névro^', 
les  cellules  et  les  tubi^s  nerveux,  sont  également  modifiés.  L'hyperplasie  conjonctitr, 
qui  a  pour  point  de  départ  principal  les  tuniques  des  capillaires,  occupe  surlool  le 
ti-ajet  des  petits  vaisseaux  qui  de  la  pie-mère  pénètrent  dans  la  substance  nerveux, 
d'où  la  formation  des  adhérences  en  question. 


ALCOOLISME  (PAinoLOGiic).  651 

  eoii  des  lésions  difluses,  il  arrive  de  rencontrer  chez  les  buveurs  des  altéra- 
tions plus  limitées  et  mieux  circonscrites  (encéphalite  circonscrite ,  transforma- 
tion graisseuse) .  Au  sein  de  la  masse  encéphalique  se  rencontrent  des  îlots  de  sub- 
stance nerveuse  de  coloration  ordinairement  jaunâtre»  de  consistance  ferme  ou 
molle,  dans  lesquels  on  constate  à  Tëxamen  microscopique  la  présence  de  noyaux 
plus  ou  moins  nombreux  sur  le  trajet  des  capillaires,  l'épaississement  de  la  tramo 
de  substance  conjonctive,  et  plu»  tard  la  dégénération  gi'anulo-graisseuse  des 
vaisseaux  et  des  éléments  nerveux  arrivant  à  former  une  véritiiblc  émulsion. 
Cette  encéplialite  partielle  a  la  marche  chronique  de  toutes  les  aiTections  alcoo- 
li<]ues,  et  elle  doit  à  la  plus  ou  moins  grande  abondance  des  éléments  fibreux 
de  nouvelle  formation  et  à  la  période  plus  ou  moins  avancée  de  son  évolution,  la 
différence  de  ses  caractères  anatomiques.  Dans  sa  dernière  phase,  cette  altération 
amène  quelquefois  à  la  surface  du  cei-veau  des  dépressions  plus  ou  moins  profondes, 
au  niveau  desquelles  on  trouve  une  sorte  de  bouillie  crémeuse  mélangée  avec 
des  détritus  de  tissu  cellulaire  fin,  comme  cotonneux  (Culmeil,  t.  II,  p.  279,  iM; 
Lallemand,  Lettres).  Plusieurs  fois  nous  avons  eu  loccasion  d*observer  cet 
état  anatomique  qui,  dans  quelques  cas,  a  pu  en  imposer  à  des  observateurs  distin- 
gués au  point  de  leur  faire  croire  à  un  travail  réparateur  là  où  il  ne  s'agissait,  en 
réalité,  que  dé  la  phase  dernière  d'un  processus  morbide  particulier. 

Llnduration,  le  ramollissement,  l'apparence  kystique  ou  cicatricielle  ne  sont 
donc  en  pareille  circonstance  que  des  modes  variés,  des  degrés  divers  d'un  même 
processus  morbide,  et  ne  constituent  pas  des  types  différents  d'altération.  U  y  a  lieu 
de  se  demander  si  alors  la  dégénérescence  graisseuse  des  capillaires  et  des  élé* 
ments  nerveux  est  toujours  la  conséquence  d^uu  travail  phlegmasique,  ou  si  elle 
n'est  pas  quelquefois  primitive  et  indépendante  de  toute  modification  de  la  sub- 
stance conjonctive,  ainsi  qu'il  arrive  pour  les  éléments  cellulaires  du  foie  et  d'autre» 
organes.  Les  faits  que  nous  avons  été  à  même  d'observer  sont  jusqu'ici  trop  peu 
nombreux  pour  permettre  une  affirmation  à  cet  égard.  Quelques-uns  d'entre  eux 
tendent  cependant  a  faire  admettre  la  possibilité  de  la  dégénération  graisseuse  pri- 
mitive des  éléments  nerveux.  Ainsi  l'abus  des  alcooliques  produirait  dans  les  centres 
encéphaliques  les  mêmes  modifications  anatomiques  qu'il  détermine  au  sein  de  la 
substance  hépatique,  à  savoir,  des  inflammations  adliésives  diffuses  ou  circonscrites  et 
des  dégénérescences  graisseuses. 

Stmptoxrs.  Lf?s  troubles  fonctionnels  qui  s'associent  aux  lésions  précédentes 
intéressent  en  général  les  trois  grandes  facultés  de  l'àme  humaine  :  h  sensibilité, 
rintelligeuce  et  la  motilité. 

a.  Sensibilité..  Les  désot*dres  de  la  sensibilité  tiennent  d'ordinaire  le  premier 
rang  dans  l'ordre  d'apparition  des  symptômes  nerveux,  ils  varient  dans  leur  moda- 
lité, selon  que  la  sensibilité  est  peiTcrtie,  exagérée  ou  diminuée. 

Vers  le  soir,  ou  plutôt  quelques  instants  apr^  le  coucher,  sitôt  que  se  fait  sentir 
la  dialeur  du  lit,  le  malheureux  buveur  commence  à  éprouver,  principalement  au  ' 
extrémités  iniérieures,  du  malaise,  des  picotements,  des  tiraillements,  des  sensa- 
tions bizarres,  telles  que  celle  d'un  animal  remuant  sous  la  peau,  tous  phénomènes 
dont  il  n'est  souvent  débari^assé  que  longtemps  après  s'être  mis  au  lit  et  à  la  suite 
d'une  insomnie  opiniâtre,  d'une  agitation  ou  même  d'une  angoisse  prolongée.  La 
chaleur  du  lit  pourtant  n'est  pas  toujours  nécessaire  pour  éveiller  ces  troubles,  et  on 
t  vu  la  formication  se  montrer  sous  l'influence  d'un  refroidissement.  Ces  sensa- 
tions singulières,  véritables  hallucinations  de  la  sensibilité,  ne  tardent  pas  à  être 
accompagnées  ou  suivies  d'autres  désordres,  rhy{'éreslhésie  et  l'anesthésie. 


erfS  ALCOOLISME  (PlT1lOL0ClE^ 

Vliypéresthétne  est  un  symptùmc  plus  rare  et  toujours  {lartid,  c  csl4-<iire  qu'il 
ii'(wcii})e jamais  quunc  petite  étcudue  des  membres  ou  dn  tronc,  rkiis  plus  prti- 
eulièix'mcnt  les  membres  inférieinTS  et  surtout  la  plante  des  pieds  ;  rarement  i^-. 
il  coexiste  d  ordinaire  avec  les  fourmillements  ou  FanesUiésie.  C'est  tout  d*ahoni 
un  état  vague  d'inquiétude  douloureuse  et  erratique,  qui  bientôt  se  prtsenU*. 
selon  le  docteur  Magnus  Huss,  sous  deux  formes  distinctes,  Tune  périf:liériipir, 
Tautre  intérieure.  La  jambe  est  le  siège  habituel  de  Thypéresthésie  périphérique  : 
le  malade  éprouve  à  la  peau  une  sensation  de  brûlure,  une  tension,  une  gène,  un 
sentiment  de  douleur  qui  va  quelquefois  jusqu'à  lui  faire  jeter  des  cris  an  moindre 
contact  des  objets  extérieurs.  Ces  douleurs,  dans  quelques  cas,  ont  pour  siège  tout 
particulierles  points  d  émergence  des  nerfs*  Â  ce  mode  de  Thypérestliésic  alooolii{w 
semblent  devoir  se  rapporter  un  certain  nombre  de  faits  donnés  par  les  auteur^ 
coQ]medescasdenévralgiegénérule(uoi^.YaUeix,  BulleL  detiiérapetitiq.j  t.XXXtV. 
1848,  obs.,  2,  5,  4;  Gaz.  des  liàpitaux,  6  mars  4849  et  âl  septembre  W^i\ 
Leclerc,  l)e  la  névralgie  générale ^  Thèse  de  Paris.  i852,  obs.  3, 4,5). 

C'est  dans  le  mollet  que  se  manifeste  d*abord  Thypérestliésie  interne  ;  elle  «m- 
siste  en  une  sensation  de  douleur  plus  ou  moins  violente  et  insupportable,  aocom* 
pagnéc  parfois  d'un  sentiment  de  froid  ou  de  chaud  dont  les  muscles  ou  les  os  sont 
le  principal  siège;  exagéré  par  les  mouvements  et  la  pression,  variable  quant  a  » 
durée,  ce  symptôme,  dans  quelques  cas.coîniide  avec  des  phénomènes  paralytique^ 
qui  peuvent  persister  après  sa  disparition  et  sur  lesquels  nous  aurons  à  revenir. 

VaneMhésie,  que  caractérise  l'obtusion  partielle  ou  généi  aie  du  sentiment,  dr» 
bute  par  les  extrémités  inférieures  et  supérieures  ;  c'est  aux  mains  et  aux  pieds  qu'elle 
se  montre  tout  d'abord;  pour  de  là  s'étendre  d'une  façon  en  quelque  sorte  pro> 
gressive  vers  le  tronc,  où  d'ailleurs  elle  est  toujours  moins  fréquemment  observée. 
Assez  rare  à  la  face,  elle  y  est  plutôt  superficielle  que  profonde,  et  n'atteint  pas  ordi- 
nairement les  muscles,  comme  il  est  facile  de  s'en  rendre  compte  à  l'aide  d'une 
simple  piqûre.  Passagère  et  fugitive,  quelquefois  intermittente  dès  le  débat  de  ton 
apparition,  elle  cède  facilement  aut  moyens  thérapeutiques;  plus  tard,  cootinaeet 
chronique,  il  est  plus  difTicile«le  la  combattre.  Elle  appartient  peu  à  h  période  ini- 
tiale de  l'alcoolisme,  elle  n'est  pas,  en  général,  contemporaine  des  picolements,  de» 
foin^milleraents  et  des  autres  troubles  de  bi  sensibilité,  mais  elle  vient  bahitoeUe^ 
ment  à  leur  suite. 

Les  organes  des  sens  présentent  des  désordres  analogues.  Des  scintillations,  dt> 
mouches,  des  objets  à  contours  indécis,  d'abord  lumineux,  plus  tard  Doinet 
opaques,  apparaissent  à  des  intervalles  p'us  ou  moins  éloignés  ;  la  vision  devient 
trouble,  les  objets  tremblent  sous  les  yeux,  la  lecture  ne  peut  être  longtemps  »f»- 
portée,  la  vue  s'affaiblit  ;  moins  sensibles  à  l'action  de  la  lumière,  les  pupilles  sont 
dilatées.  Peu  fréquentes,  les  modifications  de  l'ouïe  consistent  eu  des  boonlonne- 
menls  et  une  faiblesse  plus  ou  moins  grande  de  cette  fonction. 

Le  goût  et  l'odorat  subissent  en  général  fort  peu  de  changement.  On  a  pa  con- 
stater une  diminution  de  la  sensibilité  des  muqueuse  linguale  et  pituitaire,  et  no.i*' 
avons  été  à  même  de  vérifier  ce  fait. 

11  existe  une  céphalalgie  haliituellement  peu  intense,  et  plutôt  une  sorte  de  ma- 
laise que  des  douleurs  violentes.  Des  vertiges  plus  ou  moins  insupportables  incom- 
modent le  malade  le  matin,  principalement  au  moment  du  le\er,  et  dans  le  jour, 
alors  qu'il  vient  à  se  tourner  brusquement  ;  un  certahi  degré  de  titnbation  ^'? 
ajoute  quelquefois. 

V  insomnie  est  un  autre  symptôme  important  qui  n*est  pas  sans  avoir  une  valeur 


ALCOOLISME  (rATiMLôcils).  Qbô 

(liagnoslique  ioipoi'tante.  Ls  nuit,  le  sommeil  est  diiliciio  »  (^iiiMe  nièaie;  tu  ma- 
bde,  inquiet,  se  tourne  en  lou»  sens  sur  son  lit,  et  dès  qu^il  fei*ma  les  yeux  il  e;^ 
tourmenté  par  des  visions  plus  ou  moins  extraordinaires^  et  in&upportalJes»  ;  s'il 
vient  à  dormir,  son  sommeil  est  troublé  par  des  rêvasseries,  des  songes  eflrayauts, 
indice  d'un  certain  degré  d'excitation  mentale. 

Ajoutons  à  cette  énumération  un  autre  symptdme  sur  lequel  M.  Mai*cet  a  insisté 
avec  raison  ;  c'est  une  sensation  particulière  de  dyspnée  qui  sobserve  iréquenunent 
rha  les  mabdes  atteints  d  alcoolisme  chronique.  Considérée  par  1  auteur  anglais 
comme  un  phénomène  purement  nerveux,  la  difiiculté  de  la  respiration  u*est 
MNivent  que  passagère.  Le  malade  respire  pendant  quelques  minutes  uaturelle* 
ment,  puis  s  arrête  tout  à  coup.  Il  lui  semble  que  le  iai*ynx  soit  le  point  où  exista 
un  obstacle  à  la  respiration.  Il  jette  alors  sa  tête  en  arrière,  aspire  par  la  bouclie 
une  grande  quantité  d'air,  et  reprend  ensuite  la  (acuité  de  respirer  librement  jus- 
qu'au retour  d'un  nouveau  spasme  on  d'un  nouvel  accès.   . 

b.  Intelligence.   Ce  qu'indique  déjà  l'expérimentation  physiologique  en  nous 
faisant  connaître  Faction  «'lective  des  boissons  alcooliques  sur  l'encéphale  et  en  par- 
ticulier sur  les  ciroonvolutious  du  cerveau,  l'observation  clinique  le  démontre  à 
l'aide  de  la  statistique.  Celle-ci,  en  eiïet,  ne  hisse  aucun  doute  relativementà  la  fré- 
quence des  troubles  de  l'esprit  dans  l'alcoolisme.  Bayle  attribue  à  l'abus  des  bois* 
sons  alcooliques  un  tiers  des  makidies  mentales  qu'il  a  observées.  Sur  1079  aliénés 
admis  à  Bicétre  de  1808  à  1815,  on  compte  ii6  malades  par  suite  d'excès  do 
boissons  ;  sur  364  aliénations  observées  ches  les  femmes  à  la  Salpêtrière,  26,  sui- 
vant Esquirol,  devaient  êtreattribuées  uniquement  à  l'abus  du  vin;  sur  150  femmes 
en  démence,  6  devaient  leur  infirmité  à  la  même  cause  (Royer-Collard,  p.  52). 
t^asper  nous  apprend,  d'après  un  rapport  ofiiciel  qui  concerne  Berlin,  que  près  du 
tiers  des  aliéna» appartenant  aux  basses  classes  du  peuple  sont  tombés  dans  leur 
tnsteétatparl'abus  d6reau-d0-vie(fi^irâ^^:&ur  $nedicin.StalUtikfïkrïmf  1825). 
Sur  un  relevé  de  12  007  cas  d'aliénation  mentale  fait  en  Angleterre,  17^9  ou 
près  d'un   quinsième  reconnaissaient  pour  cause  l'intempérance    (Carpenter, 
p.  53).  HH.  Deboutteville  et  Parcliappe  (Notice  statist,  sur  l'asile  des  aiié- 
nés  de  la  Setne-lnfér,^  pour  la  période  comprise  entre  le  11  juillet  1825  et  le 
51  décembre  1845)  ont  trouvé,  pour  une  période  de  dix-huit  années,  le  cliilTre  de 
28  pour  100.  M.  Morel  ne  compte  piis  moins  de  200  malades  par  1000,  chez  les- 
quels rafleetion  mentale  était  due  à  la  même  cause.  Sur  un  relevé  de  1 595  cas  ob- 
i^enés  à  Haréville,  115  fois  les  excès  alcooliques  ont  été  incriminés  (ArcbamUmlt, 
Thèse  de  Motet,  p.  11).  Les  statistiques  qui  précèdent  font  connaître  la  fréquence 
de  bi  folie  alcoolique,  celles  qui  vont  suivre  en  indiquent  la  progression  :  de  1820 
à  1835,  il  est  entré  dans  la  maison  de  Charenton  1557  aliénés,  dont  154  avaient 
perdu  la  raison  par  l'abus  des  liqueurs  fortes  (Esquhol,  Traité  des  malad.  men- 
tales^ P^ris,  1838),  8  pour  100.  De  1857  à  1864,  il  a  cléadmis  dans  la  même  mai- 
son 1 146  malades  et  277  fois  ont  été  sigqalés  des  excès  de  Ijoîssous  alcooliques,  24 
pour  100  (l^agarosse,  Thèse  de  Paris,  1864)  ;  à  Bicétre,  M.  Conlessea  trouvé  1000  cas 
d'alcoolisme  sur  5238  cas  de  délire  variés,  ce  qui  donne  une  proportion  de  1 9,09 
pour  100.  Sur  un  relevé  de  sept  années,  de  1855  à  1862,  le  même  auteur  a  pu 
voir  que  Li  proportion  des  alcooliques  augmentait  d'une  façon  surprenante,  au 
point qu'cUea  doublé, puisque  de  12,78  pour  100  elle  a  moule  à  25,24  pour  lOO. 
Ces  chiflres  démontrent  d'une  façon  mallieurcusemeut  trop  claire  que  l'abus  des 
boissons  spiritueusesest  l'une  des  causes  perturbatrices  les  plus  puissantes  de  la  vie 
morale  et  intelleitiielle  ;  ils  apprennent  de  plus  que  les  désordres  qui  se  ratla- 


654  ALCOOLISME  (pathologie). 

client  à  la  spliere  înteUectuelle  sont  tout  à  la  fols  nombi'eai  et  variés.  Mais  néan- 
moins,  malgré  leur  grande  variété,  ces  troubles,  lorsqu'on  vient  aies  comparer  entre 
eux,  peuvent  être  rapportés  à  quelques  types  et  rentrer  dans  qnelques^nes  des 
formes  morbides  connues,  la  manie,  la  lypémanie,  rimbécillité  el  la  démence. 

1  ^  Manie,  La  forme  maniaque,  delirium  tremens  et  folie  alcooUqne  aigné  d^ 
certains  auteurs,  ne  se  montre  que  chez  des  individus  qui,  depuis  un  temps  pl'i5 
ou  moins  long,  abusent  des  alcooliques,  et  qui  sont  par  conséquent  atteints  d*unc 
intoxication  chronique.  Fort  différents  de  Tivresse,  ces  accidents  sont  des  manifesta- 
tions aiguës  de  l'alcoolisme  chronique  au  même  titre  qu'un  accès  fébrile  peat 
être  le  symptôme  d'une  intoxication  paludéenne  ancienne.  Cette  manière  d'en- 
visager le  déHre  aigu  des  ivrognes  n'est  pas  généralement  adoptée,  cependant  on 
ne  peut  contester  qu'elle  soit  en  accord  avec  les  faits. 

Le  début  des  symptômes  est  rarement  brusque  ;  les  malades  toal  d'afaonl  sont 
tristes,  inquiets,  ils  ont  le  regard  égaré,  une  faiblesse  et  une  agitation  inacooatmnée^, 
du  dégoflt  pour  les  aliments,  des  nausées,  puis  éclate  le  délire. 

Celui-ci  se  manifeste  sous  les  formes  les  plus  varices,  et  avec  une  intensité  qui 
est  loin  d'être  toujours  égale.  Tantôt  les  malades,  furieux,  se  livrent  à  des  vielences 
dangereuses  pour  les  personnes  qui  les  entourent  ;  ils  dierclient  à  se  lever  de  leur 
lit  et  à  se  jeter  par  les  fenêtres,  à  briser  les  objets  rpii  se  trouvent  sous  leun^ 
mains,  ou  bien  ils  voient  des  êtres  qui  leur  font  peur,  qui  les  injurient;  desdiabk», 
(les  sergents  de  ville  les  menacent,  les  uns  de  l'enfer,  les  autres  de  la  prison;  il< 
n'ont  ni  paix  ni  trêve,  aucune  partie  de  leur  corps  n'est  exemple  d'agitation 
(Oelosiauve,  D'tin^  {orme grave  de delirinm  tremens,  /feti(^méd.,31  avril  J85ii. 
Tantôt  ils  sont  plus  calmes  ou  s'abandonnent  à  une  gaieté  folle  ;  ils  entrent  en 
conversation  avec  des  êtres  fantastiques  créés  par  leur  cerveau.  QuelquesHUB  re- 
connaissent leurs  parents  et  leurs  amis,  s'entretiennent  avec  eux  de  leurs  aflàirp< 
et  de  leurs  occupations  habituelles  ;  ^'autres,  au  contraire,  tiennent  des  discoor^ 
et  se  livrent  à  des  actions  qui  ne  sont  plus  du  tout  en  rapport  avec  leur  profession. 
à  teî  point  ([u'ils  semblent  atteints  d'hydrophobie  dans  quelques  cas  où  ils  manife^ 
tent  une  certaine  horreur  pour  l'eau  et  les  liquides,  ainsi  que  nous  avons  pu  le  con- 
sulter deux  fois,  ou  bien  ils  sont  tourmentés  par  une  idée  dominante  qu'ils  ctksvbent 
à  réaliser,  et  si  l'on  s'oppose  à  leurs  projets  ils  entrent  en  fureiur,  surtout  quand  «i 
bs  emprisonne  dans  la  camisole  de  force. 

Il  en  est  d'autres,  et  ce  sont  les  plus  nombreux,  qui,  sans  sortir  de  kur  lit, 
^'agitent  sans  cesse,  balbutient  quelques  phrases  avec  une  volubilité  extrême.  La 
mémoire  est  ordinairement  très-affaiblie  et  les  résolutions  aussi  mobiles  que  h  po* 
role  (Compendium  de  médecine,  t.  H,  p.  A).  Mais  en  même  temps  que  ces  d^ 
ordres  et  les  liallucinations   de  toutes  sortes  les  assiègent,  ces  malades  ont  le 
Ihries  injecté,  souriant  ou  grimaçant,  les  yeux  hagards,  les  lèvres  tremblantes, 
la  langue  humide  ou  desséchée  sur  les  bords.  Tous  les  muscles  de  leur  oorp, 
et  particulièrement  ceux  des  membres  thoraciques ,  sont  animés  de  niouvenienl< 
(t>ntinuels,  inégaux,  involontaires  (Rayer,  Mémoire  sur  le  delirium  tréjnem 
p.  (8);  la  contraction  musculaire  est  pcn^ertie  plutôt  que  diminuée,  h  précision 
et  la  coordination  des  mouvements  font  défaut  ;  quelquefois  enfin,  lorsque  l'in- 
toxication est  ancienne ,  surviennent  de  véritables  convulsions  épileptiformes  qui 
occupent  de  préférence  une  moitié  du  corps.  La  parole  est  embarrassée,  brèvt*, 
Mccadée,  le  plus  souvent  impérieuse;  le  sommeil  est  presque  nul;  la  peau,  aprvs^ 
un  certain  temps,  se  couvre  d'une  sueur  plus  ou  moins  abondante;  le  pouls  est  tan- 
tôt accéléré  et  indique,  avec  la  température  de  la  peau,  un  véritable  état  Cftrile» 


ALCOOLISME  (patuologik).  655 

tantôt  il  est  calme  et  même  ralenti  ;  la  soif  est  vive  et  lappélit  nul.  Cet  état  dure 
en  général  quelques  jours;  Ware  affirme  qu'il  oscille  cnlre  60  et  73  heures,  puis 
l'agitation  s'apaise  et  est  remplacée  par  un  épuisement  graduel,  qui  se  termine 
par  un  sommeil  profond  et  prolongé.  Au  réveil,  les  malades  sont  calmes,  mais  cour- 
baturés, brjgés;  ils  conservent  à  peine  la  mémoire  de  ce  qui  s'est  passé  pendant 
leur  accès,  ils  ont  la  bouche  pâteuse,  amère,  une  soif  vive;  ils  conservent  un 
léger  tremblement  et  ne  recouvrent  leur  force  et  leur  santé  qu'après  plusieurs 
jours.  Tel  est  le  delirium  tremens;  la  folie  alcoolique  aiguë  ne  difi%ré  que  par  une 
évolution  plus  lente. 

La  mort  i)eut  être  la  conséquence  du  delirium  tremens,  contrairement  ft  l'opinion 
de  Ware  et  de  Calnieil,  qui  pensent  qu'il  meurt  à  peine  un  malade  sur  vingt.  Des 
relevés  publiés  en  1842  par  le  docteur  Bougard  établissent  que  sur  447  cas  de 
ielirium  tremens  observés  à  Copenhague,  Paris  et  Bruxelles ,  il  y  eut  85  morts, 
ce  qui  donne  presque  un  cinquième  de  mortalité  (Grisolle,  p.  58) .  Mais  il  est  vrai 
de  dire  que  dlans  cette  statistique  se  trouvent  compris  un  certain  nombre  de  cas 
où  la  terminaison  funeste  n'est  pas  l'eflet  direct  du  délire,  mais  de  toute  autre 
cause,  du  suicide,  par  exemple.  La  tendance  qu'ont  en  général  les  malades  à  con- 
tinuer les  excès  de  boissons  rend  le  délire  maniaque  des  ivrognes  sujet  à  récidives  ; 
aussi  peut-on  compter  jusqu'à  3, 4  et  5  accès  chez  les  mêmes  individus.  Il  ne  fau- 
drait pas  induire  de  là  que  la  cessation  de  l'habitude  alcoolique  puisse  préserver 
nécessairement  de  ces  récidives  ;  quelques  auteurs  ont  pu  constater  l'apparition 
de  ces  accidents  chec  des  personnes  devenues  sobres  ;  M.  Leroy  de  Nérioourt  nous 
a  dit  l'aviHr  plusieurs  fois  observée  chez  des  individus  qui  étaient  depuis  plusieurs 
années  au  bagne  de  Brest  ;  nous  avons  pu  nous-même  vériGer  l'exactitude  de  ce 
fait  chez  une  femme  qui  depuis  deux  ans  avait  mis  fin  à  des  habitudes  d'absinthe. 
3^  Lypétnanie.    Les  désordres  fonctionnels  qui  constituent  cette  seconde  forme 
ne  dillèrent  pas  notablement,  au  point  de  vue  psychologique  du  moins,  de  ceux 
t|ui  appartiennent  à  la  forme  manûique.  L'agitation,  toutefois,  est  moindre,  et  les 
conceptions  délirantes  ofirent  ceci  de  particulier  qu'elles  sont  empreintes  d'un  cer- 
tain degré  d'inquiétude  et  de  profonde  tristesse.  Le  malade  devient  sombre,  défiant, 
soupçonneux,  jaloux;  il  se  croit  accusé,  poursuivi,  persécuté,  condamné,  attaqué 
dans  sa  vie  morale  ;  parfois  même  ses  qualités  physiques  sont  altérées,  une  partie 
de  son  corps  malade  est  devenue  pour  lui  un  objet  de  dégoût  :  il  se  croit  pourri. . . 
«  Le  délire  dépressif,  triste  ou  lypémaniaque,  dit  H.  ledocteur  A.  Voisin  {De  Vètat 
mental  dans  l'alcoolisme  aigu  et  chroniquey  Ann,  de  méd.  et  de  chir,,  4"  série, 
t.  III),  se  présente  avec  une  intensité  variable,  tantôt  revêtant  le  caractère  de  la 
tristesse  proprement  dite,  tantôt  de  la  douleur,  tantôt  de  la  honte,  tantôt  du  repentir 
011  de  rindiffér.'nce.  »  Et  plus  loin  :  «  Les 'conceptions  délirantes  dominantes  sont 
les  idéesde  persécution,  de  culpabilité,  d'influence  magnétique,  jointes  à  des  halluci- 
nations terrifiantes  et  injurieuses.  »  Mais  le  symptôme  dominant  de  cette  forme  est 
Vhallucinaiion  avec  des  caractères  propres  et  pour  ainsi  dire  pathognomoniques. 
Cette  aberration  de  l'esprit  et  des  sens,  d'une  importance  extrême  dans  l'étude 
de  l'alcoolisme,  présente  des  modes  variés  :  tel  malade  voit  des  gens  qui  veulent 
l'assassiner,  tel  autre  entend  des  personnes  qui  se  moquent  de  lui;  celui-ci  dit 
qit*il  est  rempli  de  vapeurs  sulfureuses,  celui-là  voit  des  vipères  et  des  serpents. 
ViMB  femme  que  nous  avons  observée,  et  qui  avait  liabité  l'Afrique,  était  tourmentée 
l«ar  la  vue  des  grands  animaux  du  désert;  un  forgeron  signalait  l'existence  du  feu 
h  Tun  des  angles  de  son  lit;  un  cultivateur  apercevait  sans  cesse  des  rats  el  des 
soiiris.  On  n  en  finirait  pas  si  l'on  voulait  tout  raconter  sur  ce  sujet.  Ces  exemples 


6Ô&  ALCOOLISME  <i*âTa0i.oGie). 

paissent  suffisants  pour  Cure  recoonaitre  un  ceilaia  dcgro  de  ooiuieÛMi  eaiiv 
l*état  lialluciimtoite  et  les  liabitudes  du  malade. 

Il  est  dirfici)e  d^assiguer  une  limite  a  cette  divei^ité  de  formes  ;  mau  quand  mi 
cherche  s*il  est  possible  de  rattacher  à  quelque  lieu  commun  ces  IraoUes  en  a|))n- 
rence  si  différents,  on  est  frappé,  dit  N .  Naroel  (Thèse  de  Paris,  i  847;,  de  leur  Unu- 
ver  un  caractère  connexe,  je  dirais  presque  identique.  «  Ainsi,  en  considérant  toolâ 
les  hallucinations  ipie  nos  malades  nous  ont  dit  avoir  éprouvées  et  toutes  celles  dwil 
nous  avons  été  témoin,  on  reconnaît  que  Timmense  majorité,  sinon  la  totalité,  ialé- 
resse  la  sûreté  physique  et  morale  de  Findividu  ;  c'est  toujours  une  atteinle  plu> 
ou  moins  directe  et  qui  éveille  en  lui  des  crainte  de  toute  espèce.  On  pourrait  dnv, 
d'une  manière  générale, que  les  hallucinations  chea  les  individus  adonnés  auiliquaiis 
alcooliques  ont  pour  effet  constant  de  déterminer  une  impression  morale  fkMc, 
dont  la  plus  l^ère  serait  l'étonnement  et  la  plus  forte  une  terreur  profoodr.  • 
Un  genre  d'hallucination  très-fréquent  est  de  se  voir  poursuivi.  «  Ia  moiliéju 
moins  des  malades  que  j'ai  observés,  ajoute  M.  Marcel,  est  en  proie  à  ce  ^irr 
d'hallucination.  Tantôt  ce  sont  des  hommes  armé^  de  couteaux  que  le  malheu- 
reux aliéné  redoute  :  il  entend  des  cris  de  mort  qu'on  profère  contre  lui;  Uulèl 
il  est  suivi  par  une  foule  de  gens:  qui  l'iuaultent,  qui  tiennent  des  propos  iajtt- 
rieux  sur  son  honneur  et  sa  moralité;  d'autres  lois,  il  s'élanœ  par  la  tniètn' 
pour  échapper  aux  poiusuites  du  diable  qui  veut  s'emparer  de  lui.  Une  feounr, 
que  nous  avons  observée,  quitta  précipitamment  THôlel^Dieu  pour  éviter  un  U- 
rent  qui  menaçait  d'inonder  la  salle  oà  elle  se  trouvait.  Ainsi,  comme  ou  |ieiU  Ir 
voir^  tout  est  pour  le  pauvre  malade,  un  motif  de  crainte.  Mais  œ  n*e.-t  pas  «»/ 
d'être  poursuivi,  il  se  trouve  sous  le  coup  de  la  fatale  idée  que  ses  jours  sont  tu 
danger.  Les  sens  de  la  vue  et  de  l'oine  sont  ceux  où  se  manifestent  le  plus  hala- 
tuellement  les  aberrations  dont  il  s'agit  ;  ib  sont  affectés  isolément  ou  siaiiii- 
tanément.  Les  autres  appareils  sensoriaux  n'en  sont  pas  pi^éservés  :  l'emiu 
du  goût  est  parfois  telle  qu'on  a  vu  des  malades  boire  de  J'eau  pour  du  trois-sii. 
et  réciproquement. 

C'est  pendant  la  nuit  que  les  hallucinations  ont  lein*  plus  grande  fréquenu*  ; 
cependant  on  les  observe  aussi  dans  le  jour  et  à  l'état  de  veille,  et  comme  elle»  oiH 
pour  effet  de  jeter  l'esprit  dans  une  anxiété  profonde  et  d'exercer  sur  lui  une  actim 
dépressive ,  il  en  résulte  que  les  idées  qu'elles  enfantent  revêtent  le  même  eaiacirn' 
S(»nhre,  le  même  cachet  de  tristesse  et  de  fatalité;  ces  caractères  du  reste  se  nirou* 
vent  jusque  dans  les  conceptions  délirantes  indépendantes  des  halludnatioas.  De  i^ 
les  conséquences  les  plus  fâcheuses,  les  tendances  les  plus  mauvaises,  dont  l'aa^ 
des  plus  fréquentes  est  celle  qui  poiie  le  malheureux  ivrogne  à  se  suicider.  Qn' 
ce  soit  par  siâte  d'hallucination  ou  paf  suite  d'impulsion  interne,  de  oQBoe|AiiHi 
délirante,  il  est  avéré  que  l'abus  des  liqueurs  alcooliques  apporte  un  lourd  cootia- 
gent  A  la  statistique  du  suicide.  Des  dépouillements  de  4&95-dosfiiera  de  suicMb, 
il  est  résulté  pour  M.  Renaudin  que  550  individus  s'étaient  donné  la  mort  par  lail' 
d'habitude  d'ivrognerie.  Sur  ce  nombre,  136  étaient  aliénés;  53  fiiia  la  mao»: 
du  suicide  et  46  fois  la  manie  homicide  ont  été  trvfr-bien  établies  {Ann.  nud- 
psydi.^  2*  série,  t.  IV,  p.  375,  378;  voir  encore  Brierre  de  Boismont,  Traité** 
suicide). 

L'ivitignerie,  ou  dire  de  ScUegei,  est  h  principale  cause  ihi  suicide  en  ka^^^ 
terre,  en  Allemagne  et  en  Russie.  En  1889,  200  suicides  ont  eu  lieu  à  Loudn^. 
par  suite  de  l'habitude  des  boissons  spiritueuses.  Autrefois,  où  le  goAt  de  boin 
était  rare  en  Angh)terre,  le  suieide  Tétait  également,  et  iXi  fut  le  .vice  de  l'i^n*- 


ALCOOLISME  (pathologik).  657 

(rneneqiiî  Tintroduisit  vers  le  milieu  du  seizième  siècle  (Roesch,  loc,  cit.),  Casper 
rapporte,  d'après  les  documents  officiels,  que  le  quart  des  habitants  de  Berlin  qui 
ont  attenté  à  leurs  propres  jours,  depuis  1812  jusqu'en  1821,  étaient  des  gons 
adonnés  à  la  boisson.  Dans  les  pays  méridionaux,  où  Tusage  des  liqueurs  spiri- 
tueuses  est  moins  fréquent,  le  suicide  est  aussi  plus  rare.  Le  même  trouble  men- 
tul  conduit  encore  à  commettre  l'homicide  el  pousse  à  l'incendie  (pyromanie , 
tH>y.  Huss)  ;  mais  nous  renvoyons  sur  toutes  ces  questions  à  la  partie  de  l'article 
Alcoolisme  relative  au  point  de  vue  mcdico-lcgal.  (Voy,  aussi  Homicide,  Pyro- 
NAUiE,  Suicide.) 

Le  délire  lypémaniaque  a  une  marche  et  une  durée  variables  ;  tantôt  il  procède 
|iar  accès  qui  se  calment  après  quinze  joui*s  (Delasiauve) ,  un  ou  plusieurs  mois 
vMarcel),  et  reparaissent  plus  tard,  ainsi  qu'il  arrive  du  delirium  tremens;  tantôt, 
plus  lent  dans  sa  marche  et  plus  continu  dans  son  évolution,  il  duie  des  mob  ou 
des  années  ;  mais  alors  les  malades  ne  tardent  pas  à  tomber  dans  rimbécillité,  la 
démence  et  la  paralysie  générale. 

5^  Imbécillité  et  démence.    Ces  modes  symptomatiques ,  qui  dans  quelques  cas 
ne  sont  que  la  conséquence  pour  ainsi  dire  obligée  de  l'une  ou  l'autre  des  variétés 
précédentes,  se  montrent  dans  d'autres  circonstances,  sans  avoir  été  précédt's  Je 
désordres  intellectuels  du  moins  notables.  L'obtusion,  la  faiblesse,  la  diminution 
graduelle  de  toutes  les  facultés  intellectuelles  caractérisent  cet  état  auquel  l'expres- 
sion populaire  à* abrutissement  convient  mieux  que  toutes  les  dénominations  scieii- 
liflques  ;  l'hébétude,  la  tristesse,  la  stupidité,  sont  peintes  sur  la  physionomie  du  mal- 
heureux malade;  chez  lui  les  conceptions  sont  lentes,  les  idées  diificiles,  la  conver- 
sation traînante,  incertaine,  ou  souvent  monosyllabique.  Irritable,  querelleur,  bien- 
tôt impatient,  il  frappe  sans  le  vouloir,  et  pourtant  il  a  encore  comcience  de  son 
infériorité,  il  se  rend  en  partie  compte  des  choses  qui  l'entourent;  sa  mémoire 
et  son  attention  ne  sont  pas  notablement  altérées,  il  conserve  encore  des  désirs 
et  des  sympathies,  il  reste  obtus  sans  devenir  indifférent.  Cependant  son  peu  d'é 
iiergie  disparaît  bientôt,  il  tombe  dans  un  état  de  profonde  apathie,  il  s'inquiète  peu 
du  lieu  où  il  se  trouve,  il  exécute  machinalement  tout  ce  qu'on  lui  commande  de 
taire.  Peu  à  peu  ses  idées  manquent  de  sens  et  de  précision,  et  par  degrés  suc- 
ces.^ifs  il  arrive  à  l'état  d'enfance,  d'iml)écillitc  ou  même  de  démence,  il  pleure 
ou  rit  sans  motifs,  connaît  à  peine  les  personnes  qui  l'entourent,  tombe  dans  une 
sorte  de  torpeur  intellectuelle,  laisse  échapper  ses  matières  et  finit  par  succomber 
après  avoir  présenté  le  plus  ordinairement  les  phénomènes  d'une  paralysie  plus 
ou  moins  généralisée  (Lasègue,  Arch,  gén,  de  médec.  1853). 

Dans  la  description  qui  précède,  nous  avons  cherché  à  réunir  et  à  grouper  sous 
quelques  chefs  les  principaux  effets  des  boissons  alcooliques  sur  les  facultés  intel- 
lectuelles. Nous  avons  essayé  d'être  aussi  complet  que  possible  sur  la  matière  ;  ce- 
pendant ce  serait  un  tort  de  croire  que  nous  avons  tout  dit  sur  les  nombreuses 
modifications  de   l'état  mental  dans  l'a'coolisme  chronique.   Tout  récemment, 
M.   le  docteur  Voisin  {loc.  cit.)  a  décrit  comme  se  rattachant  à  cette  intoxica- 
tion, chez  des  individus  entièrement  étrangers  à  la  paralysie  générale,  une  forme 
spéciale  de  délire  caractérisée  par  de  la  satisfaction,  du  contentement  de  soi-même, 
une  tendance  à  l'orgueil,  par  des  idées  de  richesse  el  de  bonheur ,  troubles  jusqu'à 
un  certain  point  en  opposition  avec  les  conceptions  délirantes  dépressives  générale- 
ment attribuées  à  l'alcoolisme.   Ajoutons  qu'il  est  encore  d'autres  formes  de  dé- 
lire manifestement  liées  à  l'abus  des  liqueurs  spiritueuses  ;  mais  lorsqu'on  y  fait 
attention,  ces  troubles  si  variés  de  l'intelligence  peuvent  en  réalité,  par  les  hallu- 

DIGT.  BNC.   II.  42 


<>58  ALCOOLISME  (PAinoLociE). 

filiations  qui  les  accompagnent,  être  rattaches  ù  l*un  des  modes  ci<<lcssiis  éUMlic>. 
Telle  est  l'esquisse  un  peu  rapide  des  désordres  intellectuels  de  l'alooolisnK 
chronique.  Le  tableau  suivant,  que  nous  empruntons  à  la  thèse  de  H.  le  docteur SItv 
tet,  peut  donner  une  idée  de  la  fréquence  relative  de  ces  manifestations  divt'iM> 


Ivrogiinio  propre- 
iiteiil  dilr 

Kaii-de-vic 

ÏA 
II. 

20 
12 

IIK. 

'   ■   - 
p. 

5 
2 

KOIOKISIK. 
n.       p. 

i         ù 
7        G 

LIPÉliSII. 
II.        p. 

14         1 
1         > 

ITCNIIÎK. 

II.      r. 

2 

KUICK. 

n.       p. 

o        .> 
6       . 

lima 

■.     p. 

15        1 

(>        1 

II.      r. 

Gi    i  ; 

38       Z  1 

■ 

c.  Motilité.  Les  troubles  de  mouvement  le  cèdent  peu  en  fréquence  auxiin- 
ordi^cs  des  sphères  intellectuelle  et  sensorialc  :  le  tremblement,  les  soubrvsiuN, 
les  crampes,  la  contracture,  les  convulsions,  la  paralysie,  etc.,  sont  les  pniici(uu\ 
modes  d'altération  de  la  motilité. 

L'un  des  premiers  parmi  ces  désordres,  le  tremblement  se  remarque  surloiit 
aux  membres;  il  se  manifeste,  le  matin,  au  moment  du  lever,  dans  le  cours (k* 
la  journée,  après  l'usage  de  l'eau-de-vie,  de  Tahsinthe,  du  café  ou  de  toaU"  autn 
substance  stimulante.  Passager  au  début  de  la  maladie,  il  n'est  accompagné d'aïKniiif 
douleur,  mais  il  est  d'autant  plus  marqué  que  le  malade  fait  plus  d'efforts  pu 
rendre  ses  mouvements  précis.  Des  mains  où  il  est  d'abonl  limité,  le  trembleni''i>i 
gagne  jxîu  à  peu  les  bras,  bientôt  il  envahit  les  pieds  et  les  jambes;  ces  demi'^it* 
parties  toutefois  sont  plus  rarement  affectées  ;  la  langue  et  les  lèvres  n'échappmt 
pas  à  ce  symptôme  :  ces  organes  tremblent  soit  d'une  manière  continue ,  snit  pt 
secousses  convulsives  ;  de  là  résultent  l'embarras,  l'hésitation  de  la  parole,  un  bé* 
gayement  intermittent  ou  continu,  léger  ou  porté  si  loin  que  la  prononcâtion  <l^ 
vient  inintelligible.  La  tête  n'en  est  pas  exempte,  et  c*cst  encore  au  moment  ^i 
lever  que  le  tremblement  y  est  plus  marqué. 

Parmi  les  conséquences  de  cet  accident  il  faut  citer,  pour  ce  qui  est  des  roenHn^ 
supérieurs,  la  i)erte  de  la  régularité  et  de  la  sûreté  des  mouvements  ;  pour  W 
membres  inférieurs,  la  titubation,  l'oscillation  pendant  la  station,  la  diflicnllê  <i^' 
la  marche;  pour  toutes  les  autres  parties,  la  diminution  des  foi^ces  de  contnictit)*. 
musculaire.  D'abord  limitée  aux  extrémités,  la  faiblesse  finit  par  occuper  i^ 
muscles  du  tronc.  Les  mouvemenls  en  général  perdent  leur  silreté,  l'elliirt 
devient  difficile  ou  même  impossible  ;  souvent  c'est  seulement  après  un  ou  plu- 
sieurs accès  de  delirium  tremcns  que  l'on  observe  cette  diminution  de  la  Ton* 
musculan^e,  ix)uvant  aller  jusqu'à  la  paralysie. 

Des  soubresauts  de  tendons,  des  tiraillements  spasmodiqnes  accompagimii 
d'ordinaii^c  le  tremblement  ;  comme  ce  dernier,  ils  font  partie  des  première^  p^ 
riodes  de  l'alcoolisme  et  sont  le  plus  souvent  concomitants  des  fourmillement'''^ 
des  troubles  de  la  sensibilité.  La  nuit  est  le  moment  le  pins  favorable  à  leurnuni- 
festalion.  ]jcs  muscles  du  mollet,  les  fléchisseurs  des  pieds  sont  leur  siège  de  pn'- 
dilcction.  Souvent  indolores,  ils  sont  quelquefois  accompagnés  d'une  sensation 
douloureuse  allant  jusqu'à  troubler  le  sommeil  et  provoquer  chez  les  malades  d**^ 
sensations  et  des  mouvements  analogues  à  ceux  que  produisent  des  secousse 
électriques.  Plus  rarement  ces  accidents  apparaissent  dans  le  jour,  et  sooleiu^i 
lorsque  le  malade  se  trouve  dans  la  position  assise  ou  couchée,  jamab  lorsqu'il 
marche  ou  se  tient  debout. 


ALCOOLISME  (pathologie).  659 

Les  crampes,  qui  sont  le  degré  le  plus  élevé  de  ces  contractions  douloureuses,  ne 
^  font  jamais  sentir  dans  les  membres  supérieurs  (Magnus  Huss).  Des  membres 
inférieurs  elles  envahissent  peu  à  peu  les  muscles  de  la  région  lombaire,  où  elles 
s'arrêtent;  mais  les  muscles  du  mollet  sont  leur  siège  plus  spécial.  Ces  accidents, 
«n  général,  affectent  une  sorte  de  périodicité  ;  éveillés  par  une  forte  émotion  mo- 
rale, ils  coïncident  habituellement  avec  un  état  d'hallucination  ;  un  bon  régime  et 
l'isolement  les  font  presque  toujoui^s  disparaître.  I^a  roideur  et  la  contracture  ne 
5ont  pas  extrêmement  rares,  elles  s'observent  encore  aux  extrémités  et  de  préfé- 
rence an  niveau  des  extenseurs. 

Les  convulsions  indiquent  un  nouveau   progrès  du  mal;    leur   apparition 
n'a  pas  de  période  fixe  ;    elles  sont  souvent   précédées  de  céphalalgie  avec 
bourdonnement  dans  les  oreilles  et  scintillement  devant  les  yeux,  quelquefois  d'hal- 
lucinations; elles  revotent  la  forme  de  la  chorée  ou  del'épilepsie.  Dans  les  convul- 
sions choréifbrmes,  la  démarche  est  chancelante,  l'équilibre  difficile,  les  mouve- 
ments ne  sont  plus  en  harmonie.  Le  malade,  dans  quelques  cas,  accuse  une  sorte 
d'ivresse  continuelle  ;  les  bras  et  les  rausdes  du  tronc  sont  agités  de  secousses  ou 
de  saccades  qui  reviennent  par  accès  irréguliers  se  snccédant  à  intervalles  inégaux 
occasionnés  fréquenunent  par  des  émotions  vives  et  des  écarts  de  régime,  ces  ac- 
cès sont  suivis  d'un  état  de  prostration  plus  ou  moins  profonde.  Il  n'est  pas  sans 
intérêt  de  faire  remarquer  en  passant  que,  conformément  aux  belles  expériences 
de  M.  Floorens ,  le  bulbe  et  le  cervelet  surtout  sont  généralement  altérés  en 
pareil  cas  ;  c*est  du  moins  ce  qui  résulte  du  relevé  que  nous  avons  fait  d'un  cer- 
tain nombre  d'observations  rapportées  par  H.  Calmeil.    Au  lieu  de  convulsions 
hrusques  et  saccadées,  on  observe  parfois  une  sorte  de  roideur  d'une  partie  des 
muscles  du  tronc  ou  du  cou,  oti  bien  encore  des  secousses  convulsives  intéi*es- 
sant  momentanément  la  moitié  ou  une  plus  grande  étendue  du  corps. 

Vépilepsie  alcoolique  survient  en  général  dans  l'âge  adulte,  elle  est  a  peu 
près  toujours  précédée  ou  accompagnée  par  quelques-uns  des  différents  symp- 
tômes sus-mentionnés.  C'est  en  général  après  des  accès  réitérés  de  delirium 
treinmSy  et  consécutivement  à  un  état  vertigineux,  qu'elle  se  déclare  ;  plus  rare- 
ment elle  est  précédée  d'une  aura  consistant  en  une  sensation  de  craquement  des 
os  ou  de  convulsion  dans  l'un  des  orteils.  Cette  affection  coexiste  quelquefois  avec 
la  paralysie  généi*ale  et  se  termine  par  la  mort  ;  d'autres  fois  elle  cesse  avec  le 
ITo^rès  de  l'âge  et  le  changement  de  régime.  M.  Huss  rapporte  qu'il  a  vu  des  ivro- 
3)68  être  frappés  d'épilepsie  par  la  privation  d'eau-de-vic,  et  n'être  débarrassés  de 
leurs  accès  qu'après  avoir  repris  l'usage  de  cette  liqueur. 

Ia  corrélation  intime  qui  lie  la  paralysie  à  l'abus  des  boissons  alcooliques  est 
aujourd'hui  parfaitement  établie  ;  mais  lors  même  que  celte  paralysie  reconnaît 
une  origine  cérébrale,  rarement  on  constate  l'abolition  complète  du  mouvement 
volontaire,  à  moins  toutefois  d'une  lésion  matérielle  profonde  telle  qu'une  hémor- 
fhagie  ou  un  ramollissement  des  centres  nerveux.  C  est  d'abord  une  sorte  d'incer- 
titude trémulente  vers  les  doigts  qui  gagne  plus  ou  moins  promptement  la  main  ; 
la  pression  exercée  par  celle-ci  n'est  ni  régulière  ni  continue,  mais  saccadée  et 
intermittente;  la  contraction  des  muscles  de  l'avant-bras  est  faible,  les  muscles  de 
la  région  scapulaire  finissent  par  être  atteints  du  même  relâchement,  et  alors  se 
trouve  dfi  plus  en  plus  restreint  le  cercle  des  mouvements  volontaires.  Les  mêmes 
phénomènes  se  manifestent  aux  extrémités  inférieures,  tantôt  en  même  temps,  tantôt 
oin  peu  après.  Les  mouvements  persistent,  mais  ils  sont  imparfaits,  faibles  dans 
leur  >irtualité,  mal  coordonnés  dans  leur  manifestation.  La  tendance  decetie 


660  ALCOOLISME  (patholocif). 

paralysie  est  de  se  généraliser  ;  elle  est  ordinairement  pi^ressivc  et,  à  une  période 
avancée,  accompagnée  de  désordres  des  facultés  intelloctuelles.  On  remaixpieun  cei- 
tain  degré  d'embarras  de  la  parole,  et  quelquefois  la  paralj'sie  des  sphincters  ou 
même  de  l'œsophage.  La  face  devient  hébétée,  la  peau  sèche  et  giisàtre,  la  teinu* 
de  la  conjonctive  se  ternit.  L'intelligence  s'émoussc  de  plus  en  plus ,  l'esprit  f>l 
tourmenté  par  des  hallucinations,  en  même  temps  que  la  sensibilité  s'éteint  peu  à 
|)eu. 

Telle  est  la  série  des  accidents  encéphaliques  causés  par  l'abus  des  boissons  spin- 
tueuses  et  auxquels  la  dénomination  d'encéphalopathie  alcoolique  semUe  contenir. 

Ces  accidents  sont  rarement  isolés  et  indépendants  les  uns  des  autres,  le  plu^ 
souvent  ils  se  succèdent,  se  combinent  ou  s'associent,  vraiscmhlablemeut  selon 
la  nature ,  le  siège  ou  l'étendue  des  lésions  organiques  correspondantes  La  ^tr- 
minence  de  ces  lésions  ne  peut  plus  être  contestée,  en  eiïet,  malgré  la  diflicullé 
qu'on  rencontre  encore  lorsqu'on  cherche  à  établir  un  rapport  exact  entre  W^ 
désordres  anatomiques  et  les  divers  troubles  fonctionnels.  Un  caractère,  du  reste, 
qui  indique  une  origine  commune  et  qui  vient  rapprocher  la  plupart  de  ces  trou- 
bles, c'est  le  début  par  les  extrémités  et  l'envahissement  progressif  vers  les  partir 
centrales. 

La  prédominance  de  tel  ou  tel  de  ces  désordres  s>mptomatiques  sur  ses  «Higt- 
nères  crée  des  types  divei*s,  à  l'aide  desquels  Hagnus  Huss  est  arrivé  à  consti- 
tuer les  formes  prodromique ,  anesthésiqtw,  hypéresthésiqucy  convuUive,  épi- 
leptiqtiey  qui  ne  diffèrent  que  par  l'exagération  d'un  ordre  de  phénomèiies  (q- 
thologiques,  sans  exclure  néanmoins  les  antres. 

B.  Moelle  épinière, —  Si  l'on  s'en  rapporte  aux  faits  publiés ,  on  arrive  à  recoo- 
naitreque  les  lésions  médullaires  sont  peu  fréquentes  dans  l'alcoolisme.  Cependant, 
lorsqu'on  étudie  la  symptomatologie  d'un  certain  nombre  d'alfectionsnenreiiaes  liét^ 
à  l'abus  des  spiritueux,  on  est  porté  à  croire  que  la  moelle  est  plus  souvent  altéra 
que  ne  permettent  de  le  supposer  les  résultats  nécroscopiques  connus,  et  TFaisemfab- 
blement  le  microscope  ne  tardera  pas  à  prouver  que  les  lésions  médullaires  alcoo- 
liques sont  beaucoup  moins  rares  qu'on  ne  l'a  supposé  jusqu'à  présent.  Sur  sept  n^ 
observés  par  Magnus  Huss  (p.  440),  ces  lésions  se  répartissent  ainsi  qu'il  suit  : 

Ëpanchemcnt  séreux  sous  la  dure*mèrc,  trois  fois. 

Congestions  sanguines  des  vaisseaux  des  méninges,  deux  fois. 

Ramollissement  de  la  substance  médullaii*e,  une  fois. 

Dilatation  des  capillaires  de  cette  substance,  deux  fois. 

Dans  un  fait  rapporté  |)ar  M.  Calmeil  {hc.  cit.,  t.  II,  p.  70),  on  constata  en 
outre  une  forte  colomtion  de  la  protubérance  annulaire,  rinllammation  et  le  ramol- 
lissement de  la  moelle  cervicale,  l'induration  de  la  moelle  dorsale  et  du  hulbe  loBh 
bnire,  enfin  l'inflammation  de  la  queue  de  cheval.  Vn  cas  que  nous  avons  été  '• 
môme  d'étudier  nous  a  présenté  une  sclérose  de  la  moelle  portant  plusspécialemcii: 
sur  les  faisseaux  antéro-latéraux. 

De  h  conformité  de  ces  altérations  avec  celles  que  nous  avons  vues  figurer  dans  1< 
cerveau,  ne  résulte-t-il  pas  que  les  modifications  anatomiques  de  la  moelle  épinit-r 
dans  l'alcoolisme  ne  dilTerent  des  lésions  encéphaliques  que  par  leiv  moindre  fn^ 
quence  ? 

Aucun  symptôme  bien  spécial  n'a  été  oljservé  dans  ces  différents  cas,  à  prt  !« 
faiblesse  des  membres  inférieurs,  les  fourmillements  et  les  picotements  des  extn^ 
mités  i  les  jambes  fléchissaient  sous  le  poids  du  corps;  la  marche,  d'abord  rhan.^ 
lante,  devint  plus  tard  difficile  ou  impossible  ;  les  extrémités  étaient  le  siéfe  à* 


«ALCOOLISME  (pathologie).  661 

UxNibies  sensitifs  variés,  les  malades  devenaient  le  jouet  d'hallucinations  di- 
verses et  présentaient  la  plupart  des  symptômes  (fui  se  rattachent  à  une  altération 
concomitante  de  Tencéphale. 

C'est  encore  à  une  modification  de  la  moelle  épinière  (pic  paraissent  devoir  se 
rattacher  certains  cas  de  ]jaralysie  qui  débutent  par  les  extrémités  des  membres 
pour  de  là  s'étendre  peu  à  peu  jusqu'au  tronc,  et  qui,  en  général,  sont  précédés 
ou  accompagnés  de  troubles  de  la  sensibilité  et  particulièrement  d'une  liypéres- 
tbésie  telle,  que  le  plus  léger  contact  d'un  objet  extérieur  devient  insupportable.  Deux 
cas  que  nous  avons  obserxés  dans  le  service  de  clinique  auquel  nous  sommes 
attaché  présentaient  cette  marche  et  cette  association  symptomatique.  Il  s'agit  de 
deux  fenunes  encore  jeunes.  L'une  d'elles,  âgée  de  vingt-neuf  ans,  avait  depuis 
sept  à  huit  ans  la  passion  de  boire  de  l'absinthe  ;  elle  fut  prise,  peu  de  temps  après 
la  cessation  d'un  accès  de  delirium  tremens,  d'une  hypéresthésie  très-vive  aux 
l'éjL'ions  des  doigts  et  de  la  face  plantaire  des  pieds,  et  plus  tard  d'une  faiblesse 
musculaire  qui,  d'abord  manifeste  aux  muscles  delà  jambe  et  des  pieds,  gagna  en- 
suite les  muscles  des  cuisses  de  façon  qu'il  y  eut  bientôt  une  paraplégie  presque 
complète;  elle  guérit. 

L'autre  malade,  âgée  de  quarante  ans,  bien  constituée,  adonnée  depuis  plus  de 
dix  ans  à  des  excès  d'eau-dc-vie,  d'absinthe  et  de  vins  généreux,  eut  d'abord  des 
pituites,  le  matin  à  sou  réveil  ;  puis  elle  perdit  l'appétit,  devint  ictérique  en  même 
temps  qu'elle  éprou>'ait  de  l'insomnie,  des  fourmillements  et  des  picotements  aux 
extrémités.  L*ictère,  qui  avait  disparu,  revint,  fut  accompagné  de  quelques  vomis- 
sements, et,  cette  fois,  d'un  peu  d'ascite  et  d*œdème  aux  extrémités.  Aux  picote- 
ments s'ajouta  bientôt  une  hypéresthésie  tellement  vive  aux  mains  et  aux  pieds, 
que  tout  contact  faisait  jeter  des  cris  à  la  malade  ;  mais  en  même  temps  apparut 
un  symptôme  nouveau  qui  se  développa  sous  nos  yeux.  Les  mouvements  se  montrè- 
rent plus  faibles,  plus  difficiles,  les  extrémités  digitales  restaient  abaissées,  lorsque 
la  malade  dierchait  à  étendre  les  doigts  de  la  main;  enfin  elles  ne  purent  être 
volontairement  relevées ,  il  existait  une  paralysie  manifeste  des  extenseurs  ; 
la  main  pouvait  à  peine  serrer,  et  on  ne  tarda  pas  à  s'apercevoir  que  les  fléchis- 
seui^  étaient  également  affectés  ;  quelques  jours  plus  tard,  on  constatait  une  dimi- 
nution de  la  contractilité  électro-musculaire  des  parties  ])aralysées,  les  muscles 
des  jambes  subirent  peu  après  le  même  sort.  Outre  l'altération  de  la  moelle  (sclérose), 
l'autopsie  nous  révéla,  aux  membres,  une  dégénération  granulo-graisseuse  très- 
évidente  des  nerfs  du  sentiment  et  du  mouvement. 

C.  Tronca  et  filets  neigeux, —  L'altération  isolée  des  troncs  ou  des  filets  ner- 
veux peut-elle  être  un  eiïet  direct  de  l'alcoolisme  ?  C'est  ce  qu'il  est  difficile  de 
décider,  vu  le  petit  nombre  de  faits  sur  ce  sujet  et  la  difficulté  de  savoir  toujoui's  si 
la  modification  auatomique  du  nerf  est  la  consétpiencc  d'une  lésion  médullaire  ou 
d'une  action  directe  de  l'agent  toxique  sur  le  tronc  nerveux .  Dans  cinq  cas  où  les 
cordons  nerveux  ont  été  minutieusement  examinés  par  Magnus  Huss  (p.  442),  il 
n'y  avait  aucun  changement  appréciable  de  structure. 

Cependant,  en  présence  des  troubles  fréquents  et  persistants  des  extrémités  ner" 
veases  dans  l'alcoolisme,  il  semble  que  de  nouvelles  recherches  soient  nécessaires 
sur  ce  point.  Tout  à  l'heure  nous  avons  signalé  la  possibilité  de  cette  altération. 
Tne  note  manuscrite  que  nous  devons  à  robligeancc  de  M.  le  professeur  Leudet, 
de  Rouen,  prouve  que  des  tentatives  à  cet  égard  pourront  être  suivies  de  succès. 
f>t  habile  observateur  nous  apprend  qu'il  a  dans  un  cas  constaté  l'hypertrophie 
du  névrilemme  et  l'altération  dunerfcubitalchczun  individu  alcoolisé  qui,  atteint 


662  ALCOOLISME  (PATiioLotiK). 

d'une  paralysie  de  ce  tronc  nerveux,  succomba  tout  à  coup  sous  rinflueuce  d'une 
maladie  intercurrente  ;  il  ajoute  qu'il  a  \u  au  moins  six  cas  du  même  genre  qui  mil 
guéri. 

Dans  tous  ces  cas,  la  paralysie ,  localisée  aux  nerfs  périphériques,  était  indépen- 
dante de  tout  trouble  cérébral,  elle  siégeait  aux  membres,  le  plus  souvent  aui 
bras,  quelquefois  dans  une  seule  jambe  ou  dans  les  deux.  En  général,  elle  sane 
nait  en  peu  de  jours  et  ne  s'accompagnait  d*aucun  trouble  sensitif . 

J  ai  rencontré  aussi  ces  mêmes  paralysies, 'nous  dit  M.  Leudet,  dans  une  pvtie 
seulement  d'un  membre,  dans  les  muscles  extmiseurs  d'une  jambe,  dans  les  ex- 
tenseurs  d'un  bras  ou  d'un  avant-bras.  Elles  demeurent  rarement  localisées  daib 
leur  siège  primitif,  mais  elles  peuvent  on  quelques  jours  s'étendre  en  hauteur,  li- 
gnant progressivement  de  la  périphérie  au  centre.  Dans  un  cas  très-remarquabW 
que  j'ai  recueilli ,  la  paralysie,  localisée  d'abord  aux  mains  et  aux  pieds,  a  envalu 
successivement  presque  tous  les  muscles  des  membres  et  ceux  du  tronc,  voire  meiDe 
quelques-uns  des  muscles  de  la  face.  Cette  paralysie,  après  une  durée  de  quelque» 
mois,  a  disparu  complètement.  Mes  malades  étaient  des  buveurs  de  profession^  nuis 
aucun  d'eux  n'était  encore  arrivé  à  la  période  cachectique  de  l'alcoolisme. 

J*ai  eu  recours  à  plusieurs  moyens  pour  combattre  la  paralysie  localisée.  Cehu 
qui  m'a  le  mieux  réussi,  c'est  la  galvanisation  ;  chez  un  individu  adonné  depuis 
longtemps  à  l'usage  des  alcooliques  j'ai  moi-même  observé,  peu  de  temps  après  un 
dernier  excès,  une  paralysie  du  nerf  cubital  qui  finit  par  disparaître  aprè»  Lraù 
semaines  de  traitement  par  Télectricité,  sans  avoir  donné  lieu  a  une  perte  absolue 
de  la  contractilité  électro-musculaire. 

Des  désordres  se  manifestent  parfois  du'côté  des  nerfs  de  sensibilité  spéciale. 
Nous  avons  déjà  parlé  des  tintouins,  des  bourdonnements  d'oreilles  :  nous  ne  fv- 
viendrons  pas  sur  ces  phénomènes.  En  général,  l'ouie  est  peu  altérée  daud  l'al- 
coolisme. 11  n'en  est  pas  toujours  de  même  de  la  vue  ;  sur  704  malades  examini*»  à 
la  cUnique  de  M.  Desmarres,  29  avaient  une  amblyopie  par  suite  du  tabac  ou  de 
l'alcool  (X.  Galezowski,  Ann,  d*oculistiquef  t.  XLIX,  mars  et  avril  18(m, 
Bruxelles).  Dès  l'année  1837,  H.  Siebel  {Traité  de  rophûudmie,  de  la  cataracU 
et  de  Vamaurose^  p.  711,  Paris,  1837)  a  décrit  de  la  façon  suivante  une  variété 
d'amaurose  symptomatique  du  delirium  tremens  :  ¥  Les  malades  se  plaignent  do 
troubles  de  la  vision,  les  contours  des  objets  leur  paraissent  mal  dessinés  et  1» 
objets  mêmes  leur  semblent  nager  ou  trembloter  ;  leur  vue  baisse  et  devient  plu^ 
courte,  quelquefois  ils  voient  des  taches  vermiculaires,  tantôt  légèrement  iNfil- 
lantes,  tantôt  grisâtres  et  plus  ou  moins  sombres.  Depuis  lors,  cette  amblyo|Ne  i 
été  souvent  observée. 

Voici  ce  cpi'a  démontré,  dans  ces  derniers  temps,  l'examen  ophthalmosoopiqv^ 
dans  l'amblyopic  alcoolique  :  la  rétine  n'oflre  tout  d'abord  aucune  altération  >[>- 
préciable,  mais  peu  à  peu  les  veines  se  gonflent  et  deviennent  tortueuses;  oo 
observe  enfin  à  la  circonférence  de  la  pupille  un  trouble  qui  semble  dû  à  ime  li'^èiv 
exsudation  séreuse.  Dans  les  cas  où  Tamaurose  passe  à  Tétat  cluonique,  il  arrive 
de  voir  la  pupille  s'atrophier  (Galezowski,  Communicat,  verbale). 

Il  est  d'autres  aflections  de  l'œil  qui,  si  elles  ne  reconnaissent  pas  pour  caus 
unique  l'abus  des  ]x)issons  alcooliques,  sont  tout  au  moins  influencées  par cc^ li- 
queurs :  de  ce  nombre  est  le  glaucome  {Voy,  Mackenzie,  Traité  des  maladies  de^ 
yn/ar,  trad.  française,  4857,  t.  X,p.  617.  — Pamard, Thèse  de  doct.,P*ri$.l86ti. 
Dans  ces  circonstances,  les  éléments  nerveux  de  1»  rétine,  des  nerfe  optique*  <' 
acoustiques  sont  rarement  altérés  d'une  façon  appréciable. 


ALCOOLISME  (pathologie).  663 

g  V[.  Appareil  de  la  locovotion.  Nous  comprenons  dans  ce  paragrafrfie  les  al- 
térations des  muscles,  des  os  et  des  articuLitions. 

Il  est  ))ien  entendu  qu'il  ne  s'agit  ici  que  des  désordres  du  mouvement,  qui  se 
i-apportent  à  une  altération  de  la  substance  musculaire,  puis(ju'il  a  déjà  été  parlé 
d(>$  troubles  de  la  motilité,  qui  peuvent  dépendre  d'une  lésion  de  l'innervation. 

a.  Mtiscles,  Dépôts  graisseux  entre  les  faisceaux  musculaires  ou  infiltration 
adipeuse  interstitielle,  et  dégénérescence  granulo-graisseuse  des  libres  contractiles, 
r'fôt  en  quoi  consistent  les  changements  qu'on  obsei^e  dans  les  muscles  des  vieux 
i^Tognes  indépendamment  des  modifications  qu'ils  subissent  par  suite  d'une  lésion 
de  la  moelle  ou  des  troncs  nerveux,  et  d'un  certain  degré  d'atrophie  que  peut  ame- 
ner (]ueIquefois  une  cirrhose  hépatique.  La  plupart  des  muscles  du  tronc  et  des 
membres  sont  disposés  à  subir  cette  altération,  mais  le  cœur  y  est  exposé  d'une 
kon  toute  particulière,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  en  parLint  de  cet  organe.  Chez 
une  femme  aiTectêe  d'alcoolisme  avec  aphonie  ancienne,  qui  durant  plusieurs 
jours  fut  soumise  à  notre  observation,  les  muscles  du  larynx  étaient  pâles,  dé- 
colorés, jaunâtres  et  graisseux.  Dans  ce  cas  et  dans  d'autres  du  même  genre,  la 
fihre  musculaire  avait  perdu  sa  striation  et  présentait  à  l'intérieur  du  myolemme 
d(s  granulations  grisâtres  et  graisseuses.  L'atrophie  du  muscle  n'est  pas  rare  dans 
re> conditions,  la  fibre  musculaire  passe  alors  jwr  trois  étjits  :  décoloration,  méta- 
morphose graisseuse,  atrophie. 

1^  symptômes  qui  corresjiondent  à  ces  modifications  varient  avec  les  fonctions 
des  muscles  lésés  ;  toutes  les  fois  que  l'altération  occupe  les  muscles  des  membres 
ou  du  tronc,  il  en  résulte  une  faiblesse  des  mouvements  et  de  la  locomotion  ;  lors- 
«prelle  a  pour  siège  les  muscles  du  larynx,  c'est  une  aphonie  plus  ou  moins  pro- 
noncée; enfin,  quand  le  cœur  est  aiïecté,  la  faiblesse  des  battements  de  cet  organe 
et  une  diminution  dans  la  force  d'impulsion  artérielle  sont  les  symptômes  prédo- 
minants ;  les  douleurs  musculaires  et  les  crampes  ne  paraissent  pas  devoir  se  rap- 
porter à  cette  altération,  mais  dépendre  plutôt  d'une  modification  du  système  ner- 
veux. 

b.  Os.  Les  os,  trop  rarement  examinés  dans  l'alcoolisme,  nous  offrent  des  alté- 
rations qui  ne  manquent  pas  d'analogie  avec  celles  que  nous  connaissons  déjà.  Ces 
organes,  ainsi  que  l'a  constaté  Rokitansky  et  que  nous  l'avons  vérifié  depuis,  sont 
eu  îfénéral  le  siège  d'un  dépôt  adi^jeux  plus  ou  moins  abondant  par  suite  de  la 
multiplication  des  cellules  de  graisse  aux  dépens  du  tissu  osseux.  Nous  ne  saurions 
inieni  comparer  cette  altération  qu'à  celle  que  l'on  observe  si  fréquemment  chez 
les  vieillards  ;  nous  y  voyons  en  eflet  ce  qui  existe  généralement  à  un  âge  phis 
•ivancé,  à  savoir  la  substitution  de  la  graisse  à  la  substance  osseuse.  L'os  est  de- 
venu vieux  avant  l'âge  ;  s'il  s'agit  d'un  os  long,  le  canal  médullaire  est  agrandi, 
rempli  par  un  tissu  adipeux,  les  parois  osseuses  amincies  sont  friables  et  cassantes. 
.Nous  avons  été  plusieurs  fois  frappé  de  la  facilité  avec  laquelle  se  tranchaient  au 
eouleau  les  côtes  de  bnveui*s  d'eau-de-vic  qui  n'étaient  pas  arrivés  à  la  cinquan- 
laine  ;  nous  avons  souvent  vu  en  preil  cas  l'ossification  prématurée  des  cartilages 
costaux,  une  fois  le  cartilage  thyroïde  présentait  dans  son  épaisseur  un  foyer  jau- 
nâtre entièrement  formé  de  substances  grasses.  Dans  les  os  courts,  les  vacuoles 
^^^^euses  sout  élargies  et  également  comblées  par  de  la  graisse  ;  cette  altération 
particulière  du  système  osseux  a  été  rencontrée  par  Klencke  diez  des  animaux 
iM)unris  avec  le  produit  de  distilleries  de  pommes  de  tcire. 

hes  douleurs  parfois  violentes  dans  la  continuité  des  membres,  nu  niveau  des 
•'I  î'ïdes  cl  dans  la  profondeur  des  os  longs  ;  une  friabilité  plus  gi*ande  et  par  suite 


664  ALCOOLISME  (pathologik). 

une  cerbine  prédisposition  aux  fractures,  avec  difficulté  à  la  consolidatioii,  tels  sont 
les  inconvénients  résultant  de  la  modification  anatomique  qui  survieiU  ;iu 
système  oiseux  des  buveurs.  S*il  importe  au  chirurgien  de  ne  pas  ignorer  Tiu- 
fluence  de  Talcoolisme  sur  la  solidité  des  os,  il  n'est  pas  moins  avantageux  au  mé- 
decin de  savoir  reconnaître  l'ostéopathie  alcoolique  ;  c'est  en  effet  le  moyen  de 
ne  pas  administrer  un  traitement  inutile.  Les  douleurs  qui  siègent  de  préféreiHie 
dans  les  os  longs,  les  humérus,  les  tibias,  sont  ordinairement  profondes,  violente^, 
et  bien  qu'elles  n'aient  pas  de  paroxysme  marqué  le  soir,  elles  donnent  lieu  quel- 
quefois à  une  insomnie  qui  éveille  presque  inévitablement  l'idée  de  la  syphilis  consti- 
tutionnelle. Le  malade  lui-même,  pour  peu  qu'il  ait  eu  cette  maladie,  oublie  lacil<- 
ment  ses  excès  alcooliques  et  ne  manque  pas  de  rapporter  à  la  syphilis  le^ 
souffrances  qu'il  éprouve.  Pour  éviter  l'erreur,  il  faut  savoir  tenir  compte  dr^ 
habitudes  du  malade  et  ne  pas  oublier  que  les  douleurs  des  ivrognes  ocrupenî 
rarement  la  léte  et  ne  présentent  pas  le  paroxysme  plus  ou  moins  régulier  des  dou- 
leurs ostéocopes  de  la  syphilis. 

c.  AvticiUalions,  L'alcoolisme  donne  rarement  lieu  à  des  manifestations  aiti- 
culaires  ;  Falck  a  cependant  décrit  (Virchow,  Handbuch  der  specieli.  Pathol. ,  t.  11. 
p.  507)  une  arthropatliie  propre  à  l'alcoolisme.  Nous  ne  saurions  dire  au  ju5te  à 
quels  désordres  anatomiques  répond  cette  affection  articulaire,  mais  il  ncNis  t^4 
arrivé  de  constater  chez  les  buveurs  une  érosion  légère  de  la  ciroonféreuoe  ik& 
cartilages  rotuliens,  et  dans  quelques  cas  l'injection  de  la  synoviale  avec  un  é^ou- 
chement  séreux  peu  abondant.  Toutefois,  les  arthropatliies  des  buveui's  ne  sont  |a? 
toujours  accompagnées  d'h^darthrose.  Plusieurs  articulations  sont  ordinairen  •  n: 
atteintes;  elles  piéseiUent  une  tuméfaction  légère,  sans  rougeur  cutanée  Lien 
manifeste,  et  elles  sont  le  siège  de  douleurs  profondes,  lancinantes ,  pénétrantes, 
sourdes,  souvent  intermittentes  et  différentes  par  conséquent  des  douleurs  riium»- 
tismales.  Les  mouvements  étaient  assez  peu  gênés  dans  trois  cas  qui  ont  passé  ^u^ 
nos  yeux,  et  cependant  chez  l'une  de  nos  malades,  car  il  s'agit  ici  de  trois  fenmii% 
les  articulations  des  doigts  étaient  très-douloureuses,  mais  surtout  en  ratijon  ik 
Thypéresthosie  cutanée  concomitante.  Un  état  fébrile  insignifiant,  une  fixité  pll^ 
grande  de  l'altération  et  une  durée  quelquefois  fort  longue,  sont  les  circoDstain''^ 
qui  empêcheront  de  confondre  avec  le  rhumatisme  articulaire  aigu  les  nianift-ï- 
tations  qui,  dans  le  cours  de  l'alcoolisme ,  se  pimentent  assez  rarement  du  <.•  u 
des  articulations. 

§  VII.  Appareil  gémto-lrinaire.  a.  Heins.  La  théorie  indique  d^ja  que  ll^ 
reins,  dont  la  principale  fonction  est  de  débai^rasser  l'organisme  des  suhstannes  mu- 
tiles ou  nuisibles,  sont  par  cela  même  exposés  à  subir  la  funeste  inHueiicf  i^^ 
boissons  alcooliques.  Contrairement  à  l'opinion  de  Tiedemann,  Gmclin  et  HVôiiUrr 
qui  refuse  aux  reins  la  propriété  d'éliminer  l'alcool,  S.  Klencke,  MM.Peni'), 
Lallemand  et  Duroy  ont  démontré  la  présence  de  cette  substance  dans  l'urine. 

Dans  un  autre  champ  d'observations,  Bright  disait  qu'aucune  maladie  ne  tat^.'. 
plus  de  victimes  parmi  les  ivrognes  que  l'aifection  rénale.  Plus  lard,  Grn!or%  <^ 
Christison  remarquaient  que  l'cau-de-vie  en  Ecosse  amenait  les  trois  quart>  un  -  ^ 
quatre  cinquièmes  de  tous  les  cas  de  dégénérescence  granuleuse  des  reins.  i<  -* 
professeur  CarpiMiter  est  d'avis  que  ce  rapport  concorde  avec  la  pratique  de$  b*  |^ 
taux  de  Londres.  A  Stockholm ,  Halmsten ,  sur  69  cas  de  maladie  de  Bright«  t* 
compte  19  chez  des  individus  adonnés  aux  spiritueux.  Le  docteur  Magnus  Hu»  A- 
tribue  à  l'abus  des  boissons  alcooliques  l'état  granulé  des  reins,  tout  en  m^ir 
naissant  que  dans  beaucoup  de  cas  d'autres  causes  agissent  ou  coiitriliuent  au  tn- 


ALCOOLISME  (pathologie).  665 

Teloppement  de  ce  changement  morbide.  Il  existe  chez  les  ivrognes,  nous  dit  cet 
auteur,  une  telle  disposition  à  laiïection  de  Bright,  qu'il  suffit  quelquefois  d une 
maladie  accidentelle  pour  en  amener  le  développement;  c'est  ainsi  qu'il  arrive  de 
voir  une  fièvre  intermittente  chronique,  le  rhumatisme,  devenir  le  point  de  départ 
de  la  maladie  granulée  des  reins,  chez  les  buveurs  d'eau-dorvie. 

Dans  le  nord  de  l'Allemagne  le  rapport  de  la  maladie  de  firigbt  à  l'alcoolisme 
est  à  peu  près  le  même  qu'en  Suède  ;  Frericbs  a  trouvé  sur  42  individus  atteints 
de  cette  maladie,  que  46  étaient  adonnés  à  l'eau-de-vie.  En  France,  cette  étiologie 
de  la  dégénérescence  granuleuse  est  moins  fréquente  :  sur  69  malades.  Becquerel 
a  trouvé  que  9  seulement  se  livraient  à  des  excès  alcooliques.  Â  Paris,  dit  H.  Rayer 
{Traité  des  maladies  des  reins,  t.  1,  p.  446,  Paris,  487*0),  l'abus  des  liqueui-s 
spiritueuses  comme  cause  d'inflammation  des  reins  m'a  paru  très-rare,  compara- 
tivement à  l'influence  du  froid  et  de  l'humidité.  Toutefois  on  a  cité  plusieurs  cas 
de  néphrite  simple  qu'on  attribue  à  cette  cause  ;  mais  dans  tous  ces  cas,  des  mar- 
ches forcées  ou  d'autres  excès  paraissent  avoir  agi  en  même  temps.  Deux  autres 
observations  de  Jesse-Foot  paraissent  plus  concluantes.  Il  s'agit  de  deux  hommes 
exposés  à  l'action  continuelle  de  vapeurs  alcooliques  dans  une  distillerie  et  qui  fu- 
rent pris  d'une  inflammation  rénale  ;  l'un  se  rétablit  promptement,  chez  l'autre  on 
trouva  la  substance  rénale  désorganisée  (t.  I,  p.  446). 

Nous  partageons  de  tous  points  l'opinion  de  ce  maître  éminent;  il  est  présiunable 
en  effet,  pour  ce  qui  est  de  l'Angleterre  au  moins,  que  la  dégénérescence  granu- 
leuse des  reins  y  reconnaît  beaucoup  d'autres  influences  que  l'abus  des  boissons 
alcooliques.  L'habitation  dessoussols,  à  Londres  surtout,  par  une  partie  delà  popu- 
lation, n'est-ce  pas  là  une  condition  qui  par  la  privation  de  himière  et  l'exposition 
à  une  humidité  constante  contribue  puissamment  au  déreloppement  des  affections 
albumineuses  des  reins  ?  En  tout  cas,  c'est  assez  rarement  que  dans  les  hôpitaux 
de  Paris  il  est  possible  de  trouver  une  origine  alcoolique  aux  nombreux  cas  de  lé- 
sions rénales  qui  se  présentent  à  l'observation.  11  n'en  faut  {xis  moins  reconnaître 
(fue  dans  un  certain  nombre  de  cas  la  maladie  dite  de  Bright  n'a  pas  d'autre  cause 
que  des  excès  de  liqueurs  spiritueuses  et  n'est  qu'une  manifestation  de  l'alcoolisme 
chronique.  Or,  dans  ces  conditions,  l'état  anatomique  des  reins  se  montre  sous 
deux  formes  distinctes.  Ehuis  l'une,  les  épithéliums  remplis  de  substances  grasses 
sont  le  principal  siège  de  l'altération;  dans  l'autre,  la  substance  conjonctive  est 
plus  particulièrement  intéressée,  la  lésion  peut  être  qualifiée  du  nom  de  né- 
phrite. 

Le  rein  alfecté  d'altération  gf^aissettse  à  la  suite  d'excès  alcooliques  consene 
^«uvent  son  volume,  le  poli  de  sa  surface,  la  régularité  de  sa  forme  ;  à  une  période 
plus  avancée  il  devient  plus  volumineux ,  il  otfre  au  niveau  de  la  substance  corti- 
cale une  coloration  jaunâtre,  uniforme  ou  par  plaques  ;  après  l'exposition  à  l'air  et 
au  début  de  l'idtération,  une  injection  manifeste  des  glomérules  de  Malpighi.  Pour 
être  reconnu  à  la  simple  vue  cet  état  demande  parfois  un  œil  exercé  ;  il  n'en  est 
pas  de  même  à  l'examen  microscopique  :  les  tnlniU  ,  p  us  volumineux,  sont  dis- 
tendus par  des  gianulations  qui  sont  pour  la  plupart  graisseuses,  et  contenues 
dans  les  cellules  épilhéliales  volumineuses  et  plus  ou  moins  déformées.  Les  glomé- 
rules de  Malpighi  restent  le  plus  souvent  intacts.  La  substance  des  pyramides 
participe  à  cette  altéi*ation,  mais  à  un  degré  moindre;  la  trame  de  substance  con- 
jonctive est  peu  modifiée,  les  vaisseaux  sont  quelquefois  comprimés.  Dans  la  se- 
conde forme ,  qui  est  celle  que  nous  avons  le  plus  rarement  observée ,  mais  qui 
néanmoins,  au  rapport  des  auteurs,  serait  la  plus  fréquente,  les  reins  diminuent 


666  ALCOOLISME  (?atbologie). 

|)cu  à  peu  de  volume  et  revotent  un  aspect  granuleux  tout  particulier.  Leur  sur- 
face est  parsemée  de  grains  plus  ou  moins  volumineux  et  réguliers,  la  substano' 
corticale  est  de  plus  en  plus  mince,  la  trame  de  substance  conjouctiTe  est  épaisse, 
surtout  au  pourtour  des  glomêrules  qu'elle  comprime  et  atrophie ,  les  épithéUum^ 
sont  granuleux  et  souvent  altérés.  Ce  dernier  mode  a  beaucoup  d'analogie  avec  b 
cirrhose  hépatique,  tandis  que  le  premier  se  rapproche  plutôt  de  l'état  gras  du  foie 
des  buveurs.  En  quoi  les  lésions  rénales  d'origine  alcoolique  se  distinguenl-ello 
des  nombreuses  modifications  aimtomiques  dont  les  organes  sécréteurs  de  l'ariw 
sont  si  fréquemment  le  siège?  c'est  ce  qu'il  est  difficile  de  préciser.  La  dégénération 
graisseuse  qui  nous  occtipe  n'est  pas  sans  analogie  avec  celle  que  détermine  l'ein- 
poisonnement  par  le  phosphore,  mais  elle  en  diffôre  cependant  par  une  nuorhe 
beaucoup  moins  aiguë  et  aussi  par  l'absence  habituelle,  sous  la  capsule  fibreuse  ou 
dans  son  voisinage,  de  taches  ecchymotiqués.  Ces  mêmes  caractères  serviront  encore 
à  la  distinguer  de  l'afiection  rénale  concomitante  de  certains  ictères  graves  dont  b 
cause  reste  encore  inconnue.  Les  granulations  rénales  dans  la  néphrite  alco(4Jqne 
sont  en  général  plus  petites  et  plus  régulières  que  dans  toutes  les  autres  n^brite». 

Les  désordres  fonctionnels  qui  se  rattachent  aux  altérations  dont  il  s*agit  ne  di(^ 
fèrent  pas  notablement  de  ceux  qui  appartiennent  à  la  plupart  des  aflectioi^ 
rénales.  L'anasarque,  la  décoloration  des  téguments,  des  modificatîoi»  diverses 
dans  la  quantité  et  la  qualité  des  urines,  en  sont  les  principaux  symptdoies. 

Lorsqu'elles  sont  prises  même  avec  modération,  les  boissons  alcooliqnes,  le  vin 
et  la  bière  en  particulier,  activent  la  sécrétion  urinaire.  Dans  l'intoxication  aiguf 
par  l'alcool,  à  plus  forte  raison  y  a-t-il  exagération  de  cette  sécrétion.  C'est  l^* 
contraire  qui  a  lieu,  en  général,  dans  l'intoxication  chronique,  la  sécrétion  de> 
urines  diminue  de  quantité.  L'usage  habituel  de  l'alcool,  dit  Magendie,  finit  par 
iunener  une  diminution  de  la  partie  aqueuse  des  urines,  et  de  \ky  suivant  ce  raàw 
auteur,  l'origine  de  la  gravelle  {Recherdies  sur  la  gravelle,  p.  57).  Quoi  qu'il  en 
soit  de  cette  théorie,  à  laquelle  M.  Rayer  a  adressé  des  objections  sérieuse^, 
Ed.  W.  Smith  (Lancet,9iày,  1861), etW.  R.  Basham  (ibtd.,22  j.  1861)  ont  noté 
la  rareté  des  urines  dans  l'alcoolisme  chronique.  Et  ce  fait  concorde  avec  b 
plupart  de  nos  obser\'ations. 

Selon  W.  Smith,  les  urines  contiennent  moins  d'urée,  mais  uniquement  à  cauM- 
de  leur  moins  grande  abondance;  l'acide  urique,  au  contraire,  y  serait  en  plu^ 
grande  quantité.  11  arrive  souvent,  en  effet,  de  constater  la  présence  de  cet  adde 
dans  lurine  des  buveurs,  et  en  dehors  de  toute  lésion  cirrhotique  du  foie.  Dans 
les  cas  de  dégénération  graisseuse  surtout,  on  trouve  dans  l'urine  des  cellules 
épithéliales  et  des  granulations  graisseuses  provenant  des  tuhulides  reins.  Traitée^ 
par  l'acide  nitrique  et  la  chaleur,  les  urines,  dans  ces  conditions,  donnent  lieu  à 
un  précipité  nlbumineux  abondant  et  en  général  persistant.  Il  serait  important 
de  savoir  si  le  précipité  ne  présente  pas  quelques  caractères  particuliers;  niai> 
nous  ne  connaissons  jusqu'ici  aucime  donnée  sur  ce  point.  L'exploration  directe  de- 
là région  est ,  en  général,  sans  résultat.  L'albuminurie  alcoolique  n'est  pas  eseaipc*' 
des  désordres  cérébraux  et  intestinaux  liés  à  l'intoxication  urémique.  Ces  désor- 
dres, ainsi  que  l'amaurose,  nous  ont  paru  se  montrer  plus  fréquemment  dans  \e> 
cas  de  dégénération  graisseuse. 

b.  Verne.  11  serait  difficile  de  vouloir  soutenir,  à  l'aide  des  faits  connus,  qtx* 
les  excès  alcooliqiies  ont  une  influence  nuisible  sur  la  vessie,  et  qu'ils  peuvent  alt(^- 
rer  le  réservoir  urinaire  ;  cependant  on  ne  peut  contester  que  le  catirrhe  \'rs»cal 
soit  fréquent  chei  les  ivrognes,  et  ce  Aût  mérite  au  moins  d'être  signalé. 


ALCOOLISME  (pATiioLOciE).  6<i7 

Nous  avons  plusieurs  fois  trouvé  chez  les  buveurs  la  cavité  vésicale  élargie, 
dilatée,  la  muqueuse  qui  la  tapisse  épaissie,  rosée  ou  grisâtre,  parsemée  de 
petits  points  noirs  ayant  pour  origine  un  pigment  sanguin  déposé  au  pourtour  des 
:;landules  hypertrophiées.  La  même  altération  s'est  quelquefois  rencontrée  dans  les 
uretères  cl  les  bassinets.  La  |MH)slate,  sans  mettre  obstacle  au  cours  des  urines,  était 
eu  géuéral  volumineuse.  Ces  lésions  ont  rarement  occupé  1  attention  des  malades 
et  donné  lieu  à  des  symptômes  autres  que  ceux  d'un  léger  catarrhe.  Assez  souvent 
néawnoins,  on  voit,  par  suite  de  la  dilatation  de  la  vessie  et  du  peu  d'énergie  contrac* 
lile  de  ses  parois,  l'émission  des  urines  devenir  lente  et  difficile,  d'où  une  nouvelle 
cauiie  d'altération  pour  la  muqueuse  vésicale»  Ces  lésions  peuvent  être  dues  autant 
à  rafaondance  qu'à  la  qualité  des  boissons  absorbées. 

c.  Testicules.  Roesch  (Ann.  d'hyg,  et  de  méi.  légale,  t.  XA,  p.  84),  l'un  des^ 
premiers,  fait  mention  des  désordres  analomiqucs  qui  peuvent  affecter  les  organes 
génitaux  dans  le  coui's  de  l'alcoolisme.  Chez  l'homme,  dit-il,  les  testicules  sont  quel- 
quefois frappés  d'une  véritable  atropliie  ;  ces  organes  se  réduisent  au  volume  d'mi 
haricot  ou  d'un  pois,  et  remontent  jusqu'à  l'anneau  inguinal  ;  le  scrotum  et  la  verge 
>ont  flasques,  et  il  y  a  non-seulement  impuissance,  mais  même  absence  de  désirs. 
En  même  temps  le  sujet  devient  simple  comme  un  enfant,  et  sans  caractère,  hes 
principales  causes  de  cet  état  sont,  sans  contredit,  l'abus  des  plaisirs  de  l'amour, 
l'onanisme  et  la  gonorrhée,  mais  l'eau-de-vie  y  contribue  pour  sa  part.  Cet  état, 
trè;»HX)mmun  parmi  les  troupes  françaises  en  Egypte,  fut  attribué  par  Larrey  à  l'abus 
de  Teau-de-vie  de  dattes  conjointement  avec  les  excès  vénériens.  Schcenlein  fait  re- 
marquer que  cette  boisson  pourrait  bieu  être  la  cause  principale  de  la  môme  ma- 
ladie dans  l'Asie  occidentale. 

Nos  recherches  à  cet  égard  confirment  les  observations  de  Roesch.  Plusieurs 
luis  il  nous  est  arrivé  d'être  frappé  de  l'état  de  flaccidité  et  d'atrophie  des  tes- 
ticules des  buveui^;  mais,  en  outre,  nous  avons  pu  constater,  dans  bon  nombre  de 
us ,  chez  des  indiûdus  ayant  de  trente  à  cinquante  ans  au  plus,  une  modification 
qui  portait  sur  le  contenu  du  tube  séminifère  plutôt  que  sur  la  substance  conjonc- 
tive  interstitielle.  Les  cellules  épithéliales  des  cana/icti/i,  parfois  plus  volumineuses 
ci  granuleuses,  d'autres  fois  déformées  ou  détruites,  ne  formaient  plus  qu'une 
masse  grenue  à  l'intérieur  du  tube.  Cette  altération  est  souvent  inégalement  répartie 
dans  Torgane  (Union  méd.,  1864,  t.  lY,  p.  45).  Les  vésicules  séminales  renfer- 
maient mi  Kquide  sale,  jaunâtre,  gluant  et  visqueux,  au  sein  duquel  ne  se  rencon- 
traient qu'un  petit  nombre  de  spermatozoïdes,  et,  en  plus  ou  moins  grande  abon- 
dance, les  corps  décrits  par  H.  le  professeur  Robin  sous  le  nom  de  sympexions, 
Olte  modification,  peu  ou  pas  différente  de  celle  que  l'on  observe  chez  les  vieil- 
lards, ne  doit  pas  moins  être  regardée  comme  un  état  pathologique,  eu  égard  A 
ia  ibrce  et  a  l'âge  des  individus  qui  ont  servi  à  nos  observations;  d'où  cette  consé- 
quence que  l'action  de  l'alcool  sur  les  organes  génitaux  de  l'homme  produit  une 
^éIlilité  prématurée.  Ce  résultat,  sur  lequel  nous  aurons  à  revenir,  n'est  pas  d'ail- 
l«*ius  particulier  aux  testicules. 

d.  Ovaires.  Je  ne  saurais  dire  si  les  ovaires  subissent,  chez  la  femme,  des 
modifications  analogues  à  celles  des  testicules  de  l'homme  ;  mais  ce  que  je  sais, 
c'est  que  la  menstruation  cesse  prématiu*ément  chez  les  femmes  alcooliques,  el 
que,  dans  plusieurs  cas  où  cette  fonction  était  éteinte  avant  l'âge,  j'ai  noté  la  péti- 
llasse du  volume  des  ovaires,  et  princifialemcnt  de  la  partie  corticale  ou  glanduleuse 
de  ces  organes. 

(juoi  qu'il  en  soit,  les  désirs  amoureux  excités  par  dos  libations  momentanées. 


668  ALCOOLISME  (pathologie). 

diminuent  et  finissent  par  disparaître  entièrement  chez  les  individu<  dos  deux 
sexes  qni  depuis  longtemps  sont  adonnés  aux  excès  d*alcool. 

En  même  temps  que  les  appétits  vénériens  s'apaisent  chei  l'homme ,  Tacronh 
plissement  de  l'acte  génésique  devient  plus  difiicile;  l'érection,  d'abord  incompK^, 
est  plus  lard  impossible.  Cette  particularité  trouve  son  explication,  sui%'ant  Magnip 
Hussy  dans  un  défaut  de  tonicité,  dans  une  plus  grande  faiblesse  des  muscles  am- 
stricteurs,  comme  aussi  dans  un  certain  degré  d'anesthésie  du  pénis  ;  mais  après 
ce  que  nous  venons  de  dire,  l'état  des  canalicules  spermatîques  semblerait  \m\h 
coup  mieux  en  rendre  compte. 

Les  troubles  de  la  menstruation  et  la  cessation  de  cette  fonction  sont  des  phéno- 
mènes qui  s*obser>-ent  fréquemment  chez  les  femmes  atteintes  d'alcoolisme  din»- 
nique.  Nous  les  avons  plusieurs  fois  notés.  Des  métrorrhagies  répclcos  et  plti^  uu 
moins  abondantes  constituent  l'un  des  premiers  dérangements,  plus  tard  un  arr^ 
souvent  déiinitif  de  la  fonction  menstruelle,  à  un  âge  où  cette  fonction  est  m 
pleine  activité,  entre  50  et  40  ans.  Une  femme  âgée  de  S8  ans,  qui  a  eu  plusieurs 
enfants,  et  qui  depuis  longtemps  a  pris  l'habitude  des  excès  d'al^nthe,  entre  à  b 
clinique  de  THôtel-Dieu  pour  un  accès  de  delirium  tremens ,  bientôt  suivi  d\yé- 
resthésie  excessive  à  la  plante  de:;  pieds,  d'anesthésie  aux  extrémités  et  de  |Qn- 
lysie  des  membres  inférieurs.  La  menstruation,  déjà  dérangée  avant  l'entrée  à 
l'hôpital,  a  cessé,  et  n'a  pas  repani  depuis  plus  de  huit  mois  que  nous  avons  la  nu. 
lade  sous  les  yeux.  Cette  malade  nous  a,  de  plus,  raconté  avec  bonne  foi  t\uA\e 
avait,  depuis  plus  d'un  an,  perdu  toute  espèce  d'appétit  vénérien.  Magnus  Hu<s  i> 
conte,  de  son  côté,  qu'une  femme  âgée  de  52  ans,  et  déjà  arrivée  à  une  période 
avancée  de  l'alcoolisme  chronique,  lui  avait  appris  qu'elle  avait  cessé  d'éprou^tr  la 
moindre  sensation  voluptueuse. 

Ainsi,  faiblesse  ou  même  abolition  de  la  ffiiction  génésique,  et  par  eonséqutnl 
diminution  de  l'aptitude  à  la  procréation,  telle  est  l'un  des  funestes  eflet^^  (k^ 
excès  alcooliques  dans  l'un  et  l'autre  sexe.  D'après  vingt  observations  rectieil)i«' 
par  Lippicb,  le  produit  du  mariage  d'un  buveur  est  de  un  à  trois  entants.  Cet  éiti- 
vain  a  calculé  que  Tivro.i^nerio  étouffe  en  germe  les  deux  tiers  des  individus  qui 
auraient  dû  être  procréés.  Joseph  Frank  croit  que  l'abus  du  vin  par  les  femD)e<. 
dont  le  système  nerveux  jouit  d'une  si  gi*ando  irritabilité,  est  une  des  pi incipab 
causes  de  l'avortement  et  des  fâcheux  accidents  de  la  ptrturition, qu'il  est  si  com- 
mun d'observer  dans  les  pays  vignobles.  Nous  avons ,  pour  noire  compte,  étr 
plusieurs  fois  frappé  de  la  fréquence  des  avortements  chez  les  femmes  adonnée 
à  l'ivrognerie.  L'alcoolisme  n'est  donc  pas  seulement  une  maladie  de  l'individu, 
il  est  encore  une  maladie  de  famille,  et  projette  son  action  malfaisante  josqiic  sur 
la  race. 

Influence  de  V alcoolisme  sur  la  progéniture.  Une  loi  de  Carthage  délotkbit 
toute  autre  boisson  que  l'eau  le  jour  de  cohabitation  maritale.  Hippocratedoji  autl 
remarqué  et  signalé  les  fâcheux  effets  de  l'ivresse  sur  le  produit  de  la  coiii¥|i<Kin 
(t.  VIII,  p.  soi,  trad.  Littré).  Amyot  dit,  dans  son  langage  particulier,  que  l'i^n^w 
n'engendre  rien  qui  vaille.  Bacon,  cité  par  Zimmermann  (Traité  de  Vexpér.,  i  IIL 
p.  82),  prétend  avoir  constaté  que  la  virilité  s'affaiblit  chez  les  buveurs  de  hii.  H 
que  beaucoup  d'idiots,  d'imbéciles  sont  nés  de  piirents  adonnés  à  rivrognerie.  A^mt 
d'être  impuissant,  c'est  dans  les  conditions  physiques  et  morales  de  sa  desoendaticf 
que  le  buveur  donne  le  meilleur  signe  de  la  profonde  modification  de  son  en;:-»' 
nisme.  Darwin  (Zvonomie)  avance  (|ue  toutes  les  maladies  produites  par  1  abu» 
des  spiritueux  sont  héréditaires,  transmissibles  même  jusqu'à  la  troisième  ^éwn- 


ALCOOLISME  (pataologie).  669 

lion,  et  qu'elle^  s'aggravent  peu  à  peu  quand  la  cause  persiste  jusqu'à  ce  que  la 
lamille  s'éteigne.  Roesch,  Hason  Cox,  Lippich,  Friedrich,  s'accordent  à  attribuer  à 
l'ivrognerie  des  parents  une  funeste  influence  sur  la  sanlé  des  enfants,  qui  sont  dis» 
posés  aux  congestions  encéphaliques,  à  l'hydrocéphale,  à  ridiolisme,  à  toutes  sortes 
d  aberrations  intellectuelles,  à  la  démence  même*  Peut-être  aussi  devrait-on  tenir 
compte  de  ce  résultat  de  la  statistique  de  la  mortalité  à  Londres,  que  la  moitié  des 
entants  nés  dans  cette  ville  meurent  avant  d'avoir  atteint  l'âge  de  5  ans,  tandis 
que  parmi  les  quakers,  qu'on  sait  être  remarquables  par  leur  tempérance  et  leur 
sobriété,  la  moitié  des  enfants  parviennent  à  un  âge  de  45  ans.  Suivant  Bruhl 
Oamer,  l'ivrognerie  habituelle  du  père  influe  plus  que  celle  de  la  mère  sur  la 
constitution  des  enfants. 

Tout  récemment,  les  effets  de  l'alcoolisme  sur  la  progéniture  ont  été  l'objet  de 
nouvelles  études.  M.  Demeaux,  dans  une  note  envoyée  à  l'Académie  des  sciences, 
séance  du  1^'  novembre  18Ç0,  conclut  d'un  certain  nombre  de  faits  qu'il  a  o\h 
^rvés  que  l'état  d'ivresse  alcoolique,  chez  l'homme,  au  moment  de  la  conception, 
devient  fréquemment  une  cause  à^épilepsie  pour  les  enfants,  et  que  la 
même  cause  peut  produire  une  paralysie  congénitale,  l'aliénation  mentale  et 
ridiotie.  Dans  la  séance  du  29  octobre,  H.  Debaut  citait  deux  faits  à  l'appui  de 
l'opinion  précédente.  Le  10  décembre  de  la  même  année,  H.  Vousgier,  de  Stras- 
liourg»  annonçait  deux  nouvelles  observations  confirmatives  des  idées  émises  par 
M.  Demeaux.  Ce  dernier  auteur,  enfin,  dans  le  mois  de  décembre  dernier,  donna 
connaissance  à  la  même  académie,  par  l'intermédiaire  de  M.  Velpeau,d'unarrétde 
développement  de  l'encéphale  chez  un  fœtus  conçu  dans  les  conditions  fâcheuses  de 
l'ivresse. 

l/individu  qui  hérite  de  l'alcoolisme  est  en  général  marqué  du  sceau  d'une 
d^énérescence  qui  se  manifeste  tout  particulièrement  par  des*  troubles  des  fono 
tiens  nerveuses.  Enfant,  il  est  emporté  par  des  convulsions  ou  d'autres  désordres 
nerveux;  il  reste  idiot  ou  imbécile.  Adulte,  il  a  un  cachet  spécial.  Sa  tête  est  pe- 
tite (tendance  à  la  microcéphalie) ,  sa  physionomie  est  hébétée,  son  regard  sans 
expression  ou  stupide.  Une  susceptibilité  ou  une  mobilité  nerveuse  plus  ou  moins 
acv^ntuée,  un  état  névropathique  voisin  de  l'hystérie,  des  convulsions  épilepti- 
formes,  des  idées  tristes,  de  la  mélancolie  ou  de  l'hypochondrie,  tels  sont  ses  attri- 
buts. La  passion  des  boissons  alcooliques,  la  tendance  à  l'immoralité,  à  la  dépra- 
vation, au  cynisme,  tel  est  en  somme  le  triste  héritage  que  laissent  à  leurs  descen- 
dants un  nombre  malheureusement  trop  grand  d'indindus  adonnés  aux  boissoas 
alcooliques.  (Voy.  Di€éHéRBscBifCB.) 

g  VIII.  Appareil  técdmentaire  externe.  Les  dérangements  morbides  de  cetap- 
pareil  varient  avec  les  diverses  phases  de  l'alcoolisme. 

Chez  beaucoup  d'ivrognes  on  voit  apparaître  une  coloration  rouge  violacé  de  la 
peau  occupant  en  général  la  partie  antérieure  et  inférieure  du  nez,  et  parfois  les 
régions  voisines,  ce  qui  donne  à  la  physionomie  en  même  temps  un  peu  hé- 
bétée un  aspect  particulier  que  caractérise  fort  bien  l'épilhète  vulgaire  d'en- 
luminée. 

« 

Cette  coloration,  qui  est  l'effet  de  la  dilatation  des  vaisseaux,  se  rencontre  encore 
dans  d'autres  régions  lorsque  partout  ailleurs  la  peau  conserve  sa  teinte  normale. 
A  une  période  avancée  de  la  maladie,  le  tégument  se  décolore  ;  d'onctueux  qu'il 
était,  il  devient  sec,  écailleux,  ou  acquiert  une  consistance  satinée,  et  prend  une 
teinte  terreuse  ou  jaunâtre,  indices  de  la  soufiranoe  des  fonctions  digestives  et  des 
glandes  hémopoiétiques  en  particulier. 


670  ALCOOLISME  (pathologie). 

Des  organes  annexes  du  tégument  externe,  les  glandes  sudoripwres  et  le> 
glandes  sébacées  sont  celles  qui  s'altèrent  leplus  souvent.  Les  épilhélhuns  des  glande^ 
jsudoripares  nous  ont  plusieurs  fois  paru  granuleux,  et  fréquemment  nous  avons 
pu  voir  les  glandes  sébacées  remplies  par  une  abondance  )Nnodîgieuse  de  graisse. 
L'inflammation  dont  ces  dernières  glandes  sont  quelquefois  le  siège  produit  l'aciK* 
rosacée.  Cette  atfection,  qui  n'est  pas  très-rare  à  une  certaine  période  de  Takoo- 
tisme,  se  localise  de  préférence  à  la  face,  principalement  sur  le  nez  ou  â  son  voisi- 
nage, mais  elle  se  rencontre  aussi  sur  les  régions  où  la  vascularité  a  été  augmenttV, 
en  particulier  chez  les  personnes  qui  ajoutent  à  Tivrognerie  des  excès  dans  !«* 
manger.  Nous  n'avons  pas  trouvé  de  mmÙfication  appréciable  dans  la  structure  d<s 
bulbes  pileux  ;  Talopécie,  d'ailleurs,  est  rare  dans  l'alcoolisme  ;  personne,  que  je 
sache,  ne  l'a  signalée,  et  si  elle  s'y  rencontre  parfois,  rien  ne  prouve  qu'elle  aituiir 
liaison  quelconque  avec  l'alius  des  spiritueux. 

Il  est  des  éruptions,  et  l'eczéma  est  du  nombre,^  qu'on  a  \x)ulu  attribuer  an\ 
excès  d'alcool;  mais,  à  notre  avis,  il  est  beaucoup  plus  vraisemUaMe  que  la  nul- 
propreté,  si  commune  à  la  classe  qui  s'adonne  à  l'ivrognerie,  en  est  la  véritable 
cause.  Cette  réflexion  parait  applicable  à  ces  ulcères  de  forme  phagédénique  con- 
nus dans  les  hdpitiux  de  Londres  sous  le  nom  A*nlcèreê  du  gin.  Les  tache*:  ilt 
purpura,  les  ecchymoses,  que  l'on  observe  quelquefois  chez  les  buveurs,  ont  en 
général  leur  existence  liée  à  une  modification  des  cellules  hépatiques  ou  des  gtande^^ 
sanguines  ;  il  n'est  pas  possible,  en  tout  cas,  de  les  rattacher  à  une  action  dirBi^c 
des  boissons  alcooUqnes  sur  la  peau. 

Un.  phénomène  assee  fréquent,  principalement  chez  les  ivrognes  qui  sucrombenl 
à  la  suite  de  Tivresse  ou  d'un  accès  de  delirium  tremenSj  c'est  lapiiaritioii,  à  h 
surface  de  la  peau  et  pou  de  temps  après  la  mort,  de  sugillations  violacées,  linUn^ 
nient  disposées,  et  parfois  d'une  teinte  verdâtre,  indice  d'un  état  de  décompositioo 
rapide*  la  puti^faction  nous  a  toujours  paru,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  se 
laire  plus  rapidement  dans  ces  conditions  :  c'est  là  une  particularité  (|ai  n'est  pi» 
sans  intérêt  médico-légal,  et  qu'il  est  bon  de  signaler.  Il  semble,  en  ellct,  quf 
ridée  contraire  ait  prévalu,  et  c'est  à  tort,  à  notre  avis,  que  l'auteur  de  l'artidr 
IvBEssB  (Dict.  en  60  vol.  )  prétend  que  le  cadavre  d'Alexandre  le  Grand  a  pu  se  con- 
server pendant  longtemps  &  cause  de  l'abus  qu'il  faisait  des  spiritueux. 

Quant  aux  troubles  fonctionnels  qui  se  rattachent  aux  lésions  dont  il  vient  d'àtr 
({ucstiou,  ils  sont  en  général  «ans  grande  importance,  et  consistent  surtout  dan« 
une  dimiiuUion  des  sécrétions  cutanées. 

Tissu  ceUulaire  sons-cutané,  A  une  période  avancée  de  raiooelisme,  quaral 
surtout  les  reins  ou  le  cœur  sont  malades,  oe  tissu  peut  devenir  le  siège  d'une 
infiltration  osdémateuse.  En  dehors  de  ces  conditions,  il  n'est  pas  rare  d'observei 
chez  certains  buveurs  un  dépôt  adipeux  dont  rabondance  varie  dans  les  dilK^ent<*^ 
régions  du  corps.  La  paroi  abdominale  antérieure  est  l'une  des  régions  où  s'aocumiH 
lent  de  préférence  les  pelotons  graisseux  ;  aussi  se  fait-«lle  remarquer  en  général 
par  la  |irésencc  d'une  couche  adipeuse  qui  peut  avoir  jusqu'à  10  centimètre 
d'épaisseur,  lorsque  partout  ailleurs  la  couche  cellulo-graisseuse  ne  dépasse  guèrr 
un,  deux  et  trois  centimètres.  Soulevée  et  distendue  d'abord  par  la  graisse,  la  peau 
se  ride  et  se  flétrit  plus  tard ,  quand,  par  suite  d'une  lésion  viscérale  et  de  la 
cirrhose  en  particulier,  le  tissu  adipeux  vient  à  se  résorber.  Ce  tissa ,  dans 
ces  conditions,  prend  l'aspect  et  la  consistance  d*  une  substance  gélatineuse  ou  d'ouc 
il^e\^  plus  ou  moins  épaisse.  La  diminution  du  volume  des  parties  affectées  est  par- 
fois tellement  considérable,  qu'elle  donne  lieu  de  croire  à  une  atrophie  véritable. 


ALCOOLISME  (pathologie).  671 

Mioém  A'&woÈmikm  et  marclic.  L*analyse  qui  précède,  utile  au  point  de 
vue  de  la  description  des  différentes  localisations  cb  l'alcoolisme,  ne  iait  con- 
naître en  aucune  façon  la  succession  de  ces  manifestations.  Elle  ne  peut,  par  con- 
séquent, peindre  la  physionomie  du  mal  ;  aussi  ne  permet-elle  ni  de  recon- 
naître, ni  de  diagnostiquer  sûrement  Talcoolismo.  Ce  qu  il  faut  pour  compléter 
rétude  de  cette  maladie,  c'est  un  taUeau  clinique,  un  ensemble  synthétique  des 
lésions  et  des  symptômes  dont  il  vient  d'être  question..  Commençons  par  les  sym- 
ptômes, puisqu'ils  sont  la  première  expression  clinique  de  l'alcoolisme. 

L'ivresse,  cette  manifestation  de  l'intoxication  aiguë  par  l'alcool,  est  loin  de  pré- 
céder toujours  et  nécessairement  la  série  des  désordres  que  comporte  l'alcoolisme 
chronique.  Souvent  celui-ci  accomplit  son  évolution  indépendamment  de  tout 
symptôme  d'ivresse  ;  11  se  montre  après  un  temps  plus  ou  moins  long,  souvent 
|îusieurs  mois  ou  plusieurs  années  a  partir  du  moment  où  ont  conunencé  les  excès 
de  boissons.  Sou  début. est  insidieux.  En  général  ce  sont  les  troubles  digestifs  qui 
commencent  la  scène,  l'appétit  diminue  d'abord  et  finit  par  se  perdre,  la  digestion 
devient  difficile  ou  même  pénible,  il  y  a  une  distension  gazeuse  de  l'estomac  après 
chaque  repas  ;  chaque  matin  le  buveur  rend  par  régurgitation  ou  par  vomisse- 
ment un  liquide  blanc,  filant,  muqueux  ou  verdàtre  et  bilieux,  accident  que 
le  malade  ne  manque  pas  de  combattre  en  faisant  usage  d'une  nouvelle  quantité  de 
boisson  {vamtus  nuUutinus  potatorum ,  pituite  matinale  des  buveurs,  dyspepsie 
alcoolique).  Viennent  ensuite  les  désordres  nerveux;  le  tremblement  apparadt  l'un 
des  premiers;  les  doigts  d'abord,  puis  les  mains  et  les  pieds,  lu  langue,  enfin  les 
membres  supérieurs  et  inférieurs  peuvent  être  successivement  atteints.  Le  nuitin 
(«t  encore  le  moment  où  ces  symptômes  commencent  à  se  manifester.  Accrus 
par  les  efforts  que  fait  le  malade  pour  douner  de  la  précision  ù  ses  mouvements, 
ils  ne  sont  accompagnés  d'aucun  sentiment  douloureux,  mais  d'une  légère  fai- 
blesse musculaire.  Surviennent  eu  second  lieu  les  modifications  si  variées  de  la 
sensibilité  :  formications,  tiraillements  nerveux,  hypéresthésie  et  anesthésie,  obscur- 
cissement de  la  vue,  veiliges  au  réveil ,  céphalalgie,  sensation  de  constrictiou 
thoracique,  insomnie,  cauchemars  plus  ou  moins  effrayants  ;  puis  les  liailuçinu- 
tions  se  développent  avec  les  caractères  que  nous  leur  connaissons  ;  arrivent  par 
fois  des  convulsions,  des  attaques  aploplectiformes  ;  un  délire  en  général  bruyant 
iif^rait  sous  forme  d'accès  de  quelques  jours  de  durée,  et  presque  toujours  A 
propos  d'un  accident  ou  d'un  état  maladif  quelconque.  Le  caractère  est  maussade, 
irritable,  emporté,  les  traits  de  la  figure  perdent  leur  expression  naturelle,  les 
yeux  rouges,  injectés,  sont  oscillants,  agités,  le  regard  étrange,  un  peu  hébété, 
les  lèvres  tremblantes.  Tout  cet  ensemble  donne  à  la  physionomie  quelque  chos<: 
d'étrange  dont  la  peinture  est  diUicile  sans  doute,  mais  que  Tobservalion  apprend 
:«  reconnaître,  et  qui  nous  a  souvent  mis  sur  la  trace  du  mal  eu  question. 

Quelquefois  pins  tôt,  d'autres  fois  plus  tard,  on  observe  de  l'ictère,  des  bron- 
chites légères,  mais  persistantes,  des  pneumonies  à  forme  adynamique  ;  les  malados 
accusent  une  dyspnée  plus  ou  moins  gênante,  des  palpitations,  de  l'essouffle- 
ment, symptômes  qui  n'avaient  pas  lieu  antérieurement.  Les  désirs  vénériens 
peuvent  être  plus  ardents,-  mais  en  général  les  forces  géncsiques  sont  moindres. 
MagnusUuss  prétend  avoir  observé  que  la  première  période  de  l'alcoolisme  est  mar- 
quée, chez  la  femme,  par  une  impulsion  erotique  plus  vive,  quoique  la  sensation 
du  plaisir  soit  plus  confuse.  Dans  cette  période  enGn  l'embonpoint  est  le  plus  sou- 
'«ent  exagéré. 

A  ces  divers  phéiuMnènes  d'excitation  succèdent  en  général  un  état  de  dépi-ession 


G72  ALCOOLISME  (i'atiiologie) 

plus  ou  moins  marqué  des  différentes  fonctions  organiques,  el  des  lésioib  plu^ 
sérieuses  du  côté  des  viscères  :  une  seconde  période  commence.  Les  appareils  di- 
gestif et  nerveux  sont  toujoui^  en  cause  ;  Tappétit  est  pour  ainsi  dire  nul,  it^ 
aliments  sont  difficilement  supportés;  arrivent  des  diarrhées  passagères,  de$hr> 
matémèses  ou  des  entéroiThagies  liées  à  l'altération  granulée  du  foie  ou  des 
reins,  sinon  à  un  état  de  dégénérescence  graisseuse  de  ces  organes;  b 
troubles  et  la  perte  de  la  menstruation  chez  la  femme,  la  perte  prématuréi 
des  fonctions  génésiques  dans  les  deux  sexes,  la  phthisie  granuleuse ,  peuTenl 
encore  n'apparaître  qu'à  cette  période  où  prédominent  le  plus  ordinairement 
les  désordres  ner>'eux.  Plus  que  tous  les  autres  troubles,  ces  derniers  sont 
caractéri^s  par  la  dépression  de  la  fonction.  La  sensibilité  est  diminuée  ou  abolie; 
des  extrémités  où  il  commence  à  se  montrer,  ce  symptôme  gagne  peu  à  peu  )e 
parties  plus  élevées  et  finit  par  envahir  le  tronc.  Les  mouvements  sont  aJTail)lis. 
une  paralysie  le  plus  souvent  incomplète,  mais  qui  a  la  j^us  grande  tendance  s 
se  généraliser,  débute  également  par  les  extrémités,  pour  de  là  s'étendre  m\ 
autres  parties  du  corps,  et  à  la  longue,  de  façon  à  produire  assez  tôt  un  cmbam> 
marqué  de  la  parole.  A  cette  même  période  appartiennent  encore,  dans  quelques 
cas,  des  mouvements  choréifomies,  des  accès  convulsifs  ou  éptleptiformes.  Quel- 
quefois la  paralysie  faisant  entièrement  défaut,  ce  qui  caractérise  cette  dernière 
phase  de  L'alcoolisme,  c'est  au  point  de  vue  physique  un  état  spécial  de  cacbe\ip 
et  de  marasme,  conséquence  inévitable  des  lésions  viscérales  multiples,  et  au 
point  de  vue  moral  la  manifestation  des  tendances  les  plus  mauvaises,  l'abolitiofl 
des  sentiments  moraux,  et  trop  souvent  l'abrutissement  le  plus  complet. 

Cet  ensemble  pathologique  n'appartient  pas,  bien  entendu,  à  tous  les  cas  :  bnUii 
les  désordres  nerveux  sont  nuls  ou  insignifiants,  la  maladie  consiste  prinapalemeni 
dans  l'altération  d'un  ou  plusieurs  des  viscères  abdominaux  ou  thoradques;  tantôt, 
au  contraire,  ces  organes  sont  peu  lésés,  et  les  manifestations  prédominantes  oocih 
pent  l'appareil  de  l'innervation.  De  là,  à  Paris  surtout,  deux  classes  d'aloocrfisés qui 
sont,  les  uns  traités  dans  les  hôpitaux  de  la  capitale,  les*autres  dans  les  hospice 
spéciaux  tels  que  Bicétre  ou  Charenton. 

Dans  l'alcoolisme  comme  dans  la  plupart  des  maladies,  la  cause  ne  changeact 
pas,  les  localisations  morbides  diffèrent  néanmoins  et  dans  leur  siège  et  dans  leor 
intensité,  selon  les  prédispositions  individi|elles,  et  aussi  en  vertu  de  certaines  con- 
ditions hygiéniques  ;  ainsi  s'expliquent  les  faces  si  diverses  sous  lesquelles  se  pré- 
sente la  S)Tnptomalologie  de  l'alcoolisme  chronique.  Naturellement  laite  et  pro- 
gressive, la  marche  de  celte  intoxication  offre  en  outre  cette  particularité, 
qu'elle  est  ordinairement  troublée  par  des  accidents  à  caractère  aigu,  et  prioi> 
d'une  certaine  intensité.  Ces  accidents,  qui  souvent  apparaissent  ci  dispani*^ 
sent,  pour  revenir  ensuite  et  presque  toujours  à  l'occasion  d'une  cause  poui 
ainsi  dire  insignifiante,  une  contuMon,  une  plaie,  un  embarras  gastrique,  ié^ 
poque  menstruelle  chez  la  femme,  sont  généralement  connus  sous  le  nom  dt 
ddirium  tretnem^  d'accès  convulsifs  ou  épileptiformes.  Us  ne  doivent  |a^ 
étonner  dans  la  marche  de  l'alcoolisme,  car  on  retrouve  leurs  analogues  dans  |ilu- 
sieurs  autres  maladies  chroniques,  telles  que  la  scrofule,  le  rhumatisiiie,  I  in- 
toxication plombique.  On  sait  en  effet  que  plus  d'une  fois  des  accidents  aif!ih 
apparaissent  dans  le  cours  de  ces  maladies  essentiellement  chroniques. 

Envisagées  dans  leur  ensemble,  les  lésions  anatomiques  se  prêtent  fort  bien  à  ufr 
étude  générale  en  raison  de  l'analogie  sinon  de  l'identité  de  nature  qu'elle^ 
présentent  dans  chacun  des  organes.  .\  ce  point  de  vue  elles  sont  susccp(ibl4> 


ALCOOLlSMi:  (PATHOLOGIE).  675 

d'êtres  ramenées  à  deuv  types  distincts  caractérisés,  l'un  par  l'hyperplasie  de  la 
substance  conjonctive,  l'autre  par  la  dégénérescence  pisseuse  des  éléments  actifs 
des  principaux  organes.  L'hyperplasie  conjonctive  constitue  ces  lésions  variées, 
inflammations  séreuses  ou  perenchymateuses  qui,  dans  notre  description,  portent 
les  dénominations  de  cirrhose,  de  néphrite,  de  péritonite,  etc. ,  et  que  resserrent 
un  lieu  et  des  caractères  communs.  L'un  des  principaux  caractères  de  ces  altéra- 
tions, c'est  leur  marche  lente,  graduée,  progressive,  et  le  défaut  de  suppuration 
(nous  faisons  exception  ici  pour  certains  cas  d'hépatite  et  de  pneumonie  dont  l'ori- 
gine alcoolique  n'est  pas  encore  bien  démontrée,  et  qui,  en  tout  cas ,  font  plutôt 
partie  de  l'alcoolisme  aigu).  Ces  phlegmasies,  adhésivés  selon  l'expression  de 
Hunt^,  sont  en  môme  temps  chroniques.  Habituellement  elles  n'évciUent  aucun 
phénomène  réactionnel,  en  sorte  qu'elles  peuvent,  dans  quelques  cas,  échapper 
pendant  longtemps  aux  moyens  d'investigation  et  rester  méconnues.  A  la  surface 
des  séreuses  comme  à  l'intérieur  des  parenchymes,  des  noyaux  nombreux  de  tissu 
conjonctif  se  développent;  bientôt  apparaissent  des  cellules  et  des  Gbres.  Ainsi  se 
constitue  une  trame  de  nouvelle  formation,  d'abord  molle,  peu  résistante,  vasculaire 
tout  au  moins  à  son  début.  Plus  tard  le  néoplasme  alcoolique  acquiert  une 
consistance  plus  grande;  aussi  met-il,  relativement  aux  autres  produits  morbides, 
un  temps  plus  long  h  entrer  dans  les  phases  régressives  des  tissus  de  nouvelle  for- 
mation. Dans  le  péritoine  comme  à  la  surface  des  méninges  et  à  l'intCiieur  des  vais- 
seaux, ce  néoplasme  arrive  à  former  des  membranes  oixiinairement  vasculaires^et 
susceptibles  quolquelois  de  devenir  le  siège  de  foyers  hémorrhagiques  par  suite  dèia 
rupture  des  vaisseaux  qui  entrent  dans  leur  composition.  Disséminé  dans  la  profon- 
deur des  organes,  ce  nouveau  produit  détermine  d'aboi*d  une  légère  augmentation 
du  volume  de  la  partie  malade,  une  coloration  grisâtre  ou  rougeâtre  selon  le  de- 
gré d'injection,  plus  tard  une  induration  avec  retrait  de  la  portion  du  parenchyme 
lésé,  d'oJi  l'inégalité  de  surface  (foie,  reins)  et  l'atrophie  progressive. 

La  dégénérescence  graisseuse  comprend  des  lésions  également  diflTéreutes 
quant  à  leur  siège,  mais  qui  toutes  offrent  ce  caractère  commun  qu'elles  sont 
constituées  par  un  dépôt  et  une  accumulation  plus  ou  moins  abondante  de  gra- 
nulations et  de  gouttelettes  graisseuses  au  sein  de  certains  éléments  anatomiques, 
et  en  particulier  des  cellules  hépatiques ,  des  épithéliums  des  tubes  urinifères  et 
des  capillaires  de  l'encéphale,  et  qu'elles  coïncident  fréquemment  avec  une  sur- 
charge adipeuse  du  tissu  cellulaire  sous-cutané,  du  mésentère  et  de  la  bas(;  du 
ooeur.  Remarquons  que  c'est  d'un  dépôt  d'une  substance  particulière  qu'il  s';igit 
et  non  d'une  transformation  gmisscuse  de  la  substance  même  des  éléments  ana- 
tomiques. 

La  coexistence  des  modalités  anatomiques  dont  il  vient  d'être  question  est  loin 
d'être  rare.  Dans  certains  cas  pourtant  ces  lésions  sont  isolées  et  indépendantes,  et 
il  y  a  lieu  de  rechercher  les  conditions  qui  favorisent  leur  développement  séparé. 
L'expérimentation  seule  est  appelée  à  répondre  sur  ce  point.  Or  il  résulte  d'un 
grand  nombre  de  faits  par  nous  observés  que  la  profession  n'est  pas  sans  influer 
sur  la  production  de  l'une  ou  de  l'autre  de  ces  altérations.  Ainsi  nous  avons  fait 
cette  remarque  que  les  individus  adonnés  à  des  travaux  rudes,  comme  les  charre. 
ti»^,  les  porteurs  à  la  halle,  etc.,  sont  en  général  affectés  de  cirrhose  du  foie 
ou  de  granulations  tuberculeuses  des  poumons,  tandis  que  les  buveurs  dont  la 
profession  est  sédentaire  (commis,  écrivains,  etc.)  présentent  plutôt  l'altération 
graisseuse  des  organes.  Ce  résultat,  vrai  pour  le  foie,  l'est  encore  sans  doute 
pour  d'autres  viscères,  et  ainsi  le  genre  d'exercice  des  individus  ne  parait  pas 

DicT.  me.  U.  43 


674  ALCOOLISMR  (pathologie). 

sans  action  sur  le  développement  de  telle  ou  telle  lésion  morbide.  A  côté  de  octU' 
cause  il  en  est  d'autres  qui  agissent  dans  le  même  sens.  L*âge  ayanoé  et  la  gros* 
sesse  sont  de  ce  nombre.  L'une  et  l'autre  de  ces  conditions  prédisposent  à  la  àé^d- 
nérescence  graisseuse  ;  il  n*y  a  pas  jusqu'à  la  nature  des  boissons  qui  ne  doive  are 
prise  en  considération.  Ainsi  l'eau-de-vie  un  peu  foile  aurait  de  la  tendance  à  pro- 
duire des  inflammations  adhésives,  tandis  que  la  bière,  par  exemple,  engendrenil 
plutôt  des  dégénérescences  graisseuses. 

Quant  au  mode  d'action  patbogénique  de  l'alcool  sur  les  tissus  et  les  organes  vi- 
vants, nous  devons  en  demander  l'explication  à  l'expérimentation  physiologique* 
et  h  l'observation  clinique.  D'une  part,  des  expériences  nombreuses,  celles  de 
MM.  A.  Lallemand,  Perrin  et  Duroy  en  particulier,  établissent  que  ralcool  ingéra 
dans  Testomac,  absorbe  par  les  veines,  pénètre  dans  le  sang,  et  de  là  se  répaml  stns 
être  modifié  ou  décomposé,  au  moins  en  totalité,  dans  les  organes  et  les  tissus. 
D'autre  part  l'observation  clinique  et  la  thérapeutique  cbirurgicale  apprennent 
qu'injecté  dans  la  tunique  vaginale,  ce  même  agent  détermine  une  inflamniatioo 
adhésive,  c'e8t-à<-dire  qu'il  donne  naissance  à  un  processus  anatomiqne  identique  â 
celui  qui  se  retrouve  partout  dans  l'alcoolisme,  tant  à  la  surface  des  séreuses  que 
dans  l'épaisseur  des  parenchymes.  Or,  si  l'alcool  ingéré  pénètre  en  nature  dans  lo 
tissus,' n'est-il  pas  naturel  de  penser  qu'il  agit  sur  les  organes  au  sein  desqneb  il 
est  transporté,  de  la  même  façon  qu'il  agît  au  contact  de  la  tunique  vaginale,  don- 
nant lieu,  dans  tous  les  cas,  à  des  elTets  irritatifs  tout  particuliers  (Voyez  notre  mé- 
moire. Des  hémarrhagies  méningites,  Arch,  de  méd.  6^  série, t.  I*',  18C5)?AiiKi 
peut  s'expliquer,  à  notre  avis,  la  formation  de  la  phlegmasie  spéciale  à  l'akoo- 
lisme.  Pour  ce  qui  est  du  mode  de  production  des  dégénérescences  graissenses, 
nous  devons  reconnaître  que  le  mécanisme  nous  échappe  encore.  Quelques  autrurv 
ont  bien  attribué  à  l'absorption  des  substances  grasses  que  l'on  trouve  au  sein 
du  liquide  sanguin  les  altérations  graisseuses  dont  nous  avons  signalé  l'exis- 
tence dans  les  principaux  vbcères,  et  particulièrement  dans  les  cellules  épillié- 
Haies.  Nous  croyons  peu  pour  notre  compte  à  cette  manière  de  voir,  qui  attend  en- 
core une  démonstration  positive  ;  nous  serions  bien  plus  tenté  de  ratlacher  ces 
singulières  modifications  anatomiques  à  la  combustion  très-incomplète  qui,  en  p»- 
reil  cas,  s'opère  dans  l'organisme  (v<nj.  Alcool  Action  physiologique). 

Durée  et  TERMiiiAisoif.  La  durée  de  l'alcoolisme  est  nécessairement 
et  ne  peut  comporter  de  limites  précises.  Si  parfois  elle  ne  dépasse  pas  quelque» 
mois  ou  quelques  années,  il  ne  faut  pas  ouMier  que  dans  d'autres  cirooostjiuxs 
elle  est  beaucoup  plus  longue,  et  qu'elle  peut  même  s'étendre  i  plusieurs  géné- 
rations. D'autant  plus  courte  en  général  que  les  excès  sont  plus  abondants,  elfe  est 
en  outre  subordonnée  au  siège  de  la  localisation  morbide ,  à  l'importance  fonc- 
tionnelle de  l'organe  ou  des  organes  lésés,  aussi  bien  qu'à  la  luUure  des  boiason.'^ 
ingérées. 

L'alcoolisme  se  termine  par  la  guérison,  par  un  certain  degré  d'am^ioration 
ou  par  la  mort.  Le  retour  à  la  santé  est  compatible  avec  les  manifestations  qneno» 
rattachons  à  la  première  période  de  l'alcoolisme;  il  peut  s'obsener  tontes  les  foi^ 
que  les  accidents  sont  limités  à  des  désordres  nerveux  de  courte  durée  et  de  peu 
d'intensité,  et  lorsqu'il  n'existe  encore  aucune  lésion  sérieuse  des  organes  de  Fab- 
domen  ou  du  thorax.  On  a  pu  constater  d'assez  nombreux  exemples  de  guérison 
par  le  seul  fait  de  l'adoption  d'un  autre  genre  de  vie.  Plusieurs  bits  rapportées  par 
Hagnus  Huss  ne  laissent  aucun  doute  relativement  à  ce  mode  de  terminaison  que 
nous  avons,  pour  notre  compte,  plusieurs  fois  observé.    Une  diminolMNi 


ALCOOi.I'^ME  (pathologie).  675 

mais  prugi*essive  des  accidents  se  niaiiiresle  et  se  continue  peu  à  peu  jusqu'à  leur 
disparition  complète.  Toutefois  les  rechutes  sont  communes ,  et  les  récidives  fré- 
quentes, [uisque  le  vieil  ivrogne  est  presque  toujours  dipsomane.  On  a  vu  quelque- 
fois imc  affection  incidente  opérer  une  véritable  crise.  îfagnus  Hu.«s  cite  des  cas  où 
letyphusnosocomialyTérysipèle,  la  fièvre  intermittente,  auraient  eu  ce  privilège. 
H.  Rcnaudin  dit  avoir  observé  un  érysipèle  du  cuir  chevelu  qui  vint  juger  une 
cpilepsie  alcoolique. 

Lorsque  Talcoolisme  ne  peut  plus  guérir,  il  est  encore  susceptible  d'améliora- 
tion. Ce  changement  qui  s'opère  facilement  n'est  habituellement  qu'un  temps 
d'arrêt  qui  empêche  les  progrès  du  mal,  et  amoindrit  les  manifestation^  sans  les 
faire  cesser  entièrement.  L'hypéresthésie,  la  paralysie,  les  convulsions,  disparais- 
sent; mais  les  membres  sont  toi^ours  le  siège  de  sensations  douloureuses,  ils  con- 
servent un  sentiment  de  faiblesse  et  ne  recouvrent  pas  la  précision  de  leurs  mou- 
vements. 

La  terminaison  par  la  mort  peut  survenir  dans  tout  le  cours  de  l'alcoolisme 
chronique  ;  elle  est  l'issue  la  plus  ordinaire  de  la  seconde  période  de  cette  ma- 
ladie. Les  conditions  variées  dont  elle  dépend  sont  importantes  à  cotmaitre. 
Tant  que  les  excès  alcooliques  n'ont  pas  profondément  modifié  l'oj^anisme,  la 
mort  est  presque  toujours  le  résultat  d'une  manifestation  aiguë,  d'un  accès  de 
delirium  tremens,  d'un  coup  de  sang,  de  convulsions  épileptiques  répétées.  Le 
tniumattsme  lui-même  est  assez  fréquemment  un  mode  de  terminaison  en  pareil 
cas.  On  sait  combien  les  ivrognes  sont  exposés  aux  fractures,  aux  plaies,  aux  con- 
tusions, et  ce  qu'il  ne  faut  pas  ignorer,  c'est  la  gravité  chez  eux  de  ces  lésions, 
alors  même  qu'elles  sont  légères,  puisqu'elles  ne  manquent  guère  d'éveiller  l'un 
des  accidents  ci-dessus  énoncés.  Plus  tard,  la  terminaison  de  Talcoolisme  est  la 
conséquence  du  développement  de  lésions  organiques  qui  ont  pour  siège  plus  spé- 
cial le  ceneau,  le  foie,  les  poumons  ou  les  reins,  et  plus  rarement  l'estomac; 
dans  quelques  cas,  enfin,  par  suite  de  modifications  qui  se  montrent  au  sein 
des  glandes  hématopoiétiqucs,  elle  est  la  conséquence  d'  un  état  d'épuisement 
progressif,  de  marasme  et  de  cachexie  plus  ou  moins  avancée. 

Parmi  les  maladies  intercurrentes  qui  viennent  iiivoriser  la  terminaison  fatale, 
il  faut  citer,  en  première  ligne,  la  pneumonie,  la  pleurésie  et  certains  érysipèles. 
Ce  serait  ici  le  lieu  de  parler  de  la  combustion  spontanée^  accident  dont  l'idée 
première  est  déjà  ancienne  et  qui,  jusque  dans  cesdemiers  temps,  a  été  rattaché  à 
l'abus  dos  boissons  alcooliques  {voy.  Ann,  d'hygiène  et  de  médecine  It^gale^ 
1'*  série,  t.  XLIV,  191-363,  1850);  mais  cette  question  aura  une  place  àpart  dans 
le  Dictionnaire  (voy.  Combustion  spontanée). 

Séaiélptiqae.  Diagnostic.  Une  étude  analytique  a  seni  à  faire  connaître  les 
lésions  morbides  et  les  troubles  fonctionnels  variés  susceptibles  d'être  rattachés  à 
l'abus  prolongé  des  spiritueux.  Une  description  plus  générale  nous  a  permis  de  mon- 
trer ces  lésions  et  ces  symptômes  dans  Tordre  de  succession  où  on  les  observe  le 
plus  ordinairement,  et  de  donner  une  idée  aussi  exacte  que  possible  des  phases 
pathologiques  que  subissent  le  plus  souvent  les  individus  adonnés  aux  liqueurs  alcoo- 
liques. Nous  ne  reviendrons  pas  sur  ces  différents  points.  Ce  que  nous  voulons 
établir  ici  c'est  le  diagnostic,  non  plus  de  telle  lésion  organique  ou  de  telle  affection 
dépendante  de  l'abus  des  spiritueux,  mais  de  l'intoxication  alcoolique  en  tant 
qu'espèce  morbide.  Or  ce  diagnostic  repose  sur  la  connaissance  des  accidents 
variés  que  peuvent  engendrer  les  excès  de  boissons,  sur  la  coexistence  habituelle 


676  ALCOOLISMK  (patuologir). 

d*un  certain  nombre  de  ces  accidents,  sur  leur  marche  et  les  renseignements  fournis 
par  les  malades.  Ainsi,  absence  de  signes  véritablement  pathognomoniques,  mais 
un  ensemble  de  manifestations  que  Tobservation  apprend  à  rapporter  à  une  même 
cause,  telles  sont  les  données  à  l'aide  desquelles  on  peut  arriver  à  reconnaître 
Talcoolisme  chronique. 

Prenons  un  exemple  :  un  individu  encore  jeune  est  atteint  d'ascite  ;  il  a  le  fuie 
petit,  quelques  troubles  intestinaux  ,  il  maigrit  à  vue  d'œil,  le  cœur  est  sain;  h 
lésion,  non  douteuse,  est  une  cirrhose  hépatique,  mais  le  diagnostic  est  incom- 
plet. L'origine  de  cette  affection  reste  ignorée.  La  cirrhose  en  question  n  est-elle 
qu'une  modalité  pathologique  dépendante  d'excès  de  boissons,  ou  tient-elle  à  toute 
autre  cause?  Interrogez  les  diverses  fonctions,  examinez  avec  soin  tous  les  appa- 
reils, et  rarement  il  vous  arrivera  de  ne  pas  obtenir  les  éléments  suffisants  pour 
découvrir  l'origine  du  mal.  S'agit-il,  dans  le  cas  supposé,  d'un  accident  lié  h  l'akoo- 
Hsme,  alors  avec  les  caractères  particuliers  de  l'affection  hépatique»  vous  obser- 
verez des  troubles  spéciaux.  Ce  seront,  pour  les  fonctions  nerveuses,  des  fourmille- 
ments, des  picotements,  de  l'anesthésie  des  extrémités,  des  crampes  aux  mollets, 
un  léger  tremblement  des  membres  supérieurs,  de  l'insomnie,  un  certain  de^ 
d'agitation  la  nuit,  et  dans  quelques  cas  même  le  désordre  hépatique  aura  été 
précédé  ou  sera  accompagné  d'un  délire  aigu  spécial  ;  pour  les  fonctions  digesti\es, 
des  pituites,  des  vomituritions ,  des  symptômes  de  gastrite  qui  souvent  auroot 
précédé  l'altération  du  foie.  Cette  concomitance  de  manifestations  moiiMde>  >en 
suffisante  la  plupart  du  temps  pour  arriver  à  reconnaître  la  véritable  iiaturo  du 
mal,  c'est-à-dire  l'existence  d'une  intoxication  chronique  par  l'alcool .  Ajuutoo^ 
qu'en  se  reportant  à  ce  que  nous  avons  dit  de  l'état  anatomique  du  foie  axas 
l'alcoolisme,  on  trouvera  que  cet  organe  pr&cnte  le  plus  souvent  des  i^arao 
tères  physiques  et  des  troubles  fonctionnels  qui  viendront  encore  en  aide  au  dia- 
gnostic. 

Pour  plus  de  sûreté  dans  cette  voie,  une  étude  comparative  de  l'alcoolisme  a^» 

les  maladies  qui  peuvent  le  simuler  semble  nécessaire.  Parlons  d'abord  des  car- 
btires  d  hydrogène. 

La  benzine,  l'essence  de  térébenthme,  l'huile  de  naplite  ou  de  pétrole  {Am. 
dliyg,  2*  série,  t.  XXI,  p.  325,  1864),  et  beaucoup  d'autres  composés  du  oièuir 
genre  déterminent,  en  effet,  du  côté  des  fonctions  nerveuses  surtout,  des  désordre» 
qui  ne  sont  pas  sans  analogie  avec  ceux  qu'engendre  l'abus  des  lioissons  alcoo- 
liques. Des  étourdissements,  des  vertiges,  l'abolition  plus  ou  moins  complète  de 
la  motilité,  un  certain  degré  d'anesthésie  ou  d'hypéresthésie,  commencent  par  las 
extrémités,  ainsi  qu'il  arrive  dans  l'alcoolisme ,  et  gagnent  peu  à  peu  des  partie> 
plus  élevées  et  le  tronc.  Différencier  ces  effets  de  ceux  que  produit  l'akool  n'tst 
pas  toujours  facile;  on  y  parvient  cependant.  Ainsi,  les  accidents  qui  résultent  de 
Tintoxication  par  l'essence  de  térébenthine  ont  d'ordinaire  un  début  soudain,  un** 
marche  aiguë;  ils  pourraient  tout  au  plus  simuler  l'ivresse;  ils  diffèrent  roanife* 
tcment  de  l'alcoolisme  chronique,  dont  l'évolution  est  lente  et  dans  lequel  \v^ 
fonctions  digestives  sont  génémlenient  troublées.  Ces  mêmes  considérations  ^*a|»- 
pliquent  à  la  distinction  de  l'alcoolisme  et  des  accidents  produits  par  Thuile 
de  naphte  et  les  iiydrocarbures,  qui,  à  cause  de  leur  bon  marché,  ont  été  esKiy'^ 
dans  la  peinture  pour  remplacer  l'essence  de  térébenthine  (A.  Qievalier  fils  et  Poi- 
rier, Compi,  rend.  Ac.  des  se,  t.  XLI,  1855).  Les  douleurs  sont  d*ailleur«  pltK 
fréciuentes  et  plus  violentes  dans  les  cas  d'intoxication  par  ces  derniers  compcfê*. 

La  nUro-benzine  et  Vanilinej  aujourd'hui  employées  à  la  fabrication  de  la  fÎKih 


ALCOOLISME  (pathoi.ogik).  0^7 

sine,  produisent  des  symptômes  assez  peu  dilTérents  de  ceux  de  Talcoolisme.  L'ac- 
tion nuisible  de  ces  substances  se  traduit  en  effet  par  de  la  dyspepsie,  des  vomis- 
sements, de  la  diarrhée,  uu  affaiblissement  de  la  motilité  avec  anesthésie  ou 
hypérestliésie  ascendante,  des  fourmillements  aux  extrémités,  des  bourdonnements 
d'oreilles,  Toliscurcissement  de  la  vue.  Toutefois,  les  circonstances  particulières 
au  milieu  desquelles  se  développent  ces  accidents  et  les  coliques  plus  ou  moins 
violentes  qui  accompagnent  la  diarrhée,  donneront  en  pareil  cas  des  indications 
diagnostiques  utiles.  De  plus,  dans  l'intoxication  par  la  fuchsine,  on  obsene,  aux 
extri'mitcs  des  membres  et  sur  les  bourses ,  des  éruptions  papuleuses  ou  vésicu- 
leuses  qui  u'appartiemient  jamais  à  l'alcoolisme  (voy.  Charvet,  Thèse  de  Paris, 

Ijos  accidents  produits  par  le  sulfure  de  carbone,  substance  employée  dans  l'in- 
dusti  le  du  caoutchouc,  se  distinguent  des  manifestations  alcooliques  par  lei;  con- 
ditions au  milieu  desquelles  ils  se  présentent,  par  une  évolution  plus  rapide,  par 
l'alis^ence  ou  la  rareté  des  troubles  digestifs  et  des  hallucinations.  {Voy.  Delpech, 
Industrie  du  caoutchouc  êoufflé,  Ann.  d*hyg.  et  deméd.  légale,  i^  série,  t.  XIX, 
p.  65;  i 863.) 

L'intoxication  chronique  par  l'or^é^tc  produit,  dans  certains  cas,  du  côté  des 
fonctions  nerveuses,  de  la  roideur,  du  tremblement,  des  paralysies  du  mouve- 
ment et  du  sentiment  qui  peuvent  se  rapprocher  tellement  des  troubles  dus  à 
l'alcoolisme,  que  Magnus  IIuss  a  jugé  utile  d'en  rechercher  les  caractères  diffé- 
rentiels. La  paralysie  arsenicale,  en  tout  cas,  a  son  siège  habituel  aux  membres 
inférieurs;  elle  est  souvent  précédée  de  crampes,  de  faiblesse,  de  perte  delà  sen- 
sibilité, et  accompagnée  de  flexion  des  jointures.  Falconerja  observé  un  cas  dans 
lequel  cette  paralysie  était  limitée  aux  mains  et  un  autre  où  elle  s'étendit  progres- 
sivement jusqu'aux  épaules  (Copland's  Dict,,  t.  III,  p.  25). 

Mngnus  Huss  a  cherché  à  différencier  l'alcoolisme  de  l'empoisonnement  chro- 
nique par  le  phosphore;  mais,  à  la  vérité,  il  y  a  trop  rarement  lieu  de  confondre 
ces  intoxications  pour  qu'il  soit  nécessaire  d'en  rechercher  les  différences.  On  peut 
en  dire  autant  des  accidents  produits  par  les  préparations  de  cuivre.  Il  n'en  est 
pas  de  même,  toutefois,  des  manifestations  qui  se  lient  à  l'empoisonnement  par 
le  plomb. 

Comme  l'intoxication  chronique  par  l'alcool,  l'empoisonnement  saturnin  chro- 
nique se  manifeste  par  des  troubles  qui  intéressent  particulièrement  les  foQctipR$ 
digestives  et  nerveuses,  et  auxquels  fait  suite  un  état  de  cachexie  spéciale.  Des  ^if- 
fénaices  importantes  distinguent  néanmoins  ces  deux  maladies.  Ainsi  la  dyspcpsiOf 
Feniliarras  gastrique  des  saturnins  ne  ressemblent  en  rien  aux  pituiii^i  «(au 
vomissement  matutinal  des  ivrognes;  et  d'ailleurs,  ces  derniei's,  à  nEMMU^id'étr^ 
intoxiqués  par  le  plomb,  n'ont  jamais  le  liséré  grisâtre  des  gencives.  Les  accidents- 
neneux  eux-mêmes  nous  offrent  des  dissemblances  marquées.  L'aiicsthésie^ 
situmine  ne  commence  pas  par  les  extrémités  ;  elle  n'est  pas  ascei^dante  cooune 
celle  des  ivrognes,  mais  elle  occupe  les  diverses  parties  des  membres,  et  si  i^le 
manifeste  une  préférence,  c'est  pour  les  parties  externes.,  LesiégçdeU  pf^;^- 
hsie  saturnine  aux  muscles  extenseurs ,  l'absence  d'hypérestb^i^  cutanée,  V4fP- 
phie  nmscnlaire  concomitante,  et  la  perte  de  la  coutracliHté  électrique  des 
muscles  paralysés,  constituent  autant  de  signes  qui  ne  permettent  pas  davanUige 
de  confondre  la  paralysie  de  l'intoxication  plombique  »vec  celle  qu'i^ogendre 
l'alius  des  liqueurs  fortes.  L'arthralgie,  les  convulsions,  le  tremblement  et  la  ca- 
chexie saturnine  sont  des  accidents  qui  apparaissent  en  général  après  ua  ou  plu- 


678  ALCOOLISME  (patuulogib). 

sieurs  accès  de  coliques  saturnines,  et  qui,  dans  leurs  manifestations  symptooij- 
tiques  même  diffèrent  de  ceux  qui  se  rattachent  à  l'alcoolisme. 

Dans  le  mercurialisme^  les  picotements,  les  fourmillements,  le  tremUemetit  K 
la  faiblesse  des  membres  sont  les  seuls  symptômes  qui  pourraient  faire  croire  I  un 
empoisonnement  par  l'alcool.  Disons  que  ces  symptômes  ont  des  caractères  distinrtx 
suivant  qu'ils  appartiennent  à  l'une  ou  à  l'autre  de  ces  intoxications;  les  (ourmillr- 
ments  sont  rares  dans  le  mercurialisme,  et  ne  se  Font  pas  nécessairement  sentir 
aux  extréniilés.  Le  tremblement,  qui  d'ordinaire  est  plus  désordonné  chez  l<s 
doreurs,  n'est  pas  influencé,  ainsi  qu'on  l'observe  chez  les  bu\*etirs,  par  les  einès 
de  boissons.  Les  manifestations  qui  s'ajoutent  à  ces  différents  symptômes  sont  d'ail- 
leurs différentes  dans  l'un  ou  dans  l'autre  cas.  La  stomatite  est  particulière  à  l'in- 
toxication mercurielle;  le  délire,  les  hallucinations,  sont  des  symptômes  del'inUni- 
cation  par  l'alcool. 

La  connaissance  des  habitudes  du  malade  permettra  de  distinguer  de  œtle  der- 
nière intoxication  le  narcotisme  chronique.  Les  accidents  convulsifs  de  l'ef^isme 
et  les  accidents  paralytiques  de  la  pellagre  n'ont  qu'une  analogie  éloignée  avec  h> 
affections  alcooliques.  L'ergotisme,  la  pellagre  et  l'alcoolisme  sont  d'ailleurs  de< 
maladies  fort  différentes  au  moins  quant  à  leur  marche. 

Les  accidents  connus  sous  le  nom  d*urémie  peuvent  être  confondus  d'autaui 
plus  facilement  avec  l'alcoolisme  que  celui-ci  se  complique  parfois  de  ces  acciden'^. 
Mais  si  l'urémie,  ainsf  que  l'alcoolisme,  se  manifeste  par  des  troubles  des  fonction^ 
'  digestives,  vomissements,  nausées,  diarrhées,  et  des  fonctions  nerveuses,  convul- 
sions épileptiformes,  coma,  etc.,  chacun  de  ces  symptômes  diflère  dans  l'intoxira- 
tion  urcmique  et  dans  i'alcoolisine.  Le  vomissement,  qui  se  montre  uniquement 
le  matin  chez  l'ivrogne,  survient  indistinctement  dans  tout  le  cours  de  la  jou^ 
née,  lorsqu'il  se  lie  à  l'urémie  ;  les  troubles  de  la  sensibilité,  les  hailucinatioiis 
de  l'alcoolisme  font  complètement  défaut  dans  l'intoxication  urémiquc,  où  Toq 
observe  particulièrement  des  convulsions  et  du  coma,  en  même  temps  que  l'on 
constate  la  présence  d'une  plus  ou  moins  grande  quantité  d'albumine  dam  les 
urines. 

Nous  avons  déjà  insisté  sur  la  distinction  à  établir  entre  certaines  manifestations 
de  l'alcuolisme  chronique,  de  la  syphilis  et  du  rhumatisme,  La  symptomaloiogie 
générale  et  la  marche  de  ces  maladies  sont  trop  différentes  pour  qu'il  soit  potsihle 
de  les  confondre. 

Les  liallucinations  particulières  aux  buveurs  ne  s'ol)servent  ni  dans  la  s}phili> 
ni  dans  le  rhumatisme,  et  les  troubles  de  la  sensibilité  n'y  oflfrenl  jamais  le^ 
*  mêmes  caractères.  I^es  douleurs  des  ivrognes,  même  lorsqu'elles  sont  noctuiue», 
diflèrent  encore  des  douleurs  ostéocopes  ;  elles  donnent  au  malade  une  sensation  de 
tiraillement,  de  coupure,  de  brûlure,  différente  de  celle  qui  appartient  aui  dou- 
leurs syphilitiques.  Les  membres  et  les  extrémités  sont  leur  siège  de  prédilection, 
et  non  pi\s  la  tête,  ainsi  qu'il  arrive  dans  la  syphilis. 

Les  manifestations  si  variées  de  Vhystérie  ne  sont  pas  sans  offrir  quelque  vn- 
scmblance  avec  l'alcoolisme  chronique.  Les  désordres  que  l'on  constate  dans  cr^ 
deux  maladies  intéressent  en  effet  la  sensibilité,  le  mouvement,  rintelligence  et 
même  les  fonctions  digestives.  L'anesthésie,  toutefois,  est  irrégulièrement  réparti'' 
dans  l'hystérie  ;  elle  s'observe  presque  exclusivement  h  gauche.  Li  paralysie  ocrtJ|« 
d'ordinaire  les  membres  inférieurs,  les  vomissements  sont  alimentaires  et  non 
pituiteux;  l'hystérie  est  de  plus  une  maladie  des  jeunes  filles,  tandis  que  l'akoo- 
lismt*  se  ronrontre  h  un  âge  plus  avancé  de  la  vie,  et  principalement  chef  leflKMnnK** 


ALCOOLISUË  (PATiioLOGii:).  679 

Vépileprie  essenUdle^  qu'il  serait  possible  de  confondre  avec  la  forme  convul* 
si\e  de  Takoolisme,  est  en  général  héréditaire  ;  elle  commence  en  effet  dans  les 
premiers  temps  qui  suivent  la  naissance,  tandis  que  Talcoolisme  apparaît  beau- 
œup  plus  tardivement.  Les  tremblements,  les  hallucinations,  les  crampes,  les  four- 
millements et  la  dyspepsie  qui  le  caractérisent  rendent  du  reste  le  plus  souvent  le 
diagnostic  facile. 

Le  diagnostic  différentiel  de  la  paralysie  générale  et  de  Talcoolisme  est  plus 
difficile.  Les  antécédents,  en  effet,  ne  sont  pas  toujours  de  nature  à  préserver  de 
l'erreur  sur  ce  point  ;  car,  suivant  la  judicieuse  remarque  de  H.  Lasègue,  beaucoup 
de  malades  atteints  de  paralysie  générale  ont  abusé  des  alcooliques,  soit  antérieu*- 
rement  à  Tinvasion  de  la  maladie,  soit  surtout  à  Tépoque  où  celle-ci  s'annonçait 
par  des  signes  restés  inaperçus  ;  et  d'ailleurs  celte  variété  de  paralysie  est,  dans 
certains  cas  au  moins,  sous  la  dépendance  de  l'abus  des  liqueurs  fermentées.  L'hé- 
sitatiott  de  la  parole,  le  tremblement  de  la  langue,  et  un  peu  plus  tard  celui  des 
mains,  sont  les  indices  du  début  de  la  paralysie  générale,  taudis  que  dans  Tintosi- 
cation  alcoolique  l'hésitation  de  la  parole  est  bien  rarement  le  précurseur  des  au* 
très  troubles  nerveux.  La  sensibilité  est  moins  profondément  modiGée  dans  la  para-^ 
lysie  générale  ordinaire  ;  les  rêves  et  les  hallucinations  y  sont  rares,  et  n*ont  d'ail- 
leurs pas  le  cachet  qu'ils  revêtent  dans  l'alcoolisme.  L'ivrogne  est  ordinairement 
abruti,  ses  facultés  intellectuelles  sont  émousâèes,  obtuses  ;  sa  sensibilité,  profun* 
dément  modifiée,  n'a  pas  la  conception  délirante,  ambitieuse  des  individus  dont  la 
(laraiysie  générale  reconnaît  une  autre  cause  que  l'abus  de  l'alcool.  La  marche, 
chez  le  paralytique,,  se  compose  d'une  série  d'impulsions  spasmodiques;  le  trem- 
blement est  ordinairement  prononcé  dans  l'alcoolisme.  Chez  les  buveurs,  la  para- 
lysie prédomine  dans  les  extrémités  des  membres  supérieurs  et  inférieurs;  elle  est 
accompagnée  de  fourmillements,  de  crampes,  de  douleurs  et  d'anestliésie;  et  loi-s- 
qu'il  existe  du  délire,  il  est  temporaire,  de  nature  craintive,  et  caractérisé  surtout 
par  des  hallucinations  de  la  vue  et  des  visions  effrayantes.  La  marclie  de  tous  ces 
accidents  est  variable,  moins  régulièrement  continue  que  celle  de  la  paralysie  des 
aliénés,  et  en  rapport  avec  l'abondance  des  excès  alcooliques;  mais  on  voit  de  plus 
apparaître,  dans  le  cours  de  l'alcoolisme,  des  accès  de  delmum  tremens  reconnais- 
sables  à  leurs  caractères  spéciaux.  (Lasègue,  Thèse  de  concours,  1853;  J.  Falret, 
Beclierches  sur  la  folie  paralyUqu^  et  les  diverses  paralysies  générales j  Thèse 
de  Paris,  i853.) 

Suivant  le  docteur  Marcel  certains  désordres  des  fonctions  nen'euses,  amenés 
par  un  excès  de  travail  inèellectuel  ou  par  des  émotions  vives,  auraient  une  grande 
ressemblance  avec  l'alcoolisme  chronique.  On  conçoit  toute  l'importance  que 
peut  avoir  la  connaissance  de  la  cause  en  pareil  cas.  Enfin,  il  est  des  lésions  ma- 
iérielles  de  rcncépliale  qui  sont  également  susceptibles  d'être  coiiiundues  avec 
Jes  accidents  que  détermine  l'alcoolisme.  On  voit  des  tumeurs  cérébi-ales  provo- 
quer des  accès  convulsifs  qui  ne  sont  pas  sans  présenter  quelque  analogie  avec  ceux 
qui  résultent  des  excès  alcooliques.  Mais  ces  lésions  donnent  ordinairement  lieu  à 
une  céphalalgie  fixe;  elles  ne  produisent  ni  le  délire,  ni  les  hallucinations,  et  n'en- 
gendrent jamais  l'anesthésie  ou  l'hypéresthésie  ascendante  des  ivrognes.  Les  para- 
lysies consécutives  à  l'iiémorrhagie  ou  au  ramollissement  du  cei  veau ,  par 
suite  d'excès  alcooliques,  sont  en  général  précédées  de  crampes ,  de  fourmille» 
ments  aux  extrémités,  et  d'une  altération  de  la  sensibilité,  tandis  que  ces  symp- 
tômes et  les  hallucinations  surtout  sont  mres  dans  le  cours  des  lésions  matérielles 
encéphaliques  qui  n'ont  pas  pour  cause  le  vice  de  rivrognerie.  Du  reste,  dans 


680  ALCOOLISME  (patholocie). 

toutes  CCS  affections ,  on  ne  retrouTe  jamais  Tordre  d'évolution  symptomatique  de 
l'alcoolisme.  Or  il  ne  faut  pas  oublier  que  cet  ordre  successif  et  régulier,  autant 
que  le  mode  du  symptôme,  doit  sernr  à  caractériser  les  accidents  qui  se  ratta- 
chent à  l'intoxication  par  l'alcool. 

Pronostic.  L'alcoolisme  chronique  est  une  maladie  sérieuse  et  souTeoi  fort 
graTC,  tant  à  cause  de  la  difficulté  qu'éprouvent  les  individus  qui  en  sontafiectés  â 
cesser  leurs  funestes  habitudes  que  de  la  faiblesse  d'action  de  nos  moyens  théra- 
peutiques sur  les  lésions  matérielles  qu'engendre  l'abus  des  spiritueux.  Toutes 
choses  égales  d'ailleurs,  l'intoxication  alcoolique  chronique  offre  beaucoup  plus 
de  chances  d'amélioration  ou  même  de  guérison  lorsqu'elle  n'a  pas  dépssé  la 
première  période.  A  cette  époque,  la  modification  subie  par  l'organisme  est  suscep- 
tible d'amendement  ;  plus  tard  l'économie  revient  difficilement  à  son  type  normal. 

Les  affections  qui  tiennent  à  une  lésion  périphérique  de  l'encéphale,  les  diifé- 
rentes  variétés  de  troubles  fonctionnels  connues  sous  le  nom  de  lypémanie,  de 
manie,  de  paralysie  générale,  de  démence,  sont  toujours  très-graves;  si  on  par- 
vient à  les  améliorer,  il  est  difficile  d'éviter  les  récidives.  Parmi  les  lésions  hépa- 
tiques, la  cirrhose  ne  pardonne  presque  jamais  ;  cette  affection,  quoi  qu'on  ùisse^ 
n'en  marche  pas  moins  du  même  pas  jusqu'à  la  mort  ;  on  pourrait  en  dire  autant 
des  lésions  rénales.  Le  siège  de  la  manifestation  alcoolique  n'est  pas  non  plus  sans 
influence  sur  la  gravité  du  pronostic;  celui-ci  varie  nécessairement  avec  le  degré 
d'in^portance  fonctionnelle  de  l'organe  lésé.  Les  altérations  de  l'encéphale,  des  pou- 
mons, du  foie  ou  des  reins  sont  toujours  à  redouter.  Mais,  de  plus,  l'alcoolisme 
place  les  individus  qui  en  sont  affectés  dans  des  conditions  telles,  qu'il  suiBt  souvent 
de  la  moindre  affection  pour  développer  chez  eux  des  accidents  qui  mettent  la  vie 
e»  danger. 

Une  plaie,  une  fractuie,  une  contusion  même  légère,  sont  pour  l'ivrogne  des 
affections  souvent  sérieuses;  un  embarras  gastrique,  une  variole  discrète,  une 
fièvre  typhoïde  de  moyenne  intensité,  un  rhumatisme,  une  pneumonie  et  beni- 
coiip  de  maladies  qui  dans  d'autres  circonstances  seraient  sans  danger,  affectent 
ici  un  cachet  de  malignité  toute  particulière  si  elles  ne  font  naître  des  manifis- 
tittions  alcooliques  restées  Jusque-là  pour  ainsi  dire  à  l'état  latent,  en  sorte  que 
l'individu  chroniquement  alcoolisé  se  trouve  dans  les  conditions  les  phis  désavan- 
tageuses pour  supporter  une  maladie,  quelque  légère  qu'elle  soit. 

L'âge  avancé  et  les  professions  sédentaires  sont  des  conditions  peu  favorable» 
pour  supporter  les  excès  de  boissons  alcooliques;  l'une  et  l'autre  prédisposent 
aux  lésions  matérielles  et  principlement  à  la  dégénérescence  graisseuse,  si  fré- 
qu^'ittc  dans  l'alcoolisme. 

La  tendance  de  l'alcoolisme  à  produire  la  dégénéi'ation  des  tissus  élémentaires 
est  incontestablement  une  cause  d'abréviation  de  la  vie.  Des  statistiques  Ciitcs  en 
Angleterre  et  dans  les  Indes  semblent  prouver  d'une  façon  péreroptoire  que  b 
quaulilé  de  vie  est  moindre  chez  les  individus  qui  s'adonnent  aux  excès  de  boisBons 
spiritueuses  (Garpenter,  84).  Des  résultats  analogues  sont  fournis  par  des  stali>- 
ti(}ties  comparatives  faites  dans  plusieurs  provinces  de  la  Suède,  où  la  consoouni- 
tioii  de  la  quantité  d'alcool  est  variable  suivant  les  contrées  (Moiel,  Hagnus  Duss^ 
Ainsi  on  a  calculé  que  dans  le  Siideiînanland,  province  connue  par  ses  c\cès,  k 
chifre  des  décès,  dans  une  année,  était  de  i/i9  individus,  tandis  que  dans  k 
Tanitland,  autre  province  renommée  pour  la  sobriété  de  ses  liabitants,  la  morUliié 
moyenne  est  de  une  personne  sur  quatre-vingts.  L'alcoolisme  est  de  plus  une  ma- 
ladie grave  par  les  dangers  qu'il  ftiit  courir  à  la  société,  puisqu'il  ocrasioow  df 


ALCOOLISUE  (patholocib).  681 

Dttnbreuses  tentatives  de  meurtre,  de  suicide,  etc.  ;  il  Test  encore  par  son  influence 
pernicieuse  sur  les  races  {voff.  DiGéniHESCEtiCB,  Moutalité). 

ÛÊioêagÊc,  L'abus  longtemps  continué  des  boissons  alcooliques  est  la  grandtî 
et  rnnii|ue  cause  de  Timportante  maladie  qui  nous  occupe  ;  mais  cette  cause  ne  se 
présente  jamais  dans  un  élat  de  par&ite  simplicité,  des  influences  nombreuses  et 
variées  viennent  la  modifier  dans  son  action,  en  atténuent  ou  en  augmentent  les 
effets  :  influences  du  liquide,  des  temps,  des  li.ux,  de  l'âge,  du  sexe,  des  mala- 
dies, etc.,  ou  Influences  hygiéniques,  influences  pkyeiologiques^  influences 
pathologiques, 

A.  IÂfldekces  hygiéniques,  a.  Nature  du  liquide.  Sous  ce  titre  vient  se 
placer  la  cause  réelle  ou  efficiente  de  lalcoolisme,  c'est-à-dire  l'usage  immodéré 
des  baisâons  spiritueuses.  Ces  boissons,  obtenues  les  unes  par  la  fermentation,  les 
autres  par  la  fermentation  et  la  distillation,  et  qui  ont  toutes  pour  caractère  fonda- 
mental de  contenir  de  l'alcool  en  plus  ou  moins  grande  quantité,  sont  le  vin,  le 
cidre,  la  bière,  l'eau-de-vie,  le  rhum,  le  tafia,  le  whisky,  l'arack  (fabriqué  avec  le 
riz  fei mente,  additionné  de  cachou),  les  liqueurs  d'absinthe,  de  genièvre,  etc. 

Toutes  ces  boissons  île  contribuent  pas  dans  une  égale  proportion  à  la  pro- 
duction de  la  maladie;  mais,  en  général,  il  est  possible  d'évaluer  leur 
de^ré  de  nocuité  par  l'état  de  concentration  de  l'alcool.  11  serait  toutefois  peu  con- 
forme à  l'observation  de  vouloir  leur  attribuer  des  eflets  toujours  identiqi^es. 
M.  le  professeur  Trousseau  (Dict,  en  30  vol.)  reconnaît  au  vin  de  Champagne,  à 
ceux  du  Rhin,  à  l'eau-de-vie  de  grains  et  de  pommes  de  terre  des  propriété  spé- 
ciales, fl  L'ivresse  du  vin,  dit  M.  Bouchardat  (p.  233),  exerce  des  modifications 
moins  promptes  et  moins  profondes  sur  les  appareils  de  l'innervation  et  de  la 
digestion  que  l'ivresse  de  l'eau-de-vie  ;  ta  mort  est  aussi  moins  rapide  que  par  l'abus 
des  liqueurs  fortes.  »  Zimmermann,  en  parlant  des  vins  acides  qu'on  récolte  le  long 
de  l'Aar,  de  la  Reuss  et  de  la  Limât,  assure  qu'ils  engendrent  la  podagre,  tandis 
qu'il  a  trouvé  la  gravelle  et  la  pierre  assez  rares  dans  ces  mêmes  contrées  pour  se 
croire  autorisé  à  douter  que  les  vins  acides  engendrent  jamais  l'affection  calculeuse 
(Roesch,  p.  274).  Uy  aà  dire  sur  ce  point,  que  la  bière  est  plus  puissante 
que  le  vin. 

Le  cidre  agit  un  peu  à  la  manière  des  vins  mousseux,  et  porte  son  action  sur  le 
système  nerveux  ;  mais,  de  plus,  il  occasionne  des  maladies  du  tube  digestif,  telles 
qu'indigestions,  diarrhées,  gastralgies,  et  parfois  il  conduite  la  glycosurie.  La  bière, 
fortement  alcoolisée,  peut  produire  les  mêmes  eflets  que  le  vin  ;  Tivressc  qu'elle 
détermine  est  généralement  plus  dangereuse.  Cette  boisson  conduit  à  Tobésité  et  à 
la  diminution  des  forces  vives  de  l'économie,  llqgarth  a  parfaitement  saisi,  dans 
ses  caricatures  intitulées  :  Gin-Lame  and  Ale-Alley,  les  différences  qui  existent 
entre  les  buveurs  de  bière  et  les  buveurs  d'eau-de-vie.  L'ivrogne  de  bière  est  gras, 
comme  on  représente  John  Bull  ;  l'ivrogne  d'eau-de-vie  est  maigre,  furieux,  dés- 
espéré. 

La  bière,  pour  le  professeur  Boucliardat,  est  une  cause  prédisposante  à  la  glyco- 
surie; suivant  M.  Tardieu,  elle  peut  donner  lieu  à  de  la  diarrhée  ou  à  des  écoule- 
ments uréthraux.  Au  rapport  de  HM..Rufz  et  de  Huppé,  le  tafia  produirait,  chez  les 
TÎLMix  buveurs,  un  état  d'hébétude  caractéristique,  une  ivresse  lourde,  triste,  que- 
rcilifuae,  insolente  et  méchante.  Aux  eaux-de-vie  surtout  se  rattachent  les  divers 
aiddents  de  l'alcoolisme.  Ces  accidents  diffèrent-ils  selon  la  qualité  et  l'origine  du 
prmhiit?  Il  est  permis  de  le  supposer. 


682  ALCOOLISME  (pathologie). 

On  a  dit  que  les  liqueurs  contenant  de  ralcool  amjUque  ou  butyrique  éUient  dei 
plus  dangereuses  ;  cette  croyance  ne  s'accorde  pas  toutefois  avec  les  expéheooe$ 
de  Daisthrôm  et  de  Hagnus  lluss.  Ces  observateurs  ont  administré,  pendant  plusieurs 
semaines,  à  des  animaux,  Thuile  empyreumatique  de  Teau-d^vie  de  pommer 
de  terre,  accusée  de  produire  des  accidents  sérieux,  et  ils  n*oat  obienu  d'au- 
tres eiïets  qu'une  soif  plus  grande  avec  constriction  du  gosier;  à  une  dose  un 
peu  élevée,  un  dégoât  profond,  des  étourdissements  et  luie  légère  «ItératioD  de 
la  vue  (Magnus  Huss,  ioc.  cit.).  Il  faut  remarquer  que  cotte  huile  empyren 
matique  ne  s'élève  pas  beaucoup  au-dessus  de  â  ou  3  centigrammes  pour  douieoD 
quinze  petits  verres  d'eau-de-vie.  Nous  devons  dire  néanmoins  que,  d'après  des  ex- 
|)ériences  nouvelles,  Talcool  amylique  pur  exercerait  sur  l'organisnie,  à  doses  égales 
et  en  prenant  pour  terme  de  comparaison  le  sommeil  de  l'ivresse,  une  aotioo  dix  i 
quinze  fois  plus  marquée  que  celle  de  l'alcool  vinique^  De  faibles  doses  loDgterapi 
prolongées  amèneraient,  chez  les  animaux,  le  marasme  avec  diverses  lésions  du 
poumons,  du  foie  et  des  reins  (Gros,  thèse  de  Strasbourg:  De  Vaetùm  de  l'alcool 
amylique,  486^).  L*eau-de-vie  de  pommes  de  terre,  en  tout  cas,  détermine  une 
ivresse  particulière  que  caractérise  fort  bien  l'épithète  abruUsoante. 

Certaines  liqueurs  avec  essences,  telles  que  l'absinthe,  la  chartreuse,  trt»4if4- 
tées  aujourd'hui,  ont,  suivant  quelques  auteurs,  des  effets  différents  de  ceux  qiie 
produit  l'alcool  (Motet,  Figuier,  Champouillon,  Legrand  du  Saulle).  Ce  serait  un 
tort  cependant  d'admettre  pour  ces  liqueurs  un  empoisonnement  spécial,  car  les 
effets  dominants  sont  toujours  ceux  de  l'alcool.  Sans  vouloir  soutenir  avec  M.  Ho* 
reau  que  Tabsinthe,  à  dose  égale,  n'est  pas  plus  nuisible  que  toute  autre  liqueur 
au  même  degré  de  concentration  alcoolique,  il  y  a  lieu  de  penser  que  les  huiles  ou 
essences  contenues  dans  les  alcools  accroissent  tout  au  plus  les  propriétés  excitantes 
de  ces  agents  et  modifient  fort  peu  leurs  expressions  symptomatiques  et  leur  pro- 
nostic. A  cet  égard,  nous  adoptons  de  tous  points  la  manière  de  voir  de  M.  Michel 
Lévy  {Traité  d'hygiène^  t.  Il,  p.  70,  1862)  :  «  L'action  particulière  des  boissons 
alcooliques  est  en  rapport  avec  la  nature  et  la  proportion  des  matières  autres  que 
l'alcool  qui  se  rencontrent  dans  chaque  boisson  ;  plus  faibles  et  plus  fugitives,  dk> 
s'ajoutent  aux  effets  de  l'alcool,  sans  jamais  les  dominer.  » 

Il  y  aurait  encore  à  se  demander  si  les  différentes  espèces  de  boissons  ^rituevs» 
n'ont  pas  de  tendance  à  localiser  leur  action  plus  spécialement  sur  tel  on  td 
organe;  mais  nous  manquons  de  données  rigoureuses  pour  répondre  à  cette  qoes^ 
lion.  Cependant  il  parait  résulter  d'un  certain  nombre  de  faits,  que  l'abiîntbe  el 
l^eau-dc'vie  agissent  plus  spécialement  sur  le  système  nerveux,  tandis  que  la  bière, 
le  cidre  et  le  vin  exercent  particulièrement  leur  action  sur  les  appareils  digestil 
el  urinaire.  Le  moment  du  jour  où  sont  prises  les  boissons  alcooliques  est  loin 
d'être  indifférent.  Il  est  démontré,  eu  effet,  que  l'eau-de-vie  prise  le  matio,  i 
jeun,  a  des  effets  plus  directs  sur  l'estomac  et  uno  action  plus  prompte  sur  Ter 
ganisme. 

La  détermination  de  la  quantité  de  boisson  nécessaire  à  chaque  individu  pour 
amener  chez  lui  les  manifestations  de  l'alcoolisme  chronique  est  toujours  chotf 
délicate  ;  il  n'est  pas  moins  difOcile  d'assigner  une  limite  à  l'espace  de  temps  qv 
s'écoule  depuis  les  premiers  excès  jusqu'à  l'apparition  des  premiers  accidents.  U 
existe  sous  tous  ces  rapports  dos  différences  notables  tenant  à  la  qualité  des  Um>- 
son»,  à  la  profession,  au  climat,  à  la  nice,  à  l'état  constitutionnel  des  buveurs  (H 
h  une  foule  d'autres  circonstances.  Tout  le  monde  sait  qu'on  supporte  pfais  ou 
moins  les  spiritueux,  et  que  l'ivresse  n*est  pas  également  prompte  chri  Ums  \fi 


▲LCOaUSUE  (PATnoLOGu).  683 

individoB.  D*im  «aire  «âlé,  on  voit  des  personnes  qui  abusent  impunément  de  ces 
liqueurs  pendant  ttuie  leur  vie.  Cette  résistance  est  fort  rare  ;  aussi  ne  prouve* 
i-elle  rien  contre  les  elTet^  pernicieux  de  Talcool.  Nous  rappellerons  que  lessynip* 
tomes  de  lalcoolisme  se  montrent  quelquefois  longtemps  après  Li  cessation  com- 
plète des  excès.  Ce  fait,  déjà  observé  par  le  docteur  Harcet,  H.  Leroy  de  Méricoiirt 
nous  a  dit  Tavoir  constaté  au  bagne  de  Brest,  et  nous-méme  Tavons  plusieurs  fois 
vérifié.  A  un  certain  moment  de  Tintoiication  alcoolique,. les  manifestations  con- 
tinuent forcément  leur  évolution.  Ainsi  se  manifeste  un  certain  degré  d'analogie 
entre  Falcoolisme  et  les  intoxications  paludéenne,  plombique  et  aulres  maladies  dans 
lesquelles  on  voit  les  accidents  apparaître  longtemps  après  la  cessation  de  la  cause, 
souvent  même  persister  jusqu'à  la  mort  {vay.  Auiool). 

b.  Topographie.  Les  boissons  fermentées,  avec  des  noms  différents,  sont  connues 
et  goûtées  de  la  plupart  des  habitants  du  globe.  Presque  tous  les  peuples  en  usent, 
mais  tous  n*en  abusent  pas  au  môme  degié.  On  peut  dire  que  généralement  Tusage 
de  ces  liqueurs  va  en  progression  croissante  des  régions  équatoriales  vers  les  con- 
trées froides  :  c*est  dans  les  climats  tempérés  qu'elles  font  le  moins  de  victimes. 

U  existe  dans  les  contrées  froides  une  appétence  toute  partiailière  pour  les 
liqueurs  fortes,  que  le  besoin  d*excitaots  et  le  manque  de  vin  dans  ces  régions 
paraiaseut  expliquer  suffisamment.  L'action  nuisible  de  ces  liqueurs  y  est  aussi  rela- 
tivement moins  grande  que  partout  ailleurs,  en  raison  sans  doute  des  exercices  plus 
violents  et  delà  plus  grande  énergie  de  l'acte  respiratoire.  L'expérience  a  cependant 
prouvé  que  ces  boissons  donnent  peu  de  résistance  au  froid  (Carpenter,  p.  1 42) .  Dans 
la  campagne  de  Russie,  en  i  81  i ,  personne  ne  résistait  moins  aux  rigueurs  de  la  sai- 
son que  le^  soldats  qui  prenaient  des  lûpieurs  fortes;  ils  succombaient  dans  les  neiges, 
en  proie  à  une  ivresse  comateuse.  M.  le  professeur  Tardieu  a  vu  mi  grand  nombre 
d'exemples  d'individus  qui,  en  biver,  sortant  des  cabarets  en  état  d'ivresse,  suo- 
comboieot  inopinément,  à  peu  de  distance,  aux  mêmes  accidents  que  ceux  des  sot- 
()at5  de  Moscou  (Racle,  Thèse,  p.  24).  L'expérience  a  appris  également  aux  religieux 
du  mont  Saint^Beniard  que  l'alcool  est  la  cause  la  plus  fréquente  de  la  mort  des 
voyageurs,  au  milieu  des  neiges.  Une  bonne  alimentation  composée  principalement 
de  substances  grasses,  tJel  est  le  meilleur  moyen  que  possède  l'homme  pour  se  dé- 
fendre du  froid.  Ainsi,  s*il  n'est  pas  possible  de  refuser  toute  utilité  aux  boissons 
alcooliques,  on  peut  du  moins  assurer  que  jamais  ces  liqueu»  ne  sont  absolument 
néceÂSuires,  même  dans  les  régions  boréales. 

La  Suède  est  un  des  pays  où  l'alcool  exerce  les  plus  grands  ravages,  la  fabrica- 
tion de  Teau-de-vie  dans  ce  royaume  ayant  été  constamment  progressive  depuis  le 
règne  de  Gustave  il[,qui,  pour  aooroitre  les  ressources  fiscales,  s'empara  du  mono- 
pole de  la  fabrication  des  eaux-de-vie.  L'abus  de  Talcool  y  était  tel  en  1785,  que 
Dakihrôm,  frappé  des  funestes  effets  de  cet  agent,  faisait  déjà  un  appel  énergique 
à  ses  concitoyens  pour  les  éclairer  sur  les  conséquences  d'un  pareil  rice.  En  1786, 
la  consommation  de  l'eau-de-vie  était  de  5,400,000  kannor  (la  kanna  vaut  2  litres 
enTiron);enl851,elleétaitde22,000,000kannor  (Royer-€ollard,p.55).  En  1837, 
pour  une  population  de  3,000,000  d'habitants ,  on  comptait  170,000  distilleries, 
produisant  annuellement  oentquatre-vingts  milliers  de  quarters  (le  quarter  en  Suèdt* 
vaut  0,32717  litres),  en  soi  le  que  la  part  de  chaque  luibitanl  s'élèverait,  terme 
moyen,  à  M  qaariets  (Zeitung des  Vereins  fur  Heilkunde^  1857,n*31,etRoesch, 
\K  279).  Depuis  cette  époque  le  mal  a  pris  une  extension  considérable.  Il  se 
fabrique  annuellement  en  Suède  (Magnus  Huss ,  Veber  die  endemisdien  Kranh- 
heiten  Sdiwedens,  traduit  du  suédois  par  Gerhard  van  den  Busch,  cité  par  Morel, 


C84  ÂLCOOLISUE  (patbologii.) 

p.  569),  d'après  les  chiiïres  les  pins  modérés,  près  de  300  millions  de  litres  d*eao- 
de-vio.  11  est  prouvé  que  la  presque  totalité  est  consommée  dans  le  pays  même, 
de  sorte  qu'en  évitant  de  compter  les  femmes,  les  enfants  et  les  personnes  qui  peu- 
leur  position  ne  se  livrent  pas  à  la  boisson,  on  trouve  que  chaque  habitani  hit 
usage  de  80  à  100  lilres  d'eau-de-vie  par  an. 

En  Angleterre,  jusqu'en  1751 ,  d'après  l'historien  Smollett,  l'intempérance  éuit 
}K)rtée  à  un  tel  point,  que  les  débitants  mettaient  sur  leur  enseigne  que  pour  la  mo- 
dique somme  d'un  penny  (2  sous)  on  pouvait  s'enivrer ,  pour  A  sous  devenir  mort- 
ivre  et  avoir,  par-dessus  le  marché,  de  la  paille  pour  dormir  jusqu'au  retour  I 
Tétat  normal.  Pojur  donner  une  idée  de  la  consonunation  d'alcool  qui  se  fait  au- 
jourd'hui dans  ce  pays,  nous  empruntons  à  la  Revue  médicale  (15  jaillet  et 
15  août  1863)  le  document  suivant.  «  Il  résulte,  dit  ce  recueil,  d'un  relevé  qui 
vient  d'être  présenté  au  parlement  britannique,  que  les  distilleries  de  l'Ecosse  ont 
fabriqué  dans  le  cours  de  l'année  dernière  596,065  liectolitres  d'alcool,  soit  phis 
de  52  pour  100  de  la  production  totale  du  Royaume-Uni,  évaluée  à  1 ,154,861  bec- 
tolîtres.  La  quantité  de  spiritueux  consommée  comme  boisson  en  Ecosse,  en  1863, 
s'est  élevée  à  200,012  hectolitres.  41  a  été  perçu  des  droits  sur  281,534  hecto- 
litres qui  ont  rendu  77,566,975  francs  au  trésor.  r/)mparativement  à  l'exeiricv 
précédent,  la  production  s'est  accrue  d'une  manière  assez  sensible,  tandis  qut» 
Tcxportation  a  légèrement  fléchi...  Dans  l'année  unissant  à  la  Saint-Michel  1862, 
94,908  personnes  furent  citées  en  justice  pour  cause  d'ivresse,  et  63,255  reon- 
nues  coupables;  7,000  environ  furent  condamnées  à  l'emprisonnement.  C  est  une 
grande  augmentation  sur  l'année  précédente,  durant  laquelle  82,176  personnes 
seulement  furent  accusées  d'ivrognerie  et  54,125  reconnues  coupables.  P»rmi 
le  nombre  total  des  prévenus,  l'année  dernière,  étaient  22,560  femmes ,  et  pla$ 
de  10,000  furent  condamnées.  Les  recherches  du  coroner  pour  Tannée  1862  ont 
prouvé  211  verdicts  de  mort  pour  ivrognerie;  145  hommes  et  66  femmes  ont 
ainsi  terminé  leurs  jours.  » 

Des  statistiques  bien  établies  prouvent  que  le  nombre  des  personnes  qui  socGom- 
bent  chaque  année  aux  ravages  de  l'alcool  s*élève  en  Angleterre  à  50,000,  et  en 
Russie  à  10,000  (Union  méd,^  p.  585,  t.  II,  1861,  extrait  de  la  Science  pour 
tous).  Ajoutons  que  les  malheureux  habitants  de  la  Pologne  sont  aussi  tràs-wlon- 
nés  aux  liqueurs  spiritueuses;  mais  dans  cette  contrée,  comme  en  Irlande,  il  nous 
semble  qu'à  l'influence  du  climat  il  faut  joindre  la  misère,  les  |Hrivalions  et  sur- 
tout l'état  d'asservissement  dans  lequel  se  trouve  plongée  la  population. 

Eu  Russie,  la  consommation  de  l'alcool  est  énorme  et  malheureusement  elle  pa- 
rait encouragée  par  les  fermiers  de  l'impôt  :  aussi  est-ce  une  des  réformes  les  pin» 
importantes  à  apporter  dans  le  système  fiscal  de  ce  grand  empire.  Schloier  prétendait 
(Dict,  des  Sciences  médic,  art.  Ivressk,  p.  268),  en  1764,  que  Saiut-Pétersboar]? 
perdait  annuellement  655  individus  par  l'eau-de-vie.  Depuis  cette  époque  Tabus  et 
celle  funeste  liqueur  a  progressé  et  s'est  répandu  dans  les  campagnes.  Notre  exoel- 
lejit  ami,  le  vicomte  de  Finie,  qui,  il  y  a  un  an,  visita  une  grande  partie  de  la 
Russie,  nous  racontait  dernièrement  que  rien  n'était  plus  fréquent  que  de  voir, 
dans  les  villes  et  dans  les  campagnes,  les  paysans  russes  dans  un  état  d'ivresse  le 
plus  souvent  abrutissante. 

Berlin  comptait  eu  1822,  au  rapport  dcRoesch,  1520  déhiUnts d'eau-de-vie;  la 
slatistique  de  Casper  y  signale  6540  maisons  de  ce  genre,  c'est-à-dire  le  quart  des 
habitations.  La  population  alors  de  199,285  habitants  (Tardieu,  Dict.  dkfg.^î'ééii, 
t.  1,  p.  49) .  Dans  la  Hesse  supérieure,  le  vice  de  l'ivrognerie  est  aussi  très-répandu. 


ALCOOLISMIl  (PATMOLOGfB).  6s5 

Nons  savons,  dit  Roesch,  que  depuis  peu  de  temps  la  consommntion  de  l'eau-de- 
vie  a  tellement  augmenté  dans  la  Hesse  supérieure,  que  non-seulement  un  grand 
nombre  de  familles,  mais  même  des  communes  entières,  sont  menacées  d  une  dé- 
moralisation ccmiplète,  si  le  même  état  de  choses* persiste.  Le  docteur  Lebniai ni 
(Veber  die  Folgen  des  Missbrauchs  der  geUtigen  Getrànke  und  uber  die  geeig- 
neten  MiUeU  diesemu  steuetti,  Berne,  i837,  p.  il)  dit,  en  parlant  de  Berne  : 
i  Le  goût  de  Teau-de-vie  s*est  surtout  répandu  dans  nos  contrées  depuis  les  ninu- 
vaises  années  qui  ont  élevé  le  vin  à  un  prix  où  il  est  resté  ensuite,  cause  à  lai^uellc 
il  faut  joindre  Tinfluence  des  hommes  rentrés  du  service  étranger,  notamment  on 
Russie  et  en  Hollande,  d'où  ils  ont  rapporté  le  goût  des  liqueurs  iortes,  et  celle 
des  nombreux  oumers  répandus  dans  le  pays...  Si  la  passion  de  Teau-de-vie, 
ajoute-t-il,  n* était  pas  rare  au  quinzième  siècle,  du  moins  n'existait-elle  pas  génr- 
ralement  chez  nousoùles  villageois  vivaient  avec  simplicité  et  tempérance  (p.  12).  » 
Dans  une  petite  ville  de  1900  âmes  environ,  h  Kislegg,  on  compte  26  distilleries 
d'eau-de-vie  de  pommes  de  terre,  et  beaucoup  de  personnes  en  boivent  quatre 
choppen  par  jour  {Mediz.  Correspondenthlattdes  Wûrtemb.  aei^tlichen  Vereins, 
tome  VII,  n<»  10,  Rocsch,  p.  282). 

Nous  manquons  de  renseignements  authentiques  en  ce  qui  concerne  rAutriche, 
la  Hongrie  et  les  principautés  moldaves.  Les  victimes  de  Talcool  n'y  sont  cepen- 
dant pas  très-rares,  malgré  la  récolte  alK)ndantc  des  vins. 

La  France  mérite,  à  juste  titre,  d'attirer  tout  particulièrement  notre  attention, 
car  si  la  philanthropie  nous  conduit  h  regretter  de  voir  se  développer  chez  la  plu- 
part des  peuples  l'abus  progressif  des  boissons  alcooliques,  le  sentiment  patrioti- 
que nous  alarme  quelquefois  sur  le  sort  d'une  partie  de  nos  concitoyens  ;  nous 
avons  le  regret  de  constater  que  plusieurs  de  nos  provinces  sont  actuellement 
décimées  par  le  fléau  de  l'alcoolisme,  dont  les  eifets  funestes  agissent  à  l'égal 
de  ces  épidémies  qu'une  hygiène  convenable  parvient  chaque  jour  i  déracine; . 
D'après  un  tableau  emprunté  à  M.  Boudin  (Géog,  statist.  méd.j  t.  I,  p.  27, 
Paris,  1857),  la  consommation  de  Teau-dc-vie  est  représentée  en  France  de  la  façon 
suivante  : 

.4nnée  1728 368,857  hectolitres. 

—  1828 906,357         — 

—  1840 1,088,302         — 

La  consommation  annuelle  de  1842  à  1846  inclusivement  a  été  en  moyenne  de 
1,475,000  hectolitres;  les  relevés  d'un  grand  nombre  d'octrois  indiquent  que,  de- 
puis  lors,  la  progression  s'est  accrue.  Cette  consommation  est  loin  d'être  également 
r^rtic  dans  chaque  département.  On  peut  dire  qu'en  général  les  excès  alcooli- 
ques sont  plus  fréquents  dans  la  zone  du  nord  que  dans  celle  du  midi  ;  la  Seine- 
Inférieure,  le  Calvados,  la  Manche,  le  Pas-de-Calais,  les  Cdtes<lu-Nord,  le  Finistère, 
la  Meurthe,  les  Vosges,  sont  les  départements  où  l'alcoolisme  para!t-ètre  le  plus  ré- 
pandu. Une  statistique  que  nous  trouvons  dans  l'excellente  thèse  de  H.  le  docteur 
Mottet,  relativement  à  la  folie  survenant  à  la  suite  d'excès  de  boissons,  vient 
confirmer  les  renseignements  que  nous  avons  recueillis  à  ce  sujet. 

Le  département  des  Vosges,  qui  ne  figure  pas  dans  celte  statistique,  n'est  cepen- 
dant pas  exempt  du  fléau.  Dans  certaines  parties  de  ce  département,  les  hommes, 
les  femmes,  les  enfants  se  livrent  au  même  vice;  tous  les  sexes  et  tous  les 
âges,  dit  M.  le  docteur  Danis  (Morel,  loc.  cit,,  p.  373),  sont  également  adonnés 
au  déplorable  abus  des  liqueurs  spiritueuses.  La  petite  fille  et  le  petit  garçon  bol- 


6M  ALCOOLISME  (pathologie). 

vent  presque  contiiuiellemont  de  l*eau-de-vie  ;  ils  conserrent  plus  lard  cette  triste 
habitude;  aussi  la  consomination  d*eau-de-vie  qui  se  fait  dam  œs  montagnes  est- 
elle  énorme...  «  Dans  ces  lieux,  je  ne  connais  pas  de  causes  plus  fréquentes  d'i- 
diotisme et  d'imbécillité,  car,  ai  général,  les  habitations  sont  saines  et  la  qualilé 
des  eaux  excellente.  » 

On  peut  dire  que  l'ivrognerie  est  le  vice  dominant  de  la  Bretagne  et  partiniii^ 
remenl  des  ouvriers  de  nos  ports,  m'écrivait  demiàrement  le  docteur  Thomeuf  ,  de 
Lorient.  Ces  derniers  boivent  généralement  de  Teau-de-vie,  surtout  dans  le  Fmislàie; 
les  paysans  au  contraire  Iwivent  du  cidre,  qui  ne  produit  pas  autant  de  désordres. 
L'abus  des  boissons  alcooliques,  m'écrivait  aussi  M.  le  professeur  Leudet,  esctrès-ré- 
pandu  dans  la  ville  de  Rouen  et  dans  toute  la  Normandie.  Le  mal  augmenle-t-A 
chaque  jour?  Je  le  crois,  et  cela  parce  que  la  consommation  de  lalooDl  suit  une 
progression  constante,  comme  le  démontrent  les  relevés  de  Toctroi  de  la  ville.  Il  sv" 
débote  aRouen,ditM.  Jules  Simon  (LOuvriêre,  Paris,  1861,  p.  7S0),dansrespace 
d'une  année,  cinq  millions  de  litres  d'eau-de-vie,  outre  le  cidre,  le  vin  et  la  bière.  A 
Amiens,  ajoute  le  même  auteur,  il  se  consomme  80,000  petits  verres  d'eau-de*vie 
par  jour.  On  a  calculé  que  c'était  une  valeur  de  4000  francs  représentant  5500  kilos 
de  viande,  ou  12,121  kilos  de  pain. 

Les  recherches  statistiques  sur  la  ^ille  de  Paris,  pour  1821,  1832,  indiquent 
qu'il  existait  alors  dans  cette  ville  un  débit  de  liqueur  pour  neuf  maisons.  Be* 
noiston,  de  Châteauneuf,  a  montré  que  la  consommation  en  ean-de-vie  v  va  crois- 
sant d'année  en  année.  Lescliiflres  suivants,  que  nous  empruntons  â  l'important 
ouvrage  de  M.  Armand  Husson  (Camammaiimi  de  la  ville  de  Parts),  font  con- 
naître la  quantité  moyenne  de  liquides  spiritueux  consonunés  dans  cette  capitalf 
pendant  une  longue  suite  d'années  : 

De  1825  à  1830 69,071  heclol.  d'alcool  pur  à  45*. 

De  1851  à  1835 72.315                      — 

De  1836  à  1840.  ......  91,538                      — 

De  1841  ft  1845 110,16!2                     — 

De  1840  à  1850 116,200                      — 

De  1851  à  185fc 150,047                     — 

Ce  qui  donne  comme  consommation  moyenne  pour  chaque  habitant  : 

De  1825  à  1830 8>,9A  par  an  0,024  par  jour. 

De  1831  &  1835 8,7i      —  0,023       — 

De  1836  à  1840 10, 15     —  0,021       — 

De  1841  &  1»45. 11. 14      —  0.031        — 

De  1846  à  1850 11,05      -  0.050       — 

De  1851  &  1854 14,25      —  0.039       — 

liCS  chiffres  officiels  de  l'octroi  de  Paris  témoignent  que  depuis  cette  épeque  la 
consommation  a  toi^jours  été  progressive.  Savoir  quelle  est  la  fréquence  rehlive- 
ment  croissante  des  maladies  et  des  décès  qui  doivent  résulter  de  cette  énonn^ 
consommation,  est  un  [loint  difficile  à  éclaircir  aujourd'hui,  même  dans  nos  Mpi- 
taux,  où  les  affections  alcooliques  sont  désignées  par  le  nom  générique  de  la  lésise 
qui  en  est  la  principale  expression.  Il  résulte  toutefois  de  nos  reeherclies  que  Tal- 
cooUsmo  chronique  doit  être  regardé  comme  une  cause  fréquente  de  mort,  pvisqut* 
nous  avons  pu  recueillir  depuis  l'année  1858,  dans  les  hôpitaux  auxquels  nmv 
avons  été  attaché,  plus  de  cent  observatbns  avec  autopsie,  où  la  mort  par  Tabès 
des  alcooliques  ne  paraît  nullement  douteuse.  Les  détaîbqui  précèdent  etquefloos 
voudrions  voir  plus  nomlireux  et  plus  rigoureux,  nous  permettent  néamnoim  de 


ALCOOLISME  (fatuologie).  687 

conclure  que  l'abus  des  alcooliques  est  très-répandu  dans  certaines  contrées  de  la 
France  et  qu'il  eierce  parmi  nous  des  ravages  auxquels  il  serait  indispensable  de 
remédier. 

L'Italie,  la  Grèce  et  surtout  l'Espagne  ont  moins  à  déplorer  les  suites  graves  des 
excès  alcooliques.  Demîèremenl  il  s'est  pourtant  établi  à  Turin  une  société  de 
tempérance  qui  semblerait  indiquer  un  cei*taîn  degré  d'intempérance  dans  le  nord 
de  ritalie.  Les  Espagnols  ont  une  aversion  profonde  pour  l'ivrognerie. 

Quoique  l'usage  du  bascbich  et  de  l'opium  soit  la  passion  dominante  des  peu-» 
pies  de  l'Asie,  l'alcoolisme  ne  règne  pas  moins  dans  ces  contrées,  et  trop  souvent  en- 
core on  a  oocasioa  de  constater  les  ravages  qu'il  y  exerce.  Le  savant  missionnaire 
Hoc  parle  de  l'ivrognerie  comme  d'un  vice  très-répandu  en  Chine  (V Empire  thif 
noUy  t.  II,  chap.  IX).  Mais  M.  Libermann  est  porté  â  croire  qu'il  y  a  de  l'exagération 
dans  cette  affinnaiion  (Iss  fumeurs  £  opium  en  Chine ,  Paris  i862,  p.  16). 

Dans  l'Inde,  au  rapport  de  M.  Warren,  le  peuple  n'ouMie  que  trop  souvent  sa 
misère  pour  se  livrer  avec  excès  à  l'usage  du  vin  de  palmier  et  à  la  liqueur  enivrante 
de  l'opium  (Morel,  p.  385) .  C'est  dans  Tannée  anglaise  que  Falcool  amène  le  plus  de 
désordres  ;  il  fut  un  temps  où  cettearmée  était  tellenient  déciméepar  les  alcooliques, 
que  les  oHiciers  généraux  se  j^aignirent  des  prescriptions  qui  faisaient  entrer  ré* 
Mlementairament  la  distribution  d'alcool  dans  le  régime  alimentaire  des  troupes, 
et  qu'il  s'ensuivit  un  décret  qui  substitua  à  la  ration  de  vin  une  somme  équivsr 
lente  en  argent  sous  la  dénomination  de  liquor  money.  L'exécution  de  ce  décret 
eut  les  meilleurs  rétaltats  (Marshall,  Observations  on  the  Abuse  of  Spirituou» 
Uquars  by  the  European Troops  in  India;  in  Edinhurg  Med.  and.  Surg.  Joum, , 
t.  XLI,  p.  19, 1834). 

L'Afrique  n'est  pas  exempte  du  mal  qui  nous  occupe,  et,  chose  triste  à  dire,  ce 
mal  s'est  principalement  accru  depuis  notre  domination,  sinon  dans  la  race  arabe, 
du  moins  ches  les  Européens.  On  est  étonné,  en  eflet,  de  voir  l'extension  donnée 
«urtout  à  Tusage  de  l'absinthe.  Nos  soldats  sont  les  victimes  de  l'abus  de  cette  li- 
queur qui,  par  ses  pernicieux  effets,  rivalise  avec  le  miasme  paludéen.  Dans  le 
centre  de  l'Afrique,  phisieurs  peuplades  font  usage  de  boissons  fermentées.  u  Les 
nègres  idolâtres,  dit  Mungo-Park  {Travels  in  Africa,  .Édinb.  1842 ,  n.  257  ), 
boivent  de  la  bière  et  de  rhydromd,  souvent  avec  excès,  tandis  que  les  nègres 
mahométans  ne  boivent  que  de  l'eau.  »  Refoulés  dans  les  contrées  qu'arrose  le  fleuve 
Orange,  les  Hottentots,  d'une  iaible  constitution,  achèvent  de  d^nérer  dans  l'a* 
bus  effréné  de  l'alcool  et  du  brandy  qui  est  l'opium  du  Cap.  L'alcoolisme  fait  chex 
eux  des  ravages  au-dessus  de  toute  expression,  et,  au  dire  de  médecins  observa- 
teurs, on  peut  calculer  à  un  avenir  peu  éloigné  l'extinction  complète  de  la  race  hot- 
lentote  (B.  de  laSœ.  d* anthropologie,  1862,  t.  III,  p.  555). 

Dans  certaines  villes  d'Egypte,  mais  surtout  à  Alexandrie  et  au  Caire,  l'abus  des 
spiritueux  eët  assez  commun,  du  moins  parmi  les  Européens  ;  les  Orientaux  se 
livrent  peu  an  vice  de  l'ivrogiierie,  mais  par  contre  ils  s'adonnent  à  l'opium  et  au 
haschîch. 

La  quantité  de  liqueurs  spiritueuses  consommées  aux  États-Unis  d'Am^qne  a 
toujours  été  en  augmentant  jusqu'en  1828,  époque  où  a  oonmiencé  la  réforme  de 
rinlempéfanee.  Il  a  été  estimé  que  dans  cette  même  année  la  consommation  an- 
nueUe  était  de 275,607,4741itres,mais  d'autres  calculs  l'ont  portée  à  527,128,068 
litres  La  population  des  Ëtats-Onis  était  alors  d'environ  12,000,006  d'ha* 
bitants,  ce  qui,  en  adoptant  la  dernière  évaluation,  donnerait  27  Ktres  par  individu. 
Cette  proportion  augmente  beaucoup  si  on  retranche  de  ce  nombre  les  femmes  et 


688  ALCOOLISME  (iatbolocib). 

les  eniànls.  Aussi  est-il  prouTÔ  qu*il  y  avait  à  celle  époqae,  aux  Élatf4Jnis,  plus  àf 
300,000  ivrognes  et  que  le  nombre  de  ceux  qui  chaque  année  périssaieni  Tidimes 
des  boissons  spiritutuses  s  élevait  à  plus  de  50,000  (R.  Baird,  p.  7).  lUn  iMÎ, 
le  docteur  Samuel  Forry  comptait  (The  American  Jaam.  ofMed,  Sdenc,,  tH42, 
avril  et  juillet)  dans  l'armée  des  États  du  Nord,  i  370  cas  d'ivrognerie,  dont  5  s*éiaieiit 
termina  parla  mort,  et  dans  celle  des  Etats  du  Sud  2616,  dont  58  avaient  présenté 
une  terminaison  funeste.  Sur  ces  chiffres,  noua  trouvons  le  deUrium  tremen*  in- 
diqué dans  408  cas. 

Relativement  au  Mexique  nous  ne  pouvons  mieux  faire  que  de  rapporter  k  ctim- 
munication  suivante  de  Tabhé  Brasseur  de  Bourboui^  à  la  Société  d'anthropoloiâe 
(Séance  du  5  juin  1862,  p.  248)  :  «  La  passion  des  liqueurs  apritaenses  est  com- 
mune aux  Indiens  de  toute  l'Amérique,  et  non  moins  peut-étro  aux  Européens  de 
TÂmérique  du  Nord.  Les  indigènes  en  fabriquaient  et  en  fabriquent  encore  d'après 
des  recettes  fort  anciennes  ;  quelques-unes  de  ces  boissons  sont  fort  agréables  et  fort 
saines  lorsqu'on  n'en  abuse  point.  Dans  plusieurs  anciens  Etats  civilisés  de  œs  con- 
trées, la  loi  condamnait  à  mort  celui  qui  en  abusait  avant  l'âge  de  soixante  ans.  Le» 
Espagnols  ont  aboli  cette  loi.  L'eau  de  feu  (eau-de-vie  d'Europe),  si  répandue  chcs 
les  Indiens  de  l'Amérique  du  Nord,  est  peu  connue  des  indigènes  du  Mexique  ;  l'eau 
de  canne  à  sucre  fermentée,  sorte  de  rhum,  le  pulqué  extrait  de  Taloès,  les  diver- 
ses espèces  d'eau-dfr'vie  d'aloès  qui  sont  fort  variées,  les  ckiea  ou  bières  d*anana5« 
de  maïs,  etc. ,  telles  sont  les  boissons  fcrmentées  dont  usent  les  Mexicains  guatemal- 
tè(]ues  et  autres  quand  ils  veulent  s'enivrer;  ils  n'ont  pas  besoin  des  Enropéev 
pour  cela,  et  si  l'ivrognerie  est  si  ccmimune  aujourd'hui  parmi  eux,  la  lâalc  ea 
est  presque  toute  aux  gouvernements.  Dans  une  partie  du  Mexique  et  dans  lou$ 
les  États  de  l'Amérique  centrale,  le  gouvernement  s'est  attribué  le  monopole,  non- 
seulement  des  eaux-de-vie  de  canne  et  d'aloès,  mais  de  la  chica  et  du  poiqih',  àt 
ces  dernières  boissons  surtout  au  grand  désespoir  des  indigènes.  La  ferme  en  <?st 
louée  à  des  fermiers  appelés  estanqueros^  qui  fabriquent  des  liqueurs  détestal4fs 
et  empoisonnent  littéralement  les  Indiens;  il  a  été  é^li  dans  les  moindres  loca- 
lités des  eslancos  ou  débits;  là  vont  s'enivrer  des  malheureux  qu'on  attire  ptf 
toutes  sortes  de  moyens.  On  les  persécute  d'une  manière  effrayante  quand  ib  Mh- 
quent,  suivant  leurs  coutumes  antiques,  un  peu  de  chica  chez  eux,  â  roecama 
d'une  fête,  et  ce  qu'il  y  a  de  plus  affreux,  c'est  qu'après  les  avoir  attirés  dam  le 
piège,  on  les  met  en  prison  et  on  leur  fait  payer  une  amende,  ou  bien  on  le^o^ 
cupe  aux  travaux  publics,  s'ils  ont  le  malheur  de  se  coucher  ivres  dans  k  rue.  Le 
gonvemement  de  Guatemala  est  surtout  coupable  à  cet  égard.  » 

<f  La  passion  pour  les  boissons  enivrantes  et  la  consécration  de  ces  botseons  aux 
cérémonies  religieuses  est  un  fait  constaté  chez  toutes  les  peuplades  sauvages,  je  l'ai 
retrouvé  dans  les  annales  de  nos  Antilles.  Nos  vieux  historiens  Dntertre,  Lalat  àt 
Rochefort,  donnent  là^easusde  longs  détails.  On  voit  que  les  Garalhes  a  eniviainft 
tout  autant  que  les  Tahitiens  avec  le  jus  de  la  patate  fermentée  ;  que  plus  laH,  lor^ 
qu'ils  connuront  nos  liqueurs  alcooliques,  ils  s'en  montrèrent  très-àivid»,  d'oà  k 
nom  de  vins  donné  à  leurs  assemblées  guerrières  ou  religieuses.  »  (Rnfir,  M/. 
delà  Soc.  d'anthr&ffologiey  1. 1,  1860,  p.  471).  Dans  un  article  sur  les  r^tet 
de  la  dégénérescence  des  races  indigènes  de  l'Amérique  et  de  l'Ooéanie,  M.  Oualn- 
fages  met  Fabus  de  l'alcool  à  côté  des  épidémies  et  de  la  guerre,  et  M .  Rnfz  fttme^ 
avec  le  plus  grand  nombre  des  auteurs,  que  l'eau  de  fen  ou  eau-de^  a  été  Ir 
principal  agent  de  destruction  des  Indiens  de  l'Amérique  (0uff .  de  U  See,  dV 
thrcp.^  1. 1,  p.  276  et  suiv.).  « 


ALGOOLISMIi;  (pATiioLOfiis).  08U 

U  n'y  a  pas  jusqu'aux  fortunés  habitants  des  îles  de  Focéaii  Pacifique  qui  n'aient 
contracté  l'habitude  des  boissons  fermentées,  depuis  l'envahissement  de  ces  iles 
par  les  Européens.  Il  est  un  fait  qu'on  ne  peut  cacher,  c  est  que  la  domination  de 
la  race  conquérante  chez  les  indigènes  du  nouveau  monde  s'est  établie  plus  impi- 
toyablement pai'  la  propagation  de  l'eau-de-vie  que  par  la  force  des  armes  (Horel, 
588).  c  De  toutes  les  habitudes  sociales  que  montrent  chaque  jour  les  Européens  au 
milieu  des  villes  populeuses  et  imposantes  de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud,  certaines 
peuplades  n'ont  pris  que  des  vices  et  un  goût  désordonné  pour  les  liqueurs  fortes.  » 
(Lesson,  Voyage  méd.  autour  du  monde^  i829,  p.  220). 

D'après  H.  Cwsent,  l'une  des  causes  de  la  dépopulation  de  Tahiti  est  dans  l'ivro- 
gnerie,  devenue  générale  depuis  l'introduction  des  liqueurs  alcooliques  dans  le  pays. 
Une  autre  cause  proviendrait  des  maladies  de  la  peau,  produites  par  l'abus  du  kava, 
l)oissou  qui  déteimine  des  désordres  encore  plus  graves  dans  l'économie.  «  Autre- 
fois, dit  M.  Cuzent  (page  85 de  son  livre  intitulé  Tahiti),  les  Talii tiens  ne  connais- 
saient qu'une  seule  boisson  enivrante,  qu'ils  préparaient  en  mâchant  la  racine  frai- 
clied'Ava  (piper  methysticum)  et  en  délayant  ensuite  dans  l'eau  ses  tissus  déchi- 
rés et  imprégnés  de  salive.  Mais  vers  1796,  les  Européens  leur  ayant  appris  à 
faire  fermenter  les  fruits  du  pays  et  à  en  obtenir  des  liqueurs  alcooliques,  ils  se 
prirent  d'une  passion  effrénée  pour  la  nouvelle  et  bruyante  ivresse  que  produi- 
saient ces  liqueurs.  Dès  lors  ils  soumirent  à  la  iermentation  le  jus  des  oranges,  de 
la  pomme  cythère,  le  jus  de  l'ananas  et  de  beaucoup  d'autres  fruits.  L'invention  de 
ces  nouvelles  liqueurs  et  l'importation  de  celles  que  nous  produisons  ont  rendu 
l'ivrognerie,  déjà  assez  répandue  par  l'usage  du  kava,  trës-conununechez  les  Tahi- 
tiens  ;  de  sporadique  elle  est  devenue  épidémique.  » 

Les  détails  statistiques  dans  lesquels  nous  venons  d'entrer  montrent,  d'une  fa- 
çon malheureusement  trop  évidente,  que  l'abus  des  boissons  alcooliques  se  ren- 
contre sur  tous  les  points  du  globe  et  diez  la  plupart  des  peuples.  Ils  prouvent, 
en  outre,  que  les  nations  sauvages  comme  les  plus  civilisées  sont  soumises  au  ter- 
rible fléau  de  l'alcoolisme,  l'une  des  plus  grandes  plaies  de  l'humanité.  Toutes  les 
races  ne  possèdent  cependant  pas  au  même  degré  le  goût  des  liqueurs  spiritueuses. 
A  ce  point  de  vue,  les  races  germanique,  anglaise,  chinoise  et  nègre,  sont  réputées 
pour  avoir  au  plus  haut  degré  la  passion  des  alcooUques  ;  les  habitudes  d'intcmpé- 
mnce  persistent  en  général  chez  elles,  quelle  ({ue  soit  leur  position  topographicpic. 
A  Montevideo,  eu  1846  et  1847,  il  y  avait  de  troupes  anglaises  environ  1000  hom- 
mes; de  troupes  françaises,  de  1846  à  1852,  500  à  1600.  La  mortalité  relative 
comparée  à  celle  des  Français  a  été  au  moins  triple  chez  les  Anglais,  et  cette 
énorme  différence  a  été  attribuée  avec  raison  aux  habitudes  d'ivrognerie  des  sol- 
dats et  même  des  ofliciers  anglais  (Hartiu  de  Houssy,  Bull,  de  la  Soc.  d'anikrop, , 
1. 1, 1860,  p.  553).  Les  plus  rudes  buveui-s  en  Amérique  sont  les  Allemands,  les  Ir- 
landais et  les  Anglais.  La  race  nègre  se  l'ait  partout  remarquer  par  sa  passion  |X)ur 
les  alcooUques.  Nous  ne  croyons  pas  exagérer,  nous  disent  MM.  Uufz  et  de  Luppé 
(Mém,  sur  la  maison  d'aliénés  de  Sainl-Pierre'Martinique,  Paris,  1856),  en 
estimant  que  le  talia  cause  les  trois  quarts  de  la  mortalité  des  noirs.  Mungo-Park 
et  la  plupart  des  hommes  courageux  qui  ont  visité  l'Afrique,  sont  explicites  sur  ce 
point;  il  paraîtrait  même  que  l'ivresse  a,  diez  les  races  airicaines,  quelque  diose 
de  bestial  (Voy,  à  ce  propos  :  docteur  Ivan,  De  Paris  en  Chine). 

c.  Conditions  partictdières.  Aux  influences  ci-dessus  indiquées  s'ajoutent  des 
ciruonstauces  extérieures  et  des  dispositions  moi'ales  individuelles.  Les  cirtxHistaiices 
exU'ricures  compreimeiit  :  i"  certaines  professions  qui  ex|X)scut  au  feu  et  exigent  un 

DILT.  £.%«:.  11.  ^^ 


690  ALCOOLISME  (iatiiolocie) 

déploiemeul  cousidérahle  de  forces,  comme  celles  des  forgerons,  boulangera,  de.  Il 
est  vrai  que  les  conditioos  de  ces  individus  leur  permettent  de  supporter  plus  (bci- 
lenicnt  les  excès  alcooliques  ;  â®  les  travaux  rudes  du  corps,  au  grand  air,  comme 
ceux  des  maçons,  charpentiers,  cantonniers  de  route,  souvent  des  journaliers  ;  3*  le 
çeive  de  profession,par  exemple  celles  de  douaniers,marehand  forain,  jardinier,  chif- 
fonnier, etc.;  4®  Texemple,  la  mauvaise  compagnie,  les  conseils  ou  de  tristes  préju- 
gés, une  fausse  honte,  surtout  parmi  les  ouvriers  et  les  jeunes  gens.  Lippich  rap- 
porte a  ce  sujet  qu*à  Laybach  il  est  passé  eu  proverbe  chez  le  bas  peuple  qu'il  faut 
donner  du  vin  aux  enfants  pour  faciliter  le  travail  de  h  dentition,  dût  h  nikre  ven- 
dre pour  cela  jusqu*à  sa  dernière  jupe;  5®  la  condition  sociale,  et  malheureusement 
il  faut  citer  ici  la  pauvreté.  «  Une  position  telle  qu*il  faille  se  passer  non-seulement 
de  tous  les  agréments  de  la  vie,  dit  Roesch,  mais  encore,  en  travaillant  beaucoup, 
des  choses  les  plus  nécessaires,  n'est  pas  la  moins  fréquente  des  causes  d'ivrogne- 
rie. Pour  apaiser  sa  faim  et  se  rendre  propre  à  travailler,  pour  échaofler  son  mai- 
gre corps  couvert  de  haillons,  pour  se  mettre  à  même  d'oubKer  pendant  une  heure 
^  misère,  le  pauvre  a  recours  à  l'eau-dc-vie.  Ce  poison  ne  tarde  pas  à  passer  cfara 
lui  en  habitude;  il  oublie  bientôt  sa  famille  et  arrive  graduellement  à  la  phis  pro- 
fonde dégradation  physique  et  morale.  11  ne  faudrait  pas  croire  cependant  que  ]e^ 
excès  alcooliques  soient  rares  dans  la  classe  aisée;  mais  dans  cette  classe  l'alcoo- 
lisme revêt  une  physionomie  un  peu  différente ,  les  phénomènes  cérébraux  y  sont 
prédominants,  ainsi  que  Tembonpoint  produit  tout  à  la  (ois  par  l'usage  des  bois- 
sons et  de  la  bonne  chère. 

Parmi  les  causes  morales  propres  à  engendrer  rintempérance,  on  doit  placer 
avant  tout  l'oisiveté.  C*esl  pour  Roesch  le  principal  motif  qui  conduit  les  militai- 
res à  se  livrer  à  la  boisson,  et  cette  remarque  n'est  malheurausenient  que  tftop 
applicable  à  notre  armée.  Le  goût  de  la  dissipation,  la  légèreté  de  caractère,  les 
causes  tant  excitantes  que  déprimantes  sont  encore  aiitant  de  eiieonstanoeB  qui  fa- 
vorisent le  vice  de  l'ivrognerie.  La  colère,  le  dépit,  les  chagrins  domestiques,  la 
jalousie,  l'amour  contrarié,  poussent  souvent  au  môme  vice.  L'homme  qui  abos<^ 
des  boissons  affaiblit  son  organisme,  et,  pour  réparer  ses  forces,  il  recoort  nn 
excitants,  dont  l'eau-de-vie  est  le  principal.  C'est  encore  avec  cette  liqueur  qu'il 
essaye  de  relever  son  estomac  mahde,  et,  par  cet  usage  répété,  il  aggrave  sa  fon- 
tion  et  se  prépare  les  voies  du  tombeau  tout  en  pensant  le  contraire.  Là  est  le  cer- 
cle vicieux  pour  le  buveur  de  profession. 

B.  IfiFLUENCEs  PHYSIOLOGIQUES,  a.  AçB.  EnÉcosse,rhabitudededoniier  du  whisk} 
aux  petits  enfants  est,  au  rapport  de  Blacnish,  tout  à  fait  préjudiciable.  Ceux-ci 
deviennent  pâles,  chagrins,  maigres,  sujets  h  des  convulsions,  à  des  trooMe^ 
fonctionnels  de  l'estomac  ou  de  l'intestin,  tels  que  vomissement  ou  diarrhée.  U 
docteur  Hunter  voulut  expérimenter  les  effets  des  liqueurs  fermcntées  sur  àni\ 
de  ses  enfants,  qui  jusque-là  n'avaient  pas  usé  de  vin  {Anatomy  of  Dmnkemfu, 
p.  502).  A  l'un  d'eux,  âgé  de  cinq  ans,  il  donna  chaque  jour  un  verre  de  aherr}, 
c\  l'autre,  qui  était  presque  du  même  âge,  il  donna  une  orange.  An  bout  d  unr 
semaine,  il  y  avait  dans  le  pouls,  les  urines  et  les  évacuations  des  deux  enfrnts  onr 
différence  notable.  Le  pouls  du  premier  s'éleva,  les  urines  se  colorèrent,  et  le^ 
matières  intestinales  ne  présentèrent  plus  la  quantité  habituelle  de  bile.  Cl»ez 
l'autre  enfant,  il  ne  s'était  rien  produit»  Ces  faits  ne  semblent-ils  p«s  démontrer 
que  dans  le  jeune  âge  les  liqueurs  spiritueuses  sont  plus  nuisibles  encore  que  dans 
un  âge  plus  avancé?  Heureusement,  Tusage  immod^é  des  boissons  fennenlées  est 
rare  à  cette  époque  de  la  vie.  C'est  à  l'âge  adulte  que  les  boissons  spiritueuses  sontk' 


ALCOOLISME  {rATnoL«iii£).  691 

oiieax  supportées*  A  cet  âge  ausû  s'obserreiit  le  plus  grand  nombre  de  cas  d  alcoo* 
lisme.  Les  excès  y  sont  plus  nombreux  et  plus  multipliés,  probablement  parce  que 
les  boissons  stimulantes  font  mieux  sentir  leur  nécessité.  On  a  plus  rarement  Toc- 
casiou  de  rencontrer  cette  maladie  dans  la  vieillesse,  sans  doute  parce  que  ceux  qui 
s  adonnent  à  rivrognerie  ne  parviennent  jamais  à  un  âge  avancé.  Les  nombreux 
malades  qui  ont  passé  sous  nos  yeux  avaient,  en  général,  de  25  à  60  ans.  139  cas 
d'alcoolisme,  observés  par  Magnus  IIuss,  donnent  le  résultat  suivant  :  de  23  à 
29  ans,  14 cas;  de  30  à  39  ans»  44  cas;  de  40  à  49  ans,  57  cas;  de  50  à  57  ans, 
23  cas;  à  65  ans,  1  cas. 

b.  Sexe,  Les  femmto  sont  moins  souvent  que  les  homntes  atteintes  des  acci- 
dents de  TalcooUsme.  Sur  132  malades  traités  par  M.  IIuss,  dans  Tespace  de 
trois  ans,  il  y  avait  123  hommes  et  16  femmes.  Sur  de-jf  cents  observations  re- 
cueillies par  H.  Horel,  le  nombre  des  femmes  atteintes  d'alcoolisme  chronique 
était  de  13.  Sur  170  cas  de  deUrivm  iremens^  notre  maître,  Bf.  Rayer,  ne  compte 
que  7  femmes.  A  Copenhague,  Bang  a  observé  dix  fois  seulement  cette  même 
aflèctiou  chez  la  femme,  sur  un  total  de  456  cas  ;  Hœgfa-Guldberg  ne  Ta  vue  qu'mie 
fois  sur  173  cas,  et  Kiuger-Hausen,  1  sur  16  (Roesdi). 

Nos  observations  nous  portent  à  penser  qu'il  y  a  moins  de  disproportion  cnti*c 
la  fréquence  de  Talcoolisme  chez  Thomme  et  chez  la  femme,  et  la  différence 
ci-dessus  signalée  nous  parait  tenir  en  partie  'à  la  diffîcullé  plus  grande  d'ob- 
tenir des  aveux  étiez  cette  dernière.  En  tout  cas,  la  passion  des  liquems  se 
montre  surtout  chez  les  femmes  jennes  et  adonnées  au  plaisir,  ou  bien  encore  à 
l'époque  de  b  ménopause.  M.  Bouchardat  a  constaté  que  souvent,  à  cet  âge,  un 
goût  prononcé  pour  les  boissons,  latent  jusqu'alors,  se  révélait  tout  à  coup.  Le  mé- 
decin doit  être  en  garde  contre  ce  penchant,  car  à  ce  moment  de  la  vie  le  système 
nerveux,  comme  tous  les  autres,  subit  un  ébranlement  qui  rend  l'abus  des  alcoo- 
liques d'autant  plus  nuisible.  Royer-Collard  dte  l'exemple  d'une  dame  qui,  ayant 
été  toiqours  sobre  et  d*une  conduite  régulière,  éprouva  à  quarante-deux  ans  les 
premières  anomalies  de  la  menstruation,  et  en  même  temps  une  passion  violente 
pour  le  vin  et  l'ean-de-vie.  Plus  tard,  les  menstrues  ayant  cessé,  il  y  eut  aversion 
pour  ces  boissons,  et  cette  femme  reprit  ses  habitudes  de  sobriété.  La  grossesse 
produit,  dans  certains  cas,  une  perversion  du  goût  analogue  à  celle  qui  se  montre 
sous  l'influence  du  dérangement  menstruel;  elle  fjeut  également  conduire  les 
femmes  à  un  abus  des  spiritueux  souvent  passager,  mais  malheureusement  aussi 
parfois  persévérant.  Pendant  la  lactation,  l'usage  de  ces  liqueura  est  dangereux 
!$inon  pour  la  mère,  du  moins  pour  l'enfant,  en  produisant  chez  lui  des  déran- 
gements des  organes  digestifs  et  des  convulsions.  11  résulte  des  observations  dit 
docteur  North  (Prodkal  Obaei'valions  on  the  Convulsions  of  the  Infants)  que 
des  accidents  de  ce  genre  ont  guéri  par  le  changement  de  nouirice  (Carpcnter, 
p.  238). 

c.  HérédUé.  Nous  n'avons  plus  à  discuter  ici  la  question  de  l'hérédité  de  Tul- 
coolisme  :  c'est  mi  point  déjà  éclaiixû  et  sur  lequel  nous  avons  suffisamment  insisté. 
Notre  intention  est  de  rechercher  uniquement  les  conditions  qui  favorisent 
ou  qui  déterminent  la  transmission  de  l'état  pathologique.  Cette  ti-ansmission, 
au  rapport  des  auteurs,  s'est  rencontrée  dans  deux  ciix^onstanccs,  la  fécondation 
ayant  été  opérée  par  des  individus  ou  bien  en  état  d'ivresse  (Demeaux,  loc.  cil,), 
ou  bien  fra|qpés  d'alcoolisme  chronique  (Morel,  Contessc).  Il  n'est  guère  possible  de 
mettre  en  doute  les  fâcheux  effets  de  l'ivresse  sur  le  produit  de  la  conception. 
Déjà  signalés  par  llippociate,  ils  ont  été  de  nouveau  et  tout  récenmient  ohse^\é^. 


69â  ALCOOLISME  (patuologii). 

Cependant  il  esl,  ralativement  aux  fails  publics  :\  ce  sujet,  uu  point  d*uiie  gnmde 
importance,  qui, faute  d'avoir  été  traité,  doit  nécessairement  bisser  de  riocertitadr 
dans  Tesprit,  c'est  celui  de  savoir  si,  dans  les  cas  cités,  il  y  avait  ou  non,  en  dehon 
de  l'ivresse,  un  état  d'intoxication  chronique  de  l'individu.  On  conçoit,  en  effet, 
que  l'alcoolisme  existant  déjà,  l'ivresse  ne  joue  plus  qu'un  rôle  secondaire  dans  la 
transmission  héréditaire,  qui  parait  se  rattacher  bien  plutôt  à  la  modification  pn>- 
(onde  de  l'intoxication  chronique.  L'hérédité  de  l'alcoolisme  chronique  est  dé> 
montrée  par  de  nombreux  faits;  mais  alors,  quel  est  le  degré  d'alténtùo 
de  l'organisme  nécessaire  à  l'accomplissement  de  œ  phénomène?  quel  est  k  signe 
qui  nous  permet  de  reconnaître  le  moment  où  cette  transmission  doit  exister? 
Questions  importantes,  mais  ardues,  que  nous  nous  contentons  de  poser,  n'ayant 
pas  jusqu'ici  les  éléments  nécessaires  à  leur  solution. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  problèmes,  les  buveurs  sont  loin  de  transmettre  tou- 
jours l'état  morbide  dont  ils  sont  affectés.  Dans  certains  cas,  les  descendants  n'hé- 
ritent plus  du  mal,  mais  seulement  des  tendances  à  le  contracter.  Rien  n'est  plus 
commun,  en  effet,  que  de  voir  des  fils  de  parents  ivrognes  s'adonner  dès  leur 
jeune  âge  à  des  excès  de  boisson.  Des  observations  nombreuses  établissent  oe  lait 
(Ifagnus  Huss,  Morel,  Thoraeuf,  p.  10,  Contesse)  que  nous-méme  avons  eu  l'occa- 
sion de  vérifier  plusieurs  fois.  Esquirol  rapporte  que  Gall  vit  dans  une  iamilk 
russe  le  père  et  le  grand-père  devenir  de  bonne  heure  victimes  de  leur  passion 
pour  l'ivresse,  et  le  petit-fils  manifester  dès  l'âge  de  cinq  ans  un  goût  extraordinaire 
pour  les  liqueurs  fortes.  Suivant  le  docteur  Hagnus  Huss,  les  mauvaises  habitudes 
contractées  dans  ces  circonstances  seraient  plutôt  le  résultat  de  l'exemirie  que  de 
l'hérédité.  Tout  en  admettant  cette  proposition,  on  ne  peut  cependant  s'empêcher 
de  reconnaître  que  ces  tendances,  dans  certains  cas,  ne  sontque  l'effet  d'une  mo- 
dification organique  héréditaire. 

d.  Tempéraments  ;  idiosyncrasies.  La  question  du  tempérament  est  ici  d'autant 
plus  difficile  à  résoudre  que  Ttisage  des  spiritueux  modilic  puissamment  cet  état  de 
l'organisme.  Dans  le  Nord,  où  l'alcoolisme  est  fréquent,  c'est  le  tempérament 
iymphatico-nerveux  qui  prédomine  (Huss)  ;  chez  nous,  les  individus  sanguins, 
avides  de  plaisirs,  s'adonnent  aussi  plus  facilement  aux  excès  de  boisaoos.  Tout 
le  monde  sait  qu'il  est  des  peronnes  qui  supportent  mieux  que  d'autres  l'alios 
des  boissons,  mais  sans  qu'on  en  connaisse  toujours  la  raison.  J'observe  depui» 
nombre  d'années  déjà  des  buveurs  de  profession  dont  la  santé  ne  s'est  pas  modi- 
fiée notiiblement.  11  est  à  remarquer,  enfin,  que  les  liqueura  spiritueuses 
deviennent  un  besoin  à  mesure  qu'on  en  fait  usage,  et  des  personnes  sont 
tombées  malades,  même  sérieusement,  |K)ur  avoir  cessé  tout  à  coup  un  usa^'t 
auquel  elles  s'étaient  depuis  longtpnips  accoutumées.  (Royer-Gollard,  Th.  cit., 
p.  45.) 

C  h'FLUKNCKs  PATHOLOGIQUES.  La  teudaucc  à  user  des  liqueurs  fortes  se  montre 
dans  le  cours  ou  la  convalescence  de  quelques  maladies  et  des  affections  névro- 
pathiques  en  particulier.  Esquirol  (Traité  des  maladies  mentales.  Fuis,  18S8, 
t.  H),  l'un  des  premiers,  fixa  l'attention  sur  ce  sujet,  que  le  docteur  Morel,  de 
Saint- Yon,  a  repris  plus  récemment  {Traité  des  dégénérescences  de  F  espèce  hu- 
maine, Paris,  1857,  p.  10).  Sur  200  malades  oliservés  par  cet  habile  médecin, 
55  devaient  à  un  état  maladif  leur  passion  pour  les  boissons  alcooliques.  Sur 
ce  nombre  la  paralysie  générale  est  incriminée  10  fois;  les  maladies  organique» 
du  cœur,  3  fois;  rhy[iochondrie,  6  fois;  l'hystérie,  4  fois;  h  dartre,  1  lois,  elc. 
Trop  souvent  ces  causes  déterminent  une  propension   irrésistible  a  l'abus  des 


ALGOOLISMIS  (pathologir).  695 

boissons  spiritueuses.  Effet  direct  ou  d'un  penchant  vicieux  mal  comprimé  o.i 
J  un  état  maladif,  ce  besoin  impérieux  d'user  des  aicoolicpies  a  été  décrit  pat 
Hufeland  sons  le  nom  de  dipsamanie,  {V&y.  ce  mot.) 

La  plupart  des  maladies,  sans  constituer  précisément  des  prédispositions  à  l'al- 
coolisme, influent  fréquemment  sur  ses  caractères  et  sur  sa  marche,  en  réveillant 
ou  en  faisant  éclater  des  manifestations  particulières  le  plus  souvent  très-graves.  La«( 
lésions  traumatiques  comme  les  affections  internes  sont  également  capables  d'n- 
mener  ces  accidents;  une  chute,  un  coup  notamment  sur  la  tête,  une  contusion, 
si  légère  qu'elle  soit,  et  à  plus  forte  raison  une  fracture,8ont  autant  de  circonstances 
déterminantes  de  la  manifestation  alcoolique  qui  se  montre  sous  forme  de  deli- 
rium  tremens.  Une  opération  peut,  par  la  même  raison,  donner  lieu  à  cette  com- 
plication, et  on  conçoit  toute  l'importance  pour  le  chirurgien  de  bien  connaître 
les  habitudes  du  malade  qu'il  va  opérer.  Cet  accident  survenant  à  l'occasion  d'un 
traumatisme  ne  différerait  pas,  de  l'avis  de  plusieurs  auteurs,  parmi  lesquels  nous 
citerons  Léveillé,  du  délire  nerveux  observé  par  Dupuytren,  Albers  de  Brème,  e! 
avant  eux  par  Lind.  Cette  manière  de  voir  semble  confirmée,  en  effet,  et  par 
l'aveu  même  de  Dupuytren,  qui  dit  avoir  observé  ce  délire  sans  qu'il  existât 
d'affection  traumatique,  et  par  les  succès  que  ce  chirurgien  a  su  obtenir  de  l'em- 
ploi des  opiacés.  Nous  sommes,  pour  notre  compte,  tout  disposé  à  admettre 
qu'il  y  a  dans  la  majorité  des  cas  au  moins  identité  de  nature  entre  le  délire  ner- 
veux et  le  délire  alcoolique.  Depuis  l'année  1859,  oi!^  j'ai  été  à  même  de  suivre 
dans  le  service  de  notre  savant  maître,  H.  le  professeur  Laugier,  un  assez  grand 
nombre  de  cas  de  ce  genre,  j'ai  pu  m'assurer,  dans  tous  les  cas  de  guérison,  de  la 
réalité  des  excès  alcooliques  antérieurs,  et  lorsque  la  mort  vint  terminer  l'accès,  je 
constatai  ordinairement,  en  même  temps  que  des  désordres  matériels  encéphali- 
ques, une  altération  graisseuse  du  foie,  des  modifications  de  la  muqueuse  stoma- 
cale et  la  surcliarge  graisseuse  du  cœur,  lésions  dont  la  coïncidence  ne  pouvait 
laisser  de  doute  sur  l'existence  d'une  intoxication  alcoolique. 

Dans  le  domaine  des  maladies  internes,  il  est  possible  d'établir  que  la  plupart 
des  affections  aiguës  sont  susceptibles  de  provoquer  l'accident  dont  il  s'agit.  La 
fièvre  gastrique,  les  phlegmasies  du  poumon,  lerhumatisme,sontpourIloesch(p.  74) 
des  causes  occasionnelles  du  délire  alcoolique.  Stœber  (thèse  de  Strasbourg,  1 824)  n 
souvent  vu  ce  délire  compliquer  les  érysipèles  de  la  face.  M.  le  professeur  Grisolle, 
dans  son  excellent  Traité  de  ia  pneumonie  (2*  éd.,  p.  574),  regarde  l'habitude 
de  l'iTrognerie  comme  une  des  causes  qui  provoquent  le  plus  souvent  le  délire 
dans  le  cours  des  inflammations  pulmonaires.  MM.  Briquet  {Arch.  génér.,  5"  sé- 
rie, t.  VIII,  p.  272)  et  Rayer  (Bwtt.  de  VAcad.  royale  de  méd.j  Paris  1840,  t.  IV, 
p.  464)  ont  fait  des  observations  semblables;  Schmidt  (in  Mittheilung  ans  dem 
Gebiete  der  gesammten  Heilkunde  von  einer  med.  chir.  Gesellschaft  Ham- 
hurg*s,  1. 1,  p.  1 ,  120),  ayant  vu  survenir  lejmême  accident  principalement  dans  des 
phlegmasies  de  poitrine,  rapporte  en  outre  que  Chamsing  a  constaté  six  fois  sur 
sept  l'association  du  delirium  tremens  et  d'une  affection  thoracique.  Sibergondi  cite 
d^  cas  dans  lesquels  cette  complication  éclata  à  la  suite  de  la  scarlatini;,  de  trou- 
bles des  fonctions  digestives,  de  phlegmasies  pulmonaires,  d'épilepsie,  etc.  (in 
Joum.  de  Hufeland ^  mai  1835).  Nos  observations  personnelles  concordent  de  tous 
points  avec  celles  des  auteurs  précités  ;  les  maladies  aiguës  dans  le  cours  desquelles 
nous  avons  eu  l'occasion  de  voir  apparaître  et  de  suivre  cet  accident  sont  :  la 
pneumonie  8  fois,  l'érysipèle  4  fois,  le  rhumatisme  5  fois,  la  pleurésie  3  fois,  la 
tuberculiaation  pulmonaire  5  fois,  la  péricardite  2  fois,  les  lièvres  typhoïde  et  gas- 


G94  ALCOOLISME  (PATn<»LO€iB). 

Iriquc  6  fois,  h  variole  3  fois,  la  scarlatine  5  fois,  la  rougeoie  1  fins.  Dans  tous  ces 
cas,  ce  ne  fiit  jamais  dès  le  début  de  la  maladie  que  se  manifesta  le  dâîre  alooolt- 
que,  mais  bien  du  cinquième  au  huitième  jour  et  en  général  vers  le  septièoie  oo 
dans  la  période  de  convalescence.  C'est  là  un  point  important  à  eonoaitre,  car  il 
est  d'une  utilité  pratique  immense.  11  y  a  donc  le  plus  grand  avantage  à  s'asonr 
que  le  délire  en  pareil  cas  est  un  ellbt  de  Talcoolisme  et  non  une  oonséquenee  de 
la  maladie.  Disons  qu'à  ce  sujet  de  nombreuses  erreurs  ont  été  commises,  qu*il 
serait  facile  de  dévoiler. 

Sur  636  cas  de  delirium  tremens  relevés  dans  le  duché  de  Nassau,  par  le  doe- 
teur  J.  B.  V.  Frank,  ii7  fois  le  délire  survint  dans  le  cours  d'une  mabdie,  aimi 
qu'il  suit  :  pneumonie  50,  fractures  compliquées  1 1 ,  pleurésie  7,  grave  Ueasure  5, 
êpilepsie  4,  érysipèle  4,  catarrhe  3,  rhumatisme  3,  pleurodynie  5,  variole  5; 
60  fois  la  mort  survint  dans  lacoès,  7  fois  les  malades  se  jetèrent  par  h  fenêtre, 
1S  se  suicidèrent.  (Voy.  Dcliriow  tremens.) 

Tliér«|«ati4ae.    Un  point  que  nous  avons  cherché  à  mettre  en  évidence  dans 

le  cours  de  ce  travail,  et  qui  nous  paraît  ressortir  clairement  des  considérations 
dans  lesquelles  nous  sommes  entré,  c'est  que  l'alcoolisme  n'est  pas  seulement  la 
maladie  d'un  ou  de  plusieurs  individus,  mais  un  mal  social  qui  progresse  et  s'ac^ 
croit.  A  la  société  donc  autant  qu'au  médecin  incombe  ToÛigation  d*y  porter 
remède. 

Deux  modes  de  traitement  sont  en  présence;  l'un  prophylactique,  donC  l'ap» 
plication  appartient  surtout  aux  hommes  éminents  qui  ont  en  main  les  rênes  d» 
États;  l'autre  palliatif  ou  curatif,  qu'il  est  du  devoir  du  médecin  de  pratiquer  aver 
discernement. 

a.  Prophylaxie,  Dès  les  temps  les  plus  reculés,  les  législateurs  et  le»  philan- 
thropes se  sont  élevés  contre  l'abus  des  boissons  spiritueuses.  On  trouve  les  mar- 
ques de  cette  préoccupation  salutaire  chez  les  Jui&,  les  Grecs,  les  Romains,  ks 
Orientaux.  A  une  époque  plus  rapprochée,  on  voit  détendre  de  donner  à  boire  et  i 
trinquer  ;  et  depuis  Charlemagne,  il  y  eut  en  France  {dusieurs  édits  rebtifc  à  h 
répression  de  l'abus  des  boissons  spiritueuses.  En  Allemagne»  Maximilien  I*  publia 
en  1500  un  rescrit  qui  défendait  les  associations  pour  boire.  Des  ordonnanoes 
analogues  furent  rendues  par  Charles  V,  Maximilien  H  et  Rodolphe  ;  les  codé- 
siasliques  reçurent  l'ordre  d'employer  la  prédication  pour  détoumor  le  penple 
des  excès  de  boisson.  Des  mesures  semblables  ont  été  prises  dans  l'éleclont 
de  Saxe,  dans  le  margraviat  de  Brandebourg,  et  dans  le  duché  de  WinteB- 
berg  IWûrtembergische  Landes-Ordnung,  t.  XGIX,  p.  128).  En  1583,  b  vntr 
de  Teau-de-vie  fut  défendue  à  Francfort-sur-le-Mein,  parce  que  les  barbiers 
avaient  remarqué  qu'elle  était  une  des  causes  de  laccroiasenient  de  la  mortalité. 

En  1691,  l'arrêt  suivant  a  été  rendu  par  le  duc  de  Brunswick  :  c  Étant  de«a» 
notoire  que  les  gens  du  peuple  emploient  l'eau-de-vie,  non  plus  comme  médicanMitt 
et  pour  faciliter  la  digestion,  but  proprement  dit  dans  lequel  elle  a  été  inventée  et 
prescrite,  mais  comme  boisson  journalière,  c'est-à-dire  comme  instrument  elmojcB 
d'intempérance,  et  que  ceux  qui  s'adonnent  à  ce  genre  de  vie  meurtrier  finisKat 
par  perdre  leur  santé,  leur  raison  et  leur  fortune,  il  est  ordonné,  etc.  a  EHbv 
autres  articles,  on  trouve  celui-ci  :  «  S'enivrer  d'eau«de-vie  est  déiendn  sons  da 
peines  sérieuses  et  irrémissibles »  (Roescb,  lac.  cU,^  p.  S91.) 

En  1718,  un  édit  spécial  parut,  en  Prusse,  contre  les  ivrognes.  A  Londies,  le 
nombre  des  naissances  diminua  tellement  en  1736,  que  lautorité  fit 


ALGOOLISMB  (pathologie).  605 

sur  cette  cause  de  dépopulation,  et  qu'on  crut  devoir  l'attribuer  à  l*abus  de  l'eau- 
de-vie.  Cette  liqueur  fut  alors  frappée  de  nouveaux  impôts,  et  cette  mesure  amena 
de  bons  effets,  ainsi  c|u'on  put  l'observer  depuis  1758.  (Frank,  System  einer 
volUtândig.  medicin.  Polùeiy  t.  Vlll,  p.  241.)  Des  lois  sévères,  mais  trop  impar- 
faitement exécutées,  Bont  ainsi  depuis  longtemps  établies,  en  vue  de  réprimer 
rivrasaoy  dans  presque  tous  les  pays,  et  en  particulier  en  Suède,  en  Angleterre, 
dans  le  Wurtemberg  {vcy,  Roescb,  p.  194);  à  cet  égard,  les  deux  principales 
roesuies  ont  consisté  à  infliger  des  peines  sévères  aux  ivrognes  et  en  même  temps 
à  firapper  d'un  impôt  considérable  les  boissons.  Ces  moyens,  qui  ont  produit  de 
bons  résultats,  n'ont  malheureusement  pas  toujours  été  suffisants  pour  empêcher 
l'extension  de  l'ivrognerie. 

Les  progrès  incessants  de  ce  vice  depuis  la  guerre  de  l'indépendance  américaine 
ont  donné  lieu  aux  États-Unis  à  l'établissement  des  sociétés  dites  de  tempérance. 
La  première  de  ces  sociétés,  qui  fut  instituée  à  Boston  en  1813,  avait  pour  but  de 
faire  cesser  l'abus  des  liqueurs  spiritueuses  et  les  vices  qui  en  sont  la  suite,  tels 
que  le  libertinage  et  le  jeu;  d'encourager  par  tous  les  moyens  possibles  la  tempé- 
rance et  la  morale  publique  (Baird,  p.  14).  Mais  cette  association,  qui  défendait 
l'abus  tout  en  permettant  l'usage,  ne  produisit  que  des  résultats  peu  marqués;  au 
commencement  de  1826,  plusieurs  personnes  influentes  se  réunirent  à  Boston  pour 
former  une  société  qui  s'imposa  le  devoir  de  renoncer  complètement  aux  boissons 
spiritueuses.. En  1828,  on  pouvait  déjà  supposer  que  30  000  personnes  s'étaient 
engagées  à  s'abstenir  entièrement  de  liqueurs  fortes,  et  à  la  fin  de  1829  il  existait 
plus  de  1000  sociétés  de  tempérance,  parmi  lesquelles  11  sociétés  d'État.  La  morta- 
lité, qui  depuis  six  ans  avait  été  annuellement  de  24  1/6  pour  100,  terme  moyen, 
n'était  plus,  pour  les  deux  dernières  années,  que  de  1 7  1/2. 

Le  nombre  des  morts  parmi  les  personnes  âgées  de  moins  de  quarante  ans,  qui 
en  1826  avait  été  de  15  pour  100,  n'était  plus  en  1828  que  de  9.  Pendant  le  cours 
de  1831,  on  essaya  de  bannir  entièrement  les  liqueurs  fortes  de  l'armée  améri- 
caine, d'après  la  demande  qui  en  fut  faite  par  un  grand  nombre  d'officiers,  et  après 
avoir  reconnu  que  la  plupart  des  désertions  étaient  dues  à  l'abus  des  boissons 
alcooliques.  L'année  suivante,  le  secrétaire  d'État  au  département  de  la  marine 
rendit  une  ordonnance  d'après  laquelle  tout  matelot  à  bord  des  vaisseaux  de 
guerre  qui  renoncerait  à  sa  ration  de  grog,  recevrait  un  dédommagement  journa- 
lier; cette  mesure  eut  un  succès  extraordinaire.  Vers  la  fin  de  la  même  année,  le 
ministre  de  la  guerre  ordonna  que  les  troupes  ne  recevraient  plus  désormais  de 
b<MS6ons  spiritueuses,  ni  d'équivalent  en  numéraire,  mais  des  distributions  de 
sucre,  de  café  et  de  riz.  Dans  le  rapport  de  la  Société  américaine  de  tempérance 
pour  l'année  1833,  il  fut  établi  en  principe  que  l'usage  des  liqueurs  fortes  est  im- 
moral  et  qu'il  l'est  également  de  fabriquer  ou  de  vendre  à  autrui  les  mêmes  li- 
queurs (p.  103).  L'année  suivante,  il  se  forma  à  Philadelphie,  sous  le  titre  d'Union 
de  la  tempéranUy  une  association  dont  le  but  était  de  mettre  les  difiérentes  so. 
détés  en  harmonie  les  unes  avec  les  autres.  On  se  convainquit  à  cette  époque  que 
les  bâtiments  dont  l'équipage  vivait  d'après  les  principes  de  la  tempérance  accom- 
plissaient leur  voyage  d'une  manière  plus  rapide  et  plus  heureuse  que  ceux  qui  s'é- 
taient abstenus  de  cette  règle.  Pour  juger  des  effets  produits  par  ces  sociétéson  peut 
lire  k  VIII*  rapport  de  la  Société  de  tempérance  américaine  (1 835),  on  y  trouvera  ce 
qui  suit  :  «  Deux  millions  de  personnes  à  peu  près  ont  cessé  tout  usage  des  li- 
queurs fortes;  plus  de  8000  sociétés  de  tempérance  comptent  1  500000  mem- 
bres :  4000  distilleries  au  moins  ont  été  fermées  et  plus  de  8000  marchands  ont 


cm  ALCOOLISME  (patbologib). 

quitté  le  oomincrcG  des  spiritueux;  plus  de  12  000  capitaines  de  vaisseau  nVti 
prennent  plus  à  bord,  et  plus  de  12  000  individus,  naguère  encore  plongés  dan< 
l'ivrognerie,  ne  boivent  plus  aujourd'hui  de  liqueurs  enivrantes. 

L'Europe  ne  pouvait  tarder  à  suivre  l'exemple  donné  par  TAmérique  ;  aussi  en 
1829  fonda-t-on  a  New-Ross,  en  Irlande,  la  première  société  de  tempérance  euro- 
péenne, et  avant  la  fin  de  Tannée  il  en  existait  un  grand  nombre,  tant  en  Mande 
qu'en  Ecosse.  En  1850,  il  s'en  établit  également  en  Suède  et  en  Finlande  ;  un  an 
plus  tard  eut  lieu  l'établissement  de  la  Société  de  tempérance  briUnnîqae,  qni 
comptait  dans  son  sein  les  hommes  les  plus  distingués  de  l'Angleterre  et  prit  son 
siège  à  Londres.  La  Russie,  l'Allemagne,  la  Suisse  organisèrent  bientdl  des  asso- 
ciations analogues  ;  celles-ci  se  répandirent  aux  Antilles,  aux  Indes  orientales,  au 
cap  de  Bonne-Espérance,  dans  les  îles  Sandwich,  etc.  {Vay.  Baird,  loc.  cif.).  Elles 
eurent  constamment  ce  double  but  :  éclairer  l'opinion  publique  sur  l'inutilité  ou 
plutôt  les  inconvénients  de  toute  espèce  de  spiritueux  ou  de  boissons  enivrantes,  et 
persuader  aux  hommes  d'en  abandonner  l'usage. 

Si  elles  n'ont  pas  toujours  atteint  leur  noble  but,  les  sociétés  de  tempérance 
n'en  ont  pas  moins  fait  beaucoup  de  bien,  car  non-seulement  la  mortalité  a  dimi- 
nué dans  les  lieux  où  elles  ont  pris  racine,  mais  l'état  moral  s'est  amélioré  et  les 
crimes  y  sont  devenus  moins  fréquents. 

En  France,  nous  ne  possédons  aucune  société  de  tempérance,  mais  des  tenta- 
tives ont  été  faites  dans  le  but  de  réprimer  les  excès  de  boissons.  A  cette  occasion 
on  peut  citer  comme  bons  exemples  à  suivre  plusieurs  mesures  déjà  prises  à  cet 
égard.  M.  le  maire  de  la  ville  de  Versailles  a  proposé  au  conseil  municipal  de  cette 
ville  et  fait  adopter  par  lui  la  création  de  prix  de  tempérance,  destinés  non-seule- 
ment à  récompenser  la  sobriété  ot  la  bonne  conduite  notoires,  mais  encore  à  rame- 
ner ceux  qui  ont  failli.  M.  le  préfet  du  Nord,  plusieurs  administrateurs  du  dépar- 
tement du  Finistère,  et  au  premier  rang  M.  le  maire  de  Brest,  ont  pris  de  leur 
ci^té  des  arrêtés  qui  assimilent  aux  contraventions  et  poursuivent  tout  scandale 
causé  par  les  ivrognes  sur  la  voie  publique.  Ils  ont  en  même  temps  rendu  pb^ 
sévère  la  police  des  cabarets.  Le  Sénat  a  donné  une  haute  sanction  à  ces  sages  me^ 
sures  et  les  a  formellement  approuvées  à  l'occasion  d'une  pétition  discutée  dans 
son  sein  au  mois  de  mars  1861.  (Tardieu,  Dict.d*hyg.,  2«  édit.,  t.  1,  p.  52.) 

Ces  différentes  mesures  n'ont  pu  cependant  arriver  jusqu'ici  à  déraciner  complè- 
tement le  vice  de  l'ivrognerie.  D'autres  moyens,  par  conséquent,  semblent  néces- 
saires. «  Toutes  les  lois,  dit  avec  raison  Zschokke  {Die  Brantweinpest^  Aaraa, 
1857),  sont  sans  force  pour  extirper  un  mal  qui  a  pris  racine  dans  la  vie  du  peu- 
ple; c'est  du  peuple  lui-même  que  doit  partir  la  réforme  des  mœurs,  et  nul  ^on- 
veniement  n'est  assez  puissant  pour  l'opérer,  o  Mais  comment  le  peuple  arrivera-t-il 
à  opérer  celte  réforme  de  lui-même?  N'est-ce  pas  par  une  instruction  et  une  édora- 
tion  meilleures?  Répandez  donc  ft  pleines  mains  l'instruction  et  les  lumières  parmi  le 
peuple,dit  à  ceproposM.  le  professeur  Bouchardat  (p.  307),  redoublez  de  aàle  pour 
fonder  des  bibliothèques  populaires  où  se  trouvent  les  livres  qui  élèvent,  morali- 
sent et  honorent  l'esprit  humain;  ouvrez  aux  heures  du  repos  des  cours  poUirs 
et  gratuits,  où  soient  enseignées  les  vérités  utiles  aux  ouvriers.  Tek  sont,  en  etfel, 
les  plus  sûrs  moyens  de  faire  cesser  le  vicedel'ivrognerie,  et  de  voir  disparaître  une 
maladie  dont  trop  de  personnes  sont  les  victimes  volontaires.  Cherrhez  de  phis, 
suivant  les  sages  conseils  que  donne  un  sincère  philanthrope,  aussi  savant  écono- 
miste que  profond  philosophe,  à  développer  chez  le  peuple  l'amour  de  la  pro- 
priété, et  a  reconstituer  la  vie  de  famille.  Imitez  à  Paris  et  dans  beaucoup  de  gran- 


ALCOOLISME  (PATBOf.nGiB).  697 

des  villes  l'exemple  des  organisateurs  de  la  cité  de  Mulhouse  qui  en  moins  de  six 
ans  a  rendu  près  de  400  familles  propriétaires  d  une  maison  avec  jardin  (Jules 
Simon,  VOuvrièrey  p.  351,  in-8^). 

Remplacer  la  passion  du  vin  par  lamour  de  la  propriété,  de  la  famille  et  des 
champs,  telle  est  la  transformation  qu'il  s*agit  d'opérer  pour  faire  cesser  le  vice 
de  rivrognerie,  du  moins  dans  la  classe  ouvrière.  Dans  les  sphères  élevées  de  la 
société,  où  le  libertinage  est  souvent  cause  de  l'intempérance,  la  vie  de  famille, 
les  occupations  sérieuses  constituent  le  principal  remède  à  la  débauche.  Il  faut  aussi 
que  le  libertin  ou  le  débauché  soient  un  objet  de  mépris  ou  plutôt  de  compassion, 
et  que  des  usages  funestes,  tels  que  ceux  du  Connétable^  disparaissent  à  tout 
jamais. 

En  résumé,  les  mesures  suivantes  sont  celles  qui  nous  paraissent  devoir  le  mieux 
atteindre  le  but  :  Punir  l'ivresse  dès  qu'elle  conduit  au  trouble  de  l'ordre,  à  la  vio- 
lence, ou  devient  publique;  mais,  à  cet  égard,  nous  demanderons  aux  lois  françaises 
une  plus  grande  sévérité;  frapper  les  liqueurs  fortes  d'un  impôt  de  plus  en  plus 
considérable,  suivant  les  nécessités  de  l'industrie  ;  diminuer  au  contraire  la  taxe 
relative  à  la  ccmsommaUon  des  boissons  simplement  fermentées;  n'accorder,  dans 
aucun  lieu,  l'autorisation  d'établir  des  déhits  uniquement  consacrés  à  la  vente  des 
eaux-de-vie  et  des  liqueurs,  quelles  qu'elles  soient.  Instruire  le  peuple  et  inspirer 
à  la  jeunesse  l'amour  du  travail  et  l'horreur  de  la  débauche,  en  lui  faisant  con- 
naître les  bons  eflets  de  l'un  et  la  fâcheuse  influence  de  l'autre.  Cette  dernière 
tâche,  qui  incombe  surtout  aux  maîtres  de  l'enseignement,  au  dergé  et  aux  méde- 
rins,  trouvera  toujours,  nous  en  avons  la  conviction,  des  hommes  zélés  et  dévoués. 

B.  Thérapie.  Le  traitement  curatif  diiTère  suivant  qu'il  s'adresse  à  l'inloxi- 
ration  aiguë  ou  à  l'intoxication  chronique. 

l'^Dans  ïakoolisme  aigu  comme  dans  la  plupart  des  empoisonnements,  l'indica- 
tion principale  est  de  faire  vomir  toutes  les  fois  qu'il  y  a  lieu  de  supposer  que  l'agent 
toxique  n'est  pas  complètement  absorbé.  Le  tartre  stibié  et  la  poudre  de  racine 
d'ipécacuanhasont  également  bien  employés.  Quelques  médecins  cependant,  Ogston 
en  particulier,  préfèrent,  en  tout  état  de  choses,  avoir  recours  à  la  pompe  plutôt 
qu'aux  vomitifs.  Plus  tard,  l'indication  consiste  à  combattre  les  principales  mani- 
festations, car  nous  ne  connaissons  pas  de  contre-poison,  c'est-à-dire  de  substances 
capables  de  neutraliser  dans  le  sang  lui-même  le  principe  toxique  qui  y  est  con- 
tenu. Les  moyens  à  mettre  en  usage  sont,  jusqti'à  un  certain  point,  subordonnés  au 
degré,  à  la  période  et  à  la  forme  des  accidents.  Si,  dans  l'ivresse  simple,  quelques 
verres  d'eau,  une  promenade  au  grand  air,  suffisent  pour  arrêter  le  mal  ;  dans 
l'ivresse  grave,  au  contraire,  il  faut  recourir  à  d'autres  moyens,  et  tout  d'abord 
éviter  le  (roid,qui  trop  souvent  dans  ces  conditions  a  été  une  cause  de  mort.  Les 
exemples  sont  nombreux  d'individus  qui  ont  succombé  au  froid  dans  les  prisons 
des  corps  de  garde,  etc.,  où  ils  avaient  été  renfermés  en  état  d'ivresse.  Les  agents 
le  plus  généralement  préconisés  en  pareil  cas  sont  l'ammoniaque  et  ses  divers 
composés.  On  peut  administrer  l'ammoniaque  liquide,  l'acétate  et  le  carbonate 
d'ammoniaque  dans  une  potion  ou  dans  un  verre  d'eau  sucrée.  Quand  il  devient 
impossible  de  faire  avaler  la  potion,  on  peut  prescrire  de  30  à  40  gouttes  d'ammo- 
niaque en  lavement.  Des  observations  nombreuses  ont  montré  l'utilité  de  ces  pré- 
parations, en  France  comme  en  Allemagne.  (Voyez:  Archiv.  gén,  de  méd.^  t.  XVII, 
p.  601, 1828;  Bull,  thérap.,  t.  XVII,  p.  ^88  ;  t.  XVIII,  p.  36;  J.  Frank, (oc.  cit.) 

L'emploi  de  l'eau  vinaigrée,  tant  à  l'extérieur  qu'à  l'intérieur,  aurait  aussi,' au 
rapport  de  Hoesch,  donné  de  bons  résultats.  Une  forte  infusion  de  café  est  un 


698  AhCOOLISME  (oATiioLnciR). 

remède  doDt  usent  fréquemmeat  et  airec  a^ntage  k»  gens  du  monde  :  c'est  un 
moyen  de  stimuler  Forganisme  et  de  le  tirer  de  l'élat  de  torpeur  géoérale  produit 
par  les  alcooliques.  Les  sinapismes  nous  paraissent  pouvoir  rendre  de  grands  ser- 
vices dans  les  cas  surtout  où  il  existe  des  congestions  manifestes  des  poumons  et 
du  xserveau.  On  s*est  bien  trouvé,  en  certaines  circonstances,  de  Comeatations  et 
d'allusions  froides.  Trotter  dit  avoir  vu  des  matelots  qui  tombaient  à  la  mer  sortir 
de  Teau  dégrisés  ;  mais,  ainsi  que  le  fait  remarquer  Roesoh,  p.  245,  non-seukmeot 
le  bain  de  surprise,  mais  le  froid  sont  nuisibles  et  dangereux  toutes  les  fiMS  qu'il 
s'agit  d*un  état  de  profonde  ivresse.  La  saignée  n  est  qu'exoeptioDnelleoient  néces- 
saire chez  les  individus  sanguins  menacés  d'apoplexie. 

Le  re^ios,  une  diète  légère,  des  boissons  acidulées,  sont  des  moyens  avantagenae- 
ment  employés  contre  les  suites  de  l'ivresse.  Hais  si  des  désordres  fooctîoDneis  im- 
portants tendent  à  persister,  suigissent  des  indications  nouvelles  appropriées  àTor- 
gane  souffrant  et  à  la  modification  anatomique  qu'il  peut  avoir  subie.  C'est 
que  seront  traités,  d'une  façon  particulière,  î'ict^,  l'albuminurie  et  tous  les 
dents  qui  peuvent  résulter  d'une  intoxication  aigué  par  l'alcool. 

2"  En  ce  qui  concerne  Valeoolisme  chronique,  à  Texempie  du  docteur  Huas, 
nous  ramènerons  à  trois  points  principaux  les  indications  thérapeutiques  : 

i^  Éloignement  des  causes; 

2®  Amélioration  de  la  nutrition  et  des  forces  assimihtrices  ; 

5®  Réveil  de  l'action  nerveuse. 

Aux  moyens  ch^lessus  indiqués  pour  combattre  le  vice  de  l'ivrognerie»  il  Cnt 
ajouter  le  suivant,  qui  est  usité  dans  certains  pays,  en  Russie,  en  Pologne  et  en 
Suède,  contrées  où  Ton  abuse  presque  exclusivement  de  l'eau-de-vie  de  grains.  Ce 
procédé  consiste  à  enfermer  un  ivrogne,  à  lui  servir  des  boissons,  des  aliniHits 
invariablement  assaisonnés  a^'ec  i'buile  infecte  qui  se  trouve  dans  l'akool  de 
grains.  Tout  d'abord  le  malheureux  buveur  ne  se  plaint  pas  trop,  mais  il  qitoove 
bientôt  un  tel  dégoût  qu'il  repousse  tous  les  aliments  ainsi  aromatisés,  et  piilois 
ce  dégoût  le  poursuit  tellement  dans  toute  sa  vie  qu'il  reiunce  définitivement  à  k  &tale 
liqueur.  Une  médication  non  moins  étrange  que  celle  qui  précède,  pratiquée  d*aboffd 
par  un  médecin  suédois,  puis  un  peu  tombée  dans  l'oubli,  a  été  remise  en  rigueur 
par  les  expériences  et  les  observations  favorables  de  Nasse  (Zur  Thérapie  ier 
Brantweinmissbrauchs,  1852).  Elle  consiste  à  guérir  la  dipsomanie  par  Pains 
mémo  de  l'alcool.  L'addition  de  cette  liqueur  à  toutes  les  boissons  et  à  tous 
les  aliments  des  dipsomanes  aurait  pour  effet  de  leur  inspirer  le  plus  profond 
dégoût  pour  le  liquide  dont  ik  abusent  ;  malheureusement,  en  pareil  cas,  la  cure  «si 
souvent  suiriede  récidive.  (Arch.  deméi.,  5*  série,  1. 1,  p.  ô9, 1853.)  Cette  der* 
nière  médication,  du  reste,  employée  avec  persistance,  de  foçon  à  produire  des  eifiels 
appréciables,  n'est  pas  sans  danger,  et  Nasse  a  vu  la  mort  survenir  à  k  suite  de 
cette  intoxication  artificielle.  Quant  au  premier  procédé,  il  est  d'une  application 
trop  difficile  pour  qu'on  puisse  sérieusement  compter  sur  les  bons  résultats  qu'il 
pourrait  fournir. 

Un  bon  régime,  l'emploi  des  toniques  et  des  aloaUns,  tek  sont  les  moyens  qui 
permettent  de  reconstituer  les  fonctions  digestives  troublées  et  afiaiblies.  Les  macé* 
ratbns  de  quassia  amara,  de  Colombo,  les  eaux  alcalines  et  celles  de  Vichy  en  por* 
ticulier,  l'usage,  dans  quelques  circonstances,  d'un  purgatif  léger,  voilà  ce  que  Tob^ 
servatîon  a  appris  à  considérer  comme  pouvant  donner  les  meilleurs  résultkts. 
A  ces  moyens  le  docteur  Huss  ajoute  les  préparations  mercurielles,  lorsqu'il  existe 
une  augmentation  du  volume  du  foie.  Dans  plusieurs  cas  de  dyspepsie  alcooiii|iie» 


ALCOOLISMK  (PATiioLocis).  699 

nmH  atons  pu  constater  les  bons  effets  des  préparalions  arsenicales.  Sons  leur 
influence,  l'appétit  ne  tardait  pas  à  reparaître,  et  le  malaise  diminuait  notable- 
ment. 

Les  désordres  du  système  nerveux  ont  été  jusqu'ici  combattus  par  des  moyens 
qui,  pour  ta  plupart,  ont  trouvé  leur  indication  dans  la  modalité  symptomatique. 
Ainsi  Magnus  Huss  administre,  à  la  dose  de 35  à  50  oentigttfnmes,  en  pilules  ou  en 
potion,  l'huile  empyreumatique  qui  donne  sa  sateur  spéciale  à  Teau-^e-vie  de 
pommes  de  terre  {fermentoleum  sdani),  dans  le  but  de  faire  cesser  le  tremblement» 
la  faiUesse  musculaire,  l'oppression  de  poitrine,  etc.  S*il  existe  des  cramyes,  des 
soubresauts  de  tendons,  des  hallucinations,  il  donne  l'opium  et  la  morphine;  dans 
les  cas  d'épilepsie  avec  vertiges  et  étourdissement ,  oe  médecin  a  recours  au  camphre 
et  à  Yassafœtida;  pour  remédier  à  la  faiblesse  musculaire,  à  la  paralysie,  à  l'anes- 
thésie,  à  l'obtusion  intellectuelle,  il  se  sert  de  l'arnica,  de  la  mûx  vomique,de 
la  strychnine  et  du  phosphore. 

Dans  le  même  but,  le  docteur  Marcet  préconise  l'oxyde  de  zinc  ;  ce  médicament, 
annonce  cet  auteur,  exerce  une  action  des  plus  favorables  sur  les  symptàmes  ner- 
veux de  l'alcoolisme  chronique.  Qiez  37  malades,  l'oxyde  de  rinc  est  donné  à  la 
dose  de  0,iO  en  poudre,  deux  fois  par  jour,  une  heure  après  chaque  repas.  Tous  les 
deux  jours,  la  dose  augmente  de  0,iO  jusqu'à  ce  que  le  malade  prenne  0,30  â  0,40 
par  jour.  Sous  Tinfinence  de  ce  traitement,  M.  Marcet  a  vu  cesser  le  tremblement 
du  tronc  et  des  extrémités,  ainsi  que  la  céphalalgie,  les  vertiges  et  les  luillucÎDa<- 
tions.  La  guérison  a  été  généralement  assurée  après  trois  et  six  semaines.  Toute* 
fois  la  faiblesse  du  système  musculaire  persiste  le  plus  générafement. 

Cest  principalement  aux  désordres  nerveux  que  s'adressent  les  médicaflsients 
dont  il  vient  d'être  question;  d'autres  agents  thérapeutiques  ont  été  proposés  pour 
combattre  les  manifestations  des  viscères  abdominaux.  H.  Basham  (Lancet^  1861, 
t .  I,  p.  S38),  voulant  attaquer  dès  leur  début  les  affections  hépatiques,  recommande, 
pour  le  premier  stade,  l'ipécacuanha  elle  calomel  à  petites  doses  plusieurs  fois  répé- 
tées tous  les  soirs  ou  tous  les  deux  jours ,  l'hydrochlorate  d'ammoniaque,  la  liquor 
taraxaei,  les  ventouses  scarifiées  sur  la  région  douloureuse  ;  dans  quelques  cas,  les 
émissions  sanguines  locales  ou  générales.  Plus  tard  ce  médecin  a  principalement 
recours  aux  révulsifs. 

Les  avantages  de  quelques-unes  de  ces  médications,  sanctioimées  par  l'expé- 
rience, ne  peuvent  être  contestés  ;  cependant  il  n'est  permis  d'accorder  à  la  plupart 
d'entre  elles  qu'âne  action  palliative,  mais  non  curative.  Le  plus  grand  nombre 
des  agents  médicamenteux  dont  il  s'agit  s'adressent  uniquement  au  symptAme, 
lequel  n'est  qu'un  élément  morbide  pour  ainsi  dire  fatalement  lié  à  l'existence 
d'une  lésion  matérielle.  Il  y  a  lieu  de  croire,  par  conséquent,  qu'une  hygiène  parti- 
culière a  contribué  au  moins  autant  que  la  médication  suivie  à  amener  la  dimi- 
nution ou  la  disparition  du  mal. 

A  notre  avis,  la  grave  question  de  la  curation  de  l'alcoolisme  doit  être  envisagée 
à  un  autre  point  de  vue,  car  ses  principales  indications  reposent  avant  tout  sur  la 
cause  et  la  nature  des  lésions  anatoihiques.  Ces  lénons,  nous  le  savons,  sont  de 
deux  ordres.  Elles  consistent,  les  unes  dans  une  dégénération  graisseuse,  sorte 
de  vieillesse  prématurée  des  oignes,  les  autres  dans  une  inflammation  chro- 
nique toute  particulière.  A  une  période  avancée  il  sera  évidemment  toujours 
ficile  d'en  obtenir  la  guérison,  dans  un  cas,  à  cause  de  la  profonde 
subie  par  l'élément  oiiganique,  dans  l'autre,  à  cause  de  l'organisation  complète  et 
définitive  du  néoplasme  membraneux  ou  parenchymaieux.  Mais  à  Irar  début. 


700  ALCOOLISME  (fatuolocib). 

ces  altérations,  comme  on  peut  le  supposer,  peuvent  être  avantageusement  uiflucn- 
cées  par  les  agents  thérapeutiques.  Ceux-ci,  toutefois,  ne  nous  sont  pas  rncorc 
connus.  La  théorie  que  nous  avons  émise  relativement  à  h  dégénération  graisseuM-, 
à  savoir  que  cette  altération  pourrait  dépendre  d'un  défaut  à*axydation  du 
sang,  semblerait  jusqu'à  un  certain  point  indiquer  l'utilité  des  inhalations  d'oxy- 
gène, employées  récemment  avec  succès  par  M.  le  docteur  Demarquay,  dans 
diverses  afleotions,  et  en  particulier  dans  l'anémie.  Ce  moyen,  nous  le  proposons, 
mais  sans  le  recommander. 

Par  leur  analogie  avec  certaines  lésions  syphilitiques,  les  inflammations  chro- 
niques ou  hyperplasies  conjonctives  réclament  sans  doute  l'emploi  de  l'un  de  ces 
agents  qui  appartiennent  au  groupe  des  médicaments  altérants,  et  qui  ont  la  proH 
priété  d'agir  sur  la  nutiition.  Cet  analogue  de  Tiodure  de  potassium  serait-il 
Tarsenic,  qui  nous  a  déjà  réussi,  ou  toute  autre  substance?  C'est  ce  que  rexpérieiicf 
est  appelée  à  démontrer.  Ici  encore  nous  voulons  uniquement  signaler  le  moyen  qui 
nous  parait  pouvoir  être  le  plus  utilement  applicable.  Dans  cette  discussion,  en 
effet,  nous  recherchons  simplement  les  données  qui,  suivant  nous,  doivent  senii 
h  fixer  la  hase  des  indications  thérapeutiques  de  l'alcoolisme. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  dans  l'alcoolisme  des  indications  formelles  qu'il  faut  ^ 
garder  de  négliger  ;  elles  sont  fournies  par  l'état  d'anémie  et  de  cachexie  générale 
dans  lequel  sont  fréquemment  entraînés  les  malades.  A  ces  indications  réponden( 
ordinairement  les  préparations  de  fer  et  de  quinquina.  L'hydrothérapie,  combioép 
avec  les  moyens  précédents,  produit  d'excdlents  résultats.  La  médication  par  l'ean 
est  d'ailleurs  utile  dans  la  plupart  des  accidents  nerveux  d'origine  alcoolique.  D 
serait  bon  d'ajouter  Femploi  de  certaines  eaux  minérales.  Sur  ce  point  encore,  les 
renseignements  exactsfontdéfaut.  Jusqu'ici  l'alcoolisme  n  a  pas  été  décrit  en  tant 
qu'entité  morbide,  et  il  n'a  pu  être  placé  au  rang  qui  lui  appartient  dans  le  cadre 
nosologique. 

Enfin  nous  parlerons,  en  particulier,  du  traitement  de  la  forme  symptomatiqoe 
qui  a  reçu  le  nom  de  delirium  tremefu,  parce  que  cette  forme,  spéciale  dans  «m 
expression,  offre  également  des  indications  qui  n'appartiennent  qu'à  elle. 

l^a  saignée,  préconisée  autrefois,  n'est  généralement  plus  usitée.  Ona  reoounde 
préférence  à  l'opium  et  à  la  digitale. 

Administré  d'abord  par  Simmons,  Saunders,  Sulton,  Duméril,  M.  Rajer,elc., 
l'opium  acquit  bientôt  une  telle  réputation  dans  le  traitement  du  delirium  tremtm 
qu'il  fut  regardé  presque  comme  le  spécifique  de  la  maladie  (Ifonneret,  t.  Ill^p.  15). 
Toutelbis,  en  Amérique,  JohnWare  s'est  élevé  contre  cette  prétention  trop  absoloe. 
Sur  8  cas  de  delirium  tremens  traités  par  cet  auteur,  à  l'aide  de  l'opium  à  hautf 
dose,  et  avec  l'intention  d'amener  le  sommeil ,  4  se  terminèrent  par  la  mort  ;  et  sur 
7  cas  traités  par  des  proportions  moindres  de  ce  médicament,  2  malades  suooom- 
bèrent.  L'auleur  conclut  de  là  que  si  l'opium  n'est  pas  nuisible,  il  est  au  moms 
inutile.  (Warc,  loc.  cit.  et  Gaz.  méd.,  1838,  p.  684.) 

En  1854,  le  professeur  Dungliston,  de  Philadelphie,  protestait  de  noovciu 
contre  la  méthode  dite  spécifique  et  contre  l'emploi  immodéré  ou  modéré  df 
l'opium.  Dans  tous  les  cas,  les  recherches  de  Peddie  (The  Pathology  of  Détimm 
tremens  and  its  Treatment.  FAinb.,  1854),  et  plus  récemment  celles  de  Lajoock 
(Edinb.  Med.  Jotirn.^  1858),  vinrent  confirmer  les  données  et  les  vues  théorique 
de  Ware  relativement  à  la  spécificité  de  la  médication  opiacée  dans  le  délire  aigu 
des  iviognes.  En  effet,  sur  403  individus  traités  à  l'infirmerie  royale  d'Edim- 
bourg, en  trois  ans,  101  ou  25  pour  100,  sont  morts;  sur  28  cas  traités  par  le 


ALCOOLISMi':  (PATiioLOGie).  701 

docteur  Laycock,  dans  le  cours  d'une  année,  un  seul  s'est  terminé  par  la  mort,  et 
encore  le  malade  avait-il,  antérieurement  à  sou  admission,  été  soigné  par  les  pré- 
parations opiacées;  à  l'infirmerie  de Giascow,  sur  35  malades  chez  qui  on  prescrivit 
l'eau-de-vie  et  l'opium,  on  compta  i7  décès;  sur  80  individus  traités  par  le  doc* 
teur  Peddie,  il  n'y  eut  pas  un  seul  cas  de  mort.  A  l'asile  de  Philadelphie,  128  cas 
de  deUrium  tremens  bien  caractérisés  fe  présentent  dans  l'espace  de  deux  ans, 
et  un  seul  malade  succombe.  Or  le  traitement  consiste  dans  l'emploi  de  quelques 
vomitifs,  s'ils  sont  indiqués,  de  quelques  laxatifs  et  d'un  bon  régime. 

Quand  on  prescrit  les  narcotiques,  disent  les  auteurs  du  Campendiumf  il  faut 
s'attendre  à  voir  souvent  les  symptômes  prendre  de  l'accroissement  et  ne  pas  élre 
suivis  tout  d'abord  d'une  amélioration  notable  ;  l'agitation,  le  délire,  Tinsom- 
nicy  sont  plus  marqués,  jusqu'à  ce  que  les  effets  sédatifs  du  médicament  commen- 
cent à  se  faire  sentir.  Dans  quelques  cas,  les  accidents  semblent  redoubler  jusqu'à 
ce  qu'onait  augmenté  les  doses.  On  peut  employer  l'opium  au  début  ou  dans  le 
cours  de  l'afTection  sans  que  les  effets  soient  moins  salutaires  ;  on  se  rappellera  que 
la  disposition  toute  spéciale  où  se  trouve  le  malade  lui  permettra  de  supporter  sans 
Inconvénient  des  doses  énormes  de  ce  médicament.  Dans  différents  cas,  la  quan- 
tité de  cet  agent  thérapeutique  ii  été  portée  jusqu'à  24  et  72  grains  en  quaraute- 
huit  heures  (Ware,  Icc,  dt.)  ;  mais  la  dose  ordinaire  est  de  1 5  à  25  centigrammes,  si 
on  veut  arriver  à  modérer  l'agitation  et  à  produire  le  sommeil.  «  Nous  ne  voyons, 
dit  mon  savant  maître  M.  le  professeur  Grisolle  (Traité  de  pathologie)j  aucun 
inconvénient  à  doubler  cette  dose,  s'il  est  besoin,  pourvu  qu'on  mette  entre  chaque 
prise  un  intervalle  d'une  à  deux  heures;  mais  nous  voudrions  difficilement  aller 
au  delà  et  imiter  la  pratique  de  ceux  qui  ont  osé  en  donner  jusqu'à  4  grammes. 
Quand  on  poite  aussi  loin  le  remède,  on  finit  toujours  par  assoupir  les  malades  ; 
mais  ils  meurent  souvent  dans  un  état  comateux.  » 

Conseillée  par  un  grand  nombre  d'auteurs,  la  digitale,  malgré  l'action  prompte 
que  hii  attribuait  Spath,  était  néanmoins  fort  peu  employée  quand  le  docteur 
Jones,  de  Jersey,  fit  connaître  des  recherches  longtemps  suivies  sur  l'action  de  la 
teinture  de  digitale  dans  le  delirium  tremens.  Ayant  mis  en  usage  cette  prépara- 
tion dans  plus  de  70  cas,  ce  médecin  ne  perdit  qu'un  seul  malade,  qui  avait  une 
tumeur  cérébrale  ;  trois  fois  seulement  il  dut  recourir  aux  préparations  opi»cées 
dans  le  but  d'obtenir  le  sommeil.  11  administrait  habituellement  une  première 
dose  d'une  demi-once,  une  dose  semblable  environ  quatre  heures  plus  tard,  et 
quelquefois  une  troisième  dose  de  8  grammes.  Sous  l'influence  de  celte  médica- 
tion, le  pouls,  loin  de  s'affaiblir,  acquiert  plus  de  force  et  d'amplitude,  et  devient 
plus  régulier,  la  transpiration  cesse  en  môme  temps  que  la  température  de  la  peau 
s'élève,  enfin  les  malades  ne  tardent  pas  à  s'endormir  pour  cinq,  six  ou  sept 
heures. 

L'utilité  de  ce  traitement,  employé  par  M.  Goolden,acté  confirmée  par  MM.  Speu- 
cer  Wells,  Ballard  et  Carr,  cl  par  MM.  Whitefield  et  Peacock,  qui  l'ont  expérimenté 
à  l'hôpital  Saint-Thomas.  Depuis  lors,  plusieurs  auteurs,  entre  autres  MM.  Garrey 
et  Williams,  ont  publié  de  nouvelles  observations  qui  témoignent  encore  des  bons 
effets  de  cette  médication,  à  propos  de  laquelle  M.  le  doc.eur  Peacock  crut  devoir 
formuler  les  conclusions  suivantes  :  Les  doses  élevées  de  teinture  de  digitale  (ce 
médecin  ne  dépasse  généralement  pas  la  dose  de  16  grammes  dans  les  vingt-quatre 
heures)  dans  le  delirium  tremens  ne  produisent  pas  l'effet  dépressif  auquel  on  aurait 
pu  s'attendre  d'après  l'action  des  petites  doses  répétées.  Associée  à  d'autres  médi- 
caments, la  teiutui'e  de  digitale  parait  être  appelée  à  rendre  d'utiles  services  dans 


JOi  ALCOOLISME  (BietcoonArnifi). 

certoins  cas  de  delirium  tremeiis,  notamment  chez  des  personnes  jeunes  et  ro- 
bustes, dont  les  forces  no  sont  pas  brisées  par  des  habitudes  invétérées  d'irro- 
gnerie,  et  lorsque  le  délire  a  succédé  immédiatement  à  un  excès  de  boisâOQ.  {Med. 
Timeê  and  Gaz,,  1861,  t.  Il,  p.  404.) 

Le  chiorofonne,  préconisé  par  M.  White  (The  Dublin  Hospital  Cos.,  1854)  et 
employé  par  plusieurs  autres  auteurs,  amène,  parait-il,  une  sédation  rapide  et  com- 
plète. Ce  moyen,  néanmoins,  n*a  pas  été  suffisamment  expérimenté  pour  qu'il  soit 
permis  d'émettre  une  opinion  définitive  relativement  à  ses  avantages. 

Les  évacuants  n'ont  d'utilité  qu'autant  que  l'état  des  ofganes  digestif  les 
réclame.  Les  antispasmodiques  ne  donnent  aucun  résultat  avantageux.  Quant  à 
Texpectation,  que  des  médecins  reoommandaUes  (Esquifol,  Gecm^et,  Calmeil)  ool 
voulu  mettre  en  honneur,  nous  connaissons  ses  effets  ;  nuis  elle  œ  convient  qu'à 
un  certain  nombre  de  cas,  et  la  détermination  en  est  souvent  difficile. 

Les  modifications  que  subissent  les  maladies  qui  surviennent  cbec  des  indivi- 
dus frappés  d'alcoolisme  donnent  lieu  à  des  indications  spéciales.  Modérer  la  ire- 
quence  du  pouls,  calmer  le  système  nerveux,  relever  les  forces,  tel  est  le  faut  que 
l'on  doit  se  proposer.  La  digitale^  l'opium,  le  quinquina,  sont  les  moyens  sur 
lesquels  (m  peut  le  plus  compter  dans  ces  circonstances,  où  le  repos  le  pins  absolu 
est  toujours  de  nécessité  pour  le  malade. 

La  perspicacité  du  médecin,  en  pareil  ca^,  consiste  à  savoir  distinguer  œqa' 

revient  à  Talcoolisme  de  ce  qui  ne  lui  appartient  paa^  Cette  distinction  ose  fais 

faite,  il  doit  décider.  I/indportant,  en  fait  d'alcoolisme  chronique,  est  de  savoir  agir 

assez  tôt,  car  à  cette  maladie  surtout  s'appliquent  les  parok»  dn  poêle  : 

Principits  obsta  ;  sero  medidna  paratur, 
Quum  mala  per  longas  invalaere  mans. 

É.   LàflCBtBAOX. 

BiKLiocRAii!tB.--STti(Nieit  (Hcnri).  Deoretû  -ntèééeata  de  êMelÊU.  Lîpa.,  1551.  — Wu»- 
cncs  (J.).  Proàlema  de  ebriorum  affectUmt.  Francof.»  1543,  in-8*.  -*  Ssiosl.  De  iMeltU- 
Ups.,  1504. — IIagiucs.  De  vinolenlia  ejmque  maUs,  Francof.,  1618.  —  WALMcraiar.  Dittert. 
de  ebrietate  et  insolentibus  aliquot  ejtts  affectibus.  Gies.,  1677,  Iti-4*. — Ermema.  MKrf. 
de  temulentia,  Lips.,  1678,  in-4*.— HAXKcaAir.  Dûtsert,  de  ustt  ei  cftaiM  ineMmÊtàm.  Ud. 
1679,  in-l». -*Rast.  Bbhetae  medice  counderaU.  RegiomoiiL,  168S.— Lomlk  (T.)  rop 
Battus.  De  siuritUms  ardeniibut  per  abuMum  mcrbcrum  cmuis.  Gryphisvald.,  1735,  in-4*  — 
Hales  (SI.).  Friendly  Admonition  to  the  Drinkers  of  Brandy  and  other  Diêtilled  SpirUmm 
lÀquors.  London,  1754,  in-8*.— Jdch  (H.  P.)  prses.  et  Kvbts  (Ch.  J.)  resp.  De  ebfifUie 
ejusque  noxis  prxcavendiê  et  Mlendiê,  Erfordiie,  1741,  m-4*.— Hoa.  Àhkttndluw§  «hi  étr 
TrunkenkeU*  Strasb.,  1747.  — Lihmjvs  (C.)  pnes.  0.  K.  Alaicdeb  resp.  Disêert.  eUiem  fj>- 
ebriantia.  Upsaii»,  1762,  in-4».  —  Gmelex  (P.  F.).  De  noxis  exabusu  potuum  epiriiuœerwm^ 
Tubingie,  1767,  in4*.~  Volker.  Schâdliche  Wirkung  det  Branntweinê  wnd  GeMbike  iber- 
liaupt,  wenn  sie  in  Ueberflusê  genowen  werden.  In  Schmucker't  VerwdiMe  Ckir.  Seàr.. 
t.  il,  p.  S04.  Berlin,  1779,  in-8*.  — Pohl.  De  cailoêitéOe  uentrieuli  ex  point  ^pirUaûti  atanr 
Lipsise,  1771,  itt-4'.  —  Fothergili.  (A.).  An  Essay  on  the  Abuse  ofSpiritwmi  Liqmore.  Batli 
1706.  —  Lbgœvr.  Essai  tur  V ivrognerie.  Paris,  an  XI,  in-8*.  —  Trottek  (T.).  Am  Ems^. 
Médical,  Philosophicaî,  and  Chemical,  on  Drunkennesê  and  Us  Bffëeis*  London,  4864,  îb-S" 
— Go!(QO£aAiiT  (P.  L.  N.).  Sur  Vabuê  des  ligueurs  dkooUgues,  suivi,  etc.  Thèse  de  Paris,  I8tl 
n«45. — Abhstroiio  (i.).  On  the  Brain-Fever  following  Intoxication*  In  Ediub.  Med,  and  Surf. 
Journ,,  t.  IX,  p.  I,  p.  58,  146,  1815.  —  Pearso:*  (S.  B.].  Observations  on  Brêfn-Fetier  l^th- 
wing  Intoxication.  Ibid.,  p.  326  (première  publication  remontant  à  1601).  —  Svtnb.  Tract 
on  Delirium  tremens,  London,  1815,  in-8«.— FoRtrin  (T.).  Physiologkgl  Hefleximu  sm  ttu 
Destructive  Opération  ofSpirituous  and  Fermented  IJquors  on  the  Animal  System.  Londoii, 
1812,  in-8«.  —  Rater.  Mémoire  tur  le  delirium  fremens.  Paris,  1819,  în-8».  —  Klamp  l 
A  Memoir  on  Temulent  Diseate.  In  the  Amer.  Med.  Bead.,  t.  I,  n*  4,  Philadelphie,  I61S.  H 
rj>nd.  Med.  and  Phys.  Journ»,  i.  XLI,  p.  174,  1619.  —  Bmoab-GaAHUi  (C.  Von).  Ueèeréf 
Trunksucht,  mit  einen  Vorwort  von.  G.  W.  Hufeland*  Berlin,  1819,  in-8*.  —  Saltatosi.  Om- 
mentatio  pathologica  et  tf^erapeutica  de  ebriotitate  continua,  rémittente  et  intermittetttr. 
Uobquxt  1821.  ..-LiMi   J.  G).  De  delirio  tremente  sic  dicto,  obserratiomm  séries  m 


epicrin  de  morbi  Uidole  ae  tuUura,  Gopenh.,  1822,  ia-8*.-*To»uT.  Ueber  die  Natur  mé 
ëe»  SiU  de$  DeUrium  iremetu.  In  HufOawFi  Jaurn.,  t.  T.Y  st.  Yl,  p.  50, 1822.  — Fabbemmst. 
Ueher  Deiirhm  tremens  ndfst  MUtheihmg  einer  Krankençeschkihte.  In  Hust'ê  Mag»,  t.  XI. 
p.  358,  1825.  ^Blackk.  A  Paper  on  Deiirmm  ebrioeUaêU.  In  Edimb,  Med,  Surg.  Jmun.y 
t.  XII,  p.  407,  1825.^PLATreH  (G.).  On  Deiirmm  tremens.  In  Tranê,  efthe  Med.  tmdPhffg, 
Sec  efCaieuttat  t.  I,  p.  124, 1825.  —  Botterlix.  De  delirio  tremenie  cnm  ieiero  cempliaito. 
Hal»,  1828,  in-S». — Bamhausbr.  Beobaehttmgen  ûber  den  Sâufkrwehnsinn  eder  dae  ikHrium 
tremenê,  Bremen,  1828.—  MACRmi  (R.).  7%^  AnatomyofDmnkennesi,  Gteflcow,  1828,  ÙM2, 
2*  édit-^WAnturoim.  Patkeçenie  de$  DeUrium  tremene.  In  Rneffê  JMéV-t  t-  ^XVII,  p.  298, 
1828.  — LtfTEiuÉ.  Uém,  eur  la  fbUe  de$  itfrognes  eu  sur  le  délire  tremblanL  In  Mém,  de 
VAcad.  de  méd.,  t.  I,  p.  181,  1828.  ~  VomiDEa.  Delhrium  tremen»  dureh  Opium  bekandell. 
In  Huei's  Meg.,  t.  XXIX,  p.  53,  1820.— Isiii.  (Jeter  TrunkeudU,  In  BuH's  Mag,,  t.  XXIX, 
p.  125,  1820.  —  Blaob  (A.),  il  praeUeul  Eeeag  an  the  Diseme  generaUg  known  uuder  thé 
DenemiiuUiûn  af  DeUrium  tremem,  wriitenpriueipailg,  ete,  London,  1830,  in-8».  —  Wabe  (i.).r 
Remarkt  on  the  History  and  Treatment  of  DeUrium  tremetts,  Bœton,  1831,  in-8*.  —  Bomcn 
Bo!V9KffOY.  Dissert,  sur  Vivresu  produite  par  les  boissons  aleooUques.  Thèse  de  Strasbourg, 
1832,  n*001.  — Frask  (J.).  De  ebrieiate  ei  ebriositaU  deque  efus  effeeiu  delirio  tremenie^ 
Upsûe,  1832.  —  Ogstoh  (P.).  Phenomena  ofthe  More  Adiiaaced  Stage  of  Intoxkatûm,  with 
Cous  and  Dissections.  In  Edinb.  Ued.  and  Surg.  Joum.,  t.  XL,  p.  276, 18^.— Lippicu  [Fr.  W). 
Gnmdz&ge  zur  Dipsobiostatik  oder  ûber  den  ÊÊissbrauc/i  der  geistigen  Getrûnke.  Laibach, 
1834.  —  LsHMinr  (S.).  Veber  die  Foègen  des  Miesbrauebs  der  geistigen  Getrênke  undêber.  ele, 
Berne,  1837,  in-8*.  —  Rose!(tbai  (M.).  De  ubusu  alcohoUcorum.  Vindobons,  1837,  in-8*.— 
BoBscai  [G.].  Der Missbrauch der  geistigen  Getrànke,  etc,  Tubingen,  18.59,  in-8*,  et  trad.  in  Ann^ 
d'hyg.,  1"  série,  t.  XX,  p.  5,  241, 1838.  —  Scuausbergkb  (Jos.).  DeUrium  tremens,  in  Herven- 
fieber  ubergegangen  durch  Weingeheilt.  In  CEsterr.  med,  Wchsckr.,  1841,  p.  582.— Bvdo  (G.). 
aùMml  iMtureou  DeUrium  tremens*  in  Und.  Med,  Gai»,  U  XXX,  p.  280, 1842.-«liAB«o». 
Zur  Pathologie  der  ISàufèrwahnsinns.  In  Pfa/Ts  Mitth.,  1841,  Ufc.  56,  et  Schmidfs  Jakrb  , 
t.  XXXYUI,  p.  164,  1843.—  Schhidt  [J.].  De  specifica  qux  abusu  potuum  spiriluosorum 
âxoriturmorbosa  dispositione,  ejusque  in  morbosfî^br.  effectu.  Berol.,  1841.—  Prochazka  (  J.  G.I. 
De  marbiê  poiaiorum.  Prag»,  1842.— Bubibi  k  Boismut.  Queues  observations  sur  la 
foUe  de  rivresse.  In  AnfuUes  médiiOhpsgebologiques,  t.  III,  p.  83, 1844.  -*  Mabcbl.  De  la 
folie  par  fabus  des  boissons  akooliquet.  Thèse  de  Paris,  1847,  n"  18.  —  Garperter.  On  the 
Use  and  Abuse  of  AlcohoUe  Liquors.  London,  1850,  in-8*.  —  Name.  Zur  Thérapie  des  Brannt- 
metu-^Miêsbrauchs.  In  BeiMsehe  Mtschr.  1851,  p.  021.— StEHâT  (A.).  SHufigr-Kachexie. In 
Deutsche  KUnik,  t.  lY,  p.  103,  1852.— Delabudve.  Diagnostic  différentiel  du  deUrium 
tremens  ou  stupeur  ébrieuse.  In  Rev,  méd.,  1850,  t.  Il,  p.  657.  —  ÏÏune  forme  grave  de 
deUrium  tremens.  Ibid.,  1852,  1. 1,  p.  449.  —  Hoss  (Hagnus).  Chronische  Aleoolt  Krankheilen, 
oder  Aleoolis  chronieus,  Stockholm,  u.  Leipzig,  1852,  in-S*. —  Lwrobl  (Pr.  B.).  Du  deUrium 
tremens.  Thèse  de  Paris,  1852,  n*  41.  —  Reier  (L.  G.  G  ).  D^  Paleootisme  chronique»  Thèse  de 
Paris,  1853,  n" 205.  —  Goidi [h,).Ueber die  tôdtUchen Cauêalmomentebei Pnewnoniapotatorum^ 
deren  Diagnose  und  Verwerthung  fur  die  Thérapie.  In  Gûnsb.  Ztsehr.  fUr.  kl.  Med.,  t.  YI,  p.  401, 
1855. — Raidomr  (G.).  Uber  und  Gehim  béji  ehroniseher  Atkoholintoxication.  In  Areh,  de 
Pharm,,  t.  CXLIl,  p.  141.  eiSchmidi'sJiOurb.,  t.  GXVIII,  p.  6, 1858.  —  LAtcoa  (Th.).  CUnicat 
Illustrations  of  the  Pathology  and  Treatment  of  DeUrium  tremens.  In  Edinb.  Med.  Joum., 
t.  IV,  p.  289, 1858.  — Thorecp  (P.  L.].  Essai  clinique  sur  takoolisme.  Thèse  de  Paris,  1859, 
n*74.  — Motet  (A.  A.).  Considérations  générales  sur  F  alcoolisme,  et  plus  particulièrement 
des  effets  toxiques  produits  sur  l'homme  par  la  Uqueur  dabsinUte.  Thèse  de  Pana,  1^9, 
0*  250.—  Harcbt  (W.).  OnCkrouic  Intoxicati.n,  or  AlcohoUe  Stimulants  in  ConnexUm  with  the 
Servons  System,  etc.  London,  1860,  in-12. — Jones.  On  Digilalis  in  DeUrium  tremens.  In 
Med.  Times  and  Gaz.,  1860,  t.  II.  p.  301.  — Varston  (Jeffery  A.).  Oti  DeUrium  tremens.  In 
Edinb.  Med,  Joum.,  t.  YI.  p.  305, 1860.  —  Lmcr  (T.).  Études  sur  Viûtére  déterminé  par  les 
boissons  'akooUques,  In  Soc  de  Biol.,  et  Joum.  de  chim.  méd,,  4*  série,  t.  VI,  p.  600, 
1860.  —  Uacle  (Y.  A.].  De  l'alcoolisme.  Thèse  de  concours,  1860,  in-^».  —  Lecsir  (J.).  Études 
sur  r  intoxication  alcoolique.  Caen,  1860,  in-8«.  — Bossdorft.  Alcoholophilia  periodica.  In 
Hggien,  t.  XX,  p.  519,  1860,  et  Schmidt's  Jahrbb.,  t.  CX,  p,  178,  1861.  —  Ba$hav.  Praetieat 
CUmeal  Bemarks  on  the  Effects  of  Alcshol,  or  Spirit-DrUMug  in  Diseuses  ofthe  IJver.  lu 
the  Lancet,  1861,  t.  I,  p.  228.  —  Pireie  (\Y  ).  On  DeUrium  tremens  and  ils  Treatment.  In 
Edinb.  Med.  Jaum.,  t.  YIII,  p.  324,  5U9;  1862.  —  Boucuaroat.  De  l'usage  et  de  fabus  des  bois- 
sons fermewiées  et  des  liqueurs  fortes.  In  Annuaire  de  thérapeutique,  1862,  p.  208.  —  Duré- 
m  (L.,.  etP-.NianT  (G.).  Habitudes if  ivrognerie,  affections  générales  aiguis  à  marche  rapide, 
diminution  considérable  de  la  masse  du  sang  avec  déformation  des  globules,  etc.  In  Gaz.  hebd., 
186i,  p.  23.  — Laurat  (A.).  ÏJ alcoolisme,  son  influence  tur  la  production  de  laphthitie  et  des 
troubles  menstruels  In  Un.  méd.,  2«  série,  t.  XIY,  p.  537.  1862.  —  Kram».  De  la  phthisie  chez 
tes  buveurs.  In  Soc,  méd.  shir.  de  Liège,  elGas.  des  hùp.,  i8Gi.  —  An^elhicr  De  rempoisou- 


704  ALCOOLISME  (MébK«:i!i£  lbgalk). 

nement  par  Vaùsmthe,  Paris,  1862,  iii-12.  —  Coxmss  (A.).  Eitideê  nar  Vûle^oiume  et  hêt 
ntiologie  de  la  paralysie  générale.  Thèse  de  Paris,  1862,  n*  115.  —  Seua  {VU.  .  Om  DeUrîum 
Tremens  as  dûtinguUhed  f^om  toher  Effects  on  the  MM,  reai  or  apparent,  of  Excesâ  m 
Drinking.  In  Edmb.  Med.  Joum  ,  t.  IX,  p.  3b9,  1863.  — Ghbixb  (L.  E.)  De  la  pùmiie  «fmM- 
cale  alcoolique.  Thèse  de  Paris,  1863,  n*  16.  —  Horeao  (J.  M.  F.)  De  la  Uqwear  ^abamtke  et 
de  Mes  effets,  Paris,  1863,  in-8«.  —  Hardwick  (R.  G).  Some  Bemarla  about  Deiiriam  Trement 
In  Med.  Times  and  Gaz.,  t.  II,  p.  1^0.  — LagarosseIJ.}.  Euai  sur  la  folie  aleootégue  aiguë. 
Thèse  de  Paris,  1864,  n*  47.  —  Pusecki  (J.).  Hygiène  de  la  classe  ouvrière  dis  Bam-e  m  point 
de  vue  de  Valcoolisne.  Thèse  de  Paris,  n*  190,  1864.  —  Pbiiiistibr  (G.).  De  la  gmstrUe  dam 
l'alcoolisme.  Thèse  de  Paris,  n*  59,  1865.  —  Plus  un  très-grand  nomhre  de  dissertations 
inaugurales,  anciennes  et  modernes,  françaises  et  étrangères,  d'obserTations  paiticaliérei 
insérées  dans  les  différents  recueils  et  joumaui;  nous  avons  seulement  docmé  les  princi- 
pales. Voir  en  outre  la  bibliographie  des  articles  Alcool  (pbysiol.  et  Uniool.)  Aloooubh 
(méd.  légale),  Deuriom  trehrrs.  Itrbsse  et  enfin  les  traités  de  pathologie.     B.  LàvaaMàMK. 

Hédcciiie  légale.  L*alcoolisme  place  Âoomme  daiis  des  coaditions  |ar- 
ticulières,  transitoires  ou  permanentes,  qui  ont  une  grande  importance  en 
médecine  légale.  C'est  Tintoxicatiou  la  plus  fréquente,  celle  vers  laquelle,  dans 
tous  les  pajs,  ou  est  entraîné  par  le  goût  le  plus  vif  et  le  plus  répandu;  elle 
modifie  à  la  fois  le  physique  et  le  moral  ;  elle  cause  la  mort,  elle  influe  sur  les 
maladies  et  sur  les  blessures,  et  s*attuquant  aux  facultés  de  rame,  ce  breuvage 
enivrant  donne  l'impulsion  à  tous  les  entraînements  criminels,  affaiblit  et  sup- 
prime la  liberté  morale. 

Les  questions  de  médecine  légale  se  rap()ortcnt  au  fait  même  de  ralooobme 
et  à  son  influence  ;  il  faut  démontrer  que  Tintoxication  existe  et  mesure  ses 
effets;  nous  examinerons  successiveiuent  :  l^la  preuve  de  l'alcoolisme;  2*  le  genre 
de  mort  et  rinfluerice  sur  les  blessures  ;  3®  la  liberté  morale  et  la  respoosabibté. 

I.  Preuve  de  l'alcoousme.    Le  premier  point  à  établir,  c'est  le  fait  de  Talcoo- 

.  lismc  ;  cette  question  se  pose  dans  la  plupart  des  affaires  criminelles  ;  la  mort 

subite,  l'accident,  aussi  bien  que  le  suicide  et  l'homicide,  exigent  ce  genre  de 

recherche.  La  preuve  se  fait  pour  l'accusé  et  pour  la  victime,  pendant  la  TÎe  ou 

après  la  mort,  dans  l'alcoolisme  aigu  et  dans  l'alcoolisme  chronique. 

L'eiK(uéte  et  les  témoignages  fournissent  en  général  à  la  justice  des  reuseigiib- 
ments  suffisants,  et  se  font  en  dehors  du  médecin  ;  celui-ci  peut  cependant  donner 
une  direction  aux  recherches  ;  il  appellera  l'altenlion  sur  les  points  les  plus  carac- 
téristiques, sur  la  nature  des  boissons,  la  dose  probable,  les  conditions  dans  k*»- 
quelles  s'est  produite  l'ivresse,  les  habitudes  de  la  victime  et  de  la  personne  incn- 
minée.  Les  preuves  médicales  sont  fournies  par  les  symptômes,  par  l'autopsie,  par 
les  caractères  chimiques. 

i*  Diagnostic  médicoiégal.  Le  médecin  doit  reconnaître  Tivresse,  la  distinguer 
de  l'ivresse  simulée,  de  celle  qui  est  produite  par  d'autres  substances  enivrantes,  do 
eflists  des  maladies  et  des  blessures.  Comme  dans  toutes  les  intoxications,  les}m|»- 
tome  constitue  une  partie  essentielle  des  preuves  et  la  seule  souvent,  pour  l'alcoo- 
lisme aigu.  Nous  n'avons  pas  à  reproduire  le  tableau  de  Tivresse,  si  fidèlenieDt 
retracé  plus  haut,  nous  nous  arrêterons  à  quelques  points  qui  importent  plu^ 
particulièrement  à  la  médecine  légale. 

Invasion,  l^s  effets  de  Talcool  sont  imrlois  tellement  instantanés  qu'on  hésite 
à  les  rapporter  à  leur  véritable  cause  ;  l'acte  est  commis  au  moment  où  Too  com- 
mençait à  boire  :  dépend-il  déjà  de  Tivresse?  Il  faut  se  rappeler  ici  que  l'akool  est 
rapidement  absorbé  ;  si  la  dose  est  notable,  si  l'on  a  bu  de  l'eau-de-vie,  du  kirscb 
ou  toute  autre  liqueur  distillée,  Tactioupeut  être  immédiate.  On  a  m  tomber  mort^ 
des  individus  qui  avalaient  d'un  seul  trait  un  demi-htre  et  plus  de  ces  brctlTlge^. 

D'autres  |)ersonnes  arrivent  tout  à  coup  au  paroxysme  de  la  fureur,  tait  ph»  rarv 


ALCOOLISMB  (hkokcinr  lkgale).  705 

pour  la  bière  et  pour  le  viu.  Vingt  à  trente  grammes  d'une  liqueur  distillée  peu- 
vent déjà  troubler  la  raison,  tandis  que  le  quadruple,  dans  une  boisson  femicntée,  se 
supporte  facilement;  les  dispositions  individuelles  ont  ici  une  influence  décisive; 
les  plus  rapidement  atteints  sont  ceux  qui  n'ont  aucune  habitude  des  liqueurs  spi- 
ritueuses  ou  les  ivrognes  de  profession,  qu'une  faible  dose  d'alcool  jette  dans 
rivresse  subite. 

Simulation,  Les  preuves  seront  rechercliées  dans  les  signes  objectifs  plutôt 
que  dans  ceux  qui  dépendent  de  la  volonté  :  «  Ebrius  non  praesumitur,  onus  pro- 
baudi  incumbit  alleganti  ;  a  si  les  lésions  d  ^  rintcUigence,  de  la  sensibilité,  de  la 
motilité,  appartiennent  à  l'alcoolisme,  on  se  rappellera  avec  quelle  facilité  ces 
symptômes  sont  reproduits  par  le  simulateur  qui  a  intérêt  à  faire  croire  qu'mi  acte 
a  été  commis  dans  l'ivresse.  L'air  liébété,  Tembarras  de  la  parole,  la  démarche 
titubante,  le  délire  des  paroles  et  des  actes,  sont  imités  à  faire  ilhision.  Des  signes 
(léc-isifs  seront  fournis  par  Tétat  des  fonctions  organiques.  Les  indices  de  la  fraude 
sont  Tabsence  d'odeur  alcoolique,  de  vomissement,  de  sueurs,  d'abondante  émis- 
sion d'urine,  de  signes  d'élimination.  Le  pouls  reste  calme,  après  une  excitation 
passagère  produite  par  le  mouvement  ;  la  respiration  n'est  pas  accéléiiée,  embar- 
rassée, stcartoreuse,  comme  elle  le  devient  à  la  dernière  période  de  l'ivresse.  IjOs 
profond  sommeil  qui  est  la  crise  de  cet  état,  et  qui  se  prolonge  pendant  plusieur 
heures,  forme  aussi  un  caractère  dbtinctif.  L'insensibilité,  poussée  au  point  que 
les  blessures  les  plus  graves,  les  opérations  les  plus  douloureuses,  que  laccou- 
cheroent  n^éme,  ne  sont  point  perçus,  le  réveil  de  l'ivrogne,  accompagné  d'un 
malaise  caractéristique,  le  souvenir  entièrement  eflacé  des  actes  les  plus  graves, 
serviront  encore  d'indices.  La  dissimulation  de  l'ivresse  est  difficile;  il  faut  une 
force  d'esprit  considérable  pour  comprimer  des  symptômes,  qui,  sous  l'influence 
la  plus  légère,  font  tout  à  coup  explosion. 

Formes  et  durée.  Ije  diagnostic  s'attache  à  préciser  les  degrés  de  l'ivresse, 
excitation,  perversion,  stupéfaction,  et  le  symptôme  dominant,  hallucination,  état 
convulsif,  fureur.  Les  formes  de  l'ivresse  dépendent  de  la  nature  des  boissons  et 
des  dispositions  individuelles  ;  chez  le  même  sujet,  elles  se  reproduisent  avec  assez 
de  constance.  On  a  intérêt  à  savoir  combien  de  temps  un  homme  peut  être  consi- 
déré comme  ayant  agi  sous  l'action  de  Talcool  ;  quelques  heures  suilisent,  dans  les 
i\resses  légères,  pour  dissiper  le  délire  et  amener  le  sommeil;  avec  une  dose 
modérée  d'alcool,  l'influence  est  à  son  maximum  au  bout  de  trois  heures;  en  cinq 
heures  elle  semble  épuisée  (Perrin).  Hais  la  durée  est  évidemment  variable  suivant 
la  dose  et  diverses  conditions.  «  Ego  non  minori  spatioquam  trium  dierum  gênera- 
it ter  solvi  ebrietateni  dixerim,  pra^sertim  ad  eflectum  ut  ad  integram  mentis  sani- 
tatem,  rediisse  ebrius  diri  potest.  IxNjuor  non  de  levi,  sed  de  consummata  ebrie* 
Lite,  n  (Zacchias.)  Ou  peut  encore,  dans  les  deux  ou  trois  premiers  jours  qui 
suivent  rivresse,  reconnaître  qu'elle  a  existé,  par  les  symptômes  consécutifs. 

Espèce  d'alcool.  On  a  quelquefois  intérêt  à  connaître  quel  est  l'alcool  employé. 
Est-ce  l'ivresse  du  vin,  de  la  bière  ou  du  cidre;  celle  de  l'eau-de-vie,  du  kirsch, 
du  genièvre,  de  l'absinthe?  Ijq  délire  furieux  accompagne  plus  facilement  l'usage 
des  boissons  distillées;  on  dit  qu'il  est  fréquent  en  Chine,  sous  l'influence  de  l'eau- 
de-vie  de  sorgho.  Quelques  substances,  des  hniles  essentielles,  paraissent  avoir  une 
action  plus  spéciale  sur  la  moelle  épinièrc,  elles  abattent  le  buveur  au  lieu  de 
l'exalter;  ainsi  certains  vins  du  département  du  flauï-Rhin  produisent  facilement 
des  accidents  paraplégiques.  La  médecine  légale  appliquera  les  connaissances 
acquises  sur  les  cflcts  de  ces  diverse»  boissons. 

DICT.    R!Kr.   II.  Ao 


706  ALCOOLISME  (xêdeciice  légale). 

La  présence  de  l'alcool  amylique  dans  les  eaux-de-vie  de  grains  de  bettenves, 
de  pommes  de  terre,  augmente  Ténergie  du  breuvage  et  peut  produire  des  dlelf 
inattendus;  il  résulte  d'expériences  (Gros,  Thèse  de  Stndwnrg,  i86S)  que  h  puis- 
sance enivrante  de  cet  alcool  est  décuple  au  moins  de  celle  de  Talcool  ordinaire. 

Intoxications  diverses.  Le  médecin  aura  à  distinguer  l'ivresse  alcoolique  de 
celle  qui  est  refTct  d'autres  substances.  Des  accidents,  le  suicide,  une  fraude  cou- 
pable, des  intentions  perverses,  sont  l'occasion  de  ce  diagnostic  différentid.  Le  poi- 
son peut  avoir  été  employé  seul  ou  mêlé  au  vin.  La  conftision  porte  le  plus  souvent 
sur  trois  catégories  de  substances,  sur  l'opium,  la  belladone,  lajusquiame,  le  tabar 
et  le  datura-stramonium;  quelquefois  sur  l'éther  et  le  chloroforme,  dont  l'ivresse 
est  plus  prompte  et  moins  durable,  et,  dans  des  cas  accidentels,  sur  les  carinire^ 
d'hydrogène,  l'essence  de  térébenthine,  l'huile  de  naphte,  la  nitro-bentîne,  Tani- 
line.  Les  caractères  propres  de  l'ivresse  seront  mis  en  rapport  avec  les  symptômes 
qui  appartiennent  à  chacune  de  ces  substances.  La  prévention  occasionne  ici  le» 
plus  étranges  erreurs  ;  nous  connaissons  l'observation  d'un  homme  qui  s'était  em- 
poisonné par  de  l'acide  nitrique;  considéré  comme  ivre,  au  milieu  du  désespoir 
occasionné  par  les  plus  afireuses  soufirances,  il  est  abandonné  et  meurt  sans  soins. 

Maladies,  L'ivresse  peut  être  confondue  avec  les  symptômes  d'une  maladie, 
avec  le  délire  initial  de  la  fièvre  typhoïde,  la  congestion  cérébrale,  l'apoplexie,  les 
suites  d'une  plaie  de  tête.  Plus  d'une  fois  on  a  pris  pour  un  homme  ivre  le  blessé 
atteint  de  commotion  cérébrale,  de  contusion  du  cerveau,  l'homme  suMasaiit  les 
effets  du  froid  on  d'une  excessive  chaleur.  L'erreur  inverse  a  été  commise.  Le 
diagnostic  se  base  sur  la  présence  de  l'alcool  et  sur  les  signes  comparés  de  l'intoxi- 
cation et  de  la  blessure.  La  difficulté  est  plus  grande,  si  une  maladie  consécative, 
l'apoplexie  par  exemple,  s'ajoute  aux  effets  de  l'ivresse,  ou  si  elle  se  compliqua 
des  effets  d'une  blessure  ;  il  faut  alors  constater  l'un  et  l'autre  état  et  faire  la  port 
des  deux  influences. 

La  preuve  de  V alcoolisme  chronique  ne  présente  pas  de  difficultés  ;  des  signes 
évidents  confirment  les  témoignages:  au  caractèremoral  de  l'ivrogne,  aux  vertiges. 
au  tremblement,  à  l'insomnie,  se  joignent  les  signes  organiques,  la  dyspepsie,  U 
gastrorrhée,  la  raudté  de  la  voix,  la  couperose,  l'embonpoint  maladif,  la  maigreur 
avec  l'obésité  abdominale  et  les  diverses  affections  du  cœur,  du  foie  et  des  refn>, 
qui  ne  laissent  aucun  doute  sur  cette  triste  cachexie  C'est  à  l'article  de  la  cem- 
inistion  spontanée  que  nous  examinerons  TinAuence  de  l'alcoolisme  sur  b  com- 
bustibilité  des  tissus.  La  question  importante  est  de  préciser  le  degré  d'altération 
des  facultés  mentales.  Bientôt  paraissent  les  formes  si  caractéristiques  de  la  Mie 
ébrieuse  qui  appartiennent  à  l'histoire  de  la  liberté  morale  et  de  la  responsabilité. 
Rappeler  que  certaines  intoxications  chroniques,  résultat  de  l'industrie,  celles  par 
le  plomb,  le  cuivre,  le  mercure,  le  sulfure  de  carbone,  rarsenic,  le  phosphore, 
exercent  une  action  également  profonde  sur  le  système  nerveux,  c'est  indiqutrr 
sur  quelles  bases  repose  le  diagnostic,  et  en  définitive  dans  l'un  et  dans  l'antre ea> 
le  médecin  légiste  est  appelé  à  déterminer  l'influence  de  ces  agents  sur  l'intell»- 
genoe  et  sur  la  volonté. 

S®  Constatation  après  la  mort.  L'individu  a  cessé  d'exister  ;  la  mort  est«ellr 
le  résultat  de  l'alcoolisme  ?  Le  médecin  seul  peut  résoudre  cette  question  ;  il  .^ 
base  sur  les  caractères  anatomiques. 

La  face  peut  présenter  l'expression  de  l'hébétude  et  du  sommeil;  elle  est  sou- 
vent pâle,  parfois  turgescent  *,  avec  teinte  bleuâtre  des  lèvres  et  des  oreilles,  U 
langue  engagée  entre  les  arcades  dentaires,  lies  lividités  cadavériques  se 


ALCOOLISME  (n&oecijib  lécalb).  797 

promptetnentei  Mnî  souvent  trto-eonsidéntbies.  On  affirme  que  la  putréiictioii 
est  plus  lente  ;  nous  Tavons  TUe  rapide  dans  un  eas  où  la  mort  atait  été  ooGaskm* 
née  par  Tingestion  d'une  énorme  quantité  de  vin.  Ghex  un  noyé  de  vingft-dtu 
joors,  en  pleine  putréfaction  gioeuse,  les  aliments  contenus  dans  l'estoiBac  et  im- 
bibésdê  liquide  alcoolique,  étaient  parrafitement  ooiiserrés. 

Les  principaux  signes  sont  fournis  par  )e&  congestions  cérébrale  et  pulmonaire 
et  par  l'état  du'iang. 

Uhfperémieeér^ale.'fcm^e  à  un-baiit  degré,  occupe  principalement  la  pie<- 
mère;  jamais,  dit  Morgagni,  pour  un  cas  de  ce  genre,  je  n'ai  tu  une  pareiiie  plé*» 
nitnd^desntîsseftiiX'de  la  piehmèrâ>et  des  plexoB  choroïdes.  L'hémorrfaagie  mé^ 
niffiée  est  fréquente  ;  Mergdgvii  a  constaté  la  présence  du  sang  dans  les  Tentriettltti  ; 
M .  TiiitMeu  a  oluperté  deux  fois  sur  sept  la  même  lésion  et  trois  fois  l'épandiemeiit 
dannsIcpieHfnère;  snr  cinq  autopsies,  Casper  a  rencsniré  une  fois  riiémorrhagie 
mrinngée.  Le  par^fk^hyme  cérébral,  la  substance  gnsc  surtout,  est  oangestioanée  ; 
d'autres  fois  cette  injection  est  médiocre.  Un  des  «gnes  les  plus  ordinaires  et  que 
nous  ayons  rencontré  cinq  fois  sur  neuf  autopsies  d'indÏTidos  morts  par  suke 
(riiTesse,  c'est  l'abondance  de  la  sérosité  cérébrale,  dans  les  ventricules  ou  dans 
les  mailles  de  lapie^mère.  L'hydropisie  des  ventricules  peut  dominer  et  être  ac- 
compagnée du  ramollissement  et  de  la  diflluenoe  de  leurs  parob,  qui  sont  comme 
macérées  dîans  le  liquide.  Dans  un  cas  de  mort  assez  prompte  à  la  suite  d'etcès 
considérables,  j'ai  observé  cette  lésion,  constatée  deux  fois  par  H.  Tardieu.  La  sé- 
rosité peut  être  trÈs-abondante  sous  rarachnoide  et  en  faible  quantité  dans  les 
ventricules;  chez  une  femme,  décédée  en  état  d'ivresse,  le  liquide  de  ht  pie-mère 
l'At^^nattet  comprimait  les  circonvolutions  cérébrales,  au  point  de  constituer  une 
véritable  apoplexie  séreuse. 

Uk  eongestûm  despcnanons  nous  semble  encore  plus  constante  et  pluscaracté-^ 
ristifpie  que  celle  du  cerveau;  ces  organes  sont  injectés,  gorgés  de  sang,  qui  en 
ruisselle  esmme  d'une  éponge;  leur  couleur  est  d'un  rouge  brique  (Devergie)  ou 
d'un  bnm  noirâtre;  l'hypostase  est  considérable.  M,  Tardieu  a  observé  l'apoplexie 
pntaDonaire.  Les  brotebes  sont  souvent  injectées,  elles  renferment  de  l'écume  et 
du  munis.  On  lient  supposer  que  l'action  locale  de  l'alcool  irrite  la  muqueuse  et 
(•st  pour  quelque  diose  dans  la  pneumonie .  des  ivrognes.  En  noyant  des  lapin» 
dans  l'aWool  où  ils  périssent  eh  moins  d'une  minute,  au  lieu  des  trois  ou  quatre 
minutes  nécessaires  dans  l'eau  >  nous  avons  constaté  que  les  poumons  devenaient 
jaunâtr4sK  consistants  par  la  coagulation  de  ]e\m  éléments  albumineux,  et  que 
leur  densité  s'élevait  à  0,904  et  0,956^ au  lieu  de  0,756,  quand  l'animal  suc- 
combe dans  l'eau.  Malgré  l'anecdote  si  connue  du  duc  de  Glarence,  noyé  dans  un  ton^ 
neini-denialvoisie,  il  est  peu  probable  qu'un  accident  de  ce  genre  soit  observé  sur 
rhominer;'màis  dans  les  excès  qui  se  prolongent  et  qui  saturent  pour  ainsi  dire 
ror9Miiaiie>d'aloool,  il  ne  serait  pas  impossible  qu'un  changement  de  densité  se 
produisît  dans  le  poumon. 

La  UqndiiédMsaing  efct  un  des  caractères  les  plus  oonstauts  ;  le  sang  est  Uquide 
et  foncé  (Casper)  ;  il  est  noir  et  liquide  (Tardieu).  Nous  l'avons  trouvé  noirâtre  et 
liquide  cinq  fois  ;  liquide  et  d'un  rooge  phis  ou  moins  foncé>  trois  fois,  dans  un 
ras  aotamment  où  la  mort  avait  été  instantanée.  11  fout  s'entendre  sur  l'exprc»- 
>ion  de/fluiëité  généralement  admise  ;  elle  signifie  qu'il  ne  se  forme  pas  un  caillot 
régnlier  et^oonsistant,  comprenant  la  fibrine  et  l'hémaiosine,  avec  séparation  du 
^énon,  mai^  non  que  les  éléments  du  sang  soient  dissous,  comme  ils  le  sont  par 
In  potasecaustique.  L'ahaool)  au  contraire,  coagule  et  précipite  sur  place  la  fibrine 


708  ALGÛOLISNE  (MiDEcisR  l£calr). 

et  l'albumine;  le  sang  roifemie  de  petits  grumeaux  qui  restent  sur  le  filtre;  h 
fibrine  est  plus  courte  ;  ses  débris  peuvent  former  des  noyaux  d'embolie,  obtrucr 
les  capillaires  des  poumons  et  contribuer  ainsi  à  la  forte  congestion  deœs  orguies. 
La  présence  des  caillots  dans  le  sang  a  aussi  été  constatée;  Petit  dtsaitqne  l'alootl 
injecté  dans  les  veines  coagulait  le  sang  et  causait  ainsi  la  mort.  Dans  une  «ks 
expériences  d'Orfila  (Toxicologie^  t.  II,  p.  150),  le  cœur  droit  contenait  quelques 
caillots  gélatineux.  Gasté  a  noté  l'existence  de  caillots  fibrineux.  M.  Tardïen  a  vu 
nne  fois  (7^  cas)  des  caillots  peu  consistants  dans  le  cœur  droit.  Gasper  (obs.  219) 
note  que  le  cœur  droit,  et  notamment  l'oreillette,  était  goi^  de  sang  taaà  et 
coagulé.  Nous  avons  constaté,  dans  des  expériences  et  des  autopsies,  cette  eoagnh- 
tion  du  sang.  Chez  trois  lapins  noyés  dans  l'alcool,  un  caillot  remplissait  chupe 
moitié  du  cœur  et  se  prolongeait  dans  les  gros  vaisseaux.  Deux  autopsies d'individai 
morts  en  état  d'ivresse  nous  ont  présenté  des  caillots  rougeâtres  ou  noirâtres  diK 
la  moitié  droite  du  cœur,  et  une  fois  en  même  temps  dans  le  vttitriculegandie.Le 
ventricule  droit  est  le  plus  souvent  le  siège  de  ces  concrétions  difiQuentes.  Dans  des 
cas  même  où  l'ivresse  était  combiiiéeavec  des  genres  de  mort  de  nature  i  fluidifier  k 
sang,  nous  avons  rencontré  ces  caillots  exceptionnels.  Un  homme  quitte  le  cabiRt 
pour  se  pendre  ;  le  ventricule  droit  renferme  un  coagulum  assez  vdumineux  ;  chcs 
un  noyé,  dont  l'estomac  et  le  sang  contenaient  du  kirsch,  on  observait  quekpei 
caillots  noirâtres  dans  le  cœur  droit  ;  sur  deux  autres  noyés,  morts  en  état  d'ivrese, 
le  sang  était  chez  l'un  cailleboté  à  droite,  et  chez  le  second  mélangé  de  caiUoli 
noirâtres  dans  les  deux  moitiés  du  cœur.  Un  phthisique  meurt  subitement  apiis 
avoir  bu  un  litre  et  demi  de  vin  rouge  ;  le  sang  contenait  de  l'alcool,  des  caillots 
décolorés  existaient  dans  les  deux  moitiés  du  cœur.  Si  la  mort  est  très^proopte, 
malgré  la  présence  de  l'alcool,  le  sang  peut  avoir  une  couleur  différente  du»  Ici 
deux  moitiés  du  cœur  ;  nous  l'avons  trouvé  plus  rouge  i  gauche  cbei  un  noyé  et 
chez  un  pendu,  morts  tous  deuie  en  état  d'ivresse. 

Ces  modifications  du  sang  dépendent  de  la  proportion  de  l'aloool  el  de  la  npi- 
dite  du  genre  de  mort.  C'est  dans  les  cas  où  l'agonie  se  prolonge,  où  le  malade 
succombe  à  une  asphyxie  lente,  que  l'on  rencontre  surtout  des  caillots  dans  k 
cœur  ;  ainsi  Morgagni  (Epist.  xxiv,  n*^  35)  a  trouvé  un  coagulum  épais  •  Mf 
posx  eoncretiones  in  ventriculo  cordis  »  diez  un  homme  mort  le  4^  jour  des 
suites  de  l'ivresse.  Constatons  cependant  que  la  fluidité  du  sang  est  k  lègk 
même  quand  Vivresse  a  eu  une  longue  durée  et  que  les  caillots,  s'il  eu  existe,  sont 
toujours  diffluents.  Ou  a  signalé  la  rougeur  des  valvules  signundes  et  de  la  tofliqse 
interne  des  artères,  qui  s'explique  sans  doute  par  une  plus  (acile  imbibition  dn 
sang  resté  liquide. 

Le  sang  peut  offrir  encore  d'autres  caractères  ;  sa  consistance  varie,  nous  Ta- 
vons  vu  poisseux  ;  «  ftuidiot'sed  crassior  ■  (Morgagni,  Ep.  vi);  oal'a  trourégnis' 
seux,  laiteux,  renfermant  des  globules  de  graisse  et  une  plus  forte  proportion  de 
globules  blancs. 

V estomac  peut  être  vide  ou  ne  contenir  qu'un  liquide  plus  ou  moins  épais;  daos 
la  moitié  des  cas,  nous  l'avons  trouvé  rempli  d'aliments  réceounent  ingéris.  La 
vacuité  semble  coïncider  avec  les  morts  les  (dus  promptes.  On  sait  que  b 
d'aliments  dans  l'estomac  diminue  l'absorption  de  l'alcool;  les  substances 
ont  été  considérées  comme  ayant  surtout  cet  eflet.  Le  plus  souvent,  dans  Vh 
tion  aiguë ,  ou  ne  trouve  pas  de  lésions  notables  de  l'estomac  ;  la  mnqueqae  pent  Hic 
injectée  par  places,  plus  dense  et  friaUe,  tachetée  d'ecchymoses,  couverte  ds  wêê^ 
sites  jaunâtres,  ou  même  sanguinolente;  nous  l'avons  vue  d'une  couleur  teriaie 


ALCOOLISME  (MiDBGlRE    LéGALB).  709 

par  l'action  du  kirsch ,  et  parsemée  de  petits  vaisseaux  contenant  des  coagulunis.  Les 
ulcères  superficiels,  les  infiltrations  purulentes,  le  ratatinement,  les  distensions  du 
TÎsoère,  appartiennent  à  l'état  chronique.  Le  foie  est  souvent  volumineux,  les  reins 
sont  hyperémiés.  L'état  de  la  vessie  est  variable  ;  dans  treize  de  nos  cas,  où  l'ivresse 
était  évidente  au  moment  de  la  mort,  survenue  par  diverses  causes,  huit  fois  la 
vessie  était  distendue  par  de  l'urine,  cinq  fois  elle  était  vide. 

On  rencontre  souvent  des  lésions  chroniques  qui  corroborent  le  diagnostic  actuel 
et  sont  la  preuve  des  habitudes  du  sujet.  Les  phlegmasies  séreuses,  adbésives, 
tadies  laiteuses,  fausses  membranes,  la  dégénérescence  graisseuse  du  foie,  des 
reins,  du  cœur,  des  vaisseaux,  les  lésions  de  l'estomac,  les  laryngo-bronchites, 
sont  communes,  après  l'âge  de  trente  ans  ;  nous  avons  rencontré  la  petitesse 
anormale  du  cœur.  Ce  n'est  guère  que  chez  les  individus  jeunes  que  l'intoxication 
aiguë  existe  sans  ces  complications  caractéristiques. 

3*  Preuve  chimique.  La  preuve  chimique  de  l'alcoolisme  doit  être  introduite 
en  médecine  légale;  comme  dans  toutes  les  intoxications,  la  démonstration  repose 
sur  les  symptômes,  les  lésions  anatomiques  et  sur  l'existence  du  poison.  L'évi- 
dence absolue  résulte  de  la  réunion  des  trois  ordres  de  preuves.  Les  symptômes  de 
l'ivresse  sont  caractéristiques  et  le  plus  souvent  lèvent  tous  les  doutes  ;  mais  l'au- 
topsie est  moins  concluante,  les  signes  ne  sont  point  pathognomoniques  ;  la  liquidité 
du  sang  appartient  à  toutes  les  morts  subites  ;  les  congestions  cérébrales  et  pulmo- 
naires se  rencontrent  dans  divers  cas.  Sans  doute  le  médecin  arrivera  presque 
toqours  à  une  conviction  suflisante,  en  réunissant  les  symptômes  aux  lésions,  mais 
il  trouvera  le  plus  utile  complément  de  preuves  dans  la  présence  de  l'alcool. 

Jusqu'ici  cette  présence  n'était  guère  reconnue  que  par  l'odorat  ;  sur  le  vivant, 
dans  l'haleine  chargée  d'alcool,  sur  le  cadavre,  dans  l'odeur  caractéristique  qui 
s'exhale  des  tissus.  Lesorganes  répandent  une  odeur  alcoolique  prononcée  (Devergie); 
trois  fois  sur  sept,  M.  Tardieu  a  retrouvé  celte  odeur  dans  le  cerveau.  On  l'a  con- 
statée dans  le  sang,  dans  le  foie,  dans  la  rate,  mais  ce  signe  peut  manquer  et  l'ap- 
préciation d'une  odeur  est  fort  arbitraire.  Nous  l'avons  trois  fois  perçue  dans 
l'estomac,  où  elle  est  facilement  masquée  par  une  odeur  acide.  Certains  arômes 
rendent  la  constatation  phis  facile  ;  nous  avons  reconnu  dans  un  cas  l'anisette,  dans 
deux  auti*es  le  kirsch.  Mais  depuis  les  travaux  de  MM.  Perrin,  Lallemand  et  Duroy 
qui  ont  démontré  la  résistance  de  l'alcool  â  la  destruction,  son  passage  et  son 
séjour  dsns  le  sang  et  dans  les  tissus,  son  élimination  par  diverses  voies,  la  preuve 
chimique  de  l'intoxication  alcoolique  doit  être  scientifiquement  établie. 

Le  procédé  suivant,  d'une  exécution  facile,  est  appliqué  par  M.  Hepp,  dans  nos 
recherches  médico-légales  :  le  liquide  stomacal,  le  sang,  ou  les  organes  réduits  en 
bouillie  et  additionnés  d'un  peu  d'eau,  sont  placés  dans  un  matras  dont  le  bon. 
chon  est  traversé  par  un  tube  en  verre,  qui  aboutit  par  un  tube  en  caoutchouc  à 
im  petit  serpentin,  placé  dans  de  l'eau  froide  ;  on  distille  les  matières  dans  un 
bÉÎn-marie  de  chlorure  de  calcium,  à  la  lampe  à  gaz  ou  à  esprit-de-vin,  en  y  ajou- 
tant un  peu  de  tannin  pour  les  coaguler;  le  produit  est  reçu  dans  un  tube  de  verre 
au-dessous  du  serpentin;  s'il  renferme  de  l'alcool,  il  est  inflan.mable,  exhale  un 
odeur  vinique  et  colore  en  vert  le  mélange  de  chromate  de  potasse  et  d'acide 
sulfurique.  Pour  doser,  on  redistille  et  on  prend  à  la  balance  la  densité  du  produit. 
%  procédé  permet  d'apprécierquelqnes  milligrammes  d'alcool,  dans  le  produit  dis- 
tillé. Sur  le  vivant,  on  analyse  de  la  même  manière  le  sang  d'une  saignée,  ou 
celui  d'une  blessure,  l'urine  et  l'air  expiré.  L'odeur  spéciale  d'une  liqueur  alcoo- 
lique, edle  du  kirsch  par  exemple,  est  très-sensible  dans  ces  opérations. 


710  âLCUOLISSIE  (hëD£cisk  léqàli). 

Pendant  la  vie,  la  présence  de  Takool  e$t  ^noorë  constatée  pliiâeuis  heures  aiarè^ 
ringeslioade  cette  substance^  au  bout  de  huit  heures  danslair  expiréi^deqwisr 
dans  Turine  (Perrm).Si  k  mort  nVpas  été  iinniédiate,  l'analyse reteou\e,  au  bmH 
d'un  teittps  phis  long,  de  vingt  à  trente  heupes  et  peut  être  au  delà,  Takoo) 
contenu  dans  les  organes,  piincipalemeot  dans  le  foie. et  daa&le  cerveau. 

Examinons  la  valeur  de  cette  preuve  :  négativeoienjt  elle  est  abMlne  ;  si  ranaU», 
Cûte  à  temps,  ne  constate  aucune  trace  d'alcool,  il  n*y  a  ni ivmsse,  ni  mort  çauitr, 
par  une  boisson  spiritueuse.  Nous  avon$  pu  nous  servir  utilement  d906signB,iibifr 
uae  accusation  de  meurtre  par  blessure  du  crâne,  dans  un  cas  de  strangulation  eè 
l'on  affirmait  la  mort  sous  l'influence  de  l'ivresse.  L'absence  d'alcool  (bns  le  m^ 
a  fait  justice  de  ces  allégations.Ua  malheureux  meurt  dans  l'abandon^  ses  voisi» 
déclarent  qu'il  était  en  état  d'ivresse  ;  l'autopsie  constate  une  pneuinooie  et  Yuar 
lyse  chimique  ne  découvre  aupune  trace  d'alcool  dans  l'estomac,  iiidans  k  sang. 
On. arrive  ainsi  à  l'évidence  pour  des  faits  que  l'examen  anatomique  seul  laisserait 
dans  le  doute. 

La  présence  de  l'alcool  par  elle-méni^  ne  démonUe  pas  l'ivresse,  k  dose  |vui 
avoir  été  insuffisante  pour  produire  cet  effet;  uiaiaayec  la,çpncor(laiice  des  s^ol 
ptôraes  et  des  lésions  anatomiqnes,  la  démonstration  ne  kis$e  rien  à  désirer.  Dum5 
neuf  autopsies,  l'analyse  du  sang  el  des  matières  stomacales  nous  a  fourni  <v 
complément  de  preuves.  Une  fois  le  sang  oflrait  des  traces  d'alcool,  lorsque  ïv<^ 
mac  n'en  contenait  plus.  La  dose  est  un  indice,  mais  on  ne  retrouve  en  généial 
qu'une  faible  proportion  d'alcod  et  il  est  diilioile  d'en  déduire  la  quantité  dr 
boisson  dont  on  a  kit  usage;  4  à  5  milligrammes  d'alcool  pour  100  gramme 
de  liquide  stomacal  ;  i  à  2  par  100  grammes  de  sang,  ont  été  retirés  dans  on  vs- 
d'i\Tes8e  évidente.  C'est  surtout  à  k  présence  ou  h  .l'absence  de  ce  prÔMipc  iiia* 
l'on  devra  s'attacher,  en  mettant  ce  fait  en  rapport  avec  les  symptômes  et  les  lésiwb 
anatomiques. 

II.  Genre  de  mort.  lartoENCE  sur  les  blessures.  L'ivcesse  par  elle  wèrne,  tM 
indirectement,  est  une  des  causes  fréquentes  de  ces  morts  subûcset  suspectes  *\^ 
attirent  l'attention  de  k  justice. 

Mort  subite.  La  mort  peut  être  immédiate,  foqdrojimte  ;  TbonMiie  pilit  d 
tombe  ;  une  forte  dose  de  liqueur  distillée,  un  demi-litre,  un  Utre  d'eau-do^vie,  !« 
tout  à  coup,  produit  cet  effet,  au  moment  même  de  l'ingestion  ;  d'autcefois,  c'est  un 
peu  plus  tard;  une  jeune  fîlle  qui  avait  pris  du  kirsch  peutencore  regagner  son  douit- 
cile,  mais  arrivée  à  sa  porte,  elle  meurt  subitement.  Ces  accidents  ont  été  compué^ 
à  ceux  que  produisent  les  anesthésiques  ;  k  syncope  y  joue  nn  rôle,  elle  s'a^t<' 
brusquement  aux  cflets  de  k  congestion  cérébrale  et  de  l'asphyxie,  dont  on  retrouva 
aussi  les  traces  dans  ces  morts  rapides  ;  nous  avons  c(mstaté  ces  lésions  dans  deui 
cas  de  mort  par  le  chloroforme,  comme  dans  l'alcoolisme  aigu.  L'homme  iur 
peut  aussi  périr  au  milieu  des  convukions;  c'est  une  des  terminaisons  de  IVftf- 
l^psie  alcoolique.  Tons  les  observateurs  ont  reconnu  l'influence  de  i'afcodisBie  <or 
k  mort  subite;  M.  Devergie  l'a  signalée  14  fois  sur  40  cas«  Dans  65  autopsir', 
faites  à  la  suite  de  morts  subites,  nous  avons  rencontré  9  fois  l'ivresse,  oominc 
cause  évidente,  17  fois  la  plénitude  de  l'estomac,  un  repas  récent  qui  laisait  Mip- 
poser  l'influence  de  l'alcoolisme,  57  fois  la  vacuité  de  cet  organe. 

D'autrefois,  et  c'est  le  cas  le  plus  ordinaire,  la  mort  est  prompte,  sans  Htt  in* 
stantanée  ;  l'homme  ivre  est  pkcé  au  violon,  il  est  couclié  dans  son  lit,  il  s'endort 
dans  un  endroit  écarté,  et  au  bout  de  quelques  heures  on  le  trouve  sans  vie.  Le^ 
témoins,  s'il  en  existe,  déclarent  que  le  sommeil  a  été  profond  et  non  interrom|«. 


ALCOOLISME    (MÂDECIKB    LKGALIS).  711 

que  rembarras  de  la  respiration,  la  sterteur  ont  toi^ours  été  en  croissant.  Une  as- 
phyxie lente  s'est  produite  dans  le  coma  ;  c*est  alors  qu'on  trouve  les  signes  les 
^us  caractéristiques  du  genre  de  nioil,  qu'il  faut  distinguer  des  effets  des  narcoti- 
ques. Le  médecin  notera  les  circonstances  qui  ont  fav.orisé  l'action  de  Talcool,  le 
froid  qui  ralentit  l'élimination  et  aggrave  la  congestion  pulmonaire.  L'attitude  de 
rivrogne  peut  gcner  la  respiration  et  par  sa  bizarrerie  devenir  suspecte.  Nous 
avons  vu  un  idiot,  mort  dans  un  grenier  par  suite  d'ivresse,  présentant  au  cou  un 
sillon  rougeâtre,  trace  de  la  cravate  fortement  serrée,  et  au  bas  du  thona^  un  sillon 
analogue  provenant  des  vêtements,  double  coqstriction  qui  sans  aucun  doute  avait 
hâté  l'asphyxie. 

La  mort  subite  de  l'ivrogne  peut  avoir  lieu  dans  l'intervalle  des  accès  d'ivresse, 
par  rupture  vasculaire  et  apoplexie,  congestion  pulmonaire,  affections  du  cœur  ; 
M.  Lancereaux.  a  signalé  l'influence  de  thromboses  provenant  d'artérites  pseudo- 
membraneuses. 

Blessures.  L'ivresse  est  cause  d'accidents,  de  suicides,  d'homicides.  Ici  se  pré- 
sentent d'importantes  questions  de  médecine  légale  qui  se  rattachent  au  diagnostic 
et  au  pronostic. 

Plus  d'une  fois  la  mort  par  ivresse  a  été  iaussement  rapportée  à  des  violences  ; 
Louis,  dans  deux  consultations  célèbres  (affaires  Chassagneux  et  HontbaiUy.) ,  arendu 
compte  d'erreurs  judiciaires  occasicmnées  par  cette  confusion.  Richond  et  Marc, 
appuyés  par  Fodéré,  ont  obtenu  la  réhahilitation  d'un  homme  condamné  pour 
meurtre,  dans  un  cas  où  l'attitude  siogulière  de  la  victime  et  diverses  cinxm- 
stances  avaient  fait  méconnaître  le  véritable  genre  de  mort. 

S'il  n'existe  aucune  trace  de  violence,  ledkgnostic  est  Sicile;  il  repose  sur  les 
signes  de  l'ivresse.  Lorsque  des  lésions  sont  constatées,  il  faut  d'abord  reconnaître 
si  elles  sont  traumatiques,  ou  si  elles  proviennent  de  l'alcoolisme. 

La  commotion  cérébrale  détermine  une  hémorrhagie  dans  les  mailles  de  la  pie- 
mère  ;  on  la  distinguera  de  l'apoplexie  méningée,  suite  de  l'intoxication,  et  le 
plus  souvent  accompagnée  de  fausses  membranes  et  d'altération  de  vaisseaux;  la 
même  remarque  s'applique  à  l'apoplexie  pulmonaire  et  aux  déchirures  Irauma- 
tiques  du  poumon.  Des  violences  peuvent  contribuer  à  produire  ces  lésions,  sans 
en  être  la  cause  promit. 

Dans  les  m<Nrts  accidentelles,  il  faut  faire  la  part  de  l'ivresse  ;  elle  a  pu  rendre  le 
blessé  moins  adroit,  moins  prévoyant.  Ainsi,  pour  les  accidents  qui  arrivent  dans  les 
manufactures  ou  aux  employés  de  chemins  de  fer,  il  importe  de  hîen  préciser  cette 
question  qui  déplace  la  responsabilité;  le  médecin  doit  être  en  mesure  d'apprécier 
uneallégation  par  kquelle  on  cherche  à  atténuer  l'intérêt  qu'inspire  la  victime. 

On  a  attribué  à  des  coups  les  traces  de  chute,  les  écorchures,  les  ecchymoses 
proveoant  des  mouvements  convulsifs  de  l'ivrogne  ;  d'autres  fois,  h  un  homicide  les 
blessures  qu'il  s'était  faites  volontairement.  Ici  la  question  se  résout,  comme  en  de- 
hors de  l'ivresse,  par  la  considération  du  siège,  de  la  direction,  de  la  nature  et  de 
la  gravité  des  lésions.  C'est  dans  un  cas  de  ce  genre  que  Voisin,  cité  par  Percy,  à 
i-eooonu  que  des  blessures,  attribuées  d'abord  à  un  meurtre,  avaient  été  produites 
au  moment  où  l'homme  ivre  se  débattait  et  roulait  sur  le  sol. 

La  prévention  publique  est  disposée,  suivant  les  cas,  à  tout  rapporter  ou  à  l'ivresse 
ou  aux  lésions.  Lorsque  l'autopsie  constate  la  coïncidence  de  ces  deux  faits,  le  mé- 
decin doit  établir  la  part  de  chacun  d'eux,  en  mesurant  l'intensité  de  l'ivresse  et  la 
gravité  des  blessures.  Celles-ci  seront  examinées  en  elles-mêmes.  Sont-elles  de 
nature  à  occasionner  la  mort?  Telle  est  la  question  à  résoudre.  Insignifiantes  ou 


712  ALCOOLISME  (hkoecikk  légale). 

d  une  gravité  médio<ire,  piqûres,  coupures,  contusions  légères,  elles  laissent  toult* 
sa  valeur  à  la  première  cause.  D'autres  fois,  les  blessures  sont  telles,  fractures  du 
crâne,  contusion  du  cerveau,  écrasement  du  thorax,  plaies  du  coeur,  qu'aucun 
doute  n'est  possible,  et  que  Fivresse,  à  coté  de  la  lésion,  n'est  plus  qu'une  circon- 
stance accessoire.  L'appréciation  est  difticile,  lorsque  les  deux  causes  sont  ri*uni&. 
sans  prépondérance  marquée  de  l'une  d'elles.  La  blessure  eùt-«lle  été  mortelle  »ib 
l'ivresse?  Cette  question  se  présente  surtout  pour  les  lésions  du  crâne,  acoompt- 
gnées  de  commotion.  Les  particularités  de  chaque  fait  fournissent  les  éléments  de 
conviction  ;  il  est  des  cas  où  le  médecin  sera  conduit  à  admettre  les  deux  influences. 
Les  suites  éloignées  de^  blessures,  aussi  bien  que  leurs  conséquences  immédiates, 
sont  modifiées  par  l'alcoolisme.  C'est  la  congestion  cérébrale  plus  violente,  quand 
elle  succède  à  la  commotion  qui  a  eu  lieu  dans  l'ivresse  ;  c'est  le  délire  nerveux, 
délire  alcoohque,  qui  complique  la  blessure  ;  on  peut  >  oir  paraître  Tépilepsie,  li 
pneumonie,  l'érysipèle,  les  suppurations  de  mauvaise  natm'e,  l'adynamie  dans  b 
fièvre  traumatique.  C'est  surtout  dans  l'alcoolisme  chronique  que  l'on  obsene  cr» 
conséquences  graves  de  blessures,  qui,  par  elles-mêmes,  eussent  été  légères  ;  kdô- 
Uriam  tremens  peut  se  développer  tout  à  coup.  Le  médecin  signale  ces  acddails  ; 
il  indique  le  lien  et  les  intermédiaires  pathologiques  entre  la  cause  et  reflet,  et  il 
fournit  ainsi  des  éléments  à  l'appréciation  morale  et  juridique. 

m.  LIBERTÉ  MORALE  BT  RESPONSABILITÉ.  L'iutoxication  alcooUque  excite  les  pa^ 
sions,  pervertit  le  jugement,  anéantit  la  conscience  et  la  volonté;  elle  est  un  des 
mobiles  les  plus  oi'dinaires  des  actions  contraires  à  la  sécurité  des  personnes  ;  elle 
conduit  au  vice,  au  crime,  à  la  folie.  L'homme  est-il  responsable  des  actes  qu'il 
commet  sous  cette  influence?  L'ivresse  est-elle  un  délit,  une  drcoiistanoe  aggra- 
vante, une  excuse  ou  une  atténuation?  Ces  problèmes  se  posent  pour  l'alcoolisnt 
aigu  et  pour  l'alcoolisme  chronique.  La  question  de  principe  appartient  plus  lu 
moraliste  et  au  jurisconsulte  qu'au  médecin  ;  mais  ce  dernier  fournit  aussi  àei 
éléments  de  conviction  ;  c'est  une  cause  matérielle  qui  modifle  l'état  moral.  Lors- 
que la  question  devient  individuelle  et  pratique,  lorsqu'il  s'agit  d'appliquer  le  pria- 
cipe  à  un  cas  déterminé,  le  médecin  est  appelé  pour  apprécier  les  oonséquence> 
d'une  intoxication,  et  son  intervention  a  une  réelle  importance. 
Nous  examinerons  successivement  la  législation  et  les  applications  médico-légale. 
i"*  Législation.  Deux  pensées  semblent  dominer  dans  les  lob,  l'horreur  pour 
ce  vice,  le  danger  qu'il  fait  courir  aux  individus  et  à  la  société  :  l'état  mental  àr 
l'homme  ivre  qui,  perdant  la  volonté  et  l'intelligence,  cesse  d'avoir  la  conscteoce  de 
ses  actes. 

En  droit  civil,  plus  qu'en  matière  criminelle,  la  jurisprudence  est  disposée- 
i  tenir  compte  de  la  perte  de  la  liberté  morale,  occasionnée  par  l'ivresse.  Le  droit 
canon  admettait  l'incapacité  légale,  aussi  bien  que  l'excuse  :  «  Ebrius  non  poUM 

ullo  modo  contrahere  et  si  contrahat,  coiitractus  ex  ipso  jure  nullus  est \oa 

possibile  contrahere  matrimonium,  quia  consensu  caret,  nei|ue  testamentunj 
condere.  »  L'ivrognerie  n'est  pas  un  motif  de  divorce,  à  moins  qu'il  n'y  ait  fureui 
et  menace  contre  la  vie  (2accliias).  La  liberté  du  consentemeut,  qui  est  TesseoiY 
des  conventions,  est  altérée  par  l'ivresse.  Pothier,  Toulier,  Duranton,  ont  pensé  i|o<* 
rivrcsse  complète  était  une  cause  de  nullité  des  contrats.  Il  y  a  de  rimmarahtc  j 
contracter  avec  uu  houmie  ivre.  On  distingue  avec  soin  l'ivresse  volontaire  de  œlif 
qui  est  provoquée  piir  la  personne  à  qui  le  contrat  profite.  «  Lorsque  l'ivresse  e>^ 
l'elVet  du  dol  et  de  la  fraude  ;  elle  est  une  cause  de  rescision  des  conventions  et  L< 
preuve  peut  en  être  faite  par  témoins  ï»  (Cour  de  Colmar,  27  avril  1819).  Des  ar- 


ALCOOLiSME  (HiDEciNK  LicAis).  713 

rets  analogues,  Rennes,  1812,  Besançon,  4819,  Angers,  1833,  confirment  cette 
distinction.  En  Angleterre,  l'ivresse  n*invalide  (las  un  acte,  à  moins  qu'elle  n'ait 
éié  procurée  par  autrui,  dans  le  but,  d'obtenir  un  ayantage  injuste  (Guy).  En 
Pnisse,  l'homme  en  état  d'ivresse  est  considéré  comme  étant  privé  de  sa  liberté 
morale  (Gasper).  Sans  doute,  les  tribunaux  ne  doivent  pas  permettre  de  violer  la 
foi  des  contrats  en  alléguant  l'excuse  banale  de  IFivresse,  mais  lorsqu'il  sera  bien 
évident  que  l'un  des  contractants  était  dans  un  état  complet  d'ivresse,  et  par  con- 
séquent incapable  de  domier  un  consentement,  la  nullité  du  contrat  pourra  et  devra 
être  prononcée  (Briand  et  Chaude),  quand  bien  même  l'autre  contractant  aurait 
simplement  proGté  d'une  ivresse  qu'il  n'aurait  pas  provoquée.  L'interdiction,  dans 
l'alcoolisme  chronique,  est  subonlonnée  à  la  preuve  de  l'aliénation  mentale. 

La  question  suivante  peut  être  posée  à  Toccasion  des  assurances  sur  la  vie.  Le 
suicide  accompli  dans  l'ivresse  est^ii  de  nature  à  annuler  le  contrat  ?  Nous  répon- 
drons par  la  négative  si  l'ivresse  a  été  complète  et  s'il  n'est  fias  démontré  que  le 
suicide  ait  été  la  conséquence  d'une  résolution  prise  de  sang-froid. 

Les  applications  an  droit  ci'itninel  ont  une  importance  plus  générale. 

L'ivresse  a  été  considérée  comme  un  délits  comme  une  faute  punissable  en  elle- 
même.  Les  sociétés  anciennes  étaient  sévères  à  cet  égard  ;  nous  ne  rappelleront  pas 
Selon,  dont  les  lois  punissaient  de  mor^  l'archonte  qui  s'enivrait.  Aristote  voyait 
dans  l'ivresse  une  circonstance  aggravante  :  <  Aristoteles  ex  Pittaci  sententia, 
non  modo  non  excusât  ebrium  nulle  modo  quum  delinquit,  sed  majore  pœna 
afficiendum  esse  vult  quaiu  si  idem  iecisset  extra  ebrietatem  i»  (Zacchias).  Inno- 
cent III  frappait  de  peines  sévères  les  ecclésiastiques  qui  s'enivraient  et  les  décla- 
rait déchus  de  leurs  charges.  En  Franco,  un  édit  de  François  !•'  (1556)  punissait 
d'un  emprisomiement  l'ivresse  qui  causait  un  scandale  public,  et  de  peines  afflic- 
tives  et  infamantes  les  ivrognes  incorrigibles.  De  nos  jours  encore  certains  pays, 
l'Angleterre,  la  Suède,  la  Prusse  et  plusieurs  autres  États  de  l'Allemagne,  ont  des 
peines  contre  l'ivresse.  D'après  le  code  prussien,  celui  qui  pr  jeu,  ivrognerie  ou 
autrement,  se  met  hors  d'état  de  subvenir  à  ses  besoins  et  à  ceux  de  sa  famille, 
vi^l  condamné  à  l'emprisonnement. Dans  leMecklembourg-Schwerin(l  843)  ,rbomme 
ivre  qui  trouble  l'ordre  est  condamné  à  la  détention,  et,  en  cas  de  récidive,  à  des 
peines  corporelles  ;  la  dette  des  ivrognes  pour  boissons  spiritueuses  n'est  pas  re- 
coimue  et  le  cabaret  leur  est  interdit. 

En  France  nous  n'avons  pas  aujourd'hui  de  répression  légale  de  l'ivresse  ;  on 
l'atteint  indirectement  en  punissant  plus  sévèrement  les  désordres  que  produit 
l'intempérance.  Des  mesures  disciplinaires  sont  prises  dans  la  marine,  dans  l'armée 
de  terre,  dans  certains  établissements  industriels.  Quelques  arrêtés  préfectoraux 
du  Nord,  du  Finistère,  ont  assimilé  aux  contraventions  le  scandale  public  causé 
par  l'ivresse  ;  on  poursuit  aussi  les  débitants  qui  domient  à  boire  aux  individus, 
ivres,  ou  qui  reçoivent  des  enfants  au-dessous  de  quinze  ans.  Devantles  tribunaux, 
une  répression  plus  sévère  attend  les  ivrognes  de  profession,  les  hommes  violents 
et  redoutés  qui  vivent  dans  l'intempérance.  L'ivresse  en  elle-même  n'est  pas  punie  ; 
c'est  une  faute  morale  qui  relève  de  la  conscience  et  que  la  loi  n'a  pas  transformée 
en  délit  ;  les  conséquences  de  la  faute  sont  seules  atteintes.  Peut-être  serait-il  utile 
que  la  loi  frappât  diiectement  Tivresse  qui  cause  un  scandale  puUic.  Quant  à  la 
réclusion  des  dipsomanes,  elle  ne  peut  être  obtenue  qu'à  la  condition  de  prouver 
qu'ils  sont  aliénés  et  dangereux. 

L'ivresse  est-elle  une  excuse,  une  atténuation  des  actes  commis  sous  son  in- 
fluence? Cette  question  a  été  diversement  résolue  par  les  législateurs.  Le  Droit 


714  ALCOOLISME  («khecimb  (i«ALi.). 

romain,  d*abard  coDtraire  à  cette  doctrine  (JMdicia  ortftnona),  Ta  plos  tard  ad- 
mise {judicia  extraordinaria)^  en  distinguant  pour  Tivresse  les  act«s  oommi» 
<r  dolo  maio  »  et  ceux  qui  l'étaient  «  ex  animi  impeta.  »  La  peine  de  wmi  n  e- 
tait  pas  prononcée  contre  les  soldats  qui  se  noutilaient  ou  chercbaioii  à  s'dtar  h 
vie  pendant  Tivresse  («  de  re  militari.,,  per  vinum,  ofûtalis  poBoa  remittoida 
est  ».)  Le  droit  canon  reconnaissait  ratténiiation  qui  râiiUede  T-ivoene.  Zacdùae^ 
s'exprime  ainsi  :  a  In  delictis  minus  punitur.  Diflbit  inèoc  uno  a  demeule  quk 
in  delictis  non  excusatur  a  culpa  ».  C'est  dans  les  lois  pénales  de  1* Allemagne, 
que  le  bit  de  l'excuse  est  le  plus  formellement  indiqué.  La  oonstitutîoo  cnmtneUe 
de  Harie-Thérèse  admettait  que  la  personne  en  état  d'ivresse  était  incapable  de  dé- 
lit. Un  règlement  de  Joseph  II,  pour  les  Pa;s-Bas«  considère  comme  exouaerivreEâe 
fortuite  et  involontaire.  Le  code  autrichien  reconnaît  que  l'ivrasM  invdoiiUîre,  qui 
conduit  au  crime,  enlève  le  jugement  et  détruit  la^  respoosaUlité;  il  déclaie  qœ 
l'ivresse  doit  être  punie  comme  une  transgression,  quand  nn  a.c«Mnmi8  nue  action 
qui  hors  de  ce  temps  serait  considérée  comme  uncrime.fians  le  Wurtemheig,  le  dé- 
vastateur d'arbres  est  puni  de  peines  plus  douces,  s'il  est  ivœ,  àmoioa  <|a'ilnesoit 
iiTogne  de  profession.  Les  codes  bavarois,  saxon,  wurtenibergeois,badoia,  hesaois, 
contMnmeut  des  dispositions  qui  établissent  que  les  crimes  médités,  qvaad  le  jo- 
gement  était  sain,  puis  accomplis  sous  l'ittAuence  d'une  ivresse  volontaire,  entrai- 
niait  toute  responsabilité  et  doivent  être  considérés  comme  ayant  été  oommis  aveu 
préméditation.  On  peut  en  conclure  qu'en  dehors  de  ces  conditions  Tivreiee  dimi- 
nue ou  annule  la  responsabilité.  Le  projet  de  oode  prussien,  en  1843»  contenait  ane 
disposition  analogue;  le  code  pénal  nouveau  ne  mentionne  plus  l'ivrease  et  laisae 
l'appréciation  du  fait  aux  jurés  et  aux  juges.  En  Italie,  en  Espagne,  en  l^oitih 
gai,  en  Hollande  (Most),  l'opinion  favorable  à  l'atténuation  parait  aiusi  prévaloir. 

D'autres  pays  ont  adopte  une  doctrine  plus  sévère.  La  loi  anglaise  a  excuse  p»: 
celui  qui  s'enivre  volontairement  est  responsable  des  actes  qu'il  comaiet  daib 
l'ivresse,  quand  bien  même,  à  l'état  sain,  il  n'aurait  pas  songé  au  crime.  L'ivnsM^ 
n'a  pas  d'eifet  légal;  elle  n'atténue  ni  n'augmente  la  peine  attachée  k  la  ImisgRs- 
sion  (Guy).  La  jurisprudence  à  cet  égard  s'applique  avec  rigueur. 

La  loi  française  ue«Ëiit  aucune  mention  de  l'ivresse  ;  elle  ne  l'adaaei  pas  comme 
excuse  légale.  «  U  n'y  a  ni  crime  ni  délit,  lorsque  le  prévenu  était  en  état  de  dé- 
mence au  moment  de  l'action...»  (Code  pénal,  64.)  On  a  voulu  appliquer  à  l'i- 
vresse cette  disposition  du  Gode  pénal.  L'expression  de  démeMce  est  on  terne  gé- 
néral qui  désigne  tout  état  dans  lequel  la  connaissance,  le  jugement,  la  Tolontt- 
sooi  suspendues  ;  c'est  l'ahénation  mentale,  durable  ou  tenqioraire,  primitive  ou 
secondaire,  le  délire  aussi  bien  que  la  h^  ;  hésiterait-on  à  excuser  les  actea  com- 
mis sous  l'influence  de  la  lièvre  typhoïde,  de  l'empoisonnement  par  la  belladone,  par 
le  dalura?  Pourquoi  juger  autrement  qusnd  il  s'agit  de  l'akool  quia  dese^< 
identiques  sur  la  conscience  et  sur  la  volonté?  la  jurispmdenœ  a  toujours  repoo«é 
cette  doctrine;  l'ivresse  est  un  fait  volontaire,  vicieux,  réprouvé,  qui  ne  peut 
constituer  une  excuse  légale  :  «  si  la  volonté  du  législateur  eût  été  de  placer  rhm<e 
sur  la  même  ligne  que  la  démence  et  de  l'élever  au  rang  des  excaws,  il  l'cdt 
mentionné,  comme  il  a  mentionné  la  démence  et  la  provocation  ;  son  silence  ré- 
vèle la  volonté  formelle  de  lui  refuser  œ  caractère  »  (Bnand et  Chaude).  La  qoef- 
lion  de  l'ivresse  ne  peut  être  soumise  au  jury  ;  en  1808,  la  ooor  d^assises  du  Cher 
ayant  posé  une  question  relative  à  l'ivresse,  alléguée  par  l'accusé,  la  comr  de  cas- 
sation a  improuvé,  en  constatant  «  que  l'ivresse  étant  un  fait  volontaire  et  répré- 
liensible,  ne  peut  jamais  constituer  une  excuse  que  la  morale  et  la  loi  permettent 


d'accueillir.  »  D'aotrea  arrêts  du  18  mai  1815,  6avrUi8â4,  15  juillet  1843,  28 
février  4845,  ont  prononcé  dans  le  môme  sens. 

TeMe  est  la  jurisprudence  française  qui  rend  Tbomioe  responsable  des  crimes 
oûnunis  pendant  rivmsse  ;  examinons  cette  doctrine  au  point  de  vue  médicaL 

L*ivres8e  -eat  une  démence  passagère,  qui  anéantit  la  conscienQe  et  la  volonté  ; 
responsabilité  et  absence  de  Uberté  xnorales  sont  d^s  idées  contradictoires  ;  tel  est 
Icprincipeabaohi.  a  L'ivresse,  lorsqu  elle  estcomplète^ôteenliàrement la  conscience 
An  bien  et  da  mal»  l'usa^  de  la  raison  ;  c'est  une .  sorte  de  démence  passagère  ; 
rhoBune  qui  s'est  enivré  peut  être  coupable  d'une  grande  imprudence,  mais  il  est 
impossible  de  dire  avec  justice,  ce  crime,  tu  l'as  compris  au  moment  de  le  corn- 
inettie  i  (Rossi),  L'homme  qui  s'enivre  ne  doit  répondre  que  de  l'imprudence 
qu'il  a  faite  en  s'enivrant  ;  lui  imputer  les  actes  qu'il  a  commis  quand  il  a  perdu  la 
raison,  c'est  punir  comme  un  crime  un  acte  purement  matériel^  abstraction  faite 
de  la  volonté  ceupable  de  l'agent  (Chevreau  et  F.  Qélie).  Si  l'individu  a  perdu 
toute  faculté  de  counaitre,  de  juger  et  de  vouloir,  il  derient  incapable  de  disposer 
et  de  conijracter,  ses  actes  ne  lui  seront  plus  imputés. 

Si  d'une  manière  générale  ce  pipincipe  n'est  pas  contestable,  hâtonS'^ious  de  le 
restreindre  dans  d'étroites  limites  et  d'indiquer  les  circonstances  qui  en  règlent 
rappUeation.  On  doit  craindre  de  donner  le  caractère  d'une  excuse  légale  à  un  fait 
répréhensible  en  lui*méme,  de  légitimer  pour  ainsi  dire  une  habitude  immorale  et 
de  préparer  une  excuse  à  tous  les  crimes.  L'ivresse  estun  fait  yoloutaire,  cdui  qui 
s'y  litre  est  teensé  la  vouloir,  avfc  toutes  ses  conséquences  dont  la  possibilité  ne  l'a 
pas  arrêté.  On  a  objecté  que  si  l'on  devait  prendre  en  considération  l'inuBoralité 
du  mobile,  il  faudrait  aussi  punir  beaucoup  d'aliénés  dont  la  maladie  provient  de 
causes  vdonlaires  ;  que  l'altération  mentale  une  fois  produite,  on  n'avait  qu'à  en 
mesurer  rinOu&nce,  sans  en  rechercher  les  causes,  ici  l'analogie  n'est  pas  oovipiète  ; 
il  ne  s'agit  point  d'une  pathogénie  douteuse  et  à  longue  échéance  ;  l'ivresse  a  une 
cause  immédiate,  évidente,  trè^-rapprochée  de  l'acte  et  qui  y  concourt  :  «  Ebri^as 
mabim  f/p/nUe  arxessitum^  vcluniaria  quidem  inêtmia.  » (Zaochias) .  L'ivresse  altère 
plus  ou  moins  les  Csicultés  morales,  mais  l'aliéné  lui-même,  dans  une  certaine 
mesure,  peut  être  considéré  comme  responsable  de  aesactos,  lorsqu'ils  sont  étran- 
gers au  délire,  commis  dans  un  intervalle  lucide,  et  lorsque  la  lésion  mentale  est 
peu  profonde  ou  spécialisée.  La  même  appréciation,  avec  plus  de  justesse  encore, 
s'applique  aux  effets  de  l'alcoolisme.  N'admettons  pas  en  pareille  matière  de 
docbine absolue;  il  y  a  pour  Tivresse  des  cas  d'excuse  et  d'atténuation  ;  il  y  en  a 
d'auires  où  la  responsabilité  reste  entière  et  même  où  elle  s'aggrave.  Cette  opinion 
n'est  pas  contraire  à  la  loi.  On  demande  aux  jurés  si  l'accu^  estcoupaUe  (C.I.G,557)  ; 
ils  ont  donc  à  apprécier  tous  les  éléments  de  la  culpabilité,  qui  se  composent  de 
l'intention  et  de  la  volonté  aussi  bien  que  du  fait  matériel.  Le  jury  a  le  droit  de 
reconnaître  l'existence  de  circonstances  atténuantes,  sans  les  préciser  (C.  P.  465)  ; 
ce  sont  des  faits  non  définis^  individuels,  imprévus,  qui  représentent  la  moralité  de 
la  cause,  l'émotion,  le  sentiment  du  juge  ;  l'ivresse  peut  trouver  place  parmi  les 
motifs  tacites  de  cette  déclaration. 

8^  ApplicaUan  médico-légale.  L'application  du  principe  est  subordonnée  au 
fait  individuel.  Tous  les  actes  commis  sous  l'influence  de  l'alcoolisme  aigu  ou  chro- 
nique méritent  un  examen  particulier.  Le  médecin,  au  point  de  vue  de  la  respon. 
sabilité,  fournit  des  éléments  d'appréciation  qui  se  rapportent  aux  quatre  points 
suivants  :  aumoded'inébriation,  aux  degrés  de  l'ivresse,  i  l'accusé  lui  même  et  ù 
l'acte  incriminé. 


716  ALCOOLISUE  (nkoëcixe  l£calk). 

L*ivresse  (leut  avoir  éié provoquée  fSLrlviiniude  :  on  mêle  au  \iode  Tean-de-vie 
ou  toute  autre  substance  enivrante;  on  abuse  de  la  faiblesse,  de  l'ignonnoe,  ai 
poussant  à  boire,  en  faisant  prendre  un  bremuge  dont  la  puissance  est  inoonnue 
L*ivresse  peut  être  le  résulkit  d'une  surprise;  ce  sont  des  vapeurs  aloooliiiuesquî 
agissent  sur  une  personne,  à  son  insu  même;  ici  l'eicuse  est  complète.  Noos  trou- 
verons encore  quelque  motifs  d'atténuation  dans  une  ivresse  imprévue,  aocidcotelte, 
inopinée,  qui  éclate  tout  à  coup,  sous  l'action  d'un  breuvage  dont  oo  n*av«it  pas 
l'habitude,  favorisée  par  des  causes  accessoires,  par  l'action  du  froid,  du  tabac, 
par  de  vives  émotions  morales  ;  mais  ici  la  nuance  est  difficile  à  saisir.  L'iTresseest 
volontiiire  ;  l'homme  Ijoit  pour  le  plaisir  de  boire  ;  il  sait  qu'il  s'enivre  ;  il  Ta  déjà  lait, 
il  subira  les  conséquences  de  In  passion  h  laquelle  il  s'al^ndonne;  mais  l'ivresee  au 
moins  pourra  être  alléguée  comme  excluant  la  préméditation  de  l'acte. 

L'ivresse  c&i  préméditée  ;  dans  un  but  coupable,  l'homme  boit  pour  étoofler  1» 
voix  de  sa  ct)nscicnce,  pour  s'e\alter,  pour  se  donner  le  triste  courage  d'accomplir 
le  crime  qu'il  a  préparé  étant  à  jeun;  l'ivresse  est  ici  un  des  moyens  d'exécutioo  et 
la  responsabilité  reste  entière,  avec  la  circonstance  aggra^-ante  de  la  préméditation. 
Roosch  a  dit  :  «  L'homme  ivre  peut  accomplir  une  action  résolue  à  jeun,  sans  con- 
server la  conscience  du  but,  de  la  nature  et  de  l'objet  de  l'acte.  >  Il  le  compare  au 
soumambule  qui  exécute  en  dormant  l'acte  auquel  il  n  pensé  h  veille.  Cette  asa- 
milation  n'est  pas  admissible  ;  l'ivresse  est  voulue,  le  somnambuîi.'nu*  est  un  £ûl 
involontaire.  On  a  objecté  que  la  responsabilité  devait  reposer  sur  l'état  de  fa 
conscience  au  moment  même  de  l'acte;  qu'il  impoitait  peu  que  l'homme  y  eût  pensé 
à  l'avance;  il  suflisait  qu'il  ne  fiU  plus  maître  de  lui  en  le  commettant.  Quoique  Ir 
crime  fût  on  rjpfMirt  avec  son  intérêt  et  ses  passions,  à  jeun  peut>étre  il  ne  l'eài 
pas  commis  ;  c'i^t  l'ivresse  qui  a  transformé  la  velléité  en  volonté,  la  peoaée  en 
acte.  Mais  le  criminel  a  compté  sur  cette  dernière  excitation  de  l'ivresse  ;  sous  Tin- 
fluence  de  l'alcool  il  a  pu  suivre  une  idée,  marcher  vers  le  but,  continuer  a*  qu'il 
avait  médité  à  l'avance,  c'est  une  preuve  évidente  qu'il  avait  la  conscieiH'e  d*un  adf 
011  tout  concorde,  préparation  et  exécution,  et  qu'il  doit  en  porter  la  responsabilité 

La  liberté  morale  varie  suivant  les  degrés  de  Civresse;  les  nuances  sont  diffî- 
cilcs  h  saisir,  les  stades  se  transforment  rapidement  ;  à  quel  moment  perd-on  b 
conscience  et  lu  volonté?  Les  premiers  verres,  dit  un  proverbe  italien,  donnent  du 
sang  d'agneau  qui  adoucit,  les  seconds  du  sang  de  tigre  qui  rend  furieux,  les  der- 
niei^s  du  sang  de  pore  qui  fait  rouler  dans  la  boue  (Casper.)  Ce  sont  les  trois  ]é- 
riodes  de  l'ivresse,  excitation,  perversion,  stupéfaction.  On  ne  confondra  point 
avec  l'ivi*esse  la  simple  excitation  produite  par  le  vin.  L'intelligence  est  d'aboid  bti- 
mulée  ;  l'homme  se  sent  plus  libre,  plus  heureux,  plus  fort,  il  parle  et  agit  en  con- 
séquence^ mab  il  devient  inconsidéré,  susceptible,  sa  volonté  s'altère  ;  il  lèsent  et  il 
peut  encore  s'arrêter.  Bientôt  les  passions  s'exaltent,  les  instincts  dominent,  le  jugi^ 
ment  s'obscurcit,  tous  les  rapports  sont  méconnus;  c'est  le  délire  incohérent  du  ma- 
niaque, la  fureur  de  l'halluciné.  Alors  parait  la  période  médico-légale  de  l'ivreaji*. 
|)endant  laquelle  les  actes  les  plus  odieux  sont  commis.  La  liberté  morale  e»t 
perdue,  mais  l'iiomme,  «  voluntarius  dxmon,  »  a  lui-même  décliainé  les  pa»ioii> 
qu  il  ne  peut  plus  contenir.  Suivant  les  cii'constances  du  fait,  on  fient  trouver  dau^ 
iTt  état  l'occasion  de  circonstances  atténuantes.  La  même  remarque  s'applique  à 
la  |)ériodc  de  stuiKîur  où  une  violence  aveugle,  frappant  au  hasard,  un  véritiblt* 
délire  des  actes,  dont  il  ne  restera  aucun  souvenir,  précède  ou  interrompt  le  pro- 
fond sommeil  qui  est  la  crise  de  rivres.se.  Les  formes  convulsivos  et  é|iile)itiqiie^ 
îtUereiit  profondément  li»s  facultés.  On  a  vu  le  délire  se  prolonger  après  TivresM 


ALCOOLISJIË  (xÉogcixfi  l^salk).  7i7 

et  une  manie  transitoire  succéder  à  un  seul  accès  (Marc)  ;  dans  ce  cas  to:il  excop- 
tionnely  le  diagnostic  présente  de  grandes  diificultés;  c  est  raliéiiation  mentait;  cl 
non  Tivresse  qui  modifie  alors  la  responsabilité. 

L'éUU  individuel  sera  pris  en  considération  ;  une  disposition  héréditaire  explique 
le  TÎce  et  rend  plus  vraisemblable  uu  trouble  mental.  Les  enfants,  les  jeunes  goiis, 
arrivent  plus  facilement,  et  sans  s'en  douter,  à  une  ivresse  complète  ;  ils  sont  plus 
sensibles  que  les  adultes  aux  efTels  de  l'alcool,  comme  à  ceux  des  anestbésiques.  La 
moralité,  les  habitudes,  les  antécédents  fourniront  des  indices.  On  recherchera  si 
l'accusé  avait  l'ébriation  facile,  le  vin  triste,  violent,  dangereux,  s'il  connaisssait 
les  effets  des  alcooliques  sur  sa  personne,  s'il  les  évitait,  si  déjà  il  avait  commis 
des  actes  répréheusibles  pendant  l'ivresse.  On  notera  les  maladies  qui  ont  pu 
développer  le  penchant  à  la  boisson,  les  affections  du  cer>eau,  les  suites  de  l'apo- 
plexie, d'une  fracture  du  crâne,  l'épilepsie,  l'hystérie,  la  polydipsie,  les  accideuls 
qui  accompagnent  la  ménopause.  Toutes  ces  conditions  matérielles  peuvent  èlro 
des  motifs  d'atténuation;  le  point  important,  c'est  d'apprécier  l'état  mental,  dont 
l'altération  préexistante  est  mise  en  évidence  par  l'ivresse. 

Le  mobile  de  Vaete  fournit  des  indices.  C*est  rhaUuciuation  ;  une  voix  ordonne 
le  meurtre,  le  voisin  pris  pour  un  fantôme  est  frappé  mortellement.  Uu  motif 
insensé,  une  fureur  aveugle,  une  fatale  frénésie  arment  le  bras  de  l'ivrogne  ;  des 
inconmis  tombent  sous  s^  coups.  Ici  l'atténuation  peut  être  admise,  mais  il  en  est 
autrement  si  un  motif  réel,  si  la  vengeance,  l'intérêt,  la  passion,  se  mêlent  aux 
impulsions  de  l'ivresse.  Le  suicide,  le  meurtre,  l'incendie,  le  vol,  l'attentat  à  la 
pudeur,  sont  les  actes  les  plus  ordinaires.  La  décision  est  soudaine  et  imprévue  : 
l'ivrogne  quitte  le  cabaret  pour  aller  se  pendre  ou  se  jeter  à  la  rivière  ;  il  tue  avant 
de  se  tuer  ;  il  veut  voir  du  sang  et  il  fait  couler  le  sien,  quand  ou  l'empêche  de 
frapper  autrui.  Le  but  égoïste,  l'intention  de  nuire,  le  plan,  la  ruse,  le  souvenir, 
la  conduite  après  l'acte  sont  les  éléments  principaux  de  l'appréciation.  On  se  rap- 
pellera cependant  qu'un  acte  odieux  commis  dans  l'ivresse  ne  révèle  pas  toujours 
la  perversité;  sous  l'influence  du  vin,  le  poltron  devient  audacieux,  le  scrupuleux 
impudique  ;  c'est  une  maladie  passagère  qui  change  le  caractère  moral. 

La  responsabilité  pour  Y  alcoolisme  chronique  est  à  considérer  pendant 
l'ivresse  et  dans  l'intervalle  des  accès.  L'ivresse  est  appréciée  comme  dans  les  cas 
ordinaires.  L'ivrogne  n'est  pas  admis  à  dire  qu'il  n'a  pu  s'empêcher  de  boire.  La 
i4>lère,  la  vengeance,  toutes  les  passions  ont  leurs  entraînements  auxquels  il  faut 
résister;  sans  doute  chez  le  vicieux  la  volonté  devient  plus  faible,  mais  clli'  est 
libre  encore  et  l'imputabilité  persiste  aussi  longtemps  que  la  folie  n'est  pas  dé- 
montrée !  La  même  règle  s'applique  à  l'intervalle  des  accès;  il  faut  prouver  la 
folie  pour  faire  cesser  la  responsabilité  de  l'ivrogne.  Il  ne  suffit  pas  de  constata 
l'état  physique  qui  accompagne  l'intempérance,  la  lésion  mentale  doit  être  niisi* 
hors  de  doute,  mesurée  dans  ses  degrés  et  dans  son  influence  sur  lès  actes. 

L'lH»nme  adonné  aux  boissons  spiritueuses  peut  conserver  toute  la  lucidité  tic 
sa  raison;  mais  bientôt  sa  moralité  s'altère;  la  dureté  de  cœur,  la  bi*utulilé, 
l'égoisme  président  à  ses  actes,  dont  il  portera  la  responsabilité  tout  entière. 
Une  lésion  plus  grave  ne  tarde  pas  à  se  produire,  la  morosité,  l'oubli  des  devoii-s, 
l'inhumanité,  la  tendance  aux  actes  dangereux.  La  surface  est  calme,  le  fond  est 
troublé  ;  Thomme  ne  semble  avoir  perdu  ni  la  raison,  ni  la  conscience  ;  mais  elles 
sont  affaiblies.  La  moindre  excitation  l'entraîne,  ses  passions  n'ont  plus  de  fî-eiii. 
C'est  ici  qu'il  faut  étudier  les  nuances,  la  mture  de  l'acte  et  ses  causes.  On  se 
^rardera  de  ooroprometti^  la  médecine  en  donnant  au  vice  l'excuse  lianale  de  la 


748  ALCOOLISME  (médecIiie  lêoalk). 

folie  ;  mais  tout  en  constatant  que  cet  état  est  répréheanfaie  et  dégradant»  oa 
pourra  parfois  y  reconnaître  des  molife  d'atténuation. 

La  folie  éclate,  permanente  ou  temporalité;  la  respanabilité  cosse  ou  e9i  atté- 
nuée. Des  nuancés  sont  â  établir  suivant  les  formes  deTaliénatioo.  Le  dépmmanr 
boit  parce  qu*il  est  aliéné  ;  souvent,  dit  Esquinil,  fabus  des  boissons  8pifi(t1lellal^> 
est  plutôt  l'edBet  que  la  catise  des  désordre»  int^Ieotuels  ;  il  en  est  quelqiiafiûs  k 
premier  indice  et  le  symptôme  le  plus  saiillant.  Cette  dipsomanie  essentielle  est  jplu^ 
rarepeut-^tre  qu'on  ne  l'a  pensé;  elle  procède  du  vice  et  il  est  difficile  de  définir  le 
moment  où  elle  se  transforme  en  folie.  C'est  par  accès  qu'éclate  cette  passion  in- 
vincible à  laquelle  l'ivrogne  sacrifie  tout.  La  fureur  peut  s'emparer  du  dipaomaae 
auquel  on  refuse  sa  boisson  favorite,  comme  on  le  voit  pour  le  fumeur  d'opium. 
Le  meurtre,  le  vol,  sont  des  moyens  devant  lesquels  il  ne  recale  pas,  pour  sati^ 
laire  ce  goût  effréné.  On  examinera  si  l'acte  a  du  rapport  avec  ce  mobile,  ou  si 
nu  contraire  il  est  inspiré  par  des  motifs  d'un  autre  ordre.  La  passion  de  boire 
seule,  à  quelque  degré  qu'elle  soit  portée,  ne  prouvera  pas  la  foUe;  il  faut  les  aifoes 
positifs  d'une  lésion  mentale  pour  l'établir.  C'est  à  des  cas  de  ce  genre  ijue  s'ap- 
plique la  doctrine  de  la  responsabilité  limitée  des  aliénés.  La  v<4onté  est  aOaiblie, 
mais  il  reste  assee  de  hbertè  morale  et  de  conscienee  pour  qu'il  y  ait  «m  coupable, 
dont  la  peine  sera  seulement  atténuée. 

\jSk  lypémanie  êkrieuse  est  d'un  diagnostic  plus  sâr.  Les  lialluciBatiions^  le^ 
conce{ftiom  délinmtes  expliquent  l'acte  incriminé;  c'est  an  aliéné  daagyreitt,  dont 
la  folie  s'ap;ii8e  par  moments,  mais  qui  est  sujet  à  de  terribles  rétidivQs% .  loi  la 
réclusion  dans  un  asile  est  de  nécessité  impérieuse;  la  liberté  ne  sera  rendue 
(fu'avec  la  plus  grtmde  circonspection,  lorsque  le  temps  aura  consolidé  la  gutémon 
et  donné  des  garanties.  Quand  un  meurtre  a  été  commis,  on  peut  se  demander  à 
la  société  n'a  pas  le  droit  de  maintenir  la  séquestration  d'un  être  d'autant  phi» 
dangereux,  que  presque  fatalement  il  retombera  dans  les  habitudea  qui  ont  été  la 
cause  de  sa  folie. 

Le  delirium  tremenSy  forme  maniaque  de  la  folie  ébrieuse,  donne  moina  souvent 
lieu  à  des  actes  de  violences  ;  la  conscience  est  conservée  dans  une  certaine  me- 
sure; ou  peut  interrompre  le  délire,  mais  ici  la  lésion  du  système  nerveux  est 
profonde,  et  les  hallncinations  jouent  un  rôle  principal  dans  les  déterminations  du 
malade,  et  toute  responsabilité  disparaît.  Vépilepsie  alcoolique  ipeni  donner  lieu  à 
des  difficultés  d'appréciation,  lorsque  les  attaques  sont  éléignées.  Aucun  doute 
n'est  possible  sur  les  efYbts  de  la  démefice  et  de  la  paralysie  ^nieuâtêy  demkr 
terme  de  la  dégradation  morale  produite  par  l'alcool.  Quantaux  folies  traïuitoifes, 
on  les  distinguera  avec  soin  de  l'ivresse,  et  la  lésion  seule  de  l'instinct  ne  suffira  pa» 
pour  établir  le  diagnostic. 

L'ébriétéde  Isunctintedùnne  aussi  lieu  ùcpaelqucs  applications  médico-Ugak»; 
une  personne  peut-^re  entraînée,  trompée,  poussée  à  son  insu  jusqufà  f  ivresse  ; 
on  profite  de  cet  état  pour  commettre  un  attentat  à  la  pudeur  sur  unefeninie,  sut 
un  homme,  comme  nous  en  avons  vu  un  exemple.  Sans  doute,  dans  des  pat  de  ce 
genre,  l'absence  de  volonté  peut  être  assimilée  à  la  violenee,  anis  la  nature  à' 
l'excuse  mérite  peu  d'intérêt,  et  appelle  la  discussion;  iliaut  distinguer  les  entraî- 
nements de  l'ivresse,  oubliés  le  lendemain,  de  la  perte  absolue  de  la  consoieoct' 
et  de  la  volonté.  On  se  rappellera  que  l'ivresse  produit  des  hallncinationaérotifaû»» 
qu'elle  peut  faire  croire  h  des  violences  imaginaires.  Une  jeune  femme  t^umm  à 
l'action  du  chlorolbrnie  se  réveille  en  accusant  le  médecin  d'un  acte  outiagcaal 
qu'il  n'a  pas  commis  ;  si  le  fuit  ne  s'était  pas  passé  en  pufabc,  dam  une  salle  dia- 


ALCOOLS.  719 

pital,  Tattitude  de  la  prétendue  viciime,  Téuergie  de  ses  plaintes,  inspirées  cepen- 
dant par  une  hallucination,  auraient  pu  conduire  à  une  fâcheuse  erreur.  Des  faits 
semblables  se  passent  dans  l'alcoolisme,  et  Tallégation  de  celui  qui  s'est  mis  en 
état  d'ivresse  ne  doit  être  admise  qu'avec  circonspection. 

On  a  proposé  d'appliquer  l'ivresse  au  diagnostic  des  maladies  simulées,  comme 
le  moyen  le  plus  sûr  de  découvrir  la  fraude,  dans  les  cas  prétendus  de  paralysie, 
de  contractures,  d'aliénation  mentale,  de  mutké.  Le  médecin  ne  peut  provoquer 
un  acte  que  la  morale  réprouve,  pas  plus  qu'il  n'a  le  droit  d'exposer  le  simulateur 
au  danger  des  anesthésiques  ;  mais  si  l'alcoolisme  se  produit  accidentellement,  si 
l'anesthésîe  est  pratiquée  dans  un  but  légitime,  il  peut  alors  tirer  parti  de  l'occa- 
sion pour  observer  le  malade  qui  oublie  de  jouer  son  rôle,  et  recevoir  les  aveux 
<(iri  échappent  au  réveil  de  l'ivresse.  G.  Tourdes. 

Bibliographie.  Tous  les  traités  généraux  de  médecine  légale  s'occupent  de  l'ivresse,  et 
principaleicént  :  Zacchias  (lib.  Il,  tit.  i,  qusest.  11),  Fodéré  (t.  I,  258  et  305),  Orfila  (t.  I, 
418),  Devergie  (t.  1, 105;  t.  II,  569),  Friedreich  (p.  4S7),  Wald  (t.  H,  p.  S37),  Cmper  [t,  I, 
367;  t.  II,  287  et  512).  La  question  de  responsabilité  est  surtout  ti-ailée  ptr  les  ftliéiW0le&: 
Esquirol,  Marc,  ftenaudin,  Falret,  DelasiauTe,  Brierre  de  Boismont,  et  d'utiles  renseigne^ 
menis  sont  fournis  par  les  ouvrages  spéciaux  sur  l'alooDlisme,  de  Roescti,  Magnus  Huss,  Les 
recherches  de  MM.  Perrin,  Lw^er,  Lailemaiid  et  Daroy  ont  éolairë  le  côté  matériel  de  la 
question.  Les  ouvrages  suivants  ont  ua intérêt  plus  particulièrement  médico-lég«l  : 

LiTTBé.  Observation  sur  une  femme  accoutumée  à  boire,  morte  tians  V ivresse.  In  Mém,  4e 
fAead.  des  Se.  de  Paris,  17(16.  ^  Morgag:*!.  De  sedibus  et  causis  morborum  [ep.  6.  n«  5  ; 
ep. 65,  n«  12).  — Loua.  C&nsultaiûm  sur  f affaire  delà  veuve  MofUbaillp.  Paris,  1787.  — 
BrxoffsT.  Considérations  générales  sur  la  congélation  pendant  l'ivresse^  observée  en  Btissie 
eu  1812.  Thèse  de  Paris,  1817. — Marc  et  Bichond.  Relation  médico-légale  d'un  procès  en 
eondanm&fion,  réviahn  et  réhabilitation.  In  Ann.  d'hyg.  et  de  méd.  légale^  t.  VIT,  p.  568, 
1833. — GiSTti.  Mémoife  sur  l'ivresse  considérée  sans  le  doMe  rapport  de  la  médecine  et  de 
la  discipline  militaire.  In  Recueil  des  mémoires  de  méd.  et  de  chir,  militaires,  t.  Ll\\  1843. — 
Tardueo.  Observations  médico-légales  sur  Vétat  d'ivresse  considéré  comme  complicatimé  des  bles- 
sures et  cause  des  morts  subites.  In-ilmt.  d'hffg.  et  de  méd.  tég.,  t.  XL,  p.  5M^,  1848.  —  Biffllit?* 
Krahib.  Ueberdie  Trunck-sucht,  Berlin,  1819.— Clards.  Itn/fi^e  zur  ErkemUn,  und  Beurtheil* 
iweifelhap.  Seelenzustànde.  Leipsig,  1828.^  L<vbill£.  De  la  folie  des  ivrognes.  P4u*is,  1830. 
«-Marc  Im  folie  dans  ses  rapports  avec  les  questions  médico-Judiciaires,  t.  II,  p.  565.-^ 
IkTtLir.  Observations  médico-légales  sur  l'ivrognerie  et  la  méchanceté.  In  Ann.fd*hyg.,  t.  XXIV. 
p.  yi%  1S40.  —  MoftT.  Article  Trunkenheit.  In  Encyclopédie  der  Staatsarzneikunde.  Leipzig, 
1840.  —  Marcel.  De  la  folie  causée  par  tabus  des  boissons  alcooliques.  Thèse  de  Paris,  1847^ 
«-Brurk  bc  BoisaoNT.  Recherches  statistiques  sur  le  suicide  dans  la  plie;  suicide  des  hirognes'. 
In  Ann.  d'hyg.,  t.  XLIII.  p.  154, 1850.— />é»  hallucinations,  p.  181.  Paris,  1845.  ^  Du MtfoUtf 
et  de  la  folie  suicide.  Paris,  18S6.  —  Deusudve.  D^une  forme  grave  du  delirium  tremens.  Id 
Revue  médicale,  i^^,— Diagnostic  différentiel  du  delirium  tremens  ou  stupeur  ébrieuse.  Ii) 
Aon.  nM.-'paychologiques,  1855.  —  Falhbt  et  Pietra-Santa.  Assassinat  dans  un  accès  dé 
délire  alcoolique.  In  ^4»».  d'hyg.  et  de  méd.  lég.,  2«  série,  t.  IX,  p.  441, 1859.  —  fc)u.iifGE!>(. 
Die  anthropst.  MometUe  der  Zwechnttngs-Fâhiakeit,  p.  61.  Saint-Gall,  1861.>-LtoRAif»Di| 
Saflle.  Du  crime  accompli  par  f  homme  ivre  et  des  questions  médico-légales  relatives  au 
délire  ébrieux.  In  6at.  des  Hàp.,  1861.  —  Vois».  De  Vétat  mental  dans  l'atcooUsme  aigu  et 
eiironique.  In  Ann.  médico-psychol.,  1864. — A.  Fourkier.  Article  Alcoolisme,  applicat* 
médieo4égales,  t.  I.  p.  680.  In  Nouveau  Dict.  pratique  des  Se.  m/(f.  Paris,  1864.— BErvoir,  De 
tabus  des  alcooliques,  forme  épiteptique.  Gazette  médicale  de  Strasbourg,  mai  1865.     G.  T. 

ALCOOLS.  On  nomme  alcools  les  substances  neutres  capables  de  s  unir  aut 
acides  avec  élimination  d'eau,  pour  former  des  éthers  comiiosés.  Les  alcools  sont  des 
hydrates  ;  les  élhers  sont  comparables  aux  sels.  U  existe,  eu  eiTet,  entre  Thydrate 
d'éthyle  ou  Talcool  et  ses  dérivés  étliérés  les  mêmes  relations  qu'entre  Thydnite  d^ 
lotasse  et  les  sels  de  potasse.  Ces  relations  sont  exprimées  par  les  formules  suivantes  : 

Îjj0«     H-      lia      =      KCl      -h    j}jo« 

Hydrate  Acide  Chlonire 


720 


ALCOOLS. 

ni-jo. 

4- 

IICI      — 

(c»H»)a     + 

Ilydmtc  d'élhxlf. 

Chlorure  «réthyle 

Il  " 

Hydrali* 
de  potassium. 

-+- 

Aride 
aci'lique. 

-            Kl" 

Acétate 
de  potassium. 

Hydrate  d'élhyl<«. 

-f- 

Acide  acétique. 

Acitilc  d'éthvU. 

■ 

il) 

il 


0' 


-h 


III 


Hl 
U! 


œ 


0' 


Cette  analogie  entre  Talcool  et  l'hydrate  de  potasse  avait  été  reooonue  depuis 
longtem|)s  et  était  exprimée  parle  nom  même  d'hjdrate  doxyded'éthyle,  introduit 
dans  la  science  par  Berzelius,  lorsque  MH.  Dumas  et  Peligot  établirent  en  1855  que 
Tesprit-de-bois  joue  le  rôle  de  l'alcool,  c'est-à-dire  qu'il  est  capable  d'éthérifier  J(s 
acides  comme  lui.  Depuis,  on  a  découvert  un  grand  nombre  d'autres  corps  qui 
sont  doués  de  propriétés  analogues  et  qui  forment  en  quelque  sorte  le  pivot  de  b 
chimie  organique,  car  d*innombrables  dérivés  viennent  se  grouper  autour  d'eu\. 
Et  ces  alcools  appartiennent  à  différents  groupes  suivant  qu*ils  s'unissent  à  une  «i 
plusieurs  molécules  d'un  aciJe  monobasique  pour  former  des  éthers  neutres.  On 
nomme  alcools  monoatomiques  ceux  qui  se  combinent  avec  une  seule  rooléiide 
d'un  acide  monobasique  pour  former  un  éther  neutre,  alcools  polyatomiques  ceu\ 
qui  exigent  plusieurs  molécules  d'uu  acide  pour  s*éthérifier. 

Alcools  monoAtomlqneii.  L'alcool  ordinaire  et  ses  homologues  forment  wic 
série  dont  la  composition  générale  est  représentée  par  la  formule  OH'^K)'.  U 
tableau  suivant  indique  la  composition  et  les  propriétés  physiques  des  diflêrents 
termes  de  cette  série. 


NOMS 

ronifDLis 

BNI'TniOl'ES 

FORiîULES 
TTPIQOKS. 

DRNsrrÉs. 

POIRTS 
TIO». 

roivTft 

Dl 

M» 

Alcool  méthvlique 
(esprit-de-Dois).    . 

Alcool  éUiylique  (es- 
prit-de-vin). .  .  . 

(?  Il*  0« 
G*  ll«  0» 

0.8142 
àO- 

0,8095 
àO* 

60-66*,5 
•Î8-4 

n 
» 

Taylor.  1812 

Amoldus  Tiila- 
noTus,  1300 

Alcool  propylique.  . 

C«H»0« 

C||'o. 

» 

06* 

» 

dnncel.  18^3 

Alcool  butylique.  .  . 

C«  1I«00« 

0,8032 
à  18«,5 

lOO* 

» 

A.WurU.l«:'2 

Alcool  amylique.  .  . 

C««il«W 

H     " 

0  8248 
àO* 

130.i3«* 

—20* 

Scbeel^.  I7>5 

Alcool  caproique. .  . 

C*«ll*«0« 

T>' 

0.833 
àO* 

1481.54- 

> 

Fagd.  185:. 

Alcool  œnantliyliquc. 

C14II160* 

H     ^ 

» 

105* 

9 

ftget.  I»i:{ 

Alooot  caprylique..  . 

C«»HtW 

'T> 

0.823 

à  17» 

178-180- 

1) 

Bonis.  1K.M 

Alcool  cêtylique 
(éthal] 

C»IP*0* 

H     " 

» 

34  !• 

.'i0-49*.5 

Cbevnrul.  1^^ 

Alcool  cérylique.  .  . 

C»*HWO« 

H     ^ 

» 

» 

79- 

Brodif.  t^^ 

Alcool  myricique..  . 

C«H«0« 

H    " 

9 

» 

8> 

Brodic.  tm 

ALCOOLS.  721 

A  cette  série,  qui  comprend  les  alcools  monoatomiques  les  [dus  parGûts,  s'en 
rattachent  d'autres  qui  se  distinguent  des  premiers  parce  qu'ils  renferment  moins 
d'hydrogène.  Ainsi  à  l'alcool  ordinaire  et  à  l'alcool  propylique  se  rattachent  Talcooi 
acétjlique  ou  vinylique  et  l'alcool  allylique  : 

C41»0*  CTPO* 

Alcool.  Alcool  propylique. 

CMi*0«  C«I1W 

Alcool  vinylique.  Alcool  allyriqu«. 

Lorsqu'on  soumet  l'alcool  allylique  à  l'action  de  Thydrogène  naissant,  on  le 
i:onvertit  en  alcool  propylique.  Cette  expérience  étiblit  le  lien  théorique  entre  ces 
(leu\  alcools.  Les  mêmes  relations  existent  entre  l'alcool  décylique  et  le  camplire 
de  menthe,  et  entre  celui-ci  et  le  camphre  de  Bomco  : 

(?^I1"0*   Alcool  décylique  (le  dixième  de  !a  »êi-ie.) 
f;tO||tOQl   Camphre  de  Menthe. 
C**H"0*   Camphre  de  Bornéo. 

Tous  ces  corps  jouent  le  rôle  d'alcools  monoatomiques  :  ils  peuvent  se  combiner 
avec  une  molécule  d'un  acide  monobasique  pour  former  des  éthers  composés. 

Les  camphres  font  partie  des  corps  aromatiques,  qui  sont  des  conlbinaison^ 
renfermant  moins  d'hydrogène  que  les  corps  qui  en  sont  saturés  et  qui  se  groupent 
autour  des  alcools  normaux  G"I1"~^'0*.  Il  existe  plusieurs  séries  d'alcools  aroma- 
tiques. Les  plus  importants  sont  l'alcool  benzylique  et  ses  homologues. 

L'alcool  benzylique,  découvert  par  M.  Cannizzaro,  est  l'alcool  de  l'acide  ben- 
/oïque.  Il  est  à  cet  acide  ce  que  l'nlcool  ordinaire  est  à  l'acide  acétique  : 

C**HH)*  C»*HH)* 

Alcool  bencylique.  Alcool  benioiqiie. 

il  est  homologue  avec  l'alcool  cuminique  : 

Alcool  benzylique  ....  C'WO*  =  (^''*'*'||  1 0« 

Alcool  cuminique  ....  O^Il^O*  =  (^""'*^  |  Q» 

L*alcool  benzylique  présente  des  relations  d'isomérie  très-curieuses  avec  l'alcool 
<  ressylique  ou  hydrate  de  cressyle,  que  MM.  Williamson  et  Fairlie  ont  découvert 
en  1854,  et  qui  est  lui-même  homologue  avec  l'alcool  phénylique  ou  hydrate  de 
phényle,  si  bien  étudié  par  Laurent  : 

Alcool  phénylique  ou  hydrate  de  phényle    .  .  C"H«0«  =  (G***^'^  |  q« 

Alcool  cressylique  ou  hydrate  de  cressyle    .  .  C"H*0*=:  ^^      ii }  0' 

(]es  deux  derniers  alcools  se  rencontrent  parmi  les  produits  de  distillation  de 
la  houille.  On  les  sépare  du  goudron  de  houille  par  distillation  fractionnée.  11  est 
A  remarquer  qu'ils  présentent,  indépendamment  de  leur  fonction  alcoolique,  le 
raractère  d'acides  faibles.  Non-seulement  ils  peuvent  s'unir  aux  acides  pour  les 
('•thérifier,  ils  peuvent  aussi  s'unir  aux  alcools  pour  former  des  sels.  On  les  désigne 
sous  le  nom  de  phénols  (Berthelot). 

Parmi  les  autres  alcools  aromati<|ue$nous  citerons  encore  l'alcool  cinnamique  ou 
i'hvdrate  de  cinnamvlc  : 

Kiifin  il  résulte  des  expériences  de  H.  Berthelot  que  la  cliolcstrrine  CH^^O*  e>l 
cipable  de  se  combiner  avec  les  acides  pour  former  de  vériLibles  éthers  composée, 

DICT.  EN€.  11.  ^  4(1 


724  ALCORNOQUE. 

On  nomme  glycols  (voy,  ce  mot)  les  alcools  diatomiques  qui  ont  été  déoouverU 
par  M.  VVurtz.  La  glycérine  {voy.  ce  mot)  a  été  reconnue  par  H.  Berthelot  comme 
un  alcool  triatoroique. 

H.  de  Luynes  a  établi  le  caractère  triatomiquc  de  réryibrite. 

Enfm  il  résulte  des  travaux  de  M.  Berthelot  que  la  mannite,  la  glucose  cl 
d'autres  substances  analogues  jouent  le  rôle  d'alcools  polyatomiques. 

Les  formules  typiques  que  nous  avons  données  sont  très-commodes  pour  Tinter- 
prétation  de  toutes  les  réactions  de  ces  alcools.  On  voit  que  leurs  radicaux  tiennent 
la  place  de  la  moitié  de  l'hydrogène  contenue  dans  les  molécules  d'eau  condeiis«'e> 
prises  pour  type,  tandis  que  l'antre  moitié  de  cet  hydrogène  typique  est  demeurée 
dans  la  molécule,  et  en  quelque  sorte  disponible,  il  est  remplaçable  par  des  nidi- 
eaux  d'acides.  Les  équations  suivantes  montrent  les  modes  de  formation  et  la 
constitution  de  quelques-unes  des  combinaisons  que  ces  alcools  polyatomiquesi 
peuvent  former  avec  les  acides  : 

Givcol.  Ackle  acétique.  Glycol  diae^tique. 

(C.H.r|„.    ,   3|-(C..™-,;|o.]  ^  .^,.  ..^(C|K;.rj<, 

Glycrrine.  Acide  acélique.  Gif eèrine  irulétMpM. 

Les  alcools  polyatomiques  peuvent  s'oxyder,  et  les  produits  de  leur  oxydation 
constituent  les  acides  polyatomiques  et  polybasiques.  C'est  ainsi  que  M.  Wurtx  ;i 
f^nstaté  que  les  acides  glycolique  et  oxalique  résultent  de  l'oxydation  du  glycol, 
et  que  l'acide  lactique  résulte  de  l'oxydation  dupropylglycol.  Ainsi  tous  ces  acide< 
et  leurs  nombreux  dérivés  viennent  se  grouper  autour  des  alcools  polyatomique> 
comme  les  acides  à  quatre  équivalents  d'oxygène,  et  leurs  dérivés  viennent  s»* 
grouper  autour  des  alcools  monoatomiques.  Lutz. 

AliOOOMATRB.  On  donne  le  nom  d'alcoomètre  à  tont  instrument  propn*  à 
faire  connaître  la  proportion  d'alcool  oonteime  dans  un  liquide.  En  France,  le< 
pèse-€sprit  de  Baume  et  de  Cartier  ont  été  pendant  longtemps  les  s^ils  alcoom^ 
très  usités  ;  l'imperfection  de  la  graduation  de  ces  instruments  a  fait  renoncer  Ti 
leur  emploi.  Depuis  le  beau  travail  de  Gay-Lussac  (1824)  dont  les  résultats  on( 
reçu  Tapprobation  de  T Académie  des  sciences,  et  la  sanction  du  Corps  législatif, 
le  seul  alcoomètre  admis  en  France  soit  dans  les  applications  industrielles  et  com- 
merciales, soit  dans  les  prescriptions  pharmaceutiques,  est  Valcoamêtre  centésimal. 
Le  principe  de  sa  construction  et  la  manière  d'en  faire  usage  seront  indiqués  ï 
l'article  aréomètres.  J.  R. 

JkliC:OB!VOQljE.  On  désigne  sous  ce  nom  une  écorce  qui  a  été*apporUV 
d'.Amérique  en  l'784;  Joachim  Jove  la  fit  connaître  en  Espagne  en  1804,  fi 
M.  de  Pondenx,  en  France,  en  1821  ;  prise  d'abord  par  Yirey  pourl'écorce  IK*-- 
joune  du  Qtiercus  suber;  assimilée  à  l'écoiTc  des  guttiers  pr  M.  de  Pondein; 
attribuée  par  MM.  Poirct  et  Fée  à  YAlcomea  latifolia  de  Swartx,  de  la  Gunilled*^ 
Eu[)horbiacées;  et  par  d'autres  à  uniVeriicm  voisin  de  l'anti-dysentericuro.  (toa 
prétondu,  en  dernier  lieu,  qu'elle  était  produite  par  le  Bowdichia  VirgilcUes  «1<* 
Kunt,  de  la  famille  des  Légumineuses,  tribu  des  Cassiées,  qui,  d'après  M.  de  Hum- 
lM)klt,  omit  dans  l'Amérique  méridionale,  sur  les  bords  do  rOrénoque^oà  cet  arin»' 
|)orto  lo  nom  d*Alc4n*ncco;  une  autre  espk^e  venant  du  Brésil  est  duc  au  Btmv/i- 
chia  fnajor  Mart.  (SMpira  guaçu  de  Pison). 


ALDÉHYDE.  725 

Cette  écorce  se  distingue  par  une  face  extérieure  raclée  au  couteau,  rougeâtre, 
d'une  cassure  grenue,  d'une  saTeur  astringente,  amère;  le  Uber  est  jaune,  mince, 
fibreux,  amer,  et  colore  la  salive  en  jaune;  elle  a  été  analysée  par  MM.  Cadet  et 
Nachet,  Trommsdorff  et  Geiger,  qui  ont  cru  y  trouver  une  certaine  analogie  de 
composition  avec  le  quinquina;  M.  Rein  a  trouvé  dans  le  liber,  de  la  gomme,  une 
matière  extractive,  une  résine  et  des  traces  d'acide  tartrique. 

L*écorce  d'Alcomoque  a  été  d'abord  préconisée  comme  un  spécifique  de  la  phthi- 
i^ie  pulmonaire,  et  H .  de  Pondenx  proposait  le  liber  pour  remplacer  Tipécacuanha  ; 
on  remployait  en  poudre  à  la  dose  de  2  à  8  grammes,  et  on  prescrivait  le  vin  Ti 
(elle  de  30  à  60  grammes;  elle  est  légèrement  amère  et  astringente.         0.  R. 

AIAÉHTBE  (syn.  hydrure  d*acélyle)  C^H^O'.  On  sait  que  les  liqueurs  alcoo- 
lisées (vin,  bière,  etc.)  mises,  dans  des  conditions  favorables,  en  présence  de  l'air 
ou  de  l'oxygène,  ces  liqueurs  s'aigrissent,  et  peu  à  peu  tout  l'alcool  qu'elles 
contenaient  est  remplacé  par  de  l'acide  acétique.  Ce  changement  est  un  produit 
de  l'oxydation  de  l'alcool.  En  eflet  : 

C*H«0«  -h  40  =  C*H*0*  4-  2H0. 

Alcool.       Oxygène.     Ac.  acétique.      Eau. 

Mais  cette  oxydation  n'a  pas  lieu  d'un  seul  coup  :  elle  se  produit  pour  ainsi  dire 
en  deux  temps,  car  si  pendant  cette  oxydation  l'oxygène  n'est  pas  en  quantité 
suffisante,  comme  cela  arrive  quelquefois  dans  les  vinaigreries  d'après  le  système 
allemand,  il  se  forme  un  corps  intermédiaire  entre  Talcool  et  Tacide  acétique,  et 
qui  ne  diffère  du  premier  que  par  deux  équivalents  d'hydrogène  en  moins.  C'est 
fie  Valcool  deshydrogéné,  ou  aldéhyde.  Ainsi  : 

C*H«0«  4-  20  =  C*H*0«  +  2H0. 

Akool.       Oxygène.    Aldéhyde.  Eaa« 

Mais  l'aldéhyde,  corps  très-oxydable,  qui  prend  naissance  dans  cette  première 
réaction,  s'empare  à  son  tour  de  deux  équivalents  d'oxygène  et  forme  l'acide 
acétique. 

L'aldéhyde  a  été  découverte  par  Dœbereiner,  qui  ne  l'a  obtenue  qu'à  l'état 
impur  et  qui  lui  a  donné  le  nom  d'éther  oxygéné  pesant,  elle  a  été  plus  particu- 
lièrement étudiée  par  Liebig,  à  qui  nous  devons  la  connaissance  de  sa  composition 
et  de  ses  principales  propriétés.  Ce  coqis  prend  naissance  lorsqu'on  place  l'alcool 
sous  l'influence  de  corps  oxydants,  tels  que  l'acide  chromique,  le  chlore  aqueux, 
un  mélange  d'acide  sulfurique  et  de  bioxyde  de  manganèse,  etc. 

PBÉPABATioa.  Liebig  prépare  l'aldéhyde  de  la  manière  suivante  :  On  distille  à 
une  douce  chaleur  un  mélange  de  2  parties  d'alcool  à  80  centièmes,  2  parties 
d'eau,  5^  parties  d'acide  sulfurique  et  3  parties  de  peroxyde  de  manganèse  bien 
pulvérisé.  Â  la  cornue,  qui  doit  être  assez  spacieuse  pour  pouvoir  contenir  trois 
fois  le  volume  du  mélange,  est  adapté  un  récipient  entouré  de  glace.  Quand  la 
masse  ne  se  boursoufle  plus,  ce  qui  arrive  quand  à  peu  près  trois  parties  du 
mélange  ont  passé,  on  retire  le  liquide  distillé,  et  on  le  rectiûe  à  deux  reprises 
sur  du  chlorure  de  calcium,  en  ne  recueillant  que  ce  qui  passe  au-dessous  de  60®. 
De  cette  manière,  on  obtient  un  liquide  qui  n'est  presque  que  de  l'aldéhyde,  souillé 
d'un  peu  d'eau,  d'alcool  et  d'éther  acétique  et  formique.  On  le  mélange  avec  deux 
fois  son  volume  d'éther,  et  on  le  sature  par  du  gaz  ammoniac  sec.  U  se  sépare 
bientôt  des  cristaux  d* aldéhyde-ammoniaque,  qu'on  lave  avec  de  l'éther  et  que 
l'on  fait  sécher  à  l'air.  On  distille  ensuite  6  parties  de  ces  cristaux,  dissous  dans 
r»  fois  leur  poids  d'eau,  avec  5  parties  d'acide  sulfurique  étendu  de  son  volume 


7â6  ALDÉUYUE. 

d'eau  et  refroidi.  L'acide  est  ajouté  par  petites  portions,  puis  on  chauffe  légè- 
rement ;  on  recueille  le  produit  dans  un  récipient  entouré  de  glace,  et  on  le  rec- 
tifie sur  du  chlorure  de  calcium,  en  ayant  soin  que  la  température  du  bain  ne 
dépasse  pas,t26  ou  30^. 

Propriétés.  L'aldéhyde  est  un  liquide  incolore,  très-mobile,  très-limpide, 
d'une  odeur  éthérée  particulière  et  suffocante.  Elle  possède  un  pouvoir  réfrin- 
gent assez  faible.  Elle  bout  à  la  température  de  21®;  sa  densité  à  18''  est  de 
0,790,  et  à  O''  de  0,8009.  Elle  se  mêle  en  toute  proportion  à  l'eau,  Talcool  et 
l'éther.  Elle  est  très-inflammable  et  brûle  avec  une  flamme  blanche  fort  pale. 

L'aldéhyde  possède  une  grande  tendance  à  s'oxyder  et  à  se  transformer  eu  acide 
acétique  : 

C*11*0«  4-  20  =  C*HH)V 

Toutes  les  fois  qu'elle  est  mise  en  présence  d'un  corps  qui  puisse  céder  faci- 
lement son  oxygène,  cette  transformation  a  lieu;  ainsi  sa  solution  aqueuse,  mise 
en  présence  de  Tair,  enabsorbe  l'oxygène,  et  Tacide  acétique  est  produit.  Il  en  evt 
de  même  quand  le  chlore  ou  le  brome  aqueux  agit  sur  la  solution  aqueuse  ;  il }  a 
»lors  production  d'acide  chlorhydrique  ou  hromhydrique 

C*HH)«  -4-  2C1  -h  2 HO  =C*H*0*  4-  2H,C1. 

L'acide  azotique  étendu,  l'acide  chromique,  l'azotate  d'argent,  produisent  aussi 
très-facilement  cette  oxydation.  Lorsqu'on  ajoute  de  l'aldéhyde  à  une  dissolution 
de  ce  dernier  sel  après  l'avoir  neutralisé  par  quelques  gouttes  d'ammoniaque  et 
qu'on  chauffe  doucement  la  liqueur,  on  obtient  un  dépôt  d'argent  métallique  qui 
s'attache,  sous  forme  d'une  couche  miroitante,  aux  parois  du  vase. 

Lorsqu'on  chauffe  de  l'aldéhyde  avec  une  solution  de  potasse  ou  de  soude 
caustique,  le  mélange  ne  tarde  pas  à  brunir,  et  il  s'en  sépare  bientôt  une  matièn- 
brune  (résine  d'aldéhyde)  qui  surnage  et  se  laisse  tirer  en  fils  comme  de  la  résine. 

L'aldéhyde  se  combine  très -facilement  avec  l'ammoniaque.  Nous  avons  déjà  va 
la  formation  des  cristaux  d'aldéhyde-ammoniaque  quand  nous  avons  parlé  de  b 
préparation  ;  ces  cristaux  ont  la  forme  de  rhomboèdres  aigus  transparents,  fusjbl<'^ 
de  70°  à  60°,  et  volabils,  presque  sans  décomposition,  vers  100°. 

En  représentant  l'aldéhyde  comme  l'hydrure  du  radical  acétyle, 

CMl'G» 
H 

Bydrnre  d'acêiyle. 

la  formation  de  ces  cristaux  s'explique  de  la  manière  suivante  :  i'ammonia<|ur 
AzH'  se  combine  avec  l'hydrogène  de  l'hydrure  pour  former  de  l'ammonium,  qui 
se  substitue  à  l'hydrogène  de  Thydrure 

H       t  ^  '^^"  —  \    Azfl^ 

llydrutv  Acéiykire 

d'acélyle.         Aininoaia<|ue.     d'«niinoniuni. 

Une  propriété  caractéristique  de  l'aldéhyde  c'est  de  se  combiner  directeo^iU 
avec  les  bisulfites  alcalins  et  avec  le  bisulfite  d'ammoniaque;  il  suffit  d'agiter  uiu* 
solution  aqueuse  d'aldéhyde  avec  une  solytion  concentrée  de  bisulfite  de  soodo 
pour  que  la  combinaison  se  précipite  en  cristaux. 

Dans  les  réactions  suivantes,  l'aldéhyde,  que  jusqu'à  présent  nous  avons  m 
considérer  comme  de  l'hydrure  d'acétyle,  va  jouer,  au  contraire,  le  rôle  d'un 
oxyde  d'un  radical  diatomique  :  l'élhylidèue  (C^H*)"  isomère  avec  l'élliytèoe.  Lu 


ALDÉIIYDRS.  727 

l'flet,  si  i*ou  chauffe  Taldéhyde  avec  de  Tacide  acétique  anhydre,  elle  s'y  combine 
pour  former  un  acétate  comme  son  isomère  l'oxyde  d'élhylcuc  C^H^O' 

t  n  u  +  .  ^.»jj3^,,  )  "  —  I  (CMPO»)»  )  " 

Aldéhyde.         Acide  acétique  Diacélnle  d'aldéhyde 

(Oxyde  dV-lhjhdèae).      anhydre.  ou  oxyde  d'êthylid^iie. 

Traitée  par  le  perchlorure  de  phosphore,  l'aldéhyde  échange  ses  deux  équi- 
valents d'oxygène  contre  deux  équivalents  de  chlore  et  se  convertit  en  chlorure 
d'éthylidènc, 

C*H*0«  4-  PhCl*  =  C*H*C1«  4-  PhO*Cl5 

Oxyde         Perchlonire         Chlorure         Oxychlorure 
d'élhybdène.  de  phosphore,     d'ilhylidène.  de  phosphore. 

Le  sulfure  d'éthylidène  s'obtient  aussi  très-facilement  :  un  courant  d'hydrogène 
sulfuré  que  l'on  fait  passer  dans  une  solution  aqueuse  d'aldéhyde  y  détermine  la 
formation  d'une  substance  blanche,  cristalline,  soluble  dans  l'eau  et  l'alcool, 
douée  d'une  odeur  alliacée  et  se  sublimant  à  45°  ;  c'est  le  sulfure  d'éthylidène  : 

C*H*0«  -h  2HS= 2H0  4-  C*H*S«. 

Modifications  isomères  de  l'aldéhyde.  Lorsque  l'on  conserve  l'aldéhyde  dans 
des  tubes  fermés,  il  s'y  dépose,  surtout  pendant  les  froids  de  Thiver,  des  cristaux 
sous  forme  de  prismes  allongés,  doués  d'un  grand  éclat,  sans  odeur  ni  saveur, 
insolubles  dans  l'eau,  très-solubles  dans  l'alcool,  se  sublimant  à  120°,  sans  fondre 
d'abord,  en  aiguilles  soyeuses,  très-longues;  c'est  la  métaldéhyde. 

Le  même  corps  se  forme  encore  lorsque  Taidéliyde,  mêlée  avec  la  moitié  de  son 
volume  d'eau  et  d'unç  trace  d'acide  sulfurique,  est  refroidie  au-dessous  de  0^;  il 
s'y  dépose  bientôt  de  fines  aiguilles  ;  ces  cristaux  ont  tous  les  caractères  de  la 
métaldéhyde. 

La  liqueur  qui  surnage  ces  cristaux  a  perdu  l'odeur  de  l'aldéhyde  et  est  devenue 
insoluble  dans  l'eau  ;  c'est  la  paraldéhyde.  C'est  un  liquide  très-fluide,  limpide, 
se  dissolvant  dans  l'alcool  et  l'éther.  Il  bout  à  125°  et  distille  sans  altération. 

Enfin,  l'aldéhyde  se  convertit  quelquefois,  par  une  cause  inconnue,  en  longues 
aiguilles  transparentes,  fusibles  à  -h  2°  et  entrant  en  ébullition  5  94**;  c'est 
Vélaldéhyde.  Ce  corps  ne  brunit  pas  quand  on  le  chauffe  avec  de  la  potasse;  il 
n'agit  pas  sur  les  sels  d'argent  et  ne  se  combine  pas  avec  l'ammoniaque.  Tous  ces 
isomères  de  l'aldéhyde  sont  formés  par  la  condensation  de  trois  de  ses  molécules  ; 
leur  formule  est  donc  C**I1"0\  Lutz. 


On  nomme  aldéhydes  une  classe  de  composés  organiques  inter- 
médiaires entre  les  alcools  et  les  acides.  L'aldéhyde  ordinaire,  qui  représente  de 
l'alcool  moins  2  atomes  d'hydrogène  (alcool  déshydrogéné) ,  ou  de  l'acide  acétique 
moins  2  équivalents  d'oxygène  (1  atome),  a  doimé  son  nom  à  cette  classe  de  corps  : 

CmW  — IP  =  C*H*0« 

Alcool.  Aldéhyde. 

CMl^O*— 0»  =  C*IPO» 

Acide  ac^ique.  Aldéhyde. 

Ces  relations  existent  entre  toutes  les  aldéhydes  d'une  part,  les  alcools  et  acides 
correspondants  de  Tautre.  Toutes  peuvent  absorber  0'  pour  se  convertir  en  acides, 
et  probablement,  comme  l'aldéhyde  ordinaire  et  l'aldéhyde  benzoïque,  fixer  11^ 
pour  se  convertir  en  alcools  {voy.  ce  mot). 

On  connaît  des  aldéhydes  appartenant  à  diverses  séries,  dont  la  plus  importante 
est  celle  qui  comprend  l'aldéhyde  ordinairs.  Eu  voici  les  différents  termes  : 


728  ALDÉHYDES. 

Aldéhyde  acétique C*  H*  0« 

—  propioni({ue C*  H*  0* 

—  butyrique C»H»0» 

—  valérique C'^H^W 

—  œnanthyliquc  (œuantliol). .  .  C**H*H)* 

—  caprylique C^'B^W 

—  laurique C«WH)« 

—  palmitique C«H**0« 

I!  existe  des  aldéhydes  moins  hydrogénées  que  les  précédentes;  ainsi  Taldéhyde 
acrylique  ou  acroléine,  diiïi^e  de  l'aldéhyde  propionique  par  2  atomes  d'hydn^- 
gène  en  moins  : 

aldéhyde  propionique C*I1*0* 

aldéhyde  acroléique C*I1*0* 

Les  aldéhydes  aromatiques,  dont  la  plupart  se  trouvent  toutes  formées  dan> 
certaines  essences  liquides  ou  concrètes,  renferment  de  même  moins  d'hydrogène 
que  les  aldéhydes  des  acides  gras.  Parmi  ces  aldéhydes,  qui  appartiennent  à  diverse- 
séries,  nous  citerons  les  suivantes  : 

Aldéhyde  benzoïque  (essence  d'amandes  amères) .  C**H*  0' 

—  cuminique  (cuminol) C^H^W 

—  cinnamique  (essence  de  cannelle) .  .  .  C"H'  0* 
Camphre  des  laurinées C^H^O* 

11  existe  des  aldéhydes  qui  correspondentà  des  acides  diatomiques  ;  ainsi  l'aldéhyd»^ 
salicylique,  ou  essence  de  reine-des-prés,  est  à  l'acide  salicylique  ce  que  1  esscno* 
d'amandes  amères  est  à  l'acide  benzoïque  : 

C'*H*0*  aldéhyde  benzoïque.  .  .  .     C^ÏPO*  acide  benzoïque. 

C»*H«0*  aldéhyde  salicylique. .  .  .     C«*HW  acide  salicylique. 

L'aldéhyde  anisique  C^HK)*  constitue  l'aldéhyde  méthylsalicylique  C**H»((?H')0^ 
Enfin,  on  connaît  l'aldéhyde  de  l'acide  oxalique  :  c'est  le  glyoxal  de  M.  Dehm. 

11  est  au  glycol  et  à  l'acide  oxalique  ce  que  l'aldéhyde  ordinaire  est  à  l'alcool  cl  » 

l'acide  acétique  : 

Gifcol.  Glyoxal. 

C»H«0»  — 0»  =  C»H«0' 

Adde  oxalique.  Glyoxal. 

Toutes  les  aldéhydes  peuvent  être  obtenues  par  l'oxydation  des  alcools  corrw- 
pondants,  dont  ils  ne  diffèrent  que  par  de  l'hydrogène. 

On  peut  les  dériver  aussi  des  acides  correspondants  par  un  procédé  général  q»« 
a  été  découvert  par  M.  Piria  :  il  consiste  à  distiller  un  mélange  du  sel  de  baryte  il» 
cet  acide  avec  le  formiate  de  baryte.  Ainsi,  on  obtient  de  l'aldéhyde  benzoïque  m 
distillant  un  mélange  de  benzoate  et  de  formiate  de  baryte  : 

C>WO«  \^,  ^  (?0«H  ).,,        C»*HW  1     ^  C»0*  1  m 
Bar  Bar    =  Hj     "*"     Ba*)" 

Formiale  Forminle  lljydnire  Carbonale 

de  btrynm.  de  baryum.  de  benaolle.       de  baryum. 

En  fixant  2  équivalents  d'oxygène,  les  aldéhydes  se  convertissent  en  aride». 
Cette  oxydation  s'accomplit  non-seulement  par  l'action  des  réactifs  oxydants,  ib»»> 
même  par  la  fixation  de  l'oxygène  libre,  surtout  sous  l'influence  du  noir  de  pbtine. 


( 


ALDROVANDE.  749 

Au  contact  de  ramalgame  de  smlium  et  de  l'eau,  les  aldéhydes  pem-ent 
fixer  de  Thydrogène  et  se  convertir  en  alcools. 

Vn  certain  nombre  d'aldéhydes  aromatiques  se  convertissent  en  alcools  et  eu 
acides  lorsqu'on  les  chauffe  avec  une  solution  alcoolique  de  potasse  (Cannîzzaro). 

2C»*H«0«  4-  KHO«  =  C^HW  -h  C"H»KO* 

Aldéhyde  beniolque*  Alcool  Bftuonle 

benzylique.  pola»ique. 

Les  aldéhydes  correspondant  aux  acides  gras  peuvent  absorber  de  l'ammoniaque 
[lour  former  des  combinaisons  analogues  à  l'aldéhyde-ammoniaque. 

Les  aldéhydes  aromatiques  se  convertissent  sous  l'influence  de  l'ammoniaque  en 

une  classe  d*amides  qu'on  nomme  hydramides  : 

11*1  C»M1»| 

3C»*HW  -+-H*  Az«  =  C^H»  Az«  -+-  5H«0«. 
H»)  C^*H«) 

Aliitfliyde  ben<u!quv.  Hydrobcnumide. 

Les  aldéhydes  peuvent  s'unir  directement  aui  acides  anliydres  pour  former  des 
ombinaisons  neutres  qui  sont  isomériques  avec  les  éthers  correspondants  des  gly- 

t-ols.  Ainsi  l'aldéhyde  C*H*0'  s'unit  à  l'acide  acétique  anhydre      r*ii50i(0'   pour 

former  le  composé  o/fiiisAïwOS  isomérique  avec  le  glycol  diacétique. 

Voici  une  des  propriétés  générales  les  plus  importantes  des  aldéhydes  :  ces  coqis 
^*unissent  aux  bisulfites  alcalins  pour  former  des  composés  cristallisables.  On 
tire  parti  de  cette  propriété,  dans  la  préparation  des  aldéhydes,  lorsqu'il  s'agit  de 
les  séparer  d'autres  liquides.  VVurtz. 

AUIRICIHETTI  OU  AIVBREAHETTI  (Aadrea  «hcttff  H  aller).  Né  a 
Padoue,  d'une  famille  patricienne,  le  3  février  i573.  Les  études  de  philosophie 
auxquelles  il  se  livrait  avec  ardeur  ne  l'empêchèrent  pas  de  profiter  des  leçons 
du  célèbre  Fabrizzio  d'Acquapendcnte.  Nommé  en  1598  professeur  de  médecine,  il 
acquit  promptement  une  très-grande  réputation,  et  mourut  de  la  peste  le  26  juin 
1631,  à  l'âge  de  cinquante-huit  ans.  AIdrighetti  a  laissé  un  très-grand  nombre  de 
manuscrits,  dont  le  biographe  Hazzuchelli  a  donné  la  liste.  On  lui  doit  d'avoir 
édité  les  leçons  de  son  compatriote  Hercules  Sassonia  sur  la  syphilis,  ouvrage 
qu'il  fit  paraître  sous  ce  titre  :  Luis  venerex  perfectissimus  tractaUis^  ex  are 
Herculis  Sassonix,  Patavini  mediei  clarissimiy  in  Academia  Patavina  ordi- 
nario  loco  jnvfessoris  exceptus,  Patavii,  1597,  in-4,  et  Tractatus  perfectissimus 
de  mcrbo  gallico  seu  hie  venerea^  privatim  primo  prxleclus,  postmodum  in 
capita  distinctes,  indice  locupletatus,  lucique  eocpositus  opéra  et  studio  André- 
ghetti  Andreghettii,  Francofurti,  1600,  in-8.  On  n'a  d'Aldrighctti  lui-même  que 
le  discours  suivant,  imprimé  aj.rès  sa  mort  :  Oratio  qm  illustrissime  ac  révérend, 
Petro  Valerio  Patavium  accedente  graitdabatur,  etc.  Patavii,  1633,  in-4°. 

E.  BcD. 

AI<MO¥AlliDE  (uiyMe.)  Buffon  critique  beaucoup  ce  célèbre  naturaliste  ; 
il  le  critique  sur  ses  «  contes  »  de  coqs  et  de  bjeufs,  sur  ses  histoires  de  miracles, 
sur  sa  superstition,  sur  les  fables  qu'il  débite,  ipie  sais-je  encore...?  Mais  BuiTon 
a-t-il  été  juste  en  faisant  passer  sous  sa  plume  critique  et  mordante  le  nom  de  ce 
noble  vieillard,  qui  a  passé  une  longue  existence  à  rassembler  une  ioule  d'objets 
d'histoire  naturelle,  et  qui  est  mort  pauvre,  ayant  eu,  dit-on,  pour  dernier  abri 


750  ALEBRAM». 

un  lit  à  l'hôpital?  M 'est-ce  rie»  d*a\oir  parcouru  presque  tous  les  pays  de  l'Europe, 
d'avoir  entretenu  à  ses  frais  plusieurs  peintres  et  graveurs,  d'avoir  fourni  un  ma- 
gnifique cabinet  dont  les  débris  ornent  encore  aujourd'hui  une  des  salles  de  l'Iih 
stitut  de  Bologne,  d'avoir  laissé  une  immense  quantité  de  manuscrits,  et  d  avoir 
enfin  édité  cinq  compendieux  volumes  d'histoire  naturelle,  enrichis  de  planches, 
qui  sont  à  cette  heure  encore  très-recherchés  des  amateurs?  Sans  doute  les  livn% 
d'Aldrovande  ne  sont  qu'une  indigeste  compilation  d'individus  placés  sans  ordre, 
presque  sans  méthode,  et  ne  sont  guère  qu'une  copie  de  Gessner;  sans  doute  kfi 
planches,  toutes  sur  bois,  toutes  très-grossières,  représentent  assez  mal  les  in- 
dividus, les  insectes,  surtout.  Mais  que  l'on  songe  qu'AIdrovande  travaillait  dans 
la  première  moitié  du  seizième  siècle,  qu'à  celte  époque  l'histoire  naturelle, 
comme  science,  était  à  peu  près  nulle,  que  le  génie  des  classifications  a%ait  dit  ï 
peine  son  premier  mot. . . ,  et  l'on  reconnaîtra  que  ce  médecin  doit  avoir  droit  à  no- 
tre respect  et  à  notre  admiration 

11  naquit  à  Bologne,  en  4527,  d'une  famille  noble  de  cette  ville,  qni  snl»st« 
encore  aujourd'hui,  et  mourut  le  4  mai  1605,  à  l'âge  de  78  ans,  employante 
longue  existence  à  recueillir  les  matériaux  de  sa  grande  Histoire  naiureUe^  qu'il 
ne  put  cependant  achever,  et  que  sa  veuve,  ses  élèves  et  ses  admirateurs  conti- 
nuèrent après  lui. 

Dans  le  catiilogue  des  œuvres  d'Aldrovande,  il  est  important  de  faire  la  part  de 
ce  qui  lui  appartient  en  propre,  et  de  ce  qui  a  été  publié  par  ses  continuateurs, 
mais  sur  ses  manuscrits  :  Ses  Opéra  omnia,  lorment  treize  volumes  in-folio,  de 
1599  à  1668.  AIdrovande  n'a  écrit  que  les  cinq  premiers  volumes  de  cette  collec- 
tion ;  lesautres  ont  été  composés  depuis  sa  mort,  mais,  nous  le  répétons,  en  fiartii* 
sur  ses  manuscrits,  par  différents  auteurs  :  Corneille  Merverins,  Thomas  Demster, 
Barthelemi  Ambrosinus,  Montalbanus,  qui  sont  en  effet  nommés  sur  les  ti(re<. 
L'ouvrage  est  divisé  de  la  manière  suiv-ante  : 

Ornithologia.  1599-1605,  5  vol.— D«  insectis.  1602,  1  vol.  — D^  reliqtàs  animelii» 
exiongtdbm,  Uhri  quatuor.  1606. 1  vol.  Depiscibut  et  de  cetU.  1613, 1  vol.  — IV^«rfr»- 
peditnu  solipedibus.  1616,  i  \o\.^Quadrttpedum  omnium  Irisutcorum  hitioria.  1021, 1  \vi. 
— /)é  quadrupedibus  digitales  viviparis  et  oviparis.  1637,  1  \q\.  —  Serpenium  et  draernam 
historise  libri  dm.  1640,  1  xoL--  Monstrorum  historia.  1642,  1  yoL— Musxum  metaHicum^ 
1648,  1  \o\.  —  Dendrologix  naturalis  libri  duo.  1668.  1  vol. 

Que  les  amateurs  sachent  (fue  ces  édiiions-là  sont  celles  qtfe  l'on  doit  préférer,  ei  ^nii 
faut  chorsir  pour  former  une  colleclion;  qu'il  n'est  pas  facile  de  les  trouver  réuaiea  et  •» 
bonne  conservation,  et  qu'un  exemplaire  relié  en  maroquin  rouge  a  été  payé  800  franco  j  Jj 
vente  de  Camus  de  Limare.  Il  est  vrai  qu'une  autre  édition,  celle  de  Francfort  i610  .  't 
qui  peut  se  relier  en  cinq  ou  six  volumes,  ne  coûte  que  quelques  francs.      A.  Canctr. 

ALE.  Voy.  Bière. 

JàUEBRAND  BE  PLOBENCE.  Sous  les  numéros  3021,  1^88  el  SOSi  d« 
fonds  français,  la  Bibliothèque  impériale  possède  trois  manuscrits  qni  sont  évi- 
flemment  du  même  auteur,  quoique  ce  dernier  s'y  dévoile  sous  des  noms  un  pi 
différents, — maître  Alebrans  de  Florence,  maître  Halebrandis  deScenne,  maître 
AUbrandin^  —  et  quoique  les  prologues  ne  soient  pas  identiques.  A  pari  ces  p<»- 
logues,  les  trois  manuscrits  offrent  la  même  division,  commencent  et  finissent  |ar 
les  mêmes  mots. 

C'est  un  traité  général  de  médecine  et  d'hygiène  adressé  à  Béatrix  de  Savoie, 
laquelle,  ayant  épousé  en  1220  Baymond  Déranger  IV,  comte  de  Provenoe,  roounit 
en  1266.U/œuvre  n'offre  qu'un  intérêt  très-médiocre,  mais  elle  est  asset  bien 


ALECTRYO.V.  751 

ordonnancée  pour  l'usage  que  pouvait  en  faire  une  princesse  qui  quittait  sa  belle 
Provence  poiu*  courir  embrasser  ses  filles,  Marguerite,  Ëléonore,  Saucie  et  Béa* 
trix,  que  leurs  mariages  avaient  conduites  Tune  à  Paris,  l'autre  en  Angleterre,  la 
Iroisi^e  dans  TÂnJou,  la  quatrième  en  Allemagne 

Au  reste,  le  traité  de  maître  Alebrand  a  eu  les  honneurs  de  l'impression  ;  nous 
en  avons  vu  une  édition  in-folio  gothique,  à  deux  colonnes  de  trente-trois  lignes 
chacune,  ne  portant  ni  lieu  ni  date,  et  se  terminant  par  ces  mots  :  Cy  finist  le 
livre  que  maître  Alebrandin  fit  à  la  requeste  du  roy  de  France  pour  la  cariser- 
vation  de  la  santé  du  corps  humain. 

Ce  roi  de  France  ne  peut  être  que  saint  Louis. 

Brunet,  dans  son  Manuel  du  Libraire,  la  Biographie  Michaud  et  d'autres 
recueils  croient  reconnaître  notic  Alebrand  de  Florence  dans  un  célèbre  médecin 
du  moyen  âge,  Aldobrandino  ou  Dino  del  Garljo,  professeur  de  médecine  à  Bologne 
et  à  Sienne,  auteur  d'un  gi*and  nombre  d'ouvrages,  et  qui  mourut,  comme  nous 
l'apprend  YilLni^  le  30  septembre  4527.  S'il  en  est  ainsi,  il  faut  avouer  qu' Ale- 
brand de  Florence,  qui  écrivit  son  livre  d'hygiène  en  4256,  ou  même  en  1234, 
niounit  dans  un  âge  extraordinairement  avancé  et  qu'il  fut  bien  précoce  comme 
auteur  et  comme  médecin  d'une  noble  comtesse.  Voy.  Garbo  (Dino  del). 

A.  Ghérkau. 

ALECTOBIA.  VA,  jubata  Ach.,  ou  Cornicularia  jubata  de  De  Caiulollo, 
o>t  un  Lichen  employé  en  lotions  astringentes  dans  quelques  provinces  de  la 
France  où  on  lui  doime  le  nom  vulgaire  de  Crinière.  11  guérit,  dit-on,  les  exco- 
riations de  la  peau.  H.  Bn. 

AUBCTOROCTOIVIIRI.  Genre  de  la  famille  des  Euphorbiacées  établi  par 
N.  de  Schlechtendal  (Linnœa,  XIX,  252)  et  admis  par  HH.  Klotzsch  etGarcke(7'r/- 
coccXy  39),  tandis  que  nous  ne  le  considérons  {Étude  gén.  des  Euphorbia- 
cces,  284)  que  comme  une  section  du  genre  Euphorbe,  caractérisée  par  des 
feuilles  opposées  ou  verticillées,  des  rameaux  articula,  ordinairement  ligneux,  et 
des  fleurs  groupées  en  corymbes  ou  en  panicules  terminales  de  cymes,  avec  des 
fleurs  polygames  prescfue  toutes  mâles,  et  des  glandes  au  calice,  pourvues  d'ap- 
pendices pétaloïdes  ordinairement  blanchâtres.  Ce  sont,  comme  la  plupai*t  des  Eu- 
phorbes, des  plantes  très-vénéneuses,  dont  le  suc  laiteux  abondant  tue  les  animaux 
et  entre  autres  les  oiseaux,  d'où  est  venu  le  nom  générique  adopté  par  M.  dtt 
Schlechtendal.  L'espèce  la  plus  connue  est  YEuphorbia  cotinifolia  de  Liinié 
{A,  cotinifolium  Kl.  et  Grcke),  qui  est  considérée  aux  Antilles  comme  un  poison 
\iolent.  VE.  petiolaris  Sims  (E.  verticillata  Poir, — A.peiiolare  KL.^t  Grcke) 
est  appelé  pour  la  même  raison,  aux  Antilles,  le  Petit-MancentUier,  Les  Mexicains 
désignent  encore  les  espèces  qui  crobsent  dans  leur  pays  sous  le  nom  de  Mata- 
gallinas,  qui  indique  les  mômes  propriétés  vénéneuses.  H.  Bn. 

AI«BCTBTOlv.  Gœrtner  a  donné  ce  nom  à  un  genre  déplantes  de  la  Nouvelle- 
Zélande,  dont  on  ne  connaît  qu'une  espèce,  VA.  exceUum.  C'est  une  Sapindacée  a|)é- 
tale  à  fleurs  polygames  5-8  andres,  et  à  ovaire  trimère,  dont  deux  loges  avortent.  Dans 
la  loge  fertile  se  trouve  un  ovule  dressé.  Le  fruit  est  un  akène,  et  la  graine  qu'il  ren- 
ferme s'entourant  d'un  arille  hilaire  qui  prend  bientôt  un  énorme  accroissement,  lo 
péricarpe,  pressé  fortement  par  cet  arille  de  dedans  en  dehors,  ne  peut  pas  toujours 
résister  et  se  brise  irrégulièrement.  L'arille  charnu,  rouge  et  sapide,  fait  alors  saillir 
au  dehors.  C'est  lui  qui  est  recherché  pour  sa  saveur  acidulé.  Il  a  toutes  les  pro- 


752  ALENBROTII. 

priétés  tliérapeutiques  des  fruits  rouges  acides  de  notre  pays,  et  peut  devenir  d*«in< 
précieuse  ressource  pour  les  navigateurs,  dans  son  pa^'s  natal.  II.  Bn. 

GŒRT5ER,  Fruct.,  I,  216,  t.  46.  — D.  C,  Prodrom.,1,  617.  — Hoos.,  !coh.,  t.  740.  — Emi 
C^».,  — B.  et  IIooK.  FIL..  G/71.,  410.  fl.  Us. 

ALEMimoTH  (sel).  On  désigne  sous  ce  nom  deux  combinaisons  diloro-«iuiii>- 
niaco-mercurielles  souvent  encore  employées  en  médecine,  ce  sont  : 

{^  Le  Sel  alembroth  solublSy  ou  chlorure  ammoniaca-mercuriel  soluUe^  mv- 
nate  ammaniaco-mercuriel  sobible,  sel  de  la  sagesse  ou  de  la  science^  que  Ton 
obtient  en  mélangeant  parties  égales  de  chlorhydrate  d  ammoniaque  et  de  suUimr 
corrosif  porphyrisés.  Ce  mélange,  quoique  ne  représentant  pas  le  sel  double,  hii  e4 
préférable  ;  pour  obtenir  celui-ci  pur,  il  faut  faire  cristalliser  dans  un  excès  d* 
chlorhydrate  d'ammoniique. 

Des  expérienœs  nombreuses  ont  démontre  que  les  chlorures  alcalins,et  pins  parti* 
cnlièrement  le  chlorhydrate  d'ammoniaque,  associés  au  sublimé  corrosif,  le  ren- 
dent pins  soluble  et  plus  actii  ;  aussi  pratique-t-on  cette  association  toutes  les  Soi^ 
que  l'on  veut  obtenir  des  dissolutions  très-concentrées  de  sublimé  dansTeau:  et- 
moyen  est  souvent  employé  pour  la  préparation  des  bains  mercuriels. 

Le  chlorure  ammoniuco-mercuriel  soluble  fait  partie  des  compositions  suivante>  : 

Liqueur  de  GowlaJîd.  Amandes  amères,  90  gmm.;  eau  distillée,  500  gram.; 
sublimé  corrosif,  80  cent.  ;  sel  ammoniac,  2<'',i0.  On  fait  une  émulsion  d*aniand<>. 
(Ml  fait  dissoudre  les  deux  sels  dans  une  petite  quantité  d'eau,  et  on  mélange. 

Lorsque  le  sublimé  corrosif  est  mélangé  avec  le  sel  ammoniac  dans  les  pit>- 
))ortions  de  1  sur  5,  et  dissous  dans  l'eau,  la  solution  n'est  pas  précipitée  |Kir  l'eau 
albumineuse,  aussi  la  liqueur  de  Gowland  se  conserve-t-dle  bien  ;  après  quelq'»* 
temps  il  se  fait  une  séparation,  mais  le  composé  mercuriel  reste  en  dissiriatâon.  Lt* 
coagulum  iormé  reste  au  fond  du  vase  lorsque  la  proportion  de  sel  anmMmiac  e>t 
plus  faible,  il  surnage  dans  la  formule  indiquée;  dans  le  premier  cas,  d'après  Sou- 
l)eyran,  la  liqueur  renferme  un  composé  albumino-mercuriel  insoluble. 

Li  liqueur  de  Gowlaud  étendue  d'eau  est  un  des  cosmétiques  le  plus  sou^eiii 
employa  contre  les  maladies  de  la  peau  ;  elle  réussit  bien  contre  les  épbélide»  ; 
plué  concentrée,  on  l'a  employée  en  lotions  contre  le  prurigo;  dans  Unis  les  cas;  ellr 
est  exclusivement  réservée  à  l'usage  externe.  M.  Mialhe  a  proposé  les  deux  fcr- 
nmles  suivantes  : 

Pommade  chloro-met^curique.  Bichlorurede  mercure,  1  ;  chlorh^dnile  d*aii.- 
moniaque,  2  ;  axonge,  7.  Broyez  ensemble  les  deux  sels  et  mélangez. 

Emplâtre  chloro-mercurique.  Bichlorure  de  mercure  pulvérisé,  I  ;  cliioHit- 
drate  d'ammoniaque,  2  ;  cire  blanche,  15  ;  résine  pure  ;  mélangez  les  àem  sek  e: 
ajoutez-les  à  la  masse  résineuse  fondue  et  à  moitié  refroidie. 

2^  Le  sel  alembroth  insoluble^  chlorure  ammoniaea-mercuHel  insoUMe^  m» 
riate  ammoniaco^mercuriel  insoluble,  oxy-chlorure  ammoniacal  de  mercure, 
mei'cure  de  vie^  mercure  précipité  blanc,  précipité  blanc  de  Pn««r,  tait 
mercuriel,  mercure  cosmétique,  est  un  sel  blanc  amorphe  insohihle  que  ri>ii 
obtient  en  précipitant  une  solution  de  sublimé  corrosif  par  suffisante  quantité  dani- 
moniaque  liquide  ;  on  lave  le  précipité  et  on  lait  sécher.  D'après  Kano,  ce  coaipo>«' 
est  une  combinaison  de  sublimé  («rrosif  et  d'amidure  de  mercure,  c'est-à-dirt* 
qu'il  est  iormé  de  i  pp.  mercure  (52,85),  \  pp.  chlore  (15,95),  i  pp.  amide(6,r»ri. 
et  1  pp.  de  mercure  (39,85),  et  il  peut  être  représenté  par  HgCl+HgAiH*. 

Lor«pi  on  verse  de  l'ammoniaque  dans  une  solution  de  sublimé  corrosif,  la  moiCn 


A  LÉ 01' TES.  733 

fin  chlore  da  sublimé  prend  un  équivalent  d*hydrogène  à  Taniinoniaque  pom* 
tormer  de  ^l'adde  chlorhydrique  et  du  dilorhydrate  d*anunoniaque,  et  Tamide 
(=ÂzH*)  résultant  de  la  décomposition  de  l'ammoniaque  se  oombine  au  mercure 
pour  former  de  Tamidure  de  mercure,  qui  à  son  tour  entre  en  ombinaison  a\eo 
le  sublimé  non^décomposé  pour  iormer  le  sel  alembrotb  insoluble  qui  devrait  être 
appelé  :  chlùTihamidure  de  mercure. 

Le  nom  de  précipité  blauc,  donné  très-improprement  au  sel  alembrotb  insoluble, 
ne  devrait  s'appliquer  qu'au  protocblomre  de  mercure  par  précipitation  ;  celui-ci 
noircit  par  la  potasse;  le  composé  ammoniaco-mercuriel,  au  contraire,  qui  esi  beau- 
a)up  plus  actif,  ne  noircit  pas,  il  jaunit  et  il  dégage  de  l'ammoniaque  au  contact 
4les  alcalis  fixes  ;  le  nom  de  précipité  blanc,  porté  sur  une  formule,  doit  toujours 
«Hre  rapporté  au  protochlorure,  à  moins  qu'on  n'ait  spécifié  :  précipité  blanc  de 
Prusse.  Celui-ci  fait  partie  de  l'onguent  ou  pommade  antipsorique  de  Zeller 
iseï,  i  ;  axonge,  de  8  a  16),  de  la  pommade  de  Janin,  etc. 

C'estdans  ce  groupe  de  corps  que  l'on  devrait  placer  Vammaniure  de  mercure, 
étudié  par  M.  Guibourt  et  que  M.  Kane  regarde  comme  un  oxyamidurede  mercure 
=  HgO,HgÂzH*.  Correspondant  au  cbloi*amiduro,  c'est  un  composé  très-actif  K 
tout  à  fait  inusité. 

L'eau  albumineuse,  qui  est  un  excellent  contre- poison  du  sublimé  corrosif,  se- 
llait tout  k  fait  impuissante  pour  combattre  un  empoisonnement  par  les  composés 
ammoniaco-mercuriels  qu'elle  ne  décompose  pas;  il  faudrait',  dans  ces  cas,  avoir 
recours  sm  sulfure  de  fer  hvdraté.  0.  Réveil. 

AMÂSfWWE»  OU  AiiiBOUTiEiMiinBS  (Ues)  (Aleutian  Insein) .  Groupe  linéaire 
•fui  s'étend  en  arc  de  cercle  de  la  pointe  S.  0.  de  la  presqu'île  d'ilaska  à  celle  du 
Kamtschatka,  entre  le  51*  et  le  59*  degré  de  latitude  N.,  de  164  degrés  longitude 
E.  à  155 degrés  longitude  0.  (mérid.  de  Paris).  Ces  îles,  découvertes  en  1741  par 
le  capitaine  Bering,  séparent  la  mer  qui  porte  son  nom  du  grand  océan  Boréal.  On 
les  divise  en  trois  groupes  principaux,  dont  le  plus  petit  ne  compte  pas  moins  de 
vingt  îles. 

Elles  sont  généralement  élevées,  très-montagneuses,  et  quelques  sommets  sont 
ouverts  de  neiges  perpétuelles.  Leur  sol,  considéré  collectivement,  a  sa  plus 
faraude  élévation  au  milieu  de  l'arc,  et  s'abaisse  de  chaque  côté  en  se  rapprochant 
«le  l'Asie  et  de  l'Amérique.  Cependant  l'île  de  Bering,  si  l'on  veut  la  comprendre 
avec  les  Aléoutes,  a  des  sommets  granitiques  élevés  jusqu'à  2000  mètres. 

Elles  sont  en  général  de  formation  vulcanienne.  On  y  l'encontre  fréquemment, 
:ivoc  le  basalte  et  d'autres  laves,  le  granit,  le  porphyre  et  le  fer.  On  y  Inouve  aussi 
du  soufre  et  du  cuivre.  Plusieurs  volcans  sont  encore  en  activité,  tant  dans  les  îles 
'|ue  dans  la  presqu'île  d'Alaska.  Les  uns  ont  des  éruptions  intermittentes,  les 
autres  donnent  des  jets  continus  de  vapeurs. 

11  y  a  un  grand  nombre  de  sources  thermales  à  divers  degrés  de  temptV«iture, 
•pielques-unes  à  60  degrés  centigrades.  Plusieurs  déposent  du  soufre.  On  ne  les  a 
|Kis  analysées.  Les  indigènes  n'en  font  point  usage,  plus  ignorants  en  cela  ou  pins 
indolents  que  les  Indiens,  qui  demandent  aux  eaux  sulfureuses  des  côtes  améri- 
caines voisines  la  guérison  de  leurs  écrouelles,  rhumatismes,  maladies  de  peau, 
hépatites,  etc. 

Le  climat  n'est  pas  rigoureux  :  la  température  moyenne  est,  en  hiver,  dr 
-^  4^.  Les  gelées  sont  peu  fréquentes;  les  temps  clairs  sont  extrêmement  rares, 
hs  pluies  très-abondantes.  An  printemps,  la  chaîne  entière  est  enveloppée  d'un 


754  ALÉOITES- 

rpais  rideau  de  bruine  ;  en  automne  et  en  hiver,  les  gbces  de  la  mer  de  Berins 
obstruent  les  dolroits.  Elles  fondent  au  mois  de  mai.  Dans  Tété,  qui-  est  court, 
mnis  cbaud  et  souvent  serein,  les  plaines  abritées  et  qui  ont  un  sol  de  granit  ou 
de  laves  se  couvrent  d*herbes  hautes  et  épaisses.  D*autfies  plaines,  qui  avoîsinent 
(le  p;rnnds  marais,  sont  constamment  occupées  par  les  mousses. 

liC  capitaine  Golovine  dit  que  les  îles  Aléoutiennes  sont  absoloment  sans  arbres, 
et  «pie  l'on  trouve  quelques  taillis  seulement  sur  l'île  Kadîak  et  sur  ses  Yoiftioe^, 
qui  sont,  comme  elle,  garanties  de  la  violence  des  vents  du  nord  par  la  proximiU' 
du  continent.  Cependant  on  trouve,  aux  îles  des  Renardtj  des  sapins,  des  trembles, 
des  chênes,  des  saules;  il  est  vrai  que  ces  arbres  y  acquièrent  peu  d'élévation.  Le& 
tentatives  de  boisement  que  Ton  a  faites  sur  les  autres  îles  n*ont  aucunement  réussi , 
ce  qui  ]>eut  être  attribué  soit  :iu  climat,  soit  au  peu  de  soins  que  Ton  y  a  donné. 

On  cultive  avec  assez  de  succès  certains  légumes,  tels  que  pommes  de  terre  et 
navets;  mais  on  a  vainement  essayé,  et  à  plusieurs  reprisée,  la  culture  du  Ué.  Les; 
l^i^ins  n*y  mûrissent  pas.  II  y  a  des  fleurs,  même  grandes  et  de  couleurs  brillante?, 
mais  elles  n'ont  aucun  parfum  ;  de  même  les  baies  sauvages  sont  aqueuses,  sam 
goût  et  sans  odeur. 

On  trouve  sur  ces  îles  des  ours,  des  renards  noirs,  gris,  rouges,  bleus  et  blancs, 
des  écureuils,  des  rennes,  des  castors.  L'un  des  groupes  a  des  rats  en  si  grand*- 
quantité  qu'il  en  a  tiré  son  nom.  Les  rivages  sont  fréquentés  par  les  loutres 
de  mer,  les  morses  et  les  phoques.  Ceux-ci  sont  de  diverses  espèces  :  la  phb 
alxmdante  est  le  phoque  à  fourrure  {Phoca  ursina),  qui  non-seulement  sert  au 
vêlement  des  habitants,  mais  encore  fait  dans  ces  parages  le  principal  objet  duconh 
merce  de  la  compagnie  privilégiée  russo-américaine.  Les  haleines,  trop  poursui- 
vies et  pir  les  étrangers  et  par  les  indigènes,  deviennent  rares  dans  ces  parago^. 
Les  chats  de  mer  (anarrhicas?)  viennent  au  printemps  sur  les  îles  Saint-PauK 
Saint-Georges,  Bering  et  Medni  (île  du  cuivre),  et  s'en  retournent  en  automne.  On 
ne  sait  pas  où  ils  vont  passer  Fhiver.  C'est  au  printemps  aussi  que  les  poissons  dr 
tliverses  espèces,  morue,  turbot,  saumon,  brème,  flétan,  hareng  en  bancs  énormes, 
viennent  déposer  leur  frai  dans  les  rivières.  On  les  prend  par  milliers;  on  les  fait 
sécher  pour  les  provisions  d'hiver.  Les  ours  eux-mêmes  les  pèchent  avec  leurs 
luttes.  On  voit  une  immense  quantité  d'oiseaux  de  mer,  dont  les  indigènes  font 
leur  nourriture.  Ils  se  fabriquent  aussi  une  sorte  de  robe  avec  les  peaux  de  quel 
qnes-ims  d'entre  eux. 

Démographie,  Comme  les  Kouriles  sont  le  prolongement  du  Kamtschatka,  de 
même  les  îles  Âléoutes  sont  le  prolongement  de  la  presqu'île  d'Alaska.  Elles  foni 
trait  d'union  entre  l'Asie  et  l'Amérique.  Aussi  leurs  habitants  se  classent  entre  les. 
Kamtschadales  et  les  Esipiimaux.  Les  ethnographes  les  rapportent  plutdt  à  ce^ 
deniiers.  lia  langue  aléoute  est  parlée  dans  une  partie  de  la  presqu'île  :  ce  qui  a 
autorisé  Balhi  à  la  classer  avec  les  langues  américaines.  Le  naturaliste  Esdiscbolz 
en  a  dressé  la  grammaire,  et  il  lui  attribue  une  certaine  richesse  d'inflexions. 

Les  Aléoutiens  sont  de  taille  moyenne,  lis  ont  le  risage  rond,  le  teint  brun,  k< 
cheveux  noirs,  peu  de  barbe,  les  yeux  petits,  le  net  écrasé.  Ils  chassaient  â  l'art 
avec  des  fl^hes  ayant  pour  pointe  une  pierre  aiguë,  avant  que  les  marchands 
russes  et  anglab  leur  eussent  apporté  des  fusib,  qu'ils  payent  en  fourrures.  Ils 
dt^meuraient  sous  terre  en  hiver,  et  dans  des  cabanes  en  été.  Ils  avaient  plnsinii^ 
femmes  et  en  changeaient  asseï  souvent.  Leurs  femmes  ont  le  teint  Uaoc  et  les 
rlieveux  roux.  Elles  ne  connaissent  pas  la  pudeur  :  elles  satisfont  aux  besoins 
n;«livels  partout  où  elles  se  trouvent,  sans  souci  d'être  vues. 


ALÉOUTES.  735 

Lc-s  Aléouticns  se  divisent  en  deux  tribus.  L'une  est  répandue  dans  les  îles  qui 
déterminent  la  mer  de  Bering,  l'autre  est  restreinte  au  petit  archipel  de  Kadiak. 
Chacune  a  son  dialecte  ;  mais  leurs  mœurs,  coutumes  et  traditions  sont  semblables. 
On  dit  que  ces  deux  tribus  étaient  autrefois  très-nombreuses  et  trè&^errières.  Les 
Russes  conviennent  que  la  population  de  ces  iles  était  de  dix  mille  âmes  lorsqu'ils 
commencèrent  à  y  établir  des  comptoirs,  des  forts  et  des  garnisons.  Ce  nombre 
diminue  rapidement.  Le  dernier  recensement  constate  qu'il  est  réduit  à  4,645. 
Plusieurs  iles  sont  désertes  aujourd'hui.  Les  auteurs  cherchent  la  cause  de  ce 
dépérissement  dans  les  querelles  que  les  rivalités  de  chasse  etitiietiennent  entre 
les  deux  tribus  (comme  si  ces  querelles  n'existaient  pas  avant  l'arrivée  des  Russes), 
dans  la  petite  vérole,  qui  y  a  fait  des  ravages  de  temps  à  autre,  notamment  en 
1856,  dans  la  syphilis  que  les  Européens  y  ont  portée,  et  dont  la  population  indi- 
gène est  profondément  infectée,  dans  les  tueries  que  les  Russes  exécutent  pour 
la  sûreté  de  leur  domination.  Hais  ces  explications  nous  paraissent  insuffisantes 
devant  l'énergie  avec  laquelle  les  populations  se  proportionnent  normalement  aux 
subsistances.  Il  faut  des  causes  plus  profondes  et  plus  durables  pour  amener  la  dé- 
population. (Voy,  Mortalité,  Natalité,  Popolation,  Subsistances.)  Au  nord 
comme  au  midi,  dans  l'océan  Boréal  comme  dans  la  mer  du  Sud,  les  races  sau- 
vages s'éteignent  devant  la  civilisation  qui  les  poursuit,  parce  qu'ils  en  adoptent 
et  en  exagèrent  les  vices,  tandis  qu'ils  en  repoussent  les  moyens  conserva- 
teurs. 

Au  reste,  il  faut  convenir  que  le  système  suivi  par  les  Russes  n'est  guère  propre 
à  développer  la  prospérité  de  ces  îles.  Un  ukase  du  i  6  septembre  1 821  interdit  aux 
étrangers  Umt  exercice  d'industrie  dans  les  îles  Aléoutiennes  et  tout  commerce 
avec  eUes.  «  État  de  choses  qui  (comme  l'écrit  le  capitaine  Golovine)  subsiste  en- 
vore  aujourd'hui.  » 

<  Les  Aléoutiens,  dit  le  même  officier,  ont  de  bonnes  qualités  :  ils  sont  doux, 
honnêtes,  hospitahers;  ils  aiment  à  rendre  service.  Le  vol  est  inconnu  parmi  eux, 
et  les  crimes  violents  y  sont  très-rares  ;  mais  ils  sont  gloutons,  paresseux  et  insou- 
ciants. »  Cette  insouciance  ne  viendrait-elle  pas  de  ce  que  «  les  cruautés  épouvaiit 
tables  des  premiers  chasseurs  ont  détruit  en  eux  tout  sentiment  de  résistance  » ,  tout 
espoir  de  recouvrer  leur  chère  liberté?  Ils  sont  humbles  devant  les  blancs,  et  osent 
à  peine  les  regarder  en  face.  Très-impressionnables,  ils  ressentent  profondément 
les  injures,  et  ils  en  poursuivent  la  vengeance  avec  opiniâtreté.  Un  châtiment  cor- 
porel est  pour  eux  une  telle  ignominie,  qu'ils  préfèrent  la  mort.  Au  contraire,  ils 
subissent  presque  avec  indifférence  les  maladies  vénériennes  dont  les  chasseurs  et 
les  soldats  les  ont  infectés. 

Leur  nourriture  consiste  en  poisson  sec,  chair  de  baleine  ou  de  veau  marin,  pois- 
sons frais,  quelques  racines,  des  coquillages  et  des  oiseaux  de  mer.  Ils  assaisonnent 
ces  mets  avec  du  gras  de  baleine  ou  de  veau  marin,  sans  lequel  ils  croiraient  ne 
pouvoir  vivi^,  et  dont  ils  font  grand  abus.  Lorsqu'ils  gagnent  un  peu  d'argent,  ils 
achètent  quelquefois  du  pain,  du  riz,  du  thé,  du  sucre. 

Les  rapports  des  Russes  (chasseurs,  marchands,  soldats,  employés)  avec  les 
Aléoutiennes  ont  créé  une  population  de  métis,  qui  forme  déjà  plus  d'un  tiers  des 
habitants  des  îles.  Les  métis  sont  vaniteux,  susceptibles,  mais  intelligents,  bien 
laits,  souvent  très-beaux,  surtout  à  la  seconde  ou  troisième  génération.  La  vie  dé- 
bauchée qu'ils  commencent  à  mener  de  très-bonne,  heure  les  use  rapidement. 
L'ivrognerie  surtout  les  abrutit.  Ils  ont  d'ailleurs  une  sorte  de  sauvagerie  et  une 
disposition  à  la  paresse,  qui  font  reconnaître  en  eux  la  race  maternelle. 


756  ALKOUTES. 

Les  conditions  climatériques  paraissent  très-défaYorabies  à  la  santé  et  méoie  m\ 
caractère,  à  la  constitution  physique  et  morale  de  tous  ces  insulaires.  Taudis  quv 
sur  le  continent  voisin,  où  le  climat  est  plus  rude,  mais  plus  pur  et  plus  r^ruliiT, 
les  Indiens  sont  forts  et  actifs,  grands  et  bien  portants,  les  Aléoutienset  les  mcii^ 
ont  une  constitution  lymphatique  ;  ils  sont  Dadbles,  apathiques,  et  généralomt-nt 
sujets  aux  maladies  de  poitrine.  La  majeure  partie  des  métis  meurt  de  phthisie,  4v 
qu'on  attribue  soit  à  leur  faiblesse  native,  soit  à  l'énorme  quantité  de  boissons  ^ri- 
tueuses  qu'ils  absorbent  et  à  leur  penchant  prématuré  pour  les  excès  vénériens,  b 
petite  vérole,  qui  a  fait  autrefois  de  si  terribles  ravages,  a  disparu  devant  la  vaccine, 
que  les  administrateurs  coloniaux  ont  propagée  avec  zàle^  et  dont  les  indigènes  ont 
enfin  compris  l'utilité.  La  syphilis  est  aussi  moins  répandue,  et  on  la  guérit  bien. 

Les  Russes  qui  habitent  temporairement  ces  contrées  sont  surtout  atteints  de 
maladies  vénériennes,  de  rhumatismes,  de  gastrites  et  d'accès  biliaires. 

Malgré  les  mauvaises  conditions  du  climat,  de  l'alimentation  et  du  genre  de  %ii'. 
les  cas  de  scorbut  sont  peu  fréquents,  et  leur  guérison  est  rapide. 

Les  épidémies  sont  trèsHTares. 

Les  maladies  dominantes  sont  les  fièvres,  gastrites  et  bronchites,  les  diarrliéis 
les  arthrites,  les  catarrhes,  les  éruptions,  les  furoncles,  et  surtout  une  espèce  d>' 
charbon,  qui  se  manifeste  par  des  abcès  énormes  le  long  de  la  colonne  vertébrale  vi 
aux  extrémités  inférieures.  Les  médecins  attribuent  cette  maladie  à  la  manière  doni 
les  Âléoulieus  se  nourrissent  du  gras  et  de  la  chair  de  Ijaleine.  En  effet,  pour  ^ 
rendre  maîtres  d'un  de  ces  grands  cétacés,  ils  se  contentent  de  le  blesser,  et  ii*> 
cherchent  pas  à  s'en  emparer  immédiatement.  L'animal,  dont  l'eau  salée  enveraim 
la  blessure,  expire  quelques  jours  plus  tard  ;  les  vents  et  b  mer  ballottent  le  o 
davre  souvent  pendant  plusieurs  jours  avant  de  le  jeter  à  la  côte.  Cest  ainsi  que  (^ 
insulaires  n'ont  ordinairement  que  du  gras  et  de  la  chair  déjà  en  déoompobitiou. 
mais  que  pourtant  ils  aiment  beaucoup  et  dont  ils  mangent  sans  modération,  fi 
arrive  qu'après  de  semblables  festins  des  familles  entières  tombent  malades  du 
charbon,  et  le  résultat  est  souvent  funeste. 

Ils  sont  sujets  aussi  à  des  inflammations  chroniques  des  yeux,  causées  par  lat- 
mosphère  enfiunée  de  leurs  huttes.  Une  maladie  des  organes  res{»ratoiTes  est 
attribuée  à  la  même  cause. 

Malgré  le  peu  de  durée  de  leur  vie,  on  voit  rarement  plus  d'un  ou  deux  enfant 
dans  chaque  famille.  Ce  fait  ne  peut  ôtre  attribué  à  la  stérilité  des  Aléoutienoes; 
car  elles  sont  fécondes  dans  la  production  des  métis,  dont  la  race  s'aocroit  rapid''- 
nient,  tandis  que  celle  des  indigènes  purs  diminue.  On  suppose  donc  que  cela  pro- 
vient de  la  faiblesse  de  constitution  des  hommes  et  de  la  mauvaise  alimentation. 
car  non-seulement  ils  ne  mangent  pas  de  viande,  mais  souvent,  quand  ils  waii- 
quent  de  poisson  et  de  gras  de  baleine,  ils  sont  réduits  à  se  nourrir  de  coquillai*^ 
et  de  racines. 

Quelques-uns  se  décident  à  quitter  leurs  Iles  et  à  se  mettre  à  Sitka,  au  senrir* 
de  la  compgnie  russe.  Mais,  quoiqu'ils  soient  bien  traités,  peu  chargés  de  travail, 
convenablement  logés  et  nourris,  ils  ne  supportent  pas  longtemps  le  cèangHDcut 
do  pays  et  la  contrainte  de  l'obéissance.  S'ils  ne  peuvent  s'en  retoomer,  Us  Umy- 
l)ent  malades  et  meurent.  Chez  eux  ils  mènent  une  vie  insouciante  et  paresseux*  : 
ils  passent  de  longues  heures,  assis  sur  le  rivage,  à  regarder  la  mer,  et  ib  i^ 
vont  à  la  chasse  que  quand  ils  ont  épuisé  leurs  petites  provisions  de  poisson  sei . 
di}  gras  de  baleine,  de  coquillages  et  de  choux  de  mer. 

Les  Chougatzs,  les  Kenaitzs,qui  habitent  ou  fréquentent  les  cotes  voistiic^,  s«»*i' 


ALESSANDRIM.  757 

i^ardés  comme  étant  de  même  race  que  les  tribus  aléoutiennes  (Hatiouchkine, 
Voyage  de  V amiral  de  Wrangel  dans  la  mer  Glaciale,  II,  516).  Parmi  les  habi- 
tants des  lies  Kouriles,  on  en  trouve,  mais  en  petit  nombre,  qui  paraissent  être 
des  métis  d'Aînos  et  d*Aléoutiens.  Bertillon  et  Guillaud. 

BuuoMAraiE. —  Barringtox,  Mucellanies.  hondon,  1781,  in-4*.  Journal  d'une  expédition 
espagnole.  — Troisième  voyage  du  capitaine  Cook. —  Voyage  de  Im  Pérome,  1707.  —  Krcsek- 
STER5,  Vocabulaire  des  langues  de  quelques  peuples  de  VAsie  orientale  et  de  la  côte  nord 
de  r Amérique,  Saint-Pétersbourg,  1813,  in-4«.  —  Kotzebuk  (Otto),  Voyage  de  découverte 
Weiiaar,  1821.  in-8'.  —  Lkia!«ski.~  Buchi?(g.  Mag.Géogr. — Morskoï  sbomilt  (nevac  maritime 
russe)  Janvier  1862.  traduit  dans  le  tome  II  des  Archives  de  médecine  navale f  sous  la  direc> 
tion  de  M.  le  D'  Leroy  de  Méricourt 

AIiEPTIQUE.    Voy,    ÂLIPTIQOE. 

AliESSANUBI  (François).     Ce  médecin  était  de   Verceil,  ville  des  États 

sardes,  à  quelques  lieues  de  Novare.  C'est  tout  ce  que  Ton  sait  de  lui.  On  lui 

doit  les  deux  ouvrages  suivants  : 

I.  Phasbusmediùoruiuoamiumomninomedicamentorumiamsimpliàunh  quamcompositorumf 

materiam,  naturam,  vires illustrans,  etc.,  etc.  Yenet.,  1565,  In-rol.;  Francor.,  1604,  in-&"  ^ 

1613,  in-4».— 11.  De  Peste,  Aug.  Taurin.,  1586. 

A.  ChÉREàU. 

AIJE8SANDBINI  (Jules).  Contrairement  à  beaucoup  d'archiatres  royaux 
qui  n'ont  pas  pu  trouver,  dans  l'exercice  de  leurs  hautes  fonctions,  le  temps  d'é- 
crire, et  qui  n*out  ainsi  rien  laissé  à  la  postérité  qui  pût  faire  juger  de  leur  savoir 
et  de  leur  mérite,  Jules  Âlessandrini  peut  revendiquer  un  noble  bagage  scientifi- 
que. Et  cependant,  cet  homme  justement  estimé  fut  engagé,  durant  sa  longue 
carrière,  dans  les  lourds  devoirs  qui  incombent  aux  médecins  des  cours.  Né  à 
Neustein,  en  i  506,  il  fut  successivement  attaché  à  Ferdinand  I"^  et  a  Haximilien  II, 
roi  des  Romains  et  empereurs  d'Allemagne.  Ce  dernier,  excellent  prince,  qui  s'est, 
selon  nous,  immortalisé  par  ces  belles  paroles  :  «  Ce  n'est  point  en  rougissant  les 
autels  du  sang  hérétique  qu'on  peut  honorer  le  père  commun  des  hommes  ;  » 
liaximilien  II,  disons-nous,  répandit  ses  faveurs  sur  l'heureux  archiatre,  qu'il 
combla  de  bienfaits,  et  auquel  il  permit  de  transmettre  à  ses  enfants,  nés  illégiti- 
mement, les  honneurs  dont  il  l'avait  gratiûé. 

Âlessandrini,  qui  mourut  à  Trente,  en  1590,  âgé  de  quatre-vmgt-quatrc  ans,  a 

laissé  les  ouvrages  suivants  : 

l.  Demedidna  et  medico,  Dialogus,  libris  quinqtie  dist inclus,  Tiguri,  1557,  in-4'». — II.  Sa^ 
fuùrium,  sivede  sanitate  tuenda,  tibri  triginta  très.  Colon.,  1j75,  in- fol.  Ce  traité  d'hygiène, 
il  faut  le  dire,  n'est  qu'une  compilation  sans  portée  d'une  foule  de  choses  consignées  dans  les 
auteurs  anciens.  — 111.  In  Galeni  prxcipua  scrvpta,  annotationes,  qux  comment ariorum  loco 
esse  passunt.  Basil.,  1581,  in-fol.  —  IV.  Pxdotrophia,  carminé.  Tiguri,  1559,  in-8». — 
V.  Ani.-argentericaproGaleno.  Venet.,  1552,  in-4".— VI.  Ant.-Argentericorum  suorumadversus 
Galeni  calumniatores  Defensio.  Yenet.,  1564,  in-4^  — Vil.  Epistola  apologetica  ad  Remb, 
Dodonseum.  Francof.,  1581,  in-8<'.^Vin.  Epistola  ad  Petrum  Andr.  Matthiolumde  animad- 
versionibus  quibusdath  in  Galenum,  etc.  [se  trouve  dans  le  livre  1*'  des  Êpttres  de  UattMoley 
p.  20^. — IX.  Epistola  ad  Andream  Camutiumy  de  quatuor  dubiis^  etc,  (se  trouve  dans  l'ou- 
vrage de  Georges  Marescot,  1580,  in-i°V— X.  Enantiomaton  sexaginia  quatuor  Galeni  TJ^er, 
Venet,  1548,  in-8*.  —  XI.  Consilia  medica  (se  trouvent  dans  l'ouvrage  de  Laur.  Scholztus, 
1598,  in-fol.].  — Xîl.  Interpretatio  Actuarii  Johannisde  affectionibus  et  actionibus  spiritus 
animalis  (se  trouve  dans  le  Methodus  niedendi  d'Actuarius,  imprimé  à  Venise  en  1554,  in-S"). 

II  ne  faut  pas  confondre  Jules  Alessandrini  avec  Jean  Alessandrini,  qui  lui  est 

antérieur  et  que  Mcrcklin  cite  comme  ayant  écrit  l'ouvrage  suivant  : 

Commenta rii  super  epidemiorum  Uippocratis  Uber.  Venet.,  1185,  in-fol. 

A.  CiiéULAC. 

mcT.  ESC.  IL  47 


738  ÂLET    (eaux    NINÉR.)* 

AliEfi^Sl  (Le*).     On  counail  trois  médecins  de  ce  nom,  qui  innisseoi  avoii 

appartenu  à  des  lamillcs  dilTérentes,  dont  le  plus  célèbre  est  le  suivant  : 

jUomI  de  Piémont,  OU  Alexius  Pedenumianus.  Vivait  au  seizième  siècle  el 
mourut,  suivant  toutes  les  apparences,  en  1550.  11  était  riche,  appartenail  à  U 
noblesse,  ne  crut  pas  déroger  en  se  livrant  à  l'étude  de  l'art  médical,  et  employa 
cinquante  années  de  sa  vie  à  des  voyages,  durant  lesquels  il  recueillit  une  foule 
de  recettes  et  de  remèdes  plus  ou  moins  empiriques.  11  eut  seulement  le  tort  dv 
garder  mystère  de  ses  trouvailles,  qu'il  ne  se  décida  à  donner  au  public  f{ue  \ot>- 
qu'il  fut  parvenu  à  l'âge  de  quatre-vingt-trois  ans,  c'est-à-dire  au  moment  où  il 
allait  ne  plus  en  avoir  besoin.  Ces  fameuses  recettes,  mélange  curieux  de  pra- 
tiques supei-stitieuses,  de  formules  excentriques  et  d'excellents  moyens  eurmtil^, 
trouvèrent  un  éclatant  succès  dans  le  titre  de  Secrets  dont  elles  étaient  aflublét-s. 
Publiées  avec  cette  appétissante  enseigne:  Secreti  del  Hev.  Dormo  Aleêsio 
Pietnontese,  elles  eurent  rapidement  do  nombreuses  éditions  (la  première  date  de 
Venise,  1555,  in-8^)  et  furent  traduites  dans  presque  toutes  les  langues,  notam- 
ment en  français  (Rouen,  1588;  in-16).  On  ne  recherche  plus  aujourd'hui  tv 
livre  que  comme  un  curieux  bouquin. 

JJeMil  (âlexakdiie)  ,  médecin  de  Padouc  du  dix-septicmc  siècle.     A  laissé  lc> 

ouvrages  suivants  : 

I.  Consiiia  medica  et  epUome  pulsuuni.  Paduue,  1627,  in-l".  II.  Libellus  de  nyrupo  ret^to 
soltUivo,  Padouc,  i630,  in- 4".  III.  Cratylus  morborum,  sive  de  peeulittHum  corporU  kmmenà 
morborum  appellatùmiàus,  euetUia  et  curatione,  libri  très.  Padouc,  1659,  in-4*, 

A.  Chéreau. 

AE£T  (Emix  minérale»  d').  HypotheijnaleSjprotoUieimaUs  ou  athemtates, 
amétallites  ou  fen^ugineuses  faibles,  carboniques  faibles.  Âlet  est  un  bourg  du 
déjiartement  de  l'Aude  (chemin  de  fer  jusqu'à  Garcussonue,  une  voie  ferrée  en 
construction  de  Carca^sounc  :i  Alet) . 

Alet,  dans  l'arrondissemeut  de  Limoux,  sur  la  rivière  d'Aude,  est  à  200  iuètre> 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  dans  une  vallée  étroite  foiinée  par  les  montagneN 
nommées  les  Gorges  d'Alet,  La  saison  commence  le  15  mai  et  finit  le  1*'  oc- 
tobre. 

Sources.    Quatre  sources  alimentent  la  station  minérale,  elles  se  iionuuent  :  !.• 
source  des  Bains,  la  source  chaude^  la  source  fernigineuse  et  la  source  de  la 
Buvette.  Les  e;\u\  des  deux  premières  ont  les  mêmes  airactci*es  physiques  <  i 
chimiques ,  elles  sont  claires,  limpides  :  l'eau  de  la  troisième  a  une  coloratiofi 
rougeàtre,  qui  tient  au  précipité  fernigineusi  qui  se  dépose  sur  les  parois  do  .*>  mi 
bassin  de  capLige,  ce  qui  la  lait  désigner  aussi  par  le  nom  de  source  Bouge.  U 
quatrième  source,  captée  en  1859  et  récemment  analvséc  par  H.  A.  Coouuaille 
(Annales  de  la  Société  d* hydrologie,  séance  du  26  décembre  1804),  est  rcmai- 
quable  par  la  quantité  notable  de  bicarbonate  de  soude  qu'elle  tient  en  dissoliiliou 
et  qui  manque  complètement  dans  l'eau  des  trois  autres  sources  d'Alet.  G^s  cmi\ 
n'ont  aucune  odeur;  leur  saveur  est  un  (nsu  fade  et  légèrement  martiale,  l.i 
température  de  lu  source  des  Bains  est  de  ol^  centigrade  au  griflon,  celle  de  Ij 
souix.e  chaude  de  21°  7  ceuligmde,  celle  de  la  source  ferrugineuse  de  10"  M  tcii. 
tigrade.  M.  Commaille  n'indique  point  quelle  est  la  tempéra tuixi  de  la  source  do 
la  Buvette.  Depuis  les  fouilles  pratiquées  en  1851),  le  débit  des  quatre  xiurci*  c-^î 
de  000,000  litres  en  vuigt-ipiatre  heuivs,  (  *est-;\-dire  que  3000  bains  jWUiTJK'nl 
étiv  administrés  chaque  jour. 


ALET   (eaux  Ni.xKR.).  739 

M.  0.  Henry  a  fait  l'analyse  de  Tcau  des  trois  premières  i^ources  d'Alel  ;  il  a 
Il  ouTc  dans  1000  grammes  d'eau  : 

lOOKGK  DM  MIR«.       SOUaCI  ClàODK.         fODBCK  rJ(lBI>U|1IKD»S 

Bicarbonate  de  clu.« \^^  l^^  j 

Sulfate  de  diaux.    .......y i  \  \ 

—  6oade j  0,068  >  0,070  / 

—  magnésie I  )  \  0,000 

Cblomre  de  MMltum .  |  qq^^  \  ( 

Sel  de  potasàse. }'"  |  ) 

Phosphate  insoluble (  ^^^y.  )  0,130  j 

—       soloble I  "•"*'  l  }  O.OSO 

Silice,  matière  organique,  fer  et  perte. ....  0,040  /  ,      ) 

Total  dks  xATiiaBS  fixes 0,527  0,i87  0,3fô 

Gaz  acide  carijonique. indéterminé.  indéterminé.  «cn.siblc. 

M.  Commaille,  à  Alger,  a  dosé  en  1864  les  substances  qu'il  a  trouvées  dans 
1000  grammes  d'eau  de  la  source  de  la  Buvette  : 

Bicarlionafe  de  soude 0,2006 

—  chaui O.JWl 

—  magné^e.. 0,U76D 

Fer 0,0073 

Sulfate  de  soude 0,0393 

—  magnésie 0,0041 

Phosphate  triliasique  de  chaux 0,0440 

Silice 0,0205 

Total  dbs  matiêrbs  rtxis.  .  •  .    0,0408 
.Acide  carbonique  libre ., iO<«,80. 

En  jetant  un  coup  d'œil  sur  les  analj'ses  par  trop  sommaires  de  H.  0.  Henry, 
on  voit  qu'il  faut  attendre  de  nouveaux  documents  pour  so  faire  une  idée  exacte  de 
a  composition  des  eaux  d'Alet,  qui  devraient  être  examinées  aux  sources  mêmes. 

L'établissement  se  compose  de  seize  cabinets,  dont  quatre  ont  deux  Inignoircs  ; 
chaque  baignoire  est  alimentée  par  deux  robinets,  dont  l'un  verse  l'eau  artificielle- 
ment chauffée,  et  l'autre  l'eau  à  la  température  des  souic^s.  H  n'y  a  ni  piscines  ni 
douches. 

Mode  d'admikisthation  et  doses.  —  Les  eaux  d'Alet  s'emploient  en  boisson  et 
en  liains;  l'eau  de  la  source  ferrugineuse  ou  eau  Rouge  e^t  ])rise  exclusivement  à 
l'intérieur.  Ces  eaux  s'adminii<^lrent  à  la  dose  de  quatre  à  six  verres  le  matin  à 
à  jeun,  à  un  quart  d'heure  d'intervalle;  on  les  conseille  aussi  coupées  de  vin  aux 
repas.  La  durée  des  bains  est  d'une  heure  en  général. 

Emploi  thérapeutique.  —  Les  eaux  d'AIct  en  boisson  ont  les  effets  les  plus 
marqués  sur  les  affections  stomacales,  dont  la  dpjiepsie  est  le  symptôme  prin- 
cipi;  sur  les  céphalalgies  héniicranienncs  qni  sont  sous  la  dépendance  d'un 
trouble  de  la  digestion  ;  sur  les  convalescences  tle  maladies  aiguës  ou  de  fièvres 
graves,  lorsqu'il  importe  de  ramener  l'appétit,  de  favoriser  l'assimilation  et  de 
stimuler  les  organes  de  la  nutrition.  Les  eaux  d'Alet,  et  spécialement  celles  de  la 
source  Rouge  sont  très-utilement  opposées  à  ranéniie  et  à  la  chlorose,  maladies 
combattues  piTsi|ue  toujours  avec  succès,  d'ailleurs,  par  les  préparations  martiales, 
et  principalement  par  l'eau  des  sources  qui  contiennent  en  proportion  notable  un 
clément  fenuglneux. 

Les  bains  d'Alet  ont  un  effet  sédatif  marqué,  lorsqu'ils  sont  pris  à  un  degré  de 
température  un  peu  inférieur  à  celui  du  coi'ps  ;  ils  agissent  aussi  comme  toniques 
et  sont  d'un  emploi  très-avantageux  chez  les  personnes  dont  l'affection  réclame  à  la 
fois  les  antispasmodiques  et  les  recoastituants» 

f>es  phosphates  et  les  arseniates  signalés  dans  ces  derniers  temps  dans  l'eau 


n 


740  ALETRIS. 

d'Alet  ont  semblé  étendre  le  cercle  de  ses  iuriicalioiis.  H.  le  tlocleur  Foumior, 
médecin-inspecteur  de  ces  sources,  est  disposé  à  les  essayer  dans  les  mabdies  du 
tissu  osseux  et  de  Tenveloppe  cutanée,  par  exemple.  Il  faut  attendre  les  obsena- 
tiens  cliniques  qui  confirmeront  ou  infirmeront  ces  aperçus  théoriques. 

La  durée  de  la  cure  est  de  30  jours. 

Les  eaux  d'Âlet  %  exportent  en  France  et  particulièrement  à  Paris. 

A.  ROTOBEAU. 

BiuLiocnAPiiiE  :  Folrxier  (Edouard).  De  leniploi  thérapeutique  de  Veau  d'Alet  dum  ta  e«i- 
valescence  des  fièvres  graves  et  des  maladies  aiguës  en  général,  9*  édition.  Paris,  1864.  -= 
GoMMjLiLLE  (A.).  In  Aiuiales  de  la  Société  médicale  d'hydrologie  de  Paru,  t.  Il,  décembre  i96i. 

A.  R. 

ALETIIIS.     Genre  de  plantes  mouocotylédones,  caractérisé  par  des  fleurs  her- 
maphrodites et  régulières  à  périantUe  en  cloche  partagé  supérieurement  en  six  divi- 
sions peu  profondes.  Trois  divisions  sont  extérieures,  plus  épaisses,  terminées  par 
une  espèce  de  lenflement  glanduleux.  Les  trois  autres  sont  alternes  arec  les  précé- 
dentes, plus  minces  et  membraneuses  sur  les  bords.  Les  étamines  sont  superposées 
aux  divisions  du  périanthe  et  en  môme  nombre  qu'elles.  Leur  filet  s*insère  vers»  V' 
milieu  de  sa  hauteur,  et  leurs  anthères  sont  biloculaires,  introrses  et  déhisœiiti^ 
par  deux  fentes  longitudinales.  L'ovaire  est  en  majeure  partie  Ubre  ;  cependant  one 
petite  portion  de  sa  base,  variable  suivant  les  espèces,  est,  comme  l'on  dit,  adiiv- 
rente  à  la  concavité  du  réceptacle.  L'ovaire  renferme  trois  loges  superposées  aui 
divisions  extérieures  du  périanthe,  avec  un  placenta  ellipsoïde  axile  et  |4uriovak: 
dans  l'angle  interne  de  chaque  loge.  Le  style,  d'abord  unique,  se  partage  en  trot» 
branches  rapprochées  dont  l'extrémité  peu  renflée  est  couverte  de  papilles  stignu- 
tiques.  Le  fruit  est  une  capsule  qui  se  sépare  en  trois  valves  emportant  avec  elle? 
les  placentas.  C'est  la  situation  de  cette  capsule  en  partie  infère,  par  rapport  .ta 
calice,  ({ui  a  fait  placer  le  genre  Aletris  parmi  les  Hœmodoracées.  C'est,  à  ce  qu'il 
semble,  un  genre  intermédiaire  aux  Liliacées  et  aux  Amaryllidées,  comme  il  j  «i 
a  d'ailleurs  plusieurs  autres. 

Le  genre  Aletris  a  été  établi  par  Linné,  qui  a  longuement  disserté  sur  lut 
dans  le  troisième  volume  de  ses  Anuenitates.  Mais  il  y  a  fait  entrer  des  esfècc^ 
hétérogènes,  telles  que  son  A.  fragrans,  qui  est  un  Dracxna  {vay,  ce  mot),  et  soa 
i4.  farinosa^  qui  est  nu  Weltheimia.  Du  petit  nombre  d'espèces  légitimes  qu'on 
a  conservées  dans  le  genre  Aletris,  une  seule,  Y  A.  farinosa,  est  employée  en  médt*- 
cine.  Elle  doit  son  nom  aux  \mk  gonflés  et  blanchâtres  formant  im  duvet  as&  z 
épais  et  comme  écailleux  sur  son  périanthe.  C'est  une  plante  hei*bacée  à  feoiUe» 
radicales  en  rosette,  lisses,  lancéolées,  avec  une  hampe  allongée  ayant  un  demi  â 
un  mètre  de  hauteur,  chargée  d'écaillés  éloignées  ou  de  petites  feuilles.  Les  flea», 
|)ortées  par  des  pédicellcs  courts,  sont  blanches,  à  périanthe  oblong-campauulé,  à 
étamines  courtes  et  à  ovaire  pyramidal.  Les  graines,  très-petites,  sont  nombreuses. 
On  trouve  cette  plante  aux  Etats-Unis,  dans  les  champs  et  sur  la  lisière  des  kiis. 

Suivant  Digelow,  1*^4.  farinosa  est  une  plante  d'une  amertume  extrêmement 
prononcée  et  qui  l'emporte  a  cet  égard  sur  tous  les  amers  connus,  même  le  Qiuwùi 
amara.  Son  infusion  est  tonique,  stomachique.  On  Ta  aussi  employée  contre  l« 
toux,  la  bronchite,  la  pleurésie.  Elle  a  joui  d'une  cciiaine  réputation  dans  k* 
traitement  des  rbumatismes  chroniques  ;  mais,  prise  à  trop  forte  dose,  elle  p in- 
voque des  nausées  et  des  voniisscnieuts.  II.  B?i. 

L.,  Gen.,  n.  W8;  Spjc,  i5C.  —  Biuelow,  FL  fftcd.  bor.  am  ,  t.  50.--Emm..,  Gen,,  4ffl.— 


ALEURITES.  741 

AUBUSITES.  Genre  de  plantes  de  la  famille  des  Eupborfaiacées,  ù  fleurs 
monoïques.  Les  fleurs  mâles  ont  un  calice  gamosépale,  à  préfloraison  valvairc, 
dont  la  surface  extérieure  est  parsemée  de  poils  étoiles,  et  qui  s'ouvre  par  une  ou 
plusieurs  fentes- longitudinales  inégalement  espacées.  Les  pétales  sont  au  nombre 
de  cinq,  imbriqués  ou  tordus  dans  le  bouton,  libres,  exserts  et  portant  à  la  base 
de  leur  face  interne  un  bouquet  de  poils  inégaux.  Dans  rintervalle  des  pétales  se 
trouvent  cinq  glandes  libres,  entourant  la  base  d*unc  colonne  androcéenne  qui 
supporte  quinze,  vingt  étamines,  ou  davantage,  à  anthères  biloculaires,  introrses. 
Les  fleurs  femelles  ont  le  même  périantbe  que  les  fleurs  mâles  et  un  ovaire  libre 
entouré  d'un  disque  qui  lui  forme  un  revêtement  complet  et  ne  laisse  passer  par 
l'ouTerture  de  son  sommet  que  la  base  du  style.  Celui-ci  est  à  deux  ou  trois 
branches,  profondément  partagées  chacune  en  deux  lanières  ai^iuës,  stigmatifères  à 
leur  face  interne.  Les  loges  de  l'ovaire  sont  au  nombre  de  deux  ou  trois,  ren- 
fermant chacune  un  ovule  suspendu  coifle  d'un  obturateur  et  dirigeant  son  micro- 
pyle  en  dehors  et  en  haut.  Le  finit  est  charnu  extérieurement,  partagé  profon- 
dément en  deux  ou  trois  coques  bivalves  et  monospermes.  Les  graines,  caronculées, 
renferment  sous  des  téguments  très-résistants  un  embryon  à  larges  cotylédons 
foliacés,  entouré  d'un  albumen  charnu. 

Les  Aleuriles  sont  des  plantes  des  pays  chauds,  à  feuilles  alternes,  dont  le 
pétiole  porte  deux  glandes  à  son  point  de  réunion  avec  le  limbe.  Les  fleurs  sont 
groupées  en  panicules  formées  de  cymes  dans  lesquelles  les  fleurs  femelles  sont 
ordinairement  centrales  et  terminales. 

Oik  a  décrit  plusieurs  espèces  à* Aleuriles,  les  unes  qui  appartiennent  à  d'autres 
genres  de  la  famille  des  Euphorbiacées,  les  autres  que  nous  croyons  pouvoir  toutes 
rapporter  à  une  seule  plante,  espèce  très-polymorphe  et  variant  beaucoup  suivant 
les  circonstances  dans  lesquelles  elle  végète.  Sa  synonymie  est  : 

Aleuriles  Iriloba  Forst.,  Char,  gen.,  56.  —  Roxb.,  FI.  ind.,  III,  629. — 
W.,  Spec.  pL,  IV,  590.  — A,  twriwcccfifl  W.,  Spec,  IV,  590.  — Â.  commtUala 
Gbis.,  Mon.  Crol.j  82,  n.  4. — A.  ûtnfciwttx  Pei*s..  Syn.,  H,  587.  — Croion 
moluccanumh.  fil.,  FL  %eylan.^  W.,  Spec.y  IV,  551.  —  C.  panicnlalum\MiiLl 
— Jugions  CamtritttnLouR.,  FL  cochinch.yUy  702.  —  Camirium  Ruhph.,  Herh. 
ambain.y  11, 181,  t.  58. — C.  cordifoliumGMKtîi.y  Fnicl.y  II,  t.  125. 

C'est  le  Bancoulier  des  Indes,  arbre  qui  se  cultive  et  qui  s'est  naturalisé  dans 
presque  toutes  les  régions  chaudes  du  globe,  où  on  le  recherche  pour  son  fruit 
nommé  Noix  de  Bancoul  ou  Noix  des  Moluques.  Ses  feuilles  sont  tantôt  entières 
ou  à  peu  près,  ovales-aiguës  ou  cordiformes,  tantôt  plus  ou  moins  profondément 
partagées  en  deux  ou  trois  lobes  égaux  ou  inégaux.  C'est  l'albumen  abondant  de 
la  graine  qui  renferme  en  grande  quantité  l'huile  qu'on  emploie  en  médecine, 
dans  l'industrie  et  dans  l'économie  domestique. 

Forst.,  Char,  çen.,  56.  —  Lami.  Encycl.,  III.,  t.  591.— A..Jcfï..  Tftitam.,  38,  t.  12.— 
II.  D!i,  Étude  générale  du  groupe  des Euphorkiacées,  5i5,  t.  xi,  fig.  10,  *20,  et  t.  m,  flg.  1-15, 

H.   Bn. 

Phabvacologie.  Les  noix  de  Bancoul,  noix  des  MoluqueSy  Camiri  des  Java- 
nais, sont  des  semences  osseuses  très-dures  produites  par  V Aleuriles  Iriloba 
Forster,  Ambinux  Pers.,  Crolon  moluccanum  S.,  Camirium  Rump.  Elles  sont 
de  la  grosseur  de  petites  noix  préi>entant  deux  gibbosités  que  Ton  trouve  sur 
les  Croton  aplaties  ou  marquées  d  un  sillon  sur  le  côté  interne  ;  leur  surface  est 
bosselée,  recouverte  d'un  enduit  hlaucb»^tre;  Tépisperme  est  noir,  épais  et  extrô- 


742  ALEXANDER. 

nieuient  dur.  L'amande  récente  est,  dit-on,  bonne  à  manger,  mais  on  la  dit  indi. 
geste.  On  en  extrait  par  expression  une  huile  que  Ton  utilise  pour  divers  usage» 
économiques,  tels  que  l'éclairage  et  la  fabrication  des  savons. 

D'après  0'  Rorke,  l'huile  extraite  par  expression  de  l'amande  de  la  noix  de 
Bancoul  est  aussi  purgative  que  celle  de  ricin;  on  doit  l'administrer  aux  roèmc!» 
doses.  D'apràs  ce  médecin,  elle  produit  moins  de  coliques  que  les  autres  purgatif 
huileux. 

Selon  Rumphius,  au  contraire,  l'amande  crue  purge  en  causant  des  coliques  ; 
lorsqu'elle  est  grillée  elle  passe  à  Java  pour  être  aphrodisiaquo. 

A  Taïti,  l'arbre  s'appelle  Tiaîly.  L'écorce  sert  à  faire  des  tissus  ;  avec  les  noix 
brûlées  on  prépare  un  noir  de  fumée  qui  sert  au  tatouage. 

Rdmpb.  Am^.,  II,  t.  58.  —  Lgssox.  Buffon  continué,  II,  tiZ,^ Flore  médicale  dm 
XIX*  siècle.  186i,  1, 151. 

0.  REVBir. 

AUtUBONK,  on  MLBBEKHBHli.  M.  Hartig  a  désigné  sous  ces  noms  une 
substance  qu'il  a  découverte  en  1855,  et  qui  parait  jouer  un  rôle  considérable  dans 
la  nutrition  des  graines  et  d'autres  organes  des  végétaux.  Cette  substance  se  np- 
proche  de  la  fécule  par  son  aspect,  mais  elle  eu  diffôi  e  essentiellement  en  ce  que 
l'eau  la  dissout  ;  propriété  qui  l'a  fait  échapper  pendant  longtemps  à  l'œil  des 
observateurs.  L'aasolate  de  mercure  la  colore  en  rouge  plus  ou  moins  brunâtre  d 
l'iode  en  jaune  plus  ou  moins  ioncé.  C'est  dans  l'huile,  l'alcool,  los  éthers  que  Ton 
peut  l'observer  ;  elle  ne  s'y  dissout  pas.  Elle  est  constituée  par  des  grains  qui  se 
composent  généralement  de  deux  portions  :  l'mie  plus  petite  ordinairement  arrondie, 
blanchâtre,  nonunée  albwe  ;  l'autre  plus  considérable,  amorphe,  souvent  ponc- 
tuée et  dite  crisUdlotde,  parce  que  le  contact  de  l'eau  et  de  plusieurs  autres  liquider 
la  transforme  en  une  masse  cristallisée  quelquefois  d'une  maniée  très-neito. 
Autour  de  ces  deux  poi  tions  d'au  même  grain  d'aleurone  on  a  admis,  les  uns  une 
seule,  les  autres  une  double  membrane.  Ces  grains  d'aleurone  se  détmîsent  peu 
à  peu  dans  les  graines  en  germination  et  paraissent  fournir  aux  produits  divers 
dont  l'accomplissement  de  cette  fonction  s'accompagne.  Mais  elle  ne  iiarait  pas 
fournir  par  ses  transformations  soit  des  matières  grasses,  soit  de  la  fécule,  car  elle 
peut  exister  dans  l'embryon  ou  dans  l'albumen  des  graines,  indépendamment  de 
ces  corps,  sans  eux  ou  à  côté  d'eux.  H.  B^c. 

AUBXAIliDEB  (VMUUuntt).  Qiirurgicn  qui  acquit,  dans  la  seconde  moitié 
du  siècle  dernier,  une  certaine  réputation  à  Edimbourg,  où  il  mourut  en  1785. 
Il  s'occupa  surtout  d'étudier  expérimentalement,  et  souvent  sur  lui-même,  les 
propriétés  physiologiques  et  thérapeutiques  d'un  certain  nombre  de  substince». 
Ayant  constaté  que  les  antiseptiques  (nitre,  c|uiuquina),  appliqués  sur  le  tégument, 
sont  absorbés,  se  mêlent  au  sang  et  sont  rejetés  par  les  urines,  il  proposa  ces 
médicaments  contre  les  maladies  dites  putrides  en  application  extérieure,  et  sur- 
tout sous  forme  de  bains.  Dans  ses  recherches  sur  la  putréfaction,  rejetant  Tinter- 
vontion  des  insectes  et  l'exhalation  de  l'air  fixe,  il  montre  que  la  chaleur  seule  ne 
saurait  produire  la  fermentation  putride,  et  qu'il  faut  surtout  l'influence  de 
l'humidité.  Voici  la  liste  des  ouvrages  dans  lesquels  il  a  exposé  ses  observations  et 
ses  doctrines  : 

KxperimenU  wilh  Campkire.  In  Phihi.  TramacL  of  the  Buy.  Soc.  ofLond,,  t.  LVII.  p  6V 
1707,  ci  Abridg.,  t.  XII,  p.  Z9fi.  ^ Expérimentais  Essoys,  etc.  :\*Ontke  Extemal  Afplica- 


ALKXAXDRE.  745 

lion  or  AntUeplic^  in  Putrid  Diêeateê;  2*  tiie  Doies  and  EffeeU  of  Mêdieinet  ;  3*  On  Diuretic 
and  Sndorifieg.  London,  1768,  in-8«;  3*  édit.  Ibid.,  1770,  in-8.  —  DtM^lo/.  inaug.  de  Can 
tharidum  ttUtoriaet  um,  Edinb.,  1769,  in-8*. —  An  Expérimental  Inquiry  conceming  the 
Catuet  which  hâve  generally  been  said  to  Produce  Putrid  DUease».  Lond.,  1771.  —  Plain 
andEwg  Directions  for  the  Use  ofthe  Harrowgate  Waters.  Edinb  ,  1775,  in-8*. 

E.  Bgd. 

AliBXANliBE  (d'Aphrodlae).  Parmi  les  ouvrages  généralement  attribués 
à  Alexandre  d'Aphrodise  (philosophe  de  Fécole  d'Aristote  qui  vivait  vers  Fan  200 
après  J.  G.),  il  y  en  a  deux  dont  l'auteur  n*est  pas  connu  avec  certitude  :  le 
premier  est  intitulé  Questiom  de  médecine  et  problèmes  de  physique.  Une  foule 
de  raisons  autorisent  à  le  rapporter  à  un  autre  auteur.  Il  semble  avoir  été  écrit  par 
un  médecin;  il  renvoie  à  wi  ouvrage  qui  n'est  point  sur  la  liste  des  écrits  authen- 
tiques d'Alexandre  d'Aphrodise  ;  le  style  semble  appartenir  à  une  époque  plus 
avancée.  Quelques  critiques  émincnts  n'hésitent  pas  à  regarder  ce  livre  comme 
étant  d'Alexandre  de  Tralles.  Mais  il  n'est  pas  vraisemblable  qu'un  auteur  chrétien  ait 
composé  l'ouvrage  mythologique  (celui  auquel  il  renvoie)  ..  Au  total,  les  questions 
de  médecine  forment  deux  livres  renfermant  quelques  observations  de  médecine 
intéressantes,  et  beaucoup  d'autres  tout  à  fait  insignifiantes.  On  en  possède  les 
éditions  suivantes,  traduct.  de  G.  Valla.  Venetiis,  1488,  in-fol. —  I^  texte  grec  se 
trouve  dans  l'édition  d'Aristote,  publiée  par  les  Aides,  à  Venise,  en  1495.  —  Tra- 
duct. latine  par  Davimi.  Paris,  1541,  in-16.  -^  Texte  grec  dans  les  Physici  et 
Medici  Grxci  minores  d'Ideler  ;  Berlin,  1841,  t.  I,  p.  3-81,  in-8<>. 

Le  second  ouvrage  que  nous  avons  sous  le  nom  d'Alexandre  d'Aphrodise,  est 
intitulé  :  Des  Fièvres  ;  il  est  adressé  à  un  élève  que  l'auteur  se  propose  d'instruire 
dans  les  diverses  branches  de  la  médecine.  Cet  écrit  n'est  manifestemen^pas  d'A- 
lexandre d'Aphrodise.  (^elques  historiens,  Hercuriali,  Sprengel,  Ghoulant,  pen- 
sent pouvoir  l'attribuera  Alexandre  de  Tralles.  Or,  ce  dernier  a  consacré  le  XH*  livre 
de  son  grand  ouvrage  à  ces  mêmes  maladies,  et  il  ne  fait  aucune  mention  du  traité 
dont  il  est  ici  question...  Il  appartient  sans  doute  à  l'un  des  nombreux  médecins  qui 
ont  porté  le  nom  d'Alexandre.  —  Ce  petit  traité  a  été  traduit  en  latin  par  G.  Valla, 
sous  le  titre  De  Febrium  cattsis  et  differentiis,  Venetiis,  1498,  suivi  d'assez  nom- 
breuses éditions  nouvelles.  Le  texte  grec  parut  dans  le  Muséum  criticum  de  Cam- 
bridge, t.  H,  et  avec  la  trad.  latine  de  Valla,  ù  Breslau,  en  1823,  in-4®.  Enfin  on  le 
trouve  encore  dans  les  Physici  et  Medici  Grssd  m nore«  d'Weler,  t.  1,  p.  81-107  ; 
Berlin,  1846,  in-8^  A.  W,  G. 

AEJBXAllillBE  (d«  Tralles).  Pendant  longtemps  les  historiens  n'ont  pas  été 
d'accord  sur  l'époque  à  laquelle  cet  auteur  a  vécu,  et  D.  liCclcrc  lui-même  a 
commis  une  étrange  erreur  en  le  plaçant,  avec  Aëtius,  Oribase  et  Paul  d'Éginc, 
dans  le  quatrième  siècle  (Essai  d'un  plan,  etc.,  p.  765,  in  Hist.  delaméd., 
Amsterdam,  1725,  in-4<').  C*est  surtout  a  Freind  que  l'on  doit  d'avoir  fixé  ce 
point  de  chronologie,  avec  autant  de  précision  que  possible  (Hist,  de  la  méd.y 
\K  3,  trad.  de  Noguez;  Paris,  1728,  in-4^).  Comme  le  fait  observer  le  savant 
médecin  anglais,  Alexandre  cite  Aëtius  et  il  est  cité  par  Paul  d'Ëgiue,  il  a  donc 
vécu  entre  ces  deux  écrivains  ;  or,  le  premier  fiorissait  à  la  fin  du  cinquième 
siècle  et  au  commencement  du  sixième  ;  et  le  second,  dans  la  première  moitié  du 
septième.  Un  témoignage  plus  rigoureux  encore  est  celui  d'Agalhias,  qui  composa 
son  histoire  vers  565  ;  il  parle  d'Alexandre  comme  d'un  contemporain,  et  men- 
tionne la  |M)sition  honorable  qu'il  occupait  ù  Rome,  évidemment  au  milieu  du 


7U  ALEXANDRE. 

sixième  siècle.  Quant  à  sa  vie  privée  nous  savons  seulement,  et  en  partie  par 
son  propre  témoignage,  qu'Alexandre  était  de  Tralles,  en  Lydie,  où  son  père, 
nommé  Etienne,  exerçait  la  médecine  ;  qu'après  avoir  visité  h  Gaule  et  FEs- 
pagne,  il  vint  se  fixer  à  Rome,  et  acquit  alors  une  si  grande  réputation  qu'on  le 
nommait,  par  excellence,  Alexandre  le  médecin.  Il  paraît  avoir  été  chrétien  et 
très-religieux.  Hais,  semblable  à  la  plupart  des  auteurs  de  ce  temps,  profond^nent 
enclin  aux  idées  superstitieuses.  11  était  déjà  vieux,  lorsque,  mettant  en  pratique 
les  sentiments  de  reconnaissance  enseignés  dans  le  Serment  d'Hippocrate,  il  com- 
posa, à  la  demande  de  Cosmas,  fils  de  son  ancien  maître  (et  non  son  p^  oomme, 
le  dit  Haller  par  inadvertance),  le  Traité  de  médecine  que  nous  possédons  au- 
jourd'hui. Son  âge,  c'est  lui-même  qui  nous  l'apprend  (iib.  Xll,  cap.  I),  ne  hii 
permettant  plus  ]es  fatigues  de  l'exercice  professionnel,  il  voulut  consigner  dans 
son  livre  les  résultats  de  sa  longue  expérience.  Notre  auteur  mérite,  il  iànt  en 
convenir,  une  place  à  part  entre  les  médecins  grecs  qui  ont  écrit  depuis  Galien. 
Ce  n'est  pas,  comme  Oribase,  Aëtius  et  Paul  d'Ëgine,  un  simple  compilateur;  ii  em- 
prunte bien  encore  çà  et  là  quelques  articles,  mais  quoiqu'il  se  montre  fervent 
sectateur  du  médecin  de  Pergame,  il  ne  craint  pas,  tout  en  le  traitant  de  trèg- 
divin,  de  se  mettre  en  opposition  avec  lui  quand  il  en  trouve  l'occasion.  Parfois, 
enfin,  il  semble  accepter  des  explications  en  dehors  de  l'orthodoxie  galéniqiie; 
cependant  on  ne  peut  le  taxer  d'appartenir  au  méthodisme,  comme  on  Ta  prétendu. 
En  véritable  praticien,  il  s'attache  surtout  au  diagnostic  difTérenttel,  à  saisir 
les  variétés,  les  formes  diverses  des  maladies  dont  il  s'occupe,  afin  de  les  com- 
battre par  uu  traitement  spécial.  On  lui  a  reproché  le  nombre  et  l'exubérance  de 
ses  formules  ;  c'était  alors  un  vice  général  et  qui  s'est  propagé  presque  jusqu'à  nos 
jours.  Tous  les  historiens  ont  cité  des  exemples  de  sa  crédulité  au  sujet  des  amu- 
lettes et  d'une  foule  de  remèdes  ridicules.  Cette  crédulité  est  d'autant  phis  remar- 
quable, qu'elle  contraste  avec  l'esprit  d'indépendance  et  de  libre  examen  dont  il  a 
fait  preuve  à  l'égard  du  maître  dont  le  despotisme  scientifique  a  duré  si  lomr- 
temps. 

Le  Traité  de  médecine  en  XII  livres  ne  comprend  que  ce  que  nous  appelons  au- 
jourd'hui la  pathologie  interne,  et  les  maladies  y  sont  décrites  très-méthodique- 
ment, dans  l'ordre  dit  anatomique,  c'est-à-dire  comme  il  suit  :  I,  maladies  de  U 
tête,  inlerncs  et  externes  ;  11,  maladies  des  yeux;  111,  maladies  des  narines,  de» 
oreilles  et  de  la  face;  IV,  de  l'angine;  V,  affections  des  poumons;  VI,  de  h  pleu- 
résie; VII,  maladies  de  la  poitrine,  de  l'estomac  et  de  î'inte^in  ;  VIH,  maladies 
du  foie,  des  voies  digestives  intérieures  et  de  la  rate;  IX,  des  hydropisies,  mabdîis 
des  reins  et  des  parties  génitales  ;  X,  de  la  colique  et  de  l'iléus  ;  XI,  de  la  goutte; 
Xll,  des  fièvres  continues  et  intermittentes. 

Nous  avons  encore  d'Alexandre  de  Tralles  une  lettre  sur  les  vers  lombrics, 
adressée  à  Théodore,  un  de  ses  amis,  dont  le  fils  était  tourmenté  par  une  aHW- 
tion  vermineusc.  A  l'exemple  des  anciens,  il  reconnaît  trois  espèces  de  vers  :  I*  très- 
petits  ou  ascarides;  i^  cylindriques;  3^  plats  ou  en  bandelettes  {Uemà);  il 
distingue  les  effets  produits  suivant  qu'il  y  a  fièvre  ou  apyrexie  ;  quant  au 
traitement,  il  donne  plein  essor  à  son  goût  pour  la  pharmacopée.  Les  ouvrages 
d'Alexandre  de  Tralles  ont  eu  de  nombreuses  éditions;  nous  citerons  les  sui- 
vantes : 

Alexandri  Yafros  praclica  cum  exposilione  gloxe  (glos&ne)  interUneorU  Jat^i  de  Pûrtibwt 
et  Simonie  Januenm,  in  margine  posite  (positaj).  Lugrduni,  1504,  iii-4*.  et  Pavw  1530.  'ut*', 
YeneUis,  1522,  in-loi.—  En  grec;  acced.  Rhazx lie pestitentia  tiàetku,  Edente  J.  GottpjLLute- 


ALÈZE.  745 

Uap,  1548,  ni'loL  "AlexandriTraUiani  medm,  Ubriduodecin:  Grxee  et  f/ttine:J.  Guinterio 
AMUmaco  interprète  et  emetidalore.  Basilcac,  1556,  in  8*.  Celte  traduction  de  Gontbier 
d'Andemach  flgure  dans  la  collection  des  Medicx  artiê  principes  de  II.  Etienne,  1. 1,  1507, 
in-fol..  et  dans  celte  de  Haller.  Lausanne,  1773.  2  vol.in-8*.  —  Z)^  JjimttricU,  édit.  H.  lier- 
curiali,  Venetiis,  1570,  in>4%  et  dans  l'édit.  de  Haller,  t.  11,  ad  finem, 

E.  Beaugrakd. 

AUBXIPMAUAQVES)  (le  à).i^siy,  repousser,  et  ^âouaxov,  venin,  poison.  On 
a  donnné  ce  nom  a  des  médicaments  propres  u  préserver  de  Faction  des  poisons,  h 
corriger  leurs  cflets,  à  expulser  du  corps  ceux  qui  y  ont  été  inti*oduits,  ou  qui  s*y 
sont  développés,  de  sorte  que  le  mot  alexipliarmuque  est  à  peu  près  synonyme  de 
préser>'atif,  d'antidote,  de  contre-poison. 

lies  anciens  ont  beaucoup  écrit  sur  les  alexipharmaques.  Nicandre,  écrivain  grec 
antérieur  à  Tère  chrétienne,  a  composé  sur  les  contre-poisons  deux  poèmes,  in- 
titulés :  Âlexiphai^maca  et  Theriaca.  La  thériaque  de  Mithridate,  au  moyen  de 
laquelle  on  prétend  qu  il  parvint  à  se  préserver  des  poisons  qu*il  avait  ingérés, 
était  le  type  des  alexipliarmaqucs.  C'était  surtout  parmi  les  sudorifiques  qu'on  cher- 
citait  les  substances  capables  de  résister  aux  poisons  el  aux  venins  ;  d'autres  fois 
parmi  les  toniques  et  les  excitants  :  c'est  ainsi  que  la  thériaque,  l'orviétan,  les 
alcooliques,  les  cordiaux,  étaient  administrés  avec  profusion,  lorsqu'on  supposait 
que  des  poisons  s'étaient  spontanément  développés  dans  le  cours 'de  certaines 
maladies  dites  putrides,  malignes,  etc.  0.  Réveil. 

BiouoGBAPBiE.  Peaunos  (J.).  De  alexiteriit  et  alexipharmaciê  commentariotus.  HanoTiie, 

1615,  in-i*.  —  Alderti.  iVi.),  De  alexipharmacorum  concentraiarumnoxa  in  febribu» matiçnis. 

Halir,  1751,  in-4*.— Cadet  (G.  Z.).  Analyte  des  deux  poèmes  de  f^icandre  sur  tes  thériaques 

et  les  alexipharmaques.  In  Butt.  de  Ph.,  t.  II,  p.  557. 

0.  R. 

iULEX£TÈllE,etnonAliEXlTÈBE  (de  àltlurtpto;,  secourahle  :  rô  àltlitiTiiptov  ^ 
sous-entendu  ^oc/^.cAaxov,  le  médicament  seoourable  ou  à)i;6i,  je  repousse,  Bnp 
béte  venimeuse  ou  féroce).  On  emploie  généralement  ce  mot  comme  synonyme 
à'alexipharmaque,  de  préservatifs  d'antidote,  de  contre-poison,  mais  il  ne  de- 
vrait être  appliqué  qu'aux  remèdes  employés  contre  la  morsure  des  animaux 
sauvages  ;  on  a  encore  donné  ce  nom  à  des  substances  volatiles,  ou  qui  pouvaient  le 
devenir  par  suite  d'actions  chimiques,  et  fournissaient  des  vapeurs  capables  de  pré- 
venir ou  de  combattre  les  miasmes  ;  c'est  ainsi  qu'on  nommait  autrefois  alexétère 
ammoniacal  le  mélange  de  chlorhydrate  d'ammoniaque  et  de  carbonate  de  po- 
tasse; alexétère  acétique,  les  cristaux  de  sulfate  de  potasse  arrosés  d'acide  acétique, 
et  les  fumigations  de  chlore  et  de  bioxyde  d'azote  (gaz  nitreux)  constituaient  les 
alexétères  chlorique,  nitrique,  etc.  0.  Réveil. 

AE.ÉZB  ou  ALAISE.  L'alèze  n*est  autre  chose  qu'un  drap  de  lit  qu'on  plie  en 
plusieurs  doubles  et  dont  on  se  sort  tantôt  pour  garnir  le  lit  d'un  malade  et  ga- 
rantir les  literies  des  déjections  alvines,  de  la  suppuration,  etc.;  tantôt  pour  recevoir 
le  sang  qui  s'écoule  pondant  une  opération  ;  d'autres  fois,  pliée  en  cravate,  elle 
sert  d'appareil  de  contention,  soit  qu'il  s'agisse  de  pratiquer  la  contre-extension 
dans  la  réduction  d'une  luxation,  soit  qu'on  veuille,  on  l'attachant  des  deux  côtés 
du  lit,  empêcher  les  mouvements  d'un  malade  agité  on  retenir  dans  une  situation 
fixe  un  membre  opéré. 

Dans  plusieurs  hôpitaux  étrangers,  l'alèze  est  remplacée  par  des  pièces  de  fia- 


740  A  LG  A  ROBE. 

iielle  épaisse,  quelquefois  leiutes  eu  rouge,  coupées  eu  carrés  plus  on  moins  largos, 
et  qui,  mieux  que  la  toile,  peuvent  s'imbiber  du  sang  qui  s'écoule  pendant  une 
opération.  Comme  moyen  de  protection  des  objets  dont  on  la  recouvre,  Talèœ  est 
assez  souvent  remplacée  aujourd'hui  par  des  tissus  imperméables  :  toile  gommée, 
toile  cirée,  ou  tissus  à  base  de  caoutchouc.  L. 

ALFONSlG  (Alfonsia).  Kuntli  a  désigné  sous  le  nom  d'A.  oleifera  (dans  les 
Nova  gen.  etspec.  plant,  aequinoct.  de  Humboldt  et  Bonpland,  I,  246)  un  pal- 
mier de  rAmérique  équinoxiale  dont  le  fruit  est  comestible,  et  dont  l'amande  ren- 
ferme une  grande  quantité  d*huile  que  l'on  emploie  en  frictions,  et  qu'on  mêle  à 
cet  effet  à  celle  des  Cocotiers,  principalement  dans  un  but  hygiénique,  afin  de  se 
garantir  des  piqûres  des  insectes  et  des  iufluences  atmosphériques.  Cette  huile  est 
aussi  bonne  à  brûler.  Mais  le  genre  Alfonsia  ne  paraît  pas  devoir  être  conservé  et 
rentre,  suivant  la  plupart  des  auteurs,  dans  le  genre  Elxis,  (Voy,  ce  mot.) 

H.  Bx. 

ALFORMES.      Yoy.      MÉLANÉSIENS. 

AliGAlilE.    Voy,  Sonde. 

AlitiABOBE,  ALGAROVE,  ALGARO¥lLLE.  On  désignait  vulgairement  m 
Espagne  sous  le  nom  d*Algaroba  ou  Algarova  les  fruits  du  Caroubier  {vay.  ce  mot). 
H  en  est  résulté  que  les  Espagnols,  arrivant  dans  le  nouveau- monde,  ont  imposé  le 
le  même  nom  aux  Légumineuses  dont  les  gousses  sont  sucrées,  pulpeuses,  alimen- 
taires, propres  surtout  à  ftnre  engraisser  le  bétail,  et  possèdent,  pn  un  mot,  à 
peu  près  les  mômes  propriétés  que  celles  du  Ceratonia.  Ces  Légumineuses  sont 
toutes  du  groupe  des  Mimosées.  Telles  sont  VAlgarobo  des  Andes  et  1*^4.  de  Ckile, 
ou  Algarove  du  Chili.  Ces  plantes  furent  rapportées  d'aWd  par  Kunth  au  mémi* 
genre  qu'une  plante  indienne  que  Linné  avait  nommée  Prosopis  {voy,  ce  moli. 
11  est  vrai  que  les  analogies  entre  le  type  indien  et  les  Algarobes  américaine* 
sont  considérables.  De  Candolle  le  reconnut  si  bien,  qu'il  conserva  le  genre  Proscfu 
tel  que  Kunth  l'avait  constitué  ;  mais  il  le  divisa  toutefois  en  deux  sections  :  I'uiip 
qui  renferme  des  plantes  à  anthères  surmontées  d'une  boule  glanduleuse  dé|)en- 
dant  du  connectif  ;  ce  sont  ses  Adenopis^  considérés  aujourd'htii  seuls  comn)e  l«s 
véritables  Prosopis  ;  l'antre  fut  sa  section  Algarobia,  dont  les  anthères  ne  sont 
surmontées  d'aucune  dilatation  glanduleuse.  De  nos  jours,  M.  Bentham  a  fait  de 
cette  section  un  genre  Algarohia  \n\ri\iiiemciii  distinct,  uniquement  constitué  d'es- 
pèces américaines  ;  les  fleurs  y  sont  polygames,  régulières,  h  calice  gamos^pdc 
quinquédenté  ;  la  corolle  est  formée  de  cinq  pétales  libres,  valvaîres  dans  le  1)0U- 
ton  et  à  bords  légèrement  enroulés  en  dedans  après  l'épanouissement.  Les  éta* 
mines  sont  au  nombre  de  dix,  à  filets  insérés  sur  un  très-petit  disque  qui  eotoare 
le  pied  de  l'ovaire;  libres,  corrngués  dans  le  bouton,  rectilignes  et  exserU aprÀ 
l'anthère.  Les  anthères  sont  bilocnlaires,  introrses  et  déhiscentes  par  deu\  feotes 
longitudinales.  L'ovnire  uniloculaire,  supporté  par  un  pied  grêle,  i^nfenne  A- 
nombreux  ovules  descendants  disposés  sur  deux  séries  verticales  ;  il  est  couvert  di» 
poils  et  surmonté  d'un  style  qui  va  s'atténuant  jusqu'à  son  sommet.  Ia'S  fniib 
sont  des  drupes  en  forme  de  gousses  allongées,  à  mésocarpe  chanui  et  pulpeux, 
à  endocarpe  dur  partagé  en  autant  de  loges  qu'il  y  a  de  graines.  Celles-ci  renfff- 
mcnt  un  gros  embryon  charnu  à  cotylédons  auriculés.  Les  Algarolics  sont  do«  ar- 


A  LG  A  ROT  H.  747 

bres  et  des  arbustes  de  rAmériqiie  tropicale  ou  septentrionale,  ù  feuilles  alternes 
paripennées,  accompagnées  de  stipules  souvent  épineuses.  Leurs  fleurs  sont  dispo- 
sées ai  grappes  axilîaires  et  supportées  par  de  coiuMs  pédicelles  articulés  ù  leurs 
deux  extrémités. 

Plusieui*s  AlgaroMa  renferment  dans  la  pulpe  de  leur  fruit  une  certaine  quan* 
tito  de  tumin  qui  les  fait  employer  comme  astringentes.  Mais,  dans  la  plupart, 
cette  pulpe  est  riche  en  matière  sucrée  qui  les  rend  alimentaires.  Tels  sont  : 

i*  L'A.  dnlcis  {Prosapis  dulcix  K.  —  Acacia  Imvigata  W.),  espèce  de  la 
Nouvelle-Espagne  occidentale,  h  épines  stipulaires  peu  développées  ou  caduques,  à 
J'euilles  bipennées.  Son  fruit  est  sucré  comme  celui  de  l'espèce  suivante. 

2*  VA,  horrida  {Prosopis  horinda  K.).  C'est  VAlgarobo  des  Andes,  espèce  à 
épines  stipubires  très-longues,  ù  fruits  toruleux. 

5«  VA,  inliflora  {Mimosa  inliflora  Sw.  —  M,  piliflora  Sw.  —  Prosopis 
inliflora  D.  G.),  est  un  arbre  des  plaines  sèches  de  la  Jamaïque,  à  feuilles  bipen- 
nées, chargées  de  glandes  pétiolaires  et  accompagnées  d  épines  stipulaires  courtes 
(»t  épaisses.  Son  fruit  est  long  de  quatre  ou  cinq  pouces,  comprimé,  lisse,  souvent 
tordu  et  contient  l)eaucoup  de  graines.  On  le  désigne  souvent  sous  le  nom  d'Alga- 
roviUe  ou  Petite  Algarobe.  Il  est  sucré,  mais  Swartz  assure  que  son  usage  est  dan- 
gereux. Ce  ([ui  paraît  cei  tain,  c'est  que  le  bétail  souffre  après  avoir  mangé  les 
fruits  ou  les  feuilles.  Mais  cela  n'arrive,  suivant  Macfadyen,  que  daas  des  circon- 
stances très-particulières.  Quand  le  temps  est  sec,  suivant  ce  médecin,  les  feuilles 
et  les  jeunes  pousses  constituent  un  aliment  sain,  très-nutritif;  les  graines  valent 
sous  ce  rapport  les  céréales.  Mais  quand  les  fruits  ont  été  mouillés  par  la  pluie,  ils 
germent  dans  l'estomac  des  bestiaux,  produisent  beaucoup  d'acide  carbonique  et 
irritent  le  tube  digestif.  On  assure  encore  que  des  incisions  faites  aux  branches  dé- 
coule une  gomme  qui  a  toutes  les  propriétés  de  la  gomme  arabique.  Dans  sou 
|wys  natal,  cette  plante  porte  le  nom  de  Cashew,  II.  Bn. 

Kn?ctH., Mimas,,  106,  t.  35  ; Nov.  Gen.  et  Spec,  pi,  sequiu.,  YI,  306.  —  D.  C,  Prodr,,  \h  446. 
—  SwAET»., Prodr.,  8j;  Flor,  Ind.  occid.,  986.— )]acfad.,F/. /a/ffa/c.,!,  312.  —  E!©L.,6eii., 
11.  6823.  —  Bextu.,  pi.  Hartweg.,  13. 

JkMMAUQTB  (Poudre  d*j  Oxijde,  diloruve  d* antimoine,  pondre  de  vie,  en 
latin  algarotus,  et  à  tort  aJgarothif  algerothus,  tire  son  nom  de  son  inventeur 
Victor Algaretto,  médecin  de  Vérone;  elle  a  pour  formule  Sb*Cl'  {Sh*0*)*,HO  ;  c'est 
une  poudre  blanche  amorphe,  insoluble  dans  l'eau,  soluble  dans  l'acidn  chlorhy. 
drique,  qui  la  transforme  en  protochlorure  d'antimoine;  on  l'obtient  en  préci- 
pitant le  prolorhloinire  d'antimoine  par  de  l'eau  ;  il  se  fait  de  l'oxyde  d'antimoine 
({ui  se  précipite,  entraînant  en  une  combinaison  insoluble  du  protochlorure  non 
décomposé  ;  il  se  forme  en  même  temps  un  peu  d'acide  chlorhydrique  qui  tient  un 
peu  de  protochlorure  en  dissolution  dans  la  liqueur.  On  a  remarqué  que  le  préci- 
pité blanc,  cailleboté  au  moment  où  il  vient  de  se  faire,  éprouve  bientôt  dans  sa 
niasse  un  changement  moléculaire,  et  qu'il  devient  cristallin.  On  lave  celui-ci  â 
l'eau  froide  à  plusieurs  reprises,  et  on  le  fait  sécher. 

D'après  Peligot,  on  obtient  un  autre  oxychlorure  d'antimoine,  qui  a  pour  for- 
mule Sb*CI*,  5Sb'0*,  eu  traitant  par  Teau  chaude  le  protochlorure  d'antimoine 
dissous  dans  l'acide  chlorhydrique  ;  il  se  forme  des  cristaux  denses  et  brillants,  qui 
se  déposent  par  le  refroidissement  de  la  liqueur. 

Ces  deux  oxychlorures  sont  transformés  en  oxyde  d'antimoine  par  des  lavages 
prolongés,  mais  cette  transformation  s'opère  mieux  par  l'ébullition  au  contact  des 


718  ALGÉRIE. 

bicarbonates  alcalins;  c'est  ce  procédé  que  l'on  emploie  pour  obtenir  l'oxyde duili- 
moine  :  roxychlorure  peut  servir  aussi  à  préparer  Témétique. 

La  poudre  d'Âlgaroth,  autrefois  employée  en  médecine,  comme  purgative  et 
surtout  comme  vomitive,  n'est  plus  usitée  aujourd'hui;  elle  fut  proscrite,  ainsi  que 
l'antimoine,  en  1566,  par  arrêt  du  parlement  de  Paris.  0  Reteil. 

AliCAROTTO  (viet.),  en  latin  AlgarotuSy  plus  connu  sous  le  nom  A'Algarolh. 
Vivait  à  Vérone  à  la  fin  du  seizième  siècle.  C'est  à  lui  que  Ton  doit  la  préparation 
antimonialc  désignée  sous  le  nom  de  poudre  d'Âlgaroth.  Suivant  certains  biographes, 
Algarotlo  serait  mort  empoisonné  en  i603,  Ticlimc  de  la  jalousie  excitée  par  le 
succès  de  son  remède. . .  Un  an  avant  sa  mort,  Algarolto  avait  publié  une  noticf 
sur  ses  pilules  (Anvers,  1605).  Au  total,  son  neveu,  nommé  aussi  Victor  Algarotlo, 
fit  paraître  plus  de  soixante  ans  après,  un  ouvrage  sur  le  même  sujet  :  CompenSo 
délia  natura^  virtu  e  modo  d'usare  una  polve  quint'essenui  d'oro  mdiicinale 
del  ViUorio  Agarotto,  Verona,  1667,  et  Venezia,  1671,  in-S*».  E.  Bgd. 

ALCSÉRIE  (Géographie  médicale).  L'Algérie  comprend  le  territoire  qui, 
sous  la  domination  romaine,  formait  la  province  de  Numidie  à  Test,  de  Mauritanie 
Césarienne  et  Sitifienne  à  l'ouest,  entre  la  Mauritanie  Tingitane  (Maroc)  et  la  pro- 
vince d'Afrique  où  se  trouvait  Carthage  {régence  de  Tunis).  Elle  s'étend  du  4',8 
longitude  ouest  au  6^,56  longitude  est  ;  de  la  Malouia  à  l'Oued-el-Zaîn.  Baignéean 
nord  par  la  Méditerranée,  vers  le  37^  degré  de  latitude  à  l'est  et  le  35^  â  l'oocst, 
elle  va  se  perdre  au  sud  dans  les  plaines  sablonneuses  qui  s'étendent  au  delà  de< 
oasis  d'El-Aghouat,  de  Tuggurt  et  d'Ouergla,'vers  le  33*  degré  de  latitude. 

Orographie,  hydrographie.  L'Algérie  forme  la  partie  centrale  d'uue  sorte  de 
presqu'île  élevée,  limitée  par  la  mer  et  les  sables  du  désert.  Elle  est  constituée  por 
une  double  chaîne  de  montagnes  parallèles  au  rivage  vers  lequel  s'étendent  les  pentes 
abruptes  de  ses  contre-forts,  et  dont  les  nombreuses  fissures  forment  les  valiées  in- 
térieures. Un  immense  plateau  couronne  la  partie  élevée  de  ce  massif  énorme  divisé 
en  trois  régions  principales  :  1®  le  Tell  ;  i^\es  hauts  plateaux  ;  3^  le  Sahara  algérien. 

Le  Tell,  dont  le  nom  dérive  du  mot  latin  tellus^  terre  cultivable,  est  la  région 
du  labourage  et  des  moissons.  Sur  une  largeur  de  50  à  35  lieues,  il  est  romposé 
de  terrasses  successives  qui  s'étagent  en  descendant  vers  la  mer*.  Sur  les  chaînes 
ah'uptes  qui  les  séparent,  les  pluies  d'automne,  les  neiges  fondues  projettent  vers 
les  bassins  principaux  des  eaux  torrentielles  charriant  les  alluvions  qui  exhaus^U 
sans  cesse  le  niveau  des  plaines,  et  vont  former  à  l'embouchure  des  fleuves  un  cordon 
littoral.  Réduits  â  l'état  de  simples  cours  d'eau  pendant  Tété,  les  oueds  roulent  en 
général  leurs  eaux  sur  uii  lit  large  couvert  de  galets,  entre  des  berges  escarpées  com- 
posées en  grande  partie  de  cailloux.  Mais  après  les  crues  rapides,  les  eaux  retenuc< 
par  le  cordon  littoral  minent  les  berges,  en  provoquent  l'éboulement,  et  vont  sur  de 
vastes  surfaces  former  desdéverscmenls  limités  par  le  thalweg  exhaussé  des  riMcn-s. 

C'est  à  des  conditions  orographiquos  et  hydrographiques  semblables  qu'est  due 
l'impaludation  des  bassins  inférieurs  de  la  Macta,  de  la  Tafna,  du  Chelil,  du  Man- 
fran,  de  la  Seybouse. 

Les  hauts  plateaux,  compris  entre  les  deux  grandes  chaînes  de  l'Atla?,  forroenl 
d*immenses  plaines  séparées  par  des  collines  élevées  parallèles  à  la  mer,  et  arro- 

'  fiCs  {,'ens  de  Constanline  appellent  Haderat,  la  Descente,  tout  le  pays  compris  cotfT 
Constantine  et  la  mer. 


ALGÉIIII::.  749 

sées  par  des  cours  d'eau  dont  les  bassins  principaux  aboutissent  à  d'immenses 
dépressions  transformées  en  lacs  salés  appelés  diotts.  Les  principaux  sont  ceux  de 
Saîda,  deGhergui,  de  Garbi.  Couverts  au  printemps  de  plantes  fourragères,  les 
hauts  plateaux  présentent  le  reste  de  l'année  un  aspect  désolé,  mais  plein  de  gran- 
deur ;  en  effet,  lorsque  Tévaporation  des  eaux  a  desséché  les  terres  inondées,  celles-ci 
apparaissent  dans  toute  leur  nudité,  couvertes  de  dépôts  salins  ou  assez  imprégnées 
de  matières  salines  pour  an*êter  toute  végétation,  et  foi*cer  les  douars  de  pasteurs  à 
descendre  dans  le  Tell. 

Le  Sahara,  dont  le  nom  arabe,  Isra,  dérive  du  radical  raa,  pâturer,  est  une 
énorme  dépression  de  terrain,  dont  la  mer  s'est  retirée  probablement  à  la  suite  des 
dislocations  géologiques  qui  ont  soulevé  les  monts  Aurès.  11  affecte,  dans  son  aspect 
général,  trois  formes  principales  :  le  désert  des  plateaux  constitué  par  des  cou- 
ches horizontales  de  gypse  et  d'argile,  disposées  sur  les  bords  de  la  mer  Saharienne  ; 
le  désert  d'érosion  y  formé  par  un  réseau  de  plateaux  séparés  par  de  larges  sillons 
a*eusés  par  les  courants  descendant  des  monts  Aurès  et  des  Zibans  ;  et  enfin  le  dé- 
sert de  sable,  appelé  Souf,  constitué  principalement  par  des  sables  quartzeux 
amoncelés  on  dunes  de  50  à  60  mètres  de  hauteur  ou  disposés  en  lignes  sinueuses 
dont  l'aspect  mobile  et  changeant  rappelle  celui  des  flots  de  la  mer.  Immobiles  à 
leur  base,  les  dunes  sont  animées  à  leur  sommet  d'un  mouvement  de  cascade  dont 
le  souflledu  simoun  emporte  au  loin  les  sables  embrasés,  qui  trop  souvent  engloutis- 
sent sous  leur  masse  l'homme  épuisé  par  la  lassitude,  la  chaleur  et  la  sécheresse. 

Les  eaux  qui  suivent  les  pentes  méridionales  do  l'Atlas  coulent  en  quittant  les 
montagnes  sur  des  surfaces  converties  l'hiver  en  lacs  parsemés  d'ilôts  com- 
plètement desséchés  l'été.  Sur  tout  le  pourtour  de  l'immense  bassin  formé  par 
l'Atlas  au  nord  et  les  montagnes  du  sud,  les  eaux  s'infiltrent  à  travei's  les  couches 
d'alluvions,  et  vont  former  des  nappes  souterraines  qui  alimentent  les  oasis  natu- 
relles et  les  puits  creusés  à  des  profondeurs  de  50,  60  et  80  mètres. 

Les  oasis  des  Zibans,  qui,  suivant  l'expression  de  Strabon,  tranchent  par  leur 
teinte  noire  régulière  sur  le  fond  jaunâtre  des  plaines,  conune  les  mouchetures  de 
la  peau  du  tigre,  sont  alimentées  par  les  sources  des  rivières  de  l' Aurès.  Les  pal- 
miers, la  tête  dans  le  feu  et  les  pieds  dans  l'eau,  trouvent  les  conditions  de  leur 
puissante  végétation  dans  les  nappes  d'eau  superficielles,  et  abritent  sous  leur  om- 
brage le  grenadier,  l'abricotier,  h  vigne,  et  une  profusion  de  cultures  ménagères. 
Dans  les  régions  plus  éloignées,  dans  l'Oued-R'ir,  par  exemple,  il  a  fallu  aux 
Arabes  ou  plutôt  aux  noirs,  qui  semblent  avoir  monopolisé  cette  industrie,  forer 
des  puits  à  des  profondeurs  de  40,  50  et  même  80  mètres. 

La  domination  française,  substituant  les  procédés  perfectionnés  de  l'industrie  de 
l'Europe  aux  instruments  grossiers  des  Arabes,  a  fait  revivre  des  oasis  ruinées  par 
l'ensablement,  et  créé  des  routes  dans  les  régions  désertiques;  réalisant  la  pro- 
phétie d'isale  :  «  Alors  des  sources  abondantes  couleront  dant  le  désert,  et  la  terre 
que  la  soif  brûlait  se  changera  en  fontaines.  (Isaie,  chap.  xxxv,  vers.  6  et  7.) 

Géologie.  Le  soulèvement  du  sol  de  l'Algérie  appartient  au  système  des  Pyré- 
nées, croisé  par  celui  des  Alpes  occidentales  et  des  Alpes  principales.  Les  grandes 
plaines  de  la  partie  orientale  s'élèvent  jusqu'à  1000  mètres  au-dessus  de  la  mer,  et 
les  sommets  les  plus  élevés  du  Babor,  de  TOuarencenis,  du  Jnrjura  et  de  l' Aurès 
atteignent  1800, 1900,2126,  3212  mètres. 

Les  roches  anciennes  etéruptives  sont  rares  en  Algérie.  Les  premières  apparais, 
sent  sur  le  littoral.  A  la  pointe  du  massif  d'Alger,  au  cap  Matil'ou,  il  y  a  des  gneiss, 
des  micaschistes  inclés  de  filons  de  granit  et  do  calcaires  cristallins  d'un  gris  bru- 


750  ALGÉniË. 


^"^♦* 


iiâtre.  Une  énorinc  niasse  granitique  iormc  rivage  cntic  Donc  et  Collo.  La  mas 
principale  du  massif  de  TAtlas  est  formée  de  marnes  scliisteu^^es  grises,  do  calnirt* 
gris  compacte  Irès-dur,  de  quartzite  gris  ;  le  tout  violemment  bouieva-sé  et  oflnnl 
de  rares  fossiles.  Malgré  ces  difficultés,  la  stratification  des  roches  et  la  détermina- 
tion paléontologique  permettent  d'attribuer  la  plus  grande  partie  des  terrains  aux 
marnes  à  bélemnites,  à  Toolithc  inférieur,  et  aux  assises  inférieures  des  ten'aîii^ 
crétacés.  C'est  ainsi  que,  d'après  HH.  Renou,  Founiel  et  Coquand,  il  faut  rapporter  : 
i^  aux  terrains  jurassiques,  le  massif  montagneux  de  Bougie,  leJurjura,  la  cliainc 
de  Babor,  la  vallée  de  Safsaf,  celle  de  rOuèd-El-Kebir,  les  dolomics  magnésiennes  d<* 
Saïda,  pétries  d'ammonites;  2^  Aux  formations  crétacées  inférieures  et  auxcalcairo 
à  nummulites,  le  sol  de  Constantine,  de  Sétif,  de  Biskra,  de  TAurès,  de  Tébessa,  d  • 
Zaatcha,  formé  par  un  calcaire  gris  noir  homogène  caractérisé  par  des  bippuriles, 
VAfianchytes  omla^  le  Mkraster  cor  anguinum. 

Dans  la  province  d'Alger,  la  même  formation  se  rencontre  dans  le  masûf  dn 
Jnijnra,  le  sud  de  la  plaine  de  la  Métidja,  la  cliaine  de  Mouzaïa,  de  TOued-Kébir. 
(l'est  au  milieu  de  terrains  crétacés  que  se  rencontrent  les  filons  cuprifères  de 
Mouzaïa.  Les  amas  de  sel  gemme  du  Djeb-e1-Sahary,  qui  alimentent  les  tribus  du 
centre,  gisent  an  milieu  de  marnes  gypseuses  vertes  qui  confinent,  vers  Bogtiar,  à 
des  calcaires  blancs  tachants  avec  silex  pyromaques  et  Exogijza  colnmbay  Anan- 
chytes  ovata  et  Pecten  quinqtiecostatus. 

Les  montsignes  deTénès  et  de  Chercbel  appartiennent  a  la  même  formatioDcrélj- 
ci»e  traversée  par  des  filons  de  fer  spathique,  de  pjTÎtcs  cuivreuses,  de  cuivre  gri> 
i*t  de  galène.  Dans  la  province  d'Oran,  elle  forme,  au  nord  et  au  sud,  deux  ma^^i(^ 
principaux. 

Les  formations  tertiaires  moyennes,  composées  d'argile  plastique  grise  et  de  grès 
jaunâtres  à  grains  fins  caractérisés  par  Yostrea  elongatOy  se  rencontrent  à  (ijeiitila. 
entre  Constantine  et  Sétif*,  autour  de  Médéah,  dans  la  vallée  du  Chelif  et  aux  envi- 
rons  de  TIemccn  et  de  Mascara.  Le  Sahel  d'Alger  et  les  environs  d'Oran  sont  du>  à 
des  formations  subapennines  composées  d'argile  et  de  marnes  à  grains  verts  rt  dt* 
calcaires  blancs  plas  ou  moins  marneux  pétris  de  coquilles,  principalement  de 
Pecten,  à'ostrea  hippopus. 

Au-dessus  des  formations  tertiaires,  on  a  trouve  du  diluvium  sur  le  versant  mé- 
ridional de  l'Atlas.  Au  Smendou,  M.  Dumont  a  recueilli  une  dent  molaire  rappor- 
tée par  M.  P.  Gcrvais  au  Mastodonte  brevirostris.  Une  molaire  d'Eleplias  primo- 
genius2i  été  retrouvée  à  Cherchel. 

Sur  ces  couches  plus  ancienne?  s'étendent  partout  des  alluvions  modernes  dont 
l'épaisseur,  sur  quelques  points,  dépasse  plus  de  20  mètres.  Elles  forment  le  9ol  dt^ 
plaines  du  Tell,  et,  suivant  M.  Ville,  recouvrent  dans  les  plain(*9  du  sud  des  alh- 
viens  plus  anciennes,  composées  des  débris  des  ten-iiins  crétacés. 

C'est  ;\  celte  composition  géologi(|ue,  à  la  grande  quantité  d'argile,  à  la  rafvtc 
des  roches  cristallines,  ù  l'abondance  des  terrains  d'alluvions,  que  l'Afrique  doit  b 
iécotidité  de  son  sol  et  Tinsalubrité  de  ses  plaines.  Les  couches  d'cnu  que  rctim* 
nent  les  surfaces  argileuses  utilisées  piu*  l'agriculture  donnent  an  végétal  ses  condi- 
tions d'existence  et  d'accroissement,  ou  servent  au  dévelop))emcn  t  et  à  la  décompo- 
sition successive  des  espèces  de  tous  genres  qui  croissent  et  meurent  sur  un  hol 
abandonné. 

Le  Saliara  offre  à  la  géologie  l'exploration  d'une  nier  mise  à  sec  (C.  Martin^. 
le  Saliara,  lievue  des  Deux  Mondes,  1 5  juillet  1864)  à  une  date  réconte,  puisi|w 
on  y  trouve  les  coquilles  des  mollusques  qui  habitent  encore  la  Mcdilorniice.  lu 


ALGÉRIK.  751 

cordon  litlonil  de  huuts-londs  iuléiieurs  a  proljabienieut  ii^olé  le  golle  saharien  de 
b  mer  principale,  qui  n^est  plus  représentée  que  par  les  chotts  Melzir,  El-iladjila 
Faroun,  El-Fejej .  Partout  le  sel  imprègne  le  sol,  altère  les  eaux.  Sur  les  bords  de  lu 
mer  saharienne,  le  gypse  pavimenteux  forme  des  plaques  juxtaposées  simulant  un 
dallage  régulier  (C.  Martins) .  Dans  le  désert  de  sable  il  se  montre  plutôt  en  cristaux 
de  figures  variées  pénétrés  de  silice,  qui  servent  de  matériaux  de  construction 
()our  les  maisons,  Tenceinte  des  villes,  les  murs  de  soutènement  élevés  contre  l'en- 
vahissement des  sables. 

Hydrologie.  La  nature  et  la  qualilé  des  eaux,  si  importantes  dans  les  régions 
chaudes,  dépendent  en  Algérie  de  la  disposition  du  sol  et  de  la  composition  des 
roches.  La  pente  rapide  des  cours  d*eau,  leurs  crues  subites,  rendent  les  eaux  des 
oueds  troubles,  boueuses  pendant  l'hiver,  alors  que  des  pluies  torrentielles  arra- 
chent au  sol  des  matières  terreuses  abondantes,  et  que  leui'  fond  est  remué  par  le 
cours  rapide  de  leurs  eaux.  Pendant  Tété,  réduits  à  Tétat  de  simples  ruisseaux, 
ils  ne  charrient  (pie  des  eaux  échau fiées,  et  trop  souvent  altérées  par  la  décompo- 
sition des  matières  organiques.  Ces  influences  s'exercent  d'une  manière  plus  fâ- 
cheuse encore  dans  ce  que  les  Arabes  du  Sahara  appellent  dos  redir^  réservoirs 
creusés  dans  les  Daia  ou  les  oueds.  Ils  trompent  trop  souvent  l'attente  du  voyageur 
({ui  trouve  les  réservoirs  desséchés,  ou  remplis  d'une  eau  trouble  couleur  de  sable, 
d'une  saveur  détestable  et  à  peine  potable  après  le  filtrage.  (Reboud,  Gaz.  méd, 
de  V Algérie,  août  1856,  p.  i 05), 

L'influence  de  la  composition  minéralogique  du  sol  est  autrement  lâcheuse. 
Quelle  que  soit  en  effet  la  foimalion  à  laquelle  elles  appartiennent,  la  plupart  des 
roches  des  provinces  d'Oran  et  d'.41gcr  fournissent  aux  eaux  des  chlorures,  des 
sulfates  et  des  carbonates  qui  les  rendent  dures,  séléniteuscs  et  souvent  purgatives. 
Les  dépôts  salins  dépassent  en  effet  les  proportions  qui,  en  Europe,  sont  considé- 
rées comme  compatibles  avec  l'emploi  de  l'eau  comme  boisson,  c'est-à-dire  environ 
cinq  dix-millièmes  ou  O^^SO  par  litre  ;  les  eaux  de  Seine  considérées  comme  type, 
contenant  seulement  0^^  1  79. 

En  général  d'après  les  travaux  de  M.  Ville  (Richesse  minéralogique  de  l'Al- 
gérie 1852),  les  eaux  des  terrains  secondaires  sont  moins  chargées  ({ue  celles  des 
terrains  tertiaires.  Les  plus  pures  sont  celles  de  l'Oued-Kébir,  dans  la  province 
d'Alger,  qui  contiennent  0^,170  de  matières  salines  par  litre.  Les  eaux  les  moins 
potables  sont  celles  du  cercle  d'Arzew  dans  la  province  d'Oran,  du  Ghelif  dans  la 
province  d'Oran,  de  TOued-Mela  dans  la  province  de  Constantine. 

Les  eaux  des  terrains  tertiaires  contiennent  en  movcnne  2K',099i)  de  matières 
salines  par  litre  dans  la  province  d'Oran,  et  1b%02!29  dans  celle  d'Alger;  celles 
des  terrains  secondaires  08%o252;  les  eaux  mixtes  provenant  à  la  fois  des  deux 
formations  0'%9482.  Les  chlorures  dominent  dans  les  eaux  des  terrains  tertiaires. 
IL  comptent  pour  ôô  pour  100  des  matières  salines.  Les  sulfates,  qui  s'élèvent  à 
55  pour  100  dan^  la  province  d'Oran,  descendent  à  14  dans  celle  d'Alger.  Les 
carbonates  au  contraire  comptent  pour  10  pour  100  dans  la  première,  et  27  pour 
la  seconde. 

Les  carbonates  dominent  en  effet  dans  les  eaux  des  terrains  secondaires,  les 
chlorures  dans  les  eaux  des  terrains  tertiaires.  C'est  à  cette  corrélation  qu'il 
faut  atliibuer  la  mauvaise  quahté  des  eaux  des  puits,  des  cours  d'eau  et  des  bai- 
mges  du  Sahara. 

Les  eaux  de  Biskra,  analysées  |>ar  M.  Tripier,  lui  ont  fourni  les  résultats  suivants 
(Tripier.  Mém.  de  mèd.  milit.  1853  t.  X,  p.  255)  :  Chlorui-e  de  magnésium  1,20  ; 


752  ALGÉRIE. 

sulfate  de  clmux  0,40;  sulfate  de  soude  0,35;  carbonate  de  chaux  0,15;  ma- 
tières organiques  0,10  ;  =^  2,10. 

Les  eaux  de  Dousada  sont  légèrement  purgatives;  elles  coutienueul  beaucoup  de 
sulfate  de  magnésie.  (xMarit.  Hyg,  de  l'Algérie,  p.  43). 

Dans  Toasis  de  M'rir,  l'eau  est  lourde  et  désagréable.  D'après  M.  Dubocq  elle 
contient  :  chlorure  de  sodium  1,359  ;  sulfate  de  soude  0,695;  sulfate  de  magné- 
sie 0,382  ;  carbonate  de  chaux  0,80E  ;  eau  et  matières  organiques  996,761  =  1 000. 

Celles  de  TouedM'zi,  à  Lagouath,  d'après  H.  Ville,  contiennent  de  0,7449  à 
0,7064  de  matières  salines  par  kilogramme.  D'après  H.  Pélissier  (jféfii.  de 
méd.  milU.,  t.  X.  p.  170,  1860),  0,5000. 

Chez  les  Beni-m'zab,  l'eau  des  puits  donne  1,4095.  A  Gucrrera,  0,5000. 

Les  eaux  de  l'oasis  de  Négouça  sont  couvertes  d'elllorescenccs  salines.  Elles  sont 
lourdes,  peu  désaltérantes,  purgatives. 

Celles  d'Ouergla  contiennent  2«%0  de  résidu  par  kilogramme; 

Celles d'Eugla,  de  Kliélif,  4«%0,  suivant  M.  Pélissier. 

C'est  a  l'abondance  minera  logique  des  chlorures  dans  le  sol  algérien  qu'il 
faut  attribuer  non-seulement  la  qualité  des  enux  potables,  mais  l'existence  des 
chotts,  des  cours  d'eaux  salines  et  la  com()osition  des  eaux  minérales  de  cette  con- 
trée. 

Tantôt,  en  effet,  des  pluies  abondantes,  en  lavant  le  sol,  conduisent  dans  les  bas- 
fonds  des  bassins  des  quantités  considérables  de  matières  salines  que  i'évaporalîoa 
rapide  de  l'eau  met  à  nu  sur  de  grandes  surfaces  ;  butôt  les  sources  salées  rouleat 
leurs  eaux  dans  de  petites  vallées,  abandonnant  sur  leurs  rives  du  sel  exploité  pour 
les  besoins  de  la  vie,  comme  à  l'Oued-Amacin  et  l'ichkaben,  entre  Sétif  et  la  mer, 
et  le  Dayat,  dans  la  province  d'Oran  ;  tantôt  enfin  l'eau  cliargée  de  sels  n'éroer^ 
qu'après  avoir  pénétré  à  de  grandes  profondeurs,  et  avec  une  température  qui  lui 
donne  des  propriétés  curatives. 

Les  eaux  minérales,  désignées  par  les  Arabes  sous  le  nom  de  /tamniam,  sont  en 
grand  honneur  parmi  les  indigènes,  qui  s'y  rendent  en  foule  et  s'y  établissent  sous 
la  tente,  obéissant  à  la  fois  à  des  prescriptions  religieuses  et  aux  ci*oyanccs  médi- 
cales des  anciens  possesseurs  du  sol,  attestées  par  les  ruines  romaines  placées  au 
voisinage  des  sources. 

Les  principales  eaux  minérales  de  l'Algérie  sont  (Hamel,  Gaz.  méd,  de  T Algé- 
rie^ 1858,  p.  17)  :  l""  celles  d'Hammam-Mes-Koutine,  près  de  Guelma,  dans  la 
province  de  Constantine,  qui  fournissent  des  eaux  à  des  températures  variant,  sui- 
vant les  sources,  de  46**  à  64*»  et  90**;  2*^  celles  d'Ilammam-Rira,  dans  la  province 
d'Alger,  dont  la  température  est  de  20*>  ;  5**  celles  d'Hammam-Mélouane,  dans  une 
gorge  de  l'Atlas,  près  de  Rovigo  ;  4**  celles  d'Hammam-bou-ScUam,  i^  5  lie«ies  de 
Sétif,  température  47**  à  55";  5*  Salah-Bey,  près  de  Constantine;  6®  Hammam- 
Berda,  entre Bône  et  Constantine;  7**  Ain-Hamama,  près  de  Miliauab;  8*  Ain- 
BaiX)ud,  près  de  Mouzaîa  ;  9**  Djebel-Kcllata,  pi^  de  Dra-el-Hizan  ;  10*  Âman-bou* 
Hadjar,  à  50  kilom.  d'Oran  ;  11**  les  bains  de  la  Reine,  à  3  kilom.  d'Oran,  désigne^ 
ainsi  par  les  Espagnols,  d'une  température  de  32»,  contenant  12,580  de  sels  pour 
1000  grammes. 

Un  certain  nombre  de  sources  dégagent  de  l'acide  sulfhydrique,  mais  m  trop 
laible  proportion  jiour  cire  rangées  parmi  les  sources  sulfureuses.  Leur  efGcacilê 
paraît  se  rapporter  principalement  à  leur  action  thermale  :  rhumatismes,  lésioii> 
traumatiques,  et  dans  quelques  cas  à  leurs  eflets  purgatifs  :  cadiexie  paliistn-, 
dysenterie  chronique.  M.  le  docteur  Lelorrain  a  étudié  avec  soin  l'action  pliysiolo- 


ALGÉRIE. 


753 


gk|ue  et  thérapeutique  de  celles  d'flammam-Rira.  Du  reste,  les  principales  sources 
minéiales  de  TAlgérie  seroqt  l'objet  d'articles  spéciaux. 

Climat,  m^téobologie.  Le  climat  de  rAlgérie,  considéré  endeliors  de  données 
précises  mais  insuffisantes  à  la  météorologie,  est  remarquable  par  des  conditions 
atmosphériques  presque  toujours  excessives.  Lorsque  le  ciel  est  serein,  Tair  est 
transparent,  Thorizon  étendu,  il  n*y  a  pas  un  nuage,  à  part  les  flocons  blanchâtres 
qui  s^élèrent  des  ravins  sur  les  flancs  des  montagnes  ;  s'il  est  couvert,  des  nuages 
noirs  s'étendent  comme  un  voile  qui  borne  la  vue  dans  le  cercle  le  plus  étroit.  Le 
sol  est  sec  jusqu'à  paraître  brûlé,  ou  inondé  par  des  pluies  diluviales.  S'il  vente, 
c'est  ou  une  tempête  du  nord-ouest  qui  souflle  par  rafales,  glace  et  pénètre,  ou  le 
sirocco,  qui,  comme  l'exhalation  d'un  foyer,  embrase  l'atmosphère,  brûle  le  sol  et 
renverse  tout  sur  son  passage.  La  chaleur  accable  par  sa  continuité,  le  calme  plat, 
les  nuits  aussi  chaudes  que  le  jour.  Le  froid  humide  des  journées  d'hiver,  le  vent 
glacé  qui  vient  des  sommets  neigeux,  les  tourbillons  de  neige  produisent  les 
impressions  les  plus  pénibles  et  ont,  sous  un  climat  habituellement  chaud,  causé 
des  désastres  qui  rappellent  ceux  de  la  campagne  de  Russie. 

Suivant  M.  Mac-Garthy,  l'Algérie  présente  quatre  climats  principaux  : 

i^  Qimat  de  la  côte,  qui  subit  à  un  haut  degré  Tinfluence  de  la  mer,  caractérisé 
par  une  saison  fraîche  de  novembre  à  avril  (moyenne H-l^ifO,  maximum  21, 
minimum  8),  et  une  saison  chaude  de  mai  à  octobre  (moyenne-H22,  maximum  30, 
minimum  15). 

â<*  Climat  des  plateaux  intérieurs  du  Tell,  où  l'influence  de  la  mer  ne  joue  qu'un 
rôle  secondaire.  Moyenne  annuelle  :  + 16,  maximum  35,  minimum  0. 

3"*  Climat  des  steppes,  où  domine  l'influence  continentale. 

A^  Climat  du  Sahara,  dont  la  moyenne,  d'après  les  observations  recueillies  à 
Biskra,  donne  pour  l'hiver  >f  1 1 ,4  et  pour  l'été  +  33.  Moyenne  annuelle,  +  31 ,5, 
minimum  0,  maximum  +  48. 

Temp^aiure,  Le  climat  de  l'Algérie  se  rapproche  des  climats  chauds,  moins 
par  la  moyenne  annuelle  que  par  le  peu  d'étendue  des  oscillations  entre  le  mininmm 
et  le  maximum  de  température. 

D'après  le  docteur  Mitchell  (Mitcbell,  On  the  Climat  of  Alger,  In  Ga%.  méd,  de 
C Algérie f  1857,  p.  36),  le  maximum  de  température  varie  de  31**  à  35''  à  Alger, 
le  minimum  de  7<*  à  8^  (différence  :  24<*,65),  tandis  que  la  moyenne  des  variations 
annuelles  est  de  37<'  à  Paris,  34''  à  Rome,  33*'  à  Nice. 

La  moyenne  annuelle  varie  d'ailleui*s  suivant  la  latitude  et  l'altitude,  comme 
l'indique  le  tableau  suivant  : 


LOCAUTA*.  lUUTBUns. 

Alger t:0  mètres. 

Oran 50 

Mostaganem 115 

B6ne 35 

Bougie 27 

Blidah 350 

Mëdéab 920 

Nilianab 900 

Orléansville. .  .  .  136 

TleiDoen » 

Mascara ^00 

Gonstantiiie 790 

Sétif HOO 

Laghuuat ^^ 

MCT.   BMC.   11. 


Tl.Ml'ÉRATUItB 

riTDDB>. 

MOYINXR. 

36,48 

20,63 

.15,42 

16,i0 

35,55 

21,43 

36,25 

21,74 

36,46 

17,00 

»    » 

17,70 

»    » 

10,55 

•»    » 

15,10 

1    » 

18,64 

»    1* 

24,17 

0      » 

19,17 

»      9 

17,19 

]»      » 

17,00 

3i,00 


48 


754 


ALGÉRIE. 


Saisons.  MM.  Moiiard  et  Ântonini  ont  judicieusement  séparé  les  saisons  de 
l'Algérie  en  deux  principales  :  la  saison  chaude  et  sèche,  la  saison  froide  et  humide. 
En  effet,  les  températures  de  Thiver  et  du  printemps  sont  à  peu  pràs  égales  : 
hiver  + 16,74,  printemps  i6,13,  et  il  eiiste  entre  celles  de  Télé  et  <k  l'autonuie 
peu  de  différence  :  été +23,94,  automne  S5,70.  M.  CoUardot  a  (ait  remarquer 
qu'à  partir  du  mois  d'avril  la  température  s'accroît  de  S'*  en  3®  par  mois  jusqu  au 
mois  d'août,  où  elle  atteint  le  maximum  pour  décroître  progressÎTemeat  de  b 
même  manière. 

Les  saisons  sont  d'ailleurs  plus  marquées  à  mesure  qu'on  s'élève  vers  le^ 
altitudes  plus  élevées  on  qu'on  descend  vers  des  régions  plus  continentales.  Sur  les 
hauteurs,  la  température  s'âève  rarement  au-dessus  de  35**  l'été;  l'hiver  est  froid 
et  humide,  les  brouillards  fréquents,  la  neige,  qui  couvre  les  sommets  dès  le  mois  de 
novembre,  tombe  souvent  dans  les  vallées  pendant  plusieurs  jours.  Dans  leSabaia, 
à  des  étés  brûlants  pendant  lesquels  la  températui-e  s'élève  à  43*  Bousada,  47"* 
Laghouat,  50®  Biskra  (Marit ,  Hygiène  de  V  Algérie) ,  sucoèdentdes  hivers  asseï  fro  kk 
pour  rendre  impossible  la  culture  de  certains  végétaux  ;  le  bananier,  qui  prospère 
à  Alger,  meurt  à  Laghouat  et  dans  les  autres  oasis. 

Les  observations  météorologiques  accusent  difficilement  les  variations  atmosphé- 
riques les  plus  pénibles,  et  peut-être  les  plus  dangereuses,  quelques  elSorts  qu'on 
ait  faits  pour  les  faire  ressortir  de  la  comparaison  des  moyennes  mensueiks  et  de» 
oscillations  extrêmes  du  thermomètre  d'un  mois  à  un  autre,  d'un  jour  à  «n  autre 
et  enfin  dans  la  même  période  nyctémérale. 

D'après  les  bulletins  de  la  Société  d'agriculture  d'Alger,  les  variations  annuelles 
pour  22  années  d'observations  ont  donné  à  Alger  les  rapports  suivants  :  Moyenne 
annuelle,  i9'*,i7  ;  maximum,  40'';  minimum,  2^. 

La  moyenne  mensuelle  a  donné  à  M.  le  docteur  Hitdiell  les  rapports  suivants  : 


MOIS. 


Janvier.  . 
Février.  . 
Mars.  .  . 
AvrU.  .  . 
Mai.  .  .  . 
Juin..  .  . 
Juillet..  . 
Août.  .  . 
Septembre. 
Octobre.  . 
Novembre. 
Décembre. 


MOYENKE 

DE  LA 

TBMrtiKATlIBR. 


IMPriRESCS 

KHTBE 

L\   TEMPéRATORK 

MOTEKNE 

DIS 

MOib  COH»iicOTir». 


( 


15,10 
15,00 
15,58 
17,81 
20,97 
23,06 
26,89 
27,81 
26,05 
23,25 
19,  H 
16,01 


—  0,09 
-h  0.58 

2,25 
3,16 
2.99 
2,82 
0,92 

—  1,78 

—  2,78 
-4,14 

—  3.10 

—  0,96) 


TSHPK;  RATURE 

TEMPÉRATURE 

MAKIMim 

MIRIMOM 

■mrBRRB. 

VOTBCIK. 

• 

20,1 

12^4 

18,8 

12,6 

19,4 

13,8 

21,6 

16,3 

25.2 

20,3 

28,5 

22,4 

30,9 

24,7 

31,1 

26.1 

30,8 

23,3 

27,7 

1«,9 

24,0 

18,4 

21,6 

14.9 

MrPtRIBCS 


7.7 
6,2 
5^ 
5,3 
4,9 

6.2 
5.0 

7.5 
8.8 
5.6 
6.7 


Les  variations  diurnes  successives  ont  donné  au  même  observateur  les  r^ul- 
tats  suivants  : 

Janvier 0,93  Mars \,0à 

Février 1,40  Avril 0.95 


ALGÉRIE.  755 

Mai 1,03  Septembre..  .   .  0,U0 

Juin 1,55  Octobre 0,82 

Juillet   ....  1,30  Novembre. .  .   .  0,80 

Août 0,97  Déoembre. .  .  .  0,70 

Par  saison,  les  ^nations  diurnes  suocessives  sout  : 

HWer. 0,81  Été 1,48 

Printemps..  .   .    1,15  Automne.  .  .  .    0.89 

Les  variations  nyclémérales  sont  celles  que  le  tliermomètre  exprime  avec  le 
moins  de  bonheur.  Des  obsei^atious  recueillies  à  l'ombre  donnent  d'une  manière 
insuffisante  la  chaleur  produite  par  l'irradiation  directe  des  rayons  solaires  cl  la 
l'éfleiion  du  sol  ;  et  cependant  peu  d'hommes  peuvent  se  soustraire  entièrement  à 
ces  influences.  D'autre  part,  lorsque  le  soleil  descend  brusquement  sous  l'horizon, 
alors  que  le  thermomètre  n'accuse  pas  d'abaissement  de  température,  il  y  u  dan» 
l'impression  pénible  d'un  froid  subit  une  sensation  probablement  très-vraie  d'un 
changement  sunenu  dans  les  conditions  thermales  et  hygrométriques  de  l'aii*. 

A  Laghouat,  suivant  M.  Marit,  ces  oscillations  ont  pu  atteindre  25**  et  30''.  Eu 
moyenne^  elles  oscillent  entre  5^  et  6®.  Outre  les  oscillations  nyctéméralcsy  il 
existe  des  oscillations  brusques  survenant  tout  à  coup  dans  la  même  joiuriée.  Leur 
expression  extrême  a  donné  à  M.  Toussaint  les  moyennes  suivantes,  recueillies  à 
Arzcw  :  8°  au  printemps,  7^  en  été,  la*"  en  autonuie,  9"  en  hiver. 

Mmosfkère^presswnbarométrique^  pluies.  L'atmosphère  est  en  général  dune 
admirable  pureté.  Le  capitaine  Rosez  a  compté  255  jours  de  beau  temps  par  année*. 

Les  oscillations  barométriques  sont  peu  étendues,  et  paraissent  surtout  déter- 
minées par  le  règne  des  vents.  Celui  du  nord  coïncide  avec  des  élévations  de 
780  à  785;  le  sirocco  avec  des  dépressions  de  35  à  30  millimètres.  La  moyenne 
à  Alger  est  de  762;  le  maximum  766;  le  minimum  755.  A  Boue  le  maximum 
est  de  769.  A  Guelnia  la  moyenne  est  de  742  ;  le  maximum  de  755  ;  le  minimum 
de  707.  Dans  le  sud  la  moyenne  est  de  756  (Marit.  Hygiène  deVAlgéiie,  p.  72). 
A  Biskra,  suivant  M.  Beylot,  Le  maximum  de  770  ;  le  minimum  de  740. 

Sur  les  plateaux  de  l'intérieur  le  baromètre  oscille  entre  755  et  770.  Vax  hiver, 
le  baromètre  atteint  fréquemment  une  élévation  considérable  et  présente  des 
excursions  de  25  à  50  millimètres.  En  été  il  est  beaucoup  moins  variable.  Les 
excursions  diurnes  élèvent  le  mercure  vers  10  heures  du  matin  et  le  dépriment 
vers  4  heures  du  soir  (Mitchell) . 

Les  vents  dominants  sont  cevix  du  nord-ouest,  du  sud  et  du  sud-est.  11  est  ù  re- 
marquer que  le  sirocco  suit  plutôt  les  vallées  que  les  hauteui^  et  que  d'après  letu* 
direction  il  souffle  du  sud  dans  une  localité,  du  sud-est  et  même  de  l'est  dans  une 
autre. 

A  Alger,  les  vents  de  la  demi-rose  nord  sont  à  ceux  de  la  demi-rose  sud  comme 
957  est  à  504.  Le  N.  K.  E.  souffle  17  fois  sur  100;  le  E.  S.  E.,  22;  le  S.  S.  0. 
12;L'0.  N.  0.  48. 

Les  vents  d'ouest  et  du  nord-ouest  régnent  surtout  sur  le  littoral.  Lorsqu'ils  nu 
se  dédiaînent  pas  conune  une  tempête,  ils  viennent  expirer  sur  les  crêtes  méri- 
dionales de  l'Atlas.  C'est  à  leur  règne  constant  qu'il  faut  rapporter  les  brises  fraî- 
ches qui  modèrent  la  chaleur  du  jour,  l'uniformité  du  climat  du  littoral  et  enfin 
l'abondance  des  vapeurs  qui  se  condensent  en  rosées  nocturnes  ou  crèvent  en  pluio^i 
diluviales.  La  quantité  des  vapeurs  soulevées  de  l'Océan  et  de  la  Méditerranée  ne 
suffît  pas  pour  saturer  l'atmosphère.  Le  ciel  d'Alger  pendant  toute  la  saison  d'étr 
est  chaud  et  sec.  S'il  tombe  une  averse,  l'eau  s'évapore  rapidement  du  sol  qui  une 
iicure  apits  n'en  conserve  jdus  do  traces.  Il  résulte  des  oliservalions  hygroni6trit|ues 


75e  ALGÉRIE. 

de  M.  le  docteur  Mitchell,  entreprises  pendant  les  mois  de  mars  avril  et  Juin 
(  1 0  heuî^es  du  matin,  4  heures  et  10  du  soir)  avec  un  hygromètre  Regnault,  «  q[ne 
la  moyenne  de  diminution  de  température,  jusqu'au  dépôt  de  la  rosée,  a  été  de 
4,66.  Toujours  la  température  de  l'air  était  au  moins  supérieure  de  2,8S  I  oellr 
du  point  de  rosée,  de  sorte  qu'au  moment  des  expériences  il  n'y  avait  jamais  de 
dépôt  préalable  de  rosée.  L'abaissement  de  température  peut  être  estimé  de  9,3! 
à  8,33.  Dans  une  seule  occasion,  sous  l'influence  du  sirocco,  il  a  été  de  1S,K. 
(Pietra-Santa.  Influence  du  climat  d* Alger.  In  Annales  d'hygié^  publique  et  de 
méd.  lég.,  2«  série,  t.  XIV,  p.  77  ;  1860.)  » 

Pendant  toute  la  saison  chaude,  le  sol  et  la  végétation  absorbent  les  qaantitè 
énormes  de  vapeurs  venues  de  la  mer.  Elles  montent  le  matin  en  nuages  vaporein 
des  vallées  vers  les  crêtes;  le  soleil  les  dissipe  et  la  nuit  elles  tombent  en  rosées. 
Pendant  les  mois  d'automne  ,  il  s'établit  une  espèce  de  lutte  entre  les  vapeun  qui 
augmentent  et  la  chaleur  qui  décroit.  Les  nuages  s'amoncellent,  promettant  une 
pluie  désirée ,  passent  ou  crèvent  en  averses  subites  qui  les  dissipent,  jiisqii*ao 
moment  où  l'atmosphère  également  saturée  laisse  échapper  de  partout  des  toirenb 
de  pluie.. 

Le  nombre  des  jours  pluvieux  est  en  disproportion  avec  la  quantité  d'eau  plu- 
viale. D'après  le  bulletin  de  la  Société  d'agriculture  d'Alger,  cité  par  H.  Ibrit,  h 
moyenne  des  jours  pluvieux  est  de  88  pour  Alger,  et  va  en  diminuant  vers  les 
régions  du  sud. 

D'après  les  observations  de  l'Arsenal  d'Alger,  le  minimum  des  jours  plnvieni  a 
été  de  52  en  1858;  le  maximum,  107  en  1857;  la  moyenne,  87. 

A  Coléah  la  moyenne  des  jours  pluvieux  est  de  65  à  75;  à  Orléansvilie  60i  65; 
Arzew  54  ;  Tlemcen  50  à  60  ;  tandis  que  d'après  les  travaux  de  l'ingénieur  Don,  de 
M.  Hac-Carthy,  du  Bulletin  de  la  Société  d'agriculture  d'Alger,  la  hauteur  moyenne 
du  pluviomètre  varie  de  856  à  799,  maximum  1073,  minimum  557. 

En  résumé  le  climat  d'Afrique  est  chaud  et  sec  pendant  les  mois  qui  s'écookoC 
de  juillet  à  octobre,  la  pression  atmosphérique  est  faible,  les  courants  d'air  bt^. 
l'atmosphère  transparente,  le  ciel  sans  nuages,  les  jours  presque  sans  aurore  et 
sans  crépuscule,  les  nuits  remarquables  par  la  splendeur  du  ciel  étoile  et  l'abon- 
dance des  rosées.  D'octobre  â  juin  des  rafales  du  nord  et  du  nord-ouest  régnent 
avec  une  violence  et  une  étendue  qui  accusent  l'augmentation  de  presdon  atmoi- 
phérique.  L'air  saturé  par  Tarrivée  incessante  des  masses  vaporeuses  soulevées  de 
la  mer  crève  en  pluies  torrentielles,  dans  l'intervalle  desquelles  l'atoiaipMn' 
reprend  toute  sa  sérénité  pendant  que  de  la  terre  abreuvée  s'élèvent  des  trésors  de 
végétation. 

Flore.  Tandis  que  la  composition  minéralogique  du  sol  peut  être  la  même 
sous  les  latitudes  les  plus  différentes,  la  flore  caractérise  le  climat.  Malgré  l'aqiecl 
tropical  emprunté  à  des  espèces  acclimatées,  Agave  Ameiicana  L.,  Opuntia  fiats 
Indica  L . ,  l'Algérie  appartient  par  sa  végétation  aux  régions  tempérées,  les  Cumlles 
dominantes  étant  principalement  :  lesLégumineuses,  les  Composées,  les  Graminées, 
les  Ombellifères.  Sur  2553  espèces,  l'élément  européen  et  méditerranéen  compte 
pour  2061  :  281  sont  spéciales  à  r.\lgérie;  les  autres  appartiennent  à  l'Orienl 
(Cosson,  Voyage  bot,  en  Algérie,  in  Ann,  des  se.  nat.,  4*  série,  t.  V,  p.  52). 

D'ailleurs,  la  géograpliie  botanique  justifie  la  division  du  sol  en  trois  régions  : 
le  pays  des  dattes,  Belud  Djcrid;  le  pays  des  moissons.  Tell,  qui  est  aussi  celui  àes 
forêts,  et  enfin  les  Hauts  Plateaux,  qui  méritent  seuls  l'expression  de  Salluste,  Ager 
arboi  i  infecuudus. 


ALGÉRIF.  757 

TelL  Le  Tell,  formé  de  bassins  considéi'ablcs  et  de  gmdiiis  qui  $*élèvenl  siic- 
resMTement  jusqu'aux  plateaux  élevés,  présente  la  flore  la  plus  abondante  et  l:i 
plus  variée.  La  zone  littorale  ou  inférieure  est  caractérisée  par  l'olivier,  Olea  Euro- 
pxa  L,  ;  le  frêne,  Fraxinus  atustralis  Gay;  le  Qaercm  tvber  L.;  Quercas  ilex  L.; 
le  Pistada  lerUisctis  L. 

I^es  familles  dominantes  sont  :  les  Composées,  74  espèces  ;  les  Légumineuses,  69  ; 
les  Graminées,  44;  les  Ombellifères,  2i  ;  les  Crucifères,  14;  les  Caryophyllées,  14; 
les  Renonculacées,  11;  les  Scrophulariées,  11  ;  les  Labiées,  10. 

Le  palmier  nain,  daum  des  Arabes,  Chamseraps  humilis  L.,  recouvre  la  pins 
grande  étendue  des  plaines  auxquelles  ses  bourgeons  printaniers  donnent  Faspecr 
de  champs  de  céréales. 

Le  laurier-rose,  Nerium  oleander  L. ,  le  Ridnus  cammunis  L. ,  YArbutus  unedo 
L. ,  se  groupent  en  buissons.  Le  Cytisus  spimsus  Toumefort,  le  Laurus  nobitis  L. , 
le  Myrtus  cammunis  L.  abritent  les  touffes  de  Yibumum  timu  L.,le  Cyntus  hete- 
rophyUus  Desf.,  Salvifolitu  L.  Les  Phahris  A.  L.,  VAlopecwiis  creticus  Trin., 
roélés  aux  Medicago,  aux  Astragalus,  aux  Hedygarum^  forment  des  prairies  natu- 
relles. Pendant  h  saison  sèche  apparaissent  les  grandes  Ombellifères,  FenUa  féru- 
to^oDesf.,  Cachrys  tomerUosahesi,  ;  des  Composées  épineuses,  Carduus  gigantetts 
Desf.,  Atraclylis gummifera  Desf.,  Atractylis  canceUala  Desf.,  tandis  qu'à  Tau- 
lomne,  les  Ornithogales,  les  Salles^  les  Lmicotum,  VErica  arborea,  et  quelques 
Orchidées,  Robertiana  Lois.,  Longicot'nu  Poir.,  émaillent  de  leurs  fleurs  les  col- 
lines et  les  plaines.  Les  haies  de  PhyUyraa  média  L.,  de  Rubus^  sont  entrelacées 
de  vigne,  de  bryone,  de  Smilax  Maunitanica  Poir.,  et  couvrent  de  leur  ombre 
le  Trachelium  ccgndeum  L.,  Campanula  dichotoma  L.,  Adiantkum  nigrum  L. , 
Trichomanes  L.,  le  Grammtiis  leptophylla.  (Munby,  Flore  de  l* Algérie.  Paris, 
1847,  p.  10.) 

La  région  méditerranéenne  intérieure  est  formée  d*une  succession  de  zones 
caractérisées  par  des  espèces  ligneuses  correspondantes.  Les  familles  ont  donné  n 
H.  Cosson  :  Légumineuses,  48  espèces;  Composées,  46;  Graminées,  57;  Cruci- 
fères, 15;  Ombellifères,  13. 

Le  Chamxraps  humilis  devient  plus  rare  à  mesure  qu'on  s'éloigne  du  littoral  ; 
Tolivier  s'élève  jusqu'à  une  liauteur  de  1000  mètres.  Au  chéne-liége  succède  lo 
chêne  à  gland  doux  des  Arabes  :  Quercus  ballota  Desf.,  le  JuniperusPhœnicea  L., 
Oxycedrm  L.,  le  Thuya  artiadûta  Desf.  C'est  la  région  des  forêts. 

La  zone  inférieure  est  principalement  caractérisée  par  le  micocoulier,  CeUis 
australis  L. ,  le  Pistada  AtlarUica  Desf. ,  Quercus  suber,  baUota  Desf.  Sur  les  hau- 
teurs, dans  les  régions  montagneuses,  apparaissent  le  Pimu  Aleppensisîkst,,  le 
Fraxinus dimorpha  Coss., le  Cedrus  Libani  fiarrel. 

Les  Composées  comptent,  dans  la  région  montagneuse,  98  espèces;  les  l.égumi- 
neuses,  68;  les  Graminées,  64;  les  Crucifères,  46;  les  Ombellifères,  37. 

Parmi  les  plantes  caractéristiques  de  la  région  méditerranéenne  intérieuie, 
M.  Cosson  cite  VArabis  pubescens  Poir.,  Astragalus  geniculatus  Desf.,  Filagtf 
Ihirixi^Anarrhinumfructicosum  Desf.,  Thymus  Fontanesii^eic, —  Pour  la  sono 
des  montagnes  :  Cistus  viUosus  L.,  Viola  odaraia  L.,  Polygala  saxatilis  Desf., 
Géranium  tuberosum  L.,  Linum  suffructicasum  L.,  Delphinum  oriefUale  Gay, 
Dianthua  sylvestris  Wultf,  Arabis  vema  R.  Br.,  Calycotame  spinosa  Link. 

Hauts  Plateaux,  La  végétation  arborescente  s'arrête  aux  Hauts  Plateaux  avec 
les  nuages  de  l'Océan.  Elle  y  est  représentée  principalement  par  le  Juniperus  ma- 
crocttiTMiSpack,  Oxycedrus  Desf.,  Plumicea  L.;  dans  le  voisinage  des  Chotts,  par 


7:iS  ALGÉRIE. 

un  seul  arbrisseau,  le  Tamarix  bounopœa  Gay.  Les  familles  dominankrs  sont  : 
Composées,  87  espèces;  Graminées, 65 ;  Légumineuses, 58 ;  Crucifères,  41  ;Ombel- 
lifères,  27. 

Les  Salsola^  YAtriplex  halimus  L.,  le  Cynomorium  coccineum  L.,  recoirrrent 
les  bords  des  chotts. 

Sur  les  terrains  plus  élevés,  Vhalefa  des  Arabes  {Stipa  barbata,  tenacissima 
Desf.)  forme  des  touffes  énormes.  Dans  les  bas-fonds  desséchés  s'étalent,  sur  de 
larges  surfaces,  YArtêmisia  herba  alba  Assol.,  dont  le  duvet  sert  d'amadou  aai 
Arabes.  On  trouve,  dans  la  même  région,  VAnthyllis  tragaoinlhoides  Desf.. 
VHemiaria  fruclicosa  L. 

Région  SaJiarienne.  Tandis  que  les  espèces  décroissent  sur  les  Hauts  Pla- 
teaux, elles  augmentent  de  nombre  en  descendant  vers  les  plaines  du  Sahara.  Le» 
familles  y  conservent  le  même  ordre  que  sur  les  Hauts  Plateaux,  mais  la  végéCatioB 
revêt  un  nouveau  caractère.  Les  espèces  ligneuses  y  sont  surtout  représentées  fmr  de> 
tamarix  d'un  grand  développement,  assess  pressés  pour  former  des  forêts.  Dans  le< 
Daia  croissent  le  Pistacia  Atlantica  Desf.,  le  Zi%yphu$  lotus  Lam.,  Junipenu 
oanfcedms  L.j  qui  abritent  le  Cistus  Clusii  Dunal,  le  Cynodan  daclylon  L.  L'ha- 
leia  croît  sur  les  sommets  des  mamelons  sablonneux  ;  la  nature  des  eaux  se  décèle 
])ar  les  espèces  particulières  aux  terrains  salés.  La  région  Saharienne  est  œUe  d*' 
certaines  familles  :  les  Frankeniacées^  les  Zygùphyllées,  les  Tamaritdnéeg,  lf> 
FicoîdéeSy  les  Asclépiadées,  parmi  lesquelles  il  faut  citer  principalemeai  le  Fagn. 
nia  Sinaica  Boiss. ,  Zygophyllum  œmutum  Goss. ,  Tamarix  Gallica  L. ,  Bounopatù 
Gay,  Mesembryanthemum  nodiflarum  L. ,  Periploca  angustifolia  Lafaill.,  Statke 
Bonduellii  Lestib.,  Atriplex  halimus.  Il  faut  y  ajouter  le  Cleame  Arabica  Desf. 
(Capparidées),  Cucumis  colocyntis  Desf.  (Cucurbitacées),  et  le  lichen,  désigna 
sous  le  nom  de  manne  du  désert,  Parmelia  esculenta  Spreng,  Lecanora  estn- 
lenta.  Entre  Biskra  et  Toasis  de  Chetma  croit,  dans  les  sables  les  plus  arides,  b 
rose  de  Jéricho,  Anastatica  hierachuniica  Desf.  ;  dans  le  désert  d'éitisiou,  la  pro- 
portion  de  sel  donne  la  prédominance  aux  Salsolées.  L'ornement  de  ces  terrains  est 
le  Limoniastîiim  Guyaniacum,  Les  plantes  qui  caractérisent  spécialement  le 
Souf  sont  le  drin,  Aristida pungens  Desf.,  et  Vézel,  arbrisseau  de  la  bmille  de» 
Polygonées,  Calligonum cotnosum  Desf.  (Cb.  Martins.) 

Pour  en  finir  avec  la  flore,  il  ne  faut  omettre  ni  les  espèces  nombreuses  firamies 
i\  la  matière  médicale,  ni  quelques  espèces  véuéneuses  qui  ont  été  la  cause  de  inê^ 
prises  funestes.  Au  nombre  des  premières  il  faut  placer  le  grenadier,  le  ricin,  k* 
daphné,  la  coloquinte  et  quelques  plantes  particulièrement  employées  par  les  Arabo. 
M.  le  docteur  RebouUeau  a  cherché  à  utiliser  comme  révulsif  la  résine  du  Tkapm 
garganica  L.,  ombellifère  très-répandue  sur  les  collines,  et  qui,  suivant  M.  Ber- 
bnigger  (Bertherand,  Gazette  médicale  de  V Algérie,  1857,  p.  44)  est  une  véri- 
table panacée  pour  les  Arabes,  a  Le  dr^as,  bou-nefâ  (père  de  Tutile)  sert  à  fain- 
une  confiture  que  les  femmes  indigènes  mangent  dans  le  but  de  devenir  enceintes. 
Les  vétérinaires  préparent,  avec  Técorce  digérée  dans  du  goudron,  une  pommade 
qu'ils  appliquent  contre  les  affections  articulaires  des  chevaux.  Nais  c'est  avant  tout 
comme  révulsif  et  vésicant  qu'on  utilise  le  Thapsia  garganica.  Pour  produire  d* 
dernier.effet,un  morceau  d'écorce  de  la  racine  fraîche  est  exposé  sur  des  charbo» 
ardents,  et,  lorsque  la  chaleur  en  a  fait  exsuder  un  liquide  visqueux,  ou  b  porte 
sur  la  peau  en  la  frottant  avec  le  bois  lui-même.  » 

Les  végétaux  toxiques  qui  ont  été  l'objet  de  méprises  funestes  sont,  en  particu- 
lier, VŒnantlie  safranée ^Aomi  la  racine  a  été  confondue  avec  qnekfues-unesde  nv 


ALGÉKIK.  750 

racîfieft  comestibles,  et  le  Coriaria  myrUfolia  Lin.  ou  le  Redoul,  arbuste  dont  les 
feuilles  ont  souvent  été  introduites  parmi  celles  du  séné,  avec  lesquelles  elles  ont 
beaucoup  de  ressemblance,  et  dont  le  fruit  a  quelque  similitude  avec  celui  de  la 
ronce.  C'est  aux  effets  du  coriaria  qu'il  faut  rapporter  les  empoisonnements  sur- 
venus, en  1851,  dans  Texpédition  de  Kabylie.  TÎt)is  soldats  succombèrent  avant 
d'airiver  au  bivac,  d  autres  furent  plus  ou  moins  incommodés.  Antérieurement, 
neuf  honunes  avaient  péri  de  la  même  manière,  entre  KoUo  et  Djgelli.  Voici  les 
symptômes  observés  par  M.  Geccaldi  (Mémûire  de  médecine  militaire^  2«  série, 
t.  XII)  sur  ceux  qui  succombèrent  :  «  Crampes  d'estomac,  vomissements,  écume 
à  la  bouche,  yeux  hagards,  pupilles  très-dilatées  et  immobiles  sous  l'influence  de 
la  lumière,  peau  froide,  sueur  visqueuse  au  front  et  à  la  région  épigastrique, 
mouvements  oonvulsils  rémittents  et  très-vidents,  absence  du  pouls,  intelligence 
lucide  au  commencement,  insensibilité,  perte  de  l'intelligence  et  roideur  des  mem- 
bres à  la  fin.  » 

Faune.  Il  ne  saurait  entrer  dans  le  cadre  de  la  géographie  médicale  d'indiquer 
même  d'une  manière  sommaire  les  nombreuses  espèces  de  la  faune  algérienne.  Elle 
ost  d'ailleurs,  comme  la  flore,  celle  des  contrées  méditerranéennes,  à  part  quelques 
exceptions  qui  dépendent  des  conditions  di£E&rentes  du  sol,  des  mœurs  et  du  climat. 
Les  grands  félis  qui  ont  laissé  en  Europe  leurs  dernières  traces  dans  les  cavernes  à 
ossements  du  diluvium  supérieur,  infestent  encore  les  ravins  écartés.  Lesiuge,  qu'on 
ne  retrouve  en  Europe  que  sur  les  rochers  de  Gibraltar,  est  commun  dans  les 
gorges  de  l'Atlas  et  de  la  Kabylie.  Dans  la  région  du  Sahara  vivent  à  Tétat  ^ie 
lifaorté  Tàne  sauvage,  la  gazelle,  la  gerboise,  l'autruche.  Le  gibier,  les  rapaces,  les 
espèces  domestiquées  sont  les  mêmes  qu'en  Europe,  si  l'on  fait  exception  en 
faveur  du  chameau,  qui,  comme  le  dattier  dans  l'ordre  végétal,  semble  avoir  été 
donné  à  l'homme  pour  satisfaire  à  tous  ses  besoins  dans  le  Saiiara.  Il  sert,  en  effet, 
de  coursier  rapide,  d'animal  de  transport,  nourrit  le  Saharien  de  son  lait  et  de  sa 
chair  et  lui  fournit  son  poil  pour  ses  vêtements  et  ses  tentes. 

Au  point  de  vue  qui  nous  occupe,  nous  considérerons  surtout  les  espèces  nuisibles, 
et  en  particulier  la  sangsue,  le  scorpion  et  la  vipère  à  cornes. 

Les  petites  sangsues  qu'on  trouve  en  nombre  innombrable  dans  les  marais  et  les 
petites  rivières  qui  s'y  rendent,  ont  été  souvent,  en  Algérie,  la  cause  d'accidents, 
et  l'occasion  de  méprises.  Avalées  avec  l'eau,  elles  se  fixent  sur  quelque  point  de  la 
muqueuse  pharyngienne,  pénètrent  dans  les  fosses  nasales  et  même  dans  les  voies 
aériennes  où  elles  se  développent  ;  entraînant  des  hémorrhagies  continues  ou  pério- 
diques dont  la  cause  peut  échapper  au  médecin  qui  ignore  la  fréquence  de  ces 
sortes  d'accidents.  L'avulsion  directe  à  l'aide  d'une  longue  pince,  la  fumée  de  tabac, 
les  efforts  du  vomissement  suffisent  en  général  pour  en  débarrasser  le  patient.  Dans 
un  cas  observé  à  Coustantine,  il  a  fallu  pratiquer  la  trachéotomie  pour  faire  dispa- 
.  raitre  les  accidents  graves  de  suffocation  causés  par  un  de  ces  annélides  développé 
dans  le  larynx.  (Baizeau,  Ardi.  gén.  de  méd,,  6"  série,  t.  II,  p.  461  ;  1865). 

Lesscorpions  sont  très-nombreux  en  Afrique.  On  les  trouve  principalement  sous  les 
pierres,  au  milieu  des  ruines,  dans  les  endroits  frais  et  humides.  M.  Marmy  {Mé- 
moire de  médecine  militaire,  Paris,  3**  série,  t.  V,  p,  215,  1861 .),  qui  a  étodié 
les  accidents  développés  par  leurs  piqûres,  en  admet  trois  variétés  principales  :  le 
scorpion  noir  qui  est  le  plus  gros,  de  27  millimètres  de  longueur  environ  ;  le  scor- 
pion d'une  couleur  pâle  auquel  les  Arabes  attribuent  une  plus  grande  nocuité  ;  et 
le  scorpion  rouge,  plus  petit,  mais  plus  vif  et  plus  irritable  en  apparence. 

lie  scorpion  s'en|?onrdit  pendant  In  sai«on  froide,  et  ne  reprend  toute  sa  vivacité 


•îiîO  ALfiÉRlE. 

(|iie  dans  les  mois  chauds  ;  aussi  les  accidents  causés  par  oesaranéifiesse  rafiporleiil- 
iis  principalement  aux  mois  de  juillet,  d*aoûl,  de  septembre  et  d'octobre. 

Les  accidents  causés  par  la  piqûre  du  scorpion  sont  presque  toujours  aocnis  pr 
la  terreur  et  le  dégoût.  Il  résulte  des  faits  soigneusement  observa  par  H.  Mann; 
qu'ils  n'ont  jamais  d'issue  iuneste.  Ib  consistent  en  un  refroidissement»  une  fire 
douleur  dans  la  partie  blessée,  et  plus  rarement  une  intnmesoeDoe  générale  du 
membre  se  dissipant  pai*  résolution.  M.  Guyon  {Compte  rendu  de  P Académie  deg 
ScienceSy  janvier  1865,  n*  i),  a  fait  connaître  les  accidents  produits  snr  ka  ani- 
maux à  sang  chaud  par  la  piqûre  de  Yandroctonus  occUanus  et  VandroeUnau 
unestus. 

La  vipère  à  cornes,  Céraste,  Léfaa  des  Arabes,  dont  l'image  figure  sur  les  mo 
numents  les  plus  anciens  de  l'Egypte,  et  que  Hérodote,  liv.  H,  §  74,  dit  amr  été 
consacrée  à  Jupiter,  est  très-commune  dans  le  Sahara  algérien.  Elle  lecafadériae, 
d'après  M.  Guyon,  comme  la  gazelle  et  l'autruclie  dans  l'ordre  des  mammifères  et 
des  oiseaux. 

Suivant  M.  Teisseire  (Gazette  médicale  de  C Algérie,  1858,  p.  IS  et  suivantes), 
les  vipères  à  cornes  abondent  dans  les  endroits  pierreux  et  semblent,  contrairement 
aux  autres  serpents,  afiectionner  les  endroits  secs  et  arides.  Elles  s'eogonrdîsaent 
de  novembre  à  mars  et  ne  reprennent  toute  leur  activité  que  dans  la  saison  chamle. 
Par  leur  couleur  elles  se  confondent  avec  les  saUes  qui  les  couvrent  en  partie,  et 
deviennent  ainsi  plus  dangereuses  pour  l'homme  et  les  animaux.  Leur  morson» 
inspire  aux  Arabes  la  plus  grande  terreur.  «  Ne  marche  jamais  les  pieds  nus,  dit 
l'Arabe  du  désert  ;  les  morsures  des  vipères  sont  toujours  mortelles,  i  (G.  Danmas, 
Grand  Désert.)  M.  le  docteur  Guyon  dit  qu'il  n'est  pas  rare  de  voir  les  chameaux 
et  les  chevaux  succomber  à  leurs  suites. 

M.  le  docteur  Warnier  dit  avoir  vu  un  soldat  de  l'Émir  mourir  deux  heiire> 
après  sa  morsure.  M.  le  docteur  Teisseire  rapporte  que  la  veille  de  son  arrivée  à 
Riskra,  une  femme  arabe  avait  succombé  à  El-Amor,  localité  voisine.  Le  même 
observateur  s'est  assuré  de  la  nocuité  du  venin  de  la  céraste.  «  Des  couleuvres,  des 
souris  succombèrent  presqu'instantanémefft;  un  chien  de  grande  taille  que  M.  War- 
nier avait  soumis  à  la  même  expérience,  succomba  une  demi-heure  après  la  mor- 
sure; une  pie-grièche  presque  immédiatement  »  (Teisseire). 

Lorsque  la  mort  n'est  pas  instantanée  ou  produite  par  des  accidents  d'intoxîeatîon 
générale,  M.  Teisseire  affirme,  d'après  les  renseignements  recueillis  près  de  dem 
Arabes  mutilés,  l'un  par  la  perte  de  deux  doigts,  l'autre  par  celle  de  la  main,  qu'il 
se  développe  des  accidents  inflammatoires  et  gangreneux.  Évidemment  les  témoi* 
gnages  d'hommes  crédules  et  superstitieux  auraient  besoin  d'être  contrôlés  par  àef^ 
observations  plus  sévères.  M.  Blanche  [Recueil  de  mém.  de  méd,  mil. y  3p  s^ie, 
t.  II,  p.  596),  a  observé  un  cas  de  gangrène  survenue  par  la  compression  exces- 
sive d'un  membre  inférieur,  à  la  suite  d'une  morsure  de  vipère  à  cornes.  Les 
symptômes  accusés  par  le  malade  furent  :  douleur  atroce,  sentimoit  de  froid, 
forte  lassitude,  malaise  général  avec  anxiété  préoordiale,  sueurs  abondantes,  gon- 
flement énorme. 

Population,  races,  maladies  des  indigènes.  La  population  indigène  est» d'après 
le  recensement  de  1851 ,  de  84  035  individus  en  résidence  fixe  dans  les  vilks  ;  de 
2  535  855  dans  les  tribus.  Elle  est  formée  de  deux  races  principales  :  les  Berfaèits 
et  les  Arabes,  plus  ou  moins  modifiées  par  les  mœurs,  le  climat,  les  travaux  H 
surtout  le  mélange  avec  la  race  noire  (sang  esclave,  Léon  l'Africain). 

Les  Berbères,  GétulesGai-ainanles  des  âges  reculés.  Kabyles  des  modernes,  omi* 


ALGÊniK.  76! 

(H'iit  le  maNsif  rnootneux  situé  entre  Alger  et  Boiigic,  les  chaînes  qui  séparent  les 
principaux  bassins  de  l'Atlas  et  enfin  les  oasis  du  i^ud.  Refoulés  par  la  conquête  et 
I  insalubrité  des  plaines  sur  un  territoira  remarquable  par  la  richesse  de  sa  végé- 
tation, mais  presque  insuffisant  comme  étendue,  les  Kabyles  de  l'Atlas  ont  la  rudesse 
et  les  vertus  d'une  population  livrée  à  tous  les  labeurs  de  Tagricnlture  et  de  l'in- 
dustrie. Dans  le  sud,  les  Kabyles,  presque  toujours  de  mœurs  dissolues,  souvent 
hardis  vdeurs,  cultivant  les  pahniers  des  oasis  ou  parcourent  comme  pasteurs  on 
oomme  marchands  les  grands  espaces  au  milieu  desquels  s'écoule  leur  vie  aven- 
tureuse. 

Les  Kabyles  ont  la  tête  moins  allongée  que  les  Arabes,  plus  massive  et  moins 
sèche  (Leclerc,  Gaz.  méd,  de  V Algérie^  i860,  p.  101),  le  nez  moins  droit,  souvent 
trapu  ;  leurs  lèvres  ont  une  épaisseur  moyenne,  leur  bouche  est  assez  bien  faite, 
leurs  dents  blanches  et  assez  souvent  mal  plantées  (Vedrenne,  Grande  Kabylie. 
1^  Mém.  de  mid.  miliL  5^  série,  t.  II,  p.  212),  beaucoup  ont  les  yeux  bleus  et 
les  cheveux  d'une  teinte  blonde  (Comptes  rendm  de  l'Acad,  des  sciences^  Arago. 
Guy<Mi,  t.  IVy  p.  365;  1 837) .  La  vie  laborieuse  du  Kabyle  des  montagnes  donne  à  ses 
membres  de  la  vigueur  et  imprime  \  sa  physionomie  quelque  chose  de  dur  (Leclerc). 

Le  Kabyle  du  désert  a  le  teint  plus  foncé,  il  est  plus  élancé ,  plusmiuce,  infatigable  ; 
d'une  sobriété  qui  lui  permet  de  se  contenter  de  quelques  dattes,  d'un  peu  de 
farine  délayée  et  roulée  en  boule  dans  le  creux  de  la  main  et  de  la  consommation 
de  deux  tasses  d'eau  (général  Daumas,  Sahara). 

Le  séjour  dans  les  villes  modifie  ses  traits  et  ses  mœurs.  Les  Mozabites  ont  le 
teint  d'un  blanc  mat,  le  front  plus  large,  plus  découvert,  de  beaux  yeux  fendus  en 
amande,  la  face  d'un  bel  ovale,  le  menton  aminci,  la  physionomie  douce  et  intelli- 
gente ;  les  membres  charnus,  le  corps  souvent  chargé  d'embonpoint. 

A  part  les  tribus  de  marchands  qui  vivent  sous  la  tente  et  y  installent  les  instru- 
ments de  leur  industrie,  et  les  métiers  sur  lesquels  les  femmes  tissent  la  laine 
durant  les  loisirs  do  Tbiver,  les  Kabyles  vivent  à  demeure  dans  des  maisons  con- 
r^tniites  de  briques  séchées  au  soleil,  cimentées  avec  de  la  boue  ;  des  poutres  de  gené- 
vrier ou  de  palmier  grossièrement  équarries  en  supportent  le  toit,  â  terrasse  dans 
le  sud,  couvert  de  tuiles  ou  de  chaume  dans  la  montagne.  Ces  maisons  n'ont  accès 
sur  le  dehors  que  par  une  porte  étroite  ;  l'air  intérieur  est  humide  et  souvent 
infecté  par  l'incurie  et  la  malpropreté, 

L'Arabe  agriculteur  et  pasteur  répand  ses  innombrables  douars  sur  l'étendue 
immense  des  grands  bassins  du  Tell.  Pendant  la  saison  des  semailles  et  des  mois- 
sons il  descend  dans  les  plaines  propres  à  la  culture  des  céréales,,  pour  reprendre 
pendant  la  saison  de  la  sécheresse  et  de  la  fièvre  les  chenûns  des  chaînes  montueu- 
ses  et  des  vallées  intérieures.  Vigoureux  comme  le  Kabyle,  l'Arabe  a  les  membres 
plus  secs,  moins  charnus.  Sa  tête  est  allongée,  son  front  peu  élevé  avec  une  protubé- 
rance arrondie  au  sommet.  Le  profil  de  l'Arabe  est  plutôt  arrondi  que  droit,  il  a  le 
nez  aquilin,  les  yeux  enfoncés,  noirs,  pleins  d'ardeur,  la  bouche  saillante,  les  dents 
blanches,  le  teint  basané,  les  cheveux  noirs  souvent  crépus,  la  barbe  noire  bien 
pbntée,  amincie  vers  l'oreille,  le  cou  long,  les  membres  allongés.  Dans  les  rilles, 
l'Arabe  (Tadard,  Maure),  en  devenant  artisan,  marchand,  lettré,  prend  de  l'embon- 
point, une  démarche  lourde,  des  membres  charnus,  une  physionomie  douce.  \s 
Maure  a  le  visage  pâle,  peu  de  teint,  il  est  sonvent  imberibe  ;  ses  yeux,  toujours 
beaux,  ont  plus  de  langueur  que  de  feu.  En  un  mot,  il  a  conservé  la  beauté  des 
traits  de  sa  race^  mais  il  en  a  perdu  la  rudesse  et  h  grandeur. 

Maladies,    Tous  les  renseignements  obtenus  sur  la  population  arabe  tendent  à 


Wl  ALGER  IK. 

prouver  que  h  mortalité  sévit  principalement  pendant  Tenfiinoe.  i)»ns  le»  pay*;  de 
marais,  les  enfants  succombent  en  grand  nombre  ;  ils  ont  presque  tous  le  ventre 
énorme,  le  teint  terreux,  la  face  bouffie,  les  membres  grêles  (Rodes,  Topoqrafkir 
de  Sidi-Bel-Ahès.  In  Mém,  de  méd.  mil.  2«  série,  t.  ii;  1847). 

En  Kabylie,  les  décès  en  bas  âge  sont  fréquents  ;  ils  sont  dns  à  la  fièvre,  i  la 
vaiiole,  à  la  syphilis  (Leclerc,  Une  mission  médicale  en  Kabylie).  D'apm 
MM.  Martin  et  Foley  {Statistique  de  la  colonisation  algérienne.  Vm»,  1851 1. 
la  mortalité  des  enfants  indigènes  a  son  maximum  de  deux  à  huit  ans,  el  elle  sérit 
principalement  Thiver,  ce  qu'il  faut  attribuer  aux  ravages  de  la  variole. 

DÉCÈS  CHKOLES.     Htcti   HCSULMA-NS. 

De  6  jours  à  6  mois 1476       447  ^SO       165 

De  6  mois  à  S  ans  i/2 148S       440  8S3       585 

De  2  ans  1/2  à  8  ans ^8     J04         J55       252 

3297      ÏÔÔÔ         Î3Ô8      1000 

Les  maladies  endémo-épidémiques  frappent  les  indigènes  comme  les  Européens, 
mais  avec  beaucoup  moins  de  nocuité  (Maillot,  Traité  des  fièvres  imermiii., 
p.  265).  Les  fièvres  sévissent  non-seulement  dans  le  Tell,  mais  en  Kabylie  et  dans 
les  régions  sahariennes.  Ouergla  en  est  infectée  de  mai  à  octobre.  A  Tùggmt, 
M.  Baelen  (Baelen,  Notice  sur Vexpéd,  de  Tuggurt.  In  Mém.  deméd.  mt(.,  2*  série, 
t.  XVII)  signale  l'aspect  am'mique  des  habitants  pauvres  qui  ne  peuvent  se  aoostrare 
par  l'émigration  à  l'épidémie  annuelle;  presque  tous  sont  atteints  de  cachexie  p- 
lustre.  Suivant  H.  Limayrac  (loc.  cit.),  il  y  règne  tous  les  ans,  à  l'automne,  une fiè%Tv 
rémittente  si  grave  que  les  gens  du  Souf,  qui  viennent  à  Tuggurt  poiv  leur  Gom- 
mcrce,  s'empressent  de  quitter  la  ville.  La  dysenterie,  les  abcès  du  foie  sont  k^ 
lésions  les  plus  communes  aux  indigènes,  qui  viennent  mourir  dans  les  hdptlnin. 
M.  le  docteur  Rouis  (Rouis,  Recherches  sur  le^  suppurations  endémiqne*  du 
fne,  4860)  note  sept  observations  d'abcès  du  foie,  six  chez  des  Arabes,  un  cbei 
un  n^e.  Mais  les  maladies  qui  ont  le  plus  spécialement  fixé  par  leur  fitéiiiBenep 
Tattention  des  médecins  français  sont  l'ophtbalmie  et  la  syphilis. 

L*ophthalmie  est  principalement  endémique  sur  les  populations  de  h  Kabylie  el 
des  oasis  qui  habitent  des  maisons  obscures,  mal  aérées  et  toujours  infectes  cl«* 
malpropreté  et  de  négligence.  En  Kabylie,  il  existe  i  aveugle  on  i  borgne  pont 
64  individus,  proportion  peu  différente  à  celle  de  TÉgypte,  où  elle  esl  de  i  sur 
50  (Vedrenne,  Mém*  deméd.  mil.,  5*  série,  t.  H).  Dans  l'Arba,  presque  tous  les 
habitants  en  portent  les  stigmates  (Leclerc,  mém.  cité).  La  mémeobser^tionaélé 
faite  h  Tebessa  (Mulel,  iftfm.  de  méd.  mil. y  2*  série,  t.  XX,  p.  362),  àLagfaoaat 
(Ancindle  et  Marit),  n  Riskin  (Beylot  et  Castaing),  à  Tuggurt  (Baelen,  Limaynci. 

Les  mœurs  dissolues  des  Arabes,  le  défaut  de  réprobation  pour  la  prastitulion, 
qui  est  devenue  pour  certaines  tribus  une  source  de  richesse  et  de  notoriélé,  a 
étendu  les  ravages  de  la  syphilis  et  reproduit  en  Algérie  les  fermes  étranges  de> 
épidémies  du  moyen  âge. 

M.  le  docteur  Arnould  (Mém.  de  méd.  trti/.,  3*  série,  t.  III)  a  décrit,  sous  le 
nom  de  lèpre  kabyle,  une  syphilide  tuberculeuse  héréditaire  observée  dans  b 
région  de  Dellys.  Les  ulcères  profonds  des  membres  paraissent  à  M.  Marit  ncoo- 
naître  la  même  origine.  Pour  M.  Lesnr  {Mém.  deméA.  mil..  S*  série,  t.  VD, 
p.  139),  ils  pourraient,  dans  certains  cas,  présenter  tous  les  caractères  de  l'afeèiv 
de  Mozambique. 

L'éléphantiasis  a  été  également  rapporté  à  la  syphilis,  pnriiabkment  par  le  Cûl 
do  la  coexistence  fréquente  des  deux  maladies.  Les  observations  d*éléphantia<^  »ot 


ALGÉRIE.  765 

(fsiîlleiin  asscK  rares  dans  les  hcVpitaiix.  M.  Mestre  (Mém,  de  méd.  mil,,  2*  série, 
t.  VU,  p.  347)  rapporte  l'histoire  d'un  Arabe  de  h  vallée  du  Chélif  qui,  après  avoir 
clé  atteint  de  syphilis  en  1850,  présentait  en  1843  un  énorme  éiéphantiasis  au 
scrotum.  H.  Martinache  rapporte  (t.  VIII,  p.  255)  Thistoire  d'un  jeune  Arabe  de 
douze  ans  atteint  de  cachexie  palustre  et  d'un  éiéphantiasis  au  scrotum.  M.  Dufay 
(t.  Ylif,  p.  259)  donne  l'observation  d'un  Arabe  encore  jeune  traité  à  l'hôpital  de 
Cherchell  pour  la  même  affection.  M.  Simon  fiit  appelé  dans  la  tribu  des  Béni- 
Sour,  près  de  Dellys,  pour  donner  des  soins  à  un  Arabe,  âgé  de  trentensinq  ans 
environ,  dont  la  jambe  gauche  était  le  siège  d'un  éiéphantiasis  monstrueux. 

Les  maladies  sporadiqnes  des  indigènes  sont,  comme  les  maladies  endémo-épidé- 
niiques,  les  mêmes  que  celles  des  Européens.  Leur  imprévoyance  les  soumet  dans 
la  saison  froide  aux  influences  qui  développent  les  pneumonies  graves  de  ce  pays. 
\a  variole  sévit  dans  les  tribus  avec  toute  l'extension  et  la  gravité  qu'elle  atteint 
sur  les  populations  non  préservées  par  la  vaccination  :  la  fièvre  typhoïde  (dothi- 
nenterie),  bien  que  i-are,  ne  les  épargne  pas;  enfin,  le  typhus  pétéchial  a  été 
observé  à  l'état  épidémique  par  MM.  Léonard  et  Marit  dans  les  tribus  kabyles  des 
Beni-Aides  et  de  l'Arrache,  cercle  de  Sétif,  province  de  Conf^tantine;  sur  près  de 
1000  hommes,  il  y  eut  240  malades  et  160  morts  (Mém,  de  méd,  mil.,  Z*  série, 
t.  X,  p.  81).  Disons  en  terminant,  comme  particularité  relative  à  l'étude  des  races 
et  des  profefisions,  que  les  plongeurs,  qui  ont  pour  profession  d'aller  au  fond  des 
puits  du  Sahara  enlever  le  sable  qui  les  obstnie,  sont  presque  tous  phtliisiques;  il 
4*st  vrai  que  les  noirs  semblent  avoir  monopolisé  cette  profession  et  que  la  plupart 
de  ceux  qui  s'y  livrent  s'adonnent  aux  abus  du  kief. 

Population  goropéen^e,  acclimatement.  L'Algérie  appartient  par  sa  flore  et 
son  climat  aux  régions  méditerranéennes,  et  ce  que  l'initiative  individuelle  et  la 
persévérance  de  l'administration  y  ont  aooomfdi  ne  permet  pas  de  mettre  en  doute 
l'aptitude  des  races  européennes  «^  vivre  et  à  se  perpétuer  sur  les  parties  salubres 
de  son  territoire  ;  au  temps  seul  il  appartient  de  décider  dans  quelle  mesure  de 
nouveaux  sacrifices  le  génie  de  riiomme  parviendra  à  dompter  les  causes  d'insalu- 
brité inhérentes  aux  conditions  orographiques  et  hydrographiques  particulières  au 
[lays.  Pour  le  médecin,  plus  préoccupé  du  côté  humain  des  questions  que  du  but  à 
atteindre,  les  chiffres  de  la  statistique  doivent  servir  à  résoudre  une  série  de  ques- 
tions parmi  lesquelles  les  plus  importantes  sont  :  1**  l'influence  du  climat  sur  la 
{copulation;  2"*  les  conditions  différentes  de  mortalité  suivant  la  race,  les  âges,  les 
professions;  Zi^  l'influence  comparée  des  locahtés  salubres  et  insalubres. 

Depuis  trente-quatre  ans  d'occupation,  le  chiffre  de  la  population  euro))éenne  n 
subi  un  accroissement  qui  témoigne  moins  de  l'existence  d'un  courant  d'immigra- 
tion vers  des  contrées  à  coloniser,  que  de  l'occupation  successive  parla  guerre  d'un 
vaste  territoire  et  de  centres  importants  de  population. 

La  population  européenne  de  l'Algérie,  qui  était  avant  la  guerre,  de  59  556  en 
1 840,  de  59 1 86  en  1 845,  s'est  accrue  successivement  ;  elle  compte  pour  :  109  400 
en  1846;  105  895  en  1847;  115101  en  1848;  112  607  en  1849;  125965  en 
1850;  151  285  en  1851;  145  587  en  1854;  159282  en1856;  192746en1861. 

Les  habitants  des  villes  forment  les  deux  tiers  de  la  population.  Le  recensement 
de  1851  donne  en  effet  :  Population  urbaine,  85678;  population  agricole,  55  810; 
rurale  non  agricole,  15  496.  Les  Français  comptent  pour  79  577,  les  races  méri- 
dionales pour  54  026,  les  races  allemandes  et  septentrionales  pour  8  971. 

Ainsi  les  races  méridionales,  et  principalement  la  race  espagnole,  donnent  un 
chiffre  de  popiihtion  bien  supérieur  à  celui  de  la  population  agricole,  ce  qui  cnn- 


764  Air.ËUIR. 

tirme  an  réâulUit  de  1  expérience  :  la  supériorité  du  travail  espagnol  et  rapliliide 
des  races  méditerranéennes  à  s'noclimater  en  Algérie.  Les  chiffres  suivants  témoi- 
gnent en  effet  d'une  différence  constante  dans  la  mortalité  des  Françus  et  de^ 
étrangers,  on  eût  pu  dire  des  Espagnols  : 

ÉTIlAlIfiM!!.  nUNÇAlS. 

1847 48,4  sur  1000  h.     50,8  sur  iOOO  h. 

1848 41,8  41,7 

1849 84,5  101,5 

1850 43,4  lOfi 

1851 59,3  64.5 

1852 40,3  55,6 

1853 30,4  47,8 

MoTF.NIfC.     .     .     .       40,0      MOTENHK.      .       61,0 

Dans  les  villes,  suivant  MM.  Martin  et  Foley,  la  mortalité  est  moins  élevée  que 
dans  les  populations  agricole  et  rurale.  A  Alger  par  exemple  elle  ne  serait  que  de 
5i,5  sur  1000,  ce  qui  suppose  pour  la  population  rurale  et  agricole  un  chiffre  de 
mortalité  bien  supérieur  à  la  moyenne  générale  et  probablement  irèa-rapprodu- 
de  la  mortalité  militaire. 

Les  chiffres  de  la  mortalité  militaire,  souvent  invoqués  dans  la  question  de 
Tacclimatement  de  l'individu,  sinon  de  la  race,  présentent  une  décroÎKanGe  pro- 
gressive et  des  oscillations  extrêmes,  expression  numérique  de  la  situation  épidé- 
mique  des  premières  années  de  Toccupation  et  des  progrès  accomplis  dans  la 
conduite  des  opérations  militaires.  Ue  1830  à  1841  elle  est  de  0,081  ;  de  1842 
à  1849,  de  0,046;  de  1856  à  1861,  de  0,035.  Elle  s  élève  en  1837  h  0,106, 
descend  en  1861  à  0,010. 

C'est  dans  les  premiers  mois  de  son  séjour  que  Tarmée  est  le  {dus  éprouvée  : 
sur  1220  décès  inscrits,  647  correspondent  à  un  séjour  de  0  an  5  mois  10  jours, 
326  à  1  an  7  mois  1 0  jours,  247  à  3  ans  7  mois  20  jours  (Martin  et  Foley,  p.  191  ) . 
Ce  premier  acclimatement  traversé,  la  santé  du  soldat  ne  parait  pas  subir  les 
atteintes  de  la  décrépitude  particulière  au  séjour  dans  les  pays  chauds. 

La  mortalité  de  la  population  civile,  bien  que  soumise  aux  mêmes  variations 
épidémiques,  ne  présente  pas  une  décroissance  progressive  aussi  favoraUe.  De 
1835  à  1840  elle  est  de  0,050;  de  1844  à  1849,  de  0,045;  de  1853  à  1855, 
de  0,048.  Le  chiffre  des  décès  a  été  jusqu'aux  dernières  années  supérieur  à 
celui  des  naissances. 

De  1844  à  1846  on  compte  1  naissance  pour  1,S9  déeès. 
De  1847  à  1850       -.  1  ^  1,45    -- 

De  1855  à  1861        —  1  —  0,91    — 

Quelque  espérance  qu'on  fonde  sur  laccroissement  de  la  population  et  de  la 
nativité  et  sur  la  diminution  de  la  léthalité  ;  quelque  part  qu'on  fasse  à  la  souP 
franco  et  à  la  misère  des  premiers  colons,  il  est  impossible  de  méconnaître  que  si 
l'Algérie,  par  son  climat  et  sa  flore,  appartient  aux  contrées  méditerranéennes,  elle 
confine  aux  régions  chaudes  insalubres  par  sa  mortalité  et  son  règne  pathologique. 
L'étude  de  la  mortalité  considérée  dans  les  âges  et  les  nationalités  contribuent  à  le 
prouver. 

Le  climat  de  l'Algérie  est  principalement  funeste  aux  enfiints  au  moment  de  b 
dentition.  Sur  1000  décès  compris  de  0  âge  à  5  ans,  )IM.  Martin  et  Foley  constatent 
pour  l'Algérie  868  décès  de  0  âge  à  2  ans,  le  rapport  à  Paris  n'est  que  de  337.  U» 
nnfauts  des  immigrants  ont  principalement  à  subir  Tinfluence  destructive  du  dimal . 
L'âge  de  6  mois  à  2  ans  donne  0,440  de  tous  les  déc^  de  0  âge  à  15  ans.  Ea 


ALGËKIK. 


765 


Fnuice,  la  mortalité  enfantine  de  0  âge  à  5  ans  n*est  que  de  0,256  ;  elle  est  en 
Algérie  de  0,454  et  s'élève  à  0,568  dans  les  colonies  insalubres.  D'ailleurs  la  mor^ 
talité  des  enfants  français,  0,389,  tient  le  milieu  entre  la  mortalité  des  enfants  de 
race  septentrionale,  0,456,  et  celle  de  race  méridionale,  0,328  (Martin  et  Foley), 

n  existe  en  effet  chez  la  race  espagnole  une  aptitude  d*accommodation  au 
climat  de  l'Algérie  qu'accusent  aussi  bien  l'expérience  que  les  données  statistiques. 
Eu  moyenne,  les  décès  espagnols  et  maltais  sont  de  0,030,  tandis  que  les  décès 
français  s'élèvent  à  0,043,  les  décès  allemands  à  0,056  (amiées  4855  à  1856). 

Malgré  ces  données  statistiques,  l'Algérie  poursuit  son  développement,  et  les 
partisans  de  FAlgérie,  si  nombreux  aujourd'hui  à  tous  les  degrés  de  la  hiérarchie 
militaire  et  civile,  ne  doutent  pas  de  son  avenir.  Faut-il  donc,  omettant  l'expé- 
rience du  passé,  céder  à  l'opinion  et  à  la  pression  de  faits  accomplis,  ou,  ne  tenant 
aucun  compte  du  spectacle  rassurant  que  l'Algérie  présente  aijyourd'hui,  juger, 
d'après  les  difficultés  et  les  dangers  des  premières  années  de  l'occupation,  de 
l'impossibilité  de  l'acclimatement,  sur  la  terre  des  céréales  et  de  l'olivier,  des 
races  européennes  qui  vivent  des  mêmes  cultures  sur  l'immense  bassin  méditei^ 
ranéen.  A  mon  sens,  la  conciliation  de  ces  deux  points  de  vue  extrêmes  se  trouve 
dans  la  comparaison  des  régions  salubres  et  des  régions  marécageuses.  Sur  les 
collines  du  littoral  et  les  pentes  de  l'Atlas,  après  les  premiers  mois  de  séjour  et  le 
défrichement  du  sol,  la  mortalité  s'abaisse  à  des  proportions  égales  ou  même 
inférieures  de  la  mortalité  en  France.  Malheureusement  le  littoral  est  souvent  peu 
cultivaMe,  sa  constitution  géologique  se  rapportant  à  des  roches  éruptives,  i  des 
masses  argileuses  ou  au  tuf  calcaire,  et  la  population  kabyle  est  tellement  pressée 
sur  les  massifs  montagneux  qu'il  n'y  a  pas  place  pour  l'émigration  européenne. 
Dans  les  plaines,  toujours  plus  fertiles  et  plus  accessibles  à  la  colonisation,  l'impa- 
hidation  du  sol  accroît  les  dangers  du  premier  acclimatement,  et  les  épidémies 
annuelles  ou  les  oscillations  extrêmes  de  la  mortalité  accusent  une  situation  anor*^ 
maie  et  dangereuse  et  obligent  à  des  réserves  en  ce  qui  touche  la  vitalité  des  races 
considérées  dans  l'avenir  de  leurs  descendants  {voy.  Berti lion,  art.  AccuMATArioii). 

Le  tableau  suivant  met  ces  faits  en  complète  évidence. 


LOCALITÉS 

INSALUBRES 

PIlKMliBE    f 

•finiODB 

• 

1 

0070 

SBUItillX    t 

Irioo 

h 

s* 

tsi 
•s 

• 

S 

AXXKI». 

LOCALlTit. 

knnik». 

LOCALITÉ». 

lS55àlS4ô 

Booffarick. 

770 

52 

1856  à  1861 

UoufTaiick. 

2827 

135 

0048 

1S45 

Fondouik. 

540 

m 

0257 

^^^ 

Fondouck. 

380 

15 

0041 

1847  i  18!» 

El-Afrouo 

cl 
Bouroumi. 

Si3 

26 

0075 

-  ! 

EloAlroun 
•l 

541 

a 

0026 

ISSl 

AnMur-el'Ain 

100 

57 

OÎTO 

— 

Ameur-el-Aiu 

«M 

24 

0115 

1848^1852 

Mareiigo. 

715 

59 

0082 

— 

lhrt>ii{to. 

657 

66 

0105 

Hoycnns-  »  •  .  •  • 

484 

64 

0206 

Moyeniio 

811 

49 

0066 

7(>G 


ALGÉlUt. 


LOCALITÉS 

SAIUBRES 

rECMlËltL    P 

É  u  1 0  n  ft 
2' 

PEOXIKVE    P 

BRIODl 

n 
1- 

l| 

•• 

1 

auxce!». 

LOC%UTK!». 

«  o 

91 

9 

• 

s 

o 

A.>M£Kd. 

LOCILITL». 

IHUàmT 

Kouka. 

S06 

0048 

1853  à  1861 

Fouka. 

274 

9 

OOGS 

1Kl5à1Hi9 

Kouin. 

m 

99 

0088 

— 

Kouba. 

96S 

W 

OQGS 

18iiàiai6 

Ste-Amélie. 

U7 

11 

0014 

— 

Ste-AnéliA. 

191 

8 

OKS 

— 

Si-Ferdinand 

169 

10 

0069 

St-Ferdinaiid 

216 

5 

OBS 

— 

Uuled-Fayet. 

«56 

13 

OfêO 

— 

Oaled-Fayet. 

eo 

8 

QOEB 

Douaouda. 

«0 

11 

0080 

— — 

Douaouda. 

177 

« 

0011 

Moyeiuwf 

«7 

18 

0061 

llo)eMii« 

279 

8 

OOKl 

L'épidémie  de  Bône  de  i852  doune  l'expressiou  numérique  d'une  de  oes 
aggiavations  subites  des  épidémies  annu^les  dans  une  contrée  ins^ubre.  La 
mortalité  de  Bône  qui  était  en  1850  de  ii  décès  sur  1000,  en  1851  de  31 ,  seA 
élevée  en  1852  à  85,  en  1855  à  85,  et  est  desœndue  en  1854  à  48;  en  1855 
à  58.  (Moreau,  Galette  médicale  de  t  Algérie,  mars  1856,  p.  54).  11 
semble  donc  établi  que  l'Algérie  dans  les  régions  montueuses  et  littorales  est 
un  pays  salubre  auquel  TEuropéen  des  régions  tempérées  froides  paye  un 
tribut  d'acclimatation  d'autant  plus  élevé,  qu'il  est  plus  )euue  et  plus  aoumi> 
aux  nécessités  du  travail.  Dans  les  régions  insalubres,  la  mortalité  des  pre- 
miers temps  de  l'occupation  s'élève  à  des  proportions  calamiteuses,  ei  ai  elle 
paraît  s'abaisser  après  un  certain  nombre  d'années  d'occupation,  le  travail  init'- 
rieur  qui  s'accomplit  sur  un  sol  impaludé,  les  influences  alternantes  de  phii^ 
abondantes  et  de  cbaleurs  excessives,  peuvent  ramener  à  des  proportions  épidé* 
aûques  le  chiffre  de  la  mortalité  qui,  en  temps  ordinaire  dépasse,  le  chifiDne  de  la 
mortalité  en  France. 

COMSTITUTION    MÉDICALE  SAISONMIERB ,     BHDiVO-iPUÉMIS.      Tandis    qUe  dans   IVH 

régions  tempérées  moyennes,  au  milieu  des  populations  pressées  des  grandes  villes, 
les  maladies  saisonnières  vont  se  confondre  dans  la  masse  des  maladies  individuelli^ 
et  zymotiques  ;  aux  zones  extrêmes,  une  saison  dominante  développe  une  endéoMh 
épidémie  annuelle,  dans  un  ordre  régulier,  et  avec  l'aspect  saisissant  qui  inspin  \ 
Hippocrate  la  doctrine  la  plus  ancienne  des  maladies  populaires 

Eu  Afrique,  les  Bix  premiers  mois  de  l'année,  à  part  des  journées  très-froides  i-i 
très-humides,  sont  parfaitement  salubres.  Le  nombre  des  malades  du  pranitr 
Semestre  est  à  celui  du  deuxième  oonune  1  est  à  2.  Le  minimum  correspond  au 
printemps,  le  maximum  à  l'automne  (Broussais,  Mémoire  deméd.  mtlit,^  1^  série, 
t.  L\)  ;  printemps^  15,585;  hiver,  14,944;  été,  28,414;  autonmcy  28,712. 

Le  mois  le  moins  chargé  de  malades  est  celui  de  mars,  41;  celui  qui  l'est  «fa^aiH 
lage  est  le  mois  de  juillet.  C'est  vers  la  fin  de  juin  que  commence  la  saison  épîdt- 
niique  ;  en  juillet,  le  nombre  des  malades  est  le  double  de  ce  qu'il  était  en  juni 
'      ^1  reste  i>lalioiiiiaiiv  |iuur  décroître  au  rommenceouiit  du  luoi^  ilc  m^^ 


AI.GÉU1E. 


767 


lembre,  suivant  une  progression  régulière,  de  sorte  que  lu  mois  de  décembre  a'u 
que  la  moitié  des  malades  du  mois  d  août. 

Le  mouTement  de  la  mortalité  suit  dans  le  même  ordre,  mais  à  quelque  distance, 
raccroissement  et  la  diminution  du  nombre  des  malade^.  Le  mois  1q  moins  diar^é 
de  décès  est  celui  de  mai.  Celui  qui  Test  davantage  est  Je  mois  de  décembre.  C'est 
égalonent  celui  pendant  lequel  la  mortalité  est  le  plus  élevée. 

Le  tableau  suivant  permettra  de  comparer  la  marche  annuelle  des  entrées  et  de 
la  mortalité  à  Paris  et  à  Alger.  Le  rapport  mensuel  est  comparé  à  1000  malades 
cLà  1000  décès. 


PARIS 

ALGÉRIE 

MOIS. 

— ■  — — —  — - 

MALADES 

«OlItS 

MALADES 

MORTS 

smlOOO. 

Kim  1000. 

son  1000. 

!>ot  1000. 

Janvier 

14 

66 

54 

98 

Février 

84 

75 

40 

65 

Mars 

110 

104 

41 

64 

AyriL 

103 

112 

59 

42 

Mai 

94 
80 
70 

95 
98 
80 

58 

94 

141 

35 
50 
83 

• 

Juin 

JuiUet 

Août 

66 

75 

114 

100 

Septembre 

84 

85 

111 

101 

Octobre 

75 

67 

136 

125 

Novembre 

71 

62 

88 

121 

Décembre 

70 

66 

58 

106 

Il  est  facile  de  donner  à  cette  exposition  numérique  un  sens  médical.  La  saison 
froide  est  celle  des  maladies  chroniques  consécutives  à  Tendéroo-épidémie  de  lannc^; 
précédente;  le  nombre  des  malades  est  peu  élevé,  mais  celui  des  décès  et  surtout 
celui  de  la  mortalité  atteint  son  maximum.  En  même  temps  que  s'éteignent  les 
malades  atteints  de  dysenterie  chronique  et  de  cachexie  palustre,  apparaissent  les 
maladies  particulières  de  la  saison  froide.  Les  affections  sporadiques,  qui  ne  comp- 
tent que  pour  un  cinquième  des  maladies  de  Tannée,  en  forment  plus  de  la  moitié 
dans  les  six  premiers  mois  et  seulenient  un  septième  dans  la  saison  des  chaleurs 
(Broussais,  ïfém.  deméd.  milit,^  l.  LX). 

Les  affections  les  plus  communes  de  la  saison  froide  sont  les  maladies  de  poi- 
trine. Pendant  le  deuxième  trimestre  de  1855  M.  Daga  {Mém.,  2^  série,  t.  XVII),  a 
observé  à  Alger  79  maladies  aiguës  de  poitrine  sur  452  malades  :  bronchite 
aiguë,  47  ;  bronchite  chronique,  6  ;  1  décès  ;  —  pneumonie,  9  ;  3 décès  ;  —  pleuré- 
sie, 8  ;  —  phthisie,  6  ;  3  décès. 

A  Laghouat  où  la  température  descend  souvent  ù  zéro  pendant  la  nuit  après  des 
journées  très-çbaudes,  sur  372  malades  H.  Marit  note  10  bronchites,  7  pneu- 
monieSy  et  1  décès  et  2  pleurésies  aiguës. 

Ainsi  que  Çlarke  et  Kreysig  de  Dresde  l'ont  constaté  poui'  d'autres  pays  maré- 
cageux, Rome  et  Pavie,  la  pneumonie  est  souvent  grave  en  Algérie  (Catteloup, 
Mém.  de  méd.  milita  2«  série,  t.  XI,  p.  268),  principalement  chez  les  malades 
convalescents  de  fièvres  ou  atteints  de  cachexie  palustre.  Elle  se  produit  alors  avec 
les  caractères  des  pneumonies  secondaires  :  adynamie  profonde,  absence  de  douleur 
et  d'expectoration  rouilléc,  début  insidienx,  terminaison  IVéqui'umient  funeste.  Les 


768  ALG&RIE. 

lésions  atteigiieut  les  deux  poumons,  siègent  à  la  base  et  sout  constituées  |nr  de 
rœdème  ou  de  la  splénisation  sans  pleurite  concomitante. 

L'endémo^pidémie  débute  avec  le  solstice  d  été.  A  une  saison  qui  a  tous  les 
charmes  du  printemps,  la  végétation,  la  tiédeur  de  l'atmosplière,  la  salubrité,  suc- 
cèdent la  sécheresse,  Taridilé,  les  chaleurs  accablantes.  Les  hôpitaux  se  remplisBenl 
en  peu  de  jours  de  fièvres  à  accès  rapprochés,  caractérisées  surtout  par  la  chaleur, 
qui,  suivant  Tevpression  de  Torti,  incendium  universale  jamdudum  âisponi  ât- 
monstrtU.  Des  éruptions  cutanées  fatigantes  ajoutent  à  Tincommoditéde  lasaisou. 
souvent  des  complications  bilieuses  et  hémorrhagiques  donnent  aux  Bèvres  l'aspect 
des  maladies  tropicales.  En  septembre,  les  maladies  moins  nombreuses  trouvent  le> 
malades  plus  affaiblis.  Les  lécidives  de  fièvres  rémittentes,  les  accès  pemicîettx,  b 
dysenterie  grave,  élèvent  le  ihiflre  de  la  mortalité.  Avec  les  premièanes  pluies  d'au- 
tomne s'arrête  la  période  croissante  de  l'épidénûe  ;  le  temps  se  refroidit,  devient 
plus  humide  ;  les  fièvres  se  prolongent,  revêtent  des  formes  typhoïdes  ;  les  dysen- 
teries prennent  la  marche  chronique  qui,  de  i^echute  en  rechute,  doit  conduire  le 
malade  à  un  complet  épuisement  ;  la  rate  s'engorge,  le  sang  s  appauvrit,  le  teint 
s'altère,  les  membres  s'infiltrent  et,  dans  les  mauvaises  années,  chez  les  hûmmes 
qui  ont  longtemps  souffert,  la  cachexie  palustre  va  se  confondre  avec  le  scorbut. 
L'iléus  sanguin  (clXiô;  atpcrirvcd'Hippocrate,  trad.  Littré,  t.  VII,  p.281),  c  la  bouciie 
«  sent  mauvais,  les  gencives  se  détachent  des  dents,  le  sang  coule  des  narines,  par- 
ce fois  il  se  développe  des  ulcérations  aux  jambes  :  la  couleur  est  noire,  la  pean 
«  s'amincit,  le  malade  n'est  pas  disposé  à  marcher,  ni  à  prendre  de  la  peine.  » 

Halaoibs  EKDéMo-ÉPioÉMiQDBs.    Lcs  affectious  endémiques  qui  se  produiaent 
pendant  la  saison  chaude  sont  des  maladies  de  la  peau,  des  muqueuses  et  du 
les  fièvres  intermittentes  et  rémittentes. 

La  gale  bédouine  Hhabb  arag,  bouton  de  sueur  des  Arabes,  est  l'éruption 
papuleuse  désignée  par  les  dermatologistes  sous  le  nom  de  Lichen  (ropîciu, 
affection  qui,  d'après  l'opinion  de  H.  Bienvenu,  chirurgien-major  del'Arthémtse, 
exige  une  température  de  23  degrés  au  minimum  (Leroy  de  Méricourt,  Ardiitfes 
générales  de  méd.y  octobre  1863,  p.  421).  Elle  atteint  principalement  les  hoaunes» 
vigoureux,  les  tempéraments  sanguins,  de  sorte  qu'on  la  considère* comme  un  pré- 
servatif contre  la  fièvre  (Hamel,  Gazette  médicale  de  VAlgérie^  1857).  Prêoéd» 
de  sueurs,  de  démangeaisons,  la  gale  bédouine  est  carac'érisée  par  une  éruption 
souvent  très-confluente,  occupant  principalement  les  épaules,  les  bras,  la  poitrine, 
plus  rarement  le  ventre  et  les  cuisses  ;  formée  de  petites  élevures  rouges,  taniôC 
seulement  papuleuses,  tantôt  vésiculeuses  au  sommet  (Dauvé,  Mém.  deméd.  milù. , 
3«  série,  t.  II,  p.  37).  La  durée  des  papules  considérées  isolément  est  de  trois  â 
cinq  jours,  mais  une  suite  d'éruptions  successives  peut  prolonger  la  maladie  pen- 
dant plusieurs  semaines. 

Furoncles.  Suppurations.  Plusieurs  médecins  militaires  ont  été  frappés  de  la 
grande  quantité  de  furoncles  et  de  panaris  qui  se  produisent  en  Algérie  pendant  la 
saison  chaude;  tantôt  isolément,  tantôt  en  même  temps  que  les  fièvres  auxquelles 
ils  paraissent  parfois  servir  de  crise  salutaire.  Je  n'ai  eu,  dit  M.  Douches  (Gftsettf 
médicale  de  V Algérie j  1856,  p.  66),  aucun  document  pour  formuler  le  chifln: 
total  des  affections  phlegmoneuses  que  j'ai  observées  au  dehors  et  au  dedans»  de  b 
caserne.  On  jugera  de  ce  qu'il  aurait  été,  quand  j'aurai  dit  que  pour  les  militain» 
s^eulement,  pendant  une  période  de  seize  mois,  je  compte  788  atteintes  de  fnnNMk> 
ou  d'anthrax  et  25  panaris. 

M.  Scrive  {Mém.  deméd.  milit,,  i""  série,  t.  XII), en  1851,  ooiist;ttaitre\i»teiia 


ALGÉRIE.  7G9 

de  i80  cas  de  panaris  et  de  70  de  phlegmons  pour  la  garnison  de  Tlemcen.  A 
Alger,  M.  Félix  Berlberand,  sur  un  effectif  oscillant  entre  cinq  bommes  et  deux  cents 
hommes  attachés  aux  batteries  d'artillerie,  compte  240  cas  d*aflections  furoncu- 
leuses  pour  les  mois  de  juillet  et  août. 

M.  Potier  Duplessy  {Mém,  de  méd,  miUt.j  2*  série,  t.  XYll,  p.  99)  obsenaità 
Nemours,  du  15  août  au  i5  décembre,  78  cas  d'affections  phlegmoneuses. 

A  Biskra,  M.  Beylot  (Mém,  de  méd,  milit.,  2*  série,  t.  XI,  p.  253),  constata  la 
succession  des  éruptions  cutanées.  A  partir  du  mois  d*août,  la  peau  était  couverte 
d'éruptions  vésiculo-papuleuses  (gale  bédouine).  A  cette  éruption  succédèrent  de 
nomln-eux  iîironcles;  plus  tard  les  plaies,  les  ulcères  et  les  autres  lésions  de  la  peau 
guérissaient  difficilement;  c'était  la  période  d'incubation  de  l'épidémie  particulière 
à  la  région  des  Zibans  (bouton  de  Biskra).  A  Laghouat,  à  partir  du  mois  de  juin, 
dit  H.  Marit  (Mém.  de  méd,  milit.  y  2'  série,  t.  XX),  nous  souffrîmes  beaucoup 
d'une  démangeaison  insupportable  causée  par  une  éruption  particulière  au  pays. 

D'après  M.  Masnou  (GoMtte  médicale  de  UAlgériey  1859,  p.  5),  à  Bou-Saada  et 
à  Laghouat,  il  règne  comme  diminutif  de  la  maladie  des  Zibans  une  éruption  par- 
ticulière, caractérisée  par  des  pustules  d'une  durée  de  quinze  jours  environ,  lais- 
sant à  leur  suite  une  cicatrice  violacée  persistante.  Cette  éruption  est  comme  le 
premier  degré  de  l'affection  étudiée  sous  le  nom  de  BatUon  de  Biskra. 

Le  bouton  de  Biskra,  bouton  des  Zibans,  du  docteur  Guyon,  appelé  Dous  el  ker- 
mati,  maladie  des  dattes,  par  les  troupes  turques  du  temps  du  dey,  Frina  ou  Hhabb 
des  Arabes,  est  une  affection  tubercule-ulcéreuse  de  la  peau  qui  règne  épidémi- 
qoement  à  partir  du  mois  d'octobre,  principalement  dans  toute  la  région  des  Zibuns, 
de  Sidî-Ogba  aux  Ouled-Djellas,  sur  la  limite  nord  du  Sahara  algérien  par  34*^  de 
latitude.  Toutefois  Tendémicité  du  bouton  des  Zibans  parait  moins  limitée  qu'on  ne 
l'avait  cru  d'abord.  Suivant  M.  Uuyon,  il  règne  de  Tuggurt  à  Ouergla  ;  MH.  Arnould, 
Manoha  (Goa.  méd.  de  l'Algérie,  1860,  p.  41)  et  Didelot  l'ont  observé  à  Laghouat 
et  les  renseignements  obtenus  par  M.  Castaing  portent  à  penser  qu'il  s'étend  jus- 
qu'au pays  des  nègres. 

Le  bouton  de  Biskra  attaque  les  hommes  de  toutes  les  races  :  le  Nègre,  l'Arabe, 
le  Juif,  l'Européen.  H.  Castaing  (Mém,  de  méd.  milit. y  3*  série,  t.  VIII,  p.  245) 
dte  deux  observations  recueillies  sur  une  jeune  négresse  de  trois  ans  et  un  nègre 
de  seize  ans.  En  1847,  sur  lagamison  de  Biskra,  forte  de  762  hommes,  105  hom- 
mes furent  atteints;  30  en  novembre,  59  en  décembre,  15  en  février.  En  1845, 
il  y  eut  45  malades  sur  475  ;  en  1847, 105  sur  700  ;  en  1851 ,  7  sur  600. 

Sur  56  malades,  H.  Masnou  compte  39  hommes,  14  femmes  et  3  enfants  ; 
45  Européens,  8  Juifs  indigènes.  Sur  53  cas,  M.Hoflmann,  48  hommes,  3  femmes, 
2  enfants  ;  49  Européens  et  4  Arabes.  Statistiques  incomplètes  qui  accusent  le 
terrain  des  hôpitaux  militaires  sur  lequel  elles  s'exercent  (M.  Hamel,  Mém,  do 
méd,  milit,,  3«  série,  t.  IV,  p.  329). 

Ophthalmie,  L'ophthalmie  se  développe  dans  la  saison  chaude,  parallèlement 
aux  maladies  endémiques,  avec  lesr|uelles  elle  alterne  fréquemment.  Cette  relation 
signalée  par  Desgeneltes,  en  Egypte;  par  M.  Wlemincx,  en  Belgique  ;  par  le  profes- 
seur Van  Hamon,  de  Dresde,  doit  faire  attribuer  le  développement  de  la  maladie 
plutôt  à  la  constitution  médicale  qu'a  des  causes  excitantes  externes  :  poussière, 
lumière  vive. 

D'après  les  documents  recueillis  par  H.  l'inspecteur  (^vy,on  compte  en  moyenne 
1  ophthalmie  sur  29  malades  dans  le  premier  trimestre;  1  sur  15  dans  le  deuxième  ; 
1  sur  12  dans  le  troisième  ;  1  sur  13  dans  le  quatrième. 

DICT.  EKC.   II.  19 


770  ALGÉRIE. 

L*ophthalinie  qui  chez  les  indigènes  frappe  particulièrement  le  Kâbyie  deTAtlas 
et  des  Oasis,  s'observe  dans  les  colonies  des  régions  insalubres,  et  sur  le  soldat  en 
garnison. 

En  1839,  plus  de  200  hommes  en  furent  atteints  à  Constatine.  En  juillet,  aoètet 
septembre  1839,  elle  sévit  sur  les  troupes  de  la  garnison  de  Philippeville,  Icgees 
dans  des  maisons  mauresques.  Les  19/20  des  malades  de  l'hôpital  atteints  de  fièm 
et  de  dysenterie  en  subirent  les  efTets.  En  1846,  elle  sévissait  sur  la  gannoii  de 
Batna. 

La  même  année,  à  Biskra,  sur  une  garnison  de  350  hommes  accrue  à  k  fia  de 
Tannée  jusqu'à  600,  H.  Beylot  (Mém,  de  méd.  milit,,  2«  série,  Xl«  vol.,  p.  836), 
observait  une  épidémie  d'ophthalmie  qui  de  la  fin  d'août  au  mois  d'octobre  frwff^ 
1 58  militaires,  en  même  temps  que  la  population  arabe  était  encore  plusmaltiutée. 

M.  Hassip,  en  1847,  H.  Burgkly,  en  1851,  M.  Isnard,  en  1852,  assiitèreiil  â 
Biskra  à  des  épidémies  semblables. 

De  juillet  à  novembre  1853,  Tophlbalmie  régna  épidémiquement  iBfoe  après 
une  épidémie  annuelle  de  fièvres  intermittentes  tellement  généralisée,  que  le  tribu- 
nal dut  surseoir  à  ses  séances.  En  1853,  elle  fut  observée  à  Lagliouat  par  M.  Marit. 

L'alternance  de  l'ophthalmie  catarrhale  avec  la  fièvre,  la  rapidité  de  son  dére- 
loppement  reportent  la  pensée  vers  la  congestion  de  l'œil  développée  par  l'ablatian 
du  ganglion  cervical  du  grand  sympathique,  et  conduisent  à  soulever  la  queBÛm 
de  savoir  si  à  côté  des  névralgies  de  la  cinquième  paire  qui  depuis  C.  Médicus  oot 
été  fréquemment  observées  comme  expression  de  l'intoxication  palustre,  les  branches 
organiques  des  nerfs  vaso-moteurs  ne  pourraient  pas  être  modifiées  dans  leur 
activité  par  l'influence  de  la  même  cause. 

Dysenterie.  Les  études  d'anatomie  pathologique  peuvent  seules  donner  une 
juste  idée  de  l'importance  de  la  dysenterie  en  Algérie  ;  comme  maladie  isolée,  ou 
comme  complication  des  fièvres  de  marais,  de  la  fièvre  rémittente,  de  la  va- 
riole, des  maladies  traumatiques. 

Sur  42  507  maladies  ayant  causé  5  502  décès,  la  dysenterie  est  comptée  dans  kf 
différents  comptes  rendus  des  services  de  l'Algérie,  publiés  dans  lesÂfemotreu  de 
médecine  militaire^  pour  11  789  malades  et  1  611  décès  ou  pour  27  pour  I M)  do 
malades  et  45  pour  100  des  décès.  En  Egypte  le  rapport  est  de  51  sur  100  décès. 
(Griesiuger).  Aux  Indes  le  rapport  est  de  3t  à  32  sur  100  décès  (Farr.) 

Tandis  que  les  fièvres  en  général  ne  donnent  que  1  décès  pour  36  mabdea,  k 
dysenterie  compte  1  mort  sur  7,50  malades.  Aussi  la  province  d'Oran,  où  la 
dpenterie  est  plus  fréquente  donne-t-elle  un  excès  de  mortalité  comme  l'iadkiue 
le  tableau  suivant  : 

Malades  en  général,  4!2  507  ;  5502  décès,  ou  1  sur  i%io. 

novixcE  d'aloer. 

il407  décès  ]  1  dysenteiûe  pour  5  fièvres, 
ou        >     Les  décès  par  dysenterie  sont  aux 
1  sur  12,13.  )  décès  par  fièvres  comme  1 ,05  est  â  1. 

pBOMKce  d'obah. 

(  1816  décès  )  1  dysenterie  pour  1,80  fièvres. 
Malades.  .  .  21  095  |        ou        |      Les  décès  par  dysenlerie  sont  aux 

l  1  Pur  11, iO  7  décès  par  fièvres  comme  2,00  est  à  1 . 

Sur  12  851  malades  observés  dans  la  province  d'Oran  (Catteloop,  Mém,  iemèi. 
militaire,  1 1«  scrio.  12  vol),  5496  ont  été  atteints  de  dysenterie.  A  Lagliouat  air 


ALGÉRIK.  771 

13  décès,  M.  Marit  compte  5  décès  par  dysenterie  (Mém,  de.  méd.  militaire. 
11*  série,  t.  XIII).  A  Biskra  M.  Beyiot.  (2«  série,  t.  Il),  constate  que  la  dysenterie 
est  la  maladie  dominante  ;  elle  s'aggrave  ou  se  développe  sous  Tiiifluence  du 
siit)Cco. 

La  dysenterie,  aiguë  et  grave  dans  la  saison  chaude,  se  produit  sous  des  formes 
plus  lentes,  plus  chroniques  et  non  moins  funestes,  dans  la  saison  froide  et  humide. 
Sur  5496  cas  examinés  au  point  de  vue  de  la  saison,  M.  Catteloup  donne  les  rap- 
ports suivants  {Mém,  de  méd.j  militaire,  11"^  série,  t.  VII)  :  705  dans  le  premier 
trimestre;  964  dans  le  deuxième;  2471  dans  le  troisième;  1  r)56  dans  le  qua- 
trième :  total  5  496. 

Kndémique  pour  l'indigène  et  le  créole,  cause  principale  des  décès  de  Tenfant 
dans  le:»  premiers  mois  de  sa  naissance,  la  dysenterie  est  laflection  qui  sévit  le 
plus  promptement  sur  TEuropéen  à  son  arrivée  en  Algérie.  En  1840,  au  moment 
où  les  nécessités  de  la  guerre  élevaient  le  chiffre  des  arrivants  à  Alger,  je  trouvai 
([ue  les  malades  ayant  moins  d'u|ie  année  de  séjour  étaient  aux  malades  plus 
anciennement  arrivés  comme  5,35  est  à  1  (Mém.  de  niéd.,  militaire^  t.  LH). 
5  avaient  moins  d'un  mois;  16  avaient  1  mois;  30  en  avaient  2j  28  en  avaient  5  ; 
1 8  en  avaient  4  ;  23  en  avaient  5  ;  56  en  avaient  6  ;  7  en  avaient  7  ;  41  en 
avaient  8. 

Le  tableau  suivant  donné  par  H.  Catteloup  (Mém.  de  méd.  militaire^  11®  série, 
t.  Vil)  confirme  mes  obser^'ations  personnelles  et  tend  à  démontrer  que  la 
dysenterie  est  particulièrement  en  Algérie  une  maladie  d'acclimatement. 

t>r!>nTFinE       DTsiinrcaiE 

TEMPS  DE  SéJOUn.  AIGUK.  CnRORliliE. 

1  an 288  115 

2  ans 2-1.5  139 

3  ans 150  «5 

4  ans 140  88 

5  ans 80  34 

6  ans 13  l 

7  ans 35  2 

8  ans 17  » 

0  ans 5  » 

10  ans 2       » 

Bien  qu'associée  fréquemment  aux  lièvres  de  marais  qu'elle  complique  et  pour 
lesquelles  elle  constitue  trop  souvent  :  Aliqiiod  insigne  et  ferale  symptama  qnod 
se  solo  pemiciem  videtur  in  ferre  (Torti),  la  dysenterie  est  moins  dépendimte  que 
les  fièvres  des  conditions  locales  inhérentes  au  sol,  son  extension  générale  la  ratki- 
chant  plutôt  aux  influences  du  climat  et  des  saisons.  Développée  le  plus  souvent 
pendant  la  saison  chaude,  la  dysenterie  est  la  cause  du  plus  grand  nombre  des  décès 
de  la  saison  froide  et  humide,  la  mort  survenant  chez  Thomme  épuisé  par  ses 
fréquentes  récidives  comme  chez  les  animaux  soumis  à  l'inanition  par  Chossat  ; 
observation  dont  il  faut  tenir  compte  dans  le  traitement  diététique  et  surtout  dans 
l'installation  dos  hôpitaux.  L'expérience  a  prouvé  en  effet  que,  dans  la  situation  la 
plus  salubre,  des  baraques  en  bois  mal  chauffées  ne  sauraient  satisfaire  aux  né- 
cessités médicales  pour  cette  catégorie  de  malades. 

Abcès  du  foie.  Les  abcès  dn  foie,  qui  caractérisent  avec  la  dysenterie  les  ré- 
gions chaudes,  sont  assez  fréquents  en  Algérie  i)our  quo  M.  Rouis  ait  pu  en  réunir 
254  observations.  Le  plus  souvent  méconnus  pendant  la  vie,  ils  ne  peuvent  être 
appréciés  au  point  de  vue  de  leur  fréquence  relative,  qu'en  tenant  compte  des 


772  ALGÉRIE. 

données  de  1  analoniie  pathologique.  Sous  ce  rapport  l'Algérie  tient  le  milieu  entre 
la  France  et  l'Inde. 

A  Paris,  H.  Louis  a  trouvé  5  abcès  sur  430  autopsies  ou  1,10  sur  100  décès. 

Aux  Indes ,  Macpherson ,  James  Renald  Martin  {the  Influence  of  Tropicttl 
Climates),  26  cas  d'abcès  du  foie  pour  51  autopsies  de  dysenteries,  ou  en^inm 
1/2  de  32  pour  100,  ou  16  sur  100  décès. 

En  Algérie  (Catteloup),  1  abcès  sur  5  autopsies  de  dysenterie  ou  l/S  de  45  pour 
100,  ou  environ  9  sur  lOO'décès. 

Les  abcès  du  foie  sont  plus  fréquents  dans  b  province  d'Oran  que  dans  ceik- 
d'Alger;  localités  indiquées  par  M.  Rouis  : 

B&.  :::::::  l\\ •'■•''""«' «^'^'f*^ 

Oran 03 

Tlemcen 50 

Mascara 17  )  Province  d'Oran 

Mostaganem 17 

Divers 59 

Total  .   .    ilT 

68  cas  pour  la  province  d'Alger  et  147  pour  la  province  d'Oran. 

Dans  le  sud,  on  les  observe  plus  fréquemment  encore.  H.  Harit,  à  Laghouat.  sur 
1 3  décès  compte  4  décès  par  abcès  du  foie,  ou  1 5  sur  1 00  décès. 

L'influence  de  la  chaleur,  démontrée  pour  les  différentes  régions  de  l'Algérie,  se 
manifeste  également  en  ce  qui  concerne  les  saisons.  M.  Rouis  rapporte  89  cas  a  la 
saison  froide  et  185  a  la  saison  chaude.  Les  mois  les  plus  chargés  sont  les  mois  de 
juillet,  d'août  et  septembre. 

Les  abcès  du  foie  atteignent  les  hommes  de  toutes  les  races.  Parmi  les  observa- 
tions analysées  par  H.  Rouis,  on  compte  6  Arabes  et  1  nègre.  Ijes  Français  da  nord, 
les  individus  appartenant  aux  races  septentrionales  y  paraissent  œpendaat  plus 
prédisposés;  ils  doimcnt  138  cas  pour  71  relatifs  à  des  Français  du  midi  et  de$ 
individus  de  race  méridionale.  A  part  un  enfant  de  12  ans,  M.  Rouis  n*a  troatc 
que  des  adultes.  L'Age  de  23  à  27  ans  pour  les  militaires,  de  35  à  40  pour  la  po- 
pulation civile,  fournissent  les  cas  les  plus  nombreux. 

Les  abcès  du  foie  ne  se  produisent  pas  aussi  promptement  que  la  dysenterie  ; 
une  action  plus  prolongée  du  climat  est  nécessaire  à  leur  développement.  H.  Catte- 
loup (Mém.  de  méd,  militaire  !!•  série,  t.  XII)  trouve  le  maximum  de  fré- 
quence après  3  ans  de  séjour,  M.  Rouis  entre  3  et  4  années. 


M.   CATTELOUP. 

Moins  de  1  an.  ...  1 

18  mois.  .   .  2 

2  ans..   .   .  5 

5  ans  ...  7 

4  ans..   .    .  4 

5  ans  ...  2 
G  ans. ...» 

7  ans..    .    .  » 

8  ans..   .   .  1 


H.   ROUIS. 


Moins  de  i  an.  .  .  . 

1  à  2  ans.. 

2  à  3  ans.. 

3  à  4  ans.. 

4  à  5  ans.. 

5  à  C  ans.. 
0  à  7  ans.. 

7  à  8  ans.. 

8  à  9  ans.. 

9  à  10  ans. 
10  à  It  ans. 
15  à  14  ans. 
li  à  15  ans. 
15  à  16  ans. 
18  à  19  ans. 


g 

15 

18 

U 

15 

8 

4 

2 

5 

1 

3 

1 

1 


ALGÉRIE.  773 

8  fois  sur  43,  suivant  M.  Haspei  (Maladies  de  l* Algérie,  Paris,  4850),  les  abcès 
du  foie  eomcidenl  avec  des  ulcérations  du  côlon.  La  dysenterie,  d'après  M.  Rouis, 
manque  au  début  24  fois  sur  100,  mais  se  manifeste  pendant  la  marche  de  Tabcès. 
Toujours  est-il  que  la  coexistence  est  le  fait  général. 

La  suppuration  du  foie  semble  appartenir  à  la  disposition  pyogénique  accusée 
par  Tétat  des  plaies,  les  éruptions  furonculeuses,  le  bouton  des  Zibans  et  enfin  les 
abcès  de  la  rate  étudiés  par  M.  Hallet  {Mém.  de  méd.  mil.,  S""  série,  t.  II,  p.  60)  ; 
lésions  séparées  jusqu'à  ce  jour,  mais  que  Tétude  des  altérations  du  sang  est  des- 
iinée  à  rapprocher  et  à  confondre.  Les  recherches  sur  la  mélanémie,  la  leucémie 
et  la  thrombose  des  cachectiques  sont  les  premiers  pas  dans  cette  voie  scientifique. 

En  général,  on  attribue  les  abcès  du  foie  à  une  hyperémie  antérieure;  j'avoue 
n*en  avoir  jamais  constaté  l'existence.  Les  abcès  que  j'ai  observés,  plus  ou  moins 
enkystés,  étaient  toujours  creusés  au  milieu  d'un  pzirenchyme  parfaitement  normal. 
Ces  conditions  anatomiques  rendent  compte  de  la  marche  latente  des  suppurations 
du  foie,  presque  toijyours  méconnues,  si  on  n'adopte  conune  règle  de  conduite  de 
soumettre  à  une  exploration  attentive  tout  malade  atteint  de  fièvre  nocturne  avec 
amaigrissement. 

Fièvres,  Les  fièvres  caractérisent  principalement  l'endémo-épidémie  annuelle. 
Elles  comptent  pour  SO  697  sur  42  507  malades,  ou  pour  48  pour  100  des  ma. 
lades;  et  pour  574  décès,  ou  pour  1  mort  sur  36  malades  et  28  décès  sur  iOO 
décès.  Moinsgénéralisées  que  la  dysenterie,  elles  sont  assez  limitées  dans  la  sphère 
d'infection  des  localités  marécageuses,  pour  qu'il  ne  puisse  subsister  de  doute  sur 
la  réalité  des  influences  nocives  des  marais. 

Simples  au  début  de  la  saison  épidémique,  elles  se  compliquent,  dans  les  mois 
les  plus  chauds,  d'accidents  bilieux,  de  dysenterie.  Sur  100  hommes  qui  entrent  à 
l'hôpital  en  Algérie,  6  seulement  ont  échappé  à  toute  atteinte  climalérique,  20  ont 
eu  la  fièvre,  20  la  diarrhée,  54  la  fièvre  et  la  colite  sous  l'une  de  ses  formes 
(Casimir  Broussais,  Recueil  des  Mém.  de  méd.  mil.). 

Le  type  quotidien  des  fièvres  intermittentes  est  au  type  tierce  comme  2,3  est 
à  1,  principalement  dans  la  saison  chaude  et  chez  l'Européen.  Il  résnlte  en  effet 
des  observations  de  M.  Chassagne  (Mém.  de  méd.  mil.  y  S""  série,  t.  VII,  p.  487)  que 
le  type  quarte,  qui,  dans  les  statistiques  de  nos  hôpitaux  militaires,  ne  compte  que 
pour  1/iOO,  existe  7  fois  sur  10  pour  les  Kabyles. 

Les  accès  de  fièvre  pendant  la  saison  cliaude  correspondent  aux  heures  de  la 
chaleur  croissante.  On  compte,  en  effet,  1 ,5  accès  de  6  heures  du  soir  h  6  heures  du 
matin  pour  5  accès  de  6  heures  du  matin  à  6  heures  du  soir.  Les  accès  qui  se 
produisent  de  6  heures  du  matin  à  midi  sont  à  ceux  qui  ont  lieu  dans  les  6  heures 
suivantes  comme  3  est  à  i .  Les  heures  où  les  accès  sont  les  plus  fré  (uents  sont 
9  heures  et  iO  heures  (Durand  de  Lune!,  Traité  des  lièvres). 

Le  plus  souvent  compliquées,  les  fièvres  inteimittentes  se  produisent  principe* 
leroent  dans  les  mois  d'août  et  de  septembre,  avec  des  caractères  de  gravité  qui  jus- 
tifient la  dénomination  de  fièvres  pernicieuses.  A  part  l'action  incontestable  de 
certains  marais,  le  caractère  pernicieux  ressortit  principalement  aux  conditions  de 
température,  de  telle  sorte  que  les  jours  où  le  sirocco  souffle  sont  ceux  dans  les- 
quels lès  accès  pernicieux  sont  les  plus  fréquents. 

Torti  a  justement  rapproché  des  fièvres  pernicieuses  la  fièvre  rémittente,  qui 
croit  en  fréquence  et  en  gravité  h  mesure  qu'on  étudie  l'influence  des  marais 
dans  des  régions  plus  chaudes.  Aux  Indes,  la  fièvre  rémittente  compte  pour  50 
pour  100  des  entrées,  et  12  pour  100  des  décès  ;  en  Algérie,  pour  1/5  environ  des 


774  ALGÉRIE. 

lièvres  ot  6  pour  100  des  décès.  Violente  el  rapide  pendant  la  saison  chaude,  h 
fièvre  rémittente,  si  justement  désignée  dans  le  pays  sousIadémHninatioa  de  fièvre 
chaude,  s'accompagne  tantôt  des  aocidenls  bilieux  qui  lui  ont  valu  le  nom  de  fièvre 
rémittente  bilieuse,  tantôt  d*hémorrhagies  buccales  et  intestinales  qui  Tout  frit 
rapprocher  de  la  fièvre  jaune.  Fréquente  en  août  et  en  septembrci  la  fièvie  rémit- 
tente se  modifie  au  début  de  la  saison  humide,  dans  sa  marche  qui  devient  plus 
continue,  dans  sa  durée  qui  se  prolonge,  et  enfin  dans  ses  a^tects  qui  rappeUent  kt 
accidents  des  fièvres  typhoïdes  des  contrées  tempérées.  M.  Haspel  {Maladieê  de 
VAlgéi  ie)  a  donné  une  excellente  description  de  ses  complications  avec  le  sGorbiU. 
La  fréquence  des  fièvres  rémittentes  en  Algérie  soulève  la  question  de  leun 
rapports  nécessaires  avec  les  influences  marécageuses.  Il  se  produit  pour  la  fièn% 
rémittente  une  difficulté  presque  semblable  à  celle  qui  reste  à  résoudre  pour  la 
colique  des  pays  chauds.  A  savoir,  si  les  mômes  manifestations  patholf^giques  sup- 
posent nécessairement  l'action  des  mêmes  conditions  étiologiques;  ou  si,  au  con- 
traire, les  maladies  les  plus  semblables  en  apparence  ne  peuvent  se  produire  sons 
rinfluence  de  conditions  différentes.  Pour  ma  part,  je  ne  doute  pas  que  chez  les 
personnes  qui  font  abus  de  boissons  alcooliques,  il  ne  puisse  se  manifester  des  aoci- 
dents  de  fièvres  graves  tout  à  fait  semblables  à  ceux  de  la  fièvie  rémàttente  ;  et  je  oam- 
prends  que  sous  la  pression  des  faits,  les  médecins  anglais  aient  rapproché  dans  la 
même  description  les  accidents  appelés  coup  de  soleil  et  la  fièvre  rémittente  qui 
leui'  succède,  lorsque  la  mort  n*est  pas  immédiate. 

Maladies  sporadiques.  L'expression  d'endémo-épidémie,  emplojée  poor  ca- 
ractériser le  règne  presque  exclusif  de  la  fièvre  et  de  la  dysenterie,  ifflfdiqoe  b  mh 
tion  de  la  rareté  relative  des  maladies  sporadiques  et  zymotiques.  Toutefois,  dans 
l'examen  de  leur  fréquence  relative,  il  faut  nécessairement  tenir  compte  de  la  si- 
tuation exceptionnelle  qui  a  fourni  jusqu'à  60  000  malades  pour  50  000  bomaies 
d'effectif  et  élevé  la  mortalité  à  88,  90,  106  sur  1000,  et  ne  se  prononcer  que  dé- 
duction faite  des  éléments  d'erreur  introduits  par  l'élévation  des  termes  qui  ser- 
vent de  base  de  comparaison ,  c'est-à-dire  rapporter^  le  chiffre  des  malades  et  des 
morts  à  un  effectif  constant. 

Bien  que  la  saison  froide  ne  présente  pas  en  Algérie  la  multitude  d'aflectioasca- 
tarrhales  épidémiques  dans  les  régions  tempérées  froides,  la  pneumonie  y  est  fré- 
rpienle.  H.  Calteloup  compte  55  décès  sur  1104  décès,  M.  Barby  51  sur  1165, 
total  86  sur  2267  ou  57  sur  1000  décès.  En  France,  la  moyenne  du  chiffre  lélbiflfv 
de  la  pneumonie  est  39  {Annales  dliygiène^  2*  série,  t.  XIII,  1860).  Mais 
comme  37  décès  pour  l'Algérie  ne  con'cspondent  en  réalité  qu*à  un  eflectif  de 
500  hommes,  et  39  à  Paris  à  plus  de  1 000  hommes,  il  est  évident  que  la  pneunuBÎe 
&<t  sinon  plus  fréquente,  du  moins  plus  grave  en  Algérie  qu'en  France. 

C'est  à  peine  si  le  rhumatisme  est  désigné  dans  les  statistiques  de  FAlgérie.  U 
figure  pour  107  cas  sur  plus  de  30  000  malados,  et  ne  fournit  pas  un  seul  déoè!». 
Ce  qui  prouve  au  moins  que  depuis  30  ans  il  a  paru  assez  peu  important  pour  que 
pas  un  seul  des  médecins  militaires  de  l'Algérie  n'ait  cru  devoir  en  fiiire  une  men- 
tion spéciale.  La  rareté  du  rhumatisme,  en  regard  de  la  fréquence  de  la  pneu- 
monie, prouve,  d'autre  part,  que  les  pneumonies  mortelles  en  Algérie  sont  moins 
dépendantes  d'une  constitution  inflammatoire  que  de  l'influence  de  b  cachetie 
palustre. 

Tandis  que  la  vie  du  soldat  en  garnison  a  pur  effet  de  faire  dominer  ks  petites 
épidémies  périodiques  de  fièvres  éruptives  ;  en  campugno,  la  vie  à  l'air  libre  les  £ût 
disparaître.  C'est  incontestablement  à  cette  sorte  d'antagonisme  reconnu  par  Pringle 


ALGÉRIE.  775 

entre  ks  maladies  des  quartien  d'hiver  et  des  camps,  qu'il  dut  rapporter  rabaisse- 
ment de  la  mortalité  par  fièvres  éruptives.  En  laissant  de  côté  toutes  les  statistiques 
qui  n'en  fimt  aucune  mention  particulière,  je  trouve  pour  10  années  38  décès  sur 
SMSdécès,  ou  15  sur  1000;  0,90  décte  sur  1000  hommes  d'effectif.  En  France, 
les  mêmes  affections  comptent  pour  73  décès  sur  1000  décès,  ou  pour  1,5  environ 
sur  1000  hommes  d'effectif,  ce  qui  témoigne  à  la  fois  d'une  fréquence  moindre  et 
de  l'illusion  produite  par  l'accroissement  de  la  mmialité  en  Algérie. 

La  fièvre  typhoide  et  la  phthisie  ont  principalement  été  l'objet  de  l'attention, 
depuis  que  M.  Boudin  a  fondé  sur  leur  eiLclusion  plus  ou  moins  complète  une 
théorie  qui  sera  examinée  avec  le  soin  qu'elle  mérite  (voy.  antagonishe). 

Dans  les  premiers  temps  de  l'occupation,  les  maladies  graves  et  nombreuses  qui 
firappaient  pour  la  première  fois  l'attentionné  permettaient  pas  qu'on  s'arrétâ^àrétude 
des  petites  épidémies.  Le  premier,  je  crois,  je  fus  irappé  de  l'existence  et  des  modi- 
ficati<His  de  la  fièvre  typhoïde  en  Algérie  (Mém.deméd.fniLyi,  LU).  Sur  48  obser- 
vations, je  notai  cette  particularité  singulière  :  que  dans  toutes  le  séjour  en  Algérie 
était  récent  et  nedépassait  pas  8  mois.  J'insistai  sur  le  début  par  des  frissons  surve- 
nant périodiquement,  sur  la  rareté  des  taches  rosées  :  4  sur  48;  la  fréquence  des 
paroUdes,  l'importance  de  la  diarrhée  et  sa  persistance  :  la  mort  étant  survenue 
5  ibis  sur  16  pendant  la  convalescence,  et  par  le  fait  d'une  dysenterie  chronique. 

Depob,  M.  CoUin,  dans  im  remarquable  travail  sur  les  altérations  de  la  rate 
{Mém.  de  méd.  imï.,  2«  série,  t<  IV),  exprime  dans  le  même  sens  le  résultat  de 
son  observation.  «  En  Algérie,  la  fièvre  typhoïde  a  un  caractère  moins  décidé,  une 
marche  plus  lente  et  une  convalescence  beaucoup  plus  laborieuse  :  eHe  y  offre  pour- 
tant les  mêmes  symptdmes  qu'à  Paris,  sauf  k  rareté  plus  grande  des  taches  ro* 
sées  lenticulaires,  qui  manquent  ici  chez  la  plupart  des  sujets,  et  l'époque  avancée 
de  la  maladie  à  laquelle  survient  la  mort,  puisque  sur  41  décès  10  seulement 
ont  eu  lieu  avant,  et  22  après  le  30*  jour. 

M.  Netter  (Mém.  de  méd.  mil,,  2*  série,  XIV  vol.)  insiste  sur  la  nécessité  de 
séparer  la  fièvre  typhoïde  en  Algérie  de  la  forme  typhoïde  qu'affectent  les  fièvres 
rémittentes  palustres  ;  il  constate  que  la  dothinentérie  débute  par  des  accès  irré- 
guliers,  confondus  dans  la  masse  des  lièvres  intermittentes.  Règle  générale,  dit 
M.  Netter,  l'arrivée  en  .Algérie  estrelle  récente,  de  moins  de  six  mois  par  exemple, 
il  y  aune  grande  présomption  en  faveur  de  la  fièvre  dotbinentérique. 

Les  observations  médicales  de  Pruner-Bey,  Griesinger,  Schnepp,  ont  confirmé 
pour  r%ypte  {Union  médicale  de  1861)  le  fait  de  la  rareté  de  la  fièvre  typhoïde 
chea  l'indigène  et  le  créole,  son  existence  presque  exclusive  chez  les  non  acclimatés, 
la  transformation  de  la  mabdie,  la  rareté  de  l'éruption  rosée,  sinon  la  complica- 
tion dysentérique,  plus  rare  en  %ypte  qu'en  Algérie. 

11  appartient  à  la  géographie  médicale  de  rapprocher  les  unes  des  autres  les 
différôiles  formes  des  fièvres  continues,  depuis  les  régions  de  la  Suède  où,  suivant 
Hagnus  Huss,  l'iléo-typhus  se  confond  dans  la  même  épidémie  avec  le  pétéchial 
typhus,  jusqu'aux  régions  du  sud,  où  les  fièvres  rhumatismales  à  Turin,  climatiques 
à  Rome,  méditerranéennes  à  Halte,  aux  îles  Ioniennes,  vont  aboutir  aux  fièvres 
gastro-entérites  de  l'Egypte  et  de  l'Algérie.  Elles  semblent  en  effet  n'avoir  pas  plus 
de  earact^^  constants  dans  l'espace  que  dans  le  temps,  et  subir  à  la  fois  l'influence 
du  climat  et  des  conditions  sociales. 

D'ailleurs  la  fièvre  typhoide  est  plutôt  modifiée  par  l'influence  du  climat  que  par 
l'action  des  marais.  Elle  est  aussi  peu  fréquente  dans  les  locaUtés  salubresque  dans 
les  régions  marécageuses,  et  elle  parait  se  développer  sur  place  et  coexister  avec  les 


776  ALGÉRIE. 

fièvres  à  quinquina.  M.  Netter  l'a  vue  s'étendre,  à  Batna,  sur  plusieurs  militaires  qui 
avaient  eu  des  rapports  avec  un  soldat  arrivé  récemment  de  France,  et  ealre  autres 
atteindre  un  caporal  qui  se  trouvait  en  Afrique  depuis  plus  de  deux  ans  ei  qui  y 
avait  eu  les  lièvres  ;  dans  un  autre  cas,  coïncider  chez  le  même  sujet  avec  les  fièvres 
intermittentes. 

L'épidémie  de  typhus  observée  en  Kabylie  par  MM.  Léonard  et  Maht  ramène 
d'ailleurs  à  un  point  de  vue  plus  vrai  les  questions  éliologiques,  en  témoignaiit  de 
ce  fait  que  les  maladies  les  moins  observées  dans  un  climat  peuvent  se  développer 
quand  survient  la  cause  qui  leur  donne  naissance. 

Phthisie.  La  question  de  la  phthisie,  au  point  de  vue  de  la  géographie  médi- 
cale, appartient  à  un  tout  autre  ordre  de  faits  que  ceux  qui  résultent  de  la  mise 
en  campagne,  dans  un  pays  chaud,  d'une  armée  européenne  qui,  dans  les  cinq 
premiers  mois,  fournit  un  chiffre  de  décès  qui  excède  la  mortalité  des  cinq  années 
suivantes. 

Pour  résoudre  cette  question  délicate,  il  faudrait  pouvoir  Vexaminer  au  point  de 
vue  dès  races,  des  régions  climatériques,  et  enfin  des  contrées  saines  ou  intectées 
par  les  marais.  C'est  à  peine  s'il  existe,  sur  tous  ces  éléments  de  la  questioo,des 
documents  recueillis  à  la  hâte. 

La  population  nègre  de  l'Algérie,  peu  nombreuse,  mais  composée  en  génénd 
d'hommes  vigoureux,  n'a  pas  jusqu'à  ce  jour  fourni  un  seul  fait  qui  permette 
d'établir  qu'elle  soit  en  Algérie  plus  sujette  à  la  phthisie  que  la  population  euro- 
péenne. 11  n'en  est  pas  de  même  des  Arabes,  et  principalement  des  métis  proveinnt 
de  l'union  de  l'Arabe  et  des  nègres.  J'ai  eu  l'occasion  de  constater,  à  l'hôpital  mili- 
taire de  Blidah ,  que  les  troupes  indigènes  principalement  recrutées  dans  cette  pvtie 
de  la  population  donnaient  un  chilTre  de  décès  par  phthisie  au  moins  égal  à  odui 
de  l'armée  en  France. 

Si  les  renseignements  manquent  pour  la  population  arabe,  il  est  au  moîna  permis 
de  faire  une  large  part  de  l'immunité  dont  elle  parait  jouir  à  l'énorme  mortalité 
de  l'enfance,  qui  enlève  au  début  de  la  vie  tout  étreiaible,  et  enfin  à  une  existence 
accomplie  dans  un  milieu  de  conditions  opposées  à  celles  qui  semblent  aooroitre 
le  degré  de  fréquence  de  la  phthisie  en  Europe,  je  veux  dire  le  séjour  dans  les 
villes,  les  habitations  insalubres,  les  professions  sédentaires. 

L'Arabe  en  captivité  paye  en  efTet  un  tribut  aussi  lourd  que  Thabîtant  des  con- 
trées les  moins  favorisées. 

«  Sur  27  décès  h  la  prison  civile  d'Alger,  23  appartiennent  aux  indigènes;  et, 
sur  ce  nombre  figurent  17  phthisies  (Pietra  Santa,  Annales  d*hygiêne  jmkUque, 
2«  série,  t.  XV,  p.  52;186i). 

a  Dans  la  maison  centrale  de  l'Harrach,  sur  155  décès,  la  phthisie  compte  pour 
53  décès,  ou  1  sur  3.  » 

La  population  européenne,  en  grande  partie  composée  d'immigrants,  ne  fournit 
A  la  statistique  que  des  documents  contestables,  soit  qu'on  attribue  la  phthisie  à 
un  séjour  antérieur,  soit  qu'on  explique  son  absence  par  la  prédominance  des  nn- 
ladies  d'acclimatement. 

Relativement  à  son  degré  de  fréquence,  M.  Pietra  Santa  arrive  aux  moyennes 
suivantes  pour  100  décès  :  Européens,  7,06;  musulmans,  6,83;  israéKtes,?,)!}; 
hôpitaux  civils,  9,03;  hôpitaux  militaires,  6,04;  en  moyenne,  7,25  pour 
100  décès. 

La  mortalité  de  la  population  européenne  est,  d'après  la  statistique  oiBcieUe,  de 
50  sur  1000,  chiffre  supérieur  à  ki  mortalité  d'Alger,  40  sur  1000,  roab  înRriw 


ALGERIE.  777 

a  celle  de  la  mortalité  militaire  et  agricole  qui  fournit  aux  hôpitaux  civils.  La 
moyeime  des  décès  par  phthisie  étant  de  7,25  sur  iOO  décès,  h  mortalité  par 
phthisie,  pour  1000  habitants,  est  de  3,62. 

A  Paris,  la  mortalité  par  phthisie  est  de  i  sur  5  décès  ;  à  Londres,  de  1  sur  8  ; 
moyenne,  i  sur  6,5.  D'autre  part,  la  mortalité  ébmt  d'environ  25  sur  1000  habi- 
tants, la  mortalité  par  phthisie  sera  de  1/6,5,  de  25  ou  de  3,80  sur  1000, 
chiffre  qui  est  assez  rapproché  de  celui  de  TÂlgérie  pour  qu'il  faille  attendre  une 
situation  plus  calme  pour  juger  une  question  examinée  trop  super6ciellement 
jusqu'ici. 

La  phthisie  est  moins  iréquente  en  Algérie  qu'en  France  ;  rien  ne  prouve  qu'elle 
le  soit  moins  dans  la  zone  insalubre  que  sur  le  littoml,  à  moins  qu'on  n'évalue  son 
degré  de  fréquence  dans  les  années  épidémiques,  qui  enlèvent  jusqu'à  80, 90  et 
iOO  individus  sur  1000.  D'ailleurs,  au  milieu  de  ces  désastres,  les  phthisiques  ne 
sont  pas  épargnés.  Sur  88  autopsies,  qui  présentèrent  à  H.  Catteloup  des  tuber- 
cules pulmonaires  plus  ou  moins  avancés,  la  mort  était  due  :  71  fois  à  la  dysen- 
terie, 4  fois  à  la  cachexie  palustre,  2  fois  à  des  aflections  du  foie,  5  fois  au  choléra, 
S  fois  à  la  bronchite  chronique,  A  fois  à  diverses  lésions. 

Voici  comment  s'exprime  sur  cette  question  un  des  meilleurs  observateurs  des 
maladies  de  l'Algérie  (Collin,  Mém.  de  méd,  milil.y  i^  série,  IV''  vol.,  p.  102)  : 
«  Non-seulement  la  phthisie  pulmonaire,  dans  nos  localités,  est  plus  commune 
qu'on  ne  suppose,  mais  encore  elle  ne  ])réscrve  nullement  des  fièvres  paludéennes 
les  victimes  qu'elle  a  choisies.  » 

Sur  28  autopsies,  11  fois  la  rate  présentait  les  altérations  caractéristiques  de 
l'intoxication  palustre.  Ainsi,  tandis  que  M.  Louis  n'a  trouvé  la  rate  hypertrophiée 
que  13  fois  sur  100, M.  Collin  note  la  splénolrophie  44  fois  sur  100.  Il  suffit  d*ail- 
leurs  de  parcourir  les  épidémies  d'Hipporrate,  pour  retrouver  la  phthisie  à  côté 
du  causus  et  du  phrénitis. 

De  l'endémicité  dutxnia  solium.  Les  aflections  parasitaires  sont  peut-être,  de 
toutes  les  maladies,  celles  qui  ressortissent  le  mieux  aux  études  de  la  géographie 
médicale,  et  qui  sont  destinées  à  jeter  le  plus  de  lumière  sur  les  connaissances  dos 
maladies  endémiques.  Dans  toute  l'étendue  de  nos  possessions  algériennes  comme 
au  Sénégal  et  à  la  côte  d'Afrique,  le  txnia  solium  est  endémique.  De  1846  à  1 851 , 
pen'lant  que  l'armée  française,  servant  à  l'intérieur,  ne  donnait  que  7  cas  de 
taenia,  H.  le  docteur  Judas  (in  Mém.  de  méd,  milit.j  2*  série,  Xlll''  vol.)  en  réu< 
Hissait  184  cas  pour  l'Algérie,  savoir  :  82  de  1846  à  1848,  102  de  1848  :\  1851. 
Sur  ce  nomiire  les  indigènes  ne  comptent  que  pour  10,  ce  qui  tient  plus  à  leur 
indiflerence  et  à  leur  réserve  qu'à  une  immunité  relative.  En  eflet  M.  Moreau, 
médecin  des  établissements  civils  de  Bône,  a  pu  en  observer  40  cas  en  dix  ans. 

En  rapport  avec  l'endémicité  du  tœnia  on  Algérie,  il  faut  noter  l'existence  fré- 
(|uente  de  vers  cystiques  et  cestoîdes  dans  les  diflérentes  es{)èccs  animales. 
M.  Drouet,  vétérinaire  distingué,  a  constaté,  chez  le  chien,  lendémicité du  txnia 
serrata  (Tarneau,  Du  txnia  en  Algérie,  Gaz.  méd.  de  V Algérie).  En  1846, 
M.  d'Outremer-Demargat  a  trouvé,  dans  les  intestins  d'un  lion  tué  à  El-Arrouch, 
un  taenia  dont  l'espèce  n  a  pas  été  déterminée.  VEchinococtu  veterinorum  est 
fréquent  dans  l'espèce  bovine,  et  la  quantité  innombrable  des  lièvres  qui  ont  pu 
faire  désigner  quelques  campements  sous  le  nom  de  Camp  des  lièvres,  ne  laisse 
pas  de  doute  sur  l'existence  du  Cysticerque  pisiformis,  si  commun  dans  les 
viscères  du  genre  Leptis.  Il  est  probablement  le  germe  du  txnia  serrata  du  chien. 
Les  personnes  de  tous  les  âges,  de  toutes  les  nationalités,  sont  atteintes  en  pro- 


778  ALGÉRIE. 

portioo  de  leur  nombre  daos  la  population  générale,  après  une  durée  de  séjour  qoi 
a  été  étudiée  par  H.  Judas  et  M.  Tarneau. 

DORiÎE  SB   &ÉJOUR.  «.  JUDAS.  V.  7A«!IZAS. 

5  mois 1  » 

7  mois 1  M 

<  an 2  1  ani/2.     3 

3  ans 7  2  ans.          6 

5  ans  1;'2 2  4 

4  ans 4  S 

5  ans 3  8 

6  ans 2  4 

7  ans 2  I 

8  ans »  5 

9  ans 1  5 

10  ans 5  10 

Plusieurs  années 10  5 

Enfants  d'Européens  nés  en  Algérie.      5  2 

Total.   .   .      45    Total..      54 

L'extension  du  tœnia  à  toutes  les  races  de  rAlgéric,  son  existence  chez  Teniànt 
dans  les  premières  années  de  la  vie,  ne  permettent  guère  d'attribuer  son  développe- 
ment au  Cysticerque  ladrique,  puisque  l'espèce  porcine  entre  pour  une  part  mi- 
nime dans  l'alimentation.  Faut-il  admettre,  avec  Knchenmeister,  la  transfonitt- 
tion  en  taenia  de  YEchinococus  veterinorum ,  ou  même  celle  du  CysiicerqMte 
pisiformis  de  Zeder?  Toujours  cst-il  qu'il  reste  encore  bien  des  doutes  sur  Yxf 
plication  aux  faits  nouveaux  des  connaissances  acquises  par  les  travaux  de  MM.Sie- 
bold,  Strenstrup,  et  principalement  sur  la  quesUon  fondamentale,  à  savoir,  si  le 
leuia  a  nécessairement  pour  germe  le  cysticerque,  ou  si  dans  des  conditions  difle- 
rentes  de  milieu,  le  protoscolex  ne  peut  aboutir  également  à  un  cysticerque  ou  ï 
un  taenia.  L'Algérie  présente,  d'ailleurs,  comme  la  plupart  des  contrées  oà  le  (siû 
est  endémique,  un  ensemble  de  conditions  qui  doivent  faciliter  la  disséminatiao 
des  œufs  et  leur  ingestion  accidentelle. 

De  l'Algérie  coNsiDiRÉE  cohue  climat  médical.  La  question  du  climat,  au  point 
de  vue  médical,  comprend  à  la  fois  l'étude  des  modifications  imprimées  aux  raon 
humaines  par  l'influence  des  milieux,  et  celle  de  l'action  exercée  sur  la  narciie  et 
la  terminaison  des  maladies.  Le  temps  écoulé  depuis  l'occupation  de  l'Algérie  n*a 
pas  permis  qu'il  se  développât  en  face  de  la  race  française  un  type  modiCé,  sem- 
blable à  celui  que  présentent  les  Yankees  de  l'Amérique  du  Noixl  ;  maïs  il  suflSt  Je 
mettre  en  opposition  les  formes  élancées  et  vigoureuses  des  races  aralic  et  beibère 
et  les  traits  particuliers  au  tempérament  lymphatique  exagéré  des  haUtauts  pu- 
vres  de  nos  départements  septentrionaux,  pour  fonderies  meilleures  espérances  fur 
l'amélioration  de  la  race  humaine  par  l'émigration  en  Algérie.  Nous  avons  rencon- 
tré, chez  quelques  colons,  de  beaux  jeunes  gens  à  peau  brunie  par  le  soleil,  à  b 
chevelure  blonde,  qui  portaient  tous  les  traits  de  cette  heureuse  tniisfomiation. 

La  question  de  l'action  sur  la  marche  et  la  durée  de  la  phthisie,  qui  a  principa- 
lement préoccupé  les  médecins,  se  complique  de  la  difTiculté  de  déterminer  suffi- 
samment dans  quelles  limites  il  faut  circonscrire  une  aflection  qui  tantôt  a  toutes 
les  allures  d'une  maladie  aiguë,  tantôt,  au  contraire,  se  prolonge  pendant  une 
longue  existence  avec  des  alternatives  d'amélioration  et  d'aggravation. 

Si  la  phthisie  est  plus  rare  en  Algérie  qu'en  Europe,  on  ne  saurait  oublier  ipt 
son  évolution  y  est  en  général  rapide,  et  sa  terminaison  promptement  funeste.  Il  y 
aurait  donc  erreur  de  ne  pas  tenir  compte,  dans  l'envoi  des  malades  en  Al^énr. 


ALGHISI.  77Q 

des  conditions  eitrômeâ  du  dimat,  des  variations  considérables  de  température 
dans  la  même  journée  et  la  même  saison»  de  T influence  connue  de  la  chaleur  sur 
sa  terminaison  funeste.  Aussi  les  médecins  qui  ont  pratiqué  en  Algérie  sont  una* 
nimes  à  reconnaître  le  danger  du  climat  pour  les  phthisies  à  marche  rapide,  à 
lésions  profondes,  étendues.  Dans  un  pays  où  l'homme  vigoureux  vit  plus  vite,  sous 
le  coup  de  l'excitation  incessante  du  climat^  les  malades  succombent  plus  vite 
encore.  Ce  qu'il  y  a  de  vraiment  salutaire  en  Algérie,  c'est  la  sérénité  du  ciel,  Li 
température  douce  de  Thiver  et  du  printemps,  la  possibilité,  pour  les  valétudi- 
naires, de  substituer  aux  influences  funestes  de  Tatmosphère  confinée  de  nos  appar- 
tements, une  existence  passée  tout  entière  à  l'air  libre  ou  à  la  promenade.  Dans 
ces  conditions  si  favorables  et  si  pleines  d'impressions  charmantes  pour  l'étranger, 
les  jeunes  gens  se  développent  mer\eilleusement,  et  tel  d'entre  eux  qui  semblait 
(lorter  tous  les  traits  d'une  fatalité  irrémissible  s'épanouit  en  santé  et  en  vigueur. 
L'Algérie  convient  également  aux  personnnes  atteintes  de  phthisie  à  marche 
chronique  avec  aggravation  l'hiver.  Nous  avons  constaté,  pour  notre  part,  des 
améliorations  soutenues  pendant  dix  années,  et  ayant  toutes  les  apparences  d'une 
véritable  guérison.  Récemment  encore  nous  avons  eu  l'occasion  de  rencontrer  un 
efticier  de  l'armée  qui,  après  un  séjour  de  huit  années,  était  rev^u  guéri  en 
apparence  de  tous  les  symptômes  d'une  phthisie  pulmonaire,  et  qui,  peu  de  mois 
après  son  retour  en  France,  avait  vu  disparaître  sou  embonpoint  et  avait  été  pris 
de  toux  et  de  fièvre  nocturne  :  fait  négatif  qui  témoigne  aussi  bien  que  les  faits 
positi&  observés  en  Algérie  de  l'influence  salutaire  sinon  curative  du  climat. 

Laveran. 

^OLiùùVLKfmt.^  Easphration  ulenHflquê  de  T Algérie  fendant  lei  amtéei  4840,  184Î, 
publiée  par  ordre  du  gouvernement.  Paris,  1844  et  1853,  16  vol.  gr.  in>8.—  Bbroo.  Deêoip' 
lion  géologique  de  f  Algérie.  In-4  avec  caries.  Paris,  1848.  —  Foubbel.  Bicheue  mméralo- 
giqtfe  de  FAigérie.—yiiiE.  Hecherchet  sur  les  roches,  les  eaux,  etc.,  de  la  province  d'Oran 
a  d^ Alger,  Paris,  1852,  in-4.~MARiT.  Hygiène  de  l'Algérie.  Paris,  1860.  —  Mncnu..  Alger* 
son  climat,  sa  valeur  curative.  Paris,  1860.>-  Pietaa  Santa.  Annales  d'Hyg.  2*  série,  t.  XIT 
et  XY. — De^fontaisb  (René).  Flora  Atlantica,  sive  historia  plantarum  qux  in  Atlante  agro 
Tunetano  et  Algeriensi  crescunt.  Parisiis,  1798,  2  vol.  in-4  avec  263  p.  —  Huhdt.  Flore  de 
r Algérie.  Paris,  1847.— Gossox,  Rapport  sur  un  voyage  botanique  en  Algérie.  [Ann.  des  Se. 
nat.  3*  série,  t.  XIX  ;  4»  série,  t.  lU,  IV,  Y,  VI).—  LESTiaocoois.  Voyage  en  Algérie.  LUle,  185S, 
iih^.  ^Comptes  remlMs  de  l* Institut.  Voir  Arago,  Guyon,  Bory  de  Saint-Vincent. —  lablean 
de  la  situation  des  aablissemenls  français  en  Algérie.  Paris,  1839  à  1852,  9  vol.  gr.  in'4* 
—  Vabtix  et  FoLET.  Histoire  statistique  de  la  colonisation  algérienne.  Paris.  1851.  — Maillot. 
TfttiU  des  fièvres,  Paris,  1836,  in-8.  — Hasfbl  (Aug.).  Maladies  de  V Algérie.  Paris,  1850. 
— AmiAM»  (Adolphe).  L Algériemédicale,Vhns,\9&k,\n'^.---'\kitivn,Géograplàe médicedet  etc. 
Paris,  1857,  2  vol.  in-^.  —  Cahbat  (Charles).  Maladies  des  pays  chauds.  Paris,  1847,  in-8.— 
PioDifi  (J.  L.).  Recherches  sur  les  suppurations  endémiques  du  foie  d'après  des  observations 
recueillies  en  Afrique.  Paris,  1860,  inS.-^  Recueil  des  mémoires  de  médecine,  de  chirurgie 
et  de  pharmacie  militaires^  rédigé  sous  la  surveillance  du  conseil  de  santé  det  armées,  de 
1830  à  1864.  3  séries  :  V*  série,  61  vol.;  2<  série,  23  vol.  ;  3«  série,  8  yo\.— Gazette  médi- 
cale de  V Algérie.  1857,  1858, 1859, 1860.  1861.  Voir  en  particulier  le  travail  de  J.  A.  N.  Pe- 
rler, in  E»plor.  Scient,  de  l  Alg.,  citée  plus  haut;  plus,  un  grand  nombre  de  thèses  soute- 
nues à  Paris,  Strasbourg  et  Hontpellier,  par  des  médecins  militaires.  L. 

jUUiimsi  (TommMo).  Né  à  Florence  le  17  septembre  1669.  Son  père, 
professeur  de  chirurgie,  lui  inculqua  les  éléments  de  cette  science,  et  il  se  livra  avec 
ardeur  à  Tétudc  de  Tanatomie  sous  l'illustre  Bellini.  Ses  talents  lui  valurent  d'en^* 
trer  k  TAcadémie  de  Florence  et  d*étre  nommé  professeur  de  chirurgie  à  Thâpital 
de  Sainte-Marie-la-Neuve.  Alghisi  s'adonna  surtout  à  l'opération  de  la  taille, 
qu'il  pratiquait  par  le  grand  appareil,  suivant  la  méthode  de  Jean  de  Romanis. 


780  ALGJDITÉ. 

Arrivé  à  une  haute  réputation,  Alghisi  périt  misérablement,  le  24  septembre 
i7i3,  des  suites  de  l'amputation  du  poignet  gauche,  nécessitée  par  une  plan' 
d'arme  à  feu.  Ses  idées  sur  Ja  lithotomie  sont  consignées  dans  l'ouvrage  suivant  : 

Utotamia ovvero  del  cavar  la  pietra.  Firenze,  1707,  in-4»;  Tenezia,  1708,  xw^^.—Uttm 
del  sign,  Tommaso  Alghisi  al  sign.  Ant.  Valliêneri,  etc,  nella  qmfe  si  diMCûrre :  i'^deVermi 
asdte  per  la  Yerga,  e  di  quale  sarta  ;  2*  di  un  nuovo  liquûre  da  Sehizzare  dentro  i  mlub 
corpi  per  rintracciame  lutte  la  dirimazione  anehe  capWari  ;  3*  Uella  fasciaiura  tngegmtit- 
sima  de  papolo  (tEgitto  neW  imbalsamare  i  loro  cadaveri,  etc.  In  Gioruale  de'  leltertti 
d'Italia,  t.  YI,  p.  149.  Réimprimée  à  la  suite  de?  fiuove  Esperieuzet  etc.,  deTaUifnien 
Padoue,  17i9. 

E.  Bgd. 

AUSIDITË  (algidus,  froid,  glacé).  On  appelle  ainsi,  en  pathologie,  l'abaisse- 
ment anormal  de  la  température  du  corps,  ayant  sa  cause  dans  un  état  morbide 
interne.  Un  membre  soumis  à  une  cause  directe  de  réfrigération,  comme  l'applica- 
tion de  la  glace,  pourrait  être  qualifié  d*a1gide  au  sens  étymologique  et  usuel, 
mais  non  au  sens  nosologique.  Il  n'est  pas  inutile  d'ailleurs  de  faire  remarquer  (car 

règne  à  cet  égard  un  peu  de  confusion  dans  les  auteurs)  que  la  significatioD  du 
mot  algidité  est  limitée  au  fait  même  du  refroidissement,  et  ne  s'étend  pas  ii  h 
sensation  du  froid.  Cette  sensation,  même  portée  à  un  haut  degré  et  accusée  par 
le  frisson,  n'implique  pas  nécessairement,  mais  surtout  ne  mesure  pas  la  dimi- 
nution réelle  de  la  chaleur.  De  même,  la  diminution  de  la  chaleur  n'implique  pas 
la  sensation  d'un  refroidissement.  On  sait,  par  exemple,  —  surtout  depuis  les 
observations  de  H.  Maillot,  — que,  dans  la  fièvre  pernicieuse  dite  algide^  le  froid 
glacial  qui  s'empare  de  la  peau  n'est  pas  perçu  par  le  malade,  tandis  que,  dans  b 
fièvre  intermittente  simple,  la  température  cutanée  ne  descend  pas  et  même  s'élève 
un  peu  (Gavarret),  alors  que  le  sujet  accuse  un  froid  intense. 

L'algidité  est  un  symptôme.  On  vient  de  voir  qu'elle  est  un  des  traits  de  cer- 
taines fièvres  d'accès  ;  elle  en  est  un  aussi  du  sclérème,  des  obUtérations  artérielle  •, 
de  l'asphyxie  prolongée,  du  choléra.  Dans  le  sclérème  des  nouveau*nés,  appeK' 
cedème  û/^ûtepar  M.  H.  Roger,  la  température  du  corps  peut  descendre  de  14 ou  15 
degrés.  On  sait  encore  que  le  refroidissement  ascendant  des  membres,  plus  par- 
ticulièrement des  membres  infériems,  est,  dans  les  affections  de  quelque  durée,  un 
des  signes  précurseurs  de  la  mort.  Enfin,  l'algidité,  quoique  ne  constituant  jamais, 
à  parler  rigoureusement,  une  maladie,  prend  quelquefois,  par  sa  prédominance 
dans  le  groupe  symptomatiquc,  une  importance  assez  grande  pour  qu'on  ait  pu  loi 
emprunter  la  désignation  même  de  l'état  morbide;  on  a  appelé  algidité  progremve 
des  nouveau-nés  cet  état  dans  lequel  languissent  quelques  heures  ou  quelque? 
jours,  en  se  refroidissant  de  plus  en  plus,  les  enfants  nés  trop  longtemps  anal 
terme  ou  avec  une  atteinte  trop  profonde  aux  organes  essentiels  de  la  vie. 

La  peau  algide  tantôt  conserve  sa  couleur  normale  ou  revêt  une  pâleur  nute, 
comme  aux  membres  des  agonisants  ;  tantôt,  cl  c'est  l'ordinaire,  prend  une  couleur 
viplettc  ou  noirâtre,  comme  dans  le  sclérème,  l'asphyxie,  le  choléra.  Dans  ces 
deux  dernières  maladies,  elle  se  couvre  fréquemment  d'une  sueur  visqueuse.  lis 
différences  de  teinte  de  la  peau  algide  soulèvent  des  questions  d*inter{>rétation  pfaj* 
siologique  qui  seront  mieux  placées  à  l'histoire  des  maladies  où  on  les  ohsene. 
Disons  seulement  que  cette  interprétation,  qui  ne  nous  paraît  pas  encore  pouvoir 
rendre  un  compte  entier  et  rigoureux  de  toutes  les  données  de  l'observation  cli- 
nique, se  tire  principalement  des  phénomènes  chimiques  de  la  respiration  ri  de 
l'action  du  grand  sympathique  sur  le  système  vasculaîre. 


ALGIK8.  781 

Nous  ne  dirons  ricii  non  plus  du  pronostic  et  du  traitement  de  l'algidité,  qui 
varient  suivant  la  nature  des  maladies  auxquelles  elle  s'associe.  Disons  seulement  que 
la  gravité  du  pronostic  est  généralement  en  rapport  avec  le  degré  de  lalgidité,  sur- 
tout quand  1* humidité  visqueuse  de  la  peau  se  joint  au  refroidissement.     A.  D. 

AliQUBS.  Groupe  de  plantes  cryptogames,  dont  les  limites  ont  considérable- 
ment varié  suivant  les  époques.  Pour  les  anciens,  les  Algues  étaient  des  plantes 
vivant  dans  l'eau  salée  ;  plus  des  végétaux  à  thalles celluleux,  tels  que  des  Lichens, 
des  Hépatiques,  certains  Champignons.  Ainsi  TOrseille  était  alors  mmmêeAlga  tinc- 
toria.  D'autre  part  des  plantes  aquatiques  qui;  pour  les  modernes,  sont  de  véri- 
tables Algues,  telles  que  les  Ulves,  étaient,  an  temps  de  Pline,  considérées  plutôt 
comme  voisines  des  Housses,  ainsi  que  semble  l'indiquer  le  nom  de  ^pva,  que  ce 
naturaliste  leur  applique. 

Toumefort  a  fait  une  section  particulière,  la  seconde  de  sa  classe  XYII  (InstUu- 
liones^  p.  565-577),  }K)ur  des  êtres  qui  sont  en  partie  des  plantes  cryptogames  et 
en  partie  des  zoo[diytes.  Le  titre  de  cette  section  porte,  il  est  vrai  :  De  herbis  mari- 
fit  s  aut  fluviatÛibus  quamm  flores  et  ftuctus  tmlgo  ignarantnr;  mais  elle 
contient,  outre  tes  genres  Fucus,  Alga,  Corallina,  les  Coraux,  les  Madrépores, 
les  É()onges,  les  Alcyons,  etc.  Dans  la  classification  de  Linné,  il  n'y  a  plus  d'ani- 
maux rangés  parmi  les  Algues  ;  mais  on  y  trouve  les  Trémelles,  Bgssus\  Lichen*, 
Hépatiques,  etc.  ;et  il  en  est  à  peu  près  de  même  de  celle  de  Bernard  de  Jussieu  (Ca- 
talogue du  jardin  de  Trianon,  1759),  car  on  y  rencontre,  outre  les  genres  réunis 
par  Linné,  le  Byssus  dont  il  avait  fait  un  Champignon,  le  Marsilea  et  YEquiselum. 
C\si  au  génie  universel  d'Adanson  que  la  science  doit  la  première  circonscription 
exacte  de  la  famille  des  Algues.  A  Tépoquc  même  où  Bernard  de  Jussieu  venait 
de  rédiger  son  Catalogue,  «  Adanson,  dans  ses  Familles  naturelles  des  Plantes t 
exposait  nettement  les  caractères  de  ces  végétaux.  11  formait  une  famille  distincte 
sons  le  nom  d*HépatiqueSf  des  Jfarc/mniûi,  Jungermannia,  Anthoceros,  Blasia^ 
Ricciaf  replaçait  les  Lichens  avec  les  Champignons  à  côté  des  Pezizes,  réunissait 
le  Spongia  aux  animaux,  et  groupait  les  Byssus,  les  Trémelles,  les  Couferves,  las 
Fucus  et  les  Ulves'  en  deuK  familles  ;  l'une  celle  des  Byssus,  comprenant  les 
ByssuSj  les  Trémelles  et  les  Conferves;  l'autre  les  Fucus,  les  Ulves,  et  quelques 
genres  qu'il  en  avait  détadiés,  tels  que  Padina,  Ceramium,  Virsoides,  etc....  Il 
classait,  en  outre,  dans  ses  Byssus,  deux  genres  de  Micheli,  VAspergUlus  et  le 
Botrytis,  que  Bernard  de  Jussieu  n'avait  point  inscrits  dans  son  Catalogue;  et  bien 
qu'il  soit  démontré  actuellement  (|ue  ces  deux  genres  sont  des  Champignons,  et 
non  des  Algues,  ce  rapprochement  n'a  rien  de  surprenant  pour  ceux  qui  savent 
que  ces  moisissures  se  composent  d'ulricules  disposées  en  chapelet  comme  les 
Nostocs.  »  (Payeb,  Botanique  cryptogamique,  p.  54.) 

On  a  donc  lieu  de  s'étonner  que  L.  de  Jussieu  reprenne,  en  1789,  dans  son 
Gênera  fdanlarum  (p.  6),  la  délimitation  tracée  par  son  oncle,  car  son  Ordre  H, 
qui  est  celui  des  Algues,  renferme,  outre  les  Ulva,  Fucus  et  Conferva,  les  Tré- 
melles, Byssus^  Cyathus,  Hypoxylum,Sphxria  ci  Lichens.  Et  si,  dans  un  ouvrage 
de  la  nature  de  celui-ci,  nous  faisons  mention  d'une  pareille  confusion,  c'est  uni- 
quement {)Our  bien  montrer  combien  ont  été  de  tout  temps  douteuses  les  limites 
qui  séparent  les  uns  des  autres,  et  les  diiTérents  groupes  de  Cryptogames,  et  bien 
plus  le  Règne  animal  du  Règne  végétal. 

De  notre  temps,  la  plupart  des  botanistes  ont  considéré,  à  l'exemple  de  Y  rien, 
les  Algues  comme  une  sous-classe  de  rembranchement  des  Cryptogames ,  et  ib 


782  ALGOES. 

l'ont  subdirisée  en  trois  furotlks  :  i"*  les  Pli^^^de  H.  Montagne  (IHcl,  (fOrfrtjiiy, 
I,  373)  ou  Algues  submergées  ;  2*  les  Byssoeéeê  ou  Algues  amphibies;  3*  leb 
Lichens  ou  Algues  émergées,  dont  il  ne  sera  plus  question  ici.  {Doy.  Lichens). 

Les  Algues  proprement  dites  sont  donc  actuellement  des  plantes  crypCoganm 
vivant  dans  Teau  douce  ou  salée,  ou  dans  le  corps  d'autres  êtres  organiafe,  à  tex- 
ture cellulaire  ;  dépourvues  de  vaisseaux,  sans  véritables  racines,  nues  ou  enve- 
loppées de  substance  gélatiniforme,  puisant  directement,  et  par  toute  leur  surface, 
dans  les  fluides  ambiants,  les  matériaux  nécessaires  à  leur  accroissement,  et  possé- 
dant la  reproduction  sexuelle,  dont  les  organes  sont  connus  dans  ira  très-gnnd 
nombre  ;  mais  non  la  faculté  de  se  reproduire  par  des  gammes  proliBques  déve- 
loppés à  leur  surface,  que  Wallrolh  a  nommés  Gonidies;  ce  qui  les  sépare  des 
Lichens  ptx)prement  dits. 

Retirées  des  liquides  dont  le  contact  est  indispensable  à  leur  existence,  les  Algues 
se  dessèchent  et  meurent  rapidement.  Le  milieu  dans  lequel  elles  doivent  néces- 
sairement vivre  leur  imprime  des  formes  spéciales,  dont  les  principales  sont  :  ou 
celle  de  cellules  isolées  ou  rapprochées  les  unes  des  autres;  ou  celle  defih- 
ments  déliés,  capiHacés  ;  ou  celle  de  lames  plates,  étalées,  continues,  ou  criblées 
d'ouvertuies  fenétrées  ;  ou  enfin  celle  de  corps  allongés,  tantôt  aplatis,  rubanés, 
tantôt  plus  épais  et  cylindriques  comme  des  rameaux  de  Phanérogames.  Onn\ 
peut  jamais  toutefois  distinguer  d'une  manière  absolue  un  système  axile  et  on 
système  appendiculaire.  Alors  même  que  les  Algues  aiTectent  une  forme  ramifiée, 
et  cette  ramification  peut  se  produire  avec  une  grande  régularité,  on  ne  voit  pa^ 
cependant  de  diflerence  nette  entre  des  feuilles  et  des  branches  qui  porteraient  les 
feuilles.  Le  passage  des  unes  aux  autres  est  insensible,  et  ce  n'est  que  par  une 
comparaison  éloignée,  mais  foncièrement  inexacte,  des  Algues  avec  les  plantes 
plianêrogames,  qu'on  applique  souvent  aux  parties  des  premières  les  noms  de 
rameaux,  de  tiges,  de  folioles.  L'ensemble  de  ces  expansions  plus  ou  moins  divisées 
porte  le  nom  de  Thalle;  et  la  première  chose  qu'on  remarque,  c'est  que  la  cooieor 
de  ce  thalle  edt  extrêmement  variable  ;  tantôt  presque  incolore,  transparent,  géiati* 
neux,  et  plus  souvent  jaune,  vert,  d'un  brun  verdâtre  ou  d'un  vert  presque  nohr; 
ailleurs  rosé  ou  du  rouge  le  plus  éclatant.  Sa  consistance  est  également  TariaMe, 
tantôt  presque  nulle,  comme  celle  d'une  gelée  tremblante  ou  du  tissu  odlniairc 
jeune  des  phanérogames ,  plus  souvent  celle  d'une  lame  de  pardiemin  humide, 
quelquefois  même  d'une  plaque  de  matière  cornée  résistante,  comme  cartilagineose. 
Il  y  a  enfin  quel€[ues  Algues,  comme  les  CoraUines  (voy.  ce  mot),  qui  deviennent 
analogues,  pour  Taspect  et  la  consistance,  à  des  madrépores  ou  à  des  coraux,  fanx 
que  leur  tissu  s'encroûte  de  sels  calcaires,  quelquelbis  en  grande  abondance  ;  et 
c*est  là  surtout  ce  qui  a  longtemps  porté  les  naturalistes  à  ranger  ces  plantes  parmi 
les  Polypiers.  Les  Algues  ont  encore  un  autre  point  de  ressemblance  avec  les  ani- 
maux :  c'est  la  manière  dont  elles  se  pourrissent  à  l'air.  Elles  produisent  alors  do 
émanations  nauséabondes  et  méphytiques  dont  certaines  plages  sont  infectées.  On 
sait  d*ailleurs  qu'elles  peuvent  agir  sur  les  matériaux  sulfatés  des  eaux  de  la  mer, 
et  produire  un  dégagement  d'hydrogène  sulfuré  dont  l'odeur  se  mêle,  dans  nos 
ports,  h  celle  de  leur  substance  organique  décomposée. 

La  première  question  importante,  pour  la  physiologie  générale,  qui  doive  nous 
occuper  dans  l'étude  des  Algues,  c'est  donc  l'établissement  des  limites  de  ce  groupe, 
du  côte  du  Règne  animal,  si  l'on  peut  ainsi  s'exprimer.  On  a  pu  croire,  il  y  a 
quelques  années,  que  les  animaux  infusoircs  et  les  Algues  unicellulécs,  représen- 
tant de  part  ei d'autre  les  derniers  échelons  de  chaque  Règne,  différaient  nettement 


ALGIES.  785 

les  uns  des  autres  par  des  caractères  précis  et  faciles  à  établir,  tels  que  le  mode 
d'action  par  rapport  à  Fatmosphère,  la  composition  chimique,  la  sensibilité  et  la 
rootilité.  Hais  on  s*est  ensuite  aperçu  qn*aucun  de  ces  caractères  différentiels  ne 
saurait  être  considéré  comme  absolu  ;  et  les  zoologistes  se  sont  mis  à  revendiquer 
des  êtres  que  les  botanistes  considéraient  comme  ao({tiis  défiin'tivement  à  leur  do- 
maine, tandis  que  la  botanique  s'attribtiait  des  organismes  tek  que  les  Diatomées 
qu'on  ne  regardait  plus  depuis  longtemps  que  comme  des  animaux.  Dujardin  s'est 
l'un  des  premiers  appliqué  à  démontrer  que  des  êtres  nombreux  regardés  par  ses 
prédéces^surs  comme  des  animalcules,  appartenaient  au  groupe  des  Algues.  D'autre 
part  beaucoup  d'animaux,  tels  que  les  Alcyonides,  Iwent  réintégrés  parmi  les 
Zoophytes,  en  même  temps  qu'on  démontra  que  des  germes  d'Aplysies  ou  d'ani- 
maux analogues  avaient  été  pris  pour  des  plantes  aquatiques.  M.  Berkeley,  qui 
représente  avec  tant  d'éclat  en  Angleterre  la  science  cryptogamique,  a  fait  remar- 
(|uer  que,  dès  1833,  il  attirait  l'attention  des  physiolc^stes  sur  la  possibilité  de 
trouver  réunis,  sur  un  seul  individu  et  dans  des  circonstances  diverses,  ce  qu'on 
considérait  alors  comme  les  caractères  exclusifs  et  de  la  vie  animale  et  de  la  vie 
végétale  ;  et  qu'aujourd'hui  les  découvertes  les  phis  récentes  de  nos  oontemporains, 
relatives  aux  spermatozoïdes  et  aux  zoospores,  ne  modifieraient  guère  ce  qu'il 
disait  alors  de  ce  contact  intime  des  deux  Règnes.  En  réalité,  les  Algues  présentent 
des  phénomènes  vitaux  qui  sont  caractéristiques  de  la  vie  animale,  mais  il  n'est 
pas  inutile  de  remarquer  que  ces  phénomènes  n'appartiennent  qu'à  une  période 
relativement  courte  de  leur  existence.  Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  si  Ton  peut 
attendre  d'une  évolution  suffisamment  prolongée  la  solution  du  problème  qui  con- 
siste à  déterminer  si  un  être  donné  est  une  plante  ou  un  infusoire,  il  n'y  en  a  pas 
moins  un  moment  où  cette  détermination  n'est  pas  possible  avec  les  ressources  dont 
nous  disposons.  11  y  a  une  époque  oà,  comme  l'a  dit  M.  Dumas,  i  la  plante  se  fiut 
animal.  » 

11  y  a  des  Algues  formées  d'une  seule  cellule,  et  d'ordinaire  ces  plantes  unr- 
cellulées  sont  rapprochées  en  grand  nombre,  mais  sans  union  réelle  entre  elles. 
Telles  sont  les  Protococcus  et  les  Pletirococcns.  D'atitres  sont  constituées  par  des 
cellules  nombreuses,  analogues  chacune  .\  un  Protococcus;  mais  elles  sont  tontes 
réunies  par  une  sorte  de  gangue  commune  gélatineuse.  C'est  ce  qu'on  voit  chez  les 
CoccochloriSf  les  Eormospora^  les  Palmelles.  Comme  les  diflerentes  utriculcsqui 
s'observent  dans  une  de  ces  dernières  plantess  ont  plus  ou  moins  éloignées  les  unes 
des  autres,  on  n'y  peut  nier  l'existence  de  la  gangue  ou  matière  intercellulaire  qui 
unit  les  différentes  utricules  entre  elles.  Or,  il  y  a  tous  les  degrés  transitoires 
entre  cette  disposition  et  celles  où  les  cellules  nombreuses  qui  constituent  une 
Algue  d'organisation  supérieure,  sont  tangentes  par  leurs  faces  et  ne  laissent  pos 
apercevoir  cette  matière  intercellulaire.  11  y  a  des  genres  très-élevés  dans  l'échelle 
de  ces  plantes,  qui  possèdent  encore  cette  substance  unissante  très«développée  et 
dont  les  cellules  sont  par  conséquent  fort  éloignées  les  unes  des  autres.  D'antres 
Algues  sont  formées  de  deux  cellules  placées  bout  à  bout  et  qui  résultent  de  la 
formation  d'une  cloison  dans  une  cavité  primitivement  iniiquc  ;  telles  sont  les 
Lyngbies.  Unicellulées  d'abord,  età  peu  prèssphériques,  elles  s'allongent  en  tubcetse 
cloisonnent.  La  cloison  peut  être  placée  de  telle  façon  qu'on  voje  bout  à  bout  denx 
cellules  très-inégales  :  l'une  courte,  arrondie  comme  un  Protocoeais;  l'autre  allongée 
et  tubuleuse  ;  c'est  ce  qui  arrive  dans  les  Rivularia,  Dans  les  Conferves,  ce  n'est 
plus  une  couple  de  cavités  lubuleuses,  séparées  par  une  cloison,  qu'on  voit  k  la 
suite  l'une  de  l'autre;  mais  des  cavités  nombreuses,  séparées  par  des  doisons  en 


784  ALGli^S. 

• 

pareil  nombre,  moins  une.  Ces  Coaferves  ressemblent  alors!  de  longs  iilameolslu- 
buleux.  Hais  ailleurs  ils  peuvent  se  ramifier,  comme  chez  les  i4nAa/tia,  Drajmmol' 
dia  et  comme  dans  un  certain  nombre  d*  Algues  qu'on  observe  dans  le  corps  de 
Thomme  et  des  animaux. 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  ne  rencontre  dans  la  substance  des  Algues  que  du  Itssu 
cellulaire;  et  c'est  lui  qui  prend  les  formes  si  variées  qu'affectent  celles  de  ces  plantes 
qui  sont  le  plus  élevées  en  organisation.  La  plupart  des  cellules  qu'on  y  rencontre 
sont  à  paroi  mince  et  lisse.  Cependant  on  y  peut  voir  des  dessins  spiraux  comme 
ceux  qu'on  observe  si  souvent  dans  les  cellules  des  Phanéiogames.  C'est  ce  qui 
arrive  dans  plusieurs  Oanferves,  telles  que  le  C.  melagoninnif  ainsi  que  l'a  autre- 
fois indiqué  Agardb.  Dans  certains  Zygnema,  ce  dessin  spiral,  à  tours  irréguliers 
ou  à  peu  près  réguliers,  parait  dû  à  un  groupement  particulier  de  la  matière  con- 
tenue dans  les  cellules  et  que  l'on  appelle  endochrome,  La  couleur  de  cette  ma- 
tière contenue  est  variable  ;  elle  peut  être  verdâtre,  noirâtre,  rougeâtre,  en  un  mot 
elle  afiecte  les  différentes  teintes  que  nous  retrouverons  dans  les  spores  des  Algues 
et  qui,  comme  nous  le  verrons,  jouent  un  si  grand  rôle  dans  certaines  classifica- 
tions. On  a  dit  avec  raison  que  toutes  les  couleurs  des  fleurs  les  plus  brillaotes 
pouvaient  se  retrouver  dans  les  frondes  des  Algues,  et  il  y  en  a  même  quelques- 
unes  qui  sont  d'un  beau  bleu.  Du  rose  le  plus  tendre  on  passe  au  rouge  bnmâlre 
le  plus  intense  ;  et  le  vert-olive  si  foncé  qui  paraît  presque  noir  mène  graduelle- 
ment au  vert-émeraude  le  plus  vif  et  de  là  jusqu'au  vert  doré  le  plus  éclatant.  Mais 
quoique  avec  une  couleur  verte  et  une  fronde  extrêmement  divisée  quelques  Algues 
puissent  de  loin  présenter  tout  à  fait  l'apparence  d'une  Housse,  d'un  Lycopode,  ou 
même  d'un  petit  arbuste  phanérogame,  avec  des  branches,  des  feuilles  et  des 
racines,  leur  tissu  n'est  jamais  constitué  que  par  des  cellules.  Dans  les  immenses 
Laminariées  qui  s'attachent  aux  rochers  sous-marins,  il  y  a  un  épaississemeot  quel- 
quefois énorme,  représentant  une  sorte  de  pivot  radical,  et  dont  le  déTeloppement 
répond  au  besoin  de  donner  à  ces  plantes  un  point  d'attache  solide,  afin  que  le 
mouvement  des  flots  ne  les  détache  pas  facilement.  Cependant  cette  portion  du 
végétal  n'est  formée  que  par  du  tissu  utriciilaire.  Il  en  est  de  même  de  ces  coq» 
cylindriques  ou  à  peu  près  qu'on  observe  dans  les  mômes  plantes  et  qui  ressem- 
blent tant  aux  branches  et  aux  rameaux  de  nos  arbres.  Ils  ne  sont  constitués  que 
par  des  cellules.  Il  faut  noter  toutefois  que  MM.  Kutzing  et  Berkeley  ont  vu  a» 
espèces  de  tiges  et  de  branches  s'accroître  à  peu  près  à  la  façon  des  Exogènes  pha- 
nérogames, par  la  décurrence  de  cellules  allongées  descendant  des  rameau\ 
sur  les  branches  et  des  branches  sur  les  tiges,  en  dehors  de  leurs  cellules 
préexistantes.  C'est  ce  qui  arrive  dans  les  Laminaria,  Callithamnùm^  Batrûcho- 
spojnum. 

Il  y  a  de  même  des  apparences  de  feuilles,  plutôt  que  des  organes  appendiculaircs 
nettement  distincts  d'autres  organes  qui  représenteraient  des  axes.  Ce  sont  di^» 
lames  aplaties,  membraneuses,  quelquefois  très-larges,  mais  toujours  uniquement 
faites  de  cellules.  Dans  beaucoup  d'espèces,  ces  expansions  sont,  dans  leur  portioa 
centrale,  entièrement  pareilles  aux  corps  cylindroîdes  qui  figurent  des  axes;  niat>, 
de  plus,  elles  s'épanchent  de  chaque  côte  en  une  sorte  de  lame  qui  va  s'amiucissinl 
à  droite  et  h  gauche  vers  les  bords.  D'ailleurs,  ces  expansions  ne  se  produisent  p3> 
avec  une  symétrie  et  une  régularité  prlaile,  comme  dans  les  Phanérogames.  Cepen- 
dant, il  y  a  des  espèces  où  elles  sont  caduques,  comme  les  feuilles  de  nosarbn*s, 
tombant  à  l'époque  des  Iroids,  pour  i*epousser  au  commencement  de  la  belh' 
saison,  11  en  résulte  que,  comme  beaucoup  de  nos  arbres,  certaines  Algues  rameuse^t 


.     ALGUES.  785 

élevées  en  organisation,  n'ont  pas  du  tout  la  même  apparence  en  été  et  en  liiver. 

Il  est  fort  important  de  remarquer  que  Taction  chimique  des  Algues  sur  les  mi- 
lieux au  sein  desquels  elles  vivent  n'est  pas  en  rapport  avec  les  différences  de  co- 
loration que  présentent  leurs  frondes  et  leurs  endochromes.  Car  pour  celles  qui 
âiout  vertes,  le  développement  de  la  matière  colorante  ne  paraît  pas' dû  à  l'action  de 
la  lumi^e  solaire.  H.  de  Humboldt  a  trouvé  des  Fucus,  tels  que  le  F.  vitifoUuSy 
colorés  en  vert  intense,  à  une  profondeur  d'environ  deux  cents  pieds  dans  la  mer  ; 
Uory  de  Saint-Vincent  a  cueilli  un  Sargassum  coloré  en  brunâtre,  à  une  profon- 
deur de  six  cents  pieds,  entre  les  îles  de  Bourbon  et  de  Madagascar  ;  et  beaucoup 
d*Aigues  vivent  presque  à  la  surface  de  Teau,  sans  présenter  la  moindre  trace  de 
coloration  verte.  D'autre  part,  M.  Aimé  a  démontré  que,  sous  l'influence  directe  des 
rayons  du  soleil,  les  Algues  dégageaient  une  quantité  considérable  d'oxygène,  au 
point  qu'il  en  recueillait  tellement  un  litre,  en  agitant  des  plantes  réparties  sur 
une  surËice  de  deux  mètres  carrés.  Hais  la  couleur  de  leurs  thalles  était  indiffé- 
rente pour  la  production  du  phénomène,  et  la  quantité  d'oxygène  semblait  être  la 
même,  que  le  thalle  lût  vert,  rouge  ou  brun. 

Grâce  à  leur  action  sur  les  milieux  ambiants  et  réciproquement,  grâce  à  *a 
longue  vitalité  et  à  la  perméabilité  de  leurs  nombreuses  cellules  qui  leur  servent 
de  laboratoires,  les  Algues  produisent  et  accumulent  dans  leur  intérieur  des  sub- 
stances qui  les  caractérisent  encore,  car  elles  sont  à  peu  près  les  mêmes  dans 
toutes  les  espèces.  On  y  trouve  une  grande  quantité  de  matières  gommeuses  et  amy- 
lacées ;  Schmidt  pense  que  les  gelées  qu'on  retire  de  plusieurs  espèces,  telles  que 
le  Carragahen,  et  dont  il  sera  question  à  propos  delà  matière  médicale,  est  iden- 
tique par  sa  formule  chimique  avec  le  sucre  et  la  fécide.  Non-seulement  ces  C/ion- 
diiu  criipus  et  autres  espèces  analogues,  les  Iridxa  edulis,  Alaria  esctdefUa, 
Hhodynumia  palmatat  etc. ,  sont  vendus  tous  les  jours  en  grandes  masses,  sur  cer- 
tains marchés  de  TÉcosse,  pour  à  servir  l'alimentation  publique  ;  non-seulement 
plusieurs  explorateurs  des  côtes  et  des  îles  septentrionales  et  orientales  du  Royaume- 
Uni  n'ont  pu  se  procurer  pendant  quelque  temps  d'autres  aliments  dans  leurs 
voyages  ;  mais  on  a  préparé  avec  des  Rhodospermées  une  sorte  de  blanc-manger 
de  '  consistance  albumineuse;  et  quelques  agriculteurs  anglais  ont  avec  succès 
mêlé  cette  gelée  à  l'alimentation  du  bétail,  et  surtout  des  porcs.  Toutefois,  M.  Pe- 
reira  considère  cette  substance  alimentaire  comme  bien  distincte  de  la  gomme,  de 
l'amidon  et  du  sucre.  En  Australie,  on  la  retrouve  dans  le  Gigartina  spedosa  et 
dans  plusieurs  espèces  du  genre  Gracilaria,  telles  que  les  G.  spinosUy  lichenaides; 
elle  est  beaucoup  plus  délicate  et  plus  recherchée,  dit-on,  que  celle  qui  s'obtient, 
en  Europe,  des  Rhodospermées.  On  sait  maintenant  que  c'est  à  tort  qu'on  a  cru  les 
nids  des  Salanganes  formés,  en  partie  du  moins,  de  cette  même  substance  gélati- 
niforme  ;  il  n'y  a  là  qu'une  ressemblance  extérieure,  et  ces  nids  sont  constitués  par 
une  matière  animale.  Mais  elle  se  retrouve  dans  la  mousse  de  Corse,  le  Gigartina 
ou  Plocaria  Helminthocarton,  où  ce  n'est  pas  elle,  sans  doute,  qui  agit  dans 
l'emploi  de  cette  plante  comme  médicament.  Le  Laver  ou  Laver-bread  du  pays  de 
Galles  est  une  sorte  de  pain  qu'on  fabrique  précisément  avec  des  Algues,  et  auquel 
on  ne  reproche  qu'un  goût  particulier,  auquel  il  faut  d'abord  s'habituer  pour  ap- 
précier tontes  les  qualités  de  cet  aliment.  Dans  les  régions  arctiques,  on  prépare 
une  sorte  de  potage  avec  des  Algues  ;  en  Chine,  on  emploie  une  espèce  de  Noitoc 
au  même  usage,  et  au  Chili,  les  frondes  du  Durvillxa  utilis.  En  Norvège,  en 
Islande  et  en  Irlande,  le  bétail  est  conduit  sur  les  bords  de  la  mer  où  il  se  nourrit, 
à  marée  basse,  des  Algues  que  le  Ilot  a  apportées;  et  l'aliment  qui  rend  si  délicate 

MCI.  BMC.  IL  l{) 


786  ALGUES. 

la  chair  des  tortues  marines  appartient  à  plusieurs  espèces  du  genre  Cëderpa. 
Nous  ne  faisons  qu'indiquer,  en  passant,  l'usage  qu'on  bit  des  Varechs  pour  fiuner 
les  terres,  et  l'existence  des  substances  iodées  dont  il  sera  traité  plus  loin,  tout 
en  rappelant  que  VjEthiôps  végétal  (voy.  ce  mot)  leur  doit  sans  doute  ses  pro- 
priétés médicamenteuses. 

Nous  avons  vu  que  les  Algues  ne  peuvent  se  bien  développer  que  dans  un  niiheu 
liquide.  Les  Protococcus  ne  vivent  que  sur  un  sol  humide  ou  sur  une  oouche  de 
neige.  Les  Nostocs  disparaissent  dans  les  temps  secs  et  ne  prennent  leurs  dévelop- 
pements qu'après  des  pluies  abondantes.  Nos  mares  et  nos  cours  d'eau  sont  rem- 
plis de  Conierves  et  d'autres  Algues  inférieures.  Or,  il  y  a  longtonps  qu'on  a 
remarqué  la  très-large  dtlfiision  de  certaines  de  ces  plantes  dans  les  diverses  ré* 
gions  du  globe.  Là  où  les  conditions  de  température  sont  à  peu  près  les  méoies, 
on  retrouve  iréquemment,à  des  distances  très-grandesy  ou  la  même  espèce,  ou  du 
moins  ce  qui  parait  être  la  même  espèce.  Le  doute  est  en  effet  prudent  lecaqu'il 
s'agit  des  types  infériaus,  car  les  Calothrix,  (hciliariaf  et  autres  genres  anar 
logues,  s'observent  dans  toutes  les  régions  du  globe,  mais  leurs  otpèoes  sont  ma- 
définies  et  difficiles  à  définir;  on  ne  les  observe  souvent  que  sur  des  échantilloiK 
mal  conservés,  et  on  ne  saurait  affirmer  positivement  qu'il  n'y  a  pas  entre  elles  des 
différences  spécifiques  qui  parfois  nous  échappent.  M.  J.  D.  Hooker  a  bit  renur 
qner  que  les  Procotoccus  qui  constituent  Ui  neige  rouge^  qu'on  observe  si  abondam- 
ment au  pèle  nord,  et  qui  seraient  faciles  à  reoonni^tre  partout  ailleurs,  ne  se 
rencontrent  pas  sur  les  hauts  pics  glaoés  de  l'Inde  orioitale,  quoiqu'on  y  trouve 
beaucoup  d'autres  Cryptogames,  Champignons  et  lichens,  cpéeifiqoenient  ideo- 
tiques  à  nos  espèces  européennes  les  plus  communes.  Tandis  queks  Degmidiéis 
sont  assez  communes  en  Ëurope\ât  dans  l'Amérique  du  Nord,  on  en  conoait  à 
peine  quelques*unes  provenant  des*  awtœs  régions  du  globe.  An  contraire,  il  y  a 
des  DiaUnnées  partout,  et  en  aussi  grande  abondance  aux  confias  du  globe,  que 
dans  les  mares  des  environs  de  Paris.  Les  unes  sont  propres  à  certains  pys;  les 
antres  sont  au  contraire  oosmof)olites.<  La  oatière  siiii^use  dont  eUes  sont  impré- 
gnées conserve  leurs  formes  et  les  dessins  de  leurs  snriaces,  de  <&çoq  qu'on  peot 
toujours  les  comparer  lentre  elles. i  On  voit  ainsi  que  noiMeulemeni  les  méoie» 
espèces  peuvent  exister  à  l'état  vivant  dans  des.  oentrées  estrémenient  éloignée» 
les  unes  les  autres,  mais  encore  qu'elles  peuvent  vivre  de  nos  jours  et  avoir  vécu 
pendant  des  périodes  géologiques  probablement  tîès^anciennes. 

Le  point  le  plus  important  de  l'histoire  des  Algues,  sous  le  rapport  de  la  phy- 
siologie, et  même  de  la  pathologie,  c'est  l'étude  de  leurs  mganes  reprodndeun. 
Ces  organes  ont  été  longtemps  fort  incomplètement  oonmis,  et  Ion  savait  seulement 
qu'à  part  les  phénomènes  de  bourgeonnement,  ou  de  multiplication  cellulaire 
qu'offrent  ces  végétaux,  ils  se  reproduisaient  par  des  spores,  à  la  façon  des  autres 
plantes  cryptogames.  On  a  plus  tard  étudié  les  différents  modes  de  développement 
de  ces  spores,  leurs  situations  diverses  sur  le  végétal,  et  plus  récemment  encan; 
l'évolution  des  organes  mâles,  et  le  mode  d'action  de  oea  agents  fécondateurs  sur 
les  produits  des  organes  femelles. 

Les  Algues  qui  ne  sont  tonnées  que  d'une  cellule,  se  reproduisent  par  la  fonna- 
tion,  dans  l'intérieur  de  cette  cellule-mère,  d'autres  otricules,  ou  oellulesrfillei, 
qu'elle  laisse  ensuite  échopper  et  qui  deviennent  autant  d'individus  nouveaux. 
C'est  surtout  chez  les  Protococcuâ  qu'on  a  suivi  dans  tous  ses  phases  ce  mode  de 
multiplication.  Les  observations  de  HH .  Pohl,  de  Flotow,  et  de  beaiioonp  d*autrM 
savants,  ont  montré  comment  la  substance  asotée,  ou  jnroîopUumiqu/e^  <pn  est 


ALGUES.  787 

dam  l'iiilériear  de  la  paroi  de  cellulose  des  Protococcits,  forme  en  se  condensant 
des  masses  circouscrites  qui  ne  sont  autre  chose  que  déjeunes  Algues unicellulaires 
naissantes.  Pur  la  surface  extérieure,  chacune  de  ces  masses  de  substance  azotée 
'  produit  une  couche  de  cellulose,  à  Tintérieur  de  laqu^le  il  s'en  dépose  ensuite 
une  seconde  couche,  puis  une  troisième,  et  ainsi  de  suite,  jusqu'à  ce  que  les  cel- 
lules-filles soient  définitivement  constituées,  pressent  sur  la  cellule-mère,  déchirent 
sa  paroi  et  constituent  autant  de  jounes  Algues  indépendantes  les  unes  des  autres. 
U  n*y  a  donc  ici,  à  proprement  parler,  qu'une  reproduction  par  multiplication  in- 
tracellulaire; ce  qu'on  a  encore  appelé  formation  cellulaire  libre. 

Ailleurs,  comme  dans  beaucoup  de  Confcrves  filamenteuses,  où  l'on  ne  voit  pas 
de  véritables  organes  sexuels,  la  reproduction  se  confond  avec  l'accroissement  du 
végétal,  en  ce  sens  que  les  portions  extrêmes  se  séparent  de  la  plante  mère  pîir 
leur  base  vieilKe,  et  deviennent  libres  tout  en  continuant  de  végéter  par  leur  cxtrc- 
milé.  On  sait  que  les  filaments  ne  sont  autre  chose  que  des  tubes  cloisonnes,  avi  c 
une  couche  protoplasmique  intérieure  è  la  paroi  de  cellulose,  et  produisant,  soit 
au  bout,  soit  sur  les  côtés  des  tubes,  de  nouvelles  cloisons  qui  augmeniciit  graduel- 
lement le  nombre  des  cellules,  le  nombre  des  ramifications,  et  préparent  ainsi  1 1 
fomation  d'autant  d'individualités  qui  pourront  plus  tard  quitter  la  plante-mère 
et  vivre  indépendantes,  lies  faits  analogues  s'observent  dans  les  Algues  marines  les 
plus  élevées  en  organisation,  et  pourvues  d'une  fronde  aplatie  et  membraneuse. 
Ainsi,  dans  les  MacroeystiSy  les  Sargasmm,  et  d'autres    genres   analogues  ' 
destinés  à  former  de  vastes  prairies  flottantes  dans  la  mer,  les  plantes,  d'abord  atta- 
chées aux  corps  sous^marins  par  cette  portion  que  nous  avons  vue  remplissant 
les  fonctions  mécaniques  d'une  racine,  sont  arrachées  parles  mouvements  des  flofs, 
et,  à  partir  de  ce  moment,  se  multipKenlt  par  une  division  constante  de  la  fronde, 
ahsolâiiient  comme  les  masses  cellulaires  des  Algues  infêrienres.  Ce  qu'on  a  ap* 
pelé  i>sproduotion  des  Algues  par 'prolt/lcatioftô,  se  rapporte  évidemment  à  des 
faits  de  cet  ordre.  Les  espèces  vivaces,  ou  bisannuelles,  en  sont  le  plus  ordinaire- 
ment leùége.  Les  Pkylbphorat  les  Rhodymeniaf  les  Ceramium,  présentent  ainsi 
des  ramules  des  deux  côtés,  ou  d^un  seul  côté  même,  naissant  de  leur  portion 
principale.  Dans  les  Pdyriphaniay  ce  sont  des  espèces  de  racines  adventives  qui 
joneut  le  même  rôle.  Et  de  même  que  les  bourgeons  des  Phanérogames,  aloi-s 
qu'ils  se  développent  sur  les  branches,  peuvent  être  tout  à  fait  semblables  aux  em- 
bryons qui  sortent  de  leurs  graines,  de  même  il  y  a  une  ressemblance  complète  en- 
tre OGS  prolificalions  à  leur  premier  âge,  et  les  jeunes  individus  qui  résultent  de 
l'accroissement  d'une  spore  en  germination.  II  paraît  même  que  certains  Sargas- 
smHy  comme  le  S,  baccifenim,  n'ont  pas  de  spores  et  ne  se  reproduisent  que  par  une 
pnrfification  indéfinie.  De  jeunes  pousses  qui  ressemblent  plus  ou  moins  à  des 
feuilles,  se  développent  sans  cesse  sur  les  irondes  divisées  et  se  distinguent  aisé- 
ment par  leur  teinte  ]ilus  claii'e  des  anciennes  perdons  colorées  eu  brun-roussâtre. 
Quelques  .Algues  se  développent  dans  les  matières  organiques  en  putréfaction, 
telles  sont  les  Leptofniitis  ;  d'autres,  dans  les  litpiides  du  tube  digestif,  dans  le 
noeus  utéhn,  l'urine,  l'épiderme,  les  milieux  de  l'œil,  la  salive,  le  suc  gastrique. 
U  y  en  a  enfin,  telles  que  Cryptococcus  cerevisix  Ki)tz,  qui  vivent  dans  les 
liquides  en  fermentation,  constituant  ce  cpi'on  appelle  levùrôf  et  cpii  paraissent 
partager  avec  les  Myoodermes  le  rôle  important  que  ceux-ci  jouent  dans  tous  les 
phémmièDes  de  fermentation  étudiés  jusqu'à  présent.    {Vay.  Crvptocoqur,  Fer- 

ME^TATIOW.) 

I.es  Algues  marines  observent  dans  leur  distribution  gcographi(]ue  u:iclM*au(oup 


788  ALGUES. 

plus  grande  régulaiité.  Cette  dîstributioii  est  souinise  à  des  espèces  de  lois  d^  entre- 
vues depuis  longtemps,  mais  qui  n'ont  jamais  été  mieux  démontrées  que  fêr  ïe< 
admirables  recherches  et  les  voyages  répétés  du  professeur  Hanrey.  Il  semble  que 
dans  la  profondeur  des  mers  chaque  espèce  appartienne  i  une  lone  au-dessus  et 
an -dessous  de  laquelle  sa  végétation  devient  impossible;  ce  qui  permet  de  supposer 
()ue  chaque  espèce  ne  peut  supporter  qu'une  certaine  somme  de  pression  et  de  lu- 
mière. Il  y  a  des  Algues  qui  flottent  à  la  surface,  telles  les  Ci/itateira^  les  Iri- 
deUy  plusieurs  Ulves  et  Conferves.  Plus  bas,  il  y  a  encore  desOlvaoées,  des  GMifer- 
^ces,  et  surtout  de  nombreuses  Floridées  à  frondes  rosées  ou  pourprées.  Nous  avons 
vu,  au  contraire,  des  Sargassum  et  des  Caulerpay  péchés  à  une  très-grande  pro- 
loiideur,  au  delà  même  des  limites  trop  restreintes  auxquelles  les  physiologisles 
ont  autrefois  déclaré  impossibles  le  dévdoppement  et  la  vie  des  êtres  (ogunaê^. 

Chaque  mer  peut  avoir  aussi  sa  flore  spéciale.  Dans  les  océans  Arctique  et  Ântarc- 
ti(|ue,  sur  nos  côtes,  il  y  a  abondance  de  Laminariées,  représentées  chei  nous  par 
un  petit  nombre  d'espèces,  mais  par  une  quantité  prodigieuse  d'individus  Leur 
nombre  augmente  encore  davantage  vers  la  côte  orientale  de  l'Asie,  ou  la  cote  oc- 
cidentale de  TAménque  du  Nord.  Dans  l'océan  Arctique,  la  plupart  des  Laminariétf 
sont  simples  ;  elles  sont  rameuses,  comme  les  MacrocystiSj  Ltssonia^  etc.,  dans 
l'océan  Antarctique.  Ces  Lessonia,  lesDurvUlea,  etc.,  sont  inconnus  dans  les  mers 
septentrionales,  et  caractérisent  Théniisphère  austral.  11  y  a  des  genres,  tels  que  les 
.  Catderpa,  qui  sont  à  |)eiue  connus  en  Europe;  on  ne  les  a  observés  qu'en  Espagne 
et  au  nord  de  la  Méditerranée.  L'espèce  qui  a  si  longtemps  servi  seule  i  la  &farica- 
tion  de  l'.Cthiops  végétal,  le  Fucus  vesiciUoms,  si  oonunune  sur  les  corps  sons- 
marins  de  nos  cotes  occidentales,  ne  se  trouve  que  flottante  et  détachée  par  les  cou- 
rants dans  les  eaux  de  la  Méditerranée.  On  serait  tenté  de  croire  que  les  méme^ 
espèces  doivent  exister  dans  mie  même  mer,  à  l'ouest  de  l'Europe  et  à  l'est  de  l'A* 
niériquc;  ce  l'ait  n'est  pas  absolument  vrai.  Le  Fucus  serratus,  si  commun  cfaes 
nous,  ne  se  retrouve  pas  du  côté  du  Nouveau  Monde.  Les  F.  nodasuseivesieulogus 
croissent,  il  est  vrai,  des  deux  cotés  de  l'Océan.  Quoiqu'il  y  ait  beaucoup  de  Lami- 
u:iires  sur  les  deux  rives,  il  y  en  a  bien  des  espèces  américaines  qui  sonttotaleaien& 
incoiuiues  chez  nous.  Mais  à  mesure  qu'on  s'avance  vers  le  sud,  on  voit  les 
cl  les  Laminaria  diminuer.  Bientôt  apparaissent  les  Cystoseira,  puis  les 
gassum  inconnus  dans  les  mers  boréales  et  formant  de  chaque  coté  de  l'équatcur, 
dans  une  étendue  d'environ  40  degrés,  d'immenses  mers  herbeuses  qui  se 
relrouvent  dans  l'océan  Pacifique.  La  température  des  mers  n'est  pas  sans  influence 
sur  cette  distribution  géogi'aphique  ;  et  ce  qui  le  prouve,  c'est  l'apparition  de  «r- 
laiiies  espèces  propres  aux  mers  plus  chaudes,  dans  les  eaux  glacées  du  Nord,  aux 
points  où  certains  courants  viennent  les  réchauffer.  Quelques  espèces  qui  dépassent 
i\  peine  le  nord  de  la  France,  et  disparaissent  plus  au  nord,  se  montrentde  nouveau, 
après  une  large  interruption,  vers  le  nord  de  l'Irlande,  dans  les  mers  réchauffées 
|KU'  les  courants  tièdes  de  l'Atlantique.  Certains  Desmaretia  des  côtes  de  l'ÉooGae 
sont  des  plantes  qui  disparaissent  tout  le  long  de  celles  de  la  France  et  qui  abon- 
dent au  niveau  de  l'Espagne  ;  probablement  pour  la  même  raison.  11  est  vrai  enfin 
que  d'une  manière  générale  les  grandes  Algues  sont  des  plantes  des  larges  océans, 
et  que  les  mers  étroites  ne  nourrissent  que  des  espèces  de  petites  dimensions.  Les 
goures  de  la  Médilermnée  n'atteignent  pas  de  grandes  proportions;  ce  sont  des 
rivées,  des  Céramiées,  etc.;  les  espèces  monstrueuses,  bien  plus  déveli^ipées  que 
nos  arbres  les  plus  gigantesques,  le  DurviUea  utt/is,  le  Laminaria  Inîcdn^^ 
sont  dos  piaules  du  plus  large  des  océans,  l'océan  Atlantique. 


A  LOI' ES.  7S0 

• 

M.  Moiitagiic  (I  qui  nous  oniprunlons  ces  détails,  a  disliiiguo  cotto  proHficntirr, 
qui  ne  doit  passoii  origine  an  développement  d'une  cellule  unique,  do  la  propm],.' 
lion  ou  reproduction  pai*  p^opagules,  dans  laquelle  l'endochronie  ou  coiiIcimi 
d'une  cellule  peut  lui-même  végéter  et  devenir  une  plante  isolée.  Des  fragTO(ii:> 
de  Vaucheriaf  isolés  les  uns  des  autres,  se  complètent  peu  à  peu  et  constituent, 
suivant  M.  Thuret,  autant  d'individus  distincts.  Une  seule  cellule  corticale  do 
Phycolapathum^  peut,  d'après  M.  J.  Âgardh,  végéter  et  produire  une  nouvelle 
Ironde,  semblable  en  cela  à  ces  bulbilles  de  Monocotytédones  qui  peuvent  nnitri* 
d'une  cellule  et  devenir  ensuite  des  plantes  complètes,  avec  un  axe  et  des  r.p- 
[?endioe8. 

La  simple  fissiparité,  d'après  Meneghîni,  est  le  mode  de  multiplication  de  cer- 
taines Algues  inférieures,  telles  que  les  Cyiindrocystis.  fl  y  a  même  des  auteurs 
qui  ont  admis  une  génération  spontanée  des  Algues  les  pins  inférieures  ;  question 
qui  demande  à  être  examinée  sérieusement.  (Voy.  Gémératio.^.) 

Mais  c'est  par  des  spores  que  les  Algues  élevées  en  organisation  se  reproduisent 
le  plus  communément,  par  une  sorte  de  germination  qui-  n'est  qu'une  multiplica- 
tion de  la  cellule  unique  représentée  d'abord  par  la  spore.  On  a  surtout  étudié  lo 
mode  de  production  de  ces  spores  et  leur  manière  d'être  placées  sur  la  plante, 
quand  on  a  voulu  se  servir  de  ces  caractères  pour  classer  les  Algues.  C'est  cr  qu'a 
surtout  fait,  il  y  a  quelques  années,  M.  Decaisne  (Essai  sw  une  clasfiification 
des  Algues  et  des  Polypiers  caUnféres,  d842)  ;  et  quoique  la  classification  pro- 
|!06ée  par  ce  savant  ne  soit  plus  admissible  aujourd'hui,  d'après  la  déclaration 
d'un  excellent  juge  en  cette  matière,  H.  Montagne,  les  travaux  entrepris  dans 
cotte  voie  n  n'en  ont  pas  moins  été,  dit  M.  Montagne,  fort  utiles  pouf  la  limitation 
de  certaines  tribus  et  de  certains  genres  d'Algues.  » 

i^  En  considérant  la  spore  comme  l'analogue  de  l'embryon  des  végétaux  pha- 
nérogames, ou  voit  que  cette  spore  peut  être  d'abord  formée  aux  dépens  de  In  ma- 
tière contenue  dans  les  cellules  de  la  plante,  matière  que  nous  avons  déjà  désignoi* 
sons  le  nom  Sendochrùtne  et  dont  il  nous  faut  d'abord  bien  étiblir  la  nature. 

Il  peut  y  avoir  deux  choses  dans  une  des  cellules  qui  forment  la  fronde  dos 
Algues,  sans  parler  des  substances  protoplasniiques  solides  ou  difl1t:ontes  qtii 
existent  dans  ses  utricules,  comme  dans  toutes  les  autres  en  général  :  un  fluido 
et  un  solide.  Le  fluide  est  ordinairement  de  nature  aqueuse  ;  le  solide  est  niio 
fiiibstance  granuleuse,  colorée  d'ordinaire ,  c'est  la  substance  gonimique  ou  endo- 
chrome,  L'endochrome  peut  former  une  masse  unique  dans  la  cellule,  ou  plusieurs 
masses  distinctes,  dispositions  suivant  lesquelles  on  l'appelle  ou  nticléiforme,  o!i 
:.M'anuleux. 

« 

C'est  cette  matière  solide,  ordinairement  verte,  qui  s'orgatnse  dans  chaqno 
cellule  et  forme  une  ou  plusieurs  spores.  Quant  au  nom  de  zoofi]  ores  qu'on  a 
donné  à  ces  corps  reproducteurs,  et  à  celui  d'Algues  loosporées  qti'ont  reçu  celtes 
qui  eu  sont  pourvues,  il  est  dû  à  ce  que  ces  spores  munies  d'organes  locomoteur^ 
IKtriiculiers,  que  nous  étudierons  un  peu  plus  loin,  sont  douées  de  mouvements 
<-omperables  à  ceux  qu'on  observe  chez  les  animaux  et  qui,  servant  à  leur  dissé- 
mination, cessent  au  moment  où  leur  germination  va  commencer. 

2'  Les  Algues  que  M.  Decaisne  a  nommées  Synsporées  sont  des  plantes  d'eau 
douce  dont  les  cellules  sont  placées  bout  à  bout,  pour  former  des  tubes  cloisonnés. 
b(?ux  de  ces  tubes  étant  placés  l'un  près  de  l'autre  et  à  peu  près  parallèles,  les 
cellules  de  chacun  d'eux  se  gonflent  du  côté  qui  regarde  le  tube  voisin.  Les  deux 
;;onflenients  se  touchent,  s'unis-;»nt  ;   la  double  paroi  qui  les  «répare  au  |ioinl  de 


700  ALGUES. 

contact  disparaît,  et  les  deux  cellules  n'en  fout  plus  qu'une.  L*eiidochroiiiede  lunr 
passe  alors  dans  l'autre  et  se  confond  avec  celui  que  cette  dernière  oootenait.  ht 
spore  résulte  de  la  fusion  de  ces  deux  masses,  et  devient  dès  Ion  apte  à  germer  ci  k 
reproduire  une  Algue  Synspm'ée;  expression  qui  indique  bien  ce  mode  de  eopila- 
tion  de  deux  filaments  voisins,  mais  qui  a  perdu  sa  valeur  au  point  de  vue  de  h 
classification,  depuis  que  M.  Hassal  a  fait  voir  que  la  copulation  des  filaments 
n'est  pas  nécessaire  à  la  formation  des  spoi'es. 

o""  Le  mot  d' Haplosporées  avait  été  fait  pour  des  Algues  c  k  spore  extenie. 
indépendante  du  tissu  environnanteten  général  acoompagnéede  filaments  à  lalia<« 
desquels  elle  s'insère  »  (Decaisne).  Dans  ces  Algues,  il  y  a  parfois  des  cavités  par- 
ticulières ou  cancqfftacles  qui  s'ouvrent  à  Textérieurpai*  une  petite  ouverturs  et  qui 
sont  garnies  intérieurement  et  de  spores  et  de  ûlets  ou  poils  celluleux  stériles,  «i 
d'organes  mâles  qui  leur  sont  interposés.  D  après  H.  Montagne,  «  de  oouvdk» 
cl  importantes  observations,  faites  successivement  par  MM.  Dickie,  Cronan,  et  par 
MM.  Decaisne  et  Thuret,  ont  démontré  (|ue  la  dénomination  i'Haphtparfet  n'a- 
vait plus  de  fondement,  n^ 

4*^  Les  Algues  Chovistosporées  sont  celles  dont  la  spore,  renfermée  dans  mie 
utriculc  interne  ou  externe,  se  partage  à  sa  maturité  en  quatre  corps  reprodixy 
teurs  rouges,  dont  nous  parlons  un  peu  plus  loin. 

Ces  quatre  groupes  ne  pouvant  être  ainsi  distingués  d'ime  manière  aussi  abaohie 
qu'on  l'avait  cru  d'abord,  on  peut  réduire  l'étude  générale  des  corps  reproducteurs 
femelles  à  trois  choses  qui  sont  :  A.  les  Spores  proprement  dites;  B.  lesZootpores; 
C.  les  cavités  qui  renferment  les  unes  ou  les  autres,  et  qu'on  peut  appekr  des 
Canceptacles» 

A.  Spores,  Elles  répondent  aux  spores  ordinaires  des  autres  Cryptogames  et 
représentent  des  sacs  ù  paroi  de  cellulose,  sans  appendices  spéciaux  à  leur  soriace 
extérieure,  avec  un  contenu  analogue  à  celui  des  cellules  en  général.  Il  y  en  a  de 
."^impies,  et  d'autres  qu'on  appelle  tétrasporeSyqm^aai  simples  d'abord,  mais  dont 
l'endochrome  se  divise  plus  lard,  quand  la  plante  approche  de  sa  maliirité,  en 
quatre  portions  qui  deviennent  autant  de  spores  secondaires.  Lès  deux  espèces  de 
spores  peuvent  se  renooulrer  daus  une  même  plante,  ou  exister  l'une  sans  l'autre. 
Ainsi  les  Fl(«*idées  oui  des  spores  simples  et  des  tétraspores.  Les  autres  Algnas  ont 
des  spores  simples,  mais  peuvent,  avec  elles,  posséder  des  zoospsres. 

B.  Zoospores.  Ces  corps  reproducteurs  si  intéressants,  non^eulemenl  pour 
la  question  que  nous  traitons  ici,  mais  encore  au  point  de  vue  de  la  physiologie 
générale,  n'oul  été  étudiés  aussi  complètement  par  personne  que  par  M.  Thuret, 
notamment  dans  son  mémoire  couronné  en  1847  par  l'Académie  des  sciences.  Le» 
zoospores  sont  des  corps  agités  d'un  mouvement  particulier  qui  se  répandent  dan$ 
l'eau  en  sortant  de  la  plante,  et  qui  nagent  vivement  au  moyen  de  db  vifaratiie». 
lis  paraissent  alors  tout  ù  fait  sembhibles  à  des  infusoires;  mais  ils  en  difRrem  en 
ce  (|u'un  peu  plus  tard  on  le$i  voit  s'arrêter,  perdre  leivscils  vibratiles  et  entrer  ai 
germination,  à  la  manière  des  spores  ordinaires.  Les  Algues  aoosporées  sont  bien 
plus  nombreuses  qu'on  ne  l'avait  cru  d'abord,  et  l'ona  reconnu  l'existence  des 
resdansun  très-grand  nombre  d'espèces  à  couleur  oUvâtreouverdâtre.  Ces 
naissent  dans  des  cellules,  et  sont  toujours  produits  par  une  coagulation  de  la  matière 
contenue  dans  ces  cavités.  Cette  matière  s'agglomère  en  petites  masses  qui  devien- 
nent graduellement  autant  de  zoospores.  Chacun  d'eux  se  présente  d'abord  sous 
forme  d'un  corpuscule  dépourvu  de  tout  tégument  analogue  à  une  couche  ceHa- 
losique;  et,  conune  dans  les  infusoires  les  plus  simples,  il  y  a  ahtence  de 


ALGUES.  701 

brane  périphérique,  kwm  une  goutte  d'ammoniaque  produit-elle  chez  les  uns  et 
les  autres  une  diffluenoe  rapide  de  la  substance  hyaline  qui  constitue  la  masse;  cl 
celle-ci  peut  se  segmenter  et  se  souder  aux  masses  voisines,  sans  trace  ultérieure 
de»  points  de  jonction.  Complètement  formés,  les  zoospcres  s'agitent  déjà  dans  la 
cavité  qui  leur  a  donné  naissance,  puis  ils  en  sortent  par  une  petite  ouverture 
dont  la  place  est  reoonnaissable  longtemps  avant  le  développement  des  zoospores. 
On  les  voit  alora  lancés  en  masse  dans  le  liquide  ambiant,  sous  forme  de  petits 
ovoïdes  ayant  ordinairement  de  ^^  à  ^  de  millimètre  de. longueur.  Les  plus 
f^n»,  ceux  des  Vaiichma ,  atteignant  -^  de  millimètre.  Leur  extrémité  s'eflile 
en  un  rostre  qu'on  avait  considéré  comme  produisant,  par  son  inflexion  à  droite 
et  à  gauche,  le  mouvement  de  progression  du  zoospore.  Hais  le  rostre  est  en  réalité 
immobile,  et  le  mouvement  est  dû,  ainsi  que  la  découvert  H.  Thuret,  à  des  cils 
vibratilcs  implantés,  ou  sur  tonte  la  surface  du  zoospore,  comme  chez  les  VaU' 
ekeria,  ou  seulement  en  petit  nombre  et  insérés  aux  deux  extrémités  (Ectocarpus^ 
Ualigmia,  Laminaria),  ou  plus  souvent  placés  au  nombre  de  quatre  (VlothriXt 
ChsBt€phora),  on  de  deux  (Cladophora,  Sajnvlegnia)  sur  l'extrémité  amincie  du 
rostre.  Les  mouvements  de  ces  cils  vifaratiles  sont  les  mêmes  que  dans  les  ani- 
maux ;  ils  obéissent  aux  mômes  lois,  s'élèvent,  s'abaissent,  ondulent,  et  possèdent 
ce  que  Yalentin  a  appelé  le  mouvement  d'oscillation.  Dans  notre  Thès<3  de  eonc«urs 
sur  les  Mouvements  dans  les  organes  sexuels  des  végéUuiX  (i856),  nous  avons 
résumé  ainsi  qu'il  suit  les  causes  qui  font  varier  l'intensité  de  cei  mouvements  : 
<(  1®  Seloii  le  milieu  dans  lequel  se  trouve  le  corpuscule;  nous  avons  vu  l'iode  el 
Topium  les  ralentir.  Poussée  plus  loin,  leur  action  tue  les  spores,  qui  ne  sauraient 
•plus  germer.  H  en  est  de  mtoe  de  l'alcool,  de  l'ammoniaque,  des  acides,  etc. 
:  2®  Selon  l'intensité  de  la  lumière.  Dès  que  le  vase  où  ils  se  trouvent  est  éclairé,  les 
*  zoospores  se  portent  rapidement  vers  le  point  le  moins  obscur.  Hais  le  contraire 
arrive  quelquefois.  11  peut  même  y  avoir  partage,  les  uns  fuyant  le  jour,  les  autres 
le  recherchant;  ces  deniiers  sont  toujours  plus  actifr,  plus  propres  à  la  germina* 
tion  (Agardh ,  Tbmiet) .  L'émission  même  hors  des  sporanges  est  influencée  par 
la  lumière.  M.  Thuret  les  a  vus  sortir  en  grand  nombre  quand  le  ciel  venait  à 
s'éclaircir  3*  Selon  l'heure  du  jour,  ce  qui  tient  peut-être  à  la  cause  précédem- 
ment signalée.  A  peu  d'exceptions  près,  c'est  le  matin,  de  bonne  heure,  que  les 
spores  M>rtent  et  s'agitent;  plus  tard,  elles  sont  déjà  fixées.  De  là,  penilaiit  long- 
temps, l'impossibilité  dans  laquelle  se  trouvèrent  les  observateurs  de  reucontrer 
ces  organes.  4®  Selon  la  température.  Une  chaleur  modérée  accélère  l'émission  et 
les  mouvements  des  spores;  une  trop  liante  température  les  tue.  C'est  sous  l'in- 
lYuence  de  toutes  ces  causes  réunies  que  s'exécutent,  pendant  un  temps  générale- 
ment fort  borné,  les  mouvements  des  zoospores.  Il  est  rare  qu'ils  durent  au  delà 
d'une  journée  ;  en  quelques  heures  g&iéralement,  toute  évolution  est  terminée. 
Alors  les  corpuscules  tombent  au  fond  du  vase  qui  les  contient,  ou  s  arrêtent  contre 
quelque  corps  qui  plonge  dans  le  liquide.  La  période  de  mouvement  est  terminée; 
les  animaux  deviennent  des  plantes.  Le  point  qui  correspond  au  rostre  fixe  le 
nouveau  germe  qui  perd  ses  cils  vibratiies;  ceux-ci  une  fois  tombés  ou  désorgani- 
sés, le  sommet  de  la  spore  s'allonge  et  devient  une  sorte  de  radicule  rudimeu- 
taire.  Ce  tube  radiculaire  est  généralement  hyalin,  incolore;  il  ne  tarde  pas  à  se 
diviser  en  plusieurs  petites  radicelles.  L'autre  extrémité  vers  laquelle  se  réfugie  la 
matière  chromulaire  se  développe  et  forme  peu  à  peu  une  fironde  semblable  à  celle 
de  la  plante  mère.  » 
C.  ConceptarJes.    Il  n'y  a  ohesE  les  Algues  zoospermées  d'autres  conceptaeles 


792  ALGUES. 

que  oerlniiK's  CL4lnle>,  iral)or(l  semblables  aii&  autres ,  puis  dans  l'intérieur  àesr- 
quelles  se  forment  les  zoospores.  Dans  les  Conjuguées,  d^  deux  cellules  qui  jouetR 
un  rôle  dans  la  formation  des  spores,  une  seule,  celle  qui  reçoit  le  cooteiui  di» 
Tautre,  joue  le  rôle  de  conceptacle.  Dans  la  plupart  des  autres  Algues,  le  coonp- 
tacle  est  une  cavité  particulière  limitée  par  des  cellules  et  communiquant  awc 
lextérieur  de  la  fronde  par  un  pore  que  M.  Kûtzing  a  nommé Carpostomium,  Ce» 
oonceptacle$  sont  tantôt  isolés,  semés  ^  et  là  sur  le  tissu  de  la  fronde,  tantôt,  comme 
il  arrive  dans  plusieurs  de  nos  Fucus  communs,  réunis  en  une  sorte  d'infloresceDoe 
formant  épi,  ou  quelque  chose  d'analogue,  au  sommet  des  frondes.  Ou  les  spocanges 
sont  ou  attachées  sur  les  parois  intérieures  de  cette  cavité  par  une  espèce  de  placen- 
tation  pariétale  ;  ou  bien  un  corps  rappelant  un  placenta  s'avance  dans  l'intériettr 
de  la  cavité,  où  il  supporte  ces  sporanges;  ce  qui  correspond  à  une  placoitation 
centrale.  Ce  placenta  peut  être  court,  comme  dans  les  Polysiphonia^  ou  renflé, 
hémisphérique,  comme  dans  les  Thamnophûra;  ou  allongé  en  une  sorte  de  gabe^ 
comme  dans  certains  Sphxroccùcus,  Outre  les  sporanges  qui  contiennent  tesspor» 
dans  leur  intérieur,  le  conceplacle  peut  encore  loger  des  organes  fécondateuismàiei 
dont  nous  allons  nous  occuper  maintenant;  de  façon  que  la  plante  présente  alors 
une  sorte  de  monœcie  comparable  à  celle  qu*on  observe  dans  les  Phanérogame». 

Organes  mâles.  Outre  les  corps  reproducteurs  femelles,  analogues  aux  graines, 
que  possèdent  les  Algues,  on  connaît  dans  un  certain  nombre  d'entre  elles,  comme 
dans  beaucoup  de  Cryptogames,  des  organes  mâles  ou  fécondateurs  qui  sont  les  ana- 
logues de  Tandrocée  des  Phanérogames.  De  là  le  nom  A^Anthéridies  qu  on  a  ap- 
pUqué  à  ces  organes;  et  comme  les  corpuscules  contenus  dans  leur  cavité,  et  qu'on 
peut  comparer  jusqu'à  un  certain  point  aux  grains  de  pollen,  sont,  comme  ks 
Koospores,  pourvus  de  mouvements  dus  à  des  cils  vibratÛes  et^  rappelant  les  attri- 
buts de  l'animalité,  on  les  a  nommés  Anthérozoïdes^  ou  Phtfiozoaires^  ou  Sper- 
matozoïdes, Ces  anthérozoïdes,  également  si  bien  étudiés  par  M.  Tburet,  depuis 
une  vingtaine  d'années,  sout  de  très-petits  corps  hyalins  n'ayant  guère  que  «i^de 
milUmètre  et  renfermant  souvent  un  granule  gris  ou  rouge-orangé,  bien  distinct 
du  reste  de  sa  masse.  Ces  corps  ovoïdes,  ou  à  peu  près  sphériques,  ou  en  forme  de 
bouteille,  se  meuvent  aussi  à  l'aide  de  cils  vibratiles,  ordinairement  au  nombre 
de  deux,  souvent  inégaux  et  placés,  l'un  en  avant,  l'autre  en  arrière.  Les  aotbéri- 
dies  sont  des  cellules  ou  des  sacs  qui  renferment  ces  spermatosoïdes;  et  elles  sont 
placées  dans  les  conceptacles  au  sommet  de  filaments  ou  poils  articulés  et  ren- 
versés, qui  convergent  vers  l'ostiole  du  conceptacle  et  favorisent  la  sortie  descorps 
reproducteurs.  S'il  y  a  des  sporanges  en  môme  temps  dans  le  conceptacle,  la  plante 
est  monoïque.  Pendant  longtemps  on  n'a  connu  que  des  Algues  dioiques.  La  plu- 
part de  celles,  qui  contenaient  des  zoospores  ne  possédaient  pas  d'anthéroioïdes. 
Mais  on  connaît  maintenant  wi  assez  grand  nombre  d'exemples  de  moncecies. 
Beaucoup  de  nos  Fucacées  les  plus  communes  ont,  dans  leurs  conceptacles,  et  des 
anthéridies  au  sommet  des  filaments,  et  des  sporanges  à  leur  base. 

De  l'action  des  anthéridies  sur  les  spores  résulte  le  phénomène  de  la  fécondation 
qui,  si  |)eu  connu  qu'il  soit  dans  son  essence,  parait  cependant  pouvoir  être  com- 
paré a  l'influence  pollinique  sur  la  vésicule  embryonnaire.  Le  contact  des  anthé- 
rozoïdes des  Fucacées  avec  les  organes  femelles  est  favorisé  par  l'action  du  milieu 
dans  lequel  les  agents  mâles  nagent  par  milliers  lors  de  l'espèce  d'éjaculation  qui 
les  rond  libres.  D'une  manière  plus  prticulière,  des  laits  tels  que  ceux  que  doun 
ont  révélés  les  admirables  observations  de  MM.  Pringsheim,  de  Bary,  etc.,  rebti- 
voniont  aux  Œdogoniées,  Vacthérites,  etc.,  ouvrent  ton  te  une  série  nouvelle  de  pbé- 


Al.Cri.S.  "iOTt 

iioRièiies  merveilleux  nccoiii^  li>  vers  les  limites  des  deux  Règnes  orgamques  pour  as- 
surer rimprégnatioii  des  corpuscules  femelles.  Il  nous  suffira  de  citer  l'histoire  de 
ces  anthérozoïdes  A*Œdogonium,  tracée  en  1856,  par  M.  de  Bary,  dans  les  Mé- 
moires de  la  Société  de  Fribourg  en  Brisgau,  où  les  agents  mâles  constituent 
une  sorte  de  plantule  partagée  en  deux  logettes  superposées,  chaque  logette  don- 
nant naissance  à  un  anthérozoïde  qui  va  nageant  vers  la  spore  le  rostre  en  avant, 
attiré  comme  par  une  force  élastique,  puis  repoussé  du  sporange,  finissant  par  se 
fixer  sur  la  papille  de  la  spore  par  son  rostre,  se  roidissant  et  demeurant  immo- 
bile, après  avoir  ainsi  assuré  la  fécondité  de  la  spore;  à  moins  que  le  corpuscule 
fécondateur  arrivé  près  de  la  spore  à  une  époque  inopportune,  ne  s'épuise  autoiv 
d'elle  en  vains  efforts  et  finisse  par  s'abîmer  au  fond  du  liquide,  après  avoir  long- 
temps pirouetté  autour  de  l'organe  femelle.  Ailleurs  M.  Pringsheira  nous  montre 
dans  un  Vaucheria^  tel  que  le  V.  xessilis  deLyngbie,  un  tube  commun  portant  à 
côté  l'un  de  l'autre  un  sporange  et  une  anthéridie.  Le  protoplasma  du  sporange 
se  condense  au  centre  de  la  cavité  ;  après  quoi  sa  paroi  s'ouvre  au  sommet  par 
uue  sorte  de  rupture.  L'organe  femelle  est  prêt  à  recevoir  l'imprégnation.  Alors 
l'anthéridie,  sous  forme  d'une  cavité  cellulaire  à  sonunet  allongé,  incline  ce  som- 
met vers  l'ouverture  femelle  :  sa  paroi  se  rompt  également  et  laisse  échapper  les 
spermatozoïdes  qui  sortent  de  leur  cellule  mère  et  vont  directement  pénétrer  en 
face  dans  l'organe  femelle;  disposition  qui  i-appelle  celle  des  étamines  s'inclinant  jus- 
qu'au pistil  qu'elles  doivent  féconder  et  qui  rend  à  peine  indispensable  la  présence 
des  rames  vibratiles  qu'on  dbserve  à  la  surface  des  anthérozoïdes. 

Classification  des  algues.  Un  groupe  aussi  immense  que  celui  des  Algues  né- 
cessite une  bonne  classification.  Beaucoup  de  tentatives  ont  été  faites  dans  ce  seas  ; 
mais  la  natm'e  de  cet  ouvrage  ne  nous  permet  pas  d'y  insister.  Nous  ferons  seule- 
ment remarquer  qu'il  y  a  déjà  un  demi-siède,  G.  Agardh  a  proposé  de  distinguer 
les  Algues  d'après  leur  couleur  ;  mode  déclassement  qui  correspond,  comme  nous 
le  verrons,  à  des  diflérences  réelles  d'organisation,  et  qui,  dans  tous  les  cas,  est  en 
général  fort  commode  à  appliquer  pour  le  médecin  qui  voyage  et  qui  n'a  pas  ap- 
profondi cette  partie  de  la  science.  Toutes  les  Algues  sont  pour  C.  Agardh  :  i'*  hya- 
lines, 2^  vertes,  3®  rouges,  ou  4""  olivacées.  Fries,  dans  son  Flora  scanica,  ne  tient 
au  contraire  aucun  compte  de  la  couleur,  pour  tracer  les  trois  grandes  divisions 
qu'il  établit  dans  les  Algues,  et  qui  sont  :  l*"  Fucacées,  3°  Vlvacées,  3*"  Diatomées. 
Nousavons  déjà  montré  (p.  789,790)  sur  quelles  bases  repose  la  classification  établie 
par  M.  Decaisne,  en  1842.  Elle  n  a  point  été  adoptée  par  H.  Kûtziug  qui,  l'annéo 
suivante,  a  proposé  les  divisions  suivantes,  adoptées  de  nos  jours  par  un  grand 
nombre  d'algologues.  Toutes  les  Algues  y  sont  partagées  d'abord  en  deux  grandes 
classes  :  les  hocarpées  et  les  Hétérocarpées.  Gomme  l'indiquent  ces  mots,  les  pre- 
mières n'ont  qu'une  espèce  de  spores  dans  une  même  plante  ;  les  dernières  ont 
deux  modes  de  fructification  et  représentent  à  la  fois  ce  qu'on  nommait  autrefois 
les  Floridées  et  ce  que  M.  Decaisne  appelle  les  Ghoristosporées. 

La  classification  du  professeur  Ilarvey,  dérivée,  comme  on  va  le  voir,  de  celle  do 
C.  Agardh,  est  la  seule,  à  ce  qu'il  nous  semble,  qu'on  puisse  proposer  aux  méde- 
cins et  aux  physiologistes  qui  peuvent  avoir  besoin  de  déterminer  iadlement  et  ra- 
pidement la  place  que  doit  occuper  une  Algue  dans  la  série  de  ces  plantes.  J'syon- 
terai  que  les  hommes  les  plus  compétents,  comme  le  docteur  Berkeley,  la 
considèrent  même  comme  répondant  mieux  que  toute  autre  aux  caractères  naturels 
et  à  l'oi^anisation  des  Algues.  Elle  est  fondée  avant  tout  sur  la  coloration  des 
spores,  qui  sont  :  ou  d'un  veit-noiràlre  ou  olivâtre,  ou  roii^eâtres,  ou  franchement 


ALGDES  795 

convient  d'objecter  que  ces  Algues  produisent  des  spores  capables  elles-mêmes  de 
donner  naissance  à  de  nouvelles  générations  d'êtres  identiques  à  leurs  parents.  Les 
principales  Algues  obser>'ées  sur  les  animaux  vivants  appartiennent  aux  genres  : 
Chœtaphara,  Eccrina,  Zygnema,  EnteivbryuSy  Uouliniea^  Saprolegnia,  Clado- 
phytum,  Psoropermum,  Cryptococcus,  Merismopedia^  Leptolhrix,  Oscillaria  et 
Leptomites,  Les  cinq  derniers  genres  ont  seuls  été  observés  chez  l'homme  ;  et  lors- 
qu'il sera  question  isolément  de  chacun  d'eux,  nous  verrons  dans  quelle  portion 
du  corps  humain  et  dans  quelles  circonstances  leurs  espèces  se  sont  produites.  Les 
autres  genres  n'apnt  encore  été  rencontrés  que  dans  le  corps  des  animaux,  il 
siiifit  ici  d'en  indiquer  simplement  le  nom.  U  est  probuble  que  cette  liste  s'ac- 
croîtra tôt  ou  tard  de  nouveaux  genres,  [jes  Cryptococcus  otfrent  encore  cette  par- 
ticularité que  leur  histoire  est  liée  à  celle  de  certaines  boissons  fermentées.  {Voy. 
UiKRE,  Fermentation).  H.  Bailix>n. 

BiBLioGRAppiE.  —  Il  n'y  a  pas  lieu  de  song^er  à  donner  ici  une  bibliographie  complète  de 
l'article  Algues  ;  nous  envoyons  pour  cela  aux  ouvrages  spéciaux,  et  entre  autres  au  Catalogue 
de  Pritiel.  Mais  nous  indiquerons  ici,  seulement  pour  le  médecin  ou  le  physiologiste  qui 
veut  s'éclairer  sur  les  questions  biologiques  ou  médicales  relatives  à  ces  plantes,  les  prin- 
cipaux traités  riches  en  observations  et  en  caractères  de  première  importance  : 

Adansox,  Famille  des  plantes^  t.  II,  12.  Paris,  1750.  —  Vauchrh,  Histoire  des  (Uinferves 
deau  douce,  contenant  le^  différents  modes  de  reproduction^  etc.  (.enëve,  1803. — Lamodroux. 
Dissertation  sur  plusieurs  espèces  de  Fucus,  Paris.  1805.  —  Johoins.  Wasser-Algen,  Hanovre, 
1816.  —  A6AB0H  (C).  Speàes  Algarum,  Gryphiaî,  1825-^8.  — Systema  Algarum,  Lund.,  1824. 
—  Gbevhxb,  Algx  Britannicas,  Edimbourg.  1850.  —  Lvngbii.  Hydrophytolog.  Danica.  Havniœ, 
1810.— Zahardini.  Syn.  Algar.  mar.  Adriatici.  Turin,  1841. — Saggio  di  elassitlcazione  Alg. 
Venise,  1843.  —  Lamouboux.  Essai  sur  les  Thalassiophytes  inarticul.  Paris,  1813.  —  Agardh  (J.). 
Alg.  mur.  Mediterr.  Paris.  1842.  — Spe<;.,  gen.  et  ord.  Algarum.  Lund.,  1848.  — Dbcaisni. 
£Mai,  etc.  [voy,  p.  789). —  Thubet.  Mémoires  divers  sur  la  reproduction  des  Algues,  In  Ann, 
des  Se,  natur.  3-  série  :  III,  274;  XIV.  215,  212;  XVI.  5.  4*  Série  :  II,  107  ;  III,  5;  VII.  34; 
XI,  372.  —  Mo!«TAGxE.  Considérations  générales  sur  les  Phycées  ou  Algues  submergées.  In 
Hisi  nat.  de  Cuba  de  R.  de  la  Sagra.  1838.  —  Art.  Algcbs  et  Pbtcologie  du  Dict,  univ,  d'his- 
ioire  naturelle  de  d'Orbigny,  t.  X.  Paris,  1847.—  Patbr.  Botanique  cryptoganUgue  (p.  15-54). 
Paris,  1850. —ËKDLicHER,  Gen.  plantar.  (p.  1-10].  Vienne,  1836-40.  —  Mmeli.  Die  fieuem 
Aigensyst,  Zurich,  1847.  — A.  Kutzing.  Phycologia  generalis.  Leipzig,  iSAô.  ^ Spedes  Algar. 
Leipzig,  1849.  —  Ta^ii/a;  phycologicœ.  iS^.--  Algar.  aq.  dule.  Decad.  \tSZ6.~^Kieselschal, 
Diatom.  Nordhausen,  1844.— Thwaites.  Mémoires  divers.  In  Annals  J.,  S-ag.  ofNat.  Hist. 
Londres.— Princshbim.  Ueber  die  Befrucht.  der  Algen,  etc.  Berlin,  1855.—  Untersuch.  ûber  Be- 
frueht,,  etc.  1856.  —  ^it/u/iW/é;/.  des  Aehlya  proliféra.  In  Act.  Ac.  Uopold -Cxsar,,  t.  XXIII» 
p.  1.  —  Habvet.  Man.  of  British  Algse.  Londres,  1841.  —  Phycolog,  Britann.y  1846,  etc.  — 
Nereis  Australis,  1847.  — iV«rm  Boréal. -Americ.  Washington,  1852.  —  Bebkelct.  Glean.  of 
Brii.  Alg.  Londres,  1833.  — /»/rod.  to  Cryptogam.  Botan.  Londres,  11*57  (p.  84-234).— 
Peheiba.  Mat,  méd.  (édit.  4),  2,  II,  2.  — Lmol.  FI.  med..  630. 

On  trouvera  un  résumé  concis  de  ce  qui  a  éié  dit  des  mouvements  des  corps  reproduc- 
teurs des  Algues,  dans  notre  thèse  intitulée  :  Des  mouvements  dans  les  organes  sexuels  des 
végétaux  et  dans  les  produits  de  ces  organes,  Paris,  1856. 

Pour  ce  (|ui  est  relatif  aux  Algues  parasites,  consultez  l'ouvrage  remarquable  du  profes- 
seur Ch.  Robin,  intitulé  :  Histoire  naturelle  des  végétaux  parasites  qui  croissent  sur  l'homme 
et  les  animaux  vivants.  Paris,  1853  (p,  290-97) 

Voyez  en  outre  les  articles:  Alaeia,  Galcouge,  Garraoabeit,  Gboudrus,  Ghorda,  GoRrEBVB, 
CoBALLixE,  Cryptocoque,  DuBviiLiiE,  FocoîDËES,  FocDs,  Gelix,  Gigaetine,  Haligénie,  Ieid^e,  Lami- 
5AiftE,  Leptomite,  Leptotbbix,  Mkrismupédib,  Mousses  de  Cryla:!,  de  Gobse,  perlée,  etc.,  Nostoc, 
OsciLLAiRE,  Parasites,  Ploclabia,  Pobphyri,  Hbootméxie,  Ulvb.  H.  B?i. 


PIN    DU    DBUX|^.MB    VOMJMIi. 


798 


ARTICLES  DU  DEUXIÈME  VOLUME. 


ÂGLAOPiions  (voy.  Pivoine). 
Aglemuctes  [voy.  Eskimaux) 
Agl«8sb.  Laboulbène.  190 

Aghead  de  ScTTHiE.  BailloD.  191 

Aonuft  Gâstus  (voy.  Gatiilier). 
Agouie.  Parrot.  191 

AGomsTiQUE.  195 

Agbifb.  Le  Fort.  195 

Agricola  (George).  Ghéreau.  195 

Agricola  (George-André).  Id.       196 

Agricola  (Jean).  Id.       196 

Agricola  (Jean-Ammonius).  Id.       196 

Agriculteurs  [voy  Rurale  (^ygiène)' 

Agripaume.  BailloD.  196 

—       [Pharmacologie).  Réveil.  197 

Agrippa  (Hcori-Conieille).         Ghéreau.  107 

Agroptrox  (voy.  Cfiiewient). 

Agrostbme.  BaiUos.  i9U 

Agoapb  (voy.  Nénupfiar), 

Agueba    (Eaux  minérales    de   Sauta-). 

Roturetu.  190 

Aguero  [Bartholomeo,  hidalgo  de]. 

Beaugraod.  901 

Ahouai.  BaiUon.  SOA 

AMRoif  (voy.  Aaron). 

Aï  (voy.  Dwrtes  synoviales  des  teudms] 

AiGLARTiKE  (voy.  AncoU^, 

AiGXAH  [François).  Beaugrand  -^ 

AiGRCMQure.  Bâillon»  .208 

—      (Pharmacologie).         Réveil.  ,20? 

AiGREOKs  (voy.  Pyrcsis), 

Aiguë  (maladie).  Axenleld.  203 

Ajguepkrse  (Eaux,  minérales  d' . 

Rolureau.  2M 

AiAURt-CaAODEs  (Eaux  minérales  d'). 

Id.       204 

AiGLiLLEs.  Legouest.  20é 

Aiguilleurs.  Beaugrand.  208 

.\I6U1SCUAS.  Id.  208 

AiKi!<  (John).  Id.         218 

AiRiis  (Gharles-Rogusou).  Id.        219 

Ail.  Bâillon.  2)9 

—  (Pliaimafologie).  Réveil.  224 

.ViLASTHE.  Bâillon.  226 

—      (Pharmacologie).  Réveil.  226 
.AiLMAUD  Jean)  et  Ailuaud  (Jean-Gaspard).    ... 

B^ugravd.  2^ 

Auj^EBousT  (Jean).  Id.         227 

Adiaxt.  Gavarret.  227 

AiiiAR(Onas).  Beaugrand.  228 

Aine  (Anatomie).  Guyon.  228 

—    [Patliologie\  Vcrneuil.  24 


AÏ50S. 

AwiLiB  (Whilelaw). 
Api  (voy.  Manioc). 
Air  (voy.  Atmosphère). 
Airelle. 

—  (Pharmacologie). 
Auucke. 

Aisselle  (Anatomie). 

—  (Pathologie). 
AiTKOf  (John). 


Oally  et  Gmllat^  ^) 


Baiiloa.  S53 

RevciL  STô 

TréksLL  ôj5 

GoyoD.  oSl 

Dolbeao.  3UI 

BeaagnD'I.  361 


Aix-kr-Provehce  (Eaux  minérales  d* . 

RoCnrem.  361 
Aix>u-Cbapellb  (Eaux  minô-aJes  d*). 

Id.       363 
Aix-lb5-Bain8  (Eanx  minérales  d'). 

Id.       367 
Aixooy.  Bailloo.  jho 

Ajuoa  (voy.  BHgle). 

Akakia  (les).  Ghéreau.  3.o 

Axée  (voy.  Dligltia  . 

AxEKsuie  (Marc).  Beangruid.  51^ 

AiuN  (voy.  Caloiropis). 
Auis  [Eaux  minérales  d*\        Rotiireaa.  379 
Alambic.  Revefl.  379 

Alahgier.  Bailkm.  39! 

Alaxixe.  Lutx.  38!{ 

Alanso!!  [Edward).  Beaugrand.  384 

A  lapas  (voy.  Bardane  . 
Alaro  (Marie-Josepb-Jean-François). 

Beaugrand.  3itl 
Alaria.  BailloD.  381 

Alatbrbe.  Id.      "*♦ 

Alatmu  (Mare-Antoine).  Ghéreau.  Titô 

Albah  (Eaux  minérales  de  Sâun-]. 

Rotureau.  y^^ 
Albanie  (Géographie  médicale). 

Bertillon  et  Guillard.  38]( 
.Albaro-Torlno  'voy.  Torino,» 
Albara.  Bailloo.  393 

Albâtre.  Réveil-  383 

Alberge.  3M 

.Albers  [Jean- Abraham).        Beaugrand.  3(»1 
Albert  le  Grand.  Chéreau  394 

Alberti  (Salomon).     -  Id.      3(^7 

Albbrti  (Michel).  Id.      3W 

ALBERTmi  (Annibai).  Beaugrand.  3&K 

ÂLaERTCii  (Barthélémy).  U. 

Albertixi  (Bipp.  Fr.).  Id. 

Albin  ;Beniard).  Ghéreau.  3» 

Albin  (Bernard-Sifinoi)  U. 

Albin  (Ghri8tian<-Beiiiai^..  Id. 


ùBV 


ARTIGLLS  DL  DLUXIÈME  VOLUME. 


7'J9 


Albi!v  (Frédéric-Bernard). 
Almxishb. 

ÂLBITE. 
ÂLBUIIE. 

—  (Pharmacologie). 
Albosiiis  (Jobannes). 
Albrecit  (Jean-Pierre). 
Alcrecht  (Jean-Guillaume). 
Alkdga. 

A1BUCA8I8. 
Albugihé. 

ALBOGOnTE. 

Aliuco  (voy.  Comée). 
Albuhem. 

—  (Matière  médicale) 
Auuih  CajEcmi. 
Aliomirates. 


Id.       400 

Trétat.  401 

Réveil.  415 

Bâillon.  415 

Réveil.  417 

Chéreau.  417 

Id.       418 

Id.       418 

Bâillon   419 

Greenhill.  419 

Dechambre.  420 

420 

Bâillon.  4S0 

Réveil.  421 

421 

WurU.  421 

ALBuiniE.  P.  SchQtxenberger.  422 

ALBDHiifijns  (voy.  Oatùn) 
ALaimiKoiDBS  (Substances). 

P.  Schûtzenberger.  428 
Albqiiiiiose.  434 

ALBOMoiuaiE.  Gubler.  454 

Alcadro.  Beaugrand.  544 

Alcahbst.  Réveil.  545 

Alcalesceuce  Gubler.  545 

.ALCALraiTKIE.  l.utz.  540 

Alcalis.  Id.    552 

ALCALoioE.  Malaguti.  553 

Alcakha.  Bâillon.  560 
Alcabsire  (voy   Kakodyle], 

Alcaiab.     .  Chéreau.  560 

ALciB.  BaiUon.  560 

Alcbebillb.  Id.       560 

Alcbibib.  Chéreau.  562 
Ahcmnmm  ivoy.  Alkmdi). 

ALcaoBRis.  Bâillon.  570 

Alcicobhb.  Id.      571 

Alcbblle.  Id.      571 

XuMion.  Beaugrand.  572 

Alcool.  (Chimie,.  Wurtz.  573 

—  (Pharmacie,.  Réveil.  575 
•^       (Physiologie  et  Toxicologie). 

Perrin.  576 

—  (Théi-apeutique).  Béhier.  592 


Alcoolats.  Rcgiiauld.  611 

Alcoolatures.  Regnauld.  614 

Alcool<s.  Id.        615 

Alcoolube  (Patliologie] .  Lancereaux.  615 

~        (Médecine  légale)    Tourdes.     704 

Alcools.  Lutz    719 

Alooubétbe.  Regnauld.  724 

Alcorroqub.  Réveil   724 

Alo<mtde.  Lutz.  725 

Aldéhydes.  Wurtz.  727 

Aldrighbtti.  Beaugrand.  729 

Aldrovande.  Chéreau.  729 
Ale  (voy.  Bure,. 

Alebrand  (de  Florence).  Chéreau.  730 

Albctoria.  Bâillon.  731 

Albctoroctokum.  Id.      731 

Albctrtor.               •  Id.      731 

Alemproth  (Sel).  Réveil.  738 
Aléoutes  ou  Alëoi:tus»5Bs  (Iles). 

Bertillon  et  Guillard.  733 
Aleptiques  (voy.  AUplique»), 

Alessakdri.  Chéreau.  737 

Alessaudriri.  Id.        737 

Alessi  (Alexandre).  Id.        738 

Alessi  (de  Piémont).  Id.        738 

Albt  (Eaux  minérales  d').  Rotureau.  738 

Aletris.  Bâillon.  740 

Aleuritbs  (Botanique).  Id.      741 

—       (Pharmacologie).  Réveil.  7 il 

Aleobone.  Bâillon.  742 

Alezahder  (W.).  Beaugrand.  742 

Alexandre  d'Apbbodise.  Greenhill   743 

Alexardbe  de  Tballes.  Beaugrand.  745 

ALextPHARBAQOBS.  Roveil.  745 

Alexitère.  Id.     745 

ALftzE.  Le  Fort.  745 

Alpojcsie.  Bâillon.  746 
.A1.GAUE  (voy.  Sonde). 

Algarobb.  Bâillon.  746 

Algaroti  (Poudre  d').  Réveil.  747 

Algarutto  (Victor).  Beaugrand.  748 
Algérie  (Géographie  médicale).  Laveran.  748 

Alohisi  (Th.).  Beaugrand.  770 

Algiditk.  Dechambre.  780 

Algies.  Bâillon.  781 


l'ARib.  —  mr.  BiMOis  hj»ço>  cr  i.aiir.,  i;L'b  ii'liui hth.  1.